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"L’eau n’est pas potable partout ! " par le Professeur Joe Cummins

Traduction et compléments de Jacques Hallard

vendredi 29 mars 2013, par Cummins Professeur Joe

ISIS Eau
L’eau n’est pas potable partout !
Water Not Fit to Drink
On peut notamment trouver dans l’eau des agents pathogènes, des médicaments d’origine biologique, des drogues illicites, des polluants orgamiques persistants, des pesticides, de l’arsenic et du fluor. Professeur Joe Cummins

Rapport de l’ISIS en date du 22/01/2013
Une version entièrement référencée de cet article, intitulé Water Not Fit to Drinkest , est disponible et accessible par les membres de l’ISIS sur le site http://www.i-sis.org.uk/Water_Not_Fit_To_Drink.php ; elle est par ailleurs disponible en téléchargement ici
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L’accès à l’eau potable saine et non polluée est un droit et non un privilège. Ce droit doit être protégé et restauré pour ceux qui souffrent d’une pénurie d’eau potable ou qui sont contraints de consommer de l’eau polluée. Les fournisseurs d’eau doivent dire toute la vérité sur les résultats des analyses concernant les polluants contenus dans l’eau, même si les polluants sont présents à des niveaux qui sont jugés sans danger pour la consommation humaine par les services bureaucratiques qui sont chargés de ces questions.
On estime qu’un milliard de personnes n’ont pas accès à des approvisionnements en eau fiables et en toute sécurité, et que deux milliards de personnes manquent d’installations sanitaires. Face à la croissance démographique, au changement climatique et à l’augmentation des problèmes d’eau transfrontiers, des conflits et même des guerres ont été souvent prédites à propos des usages de l’eau [1]. Notre objectif doit être d’assurer la sécurité des approvisionnements en eau pour tout le monde, et en particulier pour les couches sociales et les populations pauvres partout dans le monde.
Les pollutions de l’eau potable font peser des menaces immédiates dans les pays en développement qui sont différentes de celles qui sont rencontrées dans les pays développés. Les parasites et les agents pathogènes sont fréquemment associés à la pollution des sources d’eau potable par les matières fécales, provenant des êtres humains et des animaux d’élevage, dans les pays en développement.
En outre, les rares sources d’eau souterraine sont souvent contaminées par des polluants inorganiques, principalement par l’arsenic ou le fluor, provenant des couches géologiques. La contamination de l’eau potable par les pesticides est un autre problème important dans les pays en développement où, à la suite d’une réglementation inadéquate, plus de 70% des produits agrochimiques utilisés de manière intensive sont interdits ou sévèrement restreints dans les pays occidentaux.
L’eau potable dans les pays plus développés est principalement contaminée par des polluants organiques persistants ainsi que par des produits pharmaceutiques dérivés des déchets d’origine humaine et vétérinaire. L’utilisation des eaux usées « de seconde main », après un traitement d’épuration, du fait des exigences croissantes, car les eaux souterraines se trouvent à être rechargées avec de eaux chargées, pose un problème particulier.
En Amérique du Nord, le réchauffement climatique a amené l’apparition d’un fléau ; un insecte parasite dénommé ‘dendroctone du pin de l’Ouest’, et il est la cause de fréquents incendies de forêts, ainsi que de la contamination des bassins hydrographiques vierges avec les produits de décomposition des arbres morts, d’une part, et avec les hydrocarbures aromatiques qui sont émis dans les incendies de forêt, d’autre part.

Les pollutions de l’eau potable dans les pays en développement

Dans les pays en développement, la pollution de l’eau potable est directement influencée par des pratiques d’hygiène insuffisantes. Dans de nombreux pays de l’Afrique sub-saharienne et en Asie du Sud, la couverture en assainissement est inférieure à 50%. Cela facilite la propagation des agents pathogènes et des parasites entraînant un affaiblissement des populations et des décès. [2].
La Fondation Bill et Melinda Gates a pour cible la fourniture des technologies d’assainissement robustes et à faible coût à travers le monde. Elle a lancé un défi aux structures universitaires en vue de la conception de toilettes qui permettent de capturer et de traiter les déchets humains sans canalisations d’égout et sans connexions électriques, d’une part, et de transformer les déchets humains en ressources utiles, telles que de l’énergie et de l’eau assainie, à un prix abordable, d’autre part [3].
De prestigieuses universités, y compris le ‘California Institute of Technology’, l’Université de Toronto, l’Université de Cranfield, ont produit des prototypes tels que ceux qui utilisent l’énergie solaire pour évaporer l’eau et récupérer les matières fécales, avec des procédés de conversion des solides en ‘biochar’ ou en engrais [4]. Actuellement, les nombreux prototypes n’ont pas encore été testés sur le terrain où certains peuvent s’avérer efficaces.

