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"Une agriculture durable et des énergies renouvelables avec électricité hors réseau" par le Dr Mae-Wan Ho

Traduction et compléments de Jacques Hallard

mercredi 19 octobre 2011, par Ho Dr Mae-Wan

ISIS Agriculture Energie
Une agriculture durable et des énergies renouvelables avec électricité hors réseau
Sustainable Agriculture and Off-Grid Renewable Energy
Des petites fermes intégrées et utilisant des d’énergies renouvelables avec production d’électricité hors-réseau, peuvent constituer la solution parfaite pour faire face aux crises alimentaires et financières, tout en atténuant le réchauffement planétaire et en permettant une adaptation aux changements climatiques. Dr Mae-Wan Ho


Rapport de l’ISIS en date du 18/07/2011
 Contribution de l’ISIS à l’organisme CNUCED, La Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développment, sur le commerce et l’environnement (UNCTAD Trade and Environment Review 2011] : ‘Assurer la sécurité alimentaire dans les pays en développement face au défi du changement climatique : continuer sur la lancée actuelle n’est pas une option à retenir.
 La version originale en anglais avec toutes les références s’intiitule Sustainable Agriculture & Off-Grid Renewable Energy ; elle est accessible sur le site www.i-sis.org.uk/SustainableAgricultureOffGridRenewableEnergy.php ?
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Green Energies 100% Renewables by 2050
Par Mae-Wan Ho, Brett Cherry, Sam Burcher & Peter Saunders - Accès : _ http://www.i-sis.org.uk/GreenEnergies.php

En bref

Un consensus scientifique émergent admet que le passage à une agriculture durable à petite échelle et des systèmes alimentaires localisés seront à même de solutionner une partie, sinon toutes les causes de la détérioration de la productivité agricole, et d’assurer la conservation des ressources naturelles des sols et de l’eau, tout en limitant les effets néfastes sur le climat.

Pour améliorer substantiellement le niveau de vie, l’accès aux services énergétiques modernes est également crucial. Les petites fermes agro-écologiques sont connues pour être hautement productives, et elles sont idéalement bien desservies par les nouvelles énergies renouvelables qui peuvent être générées et utilisées sur le site de mise en oeuvre, et dans les situations de distribution d’électricité hors réseau ; ces petites structures agricoles se rencontrent le plus souvent rencontrées dans les pays en développement.

Un modèle qui intègre explicitement l’agriculture durable et les énergies renouvelables dans une économie circulaire, un modèle qui est calqué sur la nature, pourrait, dans le meilleur des cas, compenser les émissions de carbone et la consommation d’énergie de la nation toute entière, tout en revitalisant et en stimulant les économies locales et des possibilités d’emploi.

La crise alimentaire, l’instabilité économique mondiale et les troubles politiques

La flambée des prix alimentaires a été un déclencheur majeur pour les émeutes qui ont déstabilisé l’Afrique du Nord et le Moyen Orient [en 2011], et qui se sont étendues depuis à beaucoup d’autres pays africains [1, 2].

L’indice des prix des produits alimentaires de l’ONU [FAO], qui a atteint sa valeur record absolue en février et en mai 2011, a été en moyenne de 37 pour cent au-dessus de sa valeur d’il y a un an [3]. Cela se passe alors que l’économie mondiale est toujours tributaire de la crise financière et de la crise alimentaire de 2008, avec une dette publique qui est en expansion et un taux de chômage qui reste élevé [4].
Lester Brown, reconnu dans le monde entier comme un observateur éminent, a déclaré que la nourriture est rapidement devenue le pilote masqué de la politique mondiale [5], et que les crises alimentaires vont devenir plus fréquentes. « La rareté, la pénurie est la nouvelle norme ». Le monde est face à une demande croissante de denrées alimentaires alors que la population augmente, tandis que les plantes alimentaires et les sols cultivables sont détournés pour produire des biocarburants ; en 2010, les Etats-Unis, à eux seuls, ont transformé 126 millions de tonnes, sur les 400 millions de tonnes de leur production de maïs pour faire de l’éthanol.

