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"Une installation de biogaz pour les petits exploitants agricoles en Ethiopie" par Sue Edwards

Traduction et compléments de Jacques Hallard

samedi 7 janvier 2012, par Edwards Sue

ISIS Energie
Une installation de biogaz pour les petits exploitants agricoles en Ethiopie
Résultats présentés par l’équipe primée pour le développement durable
Biogas Plant for Smallholder Farmers in Ethiopia

Rapport de l’ISIS en date du 12/07/2011
Les installations de production de biogaz fournissent de l’énergie de manière durable et des fertilisants organiques : elles permettent d’augmenter le rendement des cultures d’pprovisionner les ménages en énergie propre et salubre. Sue Edwards avec Fentaw Ejigu et Hailu Araya de l’Institut du Développement Durable en Ethiopie.
L’article original en anglais s’intitule Biogas Plant for Smallholder Farmers in Ethiopia ; il peut être consulté sur le site http://www.i-sis.org.uk/Biogas_Plant_or_Smallholder_Farmers_in_Ethiopia.php
S’il vous plaît diffusez largement et à rediffusez, mais SVP donnez l’URL de l’original et conservez tous les liens vers des articles sur notre site ISIS
http://www.i-sis.org.uk/foodFutures.php
Food Futures Now - *Organic *Sustainable *Fossil Fuel Free. By Mae-Wan Ho
Sam Burcher, Lim Li Ching & others - ISIS-TWN Report Sustainable World 2nd report

Note de la rédaction
Le procédé de digestion anaérobie peut à la fois fournir de l’énergie et assurer la sécurité alimentaire pour les petites exploitations agricoles, tout en contribuant à l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, comme ISIS l’a maintes fois souligné depuis de nombreuses années (voir [1] Sustainable Agriculture and Off-Grid Renewable Energy, SiS 51) *.
* Version en Français intitulée "Une agriculture durable et des énergies renouvelables avec électricité hors réseau" par le Dr Mae-Wan Ho ; traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article185

Le modèle d’équipement pour produire du biogaz est désormais mis en valeur par l’Institut de développement durable basé à Addis-Abeba, en Ethiopie ; il a remporté le Prix Gothenburg 2011 pour le développement durable, conjointement avec Kofi Annan, ancien Secrétaire général des Nations Unies [2].

Le prix d’un million de couronnes suédoises est partagé à parts égales entre les gagnants.

L’Ethiopie est un pays montagneux situé dans la Corne de l’Afrique, avec plus de 45 pour cent du territoire qui sont situés à plus de 1.500 mètres d’altitude. C’est là que vit la majorité de la population, notamment les petits agriculteurs qui pratiquent une agriculture mixte, associant des plantes cultivées et l’élevage du bétail.

Le bétail joue un rôle pivot dans les petites exploitations agricoles, fournissant la puissance de traction pour les labours dans les champs, le fumier pour fertiliser les sols et du biogaz pour préparer la cuisine, à côté du bois de chauffage. L’élevage fournit également une réserve d’argent en fournissant de la viande et du lait qui sont destinés à la population urbaine.

Cependant, en raison de pâturages mal gérés, de la déforestation et du changement climatique, les agriculteurs sont confrontés à la dégradation des sols avec une perte par érosion, ainsi qu’à l’épuisement des éléments nutritifs dans les sols cultivés.

Pour aggraver les choses, les familles vivent avec la pollution atmosphérique provenant de la cuisson à l’intérieur des habitats, avec de la bouse séchée d’animaux et de la biomasse, brûlées dans des cuisinières inefficaces ; par ailleurs, il en résulte une pollution de l’eau du fait de systèmes d’épuration et d’assainissement médiocres ou inexistants. Ces facteurs nuisent gravement à la santé et à la capacité productive des ménages agricoles, en particulier chez les femmes et les enfants.

Le Programme national de biogaz pour l’Ethiopie (NBPE)

Le NBPE est un programme qui a été développé par le gouvernement éthiopien et l’organisation SNV (The Netherlands Development Organization), l’Organisation néerlandaise pour le développement, avec le soutien financier de l’HIVOS, une société néerlandaise de financement pour le développement international ; son bureau de coordination se trouve hébergé dans le Ministère de l’eau et de l’énergie.

