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"Données géographiques et linguistiques sur les Pays arabes et découverte de la civilisation islamique et du monde musulman " par Jacques Hallard

dimanche 5 mai 2019, par Hallard Jacques


ISIAS Monde arabe et Islam

Données géographiques et linguistiques sur les Pays arabes et découverte de la civilisation islamique et du monde musulman

Jacques HALLARD, Ing. CNAM – Site ISIAS – 05/05/2019

Série « Divers aspects du monde arabe et de l‘islam »

Le croissant et l’étoile verts, symboles politiques de l’islam.

Avant-propos - Le mot « islam » avec une minuscule désigne la religion dont le prophète est Mahomet. Le terme d’« Islam » avec une majuscule20 désigne la civilisation islamique dans son ensemble21, « un ensemble de traits matériels, culturels et sociaux durables et identifiables »22. Il désigne, au-delà de la religion proprement dite avec sa foi et son culte, une puissance politique et un mouvement de civilisation généralnote 7.

PLAN : Introduction Sommaire Auteur


Introduction

Cette première partie d’une série intitulée « Divers aspects du monde arabe et de l‘islam », est composée de treize rubriques à usage didactique qui sont répertoriées dans le sommaire ci-dessous.

Le sujet a déjà été esquissé à travers des sources musicales de la tradition arabo-andalouse et d’autres qui ont leur origine dans les pays du Maghreb jusqu’au Moyen-Orient, aussi bien dans les cultures et traditions musulmanes que juives. Voir ’Quelques aspects des mouvements so
ciaux de rue dans le monde et de la pensée contemporaine chez certains intellectuels en France, et autres apports interreligieux, philosophiques et musicaux’ par Jacques Hallard, mardi 2 avril 2019.

Les documents choisis, écrits et/ou sonores, traitent dans un premier temps du monde arabe, des langues et cultures dans les pays arabes, de l’origine et de l’histoire de l’islam et de la répartition des musulmans à travers le monde.

Puis sont abordées ensuite des questions plus actuelles comme les rapports entre l’Islam et les Lumières, mais aussi « l’éternelle équation entre la foi et la raison ». Cette première partie de la série se termine par plusieurs documents qui explorent la symbolique de la Main de Fatma ou Khamsa dans les diverses cultures traditionnelles d’Afrique du Nord (berbère, arabe et juive)

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Sommaire

1. Le monde arabe constitue une des grandes civilisations de notre planète

2. L’Institut du monde arabe (IMA) à PARIS par Wikipédia

3. Langue et Culture dans les pays arabes – Document Langue et Culture arabes

4. Les pays du monde arabe sont généralement regroupés par les géographes en cinq espaces régionaux selon Wikipédia

5. Liste des pays ayant l’arabe pour langue officielle

6. Institution de la Ligue des États arabes

7. A la découverte de l’Islam avec Wikipédia

8. La religion musulmane et les Musulmans dans le monde – Données Wikipédia et autres

9. Les Lumières et l’Islam – Enregistrement de 56 minutes 06/05/2018 – Dans le cadre des émissions de France Culture

9bis. La Fondation Malek Chebel restaure « l’Islam des Lumières » le temps d’une rencontre

9Ter. S’opposer aux préjugés sur les musulmans avec des faits

10. De l’art de concilier foi et raison en islam – Enregistrement de 1h01 - 28/04/2019 - Dans le cadre des émissions de France Culture

11. La symbolique de la Main de Fatma ou Khamsa dans les cultures traditionnelles d’Afrique du Nord (berbères, arabes et juives)

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1.
Le monde arabe constitue l’une des grandes civilisations de notre planète.

Grâce à l’Institut du monde arabe à Paris, le public connait mieux la culture arabe. Et vous ?

Les 22 pays représentés à l’IMA, l’Institut du monde arabe à Paris, sont l’Algérie, l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, les Comores, Djibouti, l’Égypte (le pays arabe le plus peuplé), les Émirats arabes unis, l’Irak, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Libye, le Maroc, la Mauritanie, le Sultanat d’Oman, la Palestine, le Qatar, la Somalie, le Soudan, la Syrie, la Tunisie et le Yémen.

Membres de la Ligue arabe, ils ont l’arabe comme langue officielle. Leur population est en majorité musulmane et de langue arabe, mais d’autres langues et religions plus anciennes sont restées vivantes au sein de cet ensemble.

Au centre du Vieux monde

Entre Europe, Asie et Afrique, le monde arabe a joué un rôle essentiel dans la circulation des hommes, des idées et des produits. La civilisation arabo-musulmane, avec ses capitales Damas, Bagdad, Le Caire, Kairouan, Fès, a brillé dans des domaines divers : architecture, médecine, sciences, littérature orale et écrite, musique, calligraphie, mais aussi gastronomie et art de vivre. 

La France a eu et a toujours des relations fortes avec le monde arabe : citons surtout la douloureuse colonisation française en Afrique du Nord, la forte immigration d’Afrique du Nord en France, et les très importants échanges commerciaux et culturels actuels.
En 2012, 9 pays arabes sont membres de la Francophonie.

Source : http://parlons-francais.tv5monde.com/webdocumentaires-pour-apprendre-le-francais/Memos/Culture/p-453-lg0-Les-pays-du-monde-arabe.htm

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2.
L’Institut du monde arabe (IMA) à PARIS par Wikipédia

L’Institut du monde arabe (IMA) est un institut culturel parisien consacré au monde arabe. Il est situé au cœur du Paris historique, dans le 5e arrondissement, sur la place Mohammed-V, entre le quai Saint-Bernard et le campus de Jussieu.

L’édifice a été conçu par un collectif d’architectes (Jean Nouvel et Architecture-Studio3) qui a tenté là une synthèse entre culture arabe et culture occidentale. La construction de ce bâtiment, bien qu’étant inscrite dans la politique de grands travaux voulus par François Mitterrand, a été décidée sous le septennat de Valéry Giscard d’Estaing en vue d’améliorer les relations diplomatiques entre la France et les pays arabes. L’IMA a été inauguré le 30 novembre 1987 par le président Mitterrand4. L’Institut est membre du Forum des instituts culturels étrangers à Paris et d’Échanges et productions radiophoniques (EPRA). Il est parfois surnommé le « Beaubourg arabe », en référence au centre Beaubourg5. En 2016, il a ouvert une antenne à Tourcoing6.

Sommaire

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3.
Langue et Culture dans les pays arabes – Document officiel Langue et Culture arabes - Retrouvez dans cette rubrique toutes les informations, historiques, géographiques et culturelles concernant les pays arabes, aussi bien en français qu’en arabe.

À la une : Ligue des Etats arabes - جامعة الدول العربية

La Ligue arabe est une organisation régionale à statut d’observateur auprès de l’Organisation des Nations Unies.


Les articles

  • Les Constitutions arabes
    Le présent ouvrage propose un état des lieux et une réflexion sur les évolutions (ou les non-évolutions) de chacun des 22 États membres de la Ligue arabe. Au rappel des principales dispositions constitutionnelles s’ajoutent une présentation du cadre politique, une analyse de la pratique institutionnelle et un bilan des avancées ou des blocages que l’on peut constater, voire, dans certains pays, des situations de crise conduisant à bafouer l’État de droit ou à le caricaturer.
  • Algérie - الجزائر
    L’Algérie, en arabe الجمهورية الجزائرية الديمقراطية الشعبية, est un État arabe d’Afrique du Nord qui fait partie du Maghreb.
  • Arabie saoudite - السعودية
    Le Royaume d’Arabie saoudite, en arabe المملكة العربية السعودية, est le plus grand des pays de la péninsule arabique.
  • Bahreïn - البحرين
    Bahreïn, en arabe البحرين, littéralement « les deux mers », est un pays situé sur un archipel du golfe Persique au Moyen-Orient.
  • Comores - جزر القُمُر
    Comores, en arabe جزر القُمُر, est un pays d’Afrique situé dans l’océan Indien et occupant une partie de l’archipel des Comores.
  • Djibouti - جيبوتي
    Djibouti ou la République de Djibouti, en arabe جمهورية جيبوتي, est un pays d’Afrique de l’Est, situé au bord de la mer Rouge.
  • Égypte - مصر
    L’Égypte, en arabe مصر, est un pays d’Afrique du nord-est situé sur la côte orientale de la Méditerranée : le bassin Levantin.
  • Irak - العراق
    L’Irak, en forme longue la République d’Irak, en arabe العراق et جمهورية العراق, est un pays arabe du Moyen-Orient.

2019 - Site national de Langue et Culture arabes - Directrice de la publication : Mme Sophie Tardy, IGEN - Responsable éditoriale : Mme Frédérique Foda, IA-IPR
Webmestre : M. Mohammad Bakri, Enseignant

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Source : http://www.langue-arabe.fr/pays-arabes

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4.
Les pays du monde arabe sont généralement regroupés par les géographes en cinq espaces régionaux selon Wikipédia :

  • Grand Maghreb : Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie et Libye ;
  • Vallée du Nil : Égypte et Soudan ;
  • Corne de l’Afrique : Djibouti, Somalie ;
  • Croissant fertile : Palestine, Liban, Jordanie, Syrie et Irak ;
    Monde arabe

L’expression de monde arabe (arabe : العالم العربي, al-ʿālam al-ʿarabī ou الوطن العربي al-wațan al-ʿarabī) désigne un ensemble de pays couvrant l’Arabie (Péninsule arabique), l’Afrique du Nord et le Proche-Orient, ayant en commun la langue arabe et une culture arabe. Bien qu’assez largement utilisé, ce terme ne renvoie pas à une liste définie de pays, et à la différence de la Ligue arabe par exemple, elle n’est pas une entité politique formelle. On peut néanmoins considérer plusieurs critères1 pour rattacher un État au monde arabe : l’importance de la langue arabe, sa localisation (critère géographique) ou enfin l’appartenance à la Ligue arabe (critère politique).

Critère linguistique

Carte - Extension géographique de la langue arabe contemporaine :

  •  Comme seule langue officielle (vert),
  •  Comme langue co-officielle majoritaire2 (bleu foncé),
  •  Comme langue co-officielle minoritaire3 (bleu-ciel).
    Le monde arabe englobe les pays ayant comme langue officielle (ou co-officielle) la langue arabe.

Selon ce critère, le monde arabe correspond globalement à vingt-trois États, de la république islamique de Mauritanie à l’ouest, au sultanat d’Oman à l’est dont l’Arabe porte également le statut de langue officielle. La diffusion de la langue arabe est due en majeure partie à l’expansion de l’islam à partir de l’Arabie au VIIe siècle.

Toutefois, la linguistique distingue différents registres de la langue arabe. La diglossie oppose langue littéraire et langues vernaculaires. Il existe des langues vernaculaires orales, différentes l’une de l’autre dans chaque région, et influencées par l’arabe standard sont appelées arabe dialectal, les substrats, superstrats et emprunts différant selon les régions. Ces langues vernaculaires sont utilisées majoritairement au quotidien par les arabophones.

Critère géographique

Les pays du monde arabe sont généralement regroupés par les géographes en cinq espaces régionaux4 :

Article détaillé : Ligue arabe.

Liste des membres de la ligue arabe :



  • Drapeau de l’Algérie Algérie (الجزائر al-Jazāʾir)

  • Drapeau de Bahreïn Bahreïn (البحرين al-Barayn)

  • Drapeau des Comores Comores (جزر القمر Juzur al-Qamar)

  • Drapeau de Djibouti Djibouti (جيبوتي Djībūtī )

  • Drapeau de l’Égypte Égypte (مصر Mir)

  • Drapeau de l’Irak Iraq (العراق al-ʿIrāq)

  • Drapeau de la Jordanie Jordanie (الأردن al-ʾUrdun)

  • Drapeau du Koweït Koweït (الكويت al-Kuwayt)

  • Drapeau du Liban Liban (لبنان Lubnān)

  • Drapeau de la Libye Libye (ليبيا Lībyā)

  • Drapeau de la Mauritanie Mauritanie (موريتانيا Mōrītānyā)

  • Drapeau du Maroc Maroc (المغرب al-Maġrib)

  • Drapeau d’Oman Oman (عمان ʿUmān)

  • Drapeau de la Palestine Palestine (فلسطين Falastyn)

  • Drapeau du Qatar Qatar (قطر Qaar)

  • Drapeau de l’Arabie saoudite Arabie saoudite (المملكة العربية السعودية al-Mamlakah al-ʿArabiyyah as-Saʿūdiyyah)

  • Drapeau de la Somalie Somalie (الصومال a-ūmāl)

  • Drapeau du Soudan Soudan (السودان as-Sūdān)

  • Drapeau de la Syrie Syrie (سوريا Sūryā)

  • Drapeau de la Tunisie Tunisie (تونس Tūnis)

  • Drapeau des Émirats arabes unis Émirats arabes unis (الإمارات العربيّة المتّحدة al-ʾImārāt al-ʿArabiyyah al-Muttaidah)

  • Drapeau du Yémen Yémen (اليمن al-Yaman)

  • Carte des pays de la Ligue arabe

    Vingt-deux pays arabes, rassemblant 20 % des musulmans[réf. souhaitée] sont représentés au sein de la Ligue arabe, Un organisme politique dont le siège est au Caire5.

    La simultanéité des révoltes du « Printemps arabe » peuvent s’expliquer par les régimes politiques du monde arabe : monarchies (Maroc, Jordanie, plusieurs États de la péninsule arabique) ou républiques (dont deux en Syrie et en Libye ont un régime à parti unique) sont caractérisées par une opposition muselée et une forte répression, une économie dans les mains de clans restreints proches du pouvoir, une corruption élevée (voir carte du monde de l’indice de perception de la corruption), une jeunesse nombreuse (les moins de quinze ans représentent le quart de la population totale), éduquée et diplômée (taux d’alphabétisation supérieur à 80 % dans certains pays) mais fortement touchée par le chômage de longue durée (taux de chômage moyen de 23 % pour les 15-25 ans) car le monde du travail est fermé. Cette jeunesse du monde arabe, demandeuse de libertés car ayant le sentiment d’être méprisée par les élites politiques ou économiques, a en commun dans tous les pays de retrouver sa dignité lors des révoltes en 20116.

    De plus, au niveau politique, la notion de « monde arabe » est fortement contestée par les nationalistes arabes qui lui préfèrent le terme de « nation arabe ». Selon eux, ce terme exprimerait l’idée que les Arabes forment une nation unie contrairement terme de « monde arabe ». Ainsi l’intellectuel palestinien, Naji Alloush explique que « le terme de « nation arabe » signifie que la nation est une et que l’unité arabe est inéluctablement en devenir. En revanche, l’expression « monde arabe » est un terme colonial d’origine britannique. Il sous-entend que la nation arabe peut-être sujette à l’unité comme à la division. Il signifie également que cette nation arabe est plus proche et davantage prédisposée à la division »7. Né à la fin du XIXe siècle, le nationalisme arabe tend à s’amoindrir.

    Difficultés de définition

    Dans trois pays membres de la Ligue arabe, Somalie, Djibouti et Comores, la langue arabe est très peu utilisée au quotidien et les seules populations qui se déclarent « arabes » dans ces trois pays vivent dans les grandes villes et sont principalement commerçantes. Des pays non membres de la Ligue arabe possèdent des régions où la population est majoritairement arabophone comme au Tchad, au Niger, au Mali ou en Iran[réf. nécessaire]. D’autres pays ont depuis des siècles des communautés arabophones en zone rurale comme le Sénégal, le Soudan du Sud et le Cameroun, ou en villes Érythrée, Éthiopie, République centrafricaine, Kenya, Tanzanie.

    Démographie

    En 2014, la population totale du monde arabe est d’environ 378 millions d’habitants (voir Ligue arabe#Tableau comparatif). Le pays arabe le plus peuplé est l’Égypte avec 95 millions d’habitants. Classement des dix plus grandes villes du monde arabe – Voir les détails à la source

    Mouvements de population

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    Minorités ethniques

    Dans plusieurs pays arabes vivent des minorités ethniques et religieuses. Les communautés non arabes sont largement arabisées, mais continuent de revendiquer leur spécificité et leur identité. Parmi elles, on compte les Berbères au Maghreb, les Kurdes et les Arméniens au Machrek8, ainsi que les Doms. La cohabitation avec la majorité arabe est globalement pacifique. Mais le triomphe des régimes nationalistes après les indépendances et la construction des nations arabes modernes ont conduit à des conflits internes dans certains pays9.

    Au Maghreb, les berbérophones sont estimés aujourd’hui à plus de 30 % de la population du Maroc (Chleuhs, Amazighes et Rifains) et à plus de 20 % de la population de l’Algérie (principalement, Kabyles et Chaouis)8.

    En Algérie, à la suite des revendications berbères, un Haut Commissariat à l’Amazighité existe depuis 1995. Le tamazight est une langue nationale depuis 2002 et officielle depuis 2016. Au Maroc, il est une langue officielle depuis 20118. En Algérie, il n’existe pas de formation formée autour des communautés berbères, les partis dit « kabyle » comme le RCD et FFS, militent parfois pour les revendications berbères, mais ne sont pas des partis communautaires. Toutefois, les revendications sont accompagnées du refus de l’arabisme et l’islamisme9. Les Touaregs qui font partie de l’ensemble linguistique berbère, sont présents au Sud de deux États : l’Algérie et la Libye ; en plus des États voisins, du Sahel où ils sont à l’origine de nombreuses rébellions10.

    Au Moyen-Orient, les Kurdes vivent dans deux pays arabes : l’Irak et la Syrie. Les communautés de ces deux pays sont souvent scolarisées en langue arabe qui constitue leur langue de travail et de culture, même s’ils préservent la langue et les traditions ethniques11. L’Irak est confronté à un conflit ethnique qui oppose les Arabes aux Kurdes qui représentent six millions de personnes concentrés dans le Kurdistan irakien. Les Kurdes ont vécu une campagne de répression et d’extermination sous la présidence de Saddam Hussein9. Ils parviennent à établir une zone autonome dans le Nord de l’Irak à la suite de la guerre du Golfe12. La Constitution irakienne de 2005 reconnait une large autonomie au Kurdistan irakien et un kurde, Jalal Talabani est même élu président de la République12.

    Les pays du Machrek abritent également une forte communauté arménienne formée majoritairement de chrétiens orthodoxes qui se sont installés dans la région après le génocide de 1915 principalement à Alep en Syrie, Beyrouth au Liban et Alexandrie en Égypte11. Ils s’intègrent pacifiquement, tout en préservant leur langue et leur culture. Toutefois, dans les années 1970, beaucoup d’Arméniens de Syrie et de Liban émigrent en Europe et en Amérique du Nord11.

    Les Doms du monde arabe (péjorativement appelés « Nawar » en arabe) vivent majoritairement en Égypte, mais aussi en Jordanie, dans les territoires palestiniens (et en Israël), au Liban, en Syrie.

    Religions

    Photo - La Grande Mosquée de Kairouan est parmi les plus importants édifices religieux du monde arabe, elle est située à Kairouan en Tunisie.

    Jusqu’au VIIe siècle l’Arabie était majoritairement polythéiste, avec des minorités monothéistes juives et chrétiennes ; l’expansion de l’islam dès le VIIe siècle opèrent des changements majeurs dans la région. Dans les territoires conquis par les Arabes musulmans, l’islam tend à devenir une religion majoritaire, avec des décalages dans le temps considérables, toutefois, d’une région à l’autre. Ainsi, dans un pays arabe multiconfessionnel comme le Liban, les chrétiens étaient encore majoritaires en 1932, date du dernier recensement officiel13. Il faut se garder de confondre arabité et islam : aujourd’hui encore le monde arabe compte des chrétiens arabes et des juifs arabes.

    Sources

    Bibliographie

    • Pierre Bonte, et alii, Emirs et présidents. Figures de la parenté et du politique dans le monde arabe, CNRS, 2001
    • Mathieu Guidère, Atlas des pays arabes : Des révolutions à la démocratie ?, Autrement (Éditions), coll. « Atlas/Monde », 2012, 95 p. (ISBN 978-2-7467-3206-3)

      Document utilisé pour la rédaction de l’article

    • Mathieu Guidère, État du monde arabe, De Boeck (Éditions), coll. « Atlas/Monde », 2015, 198 p. (ISBN 978-2-8041-9113-9)
      Notes et références

    Liens externes

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    5.
    Liste des pays ayant l’arabe pour langue officielle

    Carte - Pays ayant l’arabe comme langue officielle :
    - vert : arabe seule langue officielle
    - bleu : arabe parlé par une majorité
    - bleu céleste : arabe parlé par une minorité ou pour des raisons culturelles

    L’Arabe est la langue officielle (seule ou avec d’autres) dans 25 États, à savoir dans les vingt-deux États membres de plein droit de la Ligue arabe, ainsi qu’en Érythrée (membre observateur de la Ligue arabe), en Palestine, au Tchad, mais également au Somaliland, reconnus par certains États.

    Par ailleurs, la langue officielle de Malte, le maltais, est une langue dérivée de l’arabe.

    La population totale des 25 pays ayant l’arabe pour langue officielle est de 538 millions d’habitants en 2017 (7 millions d’habitants de plus qu’en 2016, soit + 1,5 % par rapport à 2016), ce qui représente le 4ème espace linguistique au monde après ceux de l’anglais, du chinois, et de l’espagnol, d’après la Liste de langues par nombre total de locuteurs.

    L’Arabe standard moderne comme langue officielle

    La liste ci-dessous indique les États ayant l’arabe standard moderne comme langue officielle (en diglossie avec l’arabe dialectal, utilisé comme langue vernaculaire non officielle).

    Asie

    Ces entités ne sont pas reconnues comme des États indépendants par la communauté internationale :

    Il est à noter qu’outre les États ayant l’arabe comme langue officielle ou coofficielle, 5 autres États parmi les 227 listés par le Wikimedia Traffic Analysis Report 2013 présentent une proportion des pages vues allant à l’encyclopédie en langue arabe plus importante que celles de l’Érythrée (0,6 %) : il s’agit du Mali (1,2 %), du Niger (1,1 %), du Sénégal (1,0 %), de la Gambie (0,9 %) et du Liberia (0,7 %).

    Voici également le classement des principales éditions linguistiques de l’encyclopédie Wikipédia consultées en 2013 dans les pays ayant l’arabe pour langue officielle (≥ 1 %) :

    Situation en 20134
    Rang Langue % Pages vues
    1 Anglais 40 1 634 795 000
    2 Arabe 32 1 302 082 000
    3 FrançaisN 3 13 523 440 000

    Notes et références

    Notes

    • Calculé avec le nombre de pages vues sur l’ensemble des versions linguistiques, multiplié par le ratio du nombre de pages vues sur la version linguistique arabe.
    • Pourcentage des pages vues de l’ensemble des versions linguistiques allant à la version linguistique en langue arabe en 2013.
    • Ce taux important est dû à 94 % au Maroc (37 %), à l’Algérie (32 %) et à la Tunisie (24 %).
      Références

    Lien externe : Les États où l’arabe est langue officielle ou co-officielle [archive] (Université Laval)

    Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_ayant_l%27arabe_pour_langue_officielle

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    6.
    Institution de la Ligue des États arabes

    La Ligue arabe (arabe : جامعة العربية, Jāmiʻah al-ʻArabīyah), officiellement la Ligue des États arabes (arabe : جامعة الدول العربية, Jāmiʻah ad-Duwal al-ʻArabīyah), est une organisation régionale à statut d’observateur auprès de l’Organisation des Nations unies. Elle fut fondée le 22 mars 1945 au Caire par sept pays et compte aujourd’hui vingt-deux États membres. L’organisation de la Ligue arabe repose sur quatre organismes principaux : le sommet des chefs d’État, le Conseil des ministres, les comités permanents et le Secrétariat général dirigé par Ahmed Aboul Gheit depuis 2016. De plus, divers organismes ont été créés en application de traités qui complètent le pacte de 1945 et plusieurs agences spécialisées travaillent en étroite collaboration avec elle.

    Histoire

    En 1944, à la recherche d’une fédération des pays arabes, le gouvernement égyptien met en place un groupe d’étude chargé d’élaborer un projet2. Avec l’aide des Britanniques, la conférence d’Alexandrie du 25 septembre 1944 se conclut par la rédaction du Protocole d’Alexandrie, déterminant les bases de la future association3. La Ligue arabe est créée le 22 mars 1945 au Caire4. Les sept membres fondateurs de la Ligue arabe sont : l’Égypte, l’Arabie saoudite, l’Irak, la Jordanie, le Liban, la Syrie et le Yémen du Nord. L’association vise à affirmer l’unité de la « nation » arabe et l’indépendance de chacun de ses membres.

    Dès sa naissance, la ligue est divisée en deux camps aux visées politiques opposées, l’entente égypto-saoudienne favorable aux projets d’indépendance s’opposant à l’axe hachémite jordano-irakien plus enclin à une coopération avec la puissance britannique encore maîtresse de nombreux protectorats et mandats (Soudan, Palestine, Émirats, etc.). Par la suite, dans le contexte de l’anticolonialisme et de la guerre froide, une division s’opère entre États socialistes proches de l’URSS (Libye, Syrie) et États proches des États-Unis (Arabie saoudite, Émirats arabes unis)5.

    L’action de la Ligue est d’abord dirigée contre l’ingérence des puissances coloniales européennes dans la région, en l’occurrence la France et le Royaume-Uni. À partir de 1948, l’Israël est également considéré comme une entité exogène au monde arabe rendant son existence illégitime. Un grand nombre de sommets de la Ligue arabe ont été tenus à la suite d’évènements spécifiques du conflit israélo-palestinien et arabe. Les résolutions les plus importantes de l’institution concernent d’ailleurs la Palestine.

    Après la crise du canal de Suez, le royaume d’Irak fut renversé, diminuant ainsi l’influence hachémite. L’Égypte, forte de son succès, représentait alors avec la Syrie l’axe nationaliste de la Ligue arabe qui s’opposait à l’axe monarchique et pro-occidental emmené principalement par l’Arabie saoudite et la Jordanie.

    Entre 1976 et 1983, la Ligue entretenait une Force arabe de dissuasion durant la guerre du Liban qui n’eut qu’un effet modeste sur le cours du conflit.

    Le 17 septembre 1978, l’Égypte signa les accords de Camp David avec Israël. Les ministres de la Ligue arabe se réunirent en 1979 à Bagdad pour décider des sanctions diplomatiques et économiques à infliger à l’Égypte. L’Irak, contrairement à ses voisins arabes, demanda l’adoption de sanctions économiques symboliques, ne touchant pas le peuple égyptien. L’Égypte fut alors exclue de la Ligue en 1979 et le siège de l’organisation fut déplacé du Caire à Tunis. La Ligue fut alors privée de son membre le plus puissant, écarté pendant plus de 10 ans, qui fournissait une part importante du personnel. Cela entraîna une baisse de l’influence de l’organisation. Le 10 septembre 1990, 12 des 21 membres de la Ligue arabe décidèrent le retour du siège au Caire et la réintégration de l’Égypte. Malgré les protestations des neuf absents, le changement eut lieu le 31 octobre 1990. Un accord fut conclu le 26 novembre 1997 entre la France et la Ligue, accordant le statut diplomatique au Bureau de la Ligue arabe à Paris, ouvert en 1974, régissant ses privilèges et immunités sur le territoire français6.

