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"Les statines des traitements anti-cholestérol sont nocives pour la santé", par la Dr Mae-Wan Ho

Traduction et compléments de Jacques Hallard

dimanche 20 septembre 2015, par Ho Dr Mae-Wan

ISIS Santé
Les statines des traitements anti-cholestérol sont nocives pour la santé
Au Royaume-Uni, les directives gouvernementales actuelles, qui recommandent massivement aux personnes en bonne santé la prise des statines anti-cholestérol, présentent des risques inacceptables pour la santé publique, selon les éléments de preuve apportés par des chercheurs indépendants et obtenus à partir d’expérimentations conduites dans des dispositifs contrôlés randomisés (avec des témoins), d’une part, et d’études épidémiologiques auprès de populations, d’autre part. Dr Mae-Wan Ho

Rapport de l’ISIS en date du 15/04/2015
Une version entièrement référencée de cet article intitulé Statins for the Healthy are Harmful est affichée et accessible par les membres de l’ISIS sur le site http://www.i-sis.org.uk/Statins_for_the_Healthy_are_Harmful.php ; elle est également disponible par téléchargement ici
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De nouvelles directives controversées placent des millions de personnes supplémentaires en situation de prendre des statines alors que ces personnes sont en bonne santé

L’organisme de réglementation pharmaceutique du Royaume-Uni (‘Pharmaceutical regulatory agency’ ou NICE) a suscité une controverse avec sa nouvelle ligne directrice émise en juillet 2014 : elle recommande l’emploi des statines chez les personnes en bonne santé, mais qui présentent un risque égal ou supérieur à 10% de manifester dans les dix ans des maladies cardiovasculaires (MCV) [1].

C’est un revirement spectaculaire par rapport à la précédente directive de 2006, qui recommandait la prise des statines par les personnes dont le risque de développer une maladie cardiovasculaire dans les dix ans était de 20% ou plus : le niveau de risque a été augmenté à cause du diabète et chez les personnes des groupes ethniques à haut risque.

La nouvelle directive gonfle le nombre de personnes admissibles pour la prise de statines qui touche ainsi 4.500.000 personnes. Cette directive fait suite à une directive américaine [aux Etats-Unis] qui recommande les statines pour les personnes ayant un risque de 7,5% ou plus d’ici dix ans, ce qui a eu comme résultat d’ajouter 13 millions de personnes supplémentaires qui vont prendre un traitement, mais qui sont cependant en bonne santé.

En réponse, le Comité General des Praticiens de santé de la ‘British Medical Association’ (l’association médicale britannique) a publié une déclaration exprimant sa préoccupation [2] du fait « qu’il n’y a pas suffisamment de preuves d’un bénéfice global important pour les personnes à faible risque, pour permettre aux médecins d’avoir confiance dans la recommandation de réduire le risque-seuil pour prescrire des médicaments anti-cholestérol ». Les résultats d’une enquête menée auprès de 560 médecins généralistes britanniques, publiés en octobre 2014, ont montré que les deux tiers [3] « n’avaient pas commencé à prescrire des statines au seuil de risque de 10% ». .

La méta-analyse des essais cliniques réalisés par l’industrie pharmaceutique a été revue et éclairée par une nouvelle analyse

La raison d’être des nouvelles directives était une revue Cochrane publiée en 2013 [4], qui a radicalement inversé sa précédente révision de 2011, concernant les statines pour la prévention primaire des maladies cardiovasculaires [5] qui était compatible avec les directives de l’agence officielle NICE de 2006.

La revue Cochrane de 2013 [4] a conclu que les statines réduisent la mortalité pour toutes les causes et les événements cardiovasculaires, sans augmenter le risque d’effets indésirables chez les personnes à faible risque de maladies cardiovasculaires, pour un risque inférieur de 10% sur dix ans. Le changement de son examen de 2011 a été largement basé sur une méta-analyse à partir des résultats d’une publication émise un an plus tôt à la suite des travaux en collaboration avec les expérimentateurs des traitements anti-cholestérol (‘Cholesterol Treatment Trialists’ ou CTT) [6].

