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"Rôle des passeurs d’idées, pensées et savoirs émis depuis les sources de la Renaissance et des Lumières en Europe" par Jacques Hallard

dimanche 7 octobre 2018, par Hallard Jacques


ISIAS Histoire Pédagogie
Rôle des passeurs d’idées, pensées et savoirs émis depuis les sources de la Renaissance et des Lumières en Europe, notamment par des pasteurs et éducateurs protestants, jusqu’à la république, la laïcité et l’émergence des nouveaux outils numériques pour la pédagogie, les enseignements et la formation professionnelle
Jacques Hallard , Ing. CNAM – site ISIAS – 05/10/2018

Plan : Avant-propos - Citations - Introduction - Sommaire - Auteur{{}}


Avant-propos

L’année 2017 a offert quelques belles opportunités de commémorations, et de sources d’inspiration pour une conférence : les révolutions russes de 1917 et l’installation d’un régime léniniste dit « communiste » ; les mutineries, désobéissance et révoltes dans les tranchées en 1917, lors de la Grande Guerre 1914-1918 ; la fondation de la première Grande Loge maçonnique à Londres en 1717 ; enfin la réforme religieuse du 16ème siècle en Allemagne qui a donné naissance au protestantisme, avec une action décisive et capitale en octobre 1517 de Martin Luther (1483-1546).

C’est ce dernier thème qui avait été retenu, en tentant de dégager les formes des enseignements et des outils pédagogiques dans le sillage de Martin Luther en Allemagne et en France du 16e au 18e siècle et jusqu’à nos jours, avec une introduction finale aux méthodes pédagogiques émergentes. Ce sujet avait déjà été abordé sous le titre : ’Regards sur la philosophie sociale de Martin Luther, précurseur de la laïcité ‘à la française’ et au service de l’éducation’ par Jacques Hallard, mercredi 4 octobre 2017.

Une conférence avec diaporama a été présentée le dimanche 11 février 2018 à l’Association franco-allemande d’Avignon (84 Vaucluse) par Jacques Hallard, Ingénieur CNAM, avec l’appui numérique de Bastien Maleplate, ainsi qu’avec des lectures choisies, lues par Lucile Bourcet-Salanson, docteur en études germaniques et linguistique. Voir aussi PDF https://www.fafapourleurope.fr/wp-content/uploads/2018/01/ISIAS-Histoire-Pedagogie-Conference-de-Jac-ques-Hallard-AFA-AVIGNON-11.02.2018.6.pdf


Citations

« Étudie, non pour savoir plus, mais pour savoir mieux » Sénèque le Jeune (né entre 4 av. J.-C. et 1 à Cordoue – mort le 12 avril 65 à Rome). {{}}

« La Vérité est plus forte que l’éloquence, le savoir supérieur à l’érudition ». Martin Luther(1483 -1546)

« Il a été décidé qu’on reparlerait, dès les petites classes, d’éducation civique, d’honnêteté, de courage, de refus du racisme et d’amour de la République. Il est dommage que l’école ne soit fréquentée que par les enfants ». André Frossard- Journaliste (1915 - 1995).

« La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une » Martine Cerf


Introduction

Le présent dossier reprend plus en détail cette présentation initiale avec diaporama en précisant certains ponts particuliers résultant d’un travail de recherche documentaire actualisée qui replace le sujet dans un contexte historique plus élargi, traitant tout d’abord et plus généralement de l’idéal humaniste de la Renaissance et du siècle des Lumières, avec son équivalent de l’Aufklärung en Allemagne et de son extension Haskalah, « un mouvement de pensée juif qui allait s’étendre de l’Europe occidentale jusqu’en Russie, instaurant progressivement l’égalité des droits pour les juifs, qui accompagna par la suite l’émergence d’États-nations en Europe ».

Sont ensuite introduits des exemples des formations professionnelles et des enseignements assurés en différents endroits en Allemagne à l’époque de Luther et étendus ensuite par des pasteurs et éducateurs protestants. Puis la philosophie sociale de ce temps est abordée avec les orientations impulsées par Luther et quelques-uns de ses contemporains qui sont cités, dont Matthieu Zell et Martin Bucer… et leurs épouses !.

Les valeurs humanistes et le protestantisme, « réformateur et éducatif », se mettent progressivement en place dans les territoires de langue allemande. A la suite de la Guerre de Trente ans , « l’Alsace perdit la moitié de sa population et finit dans les mains de la France avec le traité de Münster en octobre 1648 ». Voir le tableau « La garde civile d’Amsterdam fêtant la paix de Münster (1648), exposé au Rijksmuseum, par Bartholomeusvan derHelst). En Alsace, la présence des protestants s’étendit alors dans les villes et les campagnes : une description de ces dernières est donnée par le pasteur Stuber (1722–1797), établi dans une vallée vosgienne très enclavée et difficile d’accès au 18ème siècle : la vallée de la Bruche (photo).

L’action de son successeur, dans le territoire du ‘Ban de la Roche’, le pasteur Oberlin (1740-1826), s’exerça pendant près de six décennies, précisément dans le village alsacien de Waldersbach (photo) : cette action rend compte du développement et de l’évolution sociale et économique de la population rurale, grâce à la mise en place d’une pédagogie élaborée localement, d’une alphabétisation en français ; c’est-à-dire « l’acquisition des connaissances et des compétences de base [de lecture et d’écriture] dont chacun a besoin dans un monde en rapide évolution [et] un droit fondamental de la personne humaine... ». A noter que ces pasteurs protestants s’adressaient non seulement aux enfants, mais également aux adultes, bien sûr à travers les cultes, mais également lors d’activités culturelles et d’amélioration de conditions de vie (entretien des paysages et aménagement rural).

Une relation fructueuse avec l’abbé Grégoire (1750-1831), un curé de campagne lorrain impliqué dans la révolution française, a inspiré la mise en place d’institutions culturelles et éducatives prestigieuses à Paris et l’élaboration d’une instruction publique au service de tous les enfants de la république en France.

Les artisans de l’école de la république et de « la laïcité à la française » sont passés en revue à grands traits avec des lectures conseillées qui donnent accès aux contributions de personnages comme Victor Hugo, Jules Ferry, Jean Jaurès, Ferdinand Buisson, Paul Ricœur, ces deux derniers étant protestants, puis Régis Debray, Philippe Meirieu et Caroline Fourest … Un renvoi est aussi proposé vers des contributions sur l’éducation à la paix dans la série ’(Re) penser la paix pour panser l’Europe’#DAZU1sur le site ISIAS, ainsi qu’un podcast de France Culture sur une émission de l’Ordre Maçonnique Mixte et International ‘Le Droit Humain’ intitulée : Qu’en est-il du concept de laïcité en Europe ? Des articles d’actualités et posdcast récents sont aussi introduits « dans le sillage de Martin Luther et de ses successeurs », à propos de la laïcité.

Puis les nouveaux outils numériques pour l’enseignements, qui sont maintenant disponibles, sont rapidement introduits et reportés dans l’annexe 1 : ils montrent, en même temps que les connaissances accumulées par les neurosciences, les applications possibles pour l’éducation, les apprentissages et les formations professionnelles, dont l’émergence peut également amener parallèlement des dangers, des risques et des impacts négatifs sur le plan culturel, social et énergétique.

Finalement, nous rapportons quelques faits porteurs d’espoirs, en faveur de l’éducation dans le monde : ils sont probablement une garantie d’actions possibles en faveur d’une meilleure compréhension entre les états-nations, d’un apaisement des tensions géostratégiques mondiales, d’une pacification des relations internationales et d’une transition vers une humanité riche de son passé, de sa diversité culturelle, en mesure de contribuer à résoudre les grands défis de notre temps que sont : la surpopulation, de trop grandes inégalités sociales et entre pays, trop d’ignorance encore et trop de corruptions, l’épuisement des ressources vitales mais limitées sur la planète terre, la diminution de la biodiversité et les diverses pollutions de l’environnement qui portent atteinte à la santé des êtres vivants en général et des humains en particulier.

Des annexes comportent : des articles sur les outils pédagogiques interactifs et les applications des neurosciences ; la mise en place d’un MOOC (pour Massive Open Online Course, d’après l’anglais) de gouvernance démocratique ; deux magazines recommandés sur l’éducation, la pédagogie et les neurosciences ; une annonce de ‘Karuna-Shechen’ « pour l’éducation dans les villages du nord de l’Inde, du Népal et du Tibet oriental, vos dons offrent à des milliers d’enfants un accès à une éducation de qualité, respectueuse de leur héritage culturel unique ».

Ainsi que l’approche philosophique de Frédéric Lenoir et ses actions pédagogiques destinées à une éducation préparant les enfants au ‘Vivre ensemble’. Voir les solutions éducatives pour une paix durable .

Enfin, est proposé un accès au site Erasmus « Le programme Erasmus (EuRopean Action Scheme for the Mobility of University Students), généralement appelé Erasmus, est un programme d’échange d’étudiants et d’enseignants entre les universités, les grandes écoles européennes et des établissements d’enseignement à travers le monde entier2. Ce programme fait partie de l’Espace européen de l’enseignement supérieur3. C’est un sous-ensemble du programme Éducation et Formation tout au long de la vie (EFTLV) / Lifelong Learning (LLL)4. Le nom du programme est un rétroacronyme basé sur le nom du moine humaniste et théologien néerlandais Érasme (1469-1536) ».

Mots-clefs spécifiques : éducation, pédagogie, enseignements, formation professionnelle.

Pour un accès détaillé aux sources bibliographiques, des liens hypertextes figurent en bleu et apparaissent soulignés. Les textes empruntés figurent entre guillemets « … » et des lectures et des vidéos sont suggérées dans le cours de ce dossier à usage didactique.

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Sommaire

1. Mise en place de l’idéal humaniste et des Lumières sur les territoires européens

2. Aux 16-17èmes siècle, une éducation plurielle est active en Allemagne

3. Les orientations de Martin Luther et de quelques-uns de ses contemporains

4. Le protestantisme se met aussi en place à Strasbourg et en Europe

5. La contribution des pasteurs protestants et éducateurs en Alsace

6. La vie vosgienne au Ban de la Roche au 18èmesiècle décrite par Stuber

7. L’œuvre pédagogique, sociale et économique du pasteur Oberlin à Waldersbach dans le Bas-Rhin

8. La passage à Paris des savoir-faire pédagogiques du pasteur Oberlin par l’intermédiaire de l’abbé Grégoire, curé lorrain et révolutionnaire

9. Les artisans de l’école républicaine et de la laïcité à la française

10. De nouveaux outils numériques pour les apprentissages et la formation

11. Des faits porteurs d’espoirs en faveur de l’éducation dans le monde

Annexe 1 – Pédagogie - Outils pédagogiques interactifs et applications des neurosciences

Annexe 2 – Gouvernance - MOOC Démocratie en pré-inscirption à partir du 12 septembre 2018

Annexe 3 - Magazines recommandés

‘Sciencs Humaines’ :Eduquer – Le conflit des modèles – ‘Autorité ou bienveillance ? Ecole publique ou privée ? Avec ou sans écrans ?

‘La Recherche’ : Pédagogie et neurosciences, les limites et les réussites

Annexe 4 - Annonce de Karuna-Shechen - Fondée en 2000 par Matthieu Ricard. Bâtir un monde plus altruiste pour tous les enfants.

Annexe 5 – Frédéric Lenoir et son approche philosophique dans l’éducation au vivre ensemble

Annexe 6 - Qu’est-ce qu’Erasmus + ? Un programme pour l’éducation et la formation

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1.
Mise en place de l’idéal humaniste puis des Lumières sur les territoires européeens

L’humanisme « est un mouvement de pensée européen pendant la Renaissance qui se caractérise par un retour aux textes antiques comme modèle de vie, d’écriture et de penséeN 1. Le terme est formé sur le latin : au XVIe siècle, l’humaniste, « l’humanista » s’occupe d’humanités, studia humanitatis en latin : il enseigne les langues, les littératures et les cultures latines et grecques. Plus largement, le terme humanitas est pris dans le sens cicéronien et représente « la culture qui, parachevant les qualités naturelles de l’homme, le rend digne de ce nom1 ». L’humanisme au sens d’étude littéraire et philologique de la culture antique côtoie ce sens élargi pendant toute la période et encore aujourd’hui dans l’historiographie… ».

« C’est avec Pétrarque (1304-1374) que naît en Italie l’humanisme. Le poète commence par recueillir les inscriptions sur les vieilles pierres de Rome et poursuit dans les manuscrits sa quête des Anciens. Il retrouve ainsi des lettres de Cicéron, ressuscite un écrivain statufié par les écoles. Il s’illustre également en détectant un faux document au profit de son souverain. Lorenzo Valla (1407-1457), lui aussi traque la vérité historique, préconisant l’étude philologique des textes et le retour à la pureté classique. Parti d’Italie, le courant humaniste rayonna dans toute l’Europe… »

D’après un texte didactique, « L’idéal humaniste a conduit à une nouvelle vision du monde, de nouveaux modes de connaissance, à travers une remise en cause des traditions. Il est en effet, comme son nom le souligne, une affirmation de l’homme et une réflexion sur la place de celui-ci dans l’univers… Au xvie siècle, un humaniste est un professeur qui enseigne les « humanités », c’est-à-dire la grammaire, la rhétorique, et le commentaire des auteurs. Ces matières permettent aux étudiants de devenir des hommes au sens noble du mot, ayant une connaissance du beau, du vrai et du bien à la fois. L’humanisme correspond ainsi à un idéal de dignité et de liberté humaines ... »

« La prise de Constantinople par les Turcs, le 29 mai 1453, entraîne la fuite des savants grecs, qui se réfugient en Italie (emportant avec eux des manuscrits importants), et amplifie ce mouvement de connaissance de l’Antiquité… L’imprimerie, qui apparaît aux alentours de 1455, facilite la diffusion de la pensée grecque dans toute l’Europe… Les imprimeurs de la Sorbonne, mais aussi ceux de Lyon, sont des savants ou poètes – même si l’humanisme n’a pas « attendu » l’imprimerie pour naître, et que la recherche d’une culture nouvelle a précédé cette invention essentielle… Guillaume Budé, 1467 - 1540), un juriste et érudit, est justement l’un de ces savants. En 1530, sous l’impulsion de François Ier, il fonde le Collège royal, devenu aujourd’hui Collège de France. Cette institution enseigne non seulement les matières traditionnelles, c’est-à-dire la grammaire et la rhétorique, mais aussi le latin, le grec, l’hébreu, la médecine, les mathématiques, etc… L’humaniste célèbre qu’est François Rabelais (1483 ou 1494 à ‎La Devinière – 1553 à Paris), approuve ce programme… »

« L’humanisme a une origine italienne, grâce à Pétrarque (1304 - 1374), un poète du xive siècle (1304-1374). Auteur lyrique, il est nourri de culture antique et en particulier de Cicéron, Virgile. À partir de ces références, il élabore une œuvre personnelle – à la fois en langue latine et en italien – qui va être admirée et imitée, aux xve et xvie siècles, notamment en France. Mais, en parallèle, il travaille également sur des manuscrits latins et grecs… »

Plus tard, Pic de la Mirandole (1463 - 1494), auteur d’un ‘Discours sur la dignité de l’homme’, propose des formules qui peuvent se comprendre comme les devises des humanistes – ainsi : « Dépendre de sa propre conscience plutôt que des jugements extérieurs », ou bien (le « je » est celui de Dieu, s’adressant à l’homme) ; « Je ne t’ai donné ni lieu, ni délimitation, ni tâches fixes, afin que tu puisses assumer n’importe quelle œuvre et occuper la place que tu désires. »

« L’humanisme se veut multiple : les sciences accompagnent les lettres, ainsi que les arts. Leonard de Vinci, (1452 – 1519), à la fois ingénieur, architecte, peintre, anatomiste, etc… symbolise la curiosité et l’ouverture de ce monde. Même s’il n’a pas reçu une formation précisément humaniste, Vinci vit dans le même univers de valeurs que les érudits. Comme ces derniers, les artistes sont fascinés par les mystères de l’univers et cherchent à les approcher. Tous désirent connaître mieux le monde, dans sa surface comme dans sa profondeur… »

Environ deux siècles après l’émergence de l’humanisme en Europe, c’est l’avènement du siècle des Lumières « un mouvement littéraire et culturel lancé en Europe au 18ème siècle (1715-1789), dont le but était de dépasser l’obscurantisme et de promouvoir les connaissances. Des philosophes et des intellectuels encourageaient la science par l’échange intellectuel, s’opposant à la superstition, à l’intolérance et aux abus des Églises et des États. Le terme de « Lumières » a été consacré par l’usage pour rassembler la diversité des manifestations de cet ensemble d’objets, de courants, de pensée ou de sensibilité et d’acteurs historiques. Ce terme est aussi utilisé pour désigner les philosophes ayant vécus durant cette période historique (Montesquieu, Diderot, Voltaire, Rousseau)… »

Le pendant des Lumières est l’Aufklärung allemande « un courant de pensée qui s’étend approximativement des années 1720-1730 aux années 1775-1785, durant lesquelles se développera le Sturm und Drang (mouvement précurseur du romantisme presque exclusivement allemand). La première phase de ce mouvement pris naissance à Strasbourg autour du groupe animé par Johann Gottfried von Herder (1744 - 1803) « un poète, théologien et philosophe allemand. Ami et mentor du jeune Goethe, ce disciple de Emmanuel Kantest considéré comme l’inspirateur du ‘Sturm und Drang’ et fut l’un des principaux auteurs de la pléiade de Weimar ».

Une lecture suggérée : GOETHE à Strasbourg – « Lorsqu’il arrive à Strasbourg à 21 ans en 1770, Goethe a bien en tête de poursuivre plus tard sa route vers Paris. Mais la beauté de la Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, et de Frédérique Brion, [« née en 1752 à Niederrœdern dans le Bas-Rhin et morte en 1813 à Meißenheim (Meissenheim) dans le pays de Bade en Allemagne) ; elle est la fille du pasteur Johann Jakob Brion (1717-1787), responsable de la paroisse de Niederrœdern puis, en 1760, de celle de Sessenheim »], ainsi que ses rencontres strasbourgeoises en décideront autrement… »

Ce courant de pensée est parallèle et contemporain de la Haskalah (littéralement : « Éducation – Intellect - Raison »), de tradition juive et qui mettait entre autre, aux 18-19èmes siècle, un mouvement de pensée juif (du XVIIIe et XIXe siècle), fortement influencé par le mouvement des Lumières. Les promoteurs de la Haskalah sont appelés maskilim. L’introduction de la Haskalah au sein des communautés juives de la diaspora marque les prémices de la modernisation des Juifs. Les premiers à adhérer aux idées de ce mouvement sont les Juifs allemands, suivis par les Juifs du reste de l’Europe occidentale comme orientale… ». L’accent est mis sur la formation professionnelle (die Bildung ou Berufsausbildung), les sciences, l’apprentissage et la pratique des langues, ainsi qu’une morale insistant sur l’esprit de tolérance. Ce courant fut notamment porté par Moses Mendelssohn (1729 à Dessau - 1746 à Berlin) un philosophe juif allemand du mouvement des Lumières. Il est le grand-père du compositeur Felix Mendelssohn… »

Lectures suggérées : Haskalah et Enlightenment Jewish Style : The Haskalah Movement in Europe, by Marie Schumacher-Brunhes Original in German, displayed in English

Autre lecture suggérée : Grandes controverses en éducation. Sous la direction de Alain Vergnoux, Peter Lang, 290 pages, 2013. « Un panorama historique, depuis Erasme et Luther jusqu’aux oppositions ’pédagogues’/’républicains’, des grandes controverses qui sont au cœur de l’acte éducatif. Un livre qui regroupe des contributions diverses, parfois redondantes, mais souvent stimulantes, avec en toile de fond deux conceptions opposées de l’éducation : conversion à un savoir préexistant ou métamorphose de soi et (ré)invention nécessaire pour mieux s’approprier les savoirs... »

Humanisme, valeurs et éducation - Publié le 7 décembre 2009 - Thibaud Zuppinger - Photo - Source : stock.xchg

« Si l’on adhère à la conception moderne que l’univers ne possède pas en son sein de valeurs préexistantes, alors l’attitude la plus cohérente, et en un sens courageuse car difficile à assumer, c’est le Nihilisme. Il ne s’agit pas ici de dire que le nihilisme est une erreur ou l’attitude exclusive de personnes mélancoliques ou dangereuses pour la société. La position nihiliste est parfaitement cohérente et lucide. Pourtant il existe, c’est un fait empiriquement constatable, une posture face au réel qui, en partant du même constat sur le monde, assume néanmoins l’existence de valeurs pour orienter l’action humaine. Pour comprendre comment l’humanisme constitue un dépassement effectif du nihilisme il faut s’attacher à élucider la nature particulière des valeurs auxquelles il souscrit ».

Divergences de valeurs

« Nihilisme et humanisme partagent une conception commune du réel. La divergence s’opère sur la nature des valeurs recherchées. En un sens le nihilisme manifeste une conscience trop sensible à son milieu et une attente démesurée que le réel ne peut satisfaire. Le nihiliste cherche des valeurs certaines, coercitives, lui étant explicitement destinées. « L’âme qui doute le plus aspire au plus grand jansénisme
[1]« . Il ne se contente pas de demi-mesure, il est pour ainsi dire en tout ou rien. Lorsqu’il examine une valeur qui lui est soumise, son regard est trop acéré, il l’examine trop en profondeur, la rend pulvérulente sous la pression du « pourquoi ».

« La position humaniste peut, quant à elle, se permettre d’adopter des valeurs car elle n’en attend pas une certitude absolue. Son regard est moins clinique. Les valeurs humanistes sont présentes sans exister. On peut en cerner les contours, en revanche on ne peut les saisir, les soupeser, au contraire on passe dedans sans découvrir quoi que ce soit de tangible, d’où la déception des nihilistes. La reconnaissance de valeurs demande de poser un regard adéquat sur elles, d’accepter de les voir évoluer, sous peine de les voir s’évanouir. « La pensée approximative est seule génératrice de réel
[2]« . Selon que la perspective de notre regard est proche ou lointaine, on est plus ou moins en mesure de reconnaître des valeurs ».

Humanisme et éducation

« Si l’on adhère à la fois à l’idée d’indétermination de l’homme et à celles de valeurs partagées, un chemin existe, qui peut les relier : l’éducation. Ajoutons-y la conviction que le bien et le mal existent, on peut alors s’engager dans ce processus. P. Sloterdijk, à sa manière, souligne également l’importance du rôle de l’éducation (et pas uniquement scolaire) dans l’humanisme : « le thème latent de l’humanisme est donc une manière de faire sortir l’être humain de l’état sauvage, et sa thèse latente est la suivante : la bonne lecture apprivoise.
[3] » Ce à quoi il ajoute peu après : en posant la question de l’humanisme on ne s’arrête pas à cette supposition bucolique selon laquelle la lecture cultive. Cette question n’implique pas moins qu’une anthropodicée – c’est-à-dire une détermination de l’être humain à l’égard de son ouverture biologique et de son ambivalence morale.
[4] »

« Le concept de dressage pour parler de l’éducation est choquant, et conçu comme tel, mais en l’absence d’essence de l’homme que l’on connaît a priori et vers laquelle on aurait pour devoir de tendre, le terme de dressage renvoie à cette idée d’arbitraire dans ce que l’homme est devenu. L’éducation n’obéit pas à un eidos, il existe un conditionnement de la nature humaine, pour quitter sa bestialité, un processus qui s’élabore sans fin prédéfinie, mais où plus on s’avance et plus la direction vers laquelle on tend est source de sens. L’ambivalence de l’homme est un fait, qui a donné lieu à un conflit entre influence inhibante et influence désinhibante. C’est la même idée que développe Todorov lorsqu’il examine l’éducation humaniste : « il faut pour cela cultiver certains traits, et en marginaliser d’autres, et non se contenter de les approuver tous parce qu’ils sont là
[5]. »

« Seulement au nom de quoi privilégier telle ou telle disposition ? L’humanisme ne défend pas ses valeurs parce qu’elles sont incarnées dans l’ordre naturel, ni parce qu’ainsi l’a décrétée la volonté la plus forte. « Ces valeurs de liberté, de respect pour autrui et de dignité égale de tous s’imposent à lui [l’humaniste] avec la force d’une évidence, et qu’elles lui semblent convenir, mieux que d’autres, à l’espèce humaine
[6]. » En d’autres termes, l’éducation est là pour que ces directions données à l’humanité deviennent des « évidences », elle est chargée de transmettre des structures de références telles que ne pas les respecter provoque un sentiment de honte ou de malaise chez l’individu, à moins de penser que ces évidences ne renvoient à un sens moral inné en l’homme ».

L’humanisme comme fin en soi ?

« En s’appliquant à comprendre les valeurs qui structurent l’humanisme, on s’aperçoit assez rapidement qu’il est difficile de prolonger l’interrogation. On constate non pas que l’on tourne en rond (la tautologie est un point de départ métaphysique possible), mais que l’on glisse hors de l’humanisme, vers un naturalisme, un vitalisme ou un intuitionnisme. Certaines valeurs conviennent mieux à l’espèce humaine ? Sont-ce celles qui assurent la survie de l’espèce ? celles qui obéissent à l’élan vital en nous ? quel accès y avons-nous si ce n’est par l’intuition ? En fait ce type d’interrogation nous ramènent inexorablement à la position nihiliste. En effet l’action humaniste n’a pas de sens dans la mesure où elle ne repose pas sur une essence de l’homme définie une fois pour toute, une image idéale vers laquelle tendrait l’éducation ».

« L’action humaniste n’a pas de signification absolue car elle n’est pas un moyen en vue d’une fin, elle est l’élaboration continue de cette fin. Sa signification est liée à son action. Sloterdijk a en ce sens raison de souligner que Nietzsche a « bandé son arc à l’excès
[7]« , lorsqu’il suppose « l’existence d’un acteur ourdissant des plans, là où on pourrait plutôt compter sur un élevage sans éleveurs, c’est-à-dire sur une dérive bio-culturelle sans sujet
[8] ».

Références


[1] CAMUS Albert, L’homme révolté (1951), Paris, Gallimard ; réédit. coll. « Folio-essais », 1985, p. 52.


[2] Ibid., p. 368.


[3] SLOTERDIJK Peter, Regeln für den Menschen Park, SuhrkampfVerlag, Francfurt am Main, 1999. Règles pour le parc humain, trad. fr. de O. Mannoni, Mille et une nuit, Paris, 2000. p. 16.


[4] Ibid., p. 18.


[5] TODOROV Tzvetan, le jardin imparfait, Paris, éditions Grasset & Fasquelle, 1998 ; rééd. Le livre de poche, coll. « Biblio essais », Paris, 2006 (2ième édition), p. 331.


[6] Ibid., p. 66.


[7] SLOTERDIJK Peter, Règles pour le parc humain, op. cit., p. 39.


[8] Ibid., p. 40.

ISSN 2105-0864 - Copyright © 2009-2015 Implications philosophiques – Source : http://www.implications-philosophiques.org/ethique-et-politique/ethique/humanisme-ethique/humanisme-valeurs-et-education/

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2.
Aux 16-17èmes siècles, une éducation plurielle est active en Allemagne

D’après un groupe de chercheurs sur l’histoire de la pédagogie en Allemagne (Arbeitskreis Vormoderne Erziehungsgeschichte), on note de 1450 à 1750 l’existence d’une éducation élémentaire et d’une formation professionnelle dans et hors l’école.

Au 15-16èmes siècles, des livres d’apprentissage pour les femmes dans des métiers sont édités àCologne pour des fabricantes de fil, des fileuses de soie, des tisseuses de soie et des fileuses d’or…

Au 17ème siècle, après la guerre de Trente Ans, (1618 à 1648), il existe un réseau d’écoles allemandes rurales dans toutes les paroisses duduché de Brunswick. En Westphalie, on observe une diversité cultuelle et culturelle selon les lieux : calviniste à Steinfurt, jésuite à Münster (jésuite) et luthérien à Soest. La diversité y est de mise !