Dans le même temps, la capacité mondiale de production des denrées alimentaires diminue. Les aquifères sont à sec dans les grands pays producteurs de nourritures, dans lesquels vit la moitié de la population mondiale. Il y a une érosion généralisée des sols cultivables et une désertification, alors que le réchauffement planétaire, avec des températures et des phénomènes météorologiques extrêmes, a déjà réduit les rendements des cultures [6-9], frappant dûrement les personnes les plus vulnérables en Afrique sub-saharienne et dans l’Asie du Sud.

« Nous sommes maintenant si près du point critique qu’une rupture dans le système alimentaire pourrait survenir à tout moment », nous avertit Lester Brown [5]. « La question est maintenant de savoir si le monde ne peut aller au-delà, en cessant de se concentrer sur les symptômes de la détérioration de la situation alimentaire, pour s’attaquer vraiment aux causes sous-jacentes. Si l’on ne peut pas produire avec des rendements supérieurs, en utilisant moins d’eau, et conserver les sols fertiles, de nombreuses zones agricoles cesseront d’être viables... Si nous ne pouvons pas passer à la vitesse supérieure pour stabiliser le climat, nous pourrions ne pas être en mesure d’éviter les emballements des prix des denrées alimentaires... Le temps est venu d’agir - avant que la crise alimentaire de 2011 ne devienne la nouvelle normalité ».

L’importance des petites exploitations familiales

Il y a un consensus scientifique émergent selon lequel le passage à l’agriculture durable à petite échelle et à des systèmes alimentaires localisés, sont tout à fait nécessaires, face à toutes les causes de la détérioration de la productivité agricole, ainsi que pour la conservation des sols cultivables et des ressources en eau, et tout en atténuant les changements climatiques. [10 - 13].

L’agriculture familiale à petite échelle est encore la forme dominante de l’agriculture dans le monde, en particulier dans les pays en développement d’Afrique et d’Asie. Environ 3 milliards de personnes vivent dans les zones rurales des pays en développement, qui comprennent également 80 pour cent des pauvres vivant dans des pays du monde en développement.

Environ 2,5 milliards d’habitants sont impliqués dans l’agriculture, comme agriculteurs ou comme ouvriers, et au moins 75 pour cent des fermes localisées dans la majorité des pays asiatiques et africains, ont moins de 2 ha de superfice [14].

Comme le souligne Ulrich Hoffmann [12], parmi les Objectifs du Millénaire pour le Développement = OMD), l’objectif numéro 1 vise à éradiquer la faim et la pauvreté extrême, et l’un des moyens les plus efficaces pour réduire de moitié le nombre d’affamés et de pauvres d’ici 2015, est de faire la transition vers des modes d’agriculture plus durables, « qui nourrissent à la fois les terres et les populations, et offrent l’opportunité d’un travail décent, rémunérateur et des emplois égaux entre les sexes ». Cela permettrait, dans le même temps, d’atteindre les objectifs de santé des numéros 3 et 6, en fournissant des régimes alimentaires plus diversifiés, plus sains, plus nutritifs et abordables en termes de coûts (voir aussi [10]).

En particulier, les petites fermes produisent généralement plus par hectare que les grandes exploitations ; à tel point, que les économistes qui ont longtemps observé et débattu de ce sujet, constatent une relation apparemment paradoxale et inverse entre la taille des exploitations et la productivité agricole [14]. Les petites exploitations sont de 2 à 10 fois plus productives et beaucoup plus rentables, et pas seulement dans le monde en développement [15].
Un recensement agricole américain de 1992 avait révélé une forte baisse du revenu net de 1.400 $ /acre à 12 $ /acre, lorsque la taille des exploitations passe de 4 acres à 6.709 acres [16].

Les petites exploitations agricoles sont associées [14] « à une utilisation intensive du travail domestique et communautaire, à un niveau élevé de motivation, ainsi qu’à des coûts de supervision et de transaction beaucoup plus faibles », ce qui peut bien expliquer les avantages économiques, mais pas la productivité réelle. Les petites exploitations sont très productives car elles sont généralement basées sur des systèmes intégrant la biodiversité de multiples cultures et du bétail, qui leur permettent d’optimiser les relations synergiques, tout en minimisant les déchets, en transformant ces déchets, comme le fumier de ferme, en des ressources d’éléments fertilisants.

En effet, ces systèmes représentent bien l’économie circulaire qui prévaut dans la nature [10] où l’énergie et les nutriments sont recyclés dans l’écosystème pour une productivité maximale, permettant ainsi une séquestration du carbone au-dessus et au-dessous du sol. Cette « thermodynamique des organismes vivants et des systèmes durables » est dérivée et expliquée en détail par ailleurs [17].