    Cette unité politique est également mise à mal en 1990 lors de la guerre du Golfe où l’Irak envahit un autre pays membre, le Koweït.

    À cause de la prévalence de la souveraineté étatique sur l’intérêt panarabe, la Ligue n’a jamais fait ses preuves. Soixante ans après sa création, ni la question de la périodicité des sommets arabes n’a été tranchée ni celles de la procédure des votes, du caractère contraignant des décisions ou encore du recouvrement des cotisations. En 2002, après une proposition du prince d’Arabie saoudite Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud, la Ligue arabe élabore l’initiative de paix arabe, fondée sur l’idée d’une paix globale au Moyen-Orient : en échange d’une normalisation des relations entre Israël et chacun des pays de la Ligue arabe, l’État hébreu se retirerait de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et du plateau du Golan7. En 2007, au sommet de Riyad, cette proposition est relancée par une résolution nommée « réactivation de l’initiative de paix arabe ». Israël a jusqu’ici refusé de considérer cette initiative8.

    La plus grave crise connue par la ligue arabe fut le refus de celle-ci d’exécuter le mandat d’arrêt international rédigé par la Cour pénale internationale en 2009 à l’encontre du président soudanais Omar el-Béchir (en visite dans des pays de la ligue), accusé de génocide et de crimes de guerre. Pour nombre de pays occidentaux, ce fut un aveu de corruption et de non-respect des lois et libertés internationales.

    Depuis les divisions provoquées par la guerre en Syrie, la Ligue arabe est jugée une « organisation quasi moribonde »9.

    Lire la suite de l’article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligue_arabe

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    7.

    A la découverte de l’Islam avec Wikipédia

    L’islam (arabe : الإسلام ; Alʾislām, la soumission et la sujétion aux ordres de Dieu1) est une religion abrahamique s’appuyant sur le dogme du monothéisme absolu (تَوْحيد, tawhid) et prenant sa source dans le Coran, considéré comme le réceptacle de la parole de Dieu (الله, Allah) révélée à Mahomet (محمّد, Muammad), proclamé par les adhérents de l’islam comme étant le dernier prophète de Dieu2, au VIIe siècle en Arabie au sud-ouest de l’Asie3. Un adepte de l’islam est appelé un musulman ; il a des devoirs cultuels, souvent appelés les « piliers de l’islam ».

    Photo - La Kaaba, située à La Mecque en Arabie saoudite, est le centre de l’islam. Les musulmans du monde entier viennent y faire leur pèlerinage.

    En 2015, le nombre de musulmans dans le monde est estimé à 1,8 milliard, soit 24 % de la population mondiale4, ce qui fait de l’islam la deuxième religion du monde après le christianisme et devant l’hindouisme. C’est, chronologiquement parlant, le troisième grand courant monothéiste de la famille des religions abrahamiques, après le judaïsme et le christianisme, avec lesquels il possède des éléments communs.

    L’islam se répartit en différents courants, dont les principaux sont le sunnisme, qui représente 90 % des musulmans5, le chiisme et le kharidjisme.

    Les musulmans croient que Dieu est indivisible (sans fils)6 et inimaginable (sans image)7 et que l’islam est la religion naturelle au sens où elle n’a pas besoin de la foi en l’unicité divine pour constater l’existence de Dieu, cette vérité étant donnée tout entière dès le premier jour et dès le premier Homme (soit Adam)8. Ainsi, elle se présente comme un retour sur les pas d’Abraham (appelé, en arabe, Ibrahim par les musulmans) du point de vue de la croyance, le Coran le définissant comme étant l’étalon-pied, la lieue de la Kaaba, le mille d’Abraham (milla ta Ibrahim)9,10,11, c’est-à-dire une soumission exclusive à la volonté d’Allahnote 1,note 2,note 3.

    Le Coran reconnaît l’origine divine de l’ensemble des livres sacrés du judaïsme et du christianismenote 4, tout en estimant qu’ils seraient, dans leurs interprétations actuelles, le résultat d’une falsification partielle12 : le Suhuf-i-Ibrahim (les Feuillets d’Abraham), la Tawrat (le Livre de Moïse13 identifié à la Torah), le Zabur de David et Salomon (identifié au Livre des Psaumes) et l’Injil (l’Évangile de Jésus14).

    Le Coran établit l’importance de la Sunna de Mahomet qui est connue par des transmissions de ses paroles, faits et gestes, approbations (y compris silencieuses)15,note 5, récits appelés hadîths, auxquels se réfèrent la majorité des musulmans pour l’établissement de règles juridiques (fiqh) permettant la compréhension et l’accomplissement des adorations du musulman au quotidien. Les différentes branches de l’islam ne s’accordent pas sur les compilations de hadiths à retenir comme authentiques. Le Coran et les hadiths dits « recevables » sont deux des quatre sources de la loi islamique, la charia, les deux autres étant le consensus (ijma’) et l’analogie (qiyas). Il établit également le devoir d’aimer la famille de Mahomet (ahl al-bayt).

    Photo - Mihrab de la Grande Mosquée de Kairouan, celle-ci étant le plus ancien lieu de culte de l’Occident musulman. La niche est un joyau de l’art islamique au IXe siècle.

    Étymologie

    Illustration - Le croissant et l’étoile verts, symboles politiques de l’islam.

    Le mot « islam » est la translittération de l’arabe الإسلام, islām écouter, signifiant : « la soumission et la sujétion aux ordres de Dieu »1. Il s’agit d’un nom d’action (en arabe اسم فعل ism fi’l), qui désigne l’acte de se soumettre volontairement, dérivé d’un radical sémitique, s.l.m, à l’origine d’une classe de mots signifiant la concorde, la complétude, l’intégrité ou la paix16. Le nom d’agent (en arabe اسم فاعل ism fā’il) dérivé de cette racine est مُسْلِم muslim « celui qui est aminci » en vieil arabenote 6, mais « celui qui se soumet » en arabe moderne, à l’origine du mot français musulman[réf. nécessaire].

    On trouve, particulièrement dans les anciens romans de chevalerie, les termes « mahométisme » (anciennement « mahométanisme »17) et « mahométan », qui sont tombés en désuétude depuis plus d’un siècle[réf. nécessaire]. Ces termes dérivent tous deux du nom françisé « Mahomet ». La religion musulmane a, par la suite, été désignée en français par le mot « islamisme » (comme « judaïsme », « christianisme », « bouddhisme », « animisme », etc). Ce terme est de création française et son usage est attesté en français depuis le XVIIIe siècle, Voltaire l’utilisant à la place de « mahométisme » pour signifier « religion des musulmans ». Au XXe siècle, le mot « islamisme », remplacé par celui d’« islam » dans cette ancienne acception, a changé de sens et s’est spécialisé pour désigner l’utilisation politique de l’islam18, l’islamisme devenant alors une doctrine politique qui vise à l’expansion de l’islam19. Les termes « islam » et « musulman » ne sont employés couramment en français que depuis le XXe siècle17.

    Le mot « islam » avec une minuscule désigne la religion dont le prophète est Mahomet. Le terme d’« Islam » avec une majuscule20 désigne la civilisation islamique dans son ensemble21, « un ensemble de traits matériels, culturels et sociaux durables et identifiables »22. Il désigne, au-delà de la religion proprement dite avec sa foi et son culte, une puissance politique et un mouvement de civilisation généralnote 7.

    Le mot « Musulman » (avec une majuscule) désignait au sein de l’ex-Yougoslavie une des communautés nationales (nationalité distincte depuis 1974) et la désigne encore dans certains des États qui en sont issus23. Au temps du Troisième Reich, dans les camps de concentration, le mot « musulman » ou « muselmann » est utilisé pour désigner « les faibles, les inadaptés, ceux qui étaient voués à la sélection »24,25,26.

    Histoire

    Articles détaillés : Histoire de l’islam, Origines de l’islam, Genèse de l’islam et Expansion de l’islam

    L’islam est apparu en Arabie au VIIe siècle sous l’impulsion de Mahomet. Un siècle après sa mort, un empire islamique s’est étendu depuis l’océan Atlantique à l’ouest jusqu’à l’Asie centrale à l’est. Celui-ci n’est pas resté unifié longtemps ; la nouvelle religion a connue dès 656 un premier schisme (première fitna) et plus tard (683-685) un deuxième schisme (deuxième fitna)[réf. nécessaire]. Cette période voit se mettre en place la religion islamique, ses dogmes et ses rites. William Montgomery Watt écrit « on estime en général que le dogme ne s’est développé qu’à partir du califat de ʿAlī »27, quatrième calife dans la seconde moitié du viie siècle. Pour Sabrina Mervin, « l’adoption de l’ach’arisme [xe-xie siècles] acheva la construction de l’orthodoxie sunnite »28. De même, l’apparition du nom de Mahomet à la fin du VIIe siècle est considéré par Frédéric Imbert comme une évolution dans l’expression de la foi29. Cette période est aussi celle de la rédaction du Coran, qui, pour François Déroche, n’est pas stabilisé avant le VIIIe siècle30,note 8.

    Carte - Territoire sacralisé par les musulmans qui se mettent en état d’irham. Au moment de sa mort en 632, Mahomet avait réussi à réunir toute la péninsule Arabique.

    Après l’éclatement politique du premier califat, il y eut des dynasties rivales réclamant le califat, ou la conduite du monde musulman, et beaucoup d’empires islamiques furent gouvernés par un calife incapable d’unifier le monde islamique.En dépit de ce morcellement de l’islam en tant que communauté politique, les empires des califes abbassides, l’Empire moghol et les Seldjoukides étaient parmi les plus grands et les plus puissants au monde.[réf. nécessaire] Le califat abbasside voit se mettre en place une fixation de la religion musulmane. Durant celui-ci (approximativement du IXe au XIe siècle de l’ère commune.), la sîra et les hadiths sont mis par écrit31,32 et des chaînes de transmission orale reconstruites33. Pour l’historienne Jacqueline Chabbi : « La tradition prophétique s’invente à ce moment-là, à travers ce qu’on appelle les hadiths, c’est-à-dire les paroles et les actes prêtés au prophète sur lesquels on veut calquer sa conduite. Mais c’est une figure complètement reconstruite »34.

    Plus tard, aux XVIIIe et XIXe siècles, plusieurs régions islamiques tombèrent sous les puissances impériales européennes. L’islam ottoman connaît plusieurs réformes, l’islam ottoman est influencé par la pensée occidentale35 tandis que naît le wahabisme, prônant un retour aux sources36. Après la Première Guerre mondiale, les restes de l’Empire ottoman furent partagés sous forme de protectorats européens.

    Bien qu’affectée par diverses idéologies, telles que le communisme, pendant une bonne partie du XXe siècle, l’identité islamique et la prépondérance de l’islam sur des questions politiques augmentèrent au cours de la fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle. La croissance rapide, les intérêts occidentaux dans des régions islamiques, les conflits internationaux et la globalisation influencèrent l’importance de l’islam dans le moulage du monde du XXIe siècle[réf. nécessaire].

    Démographie et géographie

    Carte de la distribution mondiale des musulmans, exprimée en pourcentage dans chaque pays. Données du Pew Research.

    Carte du monde - Pays ayant une religion d’État. En vert, les pays musulmans, en bleu, ceux chrétiens, et en jaune, ceux bouddhistes.

    Articles détaillés : Nombre de musulmans par pays, Conversion à l’islam et Apostasie dans l’islam.

    En 2015, le nombre de musulmans dans le monde est estimé à 1,8 milliard, soit 24 % de la population mondiale4. La diffusion de l’islam, hors du monde arabe, s’explique par la préférence communautaire, les migrations37 et le prosélytisme38.

    L’islam est aujourd’hui la religion ayant la plus forte croissance démographique39. Si les tendances démographiques actuelles se poursuivent, l’islam pourrait dépasser le christianisme et devenir la première religion au monde d’ici 207040. Cette croissance rapide s’explique essentiellement par un taux de fécondité plus élevé permettant un rajeunissement de la population41.

    L’islam est la seule religion dont le nom figure dans la désignation officielle de plusieurs États, sous la forme de « République islamique ». Il s’agit alors officiellement de la religion d’État[réf. nécessaire]. Toutefois, ces républiques ne sont pas les seules, plusieurs États mélangent le droit des anciens pays colonisateurs avec le droit religieux comme la Moudawana au Maroc[réf. nécessaire].

    Il peut se produire une confusion entre Arabes et musulmans, principalement à cause de deux facteurs : l’origine arabe de l’islam et la place centrale qu’occupe la langue arabe dans cette religion. Il y a environ 422 millions d’Arabes42, dont la grande majorité est musulmanenote 9. En réalité, seulement 20 % des musulmans vivent dans le monde arabe41. Un cinquième de ceux-ci sont situés en Afrique subsaharienne, et la plus grande population musulmane du monde est en Indonésie, suivie par l’Inde. D’importantes communautés existent au Nigeria, Bangladesh, Afghanistan, Pakistan, en Iran, en Chine, en Europe, dans l’ex-Union soviétique, et en Amérique du Sud. Il y a 3,3 millions de musulmans aux États-Unis (soit 1 % de la population américaine)4 et 2,1 millions de musulmans « déclarés » en France (soit 3,2 % de la population française)43 selon l’INED et l’INSEE, principalement issus de l’immigration auxquels il faut ajouter les conversions, dont le nombre est très difficile à déterminer d’autant qu’il y a des conversions en sens inverse et des apostats. Toutefois, selon l’IPSOS, la perception du nombre de musulmans est globalement surévaluée dans 40 pays étudiés44.

    Au début du XXIe siècle, l’athéisme est, selon certains sociologues, en forte progression dans des pays traditionnellement musulmans45.

    Les devoirs du musulman

    Tout musulman doit normalement respecter des obligations de culte pouvant prendre le nom de « piliers de l’islam » (arkān al-Islām)46. Si ces commandements sont d’origines coraniques, leur mise en place s’étend sur les premiers siècles de l’islam. Ainsi, la forme de la Chahada évolue après la mort de Mahomet47 et certains aspects de la Salat sont encore discutés au IXe siècle48.

    Tronc commun : cinq « piliers de l’islam »

    Reproduction - Chahada gravée sur une colonne dans la Grande Mosquée de Kairouan, Tunisie.

    Article détaillé : Piliers de l’islam. Ces cinq « piliers » (arkān) sont présentés de manière séparée dans le Coran, et leur fixation au nombre de cinq fait référence au hadith selon lequel « L’islam est bâti sur cinq piliers »note 10 :

    1. Chahada (« déclaration de foi ») : elle représente une partie credo islamique et consiste en une phrase très brève : écouter (« أشهد أن لا إله إلا الله و أشهد أن محمداً رسول الله ») « Je témoigne qu’il n’y a de véritable divinité qu’Allah et que Mouhamed est Son messager. », soit la foi en un Dieu unique (tawhid), Allah, et la reconnaissance de Mahomet comme étant son prophète ;

    2. Salat, l’accomplissement de la prière quotidienne et ce cinq fois par jour ;

    • الصبح (Al-Sobh)
    • الظهر (Al-Dohr)
    • العصر (Al-Asr)
    • المغرب (Al-Maghreb)
    • العشاء (Al-Ichâa)
      3. Saoum, le respect du jeûne lors du mois de ramadan ;

    4. Zakat, l’aumône légale envers les nécessiteux, si on est imposable : elle consiste en un prélèvement obligatoire de 2,5 % dès un seuil d’imposition de 20 dinars (évalués à 84 grammes d’or de 18 carats)17 ;

    5. Hajj (« pèlerinage ») : il consiste à se rendre à La Mecque au moins une fois dans sa vie, si on en a les moyens matériels et physiques ;

    Ces cinq « piliers » (arkān) constituent la « [base] de la pratique religieuse de tous les musulmans, [qu’ils soient] sunnites (90 % des musulmans5) [ou] chiites »49. Ces piliers trouvent leurs origines dans les religions pré-islamique, particulièrement, pour M. Amir-Moezzi, le manichéisme50.

    Dans le kharidjisme : un sixième pilier

    En plus des cinq « piliers » ci-dessus, les kharidjites (littéralement, les « sortants » ou « dissidents ») rajoute un « sixième » pilier de l’islam51 :

    6. Djihad (« abnégation », « effort », « résistance », « lutte » ou « combat », parfois traduit par « guerre sainte ») ;

    Dans le chiisme : jusqu’à dix « auxiliaires de la foi »

    En plus des six « piliers » ci-dessus, le chiisme duodécimain (représentant 80 % des chiites52) en rajoute encore quatre53, soit dix au total, qu’il nomme « Auxiliaires de la foi (en) » :

    7. Khoms (« cinquième du butin ») : il a été étendu par la suite à tout revenu qui ne correspond pas à un travail ou à un héritage (dons, offrandes, récompenses, primes, etc.) afin de rémunérer les savants considérés comme les héritiers des prophètes ;

    8. Al Wala’ Wal Bara’ (« la loyauté et le désaveu ») : elle régit les rapports de la Oumma avec le monde extérieur : elle implique de reconnaître l’autorité des douze imams de la maison du prophète Mahomet (Ahl al-Bayt) et de se désavouer de leurs ennemis ;

    9. Amr-Bil-Ma’rūf Wa Nahi-Anil-Munkar (« ordonnance du bien et interdiction du mal ») : elle régit les rapports internes de la Oumma54.

    10. Taqiya (« arcane du secret »55) : elle consiste initialement à dissimuler sa foi pour échapper aux persécutions religieuses : par la suite, elle sera dévoyée pour cautionner des entreprises de subversion dans le cadre de l’activisme politique : en tout état de cause, elle est volontairement passée sous silence55.

    Les ismaéliens (courant minoritaire) rajoutent aux six « piliers » (arkān) : (7°) la Wilayah (« amour et dévotion pour Allah, les prophètes et l’imam ») ; (8°) la Tahara (« pureté rituelle »)56 ; et (9°) la Taqyia55. Par contre, les druzes (branche de l’ismaélisme) les rejettent en bloc53.

    Les croyances de la foi musulmane

    Illustration - Allah sur le cœur. Articles détaillés : Foi musulmane et ’Aqîda.

    La définition de la foi musulmane (« إيمان », « al imane ») découle des textes du Coran ou des hadiths. Sans être exhaustif, ces derniers définissent la croyance (ou la foi) par : « La foi (Imane) est que tu croies (1er) en Dieu (2e) en Ses anges (3e) en Ses livres (4e) en Ses messagers et (5e) en la réalité du jour dernier et (6e) que tu croies en la réalité de la destinée, qu’elle soit relative au bien ou au mal »note 11,57.

    D’autres éléments sont ajoutés au credo islamique : « Quiconque dénie la croyance (en la venue) du Dajjâl, aura, certes, mécru, et quiconque dénie la croyance (en la venue) du Mahdi, aura, certes, mécru »58[réf. nécessaire]. Sur la base d’autres hadiths, Ahmad Ibn Hanbal a affirmé : « La Balance (des bonnes et mauvaises actions) est vérité, le pont au-dessus de l’enfer (Sirât) est vérité, la foi en le Bassin et en l’intercession du Prophète est vérité, la foi en le Trône divin, la foi en l’Ange de la mort et en le fait qu’il s’empare des âmes, puis les rend aux corps, la foi en le fait que l’on soufflera dans le cor, dans l’imposteur (Dajjâl) qui se manifestera au sein de cette nation, et en le fait que ’Isa Ibn Maryam descendra et le tuera »59[réf. nécessaire].

    Dans la jurisprudence religieuse, l’adhérent à l’islam est nommé mouslim (musulman, circoncis de la chair) et l’adhérent à l’imane est nomèmé mou’min (croyant, circoncis du cœur), sans pour autant faire de dissociation entre les deux car ces deux termes sont considérés par l’islam comme indissociables et complémentaires60,note 12.

    Les juristes musulmans ont dit que sans une acceptation totale de la foi (imane) par le cœur, l’appartenance de quiconque à l’islam est invalide. De même, toute conversion à l’islam n’est valable que par la foi (imane) dans le cœur et additionnée de la prononciation verbale des deux « témoignages de foi » (Ach-Chahadah). Cependant, il existe plusieurs degrés de croyants (mou’minoun)[réf. nécessaire].

    Dans l’islam, la croyance et la pratique, le fond et la forme, sont intimement liées. En effet, les versets coraniques décrivent souvent le croyant mou’min comme étant « celui qui croit et pratique de bonnes œuvres ». Dans la pratique, cela n’exclut pas la présence de croyants ne pratiquant pas (considérés comme « pécheur »), ou des pratiquants ne croyant pas (considérés comme « hypocrites » par l’islam)60. Pour l’islam, les actes sont le reflet de la foi et ils ne valent que selon leurs intentions. Autrement dit, les rites sont inutiles s’ils ne sont pas accomplis avec sincérité61[réf. incomplète].

    Ecriture : Allah écrit en arabe. Article détaillé : Allah.

    Allah (avec l’article agglutiné) est le terme sans pluriel, ni genre, utilisé par les musulmans et arabophones chrétiens et juifs en référence à Dieu, alors que le mot ’ilāh (arabe : إله) est le terme utilisé pour une divinité, une déesse ou un dieu, en général7.

    Le fondement doctrinal de l’islam est que Dieu (Allah en arabe) est unique. Le symbole de l’unicité de Dieu (tawhid) se décompose en trois couleurs primaires selon une position dogmatique remontant à l’Imam Ibn Taymiyya au XIVe siècle62[réf. insuffisante] :

    • Allah est Un dans la Maîtrise (tawhid ar-Rouboubiya) (ou, la foi en la maîtrise d’Allah). C’est le fait de reconnaître les œuvres spécifiques à Allah (tel le fait de donner la vie, la mort, la subsistance, etc.).comme seul Créateur, comme seul à détenir la souveraineté, comme seul à gérer la Création.
    • Allah est Indivisible dans l’adoration ou l’obéissance (tawhid al Oulouhiya) (ou, la foi en la divinité d’Allah). C’est le fait de vouer tout acte d’adoration à Allah, en toute exclusivité. L’adoration telle que la définit Ibn Taymiyya est : « Un terme qui englobe tout ce qu’Allah aime et agrée comme œuvre apparente ou cachée. »note 13.
    • Allah est Impair dans le Nom et les attributs (tawhid al asma wa sifat) (ou, la foi en son nom et ses attributs). Allah dans le Coran s’est attribué un nom (voilé) et des qualificatifs. Tous les attributs d’Allah sont considérés comme parfaits puisque chacun d’entre eux désignent un qualificatif qui est lui aussi au summum de la perfection : c’est pourquoi, les musulmans doivent invoquer Allah par ces attributs-lànote 14.
      Ces trois composantes de l’unicité sont indissociables et forment à elles trois, le Tawhid, ou le premier article de la foi[réf. nécessaire].

    Allah ne ressemble à aucune de ses créatures et aucune de ses créatures ne lui ressemble63. Les théologiens musulmans affirment que les versets qui donneraient en apparence des organes ou un emplacement à Allah ne doivent pas faire sujet de comparaison avec une créature[réf. nécessaire].

    Photo - Le début du verset de la lumière est inscrit en calligraphie arabe au centre du dôme de la basilique Sainte-Sophie actuellement utilisée comme un musée.

    Dieu est décrit dans le Coran à plusieurs reprises. À titre d’exemple, le verset de la lumière :

    « Allah est la Lumière des cieux et de la terre. Sa lumière est semblable à une niche où se trouve une lampe. La lampe est dans un (récipient de) cristal et celui-ci ressemble à un astre de grand éclat ; son combustible vient d’un arbre béni : un olivier ni oriental ni occidental dont l’huile semble éclairer sans même que le feu la touche. Lumière sur lumière. Allah guide vers Sa lumière qui Il veut. Allah propose aux hommes des paraboles et Allah est Omniscient. » (Coran, sourate 24, verset 35)

    Selon un hadîth, il est mentionné qu’Allah est impair et qu’il a enseigné à Mahomet quatre-vingt-dix-neuf attributs parfaits (asma’ou l-Lahou l-housna) entre autres (révélés dans le Coran). Ces qualités divines, donc éternelles64, permettent au musulman qui les connaîtrait par cœur et les étudierait sans chercher à tous les dénombrer, d’entrer au paradis. En effet, les théologiens musulmans, se fondant sur une invocation de Mahomet aux termes de laquelle Allah n’aurait pas dévoilé tous ses attributs, s’accordent sur le fait qu’ils ne se limitent pas à quatre-vingt-dix-neuf, ni même à un autre nombre65.

    Un autre hadith affirme qu’Allah possède un nom inconnu des gens du commun. Selon une version de ce hadith, ce nom est qualifié de (الأعظم) Al-Adham qui veut dire « le plus grand » ou « le plus noble »note 15[réf. insuffisante]. Comme dans la tradition juive, le nom propre de Dieu est ineffable66.

    Anges - Article détaillé : Malaikas (anges).

    Représentation d’un ange, probablement Israfel. 750-1258, époque Abbaside

    Le Coran affirme l’existence des anges (croyance obligatoire pour tout musulman67,68), qui sont les ambassadeurs (arabe : ملك malak , signifiant « ambassadeur ») de Dieu (comme ses homologues dont l’hébreu (malakh) et le grec (angélos)) dont ils exécutent ou transmettent les ordres. Du point de vue coranique, ils ne possèdent pas de libre arbitre contrairement aux djinns (êtres de feu) et aux humains et de ce fait sont soumis et adorent Dieu de la meilleure façon possible[réf. nécessaire]. Les quelques missions des plus essentielles des anges sont de communiquer les révélations de Dieu, de le glorifier, d’enregistrer les œuvres des hommes et de servir d’instruments dans les affaires humaines notamment pour Mahomet, de prendre l’âme des personnes au moment de leur mort et d’avoir une spécificité à leurs résurrections. Les musulmans croient que les anges sont faits de lumière, ils sont par ailleurs décrits dans ce verset par exemple : « Louange à Allah, Créateur des cieux et de la terre, qui a fait des Anges des messagers dotés de deux, trois, ou quatre ailes. Il ajoute à la création ce qu’Il veut, car Allah est Omnipotent. » (Coran, sourate 35, verset 1)68,69,70,71. Ainsi, pour l’islam, il existe comme les humains des anges de genres masculins et féminins bien qu’ils ne peuvent procréer68.

