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"Les êtres humains pourraient avoir pris plusieurs chemins différents pour passer en Amérique contrairement à ce que nous pensions" par Thomas Sumner

Traduction et compléments de Jacques Hallard

samedi 5 novembre 2016, par Sumner Thomas



ISIAS Paléontologie Anthropologie

Les êtres humains pourraient avoir pris plusieurs chemins différents pour passer en Amérique contrairement à ce que nous pensions

Le passage par l’Arctique n’aurait pas pu fournir suffisamment de nourritures pour le voyage des premiers Américains

L’article original de Thomas Sumner s’intitule «  Humans may have taken different path into Americas than thought ». Il a été diffusé le 10 août 2016 par Science News Paleontology, Anthropology, Genetics et il est accessible sur le site  : https://www.sciencenews.org/article/humans-may-have-taken-different-path-americas-thought?tgt=more

Photo – Un paysage désertique et stérile - Un passage entre les glaciers gigantesques qui couvraient autrefois l’Arctique nord-américain, montré ici de nos jours, contenait peut-être trop peu de végétation et de faune pour nourrir les premières les personnes des migrations humaines en chemin vers les autres parties des Amériques. (M.W. Pedersen / Université de Copenhague).

Il se pourrait que les premiers pionniers américains n’aient pas atteint le Nouveau Monde de la façon dont la plupart des manuels nous le rapportent, concluent des chercheurs dans une nouvelle étude publiée. Des preuves obtenues à partir d’ADN fossile * suggèrent qu’un couloir ouvert à travers le couvert de glace de l’Arctique nord-américain était trop stérile pour soutenir les migrations humaines il y a plus d’environ 12.600 ans.

|* ADN fossile – « Le terme ADN fossile fait référence à l’ADN provenant d’un échantillon très ancien, comme les fossiles. L’étude de l’ADN fossile est utilisée en paléogénétique et en génétique des populations. En 2016 les restes d’ADN humains les plus anciens qui soient connus (qui ont pu être récupérés et analysés) appartiennent aux prénéandertaliens de la Sima de los Huesos, un aven de la sierra d’Atapuerca en Espagne1,2, et sont âgés de 430 000 ans3. L’ADN d’un fossile d’un cheval de 700 000 ans a également pu être analysé 4. Bien que dans les années 1990 certains scientifiques aient pu croire avoir réussi à construire des séquences d’ADN d’échantillons vieux de plusieurs millions d’années (notamment celui d’un coléoptère5, voire, en 1994, celui d’un dinosaure6, qui se révéla en fait être de l’ADN humain 7) grâce à la technique PCR, on s’accorde aujourd’hui à dire qu’ils avaient en fait été contaminés par l’intervention humaine, et que l’ADN ne parvient pas à résister à une telle échelle de temps 8,9. Article complet à consulter sur le site : https://fr.wikipedia.org/wiki/ADN_fossile ].

« Si vous regardez un manuel portant sur les premiers habitants des Amériques, vous verrez une flèche allant de la Sibérie vers l’Alaska et dans ce corridor libre de glace intérieure », explique le co-auteur de cette étude, Eske Willerslev, un généticien évolutionniste de l’Université de Copenhague au Danemark. « La totalité de ce cas d’école, traitant de la façon dont les Amériques ont été peuplées, semble tomber en lambeaux ».

En analysant l’ADN incorporé dans le fond des lacs anciens, Willerslev et ses collègues ont reconstruit l’histoire écologique d’un segment du passage. Bien qu’il était libre de glace durant les premières migrations humaines - qui remonte au moins à 14.700 années – pendant des milliers d’années, le passage contenait trop peu de végétation et de faune pour nourrir les voyageurs, d’après les conclusions des chercheurs publiées dans la revue ‘Nature’ datée du 10 août 2016. Les résultats, qui ont attiré le scepticisme d’autres experts qui disent que les chercheurs ont négligé d’autres éléments de preuve, soutiennent l’idée selon laquelle les premiers Américains arrivés sur place ont voyagé sur la côte.

