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"Les impacts du confinement et du télétravail sur la santé mentale, et l’importance psychologique du toucher entravé par les mesures barrières" par Jacques Hallard

mardi 8 décembre 2020, par Hallard Jacques



ISIAS Psychologie

Les impacts du confinement et du télétravail sur la santé mentale, et l’importance psychologique du toucher entravé par les mesures barrières{{}}

Jacques Hallard , Ing. CNAM, site ISIAS – 08/12/2020

Plan du document : Humour Préambule artistique (le toucher) Introduction Sommaire Auteur


Un peu d’humour

humour dessin actualité humoristique image drôle coronavirus virus

21 juillet 2020 – Covid-19 : comment identifier le virus > Nie sa propre existence. Langue fourchue pour diffamer et s’en prendre au personnel de la santé publique. Lèvres pulpeuses prêtes pour les embrassades quotidiennes. Tousse et éternue dans la paume de ses mains. Masque bon marché trempé de sueur exhibé au bras pour éviter l’amende. Un smartphone pour diffuser ses idées et ses analyses sur les réseaux sociaux. Tabouret en plastique pour jouer aux cartes ou aux dominos le soir. Des crampons pour être prêt à tout moment à jouer au foot avec ses potes. (Caricature du coronavirus)

blague gestes barrières – Blagues et Dessins

Câlins ? Père : « Encore un complotiste qui ne respecte pas les gestes barrières  ! » - (Dessin du 18 septembre 2020)

dessin presse humour coronavirus Algérie image drôle covid-19 école gestes barrières

Distanciation scolaire - Conducteur : « On est arrivé, les enfants. N’oubliez pas la distanciation et les mesures sanitaires en classe ! » - (Dessin du 23 novembre 2020)

Source de ces dessins humoristiques : blague humour noir voire même débile, tous les genres sont sur ‘Blagues et Dessins’ ! > https://www.blagues-et-dessins.com/tag/blague-gestes-barrieres/page/4/

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Préambule artistique concernant le toucher

‘La Création d’Adam’ est l’une des neuf fresques inspirées du livre de la Genèse, peintes par Michel-Ange (1475-1564, 88 ans) sur la partie centrale de la voûte du plafond de la chapelle Sixtine, dans la cité du Vatican. Capture d’image après restauration. Source

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b0/Image_3.png

Détail de la Création d’Adam : l’index de Dieu (à droite) rejoint presque celui d’Adam (à gauche). Source

Deux mains RO25 – D’après le sculpteur Auguste Rodin - Source

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Mains d’amants (1904) par Auguste RODIN (1840-1917) - Marbre - Musée Rodin Paris. Source

Extraits sur le toucher

« Tout réussit mieux à qui sait toucher ses semblables. Succès, persuasion, séduction, domination sociale. Mieux encore : le toucher réduit les conflits sociaux, suscite plus de motivation chez les étudiants, et une meilleure prise des médicaments par les malades. Pourquoi ne pas l’utiliser davantage ?… » Source

« Le toucher relationnel contribue à soulager la douleur non seulement physique, mais morale, et crée une relation privilégiée et un climat favorable à l’expression du vécu de la personne hospitalisée. Sans le toucher, la relation de soin ne pourrait exister ». « Sans le toucher, la relation de soin ne pourrait exister. Chaque soignant devrait chaque jour s’interroger sur sa façon de toucher l’autre. Ne plus se cacher derrière un acte technique, dépasser le savoir-faire pour le savoir-être. Être dans une relation pour permettre au malade d’être et non de subir. C’est parfois difficile, mais tellement riche. On y gagne en humanité et en sagesse… » - 14 avril 2016 - Source

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Introduction

Ce dossier aborde de façon globale le sujet du confinement et du télétravail qui s’est répandu en 2020 par la force des choses (distanciation physique ou sociale), d’une part, et, d’autre part, l’importance du toucher qui est entravé par les mesures barrières imposées à certaines populations afin de tenter de réduire la circulation du coronavirus (SARS-CoV-2), responsable de la pandémie de COVID-19 qui sévit mondialement depuis fin 2019. Ce sujet fait suite à deux dossiers précédemment postés sur le site ISIAS :

’Des retombées psychologiques peuvent résulter du confinement imposé et de la distanciation sociale recommandée’ par Jacques Hallard mercredi 29 avril 2020

’La santé mentale de toutes les populations est mise à mal par la pandémie de COVID-19 et ses conséquences économiques et sociales’ par Jacques Hallard mardi 24 novembre 2020

Cette contribution, élaborée à des fins didactiques, regroupe en 2 parties une sélection d’articles et de vidéos :

Partie 1  : les impacts du confinement, qui a été imposé, et de la généralisation rapide du télétravail qui en est résulté, sur la santé mentale des populations fortement touchées par la pandémie de COVID-19.

Y sont abordés : la dégradation de la santé mentale par le télétravail chez les salariés, des conseils pour prévenir les risques de santé au travail, le protocole national pour assurer la santé et la sécurité des salariés dans les entreprises, des conseils pour réussir à séparer sa vie professionnelle et sa vie personnelle avec le télétravail, l’isolement social des jeunes adultes qui est devenu un danger majeur, notamment chez les étudiants isolés et les adolescents avec les cours en ligne, ainsi que chez les enfants : beaucoup, comme les adultes, souffrent de troubles psychiques : anxiété, stress, dépression, troubles du sommeil, etc..

Partie 2  : l’importance psychologique et sociale de l’acte de toucher autrui chez les êtres humains, qui est entravé par les mesures barrières recommandées par les autorités et appliquées par les travailleurs médicaux (virologues, infectiologues, épidémiologistes, infirmières/infirmiers, aides-soignantes/aides-soignants, masseurs/euses-kinésithérapeutes, biologistes, médecins urgentistes, etc…) et les responsables gouvernementaux des états nations.

Les articles choisis dans cette deuxième partie démontrent la diversité des effets bénéfiques de l’acte du toucher et son importance dans les relations sociales, amicales, amoureuses et thérapeutiques. Y est notamment décrit le fait que le toucher soit fondamental dans toute expérience humaine avec les effets positifs du toucher sur le développement social, physiologique et intellectuel, sur la gestion du stress et sur l’image corporelle individuelle, ainsi que l’état de bien-être ressenti et/ou partagé tout au long de la vie...

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Sommaire


Partie 1 : l’impact sur la santé mentale du confinement et du télétravail

1.Télétravail, confinement, stress : la santé mentale des salariés se dégrade 18/11/2020 (mis à jour à 17:16) - Par Anne-Laure Jumet et Eric Chaverou – Documents ‘France culture’

2. Coronavirus et reconfinement : les conséquences du télétravail sur la santé Publié le 29/10/2020 à 07:28 – Document ‘rtl.fr/actu’

3. Télétravail : Quatre conseils pour préserver la santé de vos salariés Document ‘c3s.fr/teletravail‘

4. Mise en place du télétravail : prévenir les risques en santé au travail - Publié le 06.07.2020 – Document officiel ‘editions-legislatives.fr’

5. Protocole national pour assurer la santé et la sécurité des salariés en entreprise face à l’épidémie de COVID-19- Publié le31.08.20 mise à jour13.11.20 – Document officiel ‘travail-emploi.gouv.fr’

6. Télétravail : comment réussir à séparer sa vie pro et sa vie perso ? Document ‘santemagazine.fr’

7. Entretien - Frédéric Atger, psychiatre : « L’isolement social des jeunes adultes est un danger majeur de cet automne 2020 » - Propos recueillis par Alice Raybaud Publié le 11 octobre 2020 à 01h27 - Mis à jour le 13 octobre 2020 à 15h50 -Documents ‘lemonde.fr/campus’

8. Etudiants à l’étranger – Au Québec, le blues des étudiants français qui se préparent à un hiver difficile – Mardi 1er décembre 2020 - Par Hélène Jouan (Montréal, correspondance) - Publié le 02 décembre 2020 à 07h00 - ‘Le Monde Campus’

9. A l’hôpital Robert-Debré, l’« explosion » des troubles psychiques chez les enfants Par Pascale Santi - Publié le 26 novembre 2020 à 02h53 - Mis à jour le 26 novembre 2020 à 17h21

10. Les cours en ligne ou la tentation de la distraction : « Quand le prof parle, j’éteins ma caméra et je fais ma vaisselle » Par Alice Raybaud - Publié le 25 novembre 2020 à 02h11 - Mis à jour le 25 novembre 2020 à 13h22 - Document ‘lemonde.fr/campus’

11. Anxiété, stress, dépression … la pandémie a un fort impact sur la santé mentale Par Sandrine Cabut - Publié le 26 novembre 2020 à 05h42 - Mis à jour le 27 novembre 2020 à 08h33 – Document ‘lemonde.fr’


Partie 2 : l’importance du toucher entravé par les mesures barrières

12. Le toucher, une arme de persuasion massive Par Nicolas Guéguen

13. Toucher et être touché : bien plus qu’un besoin biologique - 06 mai, 2019 – Document ‘nospensees.fr’

14. Pourquoi toucher l’autre nous manque - Publié le 8 juin 2020 à 10h00 – Par Isabelle Morin (photo) – Document canadien ‘lapresse.ca’

15. Le toucher, un sens aux multiples avatars Par Josy-Jeanne Ghedighian-Courier - Dans Cahiers jungiens de psychanalyse 2006/2 (n° 118), pages 17 à 28 - Mis en ligne sur Cairn.info le 22/07/2012 –

16. L’importance du toucher dans les relations sociales Auteure : Delphine Thomas - Document ‘carnets2psycho.net’ - Inspiré des travaux de Nicolas Guéguen. Non daté

17. L’importance de se toucher Par Florence (Daphnecoaching) – Document ‘reussirlamour.com’

18. Le toucher est fondamental dans l’expérience humaine (effets positifs sur le développement social, physiologique et intellectuel, sur la gestion du stress et sur l’image corporelle) - 21 août 2020 – Document issu de ‘apprendreaeduquer.fr/effet-toucher’-

19. Tactile ou pas : ce que notre rapport au toucher dit de nous Flavie Flament La page de l’émission On est fait pour s’entendre ; publié le 06/09/2016 à 07:00 par ‘rtl.fr’

20. Le toucher : un indicateur culturel implicite du statut et du rôle - Paru dans la revue ‘Communication et organisation’ 24

21. Le toucher : une approche relationnelle Par Monique Remillieux Par Carine Blanchon Infirmière diplômée d’État Foyer d’accueil médicalisé Myosotis 7, rue de l’Ermitage, 91410 Dourdan - 14 04 2016 – Document ‘elsevier.com/fr-fr’

22. Pourquoi le sens du toucher est si important - Vidéo 4:24 (en anglo-américain avec sous-titrage en français) - 06 août 2020

23. Pourquoi le contact physique est-il si important ? - 19 novembre 2018 -Par Elena Bizzotto – Document ‘santemagazine.fr’

24. Pourquoi le toucher est-il un sens vital ? Document ‘caminteresse.fr’- Par l’équipe de ‘Ça m’intéresse’

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Partie 1 : impact sur la santé mentale du confinement et du télétravail


  • Télétravail, confinement, stress : la santé mentale des salariés se dégrade 18/11/2020 (mis à jour à 17:16) - Par Anne-Laure Jumet et Eric Chaverou – Documents ‘France culture’
    Près d’un salarié sur deux est désormais en détresse psychologique. C’est le résultat à la hausse d’une étude réalisée juste avant le deuxième confinement. Alors qu’une autre étude révèle une forte augmentation des arrêts maladie de longue durée et de ceux liés à des troubles psychosociaux.

Photo - Pour limiter les risques dans les TPE et PME, le ministère du Travail vient de lancer un N° vert de soutien, vanté comme anonyme, gratuit et qui fonctionne 24h/24, 7j/7 : le 0800 13 00 00.• Crédits : saulgranda - Getty

La peur du Covid-19, d’un avenir incertain et des conditions de vie professionnelles bouleversées ont des conséquences sur la santé mentale des salariés. Deux études très récentes l’affirment, réalisées avant et après le deuxième confinement. Cet été déjà, l’Institut ADP Research, spécialisé dans les tendances de l’emploi et des ressources humaines soulignait que ’les inquiétudes des salariés concernant la sécurité de leur emploi s’accroissent, et certains d’entre eux souffrent d’une surcharge de travail et d’un manque de moyens’.

À réécouter 5 minutes Hashtag Avec le Covid-19, un ’télétravail forcé et dégradé’ ?

Le télétravail porteur de nouveaux risques psychosociaux

Près d’un salarié sur deux est en détresse psychologique, soit une hausse de 7 points par rapport au mois de mai dernier, estime Empreinte Humaine. Cet épuisement est mesuré sur la base d’enquêtes scientifiques, affirme ce ’cabinet indépendant spécialisé dans la promotion de la Qualité de Vie au Travail (QVT) et la prévention des Risques Psychosociaux (RPS)’. Il s’agit de la 4ème vague d’un ’Baromètre de la santé psychologique des salariés français en période de crise’ réalisé par OpinionWay et initié pendant le premier confinement.

Un tiers des salariés est même en état d’épuisement émotionnel sévère et 5 % en ‘burn out’, une maladie qui touche d’ailleurs deux fois plus les managers. 

Les personnes en télétravail sont nombreuses par ailleurs à souligner des incivilités numériques. Des comportements observés d’abord chez les clients, suivis des collègues et dans une moindre mesure des managers. Cela peut être de la petite incivilité : pendant les réunions, 7 personnes en télétravail sur 10 ont bien à l’esprit que plusieurs personnes n’écoutent pas ou font autre chose. Mais il y a aussi des ressentis plus forts : 6 sur 10 estiment que les outils numériques sont utilisés pour surveiller s’ils se connectent au bon horaire. Par ailleurs, plus de 5 salariés en télétravail sur 10 trouvent qu’il y a davantage de mails envoyés avec copie à la hiérarchie pour mettre la pression. Quand un tiers de ceux interrogés remarquent recevoir plus de courriels rédigés en lettres majuscules, en gras ou avec des points d’exclamation.

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Des incivilités numériques vécues comme des agressions ou comme des attitudes qui nuisent à l’implication dans le travail. Précisions d’Anne-Laure Jumet

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Anxiété, stress, perte de sens expliquent ces statistiques. La crise a été pour certains été un déclencheur : mon travail est inutile, disent 35 % des sondés. Le rapport au travail et l’engagement des salariés apparaît en nette baisse. Et le télétravail est porteur de nouveaux risques psychosociaux : isolement, surcharge, sentiment d’être surveillé en permanence. Là où la moitié des salariés interrogés disent rester dans leur entreprise faute de trouver mieux, le taux s’élève à 60% pour ceux en télétravail complet.

C’est éminemment contradictoire’, détaille la psychologue du travail Sylvaine Perragin :

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’Ce n’est pas juste le télétravail, c’est aussi le télétravail lié à un contexte extrêmement anxiogène.’ Analyse de la psychologue du travail Sylvaine Perragin, interrogée par Catherine Petillon

Les gens sont contents d’être en télétravail dans la mesure où ils se sentent protégés, ils sont chez eux, ils n’ont plus les transports. En tout cas, pour l’Île-de-France, c’est plutôt positif. Et il y a tout un tas de facteurs liés à l’évolution de la société qui font que les gens sont très très angoissés. Tout leur système de références est en train de bouger et ils ont l’impression d’une remise en question assez existentielle. Tout cela renvoie à des facteurs d’instabilité psychologique très profonds.

Et les entreprises n’ont pas suffisamment pris la mesure de ce mal être, estime Christophe Nguyen, président de ce cabinet et psychologue du travail :

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’On fait comme si cette crise était passée, et la charge de travail, les exigences, augmentent de façon significative, sans prendre en compte le passif, l’historique, et l’état psychologique des personnes.’

Lueur d’espoir, toutefois, selon le baromètre Empreinte humaine-OpinionWay, le soutien perçu par les salariés dans l’entreprise augmente. Les salariés analysés estiment ainsi être soutenus en premier lieu par leur collègue, à 83% ( 4), puis leur N 1, à 77% (-5), avant leur direction, à 70% ( 5), et leur DRH, à 67% ( 11), et la médecine du travail à 58% ( 14).

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Un numéro vert pour les télétravailleurs

Cette ligne téléphonique baptisé par le ministère du Travail « écoute, soutien et conseil aux télétravailleurs » vient d’être lancée pour ’accompagner les salariés des TPE et PME qui se sentent particulièrement isolés ou vivent difficilement l’exercice de leur activité en télétravail’. Le numéro, 0 800 13 00 00, est un service anonyme, gratuit et ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.​ Avec jusqu’à 70 psychologues qui seraient mobilisés.

Il ne suffit pas de mettre en place un numéro vert pour régler tous les problèmes, explique Christophe Nguyen. L’entreprise doit former ses managers.

Il y aura à l’avenir, prédit il, une demande des salariés de réorganiser leurs vies, dans le sens d’un équilibre plus marqué entre vie professionnelle et vie privée. Ils attendront aussi de leur entreprise davantage de bienveillance. 

Les arrêts maladie de longue durée (plus de trente jours) ont augmenté de 30 % en 2020, selon le groupe de protection sociale Malakoff Humanis. Avec une durée moyenne de 94 jours.

Photo - Les arrêts maladie de longue durée (plus de trente jours) ont augmenté de 30 % en 2020, selon le groupe de protection sociale Malakoff Humanis. Avec une durée moyenne de 94 jours.• Crédits : elenaleonova - Getty À RÉÉCOUTER

7 minutes La Question du jour - Quelle incidence la crise sanitaire a-t-elle sur notre santé mentale ?

Des arrêts maladie de longue durée qui s’envolent

Les arrêts longs, de plus de trente jours, représentent 12 % des arrêts maladie en 2020, contre 9 % en 2019. Cette augmentation de trois points représente une augmentation de 33 %, souligne Malakoff Humanis. C’est le baromètre Absentéisme annuel du groupe de protection sociale qui sert en effet ici d’indicateur, basé sur un panel de 2008 salariés et 405 dirigeants du secteur privé. 

Et Anne-Sophie Godon, directrice de l’innovation au sein du groupe a précisé au Parisien que ’Seuls 6 % des arrêts courts (moins d’une semaine), ont pour motif déclaré le Covid. C’est peu et c’est loin d’être la première cause d’absentéisme sur les douze derniers mois’.

L’étude montre également que la durée moyenne des arrêts longs est de 94 jours. Quand près de la moitié des arrêts de plus d’un mois concernent des salariés de 50 ans et plus (contre un quart pour les 18-34 ans et un tiers pour les 35-49 ans).

Toutes durées confondues, les trois premiers motifs des arrêts maladie prescrits sont : la maladie ordinaire (29 %), les troubles musculosquelettiques (17 %) et les troubles psychologiques (15 %). Et la montée des risques psychosociaux est devenue le deuxième motif d’arrêts maladie en mai, après la Covid, apprend-on par ce biais.

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Tags : Emploi Confinement Coronavirus – Covid-19 Santé mentale Télétravail Santé France Société

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Source : https://www.franceculture.fr/societe/teletravail-confinement-stress-la-sante-mentale-des-salaries-se-degrade

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  • Coronavirus et reconfinement : les conséquences du télétravail sur la santé Publié le 29/10/2020 à 07:28 – Document ‘rtl.fr/actu’
    ÉCLAIRAGE - Une grande partie des Français pourrait basculer à nouveau vers le télétravail après les annonces du président. Une pratique qui présente des avantages et des inconvénients en termes de santé.

Une étudiante en télétravail (illustration)

Une étudiante en télétravail (illustration) Crédit : Photo de Vlada Karpovich provenant de Pexels

Au printemps dernier, environ 5 millions de salariés se sont laissés tenter par le télétravail à l’occasion du premier confinement. La plupart d’entre eux avaient alors été séduits par ce dispositif. À la suite de la rentrée 2020, cette pratique est devenue de moins en moins courante, mais cela pourrait changer après les annonces d’Emmanuel Macron ce mercredi 28 octobre 2020.

Dans les faits, le télétravail présente plusieurs avantages pour celui qui le pratique. À commencer par la réduction du stress. Selon de nombreuses études, cela réduit l’absentéisme au travail, favorise une meilleure concentration et à retrouver le plaisir de travailler. Ces avantages convergent donc vers une baisse de l’anxiété.

Autre avantage, et pas des moindres, se mettre au télétravail permet d’éviter les trajets entre son bureau et son domicile. Un itinéraire estimé en moyenne à 50 minutes pour les Français et 1h10 pour les Franciliens. Ainsi, la fatigue est diminuée, tout comme les occasions de tomber malade dans les transports.

Plusieurs inconvénients

Évidemment, il n’existe pas que des avantages au télétravail. Certains comités sociaux et économiques d’entreprises ont listé les différents inconvénients, le premier étant les troubles musculo-squelettiques. 

Les bureaux à domicile souffrent souvent de mauvaises conditions ergonomiques. La position statique assise prolongée génère des douleurs pour le dos, le cou et les épaules et les poignets. On finit alors par se retrouver avec des cervicalgies, des lombalgies et des tendinites.

Dans un autre domaine, le télétravailleur risque également d’être atteint par des troubles de la vue dus à un éclairage mal adapté. Cela commence par une fatigue oculaire, qui peut s’aggraver et se transformer en myopie par exemple. 

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Source : https://www.rtl.fr/actu/bien-etre/coronavirus-et-reconfinement-les-consequences-du-teletravail-sur-la-sante-7800913030

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  • Télétravail : Quatre conseils pour préserver la santé de vos salariés Document ‘c3s.fr/teletravail‘ - Photo -
    De plus en plus d’employeurs ont recours au télétravail ; mais moins d’un télétravailleur sur deux (45%) dit bénéficier d’un espace dédié à son domicile (selon l’étude Malakoff Mederic Humanis de Février 2019). Pourtant le passage au télétravail ça ne s’improvise pas. Il faut l’anticiper pour garantir au salarié un cadre respectueux de sa santé. C’est pourquoi il est important d’informer et de former le télétravailleur sur les dispositifs nécessaires à la limitation des risques professionnels.

Voici 4 conseils sur lesquels vous appuyer pour préserver la santé de vos télétravailleurs.

Conseil n°1 : Aménagement et ergonomie du poste de travail

Aménager le poste de travail de façon ergonomique est essentiel. Le télétravailleur comme ses collègues des bureaux est un salarié travaillant sur écran, sujet à de longues périodes assises. Ces longues heures passées dans une position identique, demandent une attention particulière à l’aménagement de son espace de travail, pour éviter l’apparition de TMS. Il est donc indispensable pour un salarié en télétravail d’avoir un espace dédié à l’activité professionnelle, contenant tout le matériel nécessaire à ses missions et aménagé de façon optimale pour son bien-être physique et mental.

