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"Sauvons les abeilles grâce à l’agriculture biologique" par le Professeur Joe Cummins, traduction de Jacques Hallard

Traduction et compléments de Jacques Hallard

jeudi 24 avril 2008, par Cummins Professeur Joe

Abeilles Apiculture
Sauvons les abeilles grâce à l’agriculture biologique
Professor Joe Cummins


Communiqué de presse de linstitut ISIS en date du 25/04/2008
Vous êtes invites à diffuser largement cette information.
L’article original en anglais s’intitule Saving the Honeybee Through Organic Farming ; il est accessible sur le site suivant :

http://www.i-sis.org.uk/honeyBeeOrganicFarming.php

Effets synergiques des pesticides et des champignons parasites ; aggravation du déclin des abeilles

Le déclin des ruches d’abeilles a attiré l’attention du monde entier en 2007.

Les enquêtes menées par l’Institut de la Science dans la Société (ISIS), ont mentionné une interaction synergique entre l’utilisation récente et généralisée de nouveaux pesticides (y compris la toxine Bt par les plantes génétiquement modifiées, ou OGM) et les infections fongiques [1, 2] ] (Parasitic Fungus and Honeybee Decline , Parasitic Fungi and Pesticides Act Synergistically to Kill Honeybees ?, SiS 35).

Des teneurs sub-létales de pesticides du groupe des néonicotinoïdes agissent en synergie avec les champignons parasites pour tuer les insectes ravageurs.

Les spores fongiques, qui sont largement utilisés comme agents de lutte biologique, sont appliquées par pulvérisations et dans des appâts ; elles sont beaucoup plus efficaces pour tuer les insectes lorsqu’elles sont appliquées en suspension avec des doses sub-létales de pesticides.

De même, les biopesticides Bt renforcent, en synergie, le pouvoir destructeur des champignons parasites.

Ces informations ont été transmises par une question écrite au Parlement Européen [3].

L’an dernier, le déclin des abeilles était suffisamment grave pour être décrit comme "abeilles apocalypse now" dans un reportage [4].

Selon le Département américain de l’Agriculture une bouchée sur trois des aliments que nous consommons directement ou indirectement, dépend de la pollinisation par les abeilles [5].

La plupart des fruits et de nombreux légumes disparaîtraient de notre alimentation, et l’on observerait une pénurie immédiate de viandes en raison de la disparition des fourrages, si les abeilles venaient à disparaître.

Les pertes chez les abeilles, au cours de l’hiver dernier, furent de 34 pour cent, contre 25 pour cent l’année précédente [6].

Le déclin des abeilles est attribué au " Syndrome de l’effondrement chez les abeilles ", qui a vraisemblablement une origine multifactorielle.

Les principaux facteurs suspectés comprennent des pesticides, des parasites, des virus, les rayonnements électromagnétiques des émetteurs des téléphones cellulaires [7-9] (Mystery of Disappearing Honeybees, Requiem for the Honeybee, Mobile Phones and Vanishing Bees, SiS 34) et même la température au niveau du couvain [10].

L’impact des concentrations sub-létales de pesticides sur le système immunitaire des abeilles, conduit à l’infection de ces dernières par des champignons parasites et ceci se produit de façon synergique.

En outre, le comportement des abeilles est souvent modifié : cela provoque une confusion chez les abeilles en quête de nourriture et elles ne retrouvent plus le chemin pour retourner à la ruche.

Les pratiques de l’agriculture biologique, qui maintiennent un plus grand nombre d’habitats naturels et qui évitent l’utilisation de pesticides chimiques de synthèse, devraient permettre de fournir des environnements qui serviraient de sanctuaires, protégeant ainsi celles-ci contre les ravages du " Syndrome de l’effondrement chez les abeilles ".

Il existe des études scientifiques qui montrent que les paysages agricoles avec des cultures biologiques sont de loin des environnements supérieurs, à la fois pour les abeilles à miel et pour les bourdons [11, 12].

Il serait prudent de créer, aussi largement et aussi rapidement que possible, des sanctuaires pour les abeilles.

Les infections fongiques sont plus meurtrières avec l’augmentation de dioxyde de carbone dans l’atmosphère

En ce qui concerne les parasites fongiques, il a été récemment montré que la place des champignons parasites Nosema ceranea a été, de longue date, une infection généralisée chez les abeilles aux États-Unis [13].

