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"Méfions-nous de la nouvelle « percée » avec les moustiques transgéniques" par la Dr Mae Wan Ho

Traduction et compléments de Jacques Hallard

samedi 8 août 2015, par Ho Dr Mae-Wan

ISIS Biologie Moustiques
Méfions-nous de la nouvelle « percée » avec les moustiques transgéniques [OGM]
Les moustiques transgéniques, ou génétiquement modifiés, avec un vecteur de gène sauteur pour exprimer une enzyme coupeuse d’ADN, produisent plus de 95% de progéniture de sexe mâle ; malheureusement l’enzyme et le vecteur ciblent également tous les deux les génomes de diverses espèces vivantes, allant des moisissures visqueuses (myxomycètes) jusqu’aux êtres humains. Selon le Dr Mae Wan Ho}}

Ce commentaire a été envoyé à la rédaction de la revue scientifique Nature Communications, afin d’inviter celle-ci à répondre, ainsi qu’aux chercheurs qui ont signalé la création de nouveaux moustiques transgéniques dans cette revue.

Rapport de l’ISIS en date du 24/06/2014
L’article original s’intitule Beware the new ’Breakthrough’ Transgenic Mosquitoes ; il est accessible sur le site : http://www.i-sis.org.uk/Beware_the_New_Breakthrough_Transgenic_Mosquitoes.php
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Il est fait appel à un bon truc, mais sans tenir compte des risques

Une équipe dirigée par Andrea Crisanti de l’Imperial College de Londres au Royaume-Uni a été largement citée pour avoir fait une percée, ou même un « saut qualitatif », dans la création de moustiques transgéniques qui pourraient éradiquer le paludisme [ou malaria] [1]. Malheureusement, il s’agit là d’un organisme génétiquement modifié (OGM) qui est potentiellement le plus dangereux à avoir été créé, et qui ne doit surtout pas sortir du laboratoire. Les chercheurs n’ont pas tenu compte des risques encourus, ce qui aurait pourtant été évident à partir d’un simple examen de la littérature existante sur ce sujet.

Leur rapport accéléré et mis en ligne dans Nature Communications a déclaré [2] : « Nous générons ici un système de distorsion sexuelle synthétique en exploitant la spécificité de l’enzyme d’origine endonucléase I-Ppol, qui est capable de cliver sélectivement des séquences de gènes ribosomiques du vecteur du paludisme Anopheles gambiae qui sont situées exclusivement sur les chromosome X du moustique. Nous associons l’ingénierie basée sur la structure des protéines et la génétique moléculaire pour limiter l’activité de l’endonucléase potentiellement toxique pour la spermatogenèse. La désagrégation du chromosome paternel X l’empêche d’être transmis à la génération suivante : il en résulte des souches de moustiques entièrement fertiles qui produisent plus de 95% de progéniture mâle ».

Cela paraît ingénieux si on le considère simplement comme un bon truc génétique. La désagrégation chromosome mâle X fera bien que presque toute la progéniture sera constituée de mâles. C’est parce que les moustiques femelles (comme chez les êtres humains de sexe féminin) ont deux chromosomes X : l’un provient du parent mâle et l’autre du parent femelle ; sans la contribution du chromosome X venant du parent mâle, il en résulte seulement une descendance mâle. Un moustique mâle complètement stérile est inutile, car il meurt tout simplement sans affecter la population. Mais un moustique tout à fait fertile qui fournit exclusivement des mâles et passe le caractère génétique de distortion sexuelle serait idéal, car il serait en effet en mesure d’éliminer la population naturelle, à condition que le caractère génétique soit bien hérité de façon stable. Cela aurait été la solution idéale pour détruire les populations naturelles de moustiques qui transmettent le paludisme ; sauf que l’enzyme coupeuse d’ADN n’est en aucun cas ’spécifique’ aux ’ séquences de gènes ribosomaux situées exclusivement sur le chromosome X du moustique’, comme cela est indiqué. Au contraire, cette enzyme coupe à une séquence cible dans les gènes d’ARN ribosomique (ARNr) - de nombreuses copies qui sont présents dans tous les génomes des eucaryotes - ainsi que d’autres sites également, et les moustiques transgéniques ont été créés en utilisant un gène sauteur (voir également transposon) comme vecteur qui envahit pêle-mêle tous les génomes. Ce sont les moustiques femelles qui piquent et transmettent la maladie chez les gens ; de sorte que tout moustique femelle transgénique se trouvant parmi les descendants pourrait injecter l’ADN génétiquement modifié contenant le vecteur et le transgène I-PpoI qui sont capables de faire un transfert horizontal de gènes * dans les cellules des gens de façon à déchiqueter leurs génomes.