La méta-analyse du CTT 2012 [6] a été conçue pour évaluer le « bénéfice net global » de la réduction des taux de cholestérol avec l’administration de statines dans le sous-groupe des participants à faible risque de maladie cardiovasculaire - défini comme un risque sur 5 ans inférieur à <10% - dans 27 essais cliniques, dont les résultats avaient été publiés fin 2009.

Le risque moyen sur cinq ans chez les participants de ce groupe a été de 2,6%. Les auteurs concluent que la thérapie aux statines réduit considérablement le risque de mortalité toutes causes confondues de 9,1% et d’événements vasculaires majeurs, y compris les graves événements coronaires (infarctus du myocarde non fatal ou décès d’origine coronarienne), les accidents vasculaires cérébraux et les processus de revascularisation coronaire - d’environ 20% par 1,0 mmol / L de réduction dans des lipoprotéines de basse densité (LDL), indépendamment du niveau de risque de base.

Les auteurs ont calculé que chez les patients à faible risque, les statines ont empêché 11 événements vasculaires majeurs sur 1.000 personnes traitées pendant cinq ans pour chaque réduction de 1,0 mmol / L du cholestérol LDL. Ils ont conclu que cet avantage significatif des statines, chez les patients à faible risque, « a grandement [dépassé] tous les risques connus de la thérapie aux statines ».

Cependant, John Abramson de la ‘Harvard Medical School’ et trois collègues dans des universités américaines et canadiennes, ont réévalué la méta-analyse CTT de 2012 et ils ont publié leurs résultats dans la revue scientifique BMJ en octobre 2013 [7].

Ces auteurs ont constaté que pour les personnes avec un risque de 10% de faire une maladie cardio-vasculaire dans les 5 ans, il n’y avait pas de réduction significative de la mortalité globale avec un traitement par les statines.

En se concentrant sur des « événements cardiovasculaires lourds », à savoir, la mortalité cardiovasculaire, l’infarctus du myocarde et l’accident vasculaire cérébral, cela aboutit à les considérer comme les paramètres les plus fiables et les moins vulnérables à la partialité dans le jugement. Ces cas pathologiques constituent 65% des événements vasculaires majeurs qui se sont produits chez les personnes à un risque <10 % sur cinq ans ; ils étaient de 7,15 pour 1 000 patients à faible risque et traités pendant cinq ans.

En d’autres termes, 140 personnes présentant un risque de moins de 10% sur cinq ans, doivent être traitées avec des statines pendant cinq ans afin de prévenir une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral, mais sans réduction de la mortalité globale etavec aucune réduction des événements indésirables graves globalement.

Des événements indésirables graves de la thérapie avec la prise des statines ne sont pas inclus dans la méta-analyse

Afin de juger de l’effet net d’un traitement sur la santé globale, il est nécessaire de connaître le nombre total d’événements indésirables graves, y compris les décès toutes causes confondues, les hospitalisations, la prolongation de l’admission, l’apparition d’un cancer ou/et une invalidité permanente.

Malgré l’accès à des données au niveau des patients, la méta-analyse CTT [6] n’a pas considéré l’effet des statines sur les événements indésirables graves. Seulement les 3 ou 5 plus grands essais inclus dans la méta-analyse ont communiqué des données sur les événements indésirables graves, dont aucun ne fait état d’une réduction associée à une statine.

La revue Cochrane 2013 [4] s’est appuyée sur deux examens antérieurs qui comprennent seulement des données publiées pour conclure que le taux d’événements indésirables graves était similaire dans le groupe ayant reçu de la statine et le groupe ayant reçu un placebo.

Abramson et ses collègues [7] ont énuméré les effets secondaires connus dans la littérature scientifique médicale : la myopathie de 100 jusqu’à 400 fois le taux rapporté par la méta-analyse du CTT de 0,5 pour 1.000 patients, le diabète à plus de cinq fois les 5 pour 1.000 fois ce qui est rapporté par la méta-analyse CTT, et une longue liste d’autres maladies y compris : un dysfonctionnement du foie, une insuffisance rénale aiguë et des cataractes, des symptômes cognitifs, une neuropathie et un dysfonctionnement sexuel, une diminution de l’énergie et de la fatigue à l’effort, et enfin des symptômes psychiatriques, dont la dépression, la perte de mémoire, la confusion et les réactions agressives.

