Accueil > Pour en savoir plus > Droits, Démocratie > Femmes & Féminisme > "La condition des femmes aujourd’hui : athées et musulmanes en Islam, (…)

"La condition des femmes aujourd’hui : athées et musulmanes en Islam, juives, laïques consacrées ou non dans l’église catholique, laïques républicaines, femmes franc-maçonnes et féministes" par Jacques Hallard

mercredi 8 février 2023, par Hallard Jacques


ISIAS Sociologie Femmes Condition des femmes

La condition des femmes aujourd’hui : athées et musulmanes en Islam, juives, laïques consacrées ou non dans l’église catholique, laïques républicaines, femmes franc-maçonnes et féministes

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 07/02/2023

Série ‘Condition des femmes’ – Partie 1

Plan du document : Préambule Introduction Sommaire Auteur


Préambule

« L’expression « condition féminine » est équivalente à « place de la femme dans la société » ; l’analyse de ce qu’est cette place dans une société peut permettre d’en savoir plus sur la culture, les normes liées et les relations et modes de pouvoir dans la société en question ». « Du point de vue des sciences sociales, la condition féminine décrit la position des femmes dans l’organisation sociale. Ainsi, cet article traite des différences de traitement entre les femmes et les hommes dans la société ». Wikipédia

Source ‘Vie Publique’

La chronologie des droits des femmes en France, d’après l’organisme ‘Vie publique’ fait l’objet d’uneannexe détaillée à la fin de ce dossier

NB. Le mot «  islam » avec une minuscule désigne la religion dont le prophète est Mahomet. Le terme d’ « Islam » avec une majuscule désigne la civilisation islamique dans son ensemble, « un ensemble de traits matériels, culturels et sociaux durables et identifiables ».

egalite-homme-femme-salaire-discrimination-emploi.jpg

Le 8 mars, la journée de la femme - Blagues illustrées, égalité & vie de couple -Source

Retour au début du dossier


Introduction

Ce dossier constitue la partie 1 de la SérieCondition des femmes’. Il réunit une sélection éclectique de textes actualisés dont la diversité des approches est résumée dans le titre : « La condition des femmes aujourd’hui : athées et musulmanes en Islam, juives, laïques consacrées ou non dans l’église catholique, laïques républicaines, femmes franc-maçonnes et féministes ».

Ce dossier – à usage didactique – est un prélude aux deux évènements suivants :

  • La Journée internationale des droits des femmes - Le 8 mars est une journée de sensibilisation et de mobilisation des élèves des écoles, collèges et lycées pour les droits des femmes et l’égalité entre les filles et les garçons. 8 mars 2023

    Droit des femmes et paix internationale

La Journée internationale des droits des femmes trouve son origine dans les manifestations de femmes au début du XXe siècle, en Europe et aux États-Unis, réclamant des meilleures conditions de travail et le droit de vote. C’est en 1975, lors de l’Année internationale de la femme, que l’Organisation des Nations Unies a commencé à célébrer la Journée internationale des femmes le 8 mars.


Une journée d’action - Le 8 mars est une journée de rassemblements à travers le monde et l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes. Traditionnellement les groupes et associations de femmes militantes préparent des événements partout dans le monde pour :

  • fêter les victoires et les acquis
  • faire entendre leurs revendications 
  • améliorer la situation des femmes
    C’est aussi l’occasion de mobiliser en faveur des droits des femmes et de leur participation à la vie politique et économique. Les Nations Unies définissent chaque année une thématique différente. ’Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes’ : l’édition 2023 

Le thème du 8 mars 2023 est ’Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes’. Ce thème est associé au thème prioritaire de la 67e session de la Commission de la condition de la femme (CSW-67), à savoir ’L’innovation, le changement technologique et l’éducation à l’ère du numérique pour réaliser l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles’.


Des actions pour promouvoir l’égalité - Le code de l’éducation rappelle que la transmission de la valeur d’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes, se fait dès l’école primaire. Cette politique publique est une condition nécessaire pour que, progressivement, les stéréotypes s’estompent et que d’autres modèles de comportement se construisent sans discrimination sexiste ni violence. Elle a pour finalité la constitution d’une culture de l’égalité et du respect mutuel. Les établissements sont invités à inscrire cette problématique dans leur règlement intérieur et à mettre en place, dans le cadre des comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC), des actions de sensibilisation et de formation dédiées. Les écoles, collèges et lycées sont également incités à nouer des partenariats, notamment avec des acteurs du monde économique et professionnel ou du secteur associatif, pour développer des projets éducatifs autour de l’égalité.

Ressources - Sites à consulter –

ONU Femmes ONU Femmes est l’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Journée internationale des femmes : le 8 mars

Ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances - L’action du ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances s’inscrit notamment dans les domaines suivants :

  • Prévention et lutte contre les violences sexistes et sexuelles
  • Égalité professionnelle et autonomie économique des femmes
  • Accès à la santé, aux droits sociaux et politiques
  • Une culture de l’égalité pour la jeunesse
  • Place des femmes dans les médias, la culture, le sport
  • Égalité entre les femmes et les hommes dans les territoires
    Actions gouvernementales pour l’égalité entre les femmes et les hommes

Pages à consulter :

Le ministère s’engage pour l’égalité professionnelle - Le ministère est engagé depuis 2018 dans un dialogue social soutenu pour décliner au plan ministériel l’accord du 30 novembre 2018 relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la fonction publique. Labellisation égalité professionnelle et diversité - Filles et garçons sur le chemin de l’égalité

De l’école à l’enseignement supérieur - Édition 2022 Parcours et résultats scolaires : quelles différences entre filles et garçons ? Consultez la publication de la DEPP

Source : https://www.education.gouv.fr/journee-internationale-des-droits-des-femmes-11900

Fichier:Logo Ministère de l’Éducation nationale et de la ...

Les femmes musulmanes du monde entier commémorent fièrement et puissamment la Journée mondiale du hijab cette année. Les objectifs de l’événement de 2013 incluent la diffusion des connaissances sur le hijab et la défense de la liberté religieuse et de la tolérance. Les femmes musulmanes organisent des événements pour commémorer cette journée et participent à des défilés de mode dans des villes du monde entier.

Les femmes musulmanes partagent des selfies et des récits personnels sur les réseaux sociaux sous les hashtags #HijabEmpowers et #WorldHijabDay. Le hijab a suscité des débats car certains le considèrent comme un symbole d’oppression, et d’autres y voient un signe d’indépendance personnelle. Les femmes musulmanes ont partagé leurs histoires et défendu leur droit de choisir de porter ou non le hijab.

Cette journée rappelle la valeur de la tolérance et de la liberté religieuse. Il met en valeur la résilience des femmes musulmanes qui enfilent hardiment le hijab face aux défis. En conclusion, la Journée mondiale du hijab 2023 est l’occasion pour les femmes musulmanes du monde entier de célébrer, de réfléchir et de se sentir autonomes.

Source : https://www.centre-al-forqane.be/les-femmes-musulmanes-celebrent-la-journee-mondiale-du-hijab-2023

Selon Wikipédia : « Le World Hijab Day (« journée mondiale du hidjab » en anglais2) est le premier février depuis 2013. En 2016, il a été pratiqué dans 140 pays. En France, le premier Hijab Day a eu lieu à Lyon en février 2015, ce qui a suscité un véritable buzz sur la toile. Puis une seconde édition a eu lieu à Sciences Po Paris le 20 avril 2016… »

1er février : qui osera célébrer la journée mondiale du hijab 2023 ?

À la suite du meurtre brutal, le 22 septembre 2022, de Mahsa Amini par la police des mœurs iraniennes pour ne pas avoir convenablement ajusté son hijab, ainsi qu’au retour de l’obligation du voile intégral pour les femmes afghanes, qui va oser célébrer la Journée mondiale du hijab 2023 ? Qu’on le veuille ou non, le hijab est devenu le symbole de l’oppression de la République islamique d’Iran, en particulier de son oppression des femmes. Depuis septembre 2022, des femmes manifestent en brûlant leur foulard et en se coupant les cheveux, deux gestes symboles de leur quête de liberté. Pour la première fois, elles sont franchement soutenues par les hommes, ceux qui ne soutiennent pas le régime. Le 7 mai 2022, dans un décret rendu public devant la presse à Kaboul, le chef suprême des talibans, Hibatullah Akhundzada, qui dirige aujourd’hui l’Afghanistan, a ordonné que les femmes portent ’un tchadri (autre nom de la burqa), car c’est traditionnel et respectueux’. Après la fermeture des collèges et lycées aux filles, cette nouvelle mesure est la plus sévère restriction à la liberté des femmes depuis le retour au pouvoir des talibans à la mi-août 2021. « Les femmes qui ne sont ni trop jeunes ni trop vieilles devraient voiler leur visage quand elles font face à un homme qui n’est pas membre de leur famille », pour éviter la provocation, ajoute ce décret. Les talibans déjà rendu la burqa obligatoire lors de leur premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001. À la suite de la révolution islamique de 1979, les autorités iraniennes ont imposé un code vestimentaire obligatoire obligeant toutes les femmes à porter un foulard et des vêtements amples qui dissimulent leur silhouette en public. Sans être obligatoire, cette coutume ancestrale a resurgi dans le monde arabe comme une traînée de poudre et s’est imposée aux sociétés arabo-musulmanes à partir des années 1980. Du Caire à Tanger, alors qu’au milieu des années 1980, seule une petite minorité de femmes portait un foulard pour cacher leur chevelure et leur cou, souvent des femmes issues de campagnes ou appartenant à des milieux religieux stricts, deux décennies plus tard, elles n’étaient plus qu’une minorité à ne pas le porter. Cette symbolique ultra-conservatrice, plus que religieuse, est devenue la norme jusque dans les banlieues des métropoles européennes.

En 2023, à New York, une Américaine d’origine bangladaise, Nazma Khan a lancé la Journée mondiale du hijab (World Hijab Day) afin ’de sensibiliser et de normaliser le port du hijab’ dans un but de tolérance religieuse. En 2017, l’État de New York a reconnu la Journée mondiale du hijab et un événement marquant cette journée a été organisé à la Chambre des communes, en présence de Theresa May (ancienne première ministre britannique). La date retenue pour cette journée, le 1er février, est plutôt mal choisie, c’est celle du retour en Iran de l’ayatollah Khomeini, celui-là même qui a instauré en Iran une dictature religieuse qui n’a rien à voir avec la tolérance mise en avant par les promoteurs de cette journée du hidjab. Malheureusement, cette date du 1er février est bien un choix assumé en raison de sa symbolique.

https://images.squarespace-cdn.com/content/v1/5bae918e704680563c7811b9/57ae11d1-e7aa-4c34-ace2-2452c11e414e/hij.png?format=2500w

Les Nations unies se sont emparées du symbole, en instaurant une Semaine de l’harmonie interconfessionnelle qui commence ce même 1er février (la symbolique est totalement assumée). En ce jour, les promoteurs du hijab invitent toutes les femmes à « éprouver un sentiment de libération » en essayant le voile ne serait-ce qu’une journée. D’aucuns ont suggéré que les femmes voilées animées d’un esprit de tolérance, profitent de la deuxième journée de cette semaine interconfessionelle à se dévoiler afin d’éprouver, à leur tour, le sentiment de la libération. L’idée, on s’en doute, n’a pas été retenue. Le 1er février était aussi l’occasion à Neauphle-le-château (où Khomeiny avait vécu ses mois d’exil en France), d’une manifestation commémorative en l’honneur de l’ayatollah et du régime qu’il a instauré en Iran. La dernière s’est tenue en 2021. La célébration du 1er février est interdite par la municipalité depuis 2022… - Source : https://www.bibliomonde.fr/lalmanach/1er-fevrier-journee-mondiale-du-hijab

Les documents choisis pour réaliser ce dossier sont indiqués – avec leurs accès - dans le sommaire ci-après

Retour au début de l’introduction

Retour au début du dossier


Sommaire

Retour au début du sommaire

Retour au début de l’introduction

Retour au début du dossier

§§§



  • Kamel Daoud dénonce la condition des femmes dans le monde arabe - Le Monde 10 octobre 2018 – Vidéo 1 minute 05
    L’écrivain et journaliste algérien Kamel Daoud est intervenu au Monde Festival, où il a évoqué la situation des femmes dans le monde arabe où « le sort qui leur est fait l’est au nom d’un patriarcat, d’une religion et d’une législation puisée dans l’islam ». L’écrivain participait à la conférence « L’islam doit-il faire sa révolution sexuelle ? » au Monde Festival, dimanche 7 octobre. Abonnez-vous à la chaîne YouTube du Monde dès maintenant : http://www.youtube.com/subscription_c...

Source : https://www.youtube.com/watch?v=Y4FRTie_aTk

Retour au début du sommaire

Photo - Kamel Daoud écrivain et journaliste algérien d’expression française.

Le voile tue. La démocratie, non. La mort de l’iranienne Mahsa Amini rappelle une fois de plus cette évidence.

Voici la réalité : une femme, Mahsa Amini, meurt à la suite de son arrestation par la police des mœurs parce qu’elle ne portait pas « correctement » le voile. Des manifestations éclatent, des femmes brûlent leur voile, coupent leurs cheveux pour rappeler au monde leur tragédie, le courage, le coût de la liberté et le sens de cet uniforme totalitaire.

Cela suffit à tout dire et à tout démentir. Ce n’est pas un événement rare, d’ailleurs. Une femme harcelée, violentée, menacée, tuée ou excommuniée parce qu’elle refuse de porter le voile est chose banale dans le monde dit « musulman ». Une femme qui ose arracher ce linceul confessionnel, c’est encore pire que l’apostasie, c’est le choix de la pornographie, de la prostitution, de la désobéissance civile. Il faut être femme dans ces territoires pour le vivre, en mourir et sourire de celles et ceux qui, en Occident, prétendent que le voile est une liberté.

L’enthousiasme n’est pas l’état d’Ime d’un écrivain, et peut-être encore moins la colère,
mais l’auteur de ces lignes ne peut rester impartial. Parce que, vivant dans le « Sud confessionnel », il sait que ce morceau d’étoffe est une prison et une condamnation à mourir une vie entière, un enterrement vertical, le renoncement acclamé à son propre corps.

Il sait ce que cela coûte pour les femmes et combien elles le paient. Et écouter l’« engineering de l’islamisme » occidental présenter cela comme une liberté et un choix et rameuter les opinions et les médias pour geindre sur une présumée confiscation de droits provoque la rage.

Il faut donc rappeler les évidences coûteuses : le voile n’est pas une liberté, mais sa fin. Le voile n’est pas un épi derme qui souffre d’un racisme adverse, mais un uniforme d’enrôlement. Le voile n’est pas le signe d’une identité communautaire, mais un renoncement à toute identité et communauté au bénéfice d’un refus de vivre ensemble, de partager, de s’ouvrir, de s’enrichir mutuellement. Le voile n’est pas une « origine », mais un effacement de soi, des siens, de ses généalogies au bénéfice d’un recrutement. Le voile n’est pas seulement un petit foulard, c’est surtout ainsi qu’il commence.
Le refuser, le combattre, n’est pas un acte néocolonial, l’ordre d’un colon.
Le dévoilement n’est pas une violence de colonisation reconduite, et l’accepter, c’est concéder le territoire et le corps de ses propres citoyens au bénéfice d’une autre loi.

Le voile a bénéficié de la « culpabilité » en Occident, de l’intelligence de l’islamiste occidental expert en droits, ONG et architectures associatives. Il a profité de l’histoire mal soldée des colonisations et recycle les procès en arnaques rusées, les dénis en séparatismes. Il a surtout recyclé le communautaire en confessionnel et le confessionnel en stratégie de conquête.

Le voile est un bout de territoire cédé, pas un bout de tissu choisi. Il prétextera la « vertu » pour recruter le malaise, il se présentera comme une « culture » pour entamer la déculturation. Il y a presque réussi : aujourd’hui, au sud du monde, une femme non voilée est une prostituée et, au nord, une femme non voilée est une traitre à sa culture, à ses ancêtres.

Et il s’en trouvera pour le défendre, naïfs ou fourbes, électoralistes ou populistes. Des
exilés ayant fui les islamistes d’Algérie défendent le voile et les islamistes en France parce que cela sied à la « colère » professionnelle, à l’identité que l’on pense défendre, à la lutte des classes ou au « décolonial » fantasmé, à la rancœur ou à l’aigreur, ou parce que cela fait « joli » dans le CV des convictions faciles, dites militantes.

Mais qu’on arrête une femme en Iran, qu’on la torture, qu’elle meure à cause de ce « tissu » qui n’est qu’une camisole et tout reprend sens, s’ordonne selon ces évidences à qui on fait une guerre sournoise : le voile n’est pas la liberté, ni l’identité, ni un choix. Il est prétendu choix dans le pays qui a le respect des choix, c’est-à-dire des libertés, c’est-à- dire dans les démocraties.

Dans les dictatures, il se montre pour ce qu’il est : un assassinat. Car on aura beau jouer sur les mots, le voile tue. La démocratie, non. Des Iraniennes auraient donné beaucoup pour venir vivre leur liberté en France. Pas pour y renoncer.

© Kamel Daoud - Le Point. 29 septembre 2022

Source : https://www.tribunejuive.info/2022/09/30/kamel-daoud-le-voile-est-un-feminicide/

Retour au début du sommaire


  • Décès de Mahsa Amini en Iran : comment la police des mœurs surveille les femmes - 19 septembre 2022 - Mise à jour 04.12.2022 à 11:22 par Benjamin Beraud

    Des femmes iraniennes marchent dans le centre-ville de Téhéran, en Iran, en avril 2018.

Photo - Des femmes iraniennes marchent dans le centre-ville de Téhéran, en Iran, en avril 2018. © Vahid Salemi/ AP

En Iran, la mort d’une jeune fille de 22 ans, Mahsa Amini, à la suite de son arrestation par la police des mœurs ce mardi 13 septembre provoque une immense vague d’indignation. La journaliste et ex-correspondante à Téhéran, Sara Saidi, nous raconte les agissements de cette police chargée de faire respecter le code vestimentaire de la République Islamique d’Iran. Près de trois mois après, les autorités annoncent son abolition. 

Près de trois mois après le mouvement de contestation provoquée par la mort de Mahsa Amini, les autorités annoncent, le 3 décembre 2022, l’abolition de la redoutable police des moeurs à l’origine de la mort de la jeune femme. 

Sur les réseaux sociaux, des femmes se coupent les cheveux et brûlent leur hijab en signe de protestation. Le geste est fort, à l’image de la vague de colère qui gagne le pays à la suite de la mort de la jeune femme de 22 ans, Mahsa Amini. Elle avait été arrêtée à Téhéran pour ’port de vêtements inappropriés’ avant de tomber dans le coma et de décéder trois jours après, le 16 septembre à l’hôpital, selon la télévision d’Etat et sa famille. Les circonstances de la mort sont encore inconnues, mais beaucoup accusent la police à l’origine de son arrestation : la police des mœurs, Gasht e Ershad en farsi.

À (re)lire : #MahsaAmini, le nom de la révolte contre les diktats imposés aux femmes en Iran

’C’est un organe chargé de remettre les femmes sur le droit chemin”, explique Sara Saidi, journaliste correspondante à Téhéran de 2016 à 2019 et auteure de Portraits de Téhéran. Il a été créé après la révolution iranienne de 1979, et après l’instauration de la République islamique, au moment où le hijab a été rendu obligatoire pour les femmes.

Cette police patrouille dans les lieux publics pour vérifier l’application de la loi sur le foulard et d’autres règles islamiques. Elle poursuit près de 16 000 femmes par an tous types d’infractions confondues, affirme le magazine féministe américain Ms.

Souvent, elle traîne dans les quartiers, où il y a des jeunes, des étudiants, des cafés (...). C’est là où elle fait le plus de rafles.

Sara Saidi, journaliste correspondante à Téhéran de 2016 à 2019.

Des rondes en camionnettes pour contrôler des femmes

Depuis les Iraniennes ont pris l’habitude de vivre dans la crainte de rondes de la police, dans des camionnettes identifiables à leur bandeau vert au milieu. “On la reconnaît de loin. On sait qu’elle est là. Souvent, elle traîne dans les quartiers, où il y a des jeunes, des étudiants, des cafés, raconte Sara Saidi. C’est là où elle fait le plus de rafles.”Ces camionnettes font trembler les femmes. “Des fois, elles s’arrêtent dans des quartiers où on ne s’y attend absolument pas.

À (re)lire : Masih Alinejad, celle qui pousse les Iraniennes à sortir les cheveux au vent

À l’avant, les hommes conduisent. Mais, à l’arrière, ce sont d’autres femmes qui sont chargées de contrôler le respect du code vestimentaire.

Il suffit que le manteau soit ouvert, ou que vous ayez un peu de vernis sur les doigts, on peut vous arrêter.

Sara Saidi, journaliste correspondante à Téhéran de 2016 à 2019.

En plus d’être nombreux, ces contrôles sont souvent aléatoires, explique Sara Saidi. “On se demande souvent comment il faut s’habiller pour ne pas être arrêtées par la police des mœurs ? La réponse, c’est : Peu importe comment vous vous habillez, on peut vous arrêter. Si les femmes tombent face à cette fameuse camionnette, elles peuvent être arrêtées pour n’importe quoi.”

Un contrôle “bien au-delà du simple vêtement

Officiellement, en Iran, il faut s’habiller avec un pantalon, un haut, comme un manteau ou une tunique qui couvre les fesses. Le manteau doit être fermé et doit arriver jusqu’à l’avant-bras. ”Il suffit que le manteau soit ouvert, ou que vous ayez un peu de vernis sur les doigts, on peut vous arrêter”, explique la journaliste.

Mais la surveillance ne s’arrête pas au cadre vestimentaire. “J’ai vécu pendant près d’un an dans une pension pour femmes, raconte la journaliste. Il y avait un couvre-feu à 10 h 30 le soir. Les femmes rentraient à l’heure. Mais la police des mœurs pouvait les arrêter avant l’heure indiquée en leur disant qu’elles étaient censées être à l’intérieur.

À (re)voir : Iran : vent de colère après la mort de Mahsa arrêtée par la police des mœurs

Cela va bien au-delà du simple vêtement, ajoute-t-elle. Le message passé par le régime, c’est : “vous êtes des femmes, vous restez à la maison. Si vous sortez de la maison, vous vous couvrez complètement.

Pour faire face, les femmes ont développé des techniques pour échapper à leur arrestation. Deux stratégies : assurer qu’elles n’ont pas de papiers d’identité sur elles et tout faire pour éviter de rentrer dans le camion. “À partir du moment où vous êtes dans le camion, c’est fini pour vous. C’est pour cela qu’il y a beaucoup de hurlements à l’extérieur dans les vidéos”, raconte Sara Saidi.

D’autres femmes témoignent avoir été gardées quelque temps puis jetées dehors en plein milieu de la nuit. 

Sara Saidi, journaliste correspondante à Téhéran de 2016 à 2019.

Des arrestations ’humiliantes’ et des conditions de détentions floues 

Après l’arrestation, les versions divergent quant aux conditions de détention des femmes. Le plus souvent, elles sont emmenées dans le commissariat, on les prend en photo comme des criminelles et on attend qu’un membre de la famille vienne les chercher avec une tenue décente. Une humiliation pour ces femmes qui désobéissent à la fois à l’État, mais aussi bien souvent à leurs familles. ’Il y a beaucoup de violence verbale, en fonction de la façon dont vous réagissez’, commente la journaliste.

D’autres femmes témoignent avoir été gardées quelque temps puis jetées dehors en plein milieu de la nuit” alors qu’elles devaient rentrer chez elles, explique la journaliste. 

À (re)voir : Iran : ’C’est absolument terrifiant’

D’autres vont plus loin et assurent que ces femmes auraient subi des actes de viol. Sara Saidi assure ne pas avoir reçu assez de témoignages pour l’affirmer. Mais ce sont les accusations portées par de nombreux manifestants à la suite du décès de Mahsa Amini. ’Ils sont convaincus qu’elle est morte sous la torture’, écrit l’agence de presse iranienne Farsnews. 

Faits avérés ou non, tous les Iraniens sont aujourd’hui en deuil, assure la journaliste. “Quand on voit que des gens de 22 ans meurent parce que soit disant, un régime veut les protéger de quelque chose en leur disant de bien s’habiller, ça fait très mal.’

Benjamin Beraud Mise à jour 04.12.2022 à 11:22

Sur le même thème :

Source : https://information.tv5monde.com/info/deces-de-mahsa-amini-en-iran-comment-la-police-des-moeurs-surveille-les-femmes-471979

Retour au début du sommaire


  • Mutilations sexuelles : ’Les femmes excisent les petites filles pour les hommes’ - Publié le : 06/02/2023 - 07:06 - Texte par : Assiya HAMZA(Suivre)
    Photo - Près de 125 000 femmes ont subi une mutilation sexuelle en France, selon le bulletin épidémiologique hebdomadaire de 2019. © Studio graphique FMM

En France, près de 125 000 femmes ont subi une mutilation sexuelle. Si depuis 40 ans, la lutte contre ces violences faites aux petites filles a permis de mettre en place une véritable prise en charge psychologique et chirurgicale, la question reste encore taboue. État des lieux à l’occasion de la journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines, le 6 février. 

Exciser : couper tout ou partie du sexe d’une petite fille, son clitoris, ses petites lèvres. Des mots qui font froid dans le dos. ’L’excision est une violence faite aux petites filles. C’est l’une des violences sexuelles les plus graves”, lance Ghada Hatem, gynécologue obstétricienne devant une salle comble de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Cette pratique que d’aucuns qualifient de ’traditionnelle”, ’religieuse” voire ’obligatoire”, peine à disparaître y compris en France où elle est pourtant punie par la loi. Diaryatou Bah a été excisée à l’âge de 8 ans, en Guinée Conakry où elle vivait avant d’arriver en France

Quatre types de mutilations sexuelles féminines

Type 1 : ablation partielle ou totale du gland clitoridien (petite partie externe et visible du clitoris et partie sensible des organes génitaux féminins) et/ou du prépuce/capuchon clitoridien (repli de peau qui entoure le clitoris). 

Type 2 : ablation partielle ou totale du gland clitoridien et des petites lèvres (replis internes de la vulve), avec ou sans excision des grandes lèvres (replis cutanés externes de la vulve).

Type 3 : l’infibulation : rétrécissement de l’orifice vaginal par recouvrement, réalisé en sectionnant et en repositionnant les petites lèvres, ou les grandes lèvres, parfois par suture, avec ou sans ablation du prépuce/capuchon et gland clitoridiens (type 1).

Type 4 : toutes les autres interventions néfastes au niveau des organes génitaux féminins à des fins non médicales, par exemple, piquer, percer, inciser, racler et cautériser les organes génitaux.

Source OMS

’Ça s’est passé un matin. Une dame est venue et on m’a emmenée dans la nature. Je me suis retrouvée avec des tantes, des voisines et ma grand-mère. Deux m’ont tenu les pieds, deux autres les mains. Elles ont mis des feuilles sur mon visage. Personne ne m’a expliqué ce qui allait m’arriver”. La fondatrice de l’association ’Espoirs et combats de femmes”, auteure de ’On m’a volé mon enfance”, se souvient de son pagne rouge et de son cri.

’Je n’oublierai jamais le couteau, la sensation que j’ai eue quand la dame a coupé. Le cri que j’ai poussé. J’ai 37 ans et j’ai toujours cette sensation. Je savais que j’allais être excisée un jour car c’est ce qu’on faisait à toutes les petites filles, que c’était le rituel. Toutes les femmes ont subi ça dans ma famille”. S’en suit une ’douleur indescriptible, trois semaines sans ’pouvoir marcher”. ’Il m’a fallu du temps pour comprendre. Jusqu’à l’âge de 20 ans, je pensais que toutes les femmes du monde étaient excisées”. 

Un risque de mutilations accru par la pandémie et la guerre en Ukraine

Cette histoire, c’est celle de millions d’autres petites filles à travers le monde. Afrique, Moyen-Orient, Asie... 200 millions de femmes ont été victimes de mutilations sexuelles dans le monde, 125 000 en France selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié en juillet 2019. Des chiffres qui pourraient être revus à la hausse, selon les projections des Nations unies

La faute au Covidmais aussi à la guerre en Ukraine. Un terrible effet papillon. ’En Afrique, certaines exciseuses ont repris les couteaux parce que les familles n’ayant pas à manger, les écoles étant fermées, la solution était de marier leurs filles, explique Isabelle Gillette-Faye, sociologue et directrice de la fédération nationale GAMS (Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles, des Mariages Forcés et autres pratiques traditionnelles néfastes à la santé des femmes et des enfants). Au niveau mondial, on est passé d’un risque de deux millions d’enfants victimes de mutilations génitales par an, à trois ou quatre millions d’ici à 2030”. 

Malgré ce mauvais augure, et même s’il convient de rester ’attentif”, Isabelle Gillette-Faye préfère miser sur les acquis de 40 ans de prévention et d’éducation. En France, les premiers cas de mutilations sexuelles féminines apparaissent à la fin des années 1970. Des hommes d’Afrique Subsaharienne, venus travailler en France, font alors venir leurs épouses en France.

Les pédiatres de la Protection Maternelle et Infantile (PMI) découvrent les premières fillettes mutilées en consultation. En 1982, un nourrisson de trois mois meurt dans un hôpital parisien, des suites d’une excision. Onde de choc. Les médecins de la fillette se portent partie civile. 

Bien que l’excision ne soit pas spécifiquement évoquée, les mutilations génitales sont considérées comme un crime puni de 10 ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende, selon l’article 222-9 du Code pénal. Qu’elles aient eu lieu dans l’hexagone ou à l’occasion de vacances au pays dès lors que les victimes, quelle que soit leur nationalité, vivent sur le sol français. 

’Les familles ont du mal à comprendre que la loi s’applique en Francemême si elles font exciser leurs enfants en dehors du territoire national quelle que soit leur nationalité”, précise la directrice du GAMS. 