Nosema ceranae a également été constaté au Canada [14]. Spores of a related parasite,

Il a été démontré que le développement des spores d’un parasite apparenté, Nosema apis, correspond à l’augmentation des teneurs en dioxyde de carbone CO2 dans l’atmosphère, par une stimulation de leur germination : cela s’est traduit par une hausse de la mortalité des abeilles infectées [15].

Le réchauffement de la planète va-t-il entraîner une diminution de la capacité des abeilles à résister à des parasites cryptogamiques ?

Les effets sub-létaux sont des tueurs silencieux

Les effets sub-létaux des insecticides peuvent aller au-delà de l’effet synergique des insecticides sur le système immunitaire : ils peuvent également avoir une incidence sur les facultés d’apprentissage et sur les capacités à butiner chez les abeilles.

Une récente étude réalisée en France a montré que des abeilles, alimentées avec des doses sub-létales de protéines Cry1Ab provenant du Bacillus thuringiensis (une toxine qui est synthétisée dans le maïs MON 810), affectent la consommation alimentaire des abeilles et/ou les processus d’apprentissage qui conduisent à des troubles dans l’alimentation de celles-ci [16].

Les pesticides du groupe des néonicotinoïdes, qui touchent également les abeilles de façon similaire [2], sont largement utilisés comme insecticides systémiques et, souvent, pour le traitement des semences.

Une matière active de ce groupe, l’imidaclopride, a été testée de manière approfondie et cela a conduit à son interdiction en France.
Une autre matière active autre appartenant aux néonicotinoïdes, l’acétamipride, s’est montrée active en portant atteinte à l’apprentissage olfactif des abeilles, alors que la matière active thiaméthoxame ne semble pas avoir d’effet sur le comportement des abeilles [17].

La réglementation des insecticides doit absolument être élargie pour inclure la dégradation du comportement des abeilles soumises à des doses sub-létales d’insecticides toxiques. et ceux qui ont un tel effet devraient être interdits immédiatement.

Une évaluation des risques pour les abeilles a été développé en France en ce qui concerne les produits chimiques systémiques qui ne sont pas utilisés en pulvérisations, mais en traitement des semences [18], bien que les représentants de l’industrie phytosanitaire (ce qui était prévisible), aient fait valoir que les expérimentations sur le terrain devraient l’emporter sur les données des essais effectués avec des doses sub-létales des matières actives insecticides. [19].

Dans cet ordre d’idées, les industriels du secteur des phytosanitaires et leurs associés universitaires, ont sélectionné et analysé 25 études de laboratoire montrant que les toxines Bt, notamment la toxine Cry1Ab, n’ont pas d’effets néfastes sur les abeilles [20], mais le seul critère retenu comme néfaste concernait la mortalité causée directement chez les abeilles par un pesticide donnée, à l’exclusion des déficiences d’apprentissage qui pourraient également se traduire par une disparition des abeilles.

Malheureusement, les organismes de réglementation et de contrôle peuvent être suspectés de faire la sourde oreille quand il s’agit de reconnaître les éléments de preuve liés aux effets de doses sub-létales de certains insecticides dans le déclin des abeilles.

L’agriculture biologique doit être adoptée à grande échelle pour sauver les abeilles

En conclusion, des niveaux sub-létaux de pesticides, y compris les biopesticides produits par le gène Bt dans les plantes génétiquement modifiés (OGM) qui couvrent quelques 30 pour cent de la superficie mondiale [cultivée avec des OGM], désorientent les abeilles, qui se comportent alors de façon anormale et compromettent leur immunité vis-à-vis des infections.

Les autorités chargées de la réglementation et des contrôles ont permis la mise en place généralisée de pesticides systémiques du groupe des néonicotinoïdes, sur la base des évaluations de la dose létale chez les abeilles avec un seul pesticide à la fois, en ignorant la preuve claire que des doses sub-létales de pesticides agissent en synergie avec les parasites fongiques pour tuer les insectes.

Il se pourrait bien que les abeilles succombent à ces effets synergiques.

Il y a tout lieu d’éliminer l’utilisation de tous les pesticides qui agissent en synergie avec les champignons parasites, d’une part, et toutes les plantes Bt (OGM) devraient être interdites pour la même raison.

De toute évidence, ces problèmes disparaîtront avec l’adoption généralisée de l’agriculture biologique qui ne fait pas appel aux plantes génétiquement modifiées.

