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"La Chine génétiquement modifiée" par le Prof Joe Cummins

Traduction et compléments de Jacques Hallard

mercredi 8 septembre 2010, par Cummins Professeur Joe

ISIS OGM
La Chine génétiquement modifiée
Les entreprises multinationales de biotechnologie ont une forte présence en Chine et de nombreux Organismes Génétiquement Modifiés, OGM, ont été autorisés pour l’importation et pour la transformation industrielle : la contamination transgénique est inévitable, selon le Prof Joe Cummins

Rapport ISIS 08/09/2010
L’article d’origine en anglais est intitulé Genetically Modified China ; il est accessible sur le site suivant : www.i-sis.org.uk/geneticallyModifiedChina.php
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Les OGM en Chine

La Chine est actuellement le sixième plus grand producteur de cultures de plantes génétiquement modifiées (OGM) dans le monde (3,8 millions d’hectares en 2008, derrière les États-Unis, l’Argentine, le Brésil, l’Inde et le Canada [1]. Le gouvernement chinois a accordé les certificats de sécurité pour la production commerciale de quatre espèces cultivées de plantes alimentaires et à fibres dont le coton résistant aux insectes, la papaye résistante à un virus, des piments résistants à des virus et des tomates à maturation retardée.

Des plantes transgéniques, comme le peuplier et le pétunia, sont également autorisées pour la production. Parmi les centaines de produits biotechnologiques en cours de développement qui ont été autorisés pour des essais de production, on note les suivants : riz résistant aux insectes (Bt63), riz résistant à la brûlure bactérienne (Xa21), maïs haute teneur en phytase et colza canola à haute teneur en huile. Les autres plantes cultivées qui sont en cours d’essais sur le terrain comprennent le maïs résistant aux insectes, le maïs à haute teneur en lysine, le blé résistant à la germination au stade pré-récolte, ainsi que des sojas résistants aux insectes.

L’autorisation réglementaire des cultures chinoises diffère sensiblement du processus d’approbation réglementaire qui est en vigueur en Amérique du Nord. Dans le principal secteur des cultures en Chine, les plantes génétiquement modifiées sont autorisées en tant que variété, contrairement à la réglementation en vigueur en Amérique du Nord où les plantes culitvées comme OGM sont réglementées selon l’évènement [de transformation] concerné par la modification génétique, comme ISIS l’a déjà indiqué avec insistance dans le passé [2] (voir le rapport ISIS Biosafety Alert ).

En Amérique du Nord, l’évènement de modification génétique, une fois qu’il a été approuvé pour une variété, peut être reproduit dans d’autres variétés ou écotypes sans qu’il soit nécessaire d’accorder une autorisation réglementaire pour d’autres applications (1).

L’approche chinoise sur la réglementation des cultures vivrières génétiquement modifiées est plus lente et apparemment plus fiable que l’approbation réglementaire en Amérique du Nord. L’accord d’autorisation par variété peut laisser un vide dangereux si la ’variété’ comprend en fait plus d’un événement GM, car il est dans la nature même d’une modification génétique de ne pas être fiable et d’être imprévisible : chaque événement est unique et il diffère selon le lieu où et sous quelle forme l’insert génétiquement modifié [ou transgène] a atterri, et quel genre de dommages collatéraux ont été faits dans le génome de l’hôte (voir [3] FAQ on Genetic Engineering , ISIS didacticiel).

En Chine, il n’existe que des activités de recherche et développmeent assez limitées au sein du secteur privé pour les biotechnologies agricoles [1]. Le développement des semences biotechnologiques est conduit par les instituts de recherches publics et les universités qui sont financés par les différentes parties de l’administration gouvernementale chinois, bien que le marketing et la commercialisation soient souvent assurés par des sociétés privées affiliées.
Les investissements étrangers pour la recherche et la production de plantes biotechnologiques, du bétail et des produits aquatiques sont interdits, mais ils sont autorisés pour la production de semences conventionnelles.
La Chine a autorisé quatre produits/espèces cultivées biotechnologiques pour l’importation en vue de transformations industrielles (soja, maïs, colza canola et coton).
Les 28 variétés autorisées pour des importations en vue d’un traitement industriel comprennent les caractéristiques suivantes : 15 tolérances à un herbicide, 3 concernant la réduction de la formation d’acides gras indésirables, 5 résistances aux insectes et 5 résistances aux insectes associées à des tolérances à des herbicides.

La production de semences pour les plantes qui ne sont pas génétiquement modifiées peut être mise en oeuvre à travers un partenariat avec les producteurs de semences de sociétés multinationales, mais la propriété multinationale est limitée à des actionnaires minoritaires dans des joint ventures, des co-entreprises avec des sociétés chinoises.

Les activités des entreprises en Chine

En dépit des restrictions à la production ou à l’importation de semences pour les plantes génétiquement modifiées et pour les semences génétiquement modifiées produites par les sociétés internationales de biotechnologie, les entreprises étrangères ont une présence étendue en Chine, car ces entreprises produisent également des pesticides chimiques et des semences qui ne sont pas génétiquement modifiées.

Dow-Pioneer Corporation

Pioneer possède deux co-entreprises en Chine : Shandong Denghai-Pioneer Seed Company et Dunhuang Seed Co. Ltd, une joint venture de Pioneer International avec la plus grande entreprise semencière chinoise. Pioneer a créé un centre de recherche en Chine pour la reproduction et les tests, l’expérimerntation des hybrides de maïs [4].
Shandong Denghai Seeds Co est titulaire d’un intéressement de 51 pour cent dans les co-entreprises [5].
Dow AgroSciences a également des bureaux pour la commercialisation de produits de protection des cultures en Chine [6].
Les maïs génétiquement modifiés ‘DAS-59122-7’ et ‘TC1507’ de Dow-Pioneer ont été autorisés pour l’importation et pour la transformation industrielle en Chine [1].

