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"L’innovation en agriculture : une réponse utile ou des problèmes nouveaux ? Si l’amélioration de la productivité a été vérifiée, la pression s’est accrue sur l’environnement et la santé. Pour le climat, il faut revoir l’agriculture" par Jacques Hallard

mercredi 11 janvier 2023, par Hallard Jacques


ISIAS Agriculture Innovation

L’innovation en agriculture : une réponse utile ou des problèmes nouveaux ? Si l’amélioration de la productivité a été vérifiée, la pression s’est accrue sur l’environnement et la santé. Pour le climat, il faut revoir l’agriculture

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 11/01/2023

Le titre de ce dossier est inspiré par des articles choisis et signalés dans le sommaire

Plan du document : Introduction Sommaire Auteur

Big data et agriculture : quels enjeux pour les agriculteurs familiaux ? | Réseau wallon de Développement Rural

In Big data et agriculture : quels enjeux pour les agriculteurs familiaux ? - 29/11/2016 - L’Union des Agricultrices Wallonnes – Source

Conclusions officielles en France – « Bien que coûteux en investissements, la transition des exploitations conventionnelles vers le biologique et leur maintien dans la filière présentent des avantages sur les plans environnemental, sanitaire et économique. Néanmoins, la filière biologique fait face à de nombreuses difficultés, dont le surcoût et la demande croissante qu’elle peine à satisfaire. Les réponses à ces défis, pour incertaines qu’elles puissent être, sont une nécessité pour l’avenir… » - Les détails dans ce dossier


Introduction

Ce dossier, à visée didactique, propose quelques documents sélectionnés pour éclairer les opportunités et les inconvénients possibles de l’innovation technologique dans le secteur agricole « pour une production plus durable et plus florissante ».

Comme entrée en matière, on peut entendre une ‘Parole d’expert’ : L’innovation technologique à l’épreuve de l’anthropocène  : «  En permettant à l’Homme de s’émanciper des contraintes de la nature, l’innovation technologique a constitué un moteur essentiel du progrès humain. Comment repenser le rôle de l’innovation technologique à l’heure de la crise écologique ? L’innovation constitue-t-elle la réponse ou le problème ? – Auteur Aurélien Acquier(Professeur à l’ESCP Business School) - Publié le 10 septembre 2020 > https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/276090-linnovation-technologique-lepreuve-de-lanthropocene ...

Les informations détaillées dans ce dossier proviennent de sources universitaires comme :

* l’agriculture cellulaire – « L’agriculture cellulaire se concentre sur la production de produits agricoles à partir de cultures cellulaires en utilisant une combinaison de biotechnologie, d’ingénierie tissulaire, de biologie ... » - Wikipédia (anglais) – « L’agriculture cellulaire est une branche interdisciplinaire de la science à l’intersection de la médecine et de l’agriculture. L’agriculture cellulaire capitalise sur les avancées en ingénierie tissulaire, science des matériaux, bio-ingénierie et biologie de synthèse pour concevoir de nouveaux modes de production de produits tels que le lait, la viande, les parfums ou encore … la corne de rhinocéros (sic), à partir de cellules et de micro-organismes1. L’exemple le plus célèbre d’un produit issu de l’agriculture cellulaire est le burger à la viande cultivée du professeur Mark Post, qui a démontré en 2013 la faisabilité d’un tel produit2. Le premier steak artificiel aura coûté 250 000 euros3… » - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Agriculture_cellulaire ] - Autre suggestion de lecture : « L’agriculture cellulaire - Article #3 de notre série ’Futur de l’alimentation’ - Blog KPMG France – Par Marie-Claire Renault Descubes , Senior Manager - 03 février 2022 » - Source

* l’agriculture de précision – « L’agriculture de précision est un principe de gestion des parcelles agricoles qui vise l’optimisation des rendements et des investissements, en cherchant à mieux tenir compte des variabilités des milieux et des conditions entre parcelles différentes, ainsi qu’à des échelles intra-parcellaires… » - Wikipédia – Voir par exemple « Agriculture de précision et outil d’aide à la décision – Innovaction -http://www.innovaction-agriculture.fr › agriculture-de-...

Concrètement, plusieurs démarches innovantes sont citées, proposées ou mises en œuvre en France pour accompagner une certaine transition en agriculture :

  • La ‘Fondation Terre Solidaire’ s’efforce « de répondre aux enjeux agricoles actuels qui consiste à produire une alimentation saine dans un environnement de qualité, en créant des emplois stables. Son Système dénommé RENATA [Réseau National des Espaces-Test Agricoles ] propose un test d’activité agricole ‘en situation’ pour favoriser l’installation de nouveaux agriculteurs volontaires. « Les membres du RENETA se reconnaissent dans les valeurs de l’économie sociale et solidaire et de l’éducation populaire. Ils sont des outils au service d’agricultures respectueuses de l’Homme et de l’environnement, de l’installation progressive en agriculture... » - « Face à la crise climatique et à ses conséquences sur les populations et les écosystèmes, la Fondation Terre Solidaire soutient des projets concrets et innovants qui contribuent à la construction d’une société plus respectueuse de la planète et de ses habitants. Elle accompagne et diffuse les travaux de femmes et d’hommes qui expérimentent de nouveaux modes de production, de consommation et de vivre ensemble. Elle soutient financièrement leurs initiatives et favorise le partage de leurs pratiques les plus efficientes. Source : https://fondation-terresolidaire.org/?gclid=EAIaIQobChMI2o7llOe9_AIVKAIGAB0xkwDYEAAYASAAEgIrAPD_BwE
  • Le programme national de développement agricole et rural (PNDAR), avec son instrument financier dédié, le Compte d’affectation spéciale développement agricole et rural (CASDAR) : « Le Groupement d’Intérêt Scientifique (GIS) pour la ‘Relance agronomique au niveau national’ est destiné à valoriser les résultats des lauréats des appels à projets et des appels à programmes dans le cadre de cette démarche du PNDAR. Des exemples en cours et récents sont indiqués…
  • Le monde de la finance s’intéresse à l’innovation agricole avec des levées de fonds dans des ‘start-up’ qui imaginent ainsi ‘réveiller l’agriculture’ !, comme le décrit le journal ‘Les Echos’
  • Ou encore « Des innovations digitales qui vont réinventer l’agriculture », citées par ‘LaTribune.fr’ ; elles comprennent : la connectivité, les drones et les robots, l’IA ou Intelligence Artificielle avec la formation virtuelle (‘gamification’ en agriculture), la ‘blockchain’ [voir Qu’est-ce qu’une chaîne de blocs ou blockchain par Bercy Infos le 12/04/2022] ; l’Internet des objets ou IdO (ou encore ’Internet of Things’ = (IoT) (qui décrit le réseau de terminaux physiques, les « objets », intégrant des capteurs, des softwares et d’autres technologies ...) ; ces technologies sont basées sur une interconnexion entre l’Internet et des objets, des lieux et des environnements physiques ; l’appellation désigne un nombre croissant d’objets connectés à Internet permettant ainsi une communication entre nos biens dits physiques et leurs existences numériques… - Wikipédia – Les nanotechnologies sont également incluses dans ce tour d’horizon technique avec les usages des nanomatériaux et des nanocapteurs…- « Les nanosciences et nanotechnologies, ou encore dénommées NST, peuvent être définies au minimum comme l’ensemble des études et des procédés de fabrication et de manipulation de structures, de dispositifs et de systèmes matériels à l’échelle du nanomètre, qui est l’unité la plus proche de la distance entre deux atomes… » Wikipédia
  • Ce dossier se termine avec un état des lieux complet sur « l’Agriculture biologique en France : le défi de la transition » diffusé par ‘Vie-publique.fr’ le 06 janvier 2023…
    Les documents sélectionnés pour constituer ce dossier indiqués avec leurs accès dans le sommaire ci-après.

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Sommaire

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  • L’innovation technologique dans l’agriculture - Véronique Bellon-Maurel, Christian Huyghe - Dans Géoéconomie 2016/3 (N° 80), pages 159 à 180 – Doc. CAIRN.info
    L’agriculture et l’agroalimentaire associé ont pour objectif global de développer des systèmes agricoles et alimentaires durables, ce que l’on peut décliner dans une recherche de triple performance, à savoir une performance économique et productive, le respect de l’environnement dans ses différentes dimensions et l’acceptabilité sociale, par les agriculteurs eux-mêmes et par la société. L’innovation doit être analysée au regard de ses conséquences sur ces différentes performances.

Même si dans le vocabulaire français, le mot «  innovation » désigne à la fois le processus créatif et le résultat, c’est bien cette combinaison de la conception d’une nouveauté et de son adoption qu’il convient de prendre en compte dans les réflexions sur son rôle en agriculture. L’innovation, telle que définie par le Manuel d’Oslo de l’OCDE [1] en 2005, est l’adoption d’un produit nouveau ou significativement amélioré, d’un process nouveau, d’une nouvelle méthode de marketing ou une nouvelle méthode d’organisation. Dans le présent opus, c’est de l’innovation technologique (process ou produit nouveau) qu’il sera question.

Joly et al. [2] classent les innovations selon quatre régimes principaux – innovation centralisée/réglée, innovation par les promesses sociotechniques, innovation distribuée et innovation par expérimentation collective –, qui se différencient par le rôle des différents acteurs, les flux d’information et les modalités de régulation. Dans le domaine de l’innovation technologique en agriculture, le régime préférentiel est celui de l’innovation centralisée, ou innovation réglée, dont la particularité est de disposer d’une échelle dite TRL (Technology Readiness Level[3] ou niveau de maturité technologique) sur laquelle se positionnent les différents intervenants dans le processus d’innovation. Cette échelle va de l’idée générique (niveau 1) à la mise en marché d’une nouveauté (niveau 9). Si pour tous les secteurs, les conditions de marché et de société ont un rôle important dans l’innovation, la situation agricole est de plus marquée par une dépendance aux conditions biotiques et abiotiques, et donc par un aléa fort. Une partie des innovations techniques et organisationnelles peut chercher à réduire cette sensibilité aux aléas. C’est le cas par exemple des innovations dans le domaine de la protection des cultures ou de la gestion de la santé des animaux. Ainsi, une des spécificités d’application au domaine agricole est la dépendance aux conditions locales au niveau 9 de l’échelle.

Un écosystème d’innovation comprend différents acteurs que sont la recherche, la recherche appliquée, les acteurs économiques, ainsi que la formation qui joue un rôle important dans les processus d’adoption. Dans ce système, deux composantes sont essentielles au processus global : la réglementation (au sens large) et les financements incitatifs. La réglementation constitue un cadre de contraintes, publiques et définies par la loi, ou privées et acceptées par des acteurs (cahiers des charges des appellations d’origine contrôlée par exemple), qui peut inciter à l’innovation et l’orienter, ou bien l’interdire. Les financements incitatifs, en particulier les grands programmes de financement de la recherche nationaux ou européens, insistent fortement sur les partenariats publics-privés (PPP). En forçant ces partenariats au travers de critères d’éligibilité, les financements obligent des acteurs agissant à différents niveaux du processus d’innovation à collaborer et facilitent ainsi les processus de transfert et donc l’innovation en général. L’importance de ces flux d’information et de connaissances et le rôle de ces partenariats sont particulièrement bien illustrés dans l’étude ASIRPA [4] conduite par l’Inra sur l’impact des travaux de recherche, et notamment par l’analyse des chemins d’impact. Sans oublier toutefois le temps nécessaire pour faire le chemin !

Des moteurs endogènes et exogènes font évoluer cet écosystème de l’innovation.

D’une part, il est soumis à de grands paradigmes intrinsèques qui vont irriguer l’analyse faite par les différents acteurs, la construction des réglementations et la priorisation des financements incitatifs. Aujourd’hui, en agriculture, les deux grands cadres paradigmatiques sont l’agroécologie [5], traduite dans la loi d’avenir de l’agriculture en 2014, et la bioéconomie [6], qui nourrit la construction des priorités de programmation européenne. D’autre part, aucun écosystème d’innovation ne vit de façon autonome. Il est en lien avec des innovations exogènes, d’où peuvent émerger des leviers très forts.

Ainsi, si la charrue Brabant ou la fixation symbiotique de l’azote par les grandes légumineuses fourragères ont été des points de rupture « internes » à l’agriculture au Moyen Âge et au XVIIIe siècle, celle-ci a été marquée au XIXe et au XXe par deux innovations exogènes. Les inventions de la machine-outil et du moteur à explosion ont en effet transformé la puissance de travail de l’agriculteur et sa productivité en mettant le tracteur au cœur de l’exploitation après la seconde guerre mondiale. Puis la capacité à synthétiser l’ammonitrate, d’abord utilisé à des fins militaires, a fourni la source majeure de la fertilité azotée des sols dans le monde (98 millions de tonnes d’azote vendues sous forme d’ammonitrate dans le monde en 2009). L’industrie de la chimie sera aussi à la base de la diversité des pesticides utilisés en protection des cultures, au point de rendre les systèmes dépendants.