Une association positive est une diminution du risque de cancer de l’œsophage. Cependant, ils ont mal interprété une étude épidémiologique selon laquelle les effets secondaires pourraient atteindre jusqu’à 18 à 20%, et cela a été corrigé par la suite [8].

S’opposer aux statines serait ’un mauvais service à rendre à la médecine britannique et internationale’

Le 21 mars 2014, Sir Rory Collins, professeur de médecine et d’épidémiologie travaillant au ’Clinical Trial Service Unit’ de l’Université d’Oxford en Grande-Bretagnne et qui est à la tête de la collaboration CTT, a déclaré au journal The Guardian que la publication d’Abramson et al était « un mauvais service à rendre à la médecine britannique et internationale » [9], et il a en outre affirmé qu’elle était probablement en train de tuer plus de gens que ceux qui avaient été lésés à la suite de l’article sur le vaccin ROR d’Andrew Wakefield (mais voir [10] MMR Controversy Reignites, SiS 66).

Collins a affirmé « qu’ils ont de bonnes données sur plus de 100.000 personnes qui démontrent que les statines sont très bien tolérées, avec seulement un ou deux cas bien documentés [problématiques] d’effets secondaires ». Myopathie ou faiblesse musculaire se sont produites dans un cas sur 10.000, a-t-il dit et il y avait une petite augmentation du diabète. Cependant, il avait refusé de communiquer les données publiquement.

Mais le 15 février 2015, Collins a changé son fusil d’épaule. Il a dit au journal Sunday Express [11] que son équipe effectuera une réévaluation ’difficile’ des éléments de preuve, qui visera à étudier tous les effets secondaires rapportés. Ils avaient regardé seulement les risques cardiaques et le cancer dans la recherche originale et ils n’avaient pas examiné d’autres effets secondaires.

Fiona Godlee, rédacteur en chef de la revue BMJ, qui a lancé des appels concernant l’accès aux données disponibles sur les statines, a déclaré : « C’est une préoccupation réelle. Nous avons supposé à tort tous les détails des effets secondaires possibles, qui avaient été soigneusement évalués, avant que de nouvelles directives rendent effectivement des dizaines de milliers de personnes éligibles pour recevoir ce médicament. Nous savons maintenant que ce n’est pas le cas et nous exhorterons que toute nouvelle analyse se fasse par la suite de la manière la plus transparente ».

Pendant ce temps, le Dr Sarah Wollaston, président du ‘Commons Health Select Committee’ (un Comité spécial de la santé), a appelé pour que les sociétés de produits pharmaceutiques mettent à disposition toutes leurs données d’expérimentations. Sa demande a été reprise par des experts auprès de la revue scientifique BMJ, en demandant aux auteurs de tous les principaux essais sur les statines de communiquer leurs conclusions pour effectuer une analyse indépendante.

Collins avait demandé à la revue BMJ de rétracter la publication d’Abramson et de ses collègues [7]. Un comité indépendant, nommé par le rédacteur en chef de BMJ a statué à l’unanimité (6-0) contre Collins [12].

De grave conflit d’intérêts dans les essais cliniques avec les statines

Abramson et ses collègues ont mis en évidence les limites des données de recherche dans la méta-analyse CTT [7]. Tous les essais contrôlés randomisés inclus fans cette étude ont été financés par le fabricant de statines qui a fait l’objet de cette étude.

Une récente étude Cochrane a constaté que les essais cliniques parrainés par l’industrie pharmaceutique sont beaucoup plus susceptibles, que ceux qui ne sont pas financés commercialement, de conclure en signalant l’efficacité et la sécurité des résultats, ainsi que des conclusions favorables [13]. .

