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"Des chèvres nourries avec du soja OGM produisent du lait anormal et le poids de leur descendance est réduit" par la Dr Eva Sirinathsinghji

Traduction et compléments de Jacques Hallard

dimanche 5 juillet 2015, par Sirinathsinghji Eva

ISIS OGM
Des chèvres nourries avec du soja OGM produisent du lait anormal et le poids de leur descendance est réduit
Le lait des chèvres nourries avec un OGM présente une réduction significative des teneurs en anticorps, des matières grasses et des protéines ; ce lait a été analysé et il a également montré la présence d’ADN transgénique. Dr Eva Sirinathsinghji

Rapport de l’ISIS en date du 16/03/2015

Le titre original de cet article s’intitule Goats Fed GM Soybean Produce Abnormal Milk, Reduces Weight of Off-Spring et il est accessible sur ce site : http://www.i-sis.org.uk/Goats_Fed_GM_Soybean_Produce_Abnormal_Milk.php

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Une nouvelle étude révèle que l’alimentation des chèvres avec du soja génétiquement modifié MON4-3-2, un OGM tolérant à la matière active à effet herbicide glyphosate, provoque un changement dans la composition du colostrum, qui est le premier lait riche en éléments nutritifs produit pendant la gestation. .

Le colostrum est habituellement constitué de protéines et de vitamines, ainsi que d’anticorps qui protègent le nouveau-né contre les maladies. La progéniture de mères nourries de façon classique et celle des mères nourries avec l’OGM ont le même poids à la naissance, mais les petits de la mère nourrie avec l’OGM pèsent significativement moins, 30 jours après la naissance. Les chercheurs ont également découvert la présence de l’ADN transgénique dans le lait des mères nourries avec un régime contenant du soja OGM. 

Importance de colostrum

Les travaux, publiés dans la revue scientifique ‘Small Ruminant Research’, une revue concernant les recherches sur les petits ruminants, dirigée par le professeur Lombardi à l’Université de Naples, en Italie [1] doivent être considérés à la lumière des récentes découvertes démontrant que l’herbicide glyphosate est présent dans le lait maternel de mères américaines à des concentrations allant jusqu’à 1.600 fois la limite légale permise pour un seul pesticide dans l’eau potable, selon les textes en vigueur dans l’Union Européenne [2].

Les résultats enregistrés ont des implications importantes en matière de santé publique et individuelle car le colostrum joue un rôle bien connu dans la santé à court terme et pour la survie des petits ruminants, mais aussi chez les nouveau-nés humains.

En plus de fournir les éléments nutritifs, les anticorps présents dans le colostrum sont essentiels pour le transfert passif de l’immunité à la descendance dans les premières 12 à 24 heures de la vie.

Il est déjà bien reconnu qu’une digestion inadéquate ou une déficience de l’absorption des anticorps du colostrum chez les ruminants conduit à une manifestation pathologique de l’immunodéficience secondaire, appelée l’échec du transfert passif de l’immunité qui prédispose les nouveau-nés à la septicémie bactérienne ou sepsis et à d’autres maladies courantes ; cet état pathologique constitue un risque également accru de décès au moins jusqu’à 10 semaines d’âge [3-5].

Le lait maternel est également associé à la protection contre les maladies diarrhéiques, les infections des voies respiratoires, ainsi qu’à l’entérocolite nécrosante, des maladies qui sont attribuées à des facteurs acquis (anticorps) et à des facteurs innés de défense tels que les oligosaccharides et leurs protéines glyco-conjuguées et antimicrobiennes dont on pense qu’ils contribuent à promouvoir le développement d’une flore microbienne saine dans le système digestif des bébés [6].

Expériences d’alimentation chez les mères et les descendants

L’étude sur les chèvres portait sur 40 petits chevreaux de sexe masculin et leurs mères de la race Cilantana qui est originaire de la région. Toutes les mères avaient déjà donné naissance à des petits un même nombre de fois et elles produisaient des quantités similaires de lait au cours de leur lactation précédente.

A 60 jours avant la mise bas, les femelles porteuses ont été séparées en deux groupes de 10 mères chacun, qui ont été nourries avec des aliments issus d’organismes génétiquement modifiés (OGM), d’une part, et deux groupes dont les mères ont été nourries avec une alimentation conventionnelle et servant de témoins de contrôle.