Les agents pathogènes microbiens

L’eau potable est une source importante d’agents pathogènes microbiens dans les régions et pays en développement, bien que l’insalubrité et les sources de nourriture polluées soient les principales voies d’exposition aux agents pathogènes entériques. Les maladies gastro-intestinales y sont également plus graves, en raison de la sous-nutrition et du manque de stratégies d’intervention.
La mauvaise qualité de l’eau, les carences de l’assainissement et de l’hygiène représentent environ 1,7 million de décès par an dans le monde entier (3,1% de tous les décès), principalement à cause de diarrhées infectieuses. Neuf décès sur dix proviennent des enfants et la quasi-totalité de ces décès surviennent dans les pays en développement.
Les principaux agents pathogènes entériques chez les enfants comprennent le rotavirus, Campylobacter jejuni, ’les entérotoxinogènes Escherichia coli, Shigella spp. et Vibrio cholerae O1, et peut-être les entéropathogènes E. coli, Aeromonas spp. V. cholerae O139, ainsi que les ‘Bacteroides fragilis’ entérotoxinogènes, Clostridium difficile et Cryptosporidium parvum.
Tous ces agents pathogènes, sauf le Cryptosporidium, sont faciles à contrôler par une chloration de l’eau ; mais si les techniques de chloration peuvent sauver des vies lors des flambées épidémiques, elles exigent une grande technicité pour éviter les empoisonnements et les sous-produits toxiques.
Des agents pathogènes tels que Helicobacter pylori et Burkholderia pseudomallei sont des pathogènes importants dans un certain nombre de zones géographiques. Chez les adultes, on peut observer des séquelles diverses telles que la myocardite, le diabète, l’arthrite réactive et des cancers qui peuvent se manifester quelques mois à plusieurs années après l’infection initiale [5].
Pour la plupart, ces agents pathogènes sont maintenus par la contamination fécale des sources d’eau potable. Cependant, les animaux, ainsi que les excréments humains, peuvent contribuer à la propagation de nombreux agents pathogènes : c’est pour cette raison que la Fondation Gates s’est fixée comme objectif la mise au point de toilettes pour les êtres humains, ce qui apporte une condition nécessaire mais pas un remède suffisant pour éviter la propagation des maladies microbiennes qui sont propagées par l’eau potable.

Les pollutions des eaux souterraines par l’arsenic et le fluor

Une contamination des eaux souterraines par l’arsenic se produit naturellement, à partir des concentrations élevées qui sont présentes dans les niveaux les plus profonds de la nappe phréatique. Plus de 137 millions de personnes, vivant dans plus de 70 pays, sont touchés par un empoisonnement par la présence d’arsenic dans l’eau potable. Cette contamination des eaux souterraines par l’arsenic se retrouve dans de nombreux pays à travers le monde, y compris aux Etats-Unis, bien que ce contaminant ait tendance à être le plus largement répandu dans les régions sous-développées en Asie, en Inde et en Amérique du Sud [6]. Des concentrations extrêmement toxiques de fluor se rencontrent dans les régions arides et semi-arides d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Nord et du Sud [7].
Les eaux souterraines polluées par des concentrations élevées d’arsenic et de fluor provoquent simultanément une intoxication chronique en Inde, en Chine, au Bangladesh, au Mexique et en Argentine.
Actuellement, l’empoisonnement par l’arsenic est traité à l’aide de soins et par la chélation, mais il n’y a pas de traitement pour l’empoisonnement par le fluor [8]. Au Bangladesh, 80 millions de personnes sont touchées par un empoisonnement à l’arsenic présent dans l’eau des puits et une personne sur dix développera un cancer du fait de cette exposition. L’exposition chronique à l’arsenic est liée à des lésions cutanées, à des cancers, avec des effets nocifs sur la reproduction, des troubles nerveux et une altération des résultats cognitifs chez les enfants. Une gamme étendue d’effets cardio-vasculaires sont rencontrés chez les humains et une exposition des femmes à l’arsenic se traduit souvent par une fausse-couche, une petite taille du bébé à la naissance, une mortalité infantile et une morbidité plus élevées. Les personnes touchées par l’arsenic sont socialement stigmatisées car les autres gens considèrent qu’il s’agit d’une maladie infectieuse ou d’une malédiction [9].
Comme l’arsenic, le fluor est toxique pour le matériel génétique et pour le système nerveux, tandis que les effets les plus importants incluent une formation anormale de l’émail des dents chez les enfants et des déformations des membres et du rachis [10].
L’arsenic et le fluor, contenus dans les eaux souterraines contaminées, constituent un fardeau chronique, en particulier dans les pays en développement, qui n’ont pas de solutions de rechange face à une eau potable polluée et qui ne disposent pas d’une technologie peu coûteuse et robuste pour purifier l’eau polluée.