[* Le transfert horizontal de gènes (aussi appelé transfert latéral de gènes) est, d’après l’introduction que Wikipédia consacre à ce phénomène génétique « un processus dans lequel un organisme intègre du matériel génétique provenant d’un autre organisme sans en être le descendant. Par opposition, le transfert vertical se produit lorsque l’organisme reçoit du matériel génétique à partir de son ancêtre. La plupart des recherches en matière de génétique ont mis l’accent sur le transfert vertical, mais les recherches récentes montrent que le transfert horizontal de gènes est un phénomène significatif. Une grande partie du génie génétique consiste à effectuer un transfert horizontal artificiel de gènes ». Article complet à lire sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Transfert_horizontal_de_g%C3%A8nes

On peut également consulter l’article « Le transfert génétique horizontal se produit bel et bien à partir des OGM » par le Dr Mae-Wan Ho et le Professeur Joe Cummins. Traduction et compléments de Jacques Hallard, lundi 10 mars 2008, accessible sur le site : http://www.isias.lautre.net/spip.php?article132

La création de moustiques transgéniques avec une distorsion sexuelle qui est héréditaire

Le type sauvage I-Ppol a été conçu dans des moustiques. L’expression de l’enzyme de type sauvage au cours de la spermatogenèse, chez les moustiques transgéniques, provoque le clivage du chromosome X paternel, mais conduit également à une stérilité mâle complète, parce que la protéine est stable et qu’elle persiste chez les spermatozoïdes matures, ce qui amène à un clivage ultérieur du chromosome X maternel dans le zygote après la fécondation, tuant ainsi le zygote. Ainsi, les mâles stériles pourraient tout simplement mourir sans laisser de descendance, et cela ne ferait aucune différence dans la population naturelle, sauf s’ils sont continuellement relâchés dans la nature.

Pour remédier à cela, l’équipe a fait muter les résidus d’acides aminés dans le noyau hydrophobe de l’endonucléase pour obtenir des protéines recombinantes avec une stabilité réduite. La température de fusion de la protéine a été réduite de 54,4° C chez le type sauvage, à 49,4° C chez le mutant L111A et à 35,1°C chez le double mutant L111A/W124L La demi-vie thermique à 37° C variait de 73.5 heures pour l’enzyme de type sauvage, à 2 heures pour H106A. Le L111A / W 124L, le double mutant, a une demi-vie d’environ 4 minutes. L’activité spécifique de type sauvage était d’environ 7 pmol / min / mg, par rapport à environ un tiers de celle-ci chez le mutant H106A.

Les constructions de transformation de la ligne germinale ont été créées pour exprimer les variants I-Ppol placés sous le contrôle du promoteur de la b-tubuline 2 qui est spécifique de la spermatogenèse mâle.

Les constructions ont été conçues pour exprimer à la fois, la protéine fluorescente verte améliorée (EGFP) comme dans la protéine de fusion du cadre, et en utilisant le signal de bégaiement ribosomique 2A, comme chaînes de protéines distinctes. Les constructions ont été mises dans les vecteurs piggyBac de promiscuité pour la transgénèse. Les constructions qui avaient intégré sur le chromosome X n’ont pas réussi à montrer des niveaux significatifs d’expression de I-Ppol dans les testicules, probablement parce que le chromosome X est transcriptionnellement silencieux lors de la méiose mâle.

La stabilité thermique réduite in vitro e traduit par un taux de protéine significativement plus faible de la protéine EGFPI-Ppol in vivo. La déstabilisation de cette dernière modifie le sex-ratio en faveur des mâles dénombrés chez les adultes émergents [distorsion sexuelle] ; la fécondité a été analysée par le taux d’éclosion des larves et d’œufs dans les croisements de moustiques mâles transgéniques avec des femelles sauvages.

Lorsque des moustiques femelles transgéniques prises comme témoins, de chaque souche, ont été croisées avec des mâles de type sauvage, les moustiques mâles exprimant l’enzyme de type sauvage étaient stériles, comme cela avait déjà été trouvé. Aucun effet sur la fertilité ni sur le sexe ratio n’a été observé chez toutes les souches exprimant le double mutant L111A/W124L, qui a eu la plus faible stabilité in vitro  ; de même que chez les souches portant des transgènes liés au chromosome X.