Ces chercheurs ont également attiré l’attention sur ’les mécanismes possibles par lesquels un effet négatif pourrait être minimisé dans les essais cliniques’, qui ’comprennent une exclusion, pouvant aller jusqu’à 30% des patients atteints de co-morbidités (tels que le foie, les reins, les muscles ou les maladies inflammatoires), des périodes de pré-randomisation au cours desquelles les personnes qui ne parviennent pas à tolérer les statines sont exclues, 10% de taux d’abandon, l’échec pour évaluer les effets indésirables potentiels spécifiques (comme la myopathie ou des changements cognitifs), ainsi qu’une sous-déclaration et une communication sélective des événements indésirables (y compris des événements indésirables graves)’. Ces sources de biais ont été également signalées par d’autres commentateurs [14].

’En outre, le bénéfice des statines trouvé dans les essais cliniques peut être exagéré parce que les procédures de dépistage de pré-randomisation comprennent la surveillance de la conformité avec la thérapie, ce qui a conduit à des taux d’adhésion dans cinq des point de repère des essais cliniques inclus dans la méta-analyse CTT, de 70 à 94%’. Dans les études communautaires, au moins 50% des patients interrompent leur traitement par une statine dans l’année, et l’observance du traitement par les statines, en prévention primaire chez les personnes de plus de 65 ans, était seulement de 25% après deux ans [15].

Les essais CTT souffrent de deux défauts majeurs, dit Abramson [12]. Premièrement, le CTT a convenu que les données au niveau du patient auraient lieu dans la plus stricte confidentialité, et qu’elles ne seraient pas partagées sans l’autorisation de ceux qui ont mené les études. Par conséquent, le CTT, une partie du ‘Clinical Trial Service Unit’ d’Oxford, qui est fortement tributaire du financement de l’entreprise pharmaceutique pour ses recherches, a été amené à donner un accès exclusif aux données au niveau des patients [12] ’sans permettre un examen par des experts indépendants ou même la possibilité d’un examen par des pairs adéquate, des données sur l’efficacité des méta-analyses qui sont publiées’. Deuxièmement, bien que l’évaluation de l’efficacité des médicaments doive toujours être contrebalancée par des preuves de préjudice, l’arrangement du CTT pour recevoir les données effectives, ne comprend pas un tel équilibre. La fréquence des effets indésirables cités dans la méta-analyse CTT 2012 s’est appuyée sur les rapports publiés antérieurement, plutôt que sur les données enregistrées au niveau des patients.

L’examen Cochrane 2013 a reposé sur la méta-analyse CTT 2012, mais les auteurs n’ont pas eu accès aux données au niveau des patients. De même, le groupe d’experts de directive de l’agence officielle NICE (8 experts sur 12 ayant des liens financiers avec les fabricants de statines), n’avait pas accès aux données au niveau des patients. ’En fait, même le CTT ne dispose pas de données au niveau des patients pour la plupart des événements indésirables’.

Abramson a souligné [12]. ’L’essentiel est que pratiquement tout ce que nous pensons et que nous savons à propos de l’efficacité et de l’innocuité des statines, a été rapporté par les intérêts commerciaux qui détiennent les données réelles, du fait des secrets de propriété industrielle. Puisque nous ne pouvons pas vérifier les déclarations des sociétés commerciales sur l’efficacité et la sécurité, les gens encore qui se trouvent en bonne santé devraient n’utiliser des statines qu’avec prudence’.

Les statines augmentent les risques sanitaires chez les personnes en bonne santé

La controverse sur les statines n’est pas nouvelle. Une méta-analyse avait été effectuée dans les années 1990 ; elle donnait les résultats de 35 essais randomisés de traitements avec des hypocholestérolémiants [16]. Elle avait montré que les médicaments anti-cholestérol ne réduisaient la mortalité que dans une petite proportion de patients à très haut risque de décès par maladie coronarienne contrôlée. Il n’y avait pas d’effet net dans un groupe de risque moyen, et dans le groupe à faible risque, il y avait des effets indésirables dus aux traitements, avec un indice OR (OR (odds ratio) * de 1,22 et un IC 1,06 à 1,42). Une augmentation de la mortalité avait été observée mais attribuée à d’autres causes qu’à une maladie coronarienne dans les essais de traitements médicamenteux : OR de 1,21 avec un IC 1,05 à 1,42.

