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"Chambon-sur-Lignon, terre de résistance des Justes protestants des Cévennes et territoire d’accueil de réfugiés juifs et de grands penseurs du 20ème siècle" par Jacques Hallard

dimanche 8 juillet 2018, par Hallard Jacques


ISIAS Histoire Résistance
Chambon-sur-Lignon, terre de résistance des Justes protestants des Cévennes et territoire d’accueil de réfugiés juifs et de grands penseurs du 20ème siècle
Retour sur d’autres exemples d’enfants victimes de guerre (dont Simone Veil), sur la tentation du repli sur soi face à l’afflux de personnes déplacées, réfugiées et migrants, dont des jeunes, avec quelques prises de positions et d’accords sur les politiques migratoire conduites en Europe et en Amérique.
Jacques HALLARD, Ing. CNAM – Site ISIAS – 07/07/2018

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Le Chambon-sur-Lignon, « terre d’accueil et de sauvetage pour un grand nombre de victimes de la guerre, est le symbole de l’opposition des protestants vis-à-vis du nazisme et de l’antisémitisme » © Collection particulière - Sous-titres des paragraphes : Village d’asile depuis des siècles - Le plus grand sauvetage de Juifs en France sous l’Occupation - Quelques noms parmi les plus célèbres - Faux papiers et passages de frontière - Raflés et rescapés… Tous les détails avec la bibliographie sont accessibles à cette source : https://www.museeprotestant.org/notice/chambon-sur-lignon/

Avant-propos

Ce présent dossier, constitué bénévolement à des fins pédagogiques, a été inspiré à la fois par une émission de France Culture, dans le cadre de la série Talmudiquespar Marc-Alain Ouaknin diffusée sous le titre ’Vous, les Justes de France qui nous donnez des raisons d’espérer ! ’, d’une part, et par l’hommage de la nation française rendu le dimanche 1er juillet 2018 à Simone Veil, 5ème femme à entrer au Panthéon à Paris (photo), avec son mari Antoine Veil, d’autre-part.

Plan du dosssier  : Introduction Sommaire Auteur



Introduction

En début de sommaire et comme entrée en matière, une vidéo présente trois formes de résistances manifestées lors de la Seconde Guerre mondiale : résistance armée (maquis, parachutages), résistance civile (enfants juifs et résistants cachés) et résistance spirituelle (protestants et catholiques du Plateau du Chambon-sur-Lignon). Ces épopées du 20ème siècle se sont déroulées sur un territoire située dans le département de la Haute-Loire en région Auvergne-Rhône-Alpes, dans le centre-est de la France.

Au risque d’une certaine redondance, nous avons pris le parti de faire figurer plusieurs documents, écrits et/ou sonores, mais rapportant tous avec la sensibilité propre des auteurs, des évènements qui sont relatés successivement par la municipalité de Chambon-sur-Lignon, par un journaliste de la chaîne britannique BBC (British Broadcasting Corporation), par Wikipédia, par le Musée virtuel du Protestantisme , ainsi que ; par diverses expressions de la culture juive, dont celle qui émane de cette organisation : Le comité Français pour Yad Vashem

Une occasion de plus pour rappeler l’antisémitisme, (« une discrimination et une hostilité manifestées à l’encontre des Juifs en tant que groupe ethnique, religieux ou racial) sous la plume de ‘La Toupie’, dont l’en-tête à lui seul cadre bien le sujet : « Alarme, citoyens ! Formez vos convictions !  ». Par ailleurs, il est bien évidemment question ici des ‘Justes de France’ ; selon Wikipédia, « Juste parmi les nations » (en hébreu : חסיד אומות העולם, Hasid Ummot Ha-’Olam, littéralement « généreux des nations du monde ») est une expression du judaïsme tirée du Talmud (traité Baba Batra, 15 b). En 1953, la Knesset, en même temps qu’elle créait le mémorial de Yad Vashem à Jérusalem consacré aux victimes de la Shoah, décida d’honorer « les Justes parmi les nations qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs ». Le titre de Juste est décerné au nom de l’État d’Israël par le mémorial de Yad Vashem. Au 1er janvier 2016, 25 271 Justes parmi les nations de 46 pays ont été honorés ; la Pologne, les Pays-Bas et la France sont les pays dont les citoyens ont été le plus médaillés. En tout, les Justes ont sauvé des centaines de milliers de personnes. Il s’agit actuellement de la plus haute distinction honorifique délivrée par l’État d’Israël à des civils… » Article à lire sur le site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Juste_parmi_les_nations

Une opportunité également pour se remémorer le rôle joué au cours de l‘histoire dans ce territoire cévenol, aux confins de l’Auvergne, par des habitants de culture protestante, dans le sillage de Martin Luther que nous avons abordé par ailleurs (voir ’Regards sur la philosophie sociale de Martin Luther, précurseur de la laïcité ‘à la française’ et au service de l’éducation’ par Jacques Hallard, site ISIAS, mercredi 4 octobre 2017, ainsi que les enseignements et la pédagogie typique de luthériens selon la philosophie sociale de Martin Luther, exercés dans des villes et villages d’Alsace (Strasbourg, Barr, Gerstheim, Waldersbach), au Siècle des Lumières et jusqu’à nos jours ; voir Conférence de Jacques Hallard à l’Association Franco-allemande dimanche 11 février 2018 à 16h30 à la ‘Salle Municipale Mérindol’ 84000 AVIGNON ISIAS Histoire Pédagogie, mardi 9 janvier 2018.

Est relatée à la suite dans le sommaire, la contribution de l’invitée à France Culture dans le cadre de l’émission ‘Talmudique’, Nathalie Heinrich, qui est notamment Directrice de Recherche au CNRS et membre du Centre de recherches sur les arts et le langage à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales ; sa remarquable contribution lui a permis en outre de dresser et de faire ressortir une liste étonnante de « personnages, écrivains et penseurs, qui ont marqué le 20ème siècle et qui sont tous passés, à un moment de leur vie, par la plateau de Chambon-sur-Lignon : Albert Camus, Jules Isaac, Francis Ponge, André Chouraqui, Georges Vajda, Jacob Gordin, Raymond Aron, Charles Gide, Paul Ricoeur, Gilbert Simondon, Léon Poliakov, Pierre Vidal-Naquet, Louis comte, Georges Canguilhem, Alexandre Grothendieck, Georges Levitte, et Marcel Pagnol ». Quelle riche Histoire de ce lieu à travers tous ces personnages !

Puis sont intercalés quelques documents (dont des extraits sonores d’actualités), à haute portée symbolique, et qui concernent Simone Veil, inhumée au Panthéon le dimanche 1er juillet 2018 avec son mari Antoine Veil. Voir la Liste des personnes inhumées au Panthéon de Paris.

En plus du plateau de Chambon-sur-Lignon, trois autres territoires et lieux de mémoire ayant impliqué des enfants juifs lors de la Seconde Guerre mondiale, ont été retenus en faisant appel à des vidéos : Izieu dans le département de l’Ain, en Région Auvergne-Rhône-Alpes, Moissac dans le département du Tarn-et-Garonne en Région Occitanie, et Irodouër dans le département d’Ille-et-Vilaine en Région Bretagne.

La survie d’enfants et d’adolescents impliqués dans des guerres est hélas toujours d’actualité. Encore sous-jacente est la question des réfugiés, des migrants, des personnes déplacées, des demandeurs d’asile, des sans-papiers, des clandestins et des exilés, sujet qui implique aussi des enfants et des adolescents et qui fait l’objet d’une définition de ces divers termes, indiqués en annexe.


Ces migrations contemporaines de grande ampleur ou mouvements de personnes en détresse de tous âges ont induit aux Etats-Unis et en Europe en général, des attitudes de rejet et de repli, qui ont été bien analysées dans l’ouvrage de Philippe Moreau-Desforges, intitulé « La Tentation du repli - Mondialisation – Démondialisation ». A ce sujet, une mise en garde signée par un mouvement multiforme, de tendance plutôt catholique, rapportée dans le sommaire qui suit, a par ailleurs pour titre : « Ne cédons pas à la tentative du repli sur soi ». C’est un sujet sur lequel le Pape François s’est d’ailleurs souvent exprimé : voir « Le pape et les migrants, le malentendu  : sept questions-réponses » (‘La Croix’, Samuel Lieven et Nicolas Senèze (à Rome), le 12/01/2018) et « Editorial François, pape des migrants ?  » (éditorial de Vincent Geisser(‘Cairn.info’ Migrations Société 2017/1- N° 167).

Ce brûlant sujet des migrants, en particulier des plus jeunes personnes concernées, est abordé dans le sommaire de ce dossier avec des informations émanant notamment duNiger : voir aussi « Le Niger, sous-traitant de la politique migratoire » ; (Depuis 2016, Niamey a divisé par cinq le flux des candidats au départ vers l’Europe). Aux Etats-Unis, ce qui a fait un énorme problème récemment est la séparation d’enfants de leurs parents parmi des familles de migrants et leur enfermement dans des cages métalliques !

Puis sont relatées quelques nouvelles de France : l’exemple d’une pédagogie d’urgence délivrée pour des enfants en détresse à Ivry en banlieue parisienne, et le reportage sur « les enfants perdus de Barbès à Paris », la plupart originaires du Maroc.

La politique migratoire fait l’objet de vifs débats partout en Europe (voir Crise migratoire en Europe)  : Benoît Hamon n’a pas hésité récemment à pendre les Français à partie contre Macron en lâchant ’N’avez-vous pas honte ?’, tandis que selon Florent Boudié (député LRM) « le gouvernement français veut rompre avec les vaines promesses antérieures pour régler dignement la rétention des étrangers les plus vulnérables » ; voir son article intitulé « La France a un sérieux problème avec la rétention des enfants étrangers » (‘Le Monde’, Débats et Analyses, mercredi 27 juin 2018 page 25 ; accès conditionnel réservé aux abonnés).

L’Allemagne est particulièrement secouée politiquement depuis 2015 par les migrations sur son territoire et tandis que la chancelière, Angela Merkel , annonçait des accords bilatéraux sur les migrants et les réfugiés avec 14 Etats membres de l’Union Européenne (01/07/2018), on apprend qu’ « après une nuit de négociations, les Vingt-Huit s’entendent pour créer des centres de migrants sur une base volontaire » : voir l’article « Un accord pour calmer la crise politique  »

Finalement, il est apparu utile de reproduire en annexe les travaux très détaillés du Conseil des droits de l’homme des Nations unies qui a examiné mercredi 20 juin 2018 les rapports émanant de nombreux pays de la Planète sur l‘état des violences à l’égard des femmes et sur les ‘droits de l’homme’ [voir aussi Remplaçons « droits de l’homme » par « droits humains » ! - Libération , 13 juillet 2015] - concernant spécialement les migrants.

Dernière minute : annonce du décès du décès de Claude Lanzmann , réalisateur du film « Shoah » [vor aussi La Shoah - Aux origines du génocide - Herodote.net ], « marqué par le souvenir du génocide juif », [se reporter à l’article Le génocide des juifs - histoire - 3ème - YouTube ], « faisant de lui une figure du travail de mémoire en général ».

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Sommaire

1. Le Chambon sur Lignon : les trois résistances - Vidéo 13:53 ajoutée le 13 septembre 2016

2. Introduction par la Mairie de l’histoire de Chambon sur Lignon

3. Le Chambon : Village saved thousands of WWII Jews - Robert Hall reports from Le Chambon. 11 June 2013

4. Découvrir Chambon-sur-Lignon avec des extraits d’un article Wikipédia

5. Le Chambon-sur-Lignon en 1939-1945 - Informations extraites d’un document ‘Musée du Protestantisme’

6. Le Chambon-sur-Lignon - Les Justes protestants des Cévennes – Document Mémoire juive et éducation’

7. Le Chambon-sur-Lignon, village d’asile depuis des siècles – Contribution du Musée virtuel du Protestantisme

8. Le Chambon-sur-Lignon dans l’ombre d’Agnès Par Sarah Finger, Envoyée spéciale en Haute-Loire

9. Village de Justes, le Chambon-sur-Lignon ouvre un musée du souvenir Par Jean-Philippe Ksiazek AFP – 23/05/2013 – Document Le comité Français pour Yad Vashem

10. Encyclopédie multimédia de la Shoah - Le Chambon-sur-Lignon – Document ‘ United States Holocaust Memorial Museum’

11. PDF - 3000 juifs sauvés dans la montagne cévenole - Document ‘akadem.org’

12. ’ Vous les Justes de France qui nous donnez des raisons d’espérer ! ’ – Document sonore 32 minutes France Inter dans Talmudiquespar Marc-Alain Ouaknin, 01/07/2018

13. LA PATRIE RECONNAISSANTE - Au terme d’une cérémonie touchante, juste et hautement symbolique, Simone Veil est entrée au Panthéon avec son mari dimanche 1er juillet 2018…

14. Simone Veil au Panthéon : Revivez la poignante minute de silence au son du camp de Birkenau-Auschwitz après le discours de Macron Par Alexis Annaix 01/07/2018 - Documents ‘Huffpost’ 

15. Introduction et sommaire de l’article que Wikipédia consacre à Simone Veil

16. Simone Veil est encore un peu plus entrée dans le patrimoine français depuis sa mort – Document sonore et textes de ‘Huffpost’

17. Les enfants pendant la Secconde guerre mondiale – D’autres lieux de résistance et de mémoire – Sélection de 3 vidéos

A. Izieu, une mémoire en résistance Par classepam - Ajoutée le 14 sept. 2016

B. La Maison des enfants juifs de Moissac 1939-1943 - Par jchaimk Vidéo 10:17 ajoutée le 11 janvier 2017

C. Prologue ’Les enfants cachés de la guerre’ Par Joseph Morana Vidéo 2:26 ajoutée le 7 mai 2017

18. « La Tentation du repli - Mondialisation, démondialisation (XVe-XXIe siècles) » 21 mars 2018 – Annonce de l’ouvrage de Philippe Moreau Defarges

19. Afrique - Au Niger aussi, la question des migrants fait débat - Par AFP @GeopolisAfrique Publié le 27/06/2018

20. Etats-Unis - Des enfants ’dans des enclos grillagés’ : la politique migratoire de Trump fait polémique -RTBF avec AFP - Publié le 19 juin 2018

21. France - A Ivry, une pédagogie d’urgence pour les enfants de l’exil - Par Dominique Perrin Publié par ‘M le magazine du Monde’ le 08.06.2018

22. France - Politique migratoire - Benoît Hamon prend les Français à partie contre Macron : ’N’avez-vous pas honte ?’ - 01/07/2018

23. Europe – Migrants : Merkel annonce des accords bilatéraux avec 14 Etats membres de l’UE (sur les migrants et les réfugiés) Par Le Figaro.fr avec Reuters - Mis à jour le 01/07/2018

Annexe - Quelques définitions sur les réfugiés, les migrants, les personnes déplacées, des demandeurs d’asile, les sans-papiers, les clandestins et les exilés.

Annexe : Le Conseil des droits de l’homme examine les rapports sur la violence à l’égard des femmes et sur les droits de l’homme des migrants - Par Freddy Mulongo, mercredi 20 juin 2018 Radio Réveil FM International 

Addenda – Hommage à Claude Lanzmann

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1.
Le Chambon sur Lignon : les trois résistances - Vidéo 13:53 ajoutée le 13 septembre 2016 - Par classepamEcouter à la source.

L’histoire du plateau du Chambon sur Lignon, en particulier celle de ses trois résistances : résistance armée (maquis, parachutages), résistance civile (enfants juifs et résistants cachés) et résistance spirituelle (protestants et catholiques du Plateau du Chambon sur Lignon).

Catégorie Éducation - Licence YouTube standard - Source : https://www.youtube.com/watch?v=ROLrWJZNpaE

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2.
Introduction par la Mairie de l’histoire de Chambon sur Lignon

L’histoire du village est marquée par un esprit de résistance qui trouve ses racines au 17ème siècle. Lorsque le culte réformé est interdit, les habitants vont maintenir un culte clandestin au Désert. Bien des années plus tard c’est cet ’ esprit de résistance ’ qui favorisera l’engagement des habitants pour accueillir des réfugiés et sauver de nombreux enfants juifs, pendant la Seconde guerre mondiale.

Le Chambon et la Montagne protestante

Dès 1530, la Réforme s’implante dans la paroisse depuis l’Ardèche. En 1598, l’Edit de Nantes autorise deux lieux de culte dans le Velay, au Chambon et sur la paroisse de Saint-Voy où des temples sont bâtis. À partir des années 1670, les Protestants subissent les dragonnades avant que les temples ne soient détruits et le culte interdit. La foi protestante se maintient grâce aux pasteurs clandestins qui continuent à célébrer des cultes « au Désert » malgré la répression.

Le XIXe siècle permet à la religion protestante de s’afficher à nouveau comme le montre la construction d’un temple au cœur du village. C’est aussi la période où un renouveau religieux s’exprime dans des mouvements dit du Réveil. Vers 1820 quelques paroissiens adhérent à ’l’Église libre’ dont le centre est au Riou au Mazet-Saint-Voy. Dans les années 1840, le mouvement darbyste se développe. L’Armée du Salut crée aussi une ’citadelle’ importante au Chambon à la fin du XIX siècle.

Le Chambon, une terre d’accueil et de refuge

À la même époque, l’Œuvre des Enfants à la Montagne permet aux enfants des grandes villes industrielles de profiter d’un séjour au bon air. En 1902, une ligne de chemin de fer relie le Chambon à Saint-Etienne via Dunières et par Saint-Agrève à la vallée du Rhône. Elle favorise l’essor touristique du village. Les premiers équipements touristiques sont en place. Homes d’enfants et hôtels accueillent des colonies de vacances et des estivants. C’est grâce à la conjonction de ces infrastructures et d’un esprit de liberté que se met en place l’accueil des réfugiés espagnols en 1939.

Après 1940, le Chambon et les villages alentours deviennent une véritable terre d’asile pour les réfugiés juifs majoritairement des enfants tandis que d’autres hameaux accueillent réfractaires au STO et maquisards. En 42, le Pasteur Trocmé fait lire un message à ses élèves du Collège Cévenol, véritable camouflet à la face de Vichy. La résistance civile s’organise partout dans les fermes et hameaux du plateau, tandis que se mettent en place des filières permettant aux réfugiés de passer en Suisse. Ce comportement exemplaire des habitants est un exemple exceptionnel en France et en Europe de résistance « avec les armes de l’esprit », organisée par toute une population.

Mairie du Chambon-sur-Lignon Espace des Droits de l’Homme 43400 Le Chambon-sur-Lignon - Tél. : 04 71 65 71 90 - Fax : 04 71 65 71 99 - chambon@ville-lechambonsurlignon.fr –

Source : https://www.ville-lechambonsurlignon.fr/chambon/histoire-2.html

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3.
Le Chambon : Village saved thousands of WWII Jews - Robert Hall reports from Le Chambon. 11 June 2013

« A small French village which saved thousands of Jewish people and refugees from the Nazis has opened a museum dedicated to its wartime secret. Le Chambon, high in the mountains near Lyon, had a tradition of sheltering refugees from persecution even before the war, and during the conflict it became a centre for those trying to escape ».

ECOUTER : Vidéo 02:42 en anglais et français – Source : https://www.bbc.com/news/av/world-europe-22851533/le-chambon-village-saved-thousands-of-wwii-jews

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4.
Découvrir Chambon-sur-Lignon avec des extraits d’un article Wikipédia

Chambon-sur-Lignon est une commune française située dans le département de la Haute-Loire en région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle s’est d’abord appelée Le Chambon puis Le Chambon-de-Tence avant de prendre son nom actuel en 1923.

Sommaire

Le Chambon-sur-Lignon est située dans les monts du Vivarais, à l’est du Velay, près de la limite administrative avec le département de l’Ardèche. Ce bourg marque le début des CévennesVoies de communication et transports : La commune est située à proximité de l’axe Le Puy-en-VelayValence.

Toponymie

  • 1893 : Le Chambon devient Le Chambon-de-Tence.
  • 1923 : Le Chambon-de-Tence prend le nom du Chambon-sur-Lignon.
    Chambon est un toponyme d’origine celtique signifiant « courbe, méandre » 1.

La Montagne-refuge

Située dans le Massif central, ville huguenote depuis la Réforme du XVIe siècle, la commune et sa région sont très tôt une station touristique et un centre d’accueil pour les enfants, avec le collège Cévenol, ou dans les années 1930 pour les réfugiés espagnols, grâce à certaines personnes comme Mme de Félice et le maire Charles Guillon2.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Le Chambon et les communes voisines accueillent des réfractaires au STO et se rendent célèbres par l’action de leurs habitants pour aider les Juifs. L’historien François Boulet a forgé la notion de Montagne-refuge pour caractériser cet accueil singulier3,4, notion reprise par d’autres historiens5.

À partir de 1940, le pasteur en titre de la paroisse André Trocmé et sa femme Magda, s’attachent à sauver des personnes juives, menacées de déportation vers les camps de concentration. Tous deux poussent les villageois (essentiellement des protestants dont la mémoire de leur propre persécution est encore vive) à les accueillir dans leurs maisons et dans les fermes des alentours, ainsi que dans des institutions publiques. Un autre pasteur, Édouard Theis, directeur du Collège Cévenol, accueille aussi bien des professeurs que des enfants juifs. À l’approche des patrouilles allemandes, les personnes hébergées partent se cacher dans la montagne. Après leur départ, les habitants vont dans les bois en chantant une certaine chanson pour prévenir les Juifs que le danger est écarté6.

Au-delà de l’accueil, les habitants de cette région ont fourni de faux papiers d’identité, des cartes de rationnement et aidé au passage de la frontière avec la Suisse7. Ce fut notamment le cas de Pierre Piton, passeur et résistant. Cependant, certains habitants payèrent ce courage de leur vie et furent arrêtés et déportés, comme le cousin du pasteur Trocmé, Daniel Trocmé, qui mourut au camp de Majdanek. Le documentaire Les Armes de l’esprit avance le chiffre de 5 000 Juifs ayant trouvé refuge à un moment ou à un autre dans la région du Chambon-sur-Lignon, certains historiens8 optent pour une évaluation beaucoup plus prudente d’environ un millier de juifs, principalement des enfants9. Étant donné l’absence de coordination centralisée de cette résistance spirituelle au nazisme et donc l’absence de source ou de méthode fiable, tous s’accordent à dire qu’il est illusoire de vouloir dénombrer précisément les survivants ayant résidé ou juste brièvement transité par Le Chambon dans le cadre d’une filière d’évasion. Il est à souligner que ce mouvement de résistance non violente s’est étendu au-delà des quelque 9 à 10 000 protestants de l’ensemble du plateau Vivarais-Lignon et que les minorités catholiquesNote 1 ont également contribué au sauvetage9. Des organisations juives ont également contribué à ce mouvement, notamment l’Œuvre de secours aux enfants, les Éclaireuses éclaireurs israélites de France et le service André, organisation de Résistance juive9,10.

Voir à la source - Plaque commémorative du sauvetage des juifs au Chambon sur Lignon

En 1990, le gouvernement israélien reconnut toute la région et ses habitants comme « Justes parmi les nations » pour leur action humanitaire et leur bravoure face au danger. Un jardin et une stèle honorent la région du Chambon au mémorial de Yad Vashem à Jérusalem. C’est la seule collectivité, avec le village néerlandais de Nieuwlande, à avoir reçu cet honneur11.

Parmi les nombreux juifs accueillis et cachés au Chambon figurent le futur mathématicien Alexandre Grothendieck, l’écrivain André Chouraqui, l’orientaliste Georges Vajda, le philosophe Jacob Gordin et les historiens Jules Isaac et Léon Poliakov. Albert Camus vint au Chambon en 1942-1943 pour soigner sa tuberculose, y écrivit Le Malentendu, et travailla à La Peste et à L’Homme révolté.

Le village a accueilli le président de la République Jacques Chirac le 8 juillet 2004, journée au cours de laquelle il prononça un discours hommage, où, dans une sorte de réponse à son propre discours du Vel d’Hiv du 16 juillet 1995, il opposa à « ceux qui commirent l’irréparable », « le choix de la tolérance, de la solidarité et de la fraternité » fait par les « villageois et paysans du Plateau, habitants du Chambon et des localités voisines, guidés par des pasteurs et des enseignants admirables12 ».

Le 2 septembre 2007, Le Chambon a accueilli le président de la Commission européenne José Manuel Durão Barroso, venu saluer l’équipe de rugby à XV du Portugal participant à la coupe du monde 2007 et qui avait été logée sur le plateau13.

Le 16 novembre 2011, la commune fut endeuillée par l’affaire Matthieu Moulinas, dans laquelle une élève du Collège Cévenol, est assassinée dans des conditions affreuses par un condisciple. Cette affaire porta le coup de grâce à l’établissement, établissement secondaire international fondé en 1938 par le pasteur André Trocmé, qui était déjà en proie à des difficultés de trésorerie depuis plusieurs années. Il ferma ses portes en juillet 201414.

Le 3 juin 2013 fut inauguré un lieu de mémoire commémorant l’accueil et le sauvetage des juifs par les habitants du bourg pendant la Seconde Guerre mondiale15.

En septembre 2016, Jacques Livchine rappelle dans une lettre ouverte au président de région Laurent Wauquiez l’histoire du village de Chambon-sur-Lignon en réponse à la pétition lancée par ce dernier contre l’accueil des réfugiés. Il lui rappelle entre autres que le village de Chambon-sur-Lignon a à lui seul accueilli 5 000 réfugiés et qu’il est le seul village à voir sa plaque des justes au mémorial Yad Vashem de Jérusalem16

Tourisme

Photo ancienne - Chaumière au Chambon-sur-Lignon.

Juste après la guerre, le Chambon-sur-Lignon a connu un fort attrait touristique. Certains disent qu’il y avait plus d’une centaine de pensions et hôtels. L’office du tourisme du Haut-Lignon est l’un des plus anciens de France (cent ans en 2012).

De nombreuses infrastructures ont été construites sous le mandat de Raymond Vincent afin de continuer à développer le tourisme (un golf 18 trous, tennis, etc.). Le Chambon-sur-Lignon mise depuis quelques années sur les infrastructures sportives. De nombreuses équipes de sport professionnelles viennent chaque année en stage de préparation physique. En 2011, le village accueillit l’équipe de France de rugby (XV de France) pour un stage de préparation à la coupe du monde en Nouvelle-Zélande.