Aujourd’hui, les défis alimentaires sont posés, défis liés à l’augmentation de la population mondiale et à la transition alimentaire vers plus de produits carnés (même si en Europe et en France, le chemin est inverse). Les défis environnementaux le sont également, avec une contrainte à court terme de préservation des milieux, en réduisant la pollution de l’eau et de l’air et la pression sur la biodiversité, et à long terme la contrainte liée au changement climatique.

Le besoin d’une poursuite d’innovation technologique est évident et le rapport de mission Agriculture et Innovation 2025[7] a largement balayé l’ensemble des champs d’innovations techniques et organisationnelles que la recherche et les acteurs économiques pourraient explorer et exploiter pour répondre à ces défis.

Les processus seront sans doute légèrement modifiés, puisque l’on accorde une importance croissante à l’innovation par l’expérimentation collective via les réseaux sociaux ainsi qu’aux processus d’adoption. Dans le présent article, sans rechercher l’exhaustivité, nous allons nous centrer sur les innovations technologiques susceptibles d’apporter des réponses à ces défis et qui constituent des changements profonds, à savoir la robotique, les biotechnologies et le numérique.

Le rôle de la robotique dans l’agriculture

La robotique agricole démarre dans les années 1980 avec les robots de traite des vaches et de cueillette de fruits. À l’époque, la démarche est essentiellement économique : il s’agit de diminuer les coûts de production. En France, le Cemagref – aujourd’hui devenu Irstea – a contribué aux deux domaines.

Les robots de traite

Concernant les robots de traite, après leur lancement dans les années 1990 (première commercialisation en 1992 par la société Prolion, aujourd’hui rachetée), la demande en France a stagné avant d’exploser ces dix dernières années, avec une légère inflexion en 2009 en raison de la crise laitière (voir le graphique ci-après). Le nombre d’exploitations équipées d’au moins un robot de traite a été multiplié par dix depuis 2005 et par deux depuis 2010, jusqu’à atteindre environ 4 800 fin 2015. L’Europe a été pionnière sur le sujet : l’entreprise Lely, aujourd’hui leader du marché, qui a commercialisé son premier robot de traite en 1992 en Hollande, a vendu son 20 000e robot de traite en 2014 et produit également une gamme de robots pour le nettoyage des étables et l’affouragement. La pénétration des robots de traite aux USA n’a commencé que dans les années 2000.

Nombre d’exploitations laitières possédant au moins un robot de traite

figure im1

Source : IDELE

Les robots de traite ont donc largement été adoptés par les éleveurs laitiers, comme le décrivent Billon et Pomies en 2006 [8].

Côté bénéfices, ils apportent un confort considérable à l’éleveur car la traite est très astreignante (biquotidienne et sur une amplitude de douze heures), répétitive et fatigante, mais aussi un gain de temps (deux heures par jour pour un troupeau de soixante vaches). Les robots peuvent aussi amener des gains économiques quand ils viennent en remplacement de la main d’œuvre. En outre, les robots de traite permettent de collecter des masses de données sur l’alimentation, la production et le comportement des vaches ; données de plus en plus utilisées pour créer des référentiels, piloter les procédés et, à terme, tirer des connaissances nouvelles (voir la sous-partie consacrée au numérique).

Côté inconvénients, au-delà des problèmes de qualité du lait parfois observés et que les constructeurs s’attachent à résoudre, l’introduction d’un robot dans une exploitation implique une évolution de son environnement, à savoir des animaux eux-mêmes (sélection génétique pour améliorer la forme de la mamelle vis-à-vis d’une traite robotisée), de l’alimentation (plus de concentrés, moins de pâturage) ou de l’organisation de l’atelier de traite et des parcelles de pâturage.

L’histoire des robots de traite est une illustration de l’adoption d’une technologie de rupture, dont le premier levier d’achat a été la réduction de la main d’œuvre (réduction de la main d’œuvre salariée ou confort de travail). Au niveau économique, le robot n’est pas systématiquement intéressant : pour être rentable, un robot requiert une certaine taille d’exploitation (un robot pour 60-65 animaux), un nombre de traites accru (deux à trois par jour), une durée de traite réduite, un étalement des vêlages (point de départ d’une campagne de traite) pour mieux répartir la charge sur le robot et réduire les temps d’arrêt du robot. Des retours d’expérience [9] aux États-Unis éclairent la mécanique d’adoption. Le premier facteur d’achat est la réduction de la main d’œuvre (salariée ou familiale) et le premier frein à l’adoption est le coût d’investissement (robot et aménagement), mais aussi la peur de problèmes techniques et d’apprentissage de cette nouvelle procédure.

Les robots cueilleurs

Une autre illustration de la robotique concerne les robots assurant la cueillette de fruits, autre poste très consommateur de main d’œuvre (le coût de main d’œuvre de la récolte des cerises par exemple peut s’élever à 60 % des coûts de production).

Dans les années 1980-1990, le Cemagref, aujourd’hui Irstea, a été porteur du développement de robots cueilleurs de pommes (projet MAGALI) et d’oranges (projet CITRUS), en relation avec des agro-équipementiers. Ces projets sont allés jusqu’à des stades très avancés puisque des machines ont été testées en vergers. En revanche, il n’y a pas eu de développement commercial. Véronique Vissac-Charles en a analysé les raisons dans sa thèse  [10]. Contrairement aux robots de traite, ces robots n’apportent pas un gain significatif en termes de confort et de qualité de vie des agriculteurs. La période d’utilisation est limitée à la saison de la cueillette (alors qu’elle couvre toute l’année pour un robot de traite), ce qui dégrade le retour sur investissement.

Techniquement, l’approche en verger est plus complexe qu’avec les animaux : travail en extérieur dans des conditions de luminosité variable, diversité de l’architecture des arbres, grand nombre de fruits à détecter dans les arbres (si l’on compare avec les quatre trayons d’une mamelle), mobilité autonome de la machine dans la parcelle. La difficulté technique était d’autant plus grande qu’il n’y a pas eu de co-construction de l’environnement (l’architecture des arbres n’a pas été adaptée au robot par exemple).

Parmi les autres facteurs identifiés : la disponibilité de méthodes alternatives et moins coûteuses (plateformes de cueillette), l’absence de grandes exploitations désireuses d’investir et une conjoncture très défavorable en termes d’emplois, qui a éliminé tout soutien politique (1995).

Ces deux exemples contemporains d’innovation de rupture illustrent bien la spécificité et les difficultés de l’innovation technologique dans le secteur agricole : la technologie doit interagir avec un matériel vivant et nécessite une coadaptation (adaptation de la technologie et adaptation du matériel vivant), la mobilité en milieu ouvert est un défi technologique, l’organisation des chantiers ou des ateliers (chantier de cueillette, atelier de traite) doit également évoluer, le retour sur investissement, plus long pour des robots qui seront utilisés sur des périodes courtes, est crucial. Enfin, la peur de ne pouvoir s’approprier le fonctionnement et la maintenance de la technologie sont aussi des freins à l’acquisition.

La robotique d’avenir

Vingt ans après ses premiers pas, la robotique agricole connaît un nouvel essor. Aujourd’hui, l’agriculture doit accroître ses niveaux de production tout en limitant l’usage des intrants [11] et préservant la santé et la sécurité des opérateurs. Pour relever ce défi, une évolution profonde des pratiques est nécessaire et ce, dans une logique d’économie de main d’œuvre en raison du déficit d’attractivité des métiers de l’agriculture et du nécessaire maintien de la compétitivité.

Les progrès réalisés en robotique offrent de nouvelles perspectives. Parmi elles, on peut noter les nombreuses avancées réalisées en mobilité autonome en milieux ouverts (en premier lieu routes ou milieux urbains, plus structurés que les champs), comme en témoignent les nombreux challenges robotiques (Darpa [12] par exemple).

L’utilisation de machines dotées d’importantes capacités d’autonomie permet de démultiplier la capacité d’intervention humaine dans l’espace et dans le temps tout en améliorant la précision des travaux. Plusieurs approches de type « innovation incrémentale » sont actuellement adoptées, telles que l’automatisation de certaines fonctions de machines mobiles classiques, comme la conduite (à l’aide de GPS). Les innovations en rupture, c’est-à-dire les robots à proprement parler, sont actuellement limitées à de petites machines cantonnées à des tâches assez spécifiques, soit à l’intérieur des bâtiments (robots distributeurs de fourrage ou de nettoyage des stalles en élevage), soit en extérieur, dans des environnements assez structurés, comme par exemple le robot désherbeur Oz de la société Naïo (pour les exploitations maraîchères) ou Vitirover pour tondre les rangs de vignes enherbées. Des petits robots-porteurs, capables d’assister l’agriculteur en portant outils ou récoltes sortent des laboratoires (par exemple le robot Baudet-Rob, mis au point par Irstea et commercialisé par Effidence).

À une autre échelle vont apparaître les robots travaillant en convoi, qui suivent une machine-maître pilotée par un opérateur, comme par exemple une benne autonome qui accompagne la moissonneuse-batteuse pour collecter les grains et s’interchange automatiquement avec une nouvelle benne dès qu’elle est pleine.

Les robots plus génériques et capables d’évoluer de manière autonome dans des milieux ouverts pour accomplir différents types de tâches demeurent encore au stade de la recherche et du développement avec des verrous scientifiques et techniques spécifiques : capacités de perception artificielle de l’environnement (pour se déplacer sans risque), de reconfiguration (changement d’architecture de la machine en fonction des tâches), de vitesse de travail et d’interface homme-machine.

Pour assurer le succès de l’innovation, ces questions technologiques devront être traitées conjointement avec les aspects biologiques (évolution du matériel végétal), organisationnels (chantiers, exploitation), sociaux (acceptabilité), règlementaires (autorisation de circuler en milieu ouvert pour des machines autonomes) et économiques. Et l’enjeu économique est d’envergure : la robotique agricole qui représentait 817 millions de dollars en 2013 au niveau mondial devrait atteindre 16,3 milliards de dollars à l’horizon 2020 (d’après ‘Winter Green Research’) et selon la Fédération Internationale de la Robotique (IFR), l’agriculture constitue le second marché de la robotique de service professionnelle.

La génétique et les biotechnologies

La génétique et les biotechnologies constituent un second domaine présentant des innovations massives avec des transitions technologiques et organisationnelles importantes, et posant des questions d’acceptabilité.

Addenda - L’acceptabilité sociale est le résultat d’un jugement collectif, d’une opinion collective, à l’égard d’un projet, d’un plan ou d’une politique. Ce jugement peut être positif ou négatif et n’est jamais figé dans le temps. Il concerne toutes les échelles territoriales - locale, régionale ou nationale. 30 novembre 2022 » - « L’acceptabilité sociale est l’objet d’une multitude de travaux et de réflexions au sein des universités et dans les milieux de la consultation. Étant relativement jeune, le concept n’a pas encore été consolidé, bien que de nombreuses définitions aient été proposées depuis plus de 30 ans. De façon générale, il désigne un assentiment de la population à un projet ou à une décision résultant du jugement collectif que ce projet ou cette décision est supérieur aux alternatives connues, incluant le statu quo.1 L’acceptabilité sociale se situe en dehors du cadre gouvernemental et législatif. Une entreprise doit par exemple obtenir l’acceptabilité sociale de ses projets grâce à une acceptation de ses activités par la majorité de la société ou des communautés locales2. L’acceptabilité sociale est fortement corrélée à la sociologie des mouvements sociaux et à la responsabilité sociale des entreprises… » - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Acceptabilit%C3%A9_sociale ].

La biologie moléculaire, avec en particulier les techniques de séquençage de l’ADN, permet aujourd’hui de disposer de la séquence complète du génome d’un grand nombre d’espèces (tant animales que végétales), nombre qui augmente régulièrement : à ce jour, le génome de 197 espèces végétales a été séquencé (d’après NCBI). Ceci a permis de définir des jeux de marqueurs utilisables pour décrire et identifier la variabilité génétique pour les différentes zones du génome impliquées dans le contrôle de caractères d’intérêt.