De 1600 à 1750, une maîtrise de l’écrit est exigée chez les artisans de la construction en Thuringe. De 1695 à 1769, l’orphelinat de Halle assure une instruction élémentaire pour les jeunes filles et à partir du XVIIe, la scolarisation est ouverte pour les filles de Cologne et dans les bourgs et les petites villes voisines.

Au 18ème siècle, une éducation élémentaire et professionnelle est créée pour les filles des huguenots émigrés à Berlin et les enfants de soldats sont scolarisés dans les villes de garnison. A la fin de La guerre de Trente Ans (1618 à 1648), à Wittenberg dans le duché de Brunswick-Wolfenbüttel, se met en place une inspection générale des écoles relevant directement du duc et confiée à un laïc neutre.

Lectures suggérées :
Le sens de l’éducation (Pédagogie générale, Livre I) - J. Leif,Philosophie de l’éducation(4 vol.) et L’enseignement protestant au XVIIesiècle : « Transmettre la foi réformée est au XVIIe siècle, le but fondamental de l’enseignement protestant. On ne peut concevoir à cette époque d’enseignement purement laïc… Comme tous les humanistes du XVIe siècle, les réformateurs, Luther en tête, ont fait de l’instruction des enfants à l’école un devoir pour les parents et pour les Églises. Devoir inscrit dans la discipline des Églises réformées de France, depuis le synode national de Sainte-Foy en 1578… Dans les « petites écoles », en principe chaque Église réformée dresse son école : école primaire de garçons surtout (souvent aussi écoles de filles ou écoles mixtes). Le maître d’école, ou régent , est recruté par le consistoire de chaque Église, qui lui fournit un logement et une indemnité assez faible, complétée par un « écolage » payé par les parents. L’enseignement est individuel : chacun vient à tour de rôle devant le maître lire, écrire, réciter. Il n’est collectif que pour le chant des psaumes et le catéchisme… »

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3.
Les orientations de Martin Luther et de quelques-uns de ses contemporains

Martin Luther (1483-1546) entra en résistance avec les autorités catholiques le 31 octobre 1517 qui marque ainsi la naissance de la Réforme luthérienne et protestante et qui se développa tout d’abord dans le nord de l’Allemagne. L’élément déclencheur de cette révolte était la vente des indulgences en vigueur dans l’Église catholique de l’époque pour obtenir le salut dans la vie éternelle. Il a été rapporté que Luther avait affiché ses 95 thèses sur le portail de l’église de Wittenberg et Luther se rendit aussi célèbre par sa traduction de la Bible en allemand à partir des textes écrits en latin et en grec, ce qui permit aussi une certaine fixation de la langue allemande à cette époque. Cet ouvrage connu un rapide développement grâce à l’imprimerie que venait d’inventer Johannes Gensfleisch zur Laden zum Gutenberg, dithttps://fr.wikipedia.org/wiki/Johan...Gutenberg, (1400-1465). « C’est grâce à l’explosion culturelle qui en résulta que le savoir ne fut plus réservé aux clercs et qu’un accès plus facile à la connaissance permis de développer le partage des idées, l’esprit critique et, avec lui, l’humanisme ».

Lecture suggérée : « Matthieu Arnold (professeur d’histoire moderne et contemporaine à la faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg) ; titre : ’Luther était terrifié par l’idée du Jugement dernier’ ». Qui était Luther ? Un rebelle, un illuminé, un fondamentaliste ? Réponses de l’historien Matthieu Arnold, son biographe et éditeur dans la Pleiade. Interview par Catherine Golliau et Thomas Mahler publié le 18/05/2017 par ‘Le Point.fr’.

La philosophie sociale de Martin Luther fait référence à des applications éducatives dans les territoires germaniques et français. Il fut d’abord moine catholique de la tradition augustinienne, faisant référence à Augustin d’Hippone , un Berbère qui vécut sur le territoire actuel de l’Algérie (Souk-Ahras 354 - Annaba 430). Martin Luther épousa Katharina von Bora qui connut une jeunesse tourmentée et étonnante pour son époque, et ils eurent ensemble six enfants.

Lecture suggérée : 500 ans de luthéranisme (5° partie) : la philosophie sociale de Luther, publié le 25 mai 2013 par Jean-Pierre Rissoan.

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Un contemporain de Luther, Matthieu Zell (ou Matthäus, Mathias) , (1477 Kaysersberg Haut-Rhin) – 1548 Strasbourg), fut « un pasteur, réformateur et théologien luthérien alsacien, actif à Strasbourg de 1518 à sa mort3. Étant le fils d’un vigneron aisé, Matthieu Zell put partir faire ses études à Erfurt (1494), puis à Ingolstadt (1495) »… « Son épouse Katharina Schütz Zell (en anglais) ou Catherine Zell, (née Schütz en 1497 ou 1498 Strasbourg – 1562 dans la même ville), fut l’épouse de Matthieu Zell. Elle s’est distinguée durant la Réforme protestante par sa verve, son non-conformisme religieux et son engagement dans les œuvres charitables… »

Un autre personnage, Johannes Bugenhagen, « surnommé Doctor Pomeranus (1485 Wolin (Poméranie) - 1558 (Wittenberg), fut un célèbre réformateur allemand et l’un des proches collaborateurs de Martin Luther. Il assura, par son apostolat, la conversion au protestantisme de tous les pays de la Ligue hanséatique, une association des villes marchandes de l’Europe du Nord. .. » -

Un autre proche de Luther fut Martin Bucer (ou Butzer), (1491 Sélestat en Alsace– 1551 Cambridge, en Grande Bretagne, à 59 ans), théologien et réformateur protestant alsacien, à l’origine de la confirmation protestante. Humaniste et théologien original, Martin Bucer est l’une des figures de proue de la Réforme protestante au XVIe siècle ». Ses parents : père tonnelier et mère sage-femme. Il vécut à Strasbourg, Wissembourg et Witte nberg. En 1522, Martin Bucer devient l’un des tout premiers prêtres mariés, d’où son excommunication. Il prône l’unité et tente de concilier Luther, Zwingli et les anabaptistes. Porte-parole du mouvement évangélique strasbourgeois, il se dit « théologien français » avec des connaissances en exégèse rabbinique (hébreu). Sa famille fut décimée par la peste et recomposée (2 en 1). Un temps Chanoine au chapitre de Saint-Thomas à Strasbourg, il en fut chassé en avril 1549. On retient de son exil en Angleterre ses œuvres posthumes (1549-1577). Son vécu est typique du modèle psychologique décrit dans le triangle dramatique de Karpman dans lequel opèrent trois personnes : une victime, un persécuteur et un sauveur, ce dernier étant toujours le perdant finalement !

Lectures suggérées : « Martin Bucer ou le goût des autres ». Fidèle de Luther, ce pasteur à Strasbourg n’a qu’un souci : comment vivre en vrai chrétien ? D’où son ’Traité de l’amour du prochain’. Explication de texte par Matthieu Arnold publiée le 18/05/2017 par ‘Le Point’. Ainsi que ceci : Un réformateur sous le microscope : Martin Bucer (1491-1551) ou le navire échouépar Gottfried Hammann (né en 1937 à Dettwiller en Alsace, est un pasteur, théologien et historien français1… »).

Par contre, un autre contemporain de Luther, Johannès Reuchlin (1455 - 1522), un savant allemand féru de culture hébraïque et de la tradition de la kabbale juive, fut un grand voyageur qui parcourut ainsi successivement les villes de Stuttgart, Freiburg im Breisgau, Orléans (où il apprit le grec), Poitiers (où il s’initia au droit), puis à Tübingen en Allemagne, Rome, Florence puis à nouveau Heidelberg et Ingolstadt en Allemagne : il fut un humaniste par excellence, spécialiste de Zoroastre (ou Zarathushtra ou Zarathoustra, un « prophète », fondateur du zoroastrisme) et de Pythagore (ou Πυθαγόρας / Pythagóras), un grec réformateur religieux et philosophe présocratique), mais qui prit pourtant parti contre la réforme de l’Église de Luther. Il est probablement à l’origine de l’apprentissage de l’hébreu en dehors des yechivot par les clercs chrétiens. Johannes Reuchlin figure, parmi les savants de son temps, sur une gravure protestante de Strasbourg (1521).

Philippe Melanchthon (1497-1560) fut « Le bras droit et le successeur de Luther en Allemagne » : c’est un théologien humaniste qui adopta les idées de Luther et collabora à la traduction de la Bible. Il rédigea La confession d’Augsbourg (1530)https://www.google.fr/url?sa=t&...pour défendre le point de vue protestant, lorsque Charles Quint tenta une conciliation avec l’Église catholique ».

Divers auteurs considèrent que Luther a bouleversé à la fois la vie de la chrétienté, le destin de l’Europe et même l’histoire de l’Allemagne. Thomas Wieder (rédacteur en chef au ‘Monde’, chef du service France et producteur à France Culture) souligne des traits marquants de Luther : la place accordée aux femmes, l’attention portée aux écoles, aux enfants, aux animaux, la valorisation de l’individu et de sa liberté de conscience, son insistance sur l’expérience individuelle pour apprendre et une séparation claire entre la sphère temporelle et la sphère spirituelle. Des propos ont été recueillis par Nicolas Weill, auprès de Marc Lienhard, codirecteur des « Œuvres » de Martin Luther dans « La Pléiade », dont le tome II est paru en 2017. Evoquant le style et les idées du réformateur, il considéra même « Luther, précurseur de la laïcité  » !

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4.
Le protestantisme se met aussi en place à Strasbourg et en Europe

D’après le Musée du protestantisme, cette religion issue de la Réforme « se réfère à Strasbourg et en Alsace à de nombreux lieux de mémoire, témoins de l’histoire particulièrement tourmentée des deux rives du Rhin et rappelle qu’aujourd’hui un tiers des protestants français sont alsaciens, ou d’origine alsacienne ».

Des personnages y ont marqué leur temps comme Jacques Sturm (en allemand Jakob (ou Jacob) Sturm von Sturmeck, (1489 Strasbourg – 1553 dans la même ville), dit le ’Périclès’ du XVIè siècle [Maire], « un homme politique réformateur protestant qui fut l’un des plus grands Stettmeister de la ville libre de Strasbourg et l’un des hommes politiques les plus marquants de son époque1. Habile diplomate, il représenta Strasbourg au niveau européen lors des diètes d’empire et auprès de l’empereur Charles Quint… ».

Son ami et homonyme Jean Sturm (1507-1589), érudit et pédagogue protestant d’origine allemande, est considéré comme le fondateur du Gymnase en 1538, institution promue au rang d’Académie en 1566, et qui devint par la suite le siège de l’Université de Strasbourg [« De l’humanisme rhénan du XVIe siècle au campus européen du XXIe siècle »]. Parmi les anciens étudiants et enseignants que compte cette université, 18 ont obtenu un prix Nobel et un enseignant y a obtenu la médaille Fields en mathématiques.

L’implantation des institutions protestantes à Strasbourg se fit souvent sous un régime d’occupation mixte des locaux religieux : le simultaneum « consistant dans l’usage simultané d’un bâtiment ecclésial par deux ou plusieurs communautés religieuses. En pratique en Alsace, il s’agit avant tout de catholiques et de luthériens et parfois de réformés, qui associent les trois confessions. Le simultaneum a toujours été installé dans des églises protestantes. Les églises catholiques n’ont jamais été touchées. Sur le plan géographique, les églises simultanées se trouvent à l’intérieur de l’ancien Saint-Empire, en particulier dans l’ouest et le sud-ouest, dont les régions annexées par la suite par la France (Alsace, Comté de Montbéliard), en Belgique (Outremeuse des États) et en Suisse… »

Un exemple est l’église protestante Saint-Pierre-le-Jeune1 de Strasbourg qui se situe place Saint-Pierre-le-Jeune dans le centre historique de la ville. C’est l’une des plus remarquables de Strasbourg, au point de vue de l’histoire de l’art et de l’architecture. Il existe deux autres églises Saint-Pierre à Strasbourg : l’église Saint-Pierre-le-Vieux qui est en fait un ensemble de deux églises, l’une catholique et l’autre protestante, et l’église Saint-Pierre-le-Jeune catholique, à l’imposante coupole néo-romane et qui date de la fin du XIXe siècle. L’église est luthérienne depuis 1524, date à laquelle Wolfgang Capiton y prêche la Réforme. Paul Fagius lui succède. En 1682 Louis XIV restaure la paroisse catholique, le chœur est alors attribué aux catholiques et la nef aux protestants. Cette attribution aux deux cultes perdura jusqu’en 1893 date à laquelle fut construite par les Allemands l’église Saint-Pierre-le-Jeune catholique. C’est dans le baptistère devant à droite que le bienheureux Charles de Foucauldhttps://www.google.fr/url?sa=t&...a été baptisé. C’était le moment où l’église était utilisée conjointement par catholiques et protestants (simultaneum)… »

Une institution célèbre de Strasbourg est le Stift, « ou Collège Saint-Guillaume, qui est un séminaire protestant. Fondé par Caspar Hédion pendant la Réforme (1543), sa fonction première était de permettre aux étudiants démunis d’étudier la théologie, disposant dès le départ de bourses et de logements. De nos jours, il sert principalement de foyer étudiant et de restaurant universitaire. Cependant, ses résidents sont encore en priorité des étudiants de la Faculté de théologie protestante de Strasbourg. Photo.

Plus modeste est l’église luthérienne Saint-Guillaume installée sur un édifice de 1298, sur le quai des Pêcheurs au bord de l’Ill à Strasbourg, et qui est pour cette raison, paroisse par la corporation des Bateliers

Par la suite, un pasteur luthérien alsacien fixé à Francfort-sur-le-Main1 « devait apporter sa pierre au piétisme : Philipp Jacob Spener (ou Philippe Jacques Spener), né le 13 janvier 1635 à Ribeauvillé (en Alsace) et décédé le 5 février 1705 à Berlin, est un théologien luthérien originaire d’Alsace. Il est l’auteur de Pia desideria, considéré comme le texte fondateur du piétisme. Il est également un grand nom de la science héraldique en Allemagne. Son principal ouvrage, dans ce domaine, est le ‘Theatrum nobilitatis Europae’ (1668-1678)… » - On peut suivre sa trace à Colmar, Strasbourg, Dresde, Francfort-am-Main, Berlin… Parmi les nombreuses personnalités appartenant au mouvement ou influencées par Philipp Jacob Spener, on trouve Emmanuel Kant, Gotthold Ephraim Lessing ou Friedrich Hölderlin.

Sur le plan culturel, l’Europe est en effervescence à l’époque de la Renaissance, avec des auteurs ‘transnationaux’ comme Érasme, « également appelé Érasme de Rotterdam (Desiderius Erasmus Roterodamus), (vers 1467 à Rotterdam - 1536 à Bâle) , il fut chanoine régulier de saint Augustin, philosophe, humaniste et théologien des Pays-Bas bourguignons, et il est considéré comme l’une des figures majeures de la culture européenne… Son œuvre, très vaste et complexe, comprend des essais et des traités sur un très grand nombre de sujets, sur les problèmes de son temps comme sur l’art, l’éducation, la religion, la guerre ou la philosophie, soit un éclectisme propre aux préoccupations d’un auteur humaniste… »

Selon le Musée du protestantisme, « Érasme (1469-1536), grande figure de l’humanisme du 16ème siècle, est un esprit ouvert et cultivé, européen avant l’heure. Il est l’artisan de la première édition critique du Nouveau Testament en grec parue en 1516… » Européen et humaniste : surnommé « le précepteur de l’Europe » et « le père de l’humanisme », il fut l’un des premiers auteurs à aller aux sources de la Bible… Les écrits d’Érasme et sa quête d’un humanisme chrétien inspirèrent Luther et d’autres réformateurs. C’est à partir du texte grec édité par Érasme, que Luther effectua sa traduction allemande du Nouveau Testament et la publia en 1522.

Plus tardivement, apparut Comenius, « (né Jan Amos Komenský 1592 Uherský Brod en Moravie Royaume de Bohême, actuelle République tchèque) – 1670 à Amsterdam) : c’est un autre pasteur protestant, d’origine tchèque, actif au sein des ‘Frères Moraves’, qui fut très attaché à l’instruction du peuple par les livres ; père de la pédagogie moderne, il souligna l’importance de l‘enseignement des diverses langues. Il promut l’accès aux savoirs de son époque, qui sont aussi inséparables de la formation spirituelle. Il jeta les bases d’une véritable « éducation à la paix » dans un monde ravagé par la guerre, mais fut souvent contraint à l’exil. L’objectif de Comenius était « d’enseigner tout à tous » par des méthodes exhaustives et rigoureuses. Ainsi réalise-t-il les premiers véritables manuels scolaires permettant aux enfants une approche progressive et exhaustive des savoirs. Mais sa perspective ne se limite pas à l’instruction : convaincu que l’accès aux savoirs est inséparable de la formation spirituelle, il jette les bases, pour la première fois, d’une véritable « éducation à la paix ».

D’après le ‘Parti Communiste de France’ (marxiste-léniniste-maoïste), 1ère édition mai 2015, la ‘Pédagogie de Comenius’ apparaît de nos jours très moderne dans ses formulations avec ses thèmes majeurs : « l’enseignement par le jeu, pour tous et toutes ; la plasticité du cerveau et la pensée comme images transmises par les sens ; le jeu de l’esprit et l’être humain formé par le travail ; l’art universel d’enseigner tout à tous… »

Un érudit célèbre inspira beaucoup d’élites intellectuelles de langue allemande : Gotthold Ephraim Lessinghttps://www.google.fr/url?sa=t&...(1729-1781), un écrivain, critique et dramaturge allemand... Déjà lecteur assidu à douze ans, il entre dans la célèbre Fürstenschule (école du Prince) de Saint Afra de Meissen où il acquiert une bonne connaissance du grec, du latin et de l’hébreu… À l’automne 1746, il entre à l’université de Leipzig pour y étudier en théologie, mais ses vrais centres d’intérêt sont la littérature, la philosophie et l’art. Il se livre aux exercices qui développent la force et la souplesse du corps, fréquente le théâtre et se lie avec les comédiens. Après avoir étudié quelque temps la médecine et les mathématiques, il s’installe, en 1747 chez son cousin l’écrivain Mylius, un auteur comique avec qui il débute au théâtre… Une courte pièce de théâtre, Nathan le Sage ou Nathan der Weise (1779) le rendra célèbre chez les étudiants (il y traite de la tolérance entre les membres des religions monothéistes (chrétiens, juifs et musulmans) ; la pièce a pour morale que tous les hommes honnêtes méritent la même estime sans acception de foi religieuse ! … Les principes de critique littéraire et d’esthétique de Lessing sont exposés dans de nombreux ouvrages. Le plus célèbre est son Laokoon (Laocoon, 1766), qui a pour objet propre la détermination des limites respectives des arts plastiques et de la poésie… Avant de partir visiter l’Italie, il fut initié en 1771 dans la loge maçonnique ’Zu den drei goldenen Rosen’ de Hambourg … »

Lecture suggérée à partir du magazine ‘Le Point’ : « Luther et la vérité sur la Réforme  » « 1517 : Luther défie le pape en affirmant que le salut du chrétien passe par la seule foi en Dieu et les Ecritures. Exit les prêtres, exit l’absolution des péchés obtenue contre de l’argent. La Réforme est lancée, qui va non seulement déchirer l’Eglise mais bouleverser les fondements politiques et culturels de l’Occident. Or qui fut vraiment Luther ? Quel fut exactement son rôle ? Pourquoi le protestantisme s’est-il divisé en de si nombreux courants ? Portrait du premier des indignés, et de ses concurrents ».

Voir aussi : L’éducation protestante, chemin vers la liberté ? Par Luc Bussière  : « L’éducation protestante, chemin vers la liberté ? Vouloir répondre à la question demande au préalable un travail d’éclaircissement et de définition des termes. En effet, qu’entendons-nous par « éducation protestante » ? Parlons-nous d’éducation familiale ou d’éducation scolaire, voire universitaire ? Quand nous qualifions l’éducation de « protestante », qu’entendons-nous par-là ? Quel protestantisme ? Quelle époque du protestantisme ? Il semble y avoir, en effet, un monde entre, par exemple, la création des écoles et académies du temps de la Réforme et la participation des protestants à la mise en place de l’école laïque au prix de l’abandon de leurs propres écoles à la fin du XIXe siècle… »

Selon Christopher Sinclair, Maître de conférences à l’ Université de Strasbourg , « l’implantation du protestantisme évangélique (ou « évangélisme ») en Europe continentale, y compris en Alsace, est parfois présentée comme un phénomène récent et d’origine anglo-saxonne. Cette vision des choses demande à être fortement nuancée. Car si plusieurs Églises évangéliques sont effectivement d’implantation récente, et si l’apport anglo-américain a été réel à certaines époques, le protestantisme évangélique a aussi des racines profondes en Europe continentale, notamment dans les pays rhénans et en Alsace. En effet, … l’évangélisme est apparu dans ces régions dès la Réforme protestante du 16e siècle, grâce à des initiatives autochtones. Et au cours des siècles suivants, la plupart du temps, l’évangélisme n’a pas eu besoin de l’influence anglo-saxonne pour se développer et s’étendre… » - Ce sujet est abondamment documenté dans « L’identité du protestantisme évangélique et son développement historique en Alsace », par Christopher Sinclair (05 septembre 2014).

Lecture suggérée sur les savoirs de nos jours :Les réseaux transnationaux des ONG et le rôle joué par le facteur « savoir » dans la contestation menée contre les multinationales : l’exemple de la Coordination contre les risques de Bayer (CRB), parStephan Langer- Ehrenfeldgürtel 155 50823 Köln, Allemagne – stm.langer@gmx.de .

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5.
La contribution des pasteurs protestants et éducateurs en Alsace

Une rue du village de Gerstheim, dans le département du Bas-Rhin en Alsace, porte le nom de Reuchlin : elle donne accès à l’église protestante (photo) érigée dans les années 1890, alors que la population du village comptait environ 900 protestants et 200 catholiques ; s’y trouve également une école mixte (en haut à droite/photo) construite en 1899 et qui recevait jusque vers la fin du 20ème siècle les enfants catholiques dans sa partie gauche et les enfants des familles protestantes dans la partie à droite. Ce village de Gerstheim est typique du Grand Ried rhénan, s’étendant de Strasbourg à Colmar. (Consulter Le plus beau village : Gerstheim, de l’eau de l’étang, par Guy Wach ; diffusion du mardi 21 novembre 2017 - Durée 2 minutes).

Le nom de Reuchlin a été attribué à une rue de Gerstheim, non pas à la mémoire de Johannès Reuchlin (savant et kabbaliste allemand - 1455 1522), mais à celle de Frédéric-Jacques Reuchlin, « ou Fridricus Iacobus Reuchlin, (1695-1788) qui naquit et fut enterré à Gerstheim. Il servit toute sa vie active comme professeur de théologie à Strasbourg. Sa fille épousa un certain Jean-Georges Stuber [Stouber], (Strasbourg, 1722–1797), pasteur, pédagogue, piétiste, linguiste, musicien, qualifié de « défricheur de la culture populaire », et prédécesseur de Jean-Frédéric Oberlin au Ban de la Roche, commune de Waldersbach dans le Bas-Rhin, en Alsace ». Gravure représentant Fridricus Iacobus Reuchlin (1695-1788), buste de face avec encadrement.

D’après Marie-Anne Hickel, (accès à sa photo), cheville ouvrière et mémoire de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Dambach-Barr-Obernai, le pasteur Stuber avait une santé fragile (il ne se mit à marcher qu’à six ans) ; il n’avait pas de voix pour parler en public ce qui le pénalisa dans l’exercice de son ministère. Il fut marié à Salomé Reuchlin (fille du professeur de théologie protestante Reuchlin de Strasbourg), qui devait décéder à 20 ans. Stuber fit deux séjours dans la vallée vosgienne de la Bruche, et habita à Barr, servant à l’Église protestante St Martindans cette petite ville (photo), située au pied du vignoble du Kirchberg.

Stuber maitrisait l’allemand, le français, les dialectes alsaciens, le latin, le grec ancien, l’hébreu et un peu d’arabe. Son enseignement s’adressait aux enfants et il publia en 1762 un alphabet méthodique « pour faciliter l’art d’épeler et de lire en français » : ses 47 leçons n’avaient d’autre règle que de travailler sur la musicalité naturelle du langage. Mais Stuber s’adressait aussi à tous ses paroissiens (enfants et adultes des deux sexes), et les encourageait à la lecture du français – langue qu’ils ne maîtrisaient pas au début de leur scolarité - avec la mise à disposition dans une bibliothèque de plusieurs dizaines de livres et dont le nom des lecteurs était consigné dans un registre de prêt, affirmant ainsi la valeur émancipatrice de ce qui s’appelait alors le ’trafic de livres’. La pasteur Stuber jouait du violon et de l’orgue et dirigeait bien sûr des chorales. Ce qui l’amena à créer un nouveau système de tablature dans la musique qui simplifiait la maitrise du solfège. Il laissa la réputation d’un homme épris de liberté, de justice et des droits humains, manifestant son amour du prochain et une bienveillance avec tout le monde en milieu rural. Pour continuer à vivre en toute tranquillité, il fut amené à signer un texte lors de la Révolution française s’exprimant contre le fanatisme et la superstition, afin de poursuivre ainsi son ministère en paix. Finalement, après avoir vécu et exercé à la paroisse protestante de Barr dans le Bas-Rhin, Stuber fut muté à l’église Saint-Thomas de Strasbourg (photo) « (aussi appelée ‘Thomaskirche’ en allemand), qui est située, selon Wikipédia, … « dans le centre historique de la ville à proximité du quartier de la Petite France... Cette église est l’une des plus importantes de Strasbourg, au point de vue de l’histoire culturelle et de l’architecture de la ville. Surnommée « la cathédrale du protestantisme en Alsace », elle est le seul exemple d’église-halle dans la région. Il s’agit également de l’unique église protestante à avoir conservé des chanoines… »

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6.
La vie vosgienne au Ban de la Roche au 18ème siècle décrite par Stuber

La capitulation de Strasbourg « est le nom de l’acte par lequel la ville libre et impériale de Strasbourg s’est placée sous la protection des rois de France, le 30 septembre 1681 ». Le traité de Ryswick « fit confirmer en 1697 le fait que la France, possédant alors les quatre cinquièmes de l’Alsace », se chargea de l’enseignement de la langue française, notamment par l’action des pasteurs protestants répartis sur tout le territoire alsacien ».

Un territoire correspondant à un comté d’alors, le ‘Ban de la Roche’ « est le nom d’une ancienne seigneurie puis comté dont le siège administratif a été le château de la Roche et ensuite celui de Rothau. Le Ban de la Roche est situé dans le département du Bas-Rhin, canton de Schirmeck, arrondissement de Molsheim, en région Alsace. De 1974 à 1992, ce nom a été repris par l’éphémère commune du Ban-de-la-Roche… »

Le Ban de la Roche « était un ancien territoire du Saint-Empire romain germanique précédemment aux mains des Rathsamhausen zum Stein [une famille noble alsacienne nommée dès le XIIe siècle ], composé de huit villages et cinq hameaux. Rothau, Wildersbach et Neuviller-la-Roche, avec les hameaux de Riangoutte et de la Haute-Goutte, forment au Nord la vallée de la Rothaine. La vallée de la Chirgoutte au Sud comprend les villages de Fouday, Solbach, Waldersbach, Bellefosse et Belmont, ainsi que les hameaux de Trouchy, de Pendbois et de la Hutte… »

« Le protestantisme ne fut officiellement introduit au Ban de la Roche qu’à partir de 1584 par Georges Jean de Veldenz selon la règle instituée dans les pays germaniques : cujus regio, ejus religio, signifiant : telle est la religion du seigneur, telle sera la religion du pays… ».

