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"La science ne peut pas prédire le sentiment amoureux" par Bruce Bower
Traduction et compléments de Jacques Hallard
jeudi 26 octobre 2017, par
ISIAS Psychologie Anthropologie
La science ne peut pas prédire le sentiment amoureux
Aucun mélange magique des traits de personnalité décrits sur le papier ne peut permettre de discerner comment des déclenchements romantiques se révéleront lors de rencontres rapides dans la vie réelle
Ajout d’une conférence d’Edgar Morin du 23/05/2017 intitulée : “Qu’est-ce que l’amour ? C’est le comble de l’union de la folie et de la sagesse’
Compléments sur ces notions : introversion et extraversion, chaleur humaine et affectivité, ‘speed dating’ et ‘matchmaking’, intelligence artificielle
Le texte original de Bruce Bower a été publié le 11 septembre 2017 par Science News Psychology, Anthropology sous le titre « Science can’t forecast love » ; il est accessible sur le site suivant : https://www.sciencenews.org/article/science-cant-forecast-love
NO MATCH – Aucune concordance. Les questionnaires approfondis portant sur des traits ou caractères de la personnalité et des préférences de partenaires potentiels ne permettent pas de prédire ce qui va allumer des étincelles romantiques lors d’une rencontre entre des personnes, selon une nouvelle étude parue. nd3000 / iStockphoto.
Voici quelques nouvelles déchirantes pour les gens qui espèrent beaucoup de leurs sites de rencontres en ligne : il est pratiquement impossible de prévoir une possible connexion amoureuse.
Peut-être que ce n’est pas si choquant pour les survivants des tentatives de rencontres. Mais maintenant, la science est en train d’apporter sa propre contribution. Les données approfondies relatives à deux individus - comparables à celles recueillies par les services de rencontres numériques - ne permettent pas de prédire si un duo personnel fera un clic romantique pendant une durée de quatre minutes en situation de face à face, nous disent la psychologue Samantha Joel de l’Université de l’Utah à Salt Lake City et ses collègues.
Les gens savent en général quand une réunion avec une autre personne lors d’une brève rencontre s’est bien déroulée ou a été bien ressentie - et cela est de bon augure pour l’attraction mutuelle, d’après ce que des chercheurs ont rapporté en ligne le 30 août 2017 dans la revue ‘Psychological Science’. Mais sur le papier, aucun mélange de qualités personnelles et de préférences exprimées par des partenaires potentiels ne permet d’influencer les choix d’accouplement que des personnes de sexe opposé pourraient faire par la suite, conclut le groupe de recherche conduit par Samantha Joel.
[Voir l ‘article « Is Romantic Desire Predictable ? Machine Learning Applied to Initial Romantic Attraction - Samantha Joel, Paul W. Eastwick, Eli J. Finkel - First Published August 30, 2017 Research Article - Site : http://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956797617714580 ].
Samantha Joel s’attendait à ce que, par exemple, une personne qui a signalé avoir été attirée par des personnes extroverties générerait une plus grande adéquation au cours de rencontres rapides avec des personnes qui ont déclaré être également extraverties. Ou bien deux personnes qui ont déclaré être belles et qui ont des personnalités particulièrement chaleureuses, se sentiraient particulièrement attirées l’une envers l’autre après de brèves rencontres. Mais ce n’est pas ce qu’ont trouvé Samantha Joel, ainsi que les co-auteurs Paul Eastwick de l’Université de Californie basée à Davis et Eli Finkel de l’Université Northwestern à Evanston, Illinois aux Etats-Unis.
Les chercheurs ont conduit une recherche à partir de 350 étudiants universitaires, volontaires et hétérosexuels - répartis presque uniformément entre les hommes et les femmes - qui ont participé à l’un des 15 événements de ‘speed-dating’ [littéralement « rencontres rapides », ou « rencontre minute »], en 2005 et 2007.
[* D’près Wikipédia, « Le ‘speed dating’ (littéralement « rencontres rapides »), ou le « rencontre minute », est une méthode de recherche d’un partenaire en vue d’une liaison sentimentale ou matrimoniale qui consiste en une série d’entretiens courts avec différents partenaires potentiels… » Article complet sur le site suivant : https://fr.wikipedia.org/wiki/Speed_dating ].
