Accueil > Pour en savoir plus > Sciences naturelles > Biosciences > OGM > OGM & Santé > "La toxicité des protéines Bt est confirmée : des études truquées sont (…)

"La toxicité des protéines Bt est confirmée : des études truquées sont divulguées" par le Dr Eva Sirinathsinghji

Traduction et compléments de Jacques Hallard

samedi 6 octobre 2012, par Sirinathsinghji Eva

ISIS OGM Santé
La toxicité des protéines Bt est confirmée : des études truquées sont divulguées
Bt Toxicity Confirmed Flawed Studies Exposed
Des chercheurs scientifiques confirment la toxicité des protéines Bt chez les insectes non ciblés et auxiliares qui sont bénéfiques pour la protection des cultures ; ces chercheurs démontrent comment des expériences ont été montées pour réfuter leurs résultats et comment elles ont été conçues de façon à ne pas trouver d’effets toxiques sur les larves de coccinelles. Dr Eva Sirinathsinghji


Rapport de l’ISISen date du 11/07/2012
Une version entièrement référencée de cet article intitulé Bt Toxicity Confirmed : Flawed Studies Exposed est postée et accessible par les membres de l’ISIS sur le site http://www.i-sis.org.uk/Bt_Toxicity_Confirmed_Flawed_Study_Exposed.php
S’il vous plaît diffusez largement et rediffusez, mais veuillez donner l’URL de l’original et conserver tous les liens vers des articles sur notre site Web ISIS. Si vous trouvez ce rapport utile, vous pouvez soutenir ISIS en vous abonnant à notre magazine Science in Society et encouragez vos amis à le faire. Ou encore jeter un oeil à notre librairie ISIS bookstore pour nos autres publications

Une nouvelle étude confirme que la toxine Cry1Ab de la bactérie Bacillus thuringiensis (Bt), qui est présente dans les aliments issus de plantes génétiquement modifiées (OGM) tue les larves de la coccinelle à deux points (Adalia bipunctata L.), une espèce que les partisans des OGM prétendent n’être pas affectée par la toxine [1].

L’étude soulève des questions quant à l’intégrité des travaux antérieurs publiés par les promoteurs des OGM, dont les protocoles expérimentaux ont été testés et n’ont pas démontré une rigueur scientifique nécessaire pour collecter des signes de toxicité, même chez les insectes cibles, pour lesquels l’insecticide a été conçu pour les tuer.
Les toxines Bt sont présentes dans de nombreuses cultures de plantes génétiquement modifiées, y compris dans le coton et dans le maïs. Le maïs Bt MON 810 de Monsanto est actuellement approuvé et autorisé pour sa mise en culture en Europe, bien qu’il ait été interdit par certains pays dont la Hongrie, la France, l’Autriche, l’Allemagne, la Grèce et le Luxembourg, en raison de problèmes concernant la santé et l’environnement. De nombreuses études antérieures ont montré des effets négatifs sur la santé et sur l’environnement (voir [2] Bt Crops Failures and Hazards, SiS 53 *, [3] More Illnesses Linked to Bt Crops, SiS 30).
* Version en français intitulée "Les échecs et les dangers des plantes génétiquement modifiées" par le Dr. Eva Sirinathsinghji. Traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur le site http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article210&lang=fr

Des études antérieures portant sur la toxicité du système Bt ont été injustement critiquées par les promoteurs des OGM