Depuis le 3 juin 2013, on peut visiter le lieu de mémoire du Chambon-sur-Lignon, un musée qui regroupe les traces de la désobéissance civile collective des habitants du plateau et de leur sauvetage des juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale. Tout en mentionnant les noms des quelque vingt-cinq personnes proclamées « justes » par le mémorial de la Shoah Yad Vashem, en commençant par les animateurs de la communauté que furent les pasteurs Trocmé et Theis, le maire Guillon et l’instituteur Roger Darcissac, le mémorial explique le contexte et précise bien que c’est l’ensemble du plateau, au-delà même de la commune du Chambon, qui fut impliqué dans ces actes d’héroïsme discrets.

Politique et administration - Tendances politiques et résultats

Article connexe : Élections municipales de 2014 en Haute-Loire.

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Population et société - Démographie

L’évolution du nombre d’habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l’Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d’information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d’une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation18. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 200819.

En 2015, la commune comptait 2 521 habitantsNote 2, en diminution de 5,65 % par rapport à 2010 (Haute-Loire : +1,35 %, France hors Mayotte : +2,44 %).

Voir à la source les détails - Évolution de la population [ modifier ]

De 1962 à 1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale. (Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu’en 199920 puis Insee à partir de 200621.)

Voir à la source - Histogramme de l’évolution démographique

Culture et patrimoine - Lieux et monuments

Personnalités liées à la commune

Notes

  • Un exemple de sauvetage par des congrégations religieuses catholiques est celui de la commune de Chavagnes-en-Paillers.
  • Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2018, millésimée 2015, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2017, date de référence statistique : 1er janvier 2015.
    Références

Sur les autres projets Wikimedia : Le Chambon-sur-Lignon, sur Wikimedia Commons

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Abbé V. Manevy et Janik Rozo (illustrations) (préf. de l’abbé A. Fayard), Le Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire - Regards sur son Histoire, Saint-Étienne, Éditions du Chevalier, 1945 (réédition 1980).
  • C. Maillebouis (préf. P. Cabanel), La Montagne protestante, Lyon, Éditions Olivétan, 2005
  • Gérard Bollon, Le Chambon du Prieuré au XVIIe siècle, Cheyne, 1985
  • Gérard Bollon, Le Chambon d’hier et d’aujourd’hui, Dolmazon, 1999
  • Gérard Bollon, Les Villages sur la montagne, terres d’accueil et de refuges, Dolmazon, 2004

    Document utilisé pour la rédaction de l’article

  • François Boulet, Histoire de la Montagne-refuge, Polignac, Éditions du Roure, 2008, 416 p.
  • Léon Poliakov, L’Auberge des musiciens (repris dans ses Mémoires).
  • Henry Patrick Gérard, La Montagne des Justes : Le Chambon-sur-Lignon, 1940-1944, Éditions Privat, 2010
  • Lionel Chetwynd, Héros de l’ombre

    Document utilisé pour la rédaction de l’article

  • Pierre Sauvage, Les Armes de l’esprit, 1989, long-métrage documentaire (90 min.)

    Document utilisé pour la rédaction de l’article

  • Philip Hallie (en), Lest Innocent Blood Be Shed : The Story of Le Chambon and How Goodness Happened There (« Le sang des innocents : Le Chambon-sur-Lignon village sauveur »), 1979

    Document utilisé pour la rédaction de l’article

  • Carol Matas, Greater Than Angels (« Plus grand que des anges »), collection jeunesse, 1998

    Document utilisé pour la rédaction de l’article

  • (en) Caroline Moorehead. Village of Secrets. Defying the Nazis in Vichy France. Harper : New York, 2014. (ISBN 9780062202475)
  • Elisabeth Darcissac, Souvenirs d’Elisabeth Darcissac au Chambon-sur-Lignon début XXe siècle : in Cahiers de la Haute-Loire 1973, Le Puy-en-Velay, Cahiers de la Haute-Loire, 1973 (lire en ligne [archive])
    Articles connexes

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5.
Le Chambon-sur-Lignon en 1939-1945 - Informations extraites d’un document ‘Musée du Protestantisme’ – Quelques extraits

Le Chambon-sur-Lignon est une ville huguenote du Massif central, située dans les monts du Vivarais.
Dès la fin du XIXème siècle l’œuvre des Enfants à la Montagne envoie chaque année au bon air plusieurs centaine de jeunes de la Loire. En 1914, le village héberge des réfugiés alsaciens, et de 1936 à 1940 des républicains espagnols.

De 1939 à 1944, le Chambon et les villages alentours du Mazet Saint-Voy, Freycenet Saint-Jeures, Fay-sur-Lignon, Devesset, Tence, Saint-Agrève, deviennent une nouvelle terre d’asile pour les réfugiés et les maquisards.

« Ici, persécutés, déshérités, réfugiés ont trouvé asile. Ici, juifs menacés de mort ont trouvé protection. Ici, maquisards et combattants de l’ombre ont trouvé abri.
Cette terre d’asile est l’un de ces lieux où souffle l’esprit de résistance. Ce pays, qui a payé chèrement le prix de la liberté de conscience, a vu très tôt des femmes et des hommes se lever pour dire non ».
Jacques Chirac, le 8 juillet 2004 au Chambon-sur-Lignon. 25/10/2009

Les Justes protestants des Cévennes

Les Justes protestants des Cévennes « La commune du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) et le plateau Vivarais-Lignon occupent une place exceptionnelle dans l’histoire du sauvetage des Juifs en France… Non seulement [la population de la commune] prodigua une aide immense aux Juifs, mais elle en fit une norme largement respectée…
Par dizaines, des familles du Chambon et des communes du plateau ont donné abri qui à un ou plusieurs enfants, qui à une famille entière…

L’insigne modestie et la discrétion naturelle des Chambonnais ont rendu particulièrement aléatoire la mise au jour des actes de sauvetage. Un cinéaste juif établi en Californie, mais né au Chambon en 1944, Pierre Sauvage, a néanmoins recueilli des récits de sauveteurs de cette commune. Il a réalisé un film documentaire, Les armes de l’esprit, qui reconstitue une partie de l’histoire du sauvetage de Juifs dans cette région.
Plusieurs centaines de Juifs sauvés par des Chambonnais et des habitants du plateau ont témoigné…

Une stèle érigée sur le site du Mémorial Yad Vashem en hommage à la population du Chambon-sur-Lignon et du plateau Vivarais-Lignon porte l’inscription : « Ils sont tous des Justes ceux de ton peuple » (Isaïe, LX, 21). La commission de Yad Vashem a cru devoir déroger à la loi qui n’autorise de décerner le titre de Juste qu’à des personnes nommément désignées, et l’a attribué dans ce cas unique à l’ensemble de la population (la seule autre dérogation concerne la commune néerlandaise de Nieuwlande).

Le Chambon et les communes avoisinantes du plateau Vivarais-Lignon devinrent un refuge unique en France pour les persécutés juifs. [Extrait du texte sur pasteur Édouard et Mildred Theis.] Occupe une place unique dans l’histoire de la France : nulle part ailleurs les Juifs ne furent accueillis et sauvés en aussi grand nombre et avec pareille générosité. [Extrait du texte sur le pasteur Charles Guillon.] »

Il faut noter que sous l’Occupation, le terme « plateau Vivarais-Lignon » était inconnu ; c’est une récente entité administrative dont se préoccupe une organisation intercommunale. Pour la population alors, on parlait du Plateau tout court — ou de « la Montagne » (protestante). De plus, si une partie de la population, tous les pasteurs, bien des hameaux, et certaines autres communes du Plateau — on peut citer tout particulièrement Le Mazet-Saint-Voy — participèrent activement à l’accueil des réfugiés, celui-ci ne fut cependant nullement uniforme sur le Plateau. C’est légitimement que Le Chambon-sur-Lignon et « la région du Chambon-sur-Lignon » sont devenus le symbole incontournable de l’accueil collectif des Juifs (et des autres réfugiés) sous l’Occupation.

04/09/2008 - Auteur : établi pour Yad Vashem par Lucien Lazare - Source : Extraits du Dictionnaire des Justes de France - Lien : Yad Vashem

Résistances spirituelle et armée dans le pays du Mont Lizieux 1940-1944

L’histoire de la Montagne a une montagne toute particulière : le mont Lizieux (1388 mètres). Ce mont symbolise le pays. Il est au centre de la résistance spirituelle, notamment protestante, d’abord avec les Juifs puis avec les réfractaires du Service au Travail obligatoire qui font naître les maquis. Nous voudrions en quelque sorte réaliser une histoire de la Montagne, non à partir d’un bourg donné, mais de la montagne-refuge elle-même, qui se partage entre les communes d’Araules, Champclause, Saint-Jeures et Le Mazet-Saint-Voy et ses 6000 habitants d’alors.

I. Le pays du Lizieux : d’un pays traditionnel à un pays-refuge judéo-protestant

Si nous lisons les archives du registre du conseil municipal du Mazet ou d’Araules, le mont Lizieux est d’abord une réserve de bois et de genêt dans une période de restrictions. Le premier refuge est donc matériel.

Face au maréchal Pétain, le cultivateur de la Montagne n’est pas plus iconoclaste qu’un autre. Il n’est pas hostile à la personnalité patriotique du maréchal Pétain, qui est attentif de surcroît au sort matériel et moral des paysans. En revanche, il se méfie rapidement du gouvernement du Vichy, du cléricalisme ambiant. Les premiers suspects de la Montagne fin 1941 ne se trouvent pas cependant autour du mont Lizieux, mais au Chambon-sur-Lignon, avec l’élite protestante.

Plusieurs centaines de Juifs résident sur la Montagne par différents moyens : hôtels, pensions de famille, homes d’enfants, pièces d’accueil chez le paysan. Est-ce que les communes d’Araules, Champclause, Saint-Jeures, Le Mazet-Saint-Voy sont à l’écart ou au coeur de ce refuge ?

Premier élément : l’organisation du refuge, matériel, intellectuel et moral, passe par Le Chambon. Mais la diffusion du refuge, dans l’urgence de contrer les rafles dans un deuxième temps, passe par le monde paysan de toutes les communes environnantes, surtout à travers l’organisation d’une fuite vers la Suisse. Le témoignage du passeur Pierre Piton montre toute l’importance de cet arrière-pays afin de ’passer au vert’.

Deuxième élément : l’hostilité du monde réformé sur la Montagne aux rafles trouve le témoignage de l’élite, comme l’accueil pour le moins difficile du secrétaire général de la jeunesse Georges Lamirand au Chambon. Sa visite à Tence est parfaite ; quant au Mazet, il ne s’y déplace pas. Mais le monde populaire et paysan, surtout réformé, de la Montagne, désapprouve tout autant les rafles de l’été 1942. Les aspects spirituels de rapprochement judéo-protestant, à travers la lecture de la Bible et les souvenirs des persécutions, sont clairement perceptibles, chez les réformés comme chez les darbystes ou l’Eglise du Riou5.

Troisième élément : La cinquantaine de Juifs qui arrivent au pays du Lizieux semblent venir plutôt en 1943-1944. Ce ne sont pas les premiers arrivés, mais plutôt ceux qui se cachent dans l’incognito. Ils font peut-être moins partie de l’élite juive comme au Chambon. Ils sont placés dans des familles et apportent un coup de main supplémentaire, nécessaire, dans le travail de la terre, comme le jeune François Stupp à Araules.6

II. Contre le STO et avec le maquis

Le refus en bloc de la loi du 16 février 1943 sur le Service du Travail Obligatoire trouve son illustration avec l’arrivée des nombreux réfractaires dans le pays du mont Lizieux : réfractaires autochtones, souvent protestants, jeunes gens de la Loire ou du Puy-de-Dôme. Le refuge des Juifs peut être utilisé pour les jeunes réfractaires du STO. Les familles cachent des leurs7.

Les opérations de gendarmerie se concentrent autour du Lizieux à l’été 1943 sans obtenir beaucoup d’arrestations. En août 1943, le service des renseignements de la France Libre à Londres le Bureau Central de Renseignements et d’Actions (BCRA) signale : ’la région du Chambon-Mazet abrite actuellement plusieurs milliers de jeunes’8. Au cours de l’année 1943, le particularisme protestant joue de nouveau à plein pour le refuge des jeunes réfractaires qui trouvent dans le pays du Lizieux, un refuge exemplaire, peut-être un des plus importants dans les deux départements de la Haute-Loire et de l’Ardèche.

Fin 1943 et début 1944, la présence des maquis de plus en plus active et opérationnelle devient une menace. Le sous-préfet d’Yssingeaux en février 1944, après une visite dans le pays, ne distingue plus les réactions des deux populations religieuses face au maquis. Son jugement sur l’état d’esprit est alors plus global : la crainte domine.

Au cours de la journée du samedi 22 avril 1944, l’horreur est atteinte pour la première fois en Haute-Loire. Des Allemands, accompagnés de quelques civils parlant le français, non-miliciens, semble-t-il, ’littéralement terrifient’ le pays du mont Lizieux. Ils assassinent sauvagement cinq résistants FTP et quatre cultivateurs sur les communes d’Araules (Arnissac, Montbuzat, ’Chièze’ et ’Majal’) et d’Yssingeaux (’La Champ des Cayres’), entre les massifs du Lizieux et du Meygal. Trois fermes sont brûlées et cinq personnes prisonnières. C’est l’événement le plus sauvage de l’histoire de la Montagne pendant ces années dramatiques. Début juin 1944, contre ces ’hordes’, un tract demande ’vengeance’.

Avec l’annonce du Débarquement, la Montagne se libère une première fois en juin 1944 avec les FFI, mais commence alors une période trouble, incertaine, sans gendarmerie, où l’Allemand et le milicien peuvent toujours revenir. Les maquis tiennent la Montagne, avec les places fortes des monts Lizieux, Meygal et Mézenc. Les parachutages de juillet-août peuvent rassurer. La Libération se manifeste surtout par l’arrivée, début septembre, de l’armée française d’Afrique.

L’épuration sauvage, puis judiciaire, est modeste. En revanche, comme ailleurs, les haines de village redoublent. Au Mazet, le maire sous l’Occupation, Pierre Salque, conseiller départemental en 1942, est réélu. A l’élection du maire le 12 mai 1945, sur 14 bulletins, treize se prononcent pour Pierre Salque, un vote pour Lucie Ruel* ; les nouveaux conseillers sont sept hommes et une femme sur quatorze.

Le ’génie du lieu’ dans ce pays du Lizieux est donc réel entre 1940 et 1944 avec les différents combats de la Résistance française : du type-même du refuge juif en pays huguenot à la photographie la plus célèbre d’un maquis de France, prise à Boussoulet à la fin du printemps 1944.

François Boulet, professeur agrégé, docteur en histoire, membre du Conseil d’Administration de la Société d’Histoire de la Montagne, auteur de ’L’état d’esprit en Haute-Loire 1940-1944 : des refuges aux maquis, Le Puy-en-Velay’, in Les Cahiers de la Haute-Loire, Société d’Histoire de la Montagne, 2003.

11/12/2012 - Auteur : François Boulet Lien : Bulletin du Mazet-Saint-Voy

Liens externes [Ajouter un lien vers un article d’intérêt ou un site internet]
1 Le Chambon-sur-Lignon sur Wikipedia 
2 Blog sur quelques Justes et sur le livre(Blog hébergé par la Tribune de Genève sur quelques justes honorés par Yad Vashem sur l’intervention du délégué pour la Suisse et la région frontalière Ain et Haute-Savoie, Herbert Herz, ainsi que sur divers événements organisés autour de la parution du livre ’Mon combat dans la Résistance FTP-MOI’ )
3 Le site du poète Pierre Emmanuel (Le site officiel du poète Pierre Emmanuel. Vous y trouverez aussi des pages sur sa vie et son action à Dieulefit durant la guerre, à Beauvallon, puis à la Roseraie. )
4 Guy Sanglerat, ancien membre du Coq Enchaîné (Le Coq Enchaîné était un réseau de résistance de la région qui pendant l’occupation allemande rassemblait des syndicalistes, des socialistes et des radicaux de la mouvance d’Édouard Herriot. Membre du réseau, Guy Sanglerat publie ses souvenirs.. )
5 Le Coq enchaîné (Le Coq enchaîné : un journal clandestin sous l’occupation allemande. Le premier numéro fait son apparition en mars 1942. Les membres du Coq Enchaîné mèneront aussi des actions de résistance. Il a compté jusqu’à 400 membres. Le réseau sera décimé en 1943. Guy Sanglerat raconte ... )
6 L’honneur du Chambon-sur-Lignon (
Un film réalisé par les élèves de troisième du Collège Ponsard au cours de l’année scolaire 2007-2008. Ce film a remporté le premier prix du concours de la résistance en 2008. )
7 Les archives du conseil général de Savoie (La liste des 168 ’travailleurs israëlites’ en partance de Ruffieux, établie le 24 Août 1942. )
8 Là où coule le Gier (La guerre, énorme chaos bouleversant les vies. Tel est le décor dans lequel évoluent René et Aima. De leur jeunesse à leurs combats, l’auteur nous invite à les suivre dans cette aventure où chacun fera preuve d’un courage incroyable. Ce roman, basé sur des faits réels, nous emmène de la Vallée du Gier dans la Loire à Clermont-Ferrand et nous fait traverser certains camps de concentration en Allemagne en suivant le parcours de deux jeunes gens que la vie a forgé pour combattre aussi bien dans l’univers ouvrier des années 30 que pendant la seconde guerre mondiale avec leur implication dans la résistance. Cette plongée dans le passé a nécessité de nombreuses recherches suivies d’une longue enquête menée sur la vie de ces deux personnages. )
9 Marianne Cohn (Page dédiée à Marianne Cohn et à ses compagnons de résistance. Un mois avant d’être arrêtée, elle a sauvé ma tante Eva et mon père Maurice Finkelstein )
10 L’attentat de la Poterne du 8 mars 1944 (Page consacrée à l’ouvrage ’L’attentat de la Poterne, un drame au cœur de Clermont’ (2015).
Cette étude sur l’attentat de la Poterne du 8 mars 1944 recoupe des documents d’archive à des témoignages oraux et écrits. Elle reprend de manière chronologique les évènements, de l’attentat de résistants sur un détachement allemands à l’immensité des représailles qui ont suivi : incendie d’immeubles, nombreuses arrestations, déportations et condamnations à mort ) …

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6.
Le Chambon-sur-Lignon – Histoire des Justes protestants des Cévennes – Document Mémoire juive et éducation’

Qui sont ces Français qui ont caché des Juifs ? Nous étudierons ici un cas particulier, un record dans le sauvetage : celui des protestants des Cévennes et particulièrement du Chambon-sur-Lignon.

La Révocation de l’Edit de Nantes et la tradition rebelle des Cévennes

En 1685, le roi Louis XIV révoque (= annule) l’Edit de Nantes, une loi qui autorisait les protestants à célébrer leur culte. La religion protestante est donc interdite. Dans certaines régions, les protestants refusent de ce convertir au catholicisme. Les Cévennes, région montagneuse du massif Central, est particulièrement rebelle. Le roi envoie des soldats, des dragons, qui vivent sur le pays (= les dragonnades) et des curés convertisseurs qui font l’appel des habitants lors de la messe dominicale. Mais la révolte couve et des protestants se réunissent secrètement dans la montagne, « au désert » comme ils disent, pour des cérémonies interdites et des prêches enflammés.

Le 24 juillet 1702, dans un bourg des Cévennes, sur le bord du Tarn, le Pont-de-Monvert, une soixantaine de protestants délivrent des prisonniers et tuent leur geôlier, l’abbé du Chaila, un prêtre chargé de convertir les Cévenols, qui a concentré sur lui la rancœur accumulée depuis l’interdiction du protestantisme.

C’est le début de ce qui est un peu plus tard appelé la guerre des Camisards. Cette révolte est menée par Jean Cavalier, un apprenti boulanger, qui réussit par deux fois à faire battre l’armée royale en 1702 et en 1704. Louis XIV fait envoyer des renforts. La région est noyée de soldats jusqu’à la défaite des derniers Camisards, appelés ainsi parce qu’il n’avaient comme uniforme que leur chemise. Les Camisards seront exécutés, envoyés aux galères ou prennent le chemin de l’exil. En 1710, tout est terminé et le protestantisme reste interdit jusqu’en 1787. Longtemps il restera une tradition de révolte, de tolérance religieuse et d’accueil des pourchassés dans les Cévennes, jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale...

5000 Juifs sauvés, principalement des enfants

Le Pasteur André Trocmé, désigné Juste parmi les Nations en 197. Il est difficile de décrire l’action du pasteur Trocmé et de sa femme Mgda (elle-même reconnue Juste parmi les Nations en 1984), tant elle fut continue et importante. Avec d’autres pasteurs et la population du Chambon-sur-Lignon, ce couple merveilleux a organisé l’hébergement et la survie de milliers de Juifs. Au-delà des actes concrets qu’il a accomplis, l’action du Pasteur Trocmé réside aussi dans l’encouragement spirituel et moral qu’il donnait à tous les habitants du Chambon afin d’aider les Juifs persécutés. Il mit en place des mécanismes d’évacuation des planques en cas de rafle. C’est d’ailleurs une arrestation qui a valu la déportation et la mort d’un des leurs, Daniel Trocmé, qui s’occupait lui aussi de sauver des enfants juifs. Et lorsqu’il fut arrêté par la Gestapo, en 1943, André Trocmé refusa de signer un papier d’allégeance à Pétain, alors qu’il était pourtant menacé de demeurer en prison. Quelques mois plus tard, l’engagement du Pasteur et de la population étaient tels que le Pasteur Trocmé dut se cacher. Magda et André Trocmé, tous deux décédés, sont aujourd’hui, avec le village de Chambon-sur-Lignon, le symbole même de l’action des Justes…

Aux côtés du pasteur Trocmé, il faut aussi citer Edouard Theis. Le cousin du pasteur Trocmé, Daniel Trocmé, l’une des 19 victimes de la rafle de la Maison des Roches. Daniel Trocmé est mort à Maïdanek en avril 1944….

Récit : l’arrivée d’un jeune Juif au Chambon-sur-Lignon

Extrait de Philippe Boegner, ’Ici, on a aimé les juifs’, Jean-Claude Lattès, 1982
Des plaques commémoratives

« L’arrivée au Chambon - Il faisait chaud, ce 17 août 42 ! Au bout de trois cents mètres, se traînant avec sa valise, Gustave avait remarqué plusieurs annonces de pensions dont les noms lui firent plutôt bonne impression : Les Genêts, Les Heures Claires, La Joyeuse Nichée, Chante Alouette, Les Airelles, Bel Horizon, Le Clos Joli, Le Colombier, Les Gerbiers, mais toujours pas de Pension Epervière.

Exténué, au bord de l’étouffement, il s’était arrêté sur un terrain vague recouvert d’herbe d’où il découvrit à ses pieds le Chambon dans presque toute son étendue... à vrai dire assez restreinte. Il constata que le village, au centre duquel se distinguaient, presque à côté l’un de l’autre, le clocher de l’église catholique et celui du temple protestant, était entouré à de proches distances de nombreuses maisons souvent dissimulées dans des bouquets d’arbres. Plus loin, des fermes sombres et au-delà, un vaste plateau aboutissant à une montagne qui ressemblait étonnamment à un petit Vésuve aplati. Tout de suite il s’éprit de ses pentes douces, pleines de charme.

Pour mieux s’y reconnaître, Gustave sortit de sa valise un guide dont sa mère lui avait fait cadeau la veille de son départ. Il apprit ainsi que le plateau s’appelait en fait « la Montagne », qu’il se situait à environ 1 000 mètres d’altitude, « en bordure orientale du Velay, à la limite du haut Vivarais, région rattachée au Massif Central ».

Il rêva en apprenant que, des hauteurs bordant ce plateau, on pouvait admirer les sites les plus divers, parfois, quand il faisait beau du côté des Alpes, le massif du Mont-Blanc, au sud, dans la direction de l’Ardèche, le Mezenc et le Gerbier-de-Jonc... Le Gerbier-de-Jonc, il connaissait comme tout écolier : la Loire naît à ses pieds. Le sommet le plus proche du Chambon — le Vésuve aplati — s’appelait le Lizieux. Quant au Lignon, il en devinait à certains endroits l’eau bleue se frayant un passage entre les rochers.

Satisfait de ces quelques précisions et ragaillardi par sa découverte du Lizieux, Gustave avait repris sa route... Au bout de dix minutes, il finit par contrer la pancarte annonçant la Pension Epervière. Sur la droite, il aperçut une demeure grise au toit rouge, de construction banale, et dont le genre quelque peu austère n’allait guère avec le nom. Il changea d’avis dès l’entrée, grâce au sourire d’une jeune femme blonde, presque rousse, pleine d’entrain, qui lui lança : « Ah ! voici Gustave. »

Elle semblait l’attendre avec impatience, et il s’en voulut de s’être assis en route pour regarder le paysage.
_   — Excusez-moi, mais il fait chaud, et avec cette valise, madame...
_   — Mademoiselle, dit-elle, mademoiselle Odile Reboul. Je suis la directrice de la pension.
Elle lui retira la valise des mains et, lui indiquant l’escalier à gauche...
_   — Suivez-moi, le mieux est que je vous conduise sans attendre à votre chambre... enfin, précisa-t-elle, la chambre que vous partagez avec quelques autres garçons. Vous verrez, ils sont très gentils et ça se passera tout à fait bien. [...]

Cinq garçons : trois Juifs, un parpaillot et un Espagnol

Cinq lits étaient disposés le long des murs. Au centre de la chambre, autour d’une grande table carrée, quatre garçons qui se précipitèrent pour arracher la valise des mains de la « directrice ».
_   — Je vous présente votre nouveau camarade, lança-t-elle sur un ton joyeux qui voulait dire : nul doute que vous vous entendrez au mieux... et disparut presque aussitôt après un sourire qui se voulait réconfortant.

Gustave paraissant surpris d’avoir été abandonné aussi vite à ses nouveaux compagnons, sans la moindre présentation pour faciliter la prise de contact, l’un des garçons, le plus grand des quatre, cheveux châtains frisés, lunettes dorées, l’air bon élève, lui dit avec un accent russe :
_   — Ne t’étonne pas, ici on est merveilleusement reçu, mais on ne présente personne à personne... et il ne faut jamais poser une question... Ainsi, dans cette maison nous sommes environ une vingtaine et bien sûr nous ne connaissons pas les noms de tous nos camarades, souvent seulement leurs prénoms... c’est comme cela et personne ne cherche à savoir...