Depuis les années 1980, près d’une trentaine de procès d’exciseuses ou de parents d’enfants mutilés sexuellement ont eu lieu en France. En avril 2022, une mère de famille de 39 ans, a été condamnée à cinq ans de prison avec sursis pour avoir fait exciser ses trois filles aînées, dont une handicapée mentale, entre 2007 et 2013, lors de séjours chez leur grand-mère à Djibouti, son pays d’origine où les mutilations génitales sexuelles (MGS) sont pourtant interdites depuis 1995. ’On ne parlait alors que de l’Afrique de l’Ouest. On a découvert qu’on pouvait venir de l’Afrique de l’Est, être jugé et condamné, devoir des dommages et intérêts à ses enfants pour avoir pratiqué la mutilation sexuelle féminine même si c’était en dehors du territoire national”, raconte la directrice du GAMS qui avait assisté au procès. 

La vidéo de prévention d’Excision, parlons-en ! – Voir à la source

Le tabou familial et communautaire

Si la peur du gendarme semble aujourd’hui intégrée, comment expliquer la persistance de ce schéma communautaire ? Pour ces familles déracinées, perpétuer cette tradition permet de s’accrocher à son identité. ’Beaucoup utilisent l’argument religieux, ça serait écrit dans le Coran, explique Ghada Hatem, fondatrice de la Maison des femmes à Saint-Denis, en précisant qu’il n’existe dans aucune des trois religions du livre. Il y a aussi le fantasme qu’une femme ’propre” est coupée, que ça les rend plus fertiles, que l’enfant a plus de chance de naître vivant...”. 

Quant au tabou, il est presque absolu au sein de la famille, de la communauté d’origine. ’Dans la communauté, comme toujours dans les violences, c’est le silence qui prévaut. Et le silence, c’est la garantie qu’on va pouvoir maintenir la pratique”, regrette la gynécologue obstétricienne. ’On excise les filles sans nous expliquer pourquoi on nous fait ça, confirme Diaryatou Bah. Là-bas ce qui n’est pas normal, c’est une fille qui n’est pas excisée. On la traite d’impure mais surtout elle ne pourra pas se marier. Pour qu’elle reste vierge jusqu’au mariage, il faut qu’elle soit excisée”. 

Parfois ces femmes ignorent même qu’elles ont été excisées. ’Je vois des femmes excisées quotidiennement ou au moins hebdomadairement. Une partie d’entre elles ne savent pas qu’elles l’ont été, confie Agathe André, sage-femme à l’hôpital de Nanterre, venue s’informer sur les violences sexuelles et sexistes à l’hôpital de Delafontaine. Il n’y a pas de façon idéale de le dire mais il est important qu’on les informe surtout quand elles accouchent d’une petite fille. Elles repartiront potentiellement au pays, ne serait-ce qu’en vacances. Il faut qu’elles aient l’information qu’en France, c’est interdit”. 

’Beaucoup de femmes ne savent pas si elles sont excisées car elles l’ont été au berceau, confirme Isabelle Gillette-Faye. Bien souvent, elles le découvrent chez leur gynécologue, parfois lors de leur accouchement. ’J’ai des patientes qui étaient très en colère, souligne la Dr Hatem. Elles avaient accouché parfois quatre fois en France et personne ne leur avait jamais rien dit”. 

Volonté de faire l’autruche ? Certainement. Par peur, le plus souvent. Car à l’instar des autres violences faites aux femmes, les mots doivent être pesés pour ne pas accentuer ou réveiller un traumatisme parfois bien enfoui. ’Si vous abordez le sujet d’une manière inadaptée, humiliante, critique, vous allez faire beaucoup de mal à la jeune femme en face de vous, prévient la Dr Hatem qui forme les praticiens aux bonnes pratiques. 

’À partir du moment où vous utilisez le mot ’normal’ pour décrire une vulve, vous faites des dégâts, renchérit la directrice du GAMS en évoquant son expérience mais aussi les sexes refaits dans les films pornographiques. C’est une agression pour ces femmes mutilées qui ont déjà tendance à s’auto-flageller parce qu’elles se disent qu’elles ne sont pas normales”. 

Pour la fondatrice de la Maison des femmes de Saint-Denis, une victime attend avant tout que ’vous lui expliquiez ce que c’est, ce qu’on lui a fait, les conséquences, si elle peut vivre normalement etce que vous avez à lui proposer”.

Réparer les vivantes 

Outre la volonté de reconquérir leurs corps, les victimes souffrent parfois silencieusement pendant de nombreuses années. Outre les douleurs, des problématiques sexuelles peuvent se multiplier : absence de désir, de plaisir, honte... le traumatisme est profond. Excision, mariage forcé, viol, maltraitance... ’Le destin moyen d’une petite fille d’Afrique Sub-saharienne, c’est souvent un continuum de violences”, lance Ghada Hatem. 

Pour les aider à se reconstruire, une réparation des mutilations sexuelle est possible. En 1984, Pierre Foldès a mis au point l’unique méthode chirurgicale permettant de réparer le clitoris. ’Tout est absolument réparable, souligne le chirurgien urologue. La technique est suffisamment fiable et il y a un taux d’échec extrêmement faible”. 

Car tout n’est pas coupé par les exciseuses. ’Il y a un bloc cicatriciel qui masque ce qui reste du gland clitoridien. La technique consiste à aller chercher toutes ces parties mortes, les enlever délicatement, détaille le chirurgien, cofondateur de Médecins sans frontière, formé à la médecine de guerre en Afrique. Dans ce processus, le moignon clitoridien a été attiré par la cicatrisation vers le haut et l’os du pubis. Lorsqu’on enlève ces adhérences anormales, le clitoris va descendre et se repositionner normalement”. 

En 35 ans, plus de 6 000 femmes sont passées sous le bistouri expert du chirurgien dont la salle d’attente ne désemplit pas. Les victimes viennent parfois de très loin. Et sont prêtes à patienter pour être prises en charge par le Dr Foldès. 

L’excision, aussi une affaire d’hommes

Mais attention, la chirurgie est loin d’être une fin en soi. ’Le but n’est pas de remettre le clitoris mais de restaurer une sexualité normale, prévient celui qui a créé avec Frédérique Martz Women safe & Children, le premier centre de prise en charge des femmes victimes de violences, à St-Germain-en-Laye. Il faut prendre l’ensemble des traumatismes, les traiter en même temps et les accompagner. Si on les opère, il y a un accompagnement qui dure jusqu’à deux ans. On va traiter le traumatisme de la patiente, lui réapprendre à vivre avec un organe normal et essayer de reconstituer sa sexualité. À partir du moment où on prend le temps, ça se répare beaucoup mieux”. 

Réparer le sexe mutilé d’une femme sans réparer son esprit conduit fatalement à l’échec. ’Certaines sont déçues parce qu’elles ne voient pas d’amélioration. Souvent, c’est parce que le parcours n’est pas optimal, insiste la praticienne de cette chirurgie réparatrice. ’Nous avons récupéré dans nos unités des femmes qui décompensaient après l’opération, regrette Isabelle Gillette-Faye. Parfois, elles sautent les étapes et vont directement voir un chirurgien pour se faire opérer. Il y a un véritable marché de la chirurgie esthétique. Au GAMS, nous faisons le choix de promouvoir les unités globales de soin”. 

Pour éradiquer ces violences faites aux femmes, les regards se tournent désormais vers les hommes. En Belgique, des campagnes de sensibilisation intitulées ’Men speak out” ont été lancées par le GAMS.

Photo à voir à la source - Men Speak Out vise à mobiliser les hommes dans le combat contre les mutilations génitales féminines. © GAMS Belgique

En France, la fédération nationale travaille également avec l’association Femmes Entraide et Autonomie (FEA). ’Il faut absolument se sortir de la tête que c’est une question de femmes et que les hommes n’ont pas à être impliqués, souligne Isabelle Gillette-Faye. ’Il faut intégrer les hommes pour qu’ils disent ’je n’épouse pas une femme qui est excisée”, insiste Ghada Hatem. Les femmes excisent les petites filles pour les hommes. S’ils disent non, on arrêtera de les exciser”. 

Le résumé de la semaine France 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine > Je m’abonne

Mots clefs : Afrique France Excision Mutilations sexuelles féminines Pour aller plus loin Violences faites aux femmes

France 24 - Infos, news & actualités - L’information ...

https://static.france24.com/meta_og_twcards/jsonld_publisher.png

Source : https://www.france24.com/fr/afrique/20230206-mutilations-sexuelles-les-femmes-excisent-les-petites-filles-pour-les-hommes

Retour au début du sommaire

5.
Tribune - Leïla Slimani, Kamel Daoud et Sana Ben Achour : « On voudrait nous faire croire que le Maghreb n’est qu’une utopie » - Publié le 17 octobre 2022 à 05h00, mis à jour le 17 octobre 2022 à 09h13. Read in English - Auteurs : Sana Ben Achour Juriste - Kamel Daoud Ecrivain - Leïla Slimani Autrice - Article complet ‘Le Monde’ réservé aux abonnés

Les deux écrivains et la juriste alertent, dans une tribune au « Monde », sur le gâchis que représente, notamment pour la jeunesse, la « non-intégration » entre les pays du Maghreb, alors qu’ils pourraient bâtir tant de projets communs…..

La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite. Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente. Pour toute demande d’autorisation, contactez droitsdauteur@lemonde.fr. En tant qu’abonné, vous pouvez offrir jusqu’à cinq articles par mois à l’un de vos proches grâce à la fonctionnalité « Offrir un article ».

Source : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/10/17/leila-slimani-kamel-daoud-et-sana-ben-achour-on-voudrait-nous-faire-croire-que-le-maghreb-n-est-qu-une-utopie_6146075_3212.html

Retour au début du sommaire

6. Religions - Portraits d’athées (dont des femmes) : « Pour vivre libre, j’ai dû fuir mon pays » - Laure Daussy · Mis en ligne le 25 août 2022 - Paru dans l’édition 1570 du 24 août 2022

‘Celebrating dissent’ (célébrer la dissidence) est l’un des plus grands rassemblements d’athées et de libres penseurs du monde entier. Nous y avons assisté les 20 et 21 août, à Cologne. Un évènement organisé par Maryam Namazie, co-fondatrice du Council of Ex-Muslims of Britain, basée en Grande-Bretagne, et par l’Association des libres penseurs du Liban. Nous avons rencontré à cette occasion certains de ces athées venus des quatre coins du monde, aux parcours et au courage impressionnants. Les « Ex-muslims » étant les plus menacés, certains sont en danger de mort, nous avons choisi de les mettre en avant tout particulièrement. Témoignages et portraits.

Fauzia Ilyas, athée du Pakistan

https://charliehebdo.fr/wp-content/uploads/2022/08/riss-portrait-fauzia-ilyas.png?x68393

Elle est née l’année de la fatwa lancée contre Salman Rushdie, en 1989, et comme l’écrivain, elle est menacée de mort, et parfois sous protection policière quand elle intervient dans des conférences. Au Pakistan, dès son plus jeune âge, elle doit lire le Coran, « même si, dit-elle, on ne comprend rien, car l’arabe n’est pas notre langue maternelle, ma langue, c’est le pendjabi, nous lisons donc sans comprendre ». Un jour, elle se met à lire des traductions. « Plusieurs choses m’ont interpellée, comme le fait de tuer les mécréants. » En tant que jeune fille vivant au Pakistan, elle subit de plein fouet la condition terrible qui est réservée aux femmes : « J’ai été mariée de force, mon mari m’a interdit de continuer mes études. » « Au Pakistan, tu es toujours sous la domination de quelqu’un, ajoute-t-elle. Tu passes du joug de ton père et de ton frère à celui de ton mari. » Pire, elle est victime de violences sexuelles de la part de son conjoint. « Ma famille m’a demandé de me taire, et quand je m’en suis plainte, elle m’a dit de m’en remettre à Dieu. » Étonnamment, malgré des prières, cela ne s’arrange pas… Elle parvient à obtenir le divorce devant un tribunal, mais perd la garde de sa fille. « J’étais considérée comme une mauvaise mère, car je critiquais la religion musulmane. Elle était toute petite quand je l’ai vue pour la dernière fois, aujourd’hui, elle a 14 ans. J’ai supplié mon ex-mari de pouvoir la revoir, mais il n’a jamais accepté. » Elle se remarie avec un libre-penseur qu’elle rencontre au Pakistan et fonde Atheist & Agnostic Alliance Pakistan. En six mois, 1 000 personnes y adhèrent : « J’étais très surprise », dit-elle. L’organisation leur permet de ne plus se sentir isolées dans leur remise en cause de la religion, même si elles doivent rester très discrètes. Mais on découvre qui a fondé la plateforme. Fauzia est alors poursuivie pour blasphème, qui est passible de la peine de mort. Elle doit fuir aux Pays-Bas en 2015, elle y réside actuellement, fière d’avoir pu reprendre des études et d’avoir enfin son diplôme d’avocate. Elle y a eu deux enfants, mais elle a appris récemment que sa première fille, restée au Pakistan, est scolarisée dans une école coranique. « Je n’ai que mes yeux pour pleurer, je suis totalement impuissante. » ●

À LIRE AUSSI : Cologne : les mécréants célèbrent Salman Rushdie et préparent l’avenir

Ahmedur Rashid Chowdhury, dit Tutul, athée du Bangladesh

Un homme a un couteau planté dans le dos sur lequel on peut lire ’Je suis athée’. Par Juin.

Il est le survivant d’une attaque islamiste au Bangladesh. La fracture entre militants laïques et islamistes radicaux est intrinsèquement liée à histoire du pays. Depuis les années 1940, une rivalité oppose deux courants identitaires : les conservateurs du Bangladesh Nationalist Party (BNP), pour qui l’islam est religion d’État, et la Ligue Awami, parti de mouvance laïque qui ne veut favoriser aucune religion. En 2016, la Haute Cour de justice du Bangladesh a finalement confirmé l’islam comme religion d’État. Tutul fait en tout cas partie d’une minorité éclairée, qui se bat pour les libertés. En 1990, il lance un magazine de libre-pensée édité en bengali, Shuddhashar, qui veut dire « la parole libre ». Puis, en 2004, il se lance dans l’édition, publie plus de 1 000 livres sur l’homosexualité et l’athéisme. Non sans recevoir des menaces de mort. En 2015, des islamistes établissent une liste de libres-penseurs à assassiner. Plusieurs blogueurs athées sont tués, les attaques sont revendiquées par al-Qaida dans le sous-continent indien (Aqis). Tutul est agressé à la machette, grièvement blessé. Il doit se réfugier en Norvège l’année suivante. Il a relancé son journal depuis ce pays, qui est maintenant édité en anglais. Il s’apprête à publier un premier e-book : (Re)imagining Queer Utopia : Voices from South Asia. A-t-il peur aujourd’hui  ? « Je ne veux pas avoir peur, nous répond-il. Mais dernièrement, lorsque je suis intervenu à Paris, à la fin de la conférence, deux Bangladais sont venus me voir pour me dire que ce n’était pas bien ce que je disais, que je ne devais pas renier ma religion. Alors, quand Rushdie a été agressé, j’ai réalisé qu’ils auraient pu m’attaquer eux aussi, même en France. »

Rana Ahmad, athée d’Arabie saoudite

https://charliehebdo.fr/wp-content/uploads/2022/08/rana-ahma.jpeg?x68393

Cette jeune femme âgée de 37 ans vit et écrit sous ce pseudonyme, car apparaître sous son vrai nom serait trop dangereux pour elle. Elle a fui son pays pour échapper à la mort. Mais comment devient-on athée quand on vit en Arabie saoudite  ? « J’ai grandi dans une bulle, je ne connaissais même pas ce que signifiait le mot « athée », je ne connaissais pas le mot en arabe. La religion était mon identité. » Elle lit beaucoup et, peu à peu, se met à se poser des questions. Elle commence aussi à subir la vie que l’on impose aux femmes en Arabie saoudite. Son grand-père lui prend son vélo car il n’est plus possible qu’une petite fille en fasse. Adolescente, elle est agressée sexuellement par un membre de sa famille, mais impossible de le dénoncer, c’est elle qui irait en prison. Elle est menacée de mort par son propre frère, qui pense qu’elle a une relation amoureuse. Elle a quand même le droit d’étudier à l’université, mais c’est parce que filles et garçons sont séparés.

À l’âge de 26 ans, elle commence à se dire athée. Elle ne supporte plus l’existence qui lui est imposée et décide de partir. Mais comment faire, lorsque l’on peut à peine marcher seule dans la rue dans son propre pays  ? Elle demande au directeur de l’hôpital dans lequel elle travaille la permission de sortir du pays, elle fait croire qu’elle doit se rendre en Turquie voir sa sœur à l’hôpital, imite la signature de son père. Elle quitte son pays avec seulement son ordinateur et 200 dollars. « Arrivée en Turquie, la première chose que j’ai faite, c’est d’enlever mon voile, enfin, je sentais le soleil sur ma peau  ! » Après quelques mois, elle parvient à gagner l’Allemagne, illégalement. « Je n’avais pas le choix, j’ai tout fait pour avoir un visa », tient-elle à nous préciser.

On mesure ici l’importance du réseau international d’athées : elle est alors en lien avec l’organisation Atheist Republic, qui lui vient en aide, lance un crowdfunding, elle récolte 4 000 euros qui lui permettent de repartir de zéro en Allemagne. Elle écrit un livre, traduit et publié en français en 2018 : Ici, les femmes ne rêvent pas (éd. Globe). Elle fonde elle-même un réseau, Atheist Refugee Relief, afin d’aider les réfugiés athées. Elle dit se sentir maintenant en sécurité, mais elle a récemment appris que son frère a essayé de trouver quelqu’un en Allemagne pour l’assassiner. ●

À LIRE AUSSI : Maryam Namazie : «  Les islamistes ont peur de nous  »

Halima Salat, athée du Kenya

https://charliehebdo.fr/wp-content/uploads/2022/08/biche-portrait-halimat-salat.png?x68393

Comme les autres activistes athées présents au Celebrating Dissent, Halima Salat parle dans les conférences avec une liberté et une détermination qui sont impressionnantes. Pourtant, elle revient de loin. Halima est née à Garissa dans un petit village du Nord-Est du Kenya dans une famille très stricte religieusement et très conservatrice. « Pourquoi mon frère est-il traité différemment de moi  ? », se demande-t-elle. Peu à peu, elle prend ses distances avec la religion et la tradition de sa famille. Devant son attitude, sa famille se dit qu’elle est « possédée ». Elle subit alors la Roqya, sorte d’exorcisme propre à l’Islam. À 22 ans, elle décide de couper avec sa famille, loue une chambre à Nairobi, capitale du pays, trouve des petits jobs et, peu à peu, se reconstruit. « C’était extrêmement difficile, j’étais la première de ma famille à oser faire ça. » Grâce au forum du Council of Ex-Muslims of Britain, elle entre en contact avec d’autres personnes qui, comme elle, ont pris leur distance avec la religion. « C’était tellement important pour moi, pour ne pas me sentir seule. Sinon, tu penses que tu es folle quand tu vis dans un environnement aussi conservateur. » Elle commence à travailler comme reporter, rencontre un homme qui n’est pas de confession musulmane, avec qui elle a une fille. Elle essaye alors de renouer avec sa mère. « Quand elle voit ma fille, elle me dit : « Je ne veux pas de cette chose haram » ». Sa mère n’acceptait pas que le père ne soit pas musulman. Lorsqu’Halima se sent menacée par sa famille, elle décide d’immigrer aux Pays-Bas, d’autant que son compagnon est européen. « Je voulais que ma fille soit éduquée dans une société libre », ajoute-t-elle. « Mais je ne disais toujours pas publiquement que j’étais athée. Pendant trois ans, je me demandais : « Mais pourquoi je ne le dis pas publiquement, je suis dans un pays libre  ! » ». Aujourd’hui, elle est devenue militante athée, et créé même des poèmes autour de l’athéisme. C’est à la fin de la discussion que l’on apprend le pire : ce qu’elle a vécu, dans sa communauté, lorsqu’elle était enfant. « J’ai été excisée, nous dit-elle. Ce n’est pas dans le Coran, mais ma communauté le considère comme obligatoire. » Réfugiée aux Pays-Bas, elle est engagée aussi en tant que féministe. « J’ai été invitée à la Women’s March aux Pays-Bas, pour intervenir dans une conférence. Lorsque j’ai expliqué que je voulais dire qu’à mes yeux le Hijab est misogyne, on m’a répondu par mail : « Nous voulons être inclusive, certaines portent le hijab dans l’assemblée, nous ne pouvons pas vous inviter. » J’ai donc été désinvitée », déplore-t-elle. Comme quoi, il n’y a pas qu’en France que certaines féministes abandonnent tragiquement ces femmes qui ont fui l’obscurantisme. ●

Zara Kay, athée de Tanzanie

https://charliehebdo.fr/wp-content/uploads/2022/08/zara-kay.jpeg?x68393

La jeune femme est née dans une communauté de chiites très conservatrice de Tanzanie. « En tant que chiite, tout ce qui vient des ayatollahs iraniens est très suivi chez nous. Beaucoup se sont réjouis de l’agression de Rushdie », déplore-t-elle. Elle commence à prendre ses distances avec la religion vers 14 ans, notamment car elle ne comprend pas les inégalités de traitement avec ses frères ni que ses amis LGBT ne puissent pas avoir les mêmes droits qu’elle. Obligée de porter le voile dès l’âge de 8 ans, elle cesse de le porter à 18 ans, puis, à 24 ans, ose se présenter comme « ex-muslim ». Non sans culpabiliser : « J’avais peur d’humilier ma famille. Quand je me suis présentée comme athée pour la première fois sur les réseaux sociaux, j’ai été totalement ostracisée par ma communauté. Ma famille a souffert de ça. » Pour vivre librement, elle quitte son pays, elle part en Australie faire des études d’ingénieur, (c’est la première de sa famille à aller à l’université), où elle devient ingénieur de support technique pour Google, puis elle déménage à Londres et réside maintenant en Suède. En 2020, alors qu’elle rend visite à sa famille en Tanzanie, elle est arrêtée à Dar es Salam, placée en garde à vue deux jours. « Ça a été orchestré par la communauté chiite pour me nuire et me faire taire », dénonce-t-elle. Depuis l’Australie, elle fonde Faithless hijabi, pour venir en aide aux femmes musulmanes qui prennent leur distance avec la religion. « Plusieurs femmes m’ont confié leur histoire sur les réseaux sociaux. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. On a identifié que la santé mentale était un souci pour ces femmes, car elles reçoivent énormément de menaces de mort en ligne. » Faithless hijabi met en lien plusieurs femmes avec des psychologues qui se sont spécialisés sur ce traumatisme. Le réseau a pu aider ainsi une cinquantaine de femmes en Arabie saoudite, Égypte, Jordanie ou encore Algérie. Le réseau aide aussi les réfugiés et pointe certaines incohérences dans la politique de certains pays. « Certains pays ne reconnaissent pas les « non religieux » ou « athées » comme une minorité en danger  ! » ●

Sur le même thème - Du même auteur :

CH -Iran : les femmes disent merde aux mollahs- Laure Daussy • Reportage - Le pays connaît un vaste mouvement de protestation depuis la mort d’une jeune femme interpellée par la police des mœurs pour n’avoir pas positionné son foulard comme l’exige le strict code vestimentaire de la République islamique. Des émeutes bien plus étendues dans le pays que celles qui ont éclaté ces dernières années, et qui s’en prennent à l’essence même du régime. De quoi faire plier la dictature ?

Mathilde Ramadier : « La bisexualité a été invisibilisée, voire invalidée »- Laure Daussy • Article web - Étonnamment, peu de choses ont été écrites sur la bisexualité féminine. L’autrice Mathilde Ramadier s’y attelle dans « Vivre fluide. Quand les femmes s’émancipent de l’hétérosexualité », aux Éditions du Faubourg. Un livre-enquête qui rassemble témoignages, recherches historiques, sociologiques et psychologiques. Plus de la moitié des femmes auraient déjà éprouvé du désir pour d’autres femmes : un nouvel horizon pour le féminisme et la liberté sexuelle ? Entretien avec Mathilde Ramadier.

Notre histoire Archives Contact FAQ Confidentialité CGU / CGV

Source : https://charliehebdo.fr/2022/08/religions/portraits-athees/

Retour au début du sommaire


7.
Engagement politique et social : les femmes musulmanes déjouent les clichés - Publié : 03 avril 2018, 22:42 CEST • Mis à jour le : 03 septembre 2018, 10:30 CEST – Autrices Danièle JolySociologue, professeure émérite, Université de Warwick, Fellows 2011-IEA de Paris, Institut d’études avancées de Paris (IEA) – RFIEA et Khursheed Wadia Principal Research Fellow, Centre for the Study of Safety and Well-Being, University of Warwick

Déclaration d’intérêts - Les résultats livrés dans cet article sont fondés sur des données que nous avons réunies par un travail de terrain approfondi sur plusieurs années et sont étoffés en détail dans le livre cité. Il émane d’un projet de recherche financé par l’ESRC. Khursheed Wadia a été co-bénéficiaire avec Danièle Joly d’un financement du ESRC (Economic and Social Research Council, UK). Elle est membre du conseil d’administration du Muslim Women’s Network UK.

Partenaires : University of Warwick apporte des fonds en tant que membre fondateur de The Conversation UK. Voir les partenaires de The Conversation France

Nous croyons à la libre circulation de l’information - Reproduisez nos articles gratuitement, sur papier ou en ligne, en utilisant notre licence Creative Commons.

https://images.theconversation.com/files/212619/original/file-20180329-189807-1fz2hfj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C54%2C4033%2C2311&q=45&auto=format&w=926&fit=clip

Photo - « Contre l’islamophobie et contre la guerre » lit-on sur la pancarte de cette jeune femme au Royaume-Uni, lors d’une manifestation en 2017. Pxhere, CC BY-SA

https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip

Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site Fetedelascience.fr

Le 27 mars, des milliers de femmes à travers le monde ont célébré, notamment via les réseaux sociaux, le #MuslimWomensDay. Ce jour a été institué en 2017 et veut rappeler au monde entier que les femmes musulmanes, voilées ou non, pratiquantes ou non, ont leur mot à dire dans l’espace public. Regardons ce qu’il se passe de chaque côté de la Manche. Le Royaume-Uni et la France comptent environ 7 millions de personnes originaires de pays à majorité musulmane.

Des analyses de qualité chaque jour dans vos mails, gratuitement.

Presque la moitié d’entre elles sont des femmes dont la plupart trouvent leurs racines dans les anciennes colonies de ces pays. Des primo arrivantes plus récentes proviennent d’autres pays du monde islamique – ces femmes originaires de pays à majorité musulmane, croyantes et non-croyantes, sont appelées ici « femmes de culture musulmane » ou simplement « femmes musulmanes » dans le reste de l’article.

Les résultats de nos recherches démentent les idées préconçues sur les femmes de culture musulmane et démontrent que celles-ci aspirent à s’engager activement dans la vie publique.

En effet, notre livre sur la participation civique et politique de ces femmes en France et en Grande-Bretagne s’inscrit en faux contre les préjugés dominants sur la passivité des femmes de culture musulmane et leur manque d’intérêt pour la vie civique et politique. De plus, les femmes que nous avons étudiées ont déployé des stratégies innovantes et des modes de participation diversifiés pour surmonter les nombreux obstacles qui entravent leur autonomisation, dans un environnement chargé de contraintes émanant de leurs propres communautés et de la société environnante.

Remise en question du cadre patriarcal

Les femmes interviewées dans notre étude ont évalué les obstacles et les facteurs favorables qu’elles ont rencontrés dans le contexte de leur communauté d’origine, du groupe religieux et de la société environnante.

Tout d’abord, la collectivité d’origine dans laquelle leur première socialisation a eu lieu a été décrite comme une source ambivalente, porteuse tout à la fois de restrictions et de soutien : dans une nouvelle société d’installation souvent hostile, la famille et la communauté offrent aux femmes un environnement protecteur et familier, mais limite aussi leur capacité d’action.

Tout ne souhaitant pas la rupture avec leur famille, ces femmes remettent en question le cadre patriarcal dominé par les chefs de famille et les leaders communautaires, un contrôle particulièrement prégnant en Grande-Bretagne où les réseaux communautaires sont plus denses et plus institutionnalisés.

https://images.theconversation.com/files/212256/original/file-20180327-109193-1u11gij.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=23%2C46%2C3858%2C2136&q=45&auto=format&w=754&fit=clip

Photo - Jeunes femmes échangeant à Trafalgar Square, Londres. Garry Knight/Flickr, CC BY-ND

Par ailleurs, les femmes croyantes s’opposent à un islam dont bon nombre d’entre elles jugent qu’il est interprété par les hommes pour les hommes, qu’il renforce des pratiques traditionnelles ou encore qu’il est mis en œuvre par les branches de l’islam politique, très normatif.

C’est aussi cependant au nom de l’islam – auquel adhèrent leurs parents traditionnels – que les femmes croyantes remettent en question les pratiques coutumières sur l’éducation, le mariage ou encore la participation dans la sphère publique.

L’islam devient ainsi un vecteur d’intégration car il permet de ne pas rompre avec la famille tout en participant à la société.

Femmes : enjeux et otages à la fois

L’hostilité et les préjugés contre les musulmans ont particulièrement touché la Grande-Bretagne et la France, exacerbés par l’émergence d’un terrorisme se réclamant de l’islam sur le plan national comme international ces dernières années. Par conséquent, les femmes qui étaient identifiées auparavant comme « Arabes » en France et « Pakistanaises » ou « Bangladaises » en Grande-Bretagne se sont transformées en « musulmanes » dans le discours public et politique.

Les femmes de culture musulmane sont ainsi devenues les enjeux et les otages de tensions sociétales dans les deux pays.

L’islam radical a d’ailleurs été présenté comme l’ennemi public numéro un, décrit en août 2005 par Tony Blair, alors premier ministre, comme ayant « les mêmes caractéristiques que le communisme révolutionnaire ».

Deux thèmes majeurs ont cristallisé les débats : la sécurité antiterroriste en Grande-Bretagne et l’identité nationale en France. L’appareil législatif et culturel lié à la guerre contre le terrorisme en Grande-Bretagne a notamment trouvé son équivalent français dans l’offensive contre le vêtement islamique. Toute la puissance de l’État étant déployée dans les deux cas.