L’importance des énergies renouvelables

Pour améliorer substantiellement le niveau de vie, l’agriculture durable n’est pas suffisante, l’accès aux services énergétiques modernes est également crucial. Le manque d’accès aux énergies modernes est généralement reconnu comme le plus grand obstacle au développement durable. L’Agence internationale de l’énergie, dans son rapport de 2010 sur la pauvreté énergétique a déclaré [18] : « Le manque d’accès aux services énergétiques modernes est un obstacle sérieux au développement économique et social et doit être surmonté si l’on veut atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ».

Ce point de vue trouve un écho dans le rapport de la réunion ‘6th Annual Meeting of the African Science Academy Development Initiative’ (ASADI), concernant la 6éme rencontre annuelle de l’Académie des Sciences d’Afrique sur les initiatives en matière de développement[19] : « L’accès aux services énergétiques modernes, comme l’électricité et des combustibles de cuisson propres, est essentiel au développement d’un pays ».

Dans le monde, 1,4 milliard de personnes n’ont pas accès à l’électricité, 85 pour cent sont situés dans les zones rurales, et 2,7 milliards comptent encore sur les combustibles de la biomasse traditionnelle pour satisfaire les besoins de la cuisson et du chauffage [18]. Le plus grand défi se trouve en Afrique subsaharienne, où seulement 31 pour cent de la population a accès à l’électricité, soit le niveau le plus bas au monde. Et si l’Afrique du Sud est exclue, cette part diminue à 28 pour cent.

Il existe une corrélation étroite entre les niveaux de revenu et l’accès aux énergies modernes. Les pays avec une forte proportion de la population vivant avec un revenu de moins de 2 dollars par jour, ont tendance à avoir des taux d’électrification faible et une forte proportion de la population doit s’appuyer sur la biomasse traditionnelle.

L’Organisation Mondiale de la Santé estime que 1,45 million de personnes meurent prématurément chaque année par la pollution de l’air dans les habitations, pollution qui est due à une combustion inefficace de la biomasse. Une proportion importante d’enfants en bas âge est touchée par cette pollution et cette cause intervient plus dans les décès prématurés que le paludisme ou la tuberculose.

Les petites fermes agro-écologiques sont idéalement desservies par les nouvelles énergies renouvelables qui peuvent être générées et utilisées directement sur le site et hors-réseau, des situations qui sont le plus souvent rencontrées dans les pays en développement [20, 21]. Les énergies renouvelables générées sur place peuvent aussi desservir les entreprises locales, et donc stimuler les économies des territoires locaux et créer de nombreuses opportunités d’emplois.

Les systèmes de production d’électricité hors réseau à partir d’énergies renouvelables prennent place dans le monde entier

Au cours des dernières années, les systèmes de production d’électricité hors réseau sont entrés dans une phase dynamique, entraînés par la mise à disposition des options d’énergies renouvelables qui peuvent coûter moins cher que la connection à un réseau de distribution d’électricité.

Une société britannique annonce sur son site web [22] : « Des propriétaires d’habitations à travers le Royaume-Uni et en Europe en général sont en train d’examiner les avantages potentiels de la fourniture de certains, sinon de tous leurs besoins en énergie en électricité domestique à partir des sources hors réseau », et ceci pour beaucoup de raisons diverses : la connection au réseau est trop chère, les factures d’électricité peuvent être réduites, on peut se prémunir contre les coupures d’électricité et on participe à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les panneaux solaires, les éoliennes et de petits générateurs sont adaptés à la plupart des foyers, et un système avec une batterie connectée à un équipement chargeur / onduleur est le plus commode.
Le Bureau gouvernemental du Fair Trading britannique a lancé en janvier 2011 une enquête sur le marché de l’électricité hors réseau pour les énergies renouvelables récemment rendues opérationnelles, après les hausses des prix de l’énergie et les problèmes rencontrés pour l’approvisionnement au cours de l’hiver [23].

Des exemples de mise en œuvre des énergies renouvelables à petite échelle et d’une alimentation électrique hors réseau, se rencontrent un peu partout à travers l’Écosse [24], comme les salles d’attente éloignées pour l’embarquement sur les Iles de l’Ouest et la maisonnette du Mémorial Charles Inglis Clark sur Ben Nevis, en utilisant les turbines de petites éoliennes.