[Voir l’article « Postglacial viability and colonization in North America’s ice-free corridor » Mikkel W. Pedersen, Nature 537, 45–49, (01 September 2016). Doi:10.1038/nature19085 – Received 01 February 2016 – Accepted 07 July 2016 - Published online 10 Augus. Site ; http://www.nature.com/nature/journal/v537/n7618/full/nature19085.html ].

Lorsque les premiers humains ont marché à travers le pont terrestre du détroit de Béring depuis la Sibérie, ils ont rencontré une terre pleine à craquer avec des glaciers imposants. Certains groupes intrépides, comme les précurseurs du peuple Clovis *, ont peut-être déjà quelque peu navigué à travers ce royaume glacé potentiellement il y a environ 20.000 années (SN : 2/16/08, p. 102 – Voir « New World Stopover : People may have entered the Americas in stages ». Bruce Bower - 1:34pm, February 13, 2008).

[* Voir des informations sur la Culture Clovis et le Premier peuplement de l’Amérique à l’annexe in fine].

Des preuves géologiques suggèrent qu’une ouverture est apparue entre deux plaques de glace en retrait il y a environ 15.000 à 14.000 ans, ce qui pouvait rendre beaucoup plus facile un voyage à l’intérieur des terres. Pendant des décennies, les scientifiques ont supposé que ce fut probablement la principale voie de migration pour les premiers Américains. Mais sur 1.500 kilomètres, à peu près la distance de Los Angeles à Seattle, [ou encore celle de Lille à Marseille], le couloir était trop long pour être traversé sans qu’un écosystème local puisse assurer la subsistance des migrants.

Willerslev et ses collègues ont analysé neuf carottes de sédiments de lacs de l’Ouest canadien, le long d’un point à mi-chemin du couloir, ce qui était le dernier segment à ouvrir. Les fragments d’ADN laissés par les débris de plantes et d’animaux qui habitaient autrefois la région, s’étaient accumulés dans les couches boueuses des lits des lacs. L’équipe a analysé les fragments d’ADN et les a comparés avec les modèles génétiques enregistrés pour les plantes et les animaux connus.

La route vers l’Amérique

Les humains ont d’abord émigré en Amérique du Nord via un pont de terre à travers le détroit de Béring.

[D’après Wikipédia, « Le détroit de Béring, ou détroit de Behring, sépare d’environ 92 km la Sibérie orientale (le cap Dejnev) de l’Alaska (le cap du Prince-de-Galles) et relie la mer de Béring (partie septentrionale de l’océan Pacifique) à l’océan Arctique… » Article complet sur le site : https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9troit_de_B%C3%A9ring ].

De là, les êtres humains peuvent avoir soit migré le long de la côte ouest ou avoir fait le parcours par un cheminement entre les glaciers colossaux. Ce parcours de glace avait trop peu de végétation pour soutenir les migrations antérieurement à 12.600 ans : c’est ce que la nouvelle recherche suggère.

M.W. Pedersen / Université de Copenhague

L’équipe de chercheurs a trouvé qu’antérieurement à environ 12.700 années, le passage était peu peuplé de végétaux, avec seulement des plantes herbacées. Mais il y a 12.600 ans, de l’herbe a recouvert la terre et a pu soutenir les populations de mammouths et de bisons. Au cours du temps, les arbres ont grandi et les wapitis (ou Cervus canadensis) se sont déplacés. Les forêts se sont éventuellement épaissies, de nouvelles espèces d’arbres se sont implantées et les élans sont apparus.

« Alors que le passage n’a pas été viable pour les premières migrations humaines, les groupes ultérieurs auraient pu utiliser le couloir et vivre sur cette terre », dit Willerslev. « Les migrations antérieures auraient pu avoir suivi le littoral, une idée qui a déjà été proposée par d’autres chercheurs, mais ceci confirme que la voie alternative serait plus difficile. Une grande partie de la côte antique a été submergée par l’élévation du niveau de la mer », dit Willerslev.