Les partisans des OGM soutiennent que certaines toxines Bt sont efficaces contre les ordres d’insectes limités et, qu’en particulier, la toxine Bt Cry1Ab tue seulement les lépidoptères (papillons diurnes et nocturnes), dont le ravageur du maïs dénommé ‘European corn borer’ ou pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis).
Toutefois, une étude validée par des pairs et publiée par Angela Hilbeck et ses collègues de l’Institut fédéral suisse de technologie en 2009, a montré une mortalité accrue chez les coccinelles exposées à la toxine « activée » qui avait été déposée sur leur nourriture – à base d’œufs de papillons nocturnes [4] ; l’équipe de recherche avait trouvé précédemment des effets similaires avec les chrysopes [5-7]. La version ‘activée’ désigne le clivage de la pro-toxine pour produire la toxine réelle.
En réponse à leur publication originale, un effort coordonné visant à discréditer leurs conclusions paru dans la revue scientifique Transgenic Research, qui comprenait deux critiques très chargées [8, 9] et une étude dirigée par Jörg Romeis d’Agroscope, en Suisse, qui n’avait détecté aucune toxicité [10].
Ils ont conclu que les résultats de l’équipe de Hilbeck étaient des faux positifs et des artéfacts d’une expérimentation mal conçue. L’un des critiques est même allé jusqu’à suggérer le travail était de nature « pseudo-scientifique ».
Agroscope est une organisation suisse de la recherche fédérale gouvernementale, qui est liée avec le géant des agrotechnologies Syngenta, lequel produit, avec Monsanto, des plantes génétiquement modifiées avec le système Bt et la protéine toxique Cry1Ab. Ces attaques hostiles ont été déclenchées par l’interdiction du maïs MON 810 en Allemagne, sur la base des résultats obtenus par l’équipe de Hilbeck, parmi 30 autres publications scientifiques démontrant les effets néfastes de ce pesticide.

Des divergences enregistrées entre les études antérieures

Le nouveau travail de l’équipe de Hilbeck visait à atténuer les différences entre leurs propres conclusions et celles de leurs critiques. Les chercheurs ont d’abord conduit une expérience dite « preuve de concept » dans laquelle ils ont testé à la fois leur protocole initial et le protocole d’Agroscope sur l’espèce cible du ravageur du maïs, la pyrale du maïs.
Dans l’étude originale de l’équipe de Hilbeck, les larves de coccinelles ont été exposées continuellement pendant 10 jours à une version purifiée produite par voie microbienne de la protéine Cry1Ab, d’une part, et une version « vide » produite par voie microbienne dans laquelle la toxine est absente, d’autre part. .
Les larves de coccinelles ont été exposées par application en revêtement de leur nourriture - œufs de papillons nocturnes - avec la toxine.
Par ailleurs, le protocole d’Agroscope consistait à exposer les larves de coccinelles pendant seulement 24 heures, avec une gouttelette de sucre / eau, avec ou sans la toxine. Comme les larves sont carnivores et qu’elles ne peuvent pas survivre sur une alimentation composée seulement de sucre, elles ont été transférées dans des boîtes de Pétri contenant des œufs de papillons non traités, leur donnant ainsi une période pour récupérer après l’exposition. Cette procédure avec exposition / récupération a été apparemment répétée 4 fois au total.
Ainsi, le but de la nouvelle étude était de comprendre pourquoi les différences observées dans ces protocoles ont pu présenter des résultats opposés, à partir de ceux obtenus par l’équipe de Hilbeck, d’une part, et par Agroscope, d’autre part. En testant les espèces cibles avec la toxine qui est conçue pour les tuer, toute faiblesse dans le protocole deviendrait apparente.
L’équipe de Hilbeck a répété les protocoles de base en exposant des larves âgées de 4 jours au maïs Bt, d’une part, ainsi qu’à un maïs isogénique non-GM, d’autre part, en procédant par pulvérisation avec la toxine Bt, soit en continu pendant une période de 7 jours, soit pendant une période de 24 heures, suivie d’une période avec un maïs non transgénique et non traité, pendant 6 jours. Ils ont trouvé des niveaux élevés de mortalité suite à une exposition continue, comme prévu (juste en dessous de 100% avec les deux types d’exposition). Les taux de mortalité ont chuté de moitié lorsque les animaux ont été exposés à des plantes Bt pulvérisés pendant 24 heures seulement. L’exposition à du maïs Bt pendant seulement 24 heures n’a même pas causé des taux de mortalité qui se situent au-dessus des groupes témoins de larves non exposées.
Un protocole expérimental qui ne peut pas détecter la toxicité d’un pesticide sur une espèce cible n’est clairement pas utilisable pour tester les dommages potentiels sur des espèces non ciblées.
En plus de la durée d’exposition insuffisante, d’autres lacunes dans les expériences conduites par Agroscope ont été notées par Hilbeck. Les gouttelettes d’eau et de sucre, dans laquelle la toxine Bt a été ajoutée, se sont révélées avoir séché durant la nuit, aboutissant à des niveaux d’exposition indéterminés. Une seule dose a été testée, par opposition à trois espèces testées dans l’étude originale réalisée par l’équipe de Hilbeck [4].
De plus, iI n’y avait pas, dans le protocole d’Agroscope, de description claire concernant le nombre d’animaux utilisés ou le nombre de fois où les expériences ont été répliquées, alors que la norme du nombre de répétitions est de 3 dans les expériences conduites avec les études de laboratoire.

