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"Diversité de la Chine : le plus grand pays d’Asie avec ses 23 provinces et ses 5 régions autonomes dont le Xinjiang habité notamment par les Ouïghours, un peuple turcophone et l’une des cinquante-six nationalités du pays" par Jacques Hallard

jeudi 9 mars 2023, par Hallard Jacques

ISIAS Chine Populations Partie 1


Diversité de la Chine : le plus grand pays d’Asie avec ses 23 provinces et ses 5 régions autonomes dont le Xinjiang habité notamment par les Ouïghours, un peuple turcophone et l’une des cinquante-six nationalités du pays

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 08/03/2023

Plan du document : Préambule Introduction Sommaire Auteur


Préambule

La Chine est un pays très peuplé d’Asie de l’est. Son territoire immense présente des paysages variés : prairies, déserts, montagnes, lacs, rivières et plus de 14 000 km de littoral. Pékin, la capitale à l’architecture moderne, conserve également des sites historiques, comme le palais de la Cité interdite et la place Tian Anmen. Shanghaï est l’un des plus grands centres financiers mondiaux et comporte de nombreux gratte-ciels. L’emblématique Grande Muraille de Chine partage le nord du pays d’est en ouest…

Un peu de géographie : le découpage territorial de la Chine

provinces de Chine

Avant de découvrir chaque province et ses merveilles, faisons un petit point « géographie ». La Chine est le plus grand pays d’Asie, avec une superficie de 9 596 591 km². Sa capitale est Pékin (北京). Selon le découpage administratif territorial de la République Populaire de Chine, le territoire est officiellement divisé en 23 provinces : Anhui, Fujian, Gansu, Guangdong, Guizhou, Hainan, Hebei, Heilongjiang, Henan, Hubei, Hunan, Jiangsu, Jiangxi, Jilin, Liaoning, Qinghai, Shaanxi, Shandong, Shanxi, Sichuan, Yunnan et Zhejiang et Taïwan. Attention, la situation de Taïwan est assez compliquée. Nous y reviendrons dans la partie consacrée à l’île de Formose…

[Taïwan est un petit État insulaire situé à 180 km à l’est de la Chine, offrant des villes modernes, des temples chinois traditionnels, des stations thermales et une spectaculaire région montagneuse. Au nord, Taipei, la capitale du pays, est réputée pour ses marchés nocturnes animés, le musée national du Palais où sont exposées des œuvres de l’art chinois impérial, et Taipei 101, un gratte-ciel de 509 mètres de haut en forme de bambou et doté d’un observatoire. Google]

En dehors des provinces, il existe aussi 5 régions autonomes : la Mongolie-Intérieure, le Guangxi, le Tibet, le Ningxia et le Xinjiang). Et il faut également ajouter deux régions administratives spéciales (RAS) : Hong Kong et Macao.

Source de l’article complet : https://chinoistips.com/provinces-de-chine/

Autre présentation de la Chine

Source canadienne PDF (capture d’écran) : https://adauqar.uqar.ca/images/Pre%CC%81sentation_de_la_Chine.pdf

Les Ouïghours ou Ouïgours sont un peuple turcophone autrefois manichéens et aujourd’hui à majorité musulmane sunnite habitant la région autonome ouïghoure du Xinjiang en Chine et en Asie centrale. Ils représentent l’une des cinquante-six nationalités reconnues officiellement par la République populaire de Chine… Wikipédia

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Introduction

Ce dossier est constitué à usage pédagogique, non commercial, et il aborde certains aspects de la Chine sous l’angle de sa démographie comparée, de la représentation du pays avec ses drapeaux qui reflètent l’organisation territoriale de ce grand pays, des caractéristiques des populations chinoises, dont la baisse en cours du nombre d’habitants et la mosaïque des ethnies qui varient selon les territoires, ainsi que la politique conduite en Chine pour les nationalités minoritaires qui y vivent. Le dossier se poursuit avec quelques articles qui concernent l’épineux sujet des populations ouïghoures, qui subiraient une répression sévère par le régime chinois, amenant par exemple certains habitants de religion musulmane à trouver refuge en Turquie et à appeler à l’aide pour leurs coreligionnaires….

La suite de ce dossier fera l’objet d’une deuxième partie pour approfondir ce dernier sujet. Les documents sélectionnés pour cette première partie sont indiqués avec leurs accès dans le sommaire ci-après

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Sommaire

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  • Les grandes populations du monde (‘extrait d’un article Wikipédia)

Rang

(2021)

Pays ou territoire

Population

au 1er juillet 2021

Projection projetée

au 1er janvier 2023

-

MondeMonde

7 975 105 156 8 008 551 995
1

Drapeau de la République populaire de ChineChinea

1 425 893 465 1 425 849 288
2

Drapeau de l’IndeInde

1 407 563 842 1 422 026 528
3

Drapeau des États-UnisÉtats-Unisb

336 997 624 339 080 235
4

Drapeau de l’IndonésieIndonésie

273 753 191 276 386 389
5

Drapeau du PakistanPakistan

231 402 117 238 126 113
6

Drapeau du BrésilBrésil

214 326 223 215 802 222
7

Drapeau du NigeriaNigeria

213 401 323 221 153 992 …

Source de l’article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_population

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  • Les drapeaux de la république populaire de Chine d’après Wikipédia - Vous lisez un « bon article » labellisé en 2010.
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Drapeau de la république populaire de Chine.

Drapeau de la république populaire de Chine.

Le drapeau de la république populaire de Chine est le drapeau d’État et le pavillon marchand de la Chine populaire. C’est un champ rouge qui contient cinq étoiles à cinq branches dorées dans son canton (coin supérieur gauche). Le dessin comporte une grande étoile située dans l’angle supérieur gauche du drapeau avec quatre étoiles plus petites placées sur sa droite disposées sur un arc de cercle 13h30/16h30 centré sur celle-ci. Le rouge représente la révolution, les cinq étoiles et leur relation représentent l’unité du peuple chinois sous la direction du Parti communiste chinois. En mandarin standard, le drapeau est appelé 五星红旗 (pinyin Wǔxīng hóngqí), c’est-à-dire « le drapeau rouge aux cinq étoiles »2.

Le drapeau est conçu par Zeng Liansong, un citoyen de Rui’an, dans la province de Zhejiang. Il le dessine en réponse à une circulaire distribuée par le Comité préparatoire de la nouvelle conférence consultative politique (新 政治协商会议筹备会) de juillet 1949, peu après l’arrivée au pouvoir des communistes, à la suite de la guerre civile chinoise. 2 992 (ou 3 012, voir ci-dessous) propositions sont reçues pour le concours de conception du drapeau. Celle de Zeng fait partie des 38 finalistes. Après plusieurs réunions et de légères modifications, la conception de Zeng est choisie comme drapeau national. Le premier drapeau est hissé par Mao Zedong sur une estrade dominant la place Tian’anmen de Pékin, le 1er octobre 1949, lors d’une cérémonie proclamant la fondation de la République populaire de Chine.

D’autres drapeaux utilisés par la Chine font appel à un fond rouge pour symboliser la révolution, auquel s’ajoutent d’autres symboles. Le drapeau de l’Armée populaire de libération fait appel à l’étoile dorée suivie des caractères chinois 8 et 1. Le drapeau du Parti communiste chinois remplace toutes les étoiles par l’emblème du parti. En raison de la réglementation gouvernementale, les villes et provinces de la Chine ne peuvent pas avoir leur propre drapeau. Les seuls drapeaux régionaux qui existent sont ceux de Hong Kong et Macao, qui sont des régions administratives spéciales.

Drapeaux historiques - Article détaillé : Liste de drapeaux chinois.

Chine impériale

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Symbole décrivant l’usage, explicité ci-aprèsDrapeau de la Chine en 1889.

La dynastie Qing est la dernière dynastie impériale à avoir régné sur la Chine impériale, de 1644 à 1912. L’étendard du pays était composé d’un dragon sur un fond jaune-orange. Le dragon céleste transmettait le pouvoir cosmique à l’empereur pour pouvoir régner et prôner le développement en harmonie avec la nature3.

L’étendard fut d’abord triangulaire, ayant pour origine les oriflammes du Moyen Âge. Dans les années 1890, le drapeau devient rectangulaire et il est utilisé aussi comme pavillon de marine.

République de Chine

Articles détaillés : Drapeau à cinq couleurs et Drapeau de Taïwan.

Le Drapeau à cinq couleurs fut un des principaux symboles sur lesquels s’est fondée la République de Chine, représentant les cinq principaux groupes ethniques peuplant le pays : les Han en rouge, les Mandchous en jaune, les Mongols en bleu, les Hui en blanc et les Tibétains en noir4.

Le drapeau fut adopté par les révolutionnaires lors de la révolution de 1911 puis utilisé jusqu’à ce que le contrôle de la Chine soit passé des seigneurs de guerre du gouvernement de Beiyang (北洋政府) de Pékin aux nationalistes du Kuomintang, basés à Nankin, après l’expédition du Nord. Le drapeau officiel de la République devient en 1928 celui du gouvernement du Kuomintang.

L’article complet est sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Drapeau_de_la_r%C3%A9publique_populaire_de_Chine

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  • La Chine, un géant démographique aux pieds d’argile – Autrice : Isabelle Attané – Document ‘ined.fr’

    La Chine, premier pays au monde par sa population, occupe désormais une place prépondérante sur la scène économique et géopolitique mondiale.

Cette situation de premier plan, la Chine la doit d’abord à sa population : 1,3 milliard d’habitants aujourd’hui, le cinquième de l’humanité, devant l’Inde et l’Afrique. Toutefois, selon les dernières projections démographiques des Nations Unies (2012), la population chinoise pourrait ne jamais atteindre 1,5 milliard d’habitants, plafonnant à 1,45 milliard en 2030 avant d’amorcer une décroissance.

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Le « bonus démographique » ne durera pas…

La Chine détient aujourd’hui un avantage considérable sur ses principaux rivaux sur la scène économique mondiale : 70 % de la population est d’âge actif (15-59 ans), contre 65 % au Brésil, 62 % en Inde, 60 % en Europe de l’Ouest ou en Amérique du Nord, et 54 % au Japon. Elle comprend donc une proportion exceptionnellement faible de personnes économiquement dépendantes (enfants et personnes âgées).

Ce « bonus démographique » contribue à stimuler la croissance économique, mais il ne durera pas. Dès 2050, la Chine comptera 220 millions de personnes d’âge actif de moins qu’à l’heure actuelle. Un déficit de main d’œuvre se profile d’ores et déjà dans certains secteurs.

La baisse de la fécondité et l’allongement de la durée de la vie ne cessent de bouleverser la structure par âge de la population chinoise. Aussi les autorités commencent-elles à se soucier du vieillissement démographique, qui s’annonce extrêmement rapide.

Selon les projections démographiques des Nations unies, la part des personnes âgées de 65 ans ou plus, qui était de 7 % en 2000, devrait plus que tripler d’ici 2050, pour atteindre 24 %, la Chine comptant alors 330 millions de personnes âgées.

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… et le déficit de femmes se confirme 

La Chine présente une autre caractéristique susceptible de fragiliser sa société : un déficit de femmes. Elle est l’un des rares pays au monde à compter une majorité d’hommes : 104,9 pour 100 femmes en 2010. Ce ratio la place juste derrière l’Inde, qui est le pays le plus « masculin » au monde, avec 106,4 hommes pour 100 femmes en 2011 (contre 98,5 dans le reste du monde).

Comme pour l’Inde, ce surcroît d’hommes résulte de deux facteurs : la pratique croissante d’avortements sélectifs au détriment des filles et une surmortalité féminine anormale due à des négligences de traitement dans la petite enfance.