Certains experts ne sont pas si sûrs de l’exclusion du couloir intérieur pour les premières migrations. Les humains peuvent avoir traversé le couloir, même lorsque les plantes et les animaux étaient rares, dit Gary Haynes, un archéologue à l’Université du Nevada, à Reno. Les humains ont longtemps chassé la sauvagine en Sibérie et auraient pu suivre cette voie et se nourrit des oiseaux migrateurs en route vers le sud. La méthode utilisée par Willerslev et ses collègues n’aurait pas permis de détecter l’ADN de la sauvagine. « Il ne devait pas s’agir d’un écosystème confortable pour les explorations des êtres humains », ajoute Haynes.

[Selon Wikipédia, « La sauvagine désigne originellement pour les Français et certains francophones les oiseaux aquatiques sauvages, tels que canards, échassiers, cygnes, oies, etc. qui sont toutes aussi des espèces migratrices. Ce terme dérive de « sauvage »… » Article complet sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Sauvagine ].

D’autres preuves ne correspondent pas avec les nouvelles découvertes, dit Stuart Fiedel, un archéologue travaillant au ‘Louis Berger Group’ à Richmond, en Virginie aux Etats-Unis. Par exemple, dans un document de 2014, les chercheurs ont montré que les wapitis migraient vers le sud de l’Arctique il y a 13.100 ans, soit bien avant l’époque que le nouveau travail suggère en démontrant que le couloir était franchissable.

« Mais les grottes côtières ne contiennent pas de restes de wapitis, ce qui serait attendu si les wapitis avaient suivi la côte au lieu du couloir intérieur », dit-il. « Quant à mettre le holà à l’idée que les ancêtres de Clovis seraient venus à travers l’itinéraire empruntant le couloir », dit Fiedel, « Je pense vraiment qu’ils se plantent ».

Citations

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M.W. Pedersen et al. Postglacial viability and colonization in North America’s ice-free corridor. Nature. Published online August 10, 2016. doi : 10.1038/nature19085.

M. Meiri. Faunal record identifies Bering isthmus conditions as constraint to end-Pleistocene migration to the New World. Proceedings of the Royal Society B. Vol. 281, February 7, 2014. doi : 10.1098/rspb.2013.2167.

Lectures complémentaires

B. Bower. ‘Slam-dunk’ find puts hunter-gatherers in Florida 14,500 years ago. Science News. Vol. 189, June 11, 2016, p. 8.

H. Thompson. Human route into Americas traced via trail of bison fossils. Science News Online, June 6, 2016.

B. Bower. People roamed tip of South America 18,500 years ago. Science News. Vol. 188, December 26, 2015, p. 10.

T.H. Saey. Research teams duel over Native American origins. Science News. Vol. 188, August 22, 2015, p. 6.

B. Bower. Early Americans took two tool tracks. Science News. Vol. 182, August 11, 2012, p. 15.

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Annexe

Culture Clovis et Premier peuplement de l’Amérique

La culture Clovis ou culture Llano est une culture préhistorique paléoindienne apparue 11 500 années av. J.-C. : datation par le radiocarbone (soit il y a environ 13 500 à 13 000 ans), à la fin de la dernière période glaciaire. Elle se caractérise par la fabrication des pointes de Clovis et d’autres outils spécifiques en os et en ivoire. Son nom provient de la ville de Clovis, au Nouveau-Mexique, où ont été trouvés les premiers artefacts de cette culture, dans les années 1920. Photo - Une pointe de Clovis retrouvée sur le site éponyme. Article complet sur le site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_Clovis

