Accueil > Pour en savoir plus > Sciences sociales > Philosophie > "La pensée écologiste dans les trois systèmes philosophico-religieux en (...)

"La pensée écologiste dans les trois systèmes philosophico-religieux en Chine : Confucianisme ; Bouddhisme ; Taoïsme préconisant 5 siècles avant notre ère des préceptes moraux, sociétaux (gentillesse, frugalité) et écologiques" par Jacques Hallard

mercredi 14 décembre 2022, par Hallard Jacques


ISIAS Série Gouvernance Humanisme Partie 3

La pensée écologiste dans les trois systèmes philosophico-religieux en Chine : Confucianisme ; Bouddhisme ; Taoïsme préconisant 5 siècles avant notre ère des préceptes moraux, sociétaux (gentillesse, frugalité) et écologiques

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 13/12/2022


Série : gouvernance et humanisme

1ère partie - ’Confucius prônait l’exemplarité, vertu du politique, incarnait bienveillance, courage et sagesse : reprises de sa pensée dans l’histoire de la culture chinoise, la gouvernance sociale et le droit ; comparaisons avec la culture occidentale’ par Jacques Hallard - 11 novembre 2022 - ISIAS Histoire Philosophie Politique Culture Chine Confucius

2ème partie - ’Confucius et le confucianisme vus par des auteurs et études de l’extérieur de la Chine : rappel chronologique, opposition avec la pensée maoïste, renouveau religieux, vecteur de la marque Chine, citoyenneté culturelle confucéenne ?’ par Jacques Hallard - 24 novembre 2022 - ISIAS Histoire Philosophie Politique Chine Vues d’extérieur

3ème partie : La pensée écologiste dans les trois systèmes philosophico-religieux en Chine : Confucianisme ; Bouddhisme ; Taoïsme préconisant 4 siècles avant J.C. des préceptes moraux, sociétaux (gentillesse, frugalité) et écologiques

Plan du document : Préambule Introduction Sommaire Auteur

Préambule

Méditation

Méditation - Source https://eveiloriental.com/2013/05/15/meditation-humour/

Définition de ’FAQ’ : n.f. Rubrique présentant par sujets les questions les plus fréquemment posées par les utilisateurs, accompagnées des réponses correspondantes.

En bref :

Objet principal de cette 3ème partie de la série ‘Gouvernance et Humanisme’, le taoïsme (chinois : 道教 ; pinyin : dàojiào ; litt. « Enseignement de la Voie »), est l’un des trois piliers de la pensée chinoise avec le confucianisme et le bouddhisme ; il se fonde sur l’existence d’un principe à l’origine de toute chose, appelé « Tao » et il se réfère à deux figures principales (historiques et/ou légendaires) :

Lao-Tseu, père fondateur du taoïsme ? - « Connaître, c’est ne pas connaître : voilà l’excellence. Ne pas connaître, c’est connaître : voilà l’erreur. » - Lao-Tseu, in Tao Tö King ou Dao de jing : « Le Dao de jing (chinois simplifié : 道德经 ; chinois traditionnel : 道德經 ; pinyin : Dàodéjīng ; Wade : Tao⁴te²ching¹ ; EFEO : Tao-tö-king, « livre de la voie et de la vertu »), est un ouvrage classique chinois qui, selon la tradition, fut écrit autour de 600 av. J.-C. par Lao Tseu, le sage fondateur du taoïsme…- Source

Tchouang-tseu ou Zhuangzi (chinois traditionnel : 莊子 ; chinois simplifié : 庄子 ; pinyin : zhuāngzǐ ; EFEO : Tchouang-tseu ; litt. « Maître Zhuang »), de son vrai nom Zhuāng Zhōu (莊周 / 庄周, Tchouang Tcheou), est un penseur chinois du IVe siècle av. J.-C. à qui l’on attribue la paternité d’un texte essentiel du taoïsme appelé de son nom — le Zhuangzi — ou encore le « Classique véritable de Nanhua1 », Nánhuá zhēnjīng… - Source.

« La spontanéité du taoïsme, son individualisme, son absence de formalisme le font considérer comme une « anti-culture » dans l’histoire chinoise, en opposition au côté cérémonieux et guindé du confucianisme, « culture orthodoxe » parfaitement ajustée à chaque rapport social et à toute circonstance. En réalité, s’il a gardé l’impulsion de ses origines, le taoïsme a quelque peu perdu son côté provocateur et son goût de la révolution. C’est si vrai que le gouvernement communiste l’a d’emblée regardé comme un instrument de la classe réactionnaire pour s’accrocher au pouvoir. Il n’empêche que le taoïsme, grâce à sa grande diversité d’expressions, a plongé dans le peuple de profondes racines, s’est fondu avec la religion populaire au point de se confondre avec elle… » - Un belle étude est à lire sur ce site : https://missionsetrangeres.com/eglises-asie/1994-10-16-le-taoisme-en-chine-aujourdhui/ .

Le taoïsme est une tradition philosophique et religieuse chinoise qui a été développée au VIème-Vème siècle avant notre ère. Le taoïsme encourage l’harmonie avec la nature et l’acceptation de la nature comme elle est, plutôt que de tenter de la contrôler ou de la changer. En ce sens, il y a une relation entre le taoïsme et l’écologie, car les deux s’intéressent à l’importance de la nature et de l’harmonie avec elle. Cependant, il est important de noter que le taoïsme est une tradition complexe qui couvre de nombreux domaines, y compris la philosophie, la religion, la médecine, et la science, et il n’y a pas de consensus sur la manière dont il peut être lié à l’écologie.

Taoïsme et confucianisme - A partir de la dynastie des Han (-206 avant Jésus-Christ – 9 après Jésus-Christ), le taoïsme s’est défini par rapport au confucianisme qu’il considère comme son rival. Cependant, ces deux courants de pensée qui font partie intégrante de la culture chinoise, partagent le même objectif : atteindre la sagesse, aussi bien sur le plan personnel que collectif. Ils empruntent seulement des chemins différents pour y parvenir : tandis que le taoïste se retirera de la vie sociale pour s’affranchir de ses contraintes grâce à une vie dans les montagnes, la confucianiste restera par exemple en ville pour l’améliorer… - Source : https://www.viversum.fr/online-magazine/taoisme

Le confucianisme est une tradition philosophique et religieuse chinoise qui a été développée par Confucius au VIe siècle avant notre ère… Il met l’accent sur la vertu, le respect des aînés et des autorités, la compassion et la justice. En ce sens, il y a une relation entre le confucianisme et la gouvernance, car les principes confucéens peuvent être utilisés pour guider la façon dont une société est organisée et dirigée. Le confucianisme a fait l’objet de la partie 1 et de la partie 2 de la série : ‘gouvernance et humanisme’.

« Le bouddhisme est une voie religieuse, ou religion et une philosophie dont les origines se situent en Inde aux VIe – Ve siècles av. J.-C. à la suite de l’éveil de Siddhartha Gautama à Bodhgaya dans le Bihar et de la diffusion de son enseignement. Le bouddhisme fondé sur un triple socle appelé « les trois joyaux » : les bouddhistes déclarent prendre refuge dans le Bouddha (le fondateur), dans le Dharma (la doctrine du Bouddha) et dans le Sangha (la communauté des croyants)… » - Source

Le bouddhisme et l’humanisme partagent de nombreux points en commun. Tous les deux mettent l’accent sur l’importance de la compassion, de l’empathie, et du bien-être des êtres humains. Ils encouragent également une approche rationnelle et logique de la vie, et promeuvent l’idée que les individus ont la responsabilité de créer leur propre bonheur et de prendre soin des autres. Cependant, il y a également des différences entre le bouddhisme et l’humanisme. Le bouddhisme est une tradition religieuse qui comprend des croyances en des êtres surnaturels, tandis que l’humanisme est une philosophie qui met l’accent sur les capacités humaines et la raison plutôt que sur la religion. En outre, le bouddhisme encourage la recherche de l’illumination personnelle, tandis que l’humanisme met l’accent sur la responsabilité individuelle envers la société… - Le bouddhisme et l’humanisme seront abordés dans la partie 4 de la série ‘gouvernance et humanisme’.

« Pour vivre heureux, il suffit donc à l’homme d’être attentif aux relations que les choses entretiennent entre elles. Cette vision cosmologique du monde est la racine profonde de toute la civilisation chinoise jusqu’à nos jours. La nature est un processus, continu et régulier, dans lequel les humains sont inscrits… » - Anonyme

La culture chinoise couvre un ensemble immense et complexe de réalisations dans les domaines les plus divers, dont les plus anciennes remontent à 10.000 ans, qui ont vu le jour sur le territoire de la Chine, l’une des plus vieilles entités géopolitiques du monde moderne. On peut en effet considérer l’actuelle république populaire de Chine (à laquelle certains Chinois proposeront de rattacher Taïwan, au moins sur le plan culturel), comme l’héritière directe, à travers les changements de dynasties et de régime politique, de l’empire Qin fondé en -221 par Qin Shi Huang, voire plus largement de la Dynastie Shang au IIe millénaire av. J.-C. Cette continuité, qui a permis la diffusion efficace de pratiques, objets et concepts, confère à certains éléments de la culture chinoise un aspect généralisé qui transcende les différences régionales et historiques, malgré plusieurs périodes où de nombreux textes ont été perdus puis redécouverts, comme celle qui suivra l’effondrement de la dynastie des Jin au IVe siècle. On peut citer comme exemples le confucianisme, avec le régime mandarinal et la conception des rapports sociaux et familiaux qu’il a marqués de son empreinte, et le taoïsme, à l’origine de concepts philosophiques ou métaphysiques et de pratiques religieuses généralement adoptées dans le monde chinois. Le prestige de l’empire chinois a contribué à diffuser cette culture commune en Extrême-Orient et en Asie du Sud-Est ; il a également attiré de nombreux étrangers qui ont enrichi la civilisation chinoise. D’autres réalisations culturelles sont au contraire spécifiques à une région ou à une époque. À cet égard, la façon dont les divers domaines de la culture chinoise ont abordé l’influence occidentale et la modernité à partir du XIXe siècle et continuent de réagir à la mondialisation1 est une question de grand intérêt. Le développement économique de la Chine remet en cause les traditions et les arts populaires, particulièrement dans les régions de l’intérieur. De nombreuses formes de la culture, telles que la broderie ou le théâtre, sont en train de disparaître2…. » - Pour en savoir plus, voir cet article Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_chinoise

Voir également Les origines de la Chine du 3ème au 1er millénaire avant notre ère sur ce site : https://www.herodote.net/Les_origines_de_la_Chine-synthese-255.php

Ce préambule a été rédigé avec l’aide de Bastien M.

Retour au début du Préambule

Retour au début du dossier


Introduction

Ce dossier est préparé pour un usage didactique à partir de recherches documentaires et de traductions. Il constitue la 3ème partie de la série ‘Gouvernance et Humanisme’ et il commence par un préambule.

Le premier article choisi, de l’auteur vietnamien Thái Công Tụng, traite de la pensée écologiste dans les trois courants ou systèmes philosophico-religieux en vigueur dans la culture chinoise, donc aussi au Vietnam. Une autre étude de cet auteur en vietnamien sur l’écologie est « Sinh thái học dưới góc nhìn của Tam giáo (Nho, Phật, Lão) » - Vietsciences- Thái Công Tụng - 02/03/2009 Source

Puis Catherine Delacour, conservatrice en chef au musée national des Arts asiatiques Guimet, décrit le taoïsme par rapport au principe de précaution, tandis que Pierre Gentelle (géographe spécialiste de la Chine et des zones arides (Asie centrale, Chine, Moyen-Orient), directeur de recherche émérite au CNRS) titre son article rapporté ici : « Dans Les Sentiments de la nature ».

Ensuite, figure un article de madame Dandan Jiang sur un dialogue transculturel autour de Zhuangzi : de l’éthique environnementale à l’éthique de la vie. Dandan Jiang est professeure associée à l’École Normale Supérieure de l’Est de la Chine à Shanghaï et elle a été élue au Collège international de philosophie de Paris. A la fois philosophe et artiste, elle travaille dans le domaine des recherches en théorie artistique et de la critique d’art… - Zhuangzi  : le terme Zhuanzi peut faire référence à deux choses : Tchouang-tseu ou Zhuangzi, un penseur chinois du IVe siècle av. J.-C. , d’une part, et au livre Zhuangzi, un texte taoïste dont on attribue une partie de la paternité à ce penseur, d’autre part.

Dans un entretien pour ‘Le Point’, Eric S Nelson expose que « le Tao est intrinsèquement écologique » - Professeur de philosophie à l’Université des sciences et de la technologie de Hong Kong, il a travaillé sur la philosophie chinoise, allemande et juive…

Par contre, Paul R. Goldin démontre « Pourquoi le taoïsme n’est pas l’environnementalisme » ! – Il est Professeur associé au Département des langues et civilisations de l’Asie orientale, à l’Université de Pennsylvanie aux Etats-Unis…

Suivent plusieurs textes traduits du chinois sur la pensée et les perspectives écologiques taoïstes 道教生态观 : plusieurs contributions mettent l’accent sur les pratiques écologiques et la protection de l’environnement pour promouvoir la culture écologique taoïste, d’après l’orientation fixée de nos jours par l’Association taoïste de Chine (中国道教协会). « Créée en 1957, elle fait partie du marché rouge et comprend les temples et associations taoïstes approuvés par le gouvernement et dont les dirigeants sont nommés par le PCC… » Source

En particulier, est incluse une déclaration de Maître Taoïste (ou Vénérable) Li Guangfu, coprésident de la Conférence de Paix Religieuse Asiatique, Vice-Président du Comité de Paix Religieuse Chinois et Président de l’Association Taoïste Chinoise ; il déclarait déjà en 2010 qu’il convenait de « Travailler ensemble pour construire une Terre verte, habitable et vibrante ou rayonnante » …

Pour parachever ce dossier, ont été introduits des documents de Jérôme Ravenet (agrégé de philosophie (1995) et docteur en sinologie de l’Université Paris VII) sur son site ‘Phalanstere.fr’ : l’un aborde « Féminin et Taoïsme - L’archétype du féminin dans le Taoïsme » ; l’autre est consacré aux spiritualités laïques (? - 1) « Réflexion sur les arts taoïstes en Occident »…

Les articles sélectionnés pour constituer ce dossier (3ème partie de la série ‘Gouvernance et Humanisme’ sont indiqués avec leurs accès dans le sommaire ci-après

Retour au début de l’introduction

Retour au début du Préambule

Retour au début du dossier


Sommaire

Retour au début de l’introduction

Retour au début du Préambule

Retour au début du dossier


  • La pensée écologiste dans les trois courants ou systèmes philosophico-religieux en Chine : Confucianisme, Bouddhisme, Taoïsme - ECO Juin 2020 - Causerie à la pagode Hồng Hiên à Fréjus (France) par Thái Công Tụng le 30 août 2008 – Document ‘ttntt.free.fr/archive’

    http://ttntt.free.fr/images/AAA.JPG

1. IntroductionLes livres de Rachel Carson Silent Spring (1962), de Jonathan Schell The Fate of the Earth (1982) et de Bill McKibben The End of Nature (1989) ont trait aux 3 différents types de problèmes d’ordre environnemental, à savoir respectivement la contamination toxique de la chaine alimentaire, les conséquences planétaires de la prolifération nucléaire et l’impact du réchauffement global. Ces avertissements entrainent des changements majeurs sur la politique nationale et internationale : l’interdiction de l’utilisation du DDT comme insecticide, les traités de réduction des armes nucléaires entre les Etats-Unis et l’Union soviétique et le protocole de Kyoto pour la réduction des émissions des gaz à effet de serre. Chaque livre utilise des arguments scientifiques pour discuter des affaires d’intérêt public. En plus, il partage une même vue globale holistique, c’est à dire inter-reliée, dans la mesure où chaque action influençant une partie du système peut influencer sur d’autres parties du système. Notre présent essai vise à étudier les contributions du confucianisme, du bouddhisme et du taoïsme, - autrement dit, le tam giáo des Vietnamiens- dans la pensée écologique globale. Mais l’on se demande d’abord sur ce que signifie l’écologie. L’écologie est étymologiquement la ‘ science de la nature’ (du grec oĩkos  : maison, et logos : discours). Bien que ce terme n’existe que depuis peu dans la langue française (il fut proposé au XIXe siècle par Ernst Haeckel, naturaliste disciple de Darwin), il véhicule un concept fort ancien, qui considère la nature comme notre ‘ maison commune’. Une maison aux pièces magnifiques : mers, forêts, montagnes, plaines, déserts... abritant des familles nombreuses et variées, formant ensemble ce que l’on nomme aujourd’hui un écosystème. Nous allons d’abord aborder sur les problèmes actuels d’ordre écologique puis voir comment les 3 religions ont répondu à ces enjeux.2. Les enjeux écologiques dans le monde d’aujourd’hui2.1. DéforestationLa déforestation est la résultante de nombreux facteurs tels que l’urbanisation, le transport, l’agriculture, l’industrie etc. Cette destruction du couvert végétal entraine de nombreuses conséquences : perte de la biodiversité, aggravation de l’érosion du sol, abaissement du niveau de la nappe phréatique, diminution de la vapeur d’eau atmosphérique dans l’atmosphère, augmentation des risques d’inondation ... La forêt constitue pourtant un réservoir génétique, sans lequel pas d’amélioration végétale. La forêt et le sous-bois contribuent aussi à la conservation médicinale. La forêt joue un rôle primordial dans lArrayxygène dans l’atmosphère. La forêt ou les parcs aident à diminuer la pollution atmosphérique2.2. Désertification De nombreuses régions d’Afrique ainsi que d’autres régions sèches du monde sont exposées à la désertification, dủ aux mauvaises pratiques de surpaturage, déforestation et mauvaises pratiques d’irrigation. 2.3. Réchauffement de la planèteAvec les industries polluantes utilisant du charbon comme énergie, l’émission des gaz à effet de serre est inévitable. Ces gaz (CO2, CH4..) forment une couche supérieure dans l’atmosphère, et emmagasinent la chaleur, d’où réchauffement. Ceci provoque la fonte des banquises, entrainant la montée des eaux de mer et risquent d’inonder les parties basses des deltas.  2.4. PollutionAvec la surconsommation, la surpopulation, les déchets sont plus abondants. Ils sont soit brulés, soit enfouis et occasionnent de la pollution des nappes souterraines. Les déchets des usines sont déversés directement dans l’eau sans aucune mesure de protection. De même, la pollution de l’air dans les grandes villes est une chose courante et occasionne des maladies du poumon ou des allergies. 3. Bouddhisme et écologie 31. Selon les 4 nobles vérités (tứ diệu đế) dont la première concernant la souffrance ou la douleur, nous savons que l’existence telle que nous la connaissons, est souffrance (khổ) : la naissance est souffrance, la vieillesse est souffrance, la maladie est souffrance, la mort est souffrance, être uni à ce que l’on n’aime pas est souffrance, être séparé de ce que l’on aime est souffrance. De nos jours, l’on assiste à une autre souffrance avec la détérioration du milieu vivant : désertification, fréquence des typhons, inondation, sécheresse, engendrant une crise alimentaire aigue. . Si nous interprétons la deuxième noble vérité, à savoir la cause de la souffrance (tập), l’on pourrait dire que la souffrance naît de l’envie. Le Bouddha estimait que les causes de la souffrance humaine proviennent de l’incapacité à percevoir correctement la réalité. Cette ignorance et les illusions qu’elle provoque conduisent à l’avidité des hommes, à leur désir de posséder davantage que les autres, à l’attachement.L’envie engendre le désir d’où l’avidité. Si on applique cette notion en écologie, l’on perçoit que l’avidité dans notre société de consommation entraine la détérioration des ressources naturelles, que ce soit la forêt, le bois, le pétrole, les ressources minières.. La troisième noble vérité est celle de la cessation de la souffrance (diệt) et la quatrième noble vérité est celle du chemin menant à la cessation de la souffrance (đạo).Ce chemin est le ‘noble sentier octuple’ (bát chánh đạo) : pour parvenir à la cessation de la souffrance, il faut pratiquer parfaitement les prescrits de moralité ou giới (parole correcte, activité corporelle correcte, moyens d’existence corrects), de discipline mentale ou định (effort correct, attention correcte, concentration mentale correcte) et de compréhension-sagesse ou huệ (opinion correcte, intention correcte) ; ce chemin permet d’atteindre le nirvana. En particulier, l’attention correcte ou chánh niệm (mindful awareness) de l’universalité de la souffrance produit de l’empathie compassionnelle à toutes les formes de vie. 32. Rappelons les 5 préceptes du bouddhisme (ngủ giới), à savoir :• S’efforcer de ne pas nuire aux êtres vivants ni retirer la vie, • S’efforcer de ne pas prendre ce qui n’est pas donné, • S’efforcer de ne pas avoir une conduite sexuelle incorrecte ─ plus généralement garder la maîtrise des sens, • S’efforcer de ne pas user de paroles fausses ou mensongères, • S’efforcer de ne pas ingérer tout produit intoxicant (drogue) diminuant la maîtrise de soi et la prise de conscience.Le premier précepte nous dit de ne pas nuire aux êtres vivants ni retirer la vie. Or, la destruction du couvert végétal implique aussi une destruction de la faune car celle-ci doit se servir des habitats naturels comme refuge. Avec la déforestation, la chasse, le braconnage, la faune s’amenuise de jour en jour. Comme conséquence directe, le monde assiste à la perte de la biodiversité 33. Les 3 poisons (tam độc). La religion bouddhiste cite souvent ces 3 poisons tels que l’avidité (tham), la colère (sân) et l’ignorance (si). Ces 3 poisons sont la racine qui est derrière nos souffrances. Pour éviter cette souffrance, lArrayerbes. Tous les textes des sutras ont fait directement allusion aux forêts de Shorea, de manguiers, de Bambous là où le Bouddha enseigne à ses disciples durant plusieurs années avant sa mort.3.2 . Taoïsme et écologie Des trois courants de pensée dominants dans la Chine ancienne (taoĩsme, bouddhisme, confucianisme), le taoĩsme est certainement celui qui reflète la plus grande sensibilité écologique, assez proche en certains points du courant ‘naturaliste’ qu’a connu l’Occident avec Lamartine ou Rousseau, qui enseignait ‘qu’on ne peut commander à la nature qu’en lui obéissant’. Le livre le plus connu du taoïsme est sans nul doute le Đạo Đức Kinh qui est encore une source d’inspiration pour ceux qui recherchent la perfection spirituelle sans être liés par un dogme religieux. Taoĩsme vient du mot Tao qui signifie voie, chemin. Le Tao (Đạo), est le ’Principe d’ordre’ de la nature toute entière, mais aussi de tout élément naturel qui se manifeste dans l’alternance régulière des saisons et dans celle des jours et des nuits. C’est le cycle du froid et du chaud, de l’ombre et de la lumière, du féminin et du masculin, du flux et du reflux des marées.. Le Tao façonne chaque chose grâce à sa puissance et sa vertu. Tout vient du Tao, il est au coeurr de chaque chose et c’est lui qui leur donne la vie. C’est la Vérité première et ultime, à la fois immanente et transcendante, qui est à la source de toute vie. Le mot Tao n’est qu’un terme commode employé pour nommer une chose essentiellement innommable et au-delà du pouvoir du langage : La Voie que l’on peut exprimer par des mots n’est pas la Voie éternelle .Les noms par lesquels il est nommé ne sont pas des noms éternels. (Đao Đức Kinh1)Alors que le Taoïsme est à l’origine des théories du Yin/Yang(âm dương) et des cinq éléments (Ngủ hành) à savoir le métal, le bois, l’eau, le feu et le métal (kim, mộc, thuỷ, hoả, thổ ), et a des implications un peu partout, que ce soit dans la géomancie, la gastronomie, l’art militaire , nous croyons que l’un des aspects les plus marqués en écologie du Taoïsme est sans doute le non-agir : Le non-agir ne signifie pas ne rien faire mais ne rien faire qui soit en contradiction avec la nature. Cela veut aussi dire de s’abstenir d’activités contraires à la Nature, de non-interférence dans le cours des choses. Le non-agir implique le respect de l’ordre naturel et allie mouvement et quiétude ; elle se contente de répondre naturellement aux stimuli sans prendre l’initiative. S’abstenir des activités contraires à la Nature veut dire concrètement que l’utilisation des ressources alternatives telles que énergie éolienne, énergie solaire, énergie hydraulique, autrement dit des ressources renouvelables doit être favorisée car l’énergie que nous utilisons de nos jours provenant des fossiles tels que charbon, pétrole produit des gaz à effet de serre, ce qui fait augmenter la température du globe. Or celle-ci fera fonder les calottes polaires qui induisent la montée des eaux marines, faisant inonder les deltas. La vertu du sage, appelé le ’non-agir’, est donc d’abandonner l’intention égoïste et passionnée de modifier l’ordre naturel. Le Tao, lui aussi, bien qu’il soit le créateur de toute chose, n’a aucune intention, aucun désir d’agir. Le taoïsme suit ses propres préceptes : fluide comme l’eau, vieux comme la mer, difficile à fixer dans des mots, impossible à enfermer dans une catégorie, particulièrement rétif à la systématisation, il imprègne et fertilise tout ce qu’il touche et réapparaît où on ne l’attendait pas. Le sage est une personne en union avec le Tao. Son mode d’opération suit le modèle du Tao, qui est en fin de compte le ‘non-agir’ Dans ses actes, le sage pratique le ‘non agir’,

Il répand l’enseignement sans parler.