Le vêtement, symptomatique de l’exclusion

En France, plusieurs lois et circulaires ciblent le code vestimentaire musulman des femmes au nom de la laïcité, l’affaire dite du « burkini » portée dans l’espace international reflétant aussi l’instrumentalisation politique de ce code vestimentaire que soulignent plusieurs femmes interviewées..

Par conséquent, les femmes originaires de pays à majorité musulmane subissent de multiples désavantages, fondés sur l’origine et la religion et plus généralement sur des critères de genre, mais aussi en raison des stéréotypes spécifiques auxquels elles sont sujettes, les femmes musulmanes étant souvent considérées comme passives, soumises et confinées au foyer. Par ailleurs, la majorité de ces femmes souffrent d’un désavantage social relatif à leur niveau d’éducation, leur taux de chômage et leur degré de pauvreté.

De plus, la visibilité attachée à un code vestimentaire comme le foulard transforme les femmes en une cible potentielle d’hostilité et de discrimination spécifique à leur genre. En France, tout particulièrement, elles sont en conséquence de plus en plus exclues de larges secteurs de l’emploi : 30 % des emplois qui sont ceux du secteur public et bien d’autres encore dans le secteur privé par le truchement de règlements d’entreprises de plus en plus nombreux exigeant la neutralité religieuse. On pense ainsi à l’entreprise Paprec (4000 employés) qui a adopté en 2014 une Charte de la laïcité interdisant le port du voile. Ces obstacles entravent aussi leur participation civique et politique.

En France notamment, les femmes portant un foulard sont exclues de l’engagement dans tout un pan du domaine public tel que les entités institutionnelles ou même des associations (alors que les restrictions légales ne s’appliquent pas à ces dernières) comme l’ a montré la polémique impliquant les Restos du Cœur en 2013 dont plusieurs ont refusé d’accueillir une bénévole voilée.

« Peace, peace, peace »

Néanmoins, la politique étatique a également contribué à projeter les femmes de culture musulmane dans l’espace public.

En Grande-Bretagne, en témoigne par exemple leur participation nombreuse et dynamique dans la campagne contre l’intervention militaire en Irak, « Stop the War », dont la présidente était une jeune femme de culture musulmane, Salma Yaqoob, très vite décrite comme nouvelle figure politique de sa génération, fondatrice du parti Respect et militante sur plusieurs fronts sociaux.

Sous sa direction, le 15 février 2003, la campagne « Stop the War » avait réuni 2 millions de personnes, la plus importante que l’histoire de Londres ait connue.

Comme le rappelle une participante, on y voyait un grand nombre de femmes et d’adolescentes de ces communautés.

« We were chanting “This is what democracy looks like” and also “Peace, Peace, Peace’… To be in this situation and to look around and not see activists or [Trotskyists], but 15-year-old Muslim girls… was amazing. This was not the usual, run-of-the-mill demo ».

https://images.theconversation.com/files/212267/original/file-20180327-109207-ze5t09.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip

Photo - Capture d’écran sur le fil Twitter de la politicienne Salma Yacoob. Salma Yacoob

En France les femmes se sont mobilisées entre autres contre la loi de 2004 proscrivant le foulard à l’école et contre l’exclusion des accompagnements scolaires ciblant des mères en foulard. Ces dernières, organisées en collectifs pour défendre leur droit, ont obtenu gain de cause en 2015.

Des électrices assidues

Un autre élément nous a frappé durant nos recherches : ces femmes sont particulièrement engagées par l’entremise du vote. Elles sont ainsi, en France comme en Grande-Bretagne, des électrices assidues.

En revanche, elles sont moins susceptibles de participer à la politique formelle ou institutionnelle, à l’instar des femmes en général, d’où leur faible présence dans les partis politiques, au niveau des assemblées élues et de l’exécutif politique, ce qui est plus accentué en France qu’en Grande-Bretagne.

Les femmes de culture musulmane sont par ailleurs en France plus présentes dans la politique de la rue, les grèves, les discussions et les pétitions politiques, alors qu’en Grande-Bretagne, elles sont plus actives dans le volontariat et les œuvres caritatives. En France des associations fondées récemment telles que Lallab revendiquent un engagement à la fois féministe et musulman.

Cette différence correspond aux cultures politiques de ces deux pays – respectivement conflictuelles et consensuelles – et reflète les modes d’action caractéristiques de la société dont les femmes de culture musulmane font partie. Elles ont cependant aussi élaboré un répertoire de stratégies pour poursuivre leur participation dans la vie publique et faire avancer leurs projets d’autonomisation. Nous avons développé une typologie de ces stratégies dans notre recherche.

Six stratégies d’engagement politique

Cet ensemble de stratégies se compose de six types principaux qui se déploient suivant une variété de combinaisons.

La confrontation est utilisée le plus souvent quand les situations sont tellement conflictuelles qu’aucune autre option n’est possible. Dans la famille cela signifie une rupture définitive ou un divorce ; dans la société, des actions illégales comme porter secours à des familles en situation irrégulière (dans le cadre de Réseau éducation sans frontières par exemple).

Par ailleurs différentes formes de coopération existent notamment lorsque le projet de la femme coïncide avec celui de la famille ou de la société, ce qui est fréquent dans le cadre de la poursuite des études.

Comment l’islam m’a rendue féministe de Zena Agha, durant un TED Talk à Warwick.

D’autres ont recours au compromis. Ainsi une jeune femme d’origine pakistanaise pourra accepter un fiancé proposé par ses parents si ceux-ci en retour tiennent compte de son point de vue sur leur choix. En France certaines femmes accepteront d’enlever leur foulard à l’école pour devenir enseignantes.

Une approche latérale implique en revanche le contournement d’obstacles plutôt qu’une confrontation directe. Par exemple, créer sa propre association plutôt que de s’acharner à gagner un accès aux associations contrôlées par les hommes conservateurs de la communauté ou pour circonvenir l’interdiction de s’engager dans les instituions publiques qui s’applique en France aux femmes portant un foulard.

Enfin une approche de renversement qui passe par la réappropriation des arguments et des outils de l’adversaire contre lui-même ; par exemple certaines femmes invoquent le Coran pour remettre en cause le contrôle de parents musulmans traditionnels. D’autres, comme le collectif des mères, ont fait appel au tribunal administratif pour contrer une circulaire officielle sur l’accompagnement des sorties scolaires.

Engagées au cœur de la proximité pour plus de justice sociale

Par ailleurs, en France comme en Grande-Bretagne, ces femmes se distinguent par leur participation active dans des organisations de quartier.

Ces dernières remplissent des fonctions sociales et éducatives très importantes auprès des populations désavantagées.

Assa Gassama chante en 2016 pour le collectif « Brigade des Mères » fondée par la militante Nadia Remnada en France.

Égalité entre les sexes, violence domestique, discriminations, islamophobie, pauvreté, guerres et dictatures sont autant de sujets portés par les croyantes et les non-croyantes que ce soit au niveau local, national, voire international, comme manifester contre l’agression israélienne en Palestine ou envoyer des fonds à des projets éducatifs dans le monde en développement. Celles qui se réclament de l’islam déclarent qu’un devoir religieux les enjoint à défendre la justice sociale et à s’engager pour ces causes.

Leurs actes d’engagement politiques, qu’ils soient associatifs ou civiques sont ainsi à prendre en considération. Ils doivent être valorisés par les autorités afin de développer des politiques qui tiendraient compte du point de vue, des préoccupations et des comportements politiques de ce groupe auquel encore trop souvent, est assignée une identité « passive » et qui reste sous les radars de l’action publique. De plus, il en résulte la perte d’une contribution potentiellement très bénéfique pour l’action sociale.

https://images.theconversation.com/files/194148/original/file-20171110-29364-1vw6o0w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip

Photo - Le réseau des quatre instituts d’études avancées a accueilli plus de 500 chercheurs du monde entier depuis 2007. Découvrez leurs productions sur le site Fellows.

Des analyses scientifiques, indépendantes et gratuites, c’est la proposition de The Conversation pour lutter contre les fake news. Soutenez notre démarche en faisant un don aujourd’hui.

Françoise Marmouyet Coordinatrice éditoriale

The Conversation : des analyses de l’actualité par des ...https://www.google.fr/url?sa=t&...

Source : https://theconversation.com/engagement-politique-et-social-les-femmes-musulmanes-dejouent-les-cliches-93329

Retour au début du sommaire


  • ’Musulmanes du monde’, un livre jeunesse pour découvrir des femmes pionnières - 27 mars 2021 - Mise à jour 24.12.2021 à 11:01 par Terriennes - Nadia Bouchenni - Document ‘information.tv5monde.com’

    La journaliste Élise Saint-Jullian s&#039 ;est associée à une jeune illustratrice, LK. Imany pour créer ce livre jeunesse, &quot ;Musulmanes du monde&quot ;, pour casser les clichés concernant les femmes musulmanes.&amp ;nbsp ;

Illustration - La journaliste Élise Saint-Jullian s’est associée à une jeune illustratrice, LK. Imany pour créer ce livre jeunesse, ’Musulmanes du monde’, pour casser les clichés concernant les femmes musulmanes. © Faces Cachées Éditions

Proposer des modèles féminins d’inspiration en tant que femme musulmane n’est pas toujours évident tant les stéréotypes ont la vie dure. Avec l’ouvrage jeunesse et illustré ’Musulmanes du monde’ dont la sortie est prévue le 30 avril, la journaliste Elise Saint-Jullian souhaite normaliser l’image de ces femmes, et montrer combien certaines ont été des pionnières. À l’occasion de la journée internationale de la femme musulmane, ce 27 mars, Terriennes part à la rencontre des femmes à l’origine de ce projet. 

“Je voudrais qu’on arrête de s’attarder uniquement sur le voile des musulmanes”, lance comme un cri du cœur, Elise Saint-Jullian, journaliste et auteure du livre à paraître “Musulmanes du monde”. Elle qui a déjà beaucoup écrit sur les femmes et les religions dans ses articles de presse a eu l’envie d’aller plus loin et de raconter des parcours de femmes brillantes, actives et souvent pionnières, en un mot, inspirantes. 

(Re)lire nos articles
► La Maison de la Paix en France, un lieu de spiritualité musulmane au féminin
Amirah Sackett, danseuse hip-hop en hijab et baskets 

À bientôt 29 ans, la jeune femme a déjà plusieurs années de journalisme derrière elle, notamment pour Terriennes. “J’ai toujours eu envie d’écrire sur ces sujets qui me passionnent, sur lesquels je me pose moi-même des questions”, explique Élise Saint-Jullian. “Pendant plusieurs années, j’ai fait ce travail sur les religions, l’islam en particulier et sur le droit des femmes”, raconte-t-elle. Mais ces thématiques mettent la jeune femme devant une réalité difficile. La représentation des femmes musulmanes est trop souvent le résultat de stéréotypes, selon elle. Avant cela, elle s’y était déjà confrontée elle-même. “Celle qui m’a donné envie d’en savoir plus et d’écrire sur ces sujets, c’est ma meilleure amie, musulmane, rencontrée lors de nos études universitaires”, détaille-t-elle. “Avant elle, je n’avais jamais parlé a une femme qui portait le voile, je ne connaissais rien de l’islam. Je pense sincèrement que j’avais beaucoup de préjugés, tout simplement”, confie-t-elle. 

Des préjugés à la découverte de l’islam

Petit à petit, elle cherche à mieux comprendre l’origine de ces préjugés, en même temps que la place des femmes en islam. C’est une deuxième rencontre majeure qui illumine sa réflexion, Asma Lamrabet, (médecin, et essayiste féministe marocaine), à l’époque directrice du Centre des études féminines en Islam à Rabat. “J’ai été impressionnée par ses travaux de relecture du Coran dans une perspective féministe”, déclare Élise. “En découvrant la richesse de la langue arabe qui permet d’avoir plusieurs significations possibles pour un seul mot, j’ai réalisé aussi que les interprétations les plus courantes du Coran ont été faites par des hommes. Les femmes y sont minorées”, déclare la jeune journaliste.

Élise Saint-Jullian est journaliste et auteure du livre &quot ;Musulmanes du monde&quot ;, à paraître aux éditions Faces Cachées, le 30 avril 2021.

Élise Saint-Jullian est journaliste et auteure du livre ’Musulmanes du monde’, à paraître aux éditions Faces Cachées, le 30 avril 2021. © LK. Imany

Pour la jeune journaliste, la religion n’est pas source d’inégalités mais elle comprend qu’elle est plutôt utilisée “pour justifier les inégalités envers les femmes”. Elle découvre aussi la réalité des femmes musulmanes, très différente des stéréotypes présents dans les médias. “Alors j’ai décidé d’interviewer des femmes musulmanes actives, engagées, qui œuvrent pour un monde meilleur et dont plusieurs apparaissent d’ailleurs dans le livre. Je voulais vraiment changer les préjugés autour de ces femmes dans les médias, auprès du grand public”, développe Élise Saint-Jullian

Parallèlement à son travail, la jeune journaliste décide de se convertir à l’Islam, le plus naturellement possible. Elle découvre ainsi une véritable diversité de profils de femmes. “J’ai réalisé qu’on pouvait être musulman et ne pas avoir la meme culture que les autres. On peut être musulmane et s’appeler Élise ou Fatoumata. C’est ainsi que j’ai pris conscience de cette diversité”. Curieuse du monde qui l’entoure, la jeune femme veut aller plus loin que ses articles sur ces femmes. Elle veut offrir aux jeunes adolescentes des modèles féminins pour se construire.

L’idée du livre jeunesse prend forme dans l’esprit de la jeune journaliste. “Il existe déjà de nombreux ouvrages mettant en avant des femmes courageuses aux parcours incroyables comme Rosa Parks, Marie Curie, entre autres. Pourtant peu de femmes musulmanes figurent dans ces livres. La diversité est primordiale, notamment dans la littérature jeunesse, pour que chaque enfant puisse se reconnaître dans des figures qui aident à grandir”, explique-t-elle. 

Elle commence alors ses recherches de musulmanes inspirantes, pendant plusieurs mois. Rapidement, Élise Saint-Jullian cible essentiellement des femmes contemporaines. “Il existe déjà beaucoup de livres sur des figures religieuses féminines. Je voulais me concentrer sur des femmes modernes, moins connues, et surtout venant du monde entier”, confie la journaliste. Elle cherche alors, région par région, des femmes au parcours incroyable, mais aussi d’âge différent. “Les jeunes filles (et garçons) pourront s’identifier à ces femmes scientifiques, militantes, entrepreneuses, mais aussi réfugiées, handicapées, en accord avec les différentes facettes de nos identités”, déclare-t-elle.

Ouvrir la voie

Pourtant, il n’a pas été simple pour elle de découvrir ces femmes. “Quand on tape ‘femmes musulmanes inspirantes’ sur Google, on est limité à quelques noms, comme Malala Yousafzai, par exemple”. Les ressources en anglais lui offrent un peu plus de possibilités, mais là encore, la manière dont ces femmes sont présentées pose problème à la jeune journaliste. “Elles sont souvent montrées comme des victimes : victimes d’agressions islamophobes ou victimes des hommes de leur communauté. Les femmes musulmanes sont bien plus que cela et ont beaucoup de choses à dire. Les parcours inspirants sont indispensables pour changer le regard que l’on peut porter sur ces femmes musulmanes”, détaille-t-elle. 

Loin de toute vision victimaire, le livre “Musulmanes du monde” propose une autre approche. “Je voulais casser cette image de la femme musulmane qui doit toujours se ‘libérer’ de l’emprise d’un homme, qu’il soit son père, son frère. Dans plusieurs histoires de vie que j’ai sélectionnées, on remarque d’ailleurs que les pères ont joué un rôle souvent important dans la destinée de leur fille, en les soutenant dans leurs études, ou choix de vie, au-delà des conventions sociales qui mettent parfois des freins aux filles”, détaille l’auteure. Elle décide donc de rendre hommage à des femmes pionnières dans leurs domaines, comme la première femme à devenir pilote de ligne au Maroc, et dans le monde arabe, Touria Chaoui, ou encore Hawa Abdi, la première femme gynécologue en Somalie. “Ces femmes ont ouvert la voie à d’autres, par leur combativité et leur courage face aux préjugés. Une adolescente pourra se dire par exemple : ‘il n’y a encore jamais eu de femme musulmane qui a osé faire telle chose ou tel métier, mais ce n’est pas grave, moi je serai la première dans le domaine’. C’est l’essentiel”, confie la jeune auteure.

Pour Élise Saint-Jullian, il était évident que ce projet se ferait avec une illustratrice. “Quand on ouvre un livre, si on voit de beaux dessins qui accompagnent le texte, je trouve que cela a bien plus d’impact, surtout auprès des jeunes”, avoue-t-elle. Elle découvre via le réseau Instagram, LK. Imany qui travaille beaucoup autour des représentations des minorités. “C’était primordial pour moi que ce soit une illustratrice musulmane pour mettre en avant ces femmes”, explique-t-elle.

C’est au moment des Césars 2020, que la journaliste contacte l’illustratrice, pour lui parler de son projet de livre. Cette dernière avait publié des dessins représentant les actrices Adèle Haenel et Aïssa Maïga, mais aussi de Soraya Hachoumi (actrice principale du film Soumaya), qu’elle aurait aimé voir nominée lors de cette soirée.

À ce moment, la jeune femme de 29 ans, architecte paysagiste de formation, venait de mettre sa carrière en pause, pour se consacrer au dessin et à l’écriture. “J’ai toujours dessiné, mais prise par mes études et ma carrière, j’avais arrêté pendant neuf ans”, explique LK. Imany. “J’avais envie de plus de diversité dans les œuvres culturelles françaises”, détaille-t-elle. La jeune artiste porte le manque de représentation comme une lutte de tous les instants. “J’ai vraiment l’impression que rien n’est fait pour nous, on n’existe pas. Je suis une femme d’origine maghrébine, musulmane et je porte le foulard. C’est le combo gagnant pour le manque de représentation”, annonce LK. Imany. “On a vraiment l’impression que nos narrations, nos vécus n’ont pas de valeur. Il existe des traductions d’œuvres en anglais qui ont eu du succès, mais rien n’est fait pour des œuvres en français”, déplore la jeune artiste. 

L’impact du dessin

La rencontre virtuelle avec Élise Saint-Jullian et son projet de livre tombait à pic pour LK. Imany. “Quand j’ai reçu son manuscrit, j’étais ravie. C’était vraiment le projet qu’il me fallait !”, s’exclame-t-elle. L’idée d’être elles aussi dans une posture de pionnières, avec ce projet de livre, a ravi les deux jeunes femmes. “Avec tout ce qui s’est passé sur les questions de races, du patriarcat, je ne pouvais qu’être partante”, conclut LK. Imany. 

LK. Imany est l&#039 ;illustratrice du livre &quot ;Musulmanes du monde&quot ;.

LK. Imany est l’illustratrice du livre ’Musulmanes du monde’. © LK. Imany

Elle qui aime dessiner des femmes dans l’action, elle a pu s’en donner à coeur joie avec les portraits sélectionnés par la journaliste. Après s’être imprégnée des textes de la journaliste, LK. Imany va passer plusieurs heures à rechercher des informations sur chacune des femmes, dont des représentations existantes. “Pour Lalla Fatma Nsoumer (résistante kabyle contre l’occupation française au 19e siècle, ndlr), je me suis inspirée des tableaux, des films faits sur son histoire pour dessiner ses costumes, ses bijoux. Mais je me demande aussi quelle femme elle était, quelle émotion je veux mettre en avant dans le dessin”, détaille la jeune illustratrice. LK. Imany va plus loin, pour un meilleure rendu des différents physiques, loin des critères de beauté occidentaux : “J’essaye déjà de ne pas blanchir ces femmes. C’est un problème fréquent dans leur représentation, les illustrateurs ont tendance à rapetisser les nez, à éclaircir la peau. Je travaille avec précision sur la couleur, pour rendre le plus fidèlement possible les couleurs de peau, les textures. Je ne vais pas choisir un marron au hasard pour dessiner une femme noire”, précise-t-elle. 

Parallèlement au travail d’illustration de LK. Imany, Élise Saint-Jullian se lance à la recherche d’une maison d’édition. Pour la jeune femme, il est indispensable de trouver une structure à l’aise avec ces questions. ’Je ne savais trop vers qui me tourner. Le mot ’musulmanes’ peut faire peur, alors que ce n’est pas du tout un livre religieux’, commente-t-elle. Par une amie, elle entre en contact avec l’équipe de la maison d’éditions indépendante Faces Cachées (qui avait déjà publié entre autres le livre de Bolewa Sabourin). ’Tout s’est fait ensuite naturellement avec l’équipe et Ouafa Mameche, l’une des éditrices’, confie l’auteure. Même son de cloche pour LK. Imany l’illustratrice. “Le projet aurait été forcément différent avec une autre maison d’édition. Ouafa et son équipe m’ont laissé une totale liberté. Elle et Élise m’ont vraiment fait confiance dans mon travail. C’était essentiel pour que ce livre voit le jour dans sa plus belle forme”, confie l’illustratrice LK. Imany. 

Pour l’équipe de Faces Cachées, faire exister un tel livre était une évidence. Ouafa Mameche, jeune journaliste de 30 ans est aussi l’une des éditrices ayant travaillé sur le livre. ’Nous avons tout de suite été emballés par la proposition. Elle émanait d’une journaliste qui avait travaillé sur le sujet et le maîtrisait donc bien, et l’idée d’un livre jeunesse nous plaisait. Enfin, dans la vie de chacun de nous (avec Bakary Sakho et Paul Odonnat), nous voulions faire exister un tel livre. Personnellement, je ne connaissais que trois femmes sur 30 et j’ai beaucoup appris’, s’exclame la jeune femme. Il s’agit d’ailleurs du premier livre féminin édité par la jeune maison d’édition, qui a pour habitude de publier des autobiographies. ’Nous regrettions d’ailleurs de ne pas recevoir beaucoup de manuscrits de femmes dans ce genre-là. Celui de ’Musulmanes du monde’ nous amène à la fois une plume et un coup de crayon, du texte et de l’art. Ce sont aussi deux femmes différentes dans leurs histoires et leurs parcours’, complète Ouafa Mameche, désormais décidée à publier encore plus de femmes. 

Journée Internationale de la femme musulmane

À un mois de la sortie du livre, Élise et son illustratrice LK. Imany participent à la journée internationale de la femme musulmane via l’événement en ligne organisé par l’association Lallab, pour parler de leur travail sur le livre “Musulmanes du monde”. C’est également ce jour-là que les pré-commandes du livre seront ouvertes auprès de la maison d’édition. Un choix qui a tout son sens pour Ouafa Mameche. ’Cette journée, lancée en 2017 pour faire résonner les voix des femmes musulmanes, dans leur diversité et leur pluralité, a totalement le même but que cet ouvrage’, explique-t-elle. ’Personnellement, j’ai connu cette journée lancée par une féministe américaine, par le biais de l’association Lallab, qui organise tous les ans des évènements ce jour-là. Il était alors naturel de coordonner le lancement avec la journée de Lallab. Elles ont eu la gentillesse de laisser un créneau à Elise et LK. Imany afin de présenter le livre’, poursuit-elle.

À un mois de la sortie du livre ces jeunes femmes ont hâte de l’avoir enfin entre les mains et de voir comment le jeune public va réagir. Les réactions sur les réseaux sociaux, lors de la publication de la couverture ont été très positives pour la jeune éditrice. ’Elles ont dépassé nos espérances. Nous savions qu’un tel livre manquait cruellement dans le paysage littéraire et les réactions enthousiastes nous ont confortés dans notre choix de publication. Des femmes mais aussi des hommes avaient hâte de le commander pour en offrir aux enfants et adolescents autour d’eux, de découvrir et de faire découvrir ces femmes à leurs enfants, frères et soeurs’, s’enthousiasme Ouafa Mameche. 

Élise Saint-Jullian tient, elle, à affiner son propos avant la sortie. ’Ce livre aurait pu contenir des milliers de femmes. J’ai choisi des femmes qui ont accompli des choses significatives dans l’histoire. Mais en réalité il y a tellement de femmes musulmanes courageuses dont on ne parle jamais. Pour moi les infirmières, les femmes de ménage, les auxiliaires de vie, les nourrices, les caissières, les ouvrières, les institutrices, toutes ces femmes qui prennent soin des autres et du monde sont aussi des héroïnes. Elles sont aussi des modèles à suivre’, déclare-t-elle.

A lire aussi dans Terriennes : 
Féminisme et religion, même combat ?
_
Mona Haydar, au-delà de la rappeuse au hijab
Paroles de musulmanes, un documentaire pour écouter celles qu’on n’entend pas
#MosqueMeToo : des musulmanes dénoncent les agressions sexuelles à La Mecque
Tunisie : les musulmanes peuvent désormais se marier avec des non-musulmans
Sœurs musulmanes, entre répression, régression et émancipation

Source : https://information.tv5monde.com/terriennes/musulmanes-du-monde-un-livre-jeunesse-pour-decouvrir-des-femmes-pionnieres-402020

Retour au début du sommaire


  • Journée d’étude « Femmes musulmanes engagées dans la cité : prédicatrices, aumônières et imames » - Mardi 15 novembre 2022, 9h00-16h30, Maison méditerranéenne des sciences de l’homme - MMSH, salle Georges Duby, Aix-en-Provence.
    Organisée par Fatiha Kaouès (GSRL, EPHE, Paris) et Myriam Laakili (IREMAM, AMU, Aix-en-Provence).

Photo @ Institut Mohammed VI de formation des imams mourchidines et mourchidates de Rabat

Photo @ Institut Mohammed VI de formation des imams mourchidines et mourchidates de Rabat

En quoi les femmes musulmanes engagées dans le champ religieux, prédicatrices, aumônières et imames participent elles aux mutations sociales et politiques du champ islamique contemporain ? Cette journée d’étude se propose d’apporter quelques éclairages à cette question brûlante en analysant l’insertion au sein d’organisations religieuses de femmes musulmanes impliquées dans le culte musulman, qu’elles soient salariées ou bénévoles. En premier lieu, une partie de nos communications s’attacheront à présenter les résultats d’un programme intitulé MECRIF (Musulmanes engagées dans le champ religieux islamique en France) pour retracer les trajectoires de femmes qui, entre engagement personnel et insertion plus ou moins contrariée au sein des institutions de l’islam français, tentent de faire leur place dans un univers ou leur légitimité est âprement discutée. En second lieu, d’autres contributeurs travaillant sur les mêmes sujets dans le monde arabe (Maroc et Algérie) auront soin d’évoquer ces mêmes questions dans leurs terrains respectifs, dans une perspective comparative. A partir d’un travail de terrain et d’entretiens conduits avec un certain nombre d’actrices (imames, prédicatrices, animatrices de groupes de prière, etc.), nous mettrons en évidence la façon dont les pratiques, les représentations et les discours sur l’islam auxquelles elles se réfèrent, orientent leur vécu proprement religieux.

L’objectif de cette journée sera de faire émerger des récurrences mais aussi des singularités selon les cas et lieux investigués, pour, in fine, contribuer à une meilleure intelligence d’un phénomène complexe.

PROGRAMME

8h45 - Accueil

9h00-9h20 - Introduction : Fatiha Kaouès (GSRL, EPHE) et Myriam Laakili (IREMAM, AMU)

SESSION 1 - Présidence : Saïd Belguidoum (AMU, IREMAM)

9h20-9h40 - Farid Bouchiba (GSRL, EPHE)  : « Femmes prédicatrices, mourchidates et imames : essai de synthèse bibliographique ».

9h40-10h - Sofiane Oussalah (CETOBAC, EHESS) : « La formation des mourchidates en France : une approche non genrée ».

10h-10h20 - Myriam Laakili (IREMAM, AMU) et Françoise Lorcerie (IREMAM, CNRS) : « Prédicatrices et mourchidates à Marseille et ses environs ».

10h20-10h40 - Fatiha Kaouès (GSRL, EPHE) : « Imames et aumônières en France ».

10h40-10h50 - Pause

10h50-11h10 - Omero Marongiu-Perria (Sociologue) : « Le débat sur l’imamat des femmes dans le champ religieux islamique français ».

11h10-11h30 - Témoignage : M. Abobikrine Diop, responsable de la mosquée Bilâl et recteur de l’annexe de l’Institut al-Ghazali à Marseille.

11h30-12h15 - Discussion introduite par Sophie Bava (LPED, IRD).

12h15-13h30 - Pause déjeuner

SESSION 2 - Présidence : Karima Dirèche (TELEMMe, CNRS)

13h30-13h50 - Mariví Pérez Mateo (Université d’Alicante, Espagne) : « La figure de la guide spirituelle de Mourchida Dinnia en Algérie, du volontariat à la fonction publique ».

13h50-14h10 - Belkacem Benzenine (CRASC, Algérie) : « L’intégration des femmes dans le champ religieux : l’expérience des mourchidates au Maroc ».

14h10-14h20 - Pause

14h20-15h - Témoignages

Louisa Hemaissia, Aumônier dans le secteur hospitalier, présidente de l’Association Espérance dans les Alpes-Maritimes et présidente du Réseau Enseignements Études Plurielles Laïcité.

Raphaël Bitton, Aumônier de l’hôpital Montperrin et du centre hospitalier Aix-Pertuis.

15h-15h45 - Discussion introduite par Vincent Geisser (IREMAM, CNRS).

15h45-16h15 - Conclusion générale : Lisa Antéby-Yemini (IDEMEC, CNRS).

Source : https://irem am.cnrs.fr/fr/journee-detude-femmes-musulmanes-engagees-dans-la-cite-predicatrices-aumonieres-et-imames

Retour au début du sommaire

  • Sally Azar, première femme pasteure palestinienne ordonnée en Terre sainte - Clémence Levant (à Jérusalem), le 30/01/2023 à 19:07 - Article complet ‘La Croix’ réservé aux abonnés
    Portrait - Sally Azar a été ordonnée pasteure dans l’Église évangélique luthérienne de Jordanie et de Terre sainte, le 22 janvier 2023 à Jérusalem. La Palestinienne de 26 ans se prépare à rencontrer des résistances.