De manière significative, des sex-ratios biaisés des mâles allaient de 70,2 à 97,4 % ont été trouvés dans la descendance des mâles portant les variantes I-Ppol restantes ; parmi celles-ci, seulement trois lignées, 111A-2 et 124L-2, 124L-3, avaient des taux d’éclosion comparables au type sauvage.

Ces souches ont également montré les niveaux d’ARN messager, ou ARNm, les plus bas. Le phénotype de distorsion sexuelle est hérité de manière stable, à partir des moustiques mâles, à leurs descendants mâles transgéniques.

Chez les quatre générations ultérieures, les mâles 111A-2 ont montré des niveaux comparables de fertilité et des proportions biaisées pour les mâles dans leur progéniture. Les mâles homozygotes des souches 111A-2 et 124L-3 ont provoqué une réduction du taux d’éclosion, mais ils n’ont pas eu d’effet sur la fertilité avec la souche 124L-2.

Il est important de noter que la distorsion du sexe n’est pas complète, ce qui signifie qu’un nombre variable de femelles transgéniques continueront à piquer les êtres humains et à transmettre les transgènes potentiellement mortels dans les cellules de la population concernée par les piqûres de moustiques.

Il a été observé que de telles femelles transgéniques ont une descendance femelle plus importante si elles ont été accouplées avec des mâles de type sauvage (voir ci-dessous). Dans la nature, la proportion de survie des femelles transgéniques, et même les femelles transgéniques résistantes avec I-Ppol, pourraient également survenir (voir ci-dessous). Tout ceci pourrait vraisemblablement contribuer à la propagation des transgènes chez les êtres humains et chez les autres mammifères.

Les descendances femelles des moustiques mâles transgéniques ont montré des preuves de mauvaises réparations et une variation du nombre de copies dans leur génome, au niveau des groupes de gènes ribosomiques, ce qui suggère des lésions chromosomiques.

Il y avait aussi un sex-ratio biaisé de façon importante pour les femelles dans la descendance des femelles ayant survécu et qui avaient été croisées par des mâles de type sauvage : ceci suggère que la perte de vitalité a eu lieu chez les individus qui n’avaient hérité que d’un chromosome X endommagé à partir de la femelle transgénique.

Mais la progéniture femelle transgénique a-t-elle hérité des gènes de l’endonucléase I-Ppol intégrés, dans le chromosome X ? Ceci rendrait le chromosome résistant à d’autres dommages ultérieurs de l’endonucléase (puisque l’intégration détruit le site cible, voir ci-dessous).

Pour tester cette possibilité, des femelles transgéniques ont été croisées avec des mâles de type sauvage, et la descendance mâle transgénique, - qui a une probabilité de 50% de porter le chromosome X potentiellement résistant -, a ensuite été croisée avec des femelles sauvages, et le sex-ratio des croisements individuels a été enregistré. L’analyse a montré un biais pour les mâles dans la descendance de tous les mâles qui ne différait pas significativement de la souche 111A-2, ce qui suggère que les chromosomes X des femelles survivantes sont endommagés, mais qu’ils sont encore aussi susceptibles d’être à nouveau clivés.

Dans cinq expériences indépendantes, en cages, la dissémination de mâles hémizygotes 111A-2, dans un rapport de 3 fois par rapport aux témoins, a été efficace en supprimant les populations de type sauvage enfermées dans les cages (réalisant l’élimination au bout de 6 générations, dans quatre des cinq cages expérimentales utilisées). Comme prévu, le lâcher de mâles stériles exprimant l’enzyme de type sauvage n’avait aucun effet mesurable dans trois populations. La distorsion sexuelle est beaucoup plus efficace que les mâles stériles par deux ordres de grandeur, et de 2 à 70 fois plus efficaces que les lâchers équivalents des femelles porteuses des allèles tueurs. .