Les effets de la toxine Bt ont été retestés sur les larves de coccinelles à l’aide d’un nouveau protocole combiné

Pour contrer les critiques visant leur précédente étude, l’équipe de chercheurs a adopté un protocole combiné composé de 7 jours d’exposition continue à une solution de sucre / eau, avec ou sans la toxine Bt, placée sur des boules de coton pour les empêcher de sécher. Après 24 heures, au lieu de laisser une période de récupération, les boules de coton ont été remplacées par des boules de coton frais, avec des solutions soit avec, soit sans toxine. Une alimentation à base d’œufs de papillons nocturnes, enrobée avec la toxine Bt a été donnée pour fournir une alimentation adéquate et afin d’assurer une exposition continue à la toxine.
Après seulement 6 jours d’exposition, le taux moyen de mortalité était de 40% par rapport à environ 25% chez les larves non exposées. La plus grande différence de mortalité entre les animaux traités et les animaux non traités a culminé à 4 jours où il y avait une augmentation d’environ 20% de la mortalité sur les animaux non traités, après quoi elle a commencé à se stabiliser.
Le nouveau travail de recherche corrobore non seulement les conclusions antérieures de l’équipe de Hilbeck [4], mais aussi l’échec du protocole d’Agroscope pour détecter la toxicité du système Bt sur les insectes non ciblés [10].
Il est important de distinguer la différence entre la toxine bactérienne naturelle et la version modifiée qui est insérée dans les plantes génétiquement modifiées. Aucune des études originales effectuées par Hilbeck et Agroscope n’a fait appel aux versions exprimées dans les plantes génétiquement modifiées [OGM], qui sont modifiées de façon significative [sur le plan des séquences génétiques]. Des modifications sont apportées pour accroître la « performance » de la toxine, y compris le changement de promoteur et l’ajout d’éléments activateurs pour augmenter la production de la protéine ; il a également été appporté des modifications génétiques dans les séquences pour augmenter la solubilité de la toxine Bt, ainsi que des modifications finales du gène pour assurer la cessation de l’expression génétiqu.
En réalité, il est difficile pour les chercheurs d’obtenir des transgènes fabriqués par les industriels des biotechnologies, car il y a des lois strictes se rapportant aux brevets et de la résistance pour donner la permission de conduir des recherches indépendantes sur leurs produits. Des études antérieures ont montré que la toxine modifiée est plus toxique que les toxines homologues produites naturellement : en particulier, les chrysopes vertes souffrent de retard de développement et manifestent une réduction de leur survie (voir [11] ] GM Food & Feed Not Fit for "Man or Beast", ISIS Report * .
* Version en français intitulée ‘OGM : Les aliments génétiquement modifiés
ne conviennent ni aux humains ni aux animaux’ par le Docteur Mae-Wan HO et le Professeur Joe CUMMINS. Traduction de jacques Hallard accessible sur le site http://www.i-sis.org.uk/isp/ManorBeastFR.php
La nouvelle étude de l’équipe de Hilbeck a été effectuée avec la toxine Cry1Ab provenant d’un autre laboratoire indépendant, et elle n’est pas la même que celle qui est produite dans le maïs Bt ou celles qui, dans des travaux antérieurs, avaient mis en évidence des différences de toxicité. L’histoire reste floue quant à savoir si ces versions sont plus toxiques, ou s’il s’agit là d’une version non toxique. (Une expression variable selon les différentes conditions environnementales, des transgènes qui sont présents dans les plantes Bt, peut aussi compliquer les choses (voir [12] Scientists Confirm Failures of Bt-Crops, SiS 28)) *.
* Version en français intitulée ‘OGM : Des scientifiques confirment les échecs des plantes Bt génétiquement modifiées. Accessible sur le site http://www.monde-solidaire.org/spip/spip.php?article2477
Actuellement, aucun organisme chargé de la réglementation n’exige des épreuves et des expérimentations avec les transgènes modifiés, ce qui signifie que leurs effets n’ont pas été correctement évalués dans n’importe quelle version utilisée.