Tous les êtres viennent à lui et il ne les rejette pas.

Il agit et ne garde rien.

L’oeuvre accomplie, il ne s’y attache pas.

Et précisément parce qu ‘il ne s’attache pas, il ne perd rienDaodejing 2De nos jours, la difficulté principale concernant la protection de l’environnement et le développement durable est la consommation effrénée des ressources. Dans les pays industrialisés et dans certaines couches nanties des pays en voie de développement, la consommation des ressources naturelles est un phénomène commun : chaque foyer a au moins 2 appareils de télévision, 2 ou 3 voitures, des appareils vidéo, téléphone cellulaire, appareils d’exercices physiques. Cette consommation d’objets de luxe est signe de succès, de richesse .Cependant, au-delà d’un certain seuil, la richesse n’a plus de relation directe avec le bonheur (Maslow 1954)En effet, la consommation excessive accélère l’épuisement des ressources naturelles et exerce une grosse pression sur l’environnement. Dans son livre Notre pays, la planète (Our country, the Planet), S. Ramphal, president du World Conservation Union, maintient que la question de la consommation est centrale à tous les problèmes de la crise environnementale. .L’impact de l’homme sur la biosphère produit un stress environnemental et met en danger la capacité de notre planète pour un développement durable.Le Taoïsme nous conseille d’avoir une vie simple, frugale. Ceci veut dire peu de gaspillage, donc peu de recyclage. En effet, la surconsommation créée des déchets, utilise des ressources dans les entrailles de la Terre, telles le fer, le cuivre, l’aluminium. Avec la surpopulation de nos jours et une consommation effrénée, l’on se rend compte que l’empreinte écologique devient insupportable pour notre planète. La capacité de charge de notre écosystème est dépasséeParmi les vertus taoïstes positives sont mentionnées la modestie (humilité), la frugalité, le contentement, la compassion :L’amour excessif entraine un grand gaspillage

Emmagasiner trop entraine certainement de lourdes pertes

Connaitre assez n’est pas disgrâce

Savoir quand s’arrêter évite le danger

L’on est ainsi capable de durer  Daodejing 44J’ai trois trésors que je détiens et protège

Le premier est l’amour compatissant ;

Le deuxième est l’économie

Le troisième est le refus de me mettre en avant dans le monde

Avec l’amour compatissant on peut être courageux ;

Avec l’économie on peut être généreux ;

En refusant de se mettre en avant, on peut prendre la tête des hommes de talentDaodejing 67Pour le taoïsme, l’homme fait partie intégrante de la nature, et en cette qualité, il doit vivre en harmonie avec le reste de l’univers. Même dans l’art chinois classique, on retrouve toujours cette harmonie écologique entre l’homme et la nature : les peintures placent volontiers des êtres humains au milieu des montagnes, des fleuves, des brumes et des forêts, leur rendant ainsi leur vraie dimension par rapport à la création, par contraste avec la peinture occidentale qui met l’homme et ses créations au premier plan, tandis que la nature reste le plus souvent reléguée au rang de décor. Un autre exemple est celui des jardins traditionnels chinois ou japonais, où le travail du jardinier se veut une simple touche apportée à un chef d’oeuvre naturel, par opposition aux jardins ‘ à la française’, dont la structure géométrique ne laisse aucun doute sur le passage du jardinier, ni sur sa volonté de dominer les éléments. L’harmonie et la quiétude dans les jardins orientaux invitent à la contemplation et la méditation. La pierre, l’eau et la plante conjuguent pour donner au jardin une saveur de sérénité, une saveur zen. 3. 3. Confucianisme et écologie Selon les Anciens le Monde est constitué de ’trois puissances’ : le Ciel, la Terre et l’Homme. Chaque homme est l’intermédiaire religieux entre le Ciel et la Terre, mais seul le ’Fils du Ciel’, c’est à dire le Roi, est habilité à jouer pleinement ce rôle.Le confucianisme prône aussi la bienveillance (nhân) qui, dans le sens large du mot, englobe non pas uniquement l’amour entre les êtres humains mais aussi le règne végétal et animal . Dans le présent contexte de mondialisation, ce principe revêt une valeur inestimable pour l’écologie sociale, l’éthique environnementale et le développement durable. Avec le néo-confucianisme,-confucianisme empreint d’autres courants métaphysiques/ philosophiques tels le taoïsme et bouddhisme- les deux notions de et Khí sont deux catégories fondamentales, tout comme la matière et énergie dans la pensée occidentale. Dans l’Univers, il y a le principe cosmique Lý (forme, ordre, régularité) qui existait avant la création de l’univers physique et la matière Khí (souffle de la vie). Alors que le Lý est le principe permanent, immuable derrière n’importe quoi, le Khí (Ch’i en chinois) est sa force matérielle. Là où il y a matière Khí, on trouve également Lý. De même, il ne peut, sans Lý, y avoir de chose matérielle (Khí) correspondantes. C’est le Lý qui est en relation totale avec l’homme et l’univers. L’univers est le résultat des phases de mouvement et de repos de la force matérielle, du Khí, se succédant sans interruption. Le Khí en mouvement est Yang, le Khí en repos est Ying .Leur conjonction donne naissance aux 5 éléments (Terre, Eau, Métal, Bois, Feu) dont les infinies combinaisons créent le monde matériel à travers ses cycles de création (exemples : la Terre nourrit le Bois) et de destruction (exemple : l’Eau supprime le Feu) qui influent sur l’harmonie de la nature. 4. Trouver une harmonie entre l’homme et la NatureLes désastres écologiques de nos jours sont dus à la destruction de l’équilibre de la nature La surpopulation vivant sur des espaces de plus en plus restreints a rompu la capacité de charge des écosystèmes. Notre empreinte écologique visant à traduire l’impact d’activités humaines sur notre planète et traduisant la quantité de ressources nécessaires pour la consommation individuelle, a été dépassée. En effet, la moyenne mondiale est d’environ cinq terrains de foot par personne, alors que la Terre avec ses 6 milliards d’habitants, offre trois ou quatre terrains de foot par personne ! Nous consommons donc plus que ce que la Terre peut nous offrir à long terme. Et cet espace vivant se rétrécit au fur et à mesure de l’accroissement de la population du globe. C’est cette explosion de la population qui est la source des déforestations massives, des coupes de bois sans merci même dans des forêts amazoniennes du Brésil ou dans des forêts pluviales tropicales de Sumatra. Le végétalisme au secours de l’environnement. L’élevage bovin consomme beaucoup d’espace ; il est la cause de déforestations massives, il consomme plus de 8% des utilisations humaines d’eau à l’échelle mondiale, eau destinée à l’irrigation des cultures fourragères et il est à l’origine d’un important dégagement de gaz à effet de serre dû à l’expansion des pâturages et des terres arables pour les cultures fourragères, à la fermentation des ruminants et au fumier.5. Conclusions Ainsi, les 3 religions, que ce soit le bouddhisme, taoïsme ou confucianisme, tous les trois prônent une vie simple, frugale, respectueuse de l’environnement .Une économie forte doit se reposer sur un environnement sain. L’un ne va pas sans l’autre .En effet, l’environnement sain influe sur la santé des travailleurs sans quoi la productivité baisse. Consommons mieux et jetons peu ! La règle des trois R : réduire, réutiliser et recycler. La meilleure façon de réduire, c’est encore de consommer moins. Achetez des produits durables, réparez les articles défectueux et donnez ce qu‘on n’utìlise plus à d’autres personnes qui en feront bon usage. Le compostage aide à éliminer des ordures ménagères .Économisons l’énergie et réduisons nos transports, tout en favorisant les transports en vélo, la marche pour diminuer le Co2 dans l’air Respectons nos ressources, c’est notre héritage ! L’air, l’eau, la terre et la forêt sont nos ressources. Apprenons à les respecter ! Protéger notre eau, l’économiser, en être le fier propriétaire et savoir la partager. Cultiver la terre tout en la protégeant contre l’érosion, protéger nos forêts et s’engager à réduire la pollution de l’air que nous respirons.Devenons des agents de changement ! La somme des petites actions individuelles peut devenir un vent de changement qui influera sur les politiques futures .Favorisez les producteurs qui agissent de manière responsable en matière d’environnement. http://ttntt.free.fr/ (site en vietnamien)Source : http://ttntt.free.fr/archive/thaicongtuung2.html Retour au début du sommaire


  • Taoïsme et principe de précaution - Catherine Delacour, conservateur en chef au musée national des Arts asiatiques Guimet.
    La philosophie et les préceptes taoïstes préconisent un comportement moral, sociétal et « écologique » particulièrement développé dès le IVe siècle avant notre ère. Curieusement, certaines de ces valeurs ne sont pas sans faire écho à la définition du principe de précaution. Il convient cependant de se garder d’une assimilation, car elles se fondent sur une autre conception du monde et, de plus, appartiennent à une autre époque (1). «  [...] Lorsqu’on trouble l’ordre du monde, offensant la nature des êtres, le vaste ciel ne peut plus agir. Les animaux se dispersent, les oiseaux crient la nuit. Des calamités sans nombre s’abattent sur les plantes et déciment jusqu’aux insectes [...]

    «  [...] Quels désordres ne provoque pas dans l’univers le culte de la science [...] Nous avons perdu la sérénité du non-agir pour nous délecter dans les vaticinations de la pensée ; et ces vaticinations ont mis le monde à feu et à sang.  »IVe siècle avant notre ère, Zhuang zi, chap. XI, trad. Jean Levi «  ... [...] Qui se conforme au dao avance vers la longue vie ; celui qui agit de façon contraire au dao prend le chemin inverse [...]  »XIIe siècle de notre ère, Ganying pian, trad. Vincent GoossaertDans le concept du principe de précaution interviennent trois facteurs principaux : la notion d’un danger possible « pour l’environnement ou la santé humaine, animale ou végétale », celle de son évaluation et, enfin et surtout, dirais-je, celle d’une autorité compétente qui prend la décision d’agir ou de ne pas agir.Ces notions ont des échos taoïstes indéniables pour les spécialistes d’une doctrine au sein de laquelle le non-agir est érigé en principe de sagesse et les préoccupations environnementales profondément ancrées dans les comportements humains. Ce seront donc les deux pôles de cette étude, qui ne peut être qu’un survol, vu son ampleur, mais dont nous espérons néanmoins qu’ils apparaîtront aux lecteurs dans l’essentiel de leurs caractéristiques.Dao et daoïsme/taoïsmeLe dao, le ciel, la terre et l’hommeLe taoïsme est une doctrine polymorphe, tout à la fois philosophique et religieuse, en même temps qu’art de vivre et de culture de soi. Née au cours d’une période troublée, dite des « Royaumes combattants » (c. 481-220 av. notre ère), elle n’a cessé d’évoluer jusqu’à nos jours, tout en ne s’écartant jamais de sa dévotion à la Voie 2 (chin. dao) et à sa vertu (ou efficience, chin. de).Trois livres fondateurs en exposent les concepts fondamentaux : le Laozi ou « Livre de la Voie et de son efficace », (chin. Daode jing) ; le Zhuang zi, et le « Livre du prince de Huainan » (chin. Huainan zi). Ces textes, dont la rédaction s’échelonne du IVe au IIe siècle avant notre ère, présentent un panorama complet de la façon dont l’homme taoïste se conçoit au sein de l’univers, lequel est tout entier traversé par le dao - « si vaste qu’il ne comporte pas de fin, si ténu qu’il s’insinue partout. [...] complet et diffus dans les dix mille êtres. [...] », (Zhuang zi, # 13) -, et qu’il appartient au saint, au sage ou encore à l’homme véritable d’embrasser, devenant alors un modèle pour toutes les créatures, tandis que la « Voie prend modèle sur ce qui est tel par soi-même », à savoir le « spontané » ou le naturel, ziran (Laozi, # 22).Le dao est cette réalité ultime, ineffable, dont tout procède : « Le Dao engendra l’Un / L’Un engendra le Deux / Le deux engendra le Trois / Et le Trois les dix mille êtres / Les Dix mille êtres adossés au yin tiennent le yang embrassé / De l’union de leurs souffles (qi) naît l’harmonie » (Laozi, # 42). Le « Un » est assimilé au souffle indifférencié originel, yuanqi, le « Deux » à sa polarisation en énergies yin et yang, et le Trois à la transformation des dix mille êtres que symbolise la triade Ciel, Terre, Homme. « Le spontané  » est assimilé au cours naturel des choses, à la nature foncière de tout être et toute chose qu’il convient précisément de ne pas entraver, la nature étant en quelque sorte l’« efficace » (chin. de ) du dao.Le système des correspondances : la cosmologie corrélativeC’est donc par le souffle et ses énergies opposées et complémentaires que s’accomplissent toutes les transformations de l’univers. À l’instar du dao, il est présent partout : ainsi les êtres humains partagent-ils tous une communauté d’être avec le reste du monde. Les transformations induites par le yin et le yang, mises en relation avec le temps (les quatre saisons), l’espace (les quatre orients et le centre) et la matière (les cinq éléments, eau, feu, bois, métal et terre) ont constitué un système de correspondances particulièrement vaste, reliant entre eux divers phénomènes regroupés selon leurs affinités et susceptibles d’agir l’un sur l’autre en résonance : orient, planète, saison, couleur, saveur, note de musique, vertu, émotion, viscère, etc.Ces spéculations, qui appartiennent au fonds commun de la pensée chinoise, occupent une place privilégiée dans la représentation des cieux, des figures de l’espace et du temps, constitutives de la culture taoïste ainsi que dans ses liturgies et pratiques de longue vie, en particulier l’alchimie intérieure.Le « non-agir »L’énoncé brut...Le « non-agir  » (chin. wuwei), traduit aussi par « non-faire », est un concept dont la traduction, tout en lui conférant une certaine notoriété, lui ôte les multiples et significatives nuances dont il est porteur en chinois.En première lecture, c’est en effet l’image d’un quiétisme, d’une paresse ainsi que d’une complète indifférence au monde que suscitent les énoncés :«  Le sage connaît sans bouger / Comprend sans voir / Œuvre sans faire », Laozi # 47 ;«  [Le saint...] demeurant silencieux sans agir, il n’est rien qu’il n’accomplisse, détaché sans intervenir, il n’est rien qu’il ne mette en ordre  », Huainan zi, # I-4b.Il est dit aussi que le saint « préserve sa vie » quand le monde est en désordre et que s’il attire les hommes, lui n’a, en revanche, « aucune raison de s’occuper d’eux  ».... et ses modulationsMais, entre-t-on un peu plus avant dans les textes, que s’impose une autre image, toute de bienveillance, d’amour et de compassion à l’égard des êtres, tandis que le non-agir se révèle au contraire pleinement en phase avec le monde :« Le sage sait venir en aide aux hommes et c’est pourquoi il n’en écarte aucun », Laozi, # 27 ; compatissant, id. # 67, en paroles il choisit « la vérité  », en politique, « le bon ordre  », en affaires, « l’efficacité » et dans l’action, « l’opportunité » ; id. # 8.« Il sait discerner le danger, rester calme dans l’adversité [...] se plier aux nécessités, agir en tout de façon appropriée », Zhuang zi, # 17. Et, « [...] comme il fait preuve de circonspection dans l’action, c’est pourquoi toutes ses entreprises sont couronnées de succès », aussi, « en ne négligeant pas la part céleste qui est en l’homme, ni d’un autre côté sa part humaine, l’humanité parviendra à renouer avec l’authenticité / sa vraie nature... », id. # 23, 26 et 19. Le prince de Huainan ajoute enfin que l’homme véritable, « en résonance créatrice et transformatrice avec l’univers tout entier  », apprend à observer, « afin de reconnaître les moments appropriés pour entreprendre ou renoncer, choisir ou rejeter [...]  », # 21- 6a, « [...] répond aux changements [...]... se refuse à suivre le tracé d’une seule route, à s’enfermer dans l’angle étroit d’une seule idée, à se laisser lier par l’implacabilité des choses [...]  », # 21-10a.Il est faux d’affirmer, dit-il, que le non-agir est silence, immobilité, indifférence : les grands saints de l’Antiquité qui ont tant œuvré pour les hommes 3 n’ont-ils pas fait autre chose que de suivre ce principe ? « [...] lorsque l’intention individuelle ne vient pas interférer avec le dao commun, que désirs et convoitises ne viennent pas distordre le droit chemin, lorsqu’on entreprend les choses en fonction de leur principe interne [...] en conformité avec leur nature propre  », c’est cela le non-faire, # 19-4b.Et sur le plan purement éthique, le sage œuvre : « pour le bien des hommes  », # 3a ; « par souci de leur être bénéfique et de les débarrasser de leurs maux  », et « non pour son intérêt propre et particulier  », # 5a et 6b.Les préceptesDéfinitionCette autre facette du taoïsme, moins connue, figure en ordre dispersé au sein des grands textes fondateurs et l’on y reconnaît quelques éléments des « Observances saisonnières », (chin. Yueling) des Xia 4. Elle sera codifiée en divers règles ou interdits répondant au terme général de préceptes (chin., jie) au sein de listes rédigées à l’intention des adeptes laïques et/ou religieux, au fil des siècles et de la création des différentes écoles qui constituent le taoïsme.Ces listes, révélées à différentes époques, comportent près de 80 textes d’une lecture austère. Elles offrent, canalisées sous forme de règles de conduite et dans une vision synthétique, tout l’éventail des préoccupations morales, sociétales et environnementales déjà abordées dans les trois ouvrages fondateurs précédemment évoqués. Réunies sans ordre apparent, elles visent les adeptes des communautés laïques, les libateurs 5 des différentes écoles ou les membres de communautés monastiques.La tonalité est donc variable, mais en dépit de cela et des modifications ou adjonctions faites au cours des deux millénaires de leur histoire, on constate une remarquable continuité. Ainsi, le Taishang ganying pian, « Traité sur la résonance des actes par le Très Haut », petit cahier de moralité, d’origine taoïste, mais conçu à l’usage de tous, régulièrement réimprimé, est un compendium de ces préceptes et contient l’essentiel de ce que tout Chinois doit savoir et faire s’il souhaite obtenir longue vie et prospérité pour lui et ses descendants et ne pas susciter la colère du ciel 6.Les proscriptions générales contre le vol, le mensonge, l’assassinat, l’ambition, la débauche des sens et les incitations à des comportements vertueux et altruistes sont mises sur le même plan que l’énoncé des règles visant à la préservation des sols, des eaux, des montagnes, de la vie animale et végétale ainsi que de la santé humaine.Les cent quatre-vingts préceptes du seigneur Laojun, Laojun yibai bashi jieCompilés définitivement au Ve siècle, ils ont dû être mis en forme dès le IIIe siècle de notre ère 7. C’est un texte fondateur dont les règles seront reprises sous une forme ou sous une autre dans les deux autres collections majeures de cette nature, y compris les plus récentes.En voici quelques extraits liés à l’écologie au sens large :« [...] Ne pêchez ni ne chassez, blessant et tuant la foule des êtres vivants / Ne consommez pas de la viande d’animaux que l’on aurait tués pour vous / N’élevez ni cochon ni mouton / Ne frappez aucun des animaux domestiques / En hiver ne creusez pas la terre où des animaux hibernent / Ne montez pas aux arbres dénicher les oiseaux et gober les œufs [...]  »« [...] Ne mettez le feu ni aux champs, ni aux terres en friche, ni aux montagnes, ni aux forêts / N’abattez pas les arbres sans raison / Ne ramassez ni fleurs ni simples sans raison / Ne creusez pas d’excavations qui détruiront montagnes et rivières / N’asséchez pas les marais et voies d’eau / N’obstruez ni les puits ni les mares / Ne jetez pas de substances empoisonnées dans les lacs, les puits, les rivières et la mer / Rien de sale ou de souillé dans les puits publics [...]  »«  [...] Ne jetez pas de nourriture au feu / N’utilisez pas de papier pour écrire, sans raison / Ne fabriquez pas de poison, ni n’en gardez chez vous [...] »Ressemblances et dissonancesAinsi qu’on a pu le découvrir à travers ces lignes, les « ingrédients » de base du principe de précaution - existence de préoccupations de type écologique et étude subtile du mécanisme de la prise de décision - sont bien présents dans le taoïsme. Cependant, les deux phénomènes ne sont jamais mis en relation et pour cause : d’une part, l’action non intrusive et réfléchie qu’est le non-agir ne relève d’aucune instance politique ou gouvernementale et, au lieu d’être une procédure d’exception, se doit au contraire d’être la règle ; d’autre part, la survenue du risque humain ou environnemental est absente des préoccupations 8, du seul fait que les préceptes sont des comportements conseillés qui s’adressent à des adultes responsables sachant pertinemment ce à quoi ils s’exposent s’ils y contreviennent : temps de vie écourté selon un barème progressif, malheurs et calamités pour soi, sa famille ou ses descendants et, la théorie des correspondances aidant, mise en route d’une réaction en chaîne qui déborde les simples liens familiaux.Sans compter le plus terrible des châtiments, celui de se priver à jamais de parvenir à faire retour au dao, d’atteindre à cet état de sage, d’homme véritable ou de saint qui n’est autre que la plus haute transformation de l’être, celle du transcendant, autrement dit l’immortel 9 taoïste.Bibliographie

  • Lao-Tzeu, La Voie et sa vertu, Tao-tê-king, texte chinois présenté et traduit par François Houang et Pierre Leyris, Seuil, 1979.
  • Lao tseu, Le Daode jing, « Classique de la Voie et de son efficience  », traduit par Rémi Mathieu, Entrelacs, 2008.
  • Tchouang-Tseu, Œuvre complète, traduction, préface et notes de Liou Kia-hway, Gallimard/Unesco, 1969.
  • Les œuvres de Maître Tchouang, traduction de Jean Levi, Éditions de l’Encyclopédie des nuisances, 2010.
  • Huainan zi, Philosophes taoïstes II, texte traduit, présenté et annoté sous la direction de Charles Le Blanc et Rémi Mathieu, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2003.
  • Livia Kohn, Cosmos and Community : The Ethical Dimension of Daoism, Dunedin (Floride), Three Pines Press, 2004.
  • Kristofer Schipper, La religion de la Chine : la tradition vivante, Fayard, 2008.
  • Vincent Goossaert et Caroline Gyss, Le taoïsme, la révélation continue, Gallimard, 2010.




  • Même si l’on peut raisonnablement espérer qu’après le choc de la révolution culturelle et l’essor économique sans précédent qui l’a suivie, cette sagesse plurimillénaire, peu à peu, ne reste plus confinée aux seules communautés taoïstes renaissantes.

