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"L’herbicide glyphosate perturbe le développement de l’utérus" par GMWatch

Traduction et compléments de Jacques Hallard

dimanche 10 juillet 2016, par GMWatch



ISIAS GMWatch Pesticides

L’herbicide glyphosate perturbe le développement de l’utérus

Claire Robinson fait état ​​d’une nouvelle étude qui indique que les herbicides à base de la matière active glyphosate peuvent agir comme des perturbateurs endocriniens

L’article original a été diffusé le 21 juin 2016 par GMWatch et il est intitulé Glyphosate herbicide disrupts uterine development  ; il est accessible ici : http://gmwatch.org/news/latest-news/17047-glyphosate-herbicide-disrupts-uterine-development

Wistar rat and reproductive system

L’herbicide glyphosate perturbe le développement de l’utérus de rats femelles quand ils sont exposés pendant 7 jours après la naissance, nous indique une nouvelle étude (résumée ci-dessous), réalisée par des chercheurs argentins.

L’herbicide glyphosate a provoqué la prolifération cellulaire et des changements structurels dans l’utérus de rats femelles. Ceci est observé en dépit du fait qu’aucun signe de toxicité aiguë ou chronique, ou encore des différences de gain de poids, n’aient été observés chez les petits rats traités expérimentalement. L’herbicide glyphosate a également perturbé l’expression de protéines impliquées dans le développement de l’utérus.

Les auteurs concluent que l’exposition à l’herbicide glyphosate peut affecter la fertilité féminine et / ou promouvoir le développement du cancer de l’utérus chez ces animaux.
Ils affirment également que leur étude est la première à montrer des effets perturbateurs du système endocrinien d’un herbicide à base de glyphosate sur l’utérus de rats nouveau-nés et pré-pubères, en soutenant la possibilité que les herbicides à base de glyphosate pourraient être des perturbateurs endocriniens.

[Voir également l’article « Perturbateurs endocriniens - Présentation et travaux de l’ANSES », mis à jour le 22/05/2014, sur le site suivant : https://www.anses.fr/fr/content/perturbateurs-endocriniens-1 ].

Les fausses couches signalées dans les régions où l’on cultive le soja OGM

Des scientifiques * et des médecins ** ont noté des taux élevés de fausse couche - parfois appelée « avortement spontané » - chez les femmes vivant dans les régions de l’Argentine où le soja OGM ‘Roundup Ready’ est cultivé et pulvérisé avec des herbicides à base de glyphosate. La nouvelle étude peut faire la lumière sur ce phénomène.

[* Voir : Advances in Molecular Biology – Volume 6 – Chapter 2 - Pesticides Used in South American GMO-Based Agriculture : A Review of Their Effects on Humans and Animal Models - Silvia L. Lopez, Celia Aiassa, Stella Benıtez-Leite, Rafael Lajmanovich, Fernando Manas, Gisela Poletta, Norma Sanchez, Marıa Fernanda Simoniello, and Andres E. Carrasco – Source : http://www.urantiagaia.org/eng/vital/agrotoxico/agrotoxico_sul_america.pdf ].

[ Voir aussi : Déclaration prononcée au 3ème Congrès national par des médecins de villes situées dans les territoires d’Argentine subissant des pulvérisations avec des agrochimiques (OGM Actualités & Actions). Traduction et compléments de Jacques Hallard, dimanche 17 janvier 2016 par ISIS - ISIS OGM Santé - Déclaration prononcée au 3ème Congrès national par des médecins de villes situées dans les territoires d’Argentine subissant des pulvérisations avec des agrochimiques Faculté de médecine, Université de Buenos Aires, Argentine le 17 Octobre 2015… suite

[** Voir encore : ISIS Report 18/02/15 - Devastating Impacts of Glyphosate Use with GMO Seeds in Argentina - Widespread GM soybean cultivation and accompanying pesticide spraying is wreaking havoc on the health of millions Dr Medardo Ávila-Vázquez. Source : http://www.i-sis.org.uk/Devastating_Impacts_of_Glyphosate_Argentina.php