Georges-Jean de Palatinat-Veldenz « (en allemand : Georg Johann I. von Pfalz-Veldenz), né le 11 avril 1543 et décédé le 8 avril 1592 à La Petite Pierre (Comté de la Petite-Pierre), appartenait à une branche cadette de la Maison palatine de Wittelsbach, celle de Deux-Ponts et Neubourg1… Liens familiaux : Fils de Robert de Palatinat-Veldenz et tôt orphelin, Georges Jean hérita dès 1544 des titres honorifiques de comte palatin du Rhin, duc en Bavière, ainsi que du comté de Veldenz (Georges Jean Ier). Il reçoit par la suite, au terme d’arrangements dynastiques avec la famille Palatine, les comtés de Lützelstein (la Petite Pierre) (et Sponheim ultérieur, mais cela resta sans effet, le duc Wolfgang de Deux-Ponts se l’étant attribué en 1566). Georges Jean épousa en 1562 la princesse Anna Maria (1545-1610), fille du roi de Suède Gustave IerVasa richement dotée. L’œuvre du Palatin en Alsace bossue : aux possessions en terre allemande, le Palatin préféra son comté de la Petite-Pierre, zone frontière entre l’Empire (ici luthérienne et germanophone, comme lui-même) et la Lorraine de langue romane et catholique. Il modernisa le château de la Petite-Pierre où il résidait principalement avec sa famille, donnant au lieu l’aspect militaire mais aussi ’Renaissance’ qu’il a conservé aujourd’hui. Proche des populations, idéaliste, le prince était familièrement surnommé ’Jerri Hans’ par ses sujets. Dans les années 1560, le Palatin lança le projet d’une ville nouvelle dans son comté, à laquelle il donnerait son nom, et qui accueillerait les réformés expulsés du duché : Phalsbourg (Pfaltzburg, la ville du Palatin) sortit de terre et commença à se peupler vers 1570, avec l’ambition de devenir un nœud routier, artisanal et commerçant. Devenu par les armes propriétaire du château de Lutzelbourg (en Alsace) en 1577, il renonça à le reconstruire : seules ses ruines sont donc parvenues jusqu’à nous. Le développement de Phalsbourg était retardé par le manque d’argent : Georges Jean ne pouvait faire face aux constructions qu’il avait entreprises pour les habitants, bâtiments publics, remparts. Il engagea la ville au duc de Lorraine Charles III en 1584, et acquit sur les Rathsamhausenzum Stein la seigneurie du Ban de la Roche, où il avait commencé à exploiter les mines de fer. Il y développa une forte infrastructure minière et sidérurgique, visionnaire pour l’époque, et qui perdurera jusqu’au XVIIIe siècle. Il introduisit aussi la religion évangélique dans le Ban. Pour compléter le réseau routier qu’il avait entièrement rénové, Georges Jean avait imaginé un système de canaux et d’écluses qui ne vit pas le jour, mais préfigurait le canal de la Marne au Rhin. Cette nouvelle entreprise ne lui permit pas toutefois de racheter Phalsbourg, qui resta au duc de Lorraine après 1589. Prince protestant, industriel avant-gardiste, entreprenant et visionnaire, le Palatin souffrit de la méfiance et du désintérêt des autres princes allemands de la région, dont il ne reçut aucun appui. Sa mort en 1592 mit un frein à ses réalisations, et il laissa des finances amoindries à sa veuve Anna Maria et à leurs enfants. Il n’en avait pas moins marqué le territoire et l’imaginaire de cette région… » (D’après Wikipédia).

En 1620/1621, des procès de sorcellerie firent encore au Ban de la Roche au moins 53 victimes sur une population évaluée à 1.200 personnes (soit 4 pour mille) ! Par la suite, ce territoire constitua un bel exemple historique de développement local à travers l’alphabétisation, l’organisation sociale, l’importation de savoir-faire et leur adaptation à ces conditions de vallées retirées (mines, métallurgie, textiles, agriculture et élevage…).

Au 17ème siècle, des mennonites, « une communauté religieuse protestante issue de l’anabaptisme du XVIe siècle venue de Suisse et des Pays-Bas, s’implanta dans la vallée proche de Sainte-Marie-aux-Mines en apportant des savoir-faire spécifiques en agriculture, en élevage, en conserves alimentaires, en distillation, en fabrication de fromages, en apiculture, en tissage et en meunerie ; savoir-faire qui se répandirent dans les vallées voisines, au profit des habitants locaux… C’est également en Alsace que se produisit le schisme de Jakob Amman, fondateur du mouvement amish en 1693… »

Le ‘Ban de la Roche’ était constitué à cette époque de quelques villages et hameaux, nichés dans de vertes vallées et reliés entre eux, dans un paysage très accidenté, par des chemins peu praticables. Alors que ce territoire est atteint de nos jours en voiture depuis Strasbourg en 45 minutes, il fallait alors environ huit heures pour faire le même trajet, « par beau temps, avec un bon attelage et si tout se passait bien » !

La pasteur Stuber donne dans ses annales la description suivante des lieux dans lesquels il devait assurer le culte protestant et l’éducation des populations au 18ème siècle ; l’éducation allait aider à sortir les habitants d’une situation précaire dans un milieu rural peu favorisé par la topographie et le climat. Il en fit cette description :

« Les habitants du Ban de la Roche sont généralement très pauvres et on appelle riches ceux dont la misère est moindre. Ils habitent dans des chaumières et vont en sabots ; ils subsistent grâce à leurs maigres cultures et à leur modeste élevage. Leur langue est une sorte de patois ancien (d’origine latine), dénommé le Welche [« ou welsche, nom donné par ses propres locuteurs au dialecte lorrain roman parlé en Alsace dans le pays welche]. Leur nourriture est à base de pommes de terre ; ils n’ont que du pain de seigle à manger, et encore pas en abondance car peu de gens seulement peuvent semer assez de seigle pour couvrir leurs besoins annuels, et ils en manquent d’ailleurs la plupart du temps. Certains manquent même de pommes de terre, mais les autres voisins les secourent fraternellement, de sorte que personne ne va mendier. Les habitants du Ban de la Roche ne mangent pas de viande tout au long de l’année, sauf lors d’un repas de fête. Il pousse là un peu d’avoine, du chanvre et un peu de blé, ou même pas du tout, et il n’y a pas de vin, bien sûr. Leur bétail comprend de rares petits chevaux et ils n’ont même pas d’ânes, et puis aussi une espèce mineure de bovins qui se languissent en hiver en raison du manque de foin et qui, en été, montent péniblement dans des pâtures pierreuses et éloignées où ils trouvent plus de mousses que d’herbes à manger et, par-dessus le marché, la bonne saison n’y dure que quatre mois dans l’année. Le bois de chauffage, de construction et pour les autres besoins, tels que la fabrication de charrettes et de sabots, est à présent presque aussi rare que le pain. Et l’argent l’y est encore bien davantage. Mais aussi pauvre que soit ce peuple, on peut malgré tout le considérer à cause de sa langue et de sa religion, comme un véritable joyau de notre église évangélique de la Confession d’Ausbourg, laquelle, par ailleurs, en dehors de Montbéliard [Montbéliard et sa proche région (le « Pays de Montbéliard »] n’ont été rattachés à la France qu’en 1793. Elle doit à son histoire d’être un des hauts lieux du protestantisme en France. Le Pays de Montbéliard est aussi le berceau des automobiles Peugeot, d’où est issu le Groupe PSA ], et particulièrement dans les seigneuries françaises, ne compte aucun représentant ou bien si peu dans ce pays, et nous pouvons regarder avec tendresse et une juste compassion cette sœur française, presque unique et abandonnée ». Cet extrait, arrangé pour la diction lors d’une conférence, a été enregistré à partir de ‘L’ Histoire de la paroisse de Waldersbach’ composée par Monsieur Stuber (prononcer Stouber), dans les ‘Annales du Ban de la Roche’ en 1774.

« Le pasteur Stuber est à l’origine des « poêles à tricoter » dans les hameaux retirés des villages du Ban de La Roche, pour initier les jeunes filles (parfois servantes et apprenties pédagogues) à l’alphabétisation, à la formation des « conductrices », éducatrices dans des maternelles pour se préparer aux autres enseignements élémentaires. Stuber alla même jusqu’à dédommager les familles concernées par le départ du domicile familial, de l’une de leurs filles. De leur côté, de jeunes garçons furent placés en apprentissage dans des corporations à Barr et à Strasbourg, passant successivement du stade de l’apprenti (Lehrling) à celui de compagnon (Geselle) avant d’atteindre la maitrise (Meister). »

Un petit livre de Loïc Chamel retrace tout cela : sous le titre « Le Pasteur Oberlin  », du nom de son prédécesseur dans le village vosgiens de Waldersbach, « au Ban de la Roche ». Il commence ainsi son texte : « L’enracinement au cœur de l’environnement socio-économique, qui marque une étape historique du développement dans une société donnée, représente l’une des nécessités premières de toute pédagogie. Qu’il agisse en symbiose ou en réaction avec les idées de son temps, le pédagogue est nécessairement un être historique, porteur de son époque et de ses préoccupations... »

Les poêles à tricoter d’Oberlin - Loïc Chalmel – Article publié le 30/11/1999 à 00h00 – Document ‘Pour la Science ».

« À l’aube de la Révolution française, dans une petite vallée vosgienne, un jeune pasteur révolutionne l’éducation de la petite enfance en prônant une pédagogie d’éveil : l’enfant a le potentiel de tout apprendre, il suffit de le guider de façon ludique ».

Reproduction – « Depuis les deux années que j’exerce mes fonctions, l’éducation négligée de tant d’enfants dans ma paroisse m’a toujours causé beaucoup de chagrin, c’est un véritable fardeau qui pesait sur mon cœur ». Jean-Frédéric Oberlin, 1770.

« L’homme ne se contentera pas de porter le fardeau. Il l’allégera en concevant une école rurale aux méthodes révolutionnaires. Germanique de naissance et latin d’adoption, sensible aux Lumières, résolument tourné vers l’Europe, curieux des développements de la pensée scientifique rationnelle autant que des expériences mystiques de la foi chrétienne, pasteur, pédagogue, animateur rural, Jean-Frédéric Oberlin (1740-1826) tente tout au long de ses 59 ans de ministère au Ban de la Roche, petite vallée reculée d’Alsace, de concilier ces différents champs de savoir et d’activité, apparemment éloignés les uns des autres ».

« C’est à Jean-Georges Stuber (1722-1797), prédécesseur d’Oberlin au Ban de la Roche et pasteur luthérien comme lui, que revient le mérite d’avoir posé les fondements d’un redressement social de la vallée perdue, fondé sur l’éducation. Lorsque, le 15 juin 1750, il s’installe dans le misérable presbytère de Waldersbach, petite paroisse du Ban, il entreprend une réforme complète de l’enseignement et crée des structures où chacun, adulte comme enfant, accédera à la lecture courante, cette compétence essentielle dans la quête du savoir. Il s’entoure à cet effet d’une équipe de maîtres compétents et issus du terroir ; il leur donne le titre de « régents » et se charge de leur formation. Doué pour la musique, Stuber met l’enseignement du chant et du solfège au programme de la formation professionnelle des régents puis, par leur intermédiaire, au programme des écoles ».

« Après une parenthèse de cinq années à la suite du décès de sa première épouse, Stuber reprend en 1760 les rênes de sa réforme éducative et réorganise les écoles par classes en fonction du développement intellectuel des élèves, suivant le plan de celui que l’on considère comme le père de l’éducation moderne, Jan-Amos Comenius (1592-1670). Cela n’avait jamais été réalisé jusque-là. À partir de 1763, dans les cinq villages du Ban de la Roche, l’école pour les enfants et les cours du soir pour les adultes ont lieu régulièrement ».

Un projet éducatif global

« Lorsque Jean-Frédéric Oberlin remplace Stuber en 1767, il connaît toutes les difficultés du pédagogue à l’orée de sa carrière : pensant pouvoir réaliser rapidement un certain nombre de transformations, il se heurte à la méfiance de ses paroissiens envers leur nouveau pasteur, ce jeune intellectuel strasbourgeois qui prétend réformer l’agriculture, former des maîtres, construire des routes, etc… Et qui se fait appelé « catholique évangéliste » pour ne point effaroucher ses paroissiens ! »

« Le projet éducatif du nouveau ‘ministre’ du Ban de la Roche est en effet lié au système économique et social qu’il met en œuvre dans la vallée : les finalités des différentes institutions constitutives de ce système participent du même esprit de solidarité et de militantisme évangélique. Oberlin, apôtre infatigable d’un « christianisme social » n’exclut a priori aucun aspect de la vie courante du cadre de son ministère. Héritier de la tradition piétiste, il est convaincu que l’élévation de l’âme humaine vers le spirituel passe par une amélioration sensible des conditions matérielles... »

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7.
L’œuvre pédagogique, sociale et économique du pasteur Oberlin à Waldersbach dans le Bas-Rhin

Successeur de Stuber, Jean-Frédéric Oberlin, ou Johann Friedrich Oberlin, (1740 – 1826, mort à 85 ans) est répertorié comme « pasteur protestant alsacien, piétiste et apôtre du progrès social … un prédicateur protestant entre mysticisme et pragmatisme ». Un presbytère fut construit pour lui en 1787 au village alsacien de Waldersbach. Il y déploya une activité pédagogique intense et diversifiée mettant à la disposition de ses élèves plusieurs cabinets de curiosité, ordonnant et nommant divers objets collectés dans le jardin et lors de sorties pédagogiques dans les alentours ou reçus de ses nombreux correspondants lointains. Des outils pédagogiques de l’époque conçus et utilisés par le pasteur J.-F. Oberlin sont encore visibles dans un Musée qui lui est consacré et installé sur les lieux où il vécut 58 ans au service de ses paroissiens.

Le pasteur Oberlin joua également un rôle significatif comme aménageur du territoire, organisant et encadrant la réfection des chaussées, aménageant des ponts, et canalisant les torrents. [Voir une gravure de 1819 représentant le pasteur Oberlin conduisant des travailleurs occupés à la réfection d’un chemin].

Il contribua au développement local en stimulant l’installation d’une rubanerie et d’une filature de soie à Fouday, de 150 métiers à tisser répartis dans deux villages, ainsi que d’une filature de coton travaillant avec un artisanat rural à domicile. Dans cette mouvance progressiste dans les plaines vosgiennes, Oberlin encouragea l’industrie textile à partir d’un savoir-faire importé de Suisse ; en 1861, 110 usines employaient 15.452 ouvriers dans des usines de filatures et tissages dans les vallées vosgiennes. Une industrie minière et métallurgique aussi se mit en place dans la région à partir de 1725 et une famille alsacienne célèbre, de Dietrich, des Vosges du Nord, fut à l’origine d’une lignée d’industriels : un poêle d’origine est encore en fonctionnement à l’église voisine de Fouday. Pour mémoire, le premier maire constitutionnel de Strasbourg fut Frédéric de Dietrich (1748-1793), chez lequel « La Marseillaise » fut chantée le 25 avril 1792.

D’après Loïc Chalmel (1999), « Dans un siècle où les savoirs et les lumières éclairaient surtout les hautes sphères de la société, le Pasteur Jean Frédéric Oberlin (1740-1826) a fait le choix de s’installer au fond d’une vallée vosgienne reculée : le Ban de la Roche, et de mettre son savoir multiforme au service de ses paroissiens. De l’apprentissage de la lecture à l’histoire naturelle, de la musique à la création d’une caisse de secours mutuel, il s’engage pendant près de 60 ans dans un combat sans repos pour le progrès spirituel, sanitaire, éducatif et économique des hommes, des femmes et des enfants qui lui sont confiés ». Oberlin était « à la quête du ‘juste milieu’, et contribua au développement local et à l’émancipation sociale du territoire. Germanique de naissance et latin d’adoption, Oberlin semble tout à la fois appartenir autant à l’Aufklärung allemande qu’aux Lumières françaises, résolument tournées vers l’Europe. Curieux du développement de la pensée scientifique et rationnelle, autant que dans ses expériences mystiques de la foi chrétienne, pasteur, pédagogue, mais aussi animateur rural, Jean-Frédéric Oberlin tenta, tout au long de ses 59 ans de ministère au Ban de la Roche, de concilier les différents champs de savoirs et d’activités apparemment très éloignées les uns des autres ».

Loïc Chalmel continue : « Au-delà des contradictions internes aux systèmes de pensée, Oberlin engagea une quête de sens dans un questionnement dialectique et naturel qui se révéla fécond entre le référentiel théologique, dont il est l’héritier, et les pensées politiques, philosophiques, scientifiques et économiques émergentes, portées par les idéaux de la révolution de 1789, au sein d’une société qui tendait à se séculariser. La médiation, telle semble être sa ligne de conduite en toute chose, à la recherche d’un juste milieu, à l’équilibre nécessairement précaire. Dans le domaine pédagogique, Oberlin inventa une médiation intellectuelle entre les valeurs religieuses du piétisme et l’idéal humaniste républicain ».

« L’intérêt conjugué dont il bénéficia de la part de ses frères Moraves et des élus de la Convention Nationale à Paris, montre à quel point l’institution des « poêles à tricoter », se situe au confluent de deux mondes, et constitue une étape importante dans l’évolution du piétisme [un important mouvement religieux protestant fondé par Philipp Jacob Spener (1635-1705), un pasteur luthérien alsacien fixé à Francfort-sur-le-Main ], d’une part, et de sa foi protestante, d’autre part. Héritier de la première révolte humaine contre la toute-puissance d’une église séculaire pervertie, il côtoya un nouveau séisme social qui mit en cause l’exercice même d’un pouvoir religieux ».

« La ‘petite école’ (probablement maternelle et primaire), instituée par Oberlin, se présente comme une structure unique, sans équivalent dans l’Europe du XVIIIe siècle. Résultant de la démarche éducative de toute une tradition de théologiens en lutte pour le respect de leurs convictions religieuses et de la dignité humaine, elle éveille l’attention d’une république à la recherche de modèles possibles pour rétablir l’utilité nationale (en France comme en Allemagne) et y développer l’instruction populaire. La pédagogie des « poêles à tricoter » symbolise le compromis entre la première génération de révolutionnaires en Europe et la seconde qui annonce le réveil des peuples. C’est la meilleure preuve du caractère « progressiste » de l’institution et que l’idée d’Oberlin sera mise entre parenthèses avec le retour en France de pouvoirs de type monarchique et que sa résurgence coïncidera avec le retour au pouvoir de la République ».

Le pasteur Oberlin exprimait couramment son respect des juifs de son époque. Au passage d’un colporteur juif dans le village, des paroissiens lancèrent à celui-ci des quolibets et des injures. La dimanche suivant, le Pasteur Oberlin s’dressa vigoureusement à ses paroissiens en ces termes « je suis aussi Israélite, de la postérité d’Abraham » et en profita pour lire le passage suivant des Corinthiens 11:22  : « « Sont-ils Hébreux ? Je le suis aussi. Sont-ils Israélites ? Je le suis aussi. Sont-ils de la semence d’Abraham ? Je le suis aussi ».

Voir également l’Histoire des Juifs en Alsace : « La présence juive en Alsace est attestée depuis l’an mil. Hors le royaume de France, les Juifs alsaciens n’ont pas à souffrir des expulsions décidées par les rois de France, mais ils sont persécutés lors de l’épidémie de peste noire du XIVe siècle et expulsés des villes. Le judaïsme alsacien prend alors un caractère rural très original en Europe occidentale. Il en reste aujourd’hui de nombreuses synagogues, souvent désaffectées, car à partir du XIXe siècle, les Juifs alsaciens ont regagné les grandes villes alsaciennes, ou sont allés jusqu’à Paris. Cette communauté d’une importance historique majeure au sein du judaïsme français fut très affectée par la Shoah. Elle est aujourd’hui largement surpassée en nombre par les Juifs venus d’Afrique du Nord, pendant les années 1950 et 1960… »

Regards sur l’évolution de la population du Ban de la Roche

Le peuplement du Ban de la Roche (ou Steintal en allemand : ehemalige Grafschaft Steintal im Elsass, siehe Ban de la Roche) est révélateur de la situation des populations locales. La densité démographique de ce pays de montagnes et de vallées a subi dans son histoire de profondes fluctuations : 383 âmes environ en 1489 à 560 âmes en 1534 et à 860 âmes en 1578 ; plus de 1.200 habitants après 1600. Les désordres de la guerre de Trente Ans firent chuter le peuplement à deux cents personnes en 1655. Ce dépeuplement favorisa l’implantation relative d’une population en provenance de Suisse bernoise, elle-même contrariée par les contres coups de la guerre de Hollande (1672-1678) avec, par exemple, l’incendie de Belmont en 1675. L’évolution démographique, sensible après le retour de la paix en 1715 par la mort de Louis XIV, est attestée par le nombre de près de 3.500 âmes en 1800… L’apparente richesse de la ville de Barr contribua dès le début du XVIIe siècle à attirer plusieurs familles du Ban de la Roche dans ses murs… Une première « vague » d’émigration vers le Nouveau Monde est attestée en 1736… et plusieurs communautés nouvellement fondées aux Etats-Unis édifièrent leurs propres lieux de culte, comme celle de Woolstock dans l’Iowa, où un service religieux en langue française fut célébré… Le Ban de la Roche s’est jumelé en 1984 avec la ville de Woolstock ».

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8.
La passage à Paris des savoir-faire pédagogiques du pasteur Oberlin par l’intermédiaire de l’abbé Grégoire, curé de campagne lorrain et révolutionnaire

Le pasteur Oberlin entretenait beaucoup de relations avec des correspondants au niveau européen, avec lesquelles il échangeait beaucoup. Il se lia notamment, aux cours de visites croisées et d’échanges pédagogiques, avec l’abbé Grégoire en 1785 et 1787.

L’abbé Grégoire, « en fait Henri Jean-Baptiste Grégoire, (1750 Vého Trois-Évêchés, aujourd’hui dans le département de Meurthe-et-Moselle - 1831 Paris), est un prêtrecatholique, évêque constitutionnel et homme politique français, l’une des principales figures emblématiques de la Révolution française2. L’abbé Grégoire se rallia au Tiers état et, à l’Assemblée Constituante, il réclama non seulement l’abolition totale des privilèges et de l’esclavage mais prôna aussi le suffrage universel masculin… »

« L’abbé Grégoire, dans une longue et riche biographie qui lui est consacrée, est qualifié de « curé de campagne éclairé » et encore « d’ami des hommes de toutes les couleurs ». Dans une période mouvementée, il mena son combat en faveur des Juifs de France et des Noirs, pour les libérer de leurs fers. Il fonda à Paris le 19 vendémiaire an III (10 octobre 1794) le Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) sur le domaine du couvent des carmélites , pour « perfectionner l’industrie nationale ». Ce lieu héberge actuellement un grand établissement d’enseignement supérieur et de recherche français placé sous la tutelle du ministère en charge de l’Enseignement supérieur ; il est avec l’École polytechnique et l’École normale supérieure l’une des trois créations de la Révolution française dans l’enseignement supérieur scientifique. En fait, l’abbé Grégoire fut le précurseur de la formation pour adultes et, héritier de l’esprit des Lumières et des encyclopédistes, il donna au CNAM, dès son origine en 1794, une vocation multidisciplinaire. Le CNAM est historiquement reconnu pour la formation des ingénieurs ».

« En outre, l’abbé Grégoire créa le bureau des longitudes et des fermes modèles ; il réorganisa, sur les conseils du pasteur Oberlin en Alsace, l’instruction publique en France, mais également le Muséum National d’Histoire Naturelle, le Jardin des plantes et l’Institut de France qui regroupe les cinq académies au Quai Conti à Paris ».

« Le premier en France, il lança au niveau national un sondage d’opinion et universalisa à la suite la langue Française dans les populations. L’Abbé Grégoire entre de ce fait en guerre contre les ’Patois’ (1790-1794) dans de grands discours sur la République lors de la Convention nationale le 4 juin 1794 ; l’une de ses déclarations (8/34) : « Notre langue et nos cœurs doivent être à l’unisson », lui fut violemment reprochée par des élites régionales, dont des alsaciens qui entendaient œuvrer pour conserver leur dialecte d’origine germanique et adapté localement.

La vie et l’œuvre de l’abbé Grégoire ont été présentées de façon détaillée lors d’une conférence donnée à la Grande Loge de France le 5 mai 1981 par Gaston Monnerville, (1897 à Cayenne (Guyane) – 1991 à Paris), « un homme d’État français qui fut notamment député, sous-secrétaire d’État, président du Conseil de la République de 1947 à 1958, puis président du Sénat de 1958 à 1968 ».

Le corps de l’Abbé Grégoire fut transféré au Panthéon sous la présidence de François Mitterrand (1916-1996) et avec un discours du ministre de la culture Jack Lang le 12 décembre 1989, lors d’un hommage à l’abbé Grégoire, au mathématicien Gaspard Monge et au statisticien Nicolas de Condorcet.

Ecoute suggérée : Actualité de l’abbé Grégoire - France Culture émission ‘Concordance des temps’, 14 septembre 2013.

Lecture suggérée : Henri Grégoire, l’ami des hommes de toutes les couleurs : la lutte pour la suppression de la traite et l’abolition de l’esclavage, 1789-1831

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9.
Les artisans de l’école républicaine et de la laïcité à la française

Une sélection de textes parmi de très nombreux documents disponibles sur ce sujet.

Victor Hugo et les vertus de l’éducation pour tous Par Hélène Boilley 17 déc. 2013 Blog : Entre deux eaux

« Ayant récemment découvert les possibilités du blog dont disposent les abonnés de Mediapart, j’en profite pour publier des textes écrits pour le journal de l’école de mes enfants l’année dernière. J’avais écrit ces textes suite aux réactions d’une minorité de parents hostiles à la scolarisation de quelques enfants roms (qui par ailleurs se passait très bien) dans l’école. Ayant récemment découvert les possibilités du blog dont disposent les abonnés de Mediapart, j’en profite pour publier des textes écrits pour le journal de l’école de mes enfants l’année dernière. J’avais écrit ces textes suite aux réactions d’une minorité de parents hostiles à la scolarisation de quelques enfants roms (qui par ailleurs se passait très bien) dans l’école. Le premier, que je reproduis ci-dessous, était consacré à la place de l’éducation pour tous dans la réflexion de Victor Hugo, l’un des pères de notre République ».

« Ouvrir une école, c’est fermer une prison ».

« Cette célèbre citation n’est probablement pas de Victor Hugo quoiqu’on la lui attribue souvent. Il est en tous cas impossible d’en trouver facilement la source et elle n’est pas tirée des Misérables comme certains le prétendent.Mais cette phrase fait largement écho à la pensée d’Hugo sur l’éducation.. Le fait qu’on la reprenne si souvent aujourd’hui montre également l’empreinte de cette pensée sur notre façon de penser le rôle social de l’école ».

« L’une des sources de cette fameuse phrase est probablement à chercher dans un court roman écrit en 1834 : Claude Gueux. Hugo y raconte l’itinéraire d’un homme condamné aux travaux forcés pour un vol destiné à faire survivre sa famille affamée. Séparé arbitrairement d’un codétenu auquel il s’était attaché, il finit par tuer son geôlier, parfaitement conscient qu’il sacrifie sa propre vie par cet acte. Hugo reprend la parole à la fin de son texte en s’adressant directement aux parlementaires de son temps : il critique la peine de mort et, plus largement, la manière dont la société traite la misère et la criminalité qu’elle génère ».