Les pollutions des eaux de surface

La pollution des eaux de surface, comme les fleuves et les rivières, est énorme dans le monde en développement. Une comparaison directe de la qualité de l’eau des rivières dans les pays développés et dans les pays en développement a permis de conclure ceci [11] : sur la base des pressions et des impacts, il est évident que les métaux dissous, ainsi que les pollutions fécales et organiques, qui se trouvent dans les rivières des pays en développement, donnent une situation assez terrible en comparaison avec les rivières coulant dans un pays développé.
Une contribution majeure à la détérioration de la qualité des eaux de surface est la pollution par des pesticides. Cette contamination de l’eau potable par les pesticides est un problème important dans les pays en développement où plus de 70% des produits agrochimiques qui y sont utilisés de manière intensive, sont interdits ou sévèrement restreints dans les pays développés [12].

Les pollutions de l’eau potable dans les pays développés : la Convention de Stockholm

Le principal sujet de préoccupation pour l’eau potable dans les pays développés se rapporte aux polluants organiques persistants (POP). Ces polluants organiques persistants (POP) sont visés par la Convention de Stockholm en vue de la réduction et l’élimination éventuelle de leur production, de leur mise en marché et de leur dissémination dans la nature.
Tous ces produits partagent des propriétés qui leur confèrent une longue durée de vie (ils sont persistants) ; par ailleurs, ils s’accumulent le long des chaînes alimentaires (par bioaccumulation) et ils sont présents à des concentrations élevées dans des régions éloignées (du fait de leur transport sur de longues durées) ; enfin ces POP provoquent des effets indésirables de toxicité.
Depuis son adoption, le 22 mai 2001, la Convention de Stockholm a identifié un peu plus de 20 produits chimiques ou groupes de composés agissant comme des POP. Ceux-ci comprennent des composés dénommés sous l’appellation des « douze salopards » qui ont été listés à d’origine de l’entrée en vigueur de la convention : l’aldrine, le chlordane, la dieldrine, l’endrine, l’heptachlore, l’hexachlorobenzène, le mirex, le toxaphène, le DDT, les dibenzo-p-dioxines et dibenzofuranes (PCDD / F) et les biphényles polychlorés ; ont été ajoutés à cette liste initiale, en 2009, neuf autres composés toxiques : chlordécone, hexabromobiphényle, tétra-, penta-, hexa-et hepta bromodiphénylethers, l’alpha-hexachlorocyclohexane (HCH), le ß-HCH, le HCH (lindane), le pentachlorobenzène, l’acide perfluorooctane sulfonique et ses sels, ainsi que le fluorure de perfluorooctane sulfonique). En 2011, l’endosulfan a été ajouté à la liste [13].
La Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants a été adoptée lors de la Conférence des plénipotentiaires le 22 mai 2001 à Stockholm, en Suède, et elle est entrée en vigueur le 17 mai 2004. La Convention interdit ou prend des mesures juridiques administratives pour éliminer les produits chimiques listés, pour interdire l’importation ou l’exportation de ces produits chimiques. La Convention a été ratifiée par la plupart des pays, sauf par quelques pays africains, ainsi que par le Pakistan, l’Afghanistan et les Etats-Unis [14].
Les lignes directrices, concernant un certain nombre de pesticides et de produits chimiques industriels, qui ne sont pas considérés comme des toxiques persistants, sont fournies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) [15].
Toutefois, l’OMS ne considère pas que le pesticide glyphosate [herbicide commercial ‘Roundup’], parmi un certain nombre d’autres pesticides largement utilisées, est dangereux et elle ne fournit pas une ligne directrice à leur sujet.
En revanche, l’agence EPA aux Etats-Unis [16] et le gouvernement canadien fournissent des lignes directrices d’utilisation et de commecialisation devant l’évidence criante que cet herbicide a été détecté dans les eaux souterraines et dans l’eau potable, d’une part, et qu’il s’est révélé être une matière active et un produit commercial qui sont toxiques pour les animaux et pour les êtres humains, d’autre part (voir [17] ] Why Glyphosate Should Be Banned, ISIS Special Report) *.
* Version en français : "Pourquoi le glyphosate, matière active à effet herbicide, devrait être interdit" par le Dr Eva Sirinathsinghji et le Dr Mae-Wan Ho. Traduction par Jacques Hallard ; accessible sur le site http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article263&lang=fr