[* On peut aussi se reporter à la définition et à l’usage de « l’Odds Ratio » ou OR, souvent employé dans une méta-analyse, que nous rapportons dans l’annexe 1]. Par ailleurs IC désigne l’intervalle de confiance. On peut à ce sujet consulter la note suivante : Comment calculer un intervalle de confiance. Édité par WikiHow Traduction, Team FR, Bridget Connolly].


Une nouvelle étude publiée en 2015 a montré que le risque de diabète augmente avec le traitement par une statine, associée une à sensibilité à l’insuline et la sécrétion d’insuline [17]. Markku Laakso et ses collègues de l’Université de Finlande orientale ont étudié les mécanismes sous-jacents du risque de diabète de type 2 [« Le « diabète de type 2 » ou « diabète non insulinodépendant » (DNID) (aussi appelé « diabète insulinorésistant » ou « diabète de l’âge mûr », parfois « diabète acquis »), est une maladie métabolique touchant la glycorégulation provoquant à terme un diabète sucré »] qui est associé au traitement par une statine dans une population d’hommes en bonne santé, qui ont été suivis pendant 5,9 années.

Un total de 8.749 participants non diabétiques, âgés de 45 à 73 ans, faisaient partie de la cohorte des 10.197 hommes qui avaient été initialement choisis au hasard dans le registre de la population de Kuopio, en Finlande orientale (avec une population de 95.000 habitants), pour une étude sur le syndrome métabolique des hommes de 2005- 2010. Un test de tolérance au glucose par voie orale a été réalisé. Les participants atteints de diabète de type 1 * diagnostiqué précédemment, ainsi qu’en cas de diabète de type 2 nouvellement ou déjà diagnostiqués, ont été exclus de l’étude, ce qui laissait au départ un total de 8.749 hommes ne présentant pas de diabète.

(* Le diabète de type 1, ou diabète insulino-dépendant (DID), parfois diabète inné est une forme de diabète sucré qui apparaît le plus souvent de manière brutale chez l’enfant ou chez le jeune adulte (ou beaucoup plus rarement chez les personnes plus âgées). Article complet sur le site : http://fr.wikipedia.org/wiki/Diab%C3%A8te_de_type_1 ].

Sur ces 8.749 participants non diabétiques sélectionnés au départ, 625 ont développé le diabète pendant le suivi sur une période de 5,9 ans. Le traitement par un type de statines a été donné à 2.142 des 8.749 hommes non diabétiques au départ : 65,9% avec la simvastatine, 18,1% avec l’atorvastatine, 8,6% avec la rosuvastatine, 3,8% avec la fluvastatine, 2,3% avec la lovastatine et 1,3% avec la pravastatine.

Les participants traités avec des statines ont développé un diabète plus souvent que ceux sans traitement avec une statine (11,2% contre 5,8%, au seuil de probabilité de p <0,001). Le traitement par une statine augmente le risque de diabète de type 2 (risque doublé) au cours du suivi (le critère statistique OR (rapport de risques) était de 2,01, IC 1,71 à 2,36). Après un ajustement pour l’âge, l’IMC, le tour de taille, l’activité physique, le tabagisme, la consommation d’alcool, les antécédents familiaux de diabète, la prise d’un bêta-bloquant et un traitement diurétique, le risque a été ramené à un OR de 1,46, avec un intervalle de confiance IC de 1,22 à 1,74.

Les deux médicaments simvastatine et atorvastatine ont augmenté le risque de diabète de type 2, comparativement à aucun traitement avec une statine : OR 2,11, IC 1,76 à 2,54 ; et OR 1,5 ; IC de 1,3 à 1,73, respectivement ; ces associations sont restées significatives après un ajustement pour les facteurs confondants : OR 1,49, IC 95% 1,22 à 1,83 ; et OR 1,21 IC 1,04 à 1,40 (au seuil p = 95%), respectivement.

