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"Liberté, laïcité, mixité, parité, égalité et fraternité : objets de confusions ; différences et inégalités homme/femmes ; le genre dans les religions en Europe ; laïcité et islam en France ; égalité des sexes et les femmes en Chine" par Jacques Hallard

vendredi 9 décembre 2022, par Hallard Jacques


ISIAS Liberté Laïcité Mixité Parité Egalité Fraternité 2 sur 2

Liberté, laïcité, mixité, parité, égalité et fraternité : objets de confusions ; différences et inégalités homme/femmes ; le genre dans les religions en Europe ; laïcité et islam en France ; égalité des sexes et les femmes en Chine

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 09/12/2022

Partie 1 sur 2 : ’En France, l’État garantit la liberté de conscience et d’expression (croyances ou convictions), donc la liberté religieuse, la séparation des organisations religieuses et des institutions publiques, l’égalité de tous devant la loi’ par Jacques Hallard 07 décembre 2022 - ISIAS Liberté Laïcité Mixité Parité Egalité Fraternité 1 sur 2

Partie 2 sur 2  : Liberté, laïcité, mixité, parité, égalité et fraternité : objets de confusions ; différences et inégalités hommes / femmes ; le genre dans les religions en Europe ; laïcité et islam en France ; égalité des sexes et les femmes en Chine

Plan du document : Préambule Introduction Sommaire Auteur


Préambule

Une nouvelle loi pour favoriser la parité | L’ÉCO, le seul hebdo de décryptage de l’actualité économique pour les jeunes, dès 15 ans.

Une nouvelle loi pour favoriser la parité - L’ÉCO- Tous droits réservés © PlayBac 2022 - Source

Lire l’article dans ce dossier

« La laïcité en France apparaît bien comme un objet conflictuel où peut se refléter toute la pluralité des intelligences contemporaines du monde social » - Voir dans ce dossier

« La laïcité n’est absolument pas contraire à l’islam. Ni son histoire, ni sa philosophie politique, ni son éthique, ni sa conception de l’articulation entre spiritualité, d’une part, et l’organisation de la Cité – dont la responsabilité incombe aux êtres humains –, d’autre part, ne la rejettent ».

« L’orthographe islam (avec i minuscule) désigne en principe la religion monothéiste fondée par Mahomet en 622 ; Islam (avec I majuscule) désigne le monde musulman ».

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Introduction

Ce dossier est la partie ‘2 sur 2’ qui donne la suite d’un vaste sujet : « Liberté Laïcité Mixité Parité Egalité Fraternité » !

Tout d’abord, les initiatives prises par le pasteur James Woody se poursuivent près de Montpellier sur ce thème : la liberté de la presse, la liberté artistique, la liberté religieuse, etc…

Puis trois documents aident à y voir clair entre toutes ces notions : égalité des femmes et des hommes, équité, mixité, parité, genre... et plus précisément le sujet des inégalités entre les hommes et les femmes, ou inégalités de genre, selon Wikipédia

Ensuite, quatre documents sont consacrés à la laïcité qui est en France à l’épreuve de l’islam et des musulmans, au féminisme islamique, ainsi qu’à de longues discussions et argumentations de l’écrivain et théologien iranien Sayyid Muhammad Husayn Tabataba’i, qui sont basées sur les références au Coran « (en arabe : القُرْآن, al-Qurʾān ?, « la récitation »), le texte sacré de l’islam. Pour les musulmans, il reprend verbatim la parole de Dieu (Allah). Œuvre de l’Antiquité tardive datant du VIIe siècle, le Coran reste le premier et le plus ancien livre connu en arabe à ce jour. La tradition musulmane le présente comme le premier ouvrage en arabe, avec le caractère spécifique d’inimitabilité dans la beauté de sa structure et dans ses principes moraux et éthiques… » - Source - D’après Wikipédia, « Muhammad Husayn at-Tabataba’i (1903-1981) est l’un des penseurs les plus originaux du monde musulman. Il était un écrivain prolifique et un professeur, qui a consacré sa vie aux études islamiques. On compte dans son œuvre environ quarante-quatre livres, dont trois sont des recueils de ses articles sur divers aspects de l’Islam et le Coran. Ses principales contributions sont dans les domaines de tafsir, la philosophie et l’histoire de la foi chiite. Concernant la philosophie, la plus importante de ses œuvres est Usul-e falsafah wa rawish-e-riyalism (Les Principes de la philosophie et la méthode de réalisme)1, qui a été publié en cinq volumes, avec des notes explicatives et des commentaires de Martyr Morteza Motahhari… » - Photo - Source.