Des produits pharmaceutiques se retrouvent dans l’eau potable

Parmi les médicaments licites identifiés dans les réserves d’eau distribuée, on trouve des antibiotiques, des analgésiques et des anti-inflammatoires, des bêta-bloquants, des hormones, des statines, des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, des antiépileptiques, des diurétiques, des anti-asthmatiques, des antidépresseurs, des antipsychotiques, des antinéoplasiques, des stimulants, des sédatifs et des produits anticoagulants.
Ces produits pharmaceutiques sont des produits chimiques naturels ou synthétiques qui se trouvent dans des médicaments délivrés sur ordonnance, dans des médicaments en vente libre et dans des médicaments vétérinaires. La généralisation de l’utilisation des médicaments (prescrits ou en vente libre) a abouti à une décharge continue de produits pharmaceutiques et de leurs métabolites dans les eaux usées. Ils sont introduits par les égouts, qui véhiculent les excréments des individus et des patients qui ont utilisé ces produits chimiques, mais aussi à partir de l’élimination des médicaments non contrôlés (par exemple des médicaments au rebut déversés dans des toilettes), ainsi des eaux de ruissellement des milieux agricoles, par les effluents d’élevage. En outre, les produits pharmaceutiques peuvent être libérés dans les sources d’eau à partir des effluents de fabrication de médicaments mal maîtrisées ou des installations de production elles-mêmes.
Il est clair et évident que les produits pharmaceutiques présents dans l’eau nuisent aux organismes aquatiques, d’une part, et que la génotoxicité des produits pharmaceutiques et de leurs produits de dégradation sont susceptibles de causer un préjudice aux êtres humains chez lesquels ils provoquent des troubles du système nerveux, d’autre part.
Par exemple, l’expression des gènes a été examinée à l’aide de puces à ADN dans le cerveau de poissons, dont le vairon à grosse tête, traités avec un mélange de trois produits pharmaceutiques psychoactifs (fluoxétine, venlafaxine et carbamazépine) avec des dosages destinés à être semblables aux plus hautes estimations prudentes des concentrations qui sont observées dans l’environnement.
Il a été démontré que seuls des ensembles de gènes associés à l’autisme idiopathique ont été clairement et abondamment mis en évidence. Les produits pharmaceutiques psychoactifs non métabolisés peuvent induire aussi bien l’expression de gènes qui sont impliqués avec l’autisme chez les êtres humains, que l’expression de gènes actifs chez les poissons. Ces produits pourraient avoir des répercussions sur l’autisme qui se manifeste chez les êtres humains (voir [18] Pharmaceutical Cocktails Anyone ?, SiS 56) *.
* Version en français : "Des cocktails pharmaceutiques pour tout un chacun à partir de l’eau polluée" par le Prof Joe Cummins. Traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article280