Il devra donc comme ses collègues, disposer d’un bureau et d’un écran de travail. Le bureau comme pour les salariés sur site, doit être perpendiculaire à la fenêtre pour éviter les reflets lumineux sur écran conduisant à une fatigue visuelle. Pour l’écran deux options sont possibles : soit le salarié dispose d’un ordinateur fixe dédié au travail, soit celui-ci possède un ordinateur portable.

Bien souvent le télétravailleur exerce depuis un ordinateur portable. Mais celui-ci n’est ergonomiquement pas fait pour travailler plus de 2 heures d’affilés. Il faut donc adapter son poste de façon à convertir son ordinateur portable en « poste fixe » durant ses horaires travaillés.

Le clavier et l’écran constituent un tout indissociable sur ces appareils, seul l’ajout d’équipement permet une disposition confortable. Pour rendre l’ordinateur portable plus ergonomique voici quelques équipement additionnels nécessaires :

  • Ajouter un clavier et une souris séparés permet d’augmenter les possibilités d’ajustement.
  • L’ajout d’un support en plan incliné permet lui de surélever l’écran pour que celui-ci soit à hauteur des yeux et ainsi éviter la fatigue visuelle mais aussi les tensions au niveau du cou et des épaules.
    Conseil n°2 : Lutter contre le risque d’isolement professionnel

L’isolement professionnel est l’un des risques liés au télétravail. Pour éviter cet isolement, il est important de mettre des procédures en place.

Avoir un horaire de communication quotidien déterminé, avec un collègue ou un responsable de l’entreprise, et ce même quand il n’y a pas de détails professionnels à discuter est essentiel. Cette action limite les risques d’isolement professionnel mais permet également de s’assurer que le salarié en télétravail, souvent seul chez lui, est en bonne santé et qu’il n’a pas fait de malaise ou de chute importante.

Afin de lutter contre cet isolement, il est aussi important de laisser le salarié informé sur l’entreprise. Celui-ci doit rester dans les mêmes boucles d’informations que ses collègues, même si certaines communications l’informeront sur des événements qui ne semblent pas le concerner directement ou pour lesquels il ne sera pas en mesure de se déplacer. Lorsque cela est possible, le télétravailleur doit se rendre aux réunions auxquelles il doit assister. Si le déplacement n’est pas envisageable un système de visioconférence doit être mis en place pour que celui-ci puisse tout de même y prendre part.

Pour limiter ce risque d’isolement, avoir au minimum un jour par semaine à l’entreprise permet de garder le contact direct avec ses collègues et sa direction et de ne pas devenir « transparent ». Tout cela est nécessaire pour que l’employé conserve un sentiment d’appartenance à l’entreprise et soit en bonne santé psychique.

Conseil n°3 : Droit à la déconnexion

Tout comme ses collègues, le télétravailleur dispose d’un droit à la déconnexion !

Des règles strictes concernant ses horaires de travail doivent donc être fixées et respectées par toutes les parties pour que celui-ci ne soit plus sollicité en dehors de ces heures travaillées. Il en va de même pour ses périodes de congés qui doivent être respectées. 

Certains dispositifs, valables également pour ses collègues des bureaux peuvent être mis en place. La suppression et la mise en place d’une réponse automatique aux mails reçus pendant les congés redirigeant l’émetteur vers des contacts disponibles ou l’invitant à renvoyer son message au retour de l’intéressé permet au salarié de ne pas être sollicité pendant cette période. 

La mise en veille des serveurs de l’entreprise après les horaires de travail est aussi une idée pour favoriser le droit à la déconnexion, attention cependant si cette mesure est mise en place, que les horaires du télétravailleur soient donc les mêmes que celles des bureaux.

Conseil n°4 : Les aider à mettre en place des pauses actives

Les employés de bureau disposent de pauses « naturelles » comme les discussions avec les collègues, une petite marche vers l’imprimante, la pause à la machine café… Autant de petits moments qui offrent la possibilité de changer de position. Mais ces pauses ne viennent pas naturellement au domicile.

Il est donc indispensable d’informer les salariés en télétravail de l’importance de ces pauses physiologiques qui permettent de changer de position au cours de la journée et donc d’éviter les douleurs musculo-squelettiques.

Les pauses avec une activité de marche sont également idéales pour favoriser le retour veineux, celui-ci étant réactivé dès le 7ème pas, il permet au sang de se ré-oxygéner et d’éviter la sensation de jambes lourdes.

Les pauses actives, à réaliser au minimum une fois dans sa matinée et dans son après-midi, sont aussi des moments idéals pour se détendre et pratiquer quelques étirements.

Idées pour favoriser les pauses physiologiques et actives :

• Mettre l’imprimante dans une autre pièce pour aider à la mobilité et favoriser le retour veineux.

• Un ballon de Klein (aussi appelé « swiss-ball ») peut également être mis à disposition du télétravailleur pour qu’il puisse varier son assise au cours de la journée. Celui-ci doit être utilisé sur des périodes de 30 min à 1h idéalement ; il permet de faciliter le mouvement de la région lombaire et limite les pressions discales dans cette zone. Attention cependant, le diamètre du ballon doit convenir à la hauteur du bureau et à la taille du salarié pour que ses pieds touchent par terre. L’idéal est de l’utiliser sur du travail hors écran tel que de la lecture de document ou lorsque le salarié passe un coup de fil.

Pour aller plus loin

Formation Le télétravail et la santé - Infographie : Télétravailleur, êtes-vous bien installé ?

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  • Mise en place du télétravail : prévenir les risques en santé au travail -
    Publié le 06.07.2020 – Document officiel ‘editions-legislatives.fr’
    La pandémie a changé notre mode de vie, notre façon de travailler et... notre lieu de travail. Pour des millions de travailleurs, il a fallu soudainement devenir des télétravailleurs.

Quelles sont les leçons de cette expérience inédite ? 

Quelles que soient les stratégies d’entreprises mises en place à l’avenir, ce retour d’expérience à grande échelle est l’occasion de rappeler la définition juridique du télétravail, ainsi que les exigences réglementaires en santé au travail liées à celui-ci. Au-delà de ces obligations, des bonnes pratiques peuvent être mises en place pour atténuer les risques bien connus du télétravail comme notamment une mauvaise ergonomie des postes de travail et l’exposition aux RPS. En effet, si pour beaucoup de structures, le télétravail « confiné » a été mis en place en urgence, il est possible de l’améliorer.

Ce dossier vous intéresse ?

Faites le point notamment sur les sujets suivants :

  • les conséquences du confinement sur le télétravail
  • la mise en place du télétravail : accord collectif, charte, avenant
  • les frais liés au télétravail (ex. : indemnité forfaitaire)
  • les risques liés à la sédentarité (ex. : mal de dos) et au travail sur écran (ex. : fatigue visuelle)
  • l’aménagement du poste de télétravail (ex. : siège, écran)
  • les risques d’isolement (maintien du lien social)
  • la prévention des RPS (ex. : charge de travail)
    L’essentiel à retenir

Dans la mise en place du télétravail ou son élargissement, des exigences réglementaires sont à respecter (accord, charte, avenant) et la santé au travail doit être prise en compte, que ce soit en termes d’équipements et de poste de travail, ou en termes de prévention des risques psychosociaux.

Extrait

Le télétravail concerne aussi bien les salariés du privé que les agents de la fonction publique. Ainsi, il désigne toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait pu également être exécuté dans les locaux de l’employeur est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon volontaire en utilisant les technologies de l’information et de la communication (C. trav., art. L. 1222-9). Remarque : le télétravail n’est ni un droit, ni un cadeau, c’est un mode d’organisation du travail basé sur le volontariat qui est encadré par le code du travail. Le télétravailleur peut alterner des périodes de travail dans et en dehors de l’entreprise (dans un autre local ou à domicile), ou travailler en permanence depuis son domicile (commerciaux, par exemple). Un agent de la fonction publique d’État, territoriale, hospitalière ou de la magistrature peut exercer ses fonctions dans le cadre du télétravail à sa demande et après accord de son chef de service (D. n° 2016-151, 11 févr. 2016 : JO, 12 févr.)…

PDF I 76 pages à télécharger à la source : https://www.editions-legislatives.fr/dossiers-speciaux/mise-en-place-du-teletravail-prevenir-les-risques-en-sante-au-travail

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  • Protocole national pour assurer la santé et la sécurité des salariés en entreprise face à l’épidémie de COVID-19- Publié le31.08.20 mise à jour13.11.20 – Document officiel ‘travail-emploi.gouv.fr’
    Le protocole national pour assurer la santé et la sécurité des salariés en entreprise face à l’épidémie de Covid-19 a été actualisé le 13 novembre 2020 pour répondre à la situation épidémique actuelle.


Le protocole - Dernière mise a jour : le 13 novembre 2020 > PDF Protocole national pour assurer la santé et la sécurité des salariés en (...) Téléchargement (1021.8 ko)

Le protocole national pour assurer la santé et la sécurité des salariés en entreprise face à l’épidémie de la Covid-19 a été actualisé le 29 octobre et le 13 novembre 2020 à la suite de l’instauration d’un nouveau confinement et du renforcement des mesures sanitaires pour enrayer la progression de l’épidémie.

Il s’agit d’un document de référence pour assurer la santé et la sécurité des salariés et la poursuite de l’activité économique. Les principales évolutions portent sur :

- La généralisation du télétravail pour les activités qui le permettent ;

- L’organisation des réunions par audio et visio-conférences ;

- L’utilisation de l’application ‘TousAntiCovid’ pour faciliter le suivi des cas contacts ;

- La suspension des moments de convivialité dans le cadre professionnel ;

- La protection des personnes à risque de forme grave de Covid-19.

Télécharger le nouveau protocole national pour assurer la santé et la sécurité des salariés en entreprise face à l’épidémie de COVID-19.

Pour aller plus loin, vous pouvez consultez :

Les guides et conseils de bonnes pratiques à destination des employeurs, des salariés et de toute personne intervenant dans l’entreprise
Le Questions-Réponses ’Mesures de prévention dans l’entreprise contre la Covid-19
Conditions de travail Organisation du travail Santé au travail Télétravail Page TousAntiCovid pour les professionnels
Téléchargez les attestations de déplacement dérogatoire sur le site du ministère de l’Intérieur

Accueil : Poursuite de l’activité en période de COVID-19- Télétravail en mode covid-19 : on vous guide !Chômage partiel - activité partielle- COVID-19- Formation à distance- Mesures de relance de l’activité- Mobilisation exceptionnelle pour l’emploi : plateforme de recrutement- Mise à disposition temporaire de salariés volontaires entre deux entreprises- Webinaires à destination des entreprises- Protéger les travailleurs

Protocole national pour assurer la santé et la sécurité des salariés en entreprise face à l’épidémie de COVID-19- COVID-19 : Conseils et bonnes pratiques au travail

Sécurité et santé des travailleurs : les obligations générales de l’employeur et sa responsabilité

Télétravail en mode covid-19 : on vous guide !

Fiches conseils métiers et guides pour les salariés et les employeurs

Questions - réponses par thème  :

Ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion

Le service public de l’emploi, les organismes de formation et les Centres de Formation d’Apprentis (CFA) poursuivent leur mission pendant le confinement

Source : https://travail-emploi.gouv.fr/le-ministere-en-action/coronavirus-covid-19/protection-des-travailleurs/protocole-national-sante-securite-salaries

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  • Télétravail : comment réussir à séparer sa vie ‘pro’ et sa vie ‘perso’ ? Document ‘santemagazine.fr’ – Photo © Adobe Stock / Marina Andrejchenko
    Avec le confinement, le télétravail s’est subitement répandu et il est amené à se développer. S’il permet plus de souplesse dans son organisation, il a aussi tendance à brouiller la frontière entre vie privée et vie professionnelle. 

Un grand nombre de salariés sont incités à télétravailler pour limiter la propagation du coronavirus SARS-CoV-2, responsable de l’épidémie de Covid-19. Selon une enquête réalisée en juin 2020 par Malakoff Humanis auprès de 1610 salariés du secteur privé, 58 % des personnes en télétravail ont du mal à séparer les temps relevant de la vie privée de ceux de la vie professionnelle

Définir à l’avance son temps de travail

Au bureau, l’environnement de travail marque le tempo de la journée : son début, sa fin, ses pauses café... En l’absence de ce cadre, il est parfois difficile de se fixer ses propres limites, et de s’y tenir. ’Les études montrent que les télétravailleurs ont majoritairement tendance à en faire plus lorsqu’ils sont chez eux’, indique Caroline Ruiller. Le risque de déborder sur les temps de vie personnelle, le soir et le week-end, est bien réel.

La clé pour y remédier ?

’Bien cadrer ses journées en définissant à l’avance l’heure à laquelle on commence et celle à laquelle on termine. Sans oublier de prévoir des interruptions dans la journée, notamment une vraie pause déjeûner comme on le ferait au bureau’, répond Caroline Ruiller.

Autre conseil : déterminer à l’avance le temps que l’on compte consacrer à chaque activité comme lire un dossier, répondre à ses mails, rédiger une note… Avoir une vision claire du temps de travail dont on a besoin aide à mieux gérer son emploi du temps et à y greffer les rendez-vous personnels sans désorganiser ses journées.

S’inventer de nouveaux rituels

Le trajet pour se rendre au travail est un moment de transition qui permet de se mettre mentalement en condition. À la maison, on pourrait être tenté de passer directement du lit à sa boîte mails. Certaines personnes réussissent à travailler en pyjama, mais ce n’est pas donné à tout le monde !, souligne Nelly Magré.

S’habiller en tenue de travail, même si elle est plus décontractée, permet de se mettre en route. Se donner de nouveaux rituels également : faire le tour du pâté de maison, amener ses enfants à l’école, envoyer un smiley à ses collègues pour marquer le début de la journée... On se sent ainsi au travail et on évite de mélanger ses deux vies.’ 

Même chose le soir : le trajet de retour est souvent vécu comme un sas de décompression. On peut le récréer en promenant le chien, en cuisinant ou avec une séance de méditation. À chacun de trouver les rituels qui marquent symboliquement le début et la fin de la journée professionnelle et aident à laisser de côté les pensées liées au travail.

Aménager un espace dédié au travail

Travailler assis sur son canapé, à la table de la cuisine aussi bien que sur le bord de son lit, c’est prendre le risque de ne plus se sentir chez soi nulle part. ’Il est important de s’aménager un véritable espace de travail, prévient Sylvaine Perragin. C’est créer une frontière physique mais aussi psychologique qui délimite la vie pro : on est au travail dans son espace de travail, et chez soi dans le reste de la maison.’ 

L’idéal est de disposer d’une pièce pour y installer son bureau et tout le matériel nécessaire. Ainsi, quand on en ferme la porte le soir, on ferme aussi celle du travail. Mais tout le monde n’en a pas la possibilité. Si le bureau est installé dans le coin du salon, on peut créer une séparation en plaçant une étagère ou un paravent. ’Si on n’a pas d’autre choix que d’occuper la table de la salle à manger ou de la cuisine, il faut prendre le temps chaque matin d’aménager son espace de travail. Et de le ranger chaque soir’, conseille Sylvaine Perragin.

C’est certes un peu contraignant mais mettre son ordinateur portable et ses dossiers hors de vue, dans un tiroir ou un sac, c’est éviter de replonger dans le boulot dès qu’on les aperçoit.

L’employeur a aussi un rôle à jouer

L’employeur, ou le manager, a aussi sa part de responsabilité quant à l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle de ses employés. Cela passe notamment par un accord sur le temps de travail et les plages horaires sur lesquelles on est joignable. ’Le droit à la déconnexion, autrement dit celui de couper lorsque la journée de travail est achevée, est un droit fondamental du salarié et une condition de sa santé, dit Caroline Ruiller. Il est important de le faire valoir auprès de ses supérieurs.’

Établir des règles avec ses proches

L’entourage a parfois du mal à comprendre que travailler chez soi ne signifie pas être disponible en permanence. ’Le conjoint ou les enfants viennent facilement interrompre le télétravailleur alors qu’ils ne se permettraient pas de leur téléphoner sur leur lieu de travail, note Nelly Malgré. Le mieux est d’expliquer à ses proches ce dont on a besoin pour travailler correctement. Et réfléchir ensemble aux règles de fonctionnement à se donner.

Cela passe par définir le volume sonore tolérable pour la télé quand les enfants rentrent, communiquer ses horaires pour que tout le monde sache quand il faut nous laisser tranquille ou le signifier par un panneau ’Ne pas déranger’.’ Et ce n’est pas ce père de famille qui dira le contraire :

En vidéo : Gare à vos enfants ! Children interrupt BBC News interview 

Faire fi de toute distraction

Passer l’aspirateur, lancer une machine… Difficile lorsque les tâches ménagères s’accumulent de ne pas céder à la tentation d’en accomplir quelques-unes sur-le-champ. Après tout, lancer une machine ne prend que quelques minutes ! Erreur.

’Cela prend souvent plus de temps qu’on le pense, constate Sylvaine Perragin. Et se rendre mentalement disponible pour ces distractions nuit grandement à la concentration !’ La solution : les noter sur un Post-it pour les évacuer plus facilement de son esprit et se dire qu’on les exécutera plus tard.

À lire aussi :

Le télétravail est-il bon pour la santé ?

6 astuces pour améliorer la concentration

Sophrologie : une aide pour mieux télétravailler

Comment occuper son enfant pendant une période de quarantaine

Comment faire face au coronavirus COVID-19 ?

Santé Magazine, le féminin qui fait du bien !

SANTE MAGAZINE | tarifspresse.com

Source : https://www.santemagazine.fr/sante/sante-au-travail/teletravail-comment-reussir-a-separer-sa-vie-pro-et-sa-vie-perso-432781

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  • Entretien - Frédéric Atger, psychiatre : « L’isolement social des jeunes adultes est un danger majeur de cet automne 2020 » - Propos recueillis par Alice Raybaud Publié le 11 octobre 2020 à 01h27 - Mis à jour le 13 octobre 2020 à 15h50 -Documents ‘lemonde.fr/campus’ - Article réservé aux abonnés - Photo - Solani, étudiante en Sorbonne, sur le balcon de sa chambre de cité U, en avril 2020. Lafargue Raphael/ABACA
    Les moyens déployés pour la prise en charge de la santé mentale des étudiants sont largement insuffisants, selon Frédéric Atger, psychiatre, responsable du bureau d’aide psychologique Pascal, à Paris. « A Paris, dans les centres d’aide gratuits consacrés aux étudiants, nos listes d’attente dépassent les 300 personnes ».

Cours en partie ou totalement à distance, projets incertains, activités associatives ou sportives réduites et, pour certains, isolement contraint et maladie… Cette rentrée, marquée par de multiples inconnues et par une difficulté à nouer des liens sociaux ou amicaux, est à haut risque pour la santé psychique et le développement des jeunes adultes, alerte Frédéric Atger. Psychiatre, il est le responsable du bureau d’aide psychologique universitaire Pascal à Paris, en lien avec la Fondation Santé des étudiants de France. Il s’inquiète des moyens insuffisants déployés pour prendre en charge la santé mentale des étudiants, alors que, dans son centre, 300 personnes sont inscrites sur liste d’attente.

Pendant le confinement, de nombreux spécialistes s’étaient alarmés de la détérioration de la santé psychique des jeunes adultes. Sommes-nous toujours dans une phase critique ?

La période est loin d’être terminée. D’abord, parce qu’il y a et il y aura des effets retard du confinement. Celui-ci a été éprouvant pour une partie des jeunes adultes, chez qui il a entraîné une forte désocialisation et favorisé l’émergence de troubles. Ensuite, parce que, pour certains, le déconfinement a été tout autant, voire plus, perturbant : il a fallu sortir de son abri, se relancer brutalement dans le monde. Or, en cette rentrée, se resocialiser apparaît bien compliqué. En particulier pour les jeunes bacheliers qui ont passé leur bac dans des conditions bouleversées et intègrent la fac – un passage déjà à l’origine de nombreuses peurs – dans un contexte peu évident : avec du distanciel, des masques et des marqueurs de début d’année écornés ou absents…

Quels sont les enjeux pour tenir dans la longueur, face à cette vie étudiante bouleversée ?

Pour la majorité des jeunes, qui ont des appuis familiaux et amicaux, maintenir les relations avec son cercle le plus proche peut aider à tenir, malgré des sorties restreintes. Pour ceux qui, en revanche, sont en rupture de liens, pouvoir faire signe et connaître les structures d’aide psychologique susceptibles de les recevoir devient vital. Or, la plupart de ces structures sont saturées, et encore plus depuis le confinement. A Paris, dans les centres d’aide gratuits consacrés aux étudiants, nos listes d’attente dépassent les 300 personnes. Nous n’avons pas les moyens de faire face à la situation de crise.

Un problème quand l’accès aux soins payants est encore plus compliqué pour le public étudiant, qui est fragilisé financièrement par la crise…

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Article réservé à nos abonnés Lire aussi : Isolement, précarité, perte de repères : comment le confinement a fait basculer psychologiquement certains étudiants

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On parle de l’IREDU ... dans la presse - IREDU - université de Bourgogne

Source : https://www. 14 avril 2016 -/campus/article/2020/10/11/frederic-atger-psychiatre-l-isolement-social-des-jeunes-adultes-est-un-danger-majeur-de-cet-automne_6055593_4401467.html

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  • Etudiants à l’étranger – Au Québec, le ‘blues’ des étudiants français qui se préparent à un hiver difficile – Mardi 1er décembre 2020 - Par Hélène Jouan (Montréal, correspondance) - Publié le 02 décembre 2020 à 07h00 - ‘Le Monde Campus – Génération – Article réservé aux abonnés - Illustration - CHIARA DATTOLA
    Confinés loin de leurs familles, astreints à des cours en ligne, les jeunes venus se former en terre canadienne font l’expérience d’une plus grande solitude. Les universités se mobilisent pour leur apporter un soutien psychologique. « Je vais bien », assure Ilyès à plusieurs reprises, comme s’il tenait à s’en convaincre. Mais, au fil de la conversation, ce Français concède qu’il a « parfois de vrais coups de mou ». Assigné à suivre ses cours en ligne dans sa chambre située dans la résidence de l’université de Montréal, le jeune homme en troisième année de relations internationales, d’ordinaire débordant d’activités, n’a pas mis les pieds sur le campus depuis plusieurs semaines. Au réveil, il tend le bras pour allumer la caméra de son ordinateur et assiste à son premier cours. C’est reparti pour un jour sans fin. Seule soupape qu’il s’accorde, aller nager trois fois par semaine dans la piscine universitaire restée ouverte. « Ça me permet d’oublier que la seule chose qu’on ait le droit de faire, c’est de ne rien faire. »

Les Français qui étudient à Montréal – ils sont plus de 10.000 – étaient nombreux à avoir profité de l’été pour se ressourcer dans l’Hexagone auprès de leur famille. Mais, en revenant, ils savaient à quoi s’en tenir : dès le printemps, la plupart des établissements d’enseignement supérieur de la province avaient annoncé qu’à l’exception de rares travaux pratiques le semestre d’automne serait assuré à distance.