Ces derniers mots avaient été soulignés comme une sorte d’avertissement :
_   — Ne le prends pas mal, lança le grand frisé, mais il vaut mieux que tu le saches tout de suite... Aucune question à personne, attends qu’on te parle !... Cela dit, entre nous ici, à l’intérieur de ces quatre murs, pas de secrets : moi je m’appelle Nicolas Kouritsky, je suis un juif russe, mes parents se sont enfuis de Russie en 1917... j’ai dix-neuf ans... Lui — il désigna un blond très fin de visage, l’air d’un artiste — s’appelle Karl Blumenthal, il est juif autrichien, venu se réfugier à Toulouse au lendemain de l’AnschIuss en 1938, il a dix-huit ans et demi... le petit rouquin à côté de toi s’appelle Hubert Metzger, c’est un réfugié alsacien qui a fui devant l’avance allemande en 1940, un vrai parpaillot, plaisanta-t-il, seize ans, très fort en mathématiques... Quant à « l’olive noire » qui se trouve à ta gauche, inutile de te préciser qu’il est espagnol, ses parents ont été tués pendant un bombardement de Barcelone vers la fin de la guerre civile, il s’appelle Mario Santana, il a dix-sept ans. Maintenant, termina le Russe, c’est à toi de nous dire...

Mis en confiance par un accueil aussi direct, Gustave déclina son identité sobrement. Il ajouta seulement :
_   — Si je comprends bien, sur cinq nous sommes trois juifs, un protestant et — se tournant vers Mario Santana — l’Espagnol est sûrement catholique...
_   — Tu as bien deviné, fit celui-ci, mais je suis avant tout un républicain, et le jour n’est pas loin où l’on se débarrassera de Franco... Arriba Espana !
_   Il leva le poing et ses yeux noirs brillèrent d’un éclat vengeur ». [...]

Reproduction - Plaque posée en 1979 par des Juifs sauvés, au Chambon-sur-Lignon

Reproduction - La plaque commémorative du Chambon-sur-Ligon, en français et en hébreu, à Yad Vashem.

L’ensemble des habitants du Chambon-sur-Lignon a reçu la distinction de ’Justes parmi les nations’. C’est le seul exemple d’attribution collective. Il n’y eut en effet pas une dénonciation. Tous participèrent au sauvetage.

Bibliographie, filmographie :

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7.
Le Chambon-sur-Lignon, village d’asile depuis des siècles – Contribution du Musée virtuel du Protestantisme – « Terre d’accueil et de sauvetage pour un grand nombre de victimes de la guerre, est le symbole de l’opposition des protestants vis-à-vis du nazisme et de l’antisémitisme ».

A la frontière de la Haute-Loire et de l’Ardèche, la commune du Chambon-sur-Lignon est au cœur du Plateau Vivarais-Lignon. Ses habitants, de même que ceux des communes avoisinantes, sont à forte majorité protestante et ont toujours été marqués par une tradition d’accueil et d’asile aux persécutés et déshérités : prêtres réfractaires pendant la Révolution, enfants miséreux des bassin miniers de Saint Étienne recueillis par l’œuvre des « Enfants à la Montagne » créée par le pasteur Louis Comte à la fin du XIXe siècle.

Avant même le début de la Deuxième guerre mondiale, de nombreux réfugiés trouveront asile chez les habitants du Plateau : de tradition républicaine, ils ont été sensibilisés par leurs pasteurs aux dangers du totalitarisme et de l’antisémitisme. Par vagues successives, de 1937 à 1939, ce sont les familles de républicains espagnols qui fuient la guerre civile, ainsi que les premiers réfugiés autrichiens et allemands, qui fuient le nazisme En octobre 1938, Charles Guillon, ancien pasteur et maire du Chambon, dans une lettre adressée aux habitants, les remercient d’avoir reçu avec désintéressement toutes les personnes fuyant les pays d’Europe centrale et de « s’être préparés à recevoir dans vos maisons des centaines d’enfants que l’on voudrait vous confier pour les mettre à l’abri ».

Le plus grand sauvetage de Juifs en France sous l’Occupation

Ce sont surtout des juifs, d’origine étrangère, puis français, qui seront sauvés, réalisant « le plus important sauvetage collectif de Juifs en France pendant l’Occupation ». Dès décembre 1940, la Cimade est présente dans les camps d’internement du Midi de la France (camps de Gurs, de Rivesaltes, des Milles), et elle ouvre des centres d’accueil, en particulier celui du Côteau fleuri près du Chambon.

Les mesures antisémites du gouvernement de Vichy accélèrent la mobilisation des protestants. Après les rafles des juifs d’août 1942, les protestants – réformés, darbystes ou libristes -, unis aux quelques communautés catholiques du Plateau, ouvrent leurs portes aux « Juifs errants », « transformant chaque ferme en refuge, chaque cuisine en asile ».

Plusieurs centaines d’enfants extraits grâce à l’action de la Cimade, ou d’associations comme le Young Men’s Christian Association (YMCA, représentée au Chambon par Charles Guillon) ou encore l’Organisation de Secours aux Enfants (OSE), seront sauvés, ils pourront suivre l’école publique des différents villages, ou l’École Nouvelle Cévenole du Chambon. L’aide du secours Suisse sera précieuse, qui entre 1941 et 1942 crée trois maisons d’enfants : La Guespy, l’Abric, le Faïdoli.

Adolescents et étudiants, de toutes confessions, venant de tous les pays occupés par les nazis, seront accueillis aux Grillons, au Côteau Fleuri, au foyer universitaire des Roches. Ils seront progressivement suivis par les réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO) et par les « combattants de l’ombre » des premiers maquis.

Quelques noms parmi les plus célèbres

De très nombreux noms devraient être cités. Parmi les 13 pasteurs des 12 paroisses du Plateau, on retiendra ceux de Chambon : André Trocmé, Edouard Theis, Noël Poivre.

De nombreuses femmes eurent un rôle essentiel : Mireille Philip (épouse d’André Philip, ministre du général de Gaulle à Alger) qui camoufle des juifs, participe aux filières d’évasion vers la Suisse, puis à la résistance armée ; Dora Rivière, Madeleine Dreyfus, Simone Mairesse, qui organisent le placement dans les fermes de tous les réfugiés. On devrait ajouter les noms des différentes directrices des pensions ou hôtels, également le nom des enseignants, des médecins. Ce qui est significatif : dans des fermes et hameaux, une foule d’anonymes, toute une population, accueille, héberge et sauve.

Faux papiers et passages de frontière

Les faux papiers établis par la Cimade, mais aussi par des secrétaires de mairie ou encore d’habiles faussaires, protègent ces réfugiés et facilitent leur fuite en transitant par des filières clandestines. D’abord vers l’Espagne, mais les Pyrénées sont difficiles à franchir et les franquistes ne facilitent pas l’évasion vers le Portugal ou le Maroc. Puis vers le « refuge » de Genève, en passant soit par la montagne jusqu’à Martigny, accompagnés par des équipiers de la Cimade connaissant la montagne, soit par la plaine en transitant par les presbytères de Romans, Grenoble, Annecy.

Raflés et rescapés

Le Chambon, « nid de juifs en pays huguenot », a-t-il échappé aux lois de la guerre, sanctuaire bénéficiant d’une relative immunité de la part du préfet de la Haute-Loire, voire de la Wehrmacht ou de la Gestapo ? Non, et le 19 juin 1943, la Gestapo fait une rafle à la maison des Roches, et la vingtaine de jeunes embarqués seront dirigés vers les camps concentration de Buchenwald et Auschwitz ; l’enseignant Daniel Trocmé, cousin du pasteur, meurt au camp de Maïdanek.

Le nombre exact de réfugiés sur la Plateau est impossible à affirmer, probablement entre 3500 et 5000 : si d’autres régions protestantes, Cévennes, Tarn (Vabre), Drôme (Dieulefit, surnommé « oasis de paix ») ont eu une action identique, l’importance de ce chiffre fait du Chambon-sur-Lignon le symbole de l’attitude du protestantisme français vis-à-vis des victimes du nazisme, tout spécialement des juifs.

L’ensemble des habitants du Chambon-sur-Lignon a reçu la distinction « Justes parmi les Nations », seul exemple d’attribution collective.

Bibliographie

Sites : Lieu de mémoire au Chambon, Lieu de mémoire au Chambon-sur-Lignon | Lien

Livres : BOLLE Pierre, Le Plateau Vivarais-lignon, accueil et résistance : 1939-1945, actes du colloque du Chambon-sur-Lignon, S.H.M., 1992, p. 699

Articles : BOLLE Pierre, « Protestants et Juifs dans la Seconde Guerre mondiale », Actes sous la direction de CABANEL Patrick et GERVEREAU Laurent, La Deuxième Guerre mondiale, des terres de refuge aux musées, 2003

Source : https://www.museeprotestant.org/notice/chambon-sur-lignon/

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8.
Le Chambon-sur-Lignon dans l’ombre d’Agnès Par Sarah Finger, Envoyée spéciale en Haute-Loire— 30 juillet 2017 à 17:06 – « La lettre politique » de Laurent Joffrin – Photo : le terrain de foot du collège, à l’orée du lieu du meurtre. Par DAVID Richard. TRANSIT

Dans ce village de Haute-Loire, le meurtre en 2011 d’une jeune pensionnaire du collège - C’est un peu comme dans la Disparition : on a sous les yeux toute l’histoire, mais on sent qu’il manque quelque chose. Dans le roman de Georges Perec, c’est la lettre « e » qui est absente. Au Chambon-sur-Lignon, c’est l’ombre d’Agnès Marin qui semble avoir disparu. Comme effacée du récit de ce village de Haute-Loire, et de celui du collège où elle était pourtant scolarisée.

Le soir du 16 novembre 2011, Agnès Marin, alors âgée de 13 ans, a rendez-vous dans les bois avec Matthieu Moulinas, 17 ans. Tous deux sont internes au collège Cévenol, un vaste établissement privé situé un peu à l’écart du village, en pleine nature. Yeux en amandes, cheveux longs, Agnès porte sur son beau visage un air triste, presque douloureux. Elle ignore que Matthieu, qu’elle va retrouver dans les bois près du collège, a déjà agressé une adolescente un an plus tôt. Ce soir-là, il va d’ailleurs recommencer, en pire. Il va violer Agnès, la tuer de 17 coups de couteau, puis brûler son cadavre.

Dans la forêt où s’est déroulé ce glaçant fait divers, on ne trouve aujourd’hui aucun signe, aucune plaque, aucune stèle rappelant le calvaire qu’a vécu Agnès. Pas d’endroit où se recueillir, rien pour pleurer. Pas même un « Agnès » gravé sur le tronc d’un arbre. Dans ce bois clair et paisible, quelques joggeurs croisent des marcheurs accompagnés de leurs chiens. Et tandis qu’au loin détale un lièvre, par à peine 13 degrés en ce matin d’été, on avance sur le chemin que la jeune fille a emprunté, son visage en tête, en se disant qu’elle a dû avoir bien froid cette nuit-là, durant cette mortelle randonnée. « Je ne suis jamais retourné dans ce coin de la forêt,raconte l’un des rares habitants qui accepte d’évoquer ces heures sombres. Pourtant, comme tous les autres enfants du Chambon, j’ai passé dans ces bois toute mon enfance, j’y ai mille souvenirs. L’autre fou, l’assassin, il a abîmé pour toujours notre terrain de jeu. » Profondément marqué par le drame, cet homme raconte qu’encore aujourd’hui, la scène du crime est restée intacte. Sauf que les gendarmes ont enlevé les restes de l’arbre. « L’arbre qui a servi au bûcher. »

« J’avais envoyé ma fille au pays de la paix »

Si le Chambon-sur-Lignon ne veut plus parler d’Agnès, ne parvient même plus à articuler son nom, c’est que la tempête médiatique déclenchée par cette affaire, le déferlement soudain de journalistes et de gendarmes, le vacarme des camions militaires et des hélicoptères ont durablement traumatisé ce village protestant et pudique, plus habitué au calme et à la discrétion.

Mais au-delà, il y a une autre raison bien plus profonde à ce silence : c’est que nulle autre terre n’aurait davantage souffert d’un tel fait divers. Car, depuis des décennies, ce plateau isolé est nourri par la tolérance, pétri par l’humanisme, baigné par la solidarité. Quand il a appris la mort d’Agnès, son père aurait prononcé ces mots, qui résument tout à eux seuls : « J’avais envoyé ma fille au pays de la paix. » Avec ses façades un peu froides en pierres de taille et ses rues bien ordonnées mais dépourvues de charme, rien ne semblait prédestiner ce village à se transformer en terre d’accueil. « On est dans la brousse ici », plaisante Gérard Bollon, historien. Mais dans cette enclave protestante, « il y a une attention toute particulière à l’autre et on accueille depuis longtemps des enfants d’ailleurs. Ici, on a toujours entendu parler toutes les langues, c’est une petite tour de Babel ». Dès la fin du XIXe siècle, de petits citadins, notamment des enfants de mineurs stéphanois, sont envoyés au Chambon-sur-Lignon pour respirer l’air pur des montagnes. « La tradition d’accueil s’est poursuivie avec des républicains espagnols, puis de jeunes Hongrois arrivés en 1956, des Chiliens en 1973, mais aussi des Cambodgiens, des Malgaches et même de petits Tibétains dans les années 70 » , détaille Gérard Bollon.

Entre-temps, les pasteurs du Chambon André Trocmé et Edouard Theis ont décidé d’offrir aux jeunes des environs la possibilité d’accéder à un meilleur savoir. A partir de 1938, des cours sont ainsi dispensés dans des maisons, des pensions et des hôtels. Dès lors, le destin du village et celui de « l’école » se lient et s’entremêlent. Pour l’entreprise des pasteurs, tout manque : l’argent, les bâtiments, les professeurs. Mais pas le courage, ni la foi : en juin 1940, ils appellent même à résister au nazisme par « les armes de l’esprit ». Durant la guerre, des Juifs en exil vont ainsi converger vers ce village protestant, des petits réfugiés seront accueillis jusque dans les moindres hameaux de ce plateau de Haute-Loire, et plusieurs centaines de jeunes seront également abrités dans des maisons d’enfants (1).

Belle utopie

Après-guerre, le projet des pasteurs s’enhardit jusqu’à devenir le collège Cévenol, un vaste campus de 14 hectares sans grille ni barrière, où les valeurs protestantes se nourrissent de pédagogies américaines. « Les notions de pacifisme et de non-violence s’inscrivaient au cœur du collège ; de nombreux anciens élèves ont d’ailleurs été objecteurs de conscience », rappelle Gérard Bollon. L’établissement, fort de ses 10 000 m2 de bâtiments, a accueilli jusqu’à 600 élèves. La plupart étaient internes et ne retrouvaient leurs familles que pour les vacances. « Ici est né le premier internat mixte de France, assure Francis Deval, président de l’association des anciens et amis du collège. Plus de cinquante activités ont été organisées sur le campus par les élèves eux-mêmes. Quant aux profs, certains étaient noirs, juifs, indiens… » Certaines années, affirme-t-il, 45 nationalités se côtoyaient ici. « Nous étions tous différents, chacun avec une histoire particulière, une trajectoire singulière, enchaîne Laurent Pasteur, vice-président de cette même association. Il y avait des enfants d’étrangers et de réfugiés, comme des Tutsis et des Hutus… Mais il y avait aussi des enfants de divorcés, d’ambassadeurs, de pasteurs, de paysans, d’artistes, de riches familles ou d’expatriés rentrés en France, des enfants à problème, ou dont un parent était malade…  »

Quand les anciens parlent du collège Cévenol, les yeux se mouillent, les voix s’étranglent. Ils connaissent l’histoire du lieu dans ses moindres détails. Se souviennent avoir appris, bâti, ri et grandi ici. Certains assurent y avoir passé leurs plus belles années. Tous saluent la noblesse du projet porté par cet établissement, la belle utopie qu’il avait mise en œuvre. « Telle une communauté, résume Laurent Pasteur, nous avons encore en commun de fortes valeurs qui nous lient, notamment la tolérance. »

Face à cette culture du bien, on comprend mieux que le meurtre d’Agnès Marin ait laissé sans voix les anciens du collège, tout comme les habitants du Chambon. Entre le déni et l’indicible, la mémoire d’Agnès n’a aujourd’hui qu’un seul endroit où se réfugier, une simple plaque en ardoise vissée sur un bâtiment totalement déserté. Et dans ce silence assourdissant, devant cette plaque froide, on se dit soudain qu’ici, au creux de ce village de Haute-Loire, Agnès est morte deux fois.

« On ne peut plus touiller ça »

En 2013, Matthieu Moulinas a été condamné à perpétuité. Puis à nouveau, en appel, en 2014. Cette même année, le collège Cévenol a été condamné à être liquidé. Il avait accueilli 25 000 enfants en soixante-seize ans. « Le trimestre suivant l’affaire Marin, il y a eu seulement quatre élèves en moins au collège, dont Agnès et son meurtrier. Ce n’est donc pas le drame qui l’a fait fermer, toute la gestion était déjà dans le rouge », précise Francis Deval.

Dettes, manque d’élèves, l’établissement était en difficulté depuis la fin des années 90. « Il ne pouvait pas survivre à un tel événement, résume Laurent Pasteur, qui estime que le collège a été injustement mis en cause. On lui a reproché d’avoir accepté de scolariser Matthieu alors qu’il avait un lourd passé. Mais c’était aussi dans sa tradition que d’accueillir un tel élève. »

Aujourd’hui, certains bâtiments du collège semblent abandonnés, et les herbes folles ont envahi les vieux terrains de sport. Mais le site n’est pas mort : des ouvriers s’affairent sur un chantier surgi près de l’ancienne chapelle, et d’imposantes sculptures ont été disposées ça et là. Rebaptisé « Parc international cévenol », le site a été racheté en 2015 par un couple d’artistes cantonais, qui l’a transformé en centre culturel franco-chinois. Cette nouvelle orientation laisse certains habitants perplexes, mais les anciens du collège trouvent matière à se réjouir : « On aurait pu voir le site être dépecé pour en faire une résidence de seniors », se console Gérard Bollon. A la mairie du village, ce projet a rencontré nettement plus d’enthousiasme : « Monsieur Fan Zhe et sa femme ont visité le site, et ils ont été séduits. Leur idée, c’est d’en faire un lieu de rencontre, d’expositions et de concerts, un centre de formation aux beaux-arts et au design, détaille Eliane Wauquiez-Motte, maire du Chambon (et mère de Laurent Wauquiez). Je suis très confiante. Et c’était le seul projet qui tenait la route. » Ici, chacun sait que cette élégante dame, qui était déjà maire en 2011, n’évoque jamais l’affaire Agnès Marin. Et en effet, elle élude, agacée : « Il faut regarder l’avenir. Tourner la page. On ne peut plus touiller ça, c’est une histoire passée. »

Depuis son vaste Parc international, Fan Zhe dit la même chose, mais avec des mots d’artiste : « Des gens, souvent âgés, viennent me voir pour m’encourager, me dire que je fais revivre cet endroit grâce à la culture. Ce site, c’est une scène. La mort ne dérange pas l’endroit. Chaque heure, chaque seconde, il y a des morts, partout. La vie continue. »

(1) En 1990, les habitants ont été reconnus par Yad Vashem comme « Justes parmi les nations ». Dans le village, un lieu de mémoire est dédié à cette page de l’histoire.

Source : http://www.liberation.fr/france/2017/07/30/le-chambon-sur-lignon-dans-l-ombre-d-agnes_1587168

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9.
Village de Justes, le Chambon-sur-Lignon ouvre un musée du souvenir Par Jean-Philippe Ksiazek AFP – Publié le 23/05/2013 – Document Le comité Français pour Yad Vashem diffusé par ’20 minutes.fr’.

Photo - Le Chambon-sur-Lignon, veut perpétuer par un musée le souvenir de ses ’modestes héros’ qui, par une résistance courageuse et discrète, ont sauvé plus d’un millier de juifs pendant la Seconde guerre mondiale Le Chambon-sur-Lignon, seul village français honoré du titre de « Justes », veut perpétuer par un musée le souvenir de ses « modestes héros » qui, par une résistance courageuse et discrète, ont sauvé plus d’un millier de juifs pendant la Seconde guerre mondiale.

Perché à 1.000 mètres d’altitude à l’entrée des Cévennes dans le centre de la France, ce village protestant avait une longue tradition d’accueil et de résistance, rappellent les historiens, pour expliquer ce qui a pu motiver tant de petites gens, sollicitées par leurs pasteurs, à s’engager dans un mouvement de résistance pacifique aux atrocités nazies.

« Si les habitants ont à ce point spontanément réagi, c’est à cause du souvenir des longues persécutions du XVIIIe siècle : l’accueil de l’autre, du réfugié, fut totalement normal pour eux », explique Philippe Joutard, spécialiste du protestantisme cévenol.

A ces profondes racines de résistance s’ajoute la transformation, avec l’arrivée du chemin de fer, de cette terre rude aux paysages sauvages en lieu de villégiature où le climat vivifiant favorise l’accueil des enfants des milieux ouvriers venus des grandes villes. Hôtels, pensions et maisons d’enfants fleurissent.

C’est dans ces établissements que seront accueillis, dès la fin des années 30, les premiers réfugiés, Républicains espagnols fuyant le franquisme, anti-nazis exilés d’Allemagne ou d’Autriche. Puis des juifs de différentes nationalités, toujours plus nombreux. D’abord hébergés, puis devant le danger de la déportation à partir de 1942, cachés ou exfiltrés, notamment vers la Suisse. Plusieurs centaines d’enfants, aujourd’hui disséminés dans le monde, seront ainsi sauvés.

Une loi du silence jamais trahie

Car dans ce village « un peu perdu », les habitants ont été très tôt « alertés » sur les dangers du nazisme, raconte Aziza Gril-Mariotte, chargée du futur Lieu de mémoire du Chambon qui ouvrira le 5 juin dans une aile de l’école du village, avec témoignages vidéos et salles thématiques.

Trois pasteurs locaux mais voyageurs —Charles Guillon, André Trocmé et Edouard Theis—, qui ont des contacts internationaux, ont eu un rôle crucial, rappelle-t-elle. Ils ont initié le mouvement de « résistance civile », nourrie de résistance spirituelle, qui poussera instituteurs, fermiers, médecins, commerçants, propriétaires d’hôtels, domestiques... à organiser spontanément ce sauvetage collectif. Avec une indéfectible loi du silence jamais trahie.

« Quand on pense à la Résistance, on pense à De Gaulle et aux maquis », explique le chercheur Jacques Sémelin (CNRS), « mais une autre résistance, civile, s’est développée qui consistait à faire sortir les juifs du milieu où ils étaient en danger pour les intégrer dans des milieux non-juifs. Il s’agissait de créer du lien social de telle sorte qu’il soit plus difficile de les arrêter ».

Au moins un millier de juifs - plus de mille noms ont été identifiés à ce jour par les historiens, 3.000 si on compte les réfugiés de passage - ont été sauvés par les habitants du Chambon-sur-Lignon et des communes environnantes, leur valant en 1990 le titre collectif, unique en France, de Justes parmi les Nations décerné par l’Institut israélien Yad Vashem.

Parallèlement, quatre-vingt Justes du Chambon ont été honorés à titre individuel, dont les derniers sont décédés au début des années 2010.

« Au moment où la tradition orale par les anciens s’évanouit peu à peu, nous nous devions de préserver l’histoire de ce passé exceptionnel pour le transmettre aux jeunes générations », insiste Eliane Wauquiez-Motte, maire de la commune qui se félicite que le Lieu de mémoire mette surtout en valeur archives personnelles et témoignages des acteurs.

« Un passage de témoin », pour une histoire, constate-t-elle, « souvent mieux connue à l’étranger qu’en France ».

Article lié au Lieu de mémoire Lieu de mémoire au Chambon-sur-Lignon

Image associée

La vie du comité : Le Lien Francophone Réseau « Villes et Villages des Justes de France » Galeries du Réseau Villes et Villages des Justes de France – Source : https://yadvashem-france.org/la-vie-du-comite/actualites/actualites-des-regions/village-de-justes-le-chambon-sur-lignon-ouvre-un-musee-du-souven/

Comité Français pour Yad Vashem Association loi 1901, constitué majoritairement de bénévoles, poursuit dans toute la France et avec ses vingt–cinq… En savoir plus - 16 Vidéos à écouter à la source : https://vimeo.com/cfyv

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10.
Encyclopédie multimédia de la Shoah - Le Chambon-sur-Lignon – Document ‘ United States Holocaust Memorial Museum’, français.

Photo - Enfants juifs protégés par la population protestante du village du Chambon-sur-Lignon. France, 1941. US Holocaust Memorial Museum, courtesy of Elizabeth Kaufman Koenig.

Photographies Témoignages Objet Cartes historiques

« Personne ne demandait qui était juif et qui ne l’était pas. Personne ne demandait d’où vous veniez. Personne ne demandait qui était votre père ou si vous pouviez payer. Ils nous acceptaient simplement tous d’un accueil chaleureux, protégeant les enfants, souvent non accompagnés de leurs parents — des enfants qui pleuraient la nuit à cause de cauchemars. » Elizabeth Koenig-Kaufman, ancienne enfant réfugiée au Chambon

De décembre 1940 à septembre 1944, les habitants des villages français du Chambon-sur-Lignon (5 000 habitants) et sur le plateau (24 000 habitants) offrirent un refuge à environ 5 000 personnes. Parmi eux, on estime à 3 000-3 500 le nombre de Juifs qui fuyaient les autorités de Vichy et les Allemands.

Encouragés par le pasteur André Trocmé, de l’Église réformée de France, son épouse Magda, ainsi que son assistant le pasteur Édouard Theis, les habitants de ces villages offrirent refuge chez eux, dans des hôtels, des fermes et des écoles. Ils fabriquèrent de faux papiers d’identité et de fausses cartes de rationnement pour les réfugiés et, dans certains cas, les aidèrent à passer la frontière vers la Suisse neutre. Ces actions de secours furent exceptionnelles en cette période de l’Holocauste dans la mesure où elles impliquaient la majorité de la population dans toute une région.