    Parmi les anges, les archanges Gabriel (Jibrîl), Michel (Mîkâ’îl) et Raphaël (Isrâfîl)72 jouent des rôles d’une importance considérable. À leur tête, l’archange Gabriel est chargé de la révélation (coranique entre autres73) en laquelle il y a vie pour les âmes et les cœurs. L’archange Michel est chargé de la pluie en laquelle il y a vie pour la terre, les plantes et les animaux. L’archange Raphaël est chargé de souffler dans la trompe en laquelle il y a vie des êtres après leur mort74.

    Écritures

    Selon le récit religieux musulman, les écritures révélées sont au nombre de 104 comme le rapporte ce hadîth : « Le grand compagnon Abou Dharr a demandé au Prophète (Que Dieu l’élève davantage en grade) (dans le sens) : « Combien de Livres Dieu a-t-Il révélés, ô Messager de Dieu ? Le Prophète (Que Dieu l’élève davantage en grade) répondit : 104 Livres. » (rapporté par Ibn Habban)[réf. nécessaire]

    Les plus connus sont le Coran (qour’ân) révélé à Mahomet, la Torah (tawrât) révélée à Moïse, les Psaumes (zaboûr) révélés à David, l’Évangile (injîl) révélée à Jésus14,75. Il y aussi des références aux feuillets d’Abraham et de Moïse dans le Coran76. Selon les musulmans, le Coran est le dernier des livres révélés, car Mahomet est pour eux le dernier prophète et, de toutes ces écritures révélées, seul le texte du Coran serait demeuré intact. Le texte des autres livres révélés aurait été falsifié sur Terre, mais préservé dans les cieux.[réf. nécessaire]

    Révélation du Coran - Article détaillé : Coran.

    Reproduction - Calligraphie de la Sourate Al-Fatiha, sur une omoplate de chameau, XIXe siècle.

    Le Coran (en arabe : القُرْآن, al-Qor’ân ?, signifiant « la récitation ») est le principal texte sacré de l’islam. Pour les sunnites, il reprend verbatim la parole du Dieu unique77. Ce livre est le plus ancien document littéraire, completNote 1 en arabe connu jusqu’à ce jour78,79. La tradition musulmane le présente comme un ouvrage en arabe « clair » ou « pur »80, avec le caractère spécifique d’inimitabilité dans la beauté et dans les idées81.

    Pour les musulmans, le Coran regroupe les paroles d’Allah, révélations (āyāt) faites au dernier prophète et messager de Dieu Mahomet (محمد, Muammad, « le loué ») à partir de 610–612 jusqu’à sa mort en 63282 par l’archange Gabriel (جبريل, Jibrîl).

    Selon les traditions, Mahomet étant analphabète jusqu’à l’âge avancé de 40 ansnote 16, il n’est pas celui qui aurait mis par écrit le Coran. Durant la vie de Mahomet, la transmission des textes se faisait principalement oralement, fondée sur cette « récitation » qu’évoque précisément le terme qur’ān, même après l’établissement à Médine. Le terme collecte jama’a a été rendu ambigu par les lexicographes musulmans pour y rajouter l’idée de mémorisation. Cette évolution permet de résoudre des contradictions internes aux traditions et d’occulter les luttes entourant la mise à l’écrit du Coran83. Certains versets ou groupes de versets auraient été occasionnellement écrits sur des omoplates de chameaux ou des morceaux de cuir, par des croyants. Il s’agit de témoignages fragmentaires et rudimentaires de la notation84,85.

    Toujours selon ces traditions, peu après la mort de Mahomet (en 632), un premier recueil du Coran fut compilé sous l’autorité du premier calife et beau-père de Mahomet, Abou Bakr As-Siddiq86, qui, à la demande d’Omar ibn al-Khattâb, lorsqu’un grand nombre de compagnons ayant mémorisé le Coran par cœur furent tués à la bataille d’Al-Yamama, met le scribe du prophète Zayd ibn Thâbit à la tête d’une commission ayant pour mission de réunir tous les passages récités de son vivant afin de les sauvegarder dans un écrit déposé entre les mains de sa fille Aïcha, veuve de Mahomet.Le troisième calife, Othmân ibn Affân (644-656), à la suite de divergences de récitations survenues entre Irakiens et Syriens, aurait demandé à Hafsa de lui prêter le manuscrit en sa possession afin de fixer un texte unique et officiel à partir de cette édition et d’expédier des copies reliées dans les différentes provinces musulmanes17,87. Afin d’éliminer tous risques d’erreurs et de parer à toutes éventuelles contestations, la commission n’accepta que les écrits qui avaient été rédigés en présence de Mahomet et exigea deux témoins fiables à l’appui, qui avaient réellement entendu Mahomet réciter les versets en question88. Malgré ces efforts pour prévenir tout schisme à l’intérieur de l’islam, les kharidjites, par puritanisme, ont rejeté notamment comme apocryphe la sourate Yusuf, en ce qu’elle évoquerait en des termes scabreux la femme du Potiphar d’Égypte s’entichant du beau Joseph (Youssef dans le récit coranique) et ce, en dépit du récit biblique convergent quant à cette affaire17.

    Aujourd’hui, de nouvelles approches réétudient les traditions musulmanes. Ainsi, toute les traditions de compilation sous Abu Bakr et celle d’Othman remontent à Ibn Shihāb al-Zuhrī, mais pour François Déroche, « il n’est pas totalement certain que le récit d’al-Zuhrī ne soit pas le résultat sinon d’une falsification totale, du moins d’une réécriture de l’histoire »89. Les sources anciennes montrent, en réalité, une multiplicité de traditions89. L’examen de fragments, pourtant censés être postérieurs à Othman, montre que l’écriture manque encore de précision. L’absence de diacritique sur toutes les lettres laisse « la porte ouverte aux divergences »90, « La nature de l’intervention du calife ‘Uthmān serait donc différente de celle que la tradition lui attribue. ». Pour Amir-Moezzi, la plupart des traditions liées à la collecte du Coran naissent à l’époque omeyyade, quelques dizaine d’années après les faits « quelques dizaines d’années qui comptent pour plusieurs siècles tant entre les deux époques, les énormes conséquences des guerres civiles et des grandes et fulgurantes conquêtes ont bouleversé l’histoire et la mentalité des premiers musulmans. »91. Pour Anne-Sylvie Boisliveau, « [Viviane Comerro] revient une dernière fois, et magistralement, prouver qu’il y a eu « théologisation progressive de l’histoire du texte canonisé » : les informations transmises en Islam à propos de la manière dont le Coran a été rassemblé et fixé ont été rendues conformes au dogme définissant le Coran »92.

    Photo - Une école coranique à Touba (Sénégal).

    Concernant ces questions de la rédaction du Coran, les chercheurs proposent différentes alternatives allant d’une durée de mise à l’écrit courte à partir de l’œuvre d’un seul auteur jusqu’à un travail rédactionnel collectif et tardif. Deux principaux modèles se dégagent : celui d’une « collecte » précoce du texte coranique sous le calife Othmân ibn Affân, à côté de celui d’une « rédaction » collective et progressive tout au long du VIIe siècle ayant abouti à une forme quasi-définitive sous le califat d’Abd Al-Malik93. Pour François Déroche (du 1er modèle), « l’histoire de la vulgate coranique est donc à reconsidérer sur une plus longue durée. Si les bases en ont été jetées assez tôt, avant l’intervention du calife ʿUthmān, le rasm n’était pas encore stabilisé à l’époque où a été copié le Parisino-petropolitanus et ne le sera sans doute pas avant le IIe /VIIIe siècle. »94. En effet, ce manuscrit contient encore des variantes au niveau du rasm « qui ne sont ni conformes à celles que reconnaît la tradition, ni réductibles à des particularités orthographiques. »95. Dye conclue que « Si certains écrits coraniques datent de l’époque du Prophète, il ne convient pas pour autant de se limiter au Ḥiǧāz du premier tiers du VIIe siècle pour comprendre l’histoire du Coran. Il y a eu une activité compositionnelle et rédactionnelle après la mort de Muḥammad. Les rédacteurs du Coran sont des auteurs (et non de simples compilateurs) qui ont pu réorganiser, réinterpréter et réécrire des textes préexistants, voire ajouter des nouvelles péricopes [...] »96.

    Le Coran est composé de cent-quatorze chapitres nommés sourates, de longueurs variables. Chaque chapitre est connu sous un ou plusieurs titres. Ces titres proviennent soit des premiers mots du chapitre, soit d’un épisode considéré comme prégnant. Ils n’appartiennent pas à la révélation et ne figurent pas dans les premiers manuscrits coraniques connus, mais furent rajoutés par des scribes pour distinguer les chapitres du Coran97.

    S’il n’y a aujourd’hui qu’un seul Coran, il existe sept lectures canoniques nommées Qirâ’at. En effet, lorsque le Coran a été fixé par écrit, il a été précisé ultérieurement la voyellisation établissant les règles de la psalmodie. Seules deux variantes de lectures du Coran (Qirâ’at) sont véritablement connues de la plupart des musulmans et ont fait l’objet d’une réelle diffusion dans le monde arabe : la lecture occidentale (en Afrique) ou lecture de Médine est connue sous le nom de « lecture de Warch » ; et la lecture orientale (en Asie) ou lecture de Koufa est connue, quant à elle, sous le nom de « lecture de Hafs », chaque nom étant tiré du nom du spécialiste de cette science. La différence entre les lectures tient avant tout à la psalmodie, la manière de lire, de prononcer. C’est d’ailleurs pour cela que l’on parle de « lecture ». Mais il existe aussi et surtout des différences dans le découpage des sourates en versets, autrement dit dans la « dimension » des versets, ce qui explique également les différentes modalités de psalmodie98.

    La plupart des musulmans ont un grand respect pour le Coran et font les ablutions, c’est-à-dire se lavent comme pour faire les prières, avant de le toucher et de le lire99,note 17. Les vieux exemplaires sont brûlés, et non détruits comme du vieux papier[réf. nécessaire]. Le statut théologique du texte le met en effet à l’écart de toute autre chose : le texte contenu dans le livre est censé être une manifestation de la puissance de Dieu et est considéré par les musulmans comme un miracle accordé à leur prophète[réf. nécessaire].

    Dogme de l’arabité - Articles détaillés : Arabe et Arabes.

    Le dogme de l’arabité proclame que le Coran a été révélé à Mahomet dans sa langue : « en une langue arabe très claire. » (Coran, sourate 26, verset 195). Le deuxième terme « n’a aucun sens linguistiquement et historiquement » car « il n’y a aucune raison de penser que l’environnement dans lequel naît le Coran n’était pas, d’une façon ou d’une autre, multilingue (l’ensemble du Proche-Orient l’était) — autrement dit, il convient de reconnaître la présence de nombreuses traces de bilinguisme/multilinguisme dans la langue même du Coran »100. S’appuyant sur une recherche de Luxenberg, Gilliot traduit ce terme par « élucidé »/ « rendu clair ». Pour l’auteur, ce terme est lié au Coran qui « explique/interprète/commente des passages d’un lectionnaire en langue étrangère »101.

    De nombreux emprunts à d’autres langues sont présents dans le Coran. Certains de ces mots était déjà considérés comme obscurs au VIIe siècle102. Elle englobe toutes les langues des pays limitrophes de l’Arabie, celles qui appartiennent à la famille sémitique : l’akkadien, l’araméen, l’hébreu, le syriaque, l’éthiopien, le nabatéen, le sudarabique, et les langues non sémitiques des Empires grec, romain et perse103. Pour Alphonse Mingana, 70 % des termes d’origine étrangère dans le Coran proviendraient du syriaque104.

    Selon le récit religieux musulman, la langue arabe aurait été révélée à Adam en 29 lettres de l’alphabet. Et Mahomet de préciser que : «  est une seule lettre » (c’est-à-dire la négation et non pas la hamza qui marque seulement un coup de glotte)105.

    Bien que la traduction du Coran pose problème et soit rejetée par certains courants conservateurs « littéralistes », le Coran fut tout de même traduit très tôt, du moins partiellement. Ainsi, selon une tradition musulmane, la première sourate, la Fatiha est traduite du vivant de Mahomet par Salman le Perse afin d’être récitée lors de la prière par les PersesNote 2,106, tandis que Jafar ibn Abî Talib, frère d'[Alî->https://fr.wikipedia.org/wiki/Ali_ibn_Abi_Talib], a traduit quelques versets parlant de Jésus et de Marie en langue guèze (éthiopien classique), lorsqu’il était ambassadeur au nom de Mahomet auprès du souverain chrétien d’Éthiopie, le Négus107. Néanmoins, « certaines voix se sont rapidement élevées contre tout effort de traduction coranique »108. Parmi d’autres, une traduction complète en persan est, tout de même, établie en 956108.

    Toutefois, après la mort de Mahomet, les courants les plus conservateurs de l’islam ont exprimé un refus catégorique de traduire le Coran considérant que la traduction n’est plus la parole de Dieu109. Le dogme du caractère inimitable du Coran, transcription écrite de la parole divine, et du caractère sacré de la lettre a longtemps servi à s’opposer aux traductions110. La traduction de ce texte ancien peut être problématique par l’absence de « certitude [sur] le sens qu’avaient bien des termes utilisés par le Coran, dans le milieu où il est apparu. » ou par la polysémie de certains termes. « Une des traductions modernes les plus scrupuleuses, celle de l’Allemand Rudi Paret, est parsemée de parenthèses et de points d’interrogation »111. Ainsi, Cuypers cite le premier verset de la sourate 96 : « Lis (ou « proclame ») au Nom de ton Seigneur ! », que la tradition associe à la lecture et à la proclamation du Coran. Des recherches contemporaines permettent de le retraduire en « Appelle/Invoque le Nom de ton Seigneur », reconnaissant dans ce passage un appel à la prière et non un envoi en mission111.

    Dogme de l’inimitabilité - Article détaillé : Dogme de l’inimitabilité du Coran.

    En réponse à ses contradicteurs, les musulmans proclame que le Coran est un miracle et qu’aucune parole humaine ne saurait le surpasser en beauté. Son inimitabilité sert le double objectif de prouver l’authenticité de l’origine divine du Coran et la prophétie de Mahomet à qui il a été révélé comme messager pour le genre humain.112 Depuis le IIIe siècle de l’hégire ce concept est devenu un dogme 113. Le terme iʿjâz utilisé pour définir l’inimitabilité de celui-ci n’est attesté qu’à partir du IXe siècle et aucun traité ne lui est consacré avant le Xe siècle114. Pour Liati, « on constate que le dogme de l’inimitabilité formelle du coran est tardif et qu’il ne s’est imposé que contre des résistances très vives68 ».

    Les bases du dogme sont présentes dans le texte coranique où plusieurs versets évoquent l’incapacité des hommes à frustrer la volonté d’Allah115. : « Dis : « Même si les hommes et les djinns s’unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne sauraient produire rien de semblable, même s’ils se soutenaient les uns les autres ». (Coran, sourate 17, verset 88)

    Selon la tradition islamique, un certain Musaylima al-kadhdhâb a tenté, en vain, de relever ce défi, déclarant à ses compatriotes du Nejd venus le trouver pour contrer la prophétie de Mahomet : « À moi aussi, l’ange Gabriel m’a apporté une sourate pareille »116. Par ailleurs, un certain nombre de poètes, dont Bashâr Ibn Burd († 784), Abū al-ʿAtāhiyya († 828), Al-Mutanabbi († 965) et Abu-l-Ala al-Maari († 1058), ont écrit des textes dépassant, selon eux, le Coran en éloquence117. Si les traditions évoquent plusieurs cas de personnes ayant tenté de relever le défi, les « révélations » conservées sont « en leur quasi-totalité […] inventées par les musulmans eux-mêmes » pour critiquer ou ridiculiser les auteurs attribués118.Gilliot voit dans cette défense de l’inimitabilité du Coran un raisonnement circulaireNote 3,119.

    Pour Gilliot, « Le recours à la soi-disant « inimitabilité » linguistique ou thématique du Coran ne vaut que pour qui adhère à ce theologumenon. Aux yeux du linguiste ou du traducteur, d’inimitabilité, point n’est ! »120. Pour Maxime Rodinson, cette perfection serait culturellement ressentie par les musulmans, comme pour tout « texte dont on a été bercé depuis l’enfance ». « La beauté du style coranique a été contestée par ceux qui, pour une raison ou une autre, échappaient à l’envoûtement collectif »121. Theodor Nöldeke a écrit un article sur ce qui lui paraissait être des défauts stylistiques (rimes, styles, composition…) dans le Coran « dont sont exempts les poèmes et les récits de l’ancienne Arabie » ainsi que des irrégularités grammaticales122. Mais pour Jacques Berque, beaucoup de ce que Theodor Nöldeke impute à des vices rhétoriques n’est en fait qu’une spécificité stylistique propre au discours coranique et non pas un défaut stylistique. Pour ce qui est des irrégularités grammaticales ou ce que l’on pourrait prendre comme telles, il en admet quelques-unes comme « incontestables » mais préfère plutôt les nommer « spécificités grammaticales »123. Michel Cuypers récuse ainsi l’affirmation de Nöldeke selon laquelle le fait de passer d’un sujet à un autre avant de revenir au premier sujet est une faiblesse. Il reconnait une structure non linéaire que l’on appelle la « rhétorique sémitique »124,125.

    Chaîne prophétique - Article détaillé : Prophètes de l’islam.

    Les musulmans considèrent que les prophètes sont une part importante de leur foi. Pour l’islam, le prophète est à la fois quelqu’un qui proclame un message divin (sens de « prophète », nabi, en hébreu) et quelqu’un qui présente une législation (Charia)126. À la différence du prophète biblique, Mahomet ne prédit pas l’avenirnote 18, à l’exception d’un éventuel futur triomphe de l’islam. La prophètologie musulmane est proche, par certains aspects comme le concept de sceau des prophètes, du manichéisme. Pour le mu’tazilisme, elle est une grâce d’Allah pour ses créatures126.

    Reproduction - Mahomet, David et Salomon, Afghanistan, Hérât, 1436.

    Pour l’islam contemporain majoritaire, tous les prophètes d’Allah ont fait valoir un bon comportement et une conduite exemplaire127. Ils seraient nécessairement immunisés contre la mécréance, les grands péchés et les petits péchés. Cette croyance tardive128 ne provient pas du Coran et sa mention est rare dans la Sunna. Au contraire, le Coran rapporte des péchés et des fautes de plusieurs prophètes, dont Mahomet129.

    Du point de vue musulman, tous les prophètes ont appelés à l’islam conçu comme la religion naturelle. Abraham est donc musulman au même titre qu’Adam, Noé, Moïse et Jésus. Paradoxalement, c’est Abraham qui partage la foi de Mahomet et non l’inverse puisque la vérité, selon le Coran, est connue dès le premier jour et dès le premier Homme, soit Adam8.

    Les textes expliquent qu’Adam a inauguré la fonction prophétique, tandis que c’est par Mahomet, le dernier, qu’elle a été clôturée. Leur nombre est très grand, citons en quelques-uns : Noé (Noûh), Abraham (Ibrâhîm), Loth (Loût), Ismaël (Ismâ’îl), Isaac (Ishâq), Jacob / Israël (Ya’qoûb / Isra’îl), Joseph (Yoûçouf), Job (Ayyoûb), Shelah (Sâlih), Eber (Âbir / Hoûd), Aaron (Hâroûn), Moïse (Moûçâ), Jonas (Yoûnous), Jessé (Yâsa), David (Dâwoûd), Salomon (Soulaymân), Zacharie (Zakariyyâ), Jean-Baptiste (Yahyâ), Jésus (Issah)130. À l’inverse de la reserve biblique quant à l’usage de ce terme, le mot de « prophète » a tendance à être attribué par l’islam à toutes personnes « ayant joué un rôle dans l’histoire sacrée »126.

    Prophétie de Mahomet

    Reproduction - Le nom de Mahomet, suivi de son titre « Messager d’Allah », inscrit sur la porte de la mosquée de Médine en Arabie saoudite. Article détaillé : Mahomet.

    Il est possible de faire une histoire des représentations de Mahomet, mais pas une biographie historique au sens moderne du terme. L’ensemble des données non islamiques sur la vie de Mahomet ne dépassent pas une page131.

    Le chef religieux, politique et militaire arabe Mahomet (محمد en arabe), dont le nom est parfois aussi transcrit par Mohammed, Muhammad, etc. en français132 est le fondateur de l’islam et de l’oumma, la « matrie »note 19 en quelque sorte (sans aucune idée de communautarisme, mais au contraire d’universalisme). Il est considéré comme le dernier prophète du monothéisme par les musulmans et il n’est reconnu comme prophète que par cette congrégation. Ils ne le considèrent pas comme le fondateur d’une nouvelle religion, mais pensent qu’il est le dernier d’une lignée de prophètes de Dieu et considèrent que sa mission est de restaurer la foi monothéiste originale d’Adam, Abraham et d’autres prophètes, foi qui avait été corrompue par l’homme au cours du temps133,134.

    Selon le Coran, pendant les 23 dernières années de sa vie, Mahomet dicte des versets, qu’il reçoit d’Allah par l’intermédiaire de l’ange Gabriel (Jibril), à des fidèles de plus en plus nombreux convaincus par ce nouveau message. Le contenu de ces révélations sera compilé après la mort de Mahomet en un ouvrage, le Coran, livre saint des musulmansnote 20. Néanmoins, « L’archéologie expose que le thème de la prophétie de Mahomet est apparu relativement tard »126.

    Sunna et hadiths Articles détaillés : Sunna et Hadîth.

    Le Coran établit l’importance de la sunna (« voie », « chemin » ou « tradition ») de Mahomet qui est racontée par des transmissions de ses paroles, faits et gestes, approbations (y compris silencieuses)15,note 5, récits appelés hadîths. Les hadiths sont considérés comme des exemples à suivre par la majorité des musulmans. Les écoles de jurisprudence madhhabs considèrent les recueils de hadiths comme des instruments importants permettant de déterminer la sunna, la « tradition » musulmane. Le hadith était à l’origine une tradition orale qui rapportait les actions et coutumes de Mahomet. Cependant, à partir de la première fitna, au VIIe siècle, ceux qui ont reçu les hadiths ont commencé à questionner les sources des paroles135. Pour les musulmans, leur crédibilité est généralement proportionnelle au crédit des témoins qui les ont rapportés. Cette chaîne de témoins est appelée isnad. Ces recueils sont, encore aujourd’hui, pris comme références dans les sujets en rapport avec le fiqh ou l’histoire de l’islam. Les hadiths dit « authentiques » sont admis par l’ensemble des musulmans sunnites[réf. nécessaire].

    Photo - Livres présentant des collections de hadiths

    Comme leur nom l’indique, les sunnites considèrent les hadiths constituant la sunna comme des suppléments et des clarifications essentielles au Coran. Dans la jurisprudence islamique, le Coran contient le germe de nombreuses règles de comportement attendues d’un musulman. Cependant, de nombreux sujets, religieux ou profanes, ne sont pas encadrés par des règles coraniques. Les musulmans croient donc qu’en examinant le chemin de Mahomet et ses compagnons, ils pourront découvrir les comportements à imiter et ceux à éviter. Les intellectuels musulmans trouvent utiles de savoir comment Mahomet ou, à défaut, ses compagnons ont expliqué les révélations, ou à quelle occasion Mahomet les a reçues. Parfois, cela clarifiera un passage qui semblerait obscur autrement. Le contexte pouvant totalement bouleverser le sens que l’on peut donner à un verset. Les hadiths sont également une source historiographique et biographique[réf. nécessaire].

    Ils sont considérés comme une source d’inspiration religieuse par les sunnites et les chiites, alors que les coranistes considèrent que le seul Coran est suffisant. Les chiites ont toutefois des réserves à l’égard des recueils sunnites car ils valident plutôt leur point de vue. Ils ont leurs propres ouvrages qui, pour Amir Moezzi, concordent davantage avec la recherche historico-critique136.

    Plusieurs chercheurs ont démontré que certains hadiths sont composés d’éléments plus récents que Mahomet et qui lui ont été attribués postérieurement33 et qu’ils ont été forgés par le pouvoir califal137. Schacht considère que, de manière générale, plus une chaîne de transmission paraît « parfaite », plus le hadith est tardif. En particulier, les transmissions familiales sont des « indications positives que la tradition en question n’est pas authentique »33.

    Sa famille Article détaillé : Ahl al-Bayt.

    Le Coran établit également le devoir d’aimer la famille de Mahomet (ahl al-bayt).[réf. nécessaire]

    Résurrection et jugement dernier

    Selon l’islam, un certain nombre d’événements surviennent après la mort dont les plus importants sont[réf. nécessaire] :

    • Le jour du jugement : Il surviendra après la fin du monde dont seul Dieu connaît l’échéance138. La durée sera de 50 000 ansnote 21. La terre sera une autre terre ainsi que les cieuxnote 22. Allah jugera les gens sans intermédiaire.
    • Les étapes seront :
      • La résurrection physique : elle marque le début du jour du jugement. Les gens seront ressuscités par Allah, nus et incirconcisnote 23, afin d’être jugés,
      • Le rassemblement : tous les gens seront rassemblés en un lieu pour se faire juger,
      • L’exposition des actes : chacun verra exposés ses actes, bons ou mauvais,
      • La rétribution : en fonction de leurs actes, les gens seront récompensés ou châtiés,
      • La balance : les actes seront comparés, bons contre mauvais,
      • Le pont (al-sirat) : il relie la nouvelle Terre aux abords du paradis et il sera dressé au-dessus de l’enfer dans lequel, selon l’interprétation majoritaire, les « infidèles » chuteront (ceux qui n’acceptent pas le Coran)139,
      • Le bassin (al-kawthar) : chaque communauté aura son bassin dont boiront les musulmans pieux avant d’entrer au paradis,
      • L’intercession : avec la permission d’Allah, ses prophètes, ainsi que d’autres pieuses personnes ou le Coran, intercéderont pour les auteurs de grands péchés140, qui méritent un châtiment (Tawassoul),
      • L’enfer (jahannama) : c’est un endroit dans lequel, selon l’interprétation majoritaire, seront châtiés les « infidèles »139. L’interprétation des versets coraniques relatifs à la « durée » du séjour infernal est l’objet de développements théologiques,
      • Le paradis (al-janna) : c’est une demeure de félicité éternelle réservée aux personnes unifiant Dieu, ainsi qu’aux personnes sincères,
      • La vision de Dieur : les musulmans verront Allah, sans notion de distance et sans qu’il y ait un doute sur cette vision.
        La majorité des musulmans croient à la question, au supplice et à la félicité de la tombe. Ceci n’est pas mentionné dans le Coran mais dans la Sunna. Selon cette dernière, après la mort, toute personne sera questionnée dans sa tombe par deux anges du nom de Mounkar et Nakir : « Qui est ton Seigneur ? Qui est ton prophète ? Quelle est ta religion ? »141. Les musulmans pieux répondront correctement à ces questions et auront la félicité dans leur tombe, tandis que les non-musulmans et certains musulmans désobéissants n’y répondront pas correctement et seront châtiés[réf. nécessaire].