Texte présenté le 22 avril 2007 au cours de la conférence qui s’est tenue au Parlement britannique, Westminster, à Londres, pour le lancement de l’ouvrage Food Futures Now *Organic *Sustainable *Fossil Fuel Free

Références bibliographiques

1.Cummins J. Parasitic fungus and honeybee decline Science in Society 35, 37 2007.

2.Cummins J. Parasitic fungi and pesticides act synergistically to kill honeybees ? Science in Society 35, 38 2007.

3.Hiltrud B. Collapse of honeybee colonies worldwide. Written Question to the European Commission Science in Society 35, 39 2007.

4.Walsh B. Beepocalypse now ? Time CNN, 13 September, 2007 http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,1661683,00.html

5.Hackett K Bee Benefits to Agriculture 2004 http://www.ars.usda.gov/is/AR/archive/mar04/form0304.pdf

6.Moulton How L. Honey Collapse now worse on West Coast, April 2008 http://www.earthfiles.com/

7.Ho MW and Cummins J. Mystery of disappearing honeybees. Science in Society 34, 35-36. 2007.

8.Cummins J. Requiem for the honeybee. Science in Society 34, 37-38, 2007.

9.Ho MW. Mobile phones and vanishing bees. Science in Society 34, 34, 2007.

10.Oldroyd BP. What’s killing American honey bees ? PLoS Biol. 2007, 6, 1195-99.

11.Holzschuh A., Steffan-Dewenter I. Tscharntke T. Agricultural landscapes with organic crops support higher pollinator diversity. Oikos 2008117, 3, 354-361.

12.Rundlöf M,.Nilsson H,.Smith H. Interacting effects of farming practice and landscape context on bumble bees Biological Conservation 2008, 141, 417-26.

13.Chen Y, Evans JD, Smith IB, Pettis JS. Nosema ceranae is a long-present and wide-spread microsporidian infection of the European honey bee (Apis mellifera) in the United States. J Invertebr Pathol. 2008 97(2), 186-8.

14.Williams GR, Shafer AB, Rogers RE, Shutler D, Stewart DT. First detection of Nosema ceranae, a microsporidian parasite of European honey bees (Apis mellifera), in Canada and central USA. J. Invertebr Pathol. 2008, 97(2), 189-92.

15.Czekońska K. Influence of carbon dioxide on Nosema apis infection of honeybees (Apis mellifera). J Invertebr Pathol. 2007, 95(2), 84-6.

16.Ramirez-Romero R, Desneux N, Decourtye A, Chaffiol A, Pham-Delègue MH. Does Cry1Ab protein affect learning performances of the honey bee Apis mellifera L. (Hymenoptera, Apidae) ? Ecotoxicol Environ Saf. 2008 Jan 16 ; [Epub ahead of print]

17.El Hassani AK, Dacher M, Gary V, Lambin M, Gauthier M, Armengaud C. Effects of sublethal doses of acetamiprid and thiamethoxam on the behavior of the honeybee (Apis mellifera).Arch Environ Contam Toxicol. 2008, 54(4), 653-61.

18.Alix A, Vergnet C. Risk assessment to honey bees : a scheme developed in France for non-sprayed systemic compounds. Pest Manag Sci. 2007, 63(11), 1069-80.

19.Thompson HM, Maus C. The relevance of sublethal effects in honey bee testing for pesticide risk assessment. Pest Manag Sci. 2007, 63(11):1058-61.

20.Duan JJ, Marvier M, Huesing J, Dively G, Huang ZY. A meta-analysis of effects of bt crops on honey bees (Hymenoptera : apidae). PLoS ONE. 2008, 3(1):e1415-

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Des définitions et compléments en français peuvent être consultés sur Internet :

 "Les champignons parasites et les pesticides agissent-ils conjointement et en synergie pour tuer les abeilles ?" par le Professeur Joe Cummins. Traduction et compléments de Jacques Hallard. Site : yonne.lautre.net/article.php3 ?id_article=2400

 "Sauvons les abeilles ! Définitions et compléments relatifs à une série d’articles sur les abeilles", émanant de l’ISIS *, un Institut pour la Science dans la Société, basé à Londres, accessible à partir du site suivant : yonne.lautre.net/rubrique.php3 ?id_rubrique=245

Traduction, définitions et compléments en français :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relectures et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles honoraire
Adresse : 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr
Fichier : Abeilles Apiculture Saving the Honeybee Through Organic Farming ISIS French.2