  • Le mot dao, à l’origine, signifie « chemin, manière de faire une chose ou manière dont une chose se comporte ».

  • Héros civilisateurs, ils auraient vécu aux temps mythiques de l’âge d’or de la Chine. Ils sont considérés comme les parangons du non-agir et de l’adaptation à la nature.

  • Sorte d’almanach agricole et rituel supposé avoir été élaboré sous la dynastie des Xia (2207-1766 av. notre ère).

  • Le libateur est le chef laïque des communautés taoïstes non monastiques.

  • L’introduction expose les différents maux et calamités auxquels s’exposent les fautifs. C’est une sorte de récapitulatif de toutes les croyances chinoises en la matière. Cf. Vincent Goossaaert et Carolyne Gyss, 2010, p. 113-114.

  • Cf. Kristofer Schipper, 2008, p. 164.

  • Le seul risque évoqué nommément est la guerre, fustigée et que l’on ne fait qu’en dernier ressort ; seulement cette calamité n’est pas prise en compte dans l’actuel principe de précaution.

  • Traduction minimale du terme chinois xian. Il est ici question d’un état particulier d’énergie cosmique auquel atteint le transcendant, en lequel il peut entrer à loisir et qu’il peut quitter de même.

    Autres publications de l’auteur :Montagnes et eaux, le paysage dans la peinture chinoise Une version tardive du triomphe indien de Dionysos ? Essai d’interprétation de quelques-uns des panneaux historiés d’un monument funéraire chinois en pierre du IVe siècle de notre ère Réflexion sur le rôle et le sens de l’or dans la steppe in Mongolie, le premier empire des steppeshttp://www.constructif.fr/etre-informe.html - Informations légales - Inscription / Désinscription newsletter - Contact - Plan du site Source : http://www.constructif.fr/bibliotheque/2010-11/taoisme-et-principe-de-precaution.html?item_id=3058 Retour au début du sommaire

  • Chine : comment vivre son milieu ? – Par Pierre Gentelle - Dans Les Sentiments de la nature (1993), pages 9 à 30
    Le titre de cette contribution n’est pas qu’un jeu de mots facile, milieu, Milieu. Comme tout jeu avec les mots, il est porteur de sens. La Chine, Zhongguo, le Pays (Guo) du Milieu (Zhong), le Pays situé au Centre (Zhong). Zhong signifie aussi « parmi ». Cette expression de base d’une relation centrale entre la Chine et sa situation dans la nature (= cosmos) a fait l’objet de mille gloses, auxquelles il est difficile d’ajouter un iota. On voudrait donc la situer ici par rapport à la vie actuelle des Chinois. Vivre son milieu, pour chacun, c’est expérimenter chaque jour la qualité et l’intensité d’une insertion dans la nature, c’est chaque jour aussi percevoir le degré d’intégration à sa propre culture. L’homme en société vit sans cesse et en même temps la nature et la culture, même quand il se trompe dans l’idée qu’il s’en fait. Jusqu’aux Temps modernes, et de nos jours encore, se conformer à la nature, pour un Chinois, revenait à se conformer à sa propre nature. Réciproquement, agir selon sa propre nature était la manière correcte de se conformer à la nature, à condition que l’homme respecte les rites (rites : pour simplifier, les règles de sa relation au cosmos). Alors, tout devenait bon pour lui. En un raccourci peut-être un peu provocant, il n’existait ni péché originel ni pollution de l’environnement.

    De nos jours, la société chinoise est partagée, dans ses croyances et ses comportements, entre plusieurs conceptions du rapport au monde qu’entretient l’individu dans sa vie…Il vous reste à lire 97 % de ce chapitre. Acheter l’ouvrage 14,99€ 250 pages, électronique uniquement html et feuilletage (par chapitre) - Acheter ce chapitre 5,00€ 22 pages, électronique uniquement html et pdf - Mis en ligne sur Cairn.info le 04/10/2016 Source : https://doi.org/10.3917/dec.bourg.1993.01.0009 - Source https://www.cairn.info/les-sentiments-de-la-nature-1993—9782707122254-page-9.htm?ref=doi Retour au début du sommaire


  • De l’éthique environnementale à l’éthique de la vie : Dialogue transculturel autour de Zhuangzi – Par Dandan Jiang - Dans Rue Descartes 2011/2 (n° 72), pages 92 à 104
    Construire une philosophie ou une culture écologique devient une nécessité globale à notre époque. En même temps, il importe de ne pas la transformer en une idéologie unilatérale et étroite. Il s’agit au fond de trouver un équilibre entre la culture de soi (l’éthique de la vie), l’attention aux autres et l’attention à la nature. Il importe non seulement de dépasser des étiquettes superficielles des nouvelles éthiques concernant l’environnement, mais aussi de réexaminer des ressources spirituelles dans la pensée chinoise de manière à mener un dialogue profond avec la philosophie occidentale. En ce sens, les courants de pensée ayant émergé en France à partir de l’après-guerre qui ramènent la philosophie à la vie concrète, nous paraissent enrichissants pour promouvoir des possibilités de dialogue transculturel avec la pensée traditionnelle chinoise, qui donne également à ces préoccupations une place centrale.La crise écologique ne se réduit pas à une crise de « l’environnement » ; elle est une crise de civilisation – comme symptôme des « apories » d’un processus de civilisation qui s’est construit contre « le naturel ». Cette crise s’est aggravée avec les terreurs de xxe siècle et les paradoxes de la modernité, à l’origine desquels se trouvent le « logocentrisme » et le clivage dualiste de l’action unilatérale entre un sujet seul agent et un objet passif. En Chine contemporaine, la période de la Révolution Culturelle (1966-1976) a marqué une rupture radicale avec la pensée traditionnelle (qui insistait sur l’unité ternaire « homme-terre-ciel »), en définissant le rapport entre l’homme et la nature comme « l’homme triomphe forcément du ciel (c’est-à-dire la nature) ». Cette conception a eu des conséquences écologiques catastrophiques. Depuis les années quatre-vingt-dix, la conscience écologique commence à occuper une place grandissante dans les préoccupations des intellectuels chinois ; des études ont été publiées, parfois dans des perspectives comparatistes. Le paradigme de l’éthique écologique va avant tout à l’encontre de l’idéologie de la marchandise, qui a remplacé les idéologies politiques tombées en faillite durant ces dernières décennies. Les désillusions qu’elles ont engendrées ont suscité l’idée univoque du « développement » conçu seulement sous l’angle de l’enrichissement matériel. Le philosophe Li Xinfu est le premier en Chine à utiliser le terme « d’esthétique écologique » en 1994, et à partir de 2000, un certain nombre d’ouvrages ont été consacrés à ce sujet [1]. Plusieurs institutions, dont le Centre de recherche sur la théorie esthétique à l’Université de Shandong, les départements de philosophie de l’Université de Pékin, de l’Université Normale de la Capitale et de l’Université de Xiamen, dynamisent ce domaine de recherches. Plusieurs colloques ont eu lieu ces dernières années en Chine concernant l’éthique et l’esthétique liées à la préoccupation écologique [2], qui proposent parfois des regards croisés entre Orient et Occident (issus surtout des échanges avec des spécialistes anglo-saxons et du Canada). Shen Qingsong [3] a très bien relevé cette nouvelle tendance dans la recherche chinoise : « Cette écologie chinoise se fonde sur les ressources de la cosmologie commune au confucianisme et au taoïsme, même si c’est souvent la dimension taoïste qui est privilégiée [4] ».Et le philosophe et sinologue Thierry Meynard a clairement démontré que ce respect de la nature s’ancre pour certains dans une vision « confucéenne », pour laquelle « les choses aussi bien que les hommes communiquent avec “le divin” sans séparation aucune. Toute réalité de ce monde, que ce soit la moindre herbe ou brique, renferme un principe divin qu’il faut respecter [5] ». Vu de près, nous constatons qu’un certain nombre d’écrits concernant l’esthétique environnementale en voie de construction dans la Chine contemporaine puisent leurs sources dans la cosmologie traditionnelle ; néanmoins ces études risquent souvent de rendre cette dernière superficielle, en l’abordant depuis une nouvelle vision marquée de l’influence anglo-saxonne de « l’écologie profonde » (Deep ecology).Le philosophe norvégien Arne Næss (1912-2009) a fondé dans les années soixante-dix « l’écologie profonde », un mouvement philosophique et politique caractérisé par un ensemble de principes, de normes et de valeurs extraits d’une interrogation en profondeur sur les fondements de la culture occidentale (religieuse, industrielle, etc.), et susceptibles d’inspirer des actions respectueuses de l’environnement. En opposition à l’écologie « superficielle » dont l’unique caractéristique est la « lutte contre la pollution et l’épuisement des ressources » et selon laquelle « une action décousue sur les structures économique, sociale et technologique est adéquate » pour résoudre la crise environnementale, « l’écologie profonde » propose un retour aux prémisses ultimes des actions humaines, et la transformation fondamentale de la vision de l’homme vis-à-vis du monde. Cette nouvelle vision du monde conduit à « s’interroger de manière originale sur ce qu’est la nature, sur ce qu’est l’homme et sur la façon dont ce dernier devrait vivre au sein de son environnement naturel [6]. »Le premier principe de « l’écologie profonde » d’Arne Naess a été posé la première fois en 1973 ; il porte sur le rapport entre l’homme et l’environnement dans l’horizon biosphérique, suivant certaines conclusions de « l’écologie scientifique » : « Rejet de l’image de l’homme-au-sein-de-l’environnement en faveur de l’image rationnelle de champ de vue total. Les organismes sont des nœuds au sein du réseau où chaque être soutient avec l’autre des relatons intrinsèques […] [7] ». Ce principe a été très critiqué dans les années quatre-vingt pour « laisser place au principe plus faible selon lequel la vie humaine et la vie non humaine possèdent une valeur intrinsèque » ; ainsi, Naess a-t-il commencé à redéfinir sa propre philosophie écologique, qui cesse d’être une doctrine spécifique pour devenir une « plateforme » pluraliste [8].Ce mouvement de « l’écologie profonde » a été remis en question, à cause de sa dimension tantôt biocentrique, tantôt anthropocentrique. Certains déplorent qu’il manque une véritable réflexion philosophique sur l’éthique environnementale en France, alors que nous trouvons qu’il faut justement dépasser les étiquettes superficielles des nouvelles éthiques concernant l’environnement, pour trouver des ressources dans la philosophie française contemporaine ; dans cette perspective, nous proposons de mettre des philosophes contemporains français, tels que Pierre Hadot et Michel Henry, en dialogue avec les philosophes chinois dits taoïstes, en suivant l’orientation d’une redécouverte de l’« éthique de la vie ».Michel Henry a repensé l’histoire métaphysique occidentale selon les termes d’une métaphysique de « la volonté de la volonté [9] », et il indique que les nuisances que la technique porte sur la nature sont liées à « l’illusion » que l’homme a de pouvoir changer la physionomie de la terre. Il révèle que cette illusion renvoie à la pensée de la « Philosophie du sujet », c’est-à-dire de l’homme se considérant comme un Sujet qui règne, dominant le monde ; dans cette perspective, le monde objectivisé doit subir absolument le contrôle de l’homme en tant que sujet, particulièrement le contrôle technologique. Pour sortir de ce dilemme de civilisation, il faudrait rejeter, toujours selon le même philosophe, la subjectivité dominante, la volonté subjective de contrôler le monde avec le progrès de la technologie, pour transformer la nature avec la rationalité instrumentaliste.Or, c’est le parallèle que je propose : le « maître » taoïste Zhuangzi a opposé le régime de « l’homme » à celui du « ciel », en appelant à suivre « les lois de la nature » : ce qui veut dire entrer dans le régime du « ciel » (synonyme ici de nature sans connotation religieuse). Cet accès au régime de la nature est indispensable pour atteindre à un stade de « perfection » : chez Zhuangzi, toute perfection, même celle de l’homme, de son être au monde, ou de la politique, relève de la nature. Ce dernier a très tôt relevé les dangers des transformations « anthropisées » de la nature, à une époque où la technologie connaissait des progrès notables. Sous forme d’un dialogue fictif, cette « leçon » sort de la bouche d’un vieux sage (« Grand’Voile », Hongmeng) s’adressant à un « gouverneur » (« général des nuages », Yun Jiang) troublé par des phénomènes naturels déréglés apparus dans son pays : « Troubler la loi du ciel, contrarier les sentiments des êtres, c’est empêcher la nature de s’accomplir. Alors les quadrupèdes se dispersent […] les herbes et les arbres en subissent les effets désastreux et la catastrophe atteint aussi les insectes. Ah, la faute en est à qui veut gouverner [10] ». La faute est ici en l’occurrence, le mode de penser désirant « maîtriser » et contrôler le monde, transformer la nature au moyen des actions humaines. Zhuangzi propose le mode du non-agir », qui ne signifie pas la « non-action », mais un modèle de pensée basé sur le « naturel », sans vouloir s’imposer au monde naturel. Il s’agit de ne pas perturber l’équilibre naturel, grâce à une pensée de « la totalité », et de suivre la loi de la nature, sans imposer d’interventions ; ceci suggère un respect de la nature, et de prendre la nature comme exemple de la vie humaine. En même temps, il propose un « dépouillement » intérieur, pour obtenir « la santé de l’esprit » (toujours dans le même passage) : « Relâchez votre cœur, laissez aller votre esprit, anéantissez votre âme et les êtres différents du monde retrouveront leur racine commune [11]. » Ainsi, une éthique de l’environnement se construit sur une éthique de la vie, « une culture de soi » ; au fond, est-ce que cela n’implique-t-il pas de construire « une écologie de l’esprit » (pour reprendre le terme de Gregory Bateson [12]) ? Il importe d’examiner de près les moyens auxquels Zhuangzi recourt pour y parvenir. La formulation « Oublie tes formes corporelles, mais aussi abandonne l’intelligence » suggère un abandon de l’intellect, qui cherche à imposer des interprétations, des interventions sur le monde naturel. Par le moyen de « l’oubli de soi » et du « jeûne » spirituel, Zhuangzi amène l’homme à retourner à la « simplicité ». Il fait appel également au « non-savoir » : « Qui retrouve sa racine dans le savoir ne s’écartera pas de l’indistinction primordiale, alors que qui prend conscience de sa racine en est définitivement écarté. Ne leur donnez pas de nom, ne cherchez pas à savoir ce qu’ils sont et les êtres naîtront tout naturellement [13]. »Zhuangzi met ailleurs en dialogue un disciple de Confucius, Zigong, avec un vieux jardinier, qui arrose son potager avec une jarre. Zigong lui propose d’utiliser une machine donnant plus de résultats avec peu d’efforts. Néanmoins, le vieux jardinier lui répond : « J’ai entendu dire ceci par mon maître : qui se sert de machines use de mécaniques et son esprit se mécanise. Qui a l’esprit mécanisé perd sa candeur native ; qui a perdu sa candeur native ne saurait pas connaître la paix de l’âme. Le Dao ne vient pas se loger chez qui ignore la paix de l’âme. Je suis parfaitement au courant des avantages de cet instrument, mais j’aurais honte de m’en servir [14]. » Le vieux jardinier n’accorde pas d’attention à l’efficacité, à l’utilité des machines, mais il insiste sur l’importance d’entretenir sa « candeur native », de « s’éprouver » à travers le travail corporel. Au fond, il ne veut pas accepter l’efficacité mécanique aux dépens de « la candeur native » de l’esprit. Ce qui importe ici, ce n’est pas le refus tranchant des machines, comme une lecture littérale pourrait amener à le penser. Ce choix apparemment conservateur transmet en effet une réflexion critique, qui s’érige contre le risque d’usurper la subjectivité corporelle au nom du progrès, de l’efficacité technologique. En reprenant la notion de « praxis » et « d’effectivité » concrète de la vie de Marx, Michel Henry a justement indiqué que ce qu’il manque dans l’horizon marxiste, c’est la préoccupation de « la genèse de l’individu dans la vie » et de sa « naissance transcendante [15] ». N’est-ce pas le critère ontologique et phénoménologique de la vie qui s’entrevoit chez Zhuangzi, dans les termes de Michel Henry, qui « oblige à placer la réalité dans l’individu vivant et non pas dans une “société-personne” hypostasiée au-delà de lui » ? Dans un certain sens, le contraire de l’esprit mécanique, que prône le vieux jardinier, consiste à fonder l’essence individuelle, dans « son s’éprouver soi-même », dans son « effectivité phénoménologique ». Comme le dit Michel Henry, « l’épreuve de ce Soi se trouve être par nature et nécessairement une épreuve singulière, un Soi particulier et déterminé : un ego [16]. »Michel Henry relève que l’objectivité, l’abstraction envahissante dans le monde techno-capitaliste, tend à remplacer « le travail subjectif et réel », menant à ce que « la vie s’efface pour céder la place à l’inertie et à la mort ». Il en appelle à une « phénoménologie de la vie » qui fasse appel à l’essence intérieure de la vie, afin de dévoiler l’être véritable des hommes (réduit par la philosophie et la phénoménologie classiques à son rapport au monde, au simple approfondissement de la relation de connaissance classique sujet/objet dont on favorisait un terme aux dépens de l’autre selon que l’on soit idéaliste ou matérialiste.) La détresse du monde contemporain résulte de la sous-estimation, et même de la détérioration de la vie véritable des hommes ; la vie concrète est remplacée par les représentations de valeurs abstraites, et l’activité productrice qui annule la subjectivité perd sa véritable valeur. La quête de l’accès à l’intime des choses dans l’activité productrice chez Zhuangzi, semble exiger au contraire « la genèse de l’individu dans la vie » et sa « naissance transcendante » ; cela proposerait un modèle inverse de la perte des valeurs dans la société de consommation post-technique. Prenons l’exemple du menuisier Qing [17]. Avant de fabriquer un support de batterie de cloches, le menuisier endure sept jours d’ascèse, de façon à oublier tous les tracas du monde extérieur, jusqu’au point d’oublier son propre corps. À la suite, il gagne une montagne, observe la nature des arbres, dans un état de dépouillement et de concentration, et la forme parfaite du support surgit en lui, et il commence à le travailler. « C’est sans doute grâce à la conformité parfaite entre [sa] nature et celle de l’arbre que [son] œuvre paraît aussi étonnante que celle d’un dieu. » Cet artisan chez Zhuangzi associe son activité technique à un processus d’exercice « ascétique », qui lui permet de se débarrasser des considérations extérieures, et d’arriver au stade de la créativité subjective, paradoxalement associée à l’oubli de soi. Le résultat en est que la valeur de sa production s’imprègne de la spiritualité d’une « subjectivité profonde », qui est susceptible d’entrer en communion avec la nature, dans un état de « dépouillement-concentration ». Comme Michel Henry l’indique, la technique, suivant l’étymologie grecque de ce mot (tekhnê), signifie le savoir-faire du sujet, ce qui doit être la projection et le prolongement du corps subjectif ; si la corporéité est supprimée, la production sans caractère subjectif n’a pas vraiment de valeur créatrice, et les produits ne sont que des objets, des marchandises ayant une valeur pragmatique. Chez Zhuangzi, le sujet qui a eu l’expérience du « jeûne », répond à la totalité de l’univers, ainsi, cette subjectivité après avoir connu la « dé-subjectivation » se reflète dans sa création, « fait correspondre la part céleste de soi-même au “ciel” » : le « ciel » signifie ici l’état naturel, d’intégrer cet état en soi, pour que cette dimension réponde à la nature universelle, et la créativité en surgit naturellement dans l’acte de produire. Cela nous aide à contredire la façon de se représenter le travail, de substituer les abstractions de valeurs dans la société techno-capitaliste au travail subjectif. Il s’agit, montre Michel Henry, d’une dénaturation de la vie tout entière dont l’essence est de faire effort pour se transformer et s’accomplir. Comme inversion de ce processus, la « barbarie » résulte de la progression aveugle de la technique, généralement considérée comme positive [18].En commentant l’opposition radicale que Marx a fait entre « praxis » et « theoria », Michel Henry a affirmé la « subjectivité originelle dans son immanence radicale » qui se profile derrière le concept depraxis. Et il écrit ainsi : « Il n’est pas conforme à nos habitudes philosophiques d’estimer que la pensée nous livre au monde et au règne de l’extériorité, tandis que l’action serait étrangère à ce monde et nous rendrait à ce qu’il y a de plus intérieur en nous. Et pourtant quand l’action brusquement nous convoque, c’est au plus profond de nous-mêmes que nous plongeons, dans la nuit abyssale de la subjectivité absolue, jusqu’à ce lieu où dorment les puissances de notre corps et où, nous joignant à elles, nous les mettons en branle là où s’actualisent soudain les potentialités de la subjectivité organique, où se déploie le « Je peux » fondamental qui constitue notre existence, là où nous sommes un avec nous-mêmes dans l’unité originelle où il n’y a ni transcendance ni monde [19]. » Le point le plus intéressant dans cette citation de Michel Henry est qu’il confère un nouveau sens de la subjectivité dans son horizon de la phénoménologie de la vie : l’action touche au fond de l’être, avec le suspens de la conscience, l’action corporelle met l’homme à la rencontre avec les potentialités de ses propres forces, et le conduit à accéder à une totalité primordiale. Ici, la force signifie aussi l’énergie de la vie individuelle, qui conduit à une subjectivité profonde, par le moyen de la subjectivité organique, corporelle. Cette « subjectivité profonde », liée à « l’auto-affection » chez Michel Henry, s’inscrit selon nous dans un « entre-deux » de la dépossession de soi et l’épreuve de soi. Le même paradoxe relevant d’une ontologie de l’intuition se trouverait aussi chez Zhuangzi, où Confucius explique à son disciple ce que signifie le « jeûne de l’esprit », distinct du « jeûne sacrificiel » : « N’écoute pas avec tes oreilles mais avec ton esprit. N’écoute pas avec ton esprit mais avec ton souffle. Car l’oreille ne peut faire plus qu’écouter, le cœur ne peut faire plus que reconnaître tandis que le souffle est un vide entièrement disponible. La voie s’assemble seulement dans ce vide. Ce vide, c’est le jeûne de l’esprit [20]. » Dans un autre passage, Zhuangzi démontre davantage le dynamisme de ce « vide » intérieur, réceptif et responsif. Il s’agit de la révélation que le maître Calebasse fait à son disciple Liezi fasciné par le chaman trompeur, qui manifeste différents états corporels, passant des « cendres mouillées » au « grand vide central » à l’image des « trois gouffres des eaux profondes », comme le miroir du dynamisme de l’univers. Cette expérience se rapproche de la double modalité de subjectivité, que Michel Henry définit, celle de s’éprouver et d’éprouver le monde en connexion ; et en même temps, cette subjectivité profonde suggère le retour à la vie même, à retrouver l’essence concrète de la vie. Cette subjectivité n’est pas un « je pense » vide, mais repose sur un « je peux » enraciné dans le corps propre, et dévoile les potentialités du corps. On est tenté de faire un rapprochement avec la conception du corps dans la phénoménologie de la vie chez Michel Henry, qui récuse la limite de « la subjectivité étant identifiée à l’intentionnalité », et du corps intentionnel de Merleau-Ponty : « Dire que le corps est subjectif, c’est dire qu’il est intentionnel, qu’il se jette au monde, se “lève” constamment vers lui. Or il est très important de confier aux pouvoirs du corps – et non plus à l’entendement – la capacité de nous ouvrir au monde, le problème essentiel est de savoir comment les pouvoirs du corps se révèlent à eux-mêmes avant de rendre le monde manifeste… Cette révélation originelle du corps à lui-même, c’est précisément la vie [21]. » Ainsi une « dualité de l’apparaître » se dessine à travers ce pouvoir du « corps » : « la phénoménalité invisible de la vie qui s’enracine dans le corps subjectif, un “je peux” qui atteint le monde de l’intérieur, la transcendance ayant son fondement dans l’immanence. ». Michel Henry met en œuvre une « subjectivité vivante » ainsi compris comme « corps vivant », et plus largement dit « une phénoménalité originelle », différente de celle de la conscience classique ou de l’intentionnalité phénoménologique.Dans les textes de Zhuangzi, de telles expériences, « se vider » (xu ji), voyager (you), se transformer (hua), pourraient répondre à cette révélation de « phénoménalité originelle » du corps lui-même et aux expériences corporelles entre les frontières qui en résultent. Par exemple, dans l’acte de voyager, l’homme doit « oublier le moi et faire le vide intérieur » : ainsi, il se dépouille de la subjectivité extériorisée et enfermée dans la conscience de soi, mais en entretenant l’état intact de la subjectivité immanente, en profondeur. Donc, Zhuangzi estime que « celui qui chevauche le pouvoir régulateur de l’univers et conduit la puissance transformatrice des six souffles pour déambuler dans les espaces infinis [22] » ne dépend de rien, connaît une véritable liberté. Zhuangzi met en valeur le pouvoir intérieur qui surgit dans un état de dépouillement transcendant les oppositions, qui conduit l’homme à déambuler librement, sans contraintes, à l’infini. La force qui est l’essence de la vie s’enracine dans le corps propre, reflète l’écho entre la subjectivité profonde et la nature universelle. Cette subjectivité profonde n’est paradoxalement accessible qu’à partir du dépouillement du sujet comme conscience : c’est le « corps-souffle » qui révèle les profondeurs de l’invisible, mais aussi la subjectivité transcendante qui « ne se laisse pas ensevelir par les choses extérieures. » Zhuangzi décrit ainsi l’état paradoxal de « l’homme abouti » (zhiren) qui triomphe par le « non-agir », « qui pénètre l’infini, rejoint l’invisible, tire parti de ce qu’il a reçu du Ciel sans en chercher davantage. Il se contente d’être vide. L’esprit de l’homme parfait est un miroir. Un miroir ne reconduit ni n’accueille personne ; il renvoie une image sans la garder. C’est ainsi qu’il domine les êtres sans être blessé [23]. » La force consiste à la fois à s’éprouver, et d’éprouver le monde dans un état de « transparence », c’est-à-dire d’établir un accord naturellement avec les choses, dans une subjectivité profonde devenue réfléchissante – vide et riche. De nombreux exemples insistent sur le rôle de la corporéité dans la pratique chez Zhuangzi : prenons l’exemple du nageur ou du pilote de bateau, l’idée est toujours de suivre le naturel, laisser le corps agir librement ; Zhuangzi appelle à équilibrer les émotions intérieures et éliminer la perturbation des choses extérieures, en même temps qu’à entretenir une subjectivité profonde, posée et calme, mais qui réponde au cours naturel de l’univers. Ainsi, l’oubli de soi est un point de départ, pour être en accord pleinement avec le monde. Le « non-agir » est la condition pour conserver une subjectivité basée sur « l’éthique de la fadeur », ce qui veut dire, une subjectivité se démarquant de l’esprit mécanique, calculateur et aliéné.Dans un certain sens, il s’agirait de constituer d’abord une « écologie de l’esprit », comme une manière d’être fondamentale, fondée sur une éthique du « dépouillement » (« la fadeur ») afin de rejoindre le monde naturel. En considérant que le souffle unifie le soi, les autres et le monde, Zhuangzi place l’être de l’homme dans une totalité naturelle, à égalité avec les autres êtres (« le ciel et la terre connaissent avec moi, le moi et les dix mille êtres s’unissent en un [24]. ») Cet aspect s’approche du second principe fondamental de la pensée écologique d’Arne Naess, celui de « l’égalitarisme biosphérique », « […] qui conduit à éprouver un respect profond, voir une vénération, pour les différentes formes de vie ». H.-S. Afeissa le commente ainsi : « la réalisation de Soi », qui suggère que « l’homme prenne conscience de sa propre identité dans son acception pleine et non tronquée par une focalisation exclusive sur l’ego individuel, et apprenne à s’identifier à des formes de vie non humaines, de l’arbre à la plante, de la plante à l’animal etc., jusqu’à l’écosphère tout entière. L’unité de la nature se prolonge ainsi en une conscience de soi comme partie intégrante du tout – la totalité de la nature étant le seul véritable Soi [25] ». En plusieurs endroits, Zhuangzi récuse le « vouloir gouverner », mais propose au gouverneur « un gouvernement de soi » (zizhi) en première place. Par exemple, il donne précisément les remèdes suivants : « Applique-toi au détachement ; concentre-toi dans le silence, conforme-toi à la nature des êtres, sois sans égoïsme. Alors le monde sera en paix [26]. » L’éthique de la politique chez Zhuangzi se définit donc également sur le modèle du naturel, foncièrement de l’éthique de vie. Zhuangzi critique l’approche confucianiste dans la vie sociale avec ironie, et il trouve que les contraintes des rites, les excès des critères moraux de « bonté » portent préjudice au moi authentique, et sont des normes contre le naturel. Donc, la priorité donnée à la « culture de soi » sur le modèle du naturel (« la vertu du Ciel ») est fondamentale pour Zhuangzi. Cette culture de soi diffère du « perfectionnement moral » et de la « sublimation » univoque confucianiste, et poursuit une double orientation : nourrir le corps et nourrir l’esprit. Au fond, le « corps-esprit » est conçu comme une totalité, prenant l’exemple de la vision de la totalité de l’univers centrée sur la notion du « souffle ». Par la transcendance intérieure, cette éthique de la fadeur conduit à un mode de l’existence authentique et libre, mais surtout aussi à une harmonie du monde.Reprenons le passage avec la révélation faite à Liezi. Quand celui-ci comprend qu’il est encore loin de connaître cette expérience profonde de la vie que son maître démontre à travers les manifestations corporelles, « il retourna chez lui et se confina dans sa maison pendant trois années. Il y faisait la cuisine pour sa femme ; il nourrissait ses porcs avec autant de soin que s’ils eussent été des hommes ; il se désintéressait des affaires du monde. Il s’appliquait à retrouver sa simplicité et à conquérir son indépendance. Ainsi la vicissitude de ses épreuves ne l’a pas empêché de garder son unité originelle jusqu’à la fin de sa vie [27]. » Il s’agit au fond d’un renouvellement de soi-même, qui ne se limite pas à trouver une formulation essentielle ou à s’adresser au renouvellement de l’intellect ; il s’agit de se dépouiller, de faire le vide en soi-même, de manière que ce vide reflète « la voie céleste ». Comme dans la citation associant le vide intérieur et l’acte de l’écoute, ce qui importe n’est pas l’acte de percevoir, ni la cognition des signes, mais l’exercice corporel-spirituel qui fait de la vie un lieu de manifestation de « la voie » dans un état de vide intérieur ; le but est de trouver une manière de vivre tendant à renouveler sa vie. Cet exercice du « jeûne de l’esprit », par la voie du retour à la vie sobre, recherchée chez Zhuangzi, pourrait être compris au sens « d’exercice spirituel » de Pierre Hadot. Dans la réinterprétation de la « philosophie antique » à laquelle se consacre Pierre Hadot, la pratique de l’exercice spirituel au sens de « culture de soi » est réexaminée dans plusieurs courants de la pensée européenne antique, particulièrement chez les stoïciens ; elle est redéfinie comme « un mode de vie, une forme de vie, un choix de vie ». Ce n’est pas par hasard si Pierre Hadot a comparé ce passage du « retour » de Liezi avec le choix du mode de vie chez les philosophes grecs, en le résumant comme un retour à la vie la plus simple, la plus humble, à l’état naturel, comme une manière de « rester indifférent », et de « garder la paix de l’âme [28] ».Dans le chapitre « La Crue d’automne », Zhuangzi parle du mode de connaissance du monde, il définit avec humilité la place du soi dans l’univers : « quand je me compare avec l’univers, moi qui reçois mon souffle du yin et du yang, je comprends qu’entre ciel et terre je ne suis pas plus qu’un caillou ou un arbrisseau sur une montagne. Ayant toujours présent à l’esprit mon insignifiance, comment oserais-je me glorifier de mes dimensions [29] ? » Selon Pierre Hadot, dans la philosophie grecque, les choses sont considérées dans une perspective de la raison universelle, et les affaires du monde humain, dans une perspective limitée. L’homme, comme une partie de l’univers, s’engage dans les événements de l’existence de l’univers. Ce mode de prise de conscience de la finitude, et le mode de perception qui en résulte, sont conditions à la paix de l’âme. Et dans la formule suivante de Zhuangzi, on pourrait trouver trois dimensions à son exercice spirituel, en associant l’attention à nourrir le corps, au soin de nourrir l’esprit et à la dilatation de soi : « [il importe d’] accumuler ce qui s’offre à soi pour nourrir son corps, faire épanouir son esprit en se refusant aux soucis, veiller au respect afin d’entrer en contact avec l’autre [30] ». La dernière étape revendique une forme de vénération pour communiquer véritablement avec le monde-l’autre. On pense ici à « la conscience cosmique » que Pierre Hadot réinterprète à travers le stoïcisme et l’épicurisme : « la conscience de faire corps du cosmos, la dilatation du moi dans l’infinité de la nature universelle [31] ». L’exemple de la grenouille qui vit au fond d’un puits chez Zhuangzi est revendiqué par Pierre Hadot pour signifier une situation « inconsciente » de l’horizon infini du cosmos. Au contraire, la conscience cosmique mène l’homme à se dépasser, et à réaliser une transformation intérieure, afin de placer son existence et sa perception des choses dans la perspective universelle. Pierre Hadot trouve que l’explication que Foucault donne de la « pratique de soi » dans la philosophie antique révèle une insuffisance de perspective : cette théorie est « trop concentrée sur le “soi”, ou, du moins, sur une certaine conception du soi », alors que, pour Hadot, la dimension cosmique est bien présente par exemple dans les discours des stoïciens. Il relève ainsi la nécessité de la « Raison universelle » chez ces derniers : « Le sentiment d’appartenance à un Tout me semble en être l’élément essentiel, appartenance au Tout cosmique. […] Une telle perspective cosmique transforme d’une manière radicale le sentiment que l’on peut avoir de soi-même [32] ». Le principe de la délimitation du soi authentique, entre autres, rejoint paradoxalement une expansion de soi dans le cosmos, puisque l’homme est considéré comme une partie dans le cosmos. Sur ce point-là, Pierre Hadot indique qu’il importe de changer de regard. Cette possibilité est effectivement le pouvoir intérieur de voir les choses ; le changement de conscience du monde provoque une transformation de conscience de soi. Hadot comprend cette transformation comme une redécouverte simultanée du monde et de soi-même. Il a caractérisé ce mode d’existence par trois aspects essentiels : « la paix d’âme (ataraxia), la liberté intérieure (autarkeia) et (sauf pour les sceptiques) la conscience cosmique, c’est-à-dire la prise de conscience de l’appartenance au Tout humain et cosmique, sorte de dilatation, de transfiguration du moi qui réalise la grandeur d’âme (megalopsuchia) [33] ». Si cette dimension de « dilatation de soi » à l’extérieur manque dans l’horizon de « souci de soi » chez Foucault, la philosophie de Zhuangzi rejoint la double orientation du retour à soi-même et de la dilatation basée sur la délimitation de soi ; Pierre Hadot reconstruit cette double orientation dans la philosophie grecque ancienne, et la présente comme un exercice spirituel permettant de se délivrer de l’individualité et de s’élever à l’universalité de la perspective cosmique. Ces deux orientations de la délimitation du soi authentique et de la dilatation constituent aussi les fondements de « l’homme authentique » (zhen ren) de Zhuangzi, condition à une « connaissance authentique » (zhen zhi), cette dernière étant différente du savoir théorique et abstrait. C’est aussi ce que Michel Henry propose à travers le terme « le savoir de la vie », à l’encontre des « maladies de la vie ». Le « savoir de la vie » est « un savoir extraordinaire parce que c’est le savoir qui est à la source de tout ce que nous faisons, qui rend possible la vie, qui coïncide avec elle, qui est son essence [34] ».Une véritable éthique de la vie qui appelle à une « subjectivité profonde », peut entrer en accord avec un renouvellement de l’éthique environnementale. Cela suggère d’éviter les risques de l’éco-centrisme antihumaniste, afin d’établir un équilibre pluridimensionnel de la vie humaine dans la perspective écologique : l’union ternaire « Terre-Ciel-Homme » dans la pensée taoïste, par un dialogue avec le renouvellement de l’éthique de la vie dans la pensée française contemporaine, en est sans doute une voie possible, parmi d’autres.Notes
  • [1]
    Citons ici quelques exemples : Xu Hengchun, L’Esthétique écologique, Éditions des éducations de l’homme de Shan Xi, déc. 2000 ; Ceng Franren, Essais sur l’esthétique de l’être écologique, Éditions des éducations de l’homme de Jili, 2003 ; Yuan Dingsheng, Esthétique comparée dans la perspective écologique, Éditions du peuple, 2005 ; Lu Shuyuan, L’Espace pour l’éco-critique, Éditions de l’Université Normale de l’Est de Shanghai, 2006 ; Wang Qian, La dimension esthétique de la culture écologique, publié avec le soutien du Fonds de publication des écrits académiques de Shanghai, Éditions Shiji de Shanghai, 2007.
  • [2]
    Par exemple, « L’homme et l’environnement dans la perspective esthétique » (2001, Shanxi) ; « L’homme et la nature : esthétique et littérature dans le contexte de la civilisation écologique » (2005, Shandong) ; « Esthétique écologique / esthétique environnementale dans la perspective globale » (2009, Shandong).
  • [3]
    Vincent Shen (Shen Qingsong), titulaire de la Chaire Lee sur la pensée et la culture chinoises, Professeur au Département d’études est-asiatiques et Département de philosophie, Université de Toronto, a considérablement contribué à la renaissance de la pensée traditionnelle, et à la rencontre entre Orient et Occident (y compris le dialogue entre le taoïsme, le confucianisme et la pensée écologique). Cf. Vincent Shen, Rebirth of Tradition (1992), Confucianism, Taoism and Constructive Realism (1994), Contrast, Strangification and Dialogue (2002), Technology and Culture (2003), etc.
  • [4]
    Vincent Shen, Réflexion Philosophique sur le Concept de la Nature en Chine et en Occident, En quête du nouvel humanisme dont a besoin la techno-science, Colloque de l’Académie des Sciences Sociales de Chengdu (Sichuan), 2000, The Ricci Bulletin, Taibei, 2001. Cité et commenté par Thierry Meynard, « Les Courants Philosophiques en Chine dans la Décennie 90 (1989-2003) », conférence à l’Institut Ricci, 11 février 2003. http://www.riccibase.com/docfile/cw03.htm Repris dans le dossier Hors-série : « Chine, culture et religion », Etudes, octobre 2008.
  • [5]
    Thierry Meynard, op. cit.
  • [6]
    Éthique de l’environnement, Nature, valeur, respect, Textes réunis par H.-S. Afeissa, Vrin, 2007, p. 24.
  • [7]
    Arne Naess, « Rejection of the man-in-environment image in favor the relational, total-field image. Organisms as knots in the biospherical net or field of intrinsic relations », « The Shallow and the Deep,Long-Range Ecology Movement. A summary », Inquriry, 16 (1973), p. 95-100. Tr.fr. in Éthique de l’environnement, Nature, valeur, respect, Textes réunis par H.-S. Afeissa, Vrin, 2007, p. 52.
  • [8]
    Ibid., p.25.
  • [9]
    Michel Henry, « Le concept de l’être comme production », in Phénoménologie de la vie III, De l’art et du politique, PUF, 2004, p. 14-15.
  • [10]
    Zhuangzi, Chapitre XI, « Laisser faire et tolérer » (« Zai You »). Pour les traductions des textes de Zhuangzi, nous référons aux trois versions : L’OEuvre complète de Tchouang-tseu, traduction, préface et notes de Liou Kia-hway, in « Connaissance de l’Orient », collection UNESCO d’œuvres représentatives, Gallimard, 1969 ; Jean Lévi, Les Œuvres de Maître Tchouang, édition révisée et augmentée, Éditions de l’encyclopédie des nuisances, 2010 ; The complete works of Chuang-tzu, Columbia University Press, New York, 1968.
  • [11]
    Ibid.
  • [12]
    C.f. Gregory Bateson, Vers une écologie de l’esprit, Éditions du Seuil, 1977.
  • [13]
    Zhuangzi, Chapitre XI, « Laisser faire et tolérer » (« Zai You »).
  • [14]
    Zhuangzi, Chapitre XII, « Ciel et terre » (Tian Di).
  • [15]
    Michel Henry, « Sur la crise du Marxisme : la mort à deux visages », in Phénoménologie de la vie, Tome III, De l’art et du politique, PUF, 2004, p. 127.
  • [16]
    Ibid.
  • [17]
    Zhuangzi, Chapitre XIX, « Comprendre la nature de la vie » (Da Sheng).
  • [18]
    C.f. Michel Henry, La Barbarie, PUF, 1987 ; réédité, 2008.
  • [19]
    Michel Henry, « Le concept de l’être comme production », « De l’art et du politique », Phénoménologie de la vie, III, PUF, p.32.
  • [20]
    Traduction modifiée de Jean François-Billeter,Leçons sur Tchouang-tseu, Allia, Paris, 2002, p. 96.
  • [21]
    Michel Henry, Entretiens, Sulliver, 2005, p. 89.
  • [22]
    Zhuangzi, Chapitre I, « Randonnées en liberté » (Xiaoyaoyou).
  • [23]
    Zhuangzi, Chapitre VII, « Le laisser-faire des rois » (« Yingdiwang »).
  • [24]
    Zhuangzi, Chapitre II. « Discours sur l’identité des choses » (Qiwulun).
  • [25]
    Arne Naess, « Biospherical egalitarianism-in principle. […] acquires a deep-seated respect, or even veneration, for ways and forms of life ». Ce principe de la deep ecology a été critiqué par certains pour son côté obscurantiste. Cf. Éthique de l’environnement, Nature, valeur, respect, Textes réunis par H.-S. Afeissa, Vrin, 2007, p. 25-26.
  • [26]
    Zhuangzi, Chapitre VII. « Le laisser-faire des rois » (« Yingdiwang »).
  • [27]
    Zhuangzi, Chapitre VII. « Le laisser-faire des rois » (« Yingdiwang »).
  • [28]
    Pierre Hadot, Études de philosophie ancienne, Les Belles Lettres, 2010, p. 252.
  • [29]
    Zhuangzi, Chapitre XVII, « La Crue de l’automne » (« Qiushui »)
  • [30]
    Zhuangzi, Chapitre XIII, « Keng-sang Tch’ou et l’homme du souci existentiel » (« Gengsangchu »).
  • [31]
    Pierre Hadot, Exercices spirituels et philosophie ancienne, op. cit., p. 292.
  • [32]
    Ibid., p.326.
  • [33]
    Ibid., p.309.
  • [34]
    Michel Henry, Entretiens, op. cit., p. 107.Mis en ligne sur Cairn.info le 16/12/2011 - https://doi.org/10.3917/rdes.072.0092 A proposContact Cairn International (English) Cairn Mundo (Español) Cairn Sciences (Français)