Ce système de distorsion sexuelle est clairement une amélioration par rapport aux moustiques transgéniques de la société Oxytec, génétiquement modifiés dans un mauvais système inefficace et dangereux [3, 4] (Regulation of Transgenic Insects Highly Inadequate and Unsafe, Transgenic Mosquitoes Not a Solution, SiS 54) *

* Version en français « Les moustiques transgéniques ne sont vraiment pas une bonne solution » par le Dr Mae-Wan Ho. Traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur le site : http://www.isias.lautre.net/spip.php?article269

Il s’agit dans ce cas là d’un système alternatif non-transgénique qui est basé sur une bactérie symbiotique commune qui peut arrêter la multiplication du virus de ladengue chez l’hôte des moustiques, ce qui rend effectivement ces moustiques transgéniques obsolètes [5] (Non-transgenic Mosquitoes to Combat Dengue, SiS 54) *.

* Version en français : « Des moustiques génétiquement modifiés peuvent-ils éliminer la dengue ? », par le Professeur Joe Cummins. Traduction, compléments et références par Jacques Hallard ; accessible sur le site : http://yonnelautre.fr/spip.php?article4800

Mais les conseillers en matière de santé publique du gouvernement brésilien ont autorisé la diffusion commerciale des moustiques transgéniques de la société Oxytec en avril 2014 [6].

En termes de sécurité, la nouvelle méthode de distorsion sexuelle avec des moustiques transgéniques [OGM] n’est pas meilleure et elle est peut-être même pire.

Les ‘endonucléases homing’ sont originaires d’un myxomycète

Les ‘endonucléases homing’ [désignées ici par HEN. Voir l’article de Wikipédia : Méganucléase. On aurait pu traduire cette expression par endonucléase écotrope, ce dernier adjectif qualifiant par exemple un virus qui peut réinfecter l’organisme dont il est issu] sont une série d’enzymes qui sont soit codées par des gènes autonomes situés dans des introns (séquences non codantes intervenant dans des gènes codant pour des protéines), soit sous forme de fusions avec des protéines de l’hôte, ou encore des intéines d’auto-épissage (séquences dans les protéines qui s’épissent après le phénomène de traduction génétique) .

Les ‘endonucléases homing’ [ou en anglais ‘HEN’] coupent l’ADN génomique dans les cellules qui les synthétisent à des sites cibles. La réparation de l’ADN coupé par la cellule hôte se traduit souvent par le fait que le gène codant pour l’endonucléase homing se trouve copié au niveau du site de clivage, d’où le terme « homing » [‘retour à la maison’] qui est qualifié pour décrire le déplacement de ces gènes. Les endonucléases homing peuvent ainsi transmettre leurs gènes horizontalement à l’intérieur d’une population hôte, ce qui augmente leur fréquence plus rapidement que dans les cas des gènes mendéliens classiques [7, 8].

Les endonucléase homing (HEN) reconnaissent des séquences cibles de 15 à 40 pb. En général, en raison du mécanisme de prise d’origine, le gène codant pour l’endonucléase est situé dans la séquence de reconnaissance qui provoquent les coupures enzymatiques, interrompant ainsi la séquence de reconnaissance d’endonucléase écotrope [HEN] et limitant les coupures de l’ADN uniquement aux sites qui ne portent pas (encore) cet HEN. Toutefois, la reconnaissance des cibles n’est pas tout à fait spécifique, et des clivages hors cible, ainsi que leur l’intégration, sont connus au moins depuis les années 1990.

L’endonucléase homing [ou écotrope] désignée par I-Ppo et l utilisée dans la construction des moustiques transgéniques avec une distorsion sexuelle [1, 2] a été initialement isolée à partir de l’organisme Physarum polycephalum. Elle est un membre de la famille de la ‘boîte His-Cys’ que se trouve dans lesmyxomycètes et dans les amibes.

[Voir in fine, après cet article de l’’ISIS, un complément d’information sur les myxomycètes]

Le motif de la protéine de la boîte His-Cys se compose de deux molécules d’histidine conservées et de trois résidus de cysteine ​​conservés à l’intérieur d’une région de 30 résidus de la protéine. Ces résidus conservés Cys et His semblent contribuer à un motif de liaison de l’ion Zn+2 avec le site actif de l’endonucléase. Le site cible de I-Ppol est de 15 pb et le site de clivage est indiqué ci-après [9]. Le clivage au niveau des bases nucléiques TTAA laisse un secteur de 4 nucléotides au niveau des extrémités coupées.

Toutefois, un degré substantiel de dégénérescence de la séquence cible semble pouvoir être toléré, comme cela a été démontré par une étude dans laquelle des sites de clivage partiellement randomisées [au hasard] ont été créés par mutagénèse [9]. Mais ce n’est pas tout : des sites cibles multiples existent dans tous les génomes des organismes eucaryotes.