Premier peuplement de l’Amérique

’Three maps of prehistoric America. (A) then gradual population expansion of the Amerind ancestors from their East Central Asian gene pool (blue arrow). (B) Proto-Amerind occupation of Beringia with little to no population growth for ≈20,000 years. (C) Rapid colonization of the New World by a founder group migrating southward through the ice free, inland corridor between the eastern Laurentide and western Cordilleran Ice Sheets (green arrow) and/or along the Pacific coast (red arrow). In (B), the exposed seafloor is shown at its greatest extent during the last glacial maximum at ≈20–18 kya [25]. In (A) and (C), the exposed seafloor is depicted at ≈40 kya and ≈16 kya, when prehistoric sea levels were comparable. A scaled-down version of Beringia today (60% reduction of A–C) is presented in the lower left corner. This smaller map highlights the Bering Strait that has geographically separated the New World from Asia since ≈11–10 kya.’

Carte présentant une hypothèse en plusieurs étapes du peuplement de l’Amérique.

Le premier peuplement de l’Amérique fait l’objet de débats au sein de la communauté scientifique. Ces débats entre archéologues et anthropologues portent sur l’origine des Paléoaméricains ainsi que sur la date, les modalités et les raisons de leur arrivée en Amérique. Les techniques biochimiques modernes ainsi que des recherches archéologiques de plus en plus minutieuses ont permis de faire avancer la connaissance du sujet. La compréhension actuelle des migrations vers et à travers le continent américain repose sur des avancées dans quatre disciplines complémentaires : l’archéologie, l’anthropologie physique, les analyses génétiques et la linguistique.

Depuis les années 1930 et la découverte du site Clovis, il était admis que l’Amérique avait été peuplée depuis l’Asie par des groupes ayant migré à travers la Béringie, nom du pont terrestre qui reliait jadis l’Alaska à la Sibérie (le détroit de Béring s’y dresse aujourd’hui). Toutefois les modalités de la migration (voie terrestre ou maritime, grande navigation ou cabotage primitif), sa chronologie et le lieu d’origine en Asie des migrants demeurent discutés1.

Certaines données archéologiques indiquent que le premier peuplement important de l’Amérique aurait eu lieu à la fin de la Dernière Glaciation, plus précisément lors du Dernier Maximum Glaciaire, entre 16 500 et 13 000 ans A.P.2. Pendant longtemps, la culture Clovis (environ 13 000 ans A.P.) a été considérée comme la première culture américaine. Mais selon l’océanographe Michel Fontugne, spécialiste des datations, les Américains « acceptent aujourd’hui le seuil de 25 000 ans [comme première présence humaine], ce qui était inconcevable il y a trente ans. On a passé la barrière de Clovis3. »

Des témoignages de plus en plus probants d’occupations antérieures ont en effet été publiés. Le site de Debra L. Friedkin a ainsi livré une industrie lithique datant de 15 500 ans A.P.4. Outre le squelette de Luzia et le site de Monte Verde, au Chili, le site de Topper, en Caroline du Sud, daterait de 50 000 ans, soit environ 37 000 ans avant Clovis ; le site de Pedra Furada, dans le Parc national de la Serra da Capivara, au nord du Brésil, serait encore plus ancien. Ces différents restes et sites permettent à certains de soutenir des théories alternatives à celles du peuplement par la mer de Béring, dont l’hypothèse d’une navigation depuis l’Afrique ou/et l’Europe, ainsi que depuis l’Australie. Toutes les hypothèses, y compris celles de Behring, restent en débat. Yves Coppens, professeur au Collège de France, s’appuyant sur la grotte de Pedra Furada, considère ainsi le peuplement par voie maritime depuis l’Afrique, il y a peut-être 100.000 ans, comme tout à fait plausible 5. Article complet à lire sur le site suivant : https://fr.wikipedia.org/wiki/Premier_peuplement_de_l%27Am%C3%A9rique

Retour au début de l’article traduit

Traduction, compléments entre […], annexe et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 02/11/2016

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

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Fichier : ISIAS Paléontologie Anthropologie Humans may have taken different path into Americas than thought French version.2

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