La préférence de la société chinoise pour les fils est le produit d’un système patriarcal et du confucianisme, qui maintien les femmes en position secondaire dans la famille et la société. Les fils ont l’avantage de perpétuer la lignée familiale et le devoir de prendre en charge les parents dans leur vieillesse. De plus, les couples devant limiter strictement le nombre de leurs enfants, les filles deviennent indésirables du simple fait qu’elles privent les parents de la possibilité d’avoir un fils.

Mais la coercition imposée par la politique de contrôle des naissances n’explique pas tout. Intervient aussi l’évolution récente des comportements de reproduction, qui a généralisé la famille de taille très restreinte. Dans le contexte des réformes économiques, avec l’augmentation du coût de la vie et la libéralisation sociale, de plus en plus de couples limitent spontanément la taille de leur famille. Cette volonté de réduire la descendance, jointe à la préférence pour les garçons, explique le développement important des avortements sélectifs selon le sexe.

Par ailleurs, la libéralisation du système de santé a rendu l’accès aux soins de plus en plus coûteux, obligeant les familles à effectuer un calcul coûts/bénéfices avant de faire soigner leurs enfants. Mais le résultat n’est pas le même pour les deux sexes. Moins valorisées, les filles ont également une mortalité infantile supérieure à celle des garçons.

Élever un fils pour ses vieux jours 

En dépit de la modernisation économique des dernières décennies, la femme chinoise est toujours jugée inférieure à l’homme. Le système clanique patriarcal, fondement de la société, voulait que l’on se marie tôt et que l’on ait beaucoup d’enfants, surtout des garçons. Aujourd’hui, le clan n’est plus la base de l’organisation sociale, mais son idéologie continue de dominer la vie quotidienne. Si le patrimoine familial n’est plus légalement transmis uniquement aux fils, le mariage patrilocal demeure la règle. Lorsqu’elle se marie, une fille quitte toujours sa famille biologique. Entièrement dévouée à sa belle-famille, elle ne doit plus rien à ses propres parents, pas même de s’occuper d’eux quand ils sont devenus vieux, cette charge incombant aux fils et aux belles-filles. Dans les campagnes, on sait qu’en l’absence de toute pension de retraite, il faut « élever un fils pour préparer sa vieillesse ». Pour des centaines de millions de paysans, un fils est la seule assurance vieillesse, l’unique garantie contre la maladie ou l’invalidité.

Déséquilibres sur le marché matrimonial 

L’enjeu démographique lié au déficit de filles est considérable. S’il concerne surtout, depuis trente ans, la population des enfants, il commence à se répercuter aux âges adultes à mesure que les cohortes déficitaires vieillissent. On estime ainsi le surplus d’hommes à 10% à 15% des cohortes d’âges successives, et ce dès les années 2010. Désormais, les hommes prétendant au mariage devront accepter des écarts d’âge entre époux plus importants et, leur prospection devant durer plus longtemps, leur âge au mariage devrait augmenter.

Pour répondre en partie à la disponibilité réduite en partenaires féminines, des réseaux nationaux et transnationaux se mettent en place. À la frontière sino-vietnamienne, par exemple, la migration des femmes à des fins de mariage se développe. À cela deux raisons : le déficit de femmes particulièrement aigu dans les provinces chinoises méridionales et l’augmentation des coûts du mariage pour les hommes depuis les réformes économiques des années 1980. Depuis quelques années, des réseaux de trafiquants de femmes sont régulièrement démantelés. Pour des paysans pauvres et peu éduqués, le recours aux trafiquants reste moins onéreux que la recherche d’une épouse par les voies traditionnelles. En outre, cette demande des paysans chinois répond aux stratégies économiques des migrantes vietnamiennes qui placent dans ce type de mariage l’espoir d’une vie meilleure.

Une préoccupation forte des autorités chinoises 

En Chine, diverses lois datant des années 1990 interdisent tout mauvais traitement ou discrimination à l’encontre des filles (infanticide, abandon), de même que la détermination prénatale du sexe et la pratique d’avortements sélectifs. Lancée en 2001, la campagne « Chérir les filles » cherche à promouvoir l’idée d’égalité des sexes, notamment dans les manuels scolaires, et à améliorer les conditions de vie des familles n’ayant pas eu de fils. Dans certaines régions, par exemple, les couples concernés bénéficient d’un fonds de soutien et sont exemptés d’impôts agricoles et de frais de scolarité obligatoire pour leurs filles, jusqu’à ce qu’elles soient en âge de se marier. Toutefois, les effets de cette campagne ne sont pas encore mesurables, le dernier recensement (2010) ayant révélé un rapport de masculinité à la naissance toujours très au-dessus de la norme : autour de 120 garçons pour 100 filles à la naissance, contre 105 à 106 dans des circonstances ordinaires.

Isabelle Attané - Courriel : attane@ined.fr

En savoir plus :

La Chine, pays le plus masculin du monde [focus sur]

Une Chine sans femme [publication]

Population et Sociétés n° 416

Population et Sociétés, n° 404

En chiffres : tous les pays du monde

La population en graphiques [animation]

Imaginez la population de demain [animation]

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Ined - Institut national d’études démographiques

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Source : https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-demo/focus/chine/

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  • Chine : la population baisse, une première depuis 60 ans – Document ‘latribune.fr’ - 17 Jan 2023, 8:18
    Pour la première fois depuis 1960-1961, lorsqu’une famine avait fait des dizaines de millions de morts, la population chinoise a baissé et cette chute s’annonce durable. Un véritable défi pour l’économie du pays qui devra revoir son système de retraites. Le paiement des pensions pourrait représenter 20% du PIB en 2100 - contre 4% en 2020. Selon les prévisions les plus pessimistes, la population chinoise ne pourrait tomber à un peu moins de 600 millions de personnes en 2100.

Photo - La population chinoise pourrait décliner chaque année de 1,1% en moyenne pour atteindre 587 millions d’habitants en 2100, soit moins de la moitié qu’aujourd’hui. (Crédits : TINGSHU WANG)

« 700 millions de chinois, et moi, et moi, et moi  » chantait Jacques Dutronc en 1966. On pourra peut-être ressortir son disque en 2100. En effet, la Chine, pays le plus peuplé du monde, où vivent un sixième des habitants de la planète, a vu l’an passé sa population baisser de 850.000 personnes, du jamais vu depuis six décennies. Selon les projections les plus pessimistes de ces démographes, la Chine pourrait n’avoir que 587 millions d’habitants en 2100, soit moins de la moitié qu’aujourd’hui.

Lire aussi : La population mondiale atteindra un pic dans les années 2080, à 10,4 milliards d’habitants (ONU)

Les Chinois étaient autrefois connus pour leurs familles nombreuses. La population a ainsi doublé depuis les années 1960, pour dépasser 1,4 milliard aujourd’hui. Mais en 2022, le nombre de naissances aura été de seulement 9,56 millions en Chine continentale, a annoncé mardi le Bureau national des statistiques (BNS). En parallèle, 10,41 millions de décès ont été recensés. La combinaison des deux phénomènes a produit une baisse de la population (moins 850.000 personnes).

Paradoxalement, cette baisse intervient malgré l’assouplissement de la politique de limitation des naissances ces dernières années. Il y a encore dix ans, les Chinois n’avaient le droit d’avoir qu’un enfant. Depuis 2021, ils peuvent en avoir trois.

La politique de l’enfant unique reste ancrée dans la culture

Le coût de la vie a fortement augmenté en Chine, tout comme celui de l’éducation d’un enfant. Le niveau d’études plus élevé des femmes repousse également les grossesses. « Il y a aussi l’habitude désormais d’avoir des petites familles, en raison de la politique de l’enfant unique en vigueur pendant des décennies », déclare à l’AFP Xiujian Peng, chercheuse spécialiste de la démographie chinoise à l’Université du Victoria (Australie). Le démographe indépendant He Yafu pointe aussi auprès de l’AFP « la baisse du nombre de femmes en âge de procréer, qui a diminué de cinq millions par an entre 2016 et 2021 ».

Un impact profond sur l’économie chinoise

En 2019, l’ONU pensait encore que la Chine n’atteindrait son pic de population qu’en 2031-2032. Mais depuis, le taux de fécondité s’est écroulé à 1,15 enfant par femme en 2021, loin derrière le seuil de renouvellement des générations (2,1). En France, il était de 1,8 en 2020.

« Le déclin et le vieillissement de la population (...) auront un impact profond sur l’économie chinoise, d’aujourd’hui à 2100 », prévient Xiujian Peng. « La baisse de la population active est synonyme de coût du travail plus élevé » et cela « affectera la compétitivité de la Chine sur le marché mondial », ajoute la chercheuse. Selon les projections de son équipe, sans réforme du système de retraite, le paiement des pensions pourrait représenter 20% du PIB en 2100 - contre 4% en 2020. « La pression sur les actifs pour assurer les soins des personnes âgées sera croissante », avertit He Yafu.

Des primes pour inciter les couples à se reproduire

Pour ne pas en arriver là, de nombreuses autorités locales ont lancé des mesures pour inciter les couples à procréer. La métropole de Shenzhen (sud) offre depuis quelques jours une prime à la naissance et des allocations versées jusqu’aux trois ans de l’enfant. Un couple accueillant son premier bébé recevra d’office 3.000 yuans (410 euros), voire 10.000 yuans (1.370 euros) s’il s’agit du troisième. Au total, une famille avec trois enfants percevra 37.500 yuans (5.150 euros) de primes et allocations.

La province du Shandong (est) offre 158 jours de congés maternité (60 de plus que la norme nationale), dès le premier enfant. La métropole de Changsha (centre), qui limite les achats de logement pour enrayer la spéculation, autorise les couples à deux ou trois enfants à acheter un appartement supplémentaire.

« Il faudrait surtout (que le gouvernement) affirme clairement qu’il n’y a plus de limite aux naissances, afin de recréer une véritable culture de la natalité », affirme He Yafu. « Un ensemble complet de mesures couvrant l’accouchement, la parentalité et l’éducation est nécessaire pour réduire le coût de l’éducation d’un enfant », estime Xiujian Peng. La population chinoise pourrait décliner chaque année de 1,1% en moyenne, selon une étude de l’Académie des sciences sociales de Shanghai.

En novembre dernier, la population mondiale a dépassé les 8 milliards d’habitants

Si la Chine perd des habitants, douze ans après avoir franchi le seuil des 7 milliards d’habitants, la population mondiale a dépassé ce mardi 15 novembre les 8 milliards d’habitants. Il faudra à peine un peu plus de temps, 15 ans, pour gagner un milliard d’habitants supplémentaires, et atteindre les 9 milliards d’habitants en 2037. L’ONU projette un « pic  » à 10,4 milliards dans les années 2080 et une stagnation jusqu’à la fin du siècle. En 1950, la population mondiale s’élevait à 2,5 milliards d’habitants en 1950. Les chiffres mondiaux masquent une immense diversité démographique. Ainsi, plus de la moitié de la croissance de la population d’ici 2050 viendra de seulement 8 pays selon l’ONU : République démocratique du Congo, Egypte, Ethiopie, Inde, Nigeria, Pakistan, Philippines et Tanzanie. Et à la fin du siècle, les trois villes les plus peuplées au monde seront africaines : Lagos au Nigeria, Kinshasa en RD Congo et Dar Es Salaam en Tanzanie. L’Inde devrait devenir dès cette année le pays le plus peuplé devant la Chine.

 (Avec AFP) - latribune.fr - Actualité économique et financière, bourse - Journal quotidien ...

La Tribune (quotidien)

Source : https://www.latribune.fr/economie/international/chine-la-population-baisse-une-premiere-depuis-60-ans-948166.html

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  • Chine : une mosaïque d’ethnies - Par Philippe Rekacewicz – Document ‘Jusqu’où ira la Chine ?, « Manière de voir » #85, Février-mars 2006 – Le Monde Diplomatique

    Grand format

Si 92 % de la population sont constitués de Han, les « Chinois d’origine », le pays est constitué de 55 minorités nationales, officiellement reconnues. Dix-huit d’entre elles comptent plus de 1 million de personnes, et notamment les Zhuang (16,2 millions), qui font partie de la famille des Kadaï.