Mais la perspective de suivre de Metz, Toulouse ou Paris leurs cours en ligne avec six heures de décalage horaire, aussi bien que leur volonté de renouer avec ce qu’ils espéraient être un retour à la normale de la vie estudiantine québécoise, les ont souvent poussés à retraverser l’Atlantique. Tous, cependant, n’avaient pas anticipé l’épreuve qui les attendait. D’autant qu’au Québec comme ailleurs la deuxième vague de la pandémie a provoqué dès la fin septembre des mesures de restrictions sociales : la fermeture des cafés et des restaurants, et l’interdiction stricte de recevoir des amis chez soi ont contraint chacun à revivre une solitude imposée, le tout à des centaines de kilomètres de leur entourage familial.

« Vous allez bien ? »

Jeune Française en quatrième année à HEC Montréal, Juliette confesse, malgré un naturel optimiste, être régulièrement en proie à des crises d’anxiété. « Le fait d’être brimée dans sa liberté et dans sa sociabilité, de ne pas pouvoir se projeter dans son avenir à un âge où on est prêt à conquérir le monde, c’est très dur mentalement », admet-elle. En colocation avec quatre camarades dans un duplex situé dans le quartier du Plateau à Montréal, l’étudiante a la chance d’échapper à l’isolement, « même si parfois c’est la guerre dans l’appartement », s’amuse-t-elle, « parce qu’on est toutes stressées à tour de rôle »

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Source : https://www.lemonde.fr/campus/article/2020/12/02/au-quebec-les-etudiants-francais-se-preparent-a-un-hiver-difficile_6061876_4401467.html

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  • A l’hôpital Robert-Debré, l’« explosion » des troubles psychiques chez les enfants Par Pascale Santi - Publié le 26 novembre 2020 à 02h53 - Mis à jour le 26 novembre 2020 à 17h21 - Réservé à nos abonnés - Photo
    Enquête - Dans le nord-est de Paris, on constate un doublement des tentatives de suicide chez les mineurs de moins de 15 ans par rapport à l’année dernière.

En ce lundi de novembre, il y a affluence à la consultation d’orientation psychiatrique de l’hôpital pour enfants Robert-Debré, situé dans le nord-est de Paris, l’un des plus gros d’Ile-de-France. Marco (les prénoms ont été changés), 15 ans, qui souffre de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), a très mal vécu le premier confinement. Il s’est mis à jouer aux jeux vidéo, a décalé son sommeil. L’idée d’un nouveau confinement, de ne plus pouvoir aller au skate park, de ne plus voir ses amis, l’a paniqué. Il n’est pas retourné au lycée après les vacances de la Toussaint, et a été hospitalisé en raison d’idées suicidaires.

Ce même jour, à quelques couloirs de là, aux urgences pédiatriques, un garçon de 14 ans attend de voir un pédopsychiatre. Il s’est jeté sur les rails d’un train qui, heureusement, est passé de l’autre côté. Quelques jours auparavant, il avait fui l’école et erré, en Ile-de-France.

Depuis la rentrée de septembre, un enfant de moins de 15 ans arrive ainsi presque chaque jour aux urgences de Robert-Debré pour une tentative de suicide, contre environ un tous les trois jours un an avant. Selon un tableau de bord de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) du 19 novembre recensant l’activité hors-Covid des 39 hôpitaux – majoritairement franciliens – du groupe, les hospitalisations en pédiatrie pour raisons psychiatriques ne cessent d’augmenter depuis août. Elles se situaient fin octobre à 3 600, contre 2 400 un an plus tôt, soit une hausse de 50 %.

Photo - Aux urgences pédiatriques de l’hôpital Robert-Debré le 13 novembre 2020. NICOLAS KRIEF POUR LE MONDE

Crise économique, attentats, incertitude sur l’avenir, scolarité perturbée, etc., les enfants et adolescents sont en première ligne de cette deuxième vague. Le professeur Richard Delorme, qui dirige le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de Robert-Debré, a adressé un message d’alerte à l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France et aux autorités sanitaires. Les tentatives de suicide (TS) chez les mineurs de moins de 15 ans enregistrées dans son établissement en septembre-octobre ont doublé par rapport à la même période de 2019, passant de 20 à 40. Les relevés d’idées suicidaires ont augmenté de plus de 100 %. Et cette tendance se poursuit en novembre.

Ces situations complexes surviennent alors que son service est déjà en tension. Le nombre d’urgences pour motif pédopsychiatrique a doublé en dix ans, à environ 2 000 par an. « Depuis début septembre, à chaque fois que je suis appelée aux urgences, c’est pour l’explosion des TS et idées suicidaires, des troubles anxieux », constate le docteur Alicia Cohen-Freoua, de garde ce lundi. « La vague, nous la voyons depuis la rentrée. Nous gérons des situations de crise, avec des enfants à hospitaliser, et pour qui il faut organiser un suivi, nous manquons de lits », constatent Marion Priam et Cathy Gaudin, infirmières…

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Débat sur l’immigration à l’Assemblée : un goût d’inachevé pour l’opposition et les ONG - France terre d’asile

Source : https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/11/26/a-l-hopital-robert-debre-les-soignants-face-a-l-explosion-des-troubles-psychiques-chez-les-enfants_6061143_3244.html

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  • Les cours en ligne ou la tentation de la distraction : « Quand le prof parle, j’éteins ma caméra et je fais ma vaisselle » Par Alice Raybaud - Publié le 25 novembre 2020 à 02h11 - Mis à jour le 25 novembre 2020 à 13h22 - Document ‘lemonde.fr/campus’ - M CampusDeuxième confinement- Article réservé aux abonnés - Illustration ANNA WANDA GOGUSEY
    Avec les cours à distance, la tentation de la distraction est permanente. Beaucoup d’étudiants admettent avoir du mal à suivre autant d’heures devant un écran.

Dans son studio de 9m², Océane, 20 ans, bâille devant son écran. Sur son ordinateur, un enseignant déroule son cours et l’étudiante en master de psychologie à l’université Toulouse-Jean-Jaurès peine à garder les yeux ouverts. Sa caméra à elle est éteinte. « En ligne, le cours est plus monotone, plus froid… La concentration est hyper difficile », souffle Océane. La Toulousaine n’a pourtant guère d’autre choix que d’enchaîner les heures de « visio » : sa chaise et son petit bureau – parfois son lit, quand la tentation se fait trop forte – sont redevenus sa salle de classe pour une durée indéterminée.

Garder sa pleine attention est une véritable gageure pour beaucoup d’étudiants, désormais contraints à ces journées de tête-à-tête avec Zoom. Après le semestre à distance du printemps, le reconfinement a eu raison, une fois de plus, des amphis et des dernières lueurs de présentiel, déjà bien réduites dès septembre. Depuis la fin du mois d’octobre, les universités et les grandes écoles ont basculé intégralement leurs enseignements en ligne, à l’exception, pour certaines filières, d’une poignée de travaux pratiques.

Absence de cadre

Comment maintenir sa motivation quand les études deviennent un exercice solitaire derrière un écran ? « A la fac, il arrive aussi de décrocher quelques minutes. Mais on est dans l’amphi, avec tout le monde qui travaille autour de nous, c’est tout un contexte qui nous raccroche », décrit Océane. En « visio », ses camarades se résument à des dizaines de carrés noirs, ces caméras éteintes la plupart du temps pour ne pas surcharger le réseau. « Il me manque l’ambiance du groupe de travail, explique-t-elle. Même les profs, on ne peut pas les voir complètement. Souvent l’image est déformée. Parfois, on entend juste une voix sur une diapo. »

« J’ai une grosse fatigue mentale à la fin de la journée, avec l’impression que tous mes sens sont annihilés », Emilie, étudiante à Sciences Po Aix

Enseignant en physique-chimie à l’université de technologie de Troyes (UTT), Yann Verchier a bien observé les difficultés induites par ce « manque de cadre ». Ne serait-ce que se déplacer à la fac, s’asseoir dans une salle, constitue une routine qui rend l’esprit disponible à l’apprentissage au sein d’un « lieu sanctuarisé ». Chez soi, on est plutôt tenté de rester dans son canapé ou son lit, position qui ancre dans une certaine passivité. « On sent une vraie lassitude chez les étudiants et une difficulté à se remettre dans leur cursus cette rentrée », s’inquiète Yann Verchier…

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Autre article réservé à nos abonnés - Lire aussi « On a la même vie que des personnes âgées » : quand la solitude menace les étudiants

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Source : https://www.lemonde.fr/campus/article/2020/11/25/quand-le-prof-parle-j-eteins-ma-camera-et-je-fais-ma-vaisselle-les-cours-en-visio-ou-la-tentation-de-la-distraction-permanente_6061000_4401467.html

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  • Anxiété, stress, dépression … la pandémie a un fort impact sur la santé mentale Par Sandrine Cabut - Publié le 26 novembre 2020 à 05h42 - Mis à jour le 27 novembre 2020 à 08h33 – Document ‘lemonde.fr’ PlanèteCoronavirus et pandémie de Covid-19 - Article réservé aux abonnés - Photo - Agé de 17 ans, « Amir », un ’MNA’, un mineur non accompagné, a été pris en charge il y a un an. NICOLAS KRIEF POUR ’LE MONDE’
    Dépression, troubles du sommeil, anxiété… les inquiétants effets psychiques de la pandémie et du confinement Les bouleversements induits par le Covid-19 ont causé une nette augmentation de ces troubles, selon plusieurs publications scientifiques. Les autorités et le monde médical s’inquiètent.

Anxiété, dépression, troubles du sommeil, mais aussi tentatives de suicide, stress post-traumatique… En France comme ailleurs, les indices des effets sur la santé mentale de la pandémie de Covid-19 et du confinement s’accumulent. « Nous voulons éviter une troisième vague, qui serait une vague de la santé mentale pour les jeunes et les moins jeunes », a prévenu le ministre de la santé, Olivier Véran, le 18 novembre 2020, lors d’une visite dans les locaux d’une plate-forme d’écoute, à Paris.

La veille, s’appuyant sur des données de ‘Santé publique France’, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, soulignait que « la crise sanitaire du Covid-19 a révélé la vulnérabilité psychique de nombreux Français », et donnait des conseils pour « prendre soin de soi ». Le monde médical tire lui aussi la sonnette d’alarme.

En matière de santé publique, les enjeux sont colossaux. « En dehors du suicide, on meurt rarement directement d’un problème de santé mentale, mais c’est une cause de mortalité prématurée, du fait de la dégradation des habitudes de vie et de l’état de santé », souligne Enguerrand du Roscoät, responsable de l’unité santé mentale à la direction de la prévention de ‘Santé publique France’.

Les troubles mentaux représentent le premier poste de dépenses du régime général de l’Assurance-maladie par pathologie (19,3 milliards d’euros), devant les cancers et les maladies cardio-vasculaires. Au total, leur coût économique et social est évalué à 109 milliards d’euros par an.

Pour l’heure, c’est la forte hausse des états dépressifs qui est au-devant de la scène. Au 12 novembre 2020, le taux est de 21 % dans la population générale, soit deux fois plus que fin septembre 2020, selon CoviPrev, une enquête nationale de ‘Santé publique France’, qui interroge en ligne à intervalles rapprochés des échantillons indépendants de 2.000 personnes de plus de 18 ans. A titre de comparaison avec la période antérieure à l’apparition du Covid, 10 % de la population a vécu un épisode dépressif dans l’année précédente (selon la dernière enquête menée en 2017).

Prescription de médicaments psychotropes en hausse

Si un adulte sur cinq serait dépressif, d’après CoviPrev qui utilise une échelle reconnue, la proportion est plus élevée encore chez les personnes déclarant une situation financière très difficile (35 %), celles avec des antécédents de troubles psychologiques (30 %), les inactifs et CSP − (respectivement 29 % et 25 %), et les jeunes (29 % chez les 18-24 ans, 25 % chez les 25-34 ans)…

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Enquête : La santé mentale éprouvée par l’épidémie de Covid-19

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Source : https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/11/26/anxiete-depression-stress-post-traumatique-la-pandemie-de-covid-19-a-un-fort-impact-sur-la-sante-mentale_6061148_3244.html

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Partie 2 : l’importance du toucher entravé par les mesures barrières

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    Le toucher, une arme de persuasion massive Par Nicolas Guéguen - 30 novembre 1999 - CERVEAU & PSYCHO N° 33 - Cet article est réservé aux abonnés à ‘Cerveau & Psycho’ Psychologie
    Tout réussit mieux à qui sait toucher ses semblables. Succès, persuasion, séduction, domination sociale. Mieux encore : le toucher réduit les conflits sociaux, suscite plus de motivation chez les étudiants, et une meilleure prise des médicaments par les malades. Pourquoi ne pas l’utiliser davantage ?

ImagePhoto Vladimir / Shutterstock

Chaque jour, nous interagissons avec autrui, pour convaincre, collaborer, établir des rapports hiérarchiques ou des liens d’amitié. Dans chacune de ces situations, nous négligeons un atout maître : le toucher. Savoir effleurer son vis-à-vis, avec discrétion, mais détermination, changera à la fois votre image et vos capacités de persuasion, ainsi que la nature de vos rapports humains.

Le toucher est un des ciments du lien social. Un ciment sous-estimé, peut-être à cause du caractère individualiste et aseptisé des sociétés « modernes ». On n’ose plus se toucher, de peur de froisser ou de choquer. Pourtant, chacun emploie lorsqu’il entre dans un rapport intime avec autrui des mots qui trahissent l’importance du contact : « Son geste m’a touché », « J’ai été touché par son attitude ». Voilà qui devrait nous mettre sur la piste, nous faire comprendre l’importance de ce sens injustement négligé.

Le toucher est un sens différemment employé selon les régions du monde. Les sociétés occidentales l’évitent, mais il existe des différences de comportement. Le psychologue américain, Sidney Jourard, de l’Université de Floride, a observé des couples à des terrasses de cafés de villes de différents pays : San Juan, à Puerto Rico, Paris, Londres et Gainesville, en Floride. Dans cette expérience, des observateurs devaient noter, toutes les 15 secondes, si un couple assis à une terrasse de café était en train de se toucher. Les résultats ont montré que le nombre de contacts en une heure entre les deux personnes observées a été de 180 à San Juan, 110 à Paris, 0 à Londres et 2 à Gainesville. Les cultures anglo-saxonnes semblent donc réprimer le toucher, du moins en public.

Selon certains psychologues, ces différences culturelles influeraient sur d’autres paramètres importants de la vie sociale, notamment l’agressivité, avec le constat suivant : « Plus de toucher égale moins d’agressivité. » Ainsi, Tiffany Field, directrice de l’Institut de recherche sur le toucher, de l’Université de Miami en Floride, a observé le comportement des mamans et de leurs enfants dans des aires de jeux à Miami et à Paris.

Les contacts tactiles réduisent l’agressivité

Le niveau d’agressivité des enfants à l’égard des autres enfants était également mesuré. Il est ainsi apparu que, chez les Français, 35 pour cent des interactions avec l’enfant impliquent un contact tactile, contre seulement 11 pour cent chez les Américains. En outre, les enfants français touchent plus fréquemment leur maman (19 pour cent) que les petits Américains (3 pour cent). De surcroît, après ces phases de contacts tactiles, T. Field a observé moins d’agressivité de la part des petits Français envers les autres enfants que de la part des petits Américains. Les parents français touchent donc plus leurs enfants, qui eux-mêmes touchent plus leurs parents et manifestent moins d’agressivité.

Cet effet ne s’observe pas seulement dans l’interaction mère-enfant, des résultats sensiblement identiques ayant été observés pour les contacts entre adolescents. Ainsi, dans leurs interactions sociales, les jeunes Français ont près de trois fois plus de contacts tactiles avec leurs pairs que les Américains. Mieux : les couples d’adolescents amoureux se tiennent plus la main, s’enlacent davantage et s’embrassent plus que les adolescents américains. Pour T. Field, l’incidence plus faible de la violence en France résulterait en partie d’un usage plus répandu des contacts tactiles dans les interactions sociales.

Qui toucher ?

N’importe qui peut être touché. Enfin presque… De multiples études de psychologie montrent que l’on obtient plus facilement une faveur de quelqu’un ou le numéro de téléphone d’une fille dans la rue en lui effleurant le bras, ou qu’un vendeur augmente son chiffre d’affaires en touchant l’épaule de son client (voir l’encadré page 26). Mais il faut toujours prendre en compte les rapports hiérarchiques qui existent inévitablement entre deux individus, même s’ils ne sont pas affichés. En effet, la psychologue Nancy Henley a constaté que le toucher est souvent initié par les dominants envers les dominés. N. Henley a montré que, généralement, les supérieurs hiérarchiques (dominants) initient davantage les contacts tactiles à l’égard de leurs subordonnés (dominés) que l’inverse ; le même phénomène s’observe entre les adultes vis-à-vis des jeunes, et même entre les hommes vis-à-vis des femmes, où le rapport de séduction fait classiquement intervenir un jeu de domination et de soumission.

Le comportement qui consiste à toucher autrui semble donc lié au statut de dominant. Or dans la plupart des sociétés anciennes, il était interdit (et parfois puni de mort) de toucher le roi. Aujourd’hui encore, le protocole de la couronne britannique interdit de toucher la reine.

Sur le plan scientifique, d’élégantes expériences ont détaillé ce phénomène : les psychologues Brenda Major et Richard Heslin, de l’Université de New York à Buffalo, ont présenté à des sujets des diapositives mettant en scène des binômes où, selon les cas, on pouvait observer qu’une personne touchait – ou ne touchait pas – l’autre. Les participants recevaient un questionnaire leur demandant quelle était leur impression sur ces deux individus. Le questionnaire comportait notamment une échelle dite de « mesure du statut », où le sujet interrogé devait indiquer quel était le statut social de la personne observée, son caractère (dominant ou dominé), son niveau de responsabilités, sa capacité à se faire écouter, etc. Les résultats ont révélé que, dans le cas où l’un des protagonistes touchait l’autre, et dans ce cas seulement, l’évaluation du statut changeait : le score « statutaire » de la personne qui touchait était supérieur à celui de la personne touchée.

Ajoutons que les personnes qui « touchent » autrui sont perçues comme plus chaleureuses, et ayant plus d’assurance, que celles qui se laissent toucher. Le lien entre toucher et statut est si puissant qu’il apparaît même dans les situations de jeux de rôle : la psychologue Ann Leffler et ses collègues, de l’Université de l’Utah, ont demandé à des étudiants de participer en binômes à une simulation de situation d’apprentissage, où l’un devait jouer le rôle du professeur et l’autre le rôle de l’élève. On a constaté que la personne jouant le rôle du professeur touchait quatre fois plus celui qui tenait le rôle de l’élève, que le contraire ! Les rôles inversés, c’était le contraire qui se produisait.

Quand le prof touche l’élève

Les rapports de maître à élève bénéficient tout particulièrement du sens tactile. Les psychologues Lee Steward, du Centre de santé mentale d’Oakville, et Michael Lupfer, de l’Université de Menphis, ont montré qu’un étudiant, touché par un enseignant lors d’un entretien, consacre ultérieurement plus de temps à l’apprentissage du cours de cet enseignant et voit ses performances augmenter lors d’une évaluation ultérieure.

Le toucher peut-il aussi stimuler les initiatives personnelles ? Pour le savoir, nous avons réalisé une expérience à l’Université de Vannes, où des étudiants en cours de statistique étaient sollicités pour venir corriger un exercice au tableau devant leurs camarades. Or c’est une demande qui recueille généralement peu de volontaires. Selon le cas, l’enseignant avait ou n’avait pas effleuré le bras des étudiants alors qu’il circulait de table en table pour vérifier la progression de leur travail. Après cette phase, le professeur demandait que quelqu’un vienne présenter la solution de l’exercice au tableau. Nos résultats ont révélé que le nombre d’étudiants ayant levé la main pour se porter volontaires est passé de 11 pour cent, lorsqu’ils n’avaient pas été touchés, à 29 pour cent lorsqu’un contact tactile avait eu lieu.

Qui plus est, le toucher pourrait bien constituer un enjeu sanitaire. Le psychologue Sidney Jourard, de l’Université de Floride, a montré qu’un psychothérapeute touchant discrètement son patient conduit ce dernier à confier davantage ses problèmes intimes. Dans un autre secteur de santé, les psychologues Sheryle Witcher et Jeffrey Fisher, de l’Université de Storrs dans le Connecticut, ont montré que le simple fait d’être touché par une infirmière la veille d’une opération chirurgicale diminue le stress physique du patient (évalué par des mesures physiologiques, tels le rythme cardiaque ou la pression artérielle), et le stress subjectif, estimé d’après des questionnaires. En outre, ce contact a une autre conséquence : le malade respecte mieux les recommandations qu’on lui prodigue avant l’opération.

Patient effleuré, plus tôt rétabli...

Une autre psychologue, Muzza Eaton, du Collège de Brooklyn à New York, est allée plus loin dans l’analyse de l’effet du toucher sur le comportement, en s’intéressant à des personnes souffrant de troubles de santé plus graves, placées en institution et présentant des troubles neurologiques chroniques (aphasie, maladie de Parkinson, par exemple). Il s’agissait de femmes âgées en moyenne de 85 ans.

L’une des difficultés majeures avec ces malades est le risque d’anémie dû principalement à une sous-alimentation : ces personnes mangent peu et refusent même parfois de s’alimenter. Dans cette étude, trois périodes d’observation avaient été définies. Chacune durait cinq jours (cinq jours avant l’expérience, cinq jours durant l’expérience et cinq jours après l’expérience). Les patientes se retrouvaient dans la salle de repas en groupes de huit à dix personnes et le personnel les encourageait verbalement à manger. Durant la deuxième phase, le personnel les encourageait à manger et leur touchait brièvement l’avant-bras. Ce contact avait lieu cinq fois en une heure.

Il s’est ainsi avéré que les personnes touchées plusieurs fois ont absorbé plus de calories et de protéines lors des repas. De façon inespérée, cet effet a persisté dans la troisième phase de l’expérience, durant les cinq jours sans contacts. À l’Université de Provence, Séverine Halimi-Falkowicz a obtenu des résultats similaires lorsque le psychologue de l’établissement persuadait les pensionnaires de la maison de retraite de participer aux activités mises en place dans l’institution. Un contact tactile accompagnant la requête du praticien « Vous devriez aller à cet atelier de théâtre Madame Chevalier, cela vous fera du bien » suscitait davantage d’adhésion de la part de cette personne.