Le projet vise à aider 14.000 familles éthiopiennes vivants sur de petites exploitations agricoles, pour l’installation et la gestion des équipements de digesteur anaérobie, afin de leur fournir une source d’énergie alternative, renouvelable, propre et sûre : le biogaz, dont on peut tirer 60% de méthane pour la cuisson et l’éclairage, ainsi qu’une partie de fertilisants organiques facilement disponibles (boues biologiques) pour améliorer les rendements des cultures. Les ménages sont également invités à relier leur installation des toilettes au digesteur, producteur de biogaz, pour améliorer l’assainissement.

Le NBPE travaille dans les quatre régions principales de cultures agricoles du pays : Amhara, Oromiya, Southern Nations, Nationalités et Populations (SNNP), et dans l’état régional du Tigray, au Nord de l’Ethiopie. Le premier digesteur de biogaz a été construit en 2009. À la fin du mois d’août 2011, 1.634 digesteurs de biogaz avaient été installés et ils sont maintenant en fonctionnement.

Dans la dernière partie de l’année 2009, l’Institut pour le Développement Durable (DSI), basé à Addis-Abeba, a été invité à être un partenaire dans le programme NBPE qui a des responsabilités particulières pour l’utilisation efficace des résidus des boues biologiques qui sont récupérées après la production du biogaz. Cet institut DSI a lancé l’utilisation du compost avec les petits agriculteurs en Ethiopie, et il accepte aussi bien de mettre en œuvre l’agroécologie que l’agriculture biologique (voir [2] Greening Ethiopia for Food Security & End to Poverty, SiS 37.

Effets du compost des boues biologiques sur les rendements agricoles

En Éthiopie, la superficie moyenne cultivée par ménage est de 0,96 ha et le rendement moyen des céréales est inférieur à 2.000 kg / ha. La sécurité alimentaire est donc une préoccupation primordiale pour près de 40 pour cent des familles vivant sur les petites exploitations agricoles. L’utilisation des engrais chimiques y est très faible ; par conséquent, il y a une opportunité pour des fertilisants biologiques de bonne qualité afin d’aider les agriculteurs à augmenter leur productivité.

L’Institut DSI a développé une méthode pour enregistrer les rendements dans les champs des agriculteurs (voir [3] The Tigray Project, SiS 23). Lorsque la culture est arrivée à maturité, le fermier et son agent de développement du DSI (homme ou femme) procèdent à la récolte de trois parcelles d’un mètre carré dans un champ. La récolte est battue (séparation de la partie comestible du grain et des enveloppes) : grains et paille sont pesés, puis retournés à l’agriculteur ; l’agent de développement enregistre les données de rendement, le nom de l’agriculteur, la plante cultivée et les intrants utilisés.

La paille est importante car c’est la principale source d’alimentation animale pendant la longue saison sèche. Des échantillons de la même plante sont pris à partir des champs de bonne, moyenne et pauvre apparence. Les intrants sont des composts de boues biologiques ou bien aucun autre intrant (vérification sur place) ni aucun engrais chimiques ne sont utilisés (surtout de l’urée) si l’agriculteur le décide ainsi.

La saison de culture 2010 a fournit la première occasion pour savoir si l’utilisation du compost des boues biologiques pourrait améliorer les rendements des récoltes, à la fois en grains et en paille.

Données sur les rendements observés au Tigré

En 2010, les unités pilotes du programme NBPE dans les ‘woredas’ (districts) et les villages du Tigray ont été Hintalo Wejerat, les villages d’Adi Gudum et de Waza, ainsi qu’Ofla, les villages d’Hashenge et de Mankere.

Les données ont été prises à partir des champs cultivés en blé ou en orge, car ce sont les cultures dominantes dans ces villages. Le climat dans l’Hintalo Wejerat est semi-aride et les sols sont peu profonds et pierreux. Les précipitations dans la région d’Ofla sont plus élevées, les sols sont profonds et les agriculteurs se sont habitués à utiliser un peu d’engrais chimiques.

La réponse à l’application du compost de boues biologiques est la suivante : le rendement moyen du blé a augmenté de 64%, tandis que les rendements en grains d’orge ont augmenté de 72% par rapport aux témoins. Même les fermiers avec des champs les plus pauvres ont bénéficié de l’utilisation des composts. Pour le blé, le rendement moyen d’un champ considéré comme ‘pauvre’ a plus que doublé, passant de 1.170 à 2.450 kg / ha, tandis que pour l’orge, l’augmentation a été de 1.150 à 2.270 kg / ha.

Dans le village de Waza, les agriculteurs cultivant de l’orge avaient inclus l’utilisation d’engrais chimiques dans leurs pratiques. Les résultats sont présentés dans la figure 1.