Dans le même temps, le développement du phénotypage à haut débit permet de décrire précisément les caractéristiques morphologiques, la physiologie et la résistance aux bio-agresseurs de nombreux génotypes. En croisant les phénotypes et les génotypes, on dispose d’une population dite « de référence », et de la capacité de prédire la valeur d’individus à partir de leurs marqueurs. Ceci permet de déployer la sélection génomique dont l’efficacité est d’autant plus grande qu’elle est mise en œuvre sur des individus proches de la population de référence, avec une population de référence de grande taille et de nombreux marqueurs. Elle permet d’accélérer le processus de sélection en particulier chez les espèces à cycle de sélection long, comme les bovins laitiers. Elle débute chez d’autres espèces animales et commence à se déployer sur des espèces végétales.

[Addenda – Agroécologie : le phénotypage à haut débit pour une agriculture productive… et durable - 08 avril 2019 – « avec le regard d’expert de Christophe Salon, Directeur de recherche INRA et Directeur scientifique de la Plateforme de Phénotypage à Haut Débit (PPHD)… » - Source https://www.vitagora.com/blog/2019/agroecologie-phenotypage-hautdebit/ ]

[Addenda - La sélection génomique pour les nuls - Publié le 29/06/2018 - 11:00, par Olivier Lévèque – « Sélection génomique, sélection assistée par marqueurs, principes et usages de ces techniques dans le monde agricole. Et si on faisait le point ? Un petit de cours de rattrapage s’impose, avec Christophe Gangneux, d’UniLaSalle Rouen… » - Source : https://www.cultivar.fr/sinformer/la-selection-genomique-pour-les-nuls ].

Les ‘New Breeding Technologies’ (NBT)

[Addenda – « Les nouvelles techniques de sélection des plantes, appelées aussi « nouvelles techniques de sélection végétale » ou « nouvelles techniques d’amélioration des plantes » (en anglais « new breeding techniques (NBT) ou new plant breeding techniques », sont un ensemble de techniques d’édition génomique employées dans le domaine de la sélection végétale pour développer de nouvelles variétés cultivées (cultivars) de plantes… - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelles_techniques_de_s%C3%A9lection_des_plantes ].

Ce terme recouvre une diversité de technologies, mais ce sont les techniques d’édition du génome (méganucléases, Talens, CrispR-Cas9 [13]) qui génèrent le plus vif intérêt. La précision des corrections qu’elles permettent d’apporter à la séquence d’ADN en fait des leviers potentiellement importants. Il est également possible de modifier la séquence de façon simultanée en plusieurs endroits du génome [14]. De plus, la technique CrispR-Cas9 pourrait être mise en œuvre assez simplement et serait donc accessible à une large diversité d’acteurs de la sélection.

Ces technologies sont particulièrement regardées chez les végétaux avec des débats vifs et de fortes controverses pour savoir s’il faut classer les produits obtenus parmi les OGM soumis à la directive 2001/18/CE (voir les débats au sein du Haut Conseil aux biotechnologies). Une position officielle de la Commission européenne est attendue avant la fin 2016. En Europe, il n’y a pas encore de mise en marché de génotypes améliorés par ces technologies, mais l’analyse de la littérature scientifique et des dépôts de brevets relatifs à ces technologies témoigne de l’intérêt croissant que leur accordent la recherche publique et les entreprises (plus de 1.500 publications scientifiques sur CrispR-Cas9 et plus de 1.500 brevets évoquant cette technologie en mars 2016).

L’écosystème de l’innovation est toujours soumis à un corpus réglementaire, censé l’encadrer, l’orienter, en prenant en compte les intérêts de la société et des acteurs économiques et en en assurant l’équité. Cette réglementation se traduit en standards (par exemple en génétique animale), en catalogues nationaux ou en règles de propriété intellectuelle. Dans le cas de la génétique végétale, en Europe et en France, les variétés obtenues font l’objet d’une étude avant inscription au catalogue officiel national. Les innovations dans le domaine des technologies de sélection font aujourd’hui l’objet en France d’une évaluation par le Comité scientifique du comité technique permanent de la sélection (CTPS) pour déterminer en quoi elles sont susceptibles de modifier l’offre variétale et les procédures d’évaluation.

L’agriculture numérique

La révolution numérique touche tous les secteurs de l’économie, y compris l’agriculture. On parle aujourd’hui « d’agriculture numérique », c’est-à-dire d’une agriculture qui utilise les technologies de l’information et de la communication (TIC) : technologies d’acquisition de données (satellites, capteurs, objets connectés, smartphones…), de transfert et de stockage (couverture 3G/4G, réseaux bas débits terrestres ou satellitaires, clouds) et technologies de traitement embarquées ou déportées (supers calculateurs accessibles par des réseaux de communication très haut débit).

Ces technologies peuvent être mises en œuvre à toutes les échelles de la production agricole et de son écosystème, que ce soit au niveau de l’exploitation (optimisation des opérations culturales, de la conduite de troupeau…), dans les services d’accompagnement (nouveaux services de conseil agricole basés sur des données collectées automatiquement), ou à des échelles plus grandes comme dans un territoire (gestion de l’eau) ou dans une chaîne de valeur (amélioration des intrants comme par exemple les semences, meilleure adéquation entre la production et le marché…).

L’agriculture numérique a été initiée il y a plus de quarante ans avec les premiers programmes de satellites civils d’observation de la terre [15]. Son développement s’est poursuivi avec l’explosion des capacités de calcul dans les années 1980 (premiers modèles numériques de cultures [16], systèmes experts, lancement de l’agriculture de précision [17]) et, plus tard, avec de nouvelles opportunités technologiques comme les smartphones, les communications par satellite, le GPS, de nouveaux satellites équipés de capteurs plus sophistiqués (multi longueurs d’onde, radar…) et, enfin, dernièrement avec les objets connectés.

Nous sommes donc aujourd’hui dans une conjoncture très favorable pour l’agriculture numérique, au croisement de processus d’innovation technology push et market pull. Les TIC sont considérées comme des opportunités pour l’agriculture aussi bien pour les pays européens – comme le souligne l’ERA-Net ICT Agri dans son agenda stratégique [18] – que pour les pays en développement dans lesquels « les contributions des TIC à l’agriculture sont à la fois en évolution rapide et mal comprises […] avec des questions en suspens sur la manière de rendre ces innovations réplicables, évolutives et durables pour une population plus nombreuse et plus diversifiée [19] ».

Par ailleurs, « l’agriculture et l’alimentation numérique » sont identifiées comme l’un des dix domaines clés des technologies numériques, avec trois domaines d’intérêt : robotique, agriculture de précision et big data. L’agriculture s’empare donc de ces dispositifs qui produisent des masses de données toujours plus grandes à partir desquelles la connaissance peut être extraite grâce à des techniques de fouille de données (data mining[20]).

Utiliser – plus et mieux – les technologies de l’information et de la communication (TIC) en agriculture, génère de nouvelles questions de recherche

Côté technologique, les spécificités de l’agriculture complexifient le traitement des données massives car les données sont hétérogènes, dynamiques, multi-échelles, incertaines, spatio-temporelles et parfois « sensibles ». Il faut aussi gérer l’incertitude des données collectées [21] et préserver l’anonymat dans la fouille de données [22] souvent géo-référencées. Pour aider la décision, la connaissance doit être formalisée in silico à différentes échelles (intra-parcellaire, exploitation, territoire).

L’agriculture de précision (AP) est la déclinaison intra-parcellaire de l’agriculture numérique, avec un objectif de gestion plus fine des interventions. Si on prend l’exemple des intrants (eau, pesticides, fertilisation…), alors que l’agriculture traditionnelle applique une dose de manière uniforme à une parcelle donnée, l’AP détermine des zones qui seront traitées à des doses variables en fonction des besoins. Pour cela, l’AP met en œuvre une phase d’observation (avec des capteurs, des satellites…) pour mesurer l’état de la culture (diagnostic), une phase de préconisation qui consiste à déterminer la dose ou l’action à appliquer en utilisant des modèles agronomiques sous forme de cartes de préconisation et, enfin, une phase d’intervention dans laquelle la dose appliquée est automatiquement réglée par les machines. Aujourd’hui, la recherche est questionnée sur la manière de combiner et de coupler les nombreux modèles qui existent [23] avec des modèles économiques ou environnementaux pour proposer une aide à la décision stratégique.

L’élevage de précision est l’application de ce concept aux animaux. L’exemple du robot d’alimentation individuelle de porcs élevés en bandes, développé par l’IFIP [24], montre que l’ajustement de l’alimentation aux besoins individuels permet à la fois de maximiser la croissance de chacun, de réduire les coûts d’alimentation et de réduire significativement les impacts environnementaux. Toutefois, les gains économiques et environnementaux que l’on attend du fait d’une capacité accrue à capturer l’hétérogénéité intra-parcellaire ou intra-troupeaux seront variables et restent à quantifier avec précision.

Au-delà des développements technologiques de ces technologies de l’information et de la communication (TIC), il est important pour la recherche de s’interroger sur la manière dont elles pénètrent l’agriculture et s’y diffusent. Jusqu’à très récemment, les TIC en agriculture, ont souvent été développées sans prendre suffisamment en compte les besoins et les capacités des utilisateurs et de ce fait, le niveau d’adoption est resté faible. Rares sont encore les études menées sur la manière dont les agriculteurs perçoivent ces technologies  [25] ou les intègrent dans leur processus de décision.

L’enjeu est de savoir comment co-construire des TICs avec les futurs usagers pour qu’elles soient utiles et utilisées  [26]. Plus généralement, les TIC transformeront l’agriculture, la société rurale et les chaînes de valeur aussi profondément qu’elles sont en train de le faire dans d’autres secteurs d’activité ou dans notre vie quotidienne. Cet impact des TICs a été très peu étudié du point de vue de l’agriculture, dans les pays du Sud  [27] comme du Nord  [28].

Avec l’agriculture numérique, nous entrons aujourd’hui dans un nouveau monde agricole, encore largement inconnu, avec de nouvelles manières de produire et de commercialiser les produits agricoles et alimentaires, beaucoup plus efficaces, car plus adaptées à leur contexte agronomique, social et économique. Ces nouvelles pratiques sont possibles du fait de la disponibilité de données ; on parle aujourd’hui « d’agriculture guidée par les données ».

Par exemple, en 2013, Monsanto disait viser un marché de services issus du big data agricole de 20-25 milliards de dollars par an (sur une base de 400 millions d’hectares suivis) (The Halegroup LSC, 2013). Indispensable au développement des services, le développement des capteurs et objets connectés devrait lui aussi connaître une croissance exponentielle, avec une prévision de 80 milliards d’objets connectés dans le monde en 2020 – tous secteurs confondus – selon le ‘Digiworld Institute’. Des opportunités à saisir pour les grandes sociétés de l’agrofourniture, mais aussi pour les start-up.

Conclusion

Les paragraphes qui précèdent présentent les champs des nouveautés proposés aux agriculteurs. Mais l’innovation est l’adoption d’une nouveauté. L’attitude des agriculteurs est donc un élément clé, qu’il s’agit de bien comprendre dans la construction d’une démarche globale vertueuse. Comme le soulignent Machenaud et al  [29] sur les agroéquipements, la participation des agriculteurs doit être analysée à la fois dans leur capacité à adopter une innovation, mais aussi dans leur rôle en amont pour la définition des besoins et la construction des réponses. Il s’agit bien de concilier ,d’une part, une innovation selon un régime de « conception réglée », largement dominant pour des innovations reposant sur des développements exogènes, et d’autre part, une innovation selon un régime « d’expérimentation collective », selon la catégorisation de Joly et al. On peut aussi envisager des régimes d’innovation individus-centrés comme proposés par Von Hippel  [30].

Cette interrelation avec les utilisateurs est un enjeu essentiel qui peut donc être considéré selon différents angles : l’adoption des technologies, la définition des besoins et la diffusion des connaissances.

L’adoption des technologies a fait l’objet de nombreux travaux, structurés autour de l’analyse de l’aversion au risque et de l’analyse des rendements croissants d’adoption  [31] (adoption d’une technologie au détriment d’une autre). Outre la qualité intrinsèque d’une technologie, le rôle des fonctionnements collectifs, de la diffusion des savoirs et de la formation est souligné. La diffusion de l’information est un point qui mérite attention. Si la voie classique d’une diffusion d’écrits qualifiés de façon indépendante constitue toujours un élément essentiel, un changement important se produit via les réseaux sociaux impliquant les agriculteurs et qui constitue une forme complémentaire de qualification d’un résultat.

Toutefois, comme le souligne Rogers  [32], il faut prendre en compte l’hétérogénéité de la population des agriculteurs, comme pour toute population, vis à vis de l’innovation. Cette dimension permet d’organiser le développement en s’appuyant sur les early adopters pour le déploiement, mais aussi de capturer de la créativité chez le petit groupe des innovators.