Sally Azar, première femme pasteure palestinienne ordonnée en Terre sainte

Photo - Sally Ibrahim Azar, avant la procession organisée pour son ordination, le 22 janvier 2023 à Jérusalem. Maya Alleruzzo/AP

Il reste 85% de l’article à lire. Cet article est réservé aux abonnés. Je m’abonne pour lire la suite Déja abonné ? Je me connecte - Et demain sera tout aussi surprenant.

À découvrir Les évangéliques appelés à « s’assumer » au travail

Source : https://www.la-croix.com/Religion/Sally-Azar-premiere-femme-pasteure-palestinienne-ordonnee-Terre-sainte-2023-01-30-1201252983

Retour au début du sommaire


10.Le statut de la femme et de l’homme en droit islamique - 05.04.2017 - Document ‘humanrights.ch’ - Islam & droits humains - Dossier -

Dans les pays islamiques, le droit de la famille émane de trois sources : le droit positif, le droit islamique classique et le droit coutumier (urf). Le droit de la famille a certes été codifié au XXe siècle et incorporé au droit positif, à l’instar d’autres domaines juridiques, comme le droit pénal. Mais il reste le domaine qui contient le plus grand nombre de renvois au droit islamique classique, car il n’a pratiquement pas été modifié, ni pendant la colonisation ni pendant l’ère postcoloniale. Dans la majorité des pays, la constitution renvoie, dans son préambule, aux normes du droit islamique classique pour toutes les questions que le droit positif ne régit pas.

Contexte politique du droit de la famille

Le droit de la famille des pays islamiques contient de nombreuses dispositions discriminatoires envers les femmes, car il se fonde sur une conception hiérarchique des rôles des hommes et des femmes. Si divers pays musulmans ont lancé des réformes durant le XXe siècle, les milieux conservateurs s’y sont toutefois souvent opposés, y voyant une attaque contre le droit islamique et ses valeurs. Le droit de la famille suscite par conséquent toujours des débats sur l’identité culturelle et religieuse. La réislamisation entreprise par quelques États islamiques dans la seconde moitié du siècle passé a empêché toute réforme du droit de la famille et, par conséquent, tout progrès dans l’égalité entre femmes et hommes.

Mariage

Dans l’Islam, le mariage est un contrat entre un homme et une femme, les deux devant en principe être consentants.

Si les mariages arrangés sont de fait devenus plus rares en ville, ils restent cependant fréquents à la campagne, avec ou sans le consentement des futurs époux (on parle alors dans ce dernier cas de mariage forcé).

Tutelle

Dans de nombreuses régions, la femme est mise sous la tutelle d’un homme (appelé wali, généralement le père), dont elle doit obtenir le consentement pour pouvoir se marier. Si le tuteur refuse de donner son accord, seul un juge peut outrepasser sa décision et autoriser le mariage.

Âge nubile

Dans le droit islamique classique, la nubilité est atteinte à la puberté, mais l’âge nubile effectif varie selon l’école juridique, et le droit positif peut prévoir un âge minimal plus avancé. Il n’en reste pas moins que dans de nombreux États islamiques, le mariage est autorisé à partir d’un très jeune âge, surtout pour les filles (voir Les droits de l’enfant dans l’Islam). Et même lorsque le droit positif prévoit un âge nubile plus avancé, le mariage contracté à un plus jeune âge selon le droit islamique n’est pas annulé, de sorte que le mariage d’enfants reste possible.

Mariage après un viol

Les normes pénales qui acquittent les violeurs s’ils épousent leur victime sont particulièrement problématiques. Cette disposition, en vigueur dans de nombreux pays islamiques, a pour but de sauvegarder l’honneur de la famille, mais ne fait guère cas du consentement de la femme ou de la fille.

Polygamie

Le Coran permet à un homme d’avoir quatre épouses s’il a les moyens de les traiter sur un pied d’égalité. Dans leur train de réformes, certains États comme l’Égypte (en 2000) et le Maroc (en 2004) ont introduit des restrictions dans le droit de la famille. Ils exigent notamment le consentement de la première femme pour les mariages supplémentaires. Par ailleurs, un juge doit s’assurer que l’homme dispose de moyens économiques suffisants pour assumer sa polygamie. Il reste à savoir si la première femme a réellement les moyens de s’opposer à un autre mariage, eu égard aux conséquences que ce refus peut avoir. La Turquie et la Tunisie interdisent la polygamie.

Mariage temporaire

Une particularité des chiites est le mariage temporaire. En Iran, cette formule est admise par la loi et l’homme a le droit de contracter un nombre illimité de mariages temporaires. Le statut de la femme qui contracte un mariage temporaire est inférieur à celui de la femme qui contracte un mariage classique, puisque le mari n’est pas obligé de subvenir à ses besoins. Étant donné que ce mariage peut être conclu sans témoin ni juge, la femme aura de la peine à en prouver l’existence si le mari le conteste. Dans les régions chiites, les prostituées travaillent sous le couvert du mariage temporaire et se retrouvent ainsi dans une situation particulièrement précaire, car la prostitution est illégale.

Dot

Élément essentiel du contrat de mariage, la dot (mahr, en arabe) doit être versée directement à la femme (et pas au père ou au tuteur, par ex.), du moins en théorie. Les opinions sur la fonction de la dot divergent. Pour certains, elle garantit l’indépendance financière de la femme après un divorce. En cas de divorce, elle peut faire office de « peine conventionelle », de façon à dissuader l’homme d’abuser de son droit de divorcer. Pour d’autres, la dot est une tradition dépassée qui ravale la femme au rang d’objet.

Partage des rôles et droit de correction

En droit islamique, l’homme et la femme ont des droits et des devoirs l’un envers l’autre. L’obligation principale du mari est de subvenir aux besoins de la femme, qui, même si elle dispose d’une fortune, n’est pas obligée de l’apporter au ménage.

Controversée et très discutée, la sourate 4:34 du Coran permet à l’homme, en vertu de son autorité, d’infliger des punitions corporelles à sa femme si celle-ci lui désobéit. En conséquence, la femme a une obligation d’obéissance envers son mari, qui s’étend à la tenue du ménage et l’éducation des enfants, mais aussi au droit de voyager ou de travailler, pour lequel il lui faut une autorisation du mari. Si l’homme ne subvient pas à ses besoins, la femme peut refuser de lui obéir, et inversement, si la femme n’honore pas ses obligations, l’homme n’est pas tenu de subvenir à ses besoins.

Mariage mixte

Le droit islamique classique permet à un musulman d’épouser une chrétienne ou une juive, mais l’inverse n’est pas admis. Une femme musulmane ne peut épouser une personne d’une autre religion, de sorte que les mariages civils contractés à l’étranger entre une musulmane et un non-musulman ne sont généralement pas reconnus dans l’État d’origine.

Divorce

Si le droit traditionnel islamique reconnaît le droit au divorce, la portée de ce droit n’est pas la même pour les hommes que pour les femmes. Dans certains États, l’homme marié peut divorcer en prononçant trois fois une formule ad hoc, souvent sans autorisation judiciaire. Une femme mariée n’est en revanche en droit de le faire que dans certaines situations précises (en cas de stérilité du conjoint ou quand son mari lui a « délégué » le droit de divorcer, par ex.) et avec l’accord du tribunal.

La femme a par ailleurs la possibilité de demander le divorce selon une modalité appelée khul, à laquelle le mari doit donner son consentement. Souvent, ce dernier accepte à condition que son épouse restitue sa dot ou qu’elle y renonce, ce qui rend le divorce très difficile pour la femme, car le droit islamique ne prévoit pas de pension alimentaire.

Quelques pays ont entrepris des réformes juridiques pour améliorer le statut de la femme. Ils ont ainsi supprimé le divorce par répudiation (qui donne la possibilité à l’homme de divorcer en prononçant une simple formule), adopté l’obligation de verser une pension alimentaire et édicté des dispositions pour empêcher que la femme répudiée soit chassée du domicile familial. Souvent, ces améliorations n’ont cependant guère d’impact sur les pratiques dans les régions rurales.

La femme reste l’inférieure de l’homme dans tous les pays islamiques, et ce constat est valable non seulement pour le droit du divorce, mais aussi pour le droit de garde des enfants.

Le contrat de mariage, une solution ?

Les contrats de mariage sont un instrument essentiel pour réduire un tant soit peu l’inégalité de traitement des femmes dans le mariage et le divorce. Certains contrats prévoient ainsi le droit pour la femme de voyager ou régissent la question de la polygamie. Si le mari ne respecte pas le contrat, la femme a dans la majorité des cas le droit de divorcer. Bien que le statut juridique de la femme s’améliore quelque peu grâce à ces contrats, l’on est encore manifestement loin d’une réelle égalité de traitement.

Droit successoral islamique

Le droit successoral prévoit toujours des inégalités de traitement pour les membres de la parenté proche de sexe féminin que sont la femme, la mère, les filles et les sœurs. Pour justifier ces inégalités, on invoque le fait que, dans une famille musulmane, toutes les obligations de nature financière incombent aux hommes. Le partage de la succession entre frères et sœurs illustre cette discrimination : la part d’héritage des hommes est deux fois plus importante que celle des femmes.

Autres inégalités de traitement

Dans certains pays, les femmes ont le devoir de respecter des codes vestimentaires ou de se soumettre à des règles de ségrégation entre les sexes, notamment dans le domaine de l’éducation. Les femmes sont parfois exclues de la vie publique, voire de la fonction publique. Devant les tribunaux, le statut de la femme est nettement inférieur à celui de l’homme, notamment lorsqu’elle doit déclarer comme témoin ou lorsqu’il s’agit de calculer le montant d’une indemnité. Souvent, ses déclarations valent la moitié moins que celles d’un homme.

Réserves émises à l’égard de la CEDEF

Tous les États ou presque ont ratifié la Convention pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDEF). La majorité des pays musulmans ont cependant formulé de nombreuses réserves et invoqué la primauté du droit islamique. C’est le cas du Royaume d’Arabie saoudite, qui l’exprime en ces mots : « In case of contradiction between any term of the Convention and the norms of islamic law, the Kingdom is not under obligation to observe the contradictory terms of the Convention. » Que des réserves de nature si générale soient admissibles ou non – ce qui fait l’objet d’une vive controverse –, ces déclarations reflètent dans tous les cas le manque de volonté de nombreux États musulmans d’accorder aux femmes des droits allant au-delà de la tradition islamique.

Féminisme islamique

Depuis les années 1980, un mouvement féministe islamique est apparu dans divers pays musulmans, s’ajoutant au mouvement féministe laïque déjà existant. Il plaide en faveur de l’égalité entre hommes et femmes en réinterprétant les sources religieuses. Une autre stratégie argumentative consiste à évoquer un « âge d’or » de l’Islam pour montrer que les interprétations et les pratiques discriminatoires envers les femmes sont contraires à la religion musulmane.

Les féministes islamiques traitent principalement les sujets suivants : la législation (et notamment l’égalité des conjoints, le mariage forcé, le mariage des enfants, le divorce et la répudiation, la mise sous tutelle de la femme et la garde des enfants), les codes vestimentaires (foulard et voile), la sexualité féminine et, en particulier, l’obéissance sexuelle, la violence contre les femmes (droit de correction) et l’accès des femmes aux professions religieuses et à la mosquée (accès de la femme à la fonction de clerc, etc.).

Comme le féminisme laïque, le féminisme islamique trouve parfois un écho favorable, mais se heurte aussi le plus souvent à un rejet. Ce sont en particulier les traditionalistes musulmans et les fondamentalistes islamiques (Islam politique) qui s’opposent à la réinterprétation des sources religieuses. Certains accusent les féministes musulmanes d’occidentalisation et d’hérésie.

Droits humains concernés

Qui sommes-nous ? Equipe Organisation Emplois Revue de presse Contact

Adresses : Services pour les personnes en détention Services de consultation pour les victimes de racisme Adresses utiles

CP 34-59540-2 IBAN : CH9009000000340595402 Association humanrights.ch 3012 Berne

Dons Devenir membre Newsletter - Point de vue de l’Islam : Aperçu Droit musulman Déclarations islamiques des DH Droits humains dans l’Islam - Foyers de tensions : Aperçu Liberté de religion/minorités religieuses Liberté d’expression Droits des femmes Droits de l’enfant Châtiments corporels Homosexualité Autres contradictions - L’Islam en Europe : Aperçu Islam européen La charia en Europe Islamophobie

© humanrights.ch – Source : https://www.humanrights.ch/fr/pfi/droits-humains/religion/dossier/foyers-de-tensions/droits-des-femmes/

Datei:Logohumanrights.ch.svg – Wikipedia

Retour au début du sommaire

Image : Lallab

Fondée en 2015, l’association Lallab vise à lutter contre le sexisme et l’islamophobie systémique que subissent les femmes ‘racisées’ en France. Son activité lui vaut d’être surveillée de près par les pouvoirs publics, tandis que ses demandes de financements sont souvent ignorées. Ces pressions visent à ralentir l’affirmation croissante des personnes issues des pays anciennement colonisés par la France dans l’espace de discussion collective français.

Fatiha Kaouès est sociologue et anthropologue, chargée de recherche au CNRS. Ses travaux portent sur les organisations non gouvernementales confessionnelles et les associations musulmanes en France.

L’association Lallab s’inscrit dans un foisonnement de structures à référence musulmane qui ont vu le jour depuis plus de dix ans en France. Toutes sont dotées d’une reconnaissance juridique sous le statut d’association Loi 1901 et œuvrent dans une diversité de champs
[1]. Ce développement se complique du fait de controverses récurrentes à forte densité émotionnelle qui saturent périodiquement l’espace public, mettant en doute la compatibilité des associations musulmanes, ou considérées comme telles, avec des principes à vocation universaliste (laïcité, mixité, tolérance) élevés au rang de symboles républicains.

Ces controverses ne se déploient pas seulement dans le ciel éthéré des idées. Portées dans l’espace public, elles produisent leurs effets sur les régimes de libertés publiques conduisant à un contrôle serré des lieux de culte, des clercs et des associations assimilées à divers degrés à l’islam. Ce développement connaît une évolution dramatique avec la « loi séparatisme »
[2] qui inclut un volet destiné à accroître la surveillance des associations. Dans ce contexte de montée des périls pour les libertés associatives en général, au-delà même du contexte musulman, un nombre croissant d’associations sont menacées par ce processus législatif
[3].

À partir de l’exemple de l’association Lallab, et d’une séquence en particulier dans laquelle son existence a été questionnée, cet article se propose de saisir les enjeux de ce développement. Sont en particulier étudiés la construction politique d’un « problème », ses effets concrets sur l’association concernée et plus largement, les enjeux qui portent sur la visibilité des individus et associations qui entretiennent un lien plus ou moins étroit avec l’islam…

Toute association dispose de son récit fondateur. L’idée de la création de Lallab est ainsi née, en 2014, lorsque Sarah Zouak, alors étudiante en master à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), exprime le souhait de consacrer un mémoire aux féministes musulmanes. La jeune femme explique avoir été heurtée par les réactions négatives émanant d’une professeure – qu’elle décrit comme féministe – sollicitée pour diriger ce projet. Pour cette dernière, on ne saurait décemment concilier féminisme et islam. Sarah Zouak décrit cet épisode comme le début d’une prise de conscience du fait que le monde universitaire, qu’elle pensait à l’abri des préjugés, pouvait se révéler porteur de préconceptions sur l’islam.

Le parcours de Sarah Zouak doit être saisi à la lumière de ses expériences passées. La jeune femme a grandi à Ivry-sur-seine, en région parisienne, au sein d’une famille de classe moyenne. Très jeune, elle est sensibilisée à des questionnements et des idées politiques partagés par sa famille qu’elle décrit comme étant située à gauche sur l’échiquier politique. Après le lycée, elle est admise en classe préparatoire, dont l’enseignement est tout entier orienté vers la préparation aux écoles de commerce, avec un accent mis sur le marketing et les finances. Or, Sarah n’est guère férue de ces disciplines.

Il y avait beaucoup d’enfants de « grands-patrons ». Et j’étais la seule jeune fille d’origine arabe. Je me posais des questions difficiles : est-ce que j’allais passer ma vie à concevoir des affiches publicitaires ? Je me demandais quel sens je pouvais donner à cette activité. À chaque fois que c’était possible, je participais à des projets sociaux.

Sarah Zouak s’implique dans la vie extra-scolaire en devenant vice-présidente du bureau humanitaire. Par la suite, elle envoie sa candidature à de nombreuses organisations et elle est acceptée au sein d’AIDES
[4], où elle a en charge l’organisation de conférences sur le VIH/Sida dans de grandes capitales du monde, comme Washington et Genève, en bénéficiant d’une large autonomie.

Pour moi ça a été une expérience « magique », même si c’est un univers dur. On est bien loin des stéréotypes sur l’Afrique et l’humanitaire. On côtoie des publics que l’on ne croise pas souvent, des migrants, des travailleurs du sexe, des usagers de drogue, des personnes homosexuelles. C’est des publics que je ne connaissais pas, qui sont très vulnérables sur des questions de santé publique. Ils sont confrontés à de nombreux problèmes, en particulier parce qu’ils sont encore difficilement acceptés par la société.

Est-ce que le fait que vous, jeune femme éloignée de ce public ait décidé de travailler auprès de ces personnes socialement en marge n’a pas surpris vos collègues ou votre entourage ?

Si, tout à fait. Le fait qu’une personne comme moi, qui suis ni homosexuelle ni travailleuse du sexe ait souhaité s’impliquer au sein d’une association telle que AIDES, cela a surpris les gens. Mais pour moi, ça a été une expérience très riche. J’ai pris conscience qu’en France, certaines identités restent problématiques lorsqu’elles sont éloignées de certaines normes en vigueur du point de vue de l’identité de genre ou de l’état de santé.

C’est à partir de ces enseignements que la jeune femme décide de poursuivre dans cette voie en analysant la manière dont s’organise le processus de transformation sociale au sein d’une association. Elle souhaite alors comprendre, auprès de ses collègues militant·es, comment il serait possible de faire changer les lois en France au profit des populations minorisées, comme cela a été réalisé aux États-Unis. Elle est impressionnée et ravie de voir de tels accomplissements à l’œuvre.

Je me disais : moi aussi, je peux faire ça en France !

La lutte contre le VIH/Sida la passionne et elle s’y implique avec cœur. Toutefois, elle cherche encore le domaine dans lequel elle s’épanouirait. La cause des femmes a emporté son choix, une décision confortée par la lecture d’un ouvrage consacré aux féministes musulmanes dans le monde
[5]. Sarah a vécu douloureusement le manque d’intérêt de sa directrice pour son projet de recherche sur le sujet. Cet échange renvoie alors la jeune femme à son vécu où, toute sa vie, elle a agi en sorte de gommer son identité pour être intégrée pleinement et avoir sa place dans la société.

J’avais intériorisé ces discours dominants, à la limite. Le discours que j’ai reçu, c’est sur la nécessité de constituer un modèle pour donner une bonne image des Arabes et des musulmans. Certaines personnes, dans notre entourage ou nos voisins disaient à mes parents qu’ils étaient de « bons Arabes », comme s’ils étaient des exceptions. Pour moi, dans cette assertion, il y a un postulat raciste.

Dès lors, la jeune femme se demande que faire pour travailler à modifier les mentalités. C’est ainsi que naît son projet de réalisation de films documentaires présentant des parcours de femmes musulmanes qui agissent pour l’émancipation des femmes et des filles, « des femmes qui allient sereinement leur féminisme et leur foi », précise-t-elle. Déterminée et connaissant l’importance des images, la jeune femme se forme à l’utilisation d’une caméra et entreprend alors un périple documentaire qui la conduit dans cinq pays musulmans : le Maroc, la Tunisie, la Turquie, l’Iran et l’Indonésie, pour aller à la rencontre de femmes actives dans leur société.

Justine Devillaine, sa comparse, a passé trois mois au Maroc où elle a travaillé bénévolement et où elle a été marquée par l’écart existant entre ce qu’elle pensait connaître de la vie des femmes marocaines, rurales et musulmanes et ce qu’elle a constaté en évoluant dans ce pays. Elle a aussi consacré son mémoire de recherche de Master 1 – également à l’Iris – aux femmes dans les révolutions arabes. L’année suivante, elle rencontre Sarah Zouak, qui fonde le Women SenseTour (WST) en février de leur année de Master 2. Enthousiasmée par ce projet, Justine décide de la rejoindre et l’accompagne dans ses deux derniers périples, en Indonésie et en Iran
[6]. Elle décrit son parcours comme étant des plus « classiques ». Après un baccalauréat scientifique, elle s’est inscrite en classe préparatoire « lettres et sciences sociales » qu’elle décrit comme « hypokhâgne avec une dimension sociale ». Les connaissances qu’elle a acquises dans des disciplines telles que la sociologie et l’économie lui ont permis de mettre des mots sur des événements ou des situations dont elle pressentait l’existence sans parvenir à les verbaliser. Justine Devillaine est ainsi passée d’un milieu privé catholique de droite à un milieu militant de gauche auprès de camarades de classe engagé·es qui sont devenus des ami·es. Aux côtés de son amie Sarah Zouak, elle a affiné son intérêt pour la cause des femmes, plus précisément pour les mouvements intersectionnels et internationaux de lutte pour les femmes.

En tant que femme blanche et athée, j’avais observé qu’au sein du milieu féministe « mainstream » que je fréquentais, il n’y avait pas beaucoup de femmes issues de l’immigration. Mais je n’avais pas encore pris toute la mesure de ce constat. Petit à petit, j’ai pris conscience de ce que cette invisibilité implique. C’est à l’Iris et avec mon amie Sarah que je suis arrivée à la conviction que beaucoup de femmes sont exclues du féminisme classique pour des raisons, à mon avis, auxquelles beaucoup de féministes refusent de faire face.

Justine explique avoir grandi dans une famille traditionnelle se situant à droite dans l’échiquier politique. La jeune femme a toujours fréquenté des écoles privées catholiques jusqu’au baccalauréat. Elle a en outre fait sa communion et a étudié la catéchèse en primaire ainsi qu’au collège, mais elle explique ne s’être jamais départie d’un certain scepticisme. A son avis, la religion tenait davantage d’une culture et d’une tradition au sein de sa famille plutôt que d’une croyance ferme. De plus, le fait de s’associer au plan spirituel à l’Église catholique dont elle ne partage pas les valeurs sociétales, lui était fort déplaisant.

J’ai fait un constat assez inattendu. J’ai remarqué que j’ai davantage accepté le fait d’avoir un entourage chrétien après avoir travaillé aux côtés de femmes musulmanes. C’est comme ça que j’ai pris du recul par rapport à mon « passé » chrétien. Et c’est là aussi que j’ai adouci ma position vis-à-vis des personnes catholiques pratiquantes de mon entourage.

Lallab est fondé en décembre 2015, réunissant une association et un magazine. Lallab est la combinaison du mot « lalla » qui signifie « madame » en arabe dialectal marocain et « lab » , contraction de « laboratoire ». Pour Sarah Zouak et Justine Devillaine, l’association Lallab est conçu comme un laboratoire « d’utopies, d’idées et de rencontres à vocation féministe et antiraciste pour expérimenter des modèles alternatifs, de nouvelles façons de vivre, lutter ensemble et de faire société ».

Pour l’empowerment des femmes

Dès 2018, Lallab compte plus de 200 bénévoles partout en France et organise des ateliers de sensibilisation dans les lycées pour déconstruire les préjugés. Chaque année, l’association organise un festival féministe, à la Bellevilloise, un espace dédié à de multiples manifestations situé dans le 20e arrondissement de Paris. C’est un évènement que ses fondatrices disent placé sous le signe de la sororité, autrement dit de la solidarité féminine, au cours duquel des militantes féministes et antiracistes viennent soutenir la lutte contre le sexisme et l’islamophobie, à travers des tables rondes, des chants, des expositions et des récitations de poème. Lallab organise également des événements pour faire entendre les voix des femmes musulmanes. Pour mener ses actions, Lallab recourt au financement participatif. Comme association loi 1901, l’association peut en effet recevoir des dons émanant de particuliers ou des subventions des pouvoirs publics (conseils régionaux, municipalités, etc).

Lallab revendique un féminisme intersectionnel. Le concept créé en 1989 par l’universitaire féministe noire américaine Kimberlé Crenshaw invite à prendre en compte les différentes formes d’oppression dont sont victimes les femmes, non seulement dans le cadre des rapports de domination liés au genre et à la classe, mais aussi au racisme, dans l’objectif de déterminer la manière dont elles se combinent et font système
[7]. Dès lors, la priorité de Lallab est de lutter contre le sexisme, le racisme et l’islamophobie, tenus pour systémiques.

Lallab part du principe qu’un certain nombre de femmes musulmanes en France, en particulier celles qui portent le foulard, sont victimes de violences accumulées, à raison de leur genre (sexisme), de leurs origines ethniques (racisme) et de leur religion (islamophobie). Ses fondatrices rappellent qu’une grande part des victimes d’agressions islamophobes dans le pays, sont des femmes
[8]. Ces agressions sont de multiples natures, physique ou verbale, et s’accompagnent de fortes injonctions mimétiques, participant à l’isolement de ces femmes et à une forme d’autocensure.

Selon Lallab, elles sont tour à tour dépeintes par certains médias et féministes comme soumises, dépourvues de libre arbitre ou plutôt comme les vecteurs d’un islamisme radical conquérant. Dès lors, Lallab entend agir non pas seulement contre cette imagerie négative mais sur ses conséquences sur les femmes elles-mêmes, à la fois sociales (discriminations au travail ou à l’accès à des espaces de loisir et de culture) et psychologiques (perte de confiance en soi, découragement, retrait social) afin de légitimer leur place dans la vie publique et citoyenne.

Lors de leur voyage documentaire, les deux jeunes femmes complétaient chaque jour un carnet de route sur Internet qui devait à la fois rassurer leurs proches et faire connaître leur périple à un large public. Justine Devillaine explique avoir été fascinée par le décalage entre le discours dominant diffusé par les médias sur les pays visités et ce qu’elle a pu constater aux côtés de Sarah. Elle estime que les médias mais aussi le monde académique, dans une moindre mesure, dressent un portrait fort éloigné de la réalité. Ce décalage est aussi à l’œuvre à son avis en ce qui concerne les femmes musulmanes établies en France. Elle déclare ainsi :

Je le vois d’autant plus par rapport à Lallab. Ce que je vois et ce que j’entends d’un côté et ce que j’expérimente de l’autre, c’est radicalement différent.

En Iran, elle a trouvé aisé de différencier les femmes qui portent le foulard avec conviction et celles qui le portent par nécessité, ces dernières tentant autant que possible, avec courage et détermination, de déroger aux règles établies
[9]. Cette expérience iranienne a aidé la jeune femme à interroger la visibilité du corps au sein de l’espace public et les enjeux qu’il revêt.

Un engagement protéiforme

Plusieurs éléments fondent l’engagement des militantes de Lallab. En premier lieu, elles soutiennent l’idée que les femmes doivent trouver leur propre voie d’émancipation, contre toute imposition ad extra. En d’autres termes, elles promeuvent l’idée que le modèle féministe occidental n’est pas le cheminement unique que peuvent emprunter les femmes pour affirmer leurs droits. Cette posture s’affirme comme féminisme contre tout occidentalocentrisme, au motif que les femmes peuvent définir leur propre voie.

Le second constat quelles dressent tient dans la triple qualité minoritaire des femmes racisées, qui les rend particulièrement vulnérables aux discriminations, en tant qu’elles sont femmes, en tant qu’elles sont musulmanes et le plus souvent membres d’une minorité ethnique ; cela les place triplement en position de fragilité et comme objets de discrimination. Dès lors, les militantes considèrent que ces discriminations ont deux fondements. Tout d’abord, elles prendraient leur source dans une forme d’essentialisation de l’islam et des musulmans. De tels discours généralisant se déploieraient dans la sphère symbolique tout en générant des effets concrets dans la vie des individus. Pour Lallab, si ces préjugés sont aussi persistants, c’est parce qu’ils sont soutenus par des médias influents et surtout, que ces récits et ces représentations ne sont pas confrontés à la réalité concrète.

En second lieu, il s’agirait d’un essentialisme qui s’ancre dans l’histoire longue du pays, notamment coloniale. Ce féminisme « dévoyé » est ainsi dépeint comme un essentialisme qui ferait un usage instrumental de la défense des femmes minoritaires afin de légitimer un pouvoir à prétention hégémonique. Pour illustrer leur propos, les fondatrices de Lallab convoquent l’exemple des cérémonies publiques de dévoilement organisées par le pouvoir colonial en Algérie française, avec des affiches assorties de slogans tels que « comme vous êtes jolie », arborant des photos de femmes algériennes dévoilées publiquement pour se conformer aux mœurs jugées supérieures d’un point de vue civilisationnel de l’Occident chrétien
[10]. Pour soutenir un tel discours, il conviendrait de présenter les musulmans comme un bloc unifié, un tout solidaire et homogène.

Afin de contrer cette vision quelque peu essentialiste, Lallab propose d’opérer doublement en se plaçant directement au cœur du débat public, là où se situerait le nerf de la guerre : le champ des représentations et de la visibilité. Il s’agit alors de donner à voir la complexité de la vie des musulmanes et la pluralité de leurs visages et de leurs voix dans l’objectif de les présenter comme actrices de leur destinée. Pour ce faire, Lallab s’attache à valoriser des relectures des textes sacrés opérées dans une perspective progressiste et non patriarcale par des figures du féminisme musulman.