Concernant les bouleversements liés au genre, - et parmi les différentes religions les plus courantes en Europe, le judaïsme européen est présenté avec une étude de Béatrice de Gasquet, « maîtresse de conférences à l’Université Paris Diderot depuis septembre 2012, après avoir soutenu une thèse de sociologie juin 2011 à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales) à Paris »

On peut aussi faire le point sur Juifs et judaïsme en Europe – Wikipédia ,ainsi qu’à partir d’ici : https://www.coe.int/fr/web/cultural-routes/the-european-route-of-jewish-heritage

Un panorama plus complet autour de la notion de genre est disponible sous ces titres :

Les religions en Europe : le sacre du genre (xixe-xxiesiècles) : Florence ROCHEFORT

Les religieuses catholiques en EuropeMatthieu BREJON DE LAVERGNÉE

Genre et autorités catholiquesAnthony FAVIERCaroline MULLER

Islam et genre en EuropeFabio GIOMI

Les questions de genre dans le protestantisme français et européenStéphane LAVIGNOTTE

Le genre des superstitionsStéphanie SAUGET

Hommes d’Église, masculinités et idéal sacerdotalJosselin TRICOU

Sont encore intercalés dans ce dossier les détails des opinions politiques partisanes sur la place de la laïcité dans les douze programmes présidentiels qui avaient été élaborés lors des élections de 2022 en France, d’une part, et un vadémécum pour les élèves les étudiants sur la laïcité à l’école, d’autre part.

Trois études traduites du chinois sont finalement et spécialement consacrées à la Chine  :

*un livre blanc officiel sur l’égalité des sexes et le développement des femmes en Chine, sujets qui sont longuement exposés et très bien documentés

* une présentation du cabinet McKinsey qui démontre le pouvoir de l’égalité des sexes en Chine, comme moteur et stimulation possible de la croissance du PIB chinois.

« ‘McKinsey & Company’ est un cabinet international de conseil en stratégie fondé en 1926 dont le siège social est à New York, aux États-Unis. La société est réputée comme étant l’un des cabinets de conseil en stratégie les plus prestigieux au monde, notamment en raison de la sélectivité de ses entretiens de recrutement3,4. La firme est aussi associée à un certain nombre de scandales, notamment pour son rôle joué auprès de gouvernements autoritaires5, ou de grands acteurs de la vie économique (scandale Enron en 20016, crise financière de 2007-2008, scandale des opioïdes avec Purdue Pharma dans les années 2010)… » - « Ce cabinet conseille un réseau inégalé de clients de premier plan et opère dans l’ensemble des secteurs économiques… » - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/McKinsey_%26_Company

*une analyse de Sophie Richardson directrice du ‘Département Chine’ auprès de « l’organisation non gouvernementale internationale (ONGI)Human Rights Watch’ (HRW) qui se donne pour mission de défendre les droits de l’homme et le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme… » - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Human_Rights_Watch - Elle souligne les mécanismes anti-discrimination inefficaces qui freinent la promotion des femmes en Chine, alors que la constitution chinoise garantit l’égalité des droits entre les hommes et les femmes, et que la loi chinoise interdit la discrimination sexuelle. La recommandation est que la Chine doit mettre fin à l’écart grandissant entre les sexes dans ce grand pays.

Les documents sélectionnés pour la partie ‘2 sur 2’ de ce dossier sont indiqués avec leurs accès dans le sommaire ci-après

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Sommaire

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§§§

Tout le monde déclare aimer la liberté, et la chérir. Dans les faits, c’est loin d’être aussi évident. Pour prendre le cas de la Presse, des médias, on n’est pas « Charlie » tous les jours : on se censure, on voudrait faire taire les opinions divergentes, on aimerait que tout le monde soit d’accord avec le fait que LA Vérité, c’est ce que nous tenons personnellement pour vrai – aux autres de s’ajuster sur nous.

La liberté de la Presse ne va pas de soi. Et pourtant, la liberté d’expression est une liberté fondamentale, aussi bien pour la bonne santé d’une société, que pour les individus qui aspirent à mieux comprendre les ressorts de la vie.