Cet échange d’informations via des réseaux sociaux est à même de venir alimenter une base de données de caractérisation de la performance de technologies, comme Machenaud et al. le proposent pour les agro-équipements. Ceci est une composante de la quantité considérable d’informations et données issues des exploitations agricoles, qu’elles soient destinées d’abord à la gestion de l’exploitation via des Outils d’aide à la décision (OAD), à la gestion parcellaire ou à la gestion de matériels, comme le suivi des robots de traite.

Les questions du statut des données, de leur propriété, de la capacité à mettre en relation des données de différents types sont essentielles et aujourd’hui discutées et évaluées dans le cadre de la mission sur le Portail numérique confiée à Jean-Marc Bournigal, président d’Irstea. Une des briques opérationnelles est le levier technique des API (Application Programming Interface) donnant la capacité à mettre en relation des bases de données, des référentiels, des moteurs de calculs, à stocker des données, à réguler des flux et des accès et éventuellement à ‘monétariser’ des échanges. API-Agro, programme financé par le Casdar, a exploré avec succès ces possibilités.

Une attention particulière doit être accordée au périmètre pris en compte et à l’ampleur du changement acceptable.

En matière de périmètre, la tendance peut être de réfléchir la dimension agricole seule, où les données ne manquent pas. Toutefois, comme le souligne le rapport de 2014 du Club Renaissance, l’analyse à l’aune du numérique de l’ensemble de la chaîne de valeur, depuis la production jusqu’à la transformation permet d’aborder de façon largement rénovée les logiques d’organisation et de traçabilité. Ceci nous conduit naturellement à considérer l’ampleur des changements. L’approche de l’innovation en général, et du numérique en particulier, se fait souvent en considérant l’application de ces innovations au sein du système existant (par exemple l’utilisation accrue de capteurs pour prendre des décisions plus précises, sans changer de système de production). Une innovation profonde change inévitablement le système dans lequel elle s’insère. Ainsi, on peut différencier le « numérique en agriculture » et « l’agriculture numérique » qui sera la forme d’agriculture et de la chaîne de valeur obtenue quand les potentialités du numérique auront été exploitées. L’arrivée de la sélection génomique en élevage bovin laitier qui entraîne de profondes évolutions dans les organisations collectives et l’attitude des éleveurs en est une bonne illustration.

Enfin, la perception de l’innovation en agriculture va fortement varier d’un pays à l’autre.

Cette différenciation aura lieu au niveau des agriculteurs, avec des facteurs déterminants tels que la structure des exploitations, et donc la charge de travail et les conditions de milieu, et éventuellement l’image de modernité véhiculée par la technologie. Il est particulièrement intéressant de considérer le cas australien, avec ses très grandes exploitations, des fertilités de sols en moyenne assez faibles et surtout de courtes saisons favorables à la croissance des végétaux (contraintes hydriques et thermiques fortes). L’innovation en machinisme a constitué un levier très fort, avec l’apparition d’options très originales, comme la gestion de la flore adventice (mauvaises herbes) par le broyage de leurs graines en sortie de moissonneuse-batteuse. Une innovation certes facilitée par la synchronie de maturité des graines d’adventices et de la culture de rente mais qui dénote la façon d’explorer les différents leviers et la gestion des temps longs (effets immédiats des pesticides privilégiés en Europe versus efficacité à long terme de la solution australienne).

S’il existe des différences de perception et d’acceptation de l’innovation entre les populations d’agriculteurs, il en existe aussi entre les sociétés. Face aux innovations évoquées dans cet article et aux changements d’organisation qu’elles peuvent induire, c’est aussi la société rurale qui est directement influencée. Ceci peut recouvrir l’image de modernité de l’agriculture, mais aussi de la relation à la fonction de production et de transformation. Ceci est en particulier central pour les conséquences du numérique qui vont permettre de modifier l’approche de la traçabilité avec une possibilité d’évaluation par les consommateurs de la qualité des produits et de remonter « en temps réel » à cette information. Comme on le voit déjà dans les circuits courts, ces possibilités de « circuits courts virtuels » vont profondément modifier le fonctionnement des entreprises et des relations entre producteurs et consommateurs.

Notes : voir à la source > L’innovation technologique dans l’agriculture

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Source de l’article complet avec les références : L’innovation technologique dans l’agriculture

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  • La productivité et l’innovation dans le secteur agricole - L’innovation pour une agriculture plus durable et plus florissante – Documentation ‘oecd.org’
    Nous dépendons de l’agriculture pour obtenir des aliments sains, sûrs et nutritifs, mais la production actuelle risque d’épuiser et d’endommager les ressources naturelles dont elle dépend. Le secteur doit également s’adapter et répondre au changement climatique et aux nouveaux défis auxquels sont confrontés les systèmes alimentaires mondiaux.

L’innovation nous permet de faire plus et mieux avec moins. Au niveau de l’exploitation agricole, de nombreuses innovations sont des ’innovations de procédé’ qui améliorent les techniques de production, comme par exemple des semences à haut rendement ou une irrigation plus efficace. Les ’innovations de produit’ sont créées par les industries en aval et comprennent des produits nouveaux et améliorés, tels que des aliments plus sains ou de nouveaux produits chimiques ou pharmaceutiques. Les ’innovations de marketing et d’organisation’ sont également de plus en plus importantes tout au long de la chaîne d’approvisionnement.

Les travaux de l’OCDE sur les systèmes d’innovation dans l’alimentation et l’agriculture explorent les relations entre innovation, productivité et durabilité environnementale. L’OCDE examine comment les pouvoirs publics et le secteur privé peuvent travailler ensemble pour renforcer les systèmes d’innovation agricole et encourager les pratiques innovantes dans les exploitations agricoles et les entreprises agroalimentaires. Le Cadre stratégique de l’OCDE pour la productivité agroalimentaire, la durabilité et la résilience (PSR) étudie l’impact d’un large éventail de politiques sur la création et l’adoption d’innovations qui génèrent une croissance durable de la productivité et un secteur agroalimentaire plus résilient.

Les améliorations de la productivité ont été le moteur de la croissance, mais l’environnement reste sous pression

La croissance de la Productivité totale des facteurs (PTF), c’est-à-dire l’efficacité avec laquelle les producteurs combinent les intrants pour obtenir les extrants, a été le moteur de la croissance de la production agricole au cours des deux dernières décennies, même si les progrès sont inégaux selon les pays et les secteurs. Les écarts de productivité restent importants entre les exploitations, et l’amélioration de la productivité des exploitations à la traîne reste un défi pour l’ajustement structurel, même pour les pays très performants.

L’innovation peut offrir aux producteurs agricoles la possibilité d’accroître leur productivité tout en gérant mieux les ressources naturelles. Cela permet d’assurer la viabilité à long terme et de réduire les impacts environnementaux négatifs de la production, tels que les polluants et les déchets. Les systèmes de production agricole durables tiennent également compte de la manière de s’adapter au changement climatique et d’atténuer les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Pour mieux comprendre ces liens, l’OCDE a mis en place deux réseaux d’experts issus de la recherche et des pouvoirs publics : le Réseau pour l’analyse au niveau de l’exploitation et le Réseau sur la PTF dans le secteur agricole et l’environnement. En outre, pour aider à mesurer la durabilité de l’agriculture, les indicateurs agro-environnementaux de l’OCDE permettent de suivre les tendances en matière d’utilisation des terres, de l’eau et de l’énergie, ainsi que l’impact de l’agriculture sur l’environnement.

Les pouvoirs politiques doivent tenir compte de l’ensemble du cadre politique

Les résultats du cadre PSR suggèrent que les stratégies politiques doivent couvrir l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement alimentaire et que l’amélioration de la cohérence et de la transparence des politiques est essentielle pour instaurer la confiance et accroître l’efficacité et l’efficience.

  • Selon le rapport Politiques agricoles : suivi et évaluation de l’OCDE, la première étape pour améliorer le cadre d’action consiste à supprimer les politiques qui retiennent les agriculteurs dans des activités peu compétitives et à faible revenu, nuisent à l’environnement, étouffent l’innovation, ralentissent les changements structurels et générationnels et affaiblissent la résilience.
  • Une bonne politique agricole doit se concentrer sur les mesures visant à améliorer la productivité et la durabilité à long terme du secteur, telles que les investissements dans le capital humain, les infrastructures et les connexions des agriculteurs aux marchés. Un cadre d’action et réglementaire avisé et des marchés fonctionnels garantissent que les producteurs ont intérêt à innover pour répondre aux défis actuels des systèmes alimentaires en matière de productivité et d’environnement.
  • Des systèmes d’innovation agricole plus solides doivent être fondés sur la collaboration, tous les acteurs travaillant en réseau pour produire des innovations dont le secteur a besoin et qu’il peut utiliser. La bonne gouvernance peut y contribuer en définissant des objectifs stratégiques clairs (en consultation avec les parties prenantes) et des mécanismes et procédures d’évaluation complets. Enfin, il faut trouver un moyen de mettre les nouvelles idées en pratique, en aidant les agriculteurs à acquérir les compétences dont ils ont besoin.
    L’OCDE aide les pays à évaluer leur cadre d’action agroalimentaire et leurs systèmes d’innovation agricole en fournissant des examens par pays qui appliquent le cadre stratégique de l’OCDE pour la productivité agroalimentaire, la durabilité et la résilience (PSR) et fournissent des conseils stratégiques adaptés.

Actualités :

Politiques pour l’avenir de l’agriculture et de l’alimentation en Norvège - Cet examen propose une nouvelle approche politique, centrée sur les innovations qui permettraient à la Norvège d’atteindre ses objectifs et d’améliorer la productivité, la durabilité et la résilience de son secteur agroalimentaire. Lire la suite... (en anglais)

Notes de politique :

Accédez à toutes nos notes de politique

Le Cadre d’analyse des politiques de l’OCDE au service de l’amélioration de la productivité agricole

Examens par pays : Innovation, productivité et durabilité de l’agriculture

Publications sur la productivité et l’innovation - Accédez à toutes les publications de l’OCDE concernant la productivité et l’innovation dans le secteur agricole dans la bibliothèque iLibrary de l’OCDE.  » Accédez aux publications

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Source : https://www.oecd.org/fr/agriculture/sujets/productivite-et-innovation-agricole/

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  • Trois innovations qui vont révolutionner l’agriculture du futur - Par la rédaction de Futura le 18 avril 2020
    [EN VIDÉO] Tirer profit des nouvelles technologies pour l’agriculture 

Le ’smart farming’ ou l’agriculture de précision se développe en Europe pour permettre aux exploitants de mieux produire et ainsi développer leurs revenus. Les fermes se modernisent via l’utilisation de nouvelles technologies, à quoi vont-elles ressembler dans le futur ?

Agriculteur. C’est un métier vieux comme le monde. Mais un métier qui, loin de se contenter de pratiques archaïques, met aujourd’hui tout en œuvre pour tirer profit des progrès de la technologie. Et s’inscrire ainsi dans un processus de développement durable.

Ils sont souvent au cœur de l’actualité. Mais ils sont surtout ceux qui, animés par leur passion du monde rural et animalier, nourrissent des millions de citoyens. Ce «  ils  », ce sont les agriculteurs. Et le travail qu’ils accomplissent au quotidien n’a pas toujours été sans mettre à l’épreuve leur santé. Heureusement, depuis quelque temps, des innovations viennent faciliter leurs activités. Tout en garantissant le respect de la planète. Car les agriculteurs sont avant tout généralement des amoureux de leur terre à laquelle ils sont tout particulièrement attachés. Ils sont des acteurs importants du développement durable, en témoignent leur participation, généralement en nombre au côté d’autres secteurs, au Jour de la Terre. Ce jour symbole est prévu cette année le 22 avril et beaucoup de travailleurs agricoles y seront sensibles !

Petit tour d’horizon, ici, des innovations à attendre dans le secteur. Des innovations qui facilitent déjà la vie des agriculteurs et d’autres qui changeront leur manière de travailler dans les années à venir.

Les tracteurs ont fait leur apparition dans les champs au début du XIXe siècle. Une innovation majeure à l’époque. © dengmo, Pixabay License

Photo - Les tracteurs ont fait leur apparition dans les champs au début du XIXe siècle. Une innovation majeure à l’époque. © dengmo, Pixabay License

L’utilisation de drones 

Dans le milieu agricole, on a commencé à utiliser des drones au moment où l’usage des drones par le grand public s’est démocratisé. Et c’est aujourd’hui un Français qui détient plusieurs brevets d’utilisation suite à la création de son entreprise Airinov, en partenariat avec l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). 