Comme on peut le constater, le compost ou les engrais chimiques ont presque permis de doubler le rendement en grains par rapport au témoin. Par ailleurs, l’utilisation du compost des boues biologiques était aussi efficace, ou légèrement supérieure que les engrais chimiques. Les effets sur le rendement en paille étaient plus faibles, ce qui indique que l’amélioration de la fourniture de fertilisants aux cultures a entraîné une augmentation plus importante dans la production des grains.

Sur Ofla, les agents de développement étaient axés sur la collecte des données concernant le rendement chez des agriculteurs qui cultivaient du blé. Sur Mankere, six agriculteurs qui avaient utilisé tous les trois traitements : engrais chimiques, compost et témoin sans aucun apport ; ils ont coopéré avec l’agent de développement qui a collecté des données sur un total de 541 m2 de parcelles. Les rendements moyens en grains ont été de 4.500 kg / ha avec l’utilisation de compost, 4.600 kg / ha avec les engrais chimiques et 3.600 kg / ha sur les parcelles témoins n’ayant rien reçu.

Sur Hashengi, les agriculteurs avaient utilisé une variété de blé amélioré, HAR 1685. Les rendements moyens des grains ont été de 4.600 kg / ha à la fois pour le témoin et pour le compost, et 5.300 kg / ha avec l’utilisation d’engrais chimiques.

Ces données montrent que l’application des composts de boues biologiques et l’utilisation des engrais chimiques ont augmenté les rendements de manière significative dans L’Hintalo Wejerat. Les fertilisants chimiques ont seulement donné un rendement plus élevé, là où les agriculteurs avaient utilisé une variété améliorée de blé qui a probablement réagi spécifiquement à l’apport des produits chimiques.

La politique du gouvernement éthiopien

En Septembre 2010, le gouvernement a lancé un Plan de croissance et de transformation de cinq ans (dit Plan GTP). L’agriculture est la principale source de croissance économique, tandis qu’un accent tout particulier a été mis sur l’autonomisation des femmes et des jeunes et pour assurer leurs bénéfices.
La fabrication et l’utilisation des fertilisants organiques, en particulier les composts, sont incorporés dans le cadre du programme de vulgarisation agricole. L’importance du compost dans la séquestration du carbone dans le sol est reconnue comme l’un des moyens pour atténuer et pour s’adapter au défi du changement climatique.

Le programme NBPE présente le potentiel de contribuer significativement à l’objectif fixé pour l’utilisation des composts et pour une amélioration la sécurité alimentaire en Ethiopie en 2015.

Pour conclure

Les installations de digestion anaérobie pour produire du biogaz sont en mesure de fournir une forme alternative d’énergie plus sûre, plus propre à la maison, ainsi que du compost organique pour les exploitations agricoles. Les premières données des études conduites sur le terrain montrent des améliorations dans le rendement des cultures qui sont équivalents, dans la plupart des cas, à ceux enregistrés avec l’utilisation d’engrais chimiques.

Les auteurs sont de l’Institut pour le Développement Durable, PO Box 171, code 1110, Addis-Abeba, Ethiopie : sustainet@yahoo.co.uk

Références
1. Ho MW. Sustainable Agriculture and off-grid renewable energy. ISIS contribution to UNCTAD Trade and Environment Review 2011, ASSURING FOOD SECURITY IN DEVELOPING COUNTRIES UNDER THE CHALLENGES OF CLIMATE CHANGE : CONTINUING WITH BUSINESS AS USUAL APPROACHES IS NOT AN OPTION, 18 July 2011, http://www.i-sis.org.uk/SustainableAgricultureOffGridRenewableEnergy.php ; also From the Editors, Science in Society 51, 2-4, 2011.
2. “Award Winners of the twelfth Gothenburg Award for Sustainable Development. Kofi Annan shares the award with food supply project Tigray in Ethiopia”. Press Release, Gothenbur 29 August 2011, http://www.isd.org.et/images/Other%20Publications/Gothenburg%20Award%20Press%20Release.pdf
3. Edwards S. The Tigray Project. Science in Society 23, 6-7, 2004.
4. Edwards S. Greening Ethiopia for food security & end to poverty. Science in Society 37, 42-46.

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Définitions et compléments en français :

Une installation de biogaz pour les petits exploitants agricoles en Ethiopie

Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
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Fichier : ISIS Energie Biogas Plant for Smallholder Farmers in Ethiopia French version.3 allégée