Des drogues illicites sont également présentes dans l’eau potable

La présence des drogues illicites et de leurs métabolites dans l’environnement, et leurs impacts potentiels sur l’écosystème, constituent une préoccupation croissante. La cocaïne, la morphine, les amphétamines, et la MDMA ont de puissantes activités pharmacologiques et leur présence sous forme de mélanges complexes dans l’eau peut avoir des effets néfastes sur les organismes aquatiques et pour la santé humaine. Cependant, il n’existe aucune réglementation sur la présence de ces polluants dans les eaux usées traitées, dans les eaux de surface, dans l’eau potable ou dans l’atmosphère.
Des analyses et examens approfondis, réalisés à travers le monde entier, ont mis en évidence une pollution généralisée des eaux par les drogues illicites. Les données disponibles portent sur l’abus de drogues qui ne peuvent être obtenues auprès des travaux d’épidémiologie classique. Plus important encore, ces informations soulignent la nécessité de mesures d’assainissement, afin de restaurer la qualité de l’eau potable en milieu urbain.
L’eau potable polluée par des drogues illicites a été jugé acceptable par les organismes gouvernementaux, y compris par l’OMS, par l’Union européenne et par l’Agence américaine de protection de l’environnement, en violation flagrante avec le principe de précaution en matière de santé et de sécurité publiques.
Par exemple, les médicaments à base d’amphétamines sont modifiés par la chloration de l’eau potable pour donner naissance à des sous-produits qui sont plus stables et plus génotoxiques que la substance mère d’origine.
Comme avec la pollution par des médicaments pharmaceutiques, les niveaux de drogues illicites observés sont suffisants pour porter atteinte et nuire aux organismes aquatiques.
Une précaution élémentaire devrait amener à exiger que le public soit avisé de la menace croissante de ces risques pour la consommation d’eau potable. Les endroits où l’eau potable est polluée avec des drogues illicites ne devraient pas être cachés auprès des populations affectées (voir [19] Illicit Drugs in Drinking Water, SiS 56) *.
* Version en français : "Des drogues illicites dans l’eau potable" par le Professeur Joe Cummins. Traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article279
Il est alarmant de constater que bon nombre de médicaments licites et de drogues illicites – ainsi que leurs dérivés ou métabolites respectifs - sont très stables dans l’environnement aquatique. Dans certains cas, le traitement des eaux par chloration, par oxygènation active et par la lumière ultraviolette peut réduire la quantité de ces substances dans l’eau traitée, tout en libérant des sous-produits qui sont encore plus stables et plus toxiques que le médicament d’origine. Les médicaments les plus couramment rencontrés dans la forme d’association de matières actives doivent être étudiés et évalués pour un possible effet de synergie.
Il est à noter que l’emploi de médicaments d’origine biologique, produits par des microbes génétiquement modifiés [OGM] ou par des cultures cellulaires provenant d’animaux ou d’êtres humains, deviennent monnaie courante dans les vaccins, dans les thérapies des cancers et dans le traitement des maladies chroniques en médecine humaine et vétérinaire. Les médicaments d’origine biologiques ont tendance à être actifs à de très faibles concentrations et le devenir de ces substances actives et de leurs sous-produits dans les eaux usées et dans l’eau potable, devrait faire l’objet de recherches.

Des pollutions induites par le réchauffement climatique au niveau des forêts

Dans de nombreux pays et régions, l’eau pure est fournie par les bassins versants forestiers à de très grandes populations humaines. Le réchauffement climatique a la causé une extension d’un petit insecte, le dendroctone du pin ponderosa qui a provoqué le dépérissement des arbres dans de vastes zones forestières dans l’ouest de l’Amérique du Nord. Les arbres morts en décomposition dans ces bassins versants forestiers constituent une pollution particulière des eaux naturelles. Des sous-produits provenant des arbres en décomposition ont commencé à apparaître à des niveaux élevés dans l’eau potable [20].
En outre, les arbres morts et dessèchés dans les forêts facilitent la propagation des incendies sur de grandes superficies, laissant, après leur combustion, des hydrocarbures aromatiques qui s’infiltrent et se retrouvent dans les eaux.

Pour conclure

L’eau potable primaire originelle (pristine) a commencé à disparaître de la planète. Nous allons dépendre de plus en plus des eaux souterraines rechargées et des eaux usées qui auront été épurées.
L’objectif de la Fondation Gates pour réinventer les toilettes peut aider à découvrir un nouveau Thomas Crapper qui rendit la chasse d’eau populaire. Mais cela ne suffit pas. Une technologie simple et peu coûteuse pour épurer l’eau de ses polluants organiques et inorganiques devrait être la base d’une compétition similaire à celles à la réinvention des toilettes par Gates.
Afin de faire face de manière appropriée à l’empoisonnement de plus en plus de nos approvisionnements en eau potable, nous devons exiger un rapport complet et véridique de tous les tests qui sont effectués sur les eaux potables et, surtout, les autorités et les fonctionnaires qui sont en charge des réglementations devraient faire tous les efforts possibles pour une réduction de toutes les pollutions à leur source.
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Définitions et compléments

L’eau n’est pas potable partout !

Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles.
Adresse : 585 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr
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