Ce fils d’agriculteur a progressivement développé un drone spécialement destiné à aider les agriculteurs sur plusieurs tâches de suivis de cultures. Les capteurs présents dans ces engins bourrés de technologies permettent très rapidement de déterminer le besoin de certaines cultures. Un arrosage est-il nécessaire ? Où sont les mauvaises herbes ? Les cultures ont-elles besoin d’azote ? Tant de questions auquel ce petit drone français est capable de répondre. 

Des colliers connectés sur les vaches

Le confort de ses bêtes est primordial pour un éleveur. Il s’assure tout au long de la journée — et même de la nuit — du bien-être de ses animaux. Et si la société humaine voit de plus en plus de personnes s’équiper d’objets connectés à but ludique ou sportif, il n’y a pas de raison que certains animaux n’y aient pas accès aussi ! C’est le cas des vaches qui grâce à une création de la société Lituus, peuvent porter des colliers connectés. L’intérêt n’est évidemment pas esthétique, ni de savoir combien de mètres une génisse peut parcourir en 24 heures, mais bien vétérinaire.

Les données transmises à l’agriculteur et synthétisées via une application, lui permettent de suivre l’état de santé de ses bovins en live, 24/24h. Le collier connecté informe également sur les cycles de reproduction et le confort de l’animal. Une aide non négligeable qui fait gagner un temps précieux aux éleveurs, mais aussi l’occasion de faire des économies : en connaissant précisément les cycles de reproduction, les opérations d’insémination artificielle seront plus efficaces. Elles représentent jusqu’à 40 % des naissances en France chaque année. 

Une météo professionnelle

«  Faire la pluie et le beau temps  », ou du moins, faire corps avec ! Depuis plusieurs années, les domaines agricoles sont de plus en plus nombreux à faire appel à des prévisions météo professionnelles. Celles dédiées aux agriculteurs possèdent un avantage majeur : elles fonctionnent parfaitement dans des endroits où le réseau mobile est faible. Ce qui est très fréquent dans certaines régions agricoles. 

Avoir un temps d’avance sur la météo peut être particulièrement utile aux agriculteurs. © Free-Photos, Pixabay License

Photo - Avoir un temps d’avance sur la météo peut être particulièrement utile aux agriculteurs. © Free-Photos, Pixabay License

Les autres avantages sont évidents. Avec la transmission de données ultras précises, fréquentes et localisées, l’agriculteur sait comment il peut organiser sa semaine et gérer au mieux possible l’arrosage de ses cultures et ainsi anticiper l’utilisation d’engrais pour ses terres. 

Au-delà de ces quelques exemples, les ingénieurs continuent chaque jour de développer les outils agricoles du futur, parfois onéreux, mais surtout facilitant la vie et le travail des agriculteurs. Certains ingénieurs, issus eux-mêmes du monde agricole, cherchent en particulier des solutions aux problèmes auxquels ont été confrontés leurs proches. Ainsi le secteur devrait prochainement profiter de l’explosion des savoirs dans le domaine du big data et de l’analyse des données. 

Voir aussi : Open Impact, le podcast de Futura dédié aux innovations qui changent le monde

Futura, Inspirons l’avenir

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Source : https://podcasts.futura-sciences.com/futura-open-impact

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  • Voici trois innovations en agriculture qui vont révolutionner notre alimentation tout en aidant la planète - Publié : 26 février 2021, 14:21 CET – Auteurs : https://theconversation.com/profile...Lenore NewmanCanada Research Chair, Food Security and the Environment, University of The Fraser Valley - Evan FraserDirector of the Arrell Food Institute and Professor in the Dept. of Geography, Environment and Geomatics, University of Guelph – Document ‘theconversation.com’
    Déclaration d’intérêts : Lenore Newman reçoit des fonds du Conseil de recherches en sciences humaines, de Genome BC et de Genome Ontario. Evan Fraser reçoit des fonds du gouvernement canadien, du gouvernement de l’Ontario et de George Weston Ltd. Il est affilié au Maple Leaf Centre for Action on Food Security.

Partenaires : University of Guelph apporte des fonds en tant que membre fondateur de The Conversation CA. University of Guelph apporte un financement en tant que membre adhérent de The Conversation CA-FR. Voir les partenaires de The Conversation France

Langues  : Français (ici) English - Nous croyons à la libre circulation de l’information - Reproduisez nos articles gratuitement, sur papier ou en ligne, en utilisant notre licence Creative Commons.- Adresse électronique

L’impact de l’exploitation agricole sur notre planète est énorme. Environ 40 % des terres arables sont soit cultivées, soit dédiées au pâturage Le nombre d’animaux à usage domestique dépasse de loin celui des espèces sauvages. Chaque jour, un nombre croissant de forêts perdent leur combat contre l’invasion des récoltes et des pâturages : annuellement, la perte d’une surface équivaut à la taille du Royaume-Uni.

Si l’humanité espère toujours s’attaquer au changement climatique, il faut revoir notre agriculture.

Le contexte de la Covid-19 a également révélé les faiblesses de notre chaîne alimentaire. Les agronomes savent depuis des décennies que le travail agricole est à la fois difficile et exploiteur de main d’œuvre. Cela devrait donc ne surprendre personne que les propriétaires fermiers aient eu du mal à trouver des travailleurs pour faire tourner leurs fermes tout en devant se débattre pour assurer des conditions sanitaires les protégeant contre le virus.

De même, les chaînes d’approvisionnement de type « juste- à-temps », quoiqu’efficaces, n’offrent aucune flexibilité en cas de problème. Et repousser les terres arables vers des espaces sauvages risque de nous exposer à des bassins de virus qui deviennent dévastateurs lorsqu’ils entrent en contact avec la population humaine.

L’agriculture dans des boîtes

L’agriculture verticale, celle qui consiste à faire pousser la nourriture dans des boîtes empilables, n’est pas une nouveauté : elle existe depuis l’époque romaine. Ce qu’il y a de nouveau, c’est l’efficacité de l’éclairage au DEL et des techniques robotiques de pointe qui permettent à cette méthode d’augmenter une récolte par un facteur de 20 par rapport à une surface identique cultivée dans un champ.

À ce jour, la plupart des fermes verticales ne produisent que de la verdure, comme la laitue, les fines herbes et des petits légumes verts, car ce sont là des récoltes qui poussent rapidement et sont profitables. Mais d’ici cinq ans, il sera possible de faire pousser bien plus d’aliments au fur et à mesure de la baisse des tarifs électriques et des progrès techniques.

L’environnement contrôlé que permet l’agriculture verticale réduit le besoin en pesticides et herbicides, permet le recyclage de l’eau, et offre le potentiel d’un bilan carboneutre. Que ce soit sous des climats froids ou chauds où il est difficile, voire impossible de faire pousser des récoltes de produits fragiles, l’agriculture verticale nous permettra de mettre fin à l’importation coûteuse et destructrice pour l’environnement de petits fruits et d’avocats, en provenance de Californie, par exemple.

L’agriculture cellulaire, qui permet de produire de la viande sans animaux présage des changements encore plus radicaux. Rien qu’en 2020, des centaines de millions de dollars ont été investis dans ce secteur, et les premiers produits ont été mis sur le marché ces derniers mois. Dont la « crème glacée Brave Robot » fabriquée sans la contribution des vaches ainsi que le poulet « Eat Just », qui jamais ne caqueta…

Autre avancée : l’agriculture de précision. C’est dans un avenir rapproché que des tracteurs robotisés, reliés à des bases de données, sillonneront les champs pour semer la quantité exacte de semence et de fertilisant à chaque endroit, permettant de ce fait d’abaisser le niveau de consommation énergétique, de pollution et de gaspillage.

Combiner l’agriculture verticale, cellulaire et de précision devrait nous permettre de produire plus de nourriture sur moins de surface et avec moins d’intrants. Idéalement, nous serons en mesure de produire n’importe quelle récolte n’importe où et à n’importe quelle saison, et de ce fait éliminer le besoin de chaînes d’approvisionnement longues, vulnérables et grandes consommatrices d’énergie.

Sommes-nous prêts pour l’agriculture 2.0 ?

Bien sûr, ces avancées technologiques ne sont pas une panacée — aucune technologie ne l’est jamais vraiment. Premièrement, bien que les progrès aillent en s’accélérant, ces solutions ne sont pas tout à fait prêtes à être déployées à grande échelle. Elles sont encore trop chères pour les petites et moyennes exploitations agricoles, et pourraient de ce fait encourager la consolidation dans l’industrie.

Certains consommateurs et théoriciens de l’alimentation expriment des réserves : pourquoi ne pas continuer à produire notre nourriture comme le faisaient nos parents et nos grands-parents avant nous ? Les critiques de l’approche technologique suggèrent une démarche éco-agricole aussi appelée agriculture régénératrice afin d’aboutir à une production durable par l’encouragement d’exploitations de petite taille destinées à la consommation locale. Si cette approche est prometteuse, il n’est pas certain qu’elle soit réalisable à grande échelle.

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Photo - La viande cultivée pourrait-elle devenir monnaie courante sur les étagères des épiceries dans la décennie à venir ? Shutterstock

S’il s’agit là d’éléments sérieux, il n’existe pas de solution universelle lorsqu’on traite de sécurité alimentaire. Par exemple, les méthodes alternatives de récoltes à petite échelle sont aussi sujettes au manque de personnel et tendent à produire de la nourriture chère qui n’est pas à la portée des personnes à faible revenu. Mais point n’est besoin de tout peindre en noir et blanc. Il y a des avantages et des inconvénients à toutes ces approches, et nous ne pourrons pas atteindre nos objectifs climatiques et de sécurité alimentaire sans y incorporer des technologies agricoles.

Pour un avenir agricole porteur d’espoir

En combinant les meilleurs éléments de l’agriculture alternative (c’est-à-dire l’engagement envers le développement durable et la nutrition) avec les meilleurs éléments de l’agriculture conventionnelle (c’est-à-dire l’efficacité économique et la faculté de produire à grande échelle) et les nouvelles technologies décrites dans cet article, nous pouvons nous engager vers une révolution agricole qui, combinée à des politiques publiques progressives en matière salariale, alimentaire, de bien-être animal et de respect de l’environnement, nous permettra de produire de la nourriture en abondance tout en réduisant l’empreinte agricole sur la planète.

Cette approche révolutionnaire « en circuit fermé » est déjà en marche : dans les champs et les laboratoires, tels que les serres expérimentales aux Pays-Bas, les fermes piscicoles singapouriennes, jusqu’aux entreprises agricoles cellulaires de la Silicon Valley.

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Photo - Grâce à l’éclairage LED des concombres hydroponiques poussent en serre. Lenore Newman

Les fermes en circuit fermé limitent l’usage des pesticides, demandent peu de terre et d’énergie, et permettent de recycler l’eau. Elles peuvent assurer la production au niveau local à l’année longue, réduire la dépendance aux tâches répétitives, améliorer le bilan environnemental et le bien-être animal. Si l’on associe ces pratiques à de bonnes politiques, nous pourrions envisager de rendre une partie des terres arables à la nature, aux parcs ou encore à des refuges fauniques.

Notre monde a été façonné par une révolution agricole qui débuta il y a de cela des dizaines de milliers d’années. La révolution à venir sera tout aussi novatrice. La Covid-19 a dévoilé les faiblesses de notre chaîne alimentaire, mais les perspectives pour cette industrie aussi ancienne que vitale pourraient bien devenir une belle histoire.

La version originale de cet article a été publiée en anglais. agriculture technologies alimentation agriculture biologique circuits courts

La voix de la recherche, tous les jours dans vos mails, gratuitement. Pour faire face à ces défis, de nouvelles technologies laissent entrevoir une approche plus verte à la production alimentaire, à base de végétaux, disponible à l’année longue, locale et intensive. Mises en place correctement, trois innovations technologiques — l’agriculture verticale, l’agriculture cellulaire et l’agriculture de précision — pourraient bouleverser notre relation à la terre et à notre nourriture.

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Pour sauver les cultures de la sécheresse, voici les arômes microbiens !

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  • La finance et les start-up réveillent l’agriculture - Par Matthieu Quiret - Publié le 12 oct. 2022 à 17:36Mis à jour le 13 oct. 2022 à 12:05 – Document ‘Les Echos’
    Les levées de fonds dans l’innovation agricole se sont accélérées cette année, signe d’un nouvel engouement de la finance pour le secteur. Un bol d’oxygène bienvenu alors que le contexte est très dur pour les agriculteurs.

Photo - Les nouvelles technologies de l’agriculture pourraient d’abord attirer une nouvelle génération de paysans plus moderne. (iStock)

« Depuis un an, l’agriculture qui était en dehors des radars de la finance est devenue un sujet attractif pour elle », n’en revient pas Maximilien Rouer. L’entrepreneur, qui a beaucoup travaillé depuis vingt ans sur les nouveaux modèles d’affaires agricoles, estime désormais que le salut du monde paysan passera par les technologies. Et donc des start-up financées par des fonds ou des grandes entreprises.