Rendre visibles les femmes minorisées

Pour les fondatrices de Lallab, le défi consiste à faire émerger la parole et le visage des femmes issues des minorités, au-delà du prêt-à-penser. Dans ce cadre, le thème de la visibilité est central. La sociologie de l’art nous est utile pour saisir plus finement les enjeux de la visibilité dans de multiples mondes sociaux
[11]. En parlant de « visibilité », on se réfère à la qualité sociale propre au régime médiatique, qui est affectée à un individu grâce à la reproduction et la diffusion massive de son image et de son nom. Cette « visibilité » a un pouvoir d’évidence, lequel permet opportunément aux personnes et aux médias qui les diffusent d’affirmer se déprendre de tout jugement idéologique ou moral. De la sorte, une personne ou un groupe de personnes se voit affecter un capital de visibilité mesurable en quantité d’occurrences médiatiques de son image ou de son nom. Un des critères propres à la « visibilité » médiatique est en outre celui de la dissymétrie, une forme d’inégalité indépassable entre l’individu ainsi représenté et la majorité de la masse silencieuse qui le voit. Il s’agit d’une propriété structurelle, qui prend le pas sur les propriétés substantielles (la beauté ou le charisme pour un·e acteur·rice ou un·e musicien·ne, par exemple). S’agissant d’une musulmane brutalement exposée médiatiquement, l’intérêt se porte sur son voile qu’on affecte d’un sens négatif en procédant à une homogénéisation de celles qui le portent
[12]. L’enjeu ici tient dans la gestion du capital de visibilité. Les créatrices de Lallab soutiennent l’idée d’une déconnexion entre une certaine frange des élites intellectuelles et politiques du pays et ses réalités sociales, notamment celles qui concernent les minorités auxquelles on refuserait de fait la reconnaissance d’une égale dignité.

Des visions du monde antagonistes

L’idée phare soutenue par Lallab est que « féminisme et islam sont compatibles » et leur démarche est marquée d’un double engagement, à la fois inclusif et « pro-choix », laissant aux femmes la libre détermination de leurs modes d’expression, religieux et a-religieux. Justine Devillaine se demande comment des personnes s’affirmant féministes peuvent nourrir de la rancœur voire de la haine et à l’encontre de musulmanes au seul motif qu’elles sont voilées ou simplement pratiquantes. Elle considère que ces féministes sont anti-choix en dépit de leurs affirmations contraires. En effet, pour elle, il convient de se réapproprier les termes en veillant à un usage conforme, sans dénaturer leur sens.

Le terme pro-choix est très marqué dans l’histoire de la lutte féministe. De la même façon, il me semble que les personnes qui se disent pro-vie sont en réalité, des personnes opposées à l’avortement et non des défenseurs de la « vie » en tant que telle. En tant que femme engagée et militante, je pense qu’il faut vraiment avoir une réflexion sur l’usage des mots.

C’est précisément sur le sens de son combat que Lallab peine parfois à être soutenu. Ses fondatrices se considèrent en effet être la cible de clichés violents. Dès la création de l’association, elles affirment s’être vues refuser l’ouverture d’un compte en banque et avoir fait l’objet de campagnes de cyberharcèlement sur les réseaux sociaux. Elles évoquent la censure ou l’annulation de l’une de leurs projections-débats, du fait que les organisateur·rices subissaient des pressions d’acteurs qu’elles décrivent comme émanant de la « fachosphère », c’est à dire d’individus ou d’organisations d’extrême droite agissant sur les réseaux sociaux, ou d’organisations soutenant une version autoritaire de la laïcité. Ces dernières tendraient à assimiler les fondatrices de Lallab à des acteurs controversés de l’islam politique comme les Frères musulmans.

Arrêtons-nous sur un évènement en particulier : en août 2017, l’association fait savoir par un message publié sur Twitter qu’elle s’agrandit et qu’elle se dote d’un nouveau local à Paris, de deux salariées et de trois volontaires du service civique. Lallab avait déposé une annonce pour trois missions de service civique, permettant à de jeunes volontaires, âgé·es entre 16 et 25 ans, de prendre part à des opérations rémunérées environ 500 euros par mois par l’État. Plus précisément, l’objectif annoncé était « de contribuer à l’accompagnement des bénévoles, à l’organisation d’événements ». Immédiatement, cette annonce a provoqué une mobilisation très importante de mouvements et de personnalités d’extrême droite ou soutenant une laïcité intransigeante comme le réseau du Printemps républicain, ou encore celui du site Ikhwan. En conséquence, l’Agence du service civique a été submergée d’appels et de messages publiés sur les réseaux sociaux appelant à rompre leurs liens avec l’association Lallab, assimilée à un mouvement vecteur d’un islam radical.

Cette action coordonnée que Lallab qualifie de « cyberharcèlement » a eu des conséquences négatives, puisque l’Agence du service civique a annoncé qu’elle retirait les annonces pour les trois candidatures de Lallab, sans même en discuter au préalable avec les responsables de l’association. Quelque temps plus tard, l’agence a invoqué des problèmes techniques, niant le caractère politique de sa position, mais n’est pas n’est pas revenue sur cette décision. Le hashtag #JeSoutiensLallab est apparu parmi les « tendances » de Twitter en France, c’est à dire les sujets les plus discutés à l’échelle nationale sur la plateforme. Cette mobilisation numérique est liée à la publication, dans Libération, d’une tribune de soutien à l’association. « Cet acharnement doit cesser », écrivent les signataires de ce texte, parmi lesquels figurent l’homme politique Benoît Hamon, l’association Act Up Paris ou encore l’écrivaine Rokhaya Diallo. Quatre ans plus tard, la situation demeure inchangée. « Depuis 2018 », explique ainsi Justine Devillaine , « nous n’avons toujours pas obtenu les volontaires du service civique. »

Plutôt qu’un refus franc, l’administration recourt à diverses stratégies pour empêcher l’association de parvenir à ses fins, parmi lesquelles des requêtes déraisonnables en termes de temps et d’énergie, décourageantes de ce fait, d’autant qu’elles s’ajoutent à un cyberharcèlement continu émanant de l’extrême droite, ainsi que l’explique Justine :

On nous demande maintenant un agrément, car on nous refuse l’intermédiation, sans nous donner de raison officielle. L’agrément demande un travail plus fastidieux d’administratif, pour lequel nous n’avons pas forcément les ressources, d’autant plus que c’est décourageant de dépenser toute cette énergie sans résultat assuré. Nous continuons également de subir le cyberharcèlement, par vagues, liées à la surpolitisation et médiatisation des questions qui touchent à l’islam.

Une autre tactique consiste, pour les administrations concernées, à faire silence jusqu’à ce que de guerre lasse, les jeunes femmes abandonnent leurs requêtes :

En 2021, nous n’avons pas obtenu de subvention du Fonds de développement à la vie associative qui aide à la formation des bénévoles, que nous avons touchée pendant 4 ans sans problème. Nous savons que c’est pour des raisons politiques. Après plusieurs mois et autant de relances, car sur notre compte il était écrit que notre dossier était validé, on nous dit qu’il y a eu une erreur technique et qu’en réalité, non, nous n’allions pas recevoir de subvention.

Si les raisons profondes de cette absence de réponses demeurent inconnues puisque non clairement explicitées, au point que les jeunes femmes en sont réduites à les supposer, elles se révèlent parfois à l’occasion d’une maladresse :

Nous avons deviné les raisons politiques d’une telle décision, à l’occasion d’un mail envoyé par erreur où il était dit qu’il fallait donner les mêmes raisons de refus à l’association Alliance citoyenne. Nous connaissons l’Alliance Citoyenne, mais ne faisons pas les mêmes choses, n’avons pas de partenariat actif et ne travaillons pas sur le même territoire, donc la seule chose qui nous lie aux yeux de l’équipe du FDVA, c’est que nos deux associations luttent contre les discriminations que vivent les femmes musulmanes.

Si les pouvoirs publics n’émettent pas ouvertement de critique contre l’association, cette dernière intéresse le ministère de l’intérieur dont les services en charge du renseignement observent ses activités avec assiduité. De leur côté, sur Internet, les groupes activistes d’extrême droite les ciblent sans ambiguïté.

Nous ne sommes pas beaucoup citées publiquement par les décideurs politiques, mais nous savons qu’ils nous connaissent. Ils s’intéressent à nos activités : des personnes de la préfecture et/ou de la DGSI viennent à nos événements, pour nous surveiller. En espérant que nos événements leur permettent d’apprendre deux-trois trucs (rires). Nous sommes également présentées dans des termes plus ou moins fantasques et faux sur les listes très diffusées par l’extrême-droite.

Si la jeune femme réagit avec humour à la présence policière dans les évènements de Lallab, on peut sérieusement questionner l’objectif réel de cette surveillance : est-il question de se renseigner sur les agissements de Lallab et de prévenir toute dérive éventuelle ou plutôt de signaler, pour l’administration policière, sa présence, de façon plus ou moins discrète ? Dans la perspective d’une anthropologie de l’ignorance, on peut formuler l’hypothèse que cette surveillance a peut-être moins pour objectif de connaître l’autre que de se faire connaître de iel, de donner à ressentir en somme le regard scrutateur dirigé sur iel. L’épistémologie de l’ignorance qui questionne les rapports de race et de genre a été conceptualisée à partir des théorisations du philosophe états-unien d’origine jamaïcaine Charles Mills. Ce dernier examine le « contrat racial » aux États-Unis qui assoit la suprématie des Blancs, et dont la caractéristique la plus remarquable est de travailler à l’invisibilisation des instruments de leur suprématie, grâce à des productions discursives qui participent d’une épistémologie de l’ignorance
[13].

Dans un article où il examine la question de l’ignorance en rapport avec le thème du réchauffement climatique, Sylvestre Huet analyse l’usage de l’ignorance comme production culturelle dans une perspective rationnelle, voire stratégique, et le rôle déterminant joué non seulement par les acteurs politiques mais aussi par les médias dans cette entreprise
[14]. L’une des clés de leur action réside dans un confusionnisme contribuant à mettre sur le même plan faits avérés et opinions pour générer des polémiques et des récits dramatisants, alimentant amalgames et préjugés.

Dès lors, comme s’en expliquent les jeunes femmes, disposer de revenus propres et ne pas dépendre des fonds publics est essentiel au développement de Lallab :

En ce qui concerne nos revenus, ajoute Justine, nous recevons donc surtout de l’argent de fondations privées, et nous avons également une partie importante de fonds propres, que ce soit via des dons de particuliers ou via des actions de formation ou de sensibilisation que nous facturons.

Diversité contre unité ?

L’emprunt par les fondatrices de Lallab de notions héritées de la tradition culturelle anglo-saxonne suscite de vives critiques, que le vocable très discuté de wokisme résume abruptement
[15]. Il semble en effet que Lallab souscrive à un type de régulation de la diversité culturelle et religieuse propre à cette aire culturelle que l’on désigne sous le nom de multiculturalisme. Il s’agit d’un système parfois décrié sous nos latitudes car considéré comme complaisant envers l’intégrisme
[16]. Pourtant, si les pays concernés accordent une large reconnaissance des spécificités culturelles, ils reconnaissent concomitamment la prépondérance des droits fondamentaux.  Le fait de soutenir les droits des femmes voilées est certainement au cœur de la polémique dans la mesure où cela contredit toute à la fois une certaine vision du féminisme mais aussi de la laïcité, dont certaines tendances ne seraient pas exemptes d’essentialisme.
[17] Ces phénomènes seraient plus précisément liés à l’émergence d’une « nouvelle laïcité » qui soutient la nécessité de proscrire l’expression publique de la foi religieuse pour la reléguer au domaine privé, au prétexte qu’elle exprimerait le for intérieur des individus. Or, comme le démontre Valentine Zuber, une telle démonstration relève d’une confusion qui contredit la doctrine juridique française héritée de la loi de séparation des Églises et de l’État ainsi que les textes de lois et les conventions internationales que la France a signés depuis lors. Il ressort de l’ensemble de ces textes, en effet, que la libre expression de la foi religieuse en public est garantie au bénéfice des individus, à l’exception des agent·es public·ques qui représentent l’État laïque, agent·es qu’il convient de ne pas confondre avec les usager·es des services publics
[18].

Cela contredit par conséquent cette conception exclusive de la laïcité qui tient que les expressions publiques de religiosité nécessitent d’être strictement régulées, au risque d’un débordement attentatoire aux libertés publiques en général et à celles des femmes en particulier
[19]. Cette définition révèle en creux une lecture anxiogène de la religion, surtout de l’islam, assimilé à une idéologie offensive et tendant irrésistiblement vers un objectif expansionniste.

Que répondez-vous à ceux qui disent qu’en acceptant le port du foulard dans l’espace public, on finirait par accepter d’autres prescriptions conservatrices voire contraires aux droits des femmes comme l’excision et la polygamie ?

Que l’on ne peut pas comparer le port d’un vêtement avec une mutilation génitale ou un statut marital illégal. Le faire est intellectuellement malhonnête, c’est insultant, absurde et cela ne mérite peut-être aucune réponse. Nous luttons pour que toutes les femmes et les personnes minorisées puissent disposer librement de leur corps, de leur autonomie physique, sexuelle, économique, qu’iels puissent faire leurs propres choix sans peur d’être jugéé·es, discriminé·es ou violenté·es.

Pour Lallab, il convient de respecter le choix des femmes désireuses de porter le foulard aussi bien que la volonté de celles qui le rejettent fermement. Ses animatrices rejettent avec fermeté les mesures contraignantes que l’on pourrait imposer aux femmes, que cela soit le port du voile ou toute autre forme d’oppression. C’est ainsi que se dessine la notion du « pro-choix » qui implique de mettre en exergue la subjectivité des individus. Comment alors concilier subjectivité et nécessité de faire unité au-delà des singularités ? C’est précisément à partir de la notion de subjectivité que l’on peut s’entendre sur le socle minimum de valeurs non négociables, comme le propose Jean Baubérot
[20], à partir de deux notions. La première porte sur le caractère subjectif ou relatif d’un évènement. La seconde a trait à sa dimension temporelle, ce qui implique de déterminer s’il s’agit ou non d’un acte irréversible. La subjectivité porte sur ce qui est ambivalent, soumis à interprétations diverses. L’exemple du port du foulard s’intègre bien dans cette explication : en effet, le foulard est soumis à interprétation et il n’est pas irréversible. Cela ouvre la voie à la négociation et au compromis. Au contraire, la polygamie, l’excision ou le mariage forcé sont, d’un point de vue des droits humains, dénués d’ambiguïté : ils joignent l’arbitraire et la contrainte, en plus du caractère irréversible pour l’excision : ils sont à inclure dans ce qui tient du « non-négociable ». Ainsi, pour les fondatrices de Lallab, mettre sur un plan d’équivalence le port du foulard et l’excision, soit une mutilation sexuelle, est en soi offensant.

L’engagement féministe des fondatrices de Lallab est au cœur des polémiques, dans la mesure où l’association se donne pour projet de soutenir les femmes musulmanes, y compris celles portant le voile, heurtant ainsi une certaine conception du féminisme. Pour autant, cet engagement au service des femmes est paradoxalement ce qui pourrait les mettre à l’abri d’une répression trop brutale, comme l’affirme Justine Devillaine :

Nous sommes pour l’instant relativement protégées car nous sommes féministes.

Le féminisme est une cause qui s’intègre en effet dans un régime de justification socialement audible
[21]. Comme le démontre Albert Hirschman dans sa classification ternaire (loyauté, défection et prise de parole) des formes d’actions sociales collectives, la prise de parole, comme attestation sociale de soi a pour corollaire la nécessité d’être entendu en des termes socialement acceptables. Le féminisme entre certainement dans cette catégorie
[22].

Pour autant, si les responsables de Lallab rejettent toute possibilité d’exit, soit de défection face à l’adversité, les menaces, même non explicites, que font planer aussi bien les discours de répression que les possibilités concrètes de dissolution administrative ouvertes par la loi dite contre le séparatisme font bien leur effet. Elles suscitent le découragement lors de requêtes pour l’obtention de financements publics, du fait de formalités jugées excessives, inutiles ou épuisantes. S’ajoutant au harcèlement continu émanant d’individus ou de groupuscules généralement d’extrême droite, la crainte diffuse d’une répression officielle contribue à une hypervigilance
[23]. Comme le dit Justine :

Nous passons beaucoup de temps sur des questions administratives, sur les déclarations ou la comptabilité, pour être toujours nickel et nous savons que c’est par ces biais qu’ils font plonger les associations. Il y a toujours cette peur aussi, d’être attaquées, dissoutes, fermées administrativement. On sait qu’on peut risquer comme d’autres la fermeture. La plupart sont d’ailleurs administratives et non pénales, ce qui en dit long. Clairement, on y pense. C’est comme une épée de Damoclès.

Par ailleurs, si Lallab s’inscrit dans un réseau transnational, ce dernier s’avère essentiellement européen. L’association a rejoint le European network against racism (ENAR), ce qui semble confirmer l’hypothèse proposée par Valérie Amiraux de l’existence « d’un espace public (européen) de délibération sur les enjeux islamiques déconnecté de la mobilité des acteurs »
[24].

Comme l’explique Sarah :

Nous développons nos partenariats, nous menons par exemple des projets avec les membres du réseau ENAR, le réseau européen contre le racisme qui regroupe des structures dans beaucoup de pays européens. Nous travaillons avec beaucoup de personnes à travers plusieurs thématiques, particulièrement sur les questions de discriminations à l’emploi et sur les violences sexistes et sexuelles dans les milieux militants, religieux et familiaux, dans nos actions de mobilisation ainsi que dans le cadre de nos deux programmes d’éducation populaire POUVOIR, pour ne citer qu’eux.

La forme même de l’association et le réseau transnational dans lequel elle s’inscrit se révèle parfaitement adapté à un monde global, aux frontières instables où se manifestent la pluralité et la labilité des pratiques des acteurs. Cette structuration singulière, ouverte sur le monde, révèle des enjeux propres à l’islam européen en même temps qu’elle offre de nouvelles fenêtres d’opportunités et permet dans une certaine mesure aux associations ainsi liées de contourner les rigidités d’une société française où s’expriment nombre de crispations autour de la question laïque et de tentations homogénéisantes
[25]. Toutefois, dans la mesure où elle est enregistrée en tant qu’association Loi 1901, Lallab demeure sous le contrôle du droit français et n’est pas à l’abri des retombées de la « loi séparatisme ».

Un tel climat accentue les pressions sur les associations françaises et n’est pas sans effet sur les pratiques de ces associations, dont Lallab. Il a pour effet de susciter des formes de retrait, à tout le moins de décourager certaines initiatives, bridant quelque peu le développement des associations. Il n’est pas étonnant dès lors, que l’autonomie soit au cœur de la stratégie de Lallab, ce que précise Sarah.

En tant qu’association, c’est classique, l’indépendance est importante. Certaines de nos activités nous permettent d’avoir des revenus propres, comme des sensibilisations et des formations dans des structures privées ou publiques, auprès des scolaires,…

Lallab conçoit comme une nécessité le fait de résister aux pressions, comme s’en explique Sarah :

Face à la répression et aux violences islamophobes, des organisations sont discriminées, harcelées voire dissoutes. Nous recevons des appels, il y a des personnes de la préfecture ou de la DGSI (nous ne savons pas exactement) qui viennent observer nos activités, d’après ce que l’on nous dit. On nous a retiré un financement du FDVA, le Fonds de Développement à la Vie Associative, un fond qui aide à la formation des bénévoles, dans des circonstances troubles. C’est une façon de nous mettre des bâtons dans les roues. Malgré ce climat anxiogène et étouffant, malgré les difficultés, nous continuons à avancer et à construire notre pouvoir collectif. Nous faisons en sorte de faire entendre nos voix quelles que soient les résistances et les obstacles en France.

Ainsi, Sarah révèle la présence d’agent·es de l’État venus surveiller les manifestations de l’association. Pour sa part, Justine Devillaine déplore que le fait qu’elle soit française « de souche » constitue un avantage dans les relations de l’association avec les institutions. Elle constate avec tristesse que sa présence rassure sur le fait qu’il n’y a pas de communautarisme au sein de l’association, lors d’un premier rendez-vous avec une administration.

Pour moi, l’objectif c’est d’enfoncer les portes puis de les laisser ouvertes. Une fois cette première étape franchie, je peux introduire mes collègues comme Sarah Zouak. Je trouve que ça démontre un durcissement du discours sur l’islam.

En effet, certains acteurs politiques sont particulièrement mobilisés en faveur d’une moindre visibilité de l’islam. Ainsi, une commission d’enquête du Sénat portant « sur les réponses apportées par les autorités publiques au développement de la radicalisation islamiste et les moyens de la combattre » emmenée par la sénatrice et rapporteure Jacqueline Eustache-Brinio – très impliquée en ce domaine – a été mise en place en novembre 2019, à la suite d’une attaque commise au sein de la préfecture de police de Paris par un fonctionnaire converti à l’islam. La commission a passé au crible les manifestations visibles de l’islam au sein de multiples espaces du monde social, comme l’école, ou les lieux de culte mais aussi dans la pratique du sport. Si le rapport final, rendu le 7 juillet 2020, rappelle la nécessité d’assurer la liberté du culte pour les musulman·es, il conditionne sa légitimité à son invisibilité. Le rapport du Sénat cible en effet sans nuance la visibilité de l’islam tenue pour problématique en soi, considérant que « ce renouveau religieux [musulman] s’accompagne pour certains d’une volonté d’affirmation de leur croyance dans l’espace public, dans l’entreprise, dans l’école, et de reconnaissance par les institutions et les services publics, ce qui entre en conflit avec les lois de la République et la laïcité. »

La simple affirmation de sa foi dans l’espace public est ainsi tenue pour contradictoire avec la laïcité et les valeurs de la république. L’espace public est bien ici le site privilégié de cette controverse particulièrement âpre. Selon Jürgen Habermas, l’espace public est celui où évoluent les citoyen·nes et où leur participation politique est rendue possible par la pratique de discussions collectives. Si l’on suit Habermas, l’espace public est le lieu de réalisation et de normalisation du dissemblable. À cet égard, on saisit l’âpreté des luttes de visibilité et l’enjeu qu’elles revêtent. Dans cette logique, en effet, le fait de contester à autrui sa présence visible dans l’espace public peut participer à le maintenir dans une altérité indépassable
[26].

Quoi qu’il en soit, cette lecture particulièrement restrictive de la laïcité pose à frais nouveaux le débat fondamental du pluralisme et de sa gestion dans un contexte pluriculturel
[27]. Les auteurs d’un recueil de contributions en philosophie normative
[28] questionnent le pluralisme et les normes publiques devant gouverner la société. Ils soulignent la confusion délétère entre faits et valeurs, conduisant à inférer une prescription d’une description. Ils rappellent en la matière l’impossibilité de « « pondérer de manière univoque les valeurs en conflit dans notre monde moral fragmenté »
[29]. Appliqué à notre objet, cela revient à dire qu’on ne peut attribuer de façon objective une valeur au port d’un signe religieux, ou même affecter péremptoirement un signifiant religieux à un objet ou à un vêtement. C’est précisément cette fragmentation du monde moral qui garantit politiquement la liberté de choisir, ce qui rappelle l’affinité étroite entre pluralisme et libéralisme.

Pour sa part, Jean-Fabien Spitz retrace la genèse du républicanisme et observe la façon dont il a été élevé en doctrine d’État
[30], conduisant, dans le contexte de controverses répétées autour de la question du voile, à se montrer de plus en plus réticent à accueillir le pluralisme religieux, en particulier lorsqu’il est question des expressions religieuses des populations anciennement colonisées.

Poursuivant cette réflexion, Catherine Audard observe l’évolution du républicanisme français en faveur d’une « rationalité monologique »
[31] qui fait signe vers une laïcité revisitée dans un sens plus restrictif, laquelle érige la neutralité en un idéal politique qui se pose en conflit frontal avec le pluralisme religieux, justifiant de traquer tous les signes de sa manifestation publique. Or, ce modèle républicain semble être en contradiction avec les valeurs qu’il promeut dans la mesure où il érige la liberté en priorité tout en niant la valeur politique de certaines libertés, comme la liberté religieuse. Cette omission est très problématique pour Catherine Audard, dans la mesure où les libertés publiques ne peuvent simplement occulter la liberté religieuse, laquelle exige la possibilité de manifester publiquement sa foi par des rites. Dit autrement, pour une religion orthopraxique comme l’islam, qui accorde à l’observation des rites un rôle éminent, un tel contexte démocratique pose un frein majeur à son épanouissement.

Catherine Audard oppose ainsi à cette idée de neutralité qui prétend renvoyer les croyances à la sphère privée un idéal pluraliste adossé au déploiement de la délibération politique, expression tout à la fois d’une conflictualité et d’un consensus « polyphonique et multiculturel ». S’appuyant sur l’exercice de la raison publique qui se matérialise par une « discussion publique sur les valeurs », cette quête d’inspiration rawlsienne en faveur d’un consensus politique n’ambitionne pas d’annuler toute conflictualité politique, mais au contraire de favoriser sa pleine expression par l’existence d’institutions libres et ouvertes à la pluralité des points de vue. Autrement dit, la délibération publique qui doit aboutir à un consensus politique sur les valeurs ne peut faire l’économie des tensions et de conflits inhérents à son exercice. Dès lors, son libre déploiement est un impératif si l’on entend faire droit à une « diversité axiologique, idéologique et praxéologique » propre à toute société démocratique. C’est là précisément que se situe le combat de Lallab…..

En France, la population de culture musulmane est travaillée depuis plusieurs décennies par de fortes mutations. Si d’un point de vue sociologique, elle continue de se distinguer sociologiquement par sa relative marginalisation socio-économique, de plus en plus d’hommes et de femmes émergent en son sein qui, à l’exemple de membres de l’association Lallab, disposent d’un plus fort capital social, économique et relationnel et d’une maîtrise solide des outils de l’action collective, tout en entendant accorder à la religion une place considérable dans l’espace public. En contexte français, le combat pour la visibilité apparaît crucial. L’enjeu est de déterminer la légitimité à être dans l’espace public, dans le sens habermassien, c’est à dire le lieu où se déploie la critique légitime. À cet égard, l’association Lallab constitue un terrain d’observation privilégié pour observer la coproduction d’un savoir militant et de modes d’identification, propres, en l’espèce, à l’islam de France.

Cet article montre que, dans le contexte d’une France contemporaine travaillée par de fortes tensions portant sur la place du religieux dans la société, Lallab fait face à différentes formes de pressions, directes ou indirectes. Ces tensions se donnent à voir de façon particulièrement édifiante dans les relations que l’association noue avec les pouvoirs publics, notamment lorsqu’elle entend bénéficier des dispositifs d’aide au secteur associatif, pour faciliter son développement. Parmi les stratégies mobilisées par les organismes officiels, on repère une volonté d’évitement voire de pourrissement avec des réponses à des demandes de financement qui tardent exagérément, demeurent allusives, contradictoires, voire inexistantes. Une telle attitude a pour effet de semer le trouble au sein de l’association en question, suscitant une certaine inertie. Une autre type d’action politiquement peu coûteuse, puisque évitant toute confrontation directe, consiste à décourager l’autre en procédant à des formes de pression psychologique. Entrent dans ce cadre les entreprises de surveillance opérées par les services de renseignement du ministère de l’Intérieur.

Ces pressions altèrent profondément les subjectivités de celleux qui en font l’objet puisqu’elles génèrent un inconfort psychologique, voire une angoisse latente. Qui plus est, ces tactiques de surveillance induisent des modalités d’auto-surveillance et d’auto-contrôle génératrices de tension nerveuse. L’ensemble conjugué de ces stratégies induit un retrait relatif – même si les intéressées affirment vouloir faire résistance. Le non-dit qui entoure ces modes d’action est d’autant plus redoutable et sournois qu’il condamne celleux qui en font les frais à un régime de silenciation : comment répondre en effet, à des critiques non formulées ?

Au final, les stratégies mises en œuvre par les pouvoirs publics et destinées à soumettre ou contraindre un pan important du milieu associatif français pèse sur le développement de ce dernier, le contraignant à des voies de contournement comme le recours au transnational, l’autocontrôle et l’intériorisation d’une pression diffuse, générant un climat de tension et d’incertitude.

Notes :


[1] Je m’appuie pour la rédaction de cet article sur un travail auquel j’ai participé dès 2017 dans le cadre d’ un programme collectif à l’université d’Aix Marseille : le projet Humislaf consacré à l’humanitaire et à l’associatif à référence islamique. En 2018, les fondatrices de Lallab m’ont accordé plusieurs heures d’entretien. J’ai en outre observé divers évènements, notamment à la Bellevilloise, et ai analysé les documents diffusés par Lallab. Les responsables de Lallab que j’ai ré-interrogées en 2022 m’ont aimablement répondu et ne se sont dérobées à aucune de mes questions.


[2] Il s’agit de la Loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République, appelée plus commodément « loi séparatisme ». https://www.vie-publique.fr/loi/277621-loi-separatisme-respect-des-principes-de-la-republique-24-aout-2021


[3] En effet, les articles 6 et 8 introduisent une clause de conditionnalité pour légaliser les associations, avec un contrat d’engagement républicain et une extension corrélative des possibilités de dissolution des associations.


[4] AIDES est la principale association française de lutte contre le VIH et les hépatites virales, créée en 1984 et reconnue d’utilité publique depuis 1990.


[5] Zahra Ali, Féminismes islamiques, La Fabrique, 2012.


[6] La série de documentaires qu’elles ont réalisée est intitulée : « Women SenseTour in Muslim Countries, à la rencontre des femmes musulmanes qui font bouger les lignes ». Le premier épisode, a été réalisé au Maroc et des dizaines de projections ont eu lieu dans toute la France. Dans les 5 voyages que les deux jeunes femmes ont effectués, ce sont 25 femmes dont les portraits ont été réalisés. Leurs documentaires ont été primés par la Fondation de France et ont donné lieu à des projections-débats dans toute la France. Les femmes en question ont en commun d’être engagées sur des problématiques comme l’accès à l’éducation des filles à l’école en zone rurale, la lutte contre la violence ou encore la participation politique des femmes.


[7] Sarah Mazouz, Eléonore Lépinard, Pour l’intersectionnalité, Anamosa, 2021.


[8] Dans son Rapport sur l’islamophobie correspondant à l’année 2018 et publié en 2019, le Collectif contre l’islamophobe en France (CCIF), dissous depuis, confirme cette tendance.


[9] Ces propos ont été recueillis avant le mouvement de protestation à la fois social et féministe, qui agite l’Iran depuis septembre 2022. Déjà, en 2018, les fondatrices de Lallab observaient les velléités de changement exprimées par les femmes iraniennes dont elles ont constaté qu’elles étaient fort éloignées du stéréotype des femmes soumises à l’ordre patriarcal imposé par les religieux du pays, que nombre de médias occidentaux tendaient à véhiculer. Les évènements actuels semblent leur donner raison.