Enfin, l’observance du traitement médical est nettement améliorée quand le médecin touche son patient, comme nous l’avons montré dans une de nos expériences, où nous demandions à un médecin d’accompagner ses recommandations dans le cadre d’un traitement aux antibiotiques, d’un léger contact sur l’avant-bras du patient. Ainsi, les patients qui souffraient d’une angine occasionnée par une infection bactérienne ont été moins nombreux à arrêter de prendre leurs médicaments au bout de quelques jours, lorsqu’un contact tactile avait lieu avec le médecin.

Enfin, chacun désire généralement laisser de soi une image positive. Comme le sourire, le toucher ne coûte rien et rapporte beaucoup. Exemple : un psychologue, Jeffrey Fisher, de l’Université du Connecticut, a demandé à la personne en charge du prêt des livres dans une bibliothèque de toucher (ou de ne pas toucher) durant une seconde la main d’un étudiant au moment où sa carte de prêt lui était rendue. Par la suite, l’étudiant était abordé par un membre de l’équipe scientifique qui lui demandait s’il acceptait de répondre à un questionnaire d’évaluation du personnel travaillant dans la bibliothèque afin d’améliorer l’accueil.

Ainsi, lorsque les étudiants avaient été touchés, ils évaluaient le personnel de façon beaucoup plus positive : le préposé aux livres était perçu comme plus compétent, serviable et amical. Ces résultats ont été confirmés par une autre psychologue, Terri Barnhouse de l’Université du Missouri, qui a montré que, lorsqu’un étudiant de première année est touché par un étudiant de second cycle dans le cadre d’un tutorat d’aide pédagogique, l’évaluation de ce dernier, réalisée à l’issue de la première session de travail, est plus positive que dans la condition où aucun contact tactile n’a eu lieu.

L’étudiant juge son tuteur comme plus agréable, plus chaleureux et plus à l’écoute en condition de contact tactile qu’en l’absence d’un tel contact. De même, l’équipe de Edgar Wycoff et Jill Holley, de l’Université de Floride, a observé dans le cadre des transports aériens, que des passagers, touchés par le personnel de vol au moment où ils entraient dans l’avion, évaluaient plus positivement les qualités professionnelles du personnel naviguant que ne le faisaient les passagers non touchés. Pourtant, ils n’étaient interrogés que plusieurs heures plus tard, au moment où ils quittaient l’appareil !

Savoir toucher votre vis-à-vis est par conséquent un avantage pour l’image que vous souhaitez donner, mais aussi pour poser les bases d’une relation de coopération. Pourquoi alors osons-nous si peu toucher autrui ? La réponse réside peut-être dans la fonction particulière du toucher au sein de notre espèce. La règle semble réserver l’acte de toucher à une personne qui se trouve en situation de dominance. Amorcer le contact tactile revient donc d’une certaine façon à tenter d’instaurer de façon implicite une hiérarchie. Il faut pour cela se trouver en confiance, mais l’audace paie puisque les réactions négatives sont rares : les mesures effectuées entre hommes et femmes montrent que les femmes acceptent toujours le contact tactile (courtois) de la part d’un homme, et que c’est presque toujours le cas aussi entre deux hommes, sauf dans le cas particulier d’individus homophobes. Une société plus habituée au toucher serait sans doute plus empathique et moins centrée sur la compétition entre individus.

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N°127 Décembre 2020Quand le cerveau se régénère

N°126 Novembre 2020Grandir malgré les épreuves

N°20 Novembre 2020Sapiens

Auteur : Nicolas Guéguen- Nicolas Guéguen est enseignant-chercheur en psychologie socialeà l’Université de Bretagne-Sud, et dirige le Laboratoire d’Ergonomie des systèmes, traitement de l’information et comportement (LESTIC) à Vannes. Il est l’auteur de la rubrique ‘Les clés du comportement’ dans Cerveau & Psycho.

Psychologie du travailLe télétravail c’est la santé

En savoir plus :

N. Guéguen, Psychologie de la manipulation et de la soumission, Dunod, 2004.

S. E. Jones, The right touch : Understanding and using the language of physical contact, Cresskill, New Jersey, Hampton Press, 1994.

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Source : https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/psychologie/le-toucher-une-arme-de-persuasion-massive-3732.php

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  • Toucher et être touché : bien plus qu’un besoin biologique - 06 mai 2019 – Document ‘nospensees.fr’ – Communiqué – Dernière mise à jour le 26 novembre 2020
    Toucher et être touché, c’est plus qu’un besoin biologique. Au travers du toucher, nous pouvons aussi percevoir des émotions chez l’autre et lui apporter du soutien, du réconfort, de l’affection... Photo

Toucher et être touché : bien plus qu’un besoin biologique

La peau est notre organe sensoriel le plus étendu. Le toucher, de son côté, est le premier sens que nous acquérons avec l’odorat. Nous savons, de plus, que des pratiques comme le contact peau à peau avec les bébés (surtout auprès des prématurés) favorisent la structuration somatosensorielle de leurs cerveaux et optimisent ainsi leur développement cognitif, perceptif, social, mais aussi leur développement physique.

Les êtres humains, de même que les animaux, ont besoin de ce contact, et pas uniquement lors des phases de développement les plus précoces. Par exemple, dans beaucoup de maisons de retraite, les personnes âgées qui reçoivent des câlins, des caresses et ce contact physique inscrit dans les gestes d’affection présentent de meilleurs processus d’attention et de communication. De plus, elles se sentent moins fatiguées, et ressentent même de moindres douleurs articulaires.

Notre cerveau a besoin de ce type de contact (toujours apporté par les personnes qui nous sont chères) pour trouver cet équilibre émotionnel grâce auquel, tout simplement, favoriser le calme psychologique. Or, la science découvre aujourd’hui une multitude de processus associés au toucher dont nous ignorions l’existence il n’y a encore pas si longtemps. Entrons dans les détails dans la suite de cet article.

l’importance de toucher et d’être touché

Toucher et être touché : plus qu’un besoin Photo

Nous avons besoin de toucher et d’être touché pour communiquer notre affection, pour aider, pour recevoir ou pour réconforter... Nous le savons depuis toujours et la science nous l’a prouvé empiriquement au fil du temps. Or, il y a un aspect plus intéressant encore que nous aimerions souligner.

  • Matthew Hertenstein, psychologue de l’Université DePauw dans l’Indiana (Etats-Unis) a pu mettre au jour au travers d’une étude que nous sommes aussi capables de percevoir les émotions des autres au travers du toucher.
  • Matthew Hertenstein et son équipe ont mené cette étude en 2009. Un groupe de 248 personnes aux yeux fermés ont reçu des caresses d’étrangers pendant 5 secondes.
  • Tenez-vous bien : 75% de ces hommes et de ces femmes ont été capables d’identifier l’inquiétude, la peur, la tristesse, la haine, la sympathie, voire même le bonheur de la personne qu’ils avaient touchée.
    Ce travail a acquis une telle transcendance que plus tard, il a de nouveau été mené à bien à l’Université de Miami. La docteure Tiffany Field, directrice de l’Institut de Recherche tactile de l’Université de Miami, en est arrivée aux conclusions suivantes.

Nous avons la capacité de donner, de recevoir et d’interpréter des signaux émotionnels au travers du toucher

Un physiothérapeute utilise ses mains non seulement comme outil de travail, mais grâce à elles, il peut aussi lire les préoccupations, les tensions et les émotions adverses intensifiant les contractures. Ces mains expertes apaisent les douleurs et améliorent également la mobilité. Elles ont aussi la merveilleuse capacité de nous transmettre du bien-être. Photo

l’importance de toucher et d’être touché

Les auteurs de cette étude ont eu besoin de la réaliser de nouveau sur un échantillon plus large, ce qui a été fait en Espagne et au Royaume-Uni. Cependant, suite à cette première étape, l’hypothèse suivante a été formulée :

  • Le besoin de toucher et d’être touché va-delà du fait de manifester de l’affection. Evolutivement, nous avons aussi acquis la capacité de lire l’état émotionnel des autres au travers du toucher. Une telle chose nous permet, surtout, de pouvoir soulager une personne qui souffre au travers d’un câlin ou d’une caresse.
    Le cortex somato-sensoriel primaire et son implication dans le toucher

Il n’y a encore pas si longtemps, les neurologues pensaient que le cortex somato-sensoriel nous permettait de décoder des qualités aussi basiques que le fait de savoir si une superficie est douce ou rugueuse, si sa température est élevée ou basse… Or, au fur et à mesure que nous avançons dans la connaissance du sens du toucher lié aux émotions, nous découvrons plus d’informations.

Cette zone de notre cerveau est aussi liée à des composantes sociales et émotionnelles. Par exemple, elle nous aide à percevoir la tension ou l’inquiétude chez nos enfants et à chercher à nous rapprocher d’eux en les prenant dans nos bras. Au travers de ce contact, nous leur apportons du réconfort, de la sécurité et notre affection.

Michael Spezio, psychologue du ‘Scripps College’ et auteur de cette étude, nous signale que le fait de toucher ne se résume pas seulement à une expérience physique ; c’est une expérience émotionnelle et un type de langage. Il s’agit d’un mécanisme nous permettant aussi de comprendre l’autre et de lui répondre sans avoir besoin de parler.

Le langage du toucher, un pouvoir à notre portée

Souvent, on entend dire qu’à l’âge adulte, on ne vit plus jamais autant d’expériences sensorielles au travers du toucher que dans l’enfance. Ainsi, des facteurs culturels et la façon dont nous avons été éduqués facilitent ou freinent notre capacité à mener ce type de communication au travers des caresses et des câlins à l’âge adulte.

On sait aussi que les sportifs, au sein de leur équipe, utilisent le toucher (une tape, une poignée de mains, une accolade) pour se soutenir à un moment donné entre co-équipiers. Ce sont des instants où ils ont besoin d’autre chose que d’un mot. Et ça fonctionne. Retrouver et favoriser ce type de langage est essentiel.

Car toucher et être touché va au-delà d’un besoin biologique. C’est un fondement social qui nous permet d’améliorer notre univers émotionnel. Photo

 

Tout le monde peut me toucher la peau, mais me caresser l’âme, c’est rare

Tout le monde peut me toucher la peau, mais me caresser l’âme, c’est rare

Caresser l’âme est un art exceptionnel que nous devrions tous pratiquer avec nos êtres chers car on y trouve le respect, la reconnaissance et l’amour. Nous vous invitons à réfléchir à cela.

Communiqué - Cours correspondants :

Santé et Bien-être

Comment gérer votre anxiété

Un cours parJérôme Palazzolo

Nous développerons dans ce cours les différents troubles anxieux auxquels vous pouvez être confrontés, ainsi que les différentes méthodes pour pouvoir y faire face. En ligne 100% (1) 90,00 €

Méditation, Connaissance de soi et Développement de compétences

Visualiser pour réussir sa vie - Un cours parAlain Lancelot - Ce cours vous fait découvrir la visualisation positive et vous enseigne les clefs pour une pratique quotidienne. En ligne 0% (0) 90,00 €

Relations et Connaissance de soi -

Apprenez à vous aimer pour trouver l’amour - Un cours parGéraldyne Prévot-Gigant - Nos choix de partenaires ne sont pas hasardeux et nous ne disons pas « oui » sans raisons inconscientes. En ligne 75% (8) - 90,00 €

Actualité et psychologie Réseaux sociaux et ressentis : la distance pathologique

Actualité et psychologie ’Et les gens sont restés à la maison’, un poème émouvant

Bien-être Réaménager sa chambre pour favoriser un bon sommeil

Développement personnel Lorsque s’arrêter revient à affronter le vide

Estime de soi Apprendre à être avec soi-même est la clé du bien-être

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NB. Les contenus de cette publication sont rédigés à des fins uniquement informatives. A aucun moment ils ne peuvent servir à poser des diagnostics ou à remplacer le travail d’un professionnel. Nous vous recommandons donc de consulter votre médecin de confiance.

Source : https://nospensees.fr/toucher-et-etre-touche-bien-plus-quun-besoin-biologique/

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  • Pourquoi toucher l’autre nous manque - Publié le 8 juin 2020 à 10h00 – Par Isabelle Morin (photo) – Document canadien ‘lapresse.ca’ – Photo ROBERT SKINNER, LA PRESSE
    Le toucher s’exprime à travers les câlins, les caresses amoureuses, les gestes d’appréciation et de considération. Il nous permet d’entretenir un sentiment de proximité et une relation saine avec l’autre.

Photo - Voir son petit enfant à distance sans pouvoir le cajoler est un supplice pour bien des grands-parents. Ne pouvoir serrer ses amis dans ses bras en démange plusieurs, aussi. Nous sommes en carence de toucher… Pourquoi ?

L’absence de toucher en ces temps de pandémie nous prive d’une voix pour communiquer notre affection, notre bienveillance, notre sympathie. « C’est une façon de se dire qu’on s’aime et qu’on est aimé qui n’est pas disponible présentement, mentionne la psychologue Ariane Lazaridès. Pour ceux qui en auraient besoin ou pour qui ça fait du bien, ça peut être difficile à vivre. »

Si on y est bien, la famille et le couple deviennent alors un lieu de refuge : un endroit où l’on peut se coller librement et en toute confiance. Tous n’ont cependant pas accès à cette zone d’affection. Pour ceux qui habitent seuls, le sentiment d’isolement est décuplé par le fait qu’il n’y a aucune façon d’aller chercher cette chaleur.

L’importance du toucher

Dans une étude réalisée par le psychologue américain Harry Harlow dans les années 50, des bébés macaques isolés de leur mère, puis nourris au biberon sans contacts physiques, finissaient par s’attacher à une mère de substitution en peluche auprès de laquelle ils pouvaient se blottir et se réconforter. L’expérience, critiquée sur le plan éthique, a toutefois mis en lumière l’importance des contacts physiques dans le lien d’attachement de ces petits singes et, par extension, des humains.

Depuis, d’autres recherches ont permis de comprendre en quoi le toucher est une nourriture affective fondamentale à notre développement. Nous savons que dès les toutes premières semaines de gestation, des récepteurs tactiles permettent au fœtus de sentir les parois de l’utérus et les vibrations émises par les sons. Le toucher est le premier sens à se développer, mais il est aussi le plus abouti à la naissance.

En carence importante de toucher affectueux et de contacts physiques, des bébés accusent des retards sur le plan du développement, et des difficultés au niveau de l’attachement et du sentiment de sécurité. Cela explique que le « peau à peau » soit encouragé pour tous les nouveau-nés, mais en particulier pour les plus vulnérables.

Les caresses font d’ailleurs partie des soins offerts aux prématurés en milieu hospitalier.

Une cascade d’effets positifs

Le toucher s’exprime à travers les câlins, les caresses amoureuses, les gestes d’appréciation et de considération. Il nous permet d’entretenir un sentiment de proximité et une relation saine avec l’autre. S’il est socialement au cœur de nos relations, il contribue aussi à notre bonne santé physique et mentale.

L’équilibre entre quatre hormones contribue à notre bonheur : les endorphines (E), la dopamine (D), la sérotonine (S) et l’ocytocine (O), ce que le conférencier Simon Sinek, qui est à l’origine d’une des plus populaires causeries de la série TED, décrit par l’acronyme EDSO. Les premières, « E », expliquent le sentiment de bien-être dans l’effort et la douleur. « D », la satisfaction ressentie dans l’action (en cochant notre liste « to do », par exemple). « S » s’active quand on éprouve de la fierté, tandis que « O » est secrétée quand on se sent aimé. [Voir à ce sujet le vidéo suivante (en anglais) : Aperçu 7:14 SIMON SINEK’S - THE HUMAN ANIMAL (EDSO)YouTube[ · Jordan Land 31 août 2018 ]->https://www.youtube.com/watch?v=9ZUEQ0Ayte0]

Un toucher bienveillant stimule certains de ces « super aliments » du moral, en particulier l’ocytocine, contribuant ainsi à notre joie de vivre. Il diminue notre stress et nous procure un sentiment de bien-être et d’apaisement. Il dynamise par ailleurs le système immunitaire et contribue au bon fonctionnement de nos organes vitaux. Autant de bénéfices dont nous aurions particulièrement besoin ces temps-ci.

Les endorphines et la dopamine ne dépendent pas de notre relation avec les autres, comme c’est le cas pour la sérotonine et l’ocytocine. Mais sans un contact physique positif, nous sommes privés d’une des voies d’accès privilégiées à l’ocytocine, l’autre porte étant l’émission de gestes de gentillesse gratuits. « On peut se donner soi-même une tape d’encouragement dans le dos, illustre le professeur de massothérapie Alex Lewis, de Kiné-Concept, mais ce ne sera jamais la même chose que si elle vient de quelqu’un d’autre. »

Comment combler nos manques

Rien ne compense tout à fait l’absence d’étreintes et de contacts physiques, ainsi qu’un toucher provenant d’une personne qui nous veut du bien, estiment les psychologues. En revanche, l’automassage, l’« auto-câlin », le yoga, la méditation, l’activité physique peuvent nous aider à garder le moral, comme le fait de maintenir son corps dans un contact sensible avec ce qui nous entoure : une brise, la douceur d’un drap, la texture d’un aliment…

Puiser dans ses souvenirs de contacts apaisants est aussi une piste, que ce soit par l’imaginaire ou par le moyen d’un objet, comme cette douillette tricotée avec amour par votre grand-mère. « Certains suggèrent de partager une activité physique à distance, relève encore Ariane Lazaridès. De la danse, par exemple. Ça peut nous lier entre nous d’une façon qui est davantage dans le corps que dans les mots. »

Les paroles et les écrits ne sont pas futiles pour autant, précise la psychologue. « Peut-être est-ce le moment de les choisir avec soin pour favoriser une intimité et entretenir ses liens, en exprimant ses émotions de la manière la plus concrète possible, et en y mettant plus de chaleur et de détails. Mais évidemment, quand on pourra de nouveau se faire des câlins, ça fera du bien à tout le monde ! »

Des temps exceptionnels appellent des mesures créatives, estime Gonzalo R. Quintana Zunino, professeur en sexologie et psychologie à l’Université Concordia et à l’Université de Tarapacá, au Chili. « C’est l’occasion de découvrir de nouvelles façons d’exprimer ce que l’on ressent. À quand remonte la dernière fois que vous avez écrit une lettre, un poème, fait un dessin pour quelqu’un ? demande-t-il. Soyez doux envers les autres et vous-même. Acceptez vos émotions et sachez que tout le monde a le droit de se sentir vulnérable. C’est tout simplement humain que de l’être. »

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    Le toucher, un sens aux multiples avatars Par Josy-Jeanne Ghedighian-Courier - Dans Cahiers jungiens de psychanalyse 2006/2 (n° 118), pages 17 à 28 - Mis en ligne sur Cairn.info le 22/07/2012 - https://doi.org/10.3917/cjung.118.0017
    1 À l’origine était le tact, il désignait ce que nous appelons aujourd’hui le toucher. Cette mésaventure sémantique illustre le sort particulier qu’a connu, et connaît encore, le sens du toucher. Le vocabulaire lui conteste l’intelligence et la subtilité qui lui avaient été attribuées d’office, pour le diversifier en une pléthore d’expressions familières, artistiques, triviales ou sexuelles. Ainsi, certains préfèrent toucher leur bille plutôt que jouer à touche-pipi, pendant que le peintre s’essaie à déposer la touche de lumière qui illumine ce qu’il réalise. La pluralité des mots ne fait que refléter l’extrême ambivalence, voire la peur des sociétés, des religions et des cultures à l’égard du toucher et surtout vis-à-vis des gestes et des situations qu’il suscite. Cela lui a valu d’être soigneusement codé, encadré et ritualisé. D’où vient que celui qui n’est, après tout, que l’un de nos cinq sens, le premier à se développer vers la huitième semaine de la vie fœtale, connaisse un statut aussi particulier ? Est-ce parce que le toucher ne se produit jamais de manière isolée ?

2 Pour s’exercer, il implique d’autres fonctions, puis, pour atteindre son but, il exige la présence concrète de tout ce qui constitue de l’autre, animé ou inanimé. Quand bien même serais-je aveugle, toucher m’imposera de bouger les bras, la main, ou encore de diriger mes lèvres vers l’objet de ma curiosité ou de mon désir ; je franchirai, si je l’ose, une distance. Qu’elle soit banale, intime, sacrée ou objet de propriété, son franchissement déclenchera des signaux d’alerte, car l’objet ne sera plus intact. Il portera la trace matérielle ou symbolique sur laquelle se sont fondés bien des interdits, dont celui que Didier Anzieu rappelait en ces termes : « L’interdit de toucher reste l’interdit, [...] fondamental [...] pour le développement de l’appareil psychique chez l’enfant [1][1]D. Anzieu, Une peau pour les pensées, Paris, Clancier-Guénaud,…. »

3 Le toucher s’est trouvé englobé dans la censure dont le corps peine à se dégager. Cela perdure, nous le remarquerons dans les subtiles disqualifications des cognitivistes qui le considèrent, avec le goût, comme un sens mineur, alors même que Jean-Pierre Changeux souligne que l’énorme taille de la main et des lèvres de l’homoncule représente « une image des points de contact de l’individu avec le monde extérieur [2][2]J.-P. Changeux, L’Homme neuronal, Paris, Fayard, 1991, p. 158. ». L’étude du développement du nouveau-né et des interactions précoces nous offrira un tout autre éclairage, grâce à des chercheurs comme Esther Bick, Geneviève Haag et, aujourd’hui, le Pr Bernard Golse qui s’accordent pour mettre en évidence le rôle fondamental et structurant du toucher dans la constitution de l’enveloppe individuelle, support de la peau psychique, indispensable au processus de subjectivation.

4 Jung n’a pas individualisé le toucher dans ses analyses de la sensation, qu’il considère comme une caractéristique essentielle de l’enfant et du primitif, source d’un puissant attachement à l’objet. Par là, il reconnaît implicitement à la sensation, et donc au toucher, une valeur d’accès à l’inconnu de l’autre, ce qui, nous le verrons, joue un rôle essentiel dans la rencontre sexuelle et, bien sûr, dans les pathologies de la sexualité lorsque cette fonction est défaillante. Il considère également l’intuition et la sensation comme un couple d’opposés ; alors, nous soutiendrons la gageure de les faire fonctionner en synergie, surtout quand le toucher devient art de soigner et que « la main écoute le souffle », comme le dit si subtilement Bernard This [3][3]B. This, communication personnelle..