Des installations intégrées de panneaux photovoltaïques (PV), avec une batterie, sont souvent utilisées là où une petite quantité d’électricité est nécessaire, comme pour l’éclairage, le maintien de la puissance pour la surveillance des équipements ou pour l’entretien des installations de traitement des eaux.

Cependant, c’est dans les pays en développement que les énergies renouvelables trouvent naturellement leur place, là où les besoins en énergie sont généralement faibles, et où l’amélioration peut être rapide pour l’éclairage et les équipements électroniques de télécommunication qui ont des exigences de faible puissance ; ces énergies renouvelables, exploitées localement hors réseau, permettent d’effectuer une alimentation de manière fiable avec peu d’entretien, ou même pas du tout de maintenance. [21]

Trois exemples d’utilisation des énergies renouvelables à grande échelle, avec production d’électricité hors réseau, et avec des degrés divers de réussite : Grameen Shakti au Bangladesh [25], et ‘Éclairer l’Afrique’ [26], ainsi que le biogaz à travers la Campagne socialiste de la Chine [27].

Grameen Shakti est une organisation à but non lucratif fondée en 1996 pour promouvoir, développer, et approvisionner en énergie renouvelable les populations rurales pauvres du Bangladesh. La structure est devenue l’une des plus grandes et avec une croissance qui est la plus rapide dans le monde, parmi les sociétés d’énergie renouvelable, grâce à un système de microfinancement, à la formation de techniciens (principalement des femmes) pour l’installation, l’entretien et la réparation, pour la fourniture des services, y compris de rachat.

Cette organisation gère des centres de technologie pour la formation à travers le pays (voir [25] pour plus de détails). A la fin du mois de mai 2011, l’organisation Grameen Shakti avait installé 636.322 systèmes solaires domestiques, 18.046 installations de biogaz et 304.414 fourneaux améliorés. Elle a également formé un total de 28.932 techniciens dans 46 centres de technologie dans le pays, couvrant tous les districts. Ses bénéficiaires sont 40.000 villages et environ 4 millions de personnes sont concernées [28].

Ce qui avait commencé au Bangladesh sur une base locale, en tentant de fournir de la lumière à partir de l’énergie solaire pour la population rurale, a maintenant attiré le soutien de la Banque Mondiale. Le programme a commencé par la formation de ”femmes ingénieurs aux pieds nus” pour installer, entretenir et réparer des panneaux solaires, destinés à alimenter l’éclairage, la recharge des téléphones, des piles et d’autres accessoires *.
* Version en français intitulée "Grameen Shakti : une entreprise originale pour les énergies renouvelables au Bangladesh" par le Dr. Mae-Wan Ho ; traduction, définitions et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur le site http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article35

‘Éclairer l’Afrique’ est maintenant un programme conjoint entre la Banque mondiale et la Société Financière Internationale, qui vise à aider au développement commercial, et aux marchés de l’éclairage électrique hors réseau en Afrique sub-saharienne, dans le cadre d’efforts plus larges de la Banque Mondiale pour améliorer l’accès à l’énergie [29

Ce programme vise à fournir de façon sûre, abordable et moderne, l’éclairage en système hors réseau à 2,5 millions d’habitants en Afrique en 2012, avec une prévision de 250 millions en 2030. Le marché des produits d’éclairage hors réseau devrait croître de 40 à 50 pour cent annuellement. Rien qu’en 2010, les ventes de capteurs solaires et de lanternes portatives qui ont passé des tests de qualité de l’organisation ‘Éclairer l’Afrique’, ont augmenté de 70 pour cent en Afrique, permettant à plus de 672.000 personnes de disposer d’un éclairage propre, plus sûr et fiable, avec un accès amélioré à l’énergie (voir [26] pour plus de détails) ] *.
* Version en français intitulée "Le moyen de s’éclairer en Afrique" par le Dr. Mae-Wan Ho ; traduction, définitions et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur le site http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article172
La fourniture de biogaz est une partie importante du programme de la Campagne socialiste nouvelle en Chine ; cette initiative a été lancée en 2006 pour améliorer le bien-être des populations qui vivent en dehors des villes en plein essor, et qui comprennent 130 millions de travailleurs migrants et des populations rurales pauvres.