Deux grandes minorités connaissent des mouvements indépendantistes : les Ouïgours et les Tibétains. Le Tibet a été intégré dans l’Empire Chinois sous la dynastie Qing en 1720, puis, après une courte indépendance de 1908 à 1929, assimilé à une région autonome… à l’autonomie très relative. L’installation des Han y a été favorisée. Désormais, les Tibétains sont légèrement moins nombreux que ces derniers.

On s’arrête, on réfléchit

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Chine Tibet Démographie Identité culturelle Langue Minorité nationale

Le Monde diplomatique

Fichier:Le monde diplomatique logo.svg — Wikipédia

Source : https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/chineethnies

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  • Les Ethnies en Chine – Document ‘cielchine.com’ - Communiqué
    On part souvent découvrir un nouveau pays pour apprécier ces beaux paysages et ces sites historiques, mais on voyage aussi au lointain pour découvrir une culture différente et le peuple qui y habite ! La rencontre avec les peuples est donc un élément essentiel lors de votre voyage en Chine.

La Chine est un vaste pays avec une grande population. Il est officiellement composé de 56 ethnies, 55 minorités et les Han dominants. le chinois Han compose 93% de la population. Par conséquent, les minorités ethniques avec 7% de population, sont la population chinoise minoritaire.

Les 55 groupes ethniques minoritaires sont par ordre alphabétique : Achang, Bai, Bonan, Bouyei, Blang, Dai, Daur, Deang, Dong, Dongxiang, Dulong, Ewenki, Gaoshan, Gelao, Hani, Hezhe, Hui, Jing, Jingpo, Jinuo, Kazak, Kirgiz, Coréen, Lahu, Li, Lisu, Luoba, Mandchou, Maonan, Menba, Miao, Mongol, Mulao, Naxi, Nu, Oroqen, Ozbek, Pumi, Qiang, Russe, Salar, Elle, Shui, Tadjik, Tatar, Tibétain, Tu, Tujia, Uigur, Wa, Xibe, Yao, Yi, Yugur, Zhuang.

Sommaire :

1. Répartition des groupes ethniques en Chine

2. 5 régions autonomes

3. Langue et écriture

4. Religion

5. Tableau récapitulatif Ethnies Chine

6. Conclusion

1. Répartition des groupes ethniques en Chine

De nombreux groupes ethniques partagent les vastes terres de la Chine alors que certains autres vivent dans leurs communautés individuelles. Les relations entre eux se sont formées au fil des années.

Bien qu’ils ne représentent qu’une faible proportion de la population chinoise globale, les 55 groupes ethniques minoritaires sont largement répartis dans différentes régions de Chine. Ils vivent principalement dans les vastes régions de l’ouest, du sud-ouest et du nord-ouest de la Chine. Vous pouvez voir des minorités dispersées dans le Yunnan, le Guizhou, le Guangxi, le Tibet, le Xinjiang, la Mongolie intérieure, le Ningxia, le Qinghai, le Gansu, le Sichuan, le Hunan, le Hubei et bien d’autres endroits.

Il faut mentionner ici que le Yunnan, la province avec 25 minorités ethniques, est une excellente destination pour explorer différentes minorités.

Zhuang a la plus grande population (plus de 16 millions) de groupes ethniques minoritaires.

L’ethnie majoritaire Han se trouve dans presque toutes les régions de la Chine, mais principalement dans les cours moyen et inférieur du fleuve Jaune, du fleuve Yangtze et de la rivière des Perles et dans la plaine du nord-est.

A noter que des ethnies minoritaires recensées en Chine sont aussi présente au Vietnam, vous pouvez vous amusez à comparer en regardant l’article de notre partenaire : Ethnies minoritaire au Vietnam.

2. Cinq régions autonomes

Compte tenu du volume de la population et de l’immense superficie de territoire concernée, le gouvernement chinois a mis en place différentes mesures afin d’améliorer l’égalité et l’harmonie des différentes populations ethniques.

Un de ses mesures concerne l’organisation territoriale, le pays a été divisé en 5 régions autonomes. En principe, le statut de région autonome s’applique aux provinces comptant historiquement d’importantes minorités nationales, telles que les Hui (Ningxia), les Mongols (Mongolie intérieure), les Zhuang (Guangxi), les Tibétains (Tibet) et les Ouïgours (Xinjiang ou Ouïgour).

3. Langue et écriture

Le peuple Han a sa propre langue parlée et écrite, connue sous le nom de mandarin, qui est couramment utilisée dans toute la Chine.

Les 54 groupes ethniques minoritaires (à l’exception de la minorité Hui) utilisent leurs propres langues parlées et 23 groupes ethniques minoritaires ont leurs propres langues écrites.

Certaines de ces ethnies ont même parfois plusieurs écritures, comme les Yi qui en ont trois, les Miao quatre, et les Da, deux. Elles possèdent souvent des institutions scolaires, parfois jusqu’à l’université, et dans certaines provinces, des instituts de minorités ethniques ont été créés, par exemple à Lanzhou, à Wuhan, à Chengdu, à Kunming.

Les autres ethnies utilisent l’écriture Hanzi dominante. La conservation de la langue est très importante pour la conservation et l’intégrité d’une ethnie.

4. Religions

Les religions pratiquées en Chine sont majoritairement Bouddhiste et musulmane. Viennent ensuite le Taoïsme et le christianisme. En outre Les Chinois pratiquent également divers cultes spécifiques à leurs mœurs et coutumes. L’adhésion exclusive à un culte donné n’est pas obligatoire : bouddhisme, taoïsme et religion traditionnelle chinoise peuvent se mélanger. Un pratiquant emprunte différents lieux de culte et pratiques aux divers courants.

Les populations suivantes sont de confession musulmane : Hui, Ouzbeks, Ouïgours, Kazakhs, Kirghiz, Tatars, Tajiks (chiites), Dongxiang, Salar et Bao’an, soit au total 24 millions de personnes, mais il y a aussi des membres de l’ethnie Han qui sont musulmans. Les bouddhistes en Chine sont les Han (pour partie), les Mongols, les Tibétains, les Mandchous et les Dai.

Le taoïsme et le Christianisme sont majoritairement présentent chez l’ethnie dominante Han.

Cependant, on ne considère pas de religion dominante en Chine. Les religions furent influencées par la Culture et la tradition chinoise, elles sont progressivement devenues des religions avec des spécificités chinoises. Les pratiquants religieux composent seulement une faible partie des 1.4 milliards de Chinois.

Tableau récapitulatif Ethnies Chine

Nom

Population

Région de vie

Achang 阿昌族 39,555 Yunnan
Bai 白族 1,933,510 Yunnan, Guizhou, Hunan
Blang 布朗族 ​119,639 Yunnan
Bonan 保安族 20,074 Gansu
Bouyei 布依族 2,870,034 Guizhou, Yunnan, Sichuan
Dai 傣族 1,261,311 Yunnan
Daur 达斡尔族 131,992 Inner Mongolia, Heilongjian, Xinjiang
De’ang 德昂族 20,556 Yunnan
Derung 独龙族 6,930 Yunnan
Dong 侗族 2,879,974 Guizhou, Hunan, Guangxi
Dongxiang 东乡族 621,500 Gansu, Ningxia, Qinghai, Xinjiang
Evenki 鄂温克族 30,875 Inner Mongolia, Heilongjiang
Gaoshan 高山族 4,009 Taiwan (population not counted), Fujian
Gelao 仡佬族 550,746 Guizhou, Guangxi, Yunnan, Sichuan
Gin 京族 28,199 Guangxi
Han 汉族 1,220,844,520 Throughout the country
Hani 哈尼族 1,660,932 Yunnan
Hezhen 赫哲族 5,354 Heilongjiang
Hui 回族 10,586,087 Concentrated in the Northwestern provinces of Ningxia, Gansu, Qinghai, Xinjiang, with communities across the country.
Jingpo 景颇族 147,828 Yunnan
Jino 基诺族 23,143 Yunnan
Kazakh 哈萨克族 1,462,588 Xinjing, Gansu, Qinghai
Korean 朝鲜族 1,830,929 Jilin, Liaoning, Heilongjiang, Beijing Koreatown
Kyrgyz 柯尔克孜族 186,708 Xinjiang, Heilongjiang
Lahu 拉祜族 485,966 Yunnan
Lhoba 珞巴 3,682 Tibet
Li 黎族 1,463,064 Hainan
Lisu 傈僳族 702,839 Yunnan, Sichuan
Manchu滿族 10,387,958 Liaoning, Jilin, Heilongjiang, Hebei, Beijing, Inner Mongolia
Maonan 毛南族 101,192 Guangxi
Miao 苗族 9,426,007 Guizhou, Hunan, Yunnan, Guangxi, Sichuan, Hainan, Hubei, Guangdong
Mongba 门巴族 10,561 Tibet
Mongol 蒙古族 5,981,849 Inner Mongolia,Liaoning, Jilin, Hebei, Xinjiang, Heilongjian, Qinghai, Henan
Mulao 仫佬族 216,257 Guangxi
Nakhi 纳西族 326,295 Yunnan, Sichuan
Nu 怒族 37,523 Yunnan
Oroqen 鄂伦春族 8,659 Inner Mongolia, Heilongjiang
Pumi 普米族 42,861 Yunnan
Qiang 羌族 309,576 Sichuan
Russian 俄罗斯族 15,393 Xinjiang, Inner Mongolia, Heilongjiang
Salar 撒拉族 130,607 Qinghai, Gansu, Xinjiang
She 畲族 708,651 Fujian, Zhejiang, Jiangxi, Guangdong, Anhui
Sui 水族 411,847 Guizhou, Guangxi
Tajik 塔吉克族 51,069 Xinjiang
Tartar 塔塔尔族 3,556 Xinjiang
Tibetan 藏族 6,282,187 Tibet, Qinghai, Sichuan, Gansu, Yunnan
Tu 土族 289,565 Qinghai, Gansu
Tujia 土家族 8,353,912 Hunnan, Hubei, Guizhou, Chongqing
Uyghur 维吾尔族 10,069,346 Xinjiang
Uzbek 乌孜别克族 10,569 Xinjiang
Wa 佤族 429,709 Yunnan
Xibe 锡伯 190,481 Xinjiang, Liaoning, Jilin
Yao 瑶族 2,796,003 Guangxi, Hunan, Yunna, Guangdong, Guizhou
Yi 彝族 8,714,393 Sichuan, Yunnan, Guizhou, Guangxi
Yugur 裕固族 14,378 Gansu
Zhuang 壮族 16,926,381 Guangxi, Yunnan, Guangdong, Guizhou, Hunan {{}}

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ethnie minoritaire bai Dali ChinePhoto - Les femmes Bai au marché de Dali, Yunnan Chine

Conclusion

En effet, au cours de toutes vos activités vous serez immergé dans ce monde unique de la vie ethnique. Un mode de vie ancestral, qui résiste par ses traditions à l’arrivée de la vie moderne.

Ils tirent encore le chariot avec leurs bœufs, pataugent dans la boue, font la cuisine au feu de bois, se lavent à l’eau froide, marche souvent pieds nus… Ils n’ont pas la vie facile semble-t-il. Cependant ils sont bien loin de se soucier du temps de connexion trop long avec leur téléphone portable (bien que cela évolue vite :).

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Source : https://www.cielchine.com/culture-chinoise/ethnies-chine/

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  • Les territoires dans la politique des nationalités minoritaires en Chine - Revue « EchoGéo » Publié le lundi 10 janvier 2022 par Céline Guilleux – Document ‘calenda.org’
    Résumé

La République populaire de Chine est constituée, sur plus de la moitié de sa superficie, de provinces et régions autonomes où les populations non han occupent entre un et deux cinquièmes de la population totale. La construction d’un État-nation moderne, désormais ouvert sur ses voisins, en font des périphéries dont le pouvoir central ne veut plus seulement s’assurer l’allégeance politique et l’exploitation économique mais aussi intégrer les populations et les territoires dans un discours unitaire sous couvert de développement national. La revue ÉchoGéo propose de réunir des contributions de géographes, d’anthropologues, de politologues ou de sociologues sur la place des territoires dans la politique des nationalités minoritaires en Chine, en privilégiant des cas d’études couvrant la variété des situations.