Les sites cibles sont omniprésents dans toutes les espèces d’eucaryotes, y compris chez les êtres humains

Le site cible du motif d’origine de I-Ppo n’est en aucun cas exclusif et confiné au chromosome X des moustiques : il est effectivement présent dans de multiples copies dans les gènes de l’ARN ribosomique (ARNr) 28 S hautement conservé, dans toutes les espèces d’eucaryotes, y compris chez les êtres humains, et il est en cours de déploiement dans des expériences de thérapie génique [10].

Chaque cellule humaine diploïde possède environ 600 copies des gènes ARNr en cinq groupes situés au niveau des bras courts des chromosomes 13, 14, 15, 21, et 22. Compte tenu de la multitude de gènes d’ARNr, d’une part, et de la présence possible d’espaces inertes entre les répétitions des gènes, d’autre part, l’ADNr est considéré comme un refuge attractif pour l’intégration des transgènes. Une équipe de chercheurs, travaillant en Finlande a créé une protéine de fusion : l’intégrase-1 Ppol du VIH, afin de guider l’intégration d’un vecteur viral du VIH dans l’ARN ribosomique ADNr [10].

L’équipe a également réalisé une étude sur la cytotoxicité de la construction. Bien qu’une étude large de l’interaction du génome a révélé que les protéines Ppol IN-fusion se lient à leur séquence cible contenant les gènes de l’ARNr 28 S, avec une augmentation de l’ordre de 100 fois par rapport aux témoins, il y avait des liaisons hors cible importantes avec des sites de gènes ne codant pas pour des ARNr, et une considérable cytotoxicité pour toutes les lignées cellulaires humaines qui ont été testées, avec des cassures de type double brin dans l’ADN qui sont produites par l’endonucléase I-Ppol [11].

Les chercheurs ont mis une note positive sur les résultats enregistrés en indiquant que le produit d’assemblage était plus toxique pour les cellules cancéreuses que pour les cellules normales : ceci suggère que l’endonucléase pourrait être utilisée pour le traitement du cancer.

PiggBac est un transposon que l’on peut qualifier d’échangiste et qui est maintenant utilisé dans des expériences de thérapie génique

J’ai longtemps mis en garde contre l’utilisation de transposons de promiscuité [disons de type ‘échangiste’] comme des vecteurs de transfert de gènes, en particulier pour les insectes piqueurs qui s’attaquent aux êtres humains. [12] ] (Terminator insects give wings to genome invaders, ISIS report).

Le transposon piggyBac a été découvert dans des cultures de cellules de la teigne Trichopulsia, dont la larve est une chenille arpenteuse des Brassicacées [famille de plantes comprenant notamment toutes les espèces de choux] ; il y a causé des taux élevés de mutations dans les baculovirus infectant les cellules en sautant de place en place à travers les génomes [13] (Terminator insects – a primer, ISIS Report).

Le transposon piggyBac a 2,5 kb de long avec 13 pb de répétitions terminales inversées. Il a une spécificité pour les sites qui sont composés avec la séquence de bases nucléiques TTAA (la même séquence que celle du site de clivage par l’endonucléase I-Ppol, voir ci-dessus). La probabilité que cette séquence se produise de manière aléatoire dans tout le génome est de 0,254 à 0,4%.

Il a également été prouvé que le vecteur piggyBac ‘désarmé’ portant le transgène, même s’il est dépouillé au strict minimum des répétitions à sa bordure, a néanmoins pu se répliquer et se propager, parce que l’enzyme transposase, qui permet aux inserts du transposon piggyBac de se déplacer, peut être fournie par des transposons qui sont présents dans tous les génomes.

La principale raison de l’utilisation de transposons comme vecteurs dans le contrôle des insectes est précisément parce qu’ils peuvent propager rapidement les transgènes par voie « non-mendélienne » au sein d’une population, c’est à dire en reproduisant des copies et en sautant dans les génomes, ce qui se traduit par une invasion du caractère dans les populations d’insectes.

Cependant, les scientifiques impliqués ont négligé le fait que les transposons peuvent aussi sauter dans les génomes des hôtes des mammifères, y compris chez les êtres humains. Bien que chaque transposon ait sa propre enzyme transposase spécifique qui reconnaît ses répétitions terminales, la même enzyme peut également interagir avec les répétitions terminales d’autres transposons, et des preuves suggèrent qu’il existe une vaste diaphonie entre les familles de transposons connexes, mais distinctes au sein d’un génome unique d’eucaryote (voir la revue dans la référence [3]).