    Source : https://www.cairn.info/revue-rue-descartes-2011-2-page-92.htm Retour au début du sommaire


  • Entretien - Le tao est intrinsèquement écologique - 05 juillet 2022 – Par Eric S Nelson -4 JH2022-12-10T09:36:00JDe couverturePages – Le Point (juin 2020)
    [Addenda -Eric S Nelson : Eric S. Nelson est professeur de philosophie à la Hong Kong University of Science and Technology. Il travaille sur la philosophie chinoise, allemande et juive. Il est l’auteur de ‘Daoism and Environmental Philosophy’ (Routledge, 2020), ‘Levinas, Adorno, and the Ethics of the Material Other’ (SUNY Press, 2020), et ‘Chinese and Buddhist Philosophy in Early Twentieth-Century German Thought’ (Bloomsbury, 2017). Il a publié plus de soixante-quinze articles et chapitres de livres et il est l’éditeur de ‘Interpreting Dilthey : Critical Essays’ (Cambridge University Press, 2019). Il a coédité avec François Raffoul le ‘Bloomsbury Companion to Heidegger’ (Bloomsbury, 2016) et ‘Rethinking Facticity’ (SUNY Press, 2008) ; avec John Drabinski, ‘Between Levinas and Heidegger ‘(SUNY Press, 2014) ; avec Giuseppe D’Anna et Helmut Johach, ‘Anthropologie und Geschichte : Studien zu Wilhelm Dilthey aus Anlass seines 100. Todestages’ (Königshausen & Neumann, 2013) ; et avec Antje Kapust et Kent Still, ‘Addressing Levinas’ (Northwestern University Press, 2005). Superviseurs : Rudolf Makkreel, David Carr et J.N. Mohanty. Traduction Jacques Hallard avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite) – Source : https://philpeople.org/profiles/eric-s-nelson