« Messieurs, il se coupe trop de têtes par an en France. Puisque vous êtes en train de faire des économies, faites-en là-dessus. Puisque vous êtes en verve de suppressions, supprimez le bourreau. Avec la solde de vos quatre-vingts bourreaux, vous payerez six cents maîtres d’école. Songez au gros du peuple. Des écoles pour les enfants, des ateliers pour les hommes. Savez-vous que la France est un des pays de l’Europe où il y a le moins de natifs qui sachent lire ! Quoi ! la Suisse sait lire, la Belgique sait lire, le Danemark sait lire, la Grèce sait lire, l’Irlande sait lire, et la France ne sait pas lire ? C’est une honte. Allez dans les bagnes. Appelez autour de vous toute la chiourme. Examinez un à un tous ces damnés de la loi humaine. Calculez l’inclinaison de tous ces profils, tâtez tous ces crânes. Chacun de ces hommes tombés a au-dessous de lui son type bestial ; il semble que chacun d’eux soit le point d’intersection de telle ou telle espèce animale avec l’humanité. Voici le loup-cervier, voici le chat, voici le singe, voici le vautour, voici la hyène. Or, de ces pauvres têtes mal conformées, le premier tort est à la nature sans doute, le second à l’éducation. La nature a mal ébauché, l’éducation a mal retouché l’ébauche. Tournez vos soins de ce côté. Une bonne éducation au peuple. Développez de votre mieux ces malheureuses têtes, afin que l’intelligence qui est dedans puisse grandir. Les nations ont le crâne bien ou mal fait selon leurs institutions. »

« On voit dans ce texte à quel point l’écriture romanesque d’Hugo est intrinsèquement liée à sa pensée politique. Le récit sert ici de point de départ à un discours fortement progressiste qui fait de l’éducation l’une des clés de l’évolution de la société. Hugo est aujourd’hui surtout connu comme un écrivain, un monument littéraire que tout petit Français croisera dans son parcours scolaire. Mais, pour le XIXe siècle, il était aussi un homme politique de premier plan et l’un des pères fondateurs de la Troisième République. La dimension politique des textes de Victor Hugo ne nous saute peut-être plus aux yeux, tant ses idées se sont confondues avec les valeurs portées par l’école républicaine. Pourtant, on a pu voir ces dernières années des écoles fermer et des prisons ouvrir. Et les discours sécuritaires ne cessent de faire resurgir les tentations d’exclure ceux qui ne peuvent se couler dans le moule de la société, souvent du fait d’une situation économique et sociale difficile. Or c’est précisément ce que refusait Hugo. Viscéralement optimiste, il pensait qu’aucun homme n’était mauvais en lui même. À ses yeux, c’est la société qui transformait les hommes en monstres ».

Éduquer, envers et contre tout.

« Et l’on retrouve ici l’un des personnages les plus célèbres de l’œuvre d’Hugo : Jean Valjean, qui n’est en fait qu’un Claude Gueux qui aura le bonheur de rencontrer un homme bon. L’histoire de Jean Valjean commence elle aussi dans un bagne où il est enfermé pour avoir volé du pain pour sa famille affamée. À sa sortie du bagne, l’ancien travailleur vertueux et courageux est devenu un vrai criminel qui en veut à la société et n’a de cesse de recommencer à voler. Par bonheur, sa route croise celle de l’évêque de Digne, dont l’attitude a de quoi surprendre le lecteur. Il offre avec beaucoup de bonté son hospitalité au forçat : il lui donne un bon repas, le fait manger dans des couverts en argent et lui propose une nuit dans un vrai lit, ce que Jean Valjean n’avait plus eu l’occasion de goûter depuis des dizaines d’années. Pourtant les couverts en argent attisent la convoitise du forçat. Il les vole et s’enfuit. Il est cependant vite arrêté par la police qui le ramène à l’évêque. Celui-ci prétend alors avoir donné les couverts et lui donne, en plus, deux chandeliers. Cette réaction du prêtre pourrait sembler choquante ou incompréhensible à beaucoup : il se laisse voler et favorise encore le voleur ! Mais aux yeux de l’évêque de Digne, son argenterie n’est pas perdue. Il a racheté un homme. La suite du roman lui donne raison. Jean Valjean deviendra un personnage extrêmement positif, seule lueur d’espoir dans la vie des misérables qui croiseront son chemin ».

On peut penser que l’on s’est bien éloigné de l’école et qu’il s’agit d’un épisode de roman qui a plus pour but de nous surprendre que de nous apprendre quoi que ce soit. Mais l’importance que Victor Hugo accorde à l’éducation est intimement liée à sa foi en l’homme. À travers le personnage de Jean Valjean, il nous dit que tout homme est éducable et que la société a intérêt à éduquer chacun de ses membres. Il nous pousse à intégrer plutôt qu’à exclure, à investir pour l’avenir plutôt qu’à s’enfermer dans un présent égoïste ».

L’auteure : Hélène Boilley, Professeur de français à Villeneuve d’Ascq - France – Le Club est l’espace de libre expression des abonnés de Mediapart. Ses contenus n’engagent pas la rédaction. Mots-clés : Ecole républicaine éducation Victor Hugo - Le fil du blog : Faut-il contraindre les enseignants à exercer dans les quartiers populaires ? 14 mai 2017 Par Hélène Boilley - Dans le journal : Jean-Michel Blanquer veut (encore) changer la formation des enseignants2 août 2018 Par Faïza Zerouala

Source : https://blogs.mediapart.fr/helene-boilley/blog/171213/victor-hugo-et-les-vertus-de-leducation-pour-tous

Victor Hugo : Sauver la culture et l’éducation - 3 Septembre 2010 , Rédigé par L’oeil de Brutus Publié dans #Lectures - Discours prononcé en 1848 par Victor Hugo devant l’Assemblée Nationale.

« Personne plus que moi, messieurs, n’est pénétré de la nécessité, de l’urgente nécessité d’alléger le budget.

J’ai déjà voté et continuerai de voter la plupart des réductions proposées, à l’exception de celles qui me paraîtraient tarir les sources même de la vie publique et de celles qui, à côté d’une amélioration financière douteuse, me présenteraient une faute politique certaine.

C’est dans cette dernière catégorie que je range les réductions proposées par le comité des finances sur ce que j’appellerai le budget spécial des lettres, des sciences et des arts.

Que penseriez-vous, messieurs, d’un particulier qui aurait 500 francs de revenus, qui consacrerait tous les ans à sa culture intellectuelle, pour les sciences, les lettres et les arts, une somme bien modeste : 5 francs, et qui, dans un jour de réforme, voudrait économiser sur son intelligence six sous ?

Voilà, messieurs, la mesure exacte de l’économie proposée. Eh bien ! Ce que vous ne conseillez pas à un particulier, au dernier des habitants d’un pays civilisé, on ose le conseiller à la France.

Je viens de vous montrer à quel point l’économie serait petite ; je vais vous montrer maintenant combien le ravage serait grand.

Ce système d’économie ébranle d’un seul coup tout net cet ensemble d’institutions civilisatrices qui est, pour ainsi dire, la base du développement de la pensée française. Et quel moment choisit-on ? C’est ici, à mon sens, la faute politique grave que je vous signalais en commençant : quel moment choisit-on pour mettre en question toutes les institutions à la fois ?

Le moment où elles sont plus nécessaires que jamais, le moment où, loin de les restreindre, il faudrait les étendre et les élargir. Eh ! Quel est, en effet, j’en appelle à vos consciences, j’en appelle à vos sentiments à tous, quel est le grand péril de la situation actuelle ?

L’ignorance. L’ignorance encore plus que la misère. L’ignorance qui nous déborde, qui nous assiège, qui nous investit de toutes parts. C’est à la faveur de l’ignorance que certaines doctrines fatales passent de l’esprit impitoyable des théoriciens dans le cerveau des multitudes. Et c’est dans un pareil moment, devant un pareil danger, qu’on songerait à attaquer, à mutiler, à ébranler toutes ces institutions qui ont pour but spécial de poursuivre, de combattre, de détruire l’ignorance.

On pourvoit à l’éclairage des villes, on allume tous les soirs, et on fait très bien, des réverbères dans les carrefours, dans les places publiques ; quand donc comprendra-t-on que la nuit peut se faire dans le monde moral et qu’il faut allumer des flambeaux dans les esprits ?

Oui, messieurs, j’y insiste. Un mal moral, un mal profond nous travaille et nous tourmente. Ce mal moral, cela est étrange à dire, n’est autre chose que l’excès des tendances matérielles.

Et bien, comment combattre le développement des tendances matérielles ? Par le développement des tendances intellectuelles ; il faut ôter au corps et donner à l’âme. Quand je dis : il faut ôter au corps et donner à l’âme, ne vous méprenez pas sur mon sentiment. Vous me comprenez tous ; je souhaite passionnément, comme chacun de vous, l’amélioration du sort matériel des classes souffrantes ; c’est là selon moi, le grand, l’excellent progrès auquel nous devons tous tendre de tous nos voeux comme hommes et de tous nos efforts comme législateurs.

Eh bien la grande erreur de notre temps, ça a été de pencher, je dis plus, de courber l’esprit des hommes vers la recherche du bien matériel.

Il importe, messieurs, de remédier au mal ; il faut redresser pour ainsi dire l’esprit de l’homme ; il faut, et c’est la grande mission, la mission spéciale du ministère de l’instruction publique, il faut relever l’esprit de l’homme, le tourner vers la conscience, vers le beau, le juste et le vrai, le désintéressé et le grand. C’est là, et seulement là, que vous trouverez la paix de l’homme avec lui-même et par conséquent la paix de l’homme avec la société. Pour arriver à ce but, messieurs, que faudrait-il faire ?

Il faudrait multiplier les écoles, les chaires, les bibliothèques, les musées, les théâtres, les librairies. Il faudrait multiplier les maisons d’études où l’on médite, où l’on s’instruit, où l’on se recueille, où l’on apprend quelque chose, où l’on devient meilleur ; en un mot, il faudrait faire pénétrer de toutes parts la lumière dans l’esprit du peuple ; car c’est par les ténèbres qu’on le perd.

Ce résultat, vous l’aurez quand vous voudrez. Quand vous le voudrez, vous aurez en France un magnifique mouvement intellectuel ; ce mouvement, vous l’avez déjà ; il ne s’agit pas de l’utiliser et de le diriger ; il ne s’agit que de bien cultiver le sol.

L’époque où vous êtes est une époque riche et féconde ; ce ne sont pas les intelligences qui manquent, ce ne sont pas les talents, ce ne sont pas les grandes aptitudes ; ce qui manque, c’est l’impulsion sympathique, c’est l’ encouragement enthousiaste d’un grand gouvernement. Je voterai contre toutes les réductions que je viens de vous signaler et qui amoindriraient l’éclat utile des lettres, des arts et des sciences. Je ne dirai plus qu’un mot aux honorables auteurs du rapport. Vous êtes tombés dans une méprise regrettable ; vous avez cru faire une économie d’argent, c’est une économie de gloire que vous faites. Je la repousse pour la dignité de la France, je la repousse pour l’honneur de la République. »

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L’éducation – Enregistrement de France Inter 4 minutes du mardi 11 août 2015

Photo : Victor Hugo et les enfants en 1822 à Veules les Roses © Wikimedia commons « C’est dans le roman ‘Claude Gueux’ que l’on peut lire l’un des plus beau plaidoyer d’Hugo pour l’éducation. Ce livre relate une histoire vraie : celle d’un homme qui a volé pour nourrir sa famille et qui se retrouve en prison. Là-bas, il se lie d’amitié avec son co-détenu, qu’on déplace un jour dans une autre cellule… Claude Gueux proteste, et de rage, tue son geôlier et se retrouve condamné à mort.** L’écrivain prend la parole à la toute fin du récit pour critiquer une société – la sienne – qui assassine ceux qu’elle a forgés. « Pour Hugo, si l’homme tue, c’est parce que la société l’y pousse » > Messieurs, il se coupe trop de têtes par an en France. Puisque vous êtes en train de faire des économies, faites-en là-dessus. Puisque vous êtes en verve de suppressions, supprimez le bourreau. Avec la solde de vos quatre-vingts bourreaux, vous paierez six-cents maîtres d’école. Songez au gros du peuple. Des écoles pour les enfants, des ateliers pour les hommes. Savez-vous que la France est un des pays de l’Europe où il y a le moins de natifs qui sachent lire ? (…) C’est une honte. Allez dans les bagnes (…) tâtez tous ces crânes (…) de ces pauvres têtes mal conformées, le premier tort est à la nature sans doute, le second à l’éducation._ [1](#_ftn1) Aucun homme n’est plus mauvais qu’un autre pour Hugo. En revanche, l’un peut être plus intelligent que l’autre, parce qu’on lui aura donné la chance de développer les forces de son esprit… Le roman est publié en 1834, mais déjà l’on voit poindre le futur engagement républicain d’Hugo. Élu en 1848 à l’Assemblée Constituante (sur la liste des Conservateurs), il va successivement se prononcer contre la peine de mort et contre la misère, creusant à chaque fois davantage la rupture avec son propre camp. Et la réflexion qu’il mène sur l’injustice faite aux plus nécessiteux, trouve un juste prolongement dans la question de l’école, qui fait débat dès 1850. [2](#_ftnref1) Claude Gueux p75-76

Les invités : Victor Hugo, écrivain - L’équipe : Xavier Pestuggia Réalisateur (trice) - Laura El Makki Attaché(e) de production - Guillaume Gallienne Chroniqueur (euse) - Mots-clés : CultureLivres- Source : https://www.franceinter.fr/emissions/un-ete-avec-victor-hugo/un-ete-avec-victor-hugo-11-aout-2015

Quelques lignes de Victor Hugo - Par Matthieu Ricard le 14 août 2018 - Photo.

« Ne nous lassons pas de le répéter, songer avant tout aux foules déshéritées et douloureuses, les soulager, les aérer, les éclairer, les aimer, leur élargir magnifiquement l’horizon, leur prodiguer sous toutes les formes l’éducation, leur offrir l’exemple du labeur, jamais l’exemple de l’oisiveté, amoindrir le poids du fardeau individuel en accroissant la notion du but universel, limiter la pauvreté sans limiter la richesse, créer de vastes champs d’activité publique et populaire, avoir comme Briarée cent mains à tendre de toutes parts aux accablés et aux faibles… C’est là, que les âmes sympathiques ne l’oublient pas, la première des obligations fraternelles, c’est là, que les cœurs égoïstes le sachent, la première des nécessités politiques. » […] Le passé, il est vrai, est très fort à l’heure où nous sommes. Il reprend. Ce rajeunissement d’un cadavre est surprenant. Le voici qui marche et qui vient. Il semble vainqueur ; ce mort est un conquérant. Il arrive avec sa légion, les superstitions, avec son épée, le despotisme, avec son drapeau, l’ignorance ; depuis quelque temps il a gagné dix batailles. Il avance, il menace, il rit, il est à nos portes. Quant à nous, ne désespérons pas. […] Il n’y a pas plus de reculs d’idées que de reculs de fleuves. […] Il n’y a qu’une manière de refuser Demain, c’est de mourir… ».

Origine : ‘Les Misérables’, tome IV, chapitre 4 : ‘Les deux devoirs, veiller et espérer’. 1862, Victor Hugo 1802-1885 - Édition libre Bibebook - https://www.bibebook.com – Source : http://www.matthieuricard.org/blog/posts/quelques-lignes-de-victor-hugo

Eloge de la transmission – ‘Figaro Blog Activité’

« Le titre de ce blog rend hommage à George Steiner, ainsi qu’à tous les maîtres, dans un monde où il est de bon ton de les vouer au même sort que les dieux. La transmission, l’éducation et l’instruction, dans toutes leurs nuances, sont les conditions de la survie de toute civilisation ; ce qui nous prémunit contre la barbarie. Dans ce blog, il sera donc question d’école et de savoirs, de maîtres et de disciples, d’élèves et de professeurs, de parents et d’enfants, de culture et de mémoire… »

[Francis George Steiner, né le le 23 avril 1929 à Neuilly-sur-Seine1, est un écrivain anglo-franco-américain, spécialiste de littérature comparée et de théorie de la traduction . Auteur de nombreux essais sur la théorie du langage et de la traduction et sur la philosophie de l’éducation, il est surtout réputé pour ses critiques littéraires, notamment dans The New Yorker et le Times Literary Supplement. Archétype de l’intellectuel européen, George Steiner est pétri de plusieurs cultures de par son éducation trilingue (en allemand, français et anglais). Ardent défenseur de la culture classique gréco-latine, il est un des penseurs européens contemporains à pouvoir lire dans le texte des œuvres écrites en de nombreuses langues (outre le grec et le latin, il maîtrise cinq langues vivantes). Il écrit généralement en anglais. Il est docteur honoris causa de nombreuses universités, et membre de la British Academy… »

« Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons » : qui a fait mentir Victor Hugo ? Par Natacha Polony , le 9 septembre 2010 9h26

« Les mots, comme les tissus, ne supportent pas l’usure. D’être trop portés, trop arborés, ils perdent leur forme et sont réduits à l’état de loque. La célèbre harangue de Victor Hugo est citée tant et plus, brandie en étendard, jetée dans les discours et sur le papier comme un gage de grandeur d’âme (et les mouvements annoncés pour cet automne de désespoir et de colère vont immanquablement lui ôter un peu plus de sa force). Il n’est rien de plus dangereux que les concours de bonne conscience, surtout quand ils se nourrissent du désarroi des plus faibles. »

« D’autant que cette phrase, témoin de ce que fut l’immense ambition de l’école républicaine française, sert aujourd’hui de paravent pour masquer sa grande misère. Son usage immodéré relève surtout d’un malentendu, ou plutôt d’un authentique anachronisme. Car elle est utilisée pour justifier la poursuite des mêmes aberrations pédagogiques qui ont miné l’école depuis plus de trente ans, et réclamer toujours plus de moyens jetés à fond perdus dans un navire en perdition. « Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons » ce beau cri du cœur est devenu le plus triste des chantages : « Par la magie du nombre, la magie du budget, vous luttez contre la délinquance et les inégalités, vous luttez contre la misère et les injustices. Qui n’en convient pas est un complice des exploiteurs. » Mais s’y lit également une curieuse pétition de principe libertaire : « Il faut fermer les prisons, toutes les prisons, car l’éducation – et même la rééducation – est la solution. » Et qui n’adhèrerait pas à cette croyance est coupable – le terme est à la mode – de « dérive sécuritaire ».

« Il n’est rien de plus triste que cette ironie de l’histoire, qui fait que les plus farouches partisans de la phrase d’Hugo sont précisément ceux qui l’ont fait mentir. Car cette phrase, si pleine de générosité, n’est malheureusement pas vraie pour l’éternité. Elle le fut, au XIXème siècle, quand l’école républicaine n’existait pas encore, quand de pauvres gamins étaient livrés à eux-mêmes, abandonnés à une existence frustre et condamnés à voler leur pain pour survivre. De Claude Gueux, héros tragique d’une nouvelle tirée d’un fait réel, à Jean Valjean, cette figure du martyr humain, tous deux envoyés au bagne pour avoir volé un quignon, de Gavroche à ses deux petits frères perdus dans un Paris hostile, les personnages d’Hugo nous racontent cette machine sociale qui broie les plus faibles et les condamne « au crime ou au vice, selon le sexe ».

« Harcelé par son geôlier, Claude Gueux finit par le tuer et meurt sur l’échafaud. Dans son plaidoyer, Hugo lance aux politiques : « Puisque vous êtes en verve de suppressions, supprimez le bourreau. Avec la solde de vos quatre-vingts bourreaux, vous payerez six cents maîtres d’école. Songez au gros du peuple. Des écoles pour les enfants, des ateliers pour les hommes. Savez-vous que la France est un des pays de l’Europe où il y a le moins de natifs qui sachent lire ! Quoi ! La Suisse sait lire, la Belgique sait lire, le Danemark sait lire, la Grèce sait lire, l’Irlande sait lire, et la France ne sait pas lire ? C’est une honte. » Parce qu’en 1834, on coupe la tête d’un homme sans entendre les pauvres gens qui le défendent, et que l’ordre social, croit-on, est à ce prix. Parce qu’en 1834, une classe dominante assoit son pouvoir sur l’ignorance du peuple. On meurt de faim et de froid partout en France. On meurt de misère dans chaque ville, dans chaque rue. Et face au tribunal qui le condamne et le tue, un malheureux qui n’a que son bon sens et l’intelligence de son métier n’a pas l’ombre d’une chance ».

« Mais ce combat pour l’émancipation des peuples et contre l’horreur de la peine de mort a-t-il grand-chose à voir avec les indignations contre une « politique sécuritaire » qui « ferme des écoles et ouvre des prisons » ? L’adjectif « sécuritaire », accolé à tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à une tentative de faire respecter la loi républicaine, a d’ailleurs quelque chose d’angoissant. Tout aussi angoissant que ces rodomontades hyperboliques d’un pouvoir qui pense cacher l’impuissance sous le flot des affirmations grandiloquentes. User les mots est dangereux, surtout de la part de celui qui avait promis de leur redonner sens, et qui s’était fait un programme de la volonté politique enfin réinstaurée. Mais qui ne savait pas, alors, que la communication politique, parce qu’elle tue la politique, ne saurait prétendre lui rendre son trône ? Et qui ne sait pas aujourd’hui que la France ne souffre pas d’une politique trop sécuritaire mais d’une politique de l’impunité masquée par quelques agitations verbales dont le plus choquant n’est pas tant qu’elles ne correspondraient pas à notre histoire, mais qu’elles sont parfaitement inefficaces, et donc exacerbent inutilement les tensions ».

« Les voleurs d’aujourd’hui ne volent pas de pain (ou du moins, quand il arrive – fait assez rare – qu’une mère désespérée vole de la viande pour ses enfants, le tribunal se montre-t-il clément) et ils ne risquent pas le bagne. Les remises de peines automatiques réduisent le temps d’incarcération de moitié, et les peines de moins de deux ans ne sont pas exécutées en France, faute de place dans les prisons. Et faute d’avoir compris que ce sont ces peines-là, celles qui sanctionnent les premiers écarts, qui sont les plus fondamentales. Parce que, contrairement à ce que croient quelques gentils libertaires – un peu prompts à se prendre pour Victor Hugo à Guernesey – sanction et éducation ne s’opposent pas : la sanction juste et conforme à la loi commune est bien au contraire une des formes de l’éducation, en ce qu’elle inclut celui qui la subit dans un ordre commun. D’autant que les mêmes faux naïfs semblent développer une notion purement quantitative de cette éducation dont ils font une panacée. Mais le tout n’est pas d’aller à l’école, encore faut-il se demander ce qu’on y fait ».

« Le braqueur du Casino d’Uriage les Bains, qu’un juge des libertés a choisi de relâcher devant des policiers impuissants a sans doute passé de très nombreuses heures sur les bancs de l’école. Tout comme ces petits mafieux qui ont finalement eu raison d’un épicier courageux, aux Francs Moisins, à Saint-Denis. Il s’appelle Mahmed Abderrahmen, et sa dignité force le respect. « On vit dans l’enfer » racontait-il à Pierre-Louis Basse, le 8 septembre. « Les voyous de cette cité n’aiment pas qu’on appelle la police. (…) Ils ont déposé une bombe dans ma voiture. Dernièrement, on s’est fait braquer par une arme, la personne a été arrêtée, elle a été relâchée au bout de 48h, elle vient nous narguer tous les jours. (…) C’est des gamins de 15 ans qui font la loi, et la police est dépassée. (…) Eux, sur les murs, ils ont marqué que j’étais un sale juif. (…) La vraie réalité, c’est que ce sont des zones de non droit. La France, c’est un beau pays, mais la justice est trop gentille, c’est tout ce que je peux dire. »

« Comment est-il possible que le formidable espoir porté par les Lumières, que le rêve de tant d’hommes qui croyaient à l’émancipation par le savoir, aboutisse à ce gâchis immense ? La réponse se situe sans doute en partie dans la question. Ce qui se lit dans le plaidoyer de l’auteur des Misérables, autant que dans les Mémoires sur l’Instruction Publique de Condorcet, c’est cette idée caractéristique de la pensée des XVIIIème et XIXème siècles, selon laquelle l’égalité des droits, associée à l’accès de tous au savoir, sera le terreau d’une société harmonieuse où chacun, selon ses possibilités et sa condition, participera à la vie publique. Ces gens-là sont imprégnés d’auteurs grecs et latins, ils baignent dans les vertus romaines et la démocratie athénienne. Mais ils sont également pétris de morale chrétienne. Il n’est besoin que de lire la suite de Claude Gueux pour s’en persuader. « Et maintenant dans le lot du pauvre, dans le plateau des misères, jetez la certitude d’un avenir céleste, jetez l’aspiration au bonheur éternel, jetez le paradis, contrepoids magnifique ! Vous rétablissez l’équilibre. La part du pauvre est aussi riche que la part du riche. C’est ce que savait Jésus, qui en savait plus long que Voltaire. Donnez au peuple qui travaille et qui souffre, donnez au peuple, pour qui ce monde-ci est mauvais, la croyance à un meilleur monde fait pour lui. Il sera tranquille, il sera patient. La patience est faite d’espérance. Donc ensemencez les villages d’évangiles. Une bible par cabane. Que chaque livre et chaque champ produisent à eux deux un travailleur moral. »

« Qui rappelle la phrase de Victor Hugo doit se souvenir qu’elle est prononcée dans un contexte où l’on n’imagine pas une seconde que puissent être contestées les instances qui représenteraient un pouvoir légitime. Les baïonnettes de l’oppression monarchiste peuvent être combattues sur les barricades, mais le maître d’école qui transmet son savoir, ou le policier qui procède à un contrôle, jamais. Qu’on se rappelle combien de temps exista le livret ouvrier, qui interdisait aux « classes dangereuses » de circuler librement ».

« L’école, dans ce contexte, ne doit pas par miracle faire du fils d’ouvrier un normalien. Elle doit faire en sorte qu’aucun citoyen ne dépende d’autrui dans son jugement. Et elle doit inscrire chacun dans une mémoire et une histoire qui font de lui le porteur d’une civilisation. Libre à lui, ensuite, d’accroître ce savoir pour lequel on aura éveillé l’intérêt. Mais cette école n’avait nullement pour objet d’abolir les classes sociales. Et c’est peut-être pour cela qu’elle a réussi relativement, dans la mesure où, en deux générations, un petit fils de paysan pouvait accéder aux grandes écoles. Certes, ce système était injuste, seuls quelques enfants de pauvres passaient par les mailles du filet (cette injustice des filières a d’ailleurs été abolie). Mais cet espoir, même infime, justifiait que l’on adhérât au projet de l’école, et que l’on jouât le jeu de la société. En ce sens, ouvrir des écoles permettait de fermer des prisons ».

« Aujourd’hui que l’on supplie les enfants de bien vouloir aller au collège ou au lycée (au point de prévoir pour cela une « cagnotte »), et que l’on veut bien les assurer que, quoi qu’ils fassent, ils auront toujours droit à ce que l’Etat leur fournisse remédiation et aide personnalisée, l’école a perdu ce pouvoir de socialisation. Des professeurs ont beau s’échiner, des structures ont beau proposer tous les aménagements possibles, le droit à l’éducation a tué l’instruction du peuple. Des générations de beaux esprits ont tant clamé « ni Dieu ni maître » qu’ils ont aboli toute forme d’autorité nécessaire à la transmission des savoirs, processus lent et complexe s’il en est ».

« Car dans le même temps, ils ont estimé que ces vieux savoirs – ceux-là même qui devaient émanciper les individus par la fréquentation des grandes œuvres et la connaissance pratique des sciences – ne servaient à rien. Seul comptait pour chacun de se réaliser, de se révéler à soi-même. En cela, ils se faisaient les meilleurs complices d’une société de consommation qui prétend développer le bien-être des peuples pour mieux augmenter le profit de quelques grands groupes (et tuer ce tissu de petites entreprises qui fait la richesse économique, sociale et culturelle d’un pays). Escroquerie intellectuelle dont on commence à peine à entrevoir l’ampleur. Cet enfant dont on prétend développer l’ « esprit critique » à coup de « débats citoyens » et de vagues « travaux personnels encadrés » avec un professeur dans le rôle du Gentil Organisateur, cet enfant-là n’a plus le cadre ancien qui écrasait des masses populaires contraintes par un ordre injuste, mais il n’a pas pour autant acquis ce savoir qui lui permettrait d’agir en individu autonome et responsable, capable d’exercer son libre arbitre, et donc d’adhérer aux lois délibérées en commun. Autrement dit, il n’a pas reçu les armes intellectuelles pour assumer son statut de citoyen et résister à cette arme de destruction massive qu’est la télévision (aujourd’hui fabuleusement secondée par les jeux vidéo et les réseaux sociaux, ces outils d’asservissement pulsionnel) ».