    Prédestination du bien et du mal - Article détaillé : Qadar.

    Dans la compréhension musulmane, la prédestination du bien et du mal se rapproche du sentiment antique du fatum8. Elle consiste à croire que tout ce qui se produit dans ce monde — qu’il s’agisse des actes volontaires ou involontaires d’un individu — est prédestiné par Dieu. Ce qui arrive était déjà écrit. Les événements surviennent inéluctablement. La volonté de Dieu se réalise toujours selon sa sagesse éternelle. Ainsi, toute chose — bonne ou mauvaise — est connue de Dieu par avance, et se réalisera en temps voulu[réf. nécessaire]. Pour l’islam, « la prédestination est entièrement incluse dans la notion de « destin » (al-qadr), qui est le décret établi (ajl mûsamma) par Dieu (II, 210 ; VI, 2), décret qui ne peut être ni avancé ni retardé »142.

    Mantran oppose la vision de Mahomet à la Mecque qui défend le libre-arbitre mais qui évolue lors de son enseignement à Médine vers une prédestination. Dès le début de l’islam, en Syrie, des musulmans se sont opposés à cette vision qui leur semble contraire au principe de jugement divin. Ils prennent le nom de qadarites. La prédestination fut défendue par le pouvoir Ommeyade qui légitimait ainsi ses actions143. Le second courant s’opposant à la predestination est le mo’tazilimes, à partir de la fin du califat Ommeyade. Ce courant a« estimé que l’homme possède un libre arbitre illimité de ses actes, qu’il est le créateur de ses actes, sinon Dieu serait injuste de l’en rendre responsable »143. Ce mouvement disparaît au IXe siècle144.

    Du reste, il est à noter que cette question du destin est à ce point controversée au sein de la Oumma et en dehors, qu’elle a conduit l’imam Abou Hanîfa (mort en 150H/767G) à mettre en garde contre l’écueil de la mécréance en voulant aborder ce mystère : « Ne savez-vous pas que celui qui examine le libre-arbitre est comme celui qui examine les rayons du soleil, plus il l’observe de près, plus il devient perplexe »145. Pour Mantran, ce principe de la prédestination « entraîne la négation de la liberté de l’homme », même si cela ne nie pas, pour les théologiens sa responsabilité146.

    Dévoilement du Mahdi et du Dajjâl - Article détaillé : Eschatologie islamique.

    Il y a une controverse à propos de l’existence du Dajjâl (Antéchrist). Ce dernier ne serait pas expressément mentionné dans le Coran, mais certains hadîths parlent de luinote 24.

    Par ailleurs, la plupart des musulmans (sunnites et chiites) croient qu’avant la parousie, il y aura l’envoi du (roi147) Mahdi (littéralement, le « bien-guidé »)148 pour éclairer le chemin du messie (arabe : masih المسيح , signifiant « celui qui s’essuie le visage »).

    Existence des djinns - Articles détaillés : Djinn et Iblis.

    La plupart des musulmans croient en l’existence des djinns. Divinités pré-islamiques, les djinns sont, pour l’islam, des créatures créées pour adorer Allah149. Ils sont invisibles mais sont capables de prendre forme humaine ou animale. La sourate al-jinn leur est particulièrement consacrée149.

    Il y a particulièrement un vif débat au sein de l’islam au sujet d’Iblis (le diable) où deux avis sont opposés sur l’appartenance de Satan parmi les djinns (êtres de feu), ou à son stade particulier d’ange déchu (être de lumière), le Coran étant contradictoire sur ce point149. Les salafistes (tenants du dernier avis) fondent leur position sur la lecture de la sourate Al-Baqara, alors que les soufis (tenants du premier avis) fondent la leur sur celle de la sourate Al-Kahf notammentnote 25,note 26,note 27[réf. nécessaire].

    Selon le Coran, le péché de Satan est l’orgueil (compris en islam comme une fierté volée), ce qui l’a empêché de se repentir (comme Adam)[réf. nécessaire]. Les Djinns peuvent être démoniaques ou angéliques149.

    Retour de Isâ et des Yajûj et Majûj - Articles détaillés : ʿĪ, Mort d’ʿĪsā et Gog et Magog.

    Selon les commentateurs musulmans, le Coran dit que Îsâ (Jésus de Nazareth) est un prophète comme Adamnote 28 ; qu’il n’a pas été tué ni crucifié mais qu’il a « été élevé vers Dieu »150 ; et qu’un « autre individu qui lui ressemblait lui fut substitué » ; certains interprètes disent que cet autre individu était Judas151,152. Plusieurs auteurs (Marx, Reynolds, Charfi, Moezzi…) estiment que le passage du Coran sur lequel se fonde l’affirmation des commentateurs musulmans est ambigu et prête à discussion153,154,155. Pour J. Chabbi, l’interprétation de la non-mort de Jésus ne se trouve pas dans le Coran mais dans la tradition156.

    Dans la croyance populaire musulmane, le Christ reviendra à la fin des temps pour « tuer » l’Antéchrist59 et sauver les « agneaux de Dieu » des Yajûj et Majûj (Gog et Magog)[réf. nécessaire]. La seule mention coranique d’un retour d’ʿĪsā se trouve dans la sourate XLIII qui fait l’objet de plusieurs lectures157. Pour Pons et Hilali, Jésus juge le monde à la fin des temps. Cette tradition est particulièrement présente dans le corpus des hadiths158. Pour Reynolds, selon une tradition du début de l’islam, Jésus remettra alors l’islam en place et luttera contre les chrétiens et les juifs159. Pour ces traditions, « il tuera les porcs, brisera la croix, détruira les synagogues et les églises, et tuera les Chrétiens sauf ceux qui croiront en lui »157. Son retour sur terre, en tant que Massih (Messie) musulman, est le signe de la fin du monde et du Jugement dernier tandis que beaucoup de hadiths le présentent comme le principal compagnon du Mahdi, Sauveur de la fin des tempsnote 29.

    Organisation

    Le califat

    Reproduction - Dinar (en or estampé) du cinquième calife fatimide al-Aziz (r. 365-386 H / 975-996 J.-C.), frappée à Mahdia en 380 H / 990 AD. Conservé au musée archéologique d’Aqaba, Aqaba, Jordanie. Diamètre : 18 mm, poids : 4 g. - Article détaillé : califat.

    Les califes (arabe : خليفة signifiant « lieutenant », « successeur » ou « représentant ») désignent les successeurs de Mahomet. Le porteur du titre a pour rôle de garder l’unité de l’islam et tout musulman lui doit obéissance, dans le cadre de la charia : c’est le dirigeant temporel et spirituel de l’Oumma, la « matrienote 19 » en quelque sorte (sans aucune idée de communautarisme, mais au contraire d’universalisme[réf. nécessaire]).

    Un différend politique entre sunnites et chiites conduit le califat à se diviser en deux visions très distinctes : l’une élective, l’autre héréditaire. Les premiers considèrent que le calife doit être élu pour ses qualités morales et islamiques, mais appartenir à la tribu de Quraych (tribu de Mahomet dont le monopole est récusé par les kharidjites)160. Les seconds considèrent que seul un successeur filial de Mahomet peut prétendre à ce titre. Dans ces conditions, un seul calife, Ali ibn Abi Talib (cousin de Mahomet), a pu faire consensus entre sunnites et chiites pour diriger l’ensemble de la « matrie »note 19.

    Mahomet est mort sans désigner de successeur et sans laisser un système pour en choisir un, mais plusieurs actes ont poussé la majorité des musulmans de l’époque à conclure qu’il préférait Abu Bakr (de son vivant même lorsqu’il était malade, il lui a demandé, et à personne d’autre, de diriger la prière). Par conséquent, le califat a été établi. Le calife a pour rôle de garder l’unité de l’islam et tout musulman lui doit obéissance : c’est le dirigeant de l’oumma, la « matrie »note 19. Le titre khalifat rasul Allah, signifiant « successeur du messager de Dieu » est devenu le titre courant mais est absent des premiers graffiti trouvés161.

    Les sunnites ne reconnaissent que les califes Abou Bakr As-Siddiq, Omar ibn al-Khattâb, Othmân ibn Affân, Ali ibn Abi Talib, Al-Hassan ibn Ali162 et Omar ibn Abd-al-Aziz163 comme « bien guidés » ou « bien inspirés » par Dieu.

    Reproduction - En 1517, le califat passe aux Ottomans.

    Les chiites ne reconnaissent que le quatrième calife, étant Ali, père de tous les imams. Les chiites estiment que le calife suivant, Yazīd Ier a été coupable de la mort d’Hussein, et par là toute succession de califes aurait perdu sa légitimité. Par ailleurs, il existe une controverse autour du statut de musulman de Yazīd Ier.

    À partir d’Omar ibn al-Khattâb, les califes se font également appelés amīr al-mu’minīn, أمير المؤمنين, « commandeur des croyants ». Cette ancienne appellation désignait le chef de l’armée164. Le titre a été raccourci et francisé en « amiral » et « émir »[réf. nécessaire].

    Aucun des premiers califes n’a dit avoir reçu des révélations divines, comme ce fut le cas pour Mahomet. Mahomet étant le dernier prophète, aucun des califes n’a dit être un nabī, « prophète » ou un rasul « messager divin »[réf. nécessaire]. Les révélations faites à travers Mahomet ont rapidement été codifiées et écrites dans le Coran, qui a été accepté comme autorité suprême, limitant ainsi ce que le calife pouvait diriger. Cependant, les premiers califes étaient les chefs spirituels et temporels de l’islam, et insistaient sur le fait que l’obédience au calife en toutes choses était la marque d’un bon musulman. Le rôle est devenu cependant strictement temporel avec l’ascension des oulémas, et l’éloignement de certains califes de la pratique de la religion[réf. nécessaire].

    Après les quatre premiers califes (Abou Bakr, Omar, Uthman et Ali ibn Abi Talib), le titre a été revendiqué de manière controversée par les Omeyyades, les Abbassides et les Ottomans, ainsi que par d’autres lignées en Espagne, en Afrique du Nord et en Égypte. La plupart des dirigeants musulmans portaient simplement le titre de sultan ou émir, et prétaient allégeance à un calife qui avait souvent peu d’autorité. Le titre n’existe plus depuis que la république de Turquie a aboli le califat ottoman en 1924165.

    Alors que le califat a été un sujet de discorde entre dirigeants musulmans, il a été peu évoqué depuis 1924. De nombreux musulmans souhaiteraient le rétablissement du califat, mais des restrictions ainsi que l’activité politique de nombreux pays à majorité musulmane, combinés aux obstacles pratiques à l’unification de plus de cinquante États-nations en une seule institution ont limité les efforts pour le faire revivre[réf. nécessaire].

    La charia

    Illustration - La roue du Paon, symbole de la charia. Articles détaillés : charia, ijtihad et Droit musulman.

    La charia (littéralement, « le chemin vers une source »166 ou « le chemin menant à l’abreuvoir »167) est la loi islamique comprenant l’ensemble des obligations procédant du Coran et de la Sunna168. Depuis la Constitution de Médine, la charia (de Mahomet) n’a cessé de s’amplifier. Selon Yadh ben Achour169, il est inexact de penser que la charia est inerte et immuable. Elle évolue en fonction des changements de conjonctures diplomatiques et sociologiques. Y voir un système condamné à la pure stagnation est faux. Ben Achour cite ainsi de nombreux exemples d’adaptations de la charia dans une analyse rigoureusement scientifique169. Elle embrasse tous les aspects de la vie individuelle et collective des musulmans168. Le système juridique islamique couvre tous les branches du droit, depuis les sujets très généraux de gouvernement et de politique étrangère jusqu’aux sujets de la vie quotidienne. Les « dissuasions pénales » qui ont été expressément légiférées par le Coran sont appelées hudud (hadd au singulier) et traitent spécifiquement des infractions pénales que sont ; le délit de vol (avec présomption irréfragable de vol de nécessité jusqu’à une certaine valeur fixée par la sunna), le terrorisme (au sens de piraterie des sables à l’époque médiévale), le faux-témoignage, la diffamation (au sens de vantardise sexuelle masculine), le viol (avec circonstance atténuante de jeunesse pour les célibataires), l’inceste (au sens large : liens du lait, du sang et d’alliance), l’adultère (avec circonstance atténuante de jeunesse pour les célibataires), la prostitution sacrée (à l’intérieur de la Kaaba), la sodomie (du voleur170), la zoophilie (rendant lait et viande impropres à la consommation), la sorcellerie, les coups et blessures et homicide (volontaires), la mécréance (des yeux), l’apostasie et le sacrilège (atteinte à Dieu). Pour chacune de ces infractions, le juge musulman (cadi) a compétence liée et il ne peut donc pas prononcer une peine inférieure à celle légiférée par le Coran. En revanche, lorsqu’un comportement répréhensible n’a pas été expressément prévu par le Coran, le juge retrouve son pouvoir discrétionnaire, mais il est alors limité par une « peine plafond » réglementée par la sunna. Le Coran détaille également les normes juridiques relatives aux « satisfactions équitables » (réparations financières) pour coups et blessures et homicides (involontaires), aux parts successorales, aux contrats de mariage et de prêt, outre des « us et coutumes » régissant les fêtes, la charité et la prière. Toutefois, ces prescriptions et ces prohibitions peuvent être tellement générales que les détails de leur application pratique sont renvoyées à la sunna. À partir de ces principes généraux du droit musulman, les docteurs de l’islam (oulémas) ont déduit des normes juridiques, s’appuyant également pour se faire sur les hadiths et leurs interprétations.

    Toutefois, depuis le XIe siècle, la pensée juridique islamique s’est cristallisée avec la fermeture des « portes de l’ijtihad » (c’est-à-dire « l’effort de réflexion ») par le calife abbasside Al-Qadir (craignant de voir son pouvoir menacé par des juristes indépendants) en vertu d’une ordonnance intitulée : Le Message sur le Destin (Risâla al-qâdiriya)note 30,171. Si cette fermeture, qui n’était en rien une prescription divine, fut toujours contestée par de nombreux oulémas tels qu’Ibn Hazm (994-1064) ou As-Suyuti (1445-1505), elle perdure, de fait, par paresse intellectuelle ou par impéritie172,173. Selon des recherches conduites par le Réseau international de solidarité WMUML en 2011 sur les lois dites islamiques (dénommées à tort charia)174, il s’avère qu’en réalité, elles seraient basées sur la tradition et la coutume. Le terme charia est instrumentalisé par les autorités religieuses ou gouvernementales du pays afin de leur donner une soi-disant légitimité religieuse, mais avant tout pour établir, réétablir ou renforcer le patriarcat de la société175.

    Hiérarchie des normes

    La charia est, chez les sunnites, codifiée dans le cadre des quatre écoles juridiques : (1°) hanafite, (2°) malikite, (3°) chaféite, (4°) hanbalite168. Elles ne s’accordent que sur la hiérarchie suivante :

    • Le Coran est la source première de la jurisprudence islamique (fiqh)176 ;
    • La sunna est la deuxième source de droit176. Elle n’est pas un texte en soi comme le Coran, mais signifie l’ensemble des actes et des dires du prophète. Elle a été rassemblée et classée par les docteurs dans plusieurs œuvres. Deux ouvrages compilent les hadiths authentiques : le « Sahîh » d’Al-Bukharî qui est tenu pour le « livre le plus sûr après le Coran », et celui de Muslim. Mais les salafistes prennent aussi en considération de récents travaux d’authentification de hadiths de l’imam Al-Albani au XXe siècle. La place des hadîths fait l’unanimité chez les juristes qui admettent tous de contredire leurs consultations (fatwas) si un hadith authentique va à leur encontre ;
    • La troisième source est le consensus (’ijmâ’) des oulémas de tous les pays, à une époque donnée, sur le fondement coranique du verset 115 de la sourate An-Nisa condamnant la dissidence d’avec Mahomet et celui de son hadith exhortant explicitement les musulmans à suivre le consensus communautaire177,178 ;
    • La quatrième source est l’analogie (qiyâs : القياس, littéralement « la mesure ») qui permet de tirer le jugement d’une chose pour laquelle il n’y a pas de législation à partir du jugement sur une chose analogue179.
      Seules ces quatre sources de droit sont communes aux quatre écoles de droit sunnites. Toutefois, il est à noter que si le consensus et le raisonnement juridique sont généralement considérés comme les sources tertiaires et quaternaires de la charia, ceci est contesté par certains religieux selon qui seuls le Coran et les hadiths sont sources de droit, comme certains salafistes[réf. nécessaire]. Pour d’autres groupes de l’islam organisés en rite ou madhhab, ces sources de législation sont regardées comme illicites (haram) au motif qu’elles auraient été mises en œuvre après la mort de Mahomet[réf. nécessaire].

    Personnalité des lois

    Selon Alain Besançon, le musulman croit à la perfection de sa Loi. De son point de vue, elle est modérée et tient le juste milieu, c’est-à-dire le chemin raisonnable de la vertu. Elle lui apparaît comme plus adaptée à la nature humaine que la loi chrétienne (notamment en matière de sexualité) et comme marquant par rapport à la loi juive, dont elle reprend bien des articles (cf. code deutéronomique), un adoucissement considérable (notamment en matière alimentaire), l’interdiction du vin (à raison des troubles sociaux générés) étant l’un des rares points où elle se montre plus sévère8. Il est à noter que le mot « charia » est employé à la même époque, en arabe, pour désigner la Torah, appelée alors la « charia de Moïse ». Il est également employé par les Arabes chrétiens pour désigner l’Évangile, appelée la « charia du Messie »180.

    Régime juridique du djihad - Article détaillé : Djihad.

    Il ne faut pas confondre le « djihad » avec le « djihadisme », qui est une doctrine islamiste encensant le djihad armé (sous couvert de distinction du « djihad majeur » d’avec le « djihad mineur » pour relativiser l’un par rapport à l’autre ; innovation religieuse du IXe siècle181).

    Le mot « djihad » (جهاد en arabe)182 signifie « abnégation », « effort », « résistance », « lutte » ou « combat », voire « guerre sainte ». C’est un devoir religieux pour les musulmans. Sur le plan linguistique, la définition la plus académique est celle donnée par l’imam Ahmed el-Tayeb de l’Azhar : « C’est donner le maximum de ses capacités en tant que paroles et actes ». Sur le plan juridique (charia), la définition la plus rigoureuse est celle donnée par Ibn Taymiyya : « Le djihad est la capacité de déployer le maximum d’efforts pour obtenir l’amour de Dieu […] Le djihad est le vrai zèle, déployé pour l’obtention de ce que veut Dieu en tant que foi et bon travail et le rejet de l’incrédulité, de la corruption et la désobéissance à Dieu »183.

    Classiquement, on distingue quatre types de djihad : par le cœur, ou par la parole, ou par la plume, et par l’épée184,185 ; les trois premiers constituant une obligation individuelle (fard ayn), le dernier constituant une obligation collective (fard kifaya)186.

    D’obligation individuelle

    Selon la doctrine musulmane, Mahomet aurait dit : « Celui d’entre vous qui assiste à un acte répréhensible, doit le changer par la plume ; s’il en est incapable, qu’il le fasse par la parole ; et s’il en est incapable, qu’il le fasse dans son cœur ; c’est le degré minimum de la Foi »note 31. Il va sans dire que des trois cas subsidiaires, c’est le djihad intellectuel qui apparaît comme étant le plus méritoirenote 32.

    D’obligation collective

    Le djihad défensif

    En islam, le recours à la force est un monopole du chef de l’État187. Sous sa forme militaire, le djihad n’incombe qu’aux hommes pubères, puisque les femmes, les enfants, les insensés et les malades en sont exonérées188. Il consiste pour les musulmans à défendre leur religion, leurs personnes, leurs biens, leurs frontières, au besoin jusqu’au sacrifice de leur vie189. Toutefois, le suicide et a fortiori les attentats-suicides sont expressément interdits par le Coran190. Plusieurs sourates condamnent en effet le suicide et promettent même l’enfer aux défuntsnote 33. Pour les sunnites, le djihad ne peut jamais être déclaré contre des musulmansnote 34. Pour les chiites (littéralement, les « partisans »), le djihad ne peut être décréter que par le Mahdi51. Pour les kharidjites (littéralement, les « sortants » ou « dissidents »), le djihad serait le « sixième » pilier de l’islam51.

    Le djihadisme - Article détaillé : Djihadisme.

    L’origine des attentats-suicides reste, à ce jour, incertaine. Selon Ehud Sprinzak, les attentats-suicides seraient à mettre en relation avec les assassinats perpétrés par la secte chiite des haschischins (littéralement, « mangeurs de haschich », afin de faire croire aux pressentis qu’ils sont d’ores et déjà au Paradis ; à l’origine du mot « assassin » en français) au XIe siècle. Au XVIIIe siècle, le suicide de l’« assassin », déjà associé au martyr, est utilisé par des communautés musulmanes de la côte de Malabar en Inde en lutte contre les Européens191. Selon Noah Feldman, les premiers attentats-suicides pourraient remonter aux anarchistes européens du XXe siècle192. Toujours est-il que, selon Constance Sereni (à l’échelle de masse) la stratégie militaire des attaques kamikazes (japonais : « vent divin ») serait plutôt une innovation du vice-amiral japonais Ônishi Takijirô au XXe siècle193.

    Selon Noah Feldman et Denis MacEoin, depuis 1983 (lorsque des militants chiites ont fait exploser la caserne des Marines américains au Liban), l’attentat-suicide a « pénétré la conscience culturelle islamique » (dit Feldman) sous couvert de djihad « musulman » et subséquemment, de culte des martyrs (chahid), ce qui a permis sa banalisation malgré l’interdiction coranique du suicide, et autorisé par la suite des musulmans (sunnites ou chiites) à perpétrer des attentats-suicides192,194.

    Clergé - Article détaillé : Imam.

    Lancement de l’Adhan à Médine.

    Récitation de la Sourate Al-Fatiha à La Mecque.

    La hiérarchie musulmane est la suivante[réf. nécessaire] :

    • Le muezzin, dévolu de plein droit à un abyssin, fait l’appel à la prière ;
    • L’imam, dévolu de plein droit à un arabe, dirige la prière ;
    • Le recteur de la mosquée dirige la mosquée ;
    • Le cheikh, âgé d’une trentaine d’années révolues, est un chef de clan ou tribu ;
    • Le mufti (arabe : مفتي) est un jurisconsulte. Lorsque des musulmans sont divisés sur un sujet particulier, souvent face à des contradictions de fatwas, ils peuvent solliciter son arbitrage pour obtenir des éclaircissements sur l’interprétation de la charia ;
    • Le faqih (arabe : فقيه) est un maître en droit musulman ;
    • Le mouhaddith est un spécialiste du hadith ;
    • Le cadi est un juge dans un tribunal islamique ;
    • L’ouléma, ’âlim (arabe : عالِم), est un docteur de l’islam, un enseignant-chercheur en droit musulman. Dans le Coran, al-’Alîm (arabe : العليم), l’Omniscient, est l’un des nombreux attributs de Dieu ;
    • Le molla ou mollah (ayatollah ou hodjatoleslam) est un érudit musulman dans des pays dont le langage a une influence perse (arabe : mawlān, مولًى, pl. mawâlin, موالٍ aide ; défenseur ; seigneur). Il est la plus haute autorité pour les chiites.
      Jusqu’en 1055, le calife détenait le pouvoir temporel (politique et militaire) et spirituel (théologique et judiciaire).

    En Europe et dans certains pays musulmans, les gouvernements réclament un alignement de la formation des imams sur la formation des ministres des autres religions, c’est-à-dire trois ou quatre ans d’étude au minimum195.

    Dans le sunnisme

    Carte postale de 1900 montrant le minbar (chaire utilisée par l’imam pour son prêche) de la Grande Mosquée de Kairouan. Cette chaire du IXe siècle, toujours en place dans la mosquée, est le plus ancien minbar encore intact du monde musulman196.

    Comme dans le judaïsme, il n’y a pas de clergé au sens sacerdotal (c’est-à-dire médiateur entre Dieu et les Hommes) dans le sunnisme. Principale différence avec le chiisme, l’imam n’est pas un prêtre mais bien un membre de la oumma qui conduit la prière : il est « celui qui se met devant pour guider la prière » et n’est pas forcément un théologien : en arabe, l’imam veut dire « modèle », « exemple » ou « guide », et dans le sunnisme, il suffit que l’imam soit musulman, sage, connaissant les piliers de l’islam et ait appris une grande partie du Coran par cœur pour être au service d’une congrégation religieuse. Le muezzin, celui qui fait l’appel à la prière, n’est pas un prêtre non plus.

    L’islam reconnaît divers niveaux de compétences religieuses parmi ses fidèles : l’explication du Coran se nomme tafsîr. Et l’ijtihâd est la recherche de solutions nouvelles à partir des textes de référence pour répondre aux problématiques des populations musulmanes sur leurs affaires religieuses (عِبادات [ibādāt}], {pratiques cultuelles}, pl. de عِبادة [{ibāda}]) ou sociales (مُعامَلات [{muāmalāt], « comportements », pl. de مُعامَلة [mu`āmala]) dans une condition sociale, politique ou économique inédite.

    • al-mujtahid al-mutlaq, capable de « se battre » en absence de texte, comme l’indique la racine de mujtahid, pour en tirer une casuistique, rapprocher des textes traitant des sujets similaires et en tirer la synthèse, élaborer les principes juridiques sans référence à une école particulière. Ces compétences sont reconnues exceptionnelles et rarissimes ;
    • al-mujtahid al-mutlaq al-muntasib, le même mais dans le cadre d’une école interprétative ;
    • al-mujtahid fil-madh’hab, dans le cadre d’une école interprétative, capable d’élaborer des réponses juridiques sur des questions nouvelles ;
    • al-’âlim al-mutabahhir, le vulgarisateur des grands anciens qui doit connaître le Coran et la sunna ;
    • al-’âmîy, celui qui ne connaît que les grandes lignes de l’islam.
      Les savants exégètes sont considérés comme les « héritiers » ou « successeurs » des prophètes.

    Dans le chiisme

    Le chiisme orthodoxe de la branche usuli (clergé des ayatollah) reconnaît (contrairement aux chiites akhbaris), a contrario, un clergé à plusieurs niveaux hiérarchiques197, tandis que le sunnisme rejette cette idée d’un clergé central jouant le rôle d’intermédiaire obligé. Par bien des aspects, l’islam, pour sa partie sunnite, est une religion décentralisée.

    Chez les chiites, le titre d’imam désigne le chef spirituel et temporel de la communauté musulmane (calife pour les sunnites). Il est porté par les descendants d’Ali ibn Abi Talib (premier imam) et de Fatima Zahra (fille de Mahomet) jusqu’au douzième imam (Mahdi). Les imams sont considérés comme les dépositaires du sens secret de la révélation coranique et comme les seuls successeurs légitimes de Mahomet198.