Les jeunes animaux des deux groupes ont été autorisés à manger des quantités illimitées de foin et ils ont reçu ensuite un complément de nourriture avec la même concentration de soja concentré : soit conventionnel (non-OGM), soit issu d’OGM. 

Des expériences ont été conduites avec la technique de PCR (réaction ouamplification en chaîne par la polymérase) qui a été utilisée pour confirmer la présence d’aliments génétiquement modifiés dans les groupes de traitement, ainsi que l’absence de contamination par des OGM dans l’alimentation conventionnelle.

Des différences énormes ont été observées dans le colostrum

Les deux groupes traités (nourriture issue d’OGM) ont montré une réduction spectaculaire de 2/3 de la teneur moyenne en protéines dans le colostrum, s’étendant de 18,7% et 18,8% dans les groupes témoins (nourriture non-OGM) à 6,1% et 6,0% dans les groupes traités (alimentation issue d’OGM).

La teneur moyenne en matières grasses du colostrum était de 7,2% et de 7,1% dans les groupes témoins comparativement à 4,6% dans les deux groupes traités (nourriture avec un soja OGM). La teneur moyenne en anticorps du colostrum a été de 33,2% et 31,2% dans les groupes témoins (sans OGM), contre 20,9% et 18,0% dans les groupes traités (nourriture issue d’OGM).

Des différences significatives ont toujours été observées dans le lait 15 jours après la saillie, avec un retour à la normale seulement au bout de 30 jours. La concentration d’anticorps plus faible dans le colostrum explique la teneur en protéines réduite, mais on ne sait pas pourquoi il y a une concentration plus faible en protéines dans le lait pendant 15 jours après la naissance. Les auteurs suggèrent qu’il peut y avoir moins de lymphocytes B, les cellules qui produisent des anticorps.

Le poids des descendants est significativement réduit

L’analyse du poids des chevreaux a révélé que ceux issus des mères nourries avec le soja OGM étaient beaucoup moins lourds à 30 jours : les poids moyens des groupes traités (animaux nourris avec l’OGM) étaient de 8,3 kg et 8,2 kg par rapport à 9,5 et 9,4 kg dans les groupes servant de témoins de contrôle (animaux nourris sans OGM).

A 60 jours après leur venue au monde, les chevreaux ont été abattus. Les poids moyens des groupes traités (nourriture avec le soja OGM) étaient de 10,3 et 10,1 kg comparativement à 12,5 et 12,3 kg dans les groupes d’animaux témoins (nourris de façon habituelle sans OGM). Il n’y avait aucune différence significative dans le poids des organes.

Les teneurs en anticorps sériques (IgG) étaient également significativement plus faibles chez les petits des groupes traités (mères nourries avec le soja OGM). L’observation de la réduction du poids des chevreaux à l’âge de 30 et de 60 jours, bien que le lait n’ait pas été significativement différent à ce stade, suggère que les anomalies constatées dans le colostrum sont la cause sous-jacente de la réduction du poids des chevreaux.

En effet, les concentrations d’anticorps dans le colostrum étaient en corrélation avec les concentrations en anticorps sériques dans la progéniture, et les concentrations sériques à leur tour étaient en corrélation avec les taux de facteurs de croissance et des facteurs de maturation dans la progéniture.

Il a été démontré que les facteurs de croissance augmentent la synthèse de l’ADN, de l’ARN et des protéines [7, 8]. Une combinaison de facteurs entre en jeu, tels que le facteur de croissance de type insuline (IGF-1), la somatotropine, le facteur de croissance des fibroblastes (FGF), l’insuline, le facteur de croissance transformant (TGF), le facteur de croissance épidermique (EGF) et le facteur plaquettaire de croissance (PDGF).

Les facteurs de croissance inhibent également la dégradation des protéines, et l’on admet qu’ils aident à promouvoir la croissance. Les récepteurs pour les facteurs de croissance se trouvent dans les intestins où ils sont censés être impliqués dans la croissance intestinale et la maturation.

Par ailleurs, les chercheurs ont détecté de l’ADN transgénique dans le colostrum des mères alimentées avec le soja OGM (voir figure 1).