« Ne nous trompons pas, l’école n’a jamais, par magie, empêché certains d’enfreindre les lois, ou de sombrer dans la violence. Mais dans le monde que nous décrit Victor Hugo, le vice est enfant de l’ignorance et de la misère. Et cette misère est sans commune mesure avec les conditions de vies en ce début de XXIème siècle. Les jeunes gens qui récupèrent des marchandises « tombées du camion » ne sont pas Jean Valjean, et les jeunes filles qui, de plus en plus, monnayent leurs charmes pour un téléphone portable, ne sont pas Fantine. Et qui force un barrage de police n’est pas Gavroche sur les barricades. Il existe de vrais miséreux, même en France, mais exonérer tout vol au nom de ceux-là sert juste à se sentir à peu de frais l’âme d’un Victor Hugo. Confondre voyous ou miséreux, traiter les uns comme les autres, ou l’inverse, de la part d’un pouvoir pris dans une surenchère de communication, ou de la part de personnalités avides de jouer les figures morales, se fait toujours au détriment de la cohésion sociale. Si nous voulons que notre école n’ajoute pas au malheur du monde, quand elle devait au contraire contribuer à le combattre, il faut sans doute retrouver cette certitude que le savoir libère les hommes en les inscrivant dans une continuité, celles des hommes qui les ont précédés, et dans une communauté, celle de la société dont ils partagent les valeurs ».

« I am the rules » dit le slogan d’une marque de chaussures de sport. Face à cela, toute incantation, même signée Victor Hugo, est inutile. Vous pouvez ouvrir toutes les écoles que vous voulez, si les enfants n’y apprennent pas que Nike leur ment pour mieux leur vendre sa camelote et que seul le savoir et le respect des règles communes émancipent, aucune école ne permettra de fermer des prisons.

Tags : dérive sécuritaire, école, prisons, république, sécurité, Victor Hugo - Source : http://blog.lefigaro.fr/education/2010/09/-ouvrez-des-ecoles-vous-fermerez-des-prisons-qui-a-fait-mentir-victor-hugo.html

Autre document sur Victor Hugo et l’éducation : Discours de Victor Hugo sur la loi Falloux - GIPSA-lab

Regards sur la laïcité et les acteurs principaux en France

Ecoute suggérée : Comprendre la laïcité en France en trois minutes - LE MONDE | 16.03.2017.

Lecture associée : Pourquoi la « laïcité à la française » est-elle unique en Europe ? - Entretien ‘Canal Académie’avec Jean-Paul Willaime, sociologue des religions, par Damien Le Guay.

Les grands textes de la Laïcité - L’EducationDocument gabonais. Des compléments entre […] ont été apportés par JH.

« Pour toute société religieuse, l’enseignement et l’éducation restent des leviers d’influence considérés comme ’naturels’. Désengager le catholicisme de l’école fut au centre même des combats laïques au 19ème siècle ; maintenir les religieux prosélytes en dehors de l’école est et restera toujours d’actualité ».

« L’un des premiers à souhaiter faire évoluer les conditions d’accès aux savoirs, est Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, Marquis de Condorcet. Il est aujourd’hui aux yeux de certains considéré comme la référence des Lumières, il n’aura de cesse de s’engager pour l’application des principes d’égalité pour les femmes, les esclaves ou l’accès à la connaissance. Ami de Brissot et de Lafayette, il fut un membre actif de la ’société des amis des noirs’, proche d’Olympe de Gouges, il écrit en 1789 ’de l’admission des femmes au droit de cité’ ; bien avant l’heure en 1792, ’son rapport sur l’instruction publique’ posait les bases de ce que devra être l’Education Nationale. Opposé à la terreur, il qualifiait Robespierre de chef de secte, il finira ses jours en prison, léguant à sa fille son ’Esquisse d’un tableau historique des progrès humain’ ».

« La Loi Guizot présentée le 2 janvier 1833, démocratise et facilite l’accès à l’école. L’obligation d’ouvrir des écoles communales et normales, l’élévation de l’instituteur à la dignité de fonctionnaire public institué par le ministre, le recrutement partout de maîtres reconnus comme capables, la surveillance exercée par les autorités publiques sur l’ensemble des établissements, consacraient l’État comme responsable et garant de l’instruction primaire ».

« Après les débuts prometteurs de la seconde République et l’abolition de l’esclavage le 27 avril 1848 (sous l’impulsion de Victor Schoelcher), les évènements de juin permettront aux conservateurs issus du parti de l’ordre (Thiers, de Falloux, de Montalembert, de Tocqueville..) d’accéder aux plus hautes responsabilités de l’état. La 

Loi falloux 1850Loi falloux 1850 (90.66 Ko) permettra aux cléricaux d’avoir la main mise sur l’enseignement. Le parti de l’ordre ne supporte pas les « dérives laïques » des instituteurs. Ce texte de loi donne aux évêques et aux ecclésiastiques une forte responsabilité dans les conseils académiques (ces derniers valident la nomination des instituteurs et libéralise l’ouverture des écoles confessionnelles) ».

[Victor Schœlcher (/ʃœlʃεr/) « est un journaliste et homme politique français, né à Paris le 22 juillet 18043 et mort à Houilles le 25 décembre 18933. Il est connu pour avoir agi en faveur de l’abolition définitive de l’esclavage en France, via le décret d’abolition, signé par le gouvernement provisoire de la deuxième République4 le 27 avril 1848. Lors de la discussion de ce texte à l’assemblée, des débats houleux opposeront laïques et cléricaux, sur les objectifs avoués ou inavoués de ce texte. Victor HUGO le 14 janvier 1850 dans un discourss’oppose avec véhémence, il exprime son point de vue « Messieurs, c’est la main du parti clérical ! ».

Jean Macé, dès les années 1850, écrit des ouvrages de vulgarisation scientifique (en libre accès sur la BNF), il œuvre pour faciliter l’accès des masses à la connaissance. En 1866 il lance un appel pour la constitution d’une Ligue de L’Enseignement Populaire, il travaille sans relâche pour l’avènement des ’lois Ferry’.

[Jean Macé, né le 22 août 1815 à Paris et mort le 13 décembre 1894 à Monthiers (Aisne), est un pédagogue, enseignant, journaliste et homme politique français. Issu d’un milieu ouvrier, franc-maçon, il est l’un des fondateurs de la Ligue de l’enseignement].

Jules Ferry, Ministre de l’instruction publique et des beaux-arts va tout mettre en oeuvre pour ’révolutionner’ le système éducatif, il laïcise l’ensemble des échelons et le fonctionnement, le 9 août 1879 il crée les Ecoles Normales Départementales

1879 EN Départ1879 EN Départ (231.79 Ko) (formation laïque des instituteurs), puis il réforme le 27 février les Instances Académiques

02/1880 Instances acad02/1880 Instances acad (267.66 Ko), Loi Camille Sée 21 décembre 1880 création des ’collèges de jeunes filles publics’ 

Dec1880 seeDec1880 see (229.45 Ko). Il impose le 16 juin 1881 la gratuité de l’enseignement primaire

06/1881 gratuité06/1881 gratuité (233.24 Ko) puis clos son oeuvre par une loi sur l’Enseignement Primaire Obligatoire

03/1882 Ens Oblig03/1882 Ens Oblig (255.23 Ko).

Discours écrit de Jules Ferry (1832-1893) « De l’égalité d’éducation », 10 avril 1870 

Jferry egalite 1870Jferry egalite 1870 (50.48 Ko) - Jules Ferry, né à Cahors, avocat, puis journaliste, franc-maçon, fut le porte-parole des républicains contre l’empire.

[https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules...Jules Ferry, « né le 5 avril 1832 à Saint-Dié (Vosges) et mort le 17 mars 1893 à Paris, est un homme d’État français. Opposant à l’Empire, il est après la chute de celui-ci, en 1870, membre du gouvernement provisoire et, pour quelques mois, maire de Paris. Plusieurs fois ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts entre 1879 et 1883, il est l’auteur des lois restaurant l’instruction obligatoire et gratuite. Ainsi vu comme le promoteur de « l’école publique laïque, gratuite et obligatoire », il a été considéré, plusieurs décennies après sa mort, comme un des pères fondateurs de l’identité républicaine. Il est président du Conseil des ministres de 1880 à 1881 et de 1883 à 1885. Montrant un fort engagement pour l’expansion coloniale française, en particulier dans la péninsule indochinoise, il doit quitter la tête du gouvernement en raison de l’affaire du Tonkin. Mort trois semaines après avoir été élu président du Sénat, il est inhumé à Saint-Dié-des-Vosges… »

Extraits : Vie privée et familiale de Jules Ferry – « Le 8 juillet 1875, les francs-maçons donnent une grande solennité à sa réception par le Grand Orient de France (loge « La Clémente Amitié »). Il y est reçu en même temps que Littré et que Grégoire Wyrouboff. Une grande publicité est faite au discours que Littré prononce à cette occasion, et la presse en donne un large écho. Par la suite, Ferry appartient à la loge « Alsace-Lorraine ». La même année, Jules Ferry épouse la fille de l’industriel Camille Risler, Eugénie Risler, de dix-huit ans sa cadette, issue d’une famille protestante et républicaine ayant fait fortune dans l’industrie à Thann en Alsace, et dont la dot est de 500.000 francs. Le mariage est célébré dans la mairie du huitième arrondissement de Paris. Cette union offre à Ferry un accès au réseau de la haute bourgeoisie locale et parisienne… »

Lectures conseillées sur Jules Ferry :

Jules Ferry et l’école rurale - Revues.org - OpenEdition de P Barral - ‎1997

l’école de jules ferry : un mythe qui a la vie dure

Jules Ferry : quel message pour l’école d’aujourd’hui ?

Jules Ferry et la question algérienne en 1892 (d’après quelques inédits) -

sem-linkCharles-Robert Ageron - Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine Année 1963 10-2 pp. 127-146.

L’education et les anarchistes sous jules Ferry

La politique coloniale de Jules Ferry en Algérie et en Tunisie parPierre-Jean Luizard

De Jules Ferry à Raymond Poincaré ou L’échec du constitutionnalisme républicain par Odile Rudelle, Maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris

René Goblet, nouveau Ministre de l’instruction publique et des beaux-arts précise et synthétise dans une seule loi (30 octobre 1886), les modalités de fonctionnement des écoles primaires, l’enseignement sera dorénavant exclusivement confié à un personnel laïc

Oct1886 gobletOct1886 goblet (350.72 Ko).

[René Goblet « 26 novembre 1828 à Aire-sur-la-Lys - 13 septembre 1905 à Paris, est un journaliste et homme politique français…].

[Jean-Jaurès (1859-1914) politicien socialiste, orateur humaniste de talent, son pacifisme affirmé, son refus de l’antisémitisme « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire »]. Voir aussi : Courte biographie de Jean Jaurès - La Toupie

[Jean Jaurès , « est un homme politique français né à Castres (Tarn) le 3 septembre 1859 et mort assassiné à Paris le 31 juillet 1914. Orateur et parlementaire socialiste, il s’est notamment illustré par son pacifisme et son opposition au déclenchement de la Première Guerre mondiale. Issu d’une famille de la bourgeoisie et brillant élève, il parviendra à l’École normale supérieure (ENS) et à l’agrégation de philosophie, avant de commencer une carrière politique comme député républicain. Dès 1885, année où il devient le plus jeune député de France, il prend le parti des ouvriers et propose un projet de retraites ouvrières en guise de « premier pas sur la voie de ce socialisme vers quoi tout nous achemine », et il se distinguera par son soutien pour le peuple, notamment durant la grande grève des mineurs de Carmaux. Il s’opposera aux « lois scélérates » et dénoncera avec véhémence la collusion des intérêts économiques avec la politique et la presse. Durant l’affaire Dreyfus, il prend la défense du capitaine et pointe l’antisémitisme dont celui-ci est victime. Le 18 avril 1904, il sort le premier numéro du quotidien L’Humanité, dont il est le fondateur et le directeur. En 1905, il est un des rédacteurs de la loi de séparation des Églises et de l’État. La même année, il participe à la création de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO), dont il est l’un des acteurs principaux, unifiant ainsi le mouvement socialiste français. Ses positions réformistes lui valent toutefois l’opposition d’une partie de la gauche révolutionnaire. Il consacre les dernières années de sa vie à empêcher, en vain, le déclenchement de la Première Guerre mondiale, et se lie aux autres partis de l’Internationale ouvrière, faisant planer la menace de grève générale au niveau européen. Ces positions pacifistes lui valent d’être assassiné par le nationaliste Raoul Villain à la veille du conflit. Cet événement contribue paradoxalement à entraîner le ralliement de la gauche à l’« Union sacrée ». En 1924, sa dépouille est transférée au Panthéon…].

Jean Jaurès - Lettre ouverte aux instituteurs dans la ‘Dépêche de Toulouse’ du 15 janvier 1888 

Lettres aux instituteurs jean jaures 1888Lettres aux instituteurs jean jaures 1888 (28 Ko).

Hommage à Jean Jaurès à l’Assemblée Nationale française. Illustration.

Jaurès député : un humaniste au service du peuple

Né à Castres le 3 septembre 1859, Jean Jaurès est l’un des plus grands tribuns de l’histoire parlementaire. Normalien, professeur agrégé de philosophie, il est élu député de Carmaux (Tarn) en 1885 – il a alors 26 ans, puis en 1893 et de 1902 jusqu’à sa mort. D’abord républicain modéré, Jean Jaurès évolue vers le socialisme en soutenant la grève des mineurs de Carmaux. Mais ce lecteur de Marx, refusant d’admettre la lutte des classes comme unique moteur de l’Histoire, inscrit le socialisme démocratique dans la continuité de la Révolution française et de l’idéal républicain. Dans cette perspective, il s’efforce d’unifier les différentes tendances du mouvement ouvrier français en fondant le journal L’Humanité en 1904 et en participant à la création du Parti socialiste SFIO l’année suivante.

Un grand tribun à la Chambre

À la tribune de la Chambre, Jaurès dénonce la corruption des gouvernants à l’occasion du scandale de Panama. ’Ce n’est pas là un étroit procès instruit contre quelques hommes entre les murs étroits d’un prétoire ; c’est le procès de l’ordre social finissant qui est commencé et nous sommes ici pour y substituer un ordre social plus juste.’ Débat du 8 février 1893. Il intervient à propos de l’affaire Dreyfus, après la publication du « J’accuse » de Zola dans L’Aurore, le 13 janvier 1898. ’Vous voulez, pour sortir de l’impasse où vous êtes acculés, tenter une diversion contre la presse et les journalistes. Je vous dis, moi,tout simplement ceci : vous êtes en train de livrer la République aux généraux !’ »

« Humaniste, Jean Jaurès s’engage, en abolitionniste convaincu, contre la peine de mort. ’Parmi ces têtes qui tomberont, il y aura des têtes d’innocents !’ Débat du 18 novembre 1908. Il soutient le principe de laïcité à l’occasion du débat sur la séparation des Églises et de l’État en 1905 et du débat sur la neutralité dans les écoles publiques ».

’L’idée, le principe de vie qui est dans les sociétés modernes, qui se manifeste dans toutes leurs institutions, c’est l’acte de foi dans l’efficacité morale et sociale de la raison, dans la valeur de la personne humaine raisonnable et éducable. C’est ce principe,qui se confond avec la laïcité elle-même, c’est ce principe, qui se manifeste, qui se traduit dans toutes les institutions du monde moderne. C’est ce principe qui commande la souveraineté politique elle-même.’ Débat du 10 janvier 1910

Le ’martyr de la paix’

« Ardent pacifiste à une époque où le nationalisme devient une force importante de la vie politique, Jean Jaurès préconise en 1911 une « Armée nouvelle » purement défensive et fondamentalement démocratique. Dénonçant le péril d’une guerre européenne, il met en garde ses collègues députés : ’Et qu’on n’imagine pas une guerre courte, se résolvant en quelques coups de foudre et quelques jaillissements d’éclairs […]. Ce seront des masses humaines qui fermenteront dans la maladie, dans la détresse, dans la douleur, sous les ravages des obus multipliés, de la fièvre s’emparant des malades.’ Débat du 20 décembre 1911. En 1913, il s’oppose avec vigueur à la prolongation de la durée du service militaire (loi des Trois ans). Alarmé par la montée des tensions, il estime le 25 juillet 1914 : ’... que jamais l’Europe n’a été dans une situation plus menaçante et plus tragique que celle où nous sommes à l’heure où j’ai la responsabilité de vous adresser la parole.’ Discours de Vaise. Le 29 juillet, à Bruxelles, le Bureau de l’Internationale socialiste tente de développer une campagne contre la guerre. Le soir, Jaurès prononce un grand discours où il appelle à la paix. Le 31 juillet, il est assassiné à Paris, au café du Croissant, par Raoul Villain, un nationaliste exalté. Rien ne semble plus pouvoir arrêter la marche à la guerre commencée un mois plus tôt à Sarajevo. Aux obsèques de Jaurès, le 4 août 1914, Léon Jouhaux, secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs (CGT), exhorte chacun, devant la gauche réunie, à « repousser l’envahisseur ». Source : http://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/histoire/1914-1918/hommage-a-jean-jaures

De Jean-Jaurès - Lecture par Jacques Hallard : « Quand vingt siècles de christianisme ont passé sur les peuples, quand depuis cent ans ont triomphé les principes des Droits de l’homme et du citoyen, est-il possible que des millions d’hommes puissent, sans savoir pourquoi, même sans que leurs dirigeants le sachent eux-mêmes, s’entre-déchirer sans se haïr ? »

Jean Zay - Ministre de l’Education Nationale diffuse deux circulaires pour interdire tout prosélytisme même religieux à l’intérieur des établissements scolaires 

Circ jean zayCirc jean zay (25.5 Ko).

[Jean Zay, « est un avocat et homme politique français, né le 6 août 19041 à Orléans et assassiné par la Milice le 20 juin 1944 à Molles (Allier). Au cours de sa vie, Jean Zay assure les fonctions de sous-secrétaire d’État à la présidence du Conseil, ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts, député du Loiret et conseiller général. Pendant ses quarante-quatre mois au gouvernement du Front populaire, Jean Zay a institué2, au titre de l’Éducation nationale : les trois degrés d’enseignement, l’unification des programmes, la prolongation de l’obligation scolaire à quatorze ans, les classes d’orientation, les activités dirigées, les enseignements interdisciplinaires, la reconnaissance de l’apprentissage, le sport à l’école3, les œuvres universitaires4 ; et au titre des Beaux-Arts : le CNRS, le musée national des arts et traditions populaires, le musée d’Art moderne, la Réunion des théâtres lyriques nationaux, le festival de Cannes. Les cendres de Jean Zay ont été transférées au Panthéon le 27 mai 2015…]

Voir aussi : jean Zay : biographie, actualités et émissions France Culture https://www.franceculture.fr/personne-jean-zay

Le document émanant du Lycée Victor HUGO de Port Gentil au Gabon cite à la suite un certain nombre de textes officiels :

Le 31 décembre 1959, la loi Debré définit les rapports entre l’état et les établissements privés (sous contrat d’association), à compter de cette date l’état a pris en charge la rémunération des enseignants et les frais direct de fonctionnement des classes 

Loi 1959 debre 1Loi 1959 debre 1 (122.91 Ko)

le 26 janvier 1984, la loi Savary sur l’enseignement supérieur 

Savary26janvier1984Savary26janvier1984 (101.01 Ko), article 3 : le service public de l’enseignement supérieur est laïc et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique.

Circulaire du 20 septembre 1994 sur le port de signes ostentatoires dans les établissements scolaires 

Sept 1994 signes ostentatoiresSept 1994 signes ostentatoires (96.82 Ko).

Février 2002, rapport de M. Régis DEBRAY ’l’enseignement du fait religieux dans l’Ecole laïque’ 

Rapport debrayRapport debray (73.41 Ko)

LOI n° 2004-228 du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics 

Loi n 2004 228 du 15 mars 2004Loi n 2004 228 du 15 mars 2004 (123.17 Ko)

2012 parution du document

Pour une pédagogie de la laicïte à l’écolePour une pédagogie de la laicïte à l’école (2.11 Mo) Abdenour BIDAR - Haut conseil à l’intégration.

La Charte de la laïcité à l’École du 12 septembre 2013, a été élaborée à l’intention des personnels, des élèves et de l’ensemble des membres de la communauté éducative. Dans un langage accessible à tous, cette Charte explicite les sens et enjeux du principe de laïcité à l’École, dans son rapport avec les autres valeurs et principes de la République. Elle offre ainsi un support privilégié pour enseigner, faire partager et faire respecter ces principes et ces valeurs, mission confiée à l’École par la Nation et réaffirmée dans la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République du 8 juillet 2013

Charte laicite 2013 en 11Charte laicite 2013 en 11 (66.03 Ko).

Octobre 2015, la Nation confie à l’Ecole la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République, édition du Livret Laïcité

Livret laiciteLivret laicite (541.16 Ko).

Contact : Lycée Victor Hugo, première S (2014-2015) - Quartier Sobraga à Port Gentil Gabon – Source : http://lvhpog.e-monsite.com/pages/l-education-au-centre-des-combats.html

Un personnage à ne pas oublier est Ferdinand Buisson (1841-1932) « né le 20 décembre 1841 à Paris et mort le 16 février 1932 à Thieuloy-Saint-Antoine est un philosophe, éducateur et homme politique français, cofondateur et président de la Ligue des droits de l’Homme, ainsi que président de la Ligue de l’enseignement (1902-1906). En 1927, le prix Nobel de la paix lui est attribué conjointement avec Ludwig Quidde. Il a été directeur de l’Enseignement primaire en France. En 1905, il préside la commission parlementaire chargée de mettre en œuvre la séparation des Églises et de l’État. Il est connu pour son combat en faveur d’un enseignement laïque à travers la Ligue de l’enseignement… »

Extraits : Ferdinand Buisson est né dans une famille protestante. Son père bourguignon, Pierre Buisson, est un juge de paix, puis juge d’instruction qui a épousé à cinquante-deux ans Adèle Aurélie de Ribeaucourt, vingt-neuf ans, fille d’un tisserand picard1. Il fait ses études secondaires au lycée Condorcet. Il est recalé à l’école normale supérieure, peut-être à cause de ses idées politiques, et prépare une licence de philosophie tout en travaillant comme précepteur2. Il est classé deuxième à l’agrégation de philosophie en 18683… Engagement politique : Figure historique du protestantisme libéral, il s’exile volontairement en Suisse sous le Second Empire, de 1866 à 1870, car il refuse de prêter serment au nouveau pouvoir ; il est professeur à l’Académie de Neuchâtel4. En 1867, il suit les trois congrès internationaux de la Ligue de la Paix et de la liberté. C’est au dernier congrès à Lausanne, en 1869, qu’il lit un discours5. Parallèlement, il tente de mettre en place une Église protestante libérale, faisant appel aux pasteurs Jules Steeg et Félix Pécaut. Dès l’instauration de la Troisième République, il rentre en France et participe activement aux initiatives politiques et sociales de la municipalité du 17e arrondissement de Paris. En décembre 1870, il prend la direction de l’orphelinat municipal du 17e arrondissement, premier orphelinat laïque, qui deviendra plus tard l’orphelinat de la Seine5. Refusant d’enseigner la philosophie, car désireux d’œuvrer en faveur des enfants les plus pauvres, il est, grâce à son amitié avec le ministre de l’Instruction publique Jules Simon, nommé à la direction des établissements scolaires parisiens. Une violente campagne, menée tant par le parti catholique que les protestants orthodoxes, contraint Jules Simon à faire marche arrière. Buisson sera chargé de réunir une vaste documentation sur les pratiques pédagogiques dans le monde. Soucieux de l’avenir des enfants de l’orphelinat, il se met en relation avec le philanthrope Joseph Gabriel Prévost et place les enfants dans l’orphelinat de Cempuis que celui-ci a créé. En 1880, Buisson nomme Paul Robin directeur de l’établissement5. De 1879 à 1896, il est appelé par Jules Ferry, successeur de Jules Simon, à la direction de l’Enseignement primaire. En 1890, il devient professeur de pédagogie à la Sorbonne. Puis il supervise le travail d’écriture et de conception des lois sur la laïcité. En 1905, il est le président de la commission parlementaire qui rédige le texte de la loi de séparation des Églises et de l’État. Alors que l’orthographe devient la discipline phare de l’enseignement au cours du XIXe siècle, Jules Ferry et Ferdinand Buisson, qui rénovent ensemble le système éducatif à partir de 1880, s’efforcent d’endiguer cette vague orthographique, en substituant à cet enseignement un enseignement plus vivant et riche du français. Ferdinand Buisson retire aux écoles normales la préparation du brevet élémentaire et tente une réforme de l’orthographe. Il sera immédiatement accusé de faire baisser le niveau en orthographe de la France 6. Jusqu’alors réservé de par ses fonctions, en 1898, il prend fait et cause pour le capitaine Dreyfus. Buisson participe à la création de la Ligue française des droits de l’homme dont il sera président de 1914 à 1926. Il est franc-maçon7,8… »

Philosophe protestant, éducateur et homme politique, Ferdinand Buisson a joué un grand rôle en son temps comme artisan dans ses domaines : la loi concernant la séparation des Églises et de l’État1, une loi adoptée le 9 décembre 1905 ; la Ligue de l’Enseignement et la Ligue des droits de l’homme

Enfin Paul Ricœur (1913-2005) [philosophe de confession protestante] « 27 février 1913, Valence20 mai 2005, Châtenay-Malabry, est un philosophe français. Il développe la phénoménologie et l’herméneutique, en dialogue constant avec les sciences humaines et sociales. Il s’intéresse aussi à l’existentialisme chrétien et à la théologie protestante. Son œuvre est axée autour des concepts de sens, de subjectivité et de fonction heuristique de la fiction, notamment dans la littérature et l’histoire ».

Texte biographique « Paul Ricœur, une pensée à l’oeuvre » par François Dosse et Olivier Abel pour « Fondsricoeur.fr’ - Photo – Chronologie :


1913-années 30 Photo - Né à la veille de la catastrophe mondiale, le 27 février 1913 à Valence, Paul Ricœur est profondément marqué par un siècle tragique qu’il traverse en s’engageant pleinement dans ses enjeux majeurs, pour en éclairer le sens. Issu d’une famille protestante, orphelin très jeune, il perd sa mère peu après sa naissance, puis son père qui disparaît au cours de la bataille de la Marne en septembre 1915. Plus tard, il perdra encore son unique sœur, victime d’une tuberculose. Très vite, sa passion du livre et de la lecture prend la place des affections manquantes, et donne sa forme à un chemin de soi qui passe inexorablement par les autres. La tension entre la foi dans laquelle il a été élevé (il en parlera comme d’ « un hasard transformé en destin par un choix continu ») et la philosophie critique laissera pour toujours chez lui un style de tension plutôt que de synthèse ou de conciliation.

En 1933, licencié en philosophie de 20 ans, Ricœur échoue au concours d’entrée de Normale sup et doit prendre un poste de professeur au lycée de Saint-Brieuc, tout en préparant sa maîtrise de philosophie sur le problème de Dieu chez Lachelier et Lagneau. L’année suivante il arrive à Paris pour préparer l’agrégation, où il sera reçu second en 1935. Cet été-là il se marie à Rennes avec Simone Lejas, une amie d’enfance. Ils auront cinq enfants, trois avant la guerre, deux après.

A Paris il découvre « l’esprit des années 30 » : l’ébullition d’une jeunesse contestataire en quête d’une troisième voie qui récuse avec la même détermination la perspective d’un matérialisme individualiste et celle d’un matérialisme collectiviste. A la Sorbonne, il rencontre une pensée philosophique qui accorde un primat à l’acte et à l’événement, donc à la traversée de l’expérience, et à un questionnement qui doit mettre l’être en marche. Tôt initié aux cercles philosophiques, il fréquente régulièrement les « Vendredis » de Gabriel Marcel qui joue pour lui le rôle d’éveilleur. Il y retiendra notamment la pratique imposée à chacun des participants de ces rencontres de ne jamais s’autoriser de la parole de l’autre, et d’affirmer courageusement son propre point de vue. C’est aussi son premier contact avec les écrits de Husserl.