    Culture islamique

    Ablations traditionnelles

    Scène de circoncision. Bas-relief de la tombe de Ankhmahor, à Saqqarah, en Égypte ancienne. C’est la plus ancienne illustration connue de la circoncision (env. 2300 avant J.-C.). Article détaillé : Fitra.

    Outre la coupe des cheveux, la nature primitive (fitra) fixe aux hommes musulmans cinq ablations traditionnelles :

    • la circoncision masculine : il est à noter que la « rencontre des circoncisions »note 35,note 36 est une expression idiomatique pour l’union sexuelle[réf. nécessaire] ; de même, la défloration de la vierge chez les Anciens Romains devient la « circoncision » de l’hymen chez les Anciens Arabes ;
    • l’épilation des poils du pubis et des aisselles : elle vaut pour les deux sexes ;
    • le coupage des ongles ;
    • la taille de la moustache : elle ne doit pas être épaisse, ni broussailleuse ;
    • la taille de la barbe : elle ne doit pas dépasser la largeur d’une main, à partir du menton, c’est-à-dire à hauteur de la base du cou (tôlia)17.
      L’excision du clitoris (ou clitéroctomie) est une pratique attestée en Égypte à l’époque ptolémaïque mais mal connue199. Ni l’excision, ni même la circoncision, ne sont mentionnées dans le Coran. Selon les sociologues congolais, Régine Tchicaya-Oboa, Abel Kouvouama et Jean-Pierre Missie, l’excision fait débat entre les commentateurs « sunnites » qui la défendent soit comme recommandation, soit comme obligation, soit « sous la pression de l’État » comme un acte interdit200[réf. incomplète]. En Guinée (pays à majorité sunnite201), les musulmanes défendent l’excision comme une obligation religieuse202. Selon le sociologue ivoirien Marcel Kouassi, « certains adeptes d’un islam traditionaliste » s’appuient sur plusieurs hadiths qu’ils considèrent comme « authentiques » pour défendre cette « tradition »203. Selon Habib Ellouze, l’excision dont il s’agit, serait seulement une nymphoplastie ou labiaplastie : « dans les régions où il fait chaud, les gens sont contraints d’exciser les filles à titre de thérapie, car, dans ces régions, les clitoris sont trop grands et gênent l’époux […] On excise ce qu’il y a en plus, mais ce n’est pas vrai que l’excision supprime le plaisir chez les femmes, c’est l’Occident qui a exagéré le sujet. L’excision est une opération esthétique pour la femme »204,205.

    En effet, pour fonder leurs fatwas contemporaines, les salafistes se prévalent en particulier d’un hadith attribué à Mahomet selon lequel il aurait dit à une exciseuse de Médine : « Effleure et n’abuse pas, car elle rend le visage plus rayonnant et plus agréable pour le mari ». Or, ce hadith est signalé dans le recueil de l’imam Abou Dawoud (†888) qui le juge, lui-même, comme étant sur le fond, « non authentique » et, sur la forme, « faible » quant à la chaîne de transmission[réf. nécessaire]. Dans le même sens, l’imam Ahmed ibn Hanbal a rapporté que le transmetteur (Mohammed Bin Said Al-Masloub) a inventé pas moins de quatre mille hadiths qu’il a attribués à Mahomet et qu’il a été crucifié par le calife abbasside Al-Mansur pour athéisme (zandaqa)206. Toutefois, l’une des plus grandes références des salafistes, le cheikh al Albani (†1999), une des figures du wahhabisme saoudien, l’a authentifié dans sa « correction » contemporaine de l’imam Abou Dawoud selon les critères de son école juridique. Cette constitution de preuve par soi-même fait débat. Outre le fait que l’excision est jugée comme une transformation et une déformation de la création de Dieu par la blessure et l’amputationnote 37,206, les soufis retournent l’accusation salafiste d’innovation religieuse blâmable (bid’ah) par un autre hadith de Mahomet selon lequel : « Ma oumma ne s’accordera jamais sur une erreur »note 38.

    Pour mettre un terme à ce débat récurrent, le grand imam de l’Azhar au Caire, l’une des plus grandes références du monde sunnite, a fermement condamné l’excision dite pharaonique (ablation du clitoris et des lèvres) au motif que les textes qui la recommandent (sous couvert de « circoncision islamique » ou même d’égalité entre les hommes et les femmes) sont totalement trafiqués par les salafistes pour habiller juridiquement ce qu’il considère comme un syncrétisme. Ce rite de passage et de reconnaissance de la petite fille dans sa société perdure tout autant chez les falashas, les juives d’Éthiopie, que chez les coptes, les chrétiennes d’Égypte207.

    Tabous alimentaires - Articles détaillés : Halal, Haram et Dhabiha.

    La loi islamique fournit un ensemble de règles prescrivant ce que les musulmans doivent manger. Ces règles spécifient ce qui est halal (halāl), c’est-à-dire légal. Ces règles se trouvent dans le Coran, qui décrit aussi ce qui est haram (harām), c’est-à-dire illégal. Il existe aussi d’autres règles venant s’ajouter à celles-ci qui ont été émises dans des fatwas par des mujtahids ; mais elles ne sont suivies que par leurs propres disciples et non l’ensemble des musulmans.

    La loi islamique interdit aux musulmans de consommer de l’alcool208 (et plus spécifiquement d’être ivre), de boire ou de manger du sang et ses produits dérivés, et de manger la viande d’animaux carnivores (par nature ou par définition) comme le chien ou le chat (les poissons piscivores n’étant pas considérés comme carnivores) et a fortiori omnivores comme le singe ou le porc et ses produits dérivés (la composition de certains savons peut contenir de la graisse animale à base de porc, avec la mention lardate de sodium sur le produit ; la gélatine de porc peut également entrer dans la fabrication des bonbons, des glaces, des gâteaux, des yaourts, avec la mention E441 sur l’emballage)209,210. Pour que la viande d’un animal terrestre soit halal, il faut que l’animal soit abattu de manière adéquate par une personne sensée tout en mentionnant le nom de Dieu (Allah en arabe). L’animal ne doit donc pas être étourdinote 39 par un procédé mécanique, électrique ou gazeux, ni a fortiori tué par ébouillement ou électrocution, et la carcasse ne doit être saignée qu’à vif, après vérification du tranchant. (La mention « sans électronarcose » apparaît sur l’emballage.) Concrètement, l’animal allongé, la tête placée dans la direction de La Mecque, est abattu par le sacrificateur qui invoque, juste avant chaque abattage, le nom de Dieu (Allah en arabe) en proclamant « Bismallah Allahou Akbar », ce qui signifie « Au nom de Dieu le plus grand ». Par respect pour la vie animale, les membres doivent être dénoués avant toute incision. En cas d’abattage multiple, l’animal ne doit pas être torturé par la vue du sort qui l’attend. Tant que l’animal n’a pas expiré, le sacrificateur doit, en outre, surseoir à la découpe de la viande. Différentes règles s’appliquent aux poissons qui sont considérés comme égorgés par la sortie de l’eau. En général, les poissons à écaille sont toujours halal, bien que certaines fatwas déclarent les poissons dépourvus d’écailles (comme le poisson-chat) et les coquillages comme haram (cf. Cacherout). Par ailleurs, beaucoup de musulmans refusent de consommer du poisson d’élevage à raison des farines animales211. Les règles d’interdiction concernant les animaux peuvent être suspendues quand un musulman risque de mourir de faim et qu’aucune nourriture halal n’est disponible.

    L’abattage rituel islamique est appelé dhabiha (dhabīah). D’après certaines fatwas, l’animal ne peut être abattu que par un musulman. Cependant, d’autres fatwas considèrent que d’après le verset 5:5 du Coran, l’abattage peut être fait par des « gens du livre » ou « gens de la Bible »note 40. La viande kasher est considérée comme halal[réf. nécessaire].

    Calendrier islamique

    Les phases de la lune (animation) forment la base du calendrier islamique. Article détaillé : Calendrier musulman.

    L’an 1 de ce calendrier a débuté le premier jour de l’hégire, le 1er Mouharram (le 15 ou le 16 juillet 622 de l’ère chrétienne, selon les auteurs théologiens ; la première époque est dite « astronomique », la seconde « civile »). Ce calendrier a été adopté dix ans après cet événement. On indique qu’une date est donnée dans ce calendrier en ajoutant la mention calendrier musulman, calendrier hégirien, ère musulmane ou ère de l’Hégire ; ou en abrégé, (H) ou (AH) (du latin anno Hegiræ). Ce calendrier est caractérisé par des années de 12 mois lunaires qui sont plus courtes que les années solaires. Une année lunaire compte 11 jours de moins qu’une année solaire212.

    Chaque mois démarre au premier croissant de Lune visible à partir de la nouvelle lune : selon l’endroit d’où est effectuée l’observation, le mois peut démarrer plus ou moins tôt[réf. nécessaire].

    Il est à noter qu’il existe un conflit méthodologique quant à la fixation de la date de début du ramadan. Contre la méthode oculaire (qui ne requiert aucun clergé), la société secrète213 des frères musulmans milite régulièrement pour la méthode dite scientifique, c’est-à-dire celle des calculs astronomiques, sur la base d’une réinterprétation d’un verset du Coran. Cependant, le début du ramadan n’a jamais été fixé autrement que par l’observation du premier croissant de lune dans le ciel, à l’époque de Mahomet, de ses compagnons, et des musulmans sunnites des premiers siècles suivant la Sunna, et aucune information fiable ne permet d’établir d’autre méthode214.

    Fêtes musulmanes - Articles détaillés : Aïd al-Adha et Aïd el-Fitr.

    Dans l’islam, deux fêtes sont particulièrement sacrées : l’Aïd al-Adha et l’Aïd el-Fitr.

    D’autres jours ou mois sont également fêtés comme : Vendredi (jour d’Aïd) : le jour du vendredi est d’une importance considérable. Il correspond entre autres au jour de la création d’Adam, au jour de sa descente sur terre, au jour de sa mort, au jour où la religion a été parachevée (Coran, sourate 5, verset 3), au jour du souffle (annonçant la fin du monde), au jour de la foudre et au jour de la résurrection. Selon Mahomet, « Ce jour est, pour Dieu, meilleur que les deux fêtes : le fitr et l’adhâ […] tout dans l’univers redoute le jour du vendredi » (rapporté par Ahmad et Ibn Mâja)215.

    Achoura (les dix plaies d’Égypte) : le jeûne de Achoura n’est plus obligatoire depuis l’institution de celui du mois de Ramadan, mais il est recommandé. Pour les sunnites, il s’agit, dans la continuité du jeûne instauré par Moïse, de remercier Dieu d’avoir sauvé le peuple hébreu dans sa fuite hors d’Égypte. Pour les chiites, c’est surtout la date anniversaire de la mort de l’imam Husayn, petit-fils de Mahomet.

    Ramadan : le mois de ramadan est le temps du jeûne pour les musulmans. Il correspond au quatrième des cinq piliers de l’islam. C’est un temps privilégié pour se recueillir, prier, lire le Coran, etc. La rupture du jeûne se fait en général en famille, avant une nuit de prières, appelées les tarawihs.

    Laylat al-Qadr (la nuit du Destin, une des nuits de la fin du mois du Ramadan) : anniversaire de la révélation du Coran vers 610.

    Mawlid (Aïd Mawlid-ennabaoui) : le Mawlid est l’anniversaire de Mahomet. L’anniversaire de Mahomet n’a jamais été célébré de son époque, ni par ses compagnons, ni par les musulmans sunnites des premiers siècles, et aucune information fiable ne permet d’en établir la date réelle. Cette fête n’a pas le caractère religieux des deux Aïds. Cependant, des traces de cette célébration existent dans la tradition musulmane. Il y a un vif débat au sein de la congrégation au sujet de la célébration du Mawlid qui opposent régulièrement les salafistes aux soufistes. Selon une position dogmatique de l’imam Ibn Taymiyya (revendiqué par les deux216), « Même si nos prédécesseurs ne le faisaient pas et qu’ils avaient de bonnes raisons, il n’y a rien qui soit contre ». Et d’ajouter encore : « Célébrer et honorer la naissance du Prophète et en faire un moment exceptionnel, comme le font certains, est une bonne chose en laquelle réside une grande récompense, à cause de la bonne intention d’honorer le Prophète »217. Ce débat a rebondi avec la question de la célébration de l’anniversaire de l’imam Mohammed ben Abdelwahhab et ce, durant une semaine en Arabie saoudite218.

    Musique

    Photo - Chauffage de bendirs (tambours sur cadre), Sidi Bou Said, Tunisie. Articles détaillés : Musique islamique et Tala’ al Badru ’Alayna.

    Selon la doctrine musulmane, Mahomet aurait dit à son épouse Aïcha conduisant une femme apprêtée à son mari (pour la nuit de noces) : « Ô Aïcha, vous n’avez fait aucun divertissement ? Pourtant, les Ansârs aiment les divertissements ! » (dans Al-Boukhârî, Ahmad et autres). Dans d’autres versions de cette hadith, Mahomet aurait ajouté : « Pourquoi n’avez-vous pas dépêché avec elle une femme qui joue du tambour et chante quelque chose ? » Aïcha demanda : « Que doit-elle chanter, ô Envoyé de Dieu ? » Mahomet aurait répondu : « Qu’elle chante ceci : « Nous sommes venues à vous, nous sommes venues à vous. Saluez-nous donc, que nous vous saluions. N’eût été l’or rouge, vos campagnes n’auraient pas pris. N’eût été le froment brun, vos vierges n’auraient pas grossies. »219.

    Toutefois, ce rapport à la musique fait toujours débat dans le monde musulman220. Dans les textes présentant la vie de Mahomet, en raison de certaines contradictions et/ou divergences d’interprétations, différents courants de pensée allant de l’interdiction de la musique à son autorisation s’opposent221. Il y a par exemple un vif débat au sein de la congrégation au sujet du mot « flûte » (de Satan) où deux avis sont opposés sur le sens littéral d’« instrument de musique » pour les salafistes, ou le sens métaphorique de « mensonge »222 pour les soufis. Il est à noter particulièrement l’interdiction complète wahhabite de la danse et des chants, qui seraient des manifestations sataniques223 selon cette obédience, les docteurs wahhabites allant même jusqu’à interdire la musique faisant l’éloge de Mahomet qui est pourtant une pratique ordinaire chez les sunnites et les chiites224.

    Architecture

    Reproduction - Mosquée de Cordoue en Espagne. Actuellement utilisée comme une cathédrale. Article détaillé : Architecture islamique.

    L’architecture islamique a été appelée l’« architecture du voile » parce que la beauté réside dans les espaces intérieurs (cours intérieures et pièces) qui ne sont pas visibles de l’extérieur (avec un point de vue dans la rue) et que l’on peut voir sans être vu (derrière un moucharabieh)[réf. nécessaire]. La puissance infinie de Dieu est évoquée par la répétition des concepts mathématiques et des formes géométriques qui suggèrent l’infini[réf. nécessaire]. Les formes humaines ou animales sont le plus souvent écartées au profit de formes végétales et ce, pour ne pas concurrencer Dieu dans son monopole de la création. Le feuillage est fréquent mais généralement stylisé ou simplifié. La calligraphie arabe est utilisée pour décorer l’intérieur d’une structure au moyen de citations du Coran. En outre, l’utilisation de formes grandioses tel que les grands dômes, les hauts minarets, et les larges cours sont destinées à rappeler la grandeur de Dieu et procurer un sentiment d’élévation spirituelle.[réf. nécessaire]

    Représentations en peinture et sculpture - Articles détaillés : Arts de l’Islam et Représentation figurée dans les arts de l’Islam.

    Les sunnites ne sacralisent pas d’icônes. Selon plusieurs hadîths de Mahometnote 41, la malédiction de Dieu s’abat sur toute personne produisant (par le dessin, la sculpture…) un être doté d’âme y compris les animaux, car cela est considéré par eux comme allant contre l’esprit du monothéisme. Un certain aniconisme voire un iconoclasme plus ou moins strict existe donc dans l’islam. Ainsi, les musulmans se servent plutôt de versets du Coran calligraphiés comme dans le palais de l’Alhambra, des formes géométriques (arabesques) ou de représentation de la Kaaba pour décorer les mosquées, les maisons et les lieux publics[réf. nécessaire].

    En revanche, les chiites n’éprouvent pas de gêne à la reproduction de visages humains, comme ceux de personnalités cultes telles Ali et Hussein. En effet, contrairement aux Arabes, les Perses, à l’époque médiévale, disposaient déjà d’une longue tradition artistique (en matière de peinture et de sculpture) qui a perduré même après l’arabisation et l’islamisation de la Perse.

    Symboles

    Reproduction - La Grande Mosquée de Kairouan est l’une des œuvres majeures de l’architecture musulmane ayant servi de modèle à plusieurs mosquées tant en Tunisie que dans l’ensemble du Maghreb. De plan arabe, elle possède une vaste cour à portiques et une salle de prière hypostyle. Fondée en 670, elle date dans sa forme actuelle du IXe siècle, Kairouan, Tunisie.

    On associe souvent le symbole du croissant et de l’étoile à l’islam, bien qu’il lui soit antérieur. Selon Whitney Smith225, le croissant est déjà utilisé sur les emblèmes, artefacts religieux et bâtiments de la Carthage punique. On retrouve le symbole du croissant dans l’Empire byzantin, repris à sa chute par l’Empire ottoman226. Lorsqu’il apparaît sur le drapeau ottoman, ce symbole est rapidement généralisé aux autres pays musulmans comme symbole de l’islam, alors qu’il pourrait être, à l’origine, propre à l’Afrique du Nord. Ensuite de l’arabisation et surtout de l’islamisation de la région, le croissant est complété par une étoile à cinq branches pour les cinq piliers de l’islam. En parallèle, l’étoile, initialement à huit branches227, n’a été rajoutée sur le drapeau turque qu’en 1844228 avant alignement sur cinq branches et généralisation à l’ensemble du monde musulman.

    Un des symboles islamiques est la couleur verte229. Le vert résulte de la combinaison du jaune et du bleu. Du temps de Mahomet, les premiers drapeaux brandis par les musulmans étaient verts. Les drapeaux brandis par les Fatimides étaient également verts. Toute personne se réclamant des ahl al-bayt portait un turban vert. L’attrait de cette couleur est simple : les Arabes étant un peuple du désert, le paradis a pour eux été décrit comme verdoyant, où des sources d’eau couleraient en abondance, où les fidèles porteront des habits de soie vertsnote 42. Avant l’islam, la légende d’al-Khidr (celui qui est vert), témoigne de l’importance de cette couleur pour ce peuple230,231,232. Enfin, Mahomet aurait déclaré que le vert était sa couleur préférée et portait souvent des habits et un turban de cette couleur. Autrefois, seuls les califes étaient autorisés à porter un turban de cette couleur233. On retrouve la symbolique du vert comme symbole du panarabisme aujourd’hui.[réf. nécessaire]

    La cloche est un symbole rarement utilisé dans l’art islamique bien qu’un hadîth relatif à un échange de Mahomet et d’El-Hareth ibn Hicham nous décrive la vision de Mahomet comme accompagnée d’un tintement de cloches : « […] la Révélation me vient tantôt comme le bourdonnement d’une cloche […] »234. Néanmoins on note par exemple la présence d’une grosse cloche très ancienne à la mosquée de Xi’an en Chine ou encore sur le minaret de la mosquée de la ville de Saint-Louis au Sénégal.[réf. nécessaire]

    Les grands courants théologiques de l’islam - Article détaillé : Courants de l’islam.

    Les musulmans se partagent en trois branches principales : le sunnisme rassemble environ 90 % des musulmans5, le chiisme environ 10 %, l’ibadisme (division du kharidjisme) moins de 1 %235.

    Principaux courants de l’islam. Voir à la source

    Carte des pays où les musulmans représentent plus de 10 % de la population. En vert, les pays à majorité sunnite, en violet, ceux à majorité chiite, et en noir, ceux à majorité ibadiste.

    La relation directe des croyants avec Dieu par le Coran et la liberté religieuse, vont amener la multiplication des tendances religieuses. L’affaiblissement progressif du pouvoir central et l’absence de clergé, autorise l’existence de différentes écoles politiques (sunnisme, chiisme, kharidjisme), juridiques (hanafisme, malikisme, chaféisme, hanbalisme, zaïdisme, jafarisme), philosophiques (ordres soufis) et théologiques (acharisme, maturidisme, atharisme, mutazlisme). À la mort de Mahomet, la conquête arabe fulgurante et des différences ethnico-confessionnelles importantes, exacerbent les rivalités politiques. De nombreux questionnements sur la liberté de l’Homme, le péché, la foi, la souveraineté divine, la dévolution du pouvoir, etc., provoquent la constitution d’écoles spécialisées tentant d’apporter des réponses appropriées aux problèmes des musulmans qui n’ont pas été détaillés dans le Coran, et de relever ainsi les nouveaux défis qui se posent à la oumma.

    Le sunnisme - Article détaillé : Sunnisme.

    Le sunnisme (de sunna, « voie », « chemin » ou « tradition ») est le courant de loin le plus répandu. 90 % des musulmans sont sunnites5. Il est apparenté à une vision orthodoxe de l’islam236.

    En 2016, un congrès, inauguré par le grand imam de l’Azhar, Ahmed al-Tayeb, rassemblant 200 personnalités sunnites du monde entier, s’est réuni dans le but de définir l’identité de ceux qui se font connaître comme ahl as-sunnah wa l-jamāʻah (arabe : أهل السنة والجماعة ; « les gens de la tradition de Mahomet et du consensus de la oumma ») ou, pour faire court, ahl as-sunnah (أهل السنة ; « les gens du sunnisme ») par opposition aux différents groupes considérés égarés.[réf. nécessaire]

    A l’issue de leurs travaux, les dignitaires sunnites ont convenu que les gens du sunnisme sont :

    Le soufisme

    Reproduction - Les soufis croient que le Coran a deux niveaux de signification ; le zahir, sens externe ou apparent ; et le batin, sens interne ou caché. Articles détaillés : Soufisme et Haqiqa.

    Illustration - Un marabout et son chapelet.

    Le terme « soufi » apparaît pour la première fois dans la seconde moitié du VIIIe siècle de l’hégire pour désigner des ascètes, des sages, des mystiques musulmans qui prient, jeûnent, portent des vêtements blancs rugueux (l’arabe sûf, signifie « bure », « laine »), car les premiers ascètes musulmans furent ainsi désignés à cause des vêtements de laine qu’il portaient ; ils peuvent porter le muruga, manteau fait de morceaux rapiécés symbolisant le fagr, c’est-à-dire l’illusion du monde238.

    Le mot « soufisme » serait tiré de al-souf (ﺻﻮﻑ [ṣūf], « laine » qui donne صوفيّ [ṣūfīy], « laineux ») ; c’est ce que retient en tout cas l’historien Ibn Khaldoun. Le soufi portait en effet un vêtement de laine blanche censée apporter de la sagesse aux regards. La modestie et la pauvreté sont évoquées dans d’autres noms donnés à certains d’entre eux : derviche (persan : درويش [derwiš], « mendiant ») ou [faqīr] (en arabe : فقير, « pauvre »). René Guénon ajoute que le sens premier et fondamental du mot « soufi » est donné par « l’addition des valeurs numériques des lettres dont il est formé. Le mot soufi a le même nombre que El-Hekmah el-ilahiyah, c’est-à-dire la « Sagesse divine » ; le soufi véritable est donc celui qui possède cette sagesse, ou, en d’autres termes, il est el-ârif bi’llah, c’est-à-dire « celui qui connaît par Dieu », car Dieu ne peut-être connu que par Lui-même »239.

    Les docteurs de l’islam (oulémas) ont défini le soufisme (en arabe : تصوف [taawwuf], « initiation »239) comme « une science dont l’objectif est la réparation du cœur afin de le détourner de tout autre que Dieu »240. En effet, Allah étant décrit dans un hadith comme un dieu « jaloux »241, l’amour tient une place centrale dans l’enseignement soufi. Les plus illustres ouvrages sur ce sujet sont : Le Traité de l’amour d’Ibn Arabi et Le Livre de l’amour de l’imam Al-Ghazâlî. Pour Ibn Arabi, « l’amour ne tolère pas l’association et cela seulement si l’essence de l’amant est une et indivisible »241. Et citant une formule : « Le soufisme ce n’est rien de plus que les cinq prières et l’attente de la mort »242. Pour René Guénon, reprenant à son compte une autre formule : « Si les chrétiens ont le signe de la croix, les musulmans en ont la doctrine »243. Ainsi, le soufisme est, pour ses adeptes, la dimension mystique intérieure de l’islam. Il peut être considéré comme un enseignement ésotérique de l’islam sunnite et un mouvement mystique et ascétique ayant influencé les dissidences chiites. Il connaît son apogée à Bagdad entre 750 et 950 sous le califat abbasside. Le soufisme est donc suivi par certains musulmans ; ceux-ci sont alors appelés soufis.[réf. nécessaire]

    Les soufis se font connaître, quant à eux, comme Ahl al-soufa (أَهلُ الصُّفَّةِ [ahl a-uffa], « les gens du banc » en référence à ceux qui vivaient dans la Mosquée du Prophète à Yathrib (Médine), et qui furent mentionnés dans le Coran comme « la compagnie de ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir désirant Sa face »244. Les soufis considèrent généralement que suivre la loi (charia) ou la jurisprudence islamique (fiqh) n’est que le premier pas sur le chemin de la soumission parfaite. Ils se concentrent sur des aspects internes ou plus spirituels de l’islam, comme la perfectibilité de la foi ou la soumission de l’ego (nafs). Les soufis cherchent à atteindre le fana (extinction du « moi » devant Dieu l’Unique) selon trois degrés ou étapes :

    • l’islam (proprement dit) ; la soumission à la charia ;
    • l’imane (qui est un don de Dieu) ; la foi par la tariqa ;
    • l’ihsane (qui est le but de la voie) ; l’excellence morale ou vertu dans la haqiqa245.
      La plupart des ordres soufis (tariqas) se rapprochent, soit du sunnisme, soit du chiisme. On les rencontre dans tout le monde islamique, du Sénégal jusqu’à l’Indonésie.[réf. nécessaire]

    La souffa : l’abri pour dormir

    Selon Moktar Chakroun, la « souffa » (à l’origine du mot français « sofa ») était un endroit ombragé de palmes à l’extérieur de la cour de la mosquée du Prophète à Médine, une place ombragée adossée au mur de la mosquée par l’extérieur, où venaient se réfugier les pauvres et les sans-abris par temps pluvieux. Par la suite, c’était une chambre située au fond de la mosquée et réservée à l’hébergement des pauvres246.

    La zaouïa : le coin pour étudier

    Illustration - Une zaouïa aux côtés des murs de la ville de Kairouan en Tunisie dans le début du XXe siècle. Article détaillé : Zaouïa (édifice religieux).