Chargé de l’économie régénérative dans la filiale AXA Climate de l’assureur, Maximilien Rouer pointe en particulier la décision d’investissement cette année du fonds Tikehau Capital avec Unilever et AXA. Ils vont engager ensemble jusqu’à 1 milliard d’euros dans l’agriculture verte, dont 300 millions d’euros en fonds propres. Les deux tiers du montant serviront à prendre des participations dans des sociétés développant des solutions, comme les biocontrôles, c’est-à-dire les molécules permettant de lutter écologiquement contre les pestes agricoles. L’autre tiers des investissements ira à des projets de modernisation des filières, à la ferme, par exemple.

La société de gestion Capagro, qui investit dans les start-up de l’agtech et de la foodtech, quant à elle, vient de lancer un second fonds pour un montant de 200 millions d’euros.

Entreprises à impact

Le ministère de l’Agriculture a comptabilisé 215 start-up et entreprises référencées dans le domaine des technologies agricoles et alimentaires. La France revendique d’ailleurs la place de premier pays européen en termes de levées de fonds pour ces deux domaines et le cinquième au niveau mondial. Au début de l’année, la France avait même emmené neuf jeunes pousses au CES, le salon de l’innovation de Las Vegas. Naïo Technologies, spécialiste de la robotique agricole, Cearitis dans le domaine du biocontrôle et Agrove dans l’agriculture urbaine, par exemple.

La Ferme Digitale, une association qui regroupe 120 entreprises innovantes du secteur, confirme le dynamisme actuel. « Sur les trois derniers mois, nous avons explosé les scores de levées de fonds comme jamais depuis nos six ans d’existence, précise Karine Cailleaux, responsable des projets. Six start-up d’agritech ont levé 40 millions d’euros sur les deux derniers mois et d’autres grosses levées seront annoncées en fin d’année. L’appétit des investisseurs s’explique notamment par le fait qu’ils sont devenus très friands des entreprises à impact. Or nos start-up sont très tournées vers le verdissement agricole. »

Le promoteur francilien des fermes urbaines verticales Jungle a levé 42 millions d’euros en début d’année . Le lillois Sencrop et sa météo de précision a trouvé 18 millions de dollars (autant d’euros), contre 10 millions pour Javelot et son système de contrôle des silos de stockage . Tout n’est pas rose pour autant : la ferme urbaine Agricool a été placée en redressement judiciaire fin 2021.

Pénibilité

Pour Maximilien Rouer, ces innovations et ces nouveaux financeurs pourraient répondre à deux problèmes de l’agriculture : le manque de moyen et la crise des vocations. Les nouvelles technologies de l’agriculture pourraient d’abord attirer une nouvelle génération de paysans plus moderne. Une façon de rendre le métier plus sexy et surtout de soulager le travail harassant des champs et de l’étable.

Quant au manque de moyens, il a jusqu’ici empêché les nombreuses initiatives locales de se développer à grande échelle. De très nombreux modèles d’affaires innovants sont testés depuis longtemps localement. Les circuits courts de vente ont été les premiers à pouvoir réinternaliser une partie de la marge qui est avalée par les circuits traditionnels de distribution. Selon la Ferme Digitale, un producteur sur cinq et de nombreux commerces et cantines ont mis le pied dans les circuits courts.

Ils prennent des formes variées : Amap, ventes à la ferme, distributeurs automatiques ruraux de laits. De nouveaux petits distributeurs soucieux de la rémunération des producteurs comme Terroir d’Avenir à Paris ou très soucieux du service-client comme Grand Frais ont également fait leur preuve. Les sites Internet de vente en direct ont foisonné pendant la pandémie . Autre pratique développée depuis dix ans, la transformation à la ferme a inspiré nombre d’exploitations. Fabrication de glaces et de yaourts chez les éleveurs, cuisine de chips locales, de conserves, etc.

Temps de retour

Mais pour Maximilien Rouer, les volumes vendus restent ridicules et ces pratiques ne sont accessibles qu’aux paysans les plus entreprenants et au sein de bassins de consommation privilégiés : lieux de villégiature, péri-urbains. « 70 % de ce qui est consommé par les Français est produit par 300 sociétés, à 70 % des multinationales, et distribué dans la grande distribution », rappelle Maximilien Rouer.

Lire aussi :

édito - Crise de l’élevage : prés jaunis et solutions vertes

Les sept fléaux qui frappent l’agriculture française

ENQUÊTE - Grand Frais, le nouveau souffle de la distribution alimentaire

INTERVIEW - « L’agriculture française doit conclure un nouveau pacte social »

Elevage, lait, légumes, oeuf : les producteurs tentés d’abandonner

FOCUS - Pourquoi les coopératives agricoles lorgnent la vente directe ?

Dans un rapport réalisé pour l’Etat, la Ferme Digitale pointait un autre obstacle culturel de taille pour la diffusion des innovations dans les exploitations. « Les temps de retour sur investissement qu’attend la finance ne sont pas compatibles avec ceux de l’agriculture et d’une récolte annuelle. Nous sommes plus proches des cycles dans la santé et nous essayons d’y sensibiliser les investisseurs », insiste Karine Cailleaux.

Les Echos : actualités en direct, Économie, Finance, Marchés ...

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Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/la-finance-et-les-start-up-reveillent-lagriculture-1868328

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  • Les systèmes alimentaires durables – Le Réseau National des Espaces-Test Agricoles (RENETA) – Document ‘Fondation Terre Solidaire’
    Répondre aux enjeux agricoles actuels : produire une alimentation et un environnement de qualité, créer des emplois durables - Promouvoir le test d’activité agricole pour favoriser l’installation de nouveaux agriculteurs

Partenaire : RENETA - Durée du projet : 3 ans

60.000 € de soutien accordé sur 3 ans grâce aux donateurs de la Fondation Terre Solidaire

Créé en 2012, le Réseau National des Espaces-Test Agricoles (RENETA) fait la promotion du test d’activité agricole pour redéployer une agriculture de proximité et pour sécuriser l’installation des porteurs de projets agricoles. Lutter pour une plus grande autonomie alimentaire des territoires français, contre la désertification des professions agricoles (perte de 200 000 actifs entre 2000 et 2010 selon l’Agreste, Ministère de l’Agriculture) et répondre à une demande croissante des consommateurs et des collectivités pour une production alimentaire locale et bio, telles sont les missions portées par RENETA grâce à ses 45 espaces-test agricoles en fonctionnement (27 autres sont encore en projet).

Les espaces-test sont des terrains mis à la disposition de porteurs de projets, souvent non issus du milieu agricole. Là, ils peuvent tester une activité agricole durable de façon autonome, en grandeur réelle, sur une durée limitée, dans un cadre qui limite la prise de risques. L’accompagnement par un réseau de pairs (agriculteurs, partenaires locaux, etc…) leur permet ainsi de décider de la poursuite de leur projet professionnel par la pratique en responsabilité de leur activité.

Le rôle clé de la fondation terre solidaire :

Nous soutenons la mise en place d’un groupe de travail transversal qui va capitaliser les expériences développées dans le réseau, en tirer les enseignements, et les diffuser à travers la réalisation d’outils adaptés. Cette démarche a pour objectif de renforcer le rôle des espaces-test dans la mise en œuvre des politiques agricoles et alimentaires territoriales portées par les collectivités. Parce que les espaces-test sont des espaces innovants qui impliquent d’ors et déjà une multiplicité d’acteurs, ils représentent une opportunité pour les collectivités territoriales qui ont peu l’habitude de s’intéresser aux problématiques d’installation agricole, enjeu pourtant central des politiques agricoles territoriales.

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Photo ’Je veux assurer un rôle dans la préservation de la nature. Par la suite, j’aimerais élever des poules, planter un verger, bref créer un écosystème équilibré...’ - Emmanuel, formé par la couveuse A Petits PAS, membre du RENETA

Actualités :

24 janvier 2019Le renouvellement paysan : entretien avec Nicolas Rigaudière accompagné par le Reneta - Aujourd’hui, engager une transition vers des systèmes alimentaires durables impose de repenser l’agriculture intensive et industrielle qui domine en France. Développer des agricultures respectueuses des êtres humains et de leur enviro [...]

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  • Recherche et innovation en France - Candidatez aux appels à projets du Programme national de développement agricole et rural (PNDAR) - 22 décembre 2022 Info + Candidatez aux appels à projets du PNDAR – Document officiel ‘agriculture.gouv.fr’
    Les modalités de mise en œuvre du Programme national de développement agricole et rural (PNDAR) sont plurielles et comprennent notamment des appels à projets gérés par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ou ‘FranceAgriMer’. La participation d’un ou de plusieurs établissements de l’enseignement agricole à ces projets est considérée comme un atout.

Établissements publics et opérateurs - 21 décembre 2022 Info +

Lauréats des appels à projets PNDAR Retrouvez les lauréats du programme national de développement agricole et rural (PNDAR). 21 décembre 2022 Info +

Suivez les journées annuelles PNDAR

Tous les ans depuis 2011, des rencontres PNDAR – également connues sous le nom des « Journées CASDAR » – sont organisées par le Groupement d’Intérêt Scientifique (GIS) Relance agronomique au niveau national pour valoriser les résultats des lauréats des appels à projets et des appels à programmes du programme national de développement agricole et rural (PNDAR). Depuis 2020, ces journées sont devenues thématiques.

15 décembre 2022 Info +

Les résultats des projets financés par le Programme national de développement agricole et rural (PNDAR) - Retrouvez tous les résultats des projets financés par le Programme national de développement agricole et rural (PNDAR).

15 décembre 2022 Dossier

Évaluation du PNDAR - Des évaluations des programmes de développement agricole et rural financées par le CASDAR, portant sur la conception, la réalisation et les résultats des actions sont mises en œuvre par le ministère en charge de l’agriculture dans le cadre de la mission d’évaluation des politiques publiques.

14 décembre 2022 Info +

Les rapports financiers du PNDAR - Depuis 2014, chaque année, le rapport financier présente la répartition des moyens financiers alloués au programme national pour le développement agricole et rural (PNDAR). Il permet de retrouver le détail de l’ensemble des financements, en précisant les organismes, programmes et projets lauréats.

14 décembre 2022 Info +

Les résultats compilés du PNDAR - Le programme national de développement agricole et rural (PNDAR), avec son instrument financier dédié, le Compte d’affectation spéciale développement agricole et rural (CASDAR) parmi d’autres sources de financement, permet d’orienter les actions des acteurs du développement agricole et rural vers des objectifs prioritaires pour l’agriculture française, élaborés après concertation avec les organisations professionnelles agricoles.

14 décembre 2022 Info +

RD Agri, la bibliothèque numérique des résultats des programmes financés par le PNDAR - La plateforme R&D Agricole centralise et valorise les résultats de projets de R&D agricole. Elle propose un accès direct aux livrables issus des projets et programmes du PNDAR (Le programme national de développement agricole et rural) soutenus par le CASDAR (Compte d’affectation spécial « Développement agricole et rural »), des GIEE (Groupements d’intérêt économique et environnemental) et des Groupes Ecophyto 30 000.

14 décembre 2022 Info +

PNDAR : le ministère finance 50 projets à hauteur de 20 millions d’euros en 2022

14 décembre 2022 Communiqué de presse

Les États-Unis et la Commission européenne invités en France pour parler innovation en agriculture- Le 7 décembre 2022, les services du ministère de l’Agriculture accueillaient une délégation de représentants du monde agricole américains et européens dans les Hauts-de-France. Ils étaient accompagnés de hauts responsables de la Commission européenne (DG AGRI) et du département américain de l’agriculture (USDA) dans le cadre de la plateforme de coopération sur l’agriculture initiée en 2021 entre la DG AGRI et USDA.

13 décembre 2022 Info +

Fin de l’élimination des poussins mâles en filière poules pondeuses au 1er janvier 2023

09 novembre 2022 Communiqué de presse

Novembre, c’est le mois de l’innovation publique ! - Le Mois de l’innovation publique est de retour, du 2 au 30 novembre 2022. Webinaires, challenges, podcasts... De nombreux événement sont prévus partout en France autour de la thématique : ’Construire avec vous l’action publique de demain’.

08 novembre 2022 Info +

Les dernières innovations et technologies agricoles à l’honneur pour les 100 ans du SIMA - Pour son centenaire, le Salon international des solutions et technologies pour une agriculture performante et durable (ou SIMA) se déroulera du 6 au 10 novembre 2022 à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Ce rendez-vous est l’occasion, pour tous les professionnels du monde agricole, de se rendre compte des avancées technologiques du secteur et d’échanger avec les acteurs de l’innovation.