CONTEXTE

Le Chambon-sur-Lignon est un village du plateau du Vivarais, dans le département de la Haute-Loire, en Auvergne, une région vallonnée du centre-sud de la France. Jusqu’en novembre 1942, il se situait en zone libre. Le comportement des habitants sous le régime de Vichy et l’Occupation fut influencé par l’histoire particulière de leur région. Pourchassés par les autorités catholiques du seizième au dix-huitième siècle parce que huguenots (calvinistes), ils avaient ouvert leurs portes aux protestants qui fuyaient les discriminations et les persécutions. Beaucoup considéraient les Juifs comme membres d’un « peuple élu ». Les guides qui les accompagnaient jusqu’à la frontière suisse, à 300 km, se rendaient bien compte qu’ils prenaient le même chemin que leurs frères huguenots persécutés, des siècles plus tôt.

Sur le plateau du Vivarais, la mémoire collective d’une minorité religieuse qui avait souffert avait créé une forte méfiance à l’égard des gouvernements autoritaires. La plupart des huguenots de la région refusaient de coopérer avec le gouvernement de Vichy, de prêter serment au maréchal Pétain (chef de l’État sous le régime de Vichy) et de faire sonner les cloches des églises en son honneur. Après la mise en place du gouvernement de Vichy en juin 1940, André Trocmé, un pacifiste engagé, mena une campagne de désobéissance civile pacifique. Prêchant régulièrement contre l’antisémitisme, il dénonça, lors d’un discours public le 16 août 1942, la rafle de Juifs au Vélodrome d’Hiver à Paris en juillet, déclarant que « l’Église chrétienne doit se mettre à genoux et demander pardon à Dieu de son incapacité et de sa lâcheté actuelle ».

Si sur le plateau du Vivarais les actions de sauvetage non violentes furent principalement menées à l’initiative d’André Trocmé et d’Édouard Theis, beaucoup d’autres participèrent : des pasteurs des paroisses voisines, des catholiques, des quakers américains, des Juifs, des protestants suisses, des évangélistes, des étudiants de diverses confessions et des non-croyants.

LES SECOURS

Les opérations de sauvetage commencèrent au cours de l’hiver 1940, quand le pasteur Trocmé entra en contact avec l’American Friends Service Committee (comité quaker) à Marseille afin d’apporter une aide alimentaire aux 30 000 Juifs étrangers retenus dans les camps d’internement dans le sud de la France. Trocmé engagea une relation de travail avec Burns Chalmers, un quaker américain de premier plan. Ce dernier lui confia que même si les quakers parvenaient à faire libérer les internés des camps, ils ne sauraient où les loger puisque personne n’était disposé à leur offrir un abri.

André Trocmé garantit à Chalmers que son village, Le Chambon, accueillerait les réfugiés. Chalmers sut négocier la libération de nombreux Juifs, particulièrement des enfants, de quelques camps, dont Gurs, Les Milles et Rivesaltes. Grâce au bouche-à-oreille, le plateau du Vivarais fut connu comme un lieu de refuge hospitalier ; en plus de ceux qui arrivaient au Chambon suite à cette initiative de secours organisé, des Juifs et d’autres personnes en danger s’y retrouvèrent également, seuls ou en petits groupes.

Les réfugiés étaient pour la plupart des Juifs nés à l’étranger qui ne possédaient pas la nationalité française. Une majorité d’entre eux étaient des enfants, répartis dans les petits villages isolés et dans les fermes de la région montagneuse autour du Chambon. L’OSE (Œuvre de secours aux enfants), une agence juive française de protection de l’enfance, joua un rôle important en accompagnant des enfants au Chambon et en les plaçant chez des particuliers, dans des pensionnats, ainsi que dans sept maisons aménagées grâce à des fonds destinés à en faire des structures d’accueil. L’organisation quaker, des congrégationalistes américains, la Croix-Rouge suisse et même des gouvernements de pays tels que la Suède contribuèrent au financement afin qu’elles puissent être entretenues. Les réfugiés recevaient de la nourriture, des vêtements et de faux papiers d’identité. Les enfants allaient même à l’école et participaient à des mouvements de jeunesse. En vue de conserver un semblant de normalité et de cacher la présence de Juifs dans les communautés, les enfants assistaient fréquemment aux offices religieux protestants. Néanmoins, Trocmé encourageait également ces Juifs à organiser leur propre culte dans la clandestinité.

Dès que l’on soupçonnait des visites de la police de Vichy ou des rafles de la Police de la Sécurité allemande, les villageois emmenaient les réfugiés plus loin dans la campagne, et en accompagnaient certains jusqu’à la frontière suisse. La CIMADE (Comité inter mouvements auprès des évacués), un organisme protestant pour les réfugiés, fut particulièrement active dans la recherche d’itinéraires pour fuir vers la Suisse. Une des voies clandestines fréquemment utilisées allait du Chambon à Annemasse, puis au-delà de la frontière suisse.

Chassés par les autorités de Vichy et par les Allemands, d’autres réfugiés suivirent les Juifs au Chambon pour y trouver refuge. Parmi eux se trouvaient des républicains espagnols qui fuyaient les camps d’internement, des Allemands antinazis et beaucoup d’autres jeunes Français cherchant à éviter la déportation vers l’Allemagne et les travaux forcés. La région abritait également des membres de la résistance française, qui y devint active en 1942.

SOUS L’OCCUPATION ALLEMANDE

L’unité et la solidarité de la population locale forcèrent les autorités de Vichy à agir avec prudence dans la région. Il arrivait que des agents de police de Vichy alertent discrètement les villages avant de procéder à des fouilles. Ce scénario changea toutefois lorsque les Allemands occupèrent le sud de la France en novembre 1942. Le 13 février 1943, la police française arrêta les pasteurs Trocmé et Theis ainsi que le directeur de l’école primaire locale, Roger Darcissac, pour les enfermer dans un camp à Saint-Paul-d’Eyjeaux, près de Limoges. Les autorités françaises relâchèrent les trois hommes au bout de 28 jours et ils reprirent leurs activités jusque fin 1943, quand des rumeurs d’une nouvelle arrestation les poussa à se cacher. C’est Magda Trocmé qui s’occupa alors des opérations de secours.

Le 29 juin 1943, la police allemande mena une rafle dans une école secondaire locale et arrêta 18 élèves. Cinq d’entre eux furent identifiés comme juifs et les envoyés à Auschwitz, où ils périrent. La police allemande emmena également leur professeur, Daniel Trocmé, cousin du pasteur Trocmé, et le déporta vers le camp de concentration de Lublin/Majdanek où il fut tué par les SS. Roger Le Forestier, le médecin du Chambon, qui avait été particulièrement actif pour fournir de faux papiers d’identité aux Juifs, fut arrêté. Le 20 août 1944, il fut fusillé dans la prison Montluc à Lyon sur les ordres de la Gestapo. Le plateau du Vivarais fut libéré par la 1re division française libre les 2 et 3 septembre 1944.

RECONNAISSANCE

En 1990, l’État d’Israël reconnut dans leur ensemble tous les habitants du Chambon et ceux des villages voisins comme « Justes parmi les nations ». En outre, à partir de décembre 2007, les Israéliens décernèrent le titre de « Juste » à 40 habitants du Chambon et de ses environs. Le président français Jacques Chirac reconnut officiellement l’héroïsme du village au cours d’une visite le 8 juillet 2004. En janvier 2007, le gouvernement français honora les habitants du Chambon lors d’une cérémonie au Panthéon à Paris. Le village du Chambon et ses villages environnants sont un exemple exceptionnel d’initiative de secours collectif pendant l’Holocauste.

Copyright © United States Holocaust Memorial Museum, Washington, DC -
Translation Copyright © Mémorial de la Shoah, Paris, France - Source v : https://www.ushmm.org/wlc/fr/article.php?ModuleId=10007518

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11.
PDF - 3000 juifs sauvés dans la montagne cévenole - Document ‘akadem.org’ – Accès ici : http://akadem.org/medias/documents/3906_Doc2_Chambon.pdf

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12.
’ Vous les Justes de France qui nous donnez des raisons d’espérer ! ’ – Document sonore 32 minutes de France Inter dans le cadre de l’émission Talmudiquespar Marc-Alain Ouaknin, les dimanches de 9h10 à 9h42 - 01/07/2018 – Photo : Nathalie Heinich • Crédits : Alexa Brunet - Radio France

« Il existe une légende selon laquelle le monde reposerait sur trente-six Justes, que rien ne distingue des simples mortels ; souvent, ils s’ignorent eux-mêmes. Mais s’il venait à en manquer un seul, le monde ne pourrait pas subsister ! »

Ainsi commence _Le dernier des juste_s, le livre d’André Schwarz-Bart qui reçut le prix Goncourt en 1959 et qui a contribué de façon majeure à faire connaître et transmettre cette légende.

Mais est-ce vraiment une légende ? N’est-ce pas plutôt un rappel du fondement éthique sur lequel repose le monde ? L’auteur du livre des Proverbes ne dit-il pas ְצַדִּ֗יק יְסֹ֣וד עֹולָֽם, « le juste est le fondement du monde ? » Le monde n’a-t-il pas été sauvé à cause de Noé, « le seul juste de sa génération » : נֹ֗חַ אִ֥ישׁ צַדִּ֛יק תָּמִ֥ים הָיָ֖ה בְּדֹֽרֹתָ֑יו, et la société pervertie de Sodome n’a-t-elle pas été épargnée par la présence de 10 justes ? On se souvient aussi en Genèse 18 du marchandage d’Abraham avançant le nombre de cinquante Justes pour descendre progressivement à quarante-cinq, puis quarante, trente, vingt et enfin dix ! 

Fondement éthique qui ne réside pas seulement dans l’énoncé de ses sources bibliques mais dans la traduction permanente que réalisent des femmes et des hommes à travers le monde par des actes de justice et de justesse, ignorant souvent l’importance et l’efficacité de leur gestes, mais sachant au plus profond d’eux-mêmes que sans cette justesse de l’humain, l’humanité ne pourrait survivre à elle-même.

Justesse que l’on peut aussi appeler bonté !

Bonté qui a soufflé en de nombreux esprits lors de cette période terrible que fut la seconde guerre mondiale et au cours de laquelle la destruction et l’assassinat des juifs d’Europe fut le grand projet fou de l’Allemagne nazie et de ses collaborateurs. Bonté qui souffla particulièrement dans plusieurs de villages et lieux dits de la Haute Loire autour du Chambon sur Lignon, qui cachèrent et sauvèrent plus de 3.000 juifs, véritable « terre de justes » devenu un lieu de mémoire important de notre histoire. 

Reproduction - La stèle des justes du Plateau du Chambon-sur-Lignon dans le ’jardin des justes’au Mémorial de Yad vachem à Jérusalem • Crédits : DR - Radio France

Lieu de mémoire mais aussi lieu de rencontres car sur ces dix kilomètres de rayon autour du Chambon sur Lignon, avant la guerre, après et pendant, des hommes et des femmes trouvèrent dans cette montagne particulièrement accueillante un refuge qui fut pour eux l’occasion de méditer, d’écrire, de traduire, de construire des théories, de repenser le monde et le transformer.

Si je dis Albert Camus, Jules Isaac, Francis Ponge, André Chouraqui, Georges Vajda, Jacob Gordin, Raymond Aron, Charles Gide, Paul Ricoeur, Gilbert Simondon, Léon Poliakov, Pierre Vidal-Naquet, Louis comte, Georges Canguilhem, Alexandre Grothendieck, Georges Levitte, et Marcel Pagnol, on aura une petite idée, comme dit le Talmud avec une ironie joyeuse et bienveillante, de l’exceptionnel de ce lieu !

L’invitée : Nathalie Heinrich est Directrice de Recherche au CNRS, membre du Centre de recherches sur les arts et le langage à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, et membre associée au Laboratoire d’anthropologie et d’histoire sur l’institution de la culture, laboratoire associé au CNRS, Ministère de la Culture et à l’EHESS. Ses travaux portent sur la sociologie des professions artistiques et des pratiques culturelles (identité d’artiste, statut d’auteur, publics de musées, perception esthétique...), sur l’épistémologie des sciences sociales (Elias, Bourdieu, la sociologie de l’art…), et sur la sociologie des valeurs, tout en développant une réflexion sur les crises d’identité (témoignages de déportation, accession à la notoriété, construction fictionnelle des modèles identitaires...).

Vidéo 5:48 - Transition musicale à écouter à la source (Oeuvre Aria de J.S. Bach - Richard Galliano (Clip) jouée à l’accordéon).

Annonce de l’exposition du 5 juillet au 31 août 2018 intitulée ’Écrivains et penseurs autour du Chambon-sur-Lignon’

Le livre de l’invitée - Présentation de l’éditeur  

L’histoire peut se résumer en quelques chiffres : vingt-cinq années (1925-1950), dix kilomètres de rayon et la présence, dans ce tout petit territoire et ce court laps de temps, de dix-sept auteurs d’envergure nationale voire internationale, dont un prix Nobel, une médaille Fields, un prix Balzan, un prix Kyoto, un grand prix de poésie de l’Académie française, un prix de l’Académie des sciences morales et politiques, une médaille d’or du CNRS, un académicien, trois professeurs au Collège de France, trois enseignants à l’École des hautes études en sciences sociales, trois membres de l’École normale supérieure... 

C’est là une autre histoire du Chambon-sur-Lignon, qui ne recoupe que partiellement celle, devenue légendaire, du sauvetage des Juifs. Pourquoi, comment un phénomène aussi exceptionnel dans l’histoire intellectuelle et culturelle de la France a-t-il pu se produire ? 

C’est à l’élucidation de cette énigme qu’est consacré le présent ouvrage, agrémenté de nombreux témoignages, d’éclairages dus à d’éminents spécialistes, ainsi que de nombreuses illustrations. 

Reproduction : Editions ipressions nouvelles • Crédits : DR - Radio France

Le discours de Simone Veil sur les justes de France

[...] Face au nazisme qui a cherché à rayer le Peuple juif de l’Histoire des hommes et à effacer toute trace des crimes perpétrés, face à ceux qui, aujourd’hui encore, nient les faits, la France s’honore, aujourd’hui, de graver de manière indélébile dans la pierre de son histoire nationale, cette page de lumière dans la nuit de la Shoah. Les Justes de France pensaient avoir simplement traversé l’Histoire. En réalité, ils l’ont écrite. 

De toutes les voix de la guerre, leurs voix étaient celles que l’on entendait le moins, à peine un murmure, qu’il fallait souvent solliciter. Il était temps que nous les entendions. Il était temps que nous leur exprimions notre reconnaissance. Pour nous qui demeurons hantés par le souvenir de nos proches, disparus en fumée, demeurés sans sépulture, pour tous ceux qui veulent un monde meilleur, plus juste et plus fraternel, débarrassé du poison de l’antisémitisme, du racisme et de la haine, ces murs résonneront désormais et à jamais de l’écho de vos voix, vous les Justes de France qui nous donnez des raisons d’espérer. Photo : Simone Veil• Crédits : DR - Radio France

À découvrir :

Les Chasseurs de nazis

A voix nue - Georges Guingouin (2/2) : du ’premier maquisard de France’ au ’bouc-émissaire des mauvaises consciences’

Anne Georget : ’Dans les camps de concentration, au goulag et dans les camps de prisonniers dans le Pacifique, des gens ont écrit des recettes de cuisine pour survivre’

Raymond Aubrac : ’A l’ origine, tous les gens qui font de la résistance ont deux caractéristiques en commun : ils sont volontaires et ils sont tous désobéissants’

Tags : Religion judaïsme Histoire

L’équipeProduction : Marc-Alain Ouaknin – Réalisation : Dany Journo

Image associée

Source : https://www.franceculture.fr/emissions/talmudiques/vous-les-justes-de-france-qui-nous-donnez-des-raisons-desperer

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13.
LA PATRIE RECONNAISSANTE - Au terme d’une cérémonie touchante, juste et hautement symbolique, Simone Veil est entrée au Panthéon avec son mari Antoine Veil (décédé en 2013) dimanche 1er juillet 2018… LCI – Ecouter par ici : Simone et Antoine Veil au Panthéon : revivez les temps forts d’une cérémonie forte et bouleversante - LCI

Source : https://www.lci.fr/societe/hommage-simone-et-antoine-veil-au-pantheon-revivez-les-temps-forts-d-une-ceremonie-forte-et-bouleversante-emmanuel-macron-nicolas-sarkozy-francois-hollande-europe-droit-des-femmes-avortement-ivg-2091987.html

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14.
Simone Veil au Panthéon : Revivez la poignante minute de silence au son du camp de Birkenau-Auschwitz après le discours de Macron Par Alexis Annaix01/07/2018 12:29 CEST – Documents ‘Huffpost’ : écouter les enregistrements sonores à la source dont « Une minute de silence habitée par le bruit du silence du camp de concentration où a été retenue Simone Veil durant la Seconde Guerre mondiale ».

SIMONE VEIL - Le fond sonore avait été enregistré par le réalisateur David Teboul quelques jours avant la cérémonie. C’est ’le bruit du silence du camp’ de concentration de Birkenau-Auschwitz qui a accompagné le recueillement de la foule durant la cérémonie d’entrée de Simone et Antoine Veil au Panthéon dimanche 1er juillet.

Un silence marqué par les bruits de la nature et le chant des oiseaux, seuls habitants des lieu ; et un moment poignant en hommage à celle qui avait été déportée à Auschwitz à 16 ans en avril 1944, parmi 1500 autres juifs. Avec Simone Veil, la mémoire de la Shoah fait aussi son entrée au Panthéon.

Peu avant cette minute de silence, Emmanuel Macron avait pris la parole pour dire que la décision de transférer Simone Veil au Panthéon ’ne fut pas seulement la (sienne), ce ne fut pas non plus celle de sa famille qui cependant y consentit, cette décision fut celle de tous les Français’. ’C’est intensément, tacitement, ce que toutes les Françaises et tous les Français souhaitaient (...) Avec Simone Veil, entrent ici ces générations de femmes qui ont fait la France’, a ajouté le chef de l’État devant le Panthéon.

Devant la famille, de nombreux responsables politiques et des milliers d’anonymes, Emmanuel Macron a rendu un hommage solennel. ’Avec Simone Veil, entrent ici ces générations de femmes qui ont fait la France, sans que la Nation leur offre la reconnaissance et la liberté qui leur était due’, a estimé le président de la République. ’Aujourd’hui, par elle, justice leur soit à toutes rendue’, a-t-il ajouté.

Peu avant 10H30, les cercueils de Simone et Antoine Veil avaient quitté le Mémorial de la Shoah, où les Français ont rendu hommage à l’ancienne déportée durant 48 heures. Sous les applaudissements d’anonymes, ils ont rejoint la place Edmond-Rostand où ils ont remonté lentement jusqu’au Panthéon sur un long tapis bleu, la couleur symbole de la Paix, l’entente entre les peuples et l’Europe’.

À voir également sur Le HuffPost - Lire aussi :

Revivez la cérémonie d’entrée de Simone et Antoine Veil au Panthéon

Simone Veil, la promesse d’une droite humaniste sans héritiers

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Source : https://www.huffingtonpost.fr/2018/07/01/simone-veil-au-pantheon-revivez-la-poignante-minute-de-silence-vau-son-du-camp-de-birkenau-auschwitz-apres-le-discours-de-macron_a_23472033/?utm_hp_ref=fr-homepage

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15.
Introduction et sommaire de l’article que Wikipédia consacre à Simone Veil

Simone Veil (prononciation : /si.mɔn vɛj/ Écouter), née Jacob le 13 juillet 1927 à Nice et morte le 30 juin 2017 à Paris, est une femme politique française.

Née dans une famille juive aux origines lorraines, elle est déportée à Auschwitz à l’âge de 16 ans, durant la Shoah, où elle perd son père, son frère et sa mère. Rescapée avec ses sœurs Madeleine et Denise, elles aussi déportées, elle épouse Antoine Veil en 1946 puis, après des études de droit et de science politique, entre dans la magistrature comme haut fonctionnaire.

En 1974, elle est nommée ministre de la Santé par le président Valéry Giscard d’Estaing, qui la charge de faire adopter la loi dépénalisant le recours par une femme à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), loi qui sera ensuite couramment désignée comme la « loi Veil ». Elle apparaît dès lors comme icône de la lutte contre la discrimination des femmes en France.

Elle est la première présidente du Parlement européen, nouvellement élu au suffrage universel, de 1979 à 1982. De façon générale, elle est considérée comme l’une des promotrices de la réconciliation franco-allemande et de la construction européenne.

De 1993 à 1995, elle est ministre d’État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville, « numéro deux » du gouvernement Édouard Balladur, puis siège au Conseil constitutionnel de 1998 à 2007, avant d’être élue à l’Académie française en 2008.

Sur décision du président Emmanuel Macron, Simone Veil fait son entrée au Panthéon avec son époux le 1er juillet 2018.

Sommaire

16.
Simone Veil est encore un peu plus entrée dans le patrimoine français depuis sa mort – Document sonore et textes de ‘Huffpost’

Elle sera la cinquième femme à entrer au Panthéon ce dimanche 1er juillet. Depuis sa mort en juin 2017, la ’Mère Veil’ comme la surnommait son mari, est encore un peu plus entrée dans le patrimoine français. En mai dernier, pendant les commémorations de Mai-68, et plus généralement des causes féministes de cette époque-là, elle avait eu son portrait placardé un peu partout dans la capitale par le collectif féministe de street artists ’Merci Simone’. Fin mai, c’était à la place et au métro Europe sur la ligne 3 du réseau parisien de prendre son nom. Un hommage qui vient s’ajouter aux dizaines de bâtiments publics qui portaient déjà son nom. Plus récemment en juin, une pièce de deux euros à son effigie a été frappée. Tout ça, avant un ultime hommage qui durera jusqu’à la descente de son cercueil et de celui de son mari dans un des caveaux du Panthéon après une cérémonie haute en symboles.

© 2018 Le Huffington Post SAS. Tous droits réservés. Une partie de HuffPost News

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Source : https://www.huffingtonpost.fr/2018/06/30/simone-veil-est-encore-un-peu-plus-entree-dans-le-patrimoine-francais-depuis-sa-mort_a_23470470/

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17.
Les enfants pendant la Secconde guerre mondiale – D’autres lieux de résistance et de mémoire – Sélection de Vidéos

A.
Izieu, une mémoire en résistance Par classepam - Ajoutée le 14 sept. 2016

L’histoire des pensionnaires de la Maison d’enfants juifs à Izieu avec les acteurs principaux de leur mémoire : Sabine Zlatin, Rolande Causse, Samuel Pintel, Hélène Waysbord... Présentation de la maison d’Izieu, lieu de mémoire du génocide des Juifs par les Nazis et musée consacrée à l’histoire des enfants d’Izieu, à l’histoire des génocides et de la justice internationale.

Catégorie Éducation - Licence YouTube standard – En français et allemand avec sous-titrage en français - Source : https://www.youtube.com/watch?v=oNF9IVqvZpc

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B.
La Maison des enfants juifs de Moissac 1939-1943 Par jchaimk Vidéo 10:17 ajoutée le 11 janvier 2017

« La Maison des enfants juifs de Moissac 1939-1943 » Reportage réalisé pour le magazine numéro 44 de la chaine Tsarfatv (www.tsarfatv.com) qui relate le témoignage de Rachel Hubel (Tevel) sur la maison des enfants juifs à Moissac pendant la deuxième guerre mondiale, Ce refuge fut créé en 1939 par les Eclaireurs Israelites de France et dirigé par Shatta et Bouli Simon. Grâce au dévouement de ce couple et grâce à l’aide active de la population locale, près de 500 enfants juifs français et étrangers qui furent héberges dans la maison de 1939 jusqu’en fin 1943, échappèrent à la déportation. Sous-titres en Hébreu (כתוביות בעברית)

Catégorie Voyages et événements - Licence YouTube standard – En français avec sous-titrage en hébreu (כתוביות בעברית) - Source : https://www.youtube.com/watch?v=ctFDxBGot-E

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C.
Prologue ’Les enfants cachés de la guerre’ Par Joseph Morana Vidéo 2:26 ajoutée le 7 mai 2017

Documentaire de 110mn afin d’être diffusé dans les écoles, les mairies en témoignage de l’histoire avec débat. Fille d’un père magistrat, français, catholique, quelle perdra malheureusement en 1941, et d’une mère d’origine juive. dès lors sa mère prit au piège de ses origines, va tout faire pour sauver ses cinq enfants ; le témoignage de Colette nous entraîne au cours d’une interview dans le récit de son enfance passée dans le petit village d’Irodouër en Bretagne ou elle sera cachée et élevée au risque de sa vie avec une petite fille de parents franco-allemand, chez une femme exemplaire et pleine de courage : Valentine Ruault. Le récit est agrémenté de documents, de photos et d’archives de l’époque, ainsi que du témoignage de Lise Martinon, Henri et Marie Claire Wilkowsky, (remercié par Steven Spielberg et Ségolène Royal lors d’un premier témoignage) et Claude Jouanne...

Catégorie : People et blogs - Licence YouTube standard - En savoir plus - Source : https://www.youtube.com/watch?v=F9cM1AJq6HM

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18.
« La Tentation du repli - Mondialisation, démondialisation (XVe-XXIe siècles) » 21 mars 2018 – Annonce de l’ouvrage de Philippe Moreau Defarges, publié par les éditions ‘Odile Jacob’. Reproduction de la 1èrede couverture

« Toute expansion porte en elle la tentation du repli. Toute mondialisation accouche de son mouvement contraire, la démondialisation ».

Philippe Moreau Defarges nous propose avec ce livre une histoire du monde, de sa conquête par les hommes, des flux et reflux de leurs avancées. Trois mondialisations-démondialisations se sont succédé depuis les grandes découvertes à la Renaissance.
La dernière, qui a débuté à la fin du XXe siècle, opère actuellement un retournement spectaculaire dont la politique de Donald Trump est sans doute le symptôme le plus évident.

Après avoir dressé un panorama de ces trois mondialisations et des réactions de rejet qu’elles ont suscitées – fermeture des empires, idéologies défensives… –, Philippe Moreau Defarges s’interroge : la démondialisation est-elle porteuse d’un avenir pour l’humanité ? Faut-il renoncer au magnifique moteur qu’est l’idée de progrès ? Écrit d’une plume nerveuse, parcourant les « fleuves boueux de l’histoire », ce livre explore une thématique fondamentale de notre humanité et de son devenir. Ancien diplomate, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI), Philippe Moreau Defarges a enseigné à Sciences Po (Paris) et codirigé le rapport RAMSES (IFRI). Il est l’auteur d’ouvrages d’histoire des relations internationales et de géopolitique qui ont été de grands succès de librairie. 