Annonce Français English - Appel à contribution – Géographie – 15 septembre 2022 - Catégories : Sociologie Ethnologie, anthropologie Économie Études du politique

Argumentaire

La République populaire de Chine (RPC) est constituée, sur plus de la moitié de sa superficie, de provinces et régions autonomes (RA) où les populations non han occupent entre un et deux cinquièmes de la population totale (Mongolie intérieure, Yunnan, Guizhou, Ningxia, Qinghai, Guangxi), plus de la moitié au Xinjiang et plus des huit dixièmes dans la RA du Tibet. Ces territoires sont principalement en situation frontalière. La construction d’un État-nation moderne, désormais ouvert sur ses voisins, en font des périphéries dont le pouvoir central ne veut plus seulement s’assurer l’allégeance politique et l’exploitation économique mais aussi intégrer les populations et les territoires dans un discours unitaire sous couvert de développement national. Les enjeux d’aujourd’hui remettent dès lors en question les classifications ethniques et les attributions territoriales – à de multiples échelles et sur l’ensemble de l’espace chinois – héritées des débuts du régime.

L’invention d’un État multinational

Dans le même temps où le nouveau pouvoir communiste lance le premier recensement national en 1953 en vue de dénombrer et localiser les populations sur l’ensemble du territoire de la RPC, il charge des scientifiques d’identifier, depuis l’exemple de la province du Yunnan, les éléments d’une catégorisation des peuples non han, à l’approche de la réunion de l’Assemblée populaire nationale de 1954 (Mullaney, 2010 et 2011). Cette classification se fait essentiellement sur la base de la langue et le pouvoir politique finit par dénombrer, en 1979, 55 nationalités minoritaires (shaoshu minzu) et une majoritaire, les Han (Gros, 2014). La RPC se définit alors comme un État multinational (duominzu guojia).

La notion de minzu est issue des traductions japonaises des théories européennes sur l’État-nation importées à la fin du xixe siècle et, après 1949, elle est enrichie par la théorie stalinienne des nationalités, depuis une URSS qui l’a déjà adaptée dans les années 1930 et pendant la lutte contre l’Allemagne nazie en revalorisant l’histoire et la culture russes en surplomb des autres nationalités. Même si les autorités chinoises amalgament des peuples différents – mais de langue commune ou approchante – et en ignorent d’autres, elles constituent, à l’orée du régime, des catégories qui reconnaissent ainsi des identités culturelles et territoriales spécifiques dans l’ensemble chinois. Elles en reconfigureront les contours jusqu’au début des réformes, après la Révolution culturelle. Le préambule de la constitution de 1982 précise l’importance de respecter les nationalités minoritaires en luttant contre « le chauvinisme grand han ».

Une telle lecture s’inscrit aussi dans le temps long du monde chinois et retrouve la notion de huaxia, qui englobait populations han et non han dans un même univers civilisationnel, sans frontière, et qui remonte à la période pré-impériale. L’Empire prolonge cette conception, et officialise le multiculturalisme au xviiie siècle lors de l’élargissement chinois au Tibet et au futur Xinjiang (Millward, 1998). Les documents impériaux sont rédigés en mandchou, chinois, mongol, tibétain et ouïghour, ce qui préfigure les cinq peuples constitutifs de la Chine républicaine.

La rupture introduite par le régime communiste tient surtout à une catégorisation politique beaucoup plus variée et faite à des échelles locales, au niveau des territoires habités par les « minorités ethniques ». La production des minzu, notamment dans le Sud-Ouest du pays, ouvre dès lors à des recherches officielles avec les instituts consacrés aux nationalités minoritaires, à de nouveaux encadrements suivant un maillage territorial beaucoup plus fin qu’auparavant, et à la valorisation – largement touristique – des identités minoritaires depuis les années 1980.

Les stratégies d’intégration territoriale

L’élaboration d’une politique des nationalités minoritaires s’accompagne de nouveaux découpages territoriaux, de regroupements, de subdivisions, de créations d’entités administratives aux échelles de la province, de la préfecture, du district et du canton. La reconnaissance des « minorités ethniques » se traduit par celle d’une « autonomie » accordée à une partie de ces territoires, permettant officiellement leur gouvernement par la nationalité minoritaire la plus nombreuse – la loi sur l’autonomie des nationalités minoritaires de la RPC est adoptée par l’Assemblée populaire nationale en 1984. Au niveau des provinces, des régions autonomes (zizhiqu) sont ainsi constituées : la Mongolie intérieure (créée en 1947, en faveur de la nationalité mongole), le Xinjiang (1955, nationalité ouïghoure), le Ningxia (1957, nationalité hui), le Guangxi (1958, nationalité zhuang) et le Tibet (1965, nationalité tibétaine).

Ce nouveau maillage n’est toutefois pas sans ambiguïté. Le pouvoir central ampute ainsi l’espace tibétain de la province du Qinghai (l’Amdo), des actuelles terres à l’ouest du Sichuan (le Kham), et de territoires abandonnés au Xinjiang et au Yunnan. Dans le Guangxi, il crée la catégorie « zhuang » en lui accordant un territoire autonome englobant d’autres « minorités » (Palmer Kaup, 2000). Ces manipulations territoriales sont surtout accompagnées d’un étroit contrôle par les autorités étatiques et du Parti. L’intégration politique de « nationalités minoritaires » reconnues dans un État multinational repose ainsi sur un encadrement territorial autoritaire.

Cette stratégie géopolitique de l’État central peut être perçue voire appropriée différemment suivant les nationalités concernées. Celles qui ont eu dans le passé un État propre, et/ou ont un territoire et une culture distincts de la Chine des Han historique – Mongols, Ouïghours, Tibétains… – n’ont qu’une autonomie fictive, qui cache, pour les populations locales, une situation de colonisation avec des migrations han organisées ou au mieux fortement encouragées par le gouvernement chinois. Il en va autrement pour des nationalités du Sud-Ouest, populations intégrées depuis longtemps dans l’espace chinois, qui peuvent aussi trouver profit dans leur statut minoritaire quant à des avantages concédés par l’État central. Ceux-ci peuvent se traduire en matière de planification des naissances, de représentation locale, d’un système judiciaire plus indulgent, d’éducation en langue locale, de promotions professionnelles et d’aides en tous genres.

Dans les années 2000, Pékin lance la politique de développement de l’Ouest (Xibu dakaifa). Il s’agit officiellement d’intégrer, après le littoral et le bassin du Yangzi, les marges frontalières – et ethniques – dans une dynamique chinoise de développement et d’intégration à l’ensemble national. Les outils mis en œuvre sont la création de zones franches accueillant des investissements chinois et étrangers, mais surtout la multiplication d’infrastructures – notamment ferroviaires et routières – raccordant les régions autonomes et provinces de la périphérie au centre du pays. La voie ferrée Pékin-Lhassa, qui lie les deux villes en 48 heures à partir de 2006, en est le plus bel exemple et elle sera complétée prochainement par une autre voie qui mettra Lhassa à 13 heures de Chengdu, capitale du Sichuan.

L’argument développementaliste légitime, dans les discours du pouvoir, une intégration dans un espace national d’anciennes marges qui doivent devenir à la fois des périphéries du centre chinois et des marches géopolitiquement stratégiques ouvertes sur l’Asie centrale, le subcontinent indien et l’Asie du Sud-Est. L’enjeu n’est plus dès lors de reconnaître des territoires spécifiques – et des nationalités non han – dans les limites de la RPC, mais de les assimiler dans un territoire unitaire et homogène de l’État-nation chinois.

Les territoires locaux au défi d’un nouveau récit national

La catégorie politique de minzu et l’« autonomie » des territoires dédiés aux nationalités minoritaires font aujourd’hui débat au niveau du gouvernement central. Celui-ci argue des manifestations de mars 2008 à Lhassa et de juillet 2009 à Urumqi pour reposer la question des notions établies au début du régime. La 4e Conférence centrale sur le travail ethnique de 2014 insiste sur le fait que les 56 nationalités et les autonomies territoriales sont désormais fixes, sans possibilité d’en ajouter de nouvelles. Surtout, les gouvernements d’origine ethniquement minoritaire ne représentent plus seulement leurs propres populations, mais doivent administrer avec responsabilité, dans le cadre de l’État-nation, des territoires devenus multi-ethniques, comprenant des Han – devenus souvent majoritaires – et d’autres minorités. Ils ont ainsi pour fonction d’être explicitement des relais du pouvoir central (Leibold, 2013 ; Ma, 2018).

L’arrivée de Xi Jinping au pouvoir en 2012-2013 décale la question en insistant sur un nouveau récit national d’une grande Chine, fait d’apports multiples. Dans ses discours-clés de 2017 et 2018, la minzu principale est la « nation chinoise » (zhonghua minzu). Si les singularités ethniques et les « autonomies » territoriales sont réaffirmées, les autorités doivent dorénavant faire avant tout la promotion de ce qui rassemble dans l’unité de la nation. Gengis Khan est ainsi moins un brillant conquérant mongol qu’un des personnages de l’histoire chinoise (Bulag, 2002).

En cela, un discours national recouvre les débats antérieurs de chercheurs comme Ma Rong, directeur de l’Institut de sociologie et d’anthropologie de l’université de Pékin, qui promouvait déjà dix ans plus tôt une « culturalisation » de la question ethnique à la place de sa « politicisation » initiale, un remplacement de la notion de « nationalité » (minzu) par celle de « groupe ethnique » (zuqun), et l’émergence de citoyens chinois sans droits particuliers liés à leur origine ethnique dans le cadre de la construction d’un État-nation moderne (Ma, 2007).

Les territoires des « nationalités minoritaires » sont ainsi devenus des enjeux de géopolitique intérieure et extérieure. Hier marges ethniques et souvent frontalières, que le régime s’appropriait pour verrouiller les limites de la RPC, ils sont devenus des lieux qui représentent à la fois des risques de déstabilisation voire de séparatisme aux yeux du pouvoir communiste – avec le contrôle totalitaire et la sinisation forcée des populations au Tibet et au Xinjiang –, des régions dont les ressources justifient une intégration forcée à l’espace économique chinois et des lieux d’ouverture sur les pays voisins – comme le bassin de la Dzoungarie sur l’axe ferroviaire majeur menant à l’Europe via le Kazakhstan.

Le dossier de la revue ÉchoGéo propose ainsi de réunir des contributions de géographes, d’anthropologues, de politologues ou de sociologues sur la place des territoires dans la politique des nationalités minoritaires, en privilégiant des cas d’études couvrant la variété des situations. La construction, l’instrumentalisation et les recompositions de ces territoires tiennent à l’action tant du pouvoir central et de ses relais que des nationalités minoritaires elles-mêmes à des échelles locales, et elles sont liées aux catégories politiques employées et aux discours déployés depuis la mise en place de la RPC. L’actualité des territoires liés aux minorités trouve aujourd’hui une nouvelle importance à la fois dans le développement économique d’un espace national, intégré et ouvert à la mondialisation, et dans l’affirmation d’un récit politique qui privilégie sur le multinational l’unité d’une « nation chinoise » (zhonghua minzu). Ce dossier contribuera, plus largement, à une réflexion sur la place des minorités et de l’ethnicité dans les dynamiques étatiques.