L’utilisation du transposon p iggyBac a été en proie à des problèmes d’instabilité dans les moustiques transformés Aedes aegypti [14] ; et de grands inserts en tandem instables du transposon piggyBac s’étaient répandus [15]. En dépit de l’instabilité et de la génotoxicité qui en résultent, le transposon piggyBac a été largement utilisé et particulièrement dans la thérapie génique humaine [16].

Plusieurs lignées cellulaires humaines ont été transformées, et même des cellules T humaines primaires en utilisant le transposon piggyBac [17]. Ces résultats nous laissent peu de doute sur le fait que les transgènes ayant une origine avec un transposon chez les moustiques transgéniques, peuvent provoquer des transferts génétiques horizontaux dans des cellules humaines. Il est avéré que le transposon piggyBac peut induire des mutations d’insertion à travers tout le génome et que celles-ci perturbent de nombreuses fonctions des gènes.

Pour conclure

Les moustiques transgéniques ne sont pas la solution pour l’éradication de la dengue ou du paludisme. Au contraire, ils sont parmi les plus dangereux organismes génétiquement Modifiés (OGM) qui ont été créés, et ils ne devraient jamais être relâchés dans la nature dans un but commercial.

Les chercheurs doivent tenir compte des risques encourus avant de se lancer dans un projet de recherche et de développement, et les éditeurs de revues scientifiques, ainsi que les commentateurs, devraient aussi se demander si les travaux portant sur les publications qu’ils éditent comportent des risques pour la santé publique et pour l’environnement.

Références

  • “GM mosquitoes a ‘quantum leap’ towards tackling malaria”, Adam Vaughan, The Guardian, 10 June 2014, http://www.theguardian.com/environment/2014/jun/10/gm-mosquitos-malaria-genetic-modification
  • Galizi R, Doyle LA, Menishelli M, Bernardini F, Deredec A, Burt A, Stoddard BL, Windbichler N and Crisanti A. A synthetic sex-ratio distortion system for the control of the human malaria mosquito. Nature Communications 2014, published 10 June, doi:10.1038/ncommuns4977
  • Ho MW. Regulation of transgenic insects highly inadequate. Science in Society 54, 20-21, 2012.
  • Ho MW. Transgenic mosquitoes not a solution. Science in Society 54, 22-23, 2012.
  • Ho MW. Non-transgenic mosquitoes to control dengue. Science in Society 54, 24-25, 2012.
  • “Brazil approves use of genetically modified mosquitoes”, Hal Hodson, New Scientist, 23 April 2014, http://www.newscientist.com/article/dn25457-brazil-approves-use-of-genetically-modified-mosquitoes.html#.U6h_dHnjjIU
  • Homing endonuclease, Wikipedia, 12 May 2014, http://en.wikipedia.org/wiki/Homing_endonuclease#cite_note-pmid8928227-2
  • Belfort M and Perlman PS. Mechanisms of intron mobility. J Biol Chem 1995, 270, 30237-40.
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  • Schenkwein D, Turkki V, Ahlroth MK, Timonen O, Airenne KJ and Ylä-Herttuaia S. rDNA-directed integration by an HIV-1 integrase-I-Ppol fusion protein. Nucleic Acids Research 2012, 1-10, doi:10.1093/nar/gks1438, http://nar.oxfordjournals.org/content/early/2012/12/25/nar.gks1438.full.pdf+html
  • Turkki V, Schenkwein D, Timonen O, Husso T, Lesch HP and Ylä-Herttuaia S. Lentiviral protein transduction with genome-modifying HIV-1 integrase-I-PpoI fusion proteins : studies on specificity and cytotoxicity. BioMed Research Interna 2014, article ID 370340, 11 pp, http://www.hindawi.com/journals/bmri/2014/379340/
  • Ho MW. Terminator insects give wings to genome invaders. ISIS Report, 19 March 2001, http://www.i-sis.org.uk/terminsects-pr.php
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  • Fu Y, Foden JA, Khayter C, Maeder ML, Reyon D, Young JK and Sander JD. High frequency off-target mutagenesis induced by CRISPR-Cas nucleases in human cells. Nat Biotechnol 2013, 31, 822-6. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3773023/pdf/nihms488397.pdf
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Complément d’information sur les myxomycètes

Les myxomycètes, à mi-chemin entre végétal et animal

 Les familles composant le groupe des myxomycètes

Ce groupe particulier fut parfois classé dans le règne animal, parfois dans le règne végétal pour ensuite trouver une niche dans le règne fongique. Il est toutefois en voie d’en disparaître définitivement, ayant été classé depuis la fin du 20ème siècle dans un autre règne, celui des protistes.