    https://html.scribdassets.com/3a3ddsp18g88iyag/images/1-38211d0d2f.jpg1èrede couvertureLe tao est intrinsèquement écologique : Interview avec Eric S. Nelson Propos recueillis par Jérémy André (correspondant à Hongkong) Voir la version finale publiée dans Le Point (juin 2020)JA : Certains écologistes voient dans les philosophes taoïstes de lointains prédécesseurs, des sortes d’écologistes de l’antiquité. Ont-ils raison ? ESN : Le taoïsme classique semble très écologique. Il a une sensibilité écologique profonde, en invitant à s’adapter au monde naturel et à vivre en accord avec les rythmes des choses, des écosystèmes et de l’environnement. Mais il faut rappeler que toutes les écoles de pensée chinoise anciennes peuvent paraître écologiques et qu’en même temps aucune n’est vraiment écologique dans le sens moderne du terme. Car l’écologie contemporaine est fondée sur la science. Comment les confucianistes se représentaient-ils la nature ? Dans le confucianisme, la nature est toujours comprise sous le prisme de la morale et comme une hiérarchie. Le cosmos répond à un ordre moral. Quand un roi est mauvais, la nature est aussi désordonnée. Les perturbations et la dysharmonie dans la nature reflètent le système politique et social. Les gens continuent d’ailleurs de nos jours de tirer des conclusions semblables au sujet de politiques jugées mauvaises. En quoi le taoïsme est-il différent ? La relation de l’homme à la nature du taoïsme est plus libre. La nature n’est pas comprise d’une manière morale ni hiérarchisée. Les choses doivent être vues pour ce qu’elles sont, il faut observer leurs transformations et leurs rythmes propres, et non pas simplement les juger par avance d’un point de vue moral. Une telle opposition se retrouve-t-elle dans la philosophie antique occidentale ? Confucius peut être comparé à Aristote. Les deux penseurs se concentrent sur le monde humain. Le taoïsme à l’inverse semble plus proche des pré-socratiques, en particulier d’Héraclite. Son concept de physis, traduit par « nature », est proche du concept chinois de zìrán (自然), lui-aussi traduit par « nature ». Dans le taoïsme, zìrán a une connotation particulière, liée à son sens littéral. Zì (自) ) signifie le « soi », et rán (然) désigne les qualités et fonctions auto-génératrices qui font de quelque chose ce qu’elle est, donc zìrán veut dire « les tendances propre de la chose ». Le Zhuang Zi, l’un des textes fondamentaux du taoïsme, dit que les choses sont toujours en devenir et qu’être en harmonie avec elles : cela signifie être en harmonie avec leur manière de se transformer. Le taoïsme est très empirique. Il ne prescrit pas de lois aux choses. Physis et zìrán ont en commun de laisser les choses parler pour elles-mêmes. Comment cette conception immanente de la nature rend-elle le taoïsme plus conscient de l’équilibre environnemental ? Dans les sociétés modernes, nous tendons à donner la priorité au sujet, à ses désirs et à sa liberté. Nous, sujets, devrions refaire et réinventer le monde selon un ordre qui nous est propre. Le taoïsme propose une « voie » (dào, 道 en mandarin), une sensibilité, selon laquelle nous ne devrions pas forcer les choses. En cela, le Tao est intrinsèquement écologique. Les systèmes naturels sont auto-reproductifs et autorégénératifs. Ils s’ordonnent eux-mêmes, mieux que si vous les mettiez en ordre. Par vos interventions, même si vous avez de bonnes intentions, vous causerez de nombreux effets secondaires négatifs. La meilleure manière de gouverner les choses est donc de laisser les choses se gouverner. C’est ce que les taoïstes appellent le wúwéi (無為, qui veut dire littéralement « l’action sans action ». Il s’agit plus que juste d’une « non-action », ni même « une action minimaliste ». Le wúwéi est une forme d’harmonie réactive à l’objet, une action non forcée et respectueuse. Cela conduit-il le mode de vie des taoïstes à être plus écologique ? Dans mon nouveau livre, je me concentre justement là-dessus. La principale pratique du taoïsme est le yǎngshēng (養生), qui signifie littéralement « nourrir la vie ». En mandarin contemporain, yǎngshēng désigne une grande diversité de pratiques physiques, de thérapies et de diététique pour améliorer la santé. Dans la tradition taoïste, il a un sens plus profond, comme une voie pour s’harmoniser avec la nature. Cependant, le taoïsme ancien était traversé par des débats sur la manière d’y parvenir. La tradition religieuse du Tao insiste sur la culture d’une longévité bio-spirituelle pour atteindre un état de transcendance. Dans les temples taoïstes, sont représentés des figures d’« immortels », les Xiān 仙 en mandarin, auxquels sont consacrés des offrandes. Selon certaines croyances, ces humains auraient été capables de se transformer en êtres spirituels. La voie pour « nourrir la vie » se trouve ainsi réduite à n’avoir plus qu’une fonction et une valeur instrumentale. Cette approche est critiquée dans le Zhuang Zi, et chez Wang Bi, un taoïste du IIIème siècle de notre ère, connu pour son commentaire du Dao De Jing, le principal texte classique du taoïsme. Pour eux, la véritable voie pour « nourrir la vie » est de suivre le wúwéi, c’est-à-dire s’harmoniser avec le monde qui nous entoure, pas se soumettre à un régime artificiel pour renforcer son corps, ce qui conduit souvent à l’endommager. [Addenda - Wang Bi ou Wang Pi 王弼 (226249), nom social Fusi (1), lettré chinois de la période des Trois royaumes, est le créateur de la philosophie Xuanxue (2) qui propose, à partir de notions tirées du Dao De Jing (ou Lao Zi) et du Zhuangzi, une base théorique cohérente ainsi qu’une justification métaphysique au système social et politique confucéen de l’époque. Le Xuanxue deviendra le courant de pensée dominant dans les classes cultivées, atteignant son apogée sous les Jin orientaux, avec une interprétation toutefois quelque peu différente de celle de son fondateur. C’est à travers cette théorie faisant du ’non-être’ / ’non-avoir’ (wu) (3) l’origine de toutes choses et le vocabulaire qui l’exprime que furent introduits en Chine les premiers textes du bouddhisme mahâyâna, en particulier la littérature prajnaparamita et le concept de ’vide’ (sunyata). Wang Bi est également connu pour ses versions commentées du Dao De Jing et du Yi Jing qui devinrent la référence principale dans les siècles suivants, et sur lesquelles se fondent presque toutes les traductions en langues étrangères. Néanmoins, en toute rigueur Wang Bi n’est pas vraiment un taoïste, et il fait de Confucius, plutôt que de Lao Zi, le modèle du sage qui a ’élargi la Voie’. (1) 輔嗣 (2) 玄學 (3) 無 –

    https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/fc/DaoDeJingWangBi.jpg/170px-DaoDeJingWangBi.jpgDao De Jing, édition de Wang Bi, Japon, 1770Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Wang_Bi ].Suite du texte d’origineQuel est le jugement des taoïstes modernes sur l’ère industrielle ? Les textes taoïstes anciens s’inquiètent des effets de l’agriculture de masse, et en particulier des rizières sur les écosystèmes. Y a-t-il seulement une différence d’échelle avec les transformations générées par l’industrie ou s’agit-il d’une différence plus profonde, dans la manière dont nous sommes en relation avec l’univers ? Pour une branche du taoïsme, dite primitiviste, il est impossible de rétablir l’équilibre dans la société industrielle, il faut donc éliminer toute société de grande taille et revenir à des sociétés agricoles simples. Mais c’est une voie peu probable. L’autre option serait de développer des technologies qui perturbent moins le monde naturel. Les communautés religieuses taoïstes sont-elles impliquées dans l’écologie ? Oui. En 2001, l’association taoïste de République populaire de Chine a interdit l’usage d’espèces en danger dans la médecine traditionnelle chinoise qu’elle pratique. Car comment peut-on supprimer des déséquilibres dans nos propres corps si nous employons pour cela des espèces en danger dont la disparation crée un déséquilibre dans le monde naturel ? L’Etat chinois promeut aujourd’hui une « civilisation écologique ». Comment cette politique serait-elle perçue d’un point de vue taoïste ? Pour répondre à la profonde crise écologique, le Parti communiste chinois a adopté un ton plus écologique, surtout dans la dernière décennie. Sous la direction du PCC, la Chine serait plus efficace pour réaliser une « civilisation écologique » que les démocraties occidentales désorganisées. Mais l’État chinois veut imposer cette « civilisation écologique » par le sommet, précisément la méthode que le Zhuang Zi considère comme inadéquat au monde naturel. Le taoïsme, lui, préfère l’auto-organisation, des choses comme des gens. Référence : Nelson, Eric S. 2020. Daoism and Environmental Philosophy : Nourishing Life. London : Routledge. About Copyright Academia ©2022 Source : https://www.academia.edu/44370531/le_tao_est_intrins%C3%A8quement_%C3%A9cologique

    Daoism and Environmental Philosophy : Nourishing Life book coverEnlarge (agrandir)Livre - Daoism and Environmental Philosophy Nourishing Life - By Eric S. Nelson Copyright Year 2021 - ISBN 9780367544935 - Published August 1, 2022 by Routledge - 156 Pages Retour au début du sommaire

{{}}

|


  • Pourquoi le taoïsme n’est pas l’environnementalisme – Traduction du 07 décembre 2022 par Jacques Hallard d’un article intitulé « Why daoism is not environmentalism » – Auteur Paul R. Goldin Professeur associé, Département des langues et civilisations de l’Asie orientale, Université de Pennsylvanie. Spécialités : Philosophie chinoise et histoire de la Chine ancienne. Associate professor, Department of East Asian Languages and Civilizations, University of Pennsylvania. Specialties : Chinese philosophy and early Chinese history. E-mail address : prg@sas.upenn.edu - Journal of Chinese Philosophy 32:1 (March 2005) 75–87 © 2005 Journal of Chinese Philosoph - 2005, Revue de philosophie chinoise – Référence : https://www-academia-edu.translate.goog/32736199/Why_Daoism_is_Not_Environmentalism?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc
    La dégradation continue de l’environnement et les risques associés, les dangers pour la vie sur la Terre telle que nous la connaissons, peuvent constituer le problème le plus important qui nous attend au XXIème siècle. En effet, il peut s’avérer être le défi le plus sérieux que l’humanité ait jamais connu. Comme nous l’avons appris, les problèmes environnementaux entrent en jeu de nombreuses formes interdépendantes. Il y a le problème de la pollution, qui met en péril nos sources de nourriture, d’eau et d’air ; le trou dans la couche d’ozone, ainsi que l’augmentation alarmante du nombre d’espèces éteintes et en voie de disparition.

La menace la plus terrible de toutes, pendant ce temps, est peut-être la perspective d’un réchauffement climatique implacable, qui a le potentiel de causer une destruction inestimable à la vie à tous les niveaux, si ce n’est pas le cas, à la fin, rendre la terre totalement inhabitable. L’avenir du monde vivant étant incertain, il est compréhensible que des gens de tous horizons aient commencé à enquêter sur la façon dont le processus continu de dégradation de l’environnement pourrait être arrêté ou inversé.

Comme les problèmes deviennent plus aigus, il est inévitable qu’il faudra devenir de plus en plus attentif à l’environnement sous une forme ou sous une un autre. Une ligne de pensée particulière suggère qu’un élément de base du problème environnemental est notre conception quotidienne du monde qui nous entoure et notre place dans ce dernier.

De nombreux écologistes, avec une bonne raison, critiquent la vision familière du monde comme un jardin avec de ressources naturelles en attente d’être trouvées et exploitées. Les fatalistes marqués par cette perspective, que nous n’avons appris à apprécier que récemment, c’est qu’ils ne conçoivent pas le monde comme un tout organique, et qu’ils omettent de prendre en compte mentalement les effets de nos propres actions sur l’environnement. Peu de gens nieraient aujourd’hui que nous avons besoin d’une compréhension plus sophistiquée de l’environnement ; beaucoup de gens expriment l’opinion selon laquelle nous avons également besoin d’une attitude entièrement nouvelle envers notre environnement.

Dans cet esprit, plusieurs chercheurs se sont demandé si la base d’une nouvelle approche de la nature pourrait être trouvée dans la philologie classique [Étude historique d’une langue par l’analyse critique des textes] et les religions qui sont communes dans les pays d’Extrême-Orient. 1

Dans les années 1990, Le Centre d’Étude des religions du Monde à l’Université Harvard aux Etats-Unis a parrainé une conférence bien médiatisée et une série consacrée au thème de l’écologie dans les religions du monde (y compris le taoïsme, le confucianisme et le bouddhisme) ; les comptes rendus ont déjà été édités sous forme de livre. 2

Je voudrais évaluer à cet effet ici la valeur du Zhuangzi, l’un des anciens textes chinois et des plus prometteurs, pour le considérer comme un guide contemporain d’une attitude écologique et dé santé.

[Addenda / Zhuangzi - Le terme Zhuanzi peut faire référence à :

Il se compose d’une grande collection d’anecdotes, d’allégories, de paraboles et de fables, qui sont souvent de nature humoristique ou irrévérencieuse. Il est composé de 33 chapitres, dont seuls les sept premiers — appelés « chapitres intérieurs » — sont réellement attribués à la personne de Zhuangzi tandis que les chapitres restants — respectivement « chapitres extérieurs » et « chapitres divers » — sont attribués à diverses écoles s’inscrivant dans la continuité intellectuelle de Zhuangzi, et voient leur paternité débattue par les sinologues.

Ses thèmes principaux sont la spontanéité en action et la libération du monde humain, en particulier de ses normes, conventions et technologies. Les fables et anecdotes tentent d’illustrer la vanité des distinctions humaines entre le bien et le mal, le grand et le petit, la vie et la mort, ou l’humain et la nature. Alors que d’autres philosophes chinois anciens se concentrent sur le devoir moral et personnel, Zhuangzi encourage l’errance insouciante, le « non-agir » (無為, wúwéi), la spontanéité naturelle, la méfiance envers le langage et la communion avec la « Voie » cosmique (道, dào) en suivant la nature. Il met également en avant des pratiques de maîtrise de soi et de son énergie intérieure (氣, ) reposant sur la quiétude et l’absence de pensée. Il valorise la figure de l’homme authentique, sage et invincible, parvenu à cet état supérieur grâce à ces postures morales et ces pratiques, qui sont à l’origine du « Saint » de la tradition taoïste.

Bien qu’il soit principalement connu comme une œuvre philosophique, le Zhuangzi est plus généralement considéré comme l’un des plus grands textes de toute l’histoire de la Chine. Chef-d’œuvre à la fois philosophique et littéraire, il influence considérablement les écrivains et dramaturges depuis plus de 2 000 ans et la dynastie Han (206 av. J.-C. à 220 apr. J.-C.) et laisse des traces dans la culture chinoise telles que la fable du Rêve du papillon ou celle de l’oiseau mythique Peng. La méfiance de Zhuangzi envers la politique et les institutions qui transparaissent dans l’œuvre, inspire également en Occident, de sorte qu’il est parfois considéré comme le « premier anarchiste de l’Histoire… » - Lire cet article entier, voir ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Zhuangzi_(livre) ].

Suite de l’article traduit

Cependant, avant de discuter du Zhuangzi en détail, quelques généralités et observations sont de mise. Tout d’abord, l’idée que le bouddhisme ou le Confucianisme, le clanisme ou le taoïsme pourraient offrir une sorte de réponse à un problème courant ; cela peut faire partie d’une tendance contemporaine plus générale, à savoir la notion selon laquelle la ’sagesse orientale’ peut nous enseigner certaines choses mystérieuses, des vérités sur l’univers, des vérités sur le fait que la ’philosophie occidentale’, dans sa rigidité (et en effet son caractère très occidental), a été incapable de se déverrouiller.3

[Addenda - La philosophie occidentale désigne la pensée philosophique et son élaboration en Occident, se distinguant ainsi de la philosophie orientale ou d’autres tendances diverses observées chez plusieurs peuples autochtones. Le terme est récent et est inventé pour désigner la pensée philosophique de la civilisation occidentale depuis ses racines grecques, en Grèce antique (voir philosophie antique) et couvrant éventuellement une grande partie du globe incluant l’Amérique du Nord et l’Australie. Le mot « philosophie » est lui-même originaire de la Grèce antique : philosophia (φιλοσοφία), littéralement, « amour de la sagesse » (φιλεῖν - philein « aimer » et σοφία - sophia « sagesse », aussi dans le sens de la connaissance, du savoir ordonné et éthique). Dans son sens contemporain, la philosophie occidentale désigne les deux traditions contemporaines de la philosophie : la philosophie analytique et la philosophie continentale1… » - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Philosophie_occidentale ]

Suite de l’article traduit

En principe, il n’y a rien de mal à voir si la philosophie occidentale pourrait apprendre quelque chose à partir des philosophies de l’Orient. Mais les partisans de la ” sagesse orientale ’ diffusent souvent des idées qui n’ont pas grand-chose à voir avec les traditions orientales qu’elles invoquent. 4

Par exemple, les discussions occidentales sur le taoïsme, en particulier dans son lien avec l’écologie, engager les ambiguïtés et les anachronismes du terme ’taoïsme’, une question soulevée de manière tranchée par Nathan Sivin il y a deux décennies. 5

Cependant, en regardant les traditions taoïstes, nous pourrions les définir, pour des réponses à nos propres problèmes : nous devons veiller à ne pas tomber dans le piège des paradigmes de mélange. Par exemple, comme l’historien IG Simmons nous rappelle “ ’ Le taoïsme chinois . . . envisage un rôle quiétiste et non interventionniste dans le monde naturel, mais cela n’a pas empêché les Chinois de l’époque de faire d’énormes changements pour la terre et l’eau autour d’eux’.

[Addenda - Le quiétisme est une doctrine mystique consistant en un itinéraire spirituel de « cheminement vers Dieu » caractérisée par une grande passivité spirituelle vis-à-vis de Dieu. Née en Italie, elle se répandit ailleurs aux XVIIe et XVIIIe siècles. Parmi les protestants, une doctrine similaire s’observe chez les quakers. Pour certains[évasif], elle s’inspire fortement de l’hésychasme orthodoxe, même si en réalité[évasif] et par définition elle en est en quelque sorte l’opposé, car l’hésychasme vise un calme, un repos intérieur, alors que le quiétisme concerne surtout l’absence d’activité extérieure… - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Qui%C3%A9tisme ]

Suite de l’article traduit

Simmons utilise cet exemple pour illustrer sur son point de vue plus large, à savoir “ ce que les gens disent de la nature n’est pas nécessairement comment ils se comportent à son égard.’ 6 - Il aurait pu appuyer sur l’argument encore plus éloigné et a demandé si le “quiétisme ’ et le ’non-interventionnisme’ du taoïsme chinois est conscient d’une manière significative. 7

En d’autres termes, le taoïsme préconise-t-il le quiétisme et le non-interventionnisme par conviction, alors que d’autres attitudes pourraient être un penchant, une inclination naturelle pour la nature qui pourraient menacer l’environnement ? C’est un point crucial, parce que si les philosophes taoïstes n’affirmaient pas explicitement que leurs arguments pourraient être appliqués mentalement à des préoccupations d’écologie ou liées à l’environnement, puis la promotion de leur travail au motif qu’il pourrait nous aider à gérer notre environnement, représente une falsification de leurs idées et une appropriation égoïste du passé à des fins ancrée dans le présent. 8

De plus, nous devons éviter à tout prix le mythe selon lequel les anciens étaient en quelque sorte plus en phase avec la nature, ou que la détérioration de l’environnement est un phénomène exclusivement moderne issu des lacunes particulières des perspectives modernes.

La manipulation de l’environnement — et sa destruction - est aussi vieille que l’espèce Homo sapiens elle-même…. De nombreux chercheurs soulignent le soi-disant Pléistocène, une hypothèse ’exagérée’, qui suggère que les taux surprenants d’extinction chez les grands herbivores de mammifères au Pléistocène et au début de l’Holocène, sont une conséquence directe de la migration humaine… Les chasseurs-cueilleurs préhistoriques ont provoqué des changements permanents à l’environnement pratiquement partout dans le monde, et l’utilisation du feu était l’un de leurs outils les plus efficaces.

Comme Stephen Pyne l’a observé, les grandes prairies de l’Amérique du Nord (que les Européens avaient prises comme primitives, étaient à l’origine boisés et qu’elles avaient été créés par les populations autochtones dans la plupart des cas… Le fait que l’environnement le plus visible et les problèmes d’aujourd’hui peuvent être attribués aux habitudes de notre société post-industrielle signifie pas que les humains préindustriels avaient une plus grande compréhension de l’écologie ou une attitude plus louable envers la nature. Au contraire, les archives historiques suggèrent que les populations du passé n’ont pas causé plus de dommages à l’environnement parce qu’ils en étaient technologiquement incapables. 10

C’est pourquoi le problème de l’environnement peut s’avérer être le problème le plus grave dans l’histoire de notre espèce : c’est un problème qu’aucun humain dans les sociétés n’a jamais résolu….

The Center for the Study of World - PAUL R. GOLDIN, associate professor, Department of East Asian Languages and Civilizations, University of Pennsylvania. Specialties : Chinese philosophy and early Chinese history. E-mail address : prg@sas.upenn.edu
Journal of Chinese Philosophy 32:1 (March 2005) 75–87 - © 2005 Journal of Chinese Philosophy

La totalité de cet article en anglais est à lire sur ce site : https://www-academia-edu.translate.goog/32736199/Why_Daoism_is_Not_Environmentalism?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc

Retour au début du sommaire

Accès à des documents connexes sur Taoïsme et environnement :

Taoïsme et environnement - Natacha Chawla

Le concept de « nature » dans le Daode jing 道德經 et le Zhuangzi et sa pertinence par rapport aux problèmes environnementaux d’aujourd’hui. L’harmonie et la continuité inhérentes entre la nature et les êtres humains est un thème sous-jacent et dominant dans les études taoïstes et la culture chinoise dans son ensemble (Lai, 2003 : 264). L’environnement, pour les taoïstes, a fonctionné comme un espace sacré (Miller, 2003 : 170) utilisé pour la contemplation et la réflexion ; l’attention portée à l’environnement naturel était et est une expérience édifiante (Cooper, 2014 : 98). Les textes taoïstes (et confucéens) mettent en évidence le concept de l’énergie, qi 氣, qui circule à travers tout - une force de liaison sans fin qui inspire la créativité dans les formes de l’univers, les chants de l’oiseau, le pinceau à l’encre sur le papier, les formes des montagnes et rochers, etc. (Weller 2011 : 126). L’idéologie taoïste concerne l’auto-préservation et l’auto-culture en observant le dao 道, la « voie » ; le schéma cosmique et le « cours » du monde naturel. Cela se produit par la méditation et l’observation des énergies cosmiques de l’extérieur vers l’intérieur. Un taoïste vise à atteindre la conformité avec le tao par une attitude de « non-action » (wuwei 無為) et la culture de la puissance intérieure () (Lai, 2007 : 233). Il n’est pas surprenant que des chercheurs et des décideurs politiques récents aient regardé dans cette direction dans l’espoir de trouver un contrepoids à la vision globale dominante de la nature comme une sorte de marchandise, une entité externe, toujours au service des besoins et des désirs perpétuels de l’être humain. . À la lumière des préoccupations environnementales mondiales actuelles…. - Afficher le PDF

La grande unité : taoïsme, animaux non humains et éthique humaine . - Lisa Kemmerer

’La grande unité : taoïsme, animaux non humains et éthique humaine.’ Journal of Critical Animal Studies 7.2 (octobre 2009) : 68-83. Peut être consulté sur http://www.criticalanimalstudies.org/wp-content/uploads/2009/09/Lisa-Kemmerer-pg.-63-83.pdf

Résumé - Cet article explore les enseignements taoïstes favorables aux non-humains animaux, se concentrant sur la philosophie et la moralité, y compris des concepts centraux tels que Dao, ci, jian, bugan wei tianxia xian et wuwei, ainsi que les conceptions taoïstes de l’unité, de l’harmonie et de l’intégrité ultime. Le taoïsme enseigne aux gens à ne pas nuire, ni à tuer, et anticipe donc un régime végétalien… - Afficher le PDF

Repenser les questions environnementales dans un contexte taoïste : pourquoi le taoïsme est et n’est pas l’environnementalisme - Paul d’Ambrosio

Au fur et à mesure que l’ampleur de notre impact sur l’environnement devient de plus en plus claire, la recherche de moyens de limiter ou même de remédier à certains des effets négatifs de nos actions s’élargit. De la science à la religion, des universitaires de presque tous les domaines ont travaillé dur pour essayer de contribuer à une relation plus saine entre les êtres humains et le monde naturel. Dans les sciences humaines, la question est quelque peu difficile. Le sujet est relativement nouveau, il y a donc peu de penseurs ou de traditions qui traitent des problèmes environnementaux pertinents… - Afficher le PDF

Civilisation chinoise ancienne : bibliographie des documents en langues occidentales - Paul R. Goldin

Cette bibliographie, qui contient plus de 14.000 entrées, se veut inclusive du néolithique à l’ère prébouddhique et est continuellement mise à jour. J’avais l’habitude de télécharger le fichier sur le site Web de mon service, mais il ne peut plus gérer des téléchargements aussi volumineux ! - Afficher le PDF

Philosophie environnementale

Zhuangzi et Heidegger sur l’humain et la nature (2013) - Graham Parkes - Afficher le PDF

BUSTAMANTE, J. Y LUIS VARONA, J. (2015) Bibliografía sobre Taoismo Clasico (I) : Obras generales y Zhuangzi (Une bibliographie sélectionnée et commentée sur le taoïsme classique (I) : Travaux généraux et Zhuang zi) (2015)

Javier Bustamante Donas , Juan Luis Varona - Une bibliographie choisie et commentée sur le taoïsme classique (I) : Ouvrages généraux et Zhuang zi - Afficher le PDF

Après Confucius : études sur la philosophie chinoise ancienne - Paul R. Goldin

‘Après Confucius’ est une collection de huit études de philosophie chinoise de l’époque de Confucius à la formation de l’empire aux deuxième et troisième siècles avant notre ère. Comme détaillé dans une introduction magistrale, chaque essai sert d’exemple concret de ’description épaisse’ - une approche inventée par le philosophe Gilbert Ryle - qui vise à révéler la logique qui informe un échange observable entre les membres d’une communauté ou d’une société. Pour saisir la signification de tels échanges, il faut s’interroger sur les réseaux de sens sur lesquels ils s’appuient.

Paul R. Goldin soutient que le caractère de la philosophie chinoise ancienne ne peut être apprécié que si nous reconnaissons les codes culturels qui sous-tendent la circulation des idées dans ce monde. La description épaisse est la meilleure méthode préliminaire pour déterminer comment les penseurs chinois concevaient leur propre entreprise. Qui étaient les anciens philosophes chinois ? Quel était leur public cible ? De quoi se disputaient-ils ? Comment ont-ils réagi aux penseurs antérieurs et entre eux ? Pourquoi ceux au pouvoir souhaitaient-ils avoir de leurs nouvelles, et que prétendaient-ils offrir en échange de leur patronage ?