28 octobre 2022 Info +

Graines et plants forestiers : conseils d’utilisation des ressources génétiques forestières - Afin de mettre à disposition des utilisateurs de graines et plants forestiers toute l’information scientifique disponible, dans une présentation accessible et abondamment illustrée, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a demandé à l’Irstea de réaliser un document de synthèse.

18 octobre 2022 Info +

Le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire renouvelle son partenariat avec le CIRAD - Marc Fesneau a renouvelé, pour six ans, le partenariat avec le Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement.

18 octobre 2022 Info +

L’innovation au service de l’alimentation au #SIAL2022 - Du 15 au 19 octobre 2022, le parc des Expositions de Villepinte (Saint-Denis) accueille le Salon international de l’alimentation (SIAL) avec pour thématique « Own the change », un véritable appel à s’approprier le changement pour construire l’alimentation de demain.

13 octobre 2022 Info +

Construire les transitions alimentaires avec France 2030 : lancement du Grand Défi « Ferments du futur »

12 septembre 2022 Communiqué de presse

L’enseignement supérieur, un tremplin pour l’innovation en agriculture - Le réseau des 12 écoles de l’enseignement supérieur agronomique forme près de 12 000 ingénieurs agronomes et accompagne les étudiants porteurs de projets d’AgriTech et de FoodTech dans les différentes étapes conduisant à la création d’entreprises.

10 août 2022 Info +

French Tech Agri20 : 22 start-up lauréates de la première édition - Le programme French Tech Agri20 vise à soutenir, au sein des filières agricole et alimentaire, les start-up ayant le plus fort potentiel pour faire émerger des champions technologiques, et faire ainsi de la France l’un des premiers acteurs de la 3e révolution agricole. La liste des 22 lauréats de la première édition de ce programme a été dévoilée le 13 juillet 2022.

26 juillet 2022 Info +

Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire -Accessibilité : conformité partielle - Questions fréquentes / Contacts Informations publiques Flux RSS … Sauf mention contraire, tous les textes de ce site sont sous licence etalab-2.0

Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire

Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire (France) — Wikipédia

Source : https://agriculture.gouv.fr/recherche-et-innovation

« En France, le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire est l’administration chargée de la politique agricole, halieutique, alimentaire et forestière. Il organise aussi l’enseignement et la recherche dans ces domaines ». Wikipédia

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  • Les innovations digitales vont réinventer l’agriculture - Xavier Dalloz - 21 Décembre 2022, 16:39 – Document ‘Tribune.fr’
    OPINION - L’agriculture est à la veille d’une nouvelle révolution, au cœur de laquelle se trouvent les données et la connectivité. Par Xavier Dalloz, consultant spécialisé dans les nouvelles technologies.

Vue d’un « Agbot », un robot agriculteur.

Photo - Vue d’un « Agbot », un robot agriculteur. (Crédits : Reuters)

L’agriculture d’aujourd’hui utilise notamment des robots, des capteurs de température et d’humidité, des images aériennes et la technologie GPS, ce qui a déjà rendu l’agriculture plus rentable, plus efficace, plus sûre et plus respectueuse de l’environnement en se concentrant sur :

  • Les tâches répétitives
  • La collecte de données - Les capteurs sont utilisés pour la collecte de données sur le sol, la gestion de l’eau, la croissance des plantes, les conditions climatiques, etc.
  • La prévoyance - Pour une variété de situations, des instruments de prévision agricoles sont déjà très efficaces.
    Demain, les agricultures vont utiliser massivement les appareils mobiles, le ‘cloud computing’, les plates-formes IoT, l’intelligence artificielle, les robots, les drones, les capteurs intelligents, l’impression 3D, la réalité augmentée, l’informatique portable, les technologies de localisation, l’analyse des ‘mégadonnées’, des algorithmes très complexes, la Blockchain, l’energy harvesting, l’authentification et la détection des fraudes, la relation avec le client final ainsi que des interfaces pour l’interaction homme-machine. L’objectif est d’optimiser les rendements des cultures et réduire les déchets.

Une agriculture de précision

L’innovation la plus importante sera l’agriculture de précision. Il s’agit de contrôler les cultures à l’aide de systèmes de commande et de contrôle à distance, des machines autonomes, etc. pour obtenir des données précises pour améliorer et augmenter la qualité et la quantité de production avec un coût possible le plus bas. L’objectif est de faire plus, de meilleure qualité, à moindre coût et, surtout, avec moins de ressources.

Par exemple, des capteurs à distance placés dans les champs permettent aux agriculteurs d’obtenir des informations détaillées telles que l’acidité, la température et l’humidité du sol, qui peuvent permettre de prédire les conditions météorologiques pour les jours et les semaines à venir.

L’agriculture de précision va permettre de prendre les meilleures décisions, ce qui signifie logiquement la meilleure production agricole, en plus de la collecte et de l’analyse des données. Tout sera anticipé, piloté, mesuré et en interaction permanente avec tous les acteurs d’une ‘marketplace’ qui rassemble tous les acteurs impliqués dans les la chaîne de production, de distribution et de commercialisation des produits agricoles.

La vigne est un bon exemple de l’agriculture de précision. Les quantités de produits dispersés ont été divisées par 4 grâce à la précision des pulvérisateurs. La vie des sols reprend progressivement. Cela suppose des investissements significatifs, et des coûts de main d’œuvre supplémentaires que les robots et l’intelligence artificielle permettront d’effacer progressivement.

Voici quelques exemples de l’impact des innovations digitales dans l’agriculture :

La connectivité

D’après une étude de McKinsey, les données et la connectivité dans l’agriculture pourraient ajouter 500 milliards de dollars de valeur supplémentaire au produit intérieur brut mondial d’ici 2030.

Par exemple :

  • L’agriculture intelligente et l’agriculture de précision dépendent fortement des appareils IoT pour prendre en charge la communication entre les données du terrain et les appareils intelligents utilisés pour la gestion de l’exploitation.
  • Les agriculteurs pourront mettre en œuvre une large gamme de technologies capables de fonctionner en tandem, telles que des applications mobiles, des équipements automatisés, des drones, des capteurs et la transmission de données.
  • Une communication bidirectionnelle plus rapide et opérations de terrain plus précises en partageant les données plus rapidement et plus efficacement.
  • Une capacité à prendre de meilleures décisions plus rapidement tout en améliorant les performances de la machine pour une productivité, une efficacité et des rendements accrus.
    Les drones

L’utilisation de drones va permettre de créer des cartes électroniques des champs en temps réel, de surveiller rapidement l’état des cultures, de surveiller les performances des travaux sur le terrain, de prévoir les rendements des cultures et d’effectuer une surveillance environnementale des terres.

Les cartes d’occupation du sol seront utilisées pour évaluer l’état de l’environnement et surveiller l’utilisation des terres. L’objectif est d’augmenter les rendements, d’améliorer les propriétés agrochimiques du sol, de réduire les coûts financiers grâce à l’utilisation optimale des semences, des engrais, des produits phytosanitaires et du carburant.

Par exemples, les drones vont permettre :

  • L’identification des plantes déficientes en azote, qui pousseront plus lentement et auront donc besoin d’un apport de ce nutriment.
  • L’identification des plantes qui souffrent d’une maladie ou qui ont besoin d’irrigation.
  • La détection des mauvaises herbes résistantes aux herbicides présentes dans les champs.
    Les robots

L’objectif des robots agricoles est de stimuler la production telle que la récolte et le dépistage.

Par exemple :

  • Plantation en pépinière
  • Semis de cultures
  • Surveillance et analyse des cultures
  • Fertilisation et irrigation
  • Désherbage et pulvérisation des cultures
  • Éclaircissage et taille
  • Tracteurs autonomes
  • Traite
  • Etc…
    On va voir de plus en plus de robots plus petits qui pourront travailler dans des conditions de sol empêchant l’utilisation de machinerie lourde et de travailler en permanence en « essaims » de manière coordonnée, jour et nuit.

La robotique dans l’agriculture représente un marché mondial de plus de 5 milliards de dollars et devrait doubler au cours des cinq prochaines années.

L’IoT et les capteurs

D’ici 2050, une ferme normale devrait produire 4,1 millions de points de données chaque jour.

L’explosion des appareils IoT dans d’autres industries (46 milliards d’appareils sont connectés) pourrait pâlir par rapport aux opportunités représentées dans l’agriculture, déjà un marché de 11,4 milliards de dollars.

Ces dispositifs peuvent être constitués de plusieurs capteurs qui examinent par exemple en parallèle plusieurs paramètres influençant le développement des plantes (humidité du sol, température ou conductivité électrique du sol) et les données permettent de surveiller en temps réel l’état des plantes et de prédire quand l’irrigation ou la fertilisation ou l’utilisation d’un pesticide seront nécessaires dans certaines zones.

L’intelligence artificielle

L’intelligence artificielle sera utilisée massivement dans l’agriculture pour automatiser les opérations, réduire les risques et rendre l’agriculture plus facile et plus efficace.

Par exemple, l’IA est sera de plus en plus utilisée pour :

  • identifier les graines réagissant aux conditions climatiques.
  • fournir des conseils et des recommandations variées.
  • prédire les conditions météorologiques et d’autres circonstances agricoles, telles que la qualité des terres, les eaux souterraines, le cycle de culture et les attaques de ravageurs, entre autres.
  • « former » les robots en « numérisant » de nombreuses cultures dans différentes circonstances, ou à analyser des dizaines de milliers d’images représentant les cibles, par ex. cultures et mauvaises herbes. Les informations sont ensuite automatiquement analysées par des réseaux de neurones puis utilisées pour programmer des robots pour traiter chaque plante et chaque parcelle de sol selon le « deep learning ».
    Notons aussi que les réseaux de neurones seront de plus en plus utilisés dans l’agriculture pour reconnaître des relations entre des images grâce à un processus qui imite le fonctionnement du cerveau humain.

Les nanotechnologies

Les nanocapteurs sont devenus une technologie innovante qui a plusieurs applications dans les secteurs agricole et forestier :

  • L’utilisation des nanomatériaux dans l’agriculture peut aider à réduire les coûts et les efforts dans l’agriculture de précision menant à des systèmes agricoles innovants.
  • Les nanocapteurs peuvent être utilisés pour surveiller les conditions du sol, la santé du sol, la carence en nutriments du sol, la croissance des cultures, les maladies des plantes, l’estimation des produits agrochimiques dans le sol, la toxicité des produits chimiques pour assurer la santé du sol et des plantes.
    La ‘gamification’ de l’agriculture

La capacité de la VR à enseigner aux étudiants le fonctionnement interne des animaux (sans vivisection) et la croissance des plantes - ou simplement à pouvoir visiter des fermes - est une opportunité extraordinaire pour les étudiants et les consommateurs de s’engager avec l’élevage.

La formation virtuelle recrée un véritable environnement de travail. Un employé peut effectuer le traitement du champ avant la plantation ou la récolte. Il ou elle exécute les scénarios donnés et reçoit un certain nombre de points. Une fois la tâche terminée, les points sont additionnés et l’employé obtient une note de qualification. Si quelque chose ne fonctionne pas dès le premier essai, vous pouvez toujours « rejouer ».

La Blockchain

Grâce à des solutions basées sur des contrats intelligents, chaque transaction peut être écrite dans une blockchain, garantissant ainsi la légitimité et l’origine de chaque transaction. Cela évitera d’éventuelles fraudes sur la qualité des produits.

Avec le système blockchain, les agriculteurs accèdent facilement à des sources de financement et à des lieux de négociation pour commercialiser leurs produits à des prix équitables. Cet écosystème améliorera les revenus des agriculteurs. À partir des produits agroalimentaires entreposés dans la chaîne de valeur, la technologie blockchain peut être utilisée pour surveiller le système à une structure rentable et fiable.

En conclusion, Bertrand Weisgerber, propriétaire du château La Peyruche, domaine bio en Bordelais, résume très bien l’enjeu majeur de la numérisation de l’agriculture : « L’agriculture de demain doit s’inspirer des tendances que l’on constate déjà dans la viticulture, notamment l’accent mis sur la relation avec le consommateur final, qui peut désormais suivre quotidiennement, via les réseaux sociaux, les différentes phases de la culture de la vigne et du processus de vinification. De même, les technologies propres à l’agriculture de précision contribuent fortement à l’amélioration de la qualité des vins, en préservant les terroirs tout en permettant la reconstitution de la biodiversité ».