Dans ce contexte, c’est surtout Esprit, créé en 1932, qui suscite son enthousiasme ; celui d’un protestant soucieux de liberté de parole et d’un éveil qui le conduit à lancer en 1936 une petite revue, Etre, inspirée par le grand théologien protestant Karl Barth. Il écrit ses tout premiers articles en 1935 dans la revue détonante qu’est Terre Nouvelle, organe des « chrétiens révolutionnaires par l’union du Christ et des travailleurs pour la Révolution sociale ». Sa couverture brandit à la fois la croix du Christ, le marteau et la faucille du communisme, sur fond d’un planisphère où la France et l’URSS sont reliées par la couleur rouge ! A l’intérieur de ce courant de chrétiens radicaux, Ricœur fait la rencontre d’André Philip, futur élu du Front Populaire en 1936, qui le mettra en garde contre les risques d’un pacifisme entièrement non-violent lors du débat sur Munich. On trouvera des traces de cette hésitation fondamentale dans son texte « Etat et violence ». Jusqu’à la déclaration de guerre, il enseigne la philosophie au lycée, à Colmar puis à Lorient, tout en apprenant l’allemand pour lire Husserl et Etre et Temps d’Heidegger.


Captivité : 1940-45 Photo - Mobilisé en 1939 en tant qu’officier de réserve, Paul Ricœur est très vite pris dans l’étau de l’armée nazie. Fait prisonnier dans la vallée de la Marne, il est envoyé en Poméranie orientale dans les camps de Gross-Born puis d’Arnswalde pour toute la durée de la guerre. Dans ce dernier camp, il se trouve dans une chambrée avec sept compagnons, tous intellectuels. Cette « popote » est vite connue par les autres détenus comme la Stube des philosophes. Ricœur partage alors sa vie quotidienne avec Roger Ikor, Jacques Desbiez, Paul-André Lesort, Jean Chevallier, Fernand Langrand, Daniel Robert, Savinas et Mikel Dufrenne. Avec ce dernier, également philosophe, il travaille l’œuvre de Karl Jaspers dont il retiendra entre autres le style de « combat amoureux ».

Cette lecture commune de Jaspers donnera lieu à sa première publication en 1947, Karl Jaspers et la philosophie de l’existence, co-écrit avec Dufrenne. En même temps, et pour aller chercher dans la culture allemande elle-même de quoi résister à ce qui l’écrase, il traduit Husserl, auteur mis à l’index par les nazis, à l’abri des regards de ses geôliers. Il se voit donc contraint d’utiliser les marges d’Ideen I pour en faire clandestinement une traduction qui paraîtra en 1950. Ce que retiendra Ricœur de cette « école » phénoménologique, c’est d’aller vers une expérience comme déconstruite, dépouillée des constructions héritées de tout ce que l’on croit savoir ou pouvoir, pour revenir à la pure visée, à l’ouverture au monde d’une conscience qui s’y découvre. C’est aussi une manière d’enquêter en faisant varier son sujet.


Le Chambon -
Au sortir de cette période de captivité, Paul Ricœur s’installe pour un temps en un haut lieu de la résistance passive à l’occupant, à Chambon-sur-Lignon. Ce village a servi de lieu de transit et d’accueil pour six cents enfants juifs soustraits à la « solution finale », grâce à tout un réseau animé par la CIMADE et les pasteurs André Trocmé et Edouard Theis. A l’abri de l’agitation parisienne, dans cette enclave isolée de Haute-Loire, Ricœur enseigne la philosophie au Collège cévenol et prépare sa thèse sur la volonté. Le climat communautaire l’enchante car les enseignants vivent très proches de leurs élèves. C’est là qu’il noue ses premiers contacts avec des quakers américains qui l’inviteront dans les années suivantes à donner des cours aux USA.

[On peut se reporter à notre article ’Chambon-sur-Lignon, terre de résistance des Justes protestants des Cévennes et territoire d’accueil de réfugiés juifs et de grands penseurs du 20ème siècle’ par Jacques Hallard, dimanche 8 juillet 2018 – français ]. {}) .

Ce moment de l’immédiat après-guerre est celui du triomphe de l’existentialisme sartrien. Paul Ricœur effectue lui aussi la traversée de l’existentialisme, mais d’un existentialisme essentiellement nourri par la pensée de Gabriel Marcel, Jaspers et Kierkegaard. Il s’agit, à la différence de Sartre, non d’une forme d’arrachement à la « glu de l’être » d’une liberté sortie d’un néant, mais de l’engagement d’un être comme acte, d’un être-avec. Nous touchons ici à la véhémence ontologique de Ricœur. Il y a chez lui, et particulièrement à partir de ce moment-là, un éblouissement d’être là, le sentiment du monde comme splendeur. C’est que l’affirmation originaire, l’approbation d’exister, est peut-être pour lui d’autant plus forte que les puissances du négatif sont grandes et incontournables. Du « chemin du consentement » qui achève son premier grand ouvrage, Le volontaire et l’involontaire, achevé au Chambon, jusqu’au final de Soi-même comme un autre, on retrouve toujours cette idée fuyante qu’un être qui ne comprendrait pas la vie, le mouvement, le désir, la pensée, un être sans autre en quelque sorte, ne serait pas un être. C’est dire l’orientation d’emblée éthique de la phénoménologie de Ricœur, de sa philosophie de la volonté.


Strasbourg 1948-57 Photo - La carrière universitaire conduit Paul Ricœur à quitter le Chambon pour Strasbourg où il s’installe en 1948, succédant à Jean Hyppolite. Il a alors 35 ans et s’apprête à vivre « huit années très heureuses » au milieu d’une convivialité confessante, parmi ses amis protestants dont Roger Mehl, Georges Casalis et le groupe d’Esprit. Dans ces années 50, il intervient dans la revue du Christianisme social sur des questions essentielles de société par le biais d’articles qui seront largement repris, commentés et deviendront vite source d’inspiration pour beaucoup, comme « Travail et Parole » (1953) ou encore « Le socius et le prochain » (1954). Il y développe une conception épique du mal, qui n’est pas réductible à un problème moral et individuel, mais indivisément une question politique, économique, et culturelle, à laquelle l’espérance doit se confronter. Il s’inquiète aussi de la difficulté à faire tenir ensemble le déploiement d’une civilisation planétaire unique quand à la rationalité scientifique et la vivacité d’une nécessaire diversité des cultures dans leur noyau créatif.

Lorsque la désespérance prévaut, comme en cette année 1956, après les révélations du fameux Rapport Khrouchtchev, le coup de Budapest, l’enlisement dans la guerre d’Algérie du gouvernement Guy Mollet et l’intervention franco-anglo-israélienne contre Nasser, Ricœur analyse le « paradoxe politique » dans Esprit. Il invite les intellectuels à ne pas déserter le champ du politique, qui reste essentiel dans le cadre de la construction de l’être-ensemble, dimension dont il montre qu’elle est plus originaire que les risques de dérives qu’elle comporte dans l’utilisation concrète du pouvoir. D’une part en effet « l’existence politique de l’homme développe un type de rationalité spécifique et irréductible aux dialectiques à base économique », et d’autre part « la politique développe des maux spécifiques qui sont avant tout des maux du pouvoir politique ». Il y a une disproportion cependant, car l’affirmation de l’autonomie du politique comprend une capacité plus radicale, et qui riposte à la tentation d’exercer son pouvoir en laissant l’autre sans contre-pouvoir.

Par-delà ses prises de positions politiques, Paul Ricœur est surtout dans ces années l’introducteur de Husserl en France avec Levinas et Merleau-Ponty. En 1950, il soutient sa thèse sur la volonté, qui se veut complémentaire par rapport à l’œuvre de Maurice Merleau-Ponty, et se donne comme champ de réflexion une phénoménologie de l’action. C’est d’abord l’idée qu’on ne peut penser le volontaire sans l’involontaire, que tout n’est pas choisi, et que, contrairement à ce que dit Nietzsche, « vouloir n’est pas créer ». C’est aussi que l’humain est un mixte de finitude et d’infinitude, qui porte, dès la dialectique de l’agir et du pâtir, une disproportion entre une face de responsabilité, de capacité, et une face de vulnérabilité, de fragilité. Dans cette disproportion se loge la faillibilité humaine, la possibilité d’être coupable, de faire le mal que l’on ne voulait pas. Le mal est donc l’une des ces grandes apories de la pensée, qui oblige la philosophie à faire le détour des symboles, des mythes, du tragique, de toutes les sources non philosophiques qui déplacent l’intelligence même de la question.


Sorbonne : 1957-64

Mais ces années de bonheur d’enseigner sont finalement et surtout marquées par l’approfondissement, chaque année, d’un grand auteur classique : de Platon et Aristote à Spinoza, Kant ou Hegel. Paul Ricœur, devenu alors professeur en titre, se présente à la Sorbonne en 1955 : battu par Jean Guitton, il est élu l’année suivante. A un moment où la vieille Sorbonne croule sous le nombre, il ne retrouve cependant pas le dialogue qu’il aimait tant avec ses étudiants : ses talents d’excellent pédagogue provoquent des amphithéâtres archi-pleins, les étudiants s’entassent sans pouvoir l’approcher et il doit se limiter à des cours magistraux. Il noue à la Sorbonne quelques amitiés, Jacques Derrida notamment, qui le seconde un temps pour son séminaire de phénoménologie. Mais il ne retrouve la sociabilité strasbourgeoise que grâce à la communauté d’Esprit. A partir de 1957, il vient habiter les « Murs Blancs » à Châtenay-Malabry dans la communauté créée par Emmanuel Mounier en 1939. Il y retrouve le petit cercle des animateurs de la revue Esprit et les Ricœur vivent alors aux côtés des familles Fraisse, Domenach et Marrou. Ces chrétiens progressistes prenant une position ferme de contestation de la politique de guerre en Algérie, les « Murs Blancs » sont vite qualifiés de « Château Rouge », menacés par l’OAS, défendus par les étudiants d’Antony. Le 9 juin 1961, à l’heure du laitier, Ricœur voit débarquer chez lui la police qui l’embarque pour 24 heures au poste et procède à une perquisition.

A partir de 1960, après son article-tournant « Le symbole donne à penser », publié dans Esprit en 1959, Paul Ricœur se trouve dans son parcours philosophique à un moment majeur qu’il qualifiera plus tard de « greffe herméneutique » sur son programme phénoménologique. L’idée centrale est qu’une philosophie sans présupposition, sans pré-compréhension est impossible, et que toute naïveté est en quelque sorte « seconde », comme reconquise par-delà la critique. C’est d’ailleurs le moment où Ricœur découvre et publie dans la collection qu’il dirige au Seuil le livre du philosophe de l’herméneutique post-heidegerrienne Hans-Georg Gadamer, Vérité et Méthode. Ricœur reprend certains des grands thèmes de cette herméneutique, mais en les soumettant à un déplacement. C’est qu’en dépit de Heidegger et de Gadamer, il recherche une herméneutique « critique », c’est à dire une herméneutique qui ne sépare pas l’appartenance ontologique de la distance critique, et qui fasse place à la pluralité des méthodes, comme on le voit dans l’exégèse biblique, mais aussi dans la philologie littéraire, dans l’interprétation historique, ou dans la jurisprudence.

C’est pourquoi d’ailleurs il ne faut pas s’étonner si cette greffe se traduit en premier lieu par une plongée dans l’œuvre de Freud. Elle débouchera sur la publication en 1965 de son ouvrage De l’interprétation, essai sur Freud, lequel prolonge sa réflexion sur les symboles de la culpabilité mais aussi de la souffrance absurde. Dans cette série, on trouve aussi un dialogue au sommet avec Claude Lévi-Strauss publié dans Esprit en 1963, et plus tard une réelle complicité amicale et intellectuelle avec Aljirdas-Julien Greimas. C’est qu’il met ses orientations phénoménologiques à l’épreuve des interrogations montantes des sciences sociales, celles qui vont porter l’étendard du structuralisme, ou de l’idée de structures sans sujet. Ricœur maintient le cap d’une herméneutique du sujet, mais d’un sujet qui ne se déchiffre qu’indirectement dans ses œuvres et ses signes. Le conflit des interprétations, fondé sur la polysémie et les double sens, reprend la dialectique des interprétations réductrices (les « herméneutiques du soupçon ») et des interprétations amplifiantes, déjà à l’œuvre dans le livre sur Freud. Il montre le caractère irréductible du différend entre les grandes herméneutiques rivales.

Philosophe présent sur tous les terrains de la modernité, à l’écoute de son temps, enseignant dans le même temps à la Faculté de théologie protestante de Paris, Paul Ricœur cumule la direction d’un nombre invraisemblable de thèses. La plupart des étudiants en philosophie ayant des projets de recherches non conventionnels viennent en effet le solliciter. Pourtant, il doit affronter le rejet brutal des althusséro-lacaniens qui, au nom d’une scientificité qu’ils sont supposés incarner, font passer l’herméneutique de Paul Ricœur pour une vieillerie spiritualiste définitivement dépassée. Il en résulte un discrédit momentané qui frappe Paul Ricœur au sommet de la vogue structuraliste, alors qu’il fait encore le choix de la modernité en se lançant dans l’aventure nanterroise.


Nanterre 1965-70 Reproduction d’un article de journal - En 1964, lorsqu’il est question de participer à la création d’une nouvelle université dans la banlieue parisienne, à Nanterre, Paul Ricœur est partant et fonde le département de philosophie, avec, entre autres, son camarade de captivité Dufrenne. Un peu plus tard, il y fera appeler des amis de longue date comme Emmanuel Levinas, Sylvain Zac, Henry Duméry. Dans une enquête qu’il dirige pour Esprit sur le monde universitaire, il met en garde contre les excès du centralisme, et prophétise que, faute de changements, une explosion scolaire pourrait bien éclater. Nullement surpris par les événements de 68, il figure aux côtés d’Alain Touraine et d’Henri Lefebvre au nom des « avocats » de Cohn-Bendit devant la commission disciplinaire qui doit statuer sur son renvoi de l’université. Ricœur commente « à chaud » l’événement avec lequel il se sent en phase pour l’essentiel. Il y perçoit l’avènement d’une révolution culturelle propre aux sociétés industrielles avancées en proie à une perte de sens. En 1969, alors que s’applique la réforme d’Edgar Faure, l’université de Nanterre se cherche un doyen qui puisse être accepté par les éléments les plus radicaux du campus et trouve en Ricœur l’homme du nécessaire dialogue. Il connaît à partir de là quelques déconvenues car la période se prête peu aux échanges argumentatifs et constructifs. Le bureau du doyen qui refuse de se protéger est sans cesse envahi et Ricœur y est quotidiennement insulté, molesté jusqu’au fameux épisode de la poubelle dont l’affuble un agitateur. La tension monte à Nanterre et Ricœur, de peur d’un enchaînement violent, décide avec le Conseil de l’université, la banalisation du campus comme mesure plus préventive que répressive. Mais c’est sans compter avec la ferme intention d’en découdre du ministre de l’intérieur de l’époque, Raymond Marcellin qui, sans en aviser le doyen, procède à l’envoi de ses bataillons de policiers sur le campus. Il en résulte une journée mémorable de guérilla d’une violence inouïe au terme de laquelle on ne compte pas moins de 187 blessés ! Le doyen Ricœur donne sa démission le 9 mars 1970 avec le sentiment amer d’avoir été manipulé.


L’apparent « exil » : Chicago, 1970-81  
L’échec de la gestion de Nanterre, s’ajoutant à celui de sa candidature en 1969 au Collège de France qui lui préfère Michel Foucault, conduit Paul Ricœur, tout en continuant à enseigner en France, à s’investir davantage ailleurs. A l’Université de Louvain, où il enseigne pendant trois ans dans ce haut lieu de la phénoménologie qui abrite les Archives Husserl. Et surtout aux Etats-Unis où il en profite pour apporter des réponses philosophiques aux impasses propres au paradigme structuraliste qui domine encore le paysage intellectuel français. Déjà coutumier de tournées de conférences aux Etats-Unis où il est invité assez régulièrement depuis 1954, il prend la succession de Paul Tillich à la Divinity School de Chicago et entre à partir de 1970 au département de philosophie de l’Université de Chicago, poste qu’il occupera jusqu’en 1992 — en dépit d’un appel de Hannah Arendt à le rejoindre à Princeton. Ce que certains ont pris pour un exil n’en est pas vraiment un, car Ricœur continue d’habiter à Châtenay-Malabry. Il partage simplement son temps entre la France et les Etats-Unis où il se lie d’amitié avec Mircea Eliade. Ils animeront ensemble quelques séminaires et réaliseront quelques voyages. Tandis que Paul Ricœur retrouve avec bonheur la possibilité d’un véritable échange avec ses étudiants sur le campus de Chicago. Il constate aussi le succès remarquable de ses travaux aux Etats-Unis. Durant ces années « américaines », paraissent en 1975, puis en 1983 et 1985, deux sommes qui sont les véritables réponses au structuralisme, mais aussi à la philosophie analytique et pragmatique, permettant de s’en approprier les avancées, tout en poursuivant la réflexion au travers de leurs apories. Avec la publication de La Métaphore vive en 1975, Paul Ricœur montre que la métaphore ne réside pas dans le mot d’une dénomination déviante, mais dans la tension introduite dans la phrase entre des aires sémantiques brutalement rapprochées par une « prédication impertinente ». Le sens métaphorique comporte ainsi un travail de la ressemblance au travers de la différence. Or, en suspendant la référence littérale, la métaphore rouvre plus énergiquement encore un rapport tendu à la vérité et à la réalité. C’est aussi le thème central de ses seconds essais herméneutiques, Du texte à l’action, qu’il y a un monde ouvert par le texte, devant lui. On ne passe du texte à l’action que par le détour de l’imagination poétique, et des possibilités neuves d’exister, de sentir et d’agir, dont le texte fraye la voie en refigurant le monde de l’action. Dans la trilogie Temps et Récit, Ricœur fait correspondre à une aporétique de la temporalité une poétique de la narrativité : on ne peut penser le temps directement, mais le temps humain peut être raconté, tant sous les diverses modalités de la fiction que sous celles de l’histoire. Il répond ainsi aux historiens qui croyaient avoir relégué le récit dans les poubelles de l’histoire au nom d’une histoire-problème et d’un scientisme quantitativiste qui considérait que la vérité historique était au bout de l’ordinateur. Au contraire, Paul Ricœur démontre que la seule manière de penser la temporalité est d’en faire le récit. Il souligne par ailleurs les limites d’une identité seulement narrative, là notamment où elle rencontre l’impératif éthique. L’ « exil » américain n’est donc qu’apparent, d’autant que Paul Ricœur anime à partir de 1967 et durant toutes les années 70, un semestre sur deux, un séminaire rue Parmentier qui devient vite une plaque tournante de la recherche internationale où l’on confronte les thèses de la philosophie continentale et celles de la philosophie analytique, tout en disposant du double des Archives Husserl dont l’original se trouve à Louvain.


Le « retour », la consécration : 1981-1990 Un première de couverture - La pertinence des réponses philosophiques données par Paul Ricœur, par-delà les modes du moment, suscite son retour sur l’avant-scène de la vie intellectuelle française à un moment où le basculement de paradigme dans les sciences humaines devient évident par rapport à la période antérieure structuraliste. En 1988 sonne l’heure de la consécration, lorsque toute une jeune génération intellectuelle découvre avec ravissement la force et la cohérence d’une pensée qui s’est constamment enrichie sans cesser de forer dans la même direction. Ricœur devient alors pour beaucoup le modèle même de l’intellectuel toujours interpellé par l’événement et essayant d’y répondre simplement en penseur, et non en maître penseur. Passeur exemplaire, il se situe à la croisée de trois grands fleuves, de trois traditions philosophiques : la philosophie réflexive française, la philosophie dite continentale européenne et la philosophie analytique anglo-saxonne — les titres de la collection « l’ordre philosophique » qu’il fonde et dirige aux éditions du Seuil en attestent. A la confluence de ces courants, Paul Ricœur peut reprendre à nouveaux frais la question du sujet et publie en 1990 aux éditions du Seuil Soi-même comme un autre, véritable somme synthétique riche de ces cercles successifs de lectures. Donné initialement sous la forme de conférences à Edinburgh (les Gifford lectures), ce livre fraye une voie entre un cogito exalté en dehors de ses dires et faits, et un cogito qui s’y dissoudrait entièrement, en liquidant la question « qui ». Car la question interdit à l’identité d’être même qu’elle-même : elle la fait varier sous divers profils et divers appels qui structurent finalement une éthique déployée sous trois modalités (visée éthique, norme morale, sagesse pratique). On trouve un écho de cette pluralité de régimes dans son magnifique livre de commentaires philosophiques du texte biblique, Penser la Bible (1998), prolongeant ce qui était déjà en germe dans le superbe petit Amour et justice (1990).


Le Juste - La reconnaissance dont bénéficie enfin Paul Ricœur en France à partir des années 80 correspond en effet à une demande croissante d’éthique. Ses thèses sont mises à contribution pour éclairer les grands choix d’une période dans laquelle il ne s’agit plus de choisir entre le blanc et le noir, entre le bien et le mal, mais comme le dit Ricœur entre le gris et le gris ; ce qui rend d’autant plus impérieux la mise en place des conditions d’un véritable partage des arguments et des convictions. Que ce soit dans les conflits de la Nouvelle Calédonie, ceux des sans-papiers, l’affaire du sang contaminé ou celle du foulard, et tant d’autres, Ricœur cherche une parole juste qui ne refuse pas l’engagement. Plaçant le juste entre le légal et le bon, il tente d’équilibrer l’univers souvent purement procédural des juristes ou purement catégorique de la morale kantienne, par la visée téléologique de la vie bonne, plus proche de l’éthique d’Aristote mais aussi de la pensée politique de Hannah Arendt. Le recours au bon rappelle les intentions du vivre ensemble, que la loi ne saurait éliminer dans son souci exclusif d’éviter le malheur. Cette réflexion est la résultante de tout un parcours auquel il convient d’ajouter son dialogue avec les juristes qui a donné lieu à des interventions régulières depuis le début des années 90 dans le cadre de l’Institut des Hautes Etudes sur la Justice dirigé par le juge Antoine Garapon. Cette quête d’une sagesse pratique aura animé tout un parcours philosophique, traçant les lignes d’un entre-deux situé à la croisée de la dimension explicative et de la dimension compréhensive, comme à l’articulation de l’argumentation et de l’interprétation. Paul Ricœur revient sur l’idée d’identité narrative qui, en ces temps de « tyrannie de la mémoire », risquait d’être confondue avec le ressassement d’un repli identitaire, excluant la dimension de l’altérité ainsi que la faculté d’inventer ensemble. Ce souci citoyen le conduit à intervenir dans le champ de l’écriture historienne avec sa publication de La mémoire, l’histoire, l’oubli, somme qu’il livre en septembre 2000 aux lecteurs en général et aux historiens en particulier comme un défi : « Je reste troublé par l’inquiétant spectacle que donnent le trop de mémoire ici, le trop d’oubli ailleurs, pour ne rien dire de l’influence des commémorations et des abus de mémoire ­— et d’oubli. L’idée d’une politique de la juste mémoire est à cet égard un de mes thèmes civiques avoués ». Il s’y interroge sur la question de la crédibilité du témoignage et de la représentation du passé. Très préoccupé, de manière kantienne, d’éviter la démesure et les divers modes de chevauchement qu’elle implique, Ricœur s’est attaché à réfléchir aux rapports entre histoire et mémoire qui constituent un point sensible et parfois obsessionnel de notre fin de siècle, moment bilan des désastres d’un tragique XXe siècle.


La reconnaissance - Sous la question de la mémoire et de l’oubli, cependant, se tient le thème de la vie, et de son inachèvement. Le difficile travail du pardon, où Ricœur renoue amicalement son débat avec Derrida, cède la place à une simple gratitude, qui accepte d’être sans travail. En publiant La Critique et la conviction, Ricœur était déjà revenu sur son propre parcours. En 1997, Simone Ricœur s’était éteinte, après 63 ans de vie partagée avec Paul, et endeuillée par la mort tragique de leur fils Olivier en 1986. Dans le Parcours de la reconnaissance, paru en 2004, Ricœur reprend une nouvelle fois sa question philosophique, recroisée ici en diagonale au travers des divers niveaux significations du mot « reconnaissance » dans le dictionnaire. Cette démarche de variations sémantiques, qui permet de pointer les limites de chacune d’elle, avant d’approfondir les paradoxes qui permettent de faire tenir ce faisceau polysémique sous le même vocable, permet de penser ce que simplement nous disons tous les jours. Pour la reconnaissance, il y a le plan quasi-kantien de la recognition et de l’identification de quelque chose en général. Il y a ensuite celui de la reconnaissance du soi ou de l’autre dans leurs capacités, qui sont plus que des droits. Il y a enfin la reconnaissance mutuelle où le sujet se place sous la tutelle d’une relation de réciprocité, jusqu’à la gratitude (« l’un l’autre »). Mais la surprise, c’est l’absence dans l’histoire des idées philosophiques d’une grande théorie de la reconnaissance comparable à celle de la connaissance. Comme si l’ombre du solipsisme planait sur cette question, interdisant toute vue de surplomb entre le soi et l’autre. Le passage de l’asymétrie à la réciprocité mutuelle ne peut se faire qu’en mesurant une juste et irréductible distance : « nous avons vu dans le recevoir le terme charnière entre le donner et le rendre ; dans le recevoir, lieu de gratitude, la dissymétrie entre le donateur et le donataire est deux fois affirmée ; autre est celui qui donne et celui qui reçoit ; autre celui qui reçoit et celui qui rend. C’est dans l’acte de recevoir et la gratitude qu’il suscite que cette double altérité est préservée. » Cet éloge de l’amitié marque l’horizon de sa pensée.

Auteurs de cette biographie : François Dosse (Historien, Professeur des Universités à l’IUFM de Créteil) et Olivier Abel (Philosophe, Professeur à l’Institut Protestant de Théologie, Faculté de Paris) - Source : http://www.fondsricoeur.fr/fr/pages/biographie.html

Quelques accès à des articles concernant Paul Ricoeur et Emmanuel Macron

L’obstination philosophique de Paul Ricœur https://www.cairn.info/revue-esprit-2006-3-page-8.html de M. Foessel - ‎2006

Rencontre de Ricœur et de Macron - Revue Des Deux Mondes www.revuedesdeuxmondes.fr/rencontre-de-ricoeur-de-macron/ 23 oct. 2017

Le philosophe et le Président : Ricoeur & Macron - France Culture https://www.franceculture.fr/oeuvre/le-philosophe-et-le-president-ricoeur-macron

Paul Ricoeur, le mentor du jeune Macron - L’Express https://www.lexpress.fr › Politique 6 oct. 2017

Que reste-t-il de Paul Ricœur chez Emmanuel Macron ? https://www.humanite.fr/que-reste-t-il-de-paul-ricoeur-chez-emmanuel-macron-6465011 déc. 2017

Emmanuel Macron, vous n’avez pas le monopole de Ricœur - Bibliobs https://bibliobs.nouvelobs.com › Idées 15 nov. 2017

Dans un entretien sur ‘Europe1’ le 19 janvier 2016 le philosophe Régis Debray appelait « à ne pas aborder la laïcité comme une opposition frontale au fait religieux »… ’La laïcité n’est pas une machine de guerre contre les religions’… « Ce sont les protestants qui ont fait les lois de la laïcité en France… » - Se référer à : Bienvenue sur le site de Régis Debray

Autres sources d’informations sur la laïcité avec Régis Debray :

Régis Debray : ’La laïcité c’est une sorte de totem, de gri-gri’ du 30 ... 30 décembre 2015 - L’actualité de 2015 aura été marquée par des crispations récurrentes autour des questions de laïcité. Une publication de Régis Debray et Didier Leschi ...