[10] Bruno Nassim Aboudrar, « Chapitre 4. Dévoilements spectaculaires », Comment le voile est devenu musulman, sous la direction de Aboudrar Bruno Nassim. Flammarion, 2017, p. 105-167.


[11] Nathalie Heinich, De la visibilité. Excellence et singularité en régime médiatique, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des Sciences humaines », 2012.


[12] Il peut s’agir d’une « femme voilée » anonyme dont on ignore tout si ce n’est qu’elle est voilée, ou encore d’une femme identifiée par son nom et sa fonction, à l’exemple de Maryam Pougetout, ancienne porte-parole du syndicat étudiant UNEF qui a suscité une polémique au plus haut niveau de l’État du seul fait de son voilement.


[13] Charles W. Mills, The Racial Contract. Cornell University Press, 1997.


[14] Sylvestre Huet, « Avant-propos : Que puis-je contre l’ignorance ? », dans  La culture de l’ignorance, Raison présente, vol. 204, no. 4, 2017, p. 53–60.


[15] Bernard Hours, « Du culte des ancêtres‑médiateurs au renversement de leurs statues ? », Journal des anthropologues, vol. 166-167, no. 4-5, 2021, pp. 129-145.


[16] Michel Wieviorka, Une société fragmentée ? Le multiculturalisme en débat, La Découverte, 1997.


[17] Philippe Corcuff. « Prégnance de l’essentialisme dans les discours publics autour de l’islam dans la France postcoloniale », Confluences Méditerranée, vol. 95, no. 4, 2015, p. 119-130.


[18] L’article 1 de la loi de 1905 attribue à l’État le rôle de garant de la liberté de conscience et de culte de ses concitoyens par ces mots : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public », une garantie rappelée avec constance par la jurisprudence du Conseil d’État. Voir Valentine Zuber « Les religions doivent être reléguées à l’espace privé. » », La laïcité en débat. Au-delà des idées reçues, sous la direction de Zuber Valentine, Le Cavalier Bleu, 2017, p. 79-86.


[19]C’est la logique qui préside aux discours sur le « séparatisme » comme le démontre Jean Baubérot.


[20] Jean Baubérot, Les sept laïcités françaises. Le modèle français de laïcité n’existe pas, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, 2015.


[21] Dans le régime de justification pensé par Laurent Thevenot et Luc Boltanski, les auteurs démontrent que dans l’épreuve de justification, les acteurs déploient des logiques argumentatives qui renseignent sur les principes en vigueur dans la société dans laquelle ils s‘expriment. Luc. Boltanski et Laurent. Thévenot, De la justification. Les économies de la grandeur, Paris, 1991.


[22]Guillaume Le Blanc, « Chapitre IV. Vulnérabilité sociale et vulnérabilité linguistique », Vies ordinaires, vies précaires, sous la direction de Guillaume Le Blanc, Le Seuil, 2007, p. 137-161.


[23] L’auto-contrôle généré par la crainte diffuse d’une sanction émanant des pouvoirs publics est un sentiment souvent exprimé par des responsables d’associations musulmanes ou considérées comme telles. C’est ainsi que les responsables du Comité de bienfaisance et de solidarité avec la Palestine (CBSP) me confient mobiliser d’importantes ressources pour vérifier la traçabilité du moindre centime dépensé, de crainte qu’une erreur, mème commise de bonne foi, ne serve de prétexte aux autorités pour mettre un terme à leurs activités. Cf, Rapport Humislaf, Bureau central des cultes, 2018.


[24] Valérie Amiraux, « État de la littérature. L’islam et les musulmans en Europe : un objet périphérique converti en incontournable des sciences sociales », Critique internationale, vol. 56, no. 3, 2012, p. 141-157.


[25] Riva Kastoryano . « Introduction. « Multiculturalisme » une identité pour l’Europe ? », Riva Kastoryano éd., Quelle identité pour l’Europe ? Le multiculturalisme à l’épreuve, Presses de Sciences Po, 2005, p. 19-54.


[26] Dans sa théorie de l’action, Habermas soutient en outre que le développement de solidarités horizontales que rend possible l’existence d’un tissu associatif renforce le pluralisme en donnant à exister un espace de représentation sociale indépendant de l’État. Jürgen Habermas, L’espace public, Payot, 1988.


[27] Le pluralisme est saisi ici dans le droit fil des théorisations de Peter Berger, désignant une situation qui fait droit à une concurrence de significations globales. Peter Berger, La Religion dans la conscience moderne : essai d’analyse culturelle, 1971.


[28] Sophie Guérard de Latour et Marc-Antoine Dilhac (dir.) Etant donné le pluralisme [en ligne]. Paris : Éditions de la Sorbonne, 2013.


[29] Marc-Antoine Dilhac, . Introduction In : Étant donné le pluralisme [en ligne]. Paris : Éditions de la Sorbonne, 2013.


[30] Jean-Fabien Spitz, La République ? Quelles valeurs ? Essai sur un nouvel intégrisme politique, Paris, Gallimard, septembre 2022.


[31] Catherine Audard, Pluralisme religieux et égalité : une critique de la laïcité, dans Étant donné le pluralisme, Éditions de la Sorbonne, 2013.

Mouvements

https://mouvements.info/wp-content/themes/mouvements/images/mouvements-facebook.jpg

Source : https://mouvements.info/entre-visibilite-et-silenciation-lassociation-lallab-en-questions/

Retour au début du sommaire

  • {{}}
    À Troyes, les femmes juives font entendre leur voix - Clémence Houdaille, envoyée spéciale à Troyes (Aube), le 18/06/2019 à 15:06
    Reportage - Un congrès inédit a réuni, à Troyes, des femmes de différents courants du judaïsme, pour étudier la présence et le leadership des femmes dans la Bible, le Talmud et le Midrash, et défendre l’accès des femmes à la connaissance religieuse.

À Troyes, les femmes juives font entendre leur voixPhoto

La ville n’a pas été choisie au hasard pour ce premier congrès mondial qui a réuni, lundi 17 et mardi 18 juin, près de 200 personnes pour étudier la place des femmes dans la tradition juive. Troyes est la ville natale de Rachi, l’un des commentateurs les plus connus de la Torah et du Talmud, qui y a créé au XIe siècle une maison d’études juives de grande renommée.

Ce vigneron érudit était père de trois filles, elles aussi éduquées dans la connaissance de la Bible. « Si elles le désirent (…), rien ne saurait les en empêcher », écrivit-il à propos de l’instruction des femmes dans son livre de prière.

Un millier de femmes rabbins dans le monde

Initialement, le congrès intitulé « Les Filles de Rachi » voulait réunir des femmes rabbins de plusieurs pays. Elles sont aujourd’hui un millier à travers le monde, même si seules trois, toutes de la mouvance libérale, exercent leur rabbinat en France (une quatrième, qui termine sa formation au collège rabbinique Leo-Baeck de Londres sera ordonnée à la fin du mois), le judaïsme français étant encore majoritairement de tendance orthodoxe

« Mais finalement, au-delà des femmes rabbins, nous avons voulu réunir beaucoup plus largement des érudites, docteures en Bible, en Talmud ou en Midrash, enseignantes… », explique Manon Brissaud-Frenk, une des initiatrices du colloque avec Tom Cohen, rabbin d’une synagogue libérale dans le 17e arrondissement de Paris.

« Plus que jamais nous avons besoin de réunir toutes nos énergies pour travailler les textes », souligne Joëlle Bernheim. D’obédience orthodoxe, psychanalyste et diplômée du Michlalah Women’s College of Jerusalem, la fondatrice du Centre d’études juives au féminin de Paris se félicite que seules des femmes partagent avec elle la tribune au cours des deux jours du congrès.

« Redonner la parole aux femmes »

Ateliers d’études sur la place des femmes dans la Bible, le Talmud, le Midrash et la Halakha (loi juive) se succèdent. « Esther, qui endosse les vêtements royaux, est un leader qui ne voulait pas l’être, analyse ainsi la rabbin américaine Tamara Cohn-Eskenazi. Beaucoup d’entre nous avons peur d’endosser cette autorité. Même si nous sommes apeurées comme Esther et manquons d’expérience, nous devons endosser ce vêtement !  »

Des propos que ne réfute pas Pauline Bebe, investie dans la préparation de cette rencontre, et qui a longtemps été la seule femme rabbin en France. « Il est temps de laisser s’exprimer les voix de celles qui se sont tues pendant des millénaires, de redonner la parole aux femmes aux côtés des hommes pour pouvoir compléter l’interprétation des textes, affirme-t-elle. Tant que les femmes ne prennent pas possession des textes, elles ne peuvent faire entendre leur voix.  » Cette libérale se réjouit de voir « pour la première fois, toutes les tendances du judaïsme réunies ».

Les femmes orthodoxes représentées

Certes, les libérales représentent la majorité des personnes présentes au congrès. Mais tout a été fait pour que les femmes orthodoxes y trouvent leur place. Les offices, matin et soir, ont ainsi été organisés en double. L’un, selon la tradition consistoriale, avait lieu dans la synagogue, mené par des hommes, une mekhitsa les séparant des femmes. L’autre, organisé par les étudiantes rabbins libérales ou Massorti se déroulait dans la bibliothèque.

Myriam Ackermann-Sommer, élève rabbin de la mouvance orthodoxe à la Yeshivat Maharat, à New York, a même lu la Torah revêtue des teffilins (boîtiers de cuir contenant des versets de la Bible) et du talit (châle de prière), une première pour une femme dans un office orthodoxe en France.

Les études rabbiniques se déroulent à l’étranger

Cette jeune femme de 22 ans regrette d’avoir dû partir aux États-Unis pour étudier. « J’aurais voulu pouvoir faire mes études rabbiniques en France », souligne cette ancienne élève de l’École normale supérieure de Paris, dont le mari se destine lui aussi à devenir rabbin. Chez les libérales aussi, les études rabbiniques se déroulent jusqu’à présent à l’étranger. Mais une formation en cinq ans va ouvrir l’an prochain en France pour le courant libéral.

Pour Sim’hat Torah, des femmes juives orthodoxes lisent la Torah

Après leurs ordinations, Myriam et son mari pensent ouvrir une petite communauté orthodoxe à Paris, indépendante du Consistoire qui ne reconnaît pas le rabbinat des femmes. Elle se réjouit de l’existence de ce congrès qui permet d’entendre des voix différentes « pour apprendre des autres ». « Le fait que la moitié de l’humanité se sente autorisée à étudier et à transmettre la Torah va forcément enrichir l’interprétation qui en est faite. » Une deuxième édition de ce congrès devrait avoir lieu dans deux ans.

La Maison Rachi, un centre culturel et patrimonial ambitieux

La Maison Rachi, qui a accueilli le congrès Les Filles de Rachi, est née de la réhabilitation de la synagogue de Troyes en 2017. Alors que le bâtiment du XVIe siècle menaçait de s’effondrer, la petite communauté locale a décidé de rendre hommage au maître de Troyes, Rachi, en développant une maison ayant pour vocation de mettre en lumière son œuvre en accueillant toutes les tendances du judaïsme, au sein de cette synagogue dépendant du Consistoire de France. Un institut universitaire complète l’ensemble.

À découvrir Loi juive orthodoxe  : des femmes passent pour la première fois des examens officiels

À La Croix, ce sont plus de 100 journalistes qui travaillent à fournir une information de qualité précise et vérifiée. La Croix Numérique 1€ le premier mois sans engagement < Je m’abonne

Tags : religion en France judaïsme femmes juifs Faits religieux Judaïsme

La Croix - Actualité en direct, informations France, Monde ...

La Croix • La Chance

Source : https://www.la-croix.com/Religion/Judaisme/A-Troyes-femmes-juives-font-entendre-leur-voix-2019-06-18-1201029684

Retour au début du sommaire

  • {{}}
    Judaïsme - Éliette Abécassis : l’interprétation des textes sacrés, un trésor du judaïsme - Thierry Lyonnet, Odile Riffaud - RCF, le 31/01/2023 à 18:12 -Modifié le 05/02/2023 à 15:00
    Écouter l’enregistrement à la source : « Éliette Abécassis, la transmission dans le judaïsme »

Le risque avec les textes sacrés, c’est de s’interdire de les interpréter. Fille d’un grand talmudiste, elle-même romancière et philosophe, juive pratiquante, Éliette Abécassis

Pour la romancière Éliette Abécassis, ’quand on reste figé sur une parole révélée c’est là où on perd l’humanité, en fait’ ©Gérard Harten

Photo - Pour la romancière Éliette Abécassis, ’quand on reste figé sur une parole révélée c’est là où on perd l’humanité, en fait’ ©Gérard Harten

Juive pratiquante, Éliette Abécassis est née en 1969 à Strasbourg. Cette normalienne agrégée de philosophie, qui est aussi romancière, est la fille d’Armand Abécassis, grand talmudiste très impliqué dans le dialogue avec ceux qu’il appelle ses ’frères chrétiens’. C’est sur ce père qu’Éliette Abécassis a écrit son dernier livre. Un récit hagiographique intitulé ’La Transmission’ (éd. Robert Laffont, 2022), où elle s’interroge sur la façon d’enrichir ce qu’elle a reçu, sans jamais figer la tradition dans des dogmes. Un récit très personnel mais qui nous rappelle l’existence, au cœur du judaïsme, d’un véritable trésor pour toute l’humanité : l’interprétation des textes sacrés.

C’est par le dialogue qu’on arrive à réinterpréter les choses et à transmettre. Mais d’une façon qui n’est pas figée, d’une façon qui est ouverte

Transmettre, c’est interpréter

’Que transmettre ? Comment transmettre ? C’est les deux questions les plus fondamentales de notre époque.’ Dans son dernier livre, Éliette Abécassis aborde cette question particulièrement actuelle de la transmission. Si elle se pose pour des parents ou des grands-parents soucieux d’éveiller les enfants à ce qu’il ont eux-mêmes appris, elle se pose se manière cruciale en ce qui concerne les religions. Et là, nous dit Éliette Abécassis, tout l’enjeu est d’arriver à transmettre ’de façon actuelle’. Fille d’un grand talmudiste, c’est-à-dire un interprète de la Torah, Éliette Abécassis nous dit combien transmettre n’est pas répéter ’tout ce savoir des générations précédentes qui nous a été donné, légué, ces livres, ces pensées, ces philosophies, ces expériences humaines’. Il s’agit ’de les rendre pertinents, et de les recréer à chaque époque’. Et donc de les interpréter. 

On pourrait croire que la transmission n’est qu’une affaire d’héritage, de passé. Et si c’était avant tout le dialogue ? En hébreu ’les dix commandements’ se traduit par ’les dix paroles’. ’La parole c’est justement ce qui est ouvert à l’interprétation et à la discussion. C’est pour ça que c’est aussi fondamental, la parole, et non pas le dogme et non pas le commandement figé, parce que la parole, c’est la matière même du dialogue. Et c’est par le dialogue qu’on arrive à réinterpréter les choses et à transmettre. Mais d’une façon qui n’est pas figée, d’une façon qui est ouverte.’

Cette parole que l’on considère comme sacrée, on va la contester, j’irais aussi loin que ça, on va la contredire, la discuter.

L’interprétation des textes sacrés, un trésor du judaïsme

À notre époque, une dérive fondamentaliste menace les grands monothéismes, regrette Éliette Abécassis. ’Partout les religions s’enflamment dans une sorte de radicalisme extrémiste fanatique autour d’une parole figée, révélée, sacrée.’ La romancière redit quel peut être l’apport du judaïsme. ’Cette parole que l’on considère comme sacrée, on va la contester, j’irais aussi loin que ça, on va la contredire, la discuter’.

À LIRE : Marc-Alain Ouaknin, le parcours d’un rabbin philosophe

Par exemple, on lit dans la Torah qu’il faut lapider un homme qui ne respecte pas le shabbat. ’C’était l’époque, explique Éliette Abécassis, on ne va pas en rester là : on va faire évoluer ce texte. Il faut partir dur le texte avec tout ce qu’il nous donne, toutes ses lumières.’ Le talmud, c’est-à-dire l’interprétation de la Torah compte pas moins de 63 tomes. ’Il y a quatre niveaux d’interprétation. On va remettre en cause jusqu’à la parole divine. Une désacralisation qui est aussi une humanisation parce que, finalement, quand on reste figé sur une parole révélée c’est là où on perd l’humanité en fait.’

Sauver la culture séfarade

Si elle aborde dans son livre des questions universelles, Éliette Abécassis signe un récit très personnel puisqu’elle écrit avant tout son père qu’elle admire. Elle le situe dans ’la continuité’ de ’ces rabbis au Maroc vénérés vraiment comme des saints’, des ’rabbins qui ont passé leur vie à transmettre la Torah’.

Pour Éliette Abécassis il est d’autant plus important de transmettre sa culture, la culture séfarade, que celle-ci est en train de se perdre. ’Ce monde séfarade, ça me tient vraiment à cœur d’écrire et de transmettre ce qu’il a été parce que c’est un monde qui est en train de se perdre. Cette génération de mon père, ce sont les derniers séfarades, en fait il y en a très peu.’ 

À LIRE : Delphine Horvilleur, l’identité juive d’une femme rabbin

Depuis les années 50, beaucoup de séfarades ont quitté l’Afrique du Nord, principalement pour s’installer au Canada, en France ou en Israël. ’En partant ils ont quitté ce monde millénaire qu’ils avaient construit, et qui est tellement riche et c’est une culture qui est très orale.’ Si les ashkénazes, les juifs originaires de l’Europe de l’Est, ont une ancienne tradition écrite - Éliette Abécassis évoque Bashevis Singer, Philip Roth, Saul Bellow... - ce n’est pas le cas des séfarades. Aussi, même si ’écrire fige’, Éliette Abécassis doit bien rompre avec cette non-écriture des séfarades si elle veut œuvrer pour conserver la culture séfarade.

https://media.rcf.fr/

https://media.rcf.fr/

Fichier:RCF Radio logo 2015.png — Wikipédia

Source : https://media.rcf.fr/sites/default/files/styles/890x500/public/2023-01/eliette-abecassis-interpretation-des-textes-saints-un-tresor-du-judaisme-RCF-VISAGES.webp?itok=DlJy9v5f

Retour au début du sommaire

  • {{}}
    Femmes laïques consacrées – Document ‘notredamedevie.org’
    Tout comme les prêtres et les laïcs consacrés hommes, les membres féminins laïques de Notre-Dame de Vie, veulent unir la contemplation et l’action dans leur vie professionnelle, sociale et ecclésiale, selon le charisme commun aux trois branches.

Une vocation originale dans l’Église

La vocation des laïques consacrées de Notre-Dame de Vie se définit autour de quatre grands axes :

  • Les membres sont pleinement consacrés à Dieu par la profession des conseils évangéliques (chasteté, pauvreté et obéissance)
  • Elles sont pleinement laïques en exerçant un métier en plein monde et en partageant les conditions de vie ordinaire de leurs contemporains.
  • Leur vie spirituelle est enracinée dans l’esprit du Carmel et la vie de prière
  • Elles portent le souci de l’évangélisation et s’engagent au service de l’ Église par la catéchèse, les groupes de prière, les mouvements de jeunes…
    Une formation adaptée

La formation initiale dure deux ans et se déroule à Venasque en France, à Encanto aux Philippines ou à Amanalco au Mexique. Elle consiste principalement à acquérir la science pratique de l’oraison, à approfondir la connaissance des textes de l’Écriture Sainte et de l’enseignement de l’Église, à se nourrir de la spiritualité des saints du Carmel. Les membres s’habituent à vivre en présence de Dieu et à se mettre à l’écoute et à la disposition de l’Esprit Saint à travers les réalités toutes simples du quotidien. Le rythme des journées contribue concrètement à cette formation.

 

Wrocław 10 -12.06.2011r. 025Photo

« Vous êtes ici pour vous forger des âmes dont Dieu devienne la force, la lumière, la vie… Notre but est de vous faire prendre conscience de l’absolu de Dieu pour le faire entrer dans votre vie et vous habituer déjà à tout lui donner. » - Père Marie-Eugène (04/11/1966)

Au terme de ces deux années, les membres s’engagent dans l’Institut Notre-Dame de Vie, dans un don total, par les vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance.

Il y a 6 ans d’apprentissage avant l’émission des vœux définitifs. Aux vœux définitifs elles ajoutent une promesse d’humilité.

Bas du formulaire

Haut du formulaire

Bas du formulaire

Une vie en plein monde

Une insertion professionnelle

La plupart des membres de Notre-Dame de Vie ont une activité professionnelle dans les divers secteurs du privé ou du public : entreprise, médico-social, enseignement, fonction publique, médical…

Photo

P1010803Photo

Les membres vivent seules ou en petits groupes, sans signes apparents de leur consécration.

Dans le cas où elles partagent un logement, leur mode de vie s’apparente plus à celui d’une famille qu’à celui d’une communauté, laissant à chacun la responsabilité de trouver son rythme propre pour réaliser les exigences de sa vocation. Par exemple, un cadre supérieur aura un rythme différent de celui d’un professeur des écoles.
C’est le témoignage de la vie et les occasions simples qui permettent de dévoiler progressivement le cœur de cet appel particulier à la vie consacrée : pour Dieu, pour les hommes.

« Actuellement, le grand moyen de la mission, ce n’est pas la discussion : les gens n’y croient plus. Ce ne sont même pas les œuvres. Le grand moyen, c’est le témoignage de quelqu’un qui est pris par Dieu, qui par ses attitudes, par ses paroles, laisse voir Dieu.  » (Père Marie-Eugène)

Animée par la prière quotidienne

Chacune fait en sorte de mettre l’Eucharistie au cœur de sa journée et s’engage à consacrer 2 heures par jour à l’oraison (prière silencieuse). Les membres prient l’office du matin (Laudes) et la prière des Complies, participant ainsi à la liturgie des heures de l’Église.

Et soutenue par une vie fraternelle

num 2006-01485Photo

Quel que soit le lieu, les membres s’efforcent de rester en lien étroit avec leur responsable et de développer des relations avec les autres membres de la branche féminine.

Pour assurer l’équilibre de leur vie et la fécondité de leur apostolat, elles reviennent régulièrement dans une maison de ressourcement, qui est comme leur maison de famille. Ces retours se font chaque année pendant au moins 3 semaines consécutives, souvent vécues en commun ; tous les 12 ans environ, les membres quittent leurs occupations professionnelles ou autres pour une année sabbatique, qui est entièrement consacrée à la recherche de Dieu dans la prière, la solitude et le soutien de la vie fraternelle.

Les membres de la branche féminine sont environ 500, réparties sur 4 continents.Bas du formulaireHaut du formulaireBas du formulaire

Source ; https://www.notredamedevie.org/qui-sommes-nous/linstitut-seculier-notre-dame-de-vie/femmes-laiques-consacrees/

Retour au début du sommaire


  • Pourquoi la laïcité c’est la liberté de la femme ? – Document ‘ensemble-en-france.org’
    Ne croyez pas que les hommes ont inventé la laïcité pour libérer la femme. Ce principe a pourtant bien aidé les Françaises à s’émanciper, à gagner en liberté et en égalité. Comment ? On vous explique !

Pendant des siècles, les femmes ont été vues comme des mères, des épouses dociles, soumises à leurs pères et époux. L’inégalité homme femme était une chose admise dans la société française. La morale religieuse, chrétienne, était la loi commune. 

https://www.ensemble-en-france.org/wp-content/uploads/2021/12/450-350-ok-Georges_de_La_Tour.jpgPhoto

La Bible, misogyne ? Les croyants diront non, les autres produiront des extraits de ce type : « Le Seigneur dit ensuite à la femme  : « J’augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs te porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi ». Genèse 3:16. Les interprétations diffèrent, mais il est certain que la pression du religieux a longtemps et fortement pesé sur la place de la femme et sur ses droits, dans la société française.

La loi sur la Laïcité offre aux femmes, non pas une révolution en 1905, mais une promesse d’égalité : la séparation des Églises et de l’État rend les lois votées au parlement supérieures aux lois religieuses. En clair, c’est le droit et la justice qui prime. Pas une loi dictée par la religion. La liberté pour les femmes se met alors doucement en marche.

https://www.ensemble-en-france.org/wp-content/uploads/2021/12/450-300-noce-ok-.pngPhoto

L’émancipation des femmes se marque avec l’évolution progressive des lois. Exemples : 1938, abolition de la loi proclamant « Le mari doit protection à sa femme, la femme obéissance à son mari ». Le père reste chef de famille. Mais en 1970 c’est « l’autorité parentale conjointe » qui fait loi.

Grâce à une laïcisation des mœurs, à une justice indépendante de toute morale religieuse qui fait évoluer les lois, les femmes ont avancé sur le chemin de l’égalité. Elles ont acquis de nombreux droits au fil du temps : indépendance financière, maitrise de la fécondité, divorce par consentement mutuel, Interruption Volontaire de Grossesse (IVG)…

L’Égalité reste encore un combat. Mais, dans une société laïque, le chemin est plus simple et plus direct pour la femme. Il passe par celui de sa Liberté.

Aller plus loin

La laïcité vue par Célia, étudiante étrangère :

« La laïcité me protège en tant que croyante, me protège en tant que femme, car elle me confère des droits que je n’avais pas auparavant. Elle me libère de certaines contraintes qui étaient des obstacles à ma réussite professionnelle. »
Célia, a une vision féministe de la Laïcité.

Ça vous parait bizarre ?

Travailler en France

Pourquoi pas les femmes ?

Le Mooc - Un parcours de formation gratuit pour comprendre la République et ses valeurs. – 50 vidéos sous-titrées en français, anglais, arabe, espagnol, portugais, mandarin, russe, tamoul, farsi et pachto. – Des exercices en série pour perfectionner son français ! – En accès permanent – Ouvert à tous Entre situations vécues et paroles d’experts, de ressources variées en activités interactives et ludiques, le parcours décortique l’ensemble du tissu républicain français. Il permet aux étrangers de comprendre notre système de valeurs et notre pacte républicain. Je me lance ! Vidéos Youtube

Un site de ‘France Fraternités’ - Financé par :

https://www.ensemble-en-france.org/wp-content/uploads/2021/06/MIN_Interieur.jpg

Informations pratiques - Nous contacter Mentions légales Politique de confidentialité

Source : https://www.ensemble-en-france.org/pourquoi-la-laicite-cest-la-liberte-de-la-femme/

Retour au début du sommaire

  • {{}}
    Le pape François souhaite voir plus de femmes laïques dans les instances de responsabilité de l’Église - 09 octobre 2020 – Document ‘infochretienne.com’
    Dans une vidéo publiée hier, le pape François s’est exprimé sur la place des femmes dans l’Église. Le pontife souhaite « une présence féminine plus incisive » au sein de l’Église catholique. 

Le pape François appelle à une plus grande présence féminine dans les instances de responsabilité au sein de l’Église. Un désir qu’il a exprimé hier, jeudi 8 octobre, dans une vidéo publiée par le Réseau mondial de prière du pape.

Il y encourage les catholiques du monde à prier pour ce sujet.

Dans cette vidéo, François évoque le sacrement du baptême « personne n’a été baptisé prêtre ni évêque », « nous avons tous été baptisés laïcs » rappelle l’argentin. Il insiste sur le fait qu’homme et femmes sont tous ensemble « les protagonistes de l’Église ».

Le pape François ajoute qu’il est « nécessaire » de laisser une plus grande place aux femmes au sein de l’Église, pour avoir « une présence féminine plus incisive ». Il admet qu’aujourd’hui les femmes sont « généralement laissées de côté » et insiste sur l’importance de « promouvoir l’intégration des femmes dans les divers lieux où se prennent les décisions importantes ».

Son message se conclut par un appel à la prière, « prions pour qu’en vertu du baptême, les fidèles laïcs, en particulier les femmes, participent davantage aux instances de responsabilité de l’Eglise, en évitant des formes de cléricalisme qui annulerait le charisme des laïcs ».

Par ailleurs, Vatican News rappelle que le pape a nommé plusieurs femmes à des postes de premier plan depuis le début de son pontificat. C’est notamment le cas de Linda Ghisoni sous-secrétaire pour les fidèles laïcs. Elle s’est exprimée à propos de cette vidéo et au sujet du baptême :

« si nous prenons conscience du sens de notre baptême, nous comprenons quelle est notre place dans l’Église qui, pour être universelle, ne peut renoncer aux apports spécifiques des laïcs, des femmes, qui par vocation en sont une partie constitutive. »

La sous-secrétaire estime que c’est un point « très important » et que cela montre qu’il ne s’agit pas d’une histoire de quotas à respecter pour être en phase avec la société civile mais bien une place que les femmes, en tant que fidèles de l’Eglise et au même titre que leurs homologues masculins, devraient pouvoir occuper.

« C’est très important car cela nous permet de comprendre que le désir d’une plus grande participation des laïcs, et en particulier des femmes, dans les instances de responsabilité de l’Église ne doit pas être interprété comme une opération sociologique ou comme un désir de garantir des quotas roses pour une répartition du pouvoir entre les femmes et les hommes, entre les laïcs et le clergé« 

C.P

Crédit image : AM113 / Shutterstock.com - © Info Chrétienne - Courte reproduction partielle autorisée suivie d’un lien ’Lire la suite’ vers cette page.

SOUTENIR INFO CHRÉTIENNE - Info Chrétienne étant un service de presse en ligne reconnu par le Ministère de la Culture, votre don est déductible de vos impôts à hauteur de 66%. Info Chrétienne : Qui sommes-nous ?Nous contacterMentions LégalesFoire aux questions -Faire un don > Je soutiens Info Chrétienne

© Info Chrétienne – Source : https://www.infochretienne.com/le-pape-francois-souhaite-voir-plus-de-femmes-laiques-dans-les-instances-de-responsabilite-de-leglise/

Retour au début du sommaire

Septembre 2018 : l’antenne de Marseille du Planning familial affirme sur les réseaux sociaux que l’excision peut être « un choix » pour les femmes. Le souci de cet acteur historique du combat féministe : ne pas stigmatiser certaines traditions religieuses. Novembre 2020 : un député pourtant progressiste s’étonne que l’État veuille renforcer sa lutte contre la polygamie. C’est un « mode de vie » comme un autre, ose-t-il affirmer. Non seulement la tentation de céder aux intégrismes religieux n’a pas disparu, mais elle a même contaminé une partie de la gauche. Les premières victimes de ce retour de l’obscurantisme ? Les femmes. Et la gauche qui s’exprime en ce moment a abdiqué ce combat.