Odile Jacob publie : Les éditions Catalogue English - Qui sommes-nous ?Nous écrireAgendaQuestions fréquemment poséesDroits étrangersService manuscritsContacter un auteur - A propos : Qui sommes-nous ? Nous écrire Service manuscrits Service des droits étrangers Contacter un auteur – Source : https://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences-humaines/economie-et-finance/tentation-du-repli_9782738143372.php

Mondialisation, démondialisation : la tentation du repli : ouvrage de Philippe Moreau Defarges – Vidéo d’un enntretien 5:49 Xerfi Canal Ajoutée le 30 mai 2018

Xerfi Canal a reçu Philippe Moreau Defarges, ancien diplomate, spécialiste en géopolitique, dans le cadre de son livre ’La Tentation du repli : Mondialisation, démondialisation’. Une interview menée par Mathias Thépot.

Catégorie : Actualités et politique - Licence YouTube standard – Source : https://www.youtube.com/watch?v=HwCE9WqkJhE

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« Ne cédons pas à la tentation du repli sur soi » le 28/04/2017 à 16h10
Mis à jour le 01/05/2017 à 10h52 – Document ‘La croix’.

A la veille d’une échéance électorale cruciale, trente-deux organisations et mouvements catholiques souhaitent participer au débat politique. Ils nous font part aujourd’hui de leur réflexion.

Photo - Des associations se sont mobilisées, pendant des mois, pour donner quelques leçons aux enfants qui vivaient dans la «  jungle  » de Calais, jusqu’à son démantèlement en octobre 2016./ AFP PHOTO / PHILIPPE HUGUEN / PHILIPPE HUGUEN/AFP

Nous entendons et nous partageons l’inquiétude légitime de certain-e-s de nos concitoyen-ne-s, compte tenu des situations souvent difficiles qu’ils vivent. Mais nous refusons de nous laisser instrumentaliser par ceux qui voudraient nous convaincre que nous ne pouvons pas construire ensemble l’avenir de notre pays.

Il est toujours possible, sans perdre son identité, de développer une politique plus respectueuse de la diversité et de la cohésion entre les territoires et de s’ouvrir à l’autre, à la richesse des différences, à ceux qui n’ont pas la même couleur de peau, la même origine sociale, le même sexe, la même langue, la même culture.

« L’autre est un don », soulignait le pape François lors de son dernier message de Carême [1]. Comme nous l’avions rappelé avant le premier tour de l’élection [2], nous pensons que les solutions aux problèmes auxquels notre société est confrontée se trouvent dans l’ouverture, le dialogue et la participation de chacun de nous pour construire ensemble une France et une Europe plus ouvertes et plus justes dans un monde de droit et de dignité.

Les dizaines de milliers de bénévoles de nos organisations et mouvements sont témoins tous les jours que la réalité de la société française, ce sont des milliers d’actions concrètes qui construisent une planète plus solidaire et fraternelle. Ceci nous permet d’affirmer que l’acceptation de la diversité au sein de la République ne menace pas l’unité nationale. Elle ne remet pas en question l’existence d’une culture commune, de valeurs partagées, d’une même appartenance à l’Humanité.

À nos concitoyen-ne-s qui éprouvent déception ou désarroi devant les résultats du premier tour, nous voulons dire aujourd’hui que la clé réside dans notre capacité à dépasser nos peurs et à les transformer en une dynamique collective constructive. L’avenir de notre pays est ouvert, il ne tient qu’à nous de ne pas nous enfermer et d’agir librement, en conscience, pour le garder ouvert.

Comme l’affirmait la Conférence des évêques de France au lendemain du premier tour des élections, « aujourd’hui, le risque principal serait de renoncer à lutter pour l’avenir et de céder à la tentation du fatalisme » [3]. Croyants et non croyants, nous devons tous nous mobiliser pour mettre la diversité de nos talents au service de la société.

Nous, organisations et mouvements d’Église, avons vocation à prendre parti quand la dignité de l’homme est en question. Nous sommes bien dans notre rôle, lorsque nous proclamons que le monde d’aujourd’hui a moins besoin d’affrontements, de divisions et de fermetures que de bienveillance, de justice et de fraternité, cette fraternité qu’avec la liberté et l’égalité, la République nous demande de vivre.

À l’heure de faire un choix entre deux visions de la société, ne cédons pas à la tentation du repli sur soi, refusons de laisser instrumentaliser l’Évangile, recentrons le débat sur les vrais sujets et transformons la clameur du monde qui nous entoure en espérance. Réaffirmons notre foi en l’autre, « tout homme et tout l’homme », et en nos capacités à construire notre destin commun.

Liste des Signataires : Action catholique des enfants (ACE), Action catholique des femmes (ACF), Action catholique des milieux indépendants (ACI), Action catholique ouvrière (ACO), Apprentis d’Auteuil, Association des cités du Secours catholique, Comité chrétiens de solidarité avec les chômeurs et les précaires (CCSC), Centre de Recherche et d’Action sociale (CERAS), CCFD-Terre Solidaire, Centre Catholique des Médecins Français, Chrétiens dans le monde rural (CMR), Chrétiens dans l’Enseignement public, Chrétiens en Forum, Communauté Mission de France, Communauté Vie Chrétienne (CVX), Confrontations (Association d’intellectuels chrétiens), Délégation catholique pour la coopération (DCC), Entrepreneurs et dirigeants chrétiens (EDC), Ethique et Investissement, Etudes, Fédération française des Équipes Saint-Vincent, Fondacio, Instituts religieux et solidarité internationale (IRSI), Jeunesse étudiante chrétienne (JEC), Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), JRS France, Justice et Paix, Mission de la Mer, Mouvement chrétien des cadres et dirigeants (MCC), Mouvement chrétien des retraités (MCR), Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC), Ordre de Malte France, Pax Christi, Scouts et Guides de France, Secours catholique – Caritas France, Semaines sociales de France, Vicariat pour la Solidarité de l’archidiocèse de Paris, Vivre Ensemble l’Evangile Aujourd’hui, Voir Ensemble.

[1] « La Parole est un don. L’autre est un don  », message du Pape François pour le Carême 2017.

[2] « Pour une citoyenneté responsable et engagée  », tribune signée par 28 organisations et mouvements catholiques – 13 avril 2017, La Croix.com.

[3] « Élections présidentielles : « L’Église redit son rôle et rappelle ses fondamentaux  », Conférence des Évêques de France – 23 avril 2017.

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Mentions légales - CGU - © 2018 Bayard Presse - Tous droits réservés - @la-croix.com est un site de la Croix Network - Source : https://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/Ne-cedons-tentation-repli-2017-04-28-1200843233

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19.
Afrique - Au Niger aussi, la question des migrants fait débat - Par AFP @GeopolisAfrique | Publié le 27/06/2018 à 09H34 – Photo : Des migrants portent des affichettes dénonçant des violences contre des réfugiés à Agadez, au Niger (21 juin 2018). © BOUREIMA HAMA/AFP

Alors que l’Europe se déchire sur les questions migratoires, une dépêche de l’Agence France Presse montre que ce sujet ne va pas sans poser des questions en Afrique, même et notamment au Niger, où de nombreux migrants se retrouvent sur la route de la Méditerranée, soit en allant vers la Libye soit en revenant de ce pays. Voici cet intéressant éclairage signé Boureima Hama.

« On est traumatisés, essoufflés et toujours aucune lueur d’espoir », s’apitoie Mohamed, un réfugié soudanais, affalé sur une natte dans un centre de transit onusien à Agadez, dans le nord du Niger. « Il n’y a pas de doute, nous sommes tombés dans le piège infernal du désert », renâcle un de ses compagnons d’infortune.

Depuis septembre 2017, un flot de réfugiés soudanais, fuyant les atrocités en Libye voisine, déferle sur Agadez, la grande ville nigérienne aux portes du désert. Tous sont arrivés en détresse, entassés dans des camions avec femmes et enfants, selon des ONG locales. « Nous avions fui les tortures, les viols, le génocide au Darfour pour aller en Libye à la recherche de meilleures conditions de vie », explique un de leurs représentants à Filippo Grandi, le Haut Commissaire de l’ONU aux réfugiés (HCR) en visite à Agadez. 

Le HCR héberge les femmes et les enfants dans une grande villa, au centre ville, où ils sont nourris et soignés. Les hommes, dont de très nombreux adolescents, sont accueillis dans la périphérie, où ils dorment sous des hangars en tôles, avec de l’eau courante. Les plus malchanceux vivent dans la rue, sous des abris très précaires et à la merci des violentes tempêtes de sable.

Le HCR évalue ces demandeurs d’asile à 1.300 personnes et les autorités locales à près de 2.000. « 10% de ces réfugiés soudanais étaient dans des camps au Tchad, où la baisse de l’assistance les a poussés en Libye, avant de se retrouver coincés à Agadez », explique à l’AFP Vincent Cochetel, l’envoyé spécial du HCR pour la situation en Méditerranée centrale. « Pendant plusieurs mois, les autorités nigériennes ne voulaient pas que ces gens aient accès à la procédure d’asile, mais un accord a été trouvé », assure-t-il.

« Il se peut que quelques-uns aient besoin d’asile », mais « il n’y aura pas de réinstallation pour eux » dans des pays tiers, a clarifié Filippo Grandi qui a discuté de cet épineux problème avec le président nigérien Mahamadou Issoufou. Il a néanmoins promis que son agence « va continuer à les soutenir » et « à les héberger à Agadez ».

Photo  : La protestation de migrants contre les violences subies par des réfugiés à Agadez au Niger. Cette manifestation a lieu le jour de la visite du répresentant du HCR. (21 juin 2018). © BOUREIMA HAMA / AFP

Tensions avec les habitants - Mais la présence prolongée de ces réfugiés alimente les tensions au sein de la population excédée par la précarité économique, les fréquentes pénuries d’eau potable et d’électricité. 

« La cohabitation se passe mal, ce sont des jeunes fougueux qui ne respectent aucune loi », selon le maire d’Agadez Rhissa Feltou. Certains « ont même combattu en Libye et au Soudan », affirme-t-il. « Ils volent et agressent nos femmes », accuse un chauffeur de taxi-moto.

Rhissa Feltou dénonce surtout « la pression sur les faibles ressources » dont « le système d’assainissement et sanitaire » de sa commune de 145.000 habitants, qui accueille déjà « chaque mois pas moins de 500 Ouest-Africains refoulés d’Algérie ». 

« C’est clair : si vous ne respectez rien, ça sera très difficile de vous aider et la communauté locale sera très en colère », a prévenu Filippo Grandi devant les représentants des réfugiés. Pour prévenir d’éventuelles confrontations violentes, le HCR envisage de réinstaller ses pensionnaires loin de la ville.

En marge de la visite de M.Grandi, des dizaines de personnes ont manifesté pacifiquement contre « la lenteur » dans l’examen de leur demande d’asile. Rhissa Feltou rend le HCR responsable de cette agitation. « Le HCR a publié qu’il pouvait protéger tous les demandeurs d’asile, tous ceux qui sont persécutés chez eux, les réseaux sociaux ont repris l’information et du jour au lendemain, on s’est retrouvés avec un afflux massif de ces personnes-là », râle-t-il. Et « ils continuent d’arriver » pendant que les centres « sont complètement débordés ».

Aller plus loin : Au Niger, Agadez, un carrefour de l’espoir et des rêves brisés

Source : http://geopolis.francetvinfo.fr/au-niger-aussi-la-question-des-migrants-fait-debat-195205

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20.
Etats-Unis - Des enfants ’dans des enclos grillagés’ : la politique migratoire de Trump fait polémique - RTBF avec AFP - Publié le mardi 19 juin 2018 à 09h36

Donald Trump revendique sa fermeté extrême aux frontières malgré le tollé provoqué par la séparation de plus de 2300 mineurs arrachés à leurs parents sans papiers, en affirmant qu’il ne laisserait pas les Etats-Unis devenir ’un camp pour migrants’.

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Depuis l’annonce de la politique américaine de ’tolérance zéro’ début mai, 2.342 enfants et jeunes migrants ont été séparés de leurs familles (du 5 mai au 9 juin 2018), selon les nouveaux chiffres officiels.

Pour l’administration Trump, l’équation est simple : plus question de relâcher des sans-papiers parce qu’ils ont été interpellés en compagnie de mineurs qui ne peuvent être détenus avec eux, dans l’attente de leur hypothétique retour devant le juge, comme c’était la pratique sous le démocrate Barack Obama.

Tous les clandestins surpris du côté américain de la frontière sont donc désormais poursuivis et écroués... et leurs enfants doivent être hébergés de leur côté.

Enclos grillagés

Supermarché reconverti, vastes bâtiments, ces adolescents et jeunes enfants sont parfois logés dans des espaces grillagés, près de la frontière avec le Mexique. ’J’ai vu des tonnes d’enfants massés ensemble dans de grands enclos grillagés’, a témoigné un sénateur démocrate, Chris Van Hollen, après avoir visité un centre dimanche au Texas. Une vidéo montrant des enfants et des adultes dans l’un de ces centres a été partagée plusieurs milliers de fois sur les réseaux sociaux.

Les enfants ’sont bien traités’ et les rumeurs de mauvais traitements ’sont fausses’, a répondu la ministre de la Sécurité intérieure, Kirstjen Nielsen, lundi.

Rien de moins que de la torture

Photo : Une manifestation contre l’enfermement d’enfants qui ont franchi illégalement la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, le 18 juin 2018, à Los Angeles. - © MARIO TAMA - AFP

Inadmissible’, s’est indigné l’ONU. ’Ce n’est rien de moins que de la torture’, a renchéri Erika Guevara-Rosas de l’ONG Amnesty International, justifiant ses mots en soulignant ’la sévère souffrance mentale infligée intentionnellement sur ces familles’ pour ’en décourager d’autres d’essayer d’entrer aux Etats-Unis’.

Rarissime intervention dans un sujet politique brûlant, la Première dame Melania Trump a dit dimanche ’détester voir des enfants séparés de leur famille. L’ex-Première dame Laura Bush a elle aussi rompu sa traditionnelle discrétion avec des mots forts, en dénonçant une politique ’cruelle’. Des mots retweetés pas une autre ancienne occupante de la Maison Blanche, Michelle Obama.

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21.
France - A Ivry, une pédagogie d’urgence pour les enfants de l’exil - Par Dominique Perrin Publié par ‘M le magazine du Monde’ | 08.06.2018 à 14h17 • Mis à jour le 10.06.2018 à 12h08 – Photo - Un établissement pilote a été créé, en février 2017, par Emmaüs Solidarité et la Ville de Paris pour les jeunes migrants dans le Val-de-Marne.

Ce jeudi 31 mai 2018, Bayanullah est très en forme. Au premier rang de la classe, très élégant dans sa chemise cintrée et son pantalon camel, portable en poche, l’adolescent de 16 ans répond à toutes les questions de l’enseignante, puis s’auto-félicite : « Bravo, Bayanullah ! » La professeure, Anastasia Guillon, écrit au tableau deux mots proches : « Lille » et « fille ». Le jeune garçon les prononce correctement. « C’est très compliqué, rit le garçon. Si vous venez en Afghanistan, vous pouvez apprendre la langue en trois mois. » Content de sa sortie, il se retourne vers ses camarades, plus silencieux, voire assoupis par le ramadan et la chaleur. Irakiens, Koweïtiens ou Afghans comme lui, certains sont arrivés dans la « classe des grands » il y a quinze jours, d’autres il y a trois mois, beaucoup seront partis cet été. Tous sont élèves temporaires d’une école unique en France, celle du centre d’hébergement d’urgence pour migrants d’Emmaüs Solidarité, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne).

Créé en février 2017 à l’initiative de l’association et de la Ville de Paris, cet établissement pilote de l’Education nationale, qui boucle sa première année scolaire complète, fait l’objet de toutes les curiosités. Le modèle peut-il être reproduit ? A quelques kilomètres seulement des campements parisiens qui viennent d’être récemment évacués, ce lieu est un havre de paix. Un petit espace, où la France ressemble beaucoup plus à un pays d’accueil. Lorsqu’on arrive au centre, le préfabriqué blanc marqué de la devise de la République est le premier bâtiment que l’on voit. A côté, sur les bassins filtrants d’une ancienne usine des eaux qui appartient à la Ville de Paris, des maisons de bois sur pilotis et des yourtes accueillent, depuis janvier 2017, des familles et des femmes – 420 personnes en ce moment.

« Quand il n’y a pas cours, je m’ennuie. Ici, je n’ai pas beaucoup d’amis, je les ai laissés en Afghanistan. Mes parents, ils sont toujours tristes. » Bayanullah, 16 ans

L’endroit est joli, l’école, qui scolarise 45 enfants dans quatre classes, un peu moins. Pourtant, c’est l’endroit préféré de Bayanullah, aîné de six enfants. « Quand il n’y a pas cours, je m’ennuie, confie-t-il. Ici, je n’ai pas beaucoup d’amis, je les ai laissés en Afghanistan. Mes parents, ils sont toujours tristes, ils ne rigolent pas. Il y a juste moi qui rigole, qui dis n’importe quoi. »

Lire aussi : A Paris, l’immobilisme du ministère de l’intérieur face à la dégradation de la situation des migrants

En moyenne, la durée de séjour ne dépasse pas deux mois. Mais sa famille, bloquée par des difficultés administratives, habite ici depuis six mois, à huit dans deux pièces. Du coup, Bayanullah, qui aimerait devenir pilote d’avion, commence à bien parler français. Sa sœur Kalima, 15 ans, sort de l’école pour la récréation et remet son foulard sur ses cheveux. Elle évoque les problèmes de son pays, Daech et les talibans, l’école qui était trop loin. Son rêve, c’est de devenir policière : « Commandante. »

Le clip de Grand Corps Malade a été tourné de le camp d’Ivry-sur-Seine

Cette école de l’urgence suscite un grand intérêt. Dans les salles de cours défilent chercheurs, inspecteurs généraux, étudiants, députés, journalistes, Olivier Faure, du PS, ou encore Benoît Hamon, Damien Carême aussi, le maire de Grande-Synthe… Le slameur Grand Corps Malade y a tourné une partie de son clip Au feu rouge. Le 7 juin, 26 professeurs islandais devaient même venir observer l’enseignement aux élèves allophones. Parfois, c’est trop. Elèves et enseignants réclament du calme. Même s’ils le savent, l’attrait de l’établissement vient de sa réussite. Le directeur général d’Emmaüs Solidarité, Bruno Morel, se dit ravi : « Dans un contexte où Ivry, commune très accueillante, ne pouvait intégrer ces enfants qui restent peu de temps, dans des classes déjà surchargées, les résultats sont tout à fait positifs. »

« Comment s’adapter à des élèves qui ne restent parfois que deux semaines ? Comment gérer notre trop plein d’émotions quand un enfant part ? C’est difficile, mais ça vaut la peine. » Anastasia Guillon, enseignante

Pourtant, le pari était compliqué. « Tout l’enjeu, c’est d’arriver à pratiquer une pédagogie d’urgence, explique l’enseignante Anastasia Guillon. Comment s’adapter à des élèves qui ne restent parfois que deux semaines ? Comment gérer notre trop plein d’émotions quand un enfant part ? C’est difficile, mais ça vaut la peine. Il faut beaucoup de psychologie. A la dernière fête, les parents étaient très fiers, tous bien habillés… » Ses yeux s’embuent. « Nous avons sous-estimé la charge émotionnelle pesant sur les enseignants », reconnaît Stéphane Paroux, le coordonnateur pédagogique de l’école. Assez vite, les quatre professeurs ont demandé qu’une psychologue du centre vienne les écouter toutes les trois semaines. Ils évitent aussi le car qui, certains matins, attend des familles pour les emmener dans des centres d’accueil d’autres départements.

Lire aussi : A Paris, 34 démantèlements de camps de migrants en deux ans

« Maintenant, l’école est duplicable, affirme Stéphane Paroux. On saurait faire. Mais est-ce souhaitable ? Je ne peux pas répondre. L’avantage est la rapidité de la scolarisation. L’inconvénient, c’est le manque d’intégration, même si une classe fait du sport dans une école d’Ivry. Au centre, les élèves restent entre eux. C’est une école pilote, pas un modèle.  » Pour s’intégrer, Bayanullah maîtrise pourtant maintenant la plupart des mots essentiels : « Bonjour, je suis un bon garçon, récite-t-il dans son coin, est-ce que je peux avoir ton numéro de téléphone ? »

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Source : https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2018/06/08/a-ivry-une-pedagogie-d-urgence-pour-les-enfants-de-l-exil_5311832_4497186.html

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France - VIDEO. Les enfants perdus de Barbès, à Paris - Un reportage de Louis Milano-Dupont diffusé dans ’Complément d’enquête’ le 7 juin 2018. Mis à jour le 08/06/2018 | 00:32- Publié le 07/06/2018 | 23:47 – Document ‘France 2 France Télévisions’

A Paris, des mineurs arrivés du Maroc errent dans le quartier de la Goutte-d’Or, refusant toute aide des pouvoirs publics… ’Complément d’enquête’ a interrogé des riverains désemparés, et recueilli le témoignage poignant d’un ’ancien’ de la bande.

Dans le nord de Paris, entre 60 et 80 mineurs arrivés du Maroc errent depuis plus d’un an à la Goutte-d’Or, sans que la mairie ne parvienne à les prendre en charge. Ils ont entre 12 et 18 ans, dorment dans des squats ou des camps de migrants, vivent dans des conditions insalubres et refusent toute aide.

Entre vols à l’arraché et ’sniffs’ de colle, les plus violents font trembler les riverains. Les magistrats du parquet des mineurs cherchent des réponses, mais les méthodes habituelles ne fonctionnent pas.

L’histoire de Salim, arrivé de Tanger à 14 ans

Dans ce 18e arrondissement populaire, les habitants sont désarmés. Vincent est l’un des rares éducateurs à pouvoir approcher ces jeunes qui fuguent des foyers. Infirmier, il tente de soigner leurs blessures. Driss El Kherchi, un Franco-Marocain qui dirige une association de travailleurs immigrés, a réussi à nouer quelques contacts.

L’équipe du magazine a retrouvé Salim, un ancien de la bande du square Alain-Bashung. En décembre 2017, en prenant la fuite après un cambriolage qui a mal tourné, l’adolescent de 17 ans a été percuté par un train et a perdu sa jambe droite. Aujourd’hui, le jeune rescapé se reconstruit et apprend le français à l’hôpital. Il a tiré un trait sur son ancienne vie. Sa famille, restée à Tanger, a accepté de recevoir les journalistes.

Source : https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/video-les-enfants-perdus-de-barbes_2788525.html

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France - Politique migratoire - Benoît Hamon prend les Français à partie contre Macron : ’N’avez-vous pas honte ?’ - 01/07/2018 15:17 CEST - AFP - Photo YouTube : Benoît Hamon prend les Français à parti contre Macron : ’N’avez-vous pas honte ?’ « Il a dit tout ce qu’il pensait de la politique migratoire conduite en France et en Europe ».

POLITIQUE - Le fondateur de Générations, Benoît Hamon, a fustigé ce dimanche 1er juillet à Grenoble dans un discours très offensif le ’repli identitaire’, disant sa ’honte’ face à la politique migratoire conduite en France et en Europe.

’Françaises, Français, (...) vous êtes le grand peuple de la Révolution et de la Résistance, terre d’accueil des républicains espagnols et des boat-people vietnamiens, n’avez-vous, n’avons-nous pas honte ?’, a demandé Hamon, en clôture de la convention nationale de son mouvement (à partir de 1h50, dans la vidéo ci-dessous).

Se lançant dans une longue anaphore, Hamon a dit sa ’honte’ lorsque ’certains sont obsédés par les racines chrétiennes de la France, mais oublient soigneusement l’héritage du christianisme social’, lorsque le ’gouvernement dit que la France a pris sa part, voire que nous serions submergés, alors que l’Allemagne a délivré neuf fois plus de titres protecteurs que nous’, ou lorsque le ministre ’Gérard Collomb place en garde à vue’ Cédric Herrou et Martine Landry pour délit de solidarité envers les migrants.

’Osez entendre la vérité : nous devons prendre notre part d’hospitalité et d’accueil des migrants’, a assené l’ancien candidat socialiste à la présidentielle. Dénonçant avec vigueur le ’repli identitaire’ qui ronge l’Europe, Hamon a aussi distribué quelques coups de griffe en direction d’EELV, qui souffrirait aussi selon lui de ce mal.

’Nous ne croyons pas au repli identitaire et encore moins au repli identitaire sur les petites chapelles et les petits appareils’, a-t-il lancé, alors qu’EELV a rejeté les offres de coalition de Générations pour se prononcer pour des listes autonomes aux Européennes de 2019.

’Une liste unie aux Européennes placerait l’écologie politique en premier opposant à Macron’, a plaidé Hamon, fustigeant ’la litanie des stratégies inavouables d’acteurs minuscules pour retarder le moment de cette unité’. ’Je vous l’annonce, elle se fera, cette unité’, a-t-il affirmé.

Hamon a également lâché ses coups contre Emmanuel Macron, invitant les parlementaires à ne pas se rendre à la ’convocation’ du ’monarque’ à Versailles. ’N’y allez pas. Honorez notre République et nous serons fiers de vous. N’allez pas à cette convocation’, leur a-t-il intimé, en rendant au passage hommage au député ex-PS Régis Juanico, qui a récemment rejoint les rangs de Générations.

Lire aussi :

Hamon : ’Le macronisme, c’est une forme de racisme social’

Comment Hollande perturbe la renaissance du PS

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Source : https://www.huffingtonpost.fr/2018/07/01/benoit-hamon-prend-les-francais-a-parti-contre-macron-navez-vous-pas-honte_a_23472102/

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23.
Europe – Migrants : Merkel annonce des accords bilatéraux avec 14 Etats membres de l’UE (sur les migrants et les réfugié) Par Le Figaro.fr avec Reuters - Mis à jour le 01/07/2018 à 07:35

Quatorze Etats membres de l’Union européenne, dont la France, se sont dits prêts à signer des accords avec Berlin pour prendre en charge des réfugiés arrivés en Allemagne après avoir été enregistrés dans des pays tiers, selon un document transmis par Angela Merkel à ses partenaires de coalition.

 » LIRE AUSSI - Migrants : l’accord des Vingt-Huit déjà en question

Des accords distincts ont par ailleurs été trouvés avec la Grèce et l’Espagne, qui forment avec l’Italie le trio des pays européens en première ligne face aux arrivées de migrants.