Avec Ariane Chemin, nous explorerons ce qui menace cette liberté, ce qui peut la protéger voire lui donner plus d’ampleur. Nous verrons ainsi comment nous pouvons exercer notre responsabilité individuelle pour que la liberté qui est inscrite sur nos bâtiments publics ne soit pas une publicité mensongère.

Source : https://espritdeliberte.leswoody.net/2022/11/15/les-dialogues-de-maguelone-la-liberte-en-question/

Prochains dialogues de Maguelone :

La liberté artistique, avec Numa Hambursin, directeur du Mo.Co. Lundi 12 décembre 2022 à 18h30 au temple 25 rue de Maguelone. Inscription gratuite en ligne https://my.weezevent.com/la-liberte-artistique

La liberté religieuse, avec Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris. Jeudi 26 janvier 2023 à 18h30 au temple 25 rue de Maguelone. Inscription gratuite en ligne https://my.weezevent.com/la-liberte-religieuse

Esprit de liberté - Blog du pasteur James Woody

« Esprit de liberté » est le blog de James Woody, pasteur de l’Eglise protestante unie de Montpellier. Des articles, prédications et études bibliques alimentent son blog.

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  • Egalité des femmes et des hommes - Egalité, équité, mixité, parité, genre... - Vendredi 10 janvier 2020 – Document ‘adequations.org’
    Sommaire de cet article : Egalité des femmes et des hommes – Equité – Mixité – Parité - Différences et inégalités – Discrimination - Concepts de l’approche de genre - Féminisme, Antiféminisme - Sexisme, phallocratie, patriarcat, misogynie...

Explications de notions qui font parfois l’objet de confusions

L’égalité est un droit fondamental de la personne humaine, quel que soit le sexe biologique ou social, l’orientation sexuelle, et quelles que soient les différences entre les personnes.

Les Etats se sont engagés à garantir cette égalité en adoptant en 1948 la Déclaration universelle des droits humains. Celle-ci dispose dans son article premier que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits, et dans l’article 2 Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.

La Constitution française de 1946 inscrit l’égalité femmes-hommes dans son préambule, elle garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme.

Concrètement, il s’agit de d’assurer l’accès des femmes et des hommes aux mêmes opportunités, droits, occasions de choisir, conditions matérielles - par exemple, même accès aux soins médicaux, partage des ressources économiques, même participation à l’exercice du pouvoir politique…- , tout en respectant leurs spécificités.

La notion d’égalité ne se confond pas avec l’identité et n’est pas contradictoire avec la notion de différence.

Si l’égalité existe de façon formelle dans le principe, elle est loin d’être acquise dans les faits. L’égalité de jure (de droits) ne mène pas automatiquement à une égalité de facto (de fait) - d’où la nécessité de mettre en oeuvre des démarches d’équité (cf. ci-dessous).

Chiffres et données sur les inégalités femmes-hommes sur le site d’Adéquations

L’objectif d’égalité suppose la mise en oeuvre de politiques en faveur de ’l’égalité des chances’ entre les femmes et les hommes. L’égalité des chances doit permettre aux femmes et aux hommes de bénéficier des mêmes conditions pour avoir un accès égal aux mêmes ressources (vie quotidienne, familiale, marché de l’emploi, responsabilités politiques, etc.). Plus que de ’chance’, il faudrait parler d’égalité des ’opportunités’.

Exemple. L’égalité professionnelle est le fait pour les femmes et les hommes d’avoir les mêmes droits et avantages en matière d’accès à l’emploi, d’accès à la formation professionnelle, de qualification, de classification, de promotion et de conditions de travail. Ainsi l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes est obligatoire pour un même travail ou un travail de valeur égal.

Consulter notre rubrique sur l’égalité professionnelle

Equité

La démarche d’équité vise à corriger des inégalités de départ pour arriver à l’équivalence des chances (ou opportunités) entre femmes et hommes, en tenant compte de leurs besoins et intérêts spécifiques. Pour des raisons historiques, sociales ou biologiques, ces besoins et intérêts peuvent s’exprimer de façon différente.