[ Voir également : ’La tragédie humaine du ‘Roundup’ en Argentine’ par Claire Robinson. Traduction et compléments de Jacques Hallard, mercredi 6 octobre 2010 par Robinson Claire- ISIS OGM Santé - Argentina’s Roundup Human Tragedy – « Dix ans de cultures de soja génétiquement modifié et d’intoxications au glyphosate ont multiplié par quatre les taux de malformations à la naissance et de cancers. Article complet à lire sur le site suivant : http://www.isias.lautre.net/spip.php?article50 ].

D’après cette nouvelle étude, les doses trouvées comme étant toxiques sont considérées comme étant sûres en termes de sécurité et de toxicité par les organismes chargés de la réglementation des pesticides et OGM aux États-Unis

La dose d’herbicide trouvée comme pouvant perturber le développement de l’utérus chez les rats femelles était de 2 mg par kg de poids corporel par jour, sur la base de la « dose de référence » américaine pour le glyphosate pur, ce que les régulateurs jugent comme étant « sécuritaire » de consommer tous les jours de notre vie pendant toute notre existence.

De toute évidence, cette étude remet en question cette hypothèse ancienne en matière de sécurité. Mais il y a une complication - à savoir que la voie d’exposition choisie par les chercheurs était l’injection sous la peau plutôt que l’administration orale.

L’administration orale est l’une des voies d’exposition favorisées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour les essais de toxicologie menées sur les pesticides à des fins réglementaires. Les voies d’exposition sont censées refléter le plus fidèlement possible les voies d’exposition humaine. Les études qui utilisent l’injection sont généralement rejetées par les régulateurs comme « non pertinentes » pour l’évaluation des risques pour les êtres humains.

Cependant, les auteurs soulignent dans leur étude que compte tenu du stade très précoce du développement des petits rats testés- ils auraient encore été nourris par l’alimentation à partir de leur mère - l’injection était la seule voie d’exposition qui permettrait d’assurer l’incorporation de la substance dans toutes les parties du corps des rats. Cela est du bon sens scientifique, mais garantit presque que les régulateurs vont essayer d’ignorer cette étude.

L’exposition orale n’est pas la même chose que l’injection

Les scientifiques que nous avons consultés étaient d’accord avec la justification des auteurs pour l’utilisation de l’injection, étant donné le moment de l’administration. Mais ils ont ajouté que la répartition de l’herbicide du glyphosate dans les corps des rats peu après l’injection pourrait être tout à fait différente par rapport à la voie orale - et donc que les effets toxiques observés pourraient être, de ce fait, également différents.

Un scientifique a conseillé que seulement environ 30% de glyphosate est repris dans le corps par la voie orale habituelle de l’exposition, les chercheurs auraient injecté des quantités inférieures à la dose de référence aux Etats-Unis pour refléter ceci. En effet, une conception expérimentale dose-réponse, avec des doses plus faibles supplémentaires, aurait été préférable, bien que cela ait aussi coûté plus cher. Nous espérons que cette étude importante pourra être poursuivie en tenant compte de ces lignes.

Pour leur part, les autorités chargées de la réglementation et de la régulation devraient exiger que les études soient effectuées sur les herbicides à base de glyphosate à des doses réalistes - mais cela demande aussi une période de réserve dans leur utilisation, au moins jusqu’à ce que leur sécurité ait pu être établie.

L’exposition du nouveau-né à un herbicide à base de glyphosate altère le développement de l’utérus chez les rats femelles

Auteurs : Schimpf, Marlise Guerrero, Milesi, Maria M., Ingaramo, Paola I., Luque, Enrique H., Varayoud, Jorgelina - Toxicologie (2016) – Référence :
http://dx.doi.org/10.1016/j.tox.2016.06.004

Les herbicides à base de glyphosate (désignés par la suite par le code ‘GBHS’) sont largement utilisés pour contrôler les mauvaises herbes à la fois sur les parties de terres cultivées et sur les terrains non cultivés. Aucun rapport n’est disponible sur les effets de l’exposition des êtres vivants au GBHS, en particulier sur le développement de l’utérus.