Ce document, que Reuters a pu consulter, est une réponse de la chancelière fédérale aux exigences de ses alliés de la CSU, l’Union chrétienne sociale de Bavière, qui l’avaient mise en demeure de trouver d’ici la fin du mois une solution européenne à ce qu’ils considèrent comme une crise migratoire.

 » LIRE AUSSI - Pression migratoire : le grand ras-le-bol des opinions mondiales

Un compromis conclu avant le sommet de Bruxelles entre Merkel et ses alliés bavarois prévoyait que les migrants déjà enregistrés dans un pays de l’UE seraient refoulés aux frontières allemandes à compter de juillet si aucun accord n’était conclu d’ici là au niveau européen.

La direction de la CSU, qui milite pour un durcissement de la politique migratoire allemande face à la poussée électorale de l’extrême droite d’Alternative für Deutschland, se réunira dimanche pour arrêter sa position sur l’accord de Bruxelles et les précisions de Merkel.

Mais, sans attendre, le ministre-président du Land de Bavière, Markus Söder, a salué ces accords bilatéraux : ’Cela va tout à fait dans la bonne direction’, a-t-il dit.

 » LIRE AUSSI - Accord sur les migrants : l’Italie et l’Autriche, nouveaux chefs de file de l’Europe ?

Dans le document qu’elle a transmis à ses alliés, Angela Merkel recense les 14 pays membres de l’UE qui ont accepté de prendre en charge des migrants.

On y retrouve certains des pays qui ont été particulièrement critiques lorsque la chancelière allemande avait décidé, à l’été 2015, d’ouvrir les frontières de son pays aux réfugiés affluant du Moyen-Orient, dont trois des quatre pays de l’Est membres du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne et République tchèque).

Mais … aussi : Italie : Salvini lance l’idée d’une ’Ligue des Ligues’ en Europe

Source : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2018/07/01/97001-20180701FILWWW00010-migrants-merkel-annonce-des-accords-bilateraux-avec-14-etats-membres-de-l-ue.php

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Annexe –
Quelques définitions sur les réfugiés, les migrants, les personnes déplacées, des demandeurs d’asile, les sans-papiers, les clandestins et les exilés.

Les « personnes déplacées » (aussi appelées personnes réfugiées lorsqu’elles ont quitté leur pays) sont des personnes qui sont obligées de quitter leur lieu d’habitation pour des raisons de violence et de ce fait sont contraintes de se déplacer soit à l’intérieur de leur propre pays soit à l’étranger. Près des 3/4 des personnes déplacées sont pris en charge par le HCR, Commissariat des Nations unies pour les réfugiés…. https://fr.wikipedia.org/wiki/Personnes_d%C3%A9plac%C3%A9es

Un réfugié – au sens de la Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés – est une personne qui se trouve hors du pays dont elle a la nationalité ou dans lequel elle a sa résidence habituelle ; qui craint avec raison d’être persécutée du fait de son appartenance communautaire, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, et qui ne peut ou ne veut se réclamer de la protection de ce pays ou y retourner en raison de la dite crainte1.

Les personnes essayant d’obtenir le statut de réfugié sont appelées demandeurs d’asile. Les demandes d’asile faites dans les pays industrialisés se fondent le plus souvent sur des critères et des motifs politiques et religieux.

Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR ou HCR dans l’espace francophone) a pour but de défendre les droits et la sécurité des réfugiés et des demandeurs d’asile. Cette organisation onusienne estime que, en 2015, il y avait 16,1 millions réfugiés dans le monde. L’UNHCR estime que, en 2016, 60 millions de personnes dans le monde ont été forcés de quitté leurs maisons, 60 % de plus que la décennie présente2. De son côté, l’UNRWA, une organisation qui seulement aide Palestiniens dans le Proche-Orient estime, il y avait en outre 5,2 millions réfugiés palestiniens3. Selon l’UNICEF, environ 31 millions d’enfants étaient réfugiés fin 2015, et 17 millions étaient déplacés à l’intérieur de leur pays4. https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9fugi%C3%A9

Un étranger en situation irrégulière, dit aussi parfois « sans-papiers » ou clandestin, est une personne qui n’a pas de papier d’identité en règle à l’endroit où elle habite et travaille, et qui n’arrive pas à en obtenir. Il s’agit d’étrangers, c’est-à-dire de personnes qui n’ont pas la nationalité du pays où ils vivent. Le plus souvent, si des « sans-papiers » sont découverts par la police ou les services de l’immigration, ils devront retourner dans leur pays d’origine. Selon les pays, la politique d’immigration est très différente : par exemple, il est très difficile d’aller aux États-Unis, mais très facile de circuler dans toute l’Union européenne pour beaucoup d’Européens (ceux vivant dans un pays de l’Union). https://fr.vikidia.org/wiki/%C3%89tranger_en_situation_irr%C3%A9guli%C3%A8re

La migration est un déplacement, d’êtres vivants ou non… La migration humaine : émigration, immigration ; lorsque l’immigration l’emporte sur l’émigration (solde migratoire positif), l’on parle d’immigration nette ou excédent migratoire ; lorsque l’émigration l’emporte sur l’immigration (solde migratoire négatif), l’on parle d’émigration nette ou déficit migratoire. https://fr.wikipedia.org/wiki/Migration

Solde migratoire en 2016

Une migration humaine est un déplacement du lieu de vie d’individus. C’est un phénomène probablement aussi ancien que l’humanité. Les statistiques officielles évaluent entre 185 et 192 millions le nombre de migrants internationaux pour les années 20001, pour les personnes ayant quitté leur pays pour vivre et se fixer dans un autre pays pour au moins un an. Ce nombre augmente de 2 % par an[réf. nécessaire]. Il mesure un stock et comprend la migration volontaire et la migration forcée. Les migrations internes aux pays sont également en augmentation, mais on parle alors plutôt de déplacements de populations (qui sont également volontaires ou forcés). Les statistiques montrent que les très grandes vagues migratoires ont récemment diminué, au profit d’une tendance à l’immigration choisie favorable à l’exode des cerveaux et compétences des pays pauvres, au détriment de ces derniers. Les caractéristiques du phénomène migratoire actuel sont la diversification des pays de provenance et de destination, ainsi que les formes prises par la migration. On estime que l’argent injecté dans les pays d’origine en provenance des pays d’accueil est au moins égal si ce n’est très supérieur à la quantité d’aides financières apportées par les pays dits « riches » aux pays plus pauvres[réf. nécessaire]. Les démographes considèrent que les migrations seront une importante variable d’ajustement d’ici 2050, échéance à laquelle 2 ou 3 milliards d’individus supplémentaires sont attendus sur la planète, alors que les effets des modifications climatiques se feront probablement déjà sentir et que certaines zones ne pourront plus nourrir une population supplémentaire… https://fr.wikipedia.org/wiki/Migration_humaine

Migrants environnementaux / Migration environnementale

L’Organisation internationale des migrations (OIM) définit les migrants environnementaux comme étant « les personnes ou groupes de personnes qui, essentiellement pour des raisons liées à un changement environnemental soudain ou progressif influant négativement sur leur vie ou leurs conditions de vie, sont contraintes de quitter leur foyer ou le quittent de leur propre initiative, temporairement ou définitivement, et qui, de ce fait, se déplacent à l’intérieur de leur pays ou en sortent. »
La migration environnementale peut prendre de nombreuses formes complexes : forcée et volontaire, temporaire et permanente, interne et internationale. Les personnes qui migrent pour des raisons environnementales ne tombent pas, de façon claire, dans une catégorie particulière prévue par le cadre juridique international existant. Les termes tels que « réfugié environnemental » ou « réfugié climatique » n’ont pas de fondement juridique en droit international des réfugiés. Il y a un consensus croissant parmi les organismes concernés, y compris le HCR, pour éviter leur utilisation.

Les changements environnementaux et les catastrophes naturelles ont toujours été des principaux facteurs de migration. Cependant le changement climatique laisse envisager un plus grand nombre de déplacements : les catastrophes dues aux conditions météorologiques telles que les précipitations et températures extrêmes deviennent plus fréquentes et plus intenses, et les changements climatiques influent sur les moyens de subsistance.

La migration environnementale ne doit pas être comprise comme étant un résultat entièrement positif ou négatif : la migration peut amplifier les vulnérabilités existantes, mais peut aussi permettre aux gens de renforcer leur résilience. Il ne faut pas oublier que les populations les plus vulnérables peuvent être ceux qui sont incapables de se déplacer ou ceux qui ne se déplacent pas.

Pour compléter :
- l’exemple du delta du Mississippi : Elsa Peinturier, Risques littoraux et aménagement en Louisiane : les défis d’un territoire insoutenable ?, 2015

 L’Organisation internationale des migrations (OIM). Portail sur la migration environnementale
- Le glossaire du MECLEP (Migration, Environment and Climate Change : Evidence for Policy) - Migration, environnement et changement climatique : Données à l’usage des politiques, 2014, 30 p. 

 François Gemenne, « Migrations et environnement, état des savoirs sur une relation méconnue », in Quel statut pour les réfugiés environnementaux ? Actes de la journée du 14 décembre 2007, Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés, p.5-11.
- François Gemenne, « Migrations et climat. Quel enjeu pour l’Europe ? », Grande Europe n° 19, avril 2010, La Documentation française - Mise à jour : novembre 2015 - http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/migrants-environnementaux-migration-environnementale

Qui sont les réfugiés climatiques ? - Decod’actu - Saison 1 Vidéo 32:09

Tempêtes à répétition, montée des eaux, tremblements de terre, sècheresse... Nombreux sont les cataclysmes environnementaux qui poussent chaque année des populations entières à partir loin de chez elles. Focus sur des migrants d’un genre nouveau : les réfugiés climatiques.

Mais de quoi parle-t-on exactement ? On appelle migrants environnementaux les personnes ou groupes de personnes qui sont contraints, essentiellement pour des raisons liées à un changement environnemental qui influe négativement sur leur vie, de quitter leur foyer en se déplaçant à l’intérieur de leur pays ou en le quittant. Selon l’Observatoire des situations de déplacement interne, plus de 19 millions de personnes ont dû migrer en 2014 à cause d’incidents climatiques.

En 7 ans, on a dénombré pas moins de 184,6 millions de déplacés. Depuis 2008, ce sont en moyenne 26,4 millions de personnes qui chaque année, sont contraintes de migrer à la suite de catastrophes naturelles. Cela équivaut tout de même à un individu déplacé chaque seconde. En tête des catastrophes naturelles qui poussent des populations à se déplacer : les inondations (55% =102 M). Viennent ensuite les tempêtes (29% = 53,9 M), les séismes (14% = 25,8 M) et les températures extrêmes (1% = 958 000).

Et c’est sans conteste l’Asie qui doit surmonter les plus gros bouleversements climatiques puisque le continent représentait en 2014 87% du total des réfugiés climatiques. Le continent américain (10% des réfugiés climatiques), lui, doit faire face aux tremblements de terre et aux nombreuses tempêtes. Quant à l’Afrique, elle est particulièrement touchée par la sécheresses et de violents épisodes de pluie (9% des réfugiés climatiques). Notre continent, lui, n’est pas épargné : selon l’Observatoire des situations de déplacement interne, « en 2014, l’Europe a connu le double de son niveau moyen de déplacement des 7 dernières années. D’ici la fin du siècle, un néerlandais sur deux risque de subir l’impact de la montée des eaux, tout comme l’intégralité de la ville de Venise. C’est ce que pointe une étude de l’Organisation Climate Central.

Avec l’accélération du réchauffement climatique et l’augmentation de la population mondiale, vous l’aurez compris, le phénomène n’est pas prêt de s’arrêter... L’ONU prévoit 250 millions de réfugiés climatiques dans 50 ans si aucune mesure n’est prise.

D’ailleurs, où en est-on de la reconnaissance juridique de ce nouveau type de migrants ? Et bien cela reste encore très flou... Contrairement aux réfugiés politiques, les réfugiés climatiques n’ont pas encore de statut juridique international. Aux yeux de la loi ils n’existent donc pas. Et ne bénéficient de ce fait d’aucuns droits. Un vide juridique qu’il serait temps de combler pour permettre la prise en charge des ces dizaines de millions de femmes, hommes et enfants, qui migrent chaque année.

Réalisateur : Maxime Chappet - Producteur : Corner Prod - Production : 2016 - Diffusion : 2016 - Publié le 23-11-2016 - Mis à jour le 16-05-2018 – Source : https://education.francetv.fr/matiere/developpement-durable/premiere/video/qui-sont-les-refugies-climatiques

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Migrants économiques contre réfugiés : que vaut la distinction du gouvernement ? Par Laurent Martinet, publié le 12/07/2017 à 18:56 , mis à jour le 14/07/2017 à 09:20 - Photo - Des migrants interceptés par les garde-côtes libyens, le 8 juillet 2017. REUTERS/Ismail Zitouny

Edouard Philippe oppose les réfugiés, auxquels l’asile doit être accordé, et les migrants économiques, qu’il faut débouter. Mais dont le flux semble très difficile à tarir. L’affaire semble assez simple, pour Edouard Philippe qui vient de présenter son plan pour maîtriser les flux migratoires. D’un côté des réfugiés, qu’il faut accueillir, de l’autre des migrants économiques, devant lesquels il faut faire preuve de fermeté pour ne pas risquer d’être débordé. Ces derniers doivent comprendre qu’ils ne seront pas accueillis en ’totalité [...] dans notre pays’, a-t-il déclaré en conférence de presse. 

En conséquence, les déboutés du droit d’asile doivent effectivement quitter la France, comme le Premier ministre l’avait déjà spécifié dans son discours de politique générale. Alors qu’en 2016, ’moins de 25 000 personnes ont quitté le territoire’ sur 31 000 qui en avaient l’obligation, vient-il de rappeler. 

Migrant économique, une facilité de langage ?

La distinction d’Edouard Philippe reprend celle du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), qui appelle à ne pas confondre ces deux groupes pour accorder aux réfugiés toute la protection à laquelle ils ont droit. Mais elle ne prend pas en compte le phénomène de migration dans son ensemble. ’Le mandat du HCR, c’est de protéger les réfugiés’, note pour L’Express Yves Pascouau, directeur de l’European Policy Center à Bruxelles et spécialiste des migrations. Le reste ne le concerne pas. 

Mais les réfugiés à proprement parler ne forment jamais qu’une partie des flux. ’La notion de migrant économique est une facilité de langage qui permet de faire le tri entre ’bons’ et ’mauvais’, mais la vraie distinction passe entre ceux qui ont un droit à la migration, comme les réfugiés ou les familles qui se regroupent, et ceux qui ne sont acceptés que par faveur, comme les étudiants, les travailleurs, certains malades, ou ceux qui fuient la misère’, relève le chercheur. 

La procédure d’asile, une voie sous pression

La distinction entre migrants économiques et réfugiés est ’largement artificielle’ pour François Gemenne, spécialiste des flux migratoires à l’université de Liège. ’Les gens ne migrent pas pour une seule raison. Leur périple peut durer plusieurs années, et ils passent d’un pays à un autre pour des raisons différentes.’ 

Problème : en limitant les flux d’immigration légale pour se concentrer sur l’asile dû aux réfugiés, le gouvernement en fait la seule grille de lecture du phénomène. Et risque de renforcer la pression sur cette procédure, au lieu de la rendre plus efficace. ’Sans voie d’accès légale, tous les migrants vont se rabattre sur la procédure d’asile’, estime François Gemenne, pour qui le plan du gouvernement ’se mord la queue.’ 

’Les mouvements migratoires vont s’intensifier’

’L’air du temps est à la restriction des migrations de faveur’, relève Yves Pascouau, ’la démographie africaine est pourtant en train de croître de manière significative et les mouvements vont s’intensifier.’ 

Dans son plan, le gouvernement français prévoit bien d’attirer ’les chercheurs, les investisseurs, les créateurs d’entreprises, ou les artistes de renom’, ainsi que des étudiants ou des ’jeunes professionnels qualifiés.’ Une immigration choisie. ’L’économie française a autant besoin de gardiens de parking que de chercheurs’, conteste François Gemenne. Encore faut-il en convaincre les Français. 

Source : https://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/migrants-economiques-contre-refugies-que-vaut-la-distinction-du-gouvernement_1926749.html

Pour beaucoup de nos contemporains en ce monde, la solution passe par l’exil, défini par Wikipédia comme « l’état (social, psychologique, politique...) d’une personne qui a quitté sa patrie volontairement ou sous la contrainte – bannissement, déportation, impossibilité de survivre ou menace d’une persécution – et qui vit dans un pays étranger avec ce que cela implique de difficultés (langue, insertion, identité...) et de sentiment d’éloignement de son pays (nostalgie, déracinement...)… » Article complet à lire sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Exil

À propos des réfugiés et des immigrants : Un glossaire terminologique (canadien francophone) – Site : ccrweb.ca/files/glossaire.pdf

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Annexe - Le Conseil des droits de l’homme examine les rapports sur la violence à l’égard des femmes et sur les droits de l’homme des migrants - Par Freddy Mulongo, mercredi 20 juin 2018 Radio Réveil FM International 

Le Conseil des droits de l’homme a tenu, cet après-midi 20 juin 2018, un débat interactif groupé avec la Rapporteuse spéciale sur la violence à l’égard des femmes, ses causes et ses conséquences, Mme Dubravka Šimonovic, et le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et les migrants, M. Felipe Gonzalez Morales, qui ont présenté leurs rapports respectifs.

Dans son rapport thématique consacré à la violence sexiste en ligne, Mme Šimonovic constate une tendance à la banalisation de l’extorsion sexuelle, du trolling (message provocant posté en ligne pour créer l’émotion chez le lecteur), de la divulgation d’éléments personnels, du harcèlement en ligne et de la distribution non consensuelle de contenus intimes. La Rapporteuse spéciale recommande par conséquent aux États d’interdire explicitement ces formes nouvelles de violences sexistes en ligne. Mme Šimonovic invite aussi les États à veiller, ce faisant, à ce que la réglementation des intermédiaires sur Internet respecte le cadre juridique international des droits de l’homme, notamment sous l’angle des entreprises et des droits de l’homme. La Rapporteuse spéciale a également rendu compte de ses visites en Australie et aux Bahamas, après quoi les délégations de ces deux pays sont intervenues à titre de pays concernés. L’institution nationale des droits de l’homme de l’Australie a également fait une déclaration.

M. Gonzalez Morales, dont le premier rapport est consacré au retour et à la réinsertion des personnes migrantes, a de son côté souligné que la protection des droits de l’homme des migrants doit constituer le cadre et le fondement du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Le Rapporteur spécial a attiré l’attention sur la tendance croissante des États à accorder la priorité au retour, au détriment d’alternatives comme la régularisation, l’inclusion sociale ou l’élargissement des voies ordinaires. Il recommande en particulier de ne pas séparer les familles, d’éviter la détention des enfants et de prendre en considération l’intérêt supérieur de l’enfant en toutes circonstances et indépendamment du statut migratoire de sa famille. M. Gonzalez Morales a également rendu compte de la visite qu’il a effectuée au Népal cet hiver, après quoi le Népal a fait une déclaration à titre de pays concerné. L’institution nationale des droits de l’homme du Népal est également intervenue.

Les nombreux intervenants* qui ont pris part au débat ont convenu que le retour des migrants devait s’effectuer en toute sécurité, dans la dignité et le respect des droits de l’homme et, a-t-il été maintes fois ajouté, sur la base de la primauté des retours volontaires et de la coopération entre les États d’origine et les États d’accueil, avec une aide renforcée à l’accueil et la réinsertion des migrants rapatriés. Le pacte mondial pour des migrations sûres, régulières et ordonnées, en cours de négociation, offre une occasion unique pour la communauté internationale, a-t-il été souligné. Il a en outre été rappelé que les migrants contribuent à la croissance économique et au développement durable des pays de départ et de destination.

La question migratoire requiert des solutions viables et durables, qui s’attaquent en priorité aux causes profondes et qui dépassent le traitement des symptômes de la migration, a souligné le Togo, au nom du Groupe africain.

S’agissant des violences sexistes en ligne, l’attention a notamment été attirée sur le manque de données exhaustives et de législation spécifique pour remédier aux nouvelles formes de violence en ligne à l’égard des femmes et des filles. Plusieurs délégations ont fait état des mesures prises par leur pays pour lutter contre ce type de violence.

Plusieurs délégations ont par ailleurs déploré le retrait des États-Unis du Conseil des droits de l’homme, annoncé hier, tout en espérant que ce pays continuerait de plaider pour les droits de l’homme dans le monde.

En fin d’après-midi, le Conseil devait entamer son débat interactif avec le Groupe de travail chargé de la question de la discrimination à l’égard des femmes dans la législation et la pratique, et avec la Rapporteuse spéciale sur la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants.

La violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences ; droits de l’homme des migrants - Présentation de rapports

Tous les rapports présentés durant la présente session peuvent être consultés sur la page Internet consacrée à la documentation de cette trente-huitième session.

Le Conseil était saisi du rapport de la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences (A/HRC/38/47). Le rapport porte également sur les visites de la Rapporteuse spéciale en Australie et aux Bahamas (A/HRC/38/47/Add.1 et Add.2, respectivement).

MME DUBRAVKA ŠIMONOVIÆ, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, a dit avoir présenté à l’Assemblée générale, en octobre dernier, un rapport portant sur l’application des normes régionales et mondiales relatives à la violence faites aux femmes. Dans ce rapport, la Rapporteuse spéciale demandait aux États d’envisager d’adopter un nouveau protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, qui serait basé sur la recommandation générale n° 35 du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, relative à la violence faite aux femmes.

S’agissant du rapport thématique présenté ce jour au Conseil, la Rapporteuse spéciale a précisé qu’il portait sur les violences sexistes en ligne. Ces dernières se sont désormais banalisées, dans un environnement plus général marqué par une discrimination systémique à l’égard des femmes et des filles, a constaté la Rapporteuse spéciale. Extorsion sexuelle, trolling, divulgation d’éléments personnels, harcèlement en ligne, distribution non consensuelle de contenus intimes, entre autres : telles sont les nouvelles formes de violence anonymes sur Internet qui visent particulièrement les femmes et les filles. À cet égard, le rapport de la Rapporteuse spéciale recommande notamment aux États d’interdire explicitement ces formes nouvelles de violences sexistes en ligne, y compris la menace de diffusion et la rediffusion de contenus intimes. Les États devraient aussi veiller, ce faisant, à ce que la réglementation des intermédiaires sur Internet respecte le cadre international des droits de l’homme, notamment sous l’angle des entreprises et des droits de l’homme.

S’agissant de la visite qu’elle a effectuée en Australie, la Rapporteuse spéciale a regretté que ce pays n’ait pas adopté de loi fédérale régissant la prévention de la violence contre les femmes, la protection de femmes contre la violence et les poursuites contre les auteurs de cette violence. La Rapporteuse spéciale a aussi recommandé aux autorités d’élaborer un projet de loi fédérale sur la lutte contre la violence envers les femmes aborigènes et les femmes indigènes vivant dans le détroit de Torres.

Lors de sa visite aux Bahamas, la Rapporteuse spéciale a constaté que ce pays avait pris des mesures positives, comme la création d’un « Département des affaires de genre et de la famille » et la levée des réserves à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. La Rapporteuse spéciale a demandé aux autorités bahamiennes de continuer sur cette voie en ratifiant le Protocole facultatif se rapportant à la Convention et en éliminant les réserves restantes. Elle a aussi recommandé au Gouvernement d’éliminer les dispositions légales relatives à la nationalité qui sont discriminatoires envers les femmes, de criminaliser le viol conjugal et d’introduire des mesures d’éloignement des conjoints violents.

Le Conseil est également saisi du rapport du Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants (A/HRC/38/41 et A/HRC/38/41/Add.1)

Présentant son premier rapport depuis son entrée en fonction fin août 2017, M. FELIPE GONZALEZ MORALES, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants, a déclaré s’être réuni avec de nombreux représentants étatiques, de la société civile et d’autres parties prenantes intéressés par son mandat. Il a mis l’accent sur la participation aux préparatifs du pacte mondial sur la migration – lequel, selon lui, offre une occasion unique d’amélioration de la gouvernance en matière de migration pour favoriser, à long terme, l’articulation de politiques migratoires claires de la part des États sur la base de preuves, garantissant la pleine protection des droits de l’homme de toutes les personnes migrantes, indépendamment de leur statut migratoire. La protection de ces droits doit constituer le cadre, le fondement et être au centre du Pacte, a-t-il insisté.

Le Rapporteur spécial a souligné que les principaux objectifs du pacte mondial concernent la coopération en vue de faciliter un retour digne et durable, la réadmission et la réinsertion. Ce premier rapport thématique se penche précisément sur le retour et la réinsertion des personnes migrantes et examine de ce point de vue les répercussions sur les droits de l’homme, notamment pour celles de ces personnes qui ont des besoins particuliers de protection, a indiqué M. Gonzalez Morales. Dans ses recommandations, il insiste sur les garanties de retour dans le respect des droits de l’homme, dans des conditions de sécurité et sur la base de la primauté du retour volontaire ; sur la coopération entre les pays d’origine et d’accueil ; ainsi que sur l’importance d’une meilleure réception et de l’assistance à la réinsertion. Le Rapporteur spécial a noté la tendance, ces dernières années, à accorder la priorité au retour, au détriment d’alternatives comme la régularisation, l’inclusion sociale ou l’élargissement des voies ordinaires.

D’autre part, a poursuivi M. Gonzalez Morales, les États ont chaque fois davantage recours à des opérations d’expulsion et signent des accords bilatéraux et régionaux de réadmission, ce qui fait que les migrants sont souvent expulsés, ce qui contrevient aux principes et normes internationaux relatifs aux droits de l’homme, notamment l’interdiction des expulsions collectives et le principe de non-refoulement. Le Rapporteur spécial a mis l’accent, à cet égard, sur l’utilisation des termes « refoulement », « déportation », « expulsion », « rapatriement » et « transfert » d’une façon indistincte pour décrire le processus de renvoi des personnes dans leur pays d’origine ou de résidence habituelle. Or, a-t-il souligné, leur dénominateur commun est l’absence d’un consentement réel, pleinement éclairé et valable. L’efficacité des programmes de réinsertion dépend, dans une grande mesure, du caractère volontaire des retours et cela peut contribuer à la réduction des taux de migration, a-t-il ajouté.