    Dans un premier temps, ce terme désigne un emplacement ou un local réservé à l’intérieur d’une structure plus vaste où les soufis (mystiques) pouvaient se retirer comme le laisse entendre le sens de la racine du mot arabe (angle ou recoin).

    Par la suite, le mot désigne un complexe religieux comportant une mosquée, des salles réservées à l’étude et à la méditation ainsi qu’une auberge pour y recevoir les indigents. On y effectue les pratiques spirituelles et on y enterre les saints fondateurs des confréries soufies.

    La confrérie soufie (رابِطة [rābita]) se regroupe dans un ribat (رِباط [ribāt]) parfois fortifié. Au Maghreb, ces confréries se sont développées dans le cadre urbain sous la forme des zaouïas. Les membres de ces confréries se font parfois appeler marabouts (مَرْبوط [marbūt] ou مُرابِط [murābit], « celui qui est attaché »).

    Le salafo-wahhabisme - Articles détaillés : Salafisme et Wahhabisme.

    Le « wahhabisme » est une voie de l’islam, fondée par Mohammed ben Abdelwahhab, se revendiquant de l’islam sunnite hanbalite et se présentant comme le précurseur du réformisme salafiste. Pour ses adeptes, ce mouvement représente la revivification du salafisme. Pour ses contradicteurs, c’est plutôt une « énième faction kharidjite »247. En effet, il est à noter qu’avant de se fondre dans la masse musulmane sunnite, la dynastie saoudienne (qui ne descend pas de la tribu de Quraych) se singularisait déjà par une confession minoritaire, le kharidjisme248,249. Du reste, les salafistes djihadistes sont souvent qualifiés de « takfiristes » ou de « kharidjites » par leurs adversaires musulmans (chiites et sunnites), qui les accusent, entre autres, d’innover un « sixième » pilier de l’islam avec leur « djihad » armé. Des termes récusés par les salafistes250 qui retournent la pareille (appellation polémique de kharidjite) en forme d’excommunication (takfir) de leurs contradicteurs musulmans251.

    Une des estimations les plus détaillées de la population religieuse dans le Golfe Persique est celle de Mehrdad Izady qui estime, « en utilisant des critères culturels et non confessionnels », à moins de 5 millions le nombre de salafistes ou wahhabites dans la (seule) région du golfe Persique (contre 28,5 millions de sunnites et 89 millions de chiites)252,note 44 ; dont environ 4 millions en Arabie saoudite (surtout dans la région centrale du Nejd) et le reste provenant majoritairement du Qatar et de l’émirat de Charjah252. 46,87 % des Qataris252 ; 44,8 % des Émiratis252 ; 5,7 % des Bahreïnis ; et 2,17 % des Koweïtiens sont wahhabites252. Ils représentent environ 0,5 % de la population musulmane dans le monde253.

    En 2016, le congrès de Grozny déclare que le wahhabisme ne fait pas partie du sunnisme254,237,255. Ce congrès réitère ainsi la mise au ban de l’oumma de Mohammed ben Abdelwahhab prononcée dès le milieu du XVIIIe siècle par les shérifs et les muftis de la Mecque, avalisant alors une réfutation contre « l’égaré qui égare » intitulée : Le Livre de la prévention de l’égarement et de la répression de l’ignorance, et rédigée par le théologien hanbalite Souleyman ben Abdelwahhab (qui n’est autre que son propre frère)256.

    Le chiisme

    Photo - Mosquée de l’imam Husayn à Kerbala, en Irak. On distingue aussi deux longs minarets de la mosquée Al Abbas sur la photo. Article détaillé : Chiisme.

    Le chiisme est divisé en différentes branches, dont les principales sont le chiisme duodécimain (branche la plus importante), le zaïdisme et l’ismaélisme257. Chaque branche accepte différents descendants d’Ali ibn Abi Talib, cousin de Mahomet, comme imams. Après la mort de l’imam Ja’far al-Sâdiq qui est considéré comme le sixième Imam par les chiites duodécimains et les ismaéliens, les ismaéliens reconnaissent son fils Ismaïl ben Jafar comme son successeur alors que les chiites duodécimains suivent son autre fils Musa al-Kazim comme le septième imam. Les zaïdites considèrent, quant à eux, Zayd ibn Ali, l’oncle de l’Imam Jafar al-Sadiq, comme leur cinquième imam, et suivent donc une autre ligne de succession après lui.

    Chiisme duodécimain - Article détaillé : Chiisme duodécimain.

    Les duodécimains sont « ceux qui croient en la venue de douze imams ». Ils représentent 80 % des chiites52. On peut les séparer en deux grands groupes :

    Les septimains sont « ceux qui croient en la venue sept imams ». L’ismaélisme (arabe : al-Ismā’īliyya, الإسماعيلية ; persan : اسماعیلیان ; sindhi : اسماعيلي ; kurde : Ismaili ; Esmā’iliyān) est une branche de l’islam chiite. Les ismaélites tirent leur nom de leur acceptation d’Ismaïl ben Jafar comme le successeur spirituel désigné à l’imam Ja’far al-Sâdiq, ce en quoi ils diffèrent des duodécimains, qui acceptent Musa al-Kazim, frère cadet de Ismaïl, comme le vrai Imam.

    Chiisme quintimain (ou zaïdisme du Yémen) - Article détaillé : Zaïdisme.

    Les quintimains sont « ceux qui croient en la venue de cinq imams ». Le zaïdisme (arabe : الزيدية, az - Zaydiyya) est la plus ancienne branche de l’islam chiite qui a émergé au début du VIIIe siècle. Elle est nommée d’après Zayd ibn Ali, le petit-fils d’Al-Hussein ibn Ali. Les adeptes de l’école juridique (quasi-école de droit sunnite258) sont appelés zaydites et représentent environ 35-40 % des musulmans au Yémen259. En dehors de la question éminemment politique du califat, ils suivent un rite presque identique au rite hanafite pour la jurisprudence islamique et sont en général mutazilites pour la théologie260.

    Le kharidjisme

    Photo : Ghardaïa, la vieille ville ibadite en Algérie. Articles détaillés : Kharidjisme et Ibadisme.

    Photo - Mosquée wahhabite sur l’île de Djerba en Tunisie.

    Le kharidjisme se divise à son tour en diverses communautés et tendances (sufrites, ibadites, etc.). De nos jours la seule tendance kharidjite qui ne s’est pas éteinte ou marginalisée est l’ibadisme (tendance quiétiste proche du sunnisme261). Il se retrouve dans le sultanat d’Oman (qui pratique un ibadisme d’État), et dans quelques régions du Maghreb très localisées : en Algérie (chez les Berbères de Ghardaïa) et en Tunisie (île de Djerba).

    Autres courants théologiques, sociologiques, idéologiques ou politiques liées à l’islam ou dérivant de l’islam - Article détaillé : Mutazilisme.

    Un quatrième courant, qui s’est éteint au Moyen Âge, le mutazilisme, est une école théologique rationaliste, en conflit avec le sunnisme naissant ; il est apparu à la fin du califat omeyyade, au milieu du VIIIe siècle, et a été éradiqué au XIe siècle par le sunnisme, en particulier par les acharites (disciples d’Al-Ach’ari 873-935, lui-même un ex-mutazilite) qui sont parvenus à venir à bout de son rationalisme jugé abusif, car il voulait tout submerger262. Cette école, dont des textes ont été redécouverts au XIXe siècle, connaît une petite résurgence depuis cette date chez certains intellectuels, notamment en raison de ses conséquences politiques et de ses liens avec la démocratie263. Cependant, le mutazilisme a perdu tout crédit populaire à la suite de l’inquisition musulmane du calife Al-Ma’mūn pour imposer sa doctrine et ne récolta plus en retour que haines et persécutions262.

    Pour compléter la présentation de la religion musulmane, on ne peut éluder les pratiques populaires de l’islam. Souvent issues de syncrétismes avec les religions préislamiques, elles sont encore très présentes dans les sociétés rurales traditionnelles, qui mélangent animisme, culte des ancêtres, et religion révélée, s’exprimant essentiellement, en ce qui concerne l’islam, à travers des « confréries musulmanes ». Ces mouvements ou confréries s’apparentent grossièrement aux ordres religieux chrétiens non cloîtrés. Certains sont condamnés par l’islam qui les trouve hétérodoxes et réinstauratrices des vestiges archaïques de croyances superstitieuses. Il faut également mentionner l’apparition, au XXe siècle, des musulmans réformés ou libéraux qui visent à un aggiornamento général.

    Lieux saints

    Photo - Le mont Arafat, situé à La Mecque en Arabie saoudite, est le point d’orgue du pèlerinage. Les musulmans du monde entier affluent à cet endroit pour y être absous par Dieu. Article détaillé : Lieux saints de l’islam.

    • La Mecque (Makkah) en Arabie saoudite, abrite la Kaaba (« le Cube »). Selon la tradition, il est le premier lieu de culte, bâti par Adam (Adam) sur Terre, puis reconstruit par Ibrahim (Abraham). Jusqu’à l’avènement de l’islam, il était dédié au dieu arabe Houbal, qui était vénéré par des rites de circonvolution autour de la pierre noire. Tout musulman se doit d’y faire un pèlerinage au moins une fois dans sa vie s’il en a la capacité physique et financière ;
    • Médine (Madīnatu an-Nabî), où immigra Mahomet après s’être enfui de La Mecque, est la deuxième ville sainte de l’islam. Selon ses propres paroles, « pour qui me visite après ma mort, c’est comme s’il m’avait visité de son vivant »168 ;
      La ville de Jérusalem (al-Qods) est considérée comme haram et informellement264 acceptée par les musulmans comme étant « le troisième lieu saint ». Cependant elle est reconnue comme d’une importance moindre, et certains courants islamiques identifient d’autres lieux saints plus importants265. C’est l’endroit vers lequel le prophète Mahomet aurait effectué le voyage nocturne et l’ascension. Par piété filiale, les sunnites reconnaissent Hébron, lieu du tombeau d’Abraham, père d’Ismaël168.

    Les chiites reconnaissent deux autres lieux saints : Nadjaf, en Irak, et Kerbala, lieu du martyre d’Hussein, petit-fils du prophète Mahomet et fils d’Ali, troisième imam, ainsi que ses compagnons, venus à Kerbala pour défendre l’imamat c’est-à-dire la succession par l’imam Ali, gendre du prophète, et Hussein, son fils (Hassan, son frère aîné ayant été tué). Tous les ans, a lieu la commémoration de ce massacre, à Kerbala.

    Selon l’UNESCO, la ville d’Harar en Éthiopie, est la quatrième ville sainte266,267,268.

    Dialogue interreligieux

    Photo - Le dôme du Rocher à Jérusalem. Article détaillé : Dialogue interreligieux dans l’islam.

    L’islam reconnaît tous les pères fondateurs du judaïsme (Moïse, David, Salomon) et du christianisme comme des prophètes, sans pour autant s’y limiter, et établit d’une manière générale les prophètes comme moyens pour Dieu de rappeler les hommes vers la foi en Lui et un comportement de droiture[réf. nécessaire].

    L’attitude de l’islam par rapport à ces deux religions antérieures, connues sous le nom de « religions du Livre », consiste à la fois à les respecter et à leur reconnaître une certaine vérité, mais les considérer comme ayant été corrompues au fil du temps par les passions des hommes (manipulations servant des besoins politiques, injustice, excès, etc.) (sourate 17, 30…)[réf. nécessaire].

    Pour ce qui est de la tolérance religieuse, le lettre de Mahomet aux chrétiens najrânites où ils purent exercer librement leur culte en l’an 631 est souvent cité. Pour des chercheurs, ces alliances ont été tardivement « forgées par des chrétiens qui voulaient prouver à leurs suzerains musulmans que le Prophète lui-même avait garanti leur bien-être et la préservation de leurs biens »269,270,271.

    L’apostasie dans l’islam vers une autre religion, quelle qu’elle soit, est fermement interdite par l’interprétation majoritaire du Coran272.

    Rôles de genre - Article détaillé : Rôles de genre dans l’islam.

    Les rôles de genre dans l’islam sont simultanément colorés par deux préceptes coraniques : (1°) l’égalité spirituelle entre les femmes et les hommes ; et (2°) l’idée que les femmes sont destinées à exemplifier la féminité et les hommes, la masculinité273.

    L’égalité spirituelle entre les femmes et les hommes est détaillée dans la sourate Al-Ahzab :

    « Les musulmans et musulmanes, croyants et croyantes, obéissants et obéissantes, loyaux et loyales, endurants et endurantes, craignants et craignantes, donneurs et donneuses d’aumônes, jeûnants et jeûnantes, gardiens de leur chasteté et gardiennes, invocateurs souvent d’Allah et invocatrices : Allah a préparé pour eux un pardon et une énorme récompense. » (Coran, sourate 33, verset 35)

    Par ailleurs, Mahomet rappela l’importance de la femme dans la réalisation du mou’min complet en disant : « Le Paradis se trouve sous les pieds de vos mères »274,275. Enfin, dans les actes, selon Muhammad Hamidullah, le Prophète nomma une femme, Umm waraqah bint ’Abdallah bint al-Hârith qui avait appris le Coran par cœur276, imam des hommes et femmes de son quartier à Médine, « à titre exceptionnel »277.

    Toutefois, l’une des plus grandes références du salafisme, le cheikh Ibn Uthaymin, une figure du wahhabisme saoudien, estime, dans ses consultations juridiques (fatwas), que les femmes de bonnes mœurs ne doivent quitter leur domicile qu’avec l’autorisation du mari ou du « gardien ». Il précise même, très sérieusement, que : « La femme est libre chez elle, elle se rend dans toutes les pièces de la maison et travaille en accomplissant les tâches ménagères278 ». En réalité, selon la Hedjazie Suhayla Zayn al-Abidin, le wahhabisme a servi à légitimer ce qui n’est rien d’autre que des coutumes locales najdies : « alors que l’islam a permis l’ijtihad (l’interprétation des textes) dans le but de s’adapter aux circonstances correspondant aux différents lieux et aux différentes époques, un groupe d’oulémas, qui n’est pas peu nombreux, s’est contenté de proclamer des interdictions au nom de sadd al-dharaʿi (« blocage des moyens », principe-clé du droit wahhabite). Ceux d’entre eux qui ont appliqué ce principe à la femme l’ont fait parce qu’ils la regardent avec des yeux païens (jahiliyya), et la traitent selon des coutumes et des traditions païennes, qui ne sont en rien une application de ce qu’a apporté l’islam » (dans Al-Sharq al-Awsat, 30 mai 2004)279,280.

    Critiques - Articles détaillés : Critique de l’islam et Mouvement des musulmans laïques de France.

    Les critiques négatives contemporaines, faites à l’islam par de nombreux auteurs de pays dont les systèmes politiques sont laïques ou séculiers, sont pratiquement les mêmes que celles faites aux deux autres religions monothéistes : obscurantisme, misogynie, phallocratie, homophobie, intolérance, éloge de certaines violences, etc., qui en sont les caractères extrémistes et qui dominent face aux notions de justice, de paix, d’égalité que l’on peut retrouver dans ces religions.

    Par exemple, parmi les auteurs anglo-saxons, l’éthologiste britannique Richard Dawkins281 estime que l’islam est incompatible avec les avancées récentes de la science, et en particulier la théorie de l’évolution, et a même émis le souhait personnel de « populariser l’évolution dans le monde islamique »282. Cette critique est formellement contredite par le médecin français concordiste Maurice Bucaille qui affirme dans son livre L’homme d’où vient-il ? : les réponses de la science et des Écritures saintes que l’évolution est tout à fait compatible avec les récits coraniques283. Pour l’historien tunisien Mohamed Talbi l’évolutionnisme est une vieille tradition dans la pensée musulmane, il cite entre autres Ibn Khaldoun284.

    Le journaliste anglo-américain Christopher Hitchens285, est encore plus virulent à l’égard de l’islam et des religions en général : « Violente, irrationnelle, intolérante, alliée au racisme, au tribalisme et au sectarisme, revêtue d’ignorance et hostile à l’investigation libre, dédaigneuse des femmes et coercitive envers les enfants : la religion organisée doit avoir beaucoup sur la conscience ». Au sujet de l’islam, Hitchens soutient que cette religion est sexiste, intolérante, et comprend de nombreuses « sectes guerrières et contradictoires entre elles »286. Néanmoins, « l’affirmation fondamentale » de l’islamisme selon laquelle l’islam « ne peut s’améliorer et est définitif » est, selon lui, « absurde »287. Cependant, bien des critiques peuvent paraître infondées, comme l’accusation de racisme, de tribalisme ou d’intolérance. En effet, lors de son discours d’adieu, Mahomet a déclaré au contraire qu’« aucun Arabe n’a une supériorité sur un non-Arabe »288. Prophétisant les foutoûhât (« ouvertures à l’islam »289) entre autres de l’Égypte, il a recommandé de traiter ses habitants avec bienveillance : « Dieu vous recommande les gens de la protection (Ahl al-dimmah), les gens de l’argile noire (limon du Nil, ndlr), qui sont de teinte noire et ont les cheveux crépus car ils sont vos parents (par Agar, ndlr) et alliés (par Marie la Copte, ndlr) »290. Et d’insister : « il faut obéir à l’autorité légale, même détenue par un Noir à nez coupé (adultère, ndlr) »291,note 45. Dans sa biographie sur Mahomet, Maxime Rodinson fait une analyse contextuelle des réformes législatives et sociales de Mahomet, et souligne que celui-ci a fait des réformes concernant la condition féminine, l’esclavage, et la sécurité en général292. Après une étude contextualisée de ses réformes au regard de l’époque médiévale, Rodinson conclut : « Ainsi se constituait une législation qui, malgré ses lacunes, ses obscurités, son caractère occasionnel, était à maints égards un progrès sur l’état antérieur. Elle répondait bien aux nécessités particulières de la petite communauté médinoise en voie d’extension. Elle sauvegardait la sécurité de l’individu et protégeait certaines catégories particulièrement exposées. En général, la tendance existante à l’individualisme était encouragé, sans que le système tribal soit abandonné. Surtout au milieu de l’océan des coutumes imposées par la tradition et l’opinion publique, apparaissaient des éléments d’un véritable droit des prescriptions, en principe nettement formulées et valables pour tous »293. Après la mort de Mahomet (en 632), le deuxième calife de l’islam Omar ibn al-Khattâb (mort en 644) a poursuivi ces réformes sociétales en abolissant l’esclavage pourtant traditionnellement ancré dans toute l’Arabie294.

    « Le futur de l’Islam se trouve dans le principe de l’accord des musulmans avec la conception de la [foi] universelle et la capacité, à travers cette universalité, de faire et d’abroger des lois. À mesure que les musulmans avancent, leurs lois peuvent, de même, avancer avec eux, et la prise de la mainmorte du droit canon peut se relâcher graduellement et légalement »295.

    Dans son livre Violence et islam, le poète arabe Adonis considère que la violence est inhérente à l’islam et au Coran, la non-violence ne s’appliquant pas envers les kafirs et les apostatsnote 46, ni envers les femmes296, et constate que l’islam, historiquement et idéologiquement, encourage le saby (la prise de captives)297.

    Bibliographie - Avertissement : la bibliographie ci-dessous est proposée à titre indicatif. La littérature sur l’islam étant très abondante, seuls quelques livres sont proposés. Toutefois, ces livres n’ont pas tous la même valeur didactique et leur choix repose sur celui de plusieurs éditeurs de cet article. Leur présence sur cette liste n’est en aucun cas gage de sérieux de l’ouvrage.

    Les rubriques Ouvrages, Notes et Références sont à voir en détail sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Islam

    Sur les autres projets Wikimedia : Islam, sur Wikimedia Commons islam, sur le Wiktionnaire Islam, sur Wikiversity Islam, sur Wikisource Islam, sur Wikinews

    Articles connexes : Islam en France Civilisation islamique Sciences arabes (en terres d’islam) Critique de l’islam Wahhabisme Salafisme Droit musulman Coran Nombre de musulmans par pays Concordisme islamique

    Lien externe : « Comptes rendus d’ouvrages portant sur l’islam »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le 22 septembre 2017) sur le site de l’Institut européen en sciences des religions [archive].

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    8.
    La r
    eligion musulmane et les Musulmans dans le monde – Données Wikipédia

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    Musulmans

    Carte - Pourcentage de musulmans par pays : en vert les sunnites, en rose les chiites et en noir les ibadites

    Populations significatives par région

    Drapeau de l’Indonésie Indonésie

    209 000 0001

    Drapeau de l’Inde Inde

    176 000 0001

    Drapeau du Pakistan Pakistan

    167 000 0001

    Drapeau du Bangladesh Bangladesh

    134 000 0001

    Drapeau du Nigeria Nigeria

    77 000 0001

    Drapeau de l’Égypte Égypte

    76 000 0001

    Drapeau de l’Iran Iran

    73 000 0001

    Drapeau de la Turquie Turquie

    71 000 0001

    Drapeau de l’Algérie Algérie

    38 000 0001

    Drapeau du Maroc Maroc

    33 000 0001

    Drapeau de l’Irak Irak

    31 000 0001

    Drapeau de l’Afghanistan Afghanistan

    31 000 0001

    Drapeau du Soudan Soudan

    30 000 0001

    Drapeau de l’Ouzbékistan Ouzbékistan

    26 000 0001

    Drapeau de l’Arabie saoudite Arabie saoudite

    26 000 0001

    Drapeau de l’Éthiopie Éthiopie

    25 000 0001

    Drapeau de la République populaire de Chine Chine

    24 000 0001

    Drapeau du Yémen Yémen

    23 000 0001

    Drapeau de la Syrie Syrie

    18 000 0001

    Drapeau de la Malaisie Malaisie

    18 000 0001

    Drapeau de la Tunisie Tunisie

    10 349 0001
    Population totale 1,599 milliard (2010)1
    Autres
    Régions d’origine Monde musulman
    Langues Arabe, Indonésien, Ourdou, Pendjabi, Sindhi, Rajasthani, Bengali, Tamoul, Haoussa, Peul, Persan, Pachto, Turc, Berbère, Dari, Ouzbek, Somali, Ouïghour, Hui, Kurde, Azéri, Afar, Malais, Tadjik, Turkmène, Tatar, Albanais, Kirghiz, Wolof, Hassanya, Songhaï, Kazakh, Bosniaque, Tchetchene, Bashkir, Romani, Tigrigna...
    Religions Islam sunnite : 75-80 %1

    Islam chiite 20-24 %1

    autres courants musulmans : 1 %1

    Page d’aide sur les redirections« Muslim » et « Musulmans » redirigent ici. Pour les autres significations, voir Muslim (homonymie) et Musulmans (homonymie).

    Photo - Prière de groupe en Afghanistan.

    Un musulman (en arabe : المسلم) est une personne qui considère le Coran comme un verbatim écrit de Dieu, révélé au travers du prophète Mahomet. Cela passe par les pratiques d’une des formes de l’islam, religion abrahamique et monothéiste. Le mot « musulman » vient de l’arabe, signifiant « celui qui se soumet » à la volonté de Dieu2.

    Étymologie

    D’après le trésor de la langue française informatisé, le terme musulman est un substantif de l’adjectif qui vient soit directement soit indirectement par l’intermédiaire du turc müslüman, du persan — qui ajoute la terminaison persane, marque du pluriel des noms d’êtres animés — de langue arabe où le terme muslim « musulman » est le participe actif du verbe aslama qui signifie « se confier, se soumettre, se résigner (à la volonté de Dieu) » ; il correspond au nom d’action islam. L’origine en serait la racine slm de l’araméen, au sens de [se] remettre [à Dieu] c’est-à-dire de [se] soumettre3,4.

    Définition

    Le musulman marque habituellement son intégration dans la pratique de l’islam par le prononcé de la profession de foi musulmane, la chahada : أشهد أن لآ إلَـهَ اِلا الله وأشهد أن محمدا رسول الله / Ašhadu an lā ilāha illa-llāh, wa-ašhadu anna Muammadan rasūlu-llāh, pouvant se traduire par « J’atteste qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu et que Muammad est l’envoyé de Dieu »5. Mais il n’existe pas de définition absolue du « musulman »6.

    Situation

    Pour le linguiste et imam Mohamed Bajrafil, « Ceux qui sont nés ici ou qui connaissent les codes du pays, ceux qui sont de cette double culture occidentale et musulmane doivent prendre la parole. Mais dès qu’ils se retrouvent au-devant de la scène, on dit qu’ils sont cooptés »7.

    Le musulman peut être confronté à des incohérences entre les lois humaines et les lois divines. Waleed Al-Husseini considère que « l’islam refuse par définition la suprématie des lois humaines par rapport aux lois divines »8. Mais le musulman doit se soumettre à la fois à la loi du pays dont il est citoyen et où il réside, et à sa propre religion9,10,11

    Statut juridique

    Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (novembre 2016). 

    Dans certains pays, le croyant est lié à un statut personnel particulier, c’est par exemple le cas des nationaux musulmans de Yougoslavie. Cette différence de statut entraîne l’application de systèmes juridiques différents, en particulier en matière de droits civils (mariage, succession…). En 1903, la cour d’appel d’Alger a ainsi estimé que « musulman » est un terme qui « n’a pas un sens purement confessionnel », et a confirmé qu’un « indigène » algérien de confession catholique était bien « musulman »12.

    Dans les pays, qui défendent l’intégration, ou l’intégration culturelle, où existe un statut civil unique, tous les habitants sont soumis aux mêmes lois. Cette pratique s’appuie sur la notion d’égalité esquissée en tout ou partie par des textes comme le principe de l’égalité des races, la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Convention européenne des droits de l’homme.

    Dans les pays où l’islam est la religion de l’État, les musulmans peuvent jouir d’une situation privilégiée par rapport aux non-musulmans, lorsqu’ils appliquent des textes comme la Déclaration des droits de l’homme en islam ou la Charte arabe des droits de l’homme qui conduisent à ce que la loi ne soit influencée que par la seule Charia. Par exemple, dans certains de ces pays, il est interdit sous peine de prison de manger ou de boire en public pendant le jeûne du mois de ramadan.

    Répartition

    Article détaillé : Nombre de musulmans par pays.

    Selon le Pew Forum, en 2009, plus de 60 % des musulmans vivent en Asie et environ 20 % vivent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Également, environ 300 millions de musulmans (sur un total d’environ 1,57 milliards) sont localisés dans des pays où l’islam n’est pas la religion majoritaire. Les trois pays comportant le plus de musulmans (2009) sont, respectivement, l’Indonésie (202 867 000), le Pakistan (174 082 000) et l’Inde (160 945 000)13.

    Notes et références

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    Nombre de musulmans par pays

    Carte - Pourcentage de musulmans par pays en 2009.

    Le tableau qui suit s’appuie sur le recensement des populations musulmanes des différents pays du monde, publié le 27 janvier 2011 par le département Pew Forum on Religion & Public Life du Pew Research Center1 : les pourcentages indiqués ne témoignent ni de la pratique régulière (la « ritualité »), ni de la foi individuelle (la « religiosité ») des personnes se déclarant musulmanes, mais plutôt de leur attachement à l’islam en tant que composante culturelle et historique de leur identité.