Nous avons évalué si l’exposition d’un nouveau-né au GBHS affecte la morphologie de l’utérus, la prolifération et l’expression des protéines qui régulent la différenciation organogénétique utérine chez les petites rattes de type Wistar qui ont reçu une solution saline (témoin de contrôle, codé C) ou une formulation commerciale de glyphosate (GBHS, à 2 mg / kg) par injection sous-cutanée toutes les 48 heures à partir du jour post-natal de JPN 1 à JPN 7.

Les rattes ont été sacrifiées de JPN 8 à JPN 21 (ce qui correspond à la période pré pubère) pour évaluer les effets aigus et ceux à court terme, respectivement. La morphologie de l’utérus a été évaluée sur des sections colorées ave de l’hématoxyline et de l’éosine.

Les immunophénotypes (niveau épithélial et stromal) ont été établis par l’évaluation de l’expression de la protéine épithéliale luminale (cytokératine 8  : CK8), des protéines basales (p63) et des cytokératines (CK1, 5, 10 et 14) ; ainsi qu’avec la vimentine par immunohistochimie (IHC).

Pour étudier les changements apparus sur les protéines qui régulent la différenciation de l’organogenèse utérine, nous avons évalué l’expression du récepteur de l’œstrogène alpha (ERa), le récepteur de la progestérone (PR), HOXA10 et Wnt7a par la technique d’IHC.

Les utérus des rattes exposées au GBHS présentaient des changements morphologiques, caractérisés par une augmentation de l’incidence de l’hyperplasie épithéliale luminale (LEH) et une augmentation de l’épaisseur au niveau stromal et myomètrial.

Les cellules épithéliales ont présenté une immunocoloration positive pour CK8, tandis que les cellules du stroma étaient marquées pour la vimentine. Le traitement avec GBHS a augmenté la prolifération cellulaire dans les compartiments au niveau luminal et stromal chez les animaux du stade JPN 8, mais sans changement pour le stade JPN 21.

Le traitement avec GBHS a également modifié l’expression de protéines impliquées dans la différenciation de l’organogenèse utérine : PR et HOXA10 ont été dérégulés, à la fois immédiatement et deux semaines après l’exposition.

Le récepteur de l’œstrogène alpha (ERa) a été induit dans le compartiment stromal chez les animaux au stade JPN 8 et il a été régulé à la baisse dans les cellules épithéliales luminales des animaux exposés au glyphosate (‘GBHS’) chez les animaux du stade JPN 21.

Le traitement avec GBHS a également augmenté l’expression du marqueur Wnt7a dans les cellules épithéliales glandulaires et du stroma chez les animaux du stade JPN 21.

L’exposition néonatale au GBHS (glyphosate) perturbe le développement postnatal de l’utérus à la période néonatale et pré-pubère. Tous ces changements peuvent modifier la différenciation fonctionnelle de l’utérus, ce qui affecte la fertilité féminine et/ou promeut le développement denéoplasies.

[D’après Wikipédia, « Le terme néoplasie (littéralement : nouvelle croissance) désigne une formation nouvelle — le néoplasme — qui se développe par prolifération cellulaire et qui présente une organisation structurale et une coordination fonctionnelle faible, voire nulle, avec le tissu environnant. Le mot « néoplasme » est le terme utilisé en médecine pour désigner une tumeur ou un cancer… Article complet sur le site suivant : https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9oplasie ].

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Traduction, compléments entre […] et intégration de liens hypertextes  : Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 10/07/2016 - Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales http://www.isias.lautre.net/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIAS GMWatch Pesticides Glyphosate herbicide disrupts uterine development French version.2

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