Le Rapporteur spécial a aussi pointé du doigt le recours généralisé à la détention, insistant sur le fait qu’il ne faut jamais séparer les familles, sauf si la séparation est nécessaire pour garantir l’intérêt supérieur de l’enfant. En outre, les enfants ne doivent pas être détenus sur la base de leur situation migratoire ou de celle de leur famille, a-t-il ajouté. Le Rapporteur spécial recommande plutôt d’approuver des mesures alternatives à la privation de liberté et basées sur la famille. Les enfants ne peuvent être renvoyés, sauf s’il est démontré que c’est dans leur intérêt supérieur et si cela fait suite à une procédure adéquate, a-t-il souligné.

Après avoir décliné une liste de recommandations figurant à la fin de son rapport, M. Gonzalez Morales a rendu compte de la visite qu’il a effectuée au Népal (29 janvier au 5 février 2018), précisant que dans son rapport sur cette mission, il a relevé que ce pays était essentiellement pourvoyeur de migrants et que son économie dépendait dans une grande mesure de leurs transferts d’argent. Le Népal a des accords avec plusieurs pays du Moyen-Orient, mais aussi avec d’autres nations, en vue d’une migration régulière, a-t-il souligné. Il a fait état d’une série de normes récemment adoptées par le Népal, pays qui a également affermi son architecture institutionnelle en matière de migration. Par conséquent, le Rapporteur spécial a lancé un appel pour que ce pays ratifie la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrant et des membres de leur famille. Il recommande en outre au Népal de résoudre le problème des personnes migrantes qui sont obligées de payer des taxes de recrutement, souvent très élevées par rapport à celles établies par la législation ; d’adopter des mesures plus efficaces en matière de lutte contre la traite des personnes ; et de procéder à des réformes législatives pour que la réglementation sur la traite inclue non seulement l’exploitation sexuelle mais aussi l’exploitation par le travail.

M. Gonzalez Morales a rappelé les huit objectifs de mobilité fixés par son prédécesseur dans l’Agenda 2035, en particulier la garantie du respect des droits de l’homme lors du contrôle aux frontières, la surveillance du retour, de la réadmission et du refoulement. Le pacte mondial (pour des migrations sûres, ordonnées et régulières) peut fournir une occasion idéale pour mettre en œuvre ces objectifs, a-t-il assuré, renvoyant également à la Déclaration de New York adoptée il y a deux ans, qui préconise la protection des droits de l’homme de toutes les personnes migrantes indépendamment de leur statut.

Pays concernés

Les Bahamas ont déclaré que leur Gouvernement considère toutes les questions relatives aux violences à l’encontre des femmes comme une priorité. Il est faux de dire que des crimes tels que le viol ne sont pas poursuivis aux Bahamas. Toute personne est considérée comme innocente tant que sa culpabilité n’a pas été prouvée, a rappelé la délégation bahamienne.

Le bureau de l’Attorney général examine pour le moment s’il est possible de signer de nouvelles conventions en matière des droits de l’homme et si l’archipel est capable de lever certaines réserves émises à l’égard d’autres conventions déjà ratifiées, a poursuivi la délégation.

Lorsqu’il y a des preuves qu’un migrant a entamé un processus d’enregistrement, il ne peut être renvoyé, ont d’autre part souligné les Bahamas. En novembre 2014, le Gouvernement a adopté un règlement qui vise à ce que chaque enfant qui naît aux Bahamas de parents étrangers obtienne un document d’identité – et ce, pour lutter contre l’apatridie. L’enseignement est obligatoire aux Bahamas pour tous les enfants âgés de 5 à 16 ans, quelle que soit leur nationalité, a ajouté la délégation. Elle a par ailleurs fait valoir les améliorations apportées dans les centres de détention, précisant notamment qu’un centre médical a été ouvert dans la prison, ce qui a permis de réduire la transmission de certaines maladies.

Enfin, la loi sur la violence conjugale offre une protection aux victimes, a expliqué la délégation. Une ordonnance de protection reste en vigueur aussi longtemps que nécessaire, mais ne dépasse pas trois ans, a-t-elle précisé.

L’Australie a déclaré être convaincue que la violence contre les femmes avait ses racines dans les inégalités entre les deux sexes. Ces deux fléaux sont inacceptables et ne sauraient être tolérés, a souligné le pays. C’est pourquoi l’Australie a lancé un plan d’action national sur douze ans (2010-2022) pour réduire la violence envers les femmes et leurs enfants. L’Australie est d’accord avec la constatation de la Rapporteuse spéciale quant à l’importance déterminante de la collecte et de l’analyse des données concernant les causes du féminicide, et quant aux lacunes dans ce domaine. Les autorités australiennes – fédérales, étatiques et territoriales – se sont par conséquent engagées à créer un cadre national de collecte de données.

D’autre part, l’Australie, consciente du fait que les femmes aborigènes et indigènes du détroit de Torrès sont victimes d’un niveau de violence plus élevé que les autres femmes, sait qu’elle doit faire mieux, a assuré sa délégation. La réduction de cette violence est donc une priorité du Gouvernement ; il a affecté 46 millions de dollars australiens à des projets dans ce domaine, y compris le financement de services juridiques, des mesures de soutien aux victimes et des activités destinées à remédier aux causes profondes de cette violence. Le Gouvernement est aussi engagé à améliorer la participation des organisations d’aborigènes et d’indigènes du détroit de Torrès, et notamment les organisations de femmes : il entend ainsi augmenter fortement le nombre de ces organisations chargées de réaliser des activités financées par les deniers publics.

La Commission australienne des droits de l’homme a félicité le Gouvernement australien de son engagement à financer un projet consistant à permettre aux femmes aborigènes et indigènes du détroit de Torrès de faire entendre leur voix. La Commission a toutefois relevé que nombre de ces femmes sont victimes d’un racisme structurel du seul fait de la couleur de leur peau. Ce racisme explique en grande partie le taux élevé d’incarcération des femmes aborigènes, la violence qui s’exerce à leur égard et le fait que leurs enfants leur sont retirés. La Commission a demandé au Gouvernement australien de prêter la plus grande attention aux recommandations de la Rapporteuse spéciale et d’appliquer la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.

Le Népal a souligné que le rapport du Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants était très détaillé. La migration cyclique dans le cadre d’un emploi à l’étranger et l’envoi de fonds par la diaspora restent la colonne vertébrale de l’économie népalaise de ces dernières années. Le pays a reçu 7 milliards de dollars en provenance de la diaspora, ce qui représente 27% du PIB. L’État veille à ce que l’emploi à l’étranger soit sûr et respecte les droits du travailleur, a assuré la délégation népalaise. Le Népal protège les travailleurs migrants face aux pratiques peu scrupuleuses, a-t-elle insisté. La migration doit être une question de choix ; des efforts sont en cours pour veiller à ce que la migration soit le fruit d’un choix personnel et non pas une obligation, a-t-elle ajouté.

Près de 75% des travailleurs migrants népalais relèvent de la catégorie « non qualifiés », a poursuivi la délégation népalaise ; ils sont vulnérables sur le marché du travail, a-t-elle souligné. La santé des migrants est devenue problématique, a ajouté la délégation ; de nombreux migrants meurent ou subissent des blessures qui les rendent inaptes au travail et l’argent qu’ils envoient chez eux est en fait très modeste compte tenu des risques qu’ils encourent. Le Népal s’est engagé à faire en sorte que les migrations soient sûres et ordonnées et qu’elles respectent les droits des migrants, a insisté la délégation, estimant que le (futur) pacte mondial sur les migrations devrait procurer un cadre général pour améliorer la situation des travailleurs migrants.

La Commission nationale des droits de l’homme du Népal a souligné que l’immigration peut fournir l’occasion d’améliorer la vie des travailleurs migrants et de leur famille. L’immigration expose cependant les travailleurs à la vulnérabilité. Les travailleurs migrants sont peu informés des mécanismes de plaintes et ne reçoivent pas la documentation essentielle avant leur départ, a fait observer la Commission. Lorsque les plaintes sont déposées contre des agents, les fonctionnaires sont trop peu sanctionnés et l’obtention de réparations reste très rare, a-t-elle ajouté. Les travailleurs migrants sont exposés à différentes violations de leurs droits : conditions de travail déplorables ; mauvais traitements psychologiques et physiques ; confiscation des documents officiels, comme le passeport par les employeurs ; privation de traitement médical ; et refus de rapatriement vers le pays d’origine, a précisé la Commission.

Débat interactif

S’agissant de la violence contre les femmes, la Finlande, au nom d’un groupe de pays, a manifesté son intérêt particulier pour la problématique de la violence en ligne dirigée contre les femmes et les filles, qui sont souvent vilipendées et harcelées pour le seul fait d’exprimer leur opinion. Elle a rappelé la responsabilité incombant aux États de réagir et d’interdire ces abus et harcèlements.

L’Union européenne a reconnu la nécessité qu’il y a à combler le fossé numérique et a dit partager les craintes de la Rapporteuse spéciale s’agissant des défenseuses des droits de l’homme, des journalistes, des blogueuses, militantes et femmes politiques qui sont souvent directement ciblées. Elle a aussi dit craindre que la violence conduise à une autocensure. Elle a demandé à la Rapporteuse spéciale de fournir des exemples de mesures et de législations sur la violence à l’égard des femmes en ligne.

Le Togo, au nom du Groupe africain, a déclaré que l’augmentation, en Afrique, de l’accès aux technologies de l’information et des télécommunications et aux technologies mobiles et de leur utilisation, en particulier pour ce qui concerne les médias sociaux, avait conduit à l’apparition des phénomènes de violence en ligne, en particulier contre les femmes. L’Afrique manque de données exhaustives et de législation spécifique pour y remédier, a souligné le Togo, mais elle a néanmoins fait des progrès considérables en adoptant des politiques coordonnées pour combattre et prévenir la violence contre les femmes.

Pour le Qatar, les droits fondamentaux de la femme doivent être respectés en ligne aussi bien que dans la vie réelle. C’est pourquoi la réforme de la loi au Qatar vise à améliorer l’autonomie de la femme et sa capacité à bénéficier des technologies de l’information et des télécommunications, tout en la protégeant contre les violences en ligne. La loi sanctionne ainsi la diffusion forcée de contenus privés en ligne et prévoit des mesures de protection des enfants en ligne.

Les Maldives ont estimé que la violence envers les femmes exigeait « un effort planétaire » ainsi que le renforcement de la coopération entre les mécanismes mondiaux, régionaux et nationaux. Les Maldives se sont elles-mêmes dotées d’un arsenal juridique pour faire en sorte que les victimes de la violence reçoivent justice et pour favoriser l’égalité entre les sexes.

La Belgique a dit prendre note avec intérêt des recommandations de la Rapporteuse spéciale concernant la violence sexiste en ligne. La Belgique a ajouté que, si elle appliquait une approche globale de la lutte contre toutes les formes de violence sexiste, conformément à la Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe, dans son plan d’action national, les formes de violence en ligne n’étaient pas explicitement visées. Le Monténégro a dit avoir fait de la protection des droits de l’homme et de la lutte contre la violence contre les femmes des priorités de l’action publique. Le Monténégro a ainsi adopté, en 2017, un document national stratégique pour l’égalité entre les sexes 2017-2021. La délégation monténégrine a insisté sur l’importance de criminaliser la violence sexiste en ligne, en particulier la diffusion non consensuelle d’images intimes et le harcèlement en ligne.

Les États, la société civile et la communauté internationale doivent éliminer les manifestations d’intolérance et de violence à l’égard des filles et des femmes, a pour sa part déclaré la Colombie, qui a jugé nécessaire d’appuyer celles-ci par des informations, des conseils et des orientations en matière de prise en charge dans le domaine de la santé. Il est aussi de l’obligation des États de garantir l’accès à la justice ainsi qu’à des services de réinsertion, physique et psychologique pour les femmes et filles victimes.

La France a souligné qu’en 2018, 73% des femmes ont déclaré avoir été victimes de violences sur Internet. Elle s’est déclarée fermement engagée dans la lutte contre l’impunité des harceleurs. Le Brésil a indiqué avoir édicté une loi et pris des mesures contre les violences en ligne. Il a en particulier promulgué la loi Carolina Dieckmann, qui modifie le Code pénal pour définir les cybercrimes. La Thaïlande a indiqué avoir promulgué une nouvelle loi qui vise à mettre fin à la diffusion de fausses informations et à lutter contre les contenus pornographiques ; elle encourage aussi la responsabilisation et la sensibilisation des fournisseurs de service.

L’Iraq a souligné qu’un groupe de femmes dans les zones sous contrôle de Daech avaient fait l’objet de pratiques barbares et qu’en coopération avec les Nations Unies, le pays avait mis sur pied un partenariat pour traiter de cette problématique.

La Croatie a jugé essentiel de lutter contre la violence en ligne à l’égard des femmes par des mesures appropriées. Il faut élaborer des directives sur le rôle des intermédiaires dans ce domaine, a souligné la délégation croate.

L’Égypte a mis l’accent sur le rôle du législateur pour mettre fin aux atteintes à la dignité des femmes et des filles. Le seul fait de craindre d’être victimes les empêchent de prendre part à la vie publique. Cela vaut aussi dans le contexte de la lutte contre le terrorisme.

Compte tenu du développement technologique rapide et de l’utilisation à mauvais escient des nouvelles technologies, la Jordanie a prévu des circonstances aggravantes pour les crimes électroniques.

Le Sénégal a indiqué avoir mis en place tous les outils législatifs et réglementaires pour lutter contre ces formes de violence dont sont victimes les femmes à travers Internet et les réseaux sociaux. À ce sujet, l’échange de bonnes pratiques lui a paru nécessaire pour optimiser les résultats.

L’Australie a annoncé qu’elle tiendrait en juillet, avec la Commission nationale des droits de l’homme australienne, une conférence internationale sur les droits de l’homme et la technologie, afin d’examiner les conséquences sociales et individuelles des nouvelles technologies. Les comportements discriminatoires, violents et sexistes ne sont pas moins préjudiciables lorsqu’ils se manifestent en ligne, a ajouté la délégation australienne, avant de se dire préoccupée par la prévalence du harcèlement et d’autres formes de violence contre les femmes sur Internet. Elle a demandé à la Rapporteuse spéciale quelles initiatives permettraient de concilier la culture numérique et l’égalité entre hommes et femmes. Djibouti a partagé le constat de la Rapporteuse spéciale concernant l’impact négatif que peuvent avoir les réseaux sociaux sur les femmes et les filles, qui reflète voire amplifie la violence dont elles sont victimes dans le monde réel. La délégation djiboutienne a demandé comment accélérer la prévention de la violence en ligne.Le Soudan a notamment plaidé pour un renforcement de la coopération internationale afin de protéger les femmes et les filles des violences sur Internet.

Les Pays-Bas ont souligné les avantages potentiels d’Internet pour les femmes et les filles, tout en partageant l’inquiétude à propos des violences dont elles sont victimes (en ligne), en particulier celles appartenant aux minorités ethniques ou sexuelles. La délégation néerlandaise a demandé à la Rapporteuse spéciale comment améliorer le cadre de redevabilité pour les violences en ligne à l’égard des femmes et des filles. La Suisse s’est à son tour inquiétée des violences en ligne, notamment à l’égard des femmes défenseures des droits de l’homme, des journalistes et des politiciennes, directement ciblées pour leur travail. Ces actes ont un effet dissuasif en réduisant parfois ces femmes au silence et en les empêchant d’exercer pleinement leur droit à la liberté d’expression, a déploré la délégation suisse, avant de demander à la Rapporteuse spéciale quelles mesures elle pouvait partager afin de lutter contre l’impunité de tels actes.

L’Espagne a dit avoir pour ambition de consolider les droits fondamentaux des femmes et des filles, qui sont très exposées à la violence en ligne. L’Espagne applique, pour ce faire, un cadre destiné à réaliser l’égalité entre les sexes et dont l’application repose sur la collaboration entre les secteurs privé et public. Les États, les organisations internationales et la société civile doivent rendre visible ce type de violence, a insisté l’Espagne. Le Paraguay a souligné que la lutte contre la violence envers les femmes sur Internet exigeait la coopération de tous les acteurs concernés. L’Iran a souligné que si le développement des technologies était créateur d’opportunités pour les femmes, il était aussi porteur de problèmes. On ne peut en effet ignorer que la popularité d’Internet, en particulier des médias sociaux, a entraîné une augmentation des violences en ligne, et notamment des violences sexuelles, contre les femmes et les filles. Contre ce problème, l’Iran a adopté dès 2003 une loi sur la criminalité en ligne, ainsi qu’une « cyberpolitique » en 2009, couvrant tous les cas de criminalité en ligne, y compris la violence en ligne.

Le Togo a dit partager le point de vue de la Rapporteuse spéciale quant à la nécessité d’impliquer les hommes et les garçons dans les efforts déployés pour éliminer les stéréotypes patriarcaux et discriminatoires. La Slovénie a demandé à la Rapporteuse spéciale de donner des exemples de tendances positives – y compris aux plans législatif et de la sensibilisation – en matière de lutte contre les manifestations de violence sur Internet.

De nombreuses délégations ont décrit les mesures que leurs pays ont prises contre la violence envers les femmes en ligne. La République de Corée a ainsi dit avoir mis en place en 2017 un ensemble de mesures pour prévenir la violence sexuelle en ligne. Ce plan en six volets comporte 22 mesures, portant notamment sur l’assistance aux victimes et la traduction en justice des auteurs de violence. Le Gouvernement mène également des études triennales sur l’impact de la violence sexuelle, a ajouté la République de Corée. L’Arabie saoudite, qui a déclaré prendre note des recommandations de la Rapporteuse spéciale, a fait savoir que sa loi était axée sur la protection de la femme contre la violence, y compris le harcèlement en ligne. La loi interdit les mauvais traitements contre les femmes et prévoit des mesures de soutien et de dédommagement pour les victimes. Les plaintes des femmes victimes de violence en ligne sont examinées par le Département des droits de l’homme du Gouvernement, a indiqué la délégation saoudienne.

Le Maroc a dit avoir enregistré une amélioration constante dans le domaine des droits des femmes, et a notamment fait valoir la ratification par le pays, en 2015, du Protocole facultatif se rapportant à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

Le Botswana a indiqué qu’il procédait à une révision de ses lois, politiques et règlements afin de remédier à certains des problèmes liés à la violence en ligne. Le Botswana se base, ce faisant, sur la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et sur les lignes directrices de la Communauté de développement de l’Afrique australe, la SADC. Cette démarche orientée sur les nouvelles formes de violence visant les femmes s’accompagne d’un effort de formation, a précisé le Botswana. La République bolivarienne du Venezuela a mis en avant ses politiques publiques de sensibilisation aux conséquences négatives de la violence à l’égard des femmes. La République populaire de Chine a plaidé pour la protection les intérêts et les droits de la femme. La législation chinoise interdit spécifiquement la violence sexiste, a dit la Chine.

La Bolivie a déclaré que son Gouvernement avait adopté une série de politiques pour promouvoir l’égalité entre les sexes. Elle a insisté sur le fait que la participation des hommes comme des femmes était essentielle dans un tel processus. Toutes les formes de violences contre les femmes sont inacceptables, y compris les violences en ligne, a déclaré El Salvador.

La Tunisie a observé si que les technologies de l’information et des télécommunications avaient permis aux femmes de bénéficier de leurs droits, l’évolution de ces outils entraînait aussi l’apparition de nouvelles formes de menaces contre les femmes non seulement en ligne mais aussi dans la vie réelle. La violence contre les femmes est une question que l’Afrique du Sud appréhende avec sérieux, a dit sa délégation. Il est par conséquent critique de fixer les limites de ce qui est permissible en ligne, surtout en ce qui concerne les crimes de haine, de racisme et d’intolérance, ou la diffusion d’images offensantes. Il est aussi important que les hommes et les garçons soient sensibilisés au respect des femmes en ligne et hors ligne, a dit l’Afrique du Sud.

La Nouvelle-Zélande a souligné, pour sa part, que les technologies de l’information et des télécommunications pouvaient jouer un rôle très important pour donner aux femmes les moyens d’atteindre leur plein potentiel. La Nouvelle-Zélande a demandé à la Rapporteuse spéciale de se pencher plus avant, par le biais de recommandations, sur le rôle positif des plateformes numériques pour aider les femmes à s’affranchir de la violence.

L’Algérie a indiqué avoir adopté une stratégie nationale de lutte contre la violence depuis 2007, qui concerne tous les types de violences contre les femmes et les filles. La délégation a demandé à la Rapporteuse spéciale si le cadre juridique international était suffisant pour prévenir et lutter contre la violence à l’égard des femmes sur Internet. L’Afghanistan a rappelé qu’il faut toujours concentrer son attention sur les groupes les plus vulnérables, en particulier les femmes et les jeunes filles. Pour la Fédération de Russie, le problème de la violence facilitée par les TIC ne touche pas exclusivement les femmes : c’est pourquoi il faut continuer d’examiner cette question dans un contexte plus large.

Le Royaume-Uni a souligné que la violence à l’égard des femmes et des filles – comme les mutilations génitales féminines et les mariages précoces – représentait un obstacle au potentiel des économies, des communautés et des individus. De même, le Canada a expliqué que, vu l’intégration accrue des technologies numériques dans tous les domaines, il était indispensable de protéger les femmes et les filles de toute forme de violence en ligne, une violence qui compromet l’autonomisation des femmes, a déclaré la délégation.

Le Nigéria a affirmé que tous les droits de l’homme hors ligne devaient aussi être respectés en ligne. Le Portugal a, lui aussi, souligné l’importance de cette équivalence. Il a demandé au Rapporteur spécial quel était l’impact des violences en ligne sur les populations vulnérables – filles et femmes handicapées, filles et femmes migrantes – et quelle était la conséquence de la séparation des enfants migrants de leurs parents.

L’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU Femmes) a cité une litanie d’abus et de formes de harcèlement en ligne visant à museler les femmes et les filles. Des études révèlent que ce phénomène a acquis une dimension mondiale, d’une ampleur très alarmante, a dit la délégation.

L’Autriche a déploré la banalisation des violences à l’égard des femmes en ligne. Pour cette raison, au niveau national, ce pays a ouvert des centres de conseil et de recours pour poursuivre les auteurs de telles violences. L’Irlande, consciente des menaces qui pèsent sur les femmes en ligne, s’est interrogée sur la manière d’encourager les intermédiaires sur Internet à respecter le droit privé en ligne.

La Jamaïque a salué la proposition d’un cadre normatif pour lutter contre la violence à l’égard des femmes en ligne, en recommandant un suivi des mesures censées répondre à ce problème. Le Haut-Commissariat et le Conseil gagneraient à réfléchir et à se prononcer sur cette question. Ils devraient aussi renforcer les capacités des petits États insulaires en développement. La Jamaïque a aussi appelé à sensibiliser les garçons au problème de la violence contre les femmes et les filles.

L’Italie a dit avoir adopté une loi sur les agressions en ligne qui comporte une définition du harcèlement sur Internet. De même, le Japon a dit appliquer des mesures exhaustives contre la violence en ligne. La Malaisie a préconisé pour sa part une approche collective de la réglementation des technologies de l’information et de la communication. Elle a voulu savoir quels outils juridiques pourraient être utilisés à ce propos. Enfin, le Honduras a reconnu la nécessité d’adopter des lois et mesures prohibant les nouvelles formes de violence fondée sur le sexe en ligne, comme les menaces, la pornographie, les jeux sexistes et la violation de la vie privée.

Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) sont ensuite intervenues. Amnesty International a dit avoir signalé, dans son rapport 2018, l’impact délétère de la violence sur l’expression des femmes sur les plateformes numériques, qui les conduit à se censurer, avec des répercussions dommageables pour les jeunes filles, notamment. L’ONG a demandé à la Rapporteuse spéciale ce qu’elle considère comme crucial pour un mécanisme de plainte pour les cas de violence contre les femmes en ligne.

Espace Afrique International a mis l’accent sur l’impact d’internet sur le fléau des mariages forcés et précoces en Afrique. L’ONG a rappelé que nombreux sont les États africains à avoir pourtant ratifié le protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, relatif aux droits des femmes, dont l’article 6 énonce l’obligation de consentement libre et éclairé des parties au mariage et l’interdiction du mariage des femmes avant leurs 18 ans.

L’Association pour la communication progressive a salué l’importance du rapport de Mme Šimonoviæ dans un contexte de fermeture des espaces civiques, d’attaques contre les défenseures des droits de l’homme et d’augmentation des violences en ligne basées sur le genre. L’ONG lui a demandé quel rôle peuvent jouer les personnes et institutions impliquées dans la gestion d’Internet pour prévenir cette violence. United Nations Watch a demandé à la Rapporteuse spéciale pourquoi elle ne s’était pas rendue dans plusieurs pays responsables de nombreuses violations des droits des femmes, notamment l’Arabie saoudite, l’Iran, la Chine, la Fédération de Russie et les Bahamas.

Human Rights Law Centre a expliqué que de plus en plus de femmes autochtones sont séparées de leurs familles et de leurs communautés en Australie. Les femmes autochtones sont aussi surreprésentées dans les prisons, où elles vivent dans des conditions déplorables. Par exemple, les fouilles corporelles de détenues devant deux gardiens sont toujours d’application, a dénoncé l’organisation, qui a demandé qu’il soit mis fin à cette pratique humiliante. La Commission mexicaine pour la promotion et la défense des droits de l’homme s’est inquiétée des lois de sécurité intérieure au Mexique qui propagent une culture d’impunité endémique. Elle a regretté aussi que le Gouvernement mexicain ne fasse rien pour protéger les migrants mexicains.

International Lesbian and Gay Association au nom également de Federatie Van Netherlandse Verenigingen Tot Integratie Van Homoseksualiteit - Coc Nederland est préoccupé par les abus possibles d’Internet dans les pays qui appliquent une législation homophobe. Des cas ont été recensés de menaces de violence ou de menaces de mort en ligne à l’encontre des personnes LGBTI partout dans le monde.

La Fondation Maarij pour la paix et le développement a attiré l’attention sur la lutte quotidienne des femmes réfugiées qui sont la cible d’agressions sexuelles, de viols, d’abus et d’exploitation dans les camps où elles vivent. Le Volontariat international femmes éducation et développement s’est préoccupée du sort des enfants migrants séparés de leur famille. Cette séparation engendre des traumatismes, ce qui fait que cette situation exige une action immédiate des États. Ils devraient ainsi ratifier la Convention internationale sur les droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille, a recommandé VIDES.

Enfin, Make Mothers Matters a évoqué le rôle économique des mères migrantes, notamment les transferts de fonds dans leurs pays d’origine, et la difficulté qu’elles éprouvent à se réinsérer en cas de retour. Ces mères rapportent aussi des connaissances et une ouverture internationale, a souligné l’ONG, qui a invité les États à les reconnaître et à les aider à rentrer.