Les participants ont rempli des questionnaires de 182 items [en psychométrie, chacune des questions d’un test ou d’un questionnaire], sur leurs traits de personnalité], d’une part, et de 112 items sur leurs préférences pour des partenaires potentiels romantiques, d’autre part. Les étudiants ont ensuite complété avec environ 12 rencontres rapides. Par la suite, les participants ont estimé leur intérêt et leur attrait sexuel pour chacune des personnes qu’ils ont rencontrées.
Les personnes en quête d’une rencontre romantiques et ayant exprimé quelques qualités particulières - comme par exemple l’extroversion *et la chaleur humaine ** - ont déclaré qu’elles prévoyaient une plus grande attractivité des candidats aux rencontres rapides que pour les autres personnes en général. Mais une analyse statistique des réponses des participants a révélé qu’aucun traits, ni aucune préférence, ni aucune combinaison de traits et de préférences, ne prévoyait combien une personne avait particulièrement désiré et souhaité revoir une personne en particulier après une rencontre rapide.
[* Introversion et extraversion - D’après Wikipédia, introduction de ces termes :
« Ces deux termes furent proposés par C G Jung dans son ouvrage Types Psychologiques 1,2 (1920) pour distinguer les deux types d’attitudes observables chez les individus selon leur tendance à s’intéresser aux objets externes (les autres, le monde) ou à leur propre univers intérieur ou subjectivité. À ce propos, compte tenu de la tendance à considérer le ‘subjectif’ comme ayant moins de validité que ce qui est ‘objectif’, Jung tient à clarifier ce qu’il signifie par subjectivité dans ce contexte : « Par le facteur subjectif j’entends l’action ou réaction psychologique qui fusionne avec l’effet produit par l’objet donnant lieu à une nouvelle donnée psychique. »3.
Dans les mots du psychiatre suisse : « … deux personnes voient un même objet mais jamais elles ne le voient de façon à ce que les images qu’elles reçoivent soient identiques. Au-delà de l’acuité variable des organes sensoriels et de l’équation personnelle [tendance à voir seulement ce que l’on ‘peut’ voir, manque d’impartialité], il existe souvent une différence radicale, de genre et de degré, dans l’assimilation psychique de l’image perçue. Tandis que l’extraverti fait constamment appel à ce qui lui parvient à partir de l’objet, l’introverti s’appuie principalement sur ce que l’impression sensorielle constelle à l’intérieur du sujet. »4
À partir de cette première distinction, Jung approfondit son étude en déclinant à l’intérieur de ces deux catégories une typologie basée sur les fonctions psychologiques suivantes : pensée, sentiment, sensation et intuition (voir article Typologie Jungienne). Les notions d’extraversion et introversion deviennent les traits de personnalité qui ressortent le plus dans l’approche empirique du modèle des Big Five, de l’outil Myers-Briggs Type Indicator (MBTI) développé dans les années 60 et inspiré par le modèle des Types Psychologiques de Jung, ainsi que plus récemment, dans le modèle HEXACO… » Article complet à découvrir sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Introversion_et_extraversion
Extroversion (Psychologie) : Variante de extraversion.
Jung a appelé extroversion cette attitude générale qui porte l’intérêt vers les objets et non vers le sujet. — (Jean Delay, Études de psychologie médicale, Presses universitaires de France, Paris, 1953)
L’intuition […] qui à distance et par extroversion ressent ce que ressent l’autre lui-même. — (Vladimir Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957)
Extraversion (Psychologie) : Orientation de la personnalité vers l’extérieur, la nouveauté, l’autre ].
[** Chaleur humaine : cette notion est proche de l’affectivité et de l’empathie et les articles suivants constituent une entrée possible pour bien saisir les nuances.
Les pièges de l’empathie 25/11/2000 - © copyright Thierry TOURNEBISE – Article complet ici : http://www.maieusthesie.com/nouveautes/article/empathie.htm
Humaniser l’accompagnement - Humaniser la fin de vie 4/5 - © copyright Thierry TOURNEBISE – A lire sur ce site : http://www.maieusthesie.com/nouveautes/article/fin_de_vie_4.htm
Un peu plus de chaleur humaine pour plus de bonheur – Par Laurence 25 juil. 2011 « Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus souvent face à des situations de solitude dans notre vie de tous les jours. Les raisons sont nombreuses : démantèlement de la famille, machines remplaçant l’être humain... La vie quotidienne, de plus en plus trépidante et routinière, nous a coupé de cette chaleur humaine pourtant essentielle à notre bonheur… » - Article complet sur le site suivant : https://www.over-blog.com/Un_peu_plus_de_chaleur_humaine_pour_plus_de_bonheur-1115400924-art270722.html* ].