Les articles proposés pourront porter sur les implications, pour les minorités ethniques, du « rêve chinois » (zhongguo meng), selon la formule de l’ère Xi Jinping. Le tourisme joue un rôle prépondérant dans la promotion d’une idée de la nation, qui met en scène ses principes fondateurs d’unité politique et territoriale (David, 2007). Les études de cas pourront explorer les ressorts politiques du tourisme, ainsi que des politiques culturelles qui accompagnent ces projets de développement économique. De quelles manières le traitement du passé et l’instrumentalisation de la culture et de l’histoire servent-ils ces nouvelles stratégies d’intégration nationale ? Pourront également être interrogés les effets des découpages administratifs sur le statut « ethnique » du territoire, aussi bien dans une perspective historique (la période fondatrice des nationalités par exemple) que sur la période actuelle marquée par l’essor des mobilités du travail. Les migrations han vers les territoires de minorités ethniques sont-elles susceptibles à terme de remettre en question leur statut administratif particulier ? Ou le maintien du statu quo n’est-il pas, au contraire, au service d’une fiction de diversité et de reconnaissance ethnique ?

Modalités de contribution

Les articles de ce dossier Sur le Champs, rédigés en français, en anglais ou en espagnol, comporteront environ 30 000 signes (plus les illustrations). Merci de vous reporter aux recommandations aux auteurs pour les normes de présentation du texte, de la bibliographie et des illustrations. Les articles peuvent aussi être soumis sur cette même thématique mais pour d’autres rubriques trimestrielles : Sur le Métier, Sur l’Image, Sur l’Ecrit. Il doivent alors se conformer aux attentes de chacune d’elles, comme indiqué dans la ligne éditoriale. Ainsi, les éditeurs de la rubrique Sur l’Image attendent des textes qui proposent une réflexion sur le statut de l’image dans la recherche et/ou sur l’écriture géographique.

Tous les textes proposés devront être envoyés avant le 15 septembre 2022

à Béatrice David (beatrice.david-chan@univ-paris8.fr) et Thierry Sanjuan (tsanjuan@univ-paris1.fr), coordonnateurs du dossier, avec copie à Karine Delaunay (EchoGeo@univ-paris1.fr ), secrétaire éditoriale, qui les transmettra aux évaluateurs. Le dossier sera publié dans le n°63 d’EchoGéo (janvier-mars 2023).

Coordination du dossier

  • Béatrice David est maître de conférences en anthropologie à l’Université de Paris 8 Vincennes-Saint Denis (UMR 8238 Legs).
  • Thierry Sanjuan est Professeur des universités en géographie à l’université de Paris 1 Panthéon Sorbonne (UMR 8586 Prodig).
    Références citées

Allès É., 2013. L’islam de Chine. Un islam en situation minoritaire. Paris, Karthala, 192 p.

Barnett R., Akimer S. (dir.), 1994. Resistance and Reform in Tibet. Bloomington, Indiana University Press, 320 p.

Bulag U. E., 2002. The Mongols at China’s Edge. History and the Politics of National Unity. Lanham, Boulder, New York et Oxford, Rowman and Littlefield Publishers, 288 p.

Bulag U. E., 2021. Minority nationalities as Frankenstein’s monsters ? Reshaping “the Chinese nation” and China’s quest to become a “normal country”. The China Journal, vol. 86, p. 46-67.

Colin S., 2011. La Chine et ses frontières. Paris, Armand Colin, 288 p.

David B., 2007, Tourisme et politique : la sacralisation touristique de la nation en Chine. Hérodote, n° 125, p. 143-156.

Gros S., 2014. Devenirs identitaires dans les confins sino-tibétains : contextes et transformations. In Gros S. (dir.), Des mondes en devenir : interethnicité et production de la différence en Chine du Sud-Ouest. Cahiers d’Extrême-Asie, vol. 23, p. 63-102.

Harrell S., 1995. Introduction : civilizing projects and the reaction to them. In Harrell S. (dir.), Cultural Encounters on China’s Ethnic Frontiers. Seattle et Londres, University of Washington Press, p. 3-36.

Leibold J., 2013. Ethnic Policy in China : Is Reform Inevitable ? Honolulu, University of Hawai, East-West Center, Policy Studies n° 68, 65 p.

Ma R., 2007. A new perspective in guiding ethnic relations in the twenty-first century : “depolitization” of ethnicity in China. Asian Ethnicity, vol. 8, n° 3, p. 199-217.

Ma R., 2018. « Xi Jinping tongzhi jinqi jianghua zhiyin woguo minzu gongzuo de fangxiang” [Les récents discours du Camarade Xi Jinping guident la direction de notre travail ethnique]. Zhongyang shehui zhuyi xueyuan xuebao [Revue de l’Institut central du socialisme], n° 3, p. 121-126.

Mackerras C., 2003. China’s Ethnic Minorities and Globalization. London, New-York, Routledge, 216 p.

Mackerras C., 1994. China’s Minorities. Integration and Modernization in the Twentieth century. Hong Kong, Oxford, New York, Oxford University press, 364 p.

Millward J. A., 1998. Beyond the Pass : Economy, Ethnicity, and Empire in Qing Central Asia, 1759-1864. Stanford, Stanford University Press, 380 p.

Mullaney T. S., 2010. Seeing from the state : the role of social scientist in China’s ethnic classification project. Asian Ethnicity, vol. 11, n° 3, p. 325-342.

Mullaney T. S., 2011. Coming to Terms with the Nation. Ethnic Classification in Modern China. Berkeley, University of California Press, 256 p.

Palmer Kaup K., 2000. Creating the Zhuang. Ethnic Politics in China. Boulder et Londres, Lynne Rienner Publishers, 226 p.

Sanjuan T. (dir.), 2000. Les marges culturelles du territoire chinois. Géographie et cultures, n° 34, 143 p.

Thoraval J., 1999. La notion d’ethnicité appliquée à l’univers culturel chinois. Perspectives chinoises, n° 54, p. 44-59.

Yeh E., 2013. Taming Tibet. Landscape Transformation and the Gift of Development. Ithaca, N.Y., Cornell University Press, 344 p.

Catégories

Fichiers attachés : EchoGéo_Appel a articles_CHINE_LODEL Complet.pdf

Mots-clés : nationalité minoritaire, développement économique, dynamique étatique, récit national

Contacts - Béatrice David - courriel : beatrice [dot] david-chan [at] univ-paris8 [dot] fr - Thierry Sanjuan - courriel : tsanjuan [at] univ-paris1 [dot] fr - URLS de référence Revue Ech - Source de l’information : Karine Delaunay - courriel : EchoGeo [at] univ-paris1 [dot] fr - Pour citer cette annonce : « Les territoires dans la politique des nationalités minoritaires en Chine », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 10 janvier 2022, https://calenda.org/952207 - Imprimer Signaler ce document

OpenEdition Journals :

Source : https://calenda.org/952207

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  • Comprendre la répression des Ouïghours par le régime chinois - Delphine Le Feuvre Publié le 20/01/2022 à 10h41 - Mis à jour le 20/01/2022 – Document ‘geo.fr’ Ouïghours

Illustration - Les Ouïghours sont un peuple turcophone installés dans la province de Xinjiang. © Getty Images

Depuis plusieurs années, le pouvoir chinois est accusé d’atteintes graves aux libertés individuelles des Ouïghours, une ethnie majoritairement musulmane vivant dans la province chinoise du Xinjiang. Camps de “rééducation” visant à “siniser” les Ouïghours, surveillance massive ou encore stérilisation des femmes Ouïghoures… Cette répression est dénoncée par la communauté internationale. Le 20 janvier 2022, l’Assemblée nationale a reconnu le génocide et les crimes contre l’humanité que subissent les Ouïghours.

Installés dans la province du Xinjiang, vaste région très peu densément peuplée au nord-ouest de la Chine, les Ouïghours sont un peuple turcophone. La majorité des quelque 12 millions de Ouïghours sont de confession musulmane, tandis que certains sont de confession chrétienne. “Il existe des preuves de leur présence dans la région depuis des centaines, voire des milliers d’années”, avance Marie Holzman, sinologue et présidente de l’association Solidarité Chine.

Qui sont les Ouïghours ?

“C’est une ethnie radicalement différente de l’ethnie Han chinoise”, le groupe ethnique chinois majoritaire, poursuit-elle. “Il existe deux types de minorités ethniques en Chine : l’essentiel des minorités se sont sinisées, c’est-à-dire qu’elles sont intégrées en Chine et ne revendiquent pas énergiquement leur identité culturelle. D’autres ethnies, comme les Ouïghours, les Tibétains ou encore les Mongols, sont très attachées à leur passé culturel et à leur identité ethnique”, affirme la spécialiste de la Chine.

Contrairement aux Tibétains, qui sont présents dans la région autonome du Tibet mais aussi dans d’autres provinces chinoises, “les Ouïghours sont concentrés dans le Xinjiang”, précise-t-elle. “L’évolution des relations entre les Hans et ces ethnies est assez semblable : alors que la population chinoise Han s’est beaucoup développée depuis 1950, les contradictions ont empiré petit à petit, mais pas de manière linéaire”, rapporte Marie Holzman.

Les Ouïghours dans la Révolution culturelle

“Lors de la Révolution culturelle, une partie des Mongols, des Tibétains et des Ouïghours s’est engagée dans la bataille idéologique. Les Mongols ont été incroyablement martyrisés pendant la Révolution culturelle, tandis qu’au Tibet, pratiquement tous les temples ont été partiellement ou entièrement démolis. Au Xinjiang, les mosquées, et tout ce qui formait l’identité qui n’entrait pas dans le moule général de la Chine maoiste, ont été attaqués”, raconte Marie Holzman.

Après la mort de Mao, en 1976, un vent d’espoir a soufflé au sein des ethnies minoritaires, notamment car certains dirigeants, comme Hu Yaobang, ont promis de rendre les œuvres d’art et d’aider à la reconstruction. “Il y a eu une amélioration du climat dans toute la Chine dans les années 1980 et une partie des années 1990, avant que les choses ne ré-évoluent dans l’autre sens”, poursuit la spécialiste. “A la fin des années 1990, les Tibétains et les Ouïghours, qui avancent en parallèle dans leurs rapports avec le pouvoir chinois, ont connu une répression. Les Ouïghours désirent protéger leur identité dans tous ses aspects, de façon plus brutale que les Tibétains. Il va y avoir des affrontements violents avec les autorités chinoises”, rapporte Marie Holzman.

“Par exemple, les Chinois, qui mangent du porc, édifient des porcheries au Xinjiang, parfois près des mosquées ou dans des quartiers Ouïghours. Les conflits se multiplient entre les Ouïghours, les Hans et la police, avec des répressions extrêmement violentes à chaque fois”, raconte Marie Holzman.

La répression des Ouïghours en juillet 2009

En 2009, la situation des Ouïghours en Chine connaît un tournant. Au début du mois de juillets, de violentes émeutes opposant des Ouïghours et des Hans éclatent dans la capitale du Xinjiang, Urumqi, faisant, selon un bilan officiel communiqué par Pékin, 197 morts dont une majorité de Hans, 2 000 blessés et des milliers d’arrestations.

Pourquoi ces émeutes ? Tout part d’un conflit au sein d’une usine dans la province du Guangdong, au sud de la Chine, dans laquelle travaillent des ouvriers Ouïghours et des Hans. Dans la nuit du 25 au 26 juin 2009, les ouvriers ouïghours sont attaqués par des ouvriers hans après la rumeur d’un viol, qui aurait été commis par plusieurs Ouïghours sur une femme Han. Au moins deux Ouïghours sont tués.

Partagées sur les réseaux sociaux, des vidéos de lynchage suscitent l’indignation de la communauté musulmane dans le Xinjiang. “Les Ouïghours ont alors demandé des explications et justice, mais n’ont pas obtenu gain de cause”, rapporte Marie Holzman. “A partir de ces émeutes, les autorités chinoises ont dit que les Ouïghours étaient des terroristes, et qu’il fallait éradiquer le terrorisme, d’où une répression qui n’a fait que grandir”, poursuit-elle. “Ces émeutes ont été un prétexte : on constate aujourd’hui qu’il y a eu une évolution depuis l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir en 2012, la situation des Ouïghours n’ayant jamais cessé de se dégrader depuis.”