    Selon le Pew Research Center en 2010, 49 pays ont une majorité de population musulmane2. Les pays qui comptent le plus de musulmans sont : l’Indonésie, qui abrite 12,7 % des musulmans du monde, suivi du Pakistan (11 %), de l’Inde (10,9 %), et du Bangladesh (9,2 %)3. Environ 20 % des musulmans vivent dans des pays arabes4.

    Tableau triable – Voir les détails à la source

    (Cliquez sur le symbole placé en haut de chaque colonne pour trier selon l’intitulé de cette colonne).

    Voir aussi : Christianisme par pays Nombre de juifs par pays

    Notes et références à consulter à la source

    Portail de l’islamPortail de l’islam Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nombre_de_musulmans_par_pays

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    Les pays d’Europe avec le plus de Musulmans ! - Vidéo 13:59 sortie le 27 février 2019 - TéléCrayon - Aidez-moi financièrement sans payer : https://utip.io/telecrayon Source : https://www.youtube.com/watch?v=irpRp2sJ6VQ

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    9.

    Les Lumières et l’Islam – Enregstrement de 56 minutes 06/05/2018 – Dans le cadre des émissions de France Culture Questions d’islampar Ghaleb Bencheikh les dimanches de 7h05 à 8h.

    Bilan de trente ans de recherche, cette étude porte sur l’Islam au XVIIIe siècle et son héritage aujourd’hui, et sur les constructions musulmanes des Lumières à partir du XIXe siècle et leurs répercussions jusqu’au Printemps arabe.

    Illustration - Portrait de femme de la noblesse de Constantinople chaussee de chaussures de hammam • Crédits : Peinture de l’ecole de Jean Baptiste Vanmour / Leemage - AFP

    La réflexion sur les interactions et le dialogue entre l’Orient et  Les Lumières s’est imposée comme un domaine privilégié de recherche et d’études historiques. Elle trouve aujourd’hui une place pour qui veut comprendre notre temps avec ses tumultes et convulsions. 

    Le professeur Héda Ouertani-Khadar vient évoquer l’islam et la civilisation qu’il sous-tend dans la littérature française à l’aube des Lumières. 

    Elle aura à présenter, ce qu’elle a mis en exergue dans ses études, entres autres, l’ambiguïté des termes « barbarie » et « barbaresque » dans la mesure où leur parenté, si complexe, n’a pas manqué de donner lieu à de nombreux malentendus, à une époque où l’intérêt pour l’Islam était vif. Ainsi dans la fiction romanesque, la « Barbarie » devient-elle un lieu, non seulement d’aventures, mais aussi un lieu des possibles narratifs. La captivité sert notamment de prétexte à une réflexion sur la barbarie des hommes chez Voltaire, sur les limites de la liberté avec Rousseau et sur les exaltations du cœur humain dans l’œuvre de Marivaux. 

    Hédia Khadhar publie ’Les lumières et l’islam. Quelle altérité pour demain ?’ aux éditions L’Harmattan (janvier 2018). 

    Reproduction - 12 septembre 1683 : bataille de Kahlenberg. Le roi Polonais Jean III Sobieski repousse le grand vizir turc, Kara Mustafa, arrivé aux portes de Vienne à la tête de 180 000 hommes. Le peintre est Juliusz Kossak (1824–1899)• Crédits : Wikimedia Commons - Aquarelle conservée au Musée de Varsovie (Pologne)

    Ces études sur Les Lumières et l’Islam font le bilan de recherches effectuées durant trente ans. Elles portent sur une double problématique, celle des approches de l’Islam au XVIIIe siècle et leur héritage aujourd’hui, et celle des constructions musulmanes des Lumières à partir du XIXe siècle et leurs répercussions jusqu’au « Printemps arabe ». Sur le site de l’éditeur.

    Gravure - L’écrivaine, poétesse, dramaturge et romancière Madame de Villedieu (1640-1683). La gravure est signée Charles Devrits • Crédits : Wikimedia Commons

    Hédia Ouertani-Khadhar est Docteure d’Etat ès lettres (Paris IV-Sorbonne) et diplômée Sciences Po (Paris). Professeure émérite de l’Université de Tunis et associée aux Universités de Rouen, Grenoble et Paris III. Fondatrice de la Société tunisienne d’étude du dix-huitième siècle. Elle a organisé et participé à de nombreux colloques portant sur l’Orient et les Lumières.

    Illustration - Portrait de Mohammed Bey (avant 1859). Artiste inconnu.• Crédits : Wikimedia Commons

    Il a été question de : Aufklärung - Karl Marx - Friedrich Nietzsche - Sigmund Freud - Bataille de Poitiers (732)Rifa’a al-Tahtawi - Marie-Catherine Desjardins dite de Villedieu - Gottfried Wilhelm Leibniz - Essais de Théodicée - Pacte fondamental de 1857...

    Illustration - Rifa’a al-Tahtawi• Crédits : Wikimedia Commons

    Et de : Siège de Vienne (1683) - 1683 - Abbassides - François Rabelais - Denis Diderot - Lumières (philosophie) - Avicenne - Averroès - Pierre le Vénérable - Vincent de Paul - Molière ...

    Illustration - Hâroun ar-Rachîd, Calife de Bagdad (14 septembre 786 – 24 mars 809. 22 ans, 6 mois et 10 jours) • Crédits : Wikimedia Commons

    Et enfin de : - Affaire Calas - L’Or de Paris - - Compagnie de Jésus -Jansénisme - Hâroun ar-Rachîd - Les Milles et une Nuits - Shéhérazade - Lettres persanes - MontesquieuRévolution tunisienne - Uchrorie - Voltaire - René Pomeau - Massacre de la Saint-Barthélémy - Campagne d’Egypte - Révolution constitutionnelle persane - Art urbain.

    Illustration - Shéhérazade et le sultan par le peintre persan Sani ol-Molk (1849-1856). Illustration entre 1849 et 1856• Crédits : Sani ol-Molk (1814-1866) - Wikimédia Commons

    Musique (extraits) : Sniper par Ahmed Alshaiba - Idir pour La France des couleurs - Cheikha Rimitti pour Les racines du raï (Raï roots)

    Reproduction - Les Mille et Une Nuits : photo de deux pages d’un manuscrit syrien du XIVe siècle. Bibliothèque nationale de France.• Crédits : Wikimedia Commons

    L’équipe de production : Olivier Dupré (technicien) - Franck Lilin (réalisateur) - Sylvia Favre (attachée de production et site internet).

    Bibliographie – 1èrepage de couverture : Les lumières et l’islam. Quelle altérité pour demain ?Hédia Ouertani-KhadharL’Harmattan, 2018

    Intervenante : Hédia Ouertani-Khadhar, Docteure d’Etat ès lettres (Paris IV-Sorbonne) et diplômée Sciences Po (Paris)

    À découvrir égaldement : De l’art de concilier foi et raison en islam

    Tags : Islam Religion et spiritualité

    L’équipe – Production : Ghaleb Bencheikh – Réalisation : Franck Lilin - Avec la collaboration de Sylvia Favre

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    Source : https://www.franceculture.fr/emissions/questions-dislam/les-lumieres-et-lislam

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    9bis.
    La Fondation Malek Chebel restaure « l’Islam des Lumières » le temps d’une rencontre

    Photo - De gauche à droite : Bariza Khiari, Omero Marongiu-Perria, Ghaleib Bencheikh, Jalila Sbaï et Anouar Kbibech. 

    La Fondation Malek Chebel organisait jeudi 4 avril une rencontre à l’Institut du Monde arabe pour un hommage consacré à l’écrivain et intellectuel musulman mort en 2016. Trois tables rondes sur l’islam des Lumières, le slogan cher à Malek Chebel, ont été proposées au public. Mizane.info était présent.

    Deux ans et demi après son décès, la Fondation qui porte son nom proposait au public une rencontre hommage à la mémoire de Malek Chebel, l’écrivain et intellectuel musulman qui a consacré sa vie à plaider pour un nouvel islam pleinement adapté à la modernité.

    La Fondation Malek Chebel s’est fixée comme objectifs de participer à l’élaboration du savoir « en contribuant à juguler les poussées extrémistes ». Elle « souhaite devenir un pôle majeur d’émulation intellectuelle » et « entend contribuer au dialogue entre l’Orient et l’Occident ».

    Photo - Les membres du comité scientifique de la Fondation Malek Chebel. De gauche à droite : Rachid Benzine, Luc Ferry, Jacques Attali, Bariza Khiari, Ghaleib Bencheikh, Haïm Korsia, Alain Maillard de la Morandais, Fadila Mehal.

    Accueilli par l’Institut du Monde arabe, cette rencontre s’est déclinée autour de trois tables rondes.

    La première table ronde était intitulée Art de vivre, raffinement et sexualité en terre d’Islam.

    Nous ne sommes pas obligés de nous référer au passé mais à des principes que l’on pense transcendants. Les droits de l’homme sont vus comme transcendants par les républicains, tout comme la sharia. Ces deux modèles ne se discutent pas pour leurs partisans. Ousmane Timera

    L’objectif de cette table ronde à laquelle ont participé Virginie Larousse, rédactrice en chef du Monde des religions, la sexologue Nadia El Bouga et l’universitaire Hiba Msaddi, était de revisiter l’art de vivre et le raffinement des mœurs que connut une partie historique du monde musulman et d’en redéfinir les modalités dans l’optique d’un islam progressiste.

    Les convergences khaldouniennes et kantiennes

    La seconde table ronde a été consacrée au thème « Islam des Lumières : un Islam de notre temps ». Elle a été animée par Steven Duarte, agrégé d’arabe et docteur en islamologie de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, qui a travaillé sur la question du réformisme en islam et qui était le co-organisateur d’un premier colloque sur le réformisme musulman à l’EPHE.

    A cours de sa prestation, Ousmane Timera s’est positionné comme musulman non islamiste, non laïciste et non moderniste en insistant sur la spécificité de son parcours.

    Photo de l’intervention d’Ousmane Timera.

    Il a resitué ce qu’il fallait entendre par islam des Lumières, une notion qu’il a qualifié de pléonasme et qui ne pouvait être compréhensible qu’à la lumière du conflit entre deux interprétations : un réformisme traditionnel du juste milieu qui considère que « la tradition est l’islam même » et un réformisme moderniste qui considère que la modernité occidentale est le « summum » de la civilisation dont il faut s’inspirer.

    Il y a, dit-il, dans les deux cas « caricatures et non pensées », « refus d’innover et de participer à l’Histoire en tant qu’acteurs qui proposent ». L’homme a souligné la concomitance de la vision kantienne du « pense par toi-même » et de la proclamation coranique d’une lieutenance humaine développée par Ibn Khaldoun.

    « Malek Chebel a versé dans une espèce d’anachronisme car l’idée des Lumières européennes s’est fondée sur l’athéisme. Cet athéisme n’existe pas dans la pensée islamique (…) L’esprit des Lumières en Europe s’est fondé sur l’esprit musulman des Lumières. Et non pas le contraire ». Karim Ifrak

    Avant d’annoncer que le projet théologique futur ne sera pas une énième imitation du passé ou du présent mais l’accomplissement des valeurs cosmiques de l’islam qui n’ont pas encore été réalisées à travers l’engagement écologique, l’égalité entre tous les êtres, le partage et la redistribution.

    A lire aussi : A l’UNESCO, des intellectuels arabes ouvrent le procès de « l’Islam au XXIe siècle »

    Toujours sur Les Lumières, l’idée d’un christiano-centrisme des penseurs européens a été affirmée, de Descartes à Kant et Nietzsche. « La question n’est pas celle de la sortie de la religion mais de savoir quel est le meilleur de chacune des religions, comment font-elles de nous de meilleurs humains. C’est sur ce chemin que nous rencontrerons les autres ».

    Les Droits de l’homme sont-ils transcendants ?

    Ousmane Timera a également souligné la dimension de liberté intrinsèque dans le Message de l’islam qui accorde une place fondamentale à la notion de responsabilité devant Dieu et à la notion de raison revendiqué par les prophètes face aux peuples qui se réclamaient de l’autorité de leurs ancêtres.

    Traditionnalistes comme modernistes sont « des idéologues » a-t-il clamé. Avant de dresser la feuille de route suivante : « Il nous faut inventer un nouveau modèle de civilisation ».

    Une affirmation qui a suscitée l’interrogation de Steven Duarte. « Peut-on inventer à partir de rien ? Ne faut-il pas, un moment donné, se référer au passé ? ».

    Photo - Steven Duarte (au centre).

    « Pas forcément, lui a rétorqué Ousmane Timera. Nous ne sommes pas obligés de nous référer au passé mais à des principes que l’on pense transcendants. Les droits de l’homme sont vus comme transcendants par les républicains, tout comme la sharia. Ces deux modèles ne se discutent pas pour leurs partisans. »

    Photo - Malek Chebel.

    Une indiscutabilité là aussi nuancée par Steven Duarte qui a mis en avant le fait que la notion des droits de l’homme avait fait l’objet d’études critiques et d’amendements en Europe, ce qui n’était pas le cas pour la sacralité du Coran dans les pays musulmans.

    A lire également : La conversion des élites arabes à la modernité 

    Un rapprochement a aussi été fait par Ousmane Timera entre la notion de droit naturel fondatrice des droits de l’homme et la notion islamique de fitra, signifiant nature primordiale et innée de l’être humain.

    L’islam des Lumières comme héritage

    Karim Ifrak a rendu hommage à Malek Chebel, à son œuvre et à son importance. « Pour comprendre Malek Chebel, il faut le lire ».

    Il a néanmoins exprimé son désaccord avec lui lorsqu’il disait que « l’islam des Lumières se fonde sur l’esprit des Lumières européennes ». « Je ne suis pas du tout d’accord ».

    « Malek Chebel a versé sur ce point précis dans une espèce d’anachronisme car l’idée des Lumières européennes s’est fondée sur l’athéisme. Cet athéisme n’existe pas dans la pensée islamique ». Par ailleurs, « l’esprit des Lumières en Europe s’est fondé sur l’esprit musulman des Lumières. Et non pas le contraire ».

    Pour Karim Ifrak, les Lumières ne sont pas innées. « Il faut se battre en permanence pour les garder vivace contre ceux qui soufflent dessus pour les éteindre ». Le codicologue a énoncé le fait que l’école de pensée musulmane avait depuis toujours penché en partie vers cette rationalité.

    Photo de l’intervetion de Karim Ifrak.

    Citant à titre d’exemple l’école mu’tazilite, l’école hanafite, le Kalam et la falsafa, les fondements de la jurisprudence « portés à leur paroxysme par l’imam ashafi’i et l’imam ashatibi ».

    « Cet islam des Lumières est un héritage qu’ils nous incombent d’entretenir de façon permanente. Le Coran est sacré mais pas son interprétation. Il faut revoir le sens des notions de kufr (mécréance), jihad (effort dans la Voie de Dieu), nasara (nazaréens, chrétiens), juifs », a-t-il déclaré.

    Sur la modernité, Karim Ifrak a souligné le fait qu’il y avait une bataille idéologique sur ce terme.

    « Pour la première fois sera inscrit dans les statuts du CFCM le respect de la diversité homme/femme dans la représentation nationale du culte musulman ». Anouar Kbibech

    « La modernité n’est pas perçue de la même manière en Occident que dans d’autres pays. Faire un aller-retour entre ces différentes perceptions reviendrait à vouloir faire rentrer un carré dans un triangle. Historiquement, les intellectuels musulmans ont refusé la notion de modernité car elle s’inscrivait dans un projet impérialiste et colonialiste », a-t-il poursuivi.

    Karim Ifrak a néanmoins expliqué que beaucoup avaient hérité de ces combats idéologiques sans les réinterroger et les « autopsier ».

    Karim Ifrak : « L’approche binaire halal/haram est aux antipodes de la pensée rationnelle »

    Interrogé par Steven Duarte sur le fait de savoir si le Coran et sa sacralité pouvaient être questionnés, critiqués et étudiés par le biais des sciences humaines, Karim Ifrak a répondu par l’affirmative.

    « Aller dans le sens contraire de ce que vous dites serait frapper le texte coranique de schizophrénie car ce texte invite à questionner tous les éléments de la vie et de la pensée. Interroger la sacralité du texte n’est pas interdit par le texte lui-même. Elle est interdite par ceux qui pensent qu’ils ont le monopole de la pensée ».

    « Malek Chebel, a-t-il poursuivi, appelait à limiter le rôle des oligarchies savantes et des théologiens. Il faut réduire le rôle de ces intervenants à leur espace propre. L’approche binaire halal/haram est complètement aux antipodes de la pensée rationnelle, n’est pas scientifique et est éloignée de la pensée coranique. »

    De son côté, dans une réponse à cet échange, Ousmane Timera a rappelé que le rôle des sciences humaines était de décrire la réalité et non de l’inventer.

    Ce dernier rôle étant celui des poètes, des écrivains, des philosophes, etc. Si le but est de découvrir le sens et la vérité du Coran, l’approche des sciences humaines n’est pas adaptée pas plus que la sacralisation des tafasirs (exégèse), a-t-il défendu.

    Photo - Dominique Avon (à droite).

    Dominique Avon, après avoir retracé l’historique de l’islamisme et avoir interrogé la pensée islamique comme théocentrisme intégral, est revenu dans la discussion sur la notion de modernité en soulignant qu’elle marquait la possibilité pour le croyant d’apostasier sans être perçu politiquement comme séditieux, et qu’elle impliquait la séparation la plus large entre religion et pouvoir, ainsi que l’autonomie politique et religieuse des savoirs.

    Omero Marongiu-Perria dénonce le contrôle social des religieux

    Dominique Avon a également nuancé l’affirmation de Karim Ifrak sur l’athéisme des Lumières. Soulignant que la majorité des philosophes des Lumières n’étaient pas athées, l’historien a rappelé que les Lumières écossaises, la philosophie d’Emmanuel Kant ou certains écrits de Voltaire prouvaient le contraire.

    Dans la troisième table ronde consacrée au thème Islam des Lumières et République et animé par l’omniprésent et truculent Ghaleib Bencheikh, Oméro Marongiu-Perria, s’éloignant de l’intitulé du sujet, a critiqué, en reprenant la référence citée par Dominique Avon sur la déclaration commune des états arabes sur le recours aux hudud (peines légales islamiques), l’absence de défense de la liberté de conscience de la part de ces états et des pays de la coopération islamique.

    Photo - Omero Marongiu-Perria (à gauche).

    L’auteur de l’ouvrage « Ouvrir les portes de l’islam » a dénoncé le contrôle social effectué par les organisations religieuses et leurs clercs au nom d’un paradigme hégémonique.

    Il a, à titre d’exemple, cité le cas de l’imamat féminin qui constituait selon sa lecture une menace pour le contrôle social des femmes par ces institutions religieuses. « Si des leaders religieux tiennent des propos qui dérogent à la liberté de conscience, ils doivent tomber sous le coup de la loi dans les pays démocratiques comme le nôtre », a-t-il déclaré.

    Omero Marongiu a évoqué le problème que constituait au Maroc et en Algérie, certaines mentions religieuses dans les ouvrages scolaires, notamment concernant les non musulmans. Appelant à une éducation à la pluralité religieuse garante d’un statut de citoyenneté égalitaire entre les diverses communautés religieuses et convictionnelles.

    A lire : Abdennour Bidar : « L’autorité spirituelle d’Ibn ‘Arabi est terminée »

    Omero Marongiu a également revendiqué son approche d’un islam libéral au sens philosophique « mettant le primat sur le choix des individus dans leur rapport au Divin ». Tout en reconnaissant le droit aux institutions religieuses de considérer que cette approche pouvait être problématique, il a réitéré sa critique du contrôle social religieux, estimant que la notion de liberté de conscience était un acquis de la modernité.

    Le sociologue a par ailleurs prôné une réhabilitation de la liberté de choix ayant pour corollaire la visée éthique et l’articulation entre liberté et responsabilité civique.

    Historienne, Jalila Sbaï a de son côté rappelé le contexte historique de rencontre entre l’islam et la modernité, à travers le fait colonial et au regard de l’exemple algérien. Un contexte qui a provoqué un rejet mutuel, l’islam étant la source de la résistance française en Algérie comme le cas de la révolte de l’émir AbdelKader l’a illustré.

    L’engagement d’Anouar Kbibech pour l’inclusion féminine au CFCM

    Au cours de son intervention, Anouar Kbibech a souligné l’importance de se livrer à un travail de réactualisation de la pensée religieuse en faisant référence au Conseil théologique regroupant une trentaine d’imams lancé par le CFCM. Une institution qu’il a présidée et dont il a rappelé les initiatives de dialogue inter-religieuses.

    Son discours a été axé autour de la valorisation de l’ijtihad et des thèmes débattus par le Conseil théologique comme l’euthanasie et la fin de vie. Anouar Kbibech a également rappelé l’attachement des musulmans à la société française, républicaine et à la laïcité.

    « La république est le primat de la citoyenneté sur l’identité sans le déni de celle-ci ». Bariza Khiari

    « Pour la première fois sera inscrit dans les statuts du CFCM le respect de la diversité homme/femme dans la représentation nationale du culte musulman » a affirmé M. Kbibech ajoutant avoir repris la formulation des statuts de la Fédération du culte protestant.

    Une déclaration présentée comme la continuité d’un travail du CFCM pour garantir une meilleure représentativité des jeunes et des femmes dans la lignée du groupe de travail réunissant une vingtaine de femmes et de l’organisation passée deux colloques.

    « La foi ne se mesure pas à la taille de la barbe » a-t-il ajouté regrettant un manque de spiritualité dans la religiosité des jeunes et mettant en garde contre une certaine visibilité de la religion. Le clerc a aussi énuméré les actions de son institution dans la condamnation du terrorisme.

    Bariza Khiari : « La véritable spiritualité s’incarne dans les actes citoyens »

    Bariza Khiari a pour sa part dénoncé le cercle vicieux entre obscurantisme et islamophobie et la mise en opposition entre islam et république, entre rigoristes et entre ceux dont l’islamophobie est un « fonds de commerce ».

    L’ancienne sénatrice a évoqué le problème d’une certaine vision de la religion centrée sur les interdits, halal et haram, l’oubli de la verticalité spirituelle et le rejet de l’interprétation rationnelle de l’islam.

    Contre cette vision, Bariza Khiairi qui s’est définie comme « farouchement républicaine et sereinement musulmane » a évoqué la figure de l’émir Abdelkader, acteur engagé civilement et religieusement et qui a pris fait et cause pour la justice et le droit des chrétiens menacés en Syrie.

    Photo de Bariza Khiari.

    « La république est le primat de la citoyenneté sur l’identité sans le déni de celle-ci » a poursuivi Mme Khiari. « La véritable spiritualité s’incarne dans les actes citoyens. La véritable citoyenneté plonge ses racines dans les profondeurs de l’être. »

    Omero Marongiu a en fin de soirée interpellé Anouar Kbibech sur l’opportunité que des femmes participant aux travaux du Conseil théologique. La question a débouché également sur le sujet de l’imamat féminin récemment médiatisé par Kahina Bahloul, d’ailleurs présente à cette rencontre.

    Après avoir rappelé l’investissement majeur des femmes musulmanes dans les structures religieuses et la légitimité que cet investissement leur confère, l’ancien président du CFCM a néanmoins rappelé que la direction de la prière est autorisée pour les femmes, mais qu’il y avait consensus sur la restriction pour la direction commune de la prière hommes/femmes.

    A lire également : Manifesre pour un Islam des Lumières par Malek Chebel ; Plutriel. (1èrede couvertire)

    Tags : Fondation Islam des Lumières Malek Chebel modernité République temps tradition

    Source : https://www.mizane.info/la-fondation-malek-chebel-restaure-lislam-des-lumieres-le-temps-dune-rencontre/

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    9Ter.
    S’opposer aux préjugés sur les musulmans avec des faits

    L’invité Pascal Gemperli revient sur la question du financement des associations musulmanes. Créé : 02.05.2019, 06h43 – Document ‘24heures.ch’

    La solidarité et la justice sociale sont des valeurs fondamentales en islam. La zakat, l’aumône, en est l’expression cultuelle. Il en existe deux types : pour la rupture du jeûne à la fin du ramadan, un petit montant fixe par personne, et l’aumône sur l’argent, souvent interprétée à hauteur de 2,5% de l’argent économisé et immobilisé durant l’année. Ces montants sont habituellement versés à des associations qui ensuite les transfèrent aux bénéficiaires nécessiteux, en Suisse ou ailleurs dans le monde. C’est une pratique que je connaissais déjà, sous d’autres termes, dans mon passé chrétien. Les valeurs et pratiques se rejoignent.

    La zakat est donnée sans condition aucune, le donateur n’attend aucun retour. L’altruisme désintéressé et la discrétion sont le leitmotiv, tout en respectant le hadith du Prophète disant que l’aumône se fait de sorte que la main gauche ne sait pas ce que la main droite donne.

    « Toutes ces attaques, tous ces livres, perdront leur valeur ». Ces principes sont universels en islam et je n’ai aucune raison de croire qu’un Qatari lambda ne ferait pas de même. Selon les informations à ma disposition, la Qatar Charity est une association non gouvernementale qui collecte et redistribue la zakat des Qataris. C’est une œuvre de bienfaisance qui, à l’instar de certaines œuvres chrétiennes chez nous, aide leur communauté de croyants dans le monde afin qu’ils puissent vivre leur foi dignement. La situation a changé aujourd’hui, mais dans le passé, vu du Qatar, la Suisse a dû ressembler à un pays sous-développé avec son islam des caves et des garages.

    Le récent livre de MM. Malbrunot et Chesnot (« Qatar Papers. Comment l’émirat finance l’islam de France et d’Europe », « 24 heures » du 4 avril 2019) rallume la mèche du financement étranger mais n’apporte aucune information nouvelle. Une fois les étiquettes, les suspicions et les présupposés éliminés, il ne reste plus rien à exploiter de manière objective. Pourquoi alors cette surprenante attention médiatique ? Notre cerveau essaie de se faciliter la tâche, il étiquette et catégorise pour que nous puissions nous retrouver plus facilement dans ce monde de plus en plus complexe. Les idées préconçues ont ainsi tendance à se confirmer à chaque occasion.

    Réalité contre préjugés

    Pour casser ce cercle vicieux, il faut provoquer ce qu’on appelle une dissonance cognitive, donc une observation réelle qui contraste avec les préjugés. C’est ce qui arrivera, je le pense, avec la procédure de vérification de notre demande de reconnaissance d’intérêt public. Un groupe d’experts fera passer l’UVAM et ses membres sur le scanner. Cela sera fait, j’en suis convaincu, de manière objective et méticuleuse.