Exemples : mesures temporaire visant à redistribuer le pouvoir de façon plus équitable jusqu’à ce que l’égalité soit atteinte : « discrimination » positive (appelée plus exactement action positive et autorisée par la Convention internationale pour l’élimination des discriminations envers les femmes, quotas obligatoire pour favoriser un groupe de population désavantagé… A noter que selon les Nations unies, ’les quotas ou diverses mesures spéciales temporaires ont fait la preuve de leur efficacité : les femmes occupent en moyenne 19,3 % des sièges parlementaires dans les pays qui ont appliqué des quotas électoraux d’une sorte ou d’une autre, contre 14,7 % dans les pays sans quotas’ (2009). (La moyenne mondiale des femmes parlementaires augmente progressivement mais très lentement. Elle était de 18,4 % de femmes parlementaires en 2008 et de 22,6 % en 2016).

L’équité fait partie des démarches à mettre en oeuvre pour atteindre l’objectif d’égalité des femmes et des hommes. On parle souvent de façon indifférenciée de ’l’égalité de genre’ ou de ’l’équité de genre’. ’L’égalité de genre’ est le fait de fournir aux femmes et aux hommes les mêmes droits, opportunités, ressources dans tous les domaines. ’L’équité de genre’ est le fait d’avoir un traitement différencié entre femmes et hommes pour corriger des inégalités de départ et atteindre ’l’égalité’.

La notion d’équité doit toujours être replacée dans le cadre plus global du principe d’égalité, pour éviter le risque d’une conception de justice ’naturelle’ où on définirait ce à quoi chaque personne ou groupe social aurait droit, selon ses besoins, sa situation, voire ses ’mérites’, etc. En visant l’amélioration de situations concrètes, la démarche d’équité ne remet pas forcément en cause les fondements d’un système inégalitaire (par exemple le système patriarcal).

Mixité

Cette démarche intègre des personnes des deux sexes. Exemple : mixité scolaire, obligatoire en France depuis 1975. La mixité n’est pas synonyme d’égalité. Ainsi, certaines réunions peuvent être de préférence non mixtes pour faciliter la parole des femmes ou des hommes - par ex. des ateliers pour hommes violents organisés dans le cadre du suivi judiciaire d’actes de violences conjugales.

Quelle mixité ?

La recherche Mixité et partage du travail, à l’initiative du ministère du Travail, montre des formes différentes et inégalitaires de la « mixité » :

 Mixité de coexistence : présence d’hommes et de femmes dans un même lieu de travail, mais occupés à des métiers, des fonctions et des tâches spécifiques selon chacun des sexes.

Mixité aménagée : hommes et femmes occupent un même poste de travail, mais sans être investis de tâches similaires. Des aménagements liés aux qualités supposées innées de l’un et l’autre sexe peuvent intervenir dans la définition des postes, qui vont légitimer aux yeux des entreprises un traitement différencié entre hommes et femmes. Exemples : maniement de pièces lourdes, attribué la plupart du temps à des hommes, ou, à l’inverse, manipulations soigneuses et délicates, attribuées de préférence à des femmes.

Mixité indifférenciée : hommes et femmes effectuent des tâches identiques, selon des conditions de travail identiques, mais restent sous l’influence forte d’un environnement davantage favorable aux hommes (par exemple, situation de l’emploi en évolution vers une plus grande flexibilité et un recours aux heures supplémentaires...).

Mixité de coopération : vraie répartition du travail entre hommes et femmes entraînant l’interactivité et le transfert des compétences particulières de chacun pour contribuer à une amélioration du cadre de travail.

Sources : Gref bretagne ; DARES : « Mixité et partage du travail », ULP Strasbourg, 1997.

Parité

La parité signifie que chaque sexe est représenté à égalité. C’est un instrument au service de l’égalité. Exemple : dans une session de formation, des candidatures à des élections, la répartition des orateurs-trices à la tribune d’une conférence... En France, la loi du 6 juin 2000 établit un objectif de parité des hommes et des femmes en politique.

La parité est souvent une condition nécessaire de l’égalité, mais non suffisante. Ainsi, une assemblée peut être paritaire, mais si les hommes occupent toutes les fonctions de décision et les femmes celles d’exécution, elle ne sera pas égalitaire. C’est le cas dans beaucoup de gouvernements, de parlement, de collectivités territoriales, où les femmes restent cantonnées à des délégations ou des commissions traditionnellement affectées à leur ’genre’ : famille, enfance, affaires sociales...

Notre article ressources sur la parité en politique

Différences et inégalités

La différence a trait à la diversité physique, culturelle, sociale...