Une répression multiforme

La répression des Ouïghours s’effectue à plusieurs niveaux. “Les instruments de surveillance de la population n’ont été nulle part au monde aussi absolus qu’au Xinjiang. Des caméras de surveillance filtrent les entrées et les sorties des habitations, il n’y a pas un détail qui puisse échapper à l’œil de Pékin”, rapporte Marie Holzman, qui affirme qu’au sein du “système totalitaire chinois, on va surveiller que vous mangez pendant le jeûne du Ramadan, par exemple. Pour le moment, les Ouïghours ont compris qu’il faut qu’ils renoncent.”

Auparavant, les étudiants Ouïghours pouvaient effectuer des cursus à l’étranger. En 2017, des dizaines de Ouïghours, pour la plupart étudiants à l’université d’al-Azhar, ont été arrêtés au Caire par la police égyptienne, pour ensuite être extradés en Chine. C’est également à partir de cette date que les Ouïghours sont envoyés dans des camps d’internement, appelés “camps de rééducation” par les autorités chinoises. “Les Chinois sont très doués pour cacher les chiffres, mais on parle d’au moins un million de Ouïghours, soit un dixième de la population, qui serait passé par des camps. Mais c’est peut-être beaucoup plus”, affirme Marie Holzman. Selon plusieurs ONG, les Ouïghours y sont notamment forcés à lire les textes du Parti communiste, auquel ils doivent prêter allégeance, et à abandonner leur religion. Des femmes seraient également stérilisées de force.

La question du génocide

“On n’est pas au stade de l’extermination, mais on en est au stade des camps de concentration”, commente Marie Holzman. “Selon la propagande chinoise, le problème du Xinjiang est résolu, puisqu’ils se sont débarrassés de cette identité qui leur résistait plus ou moins”, conclut-elle.

Certains, au sein de la communauté internationale, vont jusqu’à parler de génocide. Depuis le mois de juin, au Royaume-Uni, un tribunal informel composé d’avocats et d’experts en droits humains est chargé de conclure si la Chine est coupable de crimes contre l’humanité et de génocide envers les Ouïghours. Le 20 janvier 2022, l’Assemblée nationale a reconnu le génocide et les crimes contre l’humanité que subissent les Ouïghours. La France devenait ainsi le 8e pays à faire cette reconnaissance solennelle et particulièrement attendue. Même si elle n’aura aucune valeur légale, le but est de déclencher une action de la part des puissances mondiales à l’encontre de Pékin.

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Le magazine de la photo et du voyage - Magazine photo : Geo.fr

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Source : https://www.geo.fr/geopolitique/comprendre-la-repression-des-ouighours-par-le-regime-chinois-207211

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  • Des populations ouïghoures ont trouvé refuge à Istanbul où elles peuvent redonner vie à leur culture qui, face à la persécution chinoise, est de plus en plus difficile à préserver. La Chine tente d’effacer leur culture. En exil, les Ouïghours font tout pour la préserver. De John Beck - Photographies de Patrick Wack - Publication 1 déc. 2022, 18:33 CET – Document ‘nationalgeographic.fr’

    Les jeunes filles prient dans l’arrière-salle d’un centre culturel qui sert de mosquée dans le quartier ...

Photo - Les jeunes filles prient dans l’arrière-salle d’un centre culturel qui sert de mosquée dans le quartier de Sefaköy à Istanbul, en Turquie, pour être séparées des membres masculins de la communauté locale, également réunis pour la prière. Les Ouïghours constituent l’un des groupes minoritaires les plus importants de Chine et, depuis des décennies, sont confrontés à diverses formes de persécution. Ceux qui étaient déjà installés en dehors de la Chine ou qui ont réussi à s’échapper à temps ont trouvé refuge dans d’autres pays comme la Turquie, où ils ont renoué avec leur religion et leurs traditions. Photographie de Patrick Wack

Instanbul, Turquie – Un matin du mois d’août, dans une cour d’école, des enfants se rassemblent au pied d’un mât pour drapeau où deux garçons plus âgés sont occupés à emmêler tissu et corde. Le vent chaud souffle entre les salles de classe et les dortoirs jusqu’à la mosquée au dôme de plomb, aux blocs résidentiels et à la lueur lointaine de la mer de Marmara. Les garçons hissent le drapeau qui se déploie, révélant une étoile et un croissant blancs sur un fond bleu ciel. Ce symbole représente le territoire que les enfants connaissent comme le Turkestan oriental, désormais la région chinoise du Xinjiang, mais aussi les Ouïghours qui y vivent, leur peuple. Il est strictement interdit de brandir ce drapeau au sein du Xinjiang.

Hebibullah Küseni, le doyen de l’école, commence à parler aux enfants via un haut-parleur ; il leur rappelle qu’ils ont appris leur langue maternelle, la science, la religion et la littérature ouïghoure. Il leur parle également du drapeau, dont l’étoile et le croissant symbolisent l’islam, et le bleu l’identité ethnique.

Des invitées utilisent leur téléphone pour prendre des photos lors d’un mariage ouïgour à Istanbul, en Turquie, où les exilés ont trouvé refuge et un moyen de renouer avec leur culture. Ce mariage comportait de la musique traditionnelle et des pratiques plus conservatrices, comme la célébration séparée des hommes et des femmes. Photographie de Patrick Wack

« Un jour, nous hisserons ce drapeau dans notre patrie », affirme Küseni. « Êtes-vous prêts ? »

« Oui ! », répondent les enfants à l’unisson, en plaçant leur main droite sur leur poitrine tandis que retentit Marche du salut, l’hymne du Turkestan oriental ; au Xinjiang, ça aussi, ce serait illégal. Les élèves se pressent ensuite dans une salle de réunion où une scène arborant des rideaux couleur lilas et une arche de fleurs blanches a été installée devant des rangées de chaises en plastique.

Des étudiant·es participent à une remise de diplôme après une session d’été dans une école d’Istanbul, où ils ont appris leur langue maternelle, ainsi que la science, la religion et la littérature ouïghoure, et ce afin de préserver l’identité ouïghoure, même en exil. Photographie de Patrick Wack

C’est la remise des diplômes d’une école d’été, mais en plus de recevoir des certificats, les enfants récitent des poèmes sur la région du monde qu’ils ne peuvent pas visiter, chantent des chansons qui y sont interdites et pratiquent des danses traditionnelles. Vêtus de tuniques marron, certains font la roue sur scène tandis que leurs camarades de classe applaudissent en rythme. Quelques parents brandissent des téléphones, capturant des scènes qui semblent normales et heureuses – pour les exilés ouïghours, exprimer sa culture représente presque toujours une forme de rébellion.

Préserver l’identité ouïghoure

Après la remise des diplômes, Takamasa Shayda s’attarde pour photographier ses deux fils de 13 et 10 ans, et sa fille de 6 ans, sous l’arche de fleurs. Shayda, qui est originaire d’Ürümqi, la capitale du Xinjiang, s’est installée avec son mari à Saitama, au Japon, en 2008. Depuis que les autorités chinoises ont intensifié leur campagne de répression envers les Ouïghours et d’autres minorités en 2017, elle n’a pas pu rentrer chez elle. À Saitama, ses enfants avaient commencé à perdre leur langue natale ; lorsqu’elle leur parlait ouïghour, ils ne répondaient qu’en japonais. Avec son mari, elle a donc décidé de les envoyer dans cette école d’Istanbul pour les vacances d’été.

Une jeune fille ouïghoure se tient dans un magasin d’Istanbul qui vend et fabrique un large éventail de vêtements traditionnels et d’articles culturels. Dans cette boutique, les enfants ouïghours peuvent également recevoir des cours après l’école pour être reliés à leur patrimoine et améliorer leurs compétences linguistiques. Photographie DE Patrick Wack

Articles en vente dans un magasin appartenant à la East Turkestan Nuzugum Culture and Family Foundation à Istanbul, en Turquie. Le Turkestan oriental, la région du Xinjiang en Chine, est le territoire d’origine du peuple ouïghour. Photographie de Patrick Wack

Dans l’école, la plupart des élèves vivent dans la région ; certains sont orphelins, leurs parents ayant été détenus par les autorités chinoises au Xinjiang. D’autres viennent d’Allemagne, de France et du Canada. Les deux garçons de Shayda ont appris à parler et à écrire en ouïghour, et l’un d’eux a récité un poème pendant la cérémonie. « Ça me donne presque envie de pleurer », confie-t-elle, en pensant à ce que ces dernières semaines signifient pour elle. « J’ai passé beaucoup de temps à l’étranger, et notre pays me manque tellement, comme à tous les Ouïghours. »

Les Ouïghours sont ethniquement et linguistiquement turcs, et sont majoritairement musulmans. Ils constituent l’un des groupes minoritaires les plus importants de Chine et sont confrontés, depuis des décennies, à diverses formes de persécution. Les tentatives répétées du président chinois Xi Jinping de les assimiler de force se sont traduites par l’interdiction de la plupart des formes d’expression culturelle et religieuse, par la détention de plus d’un million de personnes dans des prisons et des camps de « rééducation », par la stérilisation des femmes, et par le transfert des enfants dans des internats fermés.

Une infime partie des Ouïghours, qui n’était plus dans le pays ou qui a réussi à s’échapper à temps, a trouvé refuge à l’étranger. En dehors de l’Asie centrale, la population la plus importante, estimée à environ 50 000 personnes, se trouve en Turquie. D’autres groupes, qui sont moins nombreux bien qu’en augmentation, se sont installés en Amérique du Nord, en Europe et en Australie.

Supérieur : Des acheteur·euses se promènent dans le marché tentaculaire de Zeytinburnu, un quartier ouvrier de la partie européenne d’Istanbul, où vit la plus grande communauté d’exilés ouïghours de Turquie.

Fond : Des hommes et des garçons assistent à un mariage ouïgour plus conservateur dans le quartier d’Avcilar à Istanbul. Les hommes et les femmes célèbrent séparément. Photographies de Patrick Wack

De jeunes filles ouïghoures, qui participent à un programme d’émancipation des jeunes, se réunissent sur un toit dans le quartier aisé de Sefaköy à Istanbul pour une soirée composée de camaraderie et de nourriture. Le programme communautaire combine l’enseignement scolaire avec des cours de team building, de sport et d’art. Photographie de Patrick Wack

Face au processus d’extermination qui a lieu en Chine, qualifié de génocide par le gouvernement américain et les groupes de défense des droits humains, ces exilés ont dû préserver ce qu’ils pouvaient de l’identité ouïghoure. La culture ne se compose toutefois pas uniquement de coutumes figées ; elle est vivante, elle évolue constamment, façonnée par les croyances, les préférences et les circonstances. Les visions de l’identité ouïghoure varient au sein même de la diaspora, s’exprimant différemment selon les lieux, et notamment sous des formes qui, selon certains membres de la communauté, n’existeraient même au Xinjiang.

(À lire : L’esclavage, un fléau toujours d’actualité.)

L’importance de la littérature

De nombreux Ouïghours d’Istanbul se sont installés à Zeytinburnu, un quartier ouvrier qui a une longue histoire d’immigration. Ils y ont ouvert des restaurants, des boucheries, des épiceries et des boutiques vendant de la soie d’Etles, des doppas et des coussins ornés qui remplissaient autrefois les bazars du Xinjiang.