Goldin aborde ces questions en examinant plusieurs sujets, notamment les conventions rhétoriques de la littérature philosophique chinoise ; la valeur des manuscrits récemment fouillés pour l’interprétation de la littérature reçue plus familière ; et le devoir des traducteurs de transmettre le monde des préoccupations des textes originaux. Chacun des cas étudiés dans ce volume de grande envergure illustre la conviction centrale derrière le plaidoyer de Goldin pour une description détaillée : Afficher le PDF

Journal de philosophie chinoise - Lao-Zhuang et Heidegger sur la nature et la technologie (2012) - Graham Parkes - Afficher le PDF

Répondre avec le dao : l’éthique taoïste primitive et l’environnement - Eric S Nelson

Le taoïsme primitif, tel qu’articulé dans le « Daodejing » et le « Zhuangzi », aborde indirectement les questions environnementales en suggérant une éthique naturaliste non réductrice appelant les humains à être ouverts et sensibles aux spécificités et aux interconnexions du monde et de l’environnement auxquels ils appartiennent. ’’Dao’’ n’est pas une entité substantielle immanente ou transcendante, mais la mise en scène vécue de la valeur intrinsèque des ’myriades de choses’ et du monde naturel se produisant à travers ’comment’ les humains s’adressent à eux et sont adressés par eux. Le taoïsme primitif corrige potentiellement à la fois l’anthropocentrisme et le bio-centrisme dans l’éthique environnementale en révélant les choses elles-mêmes dans le contexte de l’auto-culture de la vie. Compte tenu de la dévastation croissante de l’environnement et de la prédominance des points de vue, des pratiques… - Afficher le PDF

Health : A History, Adamson, Peter ed., Oxford Philosophical Concepts Series, Oxford : OUP 2019 - 2019 Santé et philosophie dans la Chine pré- et ancienne de l’Empire – 2019 - Michael Stanley-Baker 徐源

L’absence de maladie, les signes physiologiques de bien-être et l’évitement de la mort apparaissent comme des thèmes récurrents dans de nombreux écrits de la Chine préimpériale et impériale, mais il n’y avait pas d’analogue direct à une catégorie conceptuelle comme le terme anglais « santé ». Ces thèmes n’apparaissent pas sous un terme universellement cohérent ou une formulation théorique limitée. Au lieu de cela, ils apparaissent comme des termes techniques communs ou des centres d’intérêt pratiques dans différents genres littéraires. Les écrivains chinois font référence aux forces matérielles comme le souffle (qi 氣), la force de vie (sheng 生) et la nature intérieure (xing 性), qui sont cultivées ou nourries (yang 養) dans le corps, pour allonger la vie (ming 命). L’engagement avec la santé était un objet quantitatif pouvant être stocké dans le corps, un objectif processuel plutôt qu’un objet conceptuel.

Alors que le terme « vie nourrissante » (yangsheng 養生) n’est venu désigner un ensemble de pratiques communes et reconnaissables qu’après le premier siècle de notre ère, les pratiques et les objectifs eux-mêmes étaient compris comme étant cohérents dans les sources dès 400 avant notre ère. Dans ce chapitre, je soutiens que trois grandes périodes d’écriture dans la Chine préimpériale et ancienne ont produit des modes d’écriture dominants sur les idéaux corporels qui se sont poursuivis jusqu’à nos jours. Ces écrits comprennent des ouvrages philosophiques, des manuels de culture de soi, des écrits médicaux canoniques, des écrits sur la transcendance et des textes taoïstes formels. Dans ce chapitre, je soutiens que trois grandes périodes d’écriture dans la Chine préimpériale et ancienne ont produit des modes d’écriture dominants sur les idéaux corporels qui se sont poursuivis jusqu’à nos jours.

Ces écrits comprennent des ouvrages philosophiques, des manuels de culture de soi, des écrits médicaux canoniques, des écrits sur la transcendance et des textes taoïstes formels. Dans ce chapitre, je soutiens que trois grandes périodes d’écriture dans la Chine préimpériale et ancienne ont produit des modes d’écriture dominants sur les idéaux corporels qui se sont poursuivis jusqu’à nos jours. Afficher le PDF

Autres documents connexes

Journal d’éthique mondiale 7.2 : 195-203 - Une réponse taoïste au changement climatique 2011 • Martin Schönfeld - Afficher le PDF

Le contexte culturel et religieux du vampirisme sexuel dans la Chine ancienne - Paul R. Goldin - Afficher le PDF

Journal d’histoire chinoise moderne - Lao-Zhuang en vernaculaire : deux lectures évolutives 2017 • Jesse Chapman - Afficher le PDF

Manuscrits chinois anciens : bibliographie des documents en langues occidentales - Paul R. Goldin - Afficher le PDF

Ziran : Authenticité ou Autorité ? 2019 • Misha Tadd谧侠 - Afficher le PDF

Zhuangzi : le film - Visualiser l’énigme d’un corps de Zhuangzi - Sharon Petit - Afficher le PDF

Journal des études taoïstes 7 : 226-41 - Laozi et le nouveau paradigme vert 2014 • Martin Schönfeld - Afficher le PDF

Dao : Un Journal de Philosophie Comparée

Nature, intersubjectivité interchose et environnement : une analyse comparative de Kant et du taoïsme 2009 • Ann A Pang White - Afficher le PDF

Asie majeure (troisième série)

The Theme of the Primacy of the Situation in Classical Chinese Philosophy and Rhetoric 2005 • Paul R Goldin View PDF

Philosophical Daoism and Anarchism : Were Laozi and Zhuangzi the first Anarcho-thinkers ? Chant Cowen View PDF

Classical Daoism - Is There Really Such a Thing ? Part 4.1 Lao-Zhuang老、莊 Scott Barnwell View PDF

Classical Daoism – Is There Really Such a Thing ? Part 4.4 Wuwei無為 Scott Barnwell View PDF

Understanding Chinese Religions

Understanding Chinese Religions full text 2013 • jgentz@staffmail.ed.ac.uk Gentz View PDF

The Journal of East West Thought

THE EARLY MODERN EUROPEAN (NON) RECEPTION OF THE ZHUANGZI TEXT 2019 • Beth Harper - View PDF

International Communication of Chinese Culture

Reworlding the ancient Chinese tiger in the realm of the Asian Anthropocene 2018 • Annu Jalais - View PDF

Studia Philosophica Wratislaviensia - The Tao of Ethics and Politics : A Radical Reading of Taoist Philosophy 2019 • Daniel Komarzyca - View PDF

The Dao of Innovation : What European innovators can learn from philosophical Daoism Anke Scherer View PDF

Religions. Special Issue ’“Authority Versus Authenticity” : Proceedings of the 12th International Conference of Daoist Studies’

Conceptualizing the Interaction of Buddhism and Daoism in the Tang Dynasty : Inner Cultivation and Outer Authority in the Daode Jing Commentaries of Cheng Xuanying and Li Rong 2019 • Friederike Assandri View PDF

Religions

Without Why : Useless Plants in Daoism and Christianity 2019 • Sam Mickey View PDF

Cahiers d’Extrême Asie

From ’Withered Wood’ to ’Dead Ashes’ : Burning Bodies, Metamorphosis, and the Ritual Production of Power Mark Meulenbeld View PDF

Zhou Zuyan, « Philosophie taoïste et écrits littéraires à la fin de la Chine impériale : une étude de cas sur l’histoire de la pierre, 2013 », T’oung Pao, Volume 102, Numéro 1-3, 2016, p.253–257. Vincent Durand-Dastès Afficher le PDF

Retour au début du sommaire {{}}

  • Vues écologiques taoïstes – Traduction du 10 décembre 2022 par Jacques Hallard d’un texte en chinois intitulé 道教生态观 (Perspectives écologiques taoïstes) -
    注:本文主要由中国道教协会的文本材料编译而成,同时引用《新疆师范大学大学报》20063月第27卷第一期部分内容。- Remarque : Cet article est principalement compilé à partir des textes de l’Association taoïste chinoise, et cite en même temps une partie du premier numéro du volume 27 du ’Journal of Xinjiang Normal University’ en mars 2006.

Le taoïsme est une religion originaire de Chine. Il occupe non seulement une place importante dans la culture traditionnelle chinoise, mais a également une grande importance dans la vie humaine moderne.

随着日益严峻的生态危机 … Avec la crise écologique de plus en plus grave, les gens réalisent progressivement que la crise de l’environnement écologique n’est pas seulement liée à l’industrie et aux technologies modernes, mais aussi inextricablement liée à la vision du monde et aux valeurs des gens. Certaines personnes mettent trop l’accent sur l’initiative humaine et la maîtrise de la nature, pillant et empiétant ainsi davantage sur la nature, entraînant une détérioration de la situation écologique.

La pensée du taoïsme nous donne plus d’inspiration sur la façon de s’entendre avec la nature.

1) ’L’homme suit la terre, la terre suit le ciel, le ciel suit le Tao, et le Tao suit la nature’

’ Le taoïsme ’ croit que les êtres humains, la terre, le ciel, le Tao et la nature ont une chaîne de relations holistique, et que tout est finalement gouverné par la nature ’. Le taoïsme préconise de ’ laisser les choses être naturelles ’, ’ sensibles à la nature des choses ’, et ’la voie du ciel est naturelle et inaction’. Tous les objets naturels sont ’autosuffisants’ et maintiennent la diversité biologique, qui joue objectivement un rôle important dans le maintien de l’équilibre écologique. ’ (Yan Shaohua ’Une brève introduction aux vues écologiques religieuses et à l’environnement Concepts de protection’) lorsqu’il s’agit de l’homme et de la nature, l’attitude taoïste est l’unité de l’homme et de la nature, en se concentrant sur l’harmonie entre l’homme et la nature. Prenez ’l’harmonie’ comme principe pour faire les choses. En fait, cela reflète également le fait que les êtres humains doivent respecter les lois de la nature, c’est-à-dire le ’Tao’ lors de l’exercice d’activités. Laissez la nature grandir librement, plutôt que d’interférer artificiellement.

2) ’Yin’ et ’Yang’

Le taoïsme souligne que ’Yin’ et ’Yang’ sont deux aspects opposés des choses, qui sont toujours en constante croissance et transformation. Tout comme le dit le classique taoïste ’Baopuzi’, d’une part, nous devons utiliser la nature, d’autre part, nous devons observer et suivre les lois de la nature, et finalement atteindre l’état d’unité et de transformation mutuelle, donc nous pouvons ainsi vraiment libérer un maximum d’énergie. Si la compréhension des gens de la nature est très unilatérale ou superficielle, et qu’ils ne voient pas à la fois le yin et le yang, ils détruiront l’équilibre, iront aux extrêmes et détruiront la nature sans fin.

[Addenda – « The Baopuzi (simplified Chinese : 抱朴子 ; traditional Chinese : 抱樸子) is a literary work written by Ge Hong (also transliterated as Ko Hung) (葛洪), 283–343, a scholar during the turbulent Jin dynasty. Baopuzi is divided into two main sections, the esoteric Neipian (內篇) ’Inner Chapters’ and equally exoteric Waipian (外篇) ’Outer Chapters’. The Taoist Inner Chapters discuss topics such as techniques to achieve ’hsien’ (仙) ’immortality ; transcendence’, Chinese alchemy, elixirs, and demonology. The Confucian Outer Chapters discuss Chinese literature, Legalism, politics, and society ».

Traduction : Le Baopuzi (chinois simplifié :抱朴子 ; chinois traditionnel :抱樸子) est une œuvre littéraire écrite par Ge Hong (également translittéré en Ko Hung) (葛洪), 283-343, un érudit de la turbulente dynastie Jin. Baopuzi est divisé en deux sections principales, les ’chapitres intérieurs’ ésotériques Neipian (內篇) et les ’chapitres extérieurs’ tout aussi exotériques Waipian (外篇). Les chapitres intérieurs taoïstes discutent de sujets tels que les techniques pour atteindre ’hsien’ (仙) ’l’immortalité ; la transcendance’, l’alchimie chinoise, les élixirs et la démonologie. Les chapitres extérieurs confucéens traitent de la littérature chinoise, du légalisme, de la politique et de la société…. » - Source de l’article complet : https://en.wikipedia.org/wiki/Baopuzi ]

Suite du texte traduit

3) ’’Content sans humiliation, sachant s’arrêter sans péril’ est une proposition importante du taoïsme en termes d’éthique écologique.

’Savoir s’arrêter sans péril’ signifie que dans le processus de poursuite du développement, les êtres humains devraient pleinement considérer le fardeau de la nature environnement écologique Pour ces choses qui détruisent l’équilibre écologique, même si elles ont de grands avantages immédiats, elles doivent être autodisciplinées et ne pas le faire ’Le contentement sans humiliation’ signifie que les gens doivent établir un sens correct de l’accomplissement et ne pas être insatiables dans la poursuite d’intérêts matériels, afin d’éviter la surexploitation des ressources naturelles.’ (Yan Shaohua ’Une brève introduction aux vues écologiques religieuses et aux concepts de protection de l’environnement’)

Les gens doivent être très conscients que les ressources naturelles ne sont pas inépuisables. Quand l’être humain cherche son propre développement, il doit savoir se retenir. Si les gens recherchent aveuglément des avantages en surexploitant les ressources naturelles, même si cela peut beaucoup profiter aux humains, c’est un avantage à court terme, et un tel comportement finira par être puni par la nature.

4) Le taoïsme met également l’accent sur les avantages que peut apporter le développement harmonieux de la nature.

Un développement régulier peut avoir des impacts positifs sur tous les aspects de la société dans son ensemble. Au contraire, cela entraînera le déclin. Une telle idée encouragera les gouvernements et les gens à prêter une grande attention à l’environnement écologique.

Dans l’ensemble, de nombreuses idées taoïstes jouent encore un rôle très important aujourd’hui. Nous sommes prêts à croire que ces idées religieuses peuvent encore guider les gens vers le développement social dans les temps modernes, et nous croyons également que tant que les gens sont prêts à mettre ces idées dans le temps présent, la philosophie bénéficiera également au développement harmonieux entre les êtres humains et la nature. .

Emetteur : https://interfaithsustain.com/ >

« We have one home. With 7.7 billion people and 15 million species, the earth is our collective ship. We have to figure out how to live sustainably, together. We have a shared responsibility for each other. What you do and what I do matter, for ourselves and everyone else on board ». « Nous avons une maison. Avec 7,7 milliards de personnes et 15 millions d’espèces, la terre est notre navire collectif. Nous devons trouver comment vivre durablement, ensemble. Nous avons une responsabilité partagée les uns envers les autres. Ce que vous faites et ce que je fais compte, pour nous et pour tous les autres à bord ».

« The Interfaith Center for Sustainable Development’s founding director Rabbi Yonatan Neril has engaged dozens of congregations, conferences, and institutions on the powerful linkage between ecology and religious values. If you are interested in booking him for a video/Zoom talk or program, please contact us to make engagements. Rabbi Neril speaks internationally on faith and ecology, including at the Fez Climate Summit and the Parliament of World Religions. He has spoken at over 50 institutions on four continents. He co-organized twelve interfaith ecology conferences in Israel and the U.S. and is co-author of the bestselling book Eco Bible. He is a member of the Jewish Speakers Bureau. Clergy and congregants have written the following about their experience during past speaking tours :

  • “Rabbi Neril put a spiritual foundation to the challenges we face with the environment.”
  • “Transcendent moments ! Bible values grounded us in bringing heaven and earth closer together.”
  • “An inspiring educational experience that created an interactive dialogue for what the Jewish tradition teaches about caring for the environment.”
    Traduction : Le directeur fondateur du Centre interreligieux pour le développement durable, le rabbin Yonatan Neril, s’est entretenu avec des dizaines de congrégations, de conférences et d’institutions sur le lien puissant qui existe entre l’écologie et les valeurs religieuses. Si vous souhaitez le réserver pour une conférence ou un programme vidéo/Zoom, veuillez nous contacter pour prendre rendez-vous.

Le rabbin Neril s’exprime au niveau international sur la foi et l’écologie, notamment lors du Sommet sur le climat de Fès et du Parlement des religions du monde. Il a pris la parole dans plus de 50 institutions sur quatre continents. Il a co-organisé douze conférences interconfessionnelles sur l’écologie en Israël et aux États-Unis et est co-auteur du livre à succès Eco Bible. Il est membre du ‘Jewish Speakers Bureau’. Des membres du clergé et des fidèles ont écrit ce qui suit au sujet de leur expérience lors de tournées de conférences antérieures :

’Le rabbin Neril a donné un fondement spirituel aux défis auxquels nous sommes confrontés en matière d’environnement.’

’Des moments transcendants ! Les valeurs bibliques nous ont ancrés dans le rapprochement du ciel et de la terre.’

’Une expérience éducative inspirante qui a créé un dialogue interactif pour ce que la tradition juive enseigne sur le soin de l’environnement.’

Photo : Rabbin Yonatan NerilSource

Rabbi Yonatan NerilSource

2022 © ICSD works on a global basis, currently in Africa, the Middle East, North America and Europe. - Source : https://interfaithsustain.com/mandarin/%E9%81%93%E6%95%99%E7%94%9F%E6%80%81%E8%A7%82/?nowprocket=1

Retour au début du sommaire


  • Recherche sur la Construction du Cadre de Vie sous la Pensée Écologique Taoïste - Sciences et Ingénierie de l’Architecture - Université d’Architecture et de Technologie de Xi’an / Zhang Xiaorui – Traduction du 10 décembre 2022 par Jacques Hallard d’un document intitulé 道教生态思想下的人居环境构建研究 -手机知网 - Zhang Xiaorui · 2012
    Si le développement rapide de la science et de la technologie a amélioré la qualité de la vie humaine, il a également conduit à une crise écologique.

L’épée à double tranchant de la science et de la technologie a amélioré les conditions de vie des gens dans un certain aspect de son développement rapide, mais en même temps, elle a également détruit l’environnement de vie humain à des degrés divers. Lorsque nous pensons que nous sommes intelligents pour poursuivre la soi-disant vie moderne, nous abandonnons, sans le savoir, certaines des idées écologiques de la culture traditionnelle, en échange non seulement de la convergence des formes architecturales, mais plus sérieusement, le système d’équilibre du milieu de vie est détruit sans le savoir.

Comment le futur cadre de vie doit-il être construit ?

Le modèle de construction de l’environnement de l’habitat dans les pays développés n’est évidemment plus un moyen facile pour l’humanité de construire un environnement d’habitat écologique. Dans cette situation, l’ancienne civilisation orientale semblait accorder plus d’attention à l’harmonie entre l’humanité et la nature que la civilisation occidentale.

Cette thèse jette son dévolu sur la pensée écologique du taoïsme traditionnel dans notre pays pour trouver la clé de la résolution des difficultés. Sur la base des conditions nationales, la thèse tente d’explorer la voie de la théorie et de la pratique architecturales avec des ’caractéristiques chinoises’. De cette manière, il promeut l’innovation théorique et pratique de l’harmonie entre l’homme et la nature aujourd’hui.

Les éléments de base d’importance écologique tels que “l’unité du ciel et de l’Homme“,” le Père et la mère de la Terre “et” le taoïsme et la Nature ’ préconisés dans notre taoïsme traditionnel, nous fournissent une plate-forme de conscience écologique qui répond aux conditions nationales. Par conséquent, il est nécessaire d’étudier l’architecture taoïste et les maisons traditionnelles du point de vue de la pensée écologique taoïste, et d’utiliser l’écologie et l’environnement de l’habitat pour faire des interprétations contemporaines de la culture taoïste traditionnelle, afin de trouver un point d’entrée pour la construction d’un environnement d’habitat écologique adapté aux conditions nationales.

Il y a sept chapitres dans la thèse :

Chapitre 1, introduction. Elle comprend le contexte de la recherche, le but, l’objet, la signification, l’examen, la méthode, le contenu, le cadre de la thèse et les concepts et théories de base.

Chapitre 2, Un aperçu de la culture religieuse traditionnelle chinoise du point de vue de la civilisation écologique. Le cours du développement de la civilisation humaine, les vues écologiques et naturelles, l’éthique et les vues pratiques du confucianisme, du bouddhisme et du taoïsme sont discutés ensuite

Chapitre 3, l’évolution historique du taoïsme et de son système idéologique écologique. Prenant la pensée écologique taoïste comme principal objet de recherche, les éléments théoriques, la construction éthique et l’extension réaliste de la pensée écologique taoïste sont analysés en détail. Les idées écologiques contenues dans le taoïsme sont introduites et exposées en détail.

Chapitre 4, La pensée écologique taoïste dans le taoïsme traditionnel architecture. En étudiant la connotation culturelle de l’architecture taoïste elle-même, le principe de sélection du site et les caractéristiques de l’espace plat, nous pouvons explorer les éléments bénéfiques à la construction d’un cadre de vie écologique.

Chapitre 5, La pensée écologique taoïste dans la tradition typique. En étudiant l’évolution des maisons traditionnelles elles-mêmes, la vue écologique naturelle, la sélection du site, les caractéristiques de l’espace plat, la technologie de construction et la sélection des matériaux de construction, nous pouvons explorer les idées écologiques bénéfiques à la construction d’un environnement de vie écologique.

Chapitre 6, la valeur et l’inspiration de la pensée écologique taoïste dans la construction de la vie contemporaine environnement. Il résume systématiquement les idées écologiques incarnées par le taoïsme dans la construction du cadre de vie, et peigne, résume et résume une classe de choses qui ont des caractéristiques communes dans la nature interne et la forme externe une par une, ce qui en fait une sorte de base idéologique qui peut correctement guider la construction du cadre de vie contemporain.

Chapitre 7, Exposé les conclusions et les perspectives de la recherche.

Organisation : Université d’Architecture et de Technologie de Xi’an

手机知网 手机知网_中国知网。手机知网提供手机阅读,下载期刊全文、会议论 ...- HowNet_Réseau national de connaissances en Chine. Mobile HowNet permet la lecture mobile, le téléchargement de revues en texte intégral, les actes de conférence...

CNKI.net - http://www.cnki.net - 手机知网

How to access the CNKI database ? | ResearchGate

Source : https://wap.cnki.net/touch/web/Dissertation/Article/10703-1012046329.nh.html

Retour au début du sommaire


  • Enquête – Explorer le mystère : l’Alliance taoïste peu connue pour la protection de l’environnement – Traduction du 10 décembre 2022 par Jacques Hallard d’un article titré 探秘 :鲜为人知的道教环保联盟 (Alliance environnementale taoïste peu connue) - China Dialogue – Autrice 丹妮斯·赫鲁比 Denise Hruby (en anglais) - 30 mars 2017 – Référence : https://chinadialogue.net/zh/6/43541/
    [Denise Hruby - Je suis une journaliste primé, écrivaine au ‘National Geographic Explorer’ qui se concentre sur la crise climatique et la biodiversité, la politique et l’extrême droite. Originaire des Alpes autrichiennes, je parle allemand et j’ai passé près d’une décennie en tant que correspondante étrangère dans le sud-est de l’Asie et en Chine avant de déménager à Vienne. Mes articles, profils et enquêtes sont publiés dans le New York Times, le National Geographic Magazine, le Washington Post et sur CNN, entre autres, et ils m’ont emmené dans plus de 25 pays à travers le monde. 