L’équipe de Samantha Joel n’a pas analysé les preuves des services de ‘matchmaking’ * en ligne pour voir si leurs questionnaires emploient souvent des personnes qui génèrent de la chaleur humaine et un certain romantisme. « Mais nos résultats de recherche suggèrent qu’il est assez difficile de prédire une attraction romantique initiale en utilisant des mesures d’auto-déclaration de couples potentiels avant que deux personnes ne se soient vraiment rencontrées », a déclaré Samantha Joel.
[* Selon Wikipédia « Le ‘matchmaking’ est un anglicisme désignant la mise en relation de deux individus par affinités, le plus souvent par un site de rencontres sur Internet… » Article à lire en totalité sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Matchmaking ].
L’anthropologue biologique Helen Fisher, chercheuse principale de l’Institut Kinsey de l’Université de l’Indiana à Bloomington, est d’accord. « Vous devez rencontrer quelqu’un en personne pour faire en sorte que se déclenchent les circuits du cerveau pour faire naître une manifestation amoureuse », dit Helen Fisher.
[On peut aussi se référer à l’une de ses contributions intitulée « Helen Fisher étudie le cerveau amoureux » – Vidéo en anglais sous-titrée en français - « Pourquoi avons-nous cette soif d’amour, à en mourir ? Afin d’en savoir plus sur notre besoin si physique et réel d’amour romantique, Helen Fisher et son équipe de chercheurs ont enregistré des IRMs de personnes amoureuses - et d’autres qui venaient de se faire larguer ». Accès à cette vidéo : https://www.ted.com/talks/helen_fisher_studies_the_brain_in_love?language=fr#t-30089
Cela ne surprend pas les opérateurs des sites de rencontres en ligne, ajoute-t-elle. Ces sites ne promettent généralement pas aux clients intéressés la manifestation de liens romantiques, explique Helen Fisher, qui est consultante pour le site de rencontre en ligne dénommé Match.com®et qui a par ailleurs fondé son site affilié, Chemistry.com™. L’objectif est de fournir un éventail de rencontres potentielles avec des antécédents et des traits de personnalité demandés par un client donné. Tout le reste dépend de ceux et de celles qui décident de se présenter lors de rendez-vous réels entre les personnes concernées et retenues.
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Citations
S. Joel, P. Eastwick and E. Finkel. Is romantic desire predictable ? Machine learning applied to initial romantic attraction. Psychological Science. Published online August 30, 2017. doi : 10.1177/0956797617714580.
Further Reading – Lectures complémentaires
B. Bower. Shared talking styles herald new and lasting romance. Science News. Vol. 178, December 18, 2010, p. 8.
B. Bower. The dating go round. Science News. Vol. 175, February 14, 2009, p. 22.
L. Sanders. Still crazy (in love) after all these years. Science News. Vol. 174, December 6, 2008, p. 17.
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Accès à une conférence diffusée par ‘France Culture’
Edgar Morin : “Qu’est-ce que l’amour ? C’est le comble de l’union de la folie et de la sagesse’ 23/05/2017 - Une conférence enregistrée en décembre 2013. Edgar Morin, philosophe et sociologue.
L’amour, la poésie, la sagesse, illuminent nos vies tout en cachant leur énigme et leur complexité... Dés lors se pose la question : que peut être une sagesse moderne ?
Illustration - Edgar Morin : “Qu’est-ce que l’amour ?’ • Crédits : Elizabeth Fernandez - Getty
Edgar morin s’interroge sur l’amour, la poésie, la sagesse qui illuminent nos vies tout en cachant leur énigme et leur complexité... L’amour ne vit, soutient-il, que dans l’état d’un ’innamoramento’, se régénérant sans cesse de lui-même. La poésie est cet ’état second’ qui nous envahit dans la ferveur, l’exaltation, et bien sûr l’amour : elle nous fait habiter, non seulement prosaïquement, mais aussi poétiquement la terre. Quant à la sagesse, elle était dans le monde antique synonyme de vie raisonnable. mais nous savons que l’homo sapiens est également un être d’affectivité, de passions et de délire, c’est-à-dire qu’il est à la fois sapiens et démens.