Dans une rue tranquille se trouve la librairie d’Abduljelil Turan, un homme de 64 ans qui écrit, imprime, numérise et distribue la littérature ouïghoure depuis les années 1990. Ayant grandi dans les années 1960 et 1970, en pleine révolution culturelle, il a vu la police brûler des livres confisqués dans les rues. Aujourd’hui, il craint que ces événements ne se reproduisent. « Le rôle principal de la boutique est de conserver. Parce que si les politiques de la Chine continuent comme ça, alors certains de ces livres disparaîtront du Turkestan oriental. »

Des élèves se rassemblent dans une cour d’école à Istanbul lors de la journée de remise des diplômes d’été. Photographie de Patrick Wack

Turan propose un éventail de titres en langue ouïghoure : romans, traductions d’œuvres d’auteurs tels qu’Henry Kissinger ou Jean-Paul Sartre, des livres pour enfants qui, il l’espère, contribueront à préserver sa langue maternelle. Il les expédie dans le monde entier ; dans son bureau, une grande boîte en carton est prête à être envoyée à Paris, à l’Institut ouïgour d’Europe.

Selon lui, la littérature et la poésie sont particulièrement importantes pour les Ouïghours, peut-être parce que l’écrit permettait d’exprimer indirectement des vérités et des opinions autrement inacceptables pour les autorités chinoises. Les livres les plus populaires de Turan sont des épopées historiques : dans un pays où il est interdit de s’écarter des récits historiques définis par l’État, les auteurs ouïghours ont déguisé des événements réels en romans. Cependant, cela n’a pas suffi à les sauver lorsque les mesures de répression ont commencé en 2017. Les intellectuels ont été parmi les premiers à être raflés. Turan longe les étagères, sous les noms et les visages des disparus. « Cet écrivain a disparu, ce poète a été emprisonné, celui-ci a été exilé. » Il ouvre au hasard une encyclopédie sur l’histoire ouïghoure et pointe du doigt un paragraphe sur un universitaire tué dans un camp de détention en 2017.

Memet Tohti Atawulla, 32 ans, universitaire, professeur de littérature et militant ouïghour à Istanbul, décrit avoir un jour pris un repas à Ürümqi avec un célèbre romancier ouïghour, lui aussi emprisonné depuis. « Nous essayons d’écrire tout ce qui doit être écrit, mais de manière différente, avec des noms différents », lui a expliqué le romancier. « Si vous, les jeunes générations, remplacez les noms, ils rentreront dans l’Histoire. »

La musique et la poésie

La musique ouïghoure, elle aussi, est intrinsèquement liée à la politique et à la résistance. L’une des chansons des écoliers a été enregistrée par le guitariste A. Kiliç, qui joue souvent avec sa femme H. Yenilmez. Kiliç s’est un jour produit dans des clubs de Pékin au sein d’un groupe spécialisé dans le flamenco pop, genre inspiré par les Gipsy Kings, et populaire dans les années 1990.

Après s’être retrouvé bloqué en Turquie par la répression, Kiliç a commencé à incorporer des instruments ouïghours dans ses compositions pour mettre en avant la souffrance de son peuple. L’un de ses morceaux inclut des vers qui auraient été écrits par le poète Abduqadir Jalalidin, alors détenu dans un centre de détention. En 2020, les mots du poète ont été diffusés par des codétenus qui les avaient mémorisés avant d’être libérés. On ignore cependant toujours où se trouve Jalalidin lui-même.

« Je ne demande que ma vie, je n’ai pas d’autre soif. Ces pensées silencieuses me tourmentent, je n’ai aucun moyen d’espérer. »

Des enfants ouïghours participent à un entraînement de boxe au Palwan Youth Empowerment Center, à Istanbul. Ce centre communautaire combine des programmes scolaires avec des cours de team building, de sport et d’art pour les jeunes de la diaspora ouïghoure locale. PHOTOGRAPHIE DE Patrick Wack

Supérieur : Un élève ouïghour pose, enveloppé du drapeau bleu ciel et blanc qui représente le peuple ouïghour.

Fond : Lors d’une cérémonie estivale de remise des diplômes dans une école d’Istanbul, un élève ouïghour aide à hisser un drapeau orné d’une étoile et d’un croissant blancs sur un fond bleu ciel, qui représente la région que les enfants connaissent sous le nom de Turkestan oriental. Le Turkestan oriental est la région chinoise du Xinjiang, ainsi que le territoire d’origine du peuple ouïghour. Il est strictement interdit de faire flotter ce drapeau au Xinjiang. Photographies de Patrick Wack

Kiliç et Yenilmez ont choisi de ne pas utiliser leurs noms complets ni de révéler leurs visages lorsqu’ils ont commencé à sortir de la musique, notamment parce que, même en Turquie, les Ouïghours ne sont pas totalement à l’abri des autorités chinoises. Les exilés décrivent le harcèlement qu’ils subissent via les réseaux sociaux ou les applications de messagerie, qui passe par des tentatives de les contraindre à espionner d’autres membres de la diaspora, et des menaces à l’encontre de leur famille restée au pays. Les Ouïghours d’Istanbul s’inquiètent également des relations de plus en plus amicales entre Ankara et Pékin. La police turque a déjà arrêté plusieurs Ouïghours, ce qui a eu pour effet de calmer certaines activités politiques et d’encourager des déplacements vers l’Europe.

Malgré l’importance de la population ouïghoure en Turquie, leur culture est menacée par une forme plus banale d’assimilation. Souvent, les parents déplorent le fait que leurs enfants souhaitent adopter tous les éléments de la culture de leur nouveau pays, de la langue turque à la cuisine.

(À lire : À la découverte des 3 000 mosquées d’Istanbul.)

Le rôle de la religion

Vivre en Turquie a déjà des conséquences plus subtiles. Les Ouïghours du pays, en particulier les générations plus âgées, pratiquent souvent une forme d’islam plus conservatrice qu’en Chine. Les femmes portent des niqabs, les hommes se laissent pousser de longues barbes, et la séparation des sexes est imposée lors des événements sociaux. À Sefaköy, un quartier situé non loin de Zeytinburnu, une mosquée spacieuse est installée en sous-sol ; selon l’imam Mahmoud Mohammed, 150 à 200 personnes s’y réunissent régulièrement.

Pour Mohammed, l’islam est synonyme d’identité ouïghoure, et est essentiel à sa survie en Chine. « Tout au long de l’histoire ouïghoure, la religion a été un bouclier pour protéger notre identité. Ceux qui ont de fortes croyances religieuses ont aussi une forte identité ethnique. »

Dilnur Reyhan, une universitaire qui dirige l’Institut ouïghour d’Europe à Paris, affirme ne pas reconnaître ces pratiques islamiques plus conservatrices. Selon elle, ces dernières sont en partie le résultat du financement et de l’encouragement des groupes islamiques ouïghours par les autorités turques.

L’écart de ressources entre les différents types d’organisations peut être frappant. À quelques rues de la mosquée de Sefaköy se trouve un centre jeunesse qui vise à inculquer un sentiment d’identité moderne aux jeunes Ouïghours par le biais de cours d’art, de boxe, de tutorat et de préparation aux examens universitaires. Il est installé dans un bâtiment partiellement rénové qui était autrefois un salon de beauté.

Reyhan, quant à elle, confie avoir eu du mal à trouver un lieu permanent pour son institut, qui enseigne des sujets tels que la musique traditionnelle et la danse aux Ouïghours de France, de plus en plus nombreux. Un après-midi de septembre, une foule portant des drapeaux bleus et des pancartes s’est rassemblée sur un boulevard verdoyant de la capitale française pour protester et sensibiliser à la situation au Xinjiang, en prononçant des discours et en scandant des slogans.

Reyhan était présent avec un groupe d’autres Ouïghours récemment arrivés d’Istanbul. Après la manifestation, ils se sont réunis et ont discuté des raisons de leur déplacement : ils ne se sentaient plus en sécurité en Turquie, et ne s’y sentaient pas chez eux.

Un journaliste de 29 ans, connu sous le pseudonyme d’Umun Ihsan pour préserver son anonymat, fait écho à Reyhan. « La communauté ouïghoure de Turquie est plus religieuse. En France, elle est plus laïque, donc les manières dont ils s’expriment sont différentes. »

Reyhan indique que, culturellement, elle se considère toujours comme musulmane, et qu’il lui est difficile de faire une distinction claire entre la culture ouïghoure et l’islam. Elle pense également que, grâce à la foi, des vies ont pu être sauvées parmi les exilés qui, séparés de leurs proches, parviennent à garder l’espoir qu’un jour, ils pourront rentrer chez eux.

John Beck est un rédacteur et journaliste établi à Istanbul, en Turquie. Son travail porte principalement sur les conflits, les déplacements de populations et leurs conséquences à long terme. | Patrick Wack, photographe français et explorateur National Geographic, a passé une décennie en Chine pour documenter la vie dans le pays. Ce travail a été financé par la National Geographic Society, qui s’engage à mettre en avant et à protéger les merveilles de notre monde.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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« National Geographic Wild est une chaîne de télévision française du groupe Fox Networks Group dont la programmation est constituée de documentaires sur la vie sauvage et la protection de l’environnement. Elle est la version française de la chaîne américaine NATIONAL GEOGRAPHIC WILD ». Wikipédia

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10.
Interview - Les Ouïghours ont besoin que le monde leur vienne en aide - By TAL SCHNEIDER 26 February 2023, 8:16 pm – Document ‘The Times of Israël’

Rushan Abbas, à gauche, tenant une photo de sa sœur Gulshan Abbas, aux côtés de son mari, Abdulhakim Idris, à Tel Aviv, le 19 décembre 2022. (Crédit : Tal Schneider/Times of Israel)Cliquer sur l’image pour l’agrandir

Lorsque Rushan Abbas a dénoncé la disparition de ses beaux-parents, Pékin a enlevé sa sœur, une de plus dans un système qui, selon elle, a incarcéré plus de 3 millions de personnes. Il y a quelques années, l’une des nièces de Rushan Abbas a essayé d’appeler sa mère en Chine. La nièce, qui vit aux États-Unis, était enceinte de huit mois et avait l’habitude de parler tous les jours à sa mère, un médecin à la retraite. Mais cette dernière, la Dr. Gulshan Abbas, n’a pas décroché ce jour de septembre 2018.

Au cours des cinq jours suivants, la nièce a tenté, encore et encore, mais en vain de joindre sa maman. Finalement, elle s’est tournée vers les voisins et des parents éloignés. C’est alors qu’elle a enfin découvert ce qui s’était passé. « Ils ont dit que la police était venue la chercher », se souvient Rushan Abbas, les larmes aux yeux.

Pour Rushan Abbas, la disparition de sa sœur, dont elle n’a plus de nouvelles depuis, est une horreur bien trop familière. Un an plus tôt, en avril 2017, les parents de son mari Abdulhakim Idris avaient également disparu, ainsi que ses frères et sœurs, beaux-parents et neveux, deux douzaines de membres de la famille au total. Quelques jours plus tôt, elle s’était exprimée sur leur disparition aux États-Unis. Les autorités chinoises semblent être à l’origine de l’enlèvement de sa sœur.

Idris et Abbas sont tous deux des musulmans sunnites originaires de la province chinoise du Xinjiang, à l’extrême nord-ouest du pays. Étendue tumultueuse de désert, de montagnes et de prairies le long de ce qui était autrefois la route de la soie du nord, le Xinjiang est aujourd’hui surtout connu comme le point zéro de la campagne de persécution massive menée par Pékin contre la minorité musulmane sunnite ouïgoure.

