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"Les énergies renouvelables comparées au piégeage et au stockage du carbone " par le Dr. Mae-Wan Ho

Traduction et compléments de Jacques Hallard

vendredi 11 juillet 2008, par Ho Dr Mae-Wan

Une étude, commandée par le gouvernement fédéral allemand, considère que le piégeage et le stockage du carbone émettent dix à quarante fois plus de gaz à effet de serre que les énergies renouvelables, comme le solaire et l’éolien, et qu’ils n’offrent aucune garantie contre la hausse du coût des combustibles fossiles, d’après le Dr. Mae-Wan Ho

Communiqué de presse d’ISIS en date du 11/07/2008

L’article original en anglais, intitulé Renewables versus Carbon Capture and Storage est accessible à partir de la base de données de l’ISIS et sur le site suivant prismwebcastnews.com/ ?p=3242

L’étude commandée par le gouvernement fédéral allemand et dirigée par des chercheurs du Centre Aérospatial Allemand à Stuttgart, traite de la comparaison du piégeage et du stockage du carbone par rapport aux technologies de certaines énergies renouvelables, en utilisant une analyse du cycle de vie et l’évaluation des coûts pour l’Allemagne [1].

Les résultats de cette étude montrent que, par kWh d’électricité produite, le piégeage et le stockage du carbone réduisent les émissions de CO2 de 72-90 pour cent et le total des émissions de gaz à effet de serre de 65-79 pour cent, en supposant que la technologie fonctionne comme prévu et que le CO2 ne s’échappe pas du tout à partir des structures géologiques ; toute fuite de CO2 compromettrait bien entendu le potentiel d’atténuation [du réchauffement planétaire] par le piégeage et le stockage du carbone.

Toutefois, le montant net des émissions avec piégeage et stockage du carbone est encore 10 à 40 fois supérieur à la quantité d’émissions à partir des technologies des énergies renouvelables comme l’énergie solaire et l’éolien (voir figures 1 et 2).

Abréviations utilisées dans les deux figures suivantes :

Colonnes de gauche à droite : charbon pulvérisé, lignite pulvérisée, NGCC (en anglais) = CCGN ou cycle combiné au gaz naturel, seule ou avec charbon solide, éolien et solaire thermique.

CCS (en anglais) = PSC ou piégeage et stockage du CO2. Oxy-fuel : vois sosu Définitions et compléments in fine.

IGCC (en anglais) = centrale à cycle combiné à gazéification intégrée (CCGI). Typiquement pour des combustibles solides
Symboles des diagrammes verticaux : fourniture en combustibles, centrales électriques, piégeage et liquéfaction du CO2, transport et stockage du CO2.]

(Pour agrandir les images, faire un clic droit et choisir "afficher l’image" (NDLR))

Figure 1. Émissions de CO2 ou dioxyde de carbone à partir des centrales électriques au charbon et au gaz naturel, équipées ou non avec les techniques de piégeage et de stockage du carbone, en comparaison avec les énergies renouvelables, éolienne et solaire.

Figure 2. Emissions des gaz à effet de serre à partir des centrales électriques au charbon et au gaz naturel, équipées ou non avec les techniques de piégeage et de stockage du carbone, en comparaison avec les énergies renouvelables, éolienne et solaire

La différence entre les émissions de CO2 et les émissions de gaz à effet de serre provient du méthane qui est libéré lorsque le charbon est exploité et le méthane a un potentiel de réchauffement de la planète environ 20 fois celui du CO2.

Si les entreprises prennent des mesures pour prévenir les rejets de méthane et le capturer afin de l’utiliser dans la production combinée de chaleur et d’électricité, l’avantage acquis est l’équivalent à une installation de piégeage et de stockage du carbone pour les centrales électriques à la lignite.

En supposant que le piégeage et le stockage du carbone pourraient être installés d’ici à 2020 sur les nouvelles centrales à cycle combiné à gazéification intégrée (CCGI), ou IGCC, et sur les centrales à gaz naturel à cycle combiné (CCGN), ou NGCC), les coûts de l’électricité produite seraient à peu près deux fois plus élevés que sans les opérations de piégeage et de stockage du carbone.

Bien que les sources d’énergie renouvelables soient actuellement plus coûteuses, les améliorations technologiques aboutiraient par exemple à un prix de l’électricité éolienne à partir de centrales offshore, à un prix qui serait la moitié du prix obtenus à partir des centrales fonctionnant avec des combustibles fossiles et équipées avec le piégeage et le stockage du carbone.

L’avantage de l’énergie solaire et de l’énergie éolienne, tient au fait qu’elles ne sont pas affectées par l’augmentation des prix des combustibles fossiles.

L’hypothèse selon laquelle la première centrale avec piégeage et du stockage du carbone, exploitée commercialement, sera opérationnelle d’ici à 2020, est incluse dans cette étude parce que l’Allemagne doit faire face au problème qui tient au fait qu’un grand nombre de ses centrales électriques à énergies fossiles auront atteint la fin de leur vie au cours des 15 prochaines années.

Par ailleurs, la technologie de piégeage et de stockage du carbone devrait être disponible d’ici à 2020, pour qu’il y ait une chance quelconque de satisfaire à l’objectif de l’atténuation du réchauffement planétaire, par une réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Malheureusement, le piégeage et le stockage du carbone doivent encore faire leur preuve, restent à prouver comme un ’paquet technologique’ à mettre en oeuve.

Selon l’organisme Conseil mondial des entreprises pour le développement durable, ou en anglais World Business Council for Sustainable Development, l’échéance la plus proche pour le déploiement de ces technologies se situerait vers 2030, tandis que le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat ne s’attend pas à ce que le piégeage et le stockage du carbone soient commercialement viables avant la deuxième moitié du présent siècle (voir [2] "Piégeage et stockage du carbone : une mauvaise solution " par le Dr. Mae-Wan Ho).

Lorsque d’autres effets sont pris en compte [1] les technologies du piégeage et du stockage du carbone augmentent les teneurs en photo-oxydants (qui endommagent l’ADN), provoquent l’eutrophisation (qui détruit la vie aquatique) et l’acidification du milieu naturel (qui endommage les arbres et les autres végétaux), ainsi que la toxicité pour l’homme, tous d’environ 40 pour cent.

Références bibliographiques

1.Viebahn P, Nitsch J, Fischedick M, Esken A, Schüwer D, Supersberger N, Zuberbühler U and Edenhofer O. Comparison of carbon capture and storage with renewable energy technologies regarding structural, economic, and ecological aspects in Germany. International Journal of Greenhouse Gas Control 2007 (article in press)

2.Ho MW. Carbon capture and storage, a false solution. Science in Society 39 "Piégeage et stockage du carbone : une mauvaise solution " par le Dr. Mae-Wan Ho

Définitions et compléments en français :

Réalisation de Jacques Hallard.

PDF du texte complet à demander à yonne.lautre@laposte.net