Quelles sont les sources de l’amour ? Dans tout individu, nous avons deux logiciels : le premier, c’est l’affirmation du ’je’, le ’moi je’. Je me mets au centre de mon monde, autrement dit, c’est l’égocentrisme. L’égocentrisme nous est vital puisque nous avons besoin de nous nourrir, de nous défendre, de nous protéger… Bien entendu, l’égocentrisme risque de dégénérer en égoïsme s’il n’y avait pas l’autre logiciel qui est complémentaire, en même temps qu’antagoniste, celui du ’nous’. Nous avons donc en nous ces deux principes complémentaires.
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Article en rapport avec le rapoort traduit :
L’attraction entre deux personnes peut-elle être prédite grâce aux tests et à l’intelligence artificielle ? Psychomédia - Publié le 2 septembre 2017 – Illustration.
Les sites de rencontre affirment souvent que l’attraction entre deux personnes peut être prédite à partir d’une combinaison de traits et de préférences. Une étude, publiée dans la revue Psychological Science, a vérifié si tel est le cas.
Samantha Joel, chercheuse en psychologie l’Université de l’Utah, et ses collègues ont utilisé une technique d’intelligence artificielle pour tester si les caractéristiques individuelles peuvent prédire l’attrait lors de séances de « speed dating ».
Lire l’artile complet sur ce site : http://www.psychomedia.qc.ca/psychologie/2017-09-02/sites-rencontres-prediction-attrait-entre-deux-personnes
Voir également :
Rencontres en ligne : ne pas tarder à se rencontrer en personne, conseillent des chercheurs
TEST : Votre personnalité dans les relations interpersonnelles
TEST : Quel est votre style d’attachement dans une relation amoureuse ?
Quels sont les styles d’attachement dans les relations amoureuses ?
Les héritiers se marient plus entre eux que les autres riches
http://www.psychomedia.qc.ca/media/theme/logo-psychomedia-gabriola-381-81.png
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[D’après Wikipédia, « L’
intelligence artificielle est « l’ensemble de théories et de techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l’intelligence »1. Elle correspond donc à un ensemble de concepts et de technologies plus qu’à une discipline autonome constituée. Souvent classée dans le groupe des sciences cognitives, elle fait appel à la neurobiologie computationnelle (particulièrement aux réseaux neuronaux), à la logique mathématique (sous-discipline des mathématiques et de la philosophie) et à l’informatique. Elle recherche des méthodes de résolution de problèmes à forte complexité logique ou algorithmique. Par extension elle désigne, dans le langage courant, les dispositifs imitant ou remplaçant l’humain dans certaines mises en œuvre de ses fonctions cognitives2. Ses finalités et son développement suscitent, depuis toujours, de nombreuses interprétations, fantasmes ou inquiétudes s’exprimant tant dans les récits ou films de science-fiction que dans les essais philosophiques. Historiquement, elle trouve son point de départ dans les années 1950 avec les travaux d’Alan Turing, qui se demande si une machine peut « penser ». Le développement croissant des technologies informatiques (puissance de calcul) et des techniques algorithmiques (notamment l’apprentissage profond ou deep learning) ont permis la réalisation de programmes informatiques surpassant l’homme dans certaines de ses capacités cognitives emblématiques : le jeu d’échecs en 1997, le jeu de go en 2016 et le poker en 2017. Ces succès encouragent les spéculations. Dans les milieux technophiles, on verse en général dans l’enthousiasme, le mouvement transhumaniste en est la meilleure expression. Au contraire, d’autres s’inquiètent et sont portées par une perplexité, parfois alarmiste, y compris dans la sphère de la haute technologie. Ainsi, des figures réputées, tel Bill Gates — ancien PDG de Microsoft et « figure emblématique de la révolution informatique de la fin du XXe siècle »3 — pense qu’il faut rester très prudent quant aux développements futurs de ces technologies, qui pourraient devenir liberticides ou dangereuses… » Article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Intelligence_artificielle .
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Traduction, compléments entre […] et liens hypertextes de Jacques Hallard, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 23/10/2017
Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales
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Fichier : ISIAS Psychologie Anthropologie Science can’t forecast love French version.2
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