Touche à tout...

5 Dans la majorité des cas, le toucher est considéré sous l’angle actif, il évoque un acte susceptible de provoquer ou subir un contact. Cela pourrait nous faire oublier que l’ensemble de notre peau est pourvue de récepteurs sensoriels, plus ou moins denses selon les zones, et qu’elle est l’organe le plus étendu de notre corps, telle une sorte de périphérique chargé de veiller à nous informer sur tout ce qui pourrait induire gêne, danger ou... plaisir. Notre lien conscient avec l’ensemble de ces informations est très variable : certains peuvent se brûler sans trop y prêter attention, alors que d’autres pourront ressentir la qualité de l’air ou même d’une ambiance, dans les réactions de leur épiderme.

6 Le système sensoriel du toucher est complexe : il combine plusieurs sous-systèmes, fait appel à des neurones ou à des substances chimiques présentes dans la circulation sanguine pour transmettre des signaux d’origine cutanée, qu’il associe à des informations sur l’état d’aspects très différents du corps, comme la position des articulations et l’état de contraction des muscles quand, par exemple, les mouvements de la main et des doigts cherchent à palper un objet. Le contact s’appuie également sur des relais, et grâce à un attelage avec la kinesthésie, la vue et l’audition, il devient un outil d’exploration extrêmement performant. C’est ainsi que le bâton de l’aveugle peut transmettre la perception des formes et identifier certaines matières à partir du son qui émane de leur toucher. Ce flux d’information rencontre les traces mnésiques à partir desquelles l’expérience prendra sa signification, y compris sa coloration affective et le degré de plaisir ou de déplaisir qui lui sont associés. Jung ne disait pas autre chose lorsqu’il écrivait, dans les Types psychologiques  : « La sensation concrète ne se présente jamais à l’état pur, elle est toujours mêlée à des représentations, des sentiments et des pensées [4][4]C.G. Jung, Types psychologiques, Genève, Georg & Cie, 1968,…. »

7 Les rapports de la vision avec le toucher peuvent également nous interroger. Comme dans la majorité des cas leur perception survient simultanément, les cognitivistes ont recherché quelle influence ou domination l’un des sens pouvait exercer sur l’autre. Georges Berkeley [5][5]I. Rock, La Perception, Paris, De Boeck, 2001, p. 145. a soutenu que le toucher éduque la vision, car nous identifions d’abord les objets en les agrippant, avant que la vision en spécifie la forme, la taille et la distance. Plus tard, James Gibson [6][6]Ibid. a cherché à créer un conflit entre vision et toucher en faisant regarder un bâton droit à travers un prisme qui en donne une image courbe. Comme au bout d’un certain temps le bâton était ressenti courbe au palper par les sujets de l’expérience, il en a conclu que le toucher serait captif de la vision.

8 Cette expérience pose plusieurs questions. La première concerne le choix des sujets de l’expérience : des personnalités introverties ou des enfants subiraient-ils la même influence ? La seconde pourrait s’adresser à certaines formes d’éducation qui demandent à l’enfant de renoncer très tôt à toucher et même à montrer du doigt les objets qui éveillent sa curiosité. Cela conduit à reléguer le palper à l’état de dormance au profit de la vision, perçue comme plus apte à construire des représentations, quand bien même seraient-elles faussées.

9 La culture du virtuel ainsi que des niveaux de technicité de plus en plus sophistiqués nous éloignent chaque jour davantage de ce sens, étayé sur des contacts physiques, tellement vitaux et fondateurs au début de la vie. Leurs défauts sont source d’un traumatisme en creux qui confronte les psychanalystes spécialistes de la toute petite enfance à une clinique du vide faisant appel à « une psychanalyse cutanée [7][7]B. Golse, Du corps à la pensée, Paris, PUF, 1999, p. 14. », selon les termes de Bernard Golse. C’est elle qui nous permet d’accéder à une compréhension plus fine du rôle de notre peau dans les enjeux de vie et de mort.

Les limbes du toucher

10 Cependant, je ne ferai qu’un bref rappel du rôle essentiel de la qualité des soins maternels donnés au bébé dans les tout premiers mois et dont la régularité permet la constitution d’une enveloppe contenante, appelée ‘moi-peau’ : les travaux de Didier Anzieu sur ce thème sont aujourd’hui bien connus. Nous savons que les contacts tactiles occupent une place importante dans l’élaboration des premières enveloppes du moi, tant physique que psychique, mais la valeur des échanges se soutient de la qualité de présence qui les accompagne. Cette présence se situe en grande partie dans le regard de la mère qui donne au bain de gestes, paroles et sonorités caressantes la dimension charnelle, seule apte à établir le contact, à la fois avec le regard et le corps de son enfant.

11 Nous retrouvons, sous un tout autre angle, le tandem « toucher et regarder », car un regard absent, perdu dans l’imaginaire, ne saurait redevenir vivant par la volonté ou l’effort de regarder.

Seul le toucher – la remise en contact avec les sensations physiques d’enveloppe corporelle – restaure l’aptitude à toucher du regard et donner aux gestes un palper sensible et incarné. Nous rejoignons à cet endroit ce qu’on pourrait appeler l’essence du toucher, l’aube du contact avec la vie, cette toute première phase qu’Esther Bick situe à un niveau biologique vital. Elle l’affirme avec force : à ce moment-là, dans les premières semaines, pour survivre, il n’y a qu’un moyen, c’est de coller et d’adhérer. Être tenu dans les bras de la mère permet d’acquérir une toute première identité, une identité adhésive, car il n’y a pas encore de second objet. Si c’est impossible, on tombe en morceaux. Elle cite le cas d’un enfant que sa mère était incapable de prendre dans les bras, elle le laissait dans son berceau, et toutes les heures environ elle venait et le touchait. « Le bébé, dit-elle, en avait obtenu assez pour une autre heure et ainsi de suite. Le seul fait de le toucher le recollait ensemble [8][8]M. Haag, À propos de l’œuvre et de la personne d’Esther Bick,…. » Le pouvoir de ce toucher provient de l’adhésivité, il restaure le sentiment de coller à la mère, vécu comme une protection contre le risque d’une « fin mortelle ».

12 Ce toucher minimal, qui maintient ensemble, et soutient la vie, ne serait-il pas celui que nous avons tous au fond de notre mémoire, celui qui apaise encore le malade en fin de vie, celui-là même que L., confrontée aux douleurs d’un cancer au stade terminal, déclarait plus apaisant que la morphine ? La similitude avec les réactions du bébé est saisissante lorsqu’elle dit, à propos de son amie ostéopathe : « Quand elle me touche, sa main me contient et la douleur s’arrête pour plusieurs heures, il n’y a que ça qui me soulage vraiment. » Toucher miraculeux qui pourrait rappeler le toucher guérisseur attribué au roi, le jour de son sacre, pour guérir les écrouelles, délégation divine rappelant le geste du Christ.

13 À l’opposé, le toucher est empreint de cette part d’Autre, trace du temps où nous étions collés, avec le risque de le rendre menaçant comme il l’était pour M. qui a jeté son peignoir de bain emprunté par sa sœur, en disant : « Je n’en veux plus, il t’a touchée ! » Elle rejoignait par une telle réaction, les tabous encore agissants qui créent des castes d’intouchables. On peut également envisager que les temps archaïques du toucher ont des répercussions sur la sexualité adulte, probablement issue du second niveau de sensations tactiles précoces, qui s’organise autour de ce que Frances Tustin appelle « une grappe de sensations ». Elle gravite autour du sein et concerne l’énergie avec laquelle le bébé le saisit, le palpe comme si, supposent Geneviève et Michel Haag, « ses mains cherchaient à colmater toute expérience de discontinuité entre visage et sein, entre sein et objet [9][9]Ibid., p. 223. ».

Par la suite, une différenciation s’établit entre « les éléments tactiles, doux et continus – visage, mains, sein – et les sensations axiales plus solides, kinesthésiques et rythmiques du tètement dans la continuité langue-mamelon [10][10]Ibid. ». Elle est ensuite entretenue par l’auto-érotisme avec le pouce dans la bouche accompagné des mains sur le visage. Toutefois cette différenciation entre deux niveaux de plaisir – d’une part, le doux, le tactile ; d’autre part, l’activité de la langue autour du mamelon – peut tout à fait évoquer les deux composantes, parfois inconciliables de la sexualité adulte, entre caresses (mains, visage, seins) et pénétration. Toute une forme de sexualité de décharge exclut la volupté du toucher et des sensations de la peau, parfois repoussée au nom d’un refus de l’infantile ou d’une supposée dévirilisation.

Toucher pour rencontrer et comprendre

14 Enfin, à partir des trois et quatrième mois, le toucher va aller à la rencontre de sa dimension évolutive issue de la découverte et de l’apprentissage. Plus le bébé est mobile et plus il associe ses acquisitions kinesthésiques au plaisir de toucher, de palper les objets qu’il peut saisir. Au début, il aura tendance à les porter à sa bouche, comme lorsque toucher et goûter ne faisaient qu’un, mais très vite la mobilité de ses doigts et l’habileté de ses mains le dirigeront vers une pluralité d’expériences. Il pourra triturer, caresser, pousser, investiguer les sensations tactiles : dans leurs contraires et leurs nuances de dur, mou, chaud, froid, sec, humide et aussi velouté, râpeux, lisse, gluant, etc. L’évaluation des formes, la possibilité de jouer à les emboîter, sera aussi le point de départ d’un monde de compréhension sur lequel nous aurons l’occasion de revenir.

15 Une certaine condescendance attribue ces plaisirs à l’enfance et plus ou moins tôt, selon les cultures, elle divisera les activités incluant le toucher en deux pôles distincts :

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  • Celui du toucher associé aux soins du corps et à l’expression des émotions et des sentiments ; il évoluera avec l’âge pour rejoindre, à l’adolescence, celui qui sépare vie intime et contacts sociaux.
  • Le toucher de l’habileté manuelle sera recherché dans certaines professions qui apprécieront souvent davantage la précision des gestes que la qualité du toucher plus indéfinissable. Ce dernier sera surtout reconnu et admiré chez les musiciens dont la subtilité de la touche rejoint l’art d’interpréter une œuvre, mais sa place dans les apprentissages semble aujourd’hui trop souvent reléguée.
    17 Au fur et à mesure que l’enfant découvre les multiples possibilités que lui offre la mobilité – le plaisir de bouger et d’entrer en contact avec tout ce qui sollicite sa curiosité –, ses besoins de réassurance diminuent. Câlins et caresses se raréfient quand l’autonomie gagne du terrain, alors que dans le même temps, le toucher agressif – mordre, griffer, pousser, etc. – se creuse une place plus ou moins bien régulée. Chaque famille possède un climat de communication où chaleur et authenticité sont très variables ; véritable imprégnation issue du mimétisme de la toute petite enfance, il nous agit dans nos gestes les plus infimes et, à défaut de prise de conscience, n’a d’autre devenir que la répétition. Les mains et les gestes occupent une part importante du langage du corps ; ils traduisent notre relation inconsciente avec les émotions, le corps de l’autre, les animaux et les objets ; aussi les modalités de nos prises de contact révéleront-elles le degré d’intégration de nos pulsions et nos refoulements. Peurs, pudeur, emprise, contrôle ou négation de la distance intime s’infiltrent dans les touchers dits sociaux, la manière de saisir les objets ou de toucher son propre corps.

18 Pour échapper aux réactions archaïques comme celles que nous avons évoquées, l’éducation en codifie la gestion en créant de nombreux rituels de contact qui définissent le type de toucher correspondant aux degrés de familiarité, aux niveaux sociaux, aux exigences culturelles et religieuses. Ils fonctionnent comme un signe de reconnaissance, un témoignage de chaleur ou de distance dans la relation, ou manifestent un pacte de non-agression. Il n’est pas exclu que cela soit l’objet de négociations intimes ; ainsi, lors des rencontres, un regard, une inclinaison du corps, une parole signent l’évitement du toucher, chaque fois qu’il est préférable de ne pas s’impliquer en donnant accès à un savoir subjectif sur notre état intérieur. L’évitement peut également recourir à l’artifice sous forme de décalages, de défauts d’authenticité tels la raideur des bras tendus qui saisissent les épaules de celui ou celle que l’on prétend embrasser : ils sont toujours ressentis physiquement, même si la conscience en écarte la perception.

Notre intuition est peuplée de ce type de souvenirs qui s’expriment parfois comme dans les propos de J., qui disait : « Ce collègue, je ne le sens pas », en se frottant les extrémités des doigts l’une contre l’autre. Ce geste réveillait les sensations du toucher fin pour traduire concrètement comment toucher peut signifier appréhender au point d’accéder aux subtilités du monde de l’autre. Ce potentiel d’accès à une forme de connaissance a cependant connu des fortunes variées.

Vers un toucher réhabilité

19 Le rôle du toucher dans les apprentissages a été beaucoup déconsidéré pour privilégier l’observation et la recherche du mot juste ; au point de dire à l’enfant qui explore son environnement de « toucher avec les yeux ». Il est vrai que, quand le toucher se résume à un clic pour accéder au « chat », on ne peut qu’oublier qu’en d’autres temps Jean Riola le fils suggérait d’avoir des « mains oculaires [11][11]J. Riola le fils, Manuel anatomique et pathologique, Paris,… » pour apprendre l’anatomie. Ce systématisme tend à évoluer puisqu’une étude faite en 2002 par le laboratoire Cognition et développement du CNRS a montré que toucher les lettres favorise l’apprentissage de la lecture. Une méthode associant vision, audition et toucher est plus efficace que celle qui se limite à associer l’audition à la vision.

20 Une autre expérience effectuée par Robert Gourhant et Yves Braccini, professeurs de génie et construction mécaniques, réhabilite le toucher dans un enseignement aussi complexe que celui des liaisons mécaniques. Ils avaient constaté que leurs élèves avaient de plus en plus de difficultés à se représenter « une forme, un mouvement, une force, un moment, une sollicitation dans les trois dimensions de l’espace [12][12]Revue Technologie, no 134, novembre-décembre 2004, p. 47. » avec une difficulté supplémentaire pour établir la relation entre un phénomène et la cause qui l’a provoquée. Ils ont alors fait l’hypothèse que « la difficulté de conceptualisation des élèves [venait] du fait que nous ne faisons pas suffisamment le lien entre les concepts et les perceptions du corps, entre le modèle théorique des liaisons des actions mécaniques et les perceptions visuelles et tactiles [13][13]Ibid., p. 49. ». Cela les a conduits à inventer des maquettes didactiques sensorielles qui ont été récompensées par un prix [14][14]Le CIREC d’or 2002, au Concours international de recherches….

Sans détailler la diversité des liaisons mécaniques que ces maquettes permettent de comprendre, on peut retenir qu’un « élève moteur » saisit une poignée munie de picots, exerce des actions mécaniques ou des déplacements, et, dans le même temps, un « élève récepteur » recueille les perceptions tactiles de l’action mécanique transmise par la liaison. L’association des sensations à la vision de l’expérience constitue pour les élèves qui en bénéficient une étape intermédiaire vers la construction d’une représentation mentale.

21 Par la suite, une étude a permis de conclure qu’avec l’utilisation de ces maquettes sensorielles l’apprentissage était immédiat et bien ancré, ce qui est en contradiction avec la conviction de Didier Anzieu pour qui l’interdit du toucher était « structurant de la troisième dimension, celle de l’espace, de l’acquisition de la profondeur [15][15]D. Anzieu, Une peau pour les pensées, op. cit., p. 84. ». Avec cette limite, il entendait fermer la porte au maternage interminable et, certainement davantage, à la séduction sexuelle toujours plus ou moins latente dans le toucher entre adultes, car sa forme ou sa qualité risque toujours de trahir ce que les mots voudraient taire.

Et ils se sont connus...

22 Nanti de la diversité des expériences de l’enfance et du début de l’adolescence, elles-mêmes refoulées et oubliées pour la plupart, le toucher rencontre avec la sexualité son espace de confrontation et les chances de son épanouissement ; c’est, en quelque sorte, l’épreuve de vérité qui exigera de lui de nouvelles différenciations. Le toucher sexuel comporte deux types de toucher :

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  • Le premier, celui de l’exploration manuelle et du contact entre de larges surfaces de peau, est semblable à celui du contact entre la mère et l’enfant.
  • Le second est un contact dirigé vers les zones sexuelles ; il suppose que ces zones aient été suffisamment érotisées et investies génitalement pour favoriser la rencontre sexuelle, puis la résolution de la tension du désir dans l’orgasme.
    24 Le choix du partenaire et la qualité de la vie sexuelle apposeront leur signature sur l’histoire individuelle de la période précédente, en fonction de l’espace de découverte de soi et de l’autre qui s’ouvrira. L’impératif de la transmission de la vie a probablement insufflé au toucher, associé cette fois à l’odorat, des aptitudes de sélection dans le choix d’un partenaire le plus adéquat possible, ce qui fait dire de certaines amours que nous les avons dans la peau, mais peut aussi conduire à vivre des frustrations inconsciemment consenties. La puissance de l’énergie sexuelle, trop souvent associée aux rapports de force et à la domination, a nécessité des garde-fous, des règles destinées à protéger la filiation, l’enfant et les plus faibles. Cette question est historiquement et sociologiquement très vaste ; nous n’en retiendrons ici que ce qui participe à notre réflexion sur la place du toucher dans la vie sexuelle, ses pathologies, ses transgressions et les thérapies qui le concernent.

Le contact en partage

25 Le pivot du toucher sexuel est le consentement ; il n’exclut pas la surprise, mais exige une adéquation de désir, de relation, d’âge et de lieu. Les jeux sexuels viseront à faire coïncider les désirs, tandis que les transgressions franchiront une zone intermédiaire située entre érotisme et perversions avec pour extrêmes l’abus et le crime. Les zones corporelles qui entrent en contact peuvent se définir selon un degré croissant d’intensité de relation. Le contact main/peau, restreint à la main ou à l’épaule, se situe dans le champ des relations cordiales et sociales ; au-delà, il glisse vers le trouble sexuel, sauf s’il s’agit d’une situation thérapeutique qui en définit la forme. Le contact bouche/peau nous conduit vers l’affectivité et l’expression des sentiments, tandis que le contact bouche contre bouche situe la limite entre les relations d’affection et les relations à connotation sexuelle, avec une exception pour certaines sociétés qui l’assimilent à un salut. Enfin, le contact bouche/sexe et sexe/sexe participe pleinement à la relation sexuelle.

26 Nous rêvons probablement tous de connaître l’extase grâce à des touchers qui nous révéleraient à nous-mêmes en éveillant des zones de plaisir intenses encore inconnues. Aucun manuel ne pourra jamais en enseigner la pratique, car les jeux sexuels font éprouver des sensations et des émotions dont l’étendue est imprévisible et largement inconnue à celui qui touche.

Le plaisir est suspendu à une sensation – intuition qui guidera pauses et variations entre caresses, baisers, mordillements, douceur et même flirt avec le seuil de la douleur – mais il dépend plus encore de la capacité de sentir, de répondre, d’être présent à l’autre dans la réciprocité des contacts. Il y va d’un épanouissement et d’une évolution possible tout au long de la vie, comme d’épreuves susceptibles de mettre à nu l’absence de réactions, le dégoût ou même la douleur.

Les pires malentendus mettront en présence une recherche d’affection sécurisante face à une demande de satisfaction sexuelle impérative, une insensibilité provoquée par les failles de l’enfance ou les abus face aux performances narcissiques de l’idéal sexuel. Dans ces situations, les caresses peuvent chatouiller ou finir par devenir douloureuses à tel point que la sexologie utilise le terme d’« allodynie » pour qualifier les attouchements perçus comme des douleurs brûlantes.

27 Comment le toucher devient-il caresse ? La question est tellement indéfiniment actuelle que les pages consacrées par Jean-Paul Sartre à cette interrogation semblent demeurer une référence en dépit de leur caractère volontariste. « Je me fais chair, dit-il, pour m’approprier la chair d’autrui [16][16]J.-P. Sartre, L’Être et le Néant, Paris, Gallimard, 2003,…. » Cette tentative de le faire exister en pure chair donnerait à la caresse une fonction d’appropriation du corps de l’autre. « Elle est façonnement », écrit-il encore, « la caresse fait naître autrui comme chair pour moi et pour lui-même [17][17]Ibid. ».

Sans cela, les caresses ne seraient que frôlement en surface. Le mystère réside probablement dans les conditions qui transforment un frôlement en surface en une caresse qui « permet de réaliser l’incarnation de l’autre en (découvrant) sa propre incarnation [18][18]Ibid. ». Cela implique-t-il inéluctablement une appropriation ? J’y opposerai l’occurrence d’un ajustement qui réveillerait une volupté inscrite et donnerait le sentiment d’être pleinement rencontré.

28 Cela ne se produit jamais quand la perversion met le toucher sous emprise ; loin d’éveiller la chair, il l’utilise pour réaliser des scenarii inspirés par les fantasmes. Le partenaire peut être consentant, éprouver du plaisir, il participera à une tension érotique et ne communiquera pas au travers du toucher. Dans les rituels sadomasochistes, la relation domination/soumission est indissociable et souvent plus importante que les douleurs provoquées par les flagellations, blessures, enserrement, etc. Leur caractère répétitif et stéréotypé érode progressivement l’intensité des sensations, ce qui entraîne inévitablement une augmentation des souffrances imposées. À ce stade, la notion même de toucher a déjà perdu toute signification et la douleur sa fonction de signal.

Elle a été touchée

29 Telle un fruit qui risque de dépérir, la personne dite « touchée » a subi des contacts qui ont porté atteinte à son intégrité. Le cadre et la relation déterminent à la fois le type des touchers acceptables et l’interprétation des sensations ressenties. Lorsque des attouchements ou des abus sexuels se produisent en l’absence de violences physiques, le contact est dérobé ou imposé, il agit dans l’équivoque en associant une sensation sexuelle plus ou moins agréable, voire inconnue à une situation qui le rend, a minima, trouble et le plus souvent sidérant.

Ainsi en est-il du geste médical qui dévie, des soins de toilette ou des chatouillements déplacés, des intromissions pratiquées sous prétexte d’hygiène. La victime est privée de références pour interpréter ce qu’elle éprouve, elle le sera encore davantage, si l’immaturité de son bas âge est confrontée à une tension des zones sexuelles, incompréhensible et privée de toutes possibilités d’apaisement. Dans ces abus, la chair est vécue comme fouillée, souillée, et seul le rejet du corps propre permet de sauvegarder un peu d’intégrité ; il s’y ajoute le désespoir et le sentiment d’impuissance dans les cas où la violence physique est intervenue.