Des ’champignons’ qui ne savent où se classer ...

Comme les champignons, les myxomycètes produisent pourtant des spores mais celles-ci prennent après fixation l’aspect d’amibes dites ’myxamibes’ ou ’zoospores’, selon l’espèce qui les a engendrées. Celles-ci se multiplient ensuite par division, formant alors des sporanges pour reconstituer un autre plasmode, du moins dans le sous-groupe des plasmodiophorales. Ce sont les seuls ’champignons’ qui se déplacent sur leur hôte... mais sur de très courtes distances, vivant en symbiose avec les bactéries colonisant le même support. Ils se nourrissent également comme des amibes, le plus souvent de végétaux en décomposition mais parfois aussi de végétaux vivants. A l’état primitif et pendant leur cycle de développement, la majorité de ces espèces forment des masses compactes (nommées ’plasmode’), généralement de très petite dimension et d’aspect gélatineux, enfermées dans une fine pellicule solidarisant les futurs sporanges. A l’état adulte, après la période de croissance qui fera se déplacer cette sorte de colonie de plusieurs (voire de très nombreux !) individus afin de se nourrir, la pellicule se déchirera, permettant alors aux sporanges de poursuivre leur maturité, de produire les spores et de les évacuer afin de perpétuer le cycle.

Le groupe des myxomycètes comporte deux grands sous-groupes, classés en fonction de leur cycle de vie : les myxogastrales et les plasmodiophorales formant un plasmode constitué de cellules multiples (les myxamibes) d’une part et les acrasiales et trichomycétales dont le développement reste isolé, ne passant pas par le stade plasmodial. La masse formée par ces derniers ne constitue donc pas biologiquement un seul et même individu mais une multitude d’individus agrégés. Cette agrégation en pseudo plasmode est provoquée par des myxamybes matures ne trouvant pas de nourriture suffisante sur leur substrat.

Elles sécrètent alors une substance destinée à attirer d’autres individus de la même espèce, l’adénosine (acide aminé porteur du message hormonal de ces cellules), afin de former une masse plus volumineuse et capable de se déplacer afin de se nourrir. A l’opposé, le premier sous-groupe est fait d’individus issus d’une spore produisant une cellule flagellée pouvant éventuellement se transformer en myxamibe. La fusion de deux de ces cellules, transformées ou non, produira un zygote qui se divisera en d’autres cellules qui entameront à leur tour ce cycle jusqu’à constituer un plasmode capable, lui aussi, de se déplacer sur son support.

A mi-chemin du règne végétal et animal, celui des protistes regroupe les espèces vivantes unicellulaires. Il comporte toutefois des membres chlorophylliens, et donc proches du règne végétal, et des protozoaires dont le mode de vie est plus proche du règne animal. Les protistes comptent aujourd’hui environ 65 000 espèces répertoriées. Ceux qui s’apparentaient par le passé au règne fongique, les myxomycètes, sont toutefois toujours représentés dans ce site.

Vous trouverez dans ce Mémento, par ordre alphabétique :

Les myxomycètes, des champignons qui bougent- B.C.et HUGOUVIEUX Chantal - Décembre 2002 – Extrait d’un travail collectif diffusé par tela-botanicae,. Ici un message-réponse de Chantal HUGOUVIEUX

Introduction :

Les myxomycètes n’ont rien à voir avec les moisissures. Même si, possédant des spores, ils ont été longtemps classés dans la classe des myxomycètes au sein du règne fongique, on sait maintenant que ce ne sont pas des champignons mais qu’ils se rapprochent plutôt des protistes. Mais l’habitude étant prise, leur étude fait toujours partie de la mycologie.
Voir le site : http://www.ucmp.berkeley.edu/protista/slimemolds.html. Pour désigner les myxomycètes, les anglophones emploient deux termes ’ myxomycetes ’ ou ’ slime moulds ’, ce qu’on pourrait traduire par ’moisissure visqueuse’. Est-ce la raison pour laquelle vous les désignez ainsi ? Si vous vous posez la question : qu’est-ce que c’est qu’un myxomycète ? Alors lisez la page suivante : http://www.wvonline.com/myxo/what.htm