La laïcité au quotidien : entretien avec Régis Debray et Didier Leschi ... Entretiens - 25 mai 2016 - Dans leur ouvrage, le philosophe Régis Debray et Didier Leschi, préfet et ancien Chef du bureau central des Cultes au ministère de l’Intérieur, ...

Compte-rendu de lecture : « La laïcité au quotidien. Guide pratique ... 3 mai 2016

Ecoute proposée : Tous protestants avec Régis Debray ! 30/08/2017 - Emission
La Grande table (2ème partie)https://www.franceculture.fr/emissi...par Olivia Gesbert sur France Culture. « Comment analyser ce que l’on pourrait qualifier de ’culte Macron’ ? C’est ce que tente justement de faire Régis Debray, qui explique que s’opère une forme d’américanisation de la culture politique, voire l’émergence d’une sorte de ’néo-protestantisme’. Le philosophe et essayiste est notre invité… ».

Pas directement impliqué sur la laïcité bien qu’engagé dans la politique aux côtés du PS, puis d’Europe Écologie, Philippe Meirieu « se définit lui-même comme militant et homme de gauche . « Né le 29 novembre 1949 à Alès (Gard), il est un chercheur et écrivain français, spécialiste des sciences de l’éducation et de la pédagogie1. Il a été l’inspirateur de réformes pédagogiques (instauration des modules au lycée ainsi que des IUFM au début des années 1990 ou encore mise en place des Travaux personnels encadrés — TPE — et de l’Éducation civique juridique et sociale — ECJS — dans le cadre de la réforme des lycées de 1998-19992). Professeur en sciences de l’éducation à l’université Lumière-Lyon 2 depuis 1985, il a mené de nombreuses recherches, en particulier sur la différenciation pédagogique et la philosophie de l’éducation. Il a dirigé et fait soutenir 47 thèses3… »

Voir le Site de Philippe Meirieu ‘Histoire et actualité de la pédagogie’, ainsi que Philippe Meirieu : L’heure de La Riposte  dans le cadre du Café pédagogique.

On peut aussi écouter ces vidéos :

Philippe Mérieu, prof. en Sciences de l’Education, est l’invité de Léa Salamé France Inter - Ajoutée le 12 déc. 2017 – « Après la confirmation de l’interdiction des portables dans les écoles et les collèges à la rentrée 2018, Léa Salamé reçoit Philippe Meirieu, professeur en sciences de l’Education, pour interroger les orientations de la politique éducative menée par Jean Michel Blanquer et revenir sur le débat qui oppose ’pédagogistes’ et partisans des neurosciences. Catégorie : Actualités et politique.

PHILIPPE MEIRIEU - Lire et ecrire - ISPEF 2014 - Chloe Icone - Ajoutée le 23 oct. 2014 – Durée : 9:30 - Conseil à l’étudiant - Catégorie : People et blogs

Retrouver le plaisir d’apprendre et d’enseigner Philippe Meirieu - Canopé Innovation - Ajoutée le 13 mai 2015 – Durée : 2:26:41

« Philippe Meirieu est professeur des universités en sciences de l’éducation à l’université LUMIERE-Lyon 2. Engagé à plusieurs reprises dans des chantiers importants de l’éducation nationale, il a travaillé sur le collège, le lycée et la formation des enseignants. Il est l’auteur de nombreux ouvrages scientifiques, d’essais et de livres pour enfants traduits dans de nombreuses langues. Philippe Meirieu est également vice-président de la Région Rhône-Alpes délégué à la formation tout au long de la vie. La motivation scolaire, le plaisir d’apprendre, sont la clé d’un engagement des élèves dans les apprentissages. Les pratiques pédagogiques innovantes contribuent au développement du plaisir d’apprendre des élèves ; elles permettent également aux professionnels de redécouvrir le plaisir d’enseigner. Catégorie : Éducation ».

On doit un Philippe Meirieu un très bon document PDF sous forme de diapositives et intitulé La pedagogie : histoire et enjeux - Philippe Meirieuhttps://www.meirieu.com/COURS/synthese.pdf

Mais Philippe Meirieu a aussi ses détracteurs et il a suscité polémiques et critiques dont celle qui suit : « Philippe Meirieu, la fabrique des victimes - L’ayatollah de la pédagogie qui fera pleurer vos enfants » par Jean-Paul Brighelli - 5 octobre 2018 - Photo - Philippe Meirieu, 2014. ©PHILIPPE MERLE / AFP – Extrait : « Le dernier opus de Philippe Meirieu, dont j’ai rendu comptepar ailleurs, valait le coup que j’y revinsse. Bien sûr, il mérite tout le mal que j’ai déjà pu en dire. Mais en fait, il en mérite davantage. D’autant qu’être insulté par Brighelli fait partie de ses attentes esthétiques. Non seulement parce que je suis sa Némésis, qu’il convoque avec gourmandise (« On attend impatiemment que le polémiste Jean-Paul Brighelli, passé du Point à Valeurs actuelles, toujours en avance d’une insulte sur ses petits camarades, publie, après la Fabrique du crétin, un pamphlet au vitriol sur la Fabrique des ravis de la crèche »), mais surtout parce que la position de persécuté lui sied.

Assis, les damnés de la terre !

Ne pas y voir une quelconque trace de masochisme personnel. Meirieu est un pervers polymorphe qui prend des poses de grand persécuté. Cela lui permet de s’identifier avec Rousseau, le grand ancêtre — une attitude dont j’avais retracé l’origine dans l’un des très rares articles que m’a jadis demandé Le Monde. On voudra bien m’excuser de me citer :

« Puis vint Rousseau, un protestant genevois, foncièrement hostile à la notion de progrès, qui théorisa la bonté intrinsèque de l’homme, perverti par la civilisation. À rebours de tous ceux, Voltaire en tête, qui pensaient, contre la religion, que la civilisation est un progrès en soi, et qu’il valait mieux vivre au XVIIIe qu’au(x) siècle(s) précédent(s). La religion, si présente — et sous sa forme calviniste — chez le plus célèbre Genevois, s’accordait merveilleusement avec ces billevesées. ‘Bon sauvage’ cessait d’être un oxymore, et devenait un pléonasme. (…) Emile, l’élève de Rousseau, n’en recevait pas moins une éducation religieuse sévère, teintée de protestantisme genevois. Rien d’étonnant à ce qu’il ait séduit des gens — Philippe Meirieu par exemple — qui venaient des Jeunesses Ouvrières chrétiennes, et des ministres (Jospin) qui étaient des trotskystes protestants, ou des socialistes protestants (Rocard) — ou l’inverse. Rousseau voit donc l’enfant comme un être bon par principe, tant qu’on ne le gâche pas. Tout part de ce postulat, qui n’a d’autre évidence que d’aller à l’encontre du principe classique selon lequel le petit homme est un être de chaos, d’instincts et d’appétits (« Cet âge est sans pitié », dit La Fontaine) auxquels l’éducation justement donne forme en les bornant sévèrement. Deux idées de l’homme, deux pédagogies. (…) Nos ‘pédagos’ modernes sont lecteurs de Rousseau. Ils ont importé au XXe siècle des concepts du XVIIIe. »

La suite de l’article est à découvrir sur ce site : https://www.causeur.fr/philippe-meirieu-pedagogie-ecole-155049?utm_source=Envoi+Newsletter&utm_campaign=1e47caeadb-Newsletter_14_juin_COPY_01&utm_medium=email&utm_term=0_6ea50029f3-1e47caeadb-57862017

A lire aussi : « C’est parce que l’école est conservatrice qu’elle peut être progressiste » - Entretien avec Souâd Ayada, la présidente du Conseil supérieur des programmes (2/2) par Elisabeth Lévy et Gil Mihaely - 10 septembre 2018 - Photo - Souâd Ayada, présidente du Conseil supérieur des programmes ©Hannah Assouline – Extrait : « Pour enrayer la dégringolade du lycée, la présidente du Conseil supérieur des programmes prône le retour aux fondamentaux. Reconnaissante à l’école républicaine de lui avoir permis d’échapper aux déterminismes sociaux et de servir son pays, Souâd Ayada entend réhabiliter les humanités, le sentiment national et la transmission des savoirs. Entretien (2/2) ».

Autres lectures suggérées :

Caroline Fourest https://fr.wikipedia.org/wiki/Journ...journaliste, essayiste et réalisatrice, auteure de l’ouvrage Le génie de la laïcitéEditions Grasset 2016. « Harcelée par les intégristes et leurs provocations, caricaturée et moquée dans les médias anglo-saxons, la laïcité est devenue un enjeu mondial et passionnel. On raconte n’importe quoi à son sujet. On lui fait dire aussi n’importe quoi. Il y a ceux qui voudraient la « toiletter », l’adapter à l’Islam, l’accommoder, l’ouvrir ou tout céder. Et ceux qui, au contraire, voudraient interdire le voile ) à la plage ou à l’université. « Ni capitulation, ni persécution », disait Ferdinand Buisson, un des pères de l’école laïque. C’est la ligne de ce livre. Il répond aux faux-procès, dévoile la guerre culturelle menée par les partisans du modèle américain, retrace l’histoire de la loi de 1905 et de l’école laïque jusqu’à nos jours, éclaire les lignes de fractures, et propose un manifeste pour une politique réellement laïque, fidèle à l’esprit de la Séparation. Lucide, limpide et indispensable, cet ouvrage défend une vision combattive et équilibrée du modèle français de laïcité, qui n’est pas un glaive, mais un bouclier.. ».

Voir également Caroline Fourest https://carolinefourest.wordpress.com/, ainsi que Caroline Fourest, une bio plus exacte que Wikipédia.

Et puis encore : Pourquoi Caroline Fourest dérange-t-elle tant ? – « Après l’altercation entre l’essayiste et Aymeric Caron dans ’On n’est pas couché’, Laurent Ruquier a annoncé qu’il ne l’inviterait ’plus jamais’ dans l’une de ses émissions. Portrait de cette polémiste redoutable et très controversée… »

Éducation : la nouvelle religion de la laïcité - La refondation de l’éducation nationale proposée par Najat Vallaud-Belkacem (photo) répond à un agenda idéologique bien précis. Par Jacques Garello. « Refondation de l’École de la République » : c’était le chantier prioritaire du gouvernement français (2012-2017), confié à Madame Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation Nationale. « Toutes les compétences et l’engagement de ce ministère sont mobilisés pour que vive, à l’École, l’esprit du 11 janvier (2015), cet attachement profond aux valeurs républicaines et cette exigence de citoyenneté qui sont le cœur même de l’École de la République ».

La théorie politique « réformationnelle » et le pacte social. Paul Wells [né en 1946 à Liverpool, est un théologien anglais ayant exercé son ministère à la Faculté Jean Calvin de 1974 à 2012]. « Une des caractéristiques de la modernité en Occident est la montée de l’individualisme et son corrélat : la relation entre l’individu et la communauté. La séparation radicale entre l’individu et l’Etat a été considérée, dans le meilleur des mondes possibles, comme le moyen de garantir la liberté de l’individu, ses droits, ses croyances et sa vie privée, mais elle a été aussi un outil pour remodeler la société humaine au moyen de programmes imaginés par des « ingénieurs » sociaux. L’Etat est aussi considéré comme le bienfaiteur omniprésent et omnipotent qui prend en main les intérêts des citoyens… »

« Marsilius de Padoue (1275-1343) a été le plus radical en contestant l’autorité du souverain pontife et la vision traditionnelle héritée d’Augustin, qui situait l’Église et le pouvoir temporel face à face. Marsilius a affirmé qu’il convenait de résister au pape et de le déposer, puisque le peuple, et non la papauté, était de droit divin
 »10.

« Martin Luther (1483-1546) a été l’un des héritiers de cette conception radicale. La distinction entre les deux royaumes est fondamentale dans sa pensée, et il y est souvent revenu. Luther est opposé à toute confusion entre ces régimes, comme dans la situation héritée de l’empereur Constantin, [Constantin le Grand (280 - 337) - Le premier empereur chrétien ], dans laquelle l’Église a cherché à dominer le monde et dans laquelle le monde a essayé de gouverner l’Église… »


Lectures proposées sur l’éducation à la paix en Europe :

’(Re) penser la paix pour panser l’Europe : Partie 1 : Etat des lieux depuis le milieu du XXème siècle. L’Union Européenne entre guerre et paix’ par Jacques Hallard, mardi 15 août 2017 - français

’(Re) penser la paix pour panser l’Europe Partie 2 : Rôle de Victor Hugo pour la paix en Europe’ par Jacques Hallard, samedi 23 septembre 2017 - français

’(Re) penser la paix pour panser l’Europe. Partie 3 : Contributions de Jean-Jaurès (1859-1914)’ par Jacques Hallard, vendredi 3 novembre 2017 - français

’(Re) penser la paix pour panser l’Europe Partie 4 : Rôle d’Aristide Briand pour la laïcité en France et la paix en Europe’ par Jacques Hallard, vendredi 15 décembre 2017 - français

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Qu’en est-il du concept de laïcité en Europe  ? Podcast (durée 17:47) de l’émission de France Culture du 29 juillet 2018 dans le cadre de l’émission ‘Divers aspects de la pensée contemporaine’ de France Culture – Contribution de la Fédération française de l’Ordre Maçonnique Mixte et International ‘Le Droit Humain’

Les intervenants pour cette émission sont : Josiane Reynaud, Conseiller National de la Fédération Française du DROIT HUMAIN et Martine Cerf, Secrétaire Générale de l’association Égale qui signifie « Égalité-Laïcité-Europe ». Journaliste de l’émission : Marc Desouter. Photo.

©2018 Ordre Maçonnique Mixte et International LE DROIT HUMAIN - Fédération française – « L’expérience maçonnique en mixité » - Site public du DROIT HUMAIN INTERNATIONAL : www.droit-humain.org - Source : https://www.droithumain-france.org/emission-de-france-culture-du-29-juillet-2018-le-concept-de-laicite-en-europe/

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Lectures suggérées :

La laïcité dans le monde - Publié le 06 juillet 2017 - Modifié le 20 octobre 2017 – Document ‘RTS Découverte’. Illustration des ‘religions du livre’ - « Le concept de laïcité est relativement simple à résumer : il implique qu’il n’y ait pas de religion d’État et que ce dernier se montre neutre envers les croyances de chacun. La liberté de conscience doit être garantie. Mais la laïcité revêt des formes et des déclinaisons différentes selon les pays. Petit tour d’horizon ». A lire et à écouter différentes contributions sur ce site : https://www.rts.ch/decouverte/monde-et-societe/economie-et-politique/la-laicite/8742559-la-laicite-dans-le-monde.html

Les travers de la laïcité - Par Anne Chemin – Entretien publié le 27 Septembre 2018. « Inscrit dans la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat, ce principe de notre République est-il vraiment favorable à l’émancipation des femmes et des minorités ? »

L’historienne Joan Scott et la sociologue Dominique Schnapper. PHILIPPE MATSAS / LEEMAGE- HANNAH ASOULINE / OPALE – Photos. [Lire également La citoyenneté repensée de Dominique Schnapper - France Culture02 novembre 2017].

« Dans ‘La Religion de la laïcité’ (Flammarion, 318 pages, 23,90 euros), l’historienne américaine Joan Scott critique avec virulence la laïcité « à la française ». Elle estime que, depuis les années 1990, les discours laïcs comportent des relents islamophobes, voire racistes, et remet en cause la « fable » qui associe, en France, la laïcité, le recul de l’influence religieuse et l’émancipation des femmes. Nous lui avons proposé de dialoguer avec la sociologue Dominique Schnapper, qui croit, elle, aux vertus démocratiques et émancipatrices de la laïcité… »

Texte complet réservé à nos abonnés – Accès par ce site : https://www.lemonde.fr/long-format/article/2018/09/27/les-travers-de-la-laicite_5361071_5345421.html

L’école, la nation et la joie d’enseigner - Podcast de 44 minutes de France Culture – A propos de Benoit Falaize, inspecteur général, historien de l’école, chercheur correspondant au Centre d’histoire de Sciences po. - Notre besoin d’histoire (3/5)- 26/09/2018.

« Comment dire notre besoin d’histoire ? Pour cette première semaine où l’histoire est donnée comme une matière à penser, on a voulu composer un ensemble de portraits de voix. Rencontre avec Benoît Falaize, historien de l’école, chercheur correspondant au Centre d’histoire de Sciences Po. Spécialiste des questions d’éducation civique et de citoyenneté ». Photo Etudiants à l’université • Crédits : © Hero Images - Getty - On ne cesse de le répéter : l’histoire serait une passion française. Mais est-ce vrai ? Pour le savoir, il faut enquêter et comparer, posément. C’est ce que fait Benoît Falaize, historien de l’enseignement de l’histoire en France, mais aussi en Europe. Partout on se dispute sur le passé : évoquant les querelles actuelles sur l’instrumentalisation politique de l’histoire (en Hongrie et en Pologne notamment), on comprend mieux les spécificités du débat français sur l’histoire, la nation et l’école. On peut affronter la question sans déploration inutile ni candeur béate. On lit dans ‘Les territoires vivants de la République’ des témoignages sur la joie d’enseigner. « Et pourquoi ne pas le dire ? Faudrait-il le cacher ? Qu’avons-nous à perdre à dire aussi ce qui fonctionne ? »

« On voit comment le primat de la nation est en train de s’exacerber, (...) comment l’histoire et la transmission de l’histoire est l’objet d’instrumentalisation. On le voit avec l’Italie, la Hongrie, l’Ukraine. (…) Ce n’est que le début, malheureusement : on ne mesure pas assez les enjeux de 2019 et des élections européennes à venir, et on ne voit pas assez ce qui est en train de se passer en Europe centrale. (Benoît Falaize) »…

Photo - Salle de classe à Volnovakha, au sud de Donetsk, en Ukraine, le 1er septembre 2014.• Crédits : © Francisco Leong – AFP – « A quoi ça sert d’enseigner l’histoire ? (…) C’est éviter le pire. Il y a cette tentation du pire aujourd’hui dans tous les peuples et aucun régime démocratique ne peut dire qu’il y est soustrait. Il faut pouvoir enseigner à la jeunesse, lui faire confiance, la regarder convenablement et s’adresser à elle en disant : ’Voilà ce qu’il s’est passé, et c’est toi qui feras les choix’ ». (Benoît Falaize). Source : https://www.franceculture.fr/emissions/matieres-a-penser/notre-besoin-dhistoire-35-lecole-la-nation-et-la-joie-denseigner

Laïcité à l’école : « territoires perdus » et « territoires vivants » de la République – Par Iannis Roder, professeur d’histoire-géographie, et Benoît Falaize, chercheur correspondant au centre d’histoire de Sciences-Po, publient deux livres offrant des visions divergentes de la laïcité en milieu scolaire. Ils confrontent leurs points de vue dans un entretien croisé au « Monde ». LE MONDE | 03.09.2018 à 05h15 • Mis à jour le 11.09.2018 à 22h54 | Propos recueillis par Luc CédellePhoto – « L’école est-elle débordée par les « atteintes à la laïcité » ? A ce sujet, deux camps s’opposent depuis une quinzaine d’années. L’un qui multiplie les alertes et se trouve accusé de catastrophisme. L’autre soupçonné de naïveté ou de complaisance.

Iannis Roder, professeur d’histoire-géographie dans un collège de Seine-Saint-Denis, avait été, en 2002, l’un des contributeurs du livre ‘Les Territoires perdus de la République’ (Mille et une nuits). En cette rentrée, il publie ‘Allons z’enfants… la République vous appelle’ (Odile Jacob, 272 p., 18,90 €), formulant, sur un ton moins pessimiste, des propositions.

Benoît Falaize, historien de l’école, a dirigé l’ouvrage collectif ‘Territoires vivants de la République’ (La Découverte, 328 p., 18 €), qui montre, témoignages à l’appui, comment l’école peut surmonter les préjugés.

Vos deux livres, qui exaltent le travail quotidien et les « petites victoires » de l’école contre les préjugés, ne sont-ils pas le signe d’un dépassement de la querelle entre « déclinistes » et « angéliques » ?

Iannis Roder : La première condition pour agir est d’abord de reconnaître la réalité des atteintes à la laïcité. De ce point de vue, il se passe des choses graves. Mais on ne peut pas se contenter de tirer le signal d’alarme. Nous devons nous servir de ce constat pour construire, au quotidien, un enseignement qui permette aux élèves d’entrer de plain-pied dans les valeurs de la République et d’en faire des citoyens capables d’exercer leur libre arbitre. Ils sont demandeurs. Les enseignants ont beaucoup de ressources, personnelles ou mises à leur disposition par l’éducation nationale, pour monter des projets pédagogiques qui répondent à cette exigence. Alors, la querelle est-elle dépassée ? Je crois que beaucoup d’observateurs, de responsables éducatifs et d’enseignants ont fait du chemin sur ces questions depuis le début des années 2000....

L’accès à la totalité de l’article est protégé – Aller à la source pour lire la suite : https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/09/03/laicite-a-l-ecole-territoires-perdus-et-territoires-vivants-de-la-republique_5349332_3232.html

A propos des Territoires vivants de la République Par Charles Conte 28 sept. 2018 - Édition : Laïcité – « L’ouvrage collectif présenté par Benoit Falaize ’Territoires vivants de la République. Ce que peut l’Ecole : réussir au-delà des préjugés’ propose un panorama lucide et volontariste… « Le regard est ici fondamental » : dans sa présentation de l’ouvrage Benoit Falaize, agrégé et docteur en histoire, chercheur spécialiste de l’histoire de l’école, pose d’emblée la démarche générale de cet ouvrage collectif au titre explicite. L’objectif est de répondre à des affirmations ou à des revendications connotées religieusement, en particulier musulmanes, en développant un sentiment d’appartenance commun. La lucidité est étroitement liée au volontarisme et même à un certain optimisme. Il ne s’agit pas d’entrer dans un débat qui n’a d’ailleurs jamais eu lieu : entre « déclinistes » et « naïfs ». Le propos n’est donc pas d’élaborer une réfutation en règle d’un autre ouvrage collectif paru en 2002 « Les territoires perdus de la République », coordonné par Georges Bensoussan sous le pseudonyme d’Emmanuel Brenner ». Article complet à lire sur le site Médiapart : https://blogs.mediapart.fr/edition/laicite/article/280918/propos-des-territoires-vivants-de-la-republique

La citoyenneté. Être (un) citoyen aujourd’hui - Document ‘Vie Publique’ paru le 27/09/2018 - Dossiers d’actualitéIllustration Devise républicaine.

Les femmes et les hommes, pourtant individus porteurs d’une singularité qui leur est propre, sont des êtres sociaux. L’idée de
citoyenneté, c’est-à-dire le droit de participer aux décisions relatives à la communauté politique, est au cœur de la conception occidentale des relations entre l’individu et cette société qui lui préexiste et qu’il rejoint un jour, par naissance ou par choix. Rares sont les mots chargés d’autant d’histoire, de significations, d’autant de valeurs et d’affect que ceux de «  citoyen  » et de «  citoyenneté  ». Les attentats terroristes qui ont été perpétrés en France à partir de janvier 2015 ont révélé la force du sursaut de citoyenneté que peuvent susciter des événements dramatiques affectant la collectivité nationale… »

Lire la Synthèse de l’étude annuelle 2018 du Conseil d’État http://www.ladocumentationfrancaise...’La citoyenneté - Être citoyen aujourd’hui, publié en septembre 2018 à la Documentation française. Découvrir le contenu résumé de ce document sur ce site : http://www.vie-publique.fr/actualite/dossier/citoyennete/etre-citoyen-aujourd-hui.html?xtor=EPR-56

Voir et écouter également :La laïcité dans le monde, publié le 06 juillet 2017 et Les travers de la laïcité - Le Monde‘Rubrique Idées’, du 29 septembre 2018.

A propos de l’histoire de la pédagogie

Selon un document diffusé par ‘Le Pôle’ dont l’auteure est Etiennette Vellas, Docteure en sciences de l’éducation, « L’éducation est déterminée par la société, les idéaux qu’elle véhicule, sa conception de l’avenir et ce qu’elle cherche avant tout à mettre en avant ou sauvegarder. Les idéologies politiques, philosophiques et religieuses ont marqué les courants éducatifs »… « On a de tout temps éduqué les enfants. Et parions que de tout temps il y a eu des pédagogues, c’est à dire, des personnes élaborant une pensée de l’éducation à partir de leur propre pratique d’éducateur. Des praticiens-théoriciens de l’action éducative, comme nous les définissons aujourd’hui. Faute d’écriture, leurs traces ayant été perdues avant l’Antiquité ».

Index de l’article

Source : https://lepole.education/index.php/culture-pedagogique/27-histoire-de-la-pedagogie?showall=1

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10.
De nouveaux outils numériques pour les apprentissages et la formation

L’apprentissage « est un ensemble de mécanismes menant à l’acquisition de savoir-faire, de savoirs ou de connaissances. L’acteur de l’apprentissage est appelé apprenant. On peut opposer l’apprentissage à l’enseignement dont le but est de dispenser des connaissances et savoirs, l’acteur de l’enseignement étant l’enseignant… » - Wikipédia consacre un long document sur ce sujet : Apprentissage, pédagogie et neuroscience

De nouveaux concepts et outils ont fait leur apparition : les TICE (Technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement), et les MOOC (de l’anglais ‘Massive Open Online Course’, ou formation en ligne ouverte à tous (FLOT), aussi appelée cours en ligne ouvert et massif (CLOM).

De nouvelles formes d’organisation pour apprendre se mettent en place dont la classe inversée qui est comparée à la classe traditionnelle.

Le passage des connaissances des neurosciences dans les classes est en cours dans certains pays, dont les Etats-Unis, le Canada et la France. Les neurosciences « sont les études scientifiques du système nerveux, tant du point de vue de sa structure que de son fonctionnement, depuis l’échelle moléculaire jusqu’au niveau des organes, comme le cerveau, voire de l’organisme tout entier. Le champ de la recherche en neurosciences est un champ transdisciplinaire : la biologie, la chimie, les mathématiques, la bio-informatique ainsi que la neuropsychologie sont utilisées en neurosciences. L’arsenal conceptuel et méthodologique des neurosciences va de pair avec une diversité d’approches dans l’étude des aspects moléculaires, cellulaires, développementaux, neuroanatomiques, neurophysiologiques, cognitifs, génétiques, évolutionnaires, computationnels ou neurologiques du système nerveux. Les neurosciences sont souvent présentées sous l’angle des neurosciences cognitives, tout particulièrement les travaux utilisant l’imagerie cérébrale : certaines applications des neurosciences cognitives peuvent être employées en économie, finance, marketing, droit et intelligence artificielle… » Article complet à lire sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Neurosciences

L’annexe 1 du présent dossier donne accès aux articles postés sur le site ISIAS : Pédagogie - Outils pédagogiques interactifs et applications des neurosciences.

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11.
Des faits porteurs d’espoirs en faveur de l’éducation dans le monde

Le Commissaire européen à l’Éducation, la Culture, la Jeunesse et aux Sports en la personne de Tibor Navracsics s’exprimait ainsi « La lutte contre les inégalités commence par l’éducation, c’est le défi que doit relever l’Europe. Les faibles niveaux de compétences de base sont le talon d’Achille de l’Europe. Doter tous les élèves des compétences fondamentales est la première étape dans la mise en place de sociétés plus justes ». Source 09/11/2017.

Lecture conseillée : Notre avenir européen commence par l’éducation et la culture – « Au moment où l’Europe construit son avenir, nous pouvons commencer et nous commencerons par la culture et l’éducation, moteurs pour la création d’emplois, la croissance économique, l’équité sociale… » - Par Jean-Claude Junckeret Tibor Navracsics

La coopération multilatérale en matière d’éducation est capitale aussi pour mettre en commun les moyens d’assurer des enseignements et des formations professionnelles aux jeunesses de pays en difficulté économique dont l’émigration vers des pays plus riches est trop souvent la seule perspective évidente qu’elles envisagent et/ou une simple tentative désespérée pour survivre.