Commentaire - D a écrit le 27/12/2022 à 11:02 – « Ça va encore enrichir beaucoup de monde sauf les agriculteurs. L’avenir c’est plutôt l’accompagnement à la mise en place plus générale d’une agriculture autonome en intrant de synthèse et en conservation des sols ABC ».

Qu’est-ce que LaTribune FR ? - LaTribune.fr - Journal Quotidien boursier, économique et financier - Actualité et information bourse, finance et économie. 30 décembre 2022 - Nous contacter

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Source : https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/les-innovations-digitales-vont-reinventer-l-agriculture-945547.html

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  • Etat de l’Agriculture biologique en France : le défi de la transition - Par La Rédaction - Publié le 06 janvier 2023 – Document ‘Vie-publique.fr’
    De plus en plus de consommateurs en France se tournent vers une alimentation bio. La filière de l’agriculture biologique française est-elle en mesure de répondre à ces attentes dans un contexte où la souveraineté alimentaire, et donc la productivité, apparaissent de plus en plus essentielles ?

Une politique de soutien qui n’est pas à la hauteur des ambitions

Depuis les années 1990 la France a mis en place une politique de soutien à l’agriculture biologique. Exigeant pour les producteurs, ce mode de production joue ’un double rôle sociétal : d’une part, il approvisionne un marché spécifique répondant à la demande de produits biologiques émanant des consommateurs et, d’autre part, il fournit des biens publics contribuant à la protection de l’environnement et du bien-être animal ainsi qu’au développement rural’ [règlement (CE) n° 834/2007 du Conseil du 28 juin 2007(nouvelle fenêtre)]. La politique de soutien à l’agriculture biologique est-elle, en France, à la hauteur des ambitions affichées ? Cette filière est-elle en mesure de contribuer à l’autonomie agricole et alimentaire française ?

Selon le rapport de la Cour des comptes ’Le soutien à l’agriculture biologique’, publié en juin 2022, l’agriculture biologique occupe en France, en 2021, 10,3% de la surface agricole utile (SAU). Cela représente 2,78 millions d’hectares (premier rang européen), pour 58 413 exploitations agricoles (13,41% des exploitations), le bio concernant 11 401 exploitations en 2005. La filière bio génère 200 000 équivalents temps plein (ETP), en grande partie non délocalisables. Avec 2,4 ETP en moyenne, une ferme bio emploie 30% de main-d’œuvre de plus qu’une ferme conventionnelle.

La France est le premier cultivateur mondial de vignes bio en surfaces (20% du vignoble total en 2021) et en première place en Europe devant l’Espagne en termes de production biologique. En valeur, le marché bio français est, avec 11,93 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2019, deuxième derrière l’Allemagne.

Eclairage - Sécurité alimentaire : un enjeu renforcé dans un contexte de tensions internationales

Acteurs, avantages et inconvénients de la filière bio

Le rapport de la Cour des comptes rappelle les différents acteurs dans le dispositif de soutien à l’agriculture biologique :

  • l’Union européenne (réglementation et financements) ;
  • le ministère de l’agriculture et de l’alimentation (politique agricole : enseignement, recherche, réglementation) ;
  • le ministère de la transition écologique (politique de l’environnement, agences de l’eau) ;
  • l’Agence Bio (structuration de la filière) ;
  • l’interprofession (soutien à la consommation) ;
  • les collectivités locales.
    L’article L1 du code rural et de la pêche maritime (nouvelle fenêtre) détermine les objectifs des politiques publiques dans le développement de la filière : celles-ci ’visent à promouvoir et à pérenniser les systèmes de production agroécologiques, dont le mode de production biologique, qui combinent performance économique, sociale, notamment à travers un haut niveau de protection sociale, environnementale et sanitaire’.

La ‘Cour des Comptes’ souligne que le bio est attractif pour un nombre croissant de producteurs qui s’engagent pour préserver leur santé, celle des riverains et des consommateurs mais aussi pour produire dans un respect accru de l’environnement, gage de reconnaissance de leur métier.

La Cour des comptes rapporte que des études comparées chez les consommateurs occasionnels, observent chez les consommateurs réguliers d’aliments bio une diminution :

  • de 25% du risque de cancer ;
  • de 34% du cancer du sein chez les femmes ménopausées ;
  • de 76% pour les lymphomes ;
  • de 86% pour les lymphomes non hodgkiniens.
    Pourtant, et malgré une croissance aidée par une demande soutenue (surtout entre 2015 et 2019), l’agriculture biologique connaît ses premiers signes d’affaiblissement. De manière inédite, en 2021, la vente de produits bio baisse de 1,3%, une chute qui s’inscrit dans un contexte où la consommation des Français diminue de 2,3%. En revanche, la part d’aliments bio dans le panier des ménages augmente légèrement (6,6% des aliments consommés).

Un rapport du Sénat de février 2020 sur les financements publics consacrés à l’agriculture biologique présente par ailleurs quelques effets pervers :

  • l’usage d’herbicides alternatifs naturels controversés (cuivre) ;
  • des prix peu soutenables (jusqu’à +273% pour des oignons) ;
  • un effet d’aubaine (60% des surfaces en bio sont recouvertes de surfaces fourragères ou prairies permanentes et permettent d’accéder à des aides).
    La Cour des comptes relève ’des lignes de faille’ suivant l’envol des ventes de produits bio lors du premier confinement en 2020 :
  • la réduction de l’écart de prix en faveur du bio du fait du développement des ventes en grande distribution, au détriment des producteurs ;
  • le manque de communication sur l’agriculture biologique face à la concurrence de labels ’verts’ moins exigeants ;
  • une structuration insuffisante des filières bio (manque d’installations de stockage et faiblesse des industries de transformation).
    En bref - Changement climatique : trois milliards d’euros de surcoûts pour l’agriculture

Quelle contribution de la filière bio à l’agriculture française ?

La politique agricole française a un objectif d’autonomie. La guerre en Ukraine a rappelé combien la souveraineté alimentaire des pays est nécessaire.

La filière bio n’est pas en mesure de répondre à la demande nationale de produits bio en croissance exponentielle, selon un rapport de l’Assemblée nationale sur l’autonomie alimentaire de la France (décembre 2021). Près de 33% des produits bio sont importés en 2019. Le solde commercial de la France présente un déficit de près de 1,7 milliard d’euros. Certaines filières sont autosuffisantes (production de lait, de vin ou de viande), tandis que d’autres (fruits et légumes, produits de la mer…) rencontrent les mêmes difficultés que dans l’agriculture conventionnelle.

Le rapport de la Cour des comptes souligne, toutefois, que l’agriculture biologique recherche une complémentarité entre productions végétales et animales à l’échelle des exploitations (utilisation des ressources présentes sur place comme fertilisant naturel ou nourriture pour les animaux). Elle est ainsi moins dépendante des intrants importés que l’agriculture conventionnelle et permet de réduire le déficit commercial de la France en engrais (1,4 milliard d’euros en 2020).

D’après le rapport du Sénat, les rendements des surfaces en agriculture biologique sont très inférieurs à ceux des surfaces en production conventionnelle : une baisse de rendement de 20 à 25% pour les végétaux, voire de 50 à 60% pour le blé tendre. Ce déficit est encore plus fort dans un pays comme la France, qui dispose d’une agriculture conventionnelle très productive.

Ces rendements plus faibles au regard des chiffres s’expliquent aussi par des rotations de cultures plus longues en agriculture biologique, qui accorde une place importante aux légumineuses fourragères. La production de légumineuses n’est en général pas prise en compte dans les études. Le rapport du Sénat estime ainsi que leur intégration dans ces études ramènerait ce déficit de rendement à près de 8%.

Si le passage au bio peut sembler peu intéressant pour les exploitations conventionnelles, les revenus des agriculteurs des deux filières sont très comparables.

De nombreuses études montrent que ’la rentabilité des exploitations en agriculture biologique est supérieure à celle de leurs homologues de l’agriculture conventionnelle’, pour plusieurs raisons :

  • leur consommation intermédiaire d’intrants est réduite (les engrais représentent en moyenne 44 000 euros par ferme en grandes cultures) ;
  • un consentement à payer supérieur des consommateurs ;
  • la politique agricole commune (PAC) distribue de nombreuses aides aux exploitations développant des pratiques respectueuses de l’environnement.
    Les exploitations biologiques ne subissent ainsi pas les effets d’un rendement moindre.

En bref - Agriculture française : une puissance mondiale qui décline

Une politique de soutien qui n’est pas à la hauteur des ambitions

Réduction de la pollution aux nitrates, phosphore et produits phytosanitaires, réduction substantielle de plusieurs maladies chez les consommateurs (cancers, diabète), amélioration de la fertilité des sols… de nombreuses études démontrent les bénéfices majeurs de l’agriculture biologique. Ils justifient les objectifs du programme ’Ambition bio 2022’ (nouvelle fenêtre) :

  • 15% de la SAU en bio ;
  • 20% de la restauration collective publique en bio.
    Selon la Cour des comptes, l’objectif de surface agricole est trop global et mériterait une distinction par types de production. L’affichage de 20% de produits bio en restauration collective publique durant près d’une décennie n’a pas été assorti d’un suivi réel (seulement 6% en 2021).

Si les aides à la production biologique prévues dans le cadre de la PAC ont été réévaluées à la hausse en 2015 et ont permis des conversions, le ministère de l’agriculture et de l’alimentation a ’sous-dimensionné les aides à la conversion et au maintien en agriculture biologique entre 2015 et 2020’. La moitié de l’enveloppe du Fonds européen pour le développement rural (Feader)(nouvelle fenêtre) a été utilisée la première année de programmation (545 millions d’euros engagés en 2015). Les engagements des aides au maintien en agriculture bio étaient de 254 millions d’euros en 2015, ils sont de 21 millions d’euros en 2020.

Les aides à la conversion sont en augmentation de 40% dans la PAC 2023-2027, mais les objectifs de 18% de surface agricole utile en bio à l’horizon 2027 pour la France et de 25% des surfaces en 2030 pour l’Europe ne semblent pas atteignables selon la Cour des comptes. Le rapport du Sénat de 2020 déplorait déjà un projet ’Ambition bio 2022’ hors d’atteinte, le rebaptisant même ’Ambition bio (au mieux) 2026’.

Les agences de l’eau sont le premier financeur national de la filière biologique depuis 2016 (30%), l’État cofinançant 17% du Feader européen. Les régions, qui sont gestionnaires, y contribuent à hauteur de 3%.

Les moyens consacrés à la promotion et à la recherche sont également limités. Bien que l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae, ex-INRA) soit engagé dans la recherche en ce domaine depuis plus de deux décennies, son programme Métabio (nouvelle fenêtre) n’a été lancé qu’en 2020.

En aval, les industries de transformation de la filière biologique sont peu développées : ce sont la plupart du temps des PME en territoire rural manquant de moyens d’investissement. Les soutiens dont elles bénéficient sont insuffisants ; le fonds Avenir bio ne se chiffrait qu’à 3,7 millions d’euros par an, en moyenne, entre 2008 et 2020.

Parallèlement, les interprofessions agricoles sont peu mobilisées dans la filière biologique, minoritaire au sein de leurs filières. Selon le rapport du Sénat, les soutiens publics au bio (1,3 milliard d’euros entre 2013 et 2020) représentent seulement 1% des concours publics consacrés à l’agriculture sur la période 2013-2019 (144 milliards d’euros).

Toutefois, le crédit d’impôt en faveur de l’agriculture biologique, revalorisé de 2 500 euros à 3 500 euros entre 2018 et 2020, est prorogé jusqu’en 2025 et porté à 4 500 euros par l’article 84 de la loi de finances pour 2022(nouvelle fenêtre).

Un décret du 18 novembre 2022(nouvelle fenêtre) et un arrêté du 18 novembre 2022(nouvelle fenêtre) durcissent les critères d’obtention de la certification ’haute valeur environnementale’ afin, entre autres, de répondre aux exigences de la PAC. Cette certification, nettement moins contraignante que l’agriculture biologique, peut constituer une concurrence à moindres frais. Certaines associations la qualifient d’’écoblanchiment’.

Bien que coûteux en investissements, la transition des exploitations conventionnelles vers le biologique et leur maintien dans la filière présentent des avantages sur les plans environnemental, sanitaire et économique. Néanmoins, la filière biologique fait face à de nombreuses difficultés, dont le surcoût et la demande croissante qu’elle peine à satisfaire. Les réponses à ces défis, pour incertaines qu’elles puissent être, sont une nécessité pour l’avenir.

Hausse des prix alimentaires : quelles sont les raisons de cette inflation ?

Vie-publique.fr — WikipédiaVie publique : au coeur du débat public

Source du document rapporté ici : Agriculture biologique le défi de la transition

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