Des attaques contre les chercheurs qui présentent "des résultats qui dérangent"

Les scientifiques qui publient des données qui vont à l’encontre de la sécurité des produits biotechnologiques, sont sous soumis une pression immense et à des attaques de la part des partisans des OGM, des industriels concernés et même des organismes chargés de la réglementation et des contrôles. Leur travail est examiné d’une façon extrêmement minutieuse qui est rarement rencontrée dans les autres domaines où le profit n’est pas la première motivation.
Comme Hilbeck l’a déclaré dans un commentaire, des études contradictoires délibérées et des attaques avec de rudes confrontations ont également été observées dans le pasé avec d’autres produits commerciaux tels que le bisphénol A, l’amiante et le tabac [13]. L’équipe de recherche n’a jamais eu la possibilité de répondre aux critiques qui leur étaient adressées.
Dans le cas de la toxicité des protéines Bt, ce n’est pas la première fois que les chercheurs ont été confrontés à un tel examen : les publications sur la létalité de chrysopes [5-7] ont attiré une réponse similaire de la part de quelques-uns des mêmes auteurs qui ont ciblé l’étude menée sur les larves de coccinelles.

Pour conclure

Les études sur les effets toxiques des toxines Bt ont commencé à faire la lumière sur les effets plus larges des toxines Bt sur des insectes non ciblés. Cette connaissance est essentielle à la réussite des productions agricoles avec des insectes comme les coccinelles qui jouent un rôle biologique important en raison de leur prédation sur les ravageurs des cultures tels que les pucerons et les mouches blanches.
À l’heure actuelle, les effets des toxines Bt envers les insectes non ciblés ne sont pas compris : il a été rapporté que 91% des toxines Bt ont été testées sur 10 espèces d’insectes au maximum, dont la plupart sont présumées êtres des espèces cibles [14].
Des études indépendantes ont toutefois également démontré la liaison entre l’exposition aux toxines Bt avec une croissance anormale chez les escargots [15] et chez les trichoptères (voir [16] Bt Crops Threaten Aquatic Ecosystems, SiS 36).
Il a également été démontré que l’exposition aux toxines Bt entraîne une réduction de la vitalité chez les puces d’eau [17].
Les effets sur les espèces ‘hors-cibles’ doivent être étudiés en profondeur avant la dissémination expérimentale et commerciale de ces produits. Avec les plantes cultivées génétiquement modifiées avec le système insecticide Bt, et qui sont déjà largement commercialisées, on se retrouve avec la possibilité d’avoir à retirer ces OGM du marché, jusqu’à ce que la preuve irréfutable de leur sécurité et de leur inocuité soit rendue publique.

© 1999-2012 The Institute of Science in Society
Contact the Institute of Science in Society
MATERIAL ON THIS SITE MAY NOT BE REPRODUCED IN ANY FORM WITHOUT EXPLICIT PERMISSION. FOR PERMISSION, PLEASE CONTACT ISIS

Compléments et documents

La toxicité des protéines Bt est confirmée : des études truquées sont divulguées

Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
Adresse : 585 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr
Fichier : ISIS OGM Santé Bt Toxicity Confirmed Flawed Studies Exposed French version.3 allégée.