[Voir Le Partenariat mondial pour l’éducation, c’est quoi ? ].

Dans cette voie, le Partenariat mondial pour l’éducation soutient plus de 65 pays en développement afin de garantir à chaque enfant une éducation de base de qualité, donnant la priorité aux plus pauvres, aux plus vulnérables et à ceux qui vivent dans les pays touchés par la fragilité et les conflits. C’est dans ce sens qu’ont été annoncées des perspectives basées sur l’éducation avec :

* la Déclaration conjointe à Paris d’Emmanuel Macron avec M. Macky Sall, Président de la République du Sénégal. – Vidéo envoyée par la Présidence de la République à Dailymotion - Rubrique : International, développement et francophonie - Publié le 12 Juin 2017.

* la Conférence de presse d’Emmanuel Macron et de Macky Sall au Sénégal - Dernière modification de la vidéo le 02/02/2018 – « Le but est de lever 3,1 milliards de dollars d’ici à 2020 pour aider plus de 60 pays en développement à financer leurs programmes d’éducation afin de réduire, malgré le poids de la démographie, le nombre d’enfants non scolarisés, qui est estimé à 264 millions ».

UNESCO Paris– Entretien de Jean-Yves Le Drian avec Mme Audrey Azoulay (Paris, 20 septembre 2018) - Le ministre français de l’Europe et des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’est entretenu hier avec la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay. Cet échange a été l’occasion de réaffirmer le plein soutien de la France à l’UNESCO et à sa directrice générale, qui a su impulser, dès les premiers mois de son mandat, un nouvel élan à l’Organisation autour de ses principales missions, en particulier l’éducation et la culture. Par son action dans les secteurs prioritaires de l’éducation, de la prévention de la radicalisation et de la protection du patrimoine en péril, l’UNESCO concourt de façon significative à la réalisation de l’objectif de paix commun aux Nations unies. Le ministre a marqué notamment notre appui à deux initiatives importantes portées par la directrice générale :

  • le projet de transformation stratégique de l’UNESCO, visant à moderniser l’Organisation, à rendre son action plus efficace et à lui redonner la place essentielle qui doit être la sienne au sein du système multilatéral ;
  • l’initiative « faire revivre l’esprit de Mossoul », qui s’inscrit dans le projet de reconstruction de l’Irak, et qui est centrée sur la reconstruction de Mossoul dans les domaines culturels et éducatifs. Faire revivre l’esprit de Mossoul  :
    « Mossoul est le symbole vivant de l’identité plurielle de l’Iraq. Depuis des siècles, elle est un carrefour des cultures au Moyen-Orient. Des villes sumériennes à Babylone, des murs de Ninive aux routes de la soie, la région a été un creuset de rencontres. Entre 2014 et 2017, cette histoire de paix, le véritable esprit de Mossoul, a été éclipsée par une autre histoire faite de haine et de violence ».

« La France accueille le siège de l’UNESCO. Elle est le quatrième contributeur au budget ordinaire de l’Organisation, avec 13,5 M€ par an, et a prévu d’augmenter sensiblement ses contributions volontaires dans les années à venir, notamment pour soutenir des projets en lien avec l’éducation des filles et des femmes ».

Dans une tribune publiée le 23 juillet 2016 dans le ’Huffington Post’, Audrey Azoulay déclara que « La culture est le fondement de la fraternité qui est elle-même la seule réponse de long terme à la violence » -

Lectures suggérées : La culture empêche-t-elle la violence ? Ecrit par Carlos Gravito 26-01-2009, et l’ouvrage Le côté du café des phares -Pratique du débat philosophique – De
Carlos Gravito - Préface de Christian Godin - Ouverture Philosophique - « Les cafés-philo sont des microcosmes de la république. On n’y participe pas pour subir un examen ni pour apprendre, mais pour tenter, avec d’autres bonnes volontés, d’arracher le maximum de sens aux absurdités et aux brutalités du monde. N’est-ce pas là, après tout, la définition même de l’activité philosophique ? Christian Godin ».

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Annexe 1 – Pédagogie - Outils pédagogiques interactifs et applications des neurosciences

Articles postés sur le site ISIAS :

’Arrivée des ‘MOOC’ et des outils pédagogiques interactifs. Usages et risques sanitaires, sociaux, écologiques et psychologiques’, par Jacques Hallard, dimanche 4 octobre 2015 - français

’Les MOOC se mettent en place mais les risques qui les accompagnent doivent être pris en compte’ par Jacques Hallard, samedi 17 octobre 2015 - français

’La santé des jeunes est menacée par les ondes’ par Jacques Hallard, samedi 9 juillet 2016 - français

’(Re) découvrir les différentes méthodes pédagogiques applicables dans l’enseignement et la formation ainsi que l’évaluation de l’enseignement et des élèves’ par Jacques Hallard, jeudi 24 août 2017 par Hallard Jacques - français

’Faut-il se réjouir, s’inquiéter ou se moquer des MOOC qui se répandent dans l’enseignement et les formations ?’ par Jacques Hallard, lundi 18 décembre 2017 - français

’Les pratiques d’apprentissage à l’école … et ailleurs, à partir de l’observation du cerveau par les neurosciences, et à l’aide des technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE), des formations en ligne ouvertes à tous ou MOOC (de l’anglais ‘massive open online course’) et des ‘classes inversées’’ par Jacques Hallard, mardi 2 janvier 2018 - français

’Bien qu’encore controversés, les apports des neurosciences à la pédagogie sont pourtant féconds ’ par Jacques Hallard, lundi 22 janvier 2018 - français

’Le débat continue sur l’efficacité, l’utilité et la pertinence des applications des neurosciences à l’éducation’ par Jacques Hallard, jeudi 8 février 2018 - français

’Les pratiques d’apprentissage à l’école … et ailleurs, à partir de l’observation du cerveau par les neurosciences, et à l’aide des technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE), des formations en ligne ouvertes à tous ou MOOC (de l’anglais ‘massive open online course’) et des ‘classes inversées’’ par Jacques Hallard, mardi 2 janvier 2018 - français

’Regards sur la philosophie sociale de Martin Luther, précurseur de la laïcité ‘à la française’ et au service de l’éducation’ par Jacques Hallard, mercredi 4 octobre 2017 - français

’Faut-il se réjouir, s’inquiéter ou se moquer des MOOC qui se répandent dans l’enseignement et les formations ?’ par Jacques Hallard, lundi 18 décembre 2017 - français

’L’apprentissage procède par des acrobaties cérébrales. Lorsque les zones neurales changent plus facilement de partenaire de communication, l’apprentissage s’améliore ’ par Laura Sanders, vendredi 13 octobre 2017 - français

’Les méthodes d’enseignement passent du laboratoire à la classe. Les chercheurs testent des approches pour améliorer les apprentissages’ par Susan Gaidos, mercredi 4 octobre 2017 par Gaidos Susan - français

’L’éducation nationale est souvent critiquée sur son efficacité.’ par Jacques Hallard, dimanche 20 août 2017 - français

’Le débat continue sur l’efficacité, l’utilité et la pertinence des applications des neurosciences à l’éducation’ par Jacques Hallard, jeudi 8 février 2018 - français

’Rôle de l’éducation pour la formation aux notions d’intérêt général et de bien commun ’ par Jacques Hallard, mercredi 30 novembre 2016 - français

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Annexe 2 – Gouvernance – ‘MOOC Démocratie’ en pré-inscirption à partir du 12 septembre 2018

En résumé

Les défis environnementaux auxquels nous faisons face nécessitent une action à la fois ambitieuse et au long cours, mais notre système de gouvernance actuel permet-il de prendre de telles décisions ? Le changement de paradigme que la transition écologique appelle est-il compatible avec la forme actuelle de notre démocratie ?

L’intention de ce MOOC est de permettre aux citoyens d’approfondir leur connaissance de notre démocratie, ses réussites comme ses échecs, et de découvrir les nombreuses innovations qui existent aujourd’hui aux quatre coins du territoire.

Intitulé ’Quelle démocratie pour demain ?’ il se veut un espace d’échange et de partage indépendant de toute idéologie ou parti politique, qui ré-enchante le rapport des citoyens à l’organisation de la cité. Tout en étant critique face aux dérives de la mondialisation et à la perte d’ancrage local de certaines politiques, la formation souhaite également transmettre un message d’ouverture et de solidarité à l’heure où le repli sur soi est une tentation réelle.

Le programme

Partie 1 - La Démocratie en France d’aujourd’hui - Les institutions, la fabrique de la loi, les corps intermédiaires, la démocratie locale - Avec Joel Labbé, Marylise Leon, Joe Spiegel, Patrick Viveret

Partie 2 - Des initiatives pour inventer la démocratie de demain - Démocratie ouverte, communs, résistance non violente - Avec : Jean-François Caron, Paola Forteza, Les pas sans nous, la belle démocratie, l’université du citoyen, ANV COP21

Partie 3 - Et après ? Vote, civic tech, démocratie locale, communication non violente, community organizing - Avec : Pierre Rabhi, Nathalie Achard, Tristan Rechid, Cyril Dion

Les intervenants du MOOC : Armel Le Coz, Patrick Viveret, Cyril Dion, Marylise Léon, CFDT, Nathalie Achard, Mathieu Labonne, Jean Massiet, Joel Labbé, Aurélien Vernet, Cyril Lage, Charles Fournier, Mathilde Imer, Joe Spiegel, Laurent Marseault, Paola Forteza, Mohamed Mesmach, Pierre Rosanvallon

Source : https://colibris-universite.org/formation/quelle-democratie-pour-demain

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Annexe 3 - Magazines recommandés

Eduquer – Le conflit des modèles – ‘Autorité ou bienveillance ? Ecole publique ou privée ? Avec ou sans écrans ? – Sommaire : Éditorial : L’art d’éduquer, du biberon au saxophone...Jean-François Dortier - Éduquer, le conflit des modèles

Dossier coordonné par Héloïse Lhérété - Éduquer ? Mission impossible !Héloïse Lhérété - Que transmettre aujourd’hui ?Autorité et bienveillance, des valeurs en tensionHugo Albandea - École publique, un monopole contestéBéatrice Kammerer - Quatre formules à la loupe- Écrans, faire avec ou sans ?Catherine de Coppet - De l’éducation populaire à l’animation périscolaireLaurent Frajerman - Méthodes de lecture, la syllabique plus efficaceJérôme Deauvieau - Le retour en grâce du par cœurDiane Galbaud - Humanités classiques, une cause à défendreNicolas Journet - Apprendre un métierVincent Troger - Évaluer les élèves ? Oui, mais comment ?Pierre Merle - Norvège et Singapour, des écoles modèlesDenis Meuret - Où va l’école américaine ?Michael Behrent - Numéro spécial ‘Sciences Humaines’ N° 307 Octobre 2018. Retour au début du sommaire

Pédagogie et neurosciences, les limites et les réussites – «  Les sciences cognitives à l’épreuve des classes. Les sciences cognitives apportent une description de plus en plus détaillée des mécanismes de l’apprentissage et des troubles qui leur sont associés, comme la dyslexie, la dyscalculie et la dyspraxie. Les expériences menées en laboratoire et les compilations d’études scientifiques ont ainsi permis de valider plusieurs hypothèses sur la meilleure façon d’apprendre à lire, à mémoriser, à compter ou à raisonner. Mais les effets bénéfiques de ces pratiques s’estompent dès lors qu’on les teste en classe. Pour réussir ce passage à l’échelle, la formation des enseignants aux résultats de la recherche et à la méthode expérimentale pourrait être un levier crucial » - Magazine ‘La recherche’ mensuel N°539 daté septembre 2018

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Annexe 4 – Annonce de Karuna Shechen - Bâtir un monde plus altruiste pour tous les enfants

« Chaque année, dans les villages du nord de l’Inde, du Népal et du Tibet oriental, vos dons offrent à des milliers d’enfants un accès à une éducation de qualité, respectueuse de leur héritage culturel unique. « Nos actions permettent de réduire les taux de décrochage scolaire, des petites filles notamment, et de donner aux enfants de ces régions, parmi les plus isolées et appauvries de la planète, la chance de se bâtir l’avenir auquel ils aspirent. » Matthieu Ricard, co-fondateur de Karuna-Shechen. Photos. Fondée en 2000 par Matthieu Ricard, Karuna-Shechen met en oeuvre des projets humanitaires pour les populations défavorisées d’Inde, du Népal et du Tibet… Photo : Matthieu Ricard au Népal, en 2017.

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Annexe 5 –
Frédéric Lenoir et son approche philosophique dans l’éducation au vivre ensemble

Frédéric Lenoir, né le 3 juin 1962 à Madagascar, est philosophe, sociologue, conférencier, écrivain français, et docteur de l’École des hautes études en sciences sociales. Photo : Frédéric Lenoir en 2013. « Auteur d’une cinquantaine d’ouvrages, il écrit aussi pour le théâtre et la télévision. Selon un classement de l’institut GfK en 2016, il est l’intellectuel français qui a vendu le plus de livres au cours des cinq dernières années1. Il a publié plusieurs ouvrages de sociologie et d’histoire des religions2. Il fait aussi partie d’un groupe d’auteurs très médiatiques qui, depuis les années 2010, se sont spécialisés dans la production d’ouvrages traitant du bonheur, du bien-être, de la spiritualité, secteur particulièrement porteur dans le monde de l’édition3. Il publie également des romans traduits dans une vingtaine de langues, des livres sur les crises du monde qui appellent à une responsabilité individuelle et collective4 et des essais qui popularisent la philosophie auprès d’un large public5. Depuis 2015, il contribue activement au développement des nouvelles pratiques philosophiques avec les enfants et a co-créé en 2016 la Fondation SEVE (sous égide de la Fondation de France)6. Il est aussi engagé depuis le début des années 90 pour la protection de l’environnement et a fondé, en 2017, l’association Ensemble pour les animaux7… »

Voir : Frédéric LenoirPhoto de Frédéric Lenoir / ’Savoir être et vivre ensemble’ : les conférences de Frédéric Lenoir.

Une action pédagogique relayée par la Fondation SEVE « En moins de deux ans, près de 3.000 animateurs dans 5 pays ont été formés ». « Rentrée 2018 - Nous avons vécu fin juin 2018, à Lyon, le séminaire annuel de la Fondation SEVE qui nous a permis de faire un premier bilan des activités de notre jeune association dédiée aux ateliers philo et à la pratique de l’attention avec les enfants. En moins de deux ans, près de 3.000 animateurs dans cinq pays ont été formés. Nous déployons, en parallèle, nos efforts afin de mettre en lien les animateurs qui ne sont pas enseignants avec des établissements scolaires ou des collectivités locales souhaitant développer le savoir-être et le vivre ensemble à travers ces ateliers. De nombreux autres parcours SEVE vont démarrer à partir de la rentrée en France, en Suisse, en Belgique, au Canada et au Luxembourg ».

Si vous êtes intéressé(e), vous pouvez retrouver toutes les informations concernant le parcours SEVE sur notre site et vous inscrire en ligne (merci de vous inscrire le plus tôt possible afin que nous puissions vous recevoir dans les meilleures conditions). Informations et inscription - Photo. Source : https://www.fredericlenoir.com/seve-rentree-2018/

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Annexe 6
- Qu’est-ce qu’ ‘Erasmus +’ ? Unprogramme pour l’éducation et la formation

Le nouveau programme est composé de trois piliers principaux : l’éducation et la formation, la jeunesse et le sport.

Sur l’enveloppe totale : 77,5% seront alloués au secteur de l’éducation et de la formation - 3,5% au mécanisme de garantie de prêts - le secteur de la jeunesse bénéficiera de 10% - le sport de 1,8%.

Le programme ‘Erasmus +’

En favorisant les projets de mobilité et de coopération en Europe, le programme Erasmus +, résolument inscrit dans la Stratégie Europe 2020, doit permettre de renforcer les compétences de tous pour une meilleure employabilité, de soutenir l’innovation au sein établissements et organismes d’éducation et de formation et leur internationalisation, de promouvoir une utilisation transparente et cohérente au niveau européen des outils de reconnaissance et de validation compétences, de favoriser la coopération entre pays européens et non-européens.

Pour ce faire, le programme ‘Erasmus +’ se décline en 3 actions, dites ’actions clés’ :

Action clé 1 - La mobilité à des fins d’apprentissage

Les mobilités d’études et professionnelles au sein de l’Europe sont renforcées, à tous les âges de la vie et pour tous les niveaux de formation. Certaines de ces mobilités pourront s’effectuer depuis et vers les pays partenaires (pays hors Europe) pour l’enseignement supérieur et le secteur jeunesse.

Sont concernés :

  • les membres des équipes éducatives et les personnels (scolaire, enseignement supérieur, éducation adultes, formation professionnelle) : pour période de formation et missions d’enseignement.
  • les étudiants : pour période d’étude ou de stage en entreprise
  • les jeunes en formation professionnelle : pour stages en entreprise
  • les jeunes hors du système éducatif : pour actions de volontariat (individuel ou en groupe)
  • professionnels et décideurs du secteur de la Jeunesse
    Les Masters conjoints s’intègrent également dans cette action-clé.

Action clé 2 - Coopération pour l’innovation et l’échange de bonnes pratiques

Les projets de coopération internationale et le partage d’expériences entre institutions sont renforcés. Tous les secteurs sont concernés : l’enseignement scolaire, supérieur, la formation professionnelle, l’éducation adultes et le secteur jeunesse.

Quatre types de partenariats sont proposés :

Les projets de coopération soutiennent la mise en place, le développement ou le transfert de pratiques innovantes en s’appuyant sur des coopérations entre acteurs de l’éducation et de la formation, de la société civile, ou issus des secteurs socio-économiques. Pour un impact plus important, activités de mobilité et actions de coopération peuvent se compléter au sein du projet.

Les alliances de la connaissance sont des partenariats de grande envergure entre des établissements d’enseignement supérieur et des entreprises. Ce rapprochement avec le monde de l’entreprise doit permettre de moderniser les établissements en générant encore plus d’innovation, de créativité et en adaptant les qualifications aux évolutions de l’emploi.

Les alliances sectorielles permettent des coopérations entre les établissements de formation professionnelle et les entreprises : création de nouvelles filières, modernisation des pratiques de formation, innovation sociale, etc.

La coopération internationale avec les pays hors Europe est renforcée et a pour but la modernisation des établissements d’enseignement supérieur, la réforme des modes de gouvernance et des programmes d’enseignement, le renforcement des liens entre l’enseignement supérieur et la société, etc. Sont concernés : les pays du voisinage européen, la Russie, les pays d’Amérique latine, d’Asie et de la zone Afrique-Caraïbes-Pacifique.

Les plateformes informatiques (dont l’initiative e-twinning pour le jumelage électronique) renforcent le travail en réseau.

Action clé 3 - Soutien à la réforme politique

La réforme politique a pour but de renforcer les outils et instruments mis en place pour faciliter la mobilité en Europe ainsi que la coordination Etats membres de l’Union dans les domaines de l’éducation, de la formation et de la jeunesse.

Deux actions spécifiques, l’initiative Jean Monnet qui favorise l’enseignement, la recherche et le débat sur l’histoire, la politique, l’économie, le droit, etc, de l’Union européenne et la coopération dans le domaine du sport complètent ce nouveau programme.

Les porteurs de projets peuvent aussi consulter la plateforme Pénélope + afin de disposer d’informations complémentaires.

A noter : 

Un appel à propositions spécifique Erasmus + ’Inclusion sociale à travers l’éducation, la formation et la jeunesse’ a été publié. Les projets de coopération devront s’inscrire dans l’un des deux objectifs suivants :

  • prévenir toute radicalisation violente et promouvoir les valeurs démocratiques, les droits fondamentaux, la compréhension interculturelle et la citoyenneté active ;
  • encourager l’inclusion des apprenants défavorisés, notamment des personnes issues de l’immigration, tout en prévenant et en combattant les pratiques discriminatoires.
    En savoir plus sur l’appel à propositions

Les pays éligibles : le Programme Erasmus + est ouvert aux pays suivants :

Les pays participant au programme : Les pays membres de l’Union européenne - Islande, Liechtenstein, Norvège, Turquie, Ancienne République Yougoslave de Macédoine

Concernant les projets de mobilité, seuls les organismes d’un pays participant au programme peuvent être candidats à l’action-clé 1 Mobilités. De même seuls les organismes d’un pays du programme Erasmus + peuvent accueillir une mobilité dans le cadre de cette action.

Les pays partenaires : 

Les pays du voisinage européen à l’Est (Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie, Moldavie, Ukraine) et au Sud (Algérie, Maroc, Tunisie, Lybie, Egypte, Palestine, Jordanie, Israël, Liban, Syrie), les Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie Herzégovine, Kosovo, Monténégro, Serbie), la Russie

Les pays du monde entier : Amérique, Asie, zone Afrique - Caraïbes - Pacifique

Les organismes des pays partenaires peuvent prendre part à certaines actions du programme selon conditions spécifiques.

Dans le cas des projets de coopération, les organismes de pays partenaires peuvent être partenaires du projet mais ne peuvent pas être coordinateurs. Ils ne peuvent pas non plus accueillir de mobilités apprenantes dans le cadre de ces partenariats.

Plus d’informations

Toutes les informations, par secteur, sont disponibles :

Erasmus + : enseignement supérieur

Erasmus + : enseignement scolaire

Erasmus + : formation professionnelle

Erasmus + : éducation adultes

Erasmus + : jeunesse

Source : http://www.agence-erasmus.fr/page/erasmus-plus-education-et-formation

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Remerciements - Mille mercis pour leurs conseils, documents et photos à : Marie-Anne Hickel, Andrée Krucker-Baudouin, Jean-Georges Kuhn, Guy Mauerhan, Liliane Paulus (Lily) et Michel Salenson...

En considération de nos échanges familiaux, répétés et fructueux, notamment sur l’éducation et l’enseignement, avec Christiane Hallard-Lauffenburger, ex institutrice de l’enseignement primaire et spécialisé, Michel Maleplate, Professeur des Sciences de la Vie et de la Terre au Collège Diderot de Sorgues Vaucluse 84, [ Voir son site pédagogique ], et à Frédérique Maleplate-Hallard, Professeure des écoles, spécialisée dans les écoles maternelles et les échanges professionnels dans le cadre européen à travers le Projet Comenius puis du Programme européen pour l’éducation et la formation ‘Erasmus+’

Quelques extraits d’informations sur ces échanges pédagogiques à titre d’exemples :

Présentation Actions Comenius / Avignon France Ecole Mistral Classes maternelles - vendredi 24 février 2012 - Projet Comenius : « l’Europe à travers les yeux des enfants » - Drapeau Europe. Frédérique Maleplate, enseignante à l’école maternelle Mistral participe à un projet Comenius en partenariat avec six écoles d’Europe. Elles sont situées respectivement, en Roumanie, en Grèce, Pologne, en Bulgarie, en Turquie et en Lituanie. Ce projet a été conçu pour faire découvrir le concept de l’Europe aux enfants. Son enjeu principal est de favoriser la prise de conscience de l’importance de la diversité culturelle et linguistique en Europe, ainsi que la nécessité de lutter contre le racisme, les préjugés et la xénophobie. Afin d’avoir un aperçu du travail déjà réalisé >>> http://www.avignon-1.ien.84.ac-aix-marseille.fr/spip/spip.php?article211

Fête de l’Europe - École maternelle Frédéric Mistral à Avignon - 7 juin 2012

L’Europe vue à travers les yeux des enfants

« Le projet intitulé ’L’Europe vue à travers les yeux des enfants’ s’est proposé de décrire, par les idées des petits enfants, à travers leurs yeux innocents, une Europe qui est la maison de tous les enfants, une Europe unie, prospère. Le projet s’est proposé aussi de répondre aux idées, intérêts des enfants pour l’Europe et par ses activités a offert aux enfants la possibilité de valoriser leurs talents, leurs dispositions naturelles, et aussi leurs prédispositions, qui, on le sait, doivent être valorisées et développées pour ne pas disparaître. Elèves ou enseignants, nous sommes tous des citoyens européens, nous partageons des valeurs et des espoirs communs. Nous avons parfois des frontières communes. Cependant, nous sommes tous très différents, chaque pays ayant sa propre histoire, sa géographie, sa culture et ses traditions. Nous nous avons souhaité apprendre à nous connaître, et nous enrichir de nos différences, donc : ’tous différents, tous européens’. Nous avons voulu faire connaître à nos étudiants et élèves, que, nous tous ensemble, sommes les citoyens actifs de l’Europe. Grâce à leurs enseignants, ce projet a réuni des pensées, des idées et des œuvres d’enfants d’écoles maternelles et élémentaires de sept écoles de sept pays : Roumanie, France, Grèce, Pologne, Bulgarie, Turquie et Lituanie. Les productions finales de ce projet sont : un site Web qui fournira des informations sur notre projet (objectifs, l’impact, activités, etc.), des présentations PPT, un blog tout au long du projet, des marionnettes (poupées) en costumes nationaux de chaque pays, un calendrier, des puzzles électroniques, des albums photo, CD, DVD, affiches, des dépliants et un livre intitulé ’A travers l’Europe’ ». Tous les détails sont ici : http://www.europeansharedtreasure.eu/detail.php?id_project_base=2011-1-RO1-COM06-14692

La 6ème réunion des partenaires du projet Comenius - Ensemble pour les mille mille - (18-22.05.2015) - © SP 113 • 2015. Photo : cours de l’école Mistral en Avignon. Article du journal local avec photo des participants-es

Les 18 et 22 mai 2015 a eu lieu l’avant-dernière réunion des partenaires du projet Comenius (Erasmus plus) ’Ensemble pour la Terre du IIIème Millénaire’. Des représentants de six écoles de Roumanie, d’Espagne, de Bulgarie, de Grèce, de Turquie, de Pologne et de France ont visité le jardin d’enfants (classes maternelles) français Frédéric Mistral à Avignon France. Source : https://translate.google.fr/translate?hl=fr&sl=pl&u=http://arch.sp113.wroc.pl/imprezy/wymiana/francja_15/francja_15.htm&prev=search

Exemple d’action ‘Erasmus+’ - Βασική Δράση 2 (ΚΑ2) Photo.


Συνεργασία για την καινοτομία και την ανταλλαγή καλών πρακτικών
Στρατηγικές Συμπράξεις αποκλειστικά μεταξύ σχολείων (School to school) - Τομέας Σχολικής Εκπαίδευσης - Κωδικοσ σχεδιου : 2017 -1-fr01-ka219-037124_3

Τιτλοσ του εργου : (Όλοι διαφορετικοί ... και λοιπόν ; Παιδαγωγικές πρακτικές για ένα σχολείο επιτυχίας για όλους)

Coopération en matière d’innovation et d’échange de bonnes pratiques pédagogiques
Partenariats stratégiques entre écoles (d’école à école) - Secteur de l’éducation scolaire - Code du projet : 2017 -1-fr01-ka219-037124_3
Titre du projet :

« Tous différents … et alors ? Pratiques pédagogiques pour une école de la réussite pour tous »

Απευθύνεται σε : μαθητές από 3 έως 11 ετών. Διάρκεια του έργου : δύο έτη (από 01/09/2017 έως 31/08/2019) - Γλώσσα του έργου : τα Γαλλικά

Il vise : les élèves de 3 à 11 ans. Durée du projet : deux ans (du 01/09/2017 au 31/08/2019) - Langue du projet : français.

Source : http://www.ekppanou.gr/lykeio/nea-anakoinoseis/2327-erasmus-vasiki-drasi-2-ka2

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Auteur : Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 05/10/2018

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

http://www.isias.lautre.net/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIAS Histoire Pédagogie Rôle des passeurs d’idées, pensées et savoirs émis depuis les sources de la Renaissance et des Lumières en Europe.2

Mis en ligne par Pascal Paquin de Yonne Lautre, un site d’information, associatif et solidaire(Vie du site & Liens), un site inter-associatif, coopératif, gratuit, sans publicité, indépendant de tout parti,

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Portfolio


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