@Hannah Reyes Morales

https://www.denisehruby.com/ - @Hannah Reyes Morales

J’ai traqué les trafiquants d’espèces sauvages les plus prolifiques au monde, enquêté sur les finances douteuses de groupes extrémistes d’extrême droite en Allemagne et en Pologne, découvert pourquoi les attaques mortelles de vaches sont en augmentation dans les Alpes et j’ai fait des reportages depuis l’Ukraine, avant et pendant la guerre. Ainsi, j’ai remporté de nombreux prix internationaux, notamment pour mes reportages sur l’environnement et mes articles de fond, et j’ai reçu de nombreuses bourses et subventions. Mon écriture et ma photographie ont également fait la couverture de plusieurs magazines. De temps en temps, j’apparais en tant qu’expert dans des émissions de télévision et de radio, je produis des histoires audio et vidéo et j’enseigne l’écriture de longs métrages dans des écoles de journalisme. J’ai été le journaliste principal de CNN, du Washington Post et de l’AFP lors de l’attentat terroriste de Vienne en 2020, et je travaille régulièrement pour le bureau de l’AFP à Vienne, où je rapporte et édite les dernières nouvelles en Autriche, en Hongrie, en Bulgarie, en Slovénie et en Roumanie. Je parle français, tient des conversations de base en chinois mandarin et j’ai oublié la plupart du russe que j’avais appris à l’université ! ] –Source .

Texte traduit :

探秘 :鲜为人知的道教环保联盟 - 从道法自然到守护自然,是什么促使一百多座道观成立“道教生态保护网络” ? - Qu’est-ce qui a incité plus d’une centaine de temples taoïstes à créer le réseau taoïste de protection écologique, de la loi taoïste de la nature à la protection de la nature ?

Vidéo 2 minutes 19 en chinois mandarin avec sous-titres en anglais - Les taoïstes espèrent changer l’attitude de la nation à l’égard de la protection de l’environnement. (Thomas Cristofoletti, Sixth Voice) Si la vidéo ne s’affiche pas, veuillez-vous rendre sur la chaîne Youku consacrée au dialogue avec les Chinois et les étrangers pour la regarder.

Ren Farong, one of the highest-ranking Taoist masters in China, poses for a photo inside the courtyard at Louguantai Temple, Tayu Village, Shaanxi province, Jan. 12, 2017. Thomas Cristofoletti for Sixth Tone

中国道教协会前会长任法融,2017年1月12日摄于陕西省塔峪村楼观台(第六声托马斯·克里斯托福莱提摄)- Ren Farong, ancien président de l’Association taoïste chinoise, photographié le 12 janvier 2017 à Louguantai, village de Tayu, province du Shaanxi (photo de Thomas Cristoforletti, sixième voix).

Par une froide matinée d’hiver, le chaud soleil brillait sur le visage ridé de Ren Farong, ancien président de l’Association taoïste de Chine. Sa longue barbe blanche s’agitait de haut en bas pendant qu’il parlait.

’Les gens dans le passé étaient simples et honnêtes, et savaient comment protéger l’environnement’, a déclaré Ren Daozhang, alors qu’il était assis sur une chaise en osier dans la cour du temple taoïste de Louguantai. C’est Zhongnanshan, dans la province du Shaanxi, où Lao Tzu a écrit le Tao Te Ching au 4ème siècle avant JC, un texte de 5.000 caractères qui est devenu plus tard le fondement du taoïsme.

Sous l’avant-toit vert émeraude du Louguantai, parmi les pins verts et les cyprès, des prêtres taoïstes coiffés de chignons passent lentement de temps en temps. Les saints et les dieux sont enchâssés dans des sanctuaires dorés. De temps en temps, il y aura une cloche de cuivre dans l’oreille, brisant le silence dans le temple taoïste.

À environ 70 kilomètres de ce paradis tranquille se trouve Xi’an, la capitale de la province du Shaanxi, une ville de 9 millions d’habitants. Là-bas, des voitures de luxe passent devant des centres commerciaux haut de gamme, des cheminées de centrales électriques au charbon crachant des fumées toxiques dans l’air et des usines déversent leurs eaux usées directement dans les rivières.

Ren Daochang croit que la cupidité humaine et l’égoïsme brisent l’équilibre naturel du monde. En tant que disciple du taoïsme, il s’en tient à la voie de l’inaction - l’explication habituelle est de suivre le développement naturel des choses. Mais face à la perversion sans fin de la nature, le taoïste Ren et ses compagnons prêtres taoïstes se sont sentis terrifiés, ils ont estimé qu’ils ne pouvaient plus ’ne rien faire’ et ont décidé à l’unanimité de faire quelque chose.

En 2006, à l’endroit où Lao Tzu a écrit le ’Tao Te King’, de célèbres taoïstes se sont réunis ici et ont signé la ’Déclaration de Qinling’, promettant de lancer une ’révolution verte’ pacifique pour la protection de l’environnement. C’est le ’ Réseau de protection écologique taoïste ’.

À l’heure actuelle, 120 temples taoïstes ont rejoint le ’Réseau taoïste de protection écologique’. Certains temples ont commencé à utiliser des biocarburants et l’éclairage photovoltaïque ; d’autres plantent des arbres pour prévenir l’érosion des sols et organisent des bénévoles pour ramasser les ordures. Des affiches et des panneaux sont placés bien en vue dans les temples taoïstes, rappelant à tout moment aux visiteurs l’importance de la nature.

’Le taoïsme met l’accent sur le respect et la protection de la nature, et tout est dans la poursuite de l’harmonie entre les êtres humains et l’environnement’, a déclaré Daochang Ren. Cette idée cadre bien avec son rôle de leader discret et sans prétention dans le mouvement vert.

Le taoïsme est essentiellement à l’écart du monde, sans désirs ni exigences, et le mode d’action du ‘Green Taoist Network’ le confirme. Alors que d’autres écologistes défilaient et protestaient, écrivaient des pétitions et distribuaient des tracts, les prêtres taoïstes croyaient que le changement viendrait de lui-même : ils promouvaient les causes environnementales en commençant par eux-mêmes et en donnant l’exemple aux autres.

’Ces temples taoïstes sont tous volontairement investis dans la construction de temples taoïstes écologiques’, a déclaré à Sixth Tone He Yun, responsable du projet asiatique de la Fondation pour la conservation religieuse et environnementale (ARC), qui soutient les actions de protection de l’environnement des prêtres taoïstes. ’Je pense que les actions environnementales de ces temples taoïstes auront un grand impact.’

« Si les gens agissent conformément à la loi, l’environnement reviendra naturellement à l’équilibre ». Ren Farong, ancien président de l’Association taoïste chinoise

Les prêtres taoïstes de Louguantai sont également impliqués dans la protection de l’animal le plus emblématique de Chine, le panda. De plus en plus de touristes affluent dans la montagne sacrée Taibai et pénètrent dans la forêt où vivent les pandas, détruisant progressivement leur habitat.

Les taoïstes croient que si les touristes montent tous la montagne par la même route, les pandas peuvent vivre paisiblement sans être dérangés. Par conséquent, ils ont coopéré avec l’ARC pour construire le ’temple taoïste écologique en armure de fer’ le long d’une route de montagne et ont ouvert un centre d’éducation écologique à côté, faisant de cette route la voie la plus attrayante pour gravir la montagne.

L’idée des prêtres taoïstes est très simple : au lieu d’afficher des slogans disant aux touristes ce qu’il faut faire, ce qu’il ne faut pas faire, ce qui est bien et ce qui ne va pas, ils pensent qu’il est plus efficace d’offrir aux gens un itinéraire plus attractif sur la montagne.

Dans une certaine mesure, les touristes ont perturbé la sérénité du temple taoïste, mais les prêtres ont également reconnu la valeur importante de l’éducation des touristes. ’Si les gens agissent conformément à la loi, l’environnement reviendra naturellement à l’équilibre’, a déclaré Ren.

Non loin de Nanjing, dans la province du Jiangsu, le temple taoïste de Maoshan est l’un des plus grands temples taoïstes de Chine et membre du Green Taoist Temple Network. Ici, des lampadaires solaires sont installés des deux côtés de la large route. En regardant du haut de la montagne, il n’y a pas de poteaux téléphoniques ni de fils croisés pour gâcher la vue, et vous pouvez clairement voir une immense statue dorée de Laozi au pied de la montagne. Dans les temples et les salles taoïstes bien proportionnés, les temples taoïstes placent des brochures sur l’importance de garder l’environnement propre, de réduire les déchets et de divers comportements durables.

Tourists take photos at the entrance of Yuanfu Wanning Temple, Jurong City, Jiangsu province, Jan. 10, 2017. The complex includes a massive statue of Lao-tzu, the founder of Taoism. Thomas Cristofoletti for Sixth Tone{{}}Photo

年1月10日,游客在江苏省句容市元符万宁宫入口处拍照。万宁宫内树立着一座巨大的老子塑像。(第六声托马斯·克里斯托福莱提摄)- Des visiteurs prennent des photos à l’entrée du palais Wanning à Yuanfu, dans la ville de Jurong, dans la province de Jiangsu, le 10 janvier 2012. Une immense statue de Laozi est érigée à l’intérieur du palais de Wanning. (Photo par Thomas Cristofoletti, Sixth Voice)

An aerial view of part of the Louguantai Temple complex, Tayu Village, Shaanxi province, Jan. 12, 2017. Thomas Cristofoletti for Sixth TonePhoto

112日,陕西省塔峪镇楼观台鸟瞰。(第六声托马斯·克里斯托福莱提- Vue aérienne du Louguantai dans la ville de Tayu, province de Shaanxi, le 12 janvier 2007. (Photo par Thomas Cristofoletti, Sixth Voice)

A Taoist monk helps visitors prepare an offering at Louguantai Temple, Tayu Village, Shaanxi province, Jan. 12, 2017. Thomas Cristofoletti for Sixth TonePhoto

17年1月12日,陕西省塔峪村楼观台,一位道士帮助访客准备上香。(第六声托马斯·克里斯托福莱提摄)- Un prêtre taoïste aide un visiteur à se préparer à offrir de l’encens à Louguantai, dans le village de Tayu, province de Shaanxi, le 12.1.17. (Photo par Thomas Cristofoletti, Sixth Voice)

丹妮斯·鲁比https://chinadialogue.net/zh/author...丹妮斯·赫鲁比,六筒视觉高级编辑,致力于环境与社会冲突议题 - Denise Hruby : rédactrice en chef de ‘Six Tubes Vision’, travaille sur les questions de conflits environnementaux et sociaux - 自然 文化社区自然保护 热门内容 – Nature Communauté culturelle Conservation de la nature Contenu populaire

China Dialogue

Jobs with China Dialogue Trust

Source : https://chinadialogue.net/zh/6/43541/

Retour au début du sommaire


  • Selon Li Guangfu : « Travailler ensemble pour construire une terre verte, habitable et rayonnante » - 29 novembre, 2010 16:29 - Source : China Environment News Interaction – Traduction du 10/12/2022 par Jacques Hallard d’une circulaire intitulée 李光富:为建设绿色宜居、充满生机的地球而共同努- 道家思想对生态环境保护的启示 (2) 2010年11月29日 16:29 来源:中国环境报 参与互动 (0) - 记者 :道家思想能否为人类指出解决生态危机的出路?对环境保护事业的发展和生态文明建设有哪些借鉴意义? -
    Inspiration de la pensée taoïste sur la protection écologique de l’environnement (2)

Reporter : La pensée taoïste peut-elle indiquer une issue à l’humanité pour résoudre la crise écologique ? Quelles sont les implications pour le développement de la protection de l’environnement et la construction de la civilisation écologique ?

Chers dirigeants, collègues de tous horizons, amis, bonjour à tous ! - Je suis très heureux d’assister au sous-forum Vidéo sur l’Environnement et le Développement de la 9ème Conférence de ”Yazonghe“. J’ai l’honneur de vous rencontrer ”dans le nuage’ (cloud) pendant l’épidémie pour écouter les idées de collègues de diverses religions, échanger des informations, approfondir la compréhension et améliorer les amitiés. Comme co-président de ’Yazonghe’ et représentant de la communauté taoïste chinoise, je souhaite la bienvenue à tous les invités en ligne et hors ligne participant au forum ! À tous les nouveaux et anciens amis, je voudrais exprimer mes salutations les plus sincères et bénédictions. Dans le même temps, je voudrais également remercier les dirigeants et le personnel de “Yazonghe” et “Zhongzonghe” pour leurs arrangements détaillés et réfléchis pour cette conférence dans le contexte particulier de la normalisation de la prévention et du contrôle des épidémies.

La Conférence ’Yazonghe’ est un grand événement des religions asiatiques. Ce sous-forum s’articule autour de ’La culture religieuse et la civilisation écologique’, ce qui est d’une grande utilité pratique. Dans le processus de protection écologique et environnementale mondiale, l’importance et le rôle de la religion sont importants.

Prenant le taoïsme comme exemple, le taoïsme est une religion qui prône la nature et protège l’écologie. Au cours des deux mille dernières années, dans le processus de suivi de la nature et de protection de la nature, une richesse de culture écologique et de sagesse écologique a été nourrie. Le taoïsme prône que ’tout ce qui est tangible contient le taoïsme“, ce qui reflète le concept écologique de ”l’unité du ciel et de l’homme’ du taoïsme.

L’une des significations de “l’unité du ciel et de l’homme” est de suivre les lois de la nature, de protéger l’environnement naturel, de conserver les ressources naturelles, de maintenir l’équilibre écologique, de vivre en harmonie avec toutes les choses de la nature et de coexister dans la prospérité commune. C’est une condition préalable importante à la survie et au développement durable de l’humanité elle-même.

Le taoïsme est toujours une religion qui respecte la ’frugalité “et encore l’”l’écrémage’. Dans le Tao Te Ching, “J’ai trois trésors, et je les garderai. ’Le premier est la gentillesse, le second est la frugalité, et le troisième … une certaine sobriété : « penser moins et vouloir moins » … préconisent à tous et à toutes de diluer nos désirs matériels et de ne pas trop demander à la nature pour satisfaire ces désirs matériels.

Le but est également de conserver les ressources naturelles et ainsi de vivre en harmonie avec la nature. Les taoïstes de tous âges ont également laissé beaucoup de sagesse et d’actes dans la protection de l’environnement.

Lorsque Maître Zhang Daoling prêchait dans la montagne Qingcheng, dans le Sichuan, il a conduit ses disciples à planter abondamment des arbres. Maintenant, dans la grotte Tianshi de la montagne Qingcheng, il y a encore d’anciens arbres de ginkgo plantés par Zhang Daoling lui-même. Dans les premières années de la dynastie des Song du Sud, un Gaodao nommé Fang Changshu vivait isolé dans la montagne Wudang, dans la province du Hubei. Il a insisté pour planter des sapins tous les jours pour faire des sapins du palais de Wulong dans la montagne Wudang, partout dans les montagnes.

Le taoïsme accorde également une attention particulière à la protection de l’environnement et des célèbres palais dans les montagnes. Les lieux saints taoïstes tels que Maoshan dans le Jiangsu, la montagne Wudang dans le Hubei et la montagne Wuyi dans le Fujian maintiennent toujours un bon environnement écologique.

Depuis les temps modernes, le monde taoïste a également accordé une grande attention à la pratique de la protection écologique et environnementale, et il a incorporé la doctrine de la protection de la nature dans les règles et règlements Qing taoïstes, qui sont devenus un code de conduite que les moines doivent respecter.

L’Association Taoïste chinoise a publié la ’Déclaration Écologique Mondiale de l’Association Taoïste Chinoise’, et a participé activement aux conférences mondiales sur la protection de l’environnement telles que le ’Sommet de la Conscience climatique’ en France ; elle a aussi construit une plate-forme pour mener activement des discussions et des échanges avec les Nations Unies et les organisations religieuses internationales sur les questions écologiques et de protection environnementale.

Ces dernières années, la communauté taoïste chinoise a activement prôné les rites de civilisation (encens), le culte civilisé des dieux et la construction du taoïsme écologique. Avec la vue du palais taoïste comme fenêtre et support, elle promeut la culture écologique taoïste et favorise les changements dans la vie sociale et les méthodes de production, par la purification du cœur des gens, réalisant ainsi l’harmonie et l’unité entre l’homme et la nature.

La Chine adhère au nouveau concept de développement de l’innovation, de la coordination, de la verdure, de l’ouverture et du partage, pratique le concept de “l’eau verte et les montagnes vertes sont des montagnes dorées et des montagnes argentées” et elle prône la construction commune d’une communauté de vie humaine et naturelle. Elle hérite des valeurs traditionnelles chinoises de “Si vous êtes pauvre, vous serez seul, et si vous l’atteignez, vous bénéficierez au monde”, et établit un concept de développement durable. La communauté de la vie humaine et naturelle transcende les frontières de la race, du pays et de l’idéologie, et fournit une nouvelle perspective et des solutions rationnelles et réalisables pour penser à la protection écologique et environnementale humaine.

Le taoïsme est prêt à travailler avec d’autres religions pour utiliser sa propre influence et son appel à combiner la sagesse religieuse avec le sens de la civilisation écologique, faire de nouvelles interprétations, se répandre dans le monde, guider les gens pour améliorer la conscience environnementale et travailler ensemble pour construire une terre verte, vivable et dynamique. Faites des efforts. C’est la responsabilité et la mission historique de toutes les religions en ce moment.

On espère qu’à travers ce forum, des personnes perspicaces de tous les cercles religieux répondront à l’appel du temps, contribueront à la sagesse écologique religieuse, renforceront la gouvernance de la protection écologique et environnementale, travailleront ensemble pour vaincre l’épidémie et défendront conjointement la terre dont l’humanité dépend pour sa survie…

Enfin, je vous souhaite à tous un corps et un esprit en bonne santé, bonne chance et des bénédictions incommensurables ! - Merci à tous !

https://translate.google.com/website?sl=zh-CN&tl=fr&hl=fr&prev=search&u=http://www.taoist.org.cn/images/sr_r3_c1.gif

(Cet article est un discours du Maître Taoïste Li Guangfu, coprésident de la Conférence de Paix Religieuse Asiatique, Vice-Président du Comité de Paix Religieuse Chinois et Président de l’Association Taoïste Chinoise, au Sous-Forum sur l’Environnement et le Développement de la Neuvième Conférence de “Yazonghe” et le Séminaire International sur “Culture Religieuse et Civilisation Écologique” le 21 octobre 2021.

京ICP备16009827号 京公网安备110102002089 - 联网宗教信息服务许可证http://www.taoist.org.cn/showInfoCo...编号:国(20220000002 - Internet Religious Information Service License No. : State (2022) 0000002

中国道教协会 版权所有 未经授权禁止复制或镜像 2011 - Copyright © 2011 Association taoïste de Chine - Tous droits réservés Copie ou duplication non autorisée interdite 2011 - 京ICP备16009827号 京公网安备110102002089 - Adresse : Baiyunguan West Courtyard, Xicheng District, Beijing - Code postal 100045

http://www.taoist.org.cn/images/huihui2.png

Source : http://www.taoist.org.cn

Voir également : https://www.taoist.org/fr/ et Bien-être | Tai chi chuan > Organisme bénévole d’enseignement des arts internes de santé du Tai Chi Taoïste sur ce site : https://osensaintmalo.fr/project/association-tai-chi-taoiste/

Les articles étiquetés « Taï Chi » et mis en ligne sur ISIAS sont à retrouver à partir de ce site : https://isias.lautre.net/spip.php?page=recherche&recherche=tai+chi

Retour au début du sommaire

NB. Les 2 articles suivants, d’origine différente, reprennent les mêmes formulations


  • Mettre l’accent et se concentrer sur les pratiques écologiques pour promouvoir l’éco-culture taoïste - China Ethnic Religion Network - 02 novembre 2021 – Traduction du 10 décembre 2022 par Jacques Hallard d’un document en chinois intitulé 关注生态环保实践 弘扬道教生态文化 - 来源:中国民族报 中国道教协会会长 李光富 发布日期:2021-11-02投稿收藏
    Source : Journal China Ethnicity Li Guangfu, président de l’Association taoïste chinoise Date : 2021-11-02 - Recueil des contributions

Le taoïsme préconise que ’toutes les formes contiennent la nature du Tao’, ce qui reflète le concept écologique taoïste de ’l’unité du ciel et de l’homme’. L’une des dimensions de ’l’unité du ciel et de l’homme’ consiste à respecter les lois de la nature, à protéger l’environnement naturel, à conserver les ressources naturelles et à maintenir ...

Le sous-forum du 9ème Congrès de « Yazonghe » [Comité de paix des cercles religieux de Chine] tournait autour de « la culture religieuse et la civilisation écologique », qui a une signification pratique importante.

Dans le processus de protection de l’environnement écologique mondial, l’importance et le rôle de la religion sont importants. Prenant le taoïsme comme exemple, le taoïsme est une religion qui défend la nature et protège l’écologie. Au cours des deux mille dernières années, dans le processus de suivre la nature et de protéger la nature, il a engendré une riche culture écologique et une sagesse écologique. Le taoïsme prône que ’tout ce qui est tangible contient le taoïsme’, qui incarne le concept écologique taoïste de ’l’harmonie entre l’homme et la nature’. L’une des significations de ’l’harmonie entre l’homme et la nature’ est de suivre les lois de la nature, de protéger l’environnement naturel, d’économiser les ressources naturelles, de maintenir l’équilibre écologique et de vivre en harmonie et coprospérité avec toutes les choses de la nature, un aspect important pour la survie et le développement durable des êtres humains.

Le taoïsme est une religion qui prône « l’économie » et « l’avarice ». Dans le « Tao Te King », « J’ai trois trésors, et je les garde. Le premier est la compassion, le second est la frugalité, et le troisième est la sobriété : ’ne pas oser être le premier au monde’ et ’Soyez simple, pensez moins et ayez moins de désirs’ ; ils préconisent tous de minimiser ses désirs matériels et de ne pas trop prendre à la nature pour satisfaire ses désirs matériels. Le but est aussi pour économiser les ressources naturelles et vivre en harmonie avec la nature.

Les taoïstes de tous âges ont laissé beaucoup de sagesse et d’actions en matière de protection de l’environnement. Lorsque Maître Zhang Daoling prêchait au Mont Qingcheng, Sichuan, il conduisit ses disciples à planter des arbres. Maintenant, dans la grotte de Tianshi dans la montagne Qingcheng, il y a encore d’anciens arbres (des Ginkgo biloba) plantés par Zhang Daoling lui-même. Dans les premières années de la dynastie des Song du Sud, il y avait un Gaodao nommé qui vivait isolé dans la montagne Wudang, province du Hubei. Il insistait pour planter des sapins tous les jours, de sorte que les sapins pour le palais Wulong dans la montagne Wudang étaient partout dans la montagne.

Les taoïstes accordent également une attention particulière à la protection de l’environnement des célèbres temples de montagne. Les lieux sacrés taoïstes tels que Maoshan dans le Jiangsu, la montagne Wudang dans le Hubei et la montagne Wuyi dans le Fujian conservent toujours un bon environnement écologique.

Depuis les temps modernes, le cercle taoïste a également accordé une grande attention à la pratique de la protection écologique, incorporant les enseignements de la protection de la nature dans les règles et règlements taoïstes et devenant un code de conduite que les praticiens du taoïsme doivent respecter.

L’Association taoïste chinoise a publié la ’Déclaration écologique mondiale de l’Association taoïste chinoise’, a participé activement au ’Sommet de la conscience climatique’ français et à d’autres conférences mondiales sur la protection de l’environnement, a construit une plate-forme et a activement mené des discussions et des échanges avec les Nations Unies et les organisations religieuses internationales, les organisations de protection de l’écologie et de l’environnement.

Ces dernières années, les cercles taoïstes chinois ont activement prôné le respect des rites (encens) de manière réfléchie, le respect des dieux de manière civilisée et la construction de temples taoïstes écologiques. Utilisant les temples taoïstes comme fenêtres et supports, ils promeuvent la culture écologique taoïste et favorisent les changements dans la production sociale et modes de vie par la purification du cœur des gens, réalisant ainsi l’harmonie entre les gens et l’harmonie et l’unité de la nature.

La Chine adhère au nouveau concept de développement de l’innovation, de la coordination, du vert, de l’ouverture et du partage, pratique le concept ’les eaux claires et les montagnes luxuriantes sont des atouts inestimables’, et prône la construction conjointe d’une communauté de vie humaine et naturelle, qui consiste à établir un concept de développement durable.

La communauté de la vie humaine et naturelle transcende les frontières raciales, nationalistes et idéologiques : elle offre une nouvelle perspective et des solutions rationnelles et réalisables pour réfléchir à la protection de l’environnement écologique humain.