S’agissant des droits de l’homme des migrants, le Mexique, au nom d’un groupe de pays, a souligné que la gestion et le contrôle des frontières devraient respecter les droits de l’homme, en toutes circonstances, et être en harmonie avec les normes internationales. Ainsi, le refoulement n’est pas souhaitable ni viable pour la gestion de la migration. Dans les cas d’expulsion, il faudrait veiller à ce qu’elle s’effectue dans des conditions de sécurité, de dignité et de respect des droits, y compris en respectant l’intérêt supérieur de l’enfant. Le Mexique a en outre estimé que le futur pacte mondial devait constituer un document robuste qui aborde la migration de façon intégrale, ce qui doit inclure les causes de la migration, une focalisation claire sur les droits de l’homme et la reconnaissance de l’importance de la mobilité de l’emploi.

Le Togo, au nom du Groupe africain, s’est félicité que le Rapporteur spécial se soit penché sur le problème du retour et de la réintégration des migrants. Il a déploré le fait que sous couvert d’une gestion des migrations plus efficace, certains États mènent toujours des opérations de renvoi et de refoulement. Il a rappelé que le retour des migrants devrait s’effectuer en toute sécurité, dans la dignité et le respect des droits de l’homme, sur la base de la primauté des retours volontaires, de la coopération entre les États d’origine et les États d’accueil, et d’une aide renforcée à l’accueil et l’intégration des migrants renvoyés. La question migratoire requiert des solutions viables et durables, qui s’attaquent en priorité aux causes profondes et qui dépassent le traitement des symptômes de la migration, a ajouté le Togo. Le Groupe africain appelle au rejet de toute approche qui favoriserait l’exclusion, le racisme, l’intolérance ou la xénophobie à l’égard des migrants, a conclu la délégation togolaise.

Le Viet Nam a déclaré que la protection des droits de tous les migrants devait être une priorité de la gouvernance des migrations. Le Viet Nam estime que les migrants contribuent à la croissance économique et au développement durable des pays de départ et de destination. Le pays appelle à une approche exhaustive et durable de la protection des droits des migrants.

L’Ordre souverain de Malte a jugé essentiel de répondre aux besoins socioéconomiques et culturels des migrants et de veiller à ce que leurs droits soient garantis conformément aux normes humanitaires internationales. La communauté internationale devrait se pencher dans ce contexte sur la protection de la famille. L’Ordre a fait part de sa satisfaction de constater que le projet de pacte mondial, dans son paragraphe 43, fait référence à la foi et aux croyances spirituelles des migrants.

La France a déclaré que le retour et la réintégration de migrants en situation irrégulière, non éligibles à l’asile, fait partie intégrante de la réponse en faveur de migrations sûres, ordonnées et régulières. Elle a ajouté que tout type de retour, volontaire ou autre, doit être conforme aux obligations au regard du droit international des droits de l’homme et au principe de non-refoulement. Pour la France, une attention particulière doit en outre être accordée aux populations vulnérables. En France, les mineurs bénéficient d’une protection interdisant tout éloignement forcé du territoire et il en est de même pour les personnes arrivées pour raison de santé et pour les victimes de la traite humaine, lesquelles disposent de la possibilité de bénéficier d’un droit de séjour au regard des sévices subis ; le séjour est accordé de droit pendant toute la durée de la procédure pénale.

Le Brésil a recommandé de n’opérer de rapatriements forcés qu’en ultime recours et suite à une procédure juste et équitable garantissant toutes les protections nécessaires. Comment la communauté internationale peut-elle mieux protéger les droits de l’homme des migrants lors du rapatriement et de la réinsertion, a demandé le Brésil ?

La Thaïlande, qui a indiqué œuvrer activement au sein du groupe de travail du processus de Bali, a rappelé avoir procédé récemment à la régularisation de plus d’un million de migrants, leur permettant ainsi de bénéficier d’une protection juridique et de l’accès aux services publics.

L’Iraq a appelé à mettre en œuvre de nouvelles options légales à l’intention des migrants, ce à quoi le pays s’emploie, toujours en coopération avec les agences pertinentes de l’ONU. Le retour et la réinsertion des migrants dans des conditions optimales et durables revêtent une importance fondamentale, a affirmé l’Égypte, qui a défendu le principe de non-refoulement dans les cas où les migrants risquent d’être victimes de violence s’ils sont renvoyés dans leur pays d’origine.

La Jordanie a réitéré son engagement en faveur des droits des migrants, indépendamment de leur statut migratoire et a souligné que les migrants se doivent de respecter les lois des pays d’accueil, et qu’il incombe aussi aux pays d’origine de veiller au (bon) retour de leurs ressortissants. De par sa position géographique, la Jordanie est au premier rang des pays subissant les conséquences des conflits armés dans sa région, mais n’en a pas moins présenté son rapport volontaire sur la mise en œuvre des Objectifs de développement durable, a ajouté la délégation jordanienne.

Le Sénégal a regretté les actes posés pour freiner les flux migratoires, notamment la criminalisation des mouvements transfrontières de personnes, le non-renouvellement des titres de séjour, le recours à la détention, l’exclusion, le rapatriement et le refoulement. Dans la perspective de l’adoption du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, dont le socle repose sur la coopération internationale, la contribution de tous les acteurs demeure indispensable pour l’atteinte des objectifs fixés, a souligné la délégation sénégalaise. Djibouti s’est inquiété des mesures de plus en plus restrictives et simplistes prises à l’encontre des migrants par plusieurs pays. De son côté, le Soudan a condamné l’injustice dont sont victimes les migrants en Europe et aux États-Unis.

Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a fait part de son inquiétude face au nombre croissant d’enfants détenus, expulsés ou séparés de leur famille. Le Fonds a exhorté les États Membres à suivre les recommandations de la Rapporteuse spéciale, du Comité des droits de l’enfant et du Comité pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants afin de prendre en considération l’intérêt supérieur de chaque enfant. Elle les a également priés de réaffirmer leurs obligations en vertu du droit international des droits de l’homme et du droit humanitaire international, de respecter le principe de non-refoulement et de protéger tous les enfants, quel que soit leur statut migratoire.

La Suisse a demandé au Rapporteur spécial comment les États, les organisations régionales, la société civile et le secteur privé peuvent contribuer à une meilleure intégration des droits de l’homme des migrants dans le discours public sur les migrations. La délégation suisse a aussi demandé, dans le contexte des négociations sur le pacte mondial, quelles sont les priorités pour assurer la protection effective des droits de l’homme des migrants et notamment du principe de non-refoulement.

Le Chili a dit partager les préoccupations exprimées au sujet des retours forcés de migrants et a jugé important de trouver des alternatives leur permettant de développer leur potentiel dans les pays d’accueil et dans leur pays d’origine. La délégation chilienne a également insisté sur la nécessité d’accorder une attention particulière à la situation des enfants, pour qui la détention, la rétention ou la séparation de leurs parents pour des raisons migratoires ne sauraient en aucun cas être considérées comme une alternative respectant leur intérêt supérieur.

Le Saint-Siège a évoqué la crise migratoire comme étant une tragédie de notre époque. Les migrants ont besoin d’une protection continue, indépendamment de leur statut migratoire, a souligné le Saint-Siège, avant de rappeler que la réintégration fait partie des éléments d’un système migratoire ordonné. Les migrations ont de tout temps contribué au développement de l’humanité, a rappelé le Saint-Siège. Il a jugé urgent de se préoccuper des facteurs qui causent les migrations. Le Maroc s’est dit préoccupé par la montée du populisme et de la xénophobie au détriment des migrants.

Le Paraguay s’est dit attaché à des politiques migratoires respectueuses du fait que les migrants sont des sujets de droit.

L’Iran a pour sa part défendu les droits des migrants de rentrer dans leur pays d’origine, mais aussi d’avoir accès à l’eau, à l’alimentation, à l’éducation et aux services de santé, sans discrimination et sans crainte de xénophobie.

Le Togo a salué les actions menées par le Rapporteur spécial en vue de prévenir les violations des droits de l’homme des migrants et d’y apporter des solutions. À l’heure ou un pacte mondial sur les migrations régulières, sûres et ordonnées est en train d’être négocié, le Togo invite toutes les parties à accorder leurs violons afin qu’un ensemble de principes, d’engagements et d’accords permettant de garantir le respect des droits humains puisse être dégagé.

Haïti a souligné que la contribution positive des migrants au développement des pays d’accueil et des pays d’origine, largement reconnue, avait été récemment consacrée par au moins deux instruments au plan international : le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la Déclaration de New York de 2016 sur les droits des migrants. Haïti a aussi fait observer que la séparation des mineurs de leur famille et le renvoi de mineurs non accompagnés étaient difficiles à mettre en œuvre dans le respect du droit des droits de l’homme. L’Équateur a dénoncé le traitement inhumain infligé aux migrants, notamment les enfants séparés de leurs enfants. Aucun être humain ne devrait être considéré comme illégal en raison de son statut de migrant, a dit l’Équateur. El Salvador a condamné la situation préoccupante des migrants dans le cadre de l’exécution du plan de « tolérance zéro » à la frontière sud des États-Unis.

La Fédération de Russie a jugé inadmissible que les migrants deviennent l’objet de manipulations politiques par ceux qui attisent la haine ethnique et sociale et la Bolivie a souligné que les discours xénophobes et les discours de haine exacerbaient la vulnérabilité des migrants. De même, le Nigéria a fait observer que la montée des populismes aggravait encore la vulnérabilité des migrants, et qu’il fallait garantir un traitement digne et humain à tous les migrants, quel que soit leur statut légal.

L’Azerbaïdjan a recommandé que les droits des migrants soient respectés durant tout le voyage. Il a fait observer que 3% de la population mondiale vivait actuellement en dehors des pays d’origine. Malte a estimé que les migrants en situation irrégulière devraient pouvoir bénéficier de procédures destinées à évaluer leur vulnérabilité. Les procédures de retour doivent se faire dans la dignité des migrants, a ajouté Malte. L’Afghanistan a estimé que les pratiques actuelles de retour des migrants remettent en cause leurs droits fondamentaux, et que le retour volontaire devait primer.

L’Algérie a souligné la nécessité de prendre en compte les réalités des pays d’origine, de transit et de destination et les facteurs déclencheurs des mouvements de population. La délégation a demandé au Rapporteur spécial quels sont les moyens efficaces pour atténuer les impacts négatifs de la « fuite de cerveaux » sur le capital humain des pays d’origine.

La Bulgarie a déploré la décision des États-Unis de se retirer du Conseil, tout en espérant que ce pays demeurerait engagé dans le plaidoyer en faveur de la promotion et la protection des droits de l’homme. La Bulgarie a ensuite dit avoir adopté, en 2015, une stratégie nationale sur la migration, l’asile et l’intégration pour la période 2015-2020. Le retour, la réadmission et la réinsertion des personnes migrantes n’ayant pas besoin d’une protection internationale sont essentiels, a dit la Bulgarie. Le Canada a encouragé les États à mettre en œuvre des processus sensibles aux aspects du genre dans le cadre des procédures liées aux migrants, notamment le processus de retour.

Le Burkina Faso a dit avoir enregistré, ces dernières années, des milliers de retours volontaires dans le cadre de programme d’aide au retour volontaire. Le Burkina Faso s’est doté d’une stratégie nationale de migration assortie d’un plan d’action pour assurer une gestion cohérente des migrations dans la perspective des Objectifs de développement durable. La question des migrants doit être une priorité du Conseil, a par ailleurs déclaré la délégation.

Le Conseil de l’Europe a dit participer largement à l’intégration des migrants et des réfugiés et fournir des ressources telles que le passeport européen pour les réfugiés. La délégation a estimé qu’il faudrait accorder l’attention nécessaire aux demandeurs d’asile et aux questions de genre, y compris dans le monde numérique.

La Chine a relevé que, dans son rapport, M. Gonzalez Morales avait évoqué « l’accueil par le Népal de réfugiés tibétains ». Or, a dit la Chine, « ces personnes ne sont pas des réfugiés, mais bel et bien des migrants ». La Chine s’est opposée à toute tentative de politisation de la question de la migration illégale.

L’Italie a assuré qu’elle continuerait à sauver des vies et qu’elle interdirait le renvoi forcé de tout étranger de moins de 18 ans. Cependant, il est urgent d’adopter une politique migratoire collective, sur la base de la responsabilité partagée, a dit l’Italie.

ONU-Femmes a indiqué que les politiques et pratiques de retour et de réinsertion affectent les femmes et les filles migrantes de manière distincte et qu’elles requièrent une approche reposant sur le respect des femmes. Celles-ci doivent être à même de transmettre la nationalité à leurs enfants (pour éviter l’apatridie) et avoir accès à des papiers d’identité individuels portant leur nom. La délégation a cité des cas de travailleuses migrantes enceintes qui sont renvoyées dans leur pays, ce qui constitue une violation flagrante de leurs droits. Il faut leur fournir des mécanismes de plainte indépendants, quel que soit leur statut migratoire, a plaidé ONU Femmes.

Les Philippines ont espéré que le rapport du Rapporteur spécial servirait aux États dans le cadre des négociations sur le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. La délégation a fait observer que l’absence de procédure encadrant le retour était en soi une violation des droits des migrants. Elle a voulu savoir ce que le Conseil pourrait faire pour que les migrants aient à leur disposition des procédures équitables dans ce domaine.

L’Autriche a dit apprécier l’intérêt porté par le Rapporteur spécial sur les enfants migrants en détention, car peu d’informations filtrent sur cette problématique, notamment sous l’angle du nombre de mineurs concernés et des conditions de leur détention. Le Honduras a mis l’accent sur l’intérêt supérieur de l’enfant et sur la nécessité d’éviter la détention des enfants dans le contexte migratoire.

L’ex-République yougoslave de Macédoine a encouragé à des politiques de réinsertion efficaces et durables, tout en insistant sur la nécessité d’accords bilatéraux, régionaux et internationaux. La délégation a aussi attiré l’attention sur la traite des personnes. Quel est le meilleur moyen d’aborder la problématique de la traite de personnes en ligne, s’est-elle enfin enquise ?

Le Mexique a déploré le retrait des États-Unis du Conseil et estimé que le multilatéralisme était le meilleur moyen de s’attaquer aux problèmes mondiaux. Tous les États ont le devoir de ne pas séparer les familles migrantes, a-t-il souligné, dénonçant cette séparation à la frontière. Le Mexique a exhorté les États qui appliquent une telle politique à mettre fin à cette situation inacceptable.

La Malaisie a demandé au Rapporteur spécial comment créer une synergie entre le futur pacte mondial et les politiques en vigueur en matière de migration.

Le Conseil national des droits de l’homme du Royaume du Maroc (CNDH)a signalé que la Constitution marocaine de 2011 avait constitué une avancée majeure des droits des étrangers, car elle stipule notamment que les ressortissants étrangers jouissent des libertés fondamentales reconnues aux nationaux et prévoit qu’ils peuvent participer aux élections locales. Le CNDH recommande toujours la révision de plusieurs lois marocaines pour garantir l’égalité pleine et entière entre étrangers et nationaux, notamment du Code du travail, du Code électoral, du Dahir (sur le droit d’association) et du Code de nationalité. La délégation a par ailleurs tenu à indiquer que le CNDH était le « point focal » en Afrique de l’Alliance mondiale des institutions nationales de droits de l’homme. Elle a plaidé pour que ces institutions jouent un rôle important dans le pacte mondial des migrations.

Plusieurs organisations non gouvernementales ont pris part au débat. Fédération internationale Terre des hommes au nom également de Alliance internationale d’aide à l’enfance a déploré les arrestations et les expulsions d’enfants migrants. Elle a exhorté les États à faire en sorte que le pacte mondial intègre les droits de l’enfant, garantisse son intérêt supérieur et réaffirme l’importance du principe de non-refoulement – entre autres. Foundation ECPAT International (End Child Prostitution, Child Pornography and Trafficking in Children for Sexual Purposes) a recommandé aux États de renforcer la sensibilisation aux dangers des migrations irrégulières et non sûres, ainsi que leur lien avec le trafic d’enfants. L’ONG a aussi conseillé de renforcer les systèmes nationaux de protection de l’enfance, d’adopter des mesures adéquates pour protéger les enfants de la pénalisation et de la détention en raison de leur statut de migrants irréguliers et de faire des recherches sur les mouvements d’enfants pour recueillir des données sur leurs vulnérabilités particulières.

Dominicains pour justice et paix - Ordre des frères prêcheurs au nom également de ‘Franciscain international’ a regretté le durcissement des politiques migratoires en Amérique du Nord et la violation du principe de non-refoulement. Elle a appelé le Mexique et les États-Unis à cesser leurs négociations sur les « pays tiers sûrs », à cesser les expulsions de masse et à accorder davantage d’attention aux enfants et aux adolescents. L’ONG a demandé au Rapporteur spécial de solliciter une invitation du Mexique afin d’y analyser la situation des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile.

Associazione Comunita Papa Giovanni XXIII au nom de plusieurs organisations non gouvernementales1 a regretté que le débat, ces dernières années, porte davantage sur le retour des migrants plutôt que sur d’autres voies comme la régularisation. Centre do Derechos Humanos Miguel Agustin Pro Juarez s’est dit lui aussi préoccupé par le recours aux politiques de retour forcé des migrants plutôt qu’à des politiques de régularisation. L’organisation a ensuite dénoncé la situation des migrants au Mexique qui sont victimes de multiples violations des droits de l’homme : disparitions forcées, recours abusif à la force et détention sans limite de durée.

Réponses et conclusions des titulaires de mandats

MME SIMONOVIC a précisé qu’elle met surtout l’accent sur les nouvelles formes de violence en ligne à l’égard des femmes et qu’il importe de sensibiliser et d’éduquer les jeunes générations à ce sujet. Elle a préconisé de prévoir des services de soutien aux victimes de ces formes de violence, alors que les organes responsables du maintien de l’ordre ne les perçoivent pas comme des violences réelles et négligent leur traitement. S’agissant des pratiques optimales, la Rapporteuse spéciale a salué les États qui – à l’instar de l’Australie, du Canada et des États-Unis – ont fait part de leurs efforts pour pallier, aux niveaux législatif et réglementaire, la violence en ligne ciblant les femmes. Elle a aussi salué les délégations qui ont insisté sur l’importance de la collecte des données ; les données révèlent en effet les domaines qui doivent retenir l’attention des États. La Rapporteuse spéciale a ensuite évoqué l’obligation redditionnelle pesant sur les intermédiaires et a fait observer que les États adoptent de plus en plus souvent une législation axée sur la responsabilisation des entreprises impliquées.

Mme Simonoviæ s’est félicitée d’un « dialogue interactif très fructueux » et de l’accent mis sur la nécessité d’adopter une « perspective droits de l’homme » s’agissant de la violence à l’égard des femmes en ligne. La coopération entre les procédures spéciales de l’ONU et les mécanismes régionaux et internationaux est fondamentale dans ce contexte, l’objectif devant être d’établir une plate-forme permettant de mieux utiliser les outils disponibles pour maintenir l’accent sur une mise en œuvre renforcée des traités internationaux, a expliqué la Rapporteuse spéciale. Elle a recommandé une meilleure coopération entre les Rapporteurs spéciaux ainsi que la fourniture d’assistance et de conseils aux victimes de la violence hors ligne et en ligne.

La Rapporteuse spéciale a aussi mentionné l’article 2-a de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Cet alinéa invite les États à « inscrire dans leur constitution nationale ou toute autre disposition législative appropriée le principe de l’égalité des hommes et des femmes, si ce n’est déjà fait, et assurer par voie de législation ou par d’autres moyens appropriés l’application effective dudit principe ».

Mme Šimonoviæ a aussi encouragé les États à s’inspirer des instruments régionaux contre la violence sexiste en ligne, ainsi que des « bonnes pratiques » de certains intermédiaires sur Internet qui appliquent les mesures décidées par les États et par la communauté internationale. Elle a encore rappelé que, lors de la création de son mandat, la violence à l’égard des femmes n’était pas encore considérée comme une violation des droits de l’homme.

Répondant à l’Algérie sur le cadre juridique international pour répondre à la violence à l’encontre des femmes en ligne, Mme Šimonoviæ a estimé que les conventions et déclarations pourraient être mises à jour pour répondre aux problématiques actuelles. Quoi qu’il en soit, il est important de se concentrer sur la violence en ligne, et en particulier sur la distribution non consensuelle d’images intimes (revenge porn), a conclu l’experte.

M. GONZALEZ MORALES a répondu à de nombreuses questions posées par les délégations au cours de ce débat. Il a d’abord indiqué que la régularisation des migrants allait être un élément essentiel du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières qui est en cours de négociation. Il en va de même pour la question du retour volontaire, par opposition au retour forcé, a dit M. Gonzalez Morales. Le Rapporteur spécial a relevé que la création d’un mécanisme de suivi serait un élément essentiel du pacte.

S’agissant de la situation des femmes migrantes, sur laquelle nombre de délégations se sont interrogées, le Rapporteur spécial a annoncé que le rapport thématique qu’il présentera l’année prochaine porterait précisément sur cette question, de même que sur la situation des enfants migrants. La rétention des enfants pour des raisons migratoires est incompatible avec le droit international, a précisé M. Gonzalez Morales. Il a jugé préoccupante la résurgence du racisme et de l’intolérance dans de nombreux pays.

Le Rapporteur spécial a relevé qu’un certain nombre d’États avaient dépénalisé les migrations irrégulières tandis que les sanctions pénales demeurent dans d’autres, voire ont été adoptées. Cette pénalisation va au-delà du pénal au sens strict et s’accompagne de mesures restrictives comme les rétentions, a regretté M. Gonzalez Morales.

Le Rapporteur spécial a fait savoir qu’il avait l’intention de poursuivre le dialogue avec les États de manière constructive. Au sujet de la réinsertion, il lui a semblé important de ne pas oublier que la responsabilité en incombe aux États, sans qu’ils ne se défaussent de leurs responsabilités sur les organisations de la société civile. Enfin, M. Gonzalez Morales a rappelé qu’il était également important de garantir des voies de transit accessibles et sûres pour les migrants. Il a aussi souligné la nécessité de respecter les droits des migrants, en attendant l’adoption du pacte mondial.

M. Gonzalez Morales a estimé indispensable que le futur pacte sur les migrations mette l’accent sur la question du droit au retour. Il a recommandé au Conseil des droits de l’homme de se pencher sur cette question. S’agissant particulièrement du retour des femmes migrantes dans leur pays d’origine, le Rapporteur spécial a rappelé qu’il y faisait référence dans son rapport. Il a dit être favorable, à ce propos, à une approche basée sur la pleine autonomie économique des femmes migrantes.

Quant à la séparation des enfants de leur famille, il s’agit d’une atteinte grave aux droits de l’homme, a mis en garde le Rapporteur spécial. Il a regretté le retrait des États-Unis du Conseil, États-Unis qui il avait demandé une visite, laquelle reste incertaine.

1.Déclaration conjointe : Associazione Comunità Papa Giovanni XXIII ; Association Points-Cœur ; Compagnie des filles de la charité de Saint Vincent de Paul ; Congrégation de Notre Dame de charité du bon pasteur ; Foundation for GAIA ; Confédération internationale d’organismes catholiques d’action charitable et sociale ; Mouvement international ATD Quart Monde ; Mouvement international d’apostolat des milieux sociaux indépendants ; New Humanity ; Passionists International et Union mondiale des organisations féminines catholiques.

*Délégations ayant participé au débat : Union européenne ; Mexique (au nom d’un groupe de pays) ; Togo (au nom du Groupe Africains) ; Viet Nam ; Qatar ; Maldives ; Belgique ; Monténégro ; Ordre souverain de Malte ; Colombie ; Norvège ; France ; Brésil ; Thaïlande ; Irak ; Croatie ; Égypte ; Jordanie ; Sénégal ; UNICEF ; Australie ; Suisse ; Japon ; Djibouti ; Saint-Siège ; Pays-Bas ; Soudan ; Espagne ; Maroc ; Paraguay ; Iran ; Togo ; Slovénie ; République de Corée ; Arabie Saoudite ; Botswana ; Haïti ; Tunisie ; Nouvelle-Zélande ; Bulgarie ; Venezuela ; Afrique du Sud ; Chine ; Algérie ; Afghanistan ; Fédération de Russie ; Royaume-Uni ; Conseil de l’Europe ; Portugal ; Équateur ; Bolivie ; République de Malte ; Canada ; Azerbaïdjan ; El Salvador ; Turquie ; Nigéria ; Burkina Faso ; ONU-Femmes ; Philippines ; Autriche ; Irlande ; Jamaïque ; Italie ; Japon ; Macédoine ; Honduras ; Mexique ; Malaisie Amnesty International ; Espace Afrique International ; Fédération internationale Terre des hommes (au nom également de Alliance internationale d’aide à l’enfance) ; Dominicains pour justice et paix - Ordre des frères prêcheurs (au nom également de Franciscain international) ; Make Mothers Matter ; Association pour la communication progressive ; Foundation ECPAT International (End Child Prostitution, Child Pornography and Trafficking in Children for Sexual Purposes) ; Human Rights Law Centre ; Associazione Comunita Papa Giovanni XXIII (au nom de plusieurs organisations non gouvernementales1) ; International Lesbian and Gay Association (au nom également de Federatie Van Netherlandse Verenigingen Tot Integratie Van Homoseksualiteit - Coc Nederland) ; United Nations Watch ; Centro de Derechos Humanos Miguel Agustín Pro Juárez ; Comisión Mexicana de Defensa y Promoción de los Derechos Humanos, Asociación Civil ; Fondation Maarij pour la paix et le développement ; Volontariat international femmes éducation et développement.

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Addenda – Hommage à Claude Lanzmann

Claude Lanzmann, le passeur de mémoire  : Son travail de cinéaste a été marqué par le souvenir du génocide juif, faisant de lui une figure du travail de mémoire en général. 05/07/2018 13:15 CEST - Le HuffPost avec AFP – Photo AFP Claude Lanzmann en 2016.

Claude Lanzmann est mort : décès du réalisateur français de ’Shoah’  : Le journaliste, réalisateur et philosophe avait 92 ans. 05/07/2018 11:34 CEST | Actualisé 05/07/2018 13:15 CEST - Par Gary Assouline- Photo AFP.

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Auteur : Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 07/07/2018

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