Monsanto-Seminis Corporation

Monsanto a un certain nombre de bureaux en Chine [7], ainsi qu’une société de semences de légumes : Séminis (le plus grand fournisseur de semences de légumes dans le monde), appartenant à Monsanto et ayant des bureaux en Chine [8].
La Chine a accordé un permis d’importation et de transformation industrielle pour les variétés OGM suivantes [1] : maïs OGM de Monsanto, MON810, MON863, NK603 et MON88017 ; le coton OGM 15985 (BollgardII), MON88913 et 531 ; soja OGM GTS40-3-2, ainsi que le colza canola génétiquement modifié GT73.

Syngenta Corporation

Syngenta Crop Protection and Investment a des bureaux de vente en Chine [9], et les variétés OGM suivantes ont reçu des autorisations pour l’importation et la transformation : maïs Syngenta GM176, Bt11 (X4334CBR, X4734CBR) et MIR604 [1].

Bayer CropSciences Corporation

Bayer CropSciences possède des bureaux en Chine pour la vente des produits chimiques destinés à la protection des cultures [10], et les variétés suivantes ont été autorisées pour l’importation et la transformation industrielle : maïs génétiquement modifié de Bayer ACS-ZMØØ2-1 / ACS-ZMØØ3-2 (T14, T25) ; colza canola génétiquement modifié Ms1Rf1, Ms1Rf2, Ms8Rf3, Topas19 / 2, Oxy-235 et T45, soja OGM A2704-12 et coton génétiquement modifié LLCotton25 (1).

Bien que les semences de plantes cultivées OGM ne soient pas commercialisées en Chine, les grandes sociétés multinationales qui produisent des espèces de plantes génétiquement modifiées ont une présence importante en Chine grâce à la vente et à la production de semences qui ne sont pas génétiquement modifiées, et par la vente de produits chimiques de protection des cultures.

Le transport des produits OGM importés et destinés à la transformation industrielle est considéré comme pouvant avoir des impacts sur l’environnement en Chine. Le colza (canola) a été le plus étudié en ce qui concerne la propagation de ses semences génétiquement modifiées au cours du transport à partir des champs, le long des routes et à proximité des ports maritimes.

La dispersion et la persistance du colza génétiquement modifié dans les ports japonais ont été rapportées [11].
Le colza oléagineux croissant le long d’une route japonaise a été suivi pendant trois ans, sur une route qui mène vers un port maritime, ainsi que son extension dans la campagne environnante [12].
A l’échelle d’un environnement paysager dans la campagne, la persistance du colza génétiquement modifié (Brassica napus) dans l’état du Manitoba au Canada, a montré que la libération et la dissémination immédiate des semences pendant le transport avaient effectivement exclu chez le colza la possibilité d’une coexistence des cultures OGM et des cultures non-OGM dans une région donnée [13].

Le flux de gènes de deux transgènes à partir de colzas OGM tolérants aux herbicides vers des espèces sauvages B. juncea var. gracilis (Chinese vegetable mustard, une moutarde consommée comme légume en Chine) nous indique que les cultures de plantes OGM sont non seulement capables de constituer des plantes adventices sauvages (volunteers) ou ‘mauvaises herbes’ en bordure des routes, mais que leurs transgènes sont transférés vers des espèces sauvages et disséminés, dispersés dans la nature [14].

En conclusion, l’importation des OGM et l’extension des cultures de plantes génétiquement modifiées pour l’utilisation par les industries de transformation sont tout à fait susceptibles de constituer et d’établir des populations de plantes sauvages, proches des plantes cultivées, et portant des gènes brevetés par des multinationales et de contaminer ainsi les terres agricoles de la Chine.

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Définitions et compléments en français :

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Traduction, définitions et compléments :


Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
Adresse : 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr
Fichier : ISIS OGM Genetically Modified China French version.2


[1Petry,M,Bugang,W. . China Peoples Republic Agricultural Biotechnology Annual GAIN Report 8/3/2009 http://gain.fas.usda.gov/Recent%20GAIN%20Publications/AGRICULTURAL%20BIOTECHNOLOGY%20ANNUAL_Beijing_China%20-%20Peoples%20Republic%20of_8-3-2009.pdf

[2Ho MW. Biosafety alert. ISIS Report, 1999, http://www.i-sis.org.uk/biosafety.php

[3Ho MW. FAQ on genetic engineering, ISIS Tutorial, 1999, http://www.i-sis.org.uk/FAQ.php

[6Dow AgroSciences China http://www.dowagro.com/china/

[7Monsanto Who We Are Our Locations China http://www.monsanto.com/who_we_are/locations/china.asp

[8Seminis Seeds (Beijing) http://seminis.en.hisupplier.com/

[11Kawata M, Murakami K, Ishikawa T.Dispersal and persistence of genetically modified oilseed rape around Japanese harbors. Environ Sci Pollut Res Int. 2009, 16(2), 120-6

[12Nishizawa T, Nakajima N, Aono M, Tamaoki M, Kubo A, Saji H. Monitoring the occurrence of genetically modified oilseed rape growing along a Japanese roadside : 3-year observations. Environ Biosafety Res. 2009, 8(1), 33-44.

[13Knispel AL, McLachlan SM.Landscape-scale distribution and persistence of genetically modified oilseed rape (Brassica napus) in Manitoba, Canada. Environ Sci Pollut Res Int. 2010, 17(1), 13-25.

[14Song X, Wang Z, Zuo J, Huangfu C, Qiang S.Potential gene flow of two herbicide-tolerant transgenes from oilseed rape to wild B. juncea var. gracilis. Theor Appl Genet. 2010, 120(8), 1501-10