La laïcité : condition de l’émancipation

Car rien ne protège mieux les droits des femmes que la séparation du politique et du religieux. Rien ne les menace davantage que sa remise en cause. Profondément attachée à la liberté de conscience, je défends la liberté religieuse. Je défends tout autant la séparation des Églises et de l’État. « L’État chez lui, l’Église chez elle », disait Victor Hugo.

La laïcité offre un cadre protecteur aux femmes. Elle est la condition de leur émancipation. Elle leur permet d’être les égales des hommes. C’est parce que je vis dans un État où prime la loi humaine que j’ai le droit d’avorter sans subir de pressions. Le droit de travailler. D’être indépendante financièrement. De pratiquer la contraception. D’aimer qui je veux. De choisir mon mari ou ma femme. D’avoir un droit égal à mon époux dans le mariage comme dans le divorce.

« Là où les islamistes régissent la vie collective, les femmes sont vouées à un destin d’infériorité et d’assujettissement, parfois de mort. Laïcité et féminisme sont inséparables. Sans laïcité, pas de pleine égalité entre les femmes et les hommes. »

Dans les États où les islamistes font la loi, où la norme religieuse a la préséance sur la loi civile, c’est cette norme supérieure qui décidera ce que vous avez le droit de faire, de désirer, de manger, de porter sur votre corps. Le plus souvent, elle vous cantonnera au monde privé du foyer. Vous interdira l’accès à l’espace public. Peut-être même à l’école, comme dans les territoires sous le contrôle de Boko Haram ou des talibans. Vous serez un visage à soustraire à la vue des hommes. Vous serez la propriété des autres. Du père, du frère, du mari, de la tribu. Vous aurez peut-être la moitié des droits des hommes. Mais le droit en revanche d’être châtiée avec plus de sévérité – ici fouettée, là lapidée – si vous leur êtes « infidèle ». Dans les pires des régimes théologiques, en proie à la fureur totalitaire comme l’ex-État islamique, vous pourrez être vendue sur une place publique comme esclave sexuelle.

Là où les islamistes régissent la vie collective, les femmes sont vouées à un destin d’infériorité et d’assujettissement, parfois de mort. Laïcité et féminisme sont inséparables. Sans laïcité, pas de pleine égalité entre les femmes et les hommes.

Dominer le corps des femmes

D’où vient cette difficulté que les intégrismes ont avec les femmes ? Le point essentiel me semble être la volonté de cacher, de voiler, de maintenir les femmes dans le foyer, dans l’univers domestique, dans le domaine de l’intérieur. Comme s’il y avait de l’impudeur à ce que les femmes sortent dans l’espace public. Comme si cela revenait à les exposer au regard, au désir, aux pulsions des autres hommes. À en faire des objets de tentation.

Il est pourtant assez injuste, et même assez illogique, de demander aux femmes de se cacher, alors que l’on pourrait demander aux hommes, supposés incapables de se contrôler, de rester chez eux. Quelle inversion des rôles ! C’est que le corps désirable de la femme, et la vie qu’il porte en lui, représenterait un danger, celui de briser la clôture de la famille, de la tribu, de la nation. Kamel Daoud a raison de l’affirmer : c’est finalement parce que le corps de la femme appartiendrait à tous, parce qu’il ne lui appartiendrait pas à elle, qu’il devrait être dissimulé et dominé. […] LIRE LA SUITE.

Illustration : Marlène Schiappa, le 14 novembre 2019. Photo : Julie Sebadelha/ABACAPRESS.COM.

Marlène Schiappa

Publié dans la Revue des Deux Mondes mai-juin 2021 Achetez ce numéro pour poursuivre votre lecture ou connectez-vous à votre compte abonné

Femme politique, romancière et essayiste, Marlène Schiappa est ministre déléguée chargée de la Citoyenneté depuis 2020. Dernier ouvrage publié : ’Les Droits des femmes face aux violences’ (Dalloz, 2020) › Twitter @MarleneSchiappa

Source : https://www.revuedesdeuxmondes.fr/la-laicite-garante-de-la-liberte-des-femmes/

Retour au début du sommaire

  • {{}}
    Les Femmes en franc-maçonnerie d’après Wikipédia
    Vous lisez un « bon article » labellisé en 2017.

L’admission des femmes en franc-maçonnerie est progressive et très diverse selon les époques et les pays. En 2016, dans un nombre croissant de pays, notamment en Europe, elles peuvent rejoindre des obédiences maçonniques mixtes ou exclusivement féminines, ces obédiences faisant généralement partie du courant ‘adogmatique’ ou libéral de la franc-maçonnerie.

Historiquement, et tout en restant très restreinte, la présence de femmes du métier dans la maçonnerie opérative et sur des chantiers de construction est attestée dès le XIIIe siècle. Si y accéder ne leur est pas strictement interdit, en revanche le statut des femmes en général à cette époque ne leur permet d’appartenir à des corporations que sous certaines conditions très spécifiques.

Dans la franc-maçonnerie spéculative, la première femme initiée aurait été Elisabeth Aldworth, reçue en Irlande vers 1712 dans des circonstances tout à fait inhabituelles. Après la création en 1717 de la première obédience maçonnique en Angleterre et la promulgation des constitutions d’Anderson, l’interdiction de les recevoir en loge maçonnique est institutionnalisée. Plus aucune femme n’est admise en tant que franc-maçonne au sens strict, jusqu’à l’initiation en France de Maria Deraismes le 14 janvier 1882. Cependant, dans cet intervalle, il s’avère qu’apparaissent différents ordres mixtes d’inspiration maçonnique, tels que la maçonnerie dite « d’adoption », en France, ou encore l’« Eastern Star » aux États-Unis.

La création de la première obédience mixte en France à la fin du XIXe siècle est le début d’un long processus d’ouverture aux femmes d’une franc-maçonnerie spéculative, dont les obédiences et les pratiques sont exclusivement masculines depuis sa création. Au terme de multiples remises en cause, qui rejoignent parfois les combats féministes du début du XXe siècle, celui-ci voit l’installation de la première obédience féminine et le développement aux côtés de la branche mixte d’une franc-maçonnerie indépendante, ouverte aux femmes et pratiquant les rites maçonniques historiques, dans leurs plénitudes philosophiques et initiatiques. Si des interdictions concernant leur admission perdurent au XXIe siècle, et ce notamment dans la franc-maçonnerie dite « régulière » du courant de la Grande Loge unie d’Angleterre, cette dernière ne conteste plus la qualité de franc-maçonne des femmes initiées au sein de certaines obédiences mixtes anglaises ou de par le monde…

Lire l’article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Femmes_en_franc-ma%C3%A7onnerie

Retour au début du sommaire


  • Où sont les femmes franc-maçonnes ? - Mardi 29 mars 2022 – Enregistrement de 58 minutes diffusé par ‘France Culture’ - Provenant du podcast ‘Sans oser le demander

    Sans oser le demander

L’accès des femmes à la franc-maçonnerie a demandé de nombreux efforts à celles qui ont voulu y participer et à ceux qui se sont engagés derrière elles. En parcourant à nouveau cette histoire, c’est celle du mouvement de pensée dans son entièreté qui se dessine en filigrane.

Au XXème siècle, la franc-maçonnerie a participé activement aux travaux qui ont permis l’adoption du droit de vote pour les femmes en 1944, ou la légalisation de l’IVG en 1975. On pourrait dès lors s’attendre à ce que l’organisation se soit montrée à l’avant-garde des combats féministes à l’intérieur même de ses structures, notamment dans son inclusivité à l’égard des femmes. L’histoire de la franc-maçonnerie démontre que la réalité est moins nette que cela.

Les Personnes admises comme membres d’une Loge doivent être des Hommes bons et loyaux, nés libres, ayant l’Âge de la maturité d’esprit et de la Prudence, ni Serfs ni femmes ni Hommes immoraux ou scandaleux, mais de bonne réputation.

Bien qu’il soit objectivement caduc, puisque de nombreuses loges admettent désormais des femmes dans leurs rangs, ce passage tiré des Constitutions d’Anderson (texte de 1723 fondateur de la franc-maçonnerie moderne) révèle les difficultés et les résistances auxquelles ont fait face les femmes souhaitant participer à la franc-maçonnerie. Dans sa structuration originelle, la franc-maçonnerie est une affaire d’hommes et les femmes n’y sont pas admises : ce n’est que par décloisonnement successifs que les femmes pourront progressivement participer aux travaux de la maçonnerie. Même si les premières révisions à cette exclusion systématique interviennent dès le courant du XVIIIe siècle avec la création de loges mixtes spécifiques, dites ’d’Adoption’, destinées à admettre la présence des femmes dans l’organisation, la situation actuelle est encore largement tributaire de cette asymétrie première : malgré la multiplication des loges mixtes et la création en 1952 d’une obédience exclusivement féminine (la Grande Loge Féminine de France), elles représenteraient aujourd’hui seulement 25% des effectifs de la franc-maçonnerie française, et moins encore à l’échelle mondiale.

L’invitée : Cécile Révauger est professeure émérite à l’Université Bordeaux Montaigne, spécialisée dans l’historiographie de la franc-maçonnerie. Elle est par ailleurs membre du Grand Orient de France. Elle est notamment l’autrice de Noirs et francs-maçons (Dervy, 2014), et de La Longue Marche des franc-maçonnes (Dervy, 2018).

Mots clefs : Société Sciences et Savoirs Franc-maçonnerie Féminisme

L’équipe : Matthieu Garrigou-Lagrange Production - Anne-Vanessa Prévost et Didier Pinaud Collaboration - Jean-Christophe Francis Réalisation - Laurence Jennepin Collaboration - Cyril Marchan Production déléguée

Diplôme de Fabienne l’Écharpe, ancienne Grande Maitresse de la Grande Loge Féminine de France ©Getty - Micheline Pelletier

Illustration - Diplôme de Fabienne l’Écharpe, ancienne Grande Maitresse de la Grande Loge Féminine de France ©Getty - Micheline Pelletier

Source : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/sans-oser-le-demander/la-franc-maconnerie-au-feminin-4828092

Retour au début du sommaire

  • {{}}
    Conquêtes et interrogations du féminisme français – Dossier ‘cairn.info’ - 2022/10

    logo curateur

En France comme ailleurs, l’histoire du féminisme est marquée par des hauts et des bas et la domination successive de mouvements aussi divers que controversés. Une façon de voir les choses pourrait être de distinguer des grandes « vagues », quatre au total si l’on inclut le mouvement actuel, stimulé par Internet.

En France, la première vague voit ses résultats entérinés par l’ordonnance de 1944 (droit de vote, notamment), la seconde par la loi Veil de 1975 sur l’avortement, la troisième par la loi sur la parité en 2000. La quatrième, toujours en cours, ajoute à la question du harcèlement sexuel une spécificité française, le débat sur l’écriture inclusive.

Dans le présent dossier, Françoise Picq revient sur les spécificités des deuxième et troisième vagues en France. Elle évoque en particulier les périodes de stagnation du féminisme, voire de retour en arrière, qui ont marqué d’abord les années 1950 et 1960, puis les années 1980-1995. Curieusement, l’influence du fameux Deuxième sexe de Simone de Beauvoir (1949) ne se fait vraiment sentir qu’à l’occasion de la deuxième vague, au début des années 1970. Nous proposons la lecture d’un entretien avec Simone de Beauvoir en 1975, qui rend compte de ce décalage. Les deux textes suivants illustrent deux tendances radicalement opposées de la réflexion féministe actuelle. Dans le premier, la sociologue Nathalie Heinich pourfend la tentation « différentialiste » qui s’oppose dangereusement, selon elle, à la tradition républicaine universaliste. La sociologue est contre les quotas, contre la féminisation des noms de professions et contre l’écriture inclusive.

Le dossier se poursuit par une exploration de la quatrième vague, portée par le militantisme en ligne.

Les trois premières vagues du féminisme français

Photo - Suffragettes et Louise Weiss, mai 1935

Rédigé en 2002 par la doyenne des études féministes en France, Françoise Picq, l’article paru dans la revue Cités décrit les conquêtes et les tourments du féminisme français à l’aube du XXIe siècle. Après avoir rappelé les acquis de la « première vague », entérinés par l’ordonnance de 1944 (droit de vote, éligibilité, « droits égaux » dans tous les domaines), elle montre que le féminisme s’est englué jusqu’en mai 1968 dans « l’idéologie familialiste qui triomphait ». Dominé par les militantes catholiques et communistes, le mouvement a « “raté” Le Deuxième sexe puis le combat pour la contraception ». Il a cédé à ce que Françoise Héritier appelait une « forme débonnaire du patriarcat », favorisée par les mesures favorisant la femme au foyer.

La « deuxième vague » du féminisme est née dans le sillage de mai 68, au point que l’on a pu « proclamer 1970 année zéro de la libération de la femme » (c’est la date de création du MLF, le Mouvement de libération des femmes). On a assisté alors à une « formidable explosion », nourrie par « l’espoir insensé de mettre fin d’un coup à l’oppression, d’abolir le patriarcat à l’horizon d’une génération ». Le couronnement est la loi Veil autorisant l’avortement en 1975. C’est « l’acquis fondamental : la libre disposition de son corps ».

Après quoi le féminisme est à nouveau entré en léthargie : dans les années 1980 « l’idéologie “post-féministe” triomphait, proclamant la fin du patriarcat et l’obsolescence de la révolte. Toute revendication supplémentaire était jugée « excessive et dangereuse ».

La « troisième vague » a surgi en 1995, après la Conférence mondiale des femmes de Pékin et à l’occasion, en France, du retour de la droite au pouvoir et à la multiplication des actions de commandos anti-IVG (interruption volontaire de grossesse). Un Collectif des droits des femmes est créé, qui brasse de nouveaux thèmes : « la parité, la place des immigrées et des sans-papiers, celle des lesbiennes ». À rebours du MLF, qui bannissait la mixité, les hommes sont accueillis au sein du mouvement. Les études féministes fleurissent dans les universités et les instituts de recherche.

Les acquis sont cependant plus ambigus que ceux des deux premières vagues, observe Françoise Picq. Comme la sociologue Nathalie Heinich, elle juge que la loi constitutionnelle sur la parité (2000) « pose un problème d’un point de vue féministe », car elle « institutionnalise les catégories sexuelles dans le champ politique ». À l’inverse la différence des sexes est « déniée » dans la loi instaurant le Pacte civil de solidarité (Pacs), qui permet l’union entre homosexuels mais pas le mariage et ne permet pas l’adoption ni la procréation médicalement assistée. Comme Nathalie Heinich, beaucoup de féministes « sont réticentes devant l’idéal d’une société sans genre, où la filiation serait ‘débiologisée’ ». Pour Françoise Picq, il faut « tenir compte de l’asymétrie biologique pour viser l’égalité sociale ». Elle pense que « le prochain enjeu du féminisme » pourrait être de « reformuler un contrat social entre les sexes », à la maison et au travail.

Françoise Picq a participé au mouvement féministe français depuis 1965 et a joué un rôle décisif dans l’implantation des études féministes dans les universités et les établissements publics de recherche. Elle a publié plusieurs ouvrages sur l’histoire du féminisme français, dont Libération des femmes : Les années-mouvement, Seuil 1993.

Pour aller plus loin >

Simone de Beauvoir et la deuxième vague

Portrait - Simone de Beauvoir en novembre 1968/ Centro Editor de América Latina

Dans un entretien accordé en 1975, à l’âge de 67 ans et paru dans la revue Les Temps Modernes, Simone de Beauvoir explique comment elle a été rattrapée par la « deuxième vague » du féminisme. Elle fait une critique rétrospective du Deuxième sexe, paru en 1949 en France et peu après aux États-Unis. Elle juge avoir été « trop confiante dans l’avenir de la société en général » et « dans ce qu’elle croyait devoir être le triomphe du socialisme ». Elle pensait que la condition des femmes s’améliorerait automatiquement du fait de l’amélioration de la société. Vingt ans plus tard, ayant constaté que « rien ne s’était passé de mieux dans les pays socialistes que dans les pays capitalistes », elle en a conclu que « la lutte des femmes est une lutte absolument intrinsèque, ne pouvant être menée que par les femmes ». Quand les femmes du MLF, fondé en 1970, sont venues la voir pour « lui parler du problème de l’avortement », elle a accepté de se mobiliser sur ce sujet, qu’elle avait jusqu’alors négligé.

Interrogée sur son apport au féminisme américain, elle renverse la question en évoquant ce que lui ont apporté sur le tard les féministes américaines. « Peut-être parce qu’elles avaient moins d’espoir dans le socialisme », ce sont elles qui l’ont aidé à comprendre que c’est « aux femmes de mener leur propre combat ». Elle cite des livres parus au début des années 1970, ceux de Kate Millet et celui de Shulamith Firestone, La Dialectique du sexe. Des livres qui « très souvent allaient plus loin » que ce qu’elle-même avait écrit. « C’était plutôt moi qui avais eu tort et les féministes américaines qui avaient raison »

Simone de Beauvoir a accordé cet entretien à la réalisatrice québécoise Luce Guilbeault lors du tournage du film American Feminism (1975).

Pour aller plus loin >

Contre le féminisme différentialiste

Panneau de revendication - Féminisme / Pierre M

Dans un entretien publié en 2018 dans la revue Cités, la sociologue Nathalie Heinich explicite ses positions souvent hétérodoxes sur ce qu’elle considère être les contradictions du féminisme français actuel. Selon elle, celui-ci s’inspire avec une certaine paresse intellectuelle de la tendance dominante du féminisme américain, qu’elle décrit comme « différentialiste », par opposition à un féminisme « universaliste », qui lui paraît beaucoup plus fécond. Elle s’en prend d’abord à une vision jugée simpliste de la domination masculine, inspirée par l’œuvre de Bourdieu. Elle estime essentiel de « sortir d’une posture systématiquement accusatoire pour adopter une posture descriptive et pluraliste », intégrant l’analyse des tensions propres aux femmes elles-mêmes, habitées par « un tiraillement intérieur entre des aspirations contradictoires ».

La conception différentialiste qu’elle met en cause est « centrée sur l’affirmation de la spécificité des minorités comme façon de lutter contre leur marginalisation et leur domination ». La conception universaliste qu’elle défend consiste à « suspendre les différences au profit de ce qui nous est commun ». C’est une position plus exigeante, à ses yeux, car impliquant « une capacité à penser la complexité » et une « capacité d’abstraction ». Pour chercher à mettre fin aux inégalités, il est illusoire de « créer une contre-inégalité en favorisant les femmes, comme avec la politique des quotas ». La solution est au contraire de « suspendre la différence des sexes là où elle n’a pas lieu d’être. La sociologue est pour cette raison « absolument contre la féminisation systématique des noms de professions », contre aussi l’écriture inclusive, « une bêtise du point de vue du combat féministe ». Elle ne pense pas qu’il faille pénaliser la prostitution lorsque celle-ci est fondée sur le consentement.

Pour Nathalie Heinich, le « féminisme à l’américaine » est imperméable à la notion d’universalisme hérité du « républicanisme à la française ». Il se fonde sur « une conception anglo-américaine de la citoyenneté », qui se réfère à des communautés et débouche sur le clientélisme, alors que la conception républicaine met en avant le bien commun et l’égalité des citoyens. Ce féminisme des communautés engendre des positions jugées aberrantes par la sociologue, comme la défense du port du voile, symbole de la domination patriarcale « propre au monde musulman ». Nathalie Heinich conteste aussi le bien-fondé de la notion d’intersectionnalité, qui lui paraît renforcer une « culpabilisation à base paranoïaque », avec pour conséquence d’oblitérer les comportements « d’emprise, de violence et de reproduction des différences sexistes » que l’on peut constater chez des femmes. De fait « une bonne partie de la culture de la “domination masculine” est transmise par les femmes ».

Nathalie Heinich a fait une carrière internationale comme sociologue de l’art contemporain. Elle s’est impliquée aussi dans les études féministes. Elle a publié en 1996 Etats de femme. L’identité féminine dans la fiction occidentale (Gallimard) et en 2003 Les ambivalences de l’émancipation féminine (Albin Michel).

Pour aller plus loin >

Quatrième vague : le féminisme en ligne

Illustration - « Je ne suis pas TA jolie », Osez le Féminisme 2014/Jeanne Menjoulet

La généralisation de l’usage des réseaux sociaux en ligne a contribué à l’émergence de ce que beaucoup appellent la « quatrième vague » du féminisme. Dans la revue Réseaux, David Bertrand explore les données disponibles sur ce phénomène. Il exploite les enquêtes menées des deux côtés de l’Atlantique sur les pratiques des femmes en ligne et étudie, pour la France, l’évolution de l’intérêt des internautes et aussi du personnel politique pour le féminisme. Il situe l’émergence de la quatrième vague en France aux environs de 2011. Portée par Internet, elle se caractérise par de nouveaux traits, dont le principal est peut-être « la traque et la dénonciation du sexisme et de la misogynie », qui se sont développées « en parallèle de la promotion d’une lecture inter-sectionnaliste des rapports sociaux de domination ». En témoigne l’affaire Weinstein.

En France et ailleurs, le groupe le plus actif est celui des femmes de 18 à 29 ans. David Bertrand décrit aussi les effets de renforcement qu’Internet exerce de manière quasi automatique sur toutes les formes de militantisme, dont le féminisme : les biais de confirmation, qui engendrent l’homophilie, sont attisés par les algorithmes des réseaux sociaux. Internet a donc une fonction libératoire mais aussi canalisante, « les multiples constellations rassemblées par connivence idéologique ne dialoguant que très peu entre elles ».

David Bertrand est enseignant chercheur à l’Université de Bordeaux, spécialisé dans la sociologie des mouvements sociaux ainsi que dans la participation politique en ligne. Sa thèse de doctorat, soutenue en 2020, porte sur l’émergence d’une quatrième vague féministe en France.

Pour aller plus loin >

Mis en ligne sur Cairn.info le 21/06/2022

CAIRN.INFO : Matières à réflexion

À proposContact Cairn International (English) Cairn Mundo (Español) Cairn Sciences (Français) Authentification hors campus Aide

© Cairn.info 2023 Conditions générales d’utilisation Conditions générales de vente Politique de confidentialité – Source : https://www.cairn.info/dossiers-2022-10-page-1.htm

Retour au début du sommaire


Annexe sur La chronologie des droits des femmes en France – Document ‘www.vie-publique.fr’

L’évolution des droits des femmes : chronologie - Par La Rédaction ‘ - Dernière modification : 26 décembre 2022

Égalité salariale, accès à l’emploi, parité en politique, IVG... Retour sur les dates clés de l’évolution des droits des femmes en France depuis 1791.

Malgré Olympe de Gouges qui publie, en 1791, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : ’La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits’ (art. 1(nouvelle fenêtre)), la Révolution française ne modifie pas la condition des femmes et ne leur ouvre pas le chemin de la citoyenneté. Au contraire, en 1804, le code civil institutionnalise l’infériorité de la femme qui ’doit obéissance à son mari’.

Sous la IIIe République, les femmes bénéficient d’avancées civiles comme l’accès à l’instruction et la Première Guerre mondiale démontre qu’elles sont indispensables au bon fonctionnement de l’économie.

En 1944, l’ordonnance du 21 avril(nouvelle fenêtre) du Gouvernement provisoire de la République française installé à Alger accorde le droit de vote et l’éligibilité aux femmes.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, les revendications des femmes portent sur tous les domaines de la vie sociale, économique et politique et militent pour une réelle égalité.

Droit de vote, contraception, autorité parentale conjointe : 1945-1974

29 avril 1945
Les femmes votent en France pour la première fois lors des élections municipales.

13 avril 1946
La loi ’Marthe Richard’(nouvelle fenêtre) interdit les maisons de tolérance sur le territoire national. Toutefois, une loi du 24 avril 1946(nouvelle fenêtre) instaure un fichier sanitaire et social des personnes prostituées.

27 octobre 1946
L’égalité entre hommes et femmes est inscrite dans le Préambule de la Constitution(nouvelle fenêtre) (alinéa 3) : ’La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme.’

Novembre 1947
Germaine Poinso-Chapuis est nommée à la tête du ministère de la santé publique et de la population. Elle est la première femme à obtenir le titre de ministre en France. Il faudra attendre la nomination de Simone Veil en 1974 pour voir une femme occuper de nouveau cette fonction.

1956
Création de ’la Maternité heureuse’, mouvement de femmes en faveur du contrôle des naissances. Il devient le Mouvement français pour le Planning familial (MFPF) en 1960. Le Planning familial a pour objectif l’éducation sexuelle, la lutte pour le droit à la contraception et à l’avortement.

1960
La France ratifie la Convention des Nations unies pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui(nouvelle fenêtre) du 2 décembre 1949. Le fichier sanitaire et social des personnes prostituées, qui recensait près de 30 000 personnes, est supprimé.

13 juillet 1965 
La loi portant réforme des régimes matrimoniaux(nouvelle fenêtre) modifie le régime légal du mariage du couple se mariant sans contrat : les femmes peuvent gérer leurs biens propres et exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari.

28 décembre 1967 
La loi Neuwirth(nouvelle fenêtre) autorise la contraception. Les décrets d’application ne sont publiés qu’en 1971.

4 juin 1970 
La loi relative à l’autorité parentale(nouvelle fenêtre) modifie le code civil et substitue l’autorité parentale conjointe à la puissance paternelle : ’les deux époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille’.

26 août 1970 
Dix femmes déposent une gerbe ’à la femme du soldat inconnu’ sous l’Arc de triomphe à Paris. Cette manifestation marque la naissance du Mouvement de libération des femmes (MLF).

5 avril 1971 
Le Nouvel Observateur publie un manifeste signé par 343 femmes (’Le Manifeste des 343 salopes’), parmi lesquelles de nombreuses personnalités qui déclarent avoir avorté et réclament l’avortement libre.

Juillet 1971 
Création de l’association ’Choisir la cause des femmes’, autour de Simone de Beauvoir et de l’avocate Gisèle Halimi, qui lutte pour l’abrogation de la loi de 1920 qui fait de l’avortement un crime(nouvelle fenêtre).

3 janvier 1972
La loi sur la filiation(nouvelle fenêtre) ouvre à la mère, sous certaines conditions, la possibilité de contester la présomption de paternité de son mari.

Octobre-novembre 1972
Les procès de Bobigny s’ouvrent : Marie-Claire Chevalier est jugée en octobre pour avoir fait le choix d’avorter. Un mois plus tard, sa mère, Michèle Chevalier, est accusée de ’complicité d’avortement’. Leur défense est assurée par l’avocate Gisèle Halimi. La fille est relaxée, la mère est condamnée au paiement de 500 francs d’amende avec sursis. Parmi les co-accusées, Micheline Bambuck, l’avorteuse, est condamnée à un an de prison ; deux collègues qui ont conseillé Marie-Claire Chevalier sont relaxées.

22 décembre 1972 
Une loi pose le principe de l’égalité de rémunération(nouvelle fenêtre) entre les hommes et les femmes.

9 janvier 1973
Une loi permet à une femme de transmettre sa nationalité(nouvelle fenêtre) à son enfant légitime ou naturel.

Avril 1973 
Création du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) qui rassemble des organisations féministes et des organisations politiques et qui revendique la pratique de deux actes illégaux : des avortements par la méthode Karman et des départs collectifs pour avorter à l’étranger.

11 juillet 1973 
La loi n° 73-639(nouvelle fenêtre) crée le Conseil supérieur de l’information sexuelle, de la régulation des naissances et de l’éducation familiale.

Mai 1974
Simone Veil est nommée ministre de la santé. Les cinq autres femmes au gouvernement de Jacques Chirac, entre 1974 et 1976, sont secrétaires d’État.

Juillet 1974
Création du secrétariat d’État à la condition féminine.

IVG, réforme du divorce, égalité professionnelle : 1975-1993

17 janvier 1975 
Promulgation de la loi autorisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG)(nouvelle fenêtre) dite ’loi Veil’, adoptée pour une période de 5 ans.

https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/styles/teaser_inside_link/public/bd/vignette-BD-episode1-siteVP.jpg?itok=dSU6wOBV

Bd

Simone Veil : la loi sur l’avortement. Épisode 1

consulter

https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/styles/teaser_inside_link/public/bd/vignette-BD-episode3-siteVP.jpg?itok=wrKMRlpO

Bd

Simone Veil : la loi sur l’avortement. Épisode 2

consulter

11 juillet 1975 
La loi portant réforme du divorce(nouvelle fenêtre) autorise le divorce par consentement mutuel.

31 décembre 1979 
La loi sur l’IVG(nouvelle fenêtre) rend définitives les dispositions de loi de 1975 et supprime notamment certaines entraves à la réalisation de l’IVG, concernant les modalités d’accord du médecin et l’accueil dans les services hospitaliers.

6 mars 1980
Marguerite Yourcenar devient ’immortelle’. Près de 345 ans après la fondation de l’Académie française par le cardinal de Richelieu, une femme y fait son entrée.

23 décembre 1980 
La loi relative à la répression du viol et de certains attentats aux mœurs(nouvelle fenêtre) donne une définition précise du viol et le reconnaît comme un crime : ’Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte, menace ou surprise, est un viol’.

12 octobre 1981 
Lors d’une interview au journal Elle, Yvette Roudy, ministre des droits de la femme, annonce une campagne nationale d’information sur la contraception et la publication de trois décrets : remboursement à 75% de l’IVG (’la loi actuelle est une loi bourgeoise’), abaissement du délai de résidence exigé pour les étrangères, création d’un centre d’IVG dans tous les établissements publics de soins.

20 janvier 1982 
Le Conseil des ministres adopte la proposition de Yvette Roudy de faire du 8 mars 1982 une journée pour les droits des femmes.