30 Ces touchers délictueux ou criminels laissent des empreintes gravement dommageables : ils désorganisent également l’ensemble des perceptions. Très souvent frappés d’amnésie, ils ressurgissent sous forme de symptômes et aussi dans les rêves, de manière fragmentaire. On observe, par exemple, des sensations incongrues associées à des situations apparemment banales transformées en cauchemars plus ou moins répétitifs.

31 Le cas de F... était très spectaculaire, puisque, après avoir rêvé d’un dessus de lit dont le dessin était terrorisant, elle a développé sur tout le pourtour de la bouche un herpès très sévère qui a duré plusieurs semaines. Les personnes qui ont subi des viols ont un long chemin à parcourir avant que s’ouvre pour elles la possibilité d’être émues par le toucher. Sur cette route, les différentes thérapies ayant le toucher pour médiateur seront d’un grand secours car elles offrent la possibilité de le réconcilier avec le tact qui apprivoise et permet de percevoir dans quelles limites un contact bienfaisant est supportable. Ces thérapies ne sont évidemment pas exclusivement destinées aux victimes de violences sexuelles, mais à travers elles nous pourrons entrevoir le toucher dans son ultime avatar.

Le toucher entre art et transcendance

32 « Avatar » est entendu cette fois dans son sens premier, celui du sanscrit qui signifie « l’incarnation d’un dieu sur terre ». Sans tomber dans la grandiloquence ni esquiver la difficulté de traduire l’indicible, on peut percevoir, dans l’art de certains doigtés, une aptitude à capter l’impalpable. C’est un paradoxe auquel Jung s’est confronté en reconnaissant aux mains une compétence pour déchiffrer « une énigme avec laquelle l’intellect se débat en vain [19][19]C.G. Jung, L’Âme et le soi, Paris, Albin Michel, 1990, p. 172. ».

Dans ce cas, la main participe à la construction du sens en donnant forme à des contenus de rêves encore trop vagues. Cette réceptivité ne se rencontre-t-elle pas de temps à autre, chez l’ostéopathe, le masseur, le praticien du shiatsu, etc., chaque fois qu’ils ne font qu’un avec leurs « mains qui questionnent la peau, les muscles, qui écoutent et renvoient leur réponse apaisante, structurante [20][20]N. Grafeille, M. Bonierbale, M. Chevret-Masson, Les Cinq sens… » dans un toucher qui redonne vie au corps ?

33 Comment décrire cette intuition tellement subtile qu’elle ne se perçoit que dans l’émerveillement de celui qui en ressent le bienfait ou en découvre l’art ? Certains diront, comme Bernard This, que la main écoute ; d’autres, telle Murielle Gagnebin, évoqueront la main qui pense, celle qui « obéit au tact le plus souverain [21][21]M. Gagnebin, L’Authenticité du faux, Paris, PUF, 2004, p. 146. » perceptible dans le pinceau du calligraphe et qui la bouleverse dans l’œuvre de Georgio Morandi.

Pour elle, tout ce qui, dans cette peinture, voile l’anecdote et fait apparaître le signe est le fruit d’un contre-investissement gigantesque qui a permis à des modulations d’autoconservation de faire contrepoids à l’énergie du pulsionnel dans un processus de sublimation. Ce regard savant porté sur le génie de Georgio Morandi nous dirige vers une interrogation plus modeste à propos de ce qui permet d’accéder à une forme de connaissance par le toucher. Certaines cultures favorisent cette écoute particulière dans des traditions de massage, comme il en existe dans les médecines ayurvédiques notamment. Des écoles d’ostéopathie crânienne y consacrent une grande part de leur enseignement. Mais tout cela reste spécifique et nous pouvons souhaiter enrichir notre sensibilité au tact sans pour autant entreprendre des études.

34 Là encore, ceux qui souffrent d’une véritable anesthésie, consécutive à des carences sévères dans l’enfance ou à des violences, ne pourront pas réanimer la réceptivité de leur peau par le simple effet de la décision ou de la volonté. Des thérapies d’éveil, des soins, de la thalassothérapie, des enveloppements, des massages et une longue patience seront indispensables à la restauration de leur sensation d’enveloppe à partir de laquelle ces personnes blessées toléreront sans se crisper des éprouvés de contact. En fait, le toucher, comme le goût, ou l’oreille peuvent s’affiner et s’éduquer à la perception de nuances qui s’associent, de références en références, jusqu’à créer des configurations chargées de sens. Il s’agit bien d’une forme d’écoute de ce qui palpite, se réchauffe ou se refroidit, se tend en surface ou en profondeur, répond ou fuit un palper sollicitant, offre une souplesse inattendue ou interpose une sudation, etc…

Tout ce langage s’adresse à notre sensibilité corporelle, il est en attente d’accueil et de réponses tactiles ou... parlées. Il ne les trouvera qu’auprès d’un autre, suffisamment dégagé de ses pulsions d’emprise et de ses appétits, prêt à vivre ce supplément d’incarnation qu’apporte la réciprocité d’un toucher grâce auquel se révèlent des parts inconnues de notre être. Lors de la relation sexuelle, le dialogue sensoriel se situe dans le registre érotique, il met en contact des parties du corps qui n’ont pas la même subtilité que la main, il module l’enlacement dans la recherche d’un plaisir réciproque. Aussi nécessite-t-il que la puissance du désir renonce à faire cavalier seul pour que la sensation du corps de l’autre reste habitée de sa présence. Les échanges érotiques y puiseront alors l’intensité de leur intimité pour aller vers une jouissance qui marque la mémoire.

Toucher juste

35 Chaque fois que tact et contact en retour acquièrent la justesse d’une note chantée au plus juste, le toucher devient une création : cela lui donne un caractère d’unicité, vécue comme un avènement. En contrepartie, ces expériences résistent à toute tentative d’appropriation, qu’elle ait la forme d’une répétition ou d’une théorisation d’un savoir-faire. Elles ne sont pas reproductibles selon le terme cher aux « évaluationnistes ». Leur renouvellement est suspendu à une confiance qui se nourrit de la mémoire sensorielle des expériences déjà vécues, et accepte de se laisser guider par les intuitions que le toucher lui inspire.

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    L’importance du toucher dans les relations sociales Auteure  : Delphine Thomas - Document ‘carnets2psycho.net’ - Inspiré des travaux de Nicolas Guéguen. Non daté - Illustration
    Les interactions sociales constituent un phénomène complexe où de nombreux facteurs entrent en jeu. Par exemple, le regard, la tonalité de la voix, la posture, le toucher, etc... sont des éléments essentiels du lien social. Pourtant, certains de ces facteurs ont tendance à être sous-estimés. C’est par exemple le cas du contact tactile (notamment au niveau de l’épaule, du bras et de la main), qui apparaît de plus en plus négligé.

Pourquoi le toucher est de moins en moins présent dans les rapports humains ?

Tout d’abord, il faut noter que la fréquence des rapports tactiles varient considérablement d’une culture à l’autre. Par exemple, les sociétés anglo-saxonnes semblent réprimer le toucher ; tandis que dans les cultures latines, les contacts physiques sont encore bien présents. Cette différence peut expliquer, au moins en partie, la disparition progressive du toucher dans les relations sociales. En effet, il semblerait que l’individualisme et le caractère aseptisé des sociétés modernes influeraient sur l’évitement du toucher.

Outre ce phénomène culturel, d’autres facteurs interviennent dans le fait que l’on ose ou non toucher autrui. En effet, l’usage des contacts tactiles est également régi par lesrapports hiérarchiques : ce sont généralement les personnes d’autorité, les individus plus âgés, etc... (c’est-à-dire ayant le statut de dominants) qui initient le toucher à l’égard de leur subordonnés, des plus jeunes, etc... (c’est-à-dire ayant le statut de dominés).

Quels sont les bienfaits des contacts physiques ?

L’un des bienfaits majeurs du toucher est de réduire considérablement le niveau d’agressivité entre individus. Mais les rapports tactiles ont d’autres impacts non négligeables. En voici les principaux :

  • La séduction : par exemple, un homme a plus de chance de succès s’il effleure la femme qu’il invite à danser, à dîner ou qu’il souhaite recontacter.
  • La générosité : par exemple, un serveur ou une serveuse reçoit plus de pourboire lorsqu’il (ou elle) touche un client. Aussi, ce dernier a tendance à consommer davantage.
  • L’honnêteté : par exemple, un passant qui trouve de la monnaie la rend plus facilement à la personne qui lui demande s’il n’a pas trouvé ses pièces, lorsque celle-ci lui touche le bras.
  • La vente : les clients passent plus de temps en magasin et achètent davantage lorsque des vendeurs les ont touchés.
  • La valorisation sociale : un contact tactile venant d’une personne d’un statut social élevé (par exemple une star ou une personnalité politique) déclenche une certaine fierté chez la personne qu’elle a touchée.
  • La persuasion : par exemple, les médecins qui touchent leurs patients obtiennent de ces derniers un meilleur suivi de leur traitement. Il en est de même pour les enseignants à l’égard de leurs élèves : un contact physique suscite plus de motivation et d’application de la part des apprentis.
    Note inspirée par les travaux de Nicolas Guéguen. Livres conseillés (3) . Discuter de ce sujet !

A lire également :

La folie dans ses rapports avec la responsabilité
La lecture de romans renforce nos sensations tactiles !
La personnalité schizoïde
La place du sens visuel dans nos rêves
Le darwinisme en sociologie

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Source : https://carnets2psycho.net/pratique/article92.html

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    L’importance de se toucher Par Florence (Daphne Coaching) – Document ‘reussirlamour.com’ Photo

    importance de se toucher

Baisers, enlacement, étreinte, caresse… Il y a tant de façons de faire ressentir à ceux qu’on aime notre attachement. Dans un couple, se toucher ou non est un bon indicateur de l’état de notre relation.

Un peu, comme à la lecture d’un thermomètre, nous observons si nos corps ont la fièvre ou non. Il y a des jours, des semaines, des mois où nous n’avons simplement plus envie de communiquer notre amour par le toucher.

“Elle ne me touche plus depuis des mois, je crois qu’elle ne m’aime plus “, “Il ne me regarde plus, ne me câline plus comme au début de notre rencontre “, “Il n’a plus envie de moi”… Ces cris du corps et du cœur doivent être entendus. Le toucher est un langage d’amour et s’il n’est plus audible, plus ressenti, le couple est en danger. Souvenez-vous du feu d’artifice de vos premiers émois !

Il est possible de rester sur cet élan amoureux que nous avions au tout début de notre relation et de retrouver par le toucher, l’envie d’avoir envie de s’aimer mieux !

Quand se toucher est difficile :

Après une journée ou une période stressante, nous avons besoin de nous protéger de nos émotions et nous pouvons être tentés de fuir tout contact physique. Notre conjoint s’approche de nous et attend de la tendresse, mais nous ne supportons pas son contact physique. Son regard langoureux n’y fait rien, nous n’avons pas envie, c’est tout !

Liliane Holstein psychanalyste, constate que beaucoup de couples souffrent de ne plus savoir communiquer leur fatigue au travail, les soucis, l’arrivée des enfants sans ressentir “une véritable allergie pour l’autre, celui ou celle qui avait été tant désiré(e), qui semblait si séduisant(e), si indispensable. “

Aller vers l’autre par le toucher peut être un formidable moyen de le rejoindre dans ce qu’il est, ce qu’il traverse.

Cependant, nous pouvons être tentés d’aller trouver du réconfort en dehors de notre couple en cherchant une autre relation intime et nous risquons à coup sûr, de provoquer une blessure profonde chez notre conjoint, surtout s’il est sensible au langage du toucher.

“L’amour exprimé par le contact du corporel est offert à un autre. Son réservoir émotionnel n’est pas seulement vidé brutalement ; il est brisé comme une explosion” constate G. Chapman.

Nous sommes prévenus, avant d’aller toucher une autre peau pour être écouté, pensons à regarder celui qui partage notre vie.

Les gestes qui consolent :

Ce réconfort par la gestuelle est quelque chose que nous connaissons tous et que nous faisons plus ou moins naturellement. Votre ami traverse une épreuve et souvent, notre premier réflexe, si nous sommes un peu tactile est de le prendre dans nos bras ou de lui mettre une main sur son épaule. Lydia se souvient : “ quand j’ai perdu ma mère, mon mari était tétanisé par mon chagrin et fuyait tout contact, moi j’avais simplement envie qu’il me prenne dans ses bras sans parler, j’ai attendu, rien et je me suis sentie très seule “. Si votre conjoint traverse des épreuves, maladie, deuil, chagrin, déception, n’hésitez pas si vous ne trouvez pas les mots qui consolent, à avoir des gestes tendres comme témoignage de votre amour.

Prenez-le ou la dans vos bras, pour dire avec le contact de votre corps sur le sien, que vous êtes là. N’hésitez pas à avoir des gestes de tendresse même furtifs surtout si vous n’avez pas grandi dans un milieu qui favorisait le contact physique.

Je sais, que par expérience, plus on apprend ce langage du toucher, plus naturellement on le parle. Alors pratiquez-le ! Ainsi, nous installerons une sensation de sécurité dans notre couple. Lydia, à la fin de notre coaching, va oser tout simplement faire cette demande à son mari Jean : “ j’ai besoin que tu sois tendre en ce moment, alors prends moi simplement dans tes bras”.

Se dire je t’aime par les gestes

Jean a finalement trouvé le moyen de communiquer son amour par un geste simple.

Il a rempli le “réservoir affectif” de sa compagne. C’est sûr, que pour toucher l’autre, encore faut-il avoir les mains libres et quand notre chéri passe plus de temps à caresser les touches du clavier de son ordinateur ou le pouce collé sur la télécommande de la télévision, nous pouvons nous sentir isolées ! Mais pourquoi être dans l’attente ? Nous pouvons comme des grands, prendre l’initiative de nous blottir dans les bras de l’autre et lui dire avec humour que nous avons plusieurs programmes en réserve nous aussi !

Si nous laissons s’installer ce côte à côte, sans se toucher dans notre quotidien les jours vont filer, l’intimité va disparaître et nous aurons de moins en moins besoin de contact physique. Un jour, nous nous retrouverons à nous demander si l’autre nous aime puisqu’il ne nous touche plus et ce sera dommageable pour notre couple.

Marylin Monroe écrivait sur son cahier intime :” Une carrière c’est fantastique, mais on ne peut se blottir contre elle la nuit quand on a froid “ !

Comment parler de ces gestes d’amour qui nous comblent

Surtout osez dire à votre chéri ce que vous aimez comme gestes et ceux que vous ne voulez pas ! Nous avons tous notre approche de l’intimité et notre sexualité est aussi un jardin inconnu pour l’autre avec ses pierres, ses fleurs, ses murs…

Certaines zones de notre corps sont plus sensibles que d’autres. Certaines délivrent plus de plaisir que d’autres. C’est avec du temps et de l’écoute que nous créerons, dans le couple, une grande proximité physique. Gary Chapman écrit “votre conjoint devient votre guide, c’est lui que vous cherchez à aimer. Et lui seul sait mieux que quiconque quel genre de contact le comble le plus. Cherchez moins tant à le toucher là où vous l’aurez décidé que d’apprendre à parler son dialecte d’amour.”’Exprimez vos désirs et vos interdits, ils seront entendus !

Discutez avec votre chéri de l’art et la manière de lui faire l’amour et il sera plus conscient de votre amour pour lui. Le toucher est un peu tabou dans notre société, redonnez lui dans votre couple sa juste place.

Et du temps, prenez-en ! Entraînez-vous à ce langage du toucher surtout si c’est celui de votre chéri : profitez des feux rouges pour l’embrasser ou lui prendre la main (lâchez le quand le feu passe au vert), tentez avec lui de nouvelles expériences tactiles, apprenez à masser… Un baiser le matin comme celui des premiers jours et non un mécanique s’il vous plaît, une main passée sur la nuque, une étreinte, un massage… Provoquez des bouleversements charnels par de petits gestes pour retrouver la sensualité des premières années de votre rencontre. Lydia n’est qu’un exemple des nombreux individus pour qui le langage du toucher est l’expression la plus parlante de l’amour.

Posons-nous la question dans notre couple : comment par des gestes, puis-je exprimer encore mieux mon amour, est ce que je me pose seulement cette question ?

Réussir l’amourreussirlamour.com -Réussir L’Amour est un site destiné à aider les couples à comprendre tous les sens cachés de l’amour et à en éviter les pièges.

Réussir l’amour

Source : https://reussirlamour.com/importance-de-se-toucher/

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    Le toucher est fondamental dans l’expérience humaine (effets positifs sur le développement social, physiologique et intellectuel, sur la gestion du stress et sur l’image corporelle) - 21 août 2020 – Document issu de ‘apprendreaeduquer.fr/effet-toucher’-
    Le toucher est fondamental dans l’expérience humaine (effets positifs sur le développement social, physiologique et intellectuel, sur la gestion du stress et sur l’image corporelle)

L’importance d’un toucher positif

Utiliser le toucher pour approfondir l’expérience humaine

Le toucher est fondamental dans l’expérience humaine. A travers le toucher de la part d’une personne aimée et aimante, un enfant développe son sens de soi, la capacité à entrer en relation avec les autres, des compétences essentielles pour moduler ses affects, le sentiment d’arriver à maîtriser son environnement et une croyance en sa propre valeur. A travers un toucher respectueux, les parents deviennent une source de réconfort et de calme pour leur enfant.

Le toucher fonctionne à plusieurs niveaux d’adaptation, d’abord pour rendre la survie possible et puis pour donner tout son sens à la vie – Brazelton (pédiatre américain, concepteur d’un outil d’évaluation du comportement du nouveau-né)

Le toucher positif peut prendre toutes sortes de forme dont :

  • le portage (physiologique ou à bras),
  • les massages,
  • l’application de crème ou de lotion,
  • les câlins,
  • les caresses,
  • le fait de se blottir pour regarder un film,
  • le sommeil partagé,
  • les jeux à base de toucher (jeux de poursuite type “loup glacé”, jeux de bagarre type “karaté chaussettes” ou chacun essaie d’enlever une chaussette à l’autre sans se faire enlever les siennes, bataille de polochon…)
    Le toucher approprié et positif conduit à l’estime de soi et à une relation profonde de confiance avec les personnes importantes dans la vie de l’enfant.

Pour un toucher respectueux et consenti

Il est essentiel d’éviter tout toucher inapproprié : sur les parties intimes ou encore des touchers imposés alors que l’enfant a exprimé un malaise ou un “non” franc. Il faut s’assurer que tout toucher rencontre les besoins des enfants.

De plus, un toucher “nourrissant” est un toucher empli de tendresse, d’une intention de relation. Un toucher automatique, sans âme, sans regard n’a pas les effets positifs du toucher respectueux.

Les bénéfices du toucher dans les relations humaines (et en particulier parents/ enfants)

Effet positif du toucher sur le développement social

La théorie de l’attachement est basée sur l’idée que les bébés ont un besoin inné de contact physique. Main, psychologue et professeure d’université américaine qui a travaillé sur la théorie de l’attachement, estime que l’accessibilité d’un bébé à sa figure d’attachement dans les moments de stress ou comme soutien pour l’exploration est un “principe organisateur du comportement du nourrisson”.

Effet positif du toucher sur le développement physiologique et intellectuel

Le toucher positif favorise le bien-être psychologique et émotionnel. Il régule aussi le développement physiologique.

Dans leur livre Theraplay, Ann Jernberg et Phyllis Booth citent la recherche de Field (1995) qui montre que des nourrissons prématurés recevant chaque jour un massage corporel complet montrent une plus grande prise de poids, une activité accrue et des taux plus élevés de performance (sur l’échelle d’évaluation du comportement néonatal de Brazelton).

Le toucher est également un facteur significatif pour le développement perceptuel et cognitif des bébés (performances sensorimotrices et capacité de reconnaissance visuelle).

Effet positif du toucher sur la gestion du stress

Le toucher est également important pour réguler le stress des nourrissons, comme vu dans la théorie de l’attachement. Le toucher positif participe à réguler l’anxiété.

Lire aussi : Connaître la théorie de l’attachement pour mieux comprendre les bébés (pleurs, émotions, bienveillance)

Par ailleurs, le toucher est essentiel pour la communication entre les parents (la mère en particulier) et les nourrissons. Ann Jernberg et Phyllis Booth écrivent que tenir calmement et caresser communiquent la sécurité, l’apaisement et le réconfort. A l’inverse, pousser fortement, bousculer ou pincer transmettent la menace.

Effet positif du toucher sur l’image corporelle

Ann Jernberg et Phyllis Booth rappellent que, si un nourrisson humain n’est pas touché et tenu suffisamment à un jeune âge, il peut développer une image corporelle déformée.

Des études ont montré qu’un individu qui reçoit un contact corporel des autres sur la plupart des zones de son corps, par rapport à un autre qui n’est touché que sur certaines zones, se sent généralement plus attirant, plus proche des autres, a une perception précise de la forme de son corps et s’aime mieux en tant que personne. – Weiss

Source : Theraplay de Ann Jernberg et Phyllis Booth (éditions De Boeck). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

21 août 2020| Au quotidien

Livre 1èrede couverture - La co-éducation émotionnelle : le livre du blog !

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© 2020 Apprendre à éduquer | Création et maintenance par l’Agence web CLECOMWEB – Source de l’article reproduit : https://apprendreaeduquer.fr/effet-toucher-developpement-humain/

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    Tactile ou pas : ce que notre rapport au toucher dit de nous Flavie Flament La page de l’émission On est fait pour s’entendre ; publié le 06/09/2016 à 07:00 par ‘rtl.fr’ Sensoriel.
    REPLAY - Toucher, être touché... Ce sens essentiel permet d’établir le contact mais aussi de soulager nos maux. ’On est fait pour s’entendre’ part en quête de ce contact vital mais pourtant si mystérieux...

https://cdn-media.rtl.fr/cache/WKAwCd_XrfDDGsfTf9poZA/880v587-0/online/image/2016/0905/7784742847_mains-enfant-adulte.jpg

Photo - Ce que notre rapport au toucher dit de nous - Vidéo 1 :12 minutes 22 - Crédit Image : I Stock | Date : 06/09/2016.

Ce que notre rapport au toucher dit de nous - Vidéo 2

Tactile ou pas, ce que notre rapport au toucher dit de nous ? – Enregistrement 39:15

A tous les âges et à tous les instants de la vie, les bienfaits du toucher sont avérés. Dès la naissance, la proximité physique prend toute sont importance ; pendant l’enfance, le câlin évoque chaleur, sécurité et douceur. Il a été prouvé de la même façon que le contact permettait d’influer favorablement sur un comportement agressif et ainsi capter l’attention de l’autre. 