Cycle biologique :

Le cycle biologique des myxomycètes comprend deux stades principaux :

  • - Premier stade : un stade mobile, sous la forme d’un plasmode qui se déplace sur son support en se nourrissant de bactéries, levures, spores, moisissures, petits champignons, phagocytant ses ’ proies ’ un peu comme les amibes. Le plasmode est constitué par une cellule unique dotée d’une sorte de fine membrane (semblable à une enveloppe gélatineuse) qui entoure un cytoplasme contenant de nombreux noyaux : cela pourrait ressembler à une colonie de cellules ayant un cytoplasme commun sans membranes individuelles.
  • - Deuxième stade : quand le plasmode a accumulé suffisamment de réserves nutritives, il s’immobilise et forme des sporocystes qui donnent des spores. La formation des sporocystes est souvent déclenchée par un stress environnemental. Quand les conditions sont défavorables (en cas de sécheresse surtout) le plasmode peut adopter une forme de résistance en se transformant en une masse cornée, le sclérote, lequel est capable de régénérer le plasmode quand les circonstances redeviennent favorables.
    On ne peut identifier une espèce de myxomycètes qu’à partir des sporocystes ; c’est pratiquement impossible à partir du plasmode.
    Lorsque les spores germent, elles donnent naissance à un nouveau plasmode, etc...
    Les ’ fructifications ’ des myxomycètes sont toutes petites, souvent 1 mm ou moins de diamètre (sauf quelques espèces plus grandes appartenant aux genres Fuligo, Lycogola ou Entiridium, par exemple). Une bonne loupe est indispensable pour les étudier. Il peut aussi être nécessaire d’examiner les spores au microscope.

Une importante documentation est citée dans l’article complet à lire à la source. Synthèse réalisée par : B.C. et Chantal HOUGOUVIEUX - Date : 1er septembre 2002 - Ont contribué à cette synthèse : Chantal HOUGOUVIEUX, Yves THELEN, Michel CHAUVET. Synthèse réalisée à partir d’échanges ayant eu lieu sur tela-botanicae, forum des botanistes francophones, entre le 29 août et le 2 septembre 2002, en réponse à un message de Yves THELEN.

Source : http://www.tela-botanica.org/page:myxomycetes

Informations complémentaires

Le premier élevage à grande échelle de moustiques OGM anti-dengue ouvre au Brésil - Le Monde.fr | 30.07.2014 à 05h38 • Mis à jour le 30.07.2014 à 07h41 - Facebook Twitter Linkedin Pinterest Abonnez-vous au Monde.fr dès 1 € - Extraits :

« Un premier élevage à grande échelle de moustiques génétiquement modifiés a ouvert ses portes au Brésil, mardi 29 juillet 2014. Ces insectes doivent servir à combattre la dengue, une maladie tropicale virale qui peut être mortelle sous sa forme hémorragique. Explications sur notre blog Eco(lo) : Le Brésil va lâcher des millions de moustiques OGM contre la dengue. L’usine à moustiques OGM installée à Campinas (à une centaine de kilomètres de Sao Paulo) a la capacité de produire 550.000 insectes par semaine. Sa production pourra atteindre jusqu’à 10 millions de moustiques par mois selon les médias brésiliens. Ces moustiques, lâchés dans la nature en quantité deux fois supérieure à celle des moustiques non transgéniques, attireront les femelles pour copuler mais leur progéniture n’atteindra pas l’âge adulte, ce qui réduira la population de l’Aedes aegypti, vecteur de la maladie ». Sous-titre de l’auteur : LA COMMERCIALISATION N’EST PAS ENCORE ACQUISE. Lire l’article en totalité à la source ci-dessous

Lire également : « les réticences des associations écologistes sont incompréhensibles »

Source : http://mobile.lemonde.fr/planete/article/2014/07/30/le-premier-elevage-a-grande-echelle-de-moustiques-ogm-ouvre-au-bresil_4464398_3244.html

Traduction en français, complément d’information entre […] et sur les organismes vivants dénommés myxomycètes, ainsi que l’inclusion de liens hypertextes donnant accès à des informations plus détaillées et, enfin, un article d’actualité sur l’état des lieux au Brésil

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.

Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, ex professeure des écoles.

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIS Biologie Moustiques Beware the new Breakthrough Transgenic Mosquitoes French version.3