Les autres statines ont également augmenté le risque de diabète, toutefois le seuil de signification n’a pas été atteint, mais les nombres de patients concernés étaient beaucoup plus petits. Le risque de diabète était dépendant de la dose pour les deux statines simvastatine et l’atorvastatine.

Le traitement par les statines a augmenté de manière significative les niveaux de 2hPG [en anglais : ‘2-hour plasma glucose’. Voir aussi le test oral de tolérance au glucose] et la réponse vis-à-vis du glucose (ASC) * au cours du suivi médical, et nominalement les niveaux de glycémie à jeun lors du suivi après ajustement pour les facteurs confondants.

[* ASC : d’après Wikipédia, « L’aire sous la courbe (abrégée en ASC ou AUC, pour l’anglais Area Under Curve) est la mesure de l’aire de la surface située sous le tracé d’une fonction mathématique dessinée dans un repère. Formellement, cette valeur correspond à l’intégrale de cette fonction. Dans le domaine de la pharmacocinétique, on utilise souvent l’aire sous la courbe d’un graphique représentant la concentration plasmatique d’un médicament en fonction du temps ». Aticle à lire sur le site : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aire_sous_la_courbe ].

Il a été trouvé que le traitement par les statines était également associé à une réduction de la sensibilité à l’insuline de 24,3% (d’après l’indice dit de Matsuda ISI) dans la catégorie la plus basse de la glycémie à jeun (<5.0 mmo / l) et avec une réduction de la sensibilité à l’insuline de 19,5% dans la catégorie la plus basse de 2hPG (<5,0 mmol / l), par rapport avec les personnes non traitées par une statine.

Le traitement par une statine a réduit la sécrétion d’insuline (DI) de 12,0% dans la catégorie la plus basse de la glycémie à jeun, par rapport aux personnes sans traitement avec une statine. La réduction de l’indice de sensibilité à l’insuline Matsuda ISI dans les différentes catégories de tolérance au glucose (de <5,0 à 6,9 mmol / l pour la glycémie à jeun et de <5,0 à 7,99 mmol / L pour le niveau 2h PG), reste significative après un ajustement pour les facteurs confondants, bien que la réduction de DI dans les catégories de la glycémie à jeun et du test 2hGP, ait perdu sa signification statistique après l’ajustement pour les facteurs confondants dans toutes les catégories, sauf pour la glycémie à jeun <5,0 mmol / l).

Le traitement avec soit de la simvastatine, soit de l’atorvastatine, a été associé à une réduction significative de la sensibilité à l’insuline de 21,9% et 24,4%, respectivement, et la sécrétion d’insuline de 7,6 et 7,4%, respectivement. Il y avait une diminution significative de la sensibilité à l’insuline avec l’augmentation de la dose de simvastatine et d’atorvastatine et une diminution de la section de l’insuline avec une augmentation de la dose.

Le risque accru de diabète de type 2, d’après cette nouvelle étude, est supérieur à ceux qui ont été précédemment rapportés. Une étude irlandaise a rapporté une augmentation de 20%. Une étude canadienne une augmentation de 10-22% et une étude taïwanaise une augmentation de 15%.

Dans l’étude ‘Women’s Health Initiative’, une initiative portant sur la santé des femmes lors d’une thérapie avec des statines, il a été montré que ces dernières étaient associées à une augmentation de 48% du risque de diabète auto-déclaré de type 2.

Dans une méta-analyse de 13 essais menés en collaboration sur les statines, dans un dispositif avec randomisation (N = 91.140 sujets), la thérapie avec des statines était associée à un risque accru de 9% pour le diabète de type 2 sur la base de la glycémie à jeun ou d’un diagnostic médical déclarant un diabète. Les auteurs ont fait remarquer que les études antérieures ont peut-être sous-estimé le risque [17].

Conclusion

Des essais cliniques biaisés et des reportages tendancieux ont grandement exagéré les avantages des statines alors qu’ils minimisent sensiblement les effets secondaires et les risques sanitaires graves.