Synonyme d’apaisement, ce sens permet la reconnexion avec soi-même. Le massage, par les caresses et la douceur, permet de libérer des hormones de bien-être et interrompt la transmission de la douleur vers le cerveau. De plus, le contact corporel permettrait la guérison en combattant les tumeurs et ferait aussi baisser le stress et la peur chez les personnes atteintes de cancers. 

Comment notre peau, premier organe social, peut-elle avoir un rôle aussi important dans la vie d’un être humain ? Pourquoi l’absence de contact peut être ressentie comme un point de rupture, un traumatisme ? Pourquoi certains d’entre nous aiment être touchés et d’autres fuient le rapprochement physique ?

Nos invitées :

> Catherine Maillard, journaliste spécialiste en développement personnel et bien-être - Livre 1èrede couverture Massage détente, guide des techniques (Ed. Jouvence)

 > Frederika Van Ingen, chef du service médecine et développement personnel du magazine Ça m’intéresse, partenaire de l’émission, qui consacre un dossier complet sur le toucher

Le toucher, un sens aux bienfaits insoupçonnés

La peau dans La Curiosité

Câlinothérapie : les bienfaits des câlins

Vous souhaitez témoigner ? - Vous pouvez aussi nous envoyer un mail à l’adresse onestfaitpoursentendre@rtl.fr ou ici. Vous pouvez laisser vos coordonnées et votre message surRTL.fr

À lire aussi : Thomas Hugues

Les 5 sens : comparons l’humain et l’animal !

SensorielPsychologie

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Source : https://www.rtl.fr/actu/economie-consommation/tactile-ou-pas-ce-que-notre-rapport-au-toucher-dit-de-nous-7784741288

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Introduction

L’effet d’influence du toucher

Toucher et évaluation

Toucher et soumission

L’effet d’influence du toucher : l’hypothèse du statut

Le toucher : un indicateur du rapport de dominance entre personnes

La dépendance statutaire et la soumission

Statut, tolérance proxémique et influence

Conclusion : L’effet d’influence du toucher ou la médiation du statut ?

Introduction

1 De tous les modes de communication non-verbale étudiés par les psychologues sociaux, le toucher est, peut-être, la source d’influence la plus puissante mais aussi la moins connue. Après plus de 20 ans de recherches consacrées à cet effet, il semble maintenant acquis que le toucher peut être caractérisé, en soi, comme un facteur d’influence indépendant. Pour autant, les mécanismes cognitifs de cet effet restent encore à déterminer ainsi que les facteurs culturels et sociologiques influençant la production et l’évaluation de ce comportement.

2 De manière générale, les travaux sur l’effet d’influence du toucher ont surtout porté sur l’incidence que celui-ci pouvait exercer en matière d’évaluation de l’environnement et des personnes mais également en matière d’acceptation de requêtes directes ou indirectes formulées par le « toucheur ». L’article se propose de faire état de ces travaux mais, aussi, de tenter de fournir une explication théorique à cet effet d’influence. On sait en effet que le toucher est plus fréquemment initié par les personnes de haut statut à l’égard des personnes de bas statut. En outre, il est établi que le toucher est interprété, par ceux qui l’observent ou qui en sont la cible, comme un rapport de pouvoir dans des situations où ce comportement est évalué.

L’objectif de notre travail sera donc de tenter d’expliquer l’effet d’influence du toucher sur les évaluations et le comportement en avançant l’hypothèse que le « toucheur » transmet, par le biais du contact tactile, une information sur son statut qui est interprétée par la personne touchée comme le signe d’une position statutaire supérieure à la sienne. De fait, en prenant en compte les multiples recherches ayant montré le pouvoir d’influence d’une personne de haut statut à l’égard d’une personne de plus bas statut (un pouvoir d’influence qui se produit, la plupart du temps, en dehors d’une perception consciente des personnes), on peut parvenir à expliquer pourquoi et comment le toucher influence à ce point notre comportement à l’égard de la personne qui exerce ce contact à notre endroit.

L’effet d’influence du toucher

Toucher et évaluation

3 On doit à Silverthorne, Noreen, Hunt & Rota (1972) d’avoir, les premiers, mis en évidence que l’évaluation de stimuli pouvait être affectée par le toucher. Ces chercheurs ont en effet montré que des étudiants jugeaient des formes géométriques comme plus esthétiques si, avant d’être exposés à ces stimuli, ils étaient touchés à l’épaule par la personne qui leur faisait évaluer ces stimuli. Dans le contexte feutré d’une salle de bibliothèque. Fischer, Rytting & Heslin (1976) montreront que le simple toucher effectué par un membre du personnel sur la main d’un étudiant au moment où sa carte de prêt lui est remise, conduit ce dernier à évaluer plus positivement le lieu et le personnel qui y travaille mais, également, sa propre humeur. Cet effet positif sur l’évaluation des personnes et des lieux lié au toucher d’une personne a été obtenu de nombreuses fois (Barnhouse, 1998 ; Hornik, 1992a, 1992b). On l’observe également lorsqu’il s’agit de juger la compétence d’un thérapeute (Hubble Noble, & Robinson. 1981) ou de celle d’un enquêteur auprès duquel on vient de répondre à un questionnaire (llornik, 1987).

4 Il semble donc établi qu’un bref contact tactile conduit le sujet touché à une évaluation plus positive du « toucheur » et à une auto-évaluation plus positive de l’humeur de la personne touchée. Par conséquent, on pouvait s’attendre à ce que ces conditions facilitent l’acceptation d’une requête, implicite ou explicite, que le « touché » serait susceptible d’accorder au « toucheur ». Ici, encore de nombreuses recherches portant sur l’influence du toucher en matière de soumission à des requêtes ont été menées par les psychologues sociaux et attestent de résultats particulièrement consistants.

Toucher et soumission

5 Kleinke (1977, Expérience 1) est le premier chercheur à avoir montré que le toucher prédisposait la personne touchée à accéder à une requête formulée par le « toucheur ». Sa collaboratrice plaçait quelques pièces de monnaie sur les tablettes de cabines téléphoniques et s’en allait. Elle attendait ensuite qu’un homme entre dans la cabine, empoche l’argent et ressorte après avoir téléphoné. A ce moment, elle abordait la personne en disant qu’elle avait oublié de l’argent dans la cabine quelques minutes auparavant et elle lui demandait alors si elle ne l’avait pas trouvé. Dans la moitié des cas, tout en formulant cette demande, la collaboratrice se débrouillait pour toucher la personne 1 à 2 secondes sur le bras. Les résultats obtenus montrent que le toucher conduit les sujets à se montrer plus honnête : 96 % des passants touchés ont ainsi restitué l’argent contre 63 % en condition d’absence de contact.

Dans une seconde expérience, ce même auteur observera que le fait de toucher un inconnu dans la rue au moment où on le sollicite pour qu’il nous donne de l’argent, conduit ce dernier à accepter plus favorablement la requête. Ces résultats seront confirmés quelques années après et montreront le même pattern de résultats indépendamment du sexe du « toucheur » ou de la personne touchée (Brockner, Pressman, Cabitt & Moran, 1982). D’ailleurs, à quelques rares exceptions près (Bohm & Hendricks, 1997), l’effet d’influence du toucher a été répliqué à de multiples reprises et cela, dans le cas de sollicitations les plus diverses. Ainsi, Hornik (1987) montre que le toucher augmente le taux de répondants à un questionnaire fait dans la rue (76.4 % en condition « Toucher » contre 54.2 % en condition « Contrôle ») et accroît également le taux d’acceptation d’une enquête ultérieure parmi ceux ayant accepté la requête initiale (28.4 % en condition « Toucher » et 8.3 % en « Contrôle »).

Outre l’effet du toucher sur le taux d’acceptation à des requêtes, certaines recherches ont mis en évidence qu’un tel contact conduit les sujets à persévérer plus longuement dans une tâche difficile consistant à répondre à un questionnaire long et portant sur des sujets très intimes (Nannberg & Hansen, 1994). Il n’est pas non plus nécessaire que le « toucheur » sollicite directement la personne pour que le toucher exerce son effet d’influence. Ici encore, de nombreuses recherches ont montré qu’une demande implicite – c’est-à-dire dont l’inférence ou le déclenchement est produit sans sollicitation directe du sujet (Beauvois & Joule, 1987) – est plus volontiers acceptée lorsque la personne a été touchée. Ainsi, le simple fait, pour un serveur ou une serveuse de restaurant, de toucher un client permet d’accroître le taux de pourboires accordé (Hornik, 1992b).

Un tel effet a été répliqué de nombreuses fois et s’observe indépendamment du sexe du serveur ou de celui des clients (Lynn, Le & Sherwyn, 1998). De manière plus extensive, on a pu montrer, également, qu’un démonstrateur de produits dans un magasin verra son taux d’acceptation de goûter ou de tester un produit augmenter s’il touche le client en formulant sa requête. Cela permettra également d’accroître le taux d’achat de ce produit par la suite (Smith, Gier & Willis, 1982). En outre, on sait que cela aura une incidence positive sur la perception, mesurée le plus souvent à l’aide d’échelles, que les clients feront du magasin et du personnel qui y travaille (Hornik, 1992a).

6 En dehors de ces applications directes, on a pu observer, également, que le simple toucher exerce une influence sur d’autres comportements directement ou indirectement sollicités. Ainsi, le simple fait, pour un enseignant, de toucher deux fois un étudiant sur le bras lors d’un entretien faisant suite à une première évaluation sur un cours, conduit à une amélioration des performances ultérieures, supérieures à celles observées auprès d’un groupe contrôle (Steward & Lupfer, 1987). Il conduit également des jeunes enfants à plus s’impliquer dans une tâche et à manifester moins de comportements perturbateurs en classe (Wheldall, Bevan & Shortall, 1986). On observe aussi que l’utilisation du toucher, sous cette forme anodine, conduit des patients à percevoir leur psychothérapeute de manière plus positive et cela dès la 1ere séance (Stockwell & Dye, 1980). Cela les conduit également à faire plus rapidement des révélations intimes à leur thérapeute (Pattison, 1973). Enfin, le simple toucher d’un patient par une infirmière, la veille d’une opération chirurgicale, diminue son stress réel (évalué par mesures physiologiques) et perçu (auto-évaluation par échelle) et accroît le respect des recommandations pré-opératoires données aux patients (Whitcher & Fisher, 1979).

L’effet d’influence du toucher : l’hypothèse du statut

Le toucher : un indicateur du rapport de dominance entre personnes

7 Si les recherches sont suffisamment nombreuses, aujourd’hui, pour attester de l’effet d’influence du toucher, on ne dispose pas d’une théorie, empiriquement étayée, pour expliquer son efficacité. Cela peut expliquer l’incrédulité – évoquée par Beauvois & Joule (1987) – concernant le pouvoir d’influence du toucher. Des tentatives d’explication des effets du toucher existent pourtant dans la littérature.

8 Certains travaux ont invoqué un effet de familiarité selon lequel le « Toucheur » serait perçu par le « Toucher » comme plus familier, ce qui aurait pour conséquence de prédisposer ce dernier à accéder à sa requête (Goldman & Fordyce. 1983). Cette interprétation apparaît plus comme une proposition et n’a pas été, jusqu’à ce jour, manipulée ou mesurée.

En outre, on sait que trop de familiarité conduit parfois à diminuer l’aide que l’on accorde à autrui (Argyle. 1978). Plus récemment, une nouvelle proposition théorique a été faite concernant l’effet d’influence du toucher. Celle-ci est issue des travaux montrant le lien entre la différence de statut social et l’initiation du toucher entre personnes (Hall, 1996). On observe en effet, dans des situations de face-à-face, que le toucher est souvent initié par des personnes de haut statut envers des personnes de plus bas statut.

Henley (1973) se servira des observations entre dyades de sexes, races, statuts professionnels, âges, opposés pour montrer que le toucher serait plus volontiers initié par les dominants envers les dominés. Elle observera en effet, et d’autres chercheurs après elle (Hall & Veccia, 1990 ; Willis & Dodds, 1998). que le toucher est plus volontiers initié par les hommes (considérés comme dominants) à l’endroit des femmes (considérées comme dominées), que les personnes plus âgées (dominants) touchent plus fréquemment les plus jeunes (dominés), que les supérieurs hiérarchiques (dominants) initient plus le toucher à l’égard de leurs subordonnées (dominés) que ne le font ces derniers,..

Le rôle du toucher comme indicateur du statut a été mis en évidence de manière expérimentale par Major & Heslin (1982). Ces chercheurs ont en effet montré à leurs sujets des diapositives mettant en scène une dyade où. selon le cas, on pouvait observer qu’une personne touchait ou ne touchait pas l’autre personne. Les résultats montrent que, dans le cas où l’un des protagonistes touche l’autre, et dans ce cas seulement, il y a un déséquilibre dans l’évaluation de la dimension de dominance. Le « toucheur » est perçu comme dominant tandis que le « touché » est perçu comme dominé alors que les évaluations sont identiques pour les deux protagonistes à partir du moment où aucun contact n’a lieu. Storrs & Kleinke (1991) observeront le même effet sur l’évaluation dans une situation où le sujet interagit avec un compère dans une simulation d’entretien. Il en va de même dans les inférences dispositionnelles liées à l’observation de couples de personnes supposées être mariées.

On observe que lorsque la femme touche l’épaule du mari tout en formulant une suggestion, cette dernière est, par la suite, perçue comme dominante tandis que le mari est perçu comme plus passif. À l’inverse, dans les mêmes circonstances, si l’homme touche son épouse, il est perçu comme plus dominant et elle comme plus passive (Forden, 1981). L’effet ne s’arrête pas qu’aux évaluations et aux attributions personnologiques mais se manifeste également au niveau comportemental.

Leffler, Gillepsie & Conaty (1982) ont en effet montré que lorsque des sujets en dyades participent à une simulation de situations d’apprentissages où ils doivent jouer le rôle de professeur et d’élève, le nombre de contacts tactiles initiés par ceux ayant le plus haut statut est bien plus élevé. En outre, cela est bien lié à un effet du rôle à tenir puisque lorsque le sujet est amené à prendre le second rôle après un quart d’heure, on observe bien un renversement dans l’initiation du toucher entre les deux protagonistes.

Au-delà de l’initiation du contact tactile, on observe des manifestations non-verbales subtiles de la supériorité statutaire. Ainsi Chapell, Beltran, Santanello, Takashami, Bantom, Donbovan, Hernandez, Oculato & Ray (1999) ont observé pas moins de 15 000 couples mixtes se tenant la main dans la rue et constaté que, dans 80 % des cas, c’est la main de l’homme qui enrobe celle de la femme (pouce de l’homme par-dessus celui de la femme, main de l’homme par-dessus et donc visible pour autrui) tandis qu’un tel comportement n’est observé que dans 20 % des cas chez les femmes.

Or, pour Brown (1965), comme pour Goffman (1971), ce type de placement de la main serait un indicateur des différences de statut. Chapell et al. (op. cit.) montreront en outre que, au Japon, où la société est fortement dominée par un système patriarcal et où les femmes sont hautement subordonnées aux hommes (Reischauer & Jansen, 1995), ce taux de placement de la main par-dessus celle de la femme s’observe dans 93.4 % des cas. En outre, ces mêmes auteurs ont montré que lorsque la femme possédait des caractéristiques lui conférant plus de statut que son compagnon (plus grande physiquement ou exerçant une profession à revenus supérieurs), on observait un certain équilibre (équilibre mais pas renversement) dans ce placement des mains entre l’homme et la femme.

De la même manière, les hommes américains de race noire placent moins leur main par-dessus celle de la femme que les américains de race blanche. On sait en effet que les premiers tendent à adopter des attitudes du rôle selon le genre plus égalitaires et à percevoir de manière plus négative des attitudes inégalitaires (Kane, 1992).

On sait, en outre, que les femmes américaines de race noire manifestent plus de résistance aux inégalités de sexe (Hunter & Sellers, 1998). À l’évidence, l’ensemble de ces observations attestent que la répartition du pouvoir entre hommes et femmes au sein d’un groupe culturel donné se manifeste par les comportements non-verbaux mobilisés lors des interactions les plus ordinaires.

La dépendance statutaire et la soumission

9 Si on tient compte des résultats concordants issus des travaux précités, on peut penser que, dans une situation de rencontre entre deux personnes ne se connaissant pas, le « toucheur » sera perçu comme quelqu’un de plus haut statut. Cela devrait donc conduire le « touché » à accéder plus volontiers à sa demande. Cette hypothèse explicative n’a pas été testée directement dans le cas du toucher mais on dispose, aujourd’hui, de nombreuses recherches qui prouvent qu’un haut statut, généralement manipulé par l’apparence vestimentaire d’une personne ou par des informations sur ce statut donné préalablement aux personnes, conduit plus favorablement les personnes à accéder à la demande faite par un étranger visiblement ou objectivement de haut statut. Il est maintenant clairement établi qu’une personne de bas statut se conformera d’autant plus à la pression du groupe que celui-ci est constitué de membres de haut statut (Larsen, Triplett, Brant & Langenberg, 1979).

On sait également que certains comportement inciviques sont affectés par le statut. On klaxonnera moins sur une personne dont la voiture est une voiture haut de gamme comparativement à une voiture de gamme moyenne (Doob & Gross, 1968). On transgressera plus une règle de sécurité routière si le modèle de la transgression est une personne de haut statut plutôt que de bas statut ou de statut intermédiaire (Guéguen & Pichot, à paraître). S’agissant de requêtes implicites, on a pu montrer que l’on apporte plus aisément son aide à une personne de haut statut manifestement en panne sur l’autoroute (Solomon & Herman, 1977).

Lorsqu’il s’agit de sollicitation directe, on observe les mêmes effets. Ainsi, on donnera plus facilement une pièce à un demandeur vêtu de manière conventionnelle plutôt que négligée (Kleinke. 1977b). On se montrera également plus honnête envers une personne de haut statut, comparativement à une personne de statut équivalent au nôtre, lorsque celle-ci nous demande si nous n’avons pas retrouvé une pièce oubliée sur le plateau d’une cabine téléphonique (Bickman. 1971).

Le statut affecte également l’évaluation que le sujet fait de la personne dans un sens qui favorise toujours la personne de haut statut et cela, indépendamment de son comportement préalable (Iverson, 1968). Certaines caractéristiques physiques sont mêmes évaluées plus positivement (Cann, 1991). On sait, en outre, que l’interaction avec une personne de haut statut s’accompagne de plus fortes réactions physiologiques de la part du sujet (Kleinke & Williams, 1994) ce qui tend à prouver qu’une telle interaction active des états émotionnels particuliers.

Statut, tolérance proxémique et influence

10 Si, à notre connaissance, aucune recherche n’a tenté de tester l’effet du statut sur le toucher dans le cas de sollicitations à des requêtes, on dispose néanmoins de travaux étudiant la distance d’interaction et le statut. Or, on sait que le contact tactile est la forme la plus extrême de l’invasion de l’espace personnel (Jones, 1994).

Ainsi, McElroy & Morrow (1994) ont montré, toujours en manipulant le statut par le biais de l’apparence vestimentaire, qu’un individu de haut statut, sollicitant des fonds pour le compte d’une association caritative, se voit accorder plus d’argent comparativement à une situation où il est vêtu de manière plus décontractée. Toutefois, les fonds remis sont d’autant plus importants que la personne de haut statut se trouve proche, physiquement, du sujet (25/30 centimètres). Pour la personne de bas statut, l’inverse s’observe : le fait d’être près conduit à un baisse importante des dons consentis comparativement à une situation où la distance physique était plus importante (1 mètre).

Il apparaît donc manifeste que l’on tolère plus volontiers ou que l’on perçoit plus positivement l’invasion de son espace privé si l’envahisseur est de haut statut. Si les recherches intégrant le toucher comme manifestation des liens de subordination/dominance entre personnes ont montré que les personnes de haut statut initient plus volontiers le toucher à l’égard des personnes de bas statut, on sait également que ces dernières recherchent plus le contact tactile auprès des premières (Juni & Brannon. 1981).

Il y aurait ainsi une recherche de reconnaissance par le contact tactile des personnes de plus bas statut qui, si elle est satisfaite, conduirait à les rendre plus susceptible d’accéder à la requête notamment parce qu’un tel comportement permettrait le maintien de cette interaction considérée comme valorisante pour le soi. Cela va dans le sens des travaux de synthèse de Stier & Hall (1984) qui estiment que les personnes de haut statut utiliseraient le toucher pour faire état de leur statut tandis que celles de bas statut l’utiliseraient pour gagner du statut. Ainsi, le fait de toucher une personne de haut statut conférait du prestige au « toucheur » ce qui pourrait expliquer ce désir, tournant parfois aux débordements hystériques, lié à la volonté de toucher un homme politique, une star.

Conclusion : L’effet d’influence du toucher ou la médiation du statut ?

11 On a pu voir dans la dernière partie de ce travail que le toucher, dans les interactions entre personnes, est bien un puissant et un subtil instrument de transmission des positions statutaires de chaque individu lors d’une situation d’interaction. Egalement, il est établi que la position de supériorité statutaire favorise la personne de haut statut. Dans de nombreux cas. être de haut statut conduit à ce que l’on soit évalué de manière plus positive par les personnes de plus bas statut. Cela conduit également à voir nos sollicitations d’aide directes ou indirectes plus favorablement acceptées. Il est donc possible que le toucher active chez le récepteur, une cognition selon laquelle le « toucheur » serait de plus haut statut ce qui, en retour, favorise l’acceptation d’une requête que ce dernier exprime. Cette explication est évidemment, pour l’heure, très spéculative et d’autres recherches sont maintenant nécessaires pour tenter de voir les processus ou états cognitifs activés par le fait d’être touché par une personne. Le recours à des évaluations personnologiques du toucheur, des mesures d’évaluation de l’humeur, de l’estime de soi du sujet, de la légitimité de la demande faite par le « toucheur », doivent être envisagées. S’agissant du comportement de soumission, une mesure du statut social des sujets pourrait également être faite afin de voir s’il existe des variations dans la susceptibilité au toucher selon le degré de différence statutaire entre le « toucheur » et la personne touchée. Bien entendu, une telle hypothèse ne permet pas d’expliquer tous les phénomènes d’influence du toucher sur le comportement et les attitudes des personnes. De nombreuses recherches montrent que le toucher est une variable influente alors même que, objectivement, un effet de déséquilibre statutaire ne peut être évoqué pour expliquer cet effet d’influence du toucher. Vraisemblablement, d’autres cognitions sont activées qui aboutissent toutes à produire des effets identiques. Des recherches sont donc à mener pour isoler les effets d’autres facteurs et surtout les situations qui favorisent l’activation de telle(s) ou telle(s) cognitions. Des recherches de ce type s’avèrent impératives dans la mesure où les psychologues sociaux n’ont jamais tenté de relier deux secteurs féconds dans l’étude du toucher : celui étudiant les effets d’influence du toucher sur la soumission et celui étudiant les déterminants non-verbaux des caractéristiques des acteurs sociaux dans leurs interactions. Il est vraisemblable que l’absence d’avancée théorique en plus de vingt-cinq années de recherches menées en psychologie sociale sur l’influence du toucher provient de la non-intégration de ce second courant de recherches plus profondément culturaliste et sociologique.