Le taoïsme est prêt à travailler avec d’autres religions pour utiliser sa propre influence et son appel à combiner la sagesse religieuse avec le sens de la civilisation écologique, à en faire une nouvelle interprétation, à la diffuser dans le monde, à guider les gens pour renforcer la sensibilisation à la protection de l’environnement et à contribuer conjointement à la construction d’une terre verte et habitable, Travailler dur pour une terre vivante. C’est la responsabilité incontournable de toutes les religions et la mission historique qu’elles doivent entreprendre.

(Cet article est le discours de l’auteur au sous-forum sur l’environnement et le développement de la 9e Conférence asiatique sur la paix religieuse et la vidéoconférence du Symposium international sur ’Culture religieuse et civilisation écologique’. Ce journal a abrégé, et le titre est ajouté par l’éditeur) - ’China National Daily’ (version 7, 2 novembre 2021) - China National Daily Religion Hebdomadaire : zjnews_mzb@163.com - (Editeur : Shi Jianhang)

中国民族宗教网 : Réseau national religieux de Chine - Accueil > http://www.mzb.com.cn/

http://www.mzb.com.cn/res/Home/structure/180622571.png

Source : http://www.mzb.com.cn/html/report/211130132-1.htm

Retour au début du sommaire

  • {{}}
    Mettre l’accent sur les pratiques écologiques et de protection de l’environnement pour promouvoir la culture écologique taoïste - Promouvoir l’éco-culture taoïste par des pratiques respectueuses de l’environnement - Traduction du 28 novembre 2022 par Jacques Hallard de l’article en chinois : 关注生态环践 弘道教生文化 - 2021
    > 宗教/人文 > 动态 > 正文- 关注生态环道教生文化 - 来源:中国民族 中国道教会会 李光富 布日期:2021-11-02 投稿收藏 - Page d’accueil> Religion / Sciences humaines> Nouvelles> Texte traduit

Source : China Minzu Daily, Li Guangfu, Président de l’Association taoïste chinoise - Date de sortie : 2021-11-02 - Collection de soumission

Le sous-forum de la Neuvième Conférence de ”Yazonghe’ tourne autour de la “Culture religieuse et de la Civilisation écologique’, ce qui est d’une grande importance pratique.

Dans le processus de protection écologique et environnementale mondiale, l’importance et le rôle de la religion sont importants. Prenant le taoïsme comme exemple, le taoïsme est une religion qui prône la nature et protège l’écologie. Au cours des deux mille dernières années, dans le processus de suivi de la nature et de protection de la nature, il a nourri une richesse de culture écologique et de sagesse écologique. Le taoïsme prône que ’tout ce qui est tangible contient le taoïsme“, qui incarne le concept écologique de ”l’unité du ciel et de l’homme’ du taoïsme. L’une des significations de “l’unité du ciel et de l’homme ’ est de suivre les lois de la nature, de protéger l’environnement naturel, de conserver les ressources naturelles, de maintenir l’équilibre écologique, de vivre en harmonie et de coexister dans la prospérité commune avec toutes les choses de la nature. C’est une condition préalable importante à la survie et au développement durable de l’humanité elle-même.

Le taoïsme est une religion qui respecte la ’frugalité” et prône la ’modestie’. Dans le Tao Te Ching, “J’ai trois trésors, et je les garderai. ’Le premier est la gentillesse, le second est la frugalité, et le troisième est que vous n’osez pas être le premier au monde” et “Voir Su Baopu, penser moins et vouloir moins’ préconisent tous de diluer ses désirs matériels et de ne pas trop demander à la nature pour satisfaire ses désirs matériels. Le but est également de conserver les ressources naturelles et ainsi de vivre en harmonie avec la nature.

Les taoïstes de tous âges ont laissé beaucoup de sagesse et d’actes dans la protection de l’environnement. Lorsque Maître Zhang Daoling prêchait dans la montagne Qingcheng, dans le Sichuan, il a conduit ses disciples à planter abondamment des arbres. Maintenant, dans la grotte Tianshi de la montagne Qingcheng, il y a encore d’anciens arbres de ginkgo plantés par Zhang Daoling lui-même. Au début de la dynastie des Song du Sud, un Gaodao nommé Fang Changshu vivait isolé dans la montagne Wudang, dans la province du Hubei. Il a insisté pour planter des sapins tous les jours pour faire des sapins du palais Wulong de la montagne Wudang partout dans les montagnes. Les taoïstes accordent également une attention particulière à la protection de l’environnement du célèbre palais de montagne. Les lieux saints taoïstes tels que Maoshan dans le Jiangsu, la montagne Wudang dans le Hubei et la montagne Wuyi dans le Fujian maintiennent toujours un bon environnement écologique.

Depuis les temps modernes, le monde taoïste a également accordé une grande attention à la pratique de la protection écologique et environnementale, et il a incorporé la doctrine de la protection de la nature dans les règles et règlements taoïstes, qui sont devenus un code de conduite que les moines doivent respecter. L’Association Taoïste chinoise a publié la ’Déclaration Écologique Mondiale de l’Association Taoïste Chinoise’, a participé activement aux conférences mondiales sur la protection de l’environnement telles que le ’Sommet de la Conscience climatique’ en France et a construit une plate-forme pour mener activement des discussions et des échanges avec les Nations Unies et les organisations religieuses internationales sur les questions écologiques et de la protection de l’environnement. Au cours de ces dernières années, la communauté taoïste chinoise a activement prôné l’encens civilisé, le culte civilisé des dieux et la construction du taoïsme écologique. Avec la vue du palais taoïste comme fenêtre et support, il promeut la culture écologique taoïste et favorise les changements dans la production sociale et le mode de vie grâce à la purification du cœur des gens, réalisant ainsi l’harmonie et l’unité entre l’homme et la nature.

La Chine adhère au nouveau concept de développement de l’innovation, de la coordination, de la verdure, de l’ouverture et du partage, pratique le concept de ’l’eau verte et les montagnes vertes sont des montagnes dorées et des montagnes argentées’, et préconise la construction commune d’une communauté de vie humaine et naturelle, qui est d’établir un concept de développement durable. La communauté de la vie humaine et naturelle transcende les frontières des ethnies, des pays et des idéologies, et elle fournit une nouvelle perspective et des solutions rationnelles et réalisables pour penser à la protection écologique et environnementale humaine.

Le taoïsme est prêt à travailler avec d’autres religions pour utiliser son influence et son attrait pour combiner la sagesse religieuse avec le sens de la civilisation écologique, faire de nouvelles interprétations, se répandre dans le monde, guider les gens pour améliorer la conscience environnementale et travailler ensemble pour construire une terre verte, vivable et dynamique. Travaillez dur. C’est la responsabilité et la mission historique de toutes les religions en ce moment.

(Cet article est le discours de l’auteur au Sous-Forum sur l’Environnement et le Développement de la 9e Conférence Asiatique sur la Paix Religieuse et la Vidéoconférence du Séminaire International sur “La Culture Religieuse et la Civilisation Écologique”. Ce journal a été abrégé et le titre est ajouté par l’éditeur)

’China Minzu Daily’ (7e édition, 2 novembre 2021) - Quotidien National de Chine * Religieux Weekly : zjnews_mzb@163.com - (Éditeur : Shi Jianhang) –Source de l’article en chinois : http://www.mzb.com.cn/html/report/211130132-1.htm

中国国家宗教网 : 首页 - Réseau national religieux de Chine : accueil - http://www.mzb.com.cn/

Retour au début du sommaire

  • {{}}
    Note préalable sur les 2 articles qui suivent – Réinventer avec Phalanstere.fr
    Phalanstere.fr rassemble, depuis 2009, la synthèse des cours et conférences de Jérôme Ravenet. Il contribue par des textes génératifs à une ascèse personnelle et à une réflexion sur la crise de civilisation du monde moderne, du XVII au XXIème siècle, et sur la crise morale, politique et évolutive de l’humanité. Il ouvre sur la définition d’un Nouveau Phalanstère, hypothèse d’un réseau atypique, décalé pour penser une écosophie, un art d’habiter humainement le monde dans lequel le rapport simple et direct à l’être remet en perspective la place que la technoscience et sa rationalité occupaient dans le monde moderne. 

Jérôme Ravenet est agrégé de philosophie (1995) et docteur en sinologie de l’Université Paris VII (2001 après une thèse avec François Jullien), et de l’Université Paris X (2022, après une deuxième thèse sur le socialisme à la chinoise, sous la direction d’E. R.), professeur de philosophie dans le secondaire (depuis 1995) et de chinois à l’IEP d’Aix-en-Provence (depuis 2007). Egalement diplômé de l’Université de Médecine Traditionnelle Chinoise de Shanghai (2004), il est chargé de cours en Médecine Chinoise, ainsi qu’en Philosophies Comparées à l’UTL de l’Université d’Aix Marseille depuis 2021-2022. Professeur BEES1 (2003) et ancien champion du monde IWUF (2006), Membre du Collège Technique de la FFWAEMC (2005-2012) puis Expert de la FFKDA spécialiste du Ba Gua Zhang (depuis 2019), 6e Duan de Kung Fu, jeûneur intermittent perpétuel et isétien (depuis 2016), il enseigne les Arts Energétiques, moins comme des techniques sportives que comme les exercices spirituels d’une diététique consciente, un art de nourrir la vie, comme une pratique de Pleine Conscience, mettant l’accent sur la simplification de l’existence - les références bibliques, grecques, spécialement stoïciennes, chinoises et indiennes nourrissant sa réflexion - la référence au phalanstère servant de trame humoristique pour montrer comment se vit socialement au quotidien son projet harmonien dans un monde qui l’est si peu... Candidat pour la Paix et pour une autre idée du Vivre-Ensemble à travers la défense de la Cause Animale aux Législatives 2012 et 2017 (avec l’Alliance Ecologiste indépendante). Médaillé d’honneur par le Général Wan Su Jian (Croix Rouge Internationale, à Pékin, 2015) pour ses recherches pratiques sur les Arts Energétiques dans le cadre de l’association Ynergy. Il partage occasionnellement un enseignement autour de l’assise et du souffle, de la diététique et de la médecine chinoise, et régulièrement autour de la philosophie antique (grecque et chinoise) comme exercice spirituel. 

L’outil méthodologique est celui d’une analyse médicale de la crise de la rationalité occidentale, tant au niveau personnel d’une quête du bonheur, qu’au niveau politique et à travers un dialogue avec le souverainisme socialiste à la chinoise (sujet d’une deuxième thèse de Doctorat en cours 2019-2021). Les articles peuvent donc également se ranger dans l’une ou l’autre des quatre catégories suivantes : 

1. Diagnostic  : analyse des signes de la crise de la Raison - ce sont pour l’essentiel les articles concernant le développement durable, la bioéthique, l’actualité scientifique, l’économie, la géopolitique, la sociologie et l’histoire. 

2. Etiologie  : analyse des causes de la crise (exemple : articles Indice de crise...) - ce sont pour l’essentiel tous les articles d’anthropologie, d’épistémologie et d’histoire de la philosophie qui permettent de comprendre rationnellement la crise du rationalisme.

3. Pronostic  : analyse des raisons d’espérer ou de douter (exemple : article Catastrophisme...)

4. Prescription  : analyse des réponses au problème de la Crise - individuelle ou collective. 

Suite : https://sites.google.com/a/volubilys.fr/phalanstere2/un-monde-humain

Ou bien : https://sites.google.com/a/volubilys.fr/phalanstere2/anti-discours-de-la-methode

{{}}
Retour au sommaire

  • {{}}
    Féminin et Taoïsme - L’archétype du féminin dans le Taoïsme - Le Nouveau Phalanstère - Etudes chinoises
    On ne peut pas dire que le Taoïsme ait le monopole du féminin ; d’autres religions ou spiritualités ont valorisé le féminin : celle de Jésus, le Bouddhisme et ses dakinis, etc...Mais d’abord remarquons que le taoïsme a dissocié, 300 av JC environ, sa réflexion sur féminité de l’identité sociale ou biologique de la femme ; autrement il n’a pas essentialisé la femme et n’est pas tombé dans les pièges que Bourdieu essaie encore de nous faire éviter ; le Taoïsme a bien distingué l’archétype du féminin de l’identité sociale ou biologique, qui est une identité construite de la femme (et de cette dernière il ne parle pas, puisqu’il ne fait pas oeuvre de sociologie). le Taoïsme a essayé de donner, au lieu d’images, des éléments de définition de cet archétype. Quelques pistes :
  • La féminité est une alternative à la vision classique de la relation humaine pensable en termes de domination. Yi qi bu zheng gu tianxia mo neng yu zhi zheng : comme elle ne rivalise pas, personne ne rivalise avec elle (ch.66). Attentif au problème de la violence, j’insiste sur ce point, pour me distancier des conceptions paranoïdes de la féminité (celles de nombreux féministes) qui au lieu d’une alternative ne proposent que de résister ou de renverser la relation de domination. La Voie du sage consiste à favoriser sans nuire et agir sans rivaliser (li er bu hai, wei er bu zheng ch.81).
  • La féminité est « vide » (xu, ch.11) et n’a pas d’essence propre. Refus d’une identité féminine, d’un essentialisme. C’est la raison pour laquelle elle est plutôt « pour autrui » (yi wei ren, ch.81). Pour parler comme Bourdieu (plagiant la formule de Berkeley « esse est percipi »), son être est d’être perçu. Elle se définit comme « être en relation », et non en soi et par soi. C’est un élément de définition difficile à accepter pour les féministes qui y suspectent un déni de la femme, réduite à un faire-valoir et à devoir toujours dépendre d’un tiers (mari, père, enfants, etc.). Mais pour nous, cette définition interroge plutôt l’indépendance (illusoire ?) de la masculinité.
  • Le féminin ne s’oppose pas au masculin et le Taoïsme ne renverse pas la hiérarchie des valeurs. « Connais le masculin, adhère au féminin » (ch.28). Il privilégie le féminin, il accentue l’atténuation de l’ego, et « assume les outrages » (ch.28). Je n’en conclus pas que cette philosophie pousse les femmes à accepter docilement la soumission et l’humiliation ; mais qu’elle invite chacun à se mettre « en-dessous » comme le fleuve et la mer sont en dessous des Cent Vallées (ch.66), à ne pas se poser « en maître » mais plutôt en « invité » (ch.69) parce que c’est la position optimale qui permet de réguler la situation. Réguler veut dire : assouplir les tensions, et distribuer les satisfactions. Il ne s’agit pas de renverser la relation de domination de manière efficace (car ce renversement modifie la distribution des rôles, non le schéma relationnel).
  • La féminité ne consiste pas à se soumettre puisqu’elle est efficiente (en chinois « de »). « Rien n’est plus souple et plus faible que l’eau, mais pour enlever le dur et le fort, rien ne la surpasse » (ch.78). L’action masculine est efficace (fondée sur la volonté et la force) mais l’inagir féminin (agir sans agir, wei wu wei) est efficient. Depuis F. Jullien, on a pris l’habitude de distinguer ces deux termes pour renvoyer à ces deux modalités différentes du faire. Parler d’une efficience du féminin, ce n’est donc pas légitimer la domination masculine et la soumission des femmes. C’est inviter à comprendre l’avantage paradoxal qu’offre le fait d’assumer la position dominée. Tout le monde voit l’avantage de tenir la position dominante, mais la vérité paradoxale (fan, ch.78) de la Voie du Féminin consiste à voir l’avantage de - et donc à assumer le mépris de - la position dominée. Bref : à ‘désidentifier’ la position et ses potentialités cachées. Raison pour laquelle, il y a là une spiritualité difficile parce qu’elle suppose, non de croire, mais de comprendre cette efficience. 
  • Le féminin ne valorise pas la pensée rationnelle, mais l’intuition (mingxin) ; et ne valorise pas la volonté (zhi) mais les facultés d’adaptation qui permettent de s’harmoniser à la situation (he). 
    Inconvénient du Laozi : ses formules poétiques permettent de deviner mais ne permettent pas vraiment de comprendre le fonctionnement de cette efficience. Pour en approfondir la signification psychologique de cette efficience, et sa pertinence notamment dans une situation d’extrême dissymétrie de pouvoir, nous irons voir du côté de B. Bettelheim, la Coeur conscient, p.284 sqq. Source :

https://sites.google.com/a/volubilys.fr/phalanstere2/etudes-chinoises/feminin-et-taoiesme

Retour au début du sommaire {{}}


  • {{}}
    Spiritualités laïques ? (1) -
    Réflexion sur les arts taoïstes en Occident - - Le Nouveau Phalanstère - Etudes chinoises
    En quoi le Ba Gua Yang Sheng Gong (八卦养生功) représenterait-il une spiritualité adaptée à la situation de l’Occident moderne laïcisé (marqué par le recul des structures religieuses de la société) ? Adossée au Taoïsme (道家), cette pratique a-monacale ou a-cléricale peut séduire les indifférents religieux nostalgiques de spiritualité. Comme d’autres pratiques sécularisées (je pense par exemple à la méditation Pleine Conscience), elle se transmet sous forme d’associations d’arts internes chinois (sous le titre de Qi Gong, etc...) qui semblent bien peu vouloir faire école (pas d’équivalent taoïste de l’Union des Bouddhistes de France, par exemple). Et pour cause : elle est initiée par des auteurs (老子 Laozi, 庄子 Zhuangzi) qui n’ont nullement insisté sur la nécessité d’une institution stable. Les pierres de l’alchimie taoïste n’appellent à la fondation d’aucune église malgré une tradition monacale aussi ancienne que celle du christianisme (Lingbao, 4e s.). Laozi errant vers l’ouest ; Zhuangzi, poète un peu sauvage : ni église, ni sangha : aucune forme d’institution représentative ne la transmet dans l’époque contemporaine. Le monachisme taoïste avait ressemblé à une possibilité gratuite de l’histoire. Les personnages du Zhuangzi sont des laïcs : et plutôt humbles artisans que notables. Le boucher Ding et son couteau (en ch. 刀dao, homophone de 道Dao, la Voie) en est le personnage emblématique. Le taoïste de ces textes n’est jamais un clerc et le taoïsme est une spiritualité du quotidienMais soyons honnête : son Ciel n’est-il pas plus proche de Dieu que n’importe quel idéal athée ? Difficile de dire qu’il s’agit d’une spiritualité athée, tant le Ciel, 天,i.e. l’Ordre invisible, y tient lieu de divinité – le mot se trouve en effet chez Laozi. Bien que le sage doive réduire ses désirs, le renoncement n’y a pas la même importance que dans le ‘Vinaya théravadin’ et dans le bouddhisme en général. Pas d’austérité dans la frugalité taoïste, encore moins de sècheresse, mais une sorte d’exubérance qui se manifeste non pas par l’accumulation de biens de consommation, mais par la facétie, un contentement débordant : c’est si l’on veut une ascèse de la spontanéité. De là, à croire qu’il est compatible avec la société de consommation et un style de vie décomplexé dans son rapport à l’ambition et à l’argent, etc…, il n’y a qu’un pas : mais ce serait s’arranger avec les textes du Zhuangzi qui invitent à « mettre hors de soi le monde », à « mettre les êtres au dehors », et même à « mettre la vie au dehors » (quand vivre veut dire satisfaire des besoins sans freins) - pour ne citer que son chapitre 5.En tous cas, si c’est une spiritualité laïque, elle tient la politique en suspicion : la politique de Laozi n’a rien de missionnaire, invite à la prudence, et Zhuangzi met ouvertement en garde contre tout risque d’instrumentalisation des discours les plus sages (ch.5). La Voie qu’indique Zhuangzi se veut proche de la vie, plus que du pouvoir ou des richesses. Il s’agit de nourrir l’énergie vitale comme le dit le chapitre 3 : 养生,Yang Sheng, Nourrir la vie.Et comme notre soif de bien-être aime à s’y reconnaître ! Mais il ne s’agit pas de se nourrir par l’estomac, ni par les soins du corps, même ceux qu’on nous prodigue dans les centres de bien-être ‘zénifiants’. Il n’y a pas de culte taoïste du corps : les exemples choisis par Zhuangzi sont d’abord des estropiés, des handicapés, des femmes laides à voir. Les arbres mêmes ne sont édifiants que lorsqu’ils sont tortueux et bons à rien (ch.1). Le paradoxe est complet si l’on s’avise que cette vie est d’abord - C’est un point de quasi-polémique entre Laozi et Zhuangzi : celui-ci nous faisant miroiter l’idéal de l’immortalité, celui-là nous rappelant ce qu’il y a de dérisoire dans un tel idéal qui trahit l’attachement bien ordinaire d’un « esprit fabriqué ». La vie, c’est le changement et le changement nous appelle à plus de spontanéité (自然, ziran), ce qui ne veut pas dire : à plus de caprices. Mais comment distinguer la spontanéité et le caprice ?Autrement dit : comment distinguer la sagesse et son simulacre, le jouisseur décomplexé ? On voit ici très bien quel type de malentendu peut alimenter les fantasmes d’un occidental de la société de consommation. Cauchemar de Zhuangzi : le taoïsme comme caution d’un consumérisme hypocrite, supplément d’âme d’un ‘confortalisme’ sans complexe, bref comme esthétisation du matérialisme hédoniste (celui qui s’affiche dans la publicité ou même dans les philosophies à la mode dans les médias).Pour éviter que le remède ne tourne au poison, les éléments concrets du texte ne devraient-ils pas faire l’objet d’une application littérale : une vie toujours plus sobre, sans autre luxe que la simplicité, une frugalité quotidienne, ponctuée de jeûnes réguliers, de végétarisme raisonnable, bref un art quotidien, sans apprêt, se défiant de conférer à ceux qui le pratiquent l’air d’être ’spécial’, qui ressemblerait l’artisanat le plus humble et invisible, consistant simplement à voir clair, (en ch. 明, ming), i.e. à percevoir les lignes d’énergie du réel, à s’y adapter, à s’y harmoniser, à mieux les épouser pour en nourrir la vie.Bibliographie : Philosophes Taoïstes, Gallimard, Pléiade, trad. parfois fantaisiste de Liou Kia-Hway, 1967.Fung Yu Lan, A short history of chinese philosophy, bilingue angl-chinois, Tianjin, Tianjin shehui kexue yanjiu chubanshe, 2008.Granet Marcel, La religion des Chinois, Paris, Albin Michel, Spiritualités vivantes, 1989.– La pensée chinoise, Paris, Albin Michel, L’évolution de l’Humanité, 1988.Graziani Romain, Fictions Philosophiques du Tchouang-Tseu, Paris, Gallimard, Nrf, L’infini, 2006.Lévi Jean, Tchouang-tseu, Paris, Pygmalion, Chemin d’éternité, 2006.Robinet I., Histoire du Taoïsme des origines au XIV e siècle, Paris, Cerf, Patrimoine, 1991.

Source : |<|
https://sites.google.com/a/volubilys.fr/phalanstere2/spiritualite/ba-gua-yang-sheng-gong-et-taoiesme-en-occident

Retour au début du sommaire

Retour au début de l’introduction

Retour au début du Préambule

Retour au début du dossier

Aide à la traduction : DeepL Translate  : « le meilleur traducteur au monde »

et Yandex



Collecte de documents et agencement, traductions, [compléments] et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 13/12/2022

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

http://www.isias.lautre.net/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIAS Série Gouvernance Humanisme 3ème partie Taoïsme Ecologie.16.docx

Mis en ligne par le co-rédacteur Pascal Paquin du site inter-associatif, coopératif, gratuit, sans publicité, indépendant de tout parti, un site sans Facebook, Google+ ou autres GAFA, sans mouchard, sans cookie tracker, sans fichage, un site entièrement géré sous Linux et avec l’électricité d’Énercoop , géré par Yonne Lautre : https://yonnelautre.fr - Pour s’inscrire à nos lettres d’info > https://yonnelautre.fr/spip.php?breve103

http://yonnelautre.fr/local/cache-vignettes/L160xH109/arton1769-a3646.jpg?1510324931

— -