« Nous ne savons pas ce qui leur est arrivé. Je n’ai pas eu de nouvelles d’eux depuis 2017 », a déclaré Idris au sujet de ses proches lors d’une interview le mois dernier en Israël. « Et il n’y a pas que moi. Il y a environ 100 000 Ouïghours qui vivent en dehors de la région, environ 60 000 qui vivent en Turquie et tous ont perdu le contact avec leurs familles. Le régime chinois a construit un rempart à l’information. »

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Photo - Des tours de garde sur le mur d’enceinte du centre de détention n° 3 d’Urumqi à Dabancheng, dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, dans l’ouest de la Chine, le 23 avril 2021. (Crédit : AP/Mark Schiefelbein)

Abbas et Idris étaient en Israël dans le cadre d’une tournée mondiale visant à sensibiliser le public à la campagne menée par la Chine contre leur peuple, que certains décrivent comme un génocide. Dans le monde, les Ouïghours sont environ 12 millions ; environ 80 % d’entre eux vivent au Xinjiang, qu’ils appellent aussi Turkestan oriental, ce qui en fait la cinquième minorité de Chine. Depuis 2017, selon les estimations, les autorités chinoises ont envoyé plus de 1,8 million de Ouïghours dans des camps de travail forcé, laissant leurs familles dans l’ignorance concernant leur localisation et leur état de santé.

« Le régime chinois publie parfois les noms des personnes décédées dans les camps suite à une maladie, mais depuis qu’ils ont été emmenés en 2017, je n’ai reçu aucune information concernant mes parents », a déclaré Idris. « Si je savais qu’ils étaient décédés, je ferais mon deuil et je pleurerais pour eux. Le fait de ne pas savoir rend la situation très difficile. »

La Chine a d’abord nié l’existence de camps d’internement dans le Xinjiang, mais elle a ensuite changé de stratégie, décrivant les complexes comme des centres de formation professionnelle pour les Ouïgours qui pourraient autrement être attirés par l’extrémisme islamique. Les critiques décrivent l’éducation dispensée dans les camps comme un endoctrinement politique ; Pékin, qui ne tolère que très mal la dissidence, est depuis longtemps contrarié par les groupes séparatistes de la région et a justifié sa campagne en invoquant une série d’attentats terroristes perpétrés par des extrémistes ouïgours au cours de ces dix dernières années.

Les témoins et les survivants des camps affirment que la détention arbitraire n’est que le premier d’une longue liste de crimes potentiels contre l’Humanité perpétrés dans les centres, qui comprennent également le travail forcé, le viol, les abus sexuels, les expérimentations médicales, la torture, l’insalubrité, etc.

« Ces gens dans les camps, ils ne sont accusés d’aucun crime et ils sont soumis à une torture mentale et physique constante », a déclaré Abbas.

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Photo - Des résidents faisant la queue à l’intérieur du centre de service de formation professionnelle de la ville d’Artux, qui a déjà été révélé par des documents ayant fait l’objet d’une fuite comme étant un camp d’endoctrinement forcé dans le parc industriel de Kunshan à Artux, dans la région du Xinjiang, dans l’ouest de la Chine, le 3 décembre 2018. (Crédit : AP/Ng Han Guan/Archives)

En 2020, une enquête de Buzzfeed News, récompensée par le prix Pulitzer, a révélé l’étendue du réseau chinois de sites d’incarcération de masse, localisant plus de 250 centres de détention autour du Xinjiang grâce à des photos satellites et des témoignages. Les ressortissants étrangers qui avaient été internés, puis libérés, ont raconté avoir été séparés de leur famille, forcés à se déshabiller sans aucune intimité, s’être fait prendre leurs bijoux, s’être fait injecter des substances étrangères et faire absorber des produits chimiques pour perturber le cycle menstruel, puis avoir été contraints à des travaux forcés, principalement la cueillette du coton.

« Ils nous ont traités comme du bétail », a déclaré au site d’information un pharmacien kazakh qui avait été détenu dans l’un des camps.

Avant même la publication de cet article, la campagne menée par la Chine contre les Ouïghours était l’un des secrets les plus mal gardés au monde. Au cours des dix dernières années, la diaspora ouïgoure en Occident s’est efforcée de transmettre le peu d’informations provenant de Chine aux journalistes, aux décideurs politiques et au reste du monde.

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Illustration - Une vue satellite d’un centre de détention dans le comté de Yuli, Xinjiang, en Chine, tel qu’identifié par Buzzfeed News. (Crédit : Google Maps)

Selon Abbas, le nombre de 262 camps recensés par Buzzfeed est bien en deçà de la taille réelle du réseau carcéral chinois, qui, selon elle, compte entre 1 500 et 2 000 centres d’incarcération.

« Chacun d’entre eux contient environ 2 000 personnes – ou plus. Faites le calcul », a-t-elle déclaré, ce qui porte le nombre de détenus à un minimum de 3 millions de personnes.

Au-delà de la torture physique qu’ils subissent, les personnes envoyées dans les camps sont soumises à des méthodes visant à détruire tout sentiment d’être autre chose que de loyaux citoyens chinois.

« Ils doivent s’engager envers le parti communiste et renier leur ethnie et leur religion », a expliqué Abbas. « Il y a aussi le mariage forcé. Le gouvernement chinois offre de l’argent, un logement et des emplois aux hommes chinois de l’ethnie des Han pour qu’ils épousent des filles ouïgoures. Si une femme refuse un tel mariage forcé, toute sa famille sera envoyée dans les camps. »

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Photo - Un enfant se reposant près de l’entrée de la mosquée où une bannière en rouge indique « Aimez le parti, aimez le pays » dans le quartier de la vieille ville de Kashgar, dans la région du Xinjiang, dans l’ouest de la Chine, le 4 novembre 2017. (Crédit : Ng Han Guan/AP)

Le consulat de Chine à New York a réagi à l’article de BuzzFeed en affirmant que « la question concernant le Xinjiang ne concerne en aucun cas les droits de l’Homme, la religion ou l’ethnicité, mais la lutte contre le terrorisme violent et le séparatisme. C’est un mensonge sans fondement que d’affirmer qu’un million de Ouïghours ont été détenus dans la région ». « Le Xinjiang a mis en place des centres d’enseignement et de formation professionnels afin d’éradiquer les pensées extrémistes, de renforcer la sensibilisation à l’État de droit par l’éducation, d’améliorer les compétences professionnelles et de créer des opportunités d’emploi pour eux, afin que les personnes touchées par des idées extrémistes et violentes puissent réintégrer la société le plus rapidement possible. »

L’ambassade de Chine à Tel Aviv n’a pas répondu aux demandes de commentaires.

Six millions de raisons

Abbas, dont le militantisme remonte à son passage à l’université du Xinjiang dans les années 1980, a lancé Campagne pour les Ouïghours en 2017, à peu près au moment où la Chine a commencé à intensifier ses activités contre la communauté. Elle dit avoir été poussée à agir après avoir entendu une histoire concernant le frère d’une amie, un universitaire et écrivain reconnu qui avait été rédacteur en chef d’un magazine littéraire populaire à Urumqi, la capitale régionale.

« Lorsque la police est arrivée pour l’emmener dans un camp de travail forcé, il a choisi de sauter du huitième étage d’un immeuble de bureaux pour rejoindre la mort », a-t-elle déclaré.

En 2018, Abbas a rencontré des experts de l’Institut Hudson, un groupe conservateur de réflexion de Washington, où elle a parlé des camps et de la disparition de la famille de son mari.

Six jours plus tard, sa sœur a disparu. Elle ne pense pas qu’il s’agisse d’une coïncidence, mais plutôt d’un châtiment chinois pour sa décision de s’exprimer.

« Il n’y a pas beaucoup de Ouïgours actifs comme nous, en partie parce que le gouvernement chinois a recours à la violence et aux enlèvements contre quiconque a de la famille là-bas, comme cela est arrivé à ma sœur », dit-elle.

Néanmoins, elle a continué à tirer la sonnette d’alarme sur les activités de la Chine, s’adressant au Congrès et à des responsables aux États-Unis et dans le monde entier sur ce qui se passe au Xinjiang.

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Photo - Rushan Abbas, à Tel Aviv le 19 décembre 2022. (Crédit : Tal Schneider/Times of Israel)

Le voyage en Israël, entrecoupé d’arrêts en Jordanie et en Arabie saoudite, a été officiellement organisé autour de la projection de « In Search of My Sister », un film sur les efforts de Rushan Abbas pour retrouver Gulshan, réalisé par le cinéaste canadien indépendant Jawad Mir.

Les relations de Rushan Abbas avec le gouvernement américain remontent à la fin des années 1990, lorsqu’elle travaillait pour le service en langue ouïgoure lancé par Radio Free Asia, un organe américain de propagande.

Elle a ensuite servi de traductrice pour un groupe d’hommes ouïgours qui avaient été capturés par les États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001 et envoyés dans le tristement célèbre camp de prisonniers de Guantanamo Bay, à Cuba. Le gouvernement américain a ensuite admis qu’ils avaient été détenus par erreur, mais il a fallu attendre 2021 pour trouver des pays disposés à accueillir les derniers d’entre eux.

« Il aura fallu un certain temps pour réaliser que ce sont des personnes innocentes », se souvient-elle. « J’avais l’habitude de m’asseoir avec eux dans leurs chambres et de leur apporter des fruits et des sucreries. Au début, j’étais un peu inquiète parce que je ne savais pas qui ils étaient, mais après une brève enquête, j’ai compris que c’étaient de simples gens qui étaient heureux de me rencontrer. Et ils préféraient être emprisonnés dans un camp américain plutôt que d’être renvoyés au Pakistan ou en Chine. »

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Photo - Des détenus chinois ouïgours, qui à l’époque ont été autorisés à être libérés, tenant une pancarte improvisée vers des journalistes en visite dans le centre de détention Camp Iguana de la base navale américaine de Guantanamo Bay à Cuba, le 1er juin 2009. (Crédit : AP/Brennan Linsley/Armée américaine)

Son voyage en Israël a eu lieu à un moment potentiellement sensible dans les relations entre Israël et la Chine. Sous les précédents gouvernements dirigés par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, Israël s’était abstenu de critiquer la Chine au sujet du Xinjiang et avait tenté de résister aux pressions américaines visant à réduire ses relations commerciales avec le géant asiatique. Cette attitude a semblé changer sous le gouvernement de Naftali Bennett-Yair Lapid, qui a voté deux fois à l’ONU pour condamner la Chine pour ses persécutions contre les Ouïghours. Le 31 octobre 2022, un jour avant l’élection qui a rétabli Netanyahu au pouvoir, Israël a rejoint 49 autres pays en tant que signataires d’une déclaration soutenant un rapport des Nations unies sur les droits de l’Homme qui soulignait les abus de la Chine au Xinjiang.

Israël aurait fait l’objet de pressions de la part de Pékin pour rejoindre les 66 pays qui ont soutenu une déclaration chinoise déplorant le rapport.

« C’est le gouvernement chinois », a déclaré Abbas. « Ils ont manipulé et influencé et même édulcoré des documents inclus dans le rapport. Mais le rapport dit quand même qu’il y a beaucoup de preuves, et des rapports documentés. Et pourtant la communauté internationale ne peut rien faire à cause des immenses pouvoirs du gouvernement chinois. »

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Photo - Des Ouïghours et leurs partisans rassemblés en face du siège des Nations unies, à New York, le 15 mars 2018. (Crédit : AP/Seth Wenig)

Abbas et Idris ont toutes deux préféré ne pas répondre lorsqu’on leur a demandé si ils avaient rencontré des responsables israéliens au cours de leur visite, qui a été soutenue et aidée par le département d’État et l’ambassade des États-Unis, qui ont essayé d’organiser des rencontres. Selon Abbas, Idris et elle-même s’adressent régulièrement à des groupes communautaires juifs et à des mémoriaux de la Shoah. Si elle prend soin de ne pas minimiser le caractère unique du génocide du peuple juif par les nazis, Abbas et d’autres voient également d’effroyables similitudes.

Elle se souvient d’une conversation avec Avi Hoffman, un étudiant en rabbinat de la Yeshiva University, lors d’un rassemblement en 2021 devant le siège des Nations unies à New York.

« Une chose qu’il a dite est restée gravée dans ma mémoire », a-t-elle raconté. « Il a dit qu’en écoutant ce qui est arrivé au peuple ouïgour, le peuple juif a 6 millions de raisons de prendre des mesures fermes et de mettre fin aux atrocités. »

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