La Chine est l’un des premiers pays au monde à avoir utilisé la technologie du biogaz et ce dernier a été relancé dans des campagnes successives par l’actuel gouvernement, pour permettre l’assainissement domestique, pour fournir de l’énergie avec de l’électricité hors réseau et pour moderniser l’agriculture (voir [27, 30] pour plus de détails).

Le digesteur anaérobie produisant du biogaz est généralement combiné avec des équipements de serres pour cultiver des légumes et d’autres cultures, avec une porcherie, de sorte que le fumier des porcs et des êtres humains peut être dégradé par fermentation anaérobie, tandis que le dioxyde de carbone généré par les porcs peut stimuler la croissance des plantes élevées dans les serres.

Le biogaz produit généralement 60 pour cent de méthane et 40 pour cent de dioxyde de carbone, avec des traces d’autres gaz, et il peut être utilisé comme combustible pour la cuisine et pour produire de l’électricité, tandis que le résidu constitue un riche fertilisant pour les cultures. Il est un exemple de l’économie circulaire qui a servi les paysans chinois, dans le cadre de l’agriculture traditionnelle chinoise [31] *.
* Version en français intitulée "L’écologisation de la Chine : L’agriculture durable, les énergies vertes et l’économie circulaire" par le Dr. Mae-Wan Ho ; traduction, définitions et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur le site http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article62

Des modèles plus élaborés incluent des vergers et des panneaux solaires. Selon la dernière mise à jour du Ministère chinois de l’Agriculture [32] *, 35 millions de digesteurs domestiques à biogaz avaient été installés à la fin de l’année 2009 dans 56.500 programmes d’installations pour produire du biogaz. Cette phase de croissance exponentielle, qui a commencé autour de 2001, devrait se poursuivre, avec des digesteurs de tailles moyennes et grandes, à des fins communautaires et industrielles.
* Version en français intitulée "Le biogaz dans la ‘nouvelle campagne socialiste’ en milieu rural en Chine" par le Dr. Mae-Wan Ho ; traduction, définitions et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur le site http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article34

La digestion anaérobie des déchets organiques est une technologie d’énergie renouvelable qui est à la base d’une économie circulaire, véritablement écologique et hors-réseau ; elle pourrait faire une réelle différence pour améliorer la vie des populations pauvres dans les zones rurales (voir [12] pour une liste complète des avantages du biogaz) *.
* Version en français intitulée "Éradiquer la pauvreté dans les milieux ruraux avec les énergies renouvelables" par le Dr. Mae-Wan Ho ; traduction, définitions et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur le site http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article27

Intégration de l’agriculture durable et des énergies renouvelables dans une économie circulaire

Un modèle qui intègre explicitement l’agriculture durable et les énergies renouvelables réside dans le concept ’Dream Farm 2’, la ‘Ferme Visionnaire 2’ qui fonctionne selon les principes de l’économie circulaire (voir le chapitre final dans [10]). Il est calqué sur les principes de l’ingénieur en environnement George Chan et le système des digues et des étangs du Delta de la Rivière des Perles [dans le Sud de la Chine] [31] que les paysans chinois ont perfectionné au fil de milliers d’années, un système si productif qu’il a supporté jusqu’à 17 personnes par hectare à son apogée. Une structure idéale de la ‘Ferme Visionnaire 2’ est présentée dans la Figure 1. 

Figure 1 – Le concept de ‘Dream Farm 2’, la ‘Ferme Visionnaire’, intégrant la fourniture d’aliments et la génération d’une énergie locale qui optimise l’utilisation durable des ressources et minimise les déchets en conformité avec l’économie circulaire de la nature

Le diagramme est présenté avec un code de couleurs. Le rose est pour l’énergie, le vert est pour la production agricole, le bleu est pour la conservation de l’eau et la lutte contre les inondations, le noir concerne les déchets - au sens ordinaire du mot -, qui se trouvent rapidement convertis en ressources alimentaires et énergétiques. Le violet se rapporte à l’éducation et à la recherche en sciences et technologies innovantes.
Cette proposition de ‘Dream Farm’, la ‘Ferme Visionnaire’ idéale est complétée avec des installations de laboratoire pour les formations, ainsi que par un restaurant pour profiter de tous les produits frais récoltés sur place.
[Note du traducteur : ce concept de ‘Ferme Visionnaire’ à été présenté en français dans une démarche à travers les articles suivants :
* "Esquisse d’un avant-projet ERPV (Espace Rural Patrimonial et Visionnaire)" par Jacques Hallard. Site http://yonne.lautre.net/spip.php?article2297
* "Petite histoire d’une proposition : Dream Farm, Ferme Visionnaire" par Jacques Hallard. Site http://yonne.lautre.net/spip.php?article4192 ]