Bibliographie

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STIER D., & HALL J., « Gender differences in touch : an empirical and theorical review », Journal of Personality and Social Psychology, 47 (2), 1984, pp. 440-459.
DOI : 10.1037/0022-3514.47.2.440

Pour citer cet article - Référence électronique - Nicolas Guéguen et Marie-Agnès de Gail, « Le toucher : un indicateur culturel implicite du statut et du rôle », Communication et organisation [En ligne], 18 | 2000, mis en ligne le 19 décembre 2012, consulté le 03 décembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/communicationorganisation/2410 - ; DOI : https://doi.org/10.4000/communicationorganisation.2410

Auteurs :

Nicolas Guéguen - Article du même auteur : Auto-perception des inférences liées au traitement des informations non-verbales sur autrui : le cas de la construction du jugement chez des magistrats [Texte intégral] - Paru dans Communication et organisation, 18 

Marie-Agnès de Gail Laboratoire Gresico Université de Bretagne-Sud IUT de Vannes - Articles du même auteur : Auto-perception des inférences liées au traitement desinformations non-verbales sur autrui : le cas de la construction du jugement chez des magistrats [Texte intégral] - Paru dans Communication et organisation, 18  - Le Gemba Kaisen, un des nouveaux moyens d’exister dans l’entreprise ? [Texte intégral]

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    Le toucher : une approche relationnelle Par Monique Remillieux – Document ‘elsevier.com/fr-fr’
    Le toucher est le premier sens de la communication, du bien-être. Le toucher, comme tous les autres sens, s’il n’est pas suffisamment stimulé, perd de sa sensibilité. Plus la peau est touchée, plus elle devient sensible et réceptive.

Notre société se caractérise par un manque de caresses, de contacts corporels chaleureux, car le toucher est sans doute le plus réprimé de tous les sens.

Dans notre profession, de même que notre présence, nos gestes chaleureux, faits d’attention, de disponibilité, de tendresse seront dans bien des cas non un luxe, mais de l’énergie nécessaire qui permettra à la personne de mieux lutter contre sa maladie et sa souffrance.

Pour aborder le toucher et notamment le massage, il faut savoir établir une réelle relation soignant–soigné.

Il est nécessaire de développer ses qualités humaines, d’être capable de disponibilité, de chaleur.

Il est également important que le soignant développe sa capacité empathique, afin d’être capable de prendre du recul par rapport à ses préoccupations personnelles, ses expériences similaires pour faire preuve de flexibilité et laisser de côté son cadre de référence habituel pour intégrer celui de l’autre afin de trouver la bonne distance.

Pour initier le toucher, il faut d’abord prendre contact par la main et ne plus rompre ce contact, il faut ressentir ce qui se passe en nous tout en étant à l’écoute de ce qui se passe chez la personne que nous massons. Il faut également s’adapter et ne pas dispenser des gestes systématiques qui ne seraient pas agréables ; n’oublions pas que chaque personne est unique et que son ressenti sera donc lui aussi unique.

L’expérience est la source même de ce savoir, qui pourra se compléter par l’acquisition de techniques et par des formations plus théoriques.

La communication par le toucher est totalement intemporelle. C’est au cours du soin lui-même que l’on peut avoir ce contact direct ; cela ne demande que quelques minutes de plus lors d’une toilette par exemple. Pourquoi ne pas laver le dos, les pieds… avec nos mains en se laissant guider par la simplicité du geste, en n’ayant à l’esprit que l’intention de détendre, d’apporter une sensation agréable. Le massage est un échange ; il faut rester réceptif, ne pas chercher à imposer quoi que ce soit.

Le contact doit être doux et respectueux. On masse avec toute la main, le corps accompagnant chaque mouvement, chaque geste.

Les quelques minutes supplémentaires que nous aura demandées le massage ne seront pas du temps perdu. Bien au contraire, car la détente et le calme que le massage aura procurés à la personne ne fera qu’améliorer la relation et la communication qui s’ensuivra dans la prise en charge quotidienne.

Le toucher a une implication importante dans notre prise en charge au quotidien, et cela à différents niveaux, comme dans la prise en charge de la douleur d’une personne handicapée ou d’une personne en fin de vie.

Cela est également vrai dans les services tels que la chirurgie, où il est plus usuel de penser que le toucher relationnel n’est pas envisageable par manque de temps et parce qu’on le pense inutile.

Or, une intervention chirurgicale, qu’elle soit considérée comme « banale » ou comme engageant le pronostic vital, n’est jamais anodine pour la personne qui va la subir.

Très souvent source d’angoisse, l’arrivée dans un milieu inconnu et qui peut sembler hostile ne favorise pas la communication.

Lorsque l’on prend en charge des personnes la veille des interventions par exemple, on peut constater à quel point un massage fait en corrélation avec un travail sur la respiration améliore la détente et la communication entre les patients et le soignant. Bien entendu, on ne propose pas un massage n’importe comment. Il ne s’agit pas d’aller toucher l’autre, d’entrer dans son intimité et de risquer de le heurter pour masser à tout prix. Se mettre en position d’écoute et de disponibilité, créer un climat de confiance en étant congruent et empathique permet d’approcher l’autre sans susciter de craintes.

Lorsque l’on ne connaît pas la personne en face de nous, la façon de lui prendre la main sera un élément qui permettra par la suite de proposer des massages sans ambiguïté. En effet, à notre façon de saisir la main, nous indiquons ce que nous sommes et l’état d’esprit dans lequel nous nous trouvons.

La nuit l’angoisse est majorée : peu de monde, des bruits qui sont amplifiés et que chacun interprète, du personnel qui passe, mais qui ne s’arrête pas toujours très longtemps… Et pourtant, la nuit, nous pouvons plus que jamais organiser notre temps et développer des prises en charge spécifiques directement liées à notre rôle propre.

La prise en charge de la douleur postopératoire est également possible par le toucher relationnel.

« Une nuit, une personne opérée d’une hernie discale pleurait et vomissait, tellement des céphalées lui faisaient mal. Bien sûr, un protocole antalgique avait été prescrit par l’anesthésiste et l’infirmière lui administrait son traitement, mais sans résultat, malgré la réadaptation des doses par le médecin.

Bien que réticente à ma façon de travailler, ma collègue m’a demandé de venir voir cette patiente.

Je suis entrée dans sa chambre, je me suis présentée et je lui ai saisi la main. Je lui ai proposé d’écouter ma voix et de faire un exercice de respiration. Elle a accepté et nous avons commencé. Elle a fermé les yeux, m’a écoutée et a commencé à respirer. En même temps, j’ai commencé un massage du cuir chevelu qu’elle avait accepté. Très vite, elle s’est détendue et les nausées ont cessé. Lorsqu’elle a ouvert les yeux, elle était souriante et m’a demandé un massage des pieds, chose qu’elle ne pouvait envisager 20 minutes plus tôt ».

L’hôpital manque parfois d’humanité et il difficile d’imaginer le parcours que les patients, les familles doivent subir. Le fait de passer d’un service à un autre sans beaucoup de considération, en n’étant plus qu’un objet de soins, dépersonnalise. Il est donc nécessaire de mesurer l’importance du toucher relationnel au quotidien, non seulement au cours d’un soin, mais aussi dans une prise en charge thérapeutique spécifique, notamment pour toutes ces personnes qui arrivent au terme de leur vie avec un corps parfois extrêmement abîmé par la maladie. Ce temps accordé n’est pas une perte de temps, mais un gain pour la relation entre le soignant et le soigné. Ce temps redonne un peu de dignité et d’humanité.

Les unités de soins palliatifs ont développé leur spécificité autour de cette prise en charge holistique. Lorsque les personnes arrivent dans ces unités après des mois passés dans les services hospitaliers traditionnels, leur corps est souvent si fatigué et si abîmé qu’elles n’étaient touchées que lors des soins planifiés (toilette, perfusion). Or, être touché sans prétexte, sans motif thérapeutique, revêt une grande valeur pour tout malade.

Sentir dans le contact, voir dans le regard de l’autre que l’on est encore vivant et digne d’être touché, regardé, est une aide précieuse pour « se dire » ou pour exprimer ses craintes ou ses angoisses à l’approche de la mort.

Le toucher relationnel contribue à soulager la douleur non seulement physique, mais morale, et crée une relation privilégiée et un climat favorable à l’expression du vécu de la personne hospitalisée.

Sans le toucher, la relation de soin ne pourrait exister. Chaque soignant devrait chaque jour s’interroger sur sa façon de toucher l’autre. Ne plus se cacher derrière un acte technique, dépasser le savoir-faire pour le savoir-être. Être dans une relation pour permettre au malade d’être et non de subir. C’est parfois difficile, mais tellement riche. On y gagne en humanité et en sagesse…

Par Carine Blanchon Infirmière diplômée d’État Foyer d’accueil médicalisé Myosotis 7, rue de l’Ermitage, 91410 Dourdan

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Source : https://www.elsevier.com/fr-fr/connect/ifsiinfirmier/le-toucher-une-approche-relationnelle

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    Pourquoi le sens du toucher est si important - Vidéo 4:24 (en anglo-américain avec sous-titrage en français) - 06 août 2020
    La crise du Covid-19 en a privé la planète. Pourtant, selon la chercheuse en neurologie Helena Wasling, le sens du toucher est essentiel à l’épanouissement humain. Voilà pourquoi.

L’importance du contact physique

Le toucher est essentiel à l’épanouissement social et physique, et a des effets sur notre santé. Les explications de la chercheuse en neurologie Helena Wasling.

Le toucher physique est le premier sens que nous développons dans l’utérus. Il diminue le risque de tomber malade, il fait baisser la pression artérielle et le rythme cardiaque, et il atténue la douleur et le stress. Pendant le confinement toutefois, de nombreuses personnes ont été privées de contact physique, et en ont souffert.

Un signal qui atteint le cerveau

« Lorsque vous touchez une surface, des signaux électriques très, très faibles sont générés. Ils se déplacent jusqu’à votre moelle épinière, jusqu’à votre tronc cérébral, et jusqu’à la partie opposée de votre tête. Lorsque le signal atteint le cerveau, vous avez l’impression de toucher quelque chose. Si ce signal n’atteint jamais cette partie, alors vous avez l’impression d’être complètement engourdi », explique la chercheuse et conférencière en neurologie Helena Wasling.

Le toucher ne concerne pas seulement les étreintes et les caresses ou des choses de ce genre. Helena Wasling évoque les salutations comme la bise ou la poignée de main, mais aussi le fait de toucher l’épaule de quelqu’un quand on lui parle, par exemple. « C’est un type de toucher qui a des conséquences pour nous, socialement. Des conséquences importantes que nous avons vues dans la recherche », affirme la chercheuse en neurologie.

Les enfants abandonnés de la dictature de Ceaușescu privés de contact physique

Ces conséquences ont en effet été démontrées par la science, notamment après la chute du régime dictatorial communiste de Nicolae Ceaușescu, en Roumanie. Afin d’augmenter la main-d’œuvre, en 1966, le dictateur interdit l’IVG et toute contraception. Les femmes sont alors contraintes d’avoir des enfants, et les examens gynécologiques deviennent obligatoires sur le lieu de travail. Les femmes enceintes sont surveillées par la police d’État jusqu’à l’accouchement.

Entre 1966 et 1967, le taux de natalité de la Roumanie a ainsi presque doublé. Néanmoins, au moins 170.000 enfants ne sont pas désirés et sont abandonnés dans des orphelinats. Lorsque le régime de Nicolae Ceaușescu tombe en 1989, ces orphelinats sont révélés au grand jour, et les enfants, privés de contact physique depuis la naissance, sont retrouvés en grande détresse.

« Les personnes qui ressentent l’isolement sont aussi sujettes à une mauvaise santé que celles qui fument 40 cigarettes par jour »

« Lorsque vous avez de moins en moins de contact, vous avez l’impression d’être de moins en moins connecté au monde extérieur. Et lorsque nous commençons à perdre le contact avec le monde extérieur, c’est là que nous éprouvons réellement le sentiment d’être isolés », analyse Helena Wasling. Elle poursuit : « Il a été démontré que les personnes qui ressentent réellement l’isolement et la solitude sont aussi sujettes à une mauvaise santé que les personnes qui fument 40 cigarettes par jour ou qui sont en surpoids. »

Une conséquence qui se remarque également sur les bébés nés prématurément. « Les bébés sortis des couveuses qui sont mis en contact peau à peau avec leurs parents ont un meilleur système immunitaire, assure Helena Wasling. Ils ont une meilleure façon de gérer la douleur si vous devez leur faire une prise de sang ou autre. Vous verrez aussi qu’ils augmentent leur prise de poids plus rapidement et que leur développement neuronal va plus vite. »

Selon la chercheuse, le toucher est une sorte de ciment social. « Vous ressentirez une plus grande confiance envers la relation ou envers les personnes que vous avez touchées. Et les personnes qui sont touchées ressentent également une plus grande confiance en vous. »

Source : https://www.dailymotion.com/video/x7vfy83

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    Pourquoi le contact physique est-il si important ? - 19 novembre 2018 -Par Elena Bizzotto– Document ‘santemagazine.fr’
    Se tenir par la main, se faire des câlins ou des massages, se serrer dans les bras… tous ces gestes ont un effet certain sur l’organisme et permettent au corps de se détendre. De nombreuses études soulignent l’importance du contact physique dans le développement, les relations et la lutte contre les maladies.

Pourquoi le contact physique est-il si important ?

Photo - © iStock

Dans les aéroports, les gares, lieux de contact physique, les retrouvailles entre amis, couples ou familles sont marquées par des bisous, des câlins et des embrassades. Aujourd’hui, la chercheuse Tiffany Field, de l’université de Miami, remarque cependant que ’tout le monde est sur son téléphone’. Ce changement est-il néfaste ?

Du moment où nous sommes dans le ventre de notre mère jusqu’à la vieillesse, le toucher joue un rôle primordial dans notre développement et notre bien-être physique et mental. De nouvelles études continuent de montrer l’importance du contact physique dans le développement précoce, la communication, les relations personnelles et la lutte contre la maladie. Bien que les avantages thérapeutiques soient devenus de plus en plus évidents, Tiffany Field estime que nous nous touchons de moins en moins, explique-t-elle au Greater Good Magazine.

Calmer le corps et apaiser l’esprit

D’après les travaux de cette chercheuse, les massages aident à diminuer le taux de cortisol, l’hormone du stress, et à augmenter les cellules du système immunitaire. Les enfants et les adolescents qui bénéficient d’un contact physique régulier avec leurs parents seraient moins agressifs, verbalement et physiquement. ’Je pense que les parents doivent faire un effort particulier pour donner le plus de contact possible’, souligne la scientifique.

Se tenir la main, s’étreindre, se câliner… tout est bon. Et plus la pression est forte (sans se casser une côte pour autant), plus les bénéfices sont présents. Avoir envie de serrer fort dans ses bras une personne qu’on aime a un effet réel sur sa santé : son rythme cardiaque et sa tension artérielle diminuent, le stress chute et le corps est plus détendu. Un·e partenaire n’est d’ailleurs pas indispensable au contact physique. Le yoga est considéré comme une forme d’automassage par Tiffany Field. Alors, n’hésitez plus à prendre vos proches dans les bras, et à vous faire du bien grâce aux massages : c’est bon pour le moral et pour la santé !

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Source : https://www.santemagazine.fr/medecines-alternatives/therapies-manuelles/pourquoi-le-contact-physique-est-il-si-important-335033

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    Pourquoi le toucher est-il un sens vital ? Document ‘caminteresse.fr’- Par l’équipe de ‘Ça m’intéresse’ - Photo © Pixabay
    Equipée d’un système nerveux complexe, la peau est notre premier outil de connaissance et d’exploration du monde. Ses capteurs sensoriels spécifiques permettent à notre corps de penser bien avant notre tête. Démonstration.

Une tape sur l’épaule pour se donner du courage, des embrassades à chaque but… Sur les terrains de sport, les joueurs passent leur temps à se toucher. Une étude de l’Université de Californie à Berkeley sur le championnat de basket-ball a établi un lien entre le nombre de contacts physiques et les performances des équipes : les meilleures sont celles dont les membres se touchent le plus. Se toucher déclencherait la production d’ocytocine, qui contribue à créer la sensation de confiance, et réduirait le cortisol, responsable du stress.

Un traitement de l’information sensorielle à deux vitesses

Notre peau est constituée de trois couches successives où s’activent 800 000 récepteurs afin de nous fournir des informations sur notre environnement. Des recherches ont mis en évidence un double circuit du toucher dans notre corps : l’un rapide et l’autre plus lent. Le premier est activé par les fibres nerveuses A-bêta, spécialisées pour la détection et l’identification des stimuli extérieurs. Elles transmettent des signaux électriques àla vitesse d’un TGV (20 à 80 mètres par seconde), jusqu’à la moelle épinière puis aux centres cérébraux où ils sont ensuite analysés. Cela nous permet de réagir quand une araignée grimpe sur notre bras, par exemple. Parallèlement s’active un autre circuit, câblé avec une autre famille de capteurs, les fibres C, qui transmettent les informations plus lentement (0,5 à 2 mètres par seconde).

Certaines sont spécialisées dansla douleur, d’autres dans les démangeaisons ou dans le plaisir. Ces dernières, baptisées « nerfs CT » (C-tactiles), intéressent beaucoup les chercheurs. Enroulées autour des follicules pileux, elles sont activées quand le poil est dévié de sa position naturelle. « Dans le cerveau, elles sont reliées au cortex insulaire, qui joue un rôle central dans le système limbique et le contrôle des émotions », précise le neurologue et spécialiste du toucher Francis McGlone, de l’université de Liverpool (Angleterre). « Le “système rapide” nous dit que nous sommes touché, et le “système lent” ajoute l’émotion qui y est associée – la douleur si vous vous êtes brûlé, le plaisir si c’est un toucher agréable. »

Nos doigts sont munis de capteurs qui en font de vraies calculettes

En matière de toucher, on distingue les zones de peau poilue et de peau glabre (lèvres, paume des mains, plante des pieds). Sur celles dépourvues de poils, les fibres A sont très concentrées. Cela fait de notre main un bijou de technologie. Une équipe de l’université de Stockholm (Suède) a montré qu’en passant notre index sur une surface nous sommes capables de détecter la présence de plis hauts de 13 nanomètres : si notre doigt faisait la taille de la Terre, nous serions sensibles à la différence entre les maisons et les voitures ! Plus fort encore : les Suédois ont montré que les neurones sensoriels qui truffent la pulpe du bout de nos doigts – les cellules de Merkel et les corpuscules de Meissner – mesurent l’orientation et la forme géométrique des objets que l’on touche avant de transmettre au cerveau ces informations complexes.

Auparavant, on pensait que les calculs étaient effectués par le cortex cérébral. Le réflexe d’agrippement des bébés – qui tiennent fermement les doigts de leurs parents ou un objet – a été étudié par Michèle Molina, professeure de psychologie du développement à l’université de Caen (Calvados). « Nous avons proposé à des nouveau-nés de tenir des objets mous lisses ou texturés, reliés à des capteurs de pression. Sur les objets lisses, les capteurs enregistraient beaucoup de points d’appuis de faible amplitude, alors que sur les objets texturés les appuis étaient moindres mais de plus forte amplitude. » Sur une surface lisse, la petite main effectue un balayage rapide, alors que sur une surface texturée la main concentre son attention sur un point d’irrégularité et appuie plus fort. « Dèsla naissance, nous utilisons notre main comme un objet d’exploration », conclut Michèle Molina.

Sur la peau poilue, les ­fibres CT – qui « éveillent » le plaisir – sont, elles, concentrées sur les avant-bras, le tronc et les cuisses. « La réponse émotionnelle dépend évidemment du contexte – qui vous touche et dans quelles circonstances », précise le Pr McGlone. Son équipe a mesuré l’activité électrique des fibres CT sur des sujets effleurés sur l’avant-bras par des robots à des vitesses variant de 0,5 à 5 cm par seconde, puis à 50 cm par seconde. Résultat : ces ­fibres « caresses » s’enflamment quand la peau est touchée avec une force moyenne et à une vitesse située entre 3 et 5 cm par seconde. Nous aurions ainsi un maximum de plaisir à cette vitesse. En plus de l’ocytocine, le toucher émotionnel favoriserait la sécrétion d’endorphines – des hormones aux effets euphorisants et antalgiques. Le toucher agréable nous pousserait ainsi à développer des relations de confiance.

Les bienfaits de ces fibres CT vont bien au-delà du plaisir. Elles joueraient un rôle dans notre conscience du corps. « Les travaux du psychologue Harry Harlow ont montré, dans les années 1950, que la privation de contacts physiques chez des bébés singes entraînait des comportements autistiques et une absence totale d’interactions sociales », indique Hakan Olausson, de l’université de Göteborg (Suède), qui a montré que le toucher doux et lent chez les nouveau-nés stimulait leurs fibres CT.

Un contact doux stimule le bon développement du cerveau social

« Nous pensons qu’il joue un rôle clé dans la relation mère-enfant et le bon développement du “cerveau social” du bébé. » L’activation de ces fibres CT commencerait dèsla gestation. Selon le professeur McGlone, les mouvements du liquide amniotique sur le lanugo – duvet qui recouvre les bébés – stimuleraient la maturation du cerveau, et plus particulièrement les aires du cerveau social, le cortex insulaire. « Un mauvais développement du système CT pourrait entraîner destroubles autistiques et des comportements anorexiques, avance Francis McGlone. Dans les deux cas, la conscience de soi et de son corps est perturbée.

C’est ce qui explique que certaines personnes, sans pathologie clinique, n’aiment pas être touchées. Les travaux du psychologue Simon Baron-Cohen le montrent : nous nous situons tous quelque part, à des degrés divers, le long d’un continuum sur le spectre de l’autisme. » De nombreuses études ont montré que recevoir des caresses dès le plus jeune âge est essentiel dans les processus de mémorisation, de réduction du stress et de l’agressivité. Vital pour les bébés, le toucher émotionnel l’est aussi tout au long de l’existence.

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