8 mars 1982 
Première journée nationale des droits des femmes. Réception par François Mitterrand, président de la République, de 450 femmes, représentant les milieux socio-professionnels et les associations. Annonce de plusieurs mesures :

  • remboursement de l’avortement par la Sécurité sociale dès septembre 1982 ;
  • instauration d’un quota de 30% de femmes aux élections municipales et régionales ;
  • mise au point d’un système de récupération des pensions alimentaires ; 
  • lancement d’un projet de loi anti-sexiste ; 
  • lancement d’un projet de loi sur l’égalité de sexe devant l’emploi ; 
  • création d’un statut de co-exploitante pour les femmes ; 
  • suppression de la notion de ’chef de famille’.
    Allocution de Pierre Mauroy, Premier ministre, qui estime que le rôle du ministère des droits des femmes est ’d’aiguillonner les administrations’ pour améliorer la condition de la femme. Publication au Journal officiel d’une promotion spéciale de femmes travailleuses à la Légion d’honneur.

Avril 1982 
Projet de loi relatif au statut général des fonctionnaires reconnaissant le principe d’égalité d’accès aux emplois publics : adopté le 8 par l’Assemblée nationale et le 29 définitivement par le Sénat en deuxième lecture.

18 novembre 1982 
Dans la décision n° 82-146 DC(nouvelle fenêtre), le Conseil constitutionnel déclare inconstitutionnelle une partie du projet de loi relatif à l’élection des conseillers municipaux et annule l’article imposant un quota de candidats par sexe.

31 décembre 1982 
Promulgation de la loi relative à la couverture des frais afférents à l’interruption volontaire de grossesse non thérapeutique et aux modalités de financement de cette mesure(nouvelle fenêtre), instaurant la prise en charge par l’État des dépenses engagées par l’assurance-maladie au titre des IVG.

13 juillet 1983 
La loi Roudy établit l’égalité professionnelle(nouvelle fenêtre) entre les femmes et les hommes.

12 juillet 1984 
Présentation en Conseil des ministres du projet de loi relatif à l’intervention des organismes débiteurs des prestations familiales dans le recouvrement des pensions alimentaires impayées ; les parents créanciers de pensions alimentaires impayées pourront faire appel aux caisses d’allocations familiales pour en assurer le recouvrement.

17 juillet 1984
La Cour de cassation(nouvelle fenêtre) reconnaît pour la première fois le viol entre époux en instance de divorce.

23 décembre 1985 
Loi n° 85-1372 du 23 décembre 1985(nouvelle fenêtre) relative à l’égalité des époux dans les régimes matrimoniaux et des parents dans la gestion des biens des enfants mineurs.

5 septembre 1990 
Un arrêt de la Cour de cassation(nouvelle fenêtre) reconnaît pour la première fois le viol entre époux.

21 décembre 1990 
Une décision du Conseil d’État(nouvelle fenêtre) estime que la loi Veil de 1975 autorisant l’IVG n’est pas contraire à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

15 mai 1991
Édith Cresson est la première femme en France à être ’nommée Premier ministre’. La fonction n’est pas encore féminisée dans le Journal officiel du 16 mai 1991(nouvelle fenêtre).

27 janvier 1993 
Promulgation de la loi portant diverses mesures d’ordre social(nouvelle fenêtre), qui crée notamment un délit d’entrave à l’IVG et supprime la pénalisation de l’auto-avortement.

Parité femmes-hommes, féminisation des noms de métiers : 1994-2003

21 avril 1994 
François Mitterrand, à l’occasion du 50e anniversaire du droit de vote des femmes, met en garde, dans un entretien au mensuel féminin Marie-Claire, contre l’idée d’imposer une parité hommes-femmes pour l’exercice de responsabilités, qui risque de conduire à ’découper la démocratie en tranches’. Il se déclare favorable à des quotas pour lancer le mouvement.

Simone Veil, ministre des affaires sociales, de la santé et de la ville, appelle de ses vœux une réforme constitutionnelle instituant un quota progressif de représentation féminine dans les instances électives.

20 avril 1995
Marie Curie est la deuxième femme à entrer au Panthéon. Il aura fallu attendre plus de deux cents ans pour que ’la première femme de notre histoire [soit] honorée pour ses propres mérites’, selon les mots de François Mitterrand. En effet, Sophie Berthelot n’y était entrée en 1907 que pour ne pas être séparée de son époux, le chimiste et homme politique Marcellin Berthelot.

18 octobre 1995 
Décret portant création de l’Observatoire de la parité(nouvelle fenêtre) entre les femmes et les hommes.

6 juin 1996 
Dans L’Express, manifeste pour la parité hommes-femmes lancé par dix femmes (dont Édith Cresson, ancienne Première ministre, Michèle Barzach, Monique Pelletier, Simone Veil, Frédérique Bredin, anciennes ministres) proposant un quota d’un tiers de femmes dans chaque assemblée, une législation contre le sexisme et, si nécessaire, une réforme de la Constitution par référendum. Dans le même numéro de L’Express, Alain Juppé, Premier ministre, se déclare favorable au référendum sur ce sujet et déclare s’être ’rallié aux quotas’. Lionel Jospin, premier secrétaire du PS, se dit favorable à une révision de la Constitution, mais non à l’organisation d’un référendum.

14 janvier 1997 
L’AFP publie des extraits du rapport au Premier ministre de Gisèle Halimi, avocate, sur les inégalités hommes-femmes dans le domaine social, économique et politique. Le rapport dénonce le dysfonctionnement démocratique que constitue la quasi-absence des femmes dans la représentation politique, et propose notamment pour y remédier la modification de la Constitution, la possibilité d’attribuer une prime financière aux partis plus égalitaires et le retour au scrutin proportionnel.

8 mars 1998 
Publication au Journal officiel d’une circulaire relative à la féminisation des noms de métier, de fonction, grade ou titre(nouvelle fenêtre).

8 juillet 1999 
Promulgation de la loi constitutionnelle relative à l’égalité entre les femmes et les hommes(nouvelle fenêtre), permettant au législateur de prendre des mesures favorisant un égal accès des femmes et des hommes aux mandats et fonctions politiques.

12 juillet 1999 
Promulgation de la loi tendant à la création de délégations parlementaires aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes(nouvelle fenêtre).

2 septembre 1999 
Catherine Génisson, députée (PS) du Pas-de-Calais, remet à Lionel Jospin, Premier ministre, un rapport dressant un tableau des inégalités hommes-femmes au travail : 7% de femmes parmi les cadres dirigeants des 5 000 premières entreprises françaises et 27% de différence moyenne de salaire aux dépens des femmes. Le rapport présente 30 mesures susceptibles de corriger ces inégalités, notamment :

  • un appel aux pouvoirs publics à veiller à l’objectif de mixité dans l’attribution des crédits de formation des syndicats ainsi que dans la nomination des représentants syndicaux dans les organismes paritaires ;
  • l’encadrement du travail de nuit ;
  • la prise en compte de l’objectif de mixité dans l’attribution de l’aide structurelle aux entreprises dans le cadre de la loi sur les 35 heures.
    8 décembre 1999 
    Présentation, en Conseil des ministres, d’un projet de loi tendant à favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives et d’un projet de loi organique tendant à favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats de membre des assemblées de province et du congrès de Nouvelle-Calédonie, de l’assemblée de Polynésie française et de l’assemblée territoriale des îles Wallis-et-Futuna.

6 juin 2000 
Promulgation de la loi n° 2000-493(nouvelle fenêtre) tendant à favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives.

22-28 novembre 2000 
Le 22, dans le cadre de la proposition de loi relative à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale adopte un amendement gouvernemental visant à lever l’interdiction du travail de nuit des femmes. Le PCF s’y oppose et dépose un amendement interdisant le travail de nuit, sauf dérogations. Le 28, l’Assemblée adopte l’amendement gouvernemental et rejette celui du PCF.

9 mai 2001 
Promulgation de la loi n° 2001-397(nouvelle fenêtre) relative à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.

4 juillet 2001
La loi n° 2001-588(nouvelle fenêtre) fait passer le délai légal de recours à l’IVG de 10 à 12 semaines.

4 mars 2002 
La loi n° 2002-304(nouvelle fenêtre) relative au nom de famille vise à renforcer l’égalité entre les père et mère en substituant la notion de nom de famille à celle de nom patronymique. La loi offre aux parents la possibilité de transmettre à leur enfant soit le nom du père, soit le nom de la mère, soit les deux noms accolés dans l’ordre choisi par eux.

11 avril 2003 
Promulgation de la loi n° 2003-327(nouvelle fenêtre) relative à l’élection des conseillers régionaux et des représentants au Parlement européen. Elle instaure la règle de l’alternance des candidats de chaque sexe sur les listes présentées aux électeurs.

Lutte contre les violences faites aux femmes, suppression des écarts de rémunération : 2004-2016

26 mai 2004
La loi n° 2004-439(nouvelle fenêtre) relative au divorce permet, entre autres, de protéger le conjoint victime de violence.

24 novembre 2004 
Présentation en Conseil des ministres d’une communication sur un plan de lutte contre les violences faites aux femmes (2005-2007) :

  • accès prioritaire pour les femmes victimes de violences aux 1 800 places supplémentaires créées d’ici 2007 en centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) ;
  • accompagnement professionnel des femmes victimes de violences et possibilité d’éloignement de leur conjoint violent dans le cadre du contrôle judiciaire ;
  • renforcement du soutien financier au secteur associatif.
    30 décembre 2004 
    Loi portant création de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité(nouvelle fenêtre). Composée de 11 membres, elle a compétence pour lutter contre toutes les formes de discrimination prohibées par la loi (racisme, intolérance religieuse, sexisme, homophobie ou discrimination en raison d’un handicap).

12 décembre 2005
La loi relative au traitement de la récidive des infractions pénales(nouvelle fenêtre) permet au juge de demander à l’auteur d’infractions commises contre son conjoint ou son concubin, ou contre ses enfants ou les enfants de ce dernier, de résider hors du domicile du couple.

23 mars 2006
Promulgation de la loi n° 2006-340(nouvelle fenêtre) relative à l’égalité salariale entre les femmes et les hommes :

  • suppression des écarts de rémunération entre femmes et hommes dans un délai de cinq ans en recourant à la négociation dans les branches professionnelles et dans les entreprises à partir d’un diagnostic établi sur la base d’indicateurs précis ;
  • renforcement des droits des femmes en congé de maternité, notamment en matière de salaires, de congés et de protection contre les discriminations ;
  • représentation plus équilibrée des femmes et des hommes dans les conseils d’administration des entreprises publiques ;
  • amélioration de l’accès des jeunes filles et des femmes à l’apprentissage et à l’offre de formation professionnelle initiale et continue.
    4 avril 2006 
    Promulgation de la loi n° 2006-399(nouvelle fenêtre) renforçant la prévention et la répression des violences au sein du couple ou commises contre les mineurs.

6 décembre 2006 
Publication du rapport du Haut Conseil de la population et de la famille, qui préconise une contraception gratuite et anonyme pour les mineures.

31 janvier 2007
Promulgation de la loi n° 2007-128(nouvelle fenêtre) tendant à promouvoir l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives :

  • instauration d’une obligation de parité entre hommes et femmes dans les exécutifs des communes de 3 500 habitants et plus, ainsi que dans les exécutifs régionaux ;
  • création de suppléants pour les conseillers généraux, le titulaire et le suppléant devant être de sexe différent ;
  • diminution de l’aide publique aux partis en cas de non-respect de la parité dans les candidatures aux élections législatives.
    14 mars 2007 
    Mise en place du 3919, numéro de téléphone national unique destiné aux victimes et aux témoins de violences conjugales.

2008
Le deuxième plan de lutte contre les violences faites aux femmes (2008-2010) propose douze objectifs pour combattre ces violences. Il renforce la protection des victimes et développe les interventions auprès des auteurs de violences.

26 février 2008 
Promulgation de la loi n° 2008-175 facilitant l’égal accès des femmes et des hommes au mandat de conseiller général.

23 juillet 2008
La loi constitutionnelle n° 2008-724 complète l’article 1er de la Constitution : ’La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales.’

Septembre 2008 
Remise du rapport de Michèle Reiser sur l’image des femmes dans les médias.

2010 
La lutte contre les violences faites aux femmes est déclarée grande cause nationale.

9 juillet 2010 
Promulgation de la loi n° 2010-769(nouvelle fenêtre) relative aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants. La loi renforce le dispositif de prévention et de répression des violences faites aux femmes en instituant notamment l’ordonnance de protection des victimes et en mettant en place une surveillance électronique du conjoint violent (bracelet électronique).

9 novembre 2010 
Promulgation de la loi portant réforme des retraites. Un nouvel article inséré dans le code du travail fait obligation aux entreprises de plus de 50 salariés de signer, à partir du 1er janvier 2012, un accord ou à défaut un plan d’action en faveur de l’égalité professionnelle. Le non-respect de cette obligation peut entraîner une sanction financière pouvant aller jusqu’à 1% de la masse salariale de l’entreprise.

2011
Le troisième plan de lutte contre les violences faites aux femmes (2011-2013) traite toutes les violences sans exceptions et prévoit des actions de lutte et de prévention.

27 janvier 2011
Loi n° 2011-103 relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance et à l’égalité professionnelle (dite loi Copé-Zimmermann).

12 mars 2012
Promulgation de la loi ’Sauvadet’ qui fixe des objectifs d’égalité professionnelle dans la fonction publique. Des quotas progressifs sont instaurés. La loi conforte une série de dispositions prises dans la fonction publique depuis 1983 (circulaire du 24 janvier 1983(nouvelle fenêtre) relative à l’égalité entre les femmes et les hommes et à la mixité dans la fonction publique).

6 août 2012 
Promulgation de la loi sur le harcèlement sexuel. Le texte donne une nouvelle définition du harcèlement sexuel, établit des circonstances aggravantes et détermine les sanctions qui y sont associées. La loi a été votée en procédure d’urgence à la suite du vide juridique provoqué par une décision du Conseil constitutionnel qui avait annulé l’article du code pénal sur le harcèlement sexuel. Le Conseil avait jugé que l’article était contraire au principe constitutionnel de l’égalité des délits et des peines, dans le cadre d’une question prioritaire de constitutionnalité.

30 novembre 2012 
Réunion du Comité interministériel aux droits des femmes, non réuni depuis 12 ans. Il définit les actions d’un plan 2013-2017 mettant les droits des femmes au cœur des politiques publiques.

18 décembre 2012 
Publication du décret relatif à la mise en œuvre des obligations des entreprises pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes(nouvelle fenêtre). Il renforce le dispositif de pénalité pesant sur les entreprises ne respectant pas leurs obligations en matière d’égalité professionnelle.

25 mars 2013
Un décret établit le remboursement à 100% de l’IVG(nouvelle fenêtre) ainsi que la gratuité des contraceptifs médicaux pour les mineures âgées de plus de 15 ans.

19 juin 2013 
L’accord national interprofessionnel ’Vers une politique d’amélioration de la qualité de vie au travail et de l’égalité professionnelle’(nouvelle fenêtre) mentionne notamment l’intégration de l’égalité professionnelle dans la démarche qualité de vie au travail.

Novembre 2013 
Quatrième plan interministériel de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes (2014-2016). Il prévoit un doublement des moyens dédiés (66 millions d’euros sur trois ans).

20 janvier 2014 
Promulgation de la loi garantissant l’avenir et la justice du système de retraites. La loi prévoit que le gouvernement remette au Parlement un rapport sur l’évolution des droits familiaux afin de mieux compenser les effets de l’arrivée d’enfants au foyer sur la carrière et les pensions des femmes.

4 juillet 2014 
Ratification par la France de la convention du Conseil de l’Europe, dite Convention d’Istanbul(nouvelle fenêtre), sur la prévention et la lutte contre les violences à l’égard des femmes et la violence domestique. La France est le 13e État à ratifier cette convention.

4 août 2014 
Promulgation de la loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Le texte vise à combattre les inégalités hommes-femmes dans la sphère professionnelle, publique et privée. Elle prévoit notamment la sanction du non-respect des dispositions sur l’égalité professionnelle par l’interdiction d’accès à la commande publique (marchés publics, contrats de partenariat et délégations de service public). En outre, la loi supprime la notion de ’détresse’ dans le cadre d’une demande d’IVG. Elle est remplacée par l’expression ’qui ne veut pas poursuivre une grossesse’.

16 janvier 2015 
Présentation par la ministre en charge de la santé et la secrétaire d’État aux droits des femmes d’un programme national d’action pour améliorer l’accès à l’IVG en France : améliorer l’information des femmes sur leurs droits, simplifier et améliorer le parcours des femmes qui souhaitent avorter et garantir une offre diversifiée sur l’ensemble du territoire.

Avril 2015 
Publication d’une étude sur les violences faites aux femmes dans les transports collectifs par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes qui recommande un plan national d’action ’Stop au harcèlement sexiste et aux violences sur toute la ligne’.

27 mai 2015
Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, figures de la Résistance, entrent au Panthéon.

25 septembre 2015
Les États membres des Nations unies adoptent un programme afin d’éradiquer la pauvreté à l’horizon 2030, composé de 17 objectifs de développement durable (ODD). Le cinquième objectif ’Égalité entre les sexes’(nouvelle fenêtre) consiste à ’parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles’.

26 janvier 2016 
La loi de modernisation de notre système de santé supprime le délai minimal de réflexion d’une semaine pour l’IVG. Elle permet aux sages-femmes de pratiquer des IVG médicamenteuses, aux centres de santé de pratiquer des IVG instrumentales et aux infirmiers scolaires de délivrer la contraception d’urgence.

7 mars 2016 
Loi relative au droit des étrangers en France : la loi donne plus facilement accès à un titre de séjour aux femmes étrangères victimes de violences.

13 avril 2016 
Adoption de la loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et accompagner les personnes prostituées : création du parcours de sortie de la prostitution, abrogation du délit de racolage, interdiction de l’achat d’un acte sexuel.

8 août 2016 
La loi relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels introduit l’interdiction de tout agissement sexiste dans le règlement intérieur de l’entreprise. Le Conseil supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes est inscrit dans la loi.

7 octobre 2016 
La loi pour une République numérique crée un délit d’atteinte à la vie privée à caractère sexuel (revenge porn).

18 novembre 2016 
La loi de modernisation de la Justice du XXIe siècle est promulguée : création du divorce par consentement mutuel sans juge, par acte sous signature privée contresigné par avocats après dépôt auprès d’un notaire.

Libération de la parole, lutte contre les violences, PMA, droit à l’avortement renforcé : 2017-

2017
Le cinquième plan de mobilisation et de lutte contre toutes les violences faites aux femmes (2017-2019) vise à renforcer les dispositifs d’aide aux victimes et d’accès à leurs droits. Il renforce aussi la lutte contre le sexisme.

27 janvier 2017 
Les femmes menacées de mariage forcé sont reconnues par la loi relative à l’égalité et la citoyenneté comme public prioritaire à l’accès à un logement social.

27 février 2017 
La loi portant réforme de la prescription en matière pénale prévoit un allongement des délais de prescription à six ans à partir du jour où l’acte a été commis en matière de délits comme les violences par le conjoint, concubin ou partenaire de PACS, les agressions sexuelles autres que le viol, le harcèlement moral, les menaces de meurtre, de viol ou d’agression sexuelle.

Les délais de prescription en matière de crimes sont allongés à 20 ans pour les viols, violences d’un conjoint, concubin ou partenaire de PACS ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente, les meurtres, les enlèvements et séquestrations.

20 mars 2017 
Promulgation de la loi qui étend le délit d’entrave à l’IVG aux nouvelles pratiques virtuelles. Elle punit de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende le fait d’empêcher ou de tenter d’empêcher de pratiquer ou de s’informer sur une interruption volontaire de grossesse par tout moyen, y compris par voie électronique ou en ligne.

Octobre 2017 
L’affaire Weinstein, du nom du producteur américain dénoncé pour harcèlement sexuel par plusieurs actrices, provoque dans de nombreux pays, dont la France, une libération de la parole. Après ces révélations, des milliers de femmes racontent sur Twitter, via les mots clés #MeToo et #BalanceTonPorc, le harcèlement voire les agressions sexuelles dont elles ont été victimes.

1er juillet 2018
Simone Veil est la cinquième femme à entrer au Panthéon.

3 août 2018 
Promulgation de la loi renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. Elle comprend quatre points :

  • écart de rémunération femmes-hommes ;
  • écart de répartition des augmentations individuelles ;
  • écart de répartition des promotions (entreprises de plus de 250 salariés) ;
  • nombre de salariées augmentées à leur retour de congé de maternité ;
  • parité parmi les dix plus hautes rémunérations.
    En cas d’indice inférieur à 75, l’entreprise doit mettre en place des mesures de progression dans un délai de trois ans. En 2021, 70% des entreprises de plus de 50 salariés ont publié leur note(nouvelle fenêtre), contre 59% en 2020.

23 mars 2019
La loi de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice permet :

  • le dépôt de plainte en ligne pour les faits de violence ;
  • des possibilités de placement sous surveillance électronique mobile des condamnés pour violences conjugales ;
  • l’éviction de l’auteur de violences conjugales du domicile.
    26 juin 2019
    Plan national d’action visant à éradiquer les mutilations sexuelles féminines.

6 août 2019
La loi de transformation de la fonction publique renforce les engagements et les obligations des employeurs publics : mise en œuvre d’un plan d’action d’égalité professionnelle, dispositif de signalement des violences sexuelles et sexistes. 

3 septembre 2019
Lancement du Grenelle des violences conjugales. Dix mesures d’urgence sont annoncées, dont :

  • de nouvelles solutions d’hébergement pour les femmes victimes de violences ;
  • la généralisation de la possibilité de déposer plainte dans les hôpitaux ;
  • le développement de structures dédiées à la prise en charge de femmes victimes de violence.
    25 novembre 2019
    Clôture du Grenelle des violences conjugales et annonce de 46 mesures pour lutter contre les violences faites aux femmes.

28 décembre 2019
La loi visant à agir contre les violences au sein de la famille accélère la procédure d’obtention d’une ordonnance de protection. Mise en place du dispositif du bracelet anti-rapprochement. Suspension systématique de l’autorité parentale lorsqu’un parent est l’auteur d’un homicide conjugal.

Mars 2020
Début de la crise sanitaire liée au Covid-19 qui a eu un effet révélateur sur les violences conjugales, en forte hausse durant les confinements. Le 16 mars est mis en place un dispositif de lutte contre ces violences.

13 mars 2020
Décret relatif au dispositif de signalement des actes de violence(nouvelle fenêtre), de discrimination, de harcèlement et d’agissements sexistes dans la fonction publique.

4 juin 2020
Décret autorisant le déblocage anticipé de l’épargne salariale(nouvelle fenêtre) en cas de violences conjugales.

28 juillet 2020
Décret relatif à la mesure d’accompagnement de l’enfant par un tiers de confiance(nouvelle fenêtre) lorsque la remise directe de l’enfant à l’autre parent présente un danger pour l’un d’eux.

30 juillet 2020
Promulgation de la loi visant à protéger les victimes de violences conjugales, qui transcrit les travaux du Grenelle des violences conjugales. En cas de violence au sein du couple, l’inscription des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes au fichier judiciaire est automatique pour les plus graves. Le harcèlement au sein du couple est considéré comme une circonstance aggravante.

25 août 2020
Un décret étend la gratuité de la contraception(nouvelle fenêtre) aux filles de moins de 15 ans.

9 octobre 2020
Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes préconise dans un rapport sur les violences conjugales un sixième plan interministériel d’action contre les violences faites aux femmes, incluant des indicateurs afin de vérifier la mise en œuvre des mesures.

23 septembre 2020
Un décret met en place un dispositif électronique mobile anti-rapprochement(nouvelle fenêtre) destiné à assurer le contrôle à distance des conjoints ou ex-conjoints violents.

21 avril 2021
À la suite d’affaires pénales fortement médiatisées dont les victimes étaient de petites filles, la loi visant à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels et de l’inceste crée quatre nouvelles infractions dans le code pénal pour punir les actes sexuels sur les enfants.

9 juin 2021
À la suite de la remise de deux rapports sur deux féminicides perpétrés les 4 et 20 mai, annonce de mesures pour renforcer la protection des victimes de violences conjugales et le suivi des auteurs, dont :

  • contrôle des acquisitions et détentions d’armes ;
  • création d’un fichier des auteurs de violences conjugales ;
  • renforcement du recours aux bracelets anti-rapprochement.
    2 août 2021
    La loi relative à la bioéthique élargit la procréation médicalement assistée aux couples de femmes et aux femmes célibataires. Un nouveau mode de filiation est mis en place pour les enfants né par PMA d’un couple de femmes (reconnaissance conjointe de l’enfant avant sa naissance devant notaire).

30 novembre 2021
Résistante, militante, artiste, Joséphine Baker entre au Panthéon. Naturalisée française en 1937, elle est la sixième femme à y reposer.

17 décembre 2021
La loi visant à assurer la revalorisation des pensions de retraites agricoles les plus faibles concerne 210 000 retraités, dont 67% de femmes. Le texte revalorise les pensions de retraite des conjoints, principalement des femmes.

23 décembre 2021
La loi de financement de la sécurité sociale pour 2022 prévoit le remboursement de la contraception pour toutes les femmes jusqu’à 25 ans (auparavant jusqu’à 18 ans).

24 décembre 2021
La loi visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle instaure diverses mesures, dont :

  • un quota de 40% de femmes aux postes de direction des grandes entreprises ;
  • un index de l’égalité dans l’enseignement supérieur ;
  • des places réservées en priorité dans les crèches à vocation d’insertion professionnelle aux femmes seules avec enfants bénéficiaires de l’allocation de soutien familial.
    11 janvier 2022
    Remise d’un rapport sur l’endométriose, maladie gynécologique qui touche 10% des femmes en âge de procréer, soit plus de 2 millions de Françaises. L’auteure du rapport préconise une stratégie nationale pour lutter contre la maladie.

19 janvier 2022
La préfecture de police rend public un rapport rédigé en 2019(nouvelle fenêtre) sur l’accueil des femmes victimes de violences conjugales et/ou sexuelles dans trois commissariats de Paris et de la Petite Couronne. Le rapport souligne :

  • un manque de confidentialité à toutes les étapes ;
  • des situations de violences conjugales qui ne sont repérées qu’en cas de violences physiques graves ;
  • un manque de suivi des dossiers ;
  • un défaut d’évaluation du danger.
    La préfecture signale qu’il s’agit d’’un état des lieux préalable au travail de fond réalisé depuis’.

2 février 2022
Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes signale dans un rapport sur la parité au sein des communes et des intercommunalités que si la parité numéraire est presque atteinte dans les communes de plus de 1 000 habitants, les hommes continuent de dominer la vie politique locale. Le rapport regrette la persistance d’un sexisme systémique en politique qui stigmatise les femmes.

2 mars 2022
Promulgation de la loi visant à renforcer le droit à l’avortement. Le texte allonge de deux semaines le délai légal pour avoir recours à l’IVG (le délai est porté de 12 à 14 semaines). Le texte initial de la proposition de loi prévoyait également de supprimer la clause de conscience des médecins qui les autorise à refuser de pratiquer une IVG, mais cette disposition a été supprimée en deuxième lecture.

16 mai 2022
Élisabeth Borne ’est nommée Première ministre’. Trente et un an après qu’Édith Cresson a été ’nommée Premier ministre’, le Journal officieldu 17 mai 2022(nouvelle fenêtre) féminise la fonction, excepté dans le titre du décret.

28 juin 2022
Pour la première fois, une femme, Yaël Braun-Pivet, est élue présidente de l’Assemblée nationale(nouvelle fenêtre). C’est le 4e personnage de l’État, derrière le président de la République, la Première ministre et le président du Sénat.

26 août 2022
Selon une étude du ministère de l’intérieur, 143 morts violentes au sein du couple ont été recensées en 2021(nouvelle fenêtre), dont 122 féminicides.

28 septembre 2022
Pour la première fois, un rapport parlementaire est consacré à l’industrie pornographique. Le rapport dénonce une industrie mondialisée ’qui a fait de l’exploitation et de la marchandisation du corps et de la sexualité des femmes un business à l’échelle internationale’.

7 octobre 2022
Une proposition de loi visant à inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution est déposée à l’Assemblée nationale. C’est la sixième déposée au Parlement depuis juin 2022. C’est la conséquence du recul du droit à l’avortement dans plusieurs pays (États-Unis, Malte, Pologne, Hongrie…). Pour l’auteure, rien n’est jamais acquis en matière de droit des femmes à disposer de leur corps.

15 décembre 2022
Une étude du service statistique ministériel de la sécurité intérieure (nouvelle fenêtre) souligne que, depuis 2016, le nombre d’enregistrements de violences conjugales par les services de police et de gendarmerie a doublé. Il y a en France, en 2021, 207 743 victimes de violences conjugales (+21% par rapport à 2020, 87% de femmes).

https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/styles/teaser_inside_link/public/dossier/egalite-homme-femme.jpg?itok=ZcUNLOUu

Dossier : Les droits des femmes : une politique de l’égalité

Source : https://www.vie-publique.fr/eclairage/19590-chronologie-des-droits-des-femmes

Utiliser nos contenus | vie-publique.fr

Retour au début du sommaire

Retour au début de l’introduction

Retour au début du dossier


Collecte de documents et agencement, [compléments] et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 07/02/2023

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

http://www.isias.lautre.net/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIAS Sociologie Femmes Condition des femmes.Partie 1 .7.docx

Mis en ligne par le co-rédacteur Pascal Paquin du site inter-associatif, coopératif, gratuit, sans publicité, indépendant de tout parti, un site sans Facebook, Google+ ou autres GAFA, sans mouchard, sans cookie tracker, sans fichage, un site entièrement géré sous Linux et avec l’électricité d’Énercoop , géré par Yonne Lautre : https://yonnelautre.fr - Pour s’inscrire à nos lettres d’info > https://yonnelautre.fr/spip.php?breve103

http://yonnelautre.fr/local/cache-vignettes/L160xH109/arton1769-a3646.jpg?1510324931

— -