La ‘Ferme Visionnaire’ est un cadre idéal pour développer des industries artisanales telles que la conservation des aliments, la fabrication de fromage et l’élaboration de vins, ainsi que la fabrication de pain, activités auxquelles on peut ajouter des ateliers d’électronique, de recharge des batteries, des détaillants de composants pour les énergies renouvelables et les appareils électroniques. Les synergies entre l’agriculture et les industries sont évidentes, surtout dans le cas des industries alimentaires, car elles sont proches de la source de production. Par ailleurs, les déchets organiques provenant de ces industries peuvent aller tout de suite dans les digesteurs anaérobies pour être convertis en énergie et en fertilisants pour l’agriculture].

Certaines estimations préliminaires, basées sur des données et des statistiques mises à disposition par le gouvernement chinois et des universitaires, sur les économies d’énergie et les émissions de carbone évitées, sont présentées ci-après dans les tableaux 1 et 2 [33].

Comme on peut le voir dans le Tableau 1, la combinaison de l’agriculture biologique et de la digestion anaérobie en Chine présente un potentiel d’atténuation d’au moins 20 pour cent des émissions nationales des gaz à effet de serre et une possibilité d’économiser 14 pour cent de la consommation d’énergie.

Si le concept de Dream Farm 2 ou Ferme Visionnaire pouvait être universellement adopté, il permettrait en Chine une atténuation de 38 pour cent des émissions des gaz à effet de serre dans ce pays, et une économie de 44 pour cent de la consommation d’énergie, en ne comptant que sur la digestion anaérobie, essentiellement en raison des économies d’efficacité qui découlent de la possibilité d’utiliser la chaleur ‘résiduelle’ (déchet) dans des équipements combinés générant à la fois de la chaleur et de l’électricité [co-génération], et en évitant les pertes de la transmission à longue distance de l’électricité.

Une allocation prudente de 30 pour cent d’économie d’efficacité (sur un maximum d’environ 60 pour cent) donne des économies nettes des émissions évitées de carbone et d’énergie consommée, dans le tableau 2, qui, là encore, sont basées uniquement sur la digestion anaérobie. Les économies pourraient être beaucoup plus importantes si la consommation des lampes LED à basse consommation et d’autres appareils électroniques remplaçaient les modèles d’équipements conventionnels à forte consommation d’électricité.

Avec l’ajout de manière appropriée de l’énergie solaire, de l’énergie éolienne ou des micro centrales hydroélectriques, le cas échéant, avec des batteries pour stocker et maintenir une alimentation constante, des exploitations agricoles de ce type pourraient compenser, dans le meilleur des cas, les émissions de carbone et la consommation d’énergie de la nation chinoise toute entière.

Le surplus d’électricité produite, au niveau des fermes ainsi équipées, peut servir à l’approvisionnement des foyers domestiques et des entreprises situées dans le voisinage par un « mini-réseau » local, qui pourrait éventuellement être relié au réseau national de distribution, si nécessaire ou souhaitable. Cela pourrait être un modèle pour l’évolution naturelle de la connectivité et pour le partage de l’électricité. Et pour le moins, de telles ‘Fermes Visionnaires’ (Dream Farms), intégrant à la fois la production d’aliments et d’énergie, assureraient la sécurité alimentaire, tout en jouant leur rôle, avec d’autres secteurs de l’économie circulaire, pour diminuer leur empreinte écologique vis-à-vis du carbone.

Par ailleurs, ces entreprises agro-écologiques locales de petite taille, assurant la production d’énergie renouvelable, sont beaucoup moins sensibles et plus résiliantes face aux conditions climatiques extrêmes, de même qu’aux tremblements de terre et à d’éventuels actes de sabotage.

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Définitions et compléments

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Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles honoraire.
Adresse : 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr
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