    Si cette opération se termine avec un résultat positif, toutes ces attaques, tous ces livres, perdront leur valeur et certains agitateurs perdront donc leur fonds de commerce. C’est bien ce qu’ils craignent et pourquoi ils se manifestent avec virulence ces derniers temps. S’ils étaient sérieux et authentiques dans leur démarche, ils ne pourraient que saluer la vérification officielle et étatique du caractère transparent, pacifique et démocratique des mosquées vaudoises. (24 heures)

    Source : https://www.24heures.ch/signatures/reflexions/S-opposer-aux-prejuges-sur-les-musulmans-avec-des-faits/story/24767574

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    10.
    L’art de concilier foi et raison en islam – Enregistrement de 1h01 - 28/04/2019 - Dans le cadre des émissions de France Culture
    Questions d’islampar Ghaleb Bencheikh les dimanches de 7h05 à 8h. Reproduction : Averroès, détail de L’École d’Athènes de Raphaël. Musées du Vatican

    André Poupart, professeur de droit à l’université de Montréal s’intéresse à l’éternelle équation entre la foi et la raison et son incarnation dans la pensée philosophique et juridique dans les contextes islamiques. Il viendra la présenter comme juriste à l’émission. La réflexion menée sur ce sujet classique en dehors du champ dit « religieux » est de plus en plus présente. Simplement, les premiers textes cherchant à concilier la foi et la raison ou à en expliquer l’opposition datent du temps des mutazilites au IXe siècle et culminent avec Averroès répondant à Ghazali. De nos jours, l’acuité de ce débat passe aussi par la dé-juridisation de la Révélation. 

    Le droit islamique a une spécificité, c’est un droit qui vient d’en haut, un droit qui se présente comme un modèle à suivre de toute éternité parce que c’est la parole de Dieu alors que le common law ou de droit civil est une conception de droit élaborée progressivement par les citoyens.

    La conception occidentale est plutôt d’adapter le droit à la situation des personnes et des citoyens alors qu’en droit musulman, on vise plutôt à rendre la conduite des musulmans conforme à l’idéal qui a été énoncé il y a plusieurs siècles.

    La pause musicale : Abed Azrié Wajd - Mawaran- la yarana - Chaman Chômeur

    Les Arabes devenus musulmans plus tard sont partis du désert, ils connaissaient mieux la razzia que la gestion d’un empire donc il fallait après toutes leurs conquêtes, développer une science de la gestion d’un empire, développer un droit qui n’existait pas. La façon la rapide et la plus simple était d’empunter aux vaincus.

    À écouter aussi : 59 minutes - Questions d’islamLes portées civilisationnelles de la littérature et de la poésie en contextes islamiques

    À écouter aussi : 57 minutes - Questions d’islam Intellect d’Amour

    Bibliographie : 1èrepage de couverture  : Averroès. De la philosophie au droitAndré Poupart L’Harmattan , 2018

    Intervenant : André Poupart, professeur honoraire à la Faculté de droit de l’Université de Montréal

    À découvrir

    Saphirnews.com : un site d’actualité sur le fait musulman en France

    Les Califes maudits

    La foi à l’épreuve de la chair (1/2) : Pauvre Eglise de France

    L’imamat est une vocation

    Tags : Islam Averroès Droit Religion et spiritualité

    L’équipe – Production : Ghaleb Bencheikh – Réalisation : Franck Lilin - Avec la collaboration de Daphné Abgrall

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    Source : https://www.franceculture.fr/emissions/questions-dislam/de-lart-de-concilier-foi-et-raison-en-islam

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    11.
    La symbolique de la Main de Fatma ou Khamsa dans les cultures traditionnelles d’Afrique du Nord (berbères, arabes et juives) (3 sources)

    Significations de la Main de Fatima - La Khomsa a-t-elle une signification religieuse ? - La Main de Fatima, également appelée Main de Fatma, ou encore « Khomsa », est revendiquée de tant d’origines, qu’il serait difficile de nos jours de les arbitrer. Deux questions importantes peuvent êtres tout de même encore posée : que représente t-elle, et est-elle un symbole religieux ? Dans un premier temps, cette page fera un rapide survol de ses origines géographiques et culturelles. Parler de ses origines au sens stricte du terme, ne mènerait qu’à des spéculations sans fin ou à des conclusions immédiatement contestées. Les aspects important abordés ici seront ses significations les plus crédibles et le sens de son usage actuel. Ceci nous éclairera sur la manière dont elle peut être appréhendée. Répondre à cela est très utile, notamment vis-à-vis de la question de l’interdiction des symboles religieux à l’école ou certains lieux publiques ( en france par exemple ).

    Origine du nom de la Main de Fatima ou de la « Khomsa »

    Remarque : si vous êtes arrivé(e) sur cette page en recherchant uniquement l’écriture et la signification du prénom Fatima en Arabe, vous n’êtes pas au bon endroit ; voyez alors plutôt la page Significations des prénoms Arabes ou « Musulmans » .

    La Main de Fatima (terme typiquement français, n’ayant pas d’expression équivalente en Arabe ) ou de Fatma, est le nom français donné à la Khomsa , خُمسة. La Khomsa est un terme autant Hébreu que Arabe ( les langues Arabes et Hébraïques sont cousines, et ont beaucoup de vocabulaire en commun, ou au moins dans la racine des mots ). Le nom de Khomsa est à rapprocher du mot khamsa, خَمسة, qui signifie cinq en Arabe ( le chiffre cinq ). Ceci renvoie évidemment au nombre de doigts de la main.

    Deux exemples de mains de Fatima
    ou « Khomsa »
    Illustration - Deux exemples de mains de Fatima ou Khomsa

    Le nom français, Main de Fatima, est plus directement associé au monde Arabe, et trouve son origine dans l’Islam (le nom de Fatima, et non-pas la Main ). Fatima vient du nom de la fille du prophète Mohamad, car l’une des explications données à la main de Fatima, est une légende, décrivant un événement associé au prophète de l’Islam. Mais cela ne signifie pas que la Main de Fatima soit un symbole religieux. C’est au contraire la culture Arabe qui, a posteriori, a essayé à travers une légende Musulmane, de se ré-approprié la Main de Fatima, qui également revendiqué par bien d’autres.

    L’autre nom français, peut-être encore plus courant, Main de Fatma, est une variante. Plus précisément, Fatma est une variante de Fatima, qui nous vient de l’époque colonialiste européenne. Les colons européens, dont l’oreille n’étaient pas accoutumée à la subtile alternance de voyelles brèves et de voyelles longues, qui caractérise cette langue rythmique qu’est l’Arabe, ont tout simplement éludé la kasra du nom ( le son « i » ), et prononçait Fatima comme Fatma. Pour cette raison, la Main de Fatima à également reçu le nom de Main de Fatma. Ces deux noms sont dans le fond, identiques.

    Origines culturelle et géographique de la main de Fatima

    Culturellement, La Main de Fatima est revendiquée tant par les Juif(ve)s, que par les Musulman(e)s, et même dans une moindre mesure, par les Hindous.

    Géographiquement, la Main de Fatima a fait ses premières apparitions au Nord de l’Afrique, c’est à dire dans l’actuel Maghreb ( pour simplifier ), et au moyen Orient, c’est à dire du coté de l’Égypte. Mais on en trouve des traces également en Inde et au Pakistan. Ceci pourrait être expliquer par les liens étroits et les échanges intenses qui eurent lieu dans la passé, entre le monde Arabe et le monde de l’Inde. Ceci laisserait donc penser que la Main de Fatima est assez ancienne ( car ces échanges datent d’une époque ancienne ), et en tous cas, formellement antérieur à l’Islam, ce dernier point étant avéré.

    Notez bien que certains pays Arabes, comme l’Arabie Saoudite, ne connaisse pas la main de Fatima. Il est donc faux de l’associer directement au monde Arabe, bien qu’une grande partie du monde Arabe la connaisse.

    Qui porte la Main de Fatima ?

    La Main de Fatima est surtout portée par les femmes des pays précédemment cités : les pays du Maghreb, l’Inde, et le Pakistan. De par les mouvements de populations, on la trouve également en Europe, et surtout dans les pays ayant un front de mer sur la Méditerranée ; elle est courante en France et en Espagne.

    Elle est portée principalement par les femmes, mais rien dans sa symbolique ne la destine exclusivement qu’aux femmes. Si elle est portée principalement par les femmes, c’est parce qu’elle est un bijou, et que peu d’hommes portent des bijoux. Mais ceux qui en portent, peuvent tout aussi bien porter une Main de Fatima. Les symboles associés à la main de Fatima ne sont d’ailleurs pas exclus pour les hommes. Dans certains milieux et populations de culture moderne, elle est d’ailleurs effectivement portée par des hommes (mais en plus petit nombre que les femmes).

    Que représente la Main de Fatima et est-elle un symbole religieux ?

    Répondons tout d’abord à la question religieuse : assurément non, la Main de Fatima n’a aucune signification religieuse. Et bien au contraire, certain(e)s Musulman(e)s « très pieux », la considère même comme contraire à l’Islam, et y voit le shirk, شرك : l’idolâtrie, c’est-à-dire une adoration païenne. Cependant, la plupart des Musulman(e)s ne vont pas jusque là, et l’accepte volontiers pour toutes ses significations, sans se soucier d’un quelconque motif de contre-indication religieuse à la porter (l’Islam n’interdit bien sûre pas de porter des bijoux… sauf s’ils sont portés à l’excès ou pour exposer l’orgueil, mais ce n’est pas l’objet de cette page ).

    En dire plus sur ce qu’elle représente, nous mènerait à coup sûr vers des spéculations sans fin. Nous-nous en tiendrons donc à ce qui apparaît de manière indéniable : son aspect. Nous notons tout d’abord 5 cinq doigts (d’où son autre nom de Khomsa pour les Juif(ve)s et les Arabes ), mais avec deux pouces. Assurément, il s’agit d’une main humaine, car elle comporte bien cinq doigts. Mais le fait d’une main avec deux pouces peut sembler étrange. Il s’agirait en fait de deux mains superposées dos à dos, ou de la trace d’une seule main, tour à tour posé de face, puis de dos. Dans les deux cas, et quelles que soient les cultures, cette gestuelle des mains, renvoie de prêt ou de loin, à un quelconque geste d’invocation. La main de Fatima est donc par-là, un symbole spirituel et le symbole d’un espoir quelconque. Ceci appartenant en propre à la personne qui le porte, car la signification à ce sujet, n’est pas plus précise( sauf à avancer des sens qui pourront toujours êtres contestés ).

    Nous notons ensuite souvent un œil central, au niveau de la paume, qui n’est pas toujours représenté, mais qui est fréquent. Cet œil, est reconnu par les Arabes, les Musulman(e)s et les Juif(ve)s, comme étant le symbole de la protection contre « le mauvais œil ». Le mauvais œil, pourra être diversement apprécié selon les cultures. Il est, pour simplifier, un mauvais coup du destin, provoqué ou non par un esprit malin, selon les cultures et les affinités personnelles. La main de Fatima est donc par-là un symbole de protection.

    On voit certaines Mains de Fatima, également ornementée d’une courte calligraphie Arabe… généralement un prénom ( qualificatif ) d’Allah. Mais ceci est rare, et c’est un trait typiquement Musulman(e)s. Ors, comme dit précédemment, personne à ce jour ne peut seul et en propre revendiqué la Main de Fatima. Il n’est donc pas légitimement permis d’interpréter la Main de Fatima d’après cette seule variante, spécifique à une seule culture.

    Une signification ramenant à l’alphabet et à l’écriture

    Une autre interprétation peut être faite : basée sur les nombres cette fois. Le nombre de cinq, serait le nombre de cinq commandements importants. Mais là encore, il conviendra le détacher ce nombre d’une religion en particulier, car plusieurs religions revendiquent un nombre de commandement multiple de cinq.

    Revenons au nombre de doigt. Cinq doigts pour une main, mais deux pouces, et donc deux mains. Pourtant, s’il s’agit de deux mains superposées, deux mains faisant quatre doigts et un pouce chacune, il manque un doigt à cette image. Ceci est dut à un compromis : il fallait représenter à la fois, une main, et deux mains superposées. Car pour l’image de deux mains superposées, devraient apparaître quatre doigts au milieu, et un pouce de chaque coté. Le fait qu’il y ait cinq doigts, représente une main, et le fait qu’il y ait deux pouces, représente deux mains. Le compromis se trouve là, dans le respect de ces deux caractéristiques simultanées.

    Nous avons donc bien deux mains. Si vous compter les phalanges sur une de vos mains, vous en trouverez 14 [note 1] ( n’oubliez pas de comptez les phalanges à la base des doigts, tout comme celle à la base du pouce également ). Multiplié par deux, cela nous donne 28. Il se trouve que l’alphabet arabe compte 28 lettres, et que l’alphabet Hébreu et l’alphabet Arabe ont la même origine (origine partagée par d’autres langues également ). Dans l’alphabet Arabe, il existe deux groupes de lettres : les lettres solaires, et les lettres lunaires. Il se trouve également encore, qu’en Arabe, le mot désignant le nord et la gauche sont de la même racine : en Arabe, il existe plusieurs mots signifiant la gauche, et l’un de ces mots est chamal, شَمَل. De la même racine que celle de ce mot, on tire également le mot nord, qui se dit chimal, شِمَل. De l’autre coté, sans jeux de mots, la relation est moins direct avec la droite. Le sud se dit djanoub en Arabe, جَنوب, tandis que djanb, جَنْب signifie « à coté de »,… ce « à coté de » étant plus directement associé au coté droit ( dans la quasi-totalité des sociétés humaines, le coté droit est associé au meilleur coté… mais ce n’est bien sûr qu’un symbole, ne pouvant justifier aucun dénigrement envers les gauchers et les gauchères ).

    Nous voici donc avec 14 phalanges, à droite, ou encore au sud, du coté du jour, et 14 phalanges à gauche, ou encore au nord, du coté de la nuit. Dans la culture arabe, le nord est en effet associé à la nuit, et le sud associé au jour… le mot midi se dit djanoub, tout comme le mot sud. La relation entre les 14 lettres solaires et les 14 lettres lunaires est maintenant évidente.

    La troisième est dernière signification la moins contestable de la Main de Fatima, la ramène donc à l’alphabet et à l’écriture. Rappelons, si encore cela est vraiment nécessaire, que la main est l’instrument traditionnel et privilégié de l’écriture ( même l’informatisation ne le dément pas ).

    Comment interpréter la Main de Fatima aujourd’hui ?

    Toutes les explications précédemment données sont subtiles, et on peut douter que les personnes qui porte la Main de Fatima se posent tant de questions. Et de plus, ces significations ont des origines anciennes, et les origines n’expliquent pas toujours tout du présent d’une chose. Il faudra maintenant se pencher sur la perception populaire et contemporaine de la Main de Fatima.

    De tout ce qui précède, nous comprenons que la Main de Fatima n’est pas un symbole religieux, et ceci est admis abondamment par les personnes concernées. Nous savons également que l’Islam lui-même, auquel une certaine naïveté l’associe, ne la reconnais pas comme symbole de l’Islam (et ceci est encore sans compter que certain(e)s Musulman(e)s la rejète même ).

    Comment alors interpréter la Main de Fatima aujourd’hui, de manière contemporaine, et ensuite comment l’interpréter au sein des pays « laïques », dont la France est un exemple, et dont les populations, par ignorance, peuvent être pourtant portées à voir du religieux là où il n’y en a pas ?

    Tout d’abord en réponse à certaines idées selon lesquelles les Musulman(e)s ne devraient pas porter la Main de Fatima, au prétexte qu’elle serait du shirk ( idolâtrie païenne ), je répondrais que je ne n’ai jamais vu personne lui vouer un culte, ou lui offrir des attitudes ou des gestes idolâtres. Elle n’a rien de religieux, certes, mais elle n’a rien d’antireligieux non-plus.

    Si les trois religions monothéistes ont tenté d’interdire certains rites et certains objets, c’est pour tout ce que ces objets portaient potentiellement de sombre à leurs yeux ( quoi que certaines religions aient aussi inventer de toutes pièces des significations sombres à des choses qui n’avaient rien de sombre à l’origine ). Et la main de Fatima ne porte rien de sombre, et ne mérite à aucun titre d’être interdite par ordonnance religieuse.

    La Main de Fatima ne doit pas être interprétée comme un talisman au sens profond du terme. Les gens qui portent des talismans nourrissent une autre attitude, et les porte avec un sentiment d’inquiétude. Car lorsque l’on porte quelque chose pour conjurer le mauvais sort, c’est l’âme elle-même qui est habitée par la peur et l’inquiétude. Et au contraire, les gens qui portent une Main de Fatima le font avec bonheur, comme s’ils ou elles portaient une chose belle et agréable ( au pire ils ou elles s’en fichent, et la porte comme un bijou, le plus souvent en toc, et sans plus ).

    La Main de Fatima est comme un geste de la main…. justement. Un signe de bonne augure, comme une belle chose. C’est en tout cas son usage actuel, quand elle a une signification… et pour s’en convaincre, il n’y a qu’à voir les inspirations artistiques dont elle est à l’origine. Elle autant source d’inspiration pour sa décoration, que source d’inspiration en tant qu’objet de décoration ( dans quelques restaurants Maghrébins par exemple ).

    C’est aussi pour la personne qui la porte, une façon de marquer d’une jolie manière, ses origines Maghrébines, ou ses amitiés avec les populations Maghrébines : la Main de Fatima est aussi un symbole du bilad ( بلد, le pays : bilad est un mot qui signifie « pays » ou « terre d’origine » en Arabe ).

    Pour comprendre ce qu’elle représente de nos jours, il faut être réceptif(ve), à ce que communiquent ceux et celles qui la portent quand ils ou elles la portent…. et c’est plutôt des bonnes choses simples que l’on ressent.

    Aujourd’hui et dans le monde qui nous entoure, la Main de Fatima est un symbole ethnique, ou plus précisément culturelle, car il n’existe pas d’ethnie Arabe au sens propre du terme, et l’identité Arabe, qui couvre plusieurs ethnies, est historiquement et avant tout, une identité linguistique et culturelle. C’est un symbole culturel, aux interprétations personnelles, généralement belles, qu’il faut donc associer la Main de Fatima…

    [Note 1] - Cette piste des 14 phalanges, qui fût la plus prometteuse dans ces recherches sur la signification de la Main de Fatima, m’a été aimablement donnée par Gladys, une Brésilienne amoureuse du Maghreb et de l’Algérie, que je remercie Chaudement pour l’éclairage inespéré qu’elle m’a apporté, et grâce auquel ce document a put connaître un aboutissement heureux.

    © Les-ziboux 2006-2010 - Mise à jour le 21/07/2010 — Création le 14/03/2007 - Source : http://www.les-ziboux.rasama.org/significations-main-fatima-khomsa.html

    L’origine non islamique de la “Main de Fatma” - 17 janvier 2017 La Rédaction D&M Chroniques, Chroniques sarrasines 3 - Renaud KLINGLER (Sarrazins)

    Le saviez-vous ? La main de Fatma, pendant sur bien des rétroviseurs intérieurs de véhicules, et au cou de bien de jeunes filles insouciantes, est mondialement pensée comme l’un des symboles de l’islam traditionnel.

    Et pourtant. Nulle trace de celle-ci dans le désert d’Arabie où la dernière des Révélations descendue aux Hommes connaîtra ses premiers fidèles. Encore moins de traces de celle-ci dans les textes scripturaires ou dans l’écrasante majorité des communautés musulmanes de ce monde.

    Très présente, par contre, en territoire berbère, la “Tafust”, son autre doux nom, était en fait déjà présente avant que l’islam ne gagne le cœur de ces nord-africains. Des traces de cette dernière ont pu ainsi être datées de l’époque carthaginoise, des siècles avant la naissance de Issa, paix et salut sur lui. On parle alors d’une main associée à la déesse Tanit, protégeant (déjà) du mauvais œil.

    La “khamsa”, encore un autre de ses patronymes, est aussi populaire dans certains foyers juifs. Le poisson considéré comme un symbole de chance, chez certains d’entre eux, nombre de ces mains de Fatma sont ainsi ornées de figures de l’animal. Quand d’autres sont simplement décorées de prières juives, ”protégeant” les demeures ou son porteur lors de ses voyages. Certains des juifs ont aussi tendance à associer les cinq doigts de la dite main aux cinq livres de la Torah, et ce, particulièrement depuis le regain d’intérêt né autour du mysticisme juif, la Kabbale.

    Une représenation de la Main de Fatma ou “khamsa”.

    Y-a-t-il besoin de préciser que la même main est usée de façon similaire au sein de communautés chiites ?

    À l’instar de la patte de lapin, du trèfle à quatre feuilles ou du fer à cheval ailleurs, la main droite ouverte est en fait un signe universellement utilisé pour sa soi-disante protection de par le monde, transcendant les religions comme les époques. Des cultures mésopotamiennes à celles de l’Inde bouddhiste, et donc des berbères anciennement polythéistes aux juifs et chiites, l’idée d’une main protectrice n’a absolument rien à faire de près ou de loin à l’islam et/ou à sa civilisation.

    Chers frères et sœurs en islam, vous qui n’êtes sensés ne trouver protection qu’auprès du Seul et Unique apte à vous l’attribuer – outre le fait qu’elle vous soit étrangère – faites une bonne action, remettez cette amulette à sa juste place, à savoir, au choix, sous un marteau, ou dans une fonderie !

    Source : http://www.desdomesetdesminarets.fr/2017/01/17/lorigine-non-islamique-de-la-main-de-fatma/

    Symbolique de la Khamsa chez les musumans et les juifs selon Wikipédia

    La khamsa, khmissa ou tafust (en berbère : ⵜⴰⴼⵓⵙⵜ tafust, en arabe : خمسة khamsa, en hébreu : חמסה khamsa), est un symbole utilisé comme amulette, talisman et bijou par les habitants d’Afrique du Nord pour se protéger contre le mauvais œil1. Ce symbole est souvent associé à la déesse Tanit, Déesse berbère et punique.

    En langue amazighe (berbère), le terme « tafust » veut dire « petite main »2. Le terme « khamsa » signifie quant à lui « cinq » en arabe et en hébreu, en référence aux cinq doigts de la main. La tafust est aussi parfois appelée Main de Fatma, Main de Fatima ou Main de Myriam.

    Le symbole - Main levée

    En plus d’être un symbole très présent dans les coutumes et croyances berbères, la Tafust se retrouve aussi dans la religion punique et la culture carthaginoise, où elle était aussi associée à la Déesse Tanit.

    Certains ont tendance à associer le signe des cinq doigts aux cinq livres de la Torah pour les juifs, aux cinq piliers de l’islam ou aux cinq du manteau (Ahl al-Kisa, à savoir le Prophète, sa fille Fatima et son époux Ali, ainsi que leurs deux fils Hassan et Hussein) pour les musulmans. Cette symbolique a sans doute évolué dans le temps au regard des preuves archéologiques suggérant que la khamsa ait précédé la naissance des deux religions. En effet, ce symbole existait déjà dans les religions polythéistes punique et libyque où il était associé à la déesse Tanit.

    Récemment, des promoteurs de la paix au Moyen-Orient ont choisi de porter la khamsa comme symbole d’une communauté d’origine et de tradition entre islam et judaïsme. Toutefois, certains croyants monothéistes, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, la considèrent simplement comme un symbole de superstition, pensant que seul Dieu les protège et que la khamsa peut être interprétée comme un totem lié à une forme d’idolâtrie.

    Les doigts pointent vers le haut ou vers le bas selon les goûts ou la décoration qui y est associée. Cette symbolique a sans doute évolué dans le temps au regard des preuves archéologiques.

    Tradition nord-africaine

    Illustration : Khamsa en or du sud de la Tunisie. La tafust est essentiellement répandue dans le monde nord-africain et se voit vendue sous différentes formes, en Tunisie, en Algérie, au Maroc, mais aussi en Libye et en Égypte. Elle est souvent peinte sur les façades des maisons et des plaques, souvent réalisées en céramique de couleur turquoise, qui sont très communes dans la Tunisie et l’Égypte modernes.

    Aspect islamique

    La vision de nombreux musulmans sunnites est que selon le Coran seul Allah protège les croyants et c’est à lui que toute personne doit demander de l’aide : le faire par le moyen de la khamsa relèverait selon eux d’une forme de polythéisme car le risque serait de croire que la khamsa apporte par elle-même une protection, ce qui reviendrait à la diviniser. En revanche, contrairement au sunnisme, le chiisme reconnaît une place à un signe qui se réfère à Dieu. Chez les musulmans, les doigts de la khamsa sont fréquemment gravés des cinq noms très respectés : Mahomet, Ali, Fatima, Hassan et Hussein. Louis Massignon (in Écrits mémorables I, Bouquins, Laffont, 2009, p. 249) explique que, pour certains courants musulmans, appartenant au chiisme ou même à certains courants soufis, cette main serait un rappel du nombre des prières à pratiquer quotidiennement, chacune de ces prières étant selon eux plus ou moins liée à l’un de ces cinq noms fondateurs.

    Aspect judaïque

    Les juifs la surnomment « main de Myriam », en référence à la sœur de Moïse et d’Aaron appelée Myriam. Le terme « Khamsa » est autant hébreu qu’arabe. Certains pensent que la Khamsa se réfère à la légende des dix plaies d’Égypte qui veut qu’avant sa sortie d’Égypte, Moïse eut ordonné à ses disciples de peindre la porte de toutes les maisons juives avec du sang de mouton3.

    La khamsa est populaire en Israël auprès des Juifs comme des Musulmans.

    Les Juifs ne la considèrent pas comme ayant des attaches islamiques autres que le nom partagé entre l’hébreu et l’arabe. Chez les juifs, le poisson peut être considéré comme un symbole de chance, c’est pourquoi beaucoup de khamsas y sont complétées par des figures de poissons. Les khamsas sont également incorporées dans des plaques murales, des trousseaux et des colliers. Parfois, elles portent une inscription de prières juives comme la Chema Israël, la Birkat habayit (bénédiction du foyer) ou la Tefilat haderekh (prière du voyage). Il existe une Khamsa sur un mur portant l’inscription behatzlacha, littéralement « bonne chance » ou « puisses-tu réussir ».

    Comparaison possible avec d’autres symboles - Une comparaison est possible avec d’autres symboles porte-bonheur : la patte de lapin, le trèfle à quatre feuilles et le fer à cheval. Article complet avec notes et références à la source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Khamsa_(symbole)

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    Auteur : Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 05/05/2019

    Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

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    Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

    Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

    Fichier : ISIAS Monde arabe et Islam Données géographiques et linguistiques sur les Pays arabes, découverte de la civilisation islamique et du monde musulman.2

    Mis en ligne par Pascal Paquin de Yonne Lautre, un site d’information, associatif et solidaire(Vie du site & Liens), un site inter-associatif, coopératif, gratuit, sans publicité, indépendant de tout parti.

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