Cette constatation vient après la récente découverte de l’ADN transgénique de la même séquence - le promoteur de virus de la mosaïque du chou fleur 35S (CaMV 35S), dans l’ADN génomique des organes de rats nourris avec un régime alimentaire contenant un OGM (voir [9] ] CaMV 35S Promoter in GM Feed that Sickened Rats Transferred into Rat Blood, Liver, and Brain Cells, SiS 65).

Le transfert horizontal d’ADN transgénique dans le génome d’êtres vivants qui ont mangé des aliments génétiquement modifiés (OGM), ou chez les microbes qui vivent à l’intérieur des êtres qui ont consommé des aliments issus d’OGM, apporte un risque supplémentaire et sous-estimé concernant les plantes génétiquement modifiées (OGM)..

Le promoteur 35S du CaMV a ses propres dangers spécifiques, y compris sa propension à se recombiner avec l’ADN, donc potentiellement de modifier les séquences génomiques de êtres vivants qui le mangent. Ce promoteur est également actif dans les cellules des mammifères, ce qui signifie qu’il a le potentiel d’influencer l’expression d’autres gènes, y compris des virus dormants, à l’état latent.

C’est encore une constatation supplémentaire qui va à l’encontre les prétentions selon lesquelles les nucléotides sont décomposés et dégradés par le tube digestif, ce qui empêcherait toute toxicité de l’ADN transgénique pour les êtres vivants qui consomment des OGM contenant ce promoteur CaMV 35S.

Pour conclure

Les États-Unis constituent, de loin, le pays qui a le plus haut niveau de mortalité néonatale parmi les pays industrialisés. De nombreux facteurs sont susceptibles de sous-tendre cette statistique, mais il est clair que l’intégrité des premiers repas de la vie d’un bébé a une grande portée et des effets à long terme : les enfants doivent être protégés contre la pollution par les pesticides et par les aliments issus d’organismes génétiquement modifiés (OGM).

Références

  • Tudisco R, Calabrò S, Cutrignelli MI, Moniello G, Grossi M, Mastellone V, Lombardi P, Pero ME, Infascelli F. Genetically Modified soybean in the goat diet : Influence on kid performance. Small Ruminant Research 2015, http://dx.doi.org/10.1016/j.smallrumres.2015.01.023
  • Glyphosate Testing Full Report : Findings in American Mothers’ Breast Milk, Urine and Water. MomsAcrossAmerica.com, 2014. http://www.momsacrossamerica.com/glyphosate_testing_results
  • Mastellone V, Massimini G, Pero ME, Cortese L, Piantedosi D, Lombardi P, Britti D, Avallone L. Effects of passive transfer status on growth performance in buffalo calves. Asian Australas. J. Anim. Sci 2011, 24, 952–956.
  • Tyler JW, Hancock DD, Wiksie SE, Holler SL, Gay JM, Gay CC. Use of serum protein concentration to predict mortality in mixed-source dairy replacement heifers. J. Vet. Intern. Med. 1998, 12, 79–83.
  • Weaver DM, Tyler JW, VanMetre DC, Hostetler DE, Barrington GM. Passive transfer of colostral immunoglobulins in calves. J. Vet.Intern. Med. 2000, 14, 569–577.
  • Baricelli J, Rocafull MA, Vázquez D, Bastidas B, Báez-Ramirez E, Thomas LE. β-defensin-2 in breast milk displays a broad antimicrobial activity against pathogenic bacteria. J Pediatr (Rio J) 2015, 9, 136-43. doi : 10.1016/j.jped.2014.05.006. Epub 2014 Sep 7.
  • Oda S, Saloh H, Sugawara T. Insulin-like growth factor-1 GH, insulin and glucagon concentrations in bovine colostrum and inplasma of dairy cows and neonatal calves around parturition. Comp. Biochem. Physiol 1989. 94, 805–808.
  • Ginjala V, Pakkanen R. Determination of transforming growthfactor-beta 1 (TGF) and insulin-like growth factor (IGF-1) in bovinecolostrum samples. J. Immunoassay 1998, 19, 195–207.
  • Ho MW. CaMV 35S Promoter in GM Feed that Sickened Rats Transferred into Rat Blood, Liver, and Brain Cells. Science in Society 65, 32-33, 2015.
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Traduction en français et intégration de liens hypertextes pour plus de précisions

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.

Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, ex professeure des écoles.

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIS OGM Goats Fed GM Soybean Produce Abnormal Milk, Reduces Weight of Off-Spring French version.3

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