Des essais cliniques aléatoires conduits par des chercheurs indépendants, ainsi que des études au sein des populations, n’étayent pas la prescription des statines dans le but d’abaisser le taux de cholestérol, ni pour prévenir les maladies cardiaques.

Au contraire, il semble que les médicaments prescrits en masse dans des populations de personnes en bonne santé, augmentent le risque dus aux effets indésirables des traitements et même une mortalité plus élevée. Bas du formulaire

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Annexe 1 - L’odds ratio ou rapport des cotes

Référence : Interprétation des essais cliniques pour la pratique médicale

Auteur : Michel Cucherat, UMR CNRS 5558, Faculté de Médecine Lyon – Laennec. Courriel : www.spc.univ-lyon1.fr/polycop Mis à jour : aout 2009

Accueil > Sommaire > Odds ratio [Extrait]

Définition : {}

L’odds ratio (dont une traduction littérale en français peut être « rapport des cotes ») est le rapport de l’odds de l’événement (sa cote, il s’agit de la cote des parieurs, comme par exemple la cote d’un cheval) dans le groupe traité divisé par l’odds de l’événement dans le groupe contrôle.

L’odds est égale à c = r /(1 – r)r est la fréquence de l’événement. Ainsi un odds est le rapport du nombre de patients présentant l’événement, r×n, divisé par le nombre de patients ne présentant pas l’événement, (1-r)×n. Par exemple, un odds de 0,25 correspond au rapport 2/8 et signifie que pour 2 patients présentant l’événement, 8 ne le présentent pas (0,25=2/8=r/(1-r) ). Dans la même situation, le risque est 0,20 (2/10).

Un odds peut aussi être interprétée de la façon suivante : dans un groupe, pour 100 patients ne présentant pas l’événement étudié, 100*c le présentent.

L’odds ratio s’obtient par

c1 et c0 sont respectivement les odds dans le groupe traité et dans le groupe contrôle.

Avec l’exemple précédent :

L’odds ratio peut être aussi exprimé en réduction relative des odds (« relative change in odds ») obtenu par :

. Ainsi avec l’exemple, RRO = (1-0,49)´100% = 51%.

En épidémiologie, l’odds ratio est utilisé avec les études cas-témoin pour appréhender le risque relatif qui ne peut pas être calculé directement. En effet, dans ces études, les nombres de cas et de témoins sont fixés par l’investigateur « sans que l’on connaisse la population dont-ils sont issues ». On ne peut pas le risque, et par conséquent le risque relatif, car on ne connaît pas le dénominateur. Dans certaines publications, le terme risque relatif est d’ailleurs improprement utilisé pour présenter les résultats obtenus avec un odds ratio. L’odds ratio est assez peu utilisé dans l’essai thérapeutique. Par contre il est fréquent en méta-analyse (Figure 3).


Figure 3 – Exemple de résultats rapportés sous la forme d’odds ratio dans une méta-analyse.

Interprétation


L’odds ratio s’interprète de façon similaire au risque relatif (nous allons d’ailleurs voir que l’odds ratio est proche du risque relatif). Un odds ratio de 1 correspond à l’absence d’effet. En cas d’effet bénéfique, l’odds ratio est inférieur à 1 et il est supérieur à 1 en cas d’effet délétère. Plus l’odds ratio est éloigné de 1, plus l’effet est important.

 Comparaison mathématique du risque relatif et de l’odds ratio

L’odds ratio peut aussi se calculer directement à partir de la table de contingence. En considérant les notations suivantes :

 l’odds ratio se calcule par :

tandis que le risque relatif est :

Ainsi quand la fréquence de l’événement est faible, c’est-à-dire quand A est petit comparé à B et C petit par rapport à D, C+D est assimilable à D et A+B à B. La formule du risque relatif devient alors similaire à celle de l’odds ratio.

Lire l’article complet sur le site : http://www.spc.univ-lyon1.fr/polycop/odds%20ratio.htm

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Traduction en français, compléments entre […] et une note sur l’interprétation des essais cliniques pour la pratique médicale :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.

Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, ex professeure des écoles.

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIS Santé Statins for the Healthy are Harmful French version.2

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