Exemple : la différence des sexes : l’anatomie d’un homme est différente de celle d’une femme.

Face à une différence, on a tendance à établir une hiérarchie des valeurs, ce qui crée des inégalités. Exemple : sur la base de différences physiques, l’humanité a traditionnellement affecté une valeur moindre aux femmes qu’aux hommes. Il en est souvent de même pour les différences de couleurs de peaux.

On confond souvent « différent » et « inégal ». Or, l’inverse de « égal » est « inégal ». L’inverse de « différent » est « identique ». La notion d’égalité n’est pas contradictoire avec la notion de différence. Chaque personne, parce qu’elle est unique, est différente des autres, mais toutes les personnes sont égales en droit. L’égalité homme-femme n’implique pas que les hommes et les femmes deviennent identiques, mais que tout le monde ait les mêmes droits et des opportunités égales dans l’existence.

Discrimination

En droit, une discrimination est un traitement défavorable qui doit généralement remplir deux conditions cumulatives :

- être fondé sur un critère défini par la loi (sexe, âge, handicap…) cf. ci-dessous

- relever d’une situation visée par la loi (accès à un emploi, un service, un logement…)

Selon l’article L122-45 du code du travail, la discrimination est constituée lorsqu’une inégalité de traitement est opérée en raison de 23 critères prohibés :
l’origine
le sexe
la situation de famille
la grossesse
l’apparence physique
les mœurs
l’orientation sexuelle
l’identité de genre (remplace l’expression précédente ’identité sexuelle’)
l’âge
les opinions politiques
les activités syndicales ou mutualistes
les convictions religieuses
les caractéristiques génétiques
l’appartenance ou la non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie,
l’appartenance ou la non-appartenance, vraie ou supposée, à une nation
l’appartenance ou la non-appartenance, vraie ou supposée, à une race
l’état de santé
le handicap
la perte d’autonomie
le lieu de résidence (ajouté par La loi de programmation pour la ville et la cohésion sociale du 21 février 2014)
le patronyme
La particulière vulnérabilité résultant de sa situation économique apparente ou connue de son auteur
la capacité à s’exprimer dans une langue autre que le français (ajouté par la Loi de modernisation de la justice du XXIème siècle)

Article 225-1 du code pénal :
« Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de leur patronyme, de leur lieu de résidence, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs moeurs, de leur orientation ou identité sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée.

Constitue également une discrimination, toute distinction opérée entre les personnes morales à raison de l’origine, du sexe, de la situation de famille, de l’apparence physique, du patronyme, du lieu de résidence, de l’état de santé, du handicap, des caractéristiques génétiques, des moeurs, de l’orientation ou identité sexuelle, de l’âge, des opinions politiques, des activités syndicales, de l’appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée des membres ou de certains membres de ces personnes morales. »

Article L1132-1 du code du travail :
« Aucune personne ne peut être écartée d’une procédure de recrutement ou de l’accès à un stage ou à une période de formation en entreprise, aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l’objet d’une mesure discriminatoire, directe ou indirecte, telle que définie à l’article 1er de la loi n° 2008-496 du 27 mai 2008 portant diverses dispositions d’adaptation au droit communautaire dans le domaine de la lutte contre les discriminations, notamment en matière de rémunération, au sens de l’article L. 3221-3, de mesures d’intéressement ou de distribution d’actions, de formation, de reclassement, d’affectation, de qualification, de classification, de promotion professionnelle, de mutation ou de renouvellement de contrat en raison de son origine, de son sexe, de ses moeurs, de son orientation ou identité sexuelle, de son âge, de sa situation de famille ou de sa grossesse, de ses caractéristiques génétiques, de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une race, de ses opinions politiques, de ses activités syndicales ou mutualistes, de ses convictions religieuses, de son apparence physique, de son nom de famille, de son lieu de résidence ou en raison de son état de santé ou de son handicap. »

On distingue la discrimination directe et la discrimination indirecte

Discrimination directe : une personne est traitée moins favorablement qu’une autre dans une situation comparable en raison de son origine ethnique, de son sexe, de son handicap, de son âge…

Discrimination indirecte : un critère ou une pratique neutre en apparence désavantage des personnes sur la base de leur origine ethnique, de leur sexe, etc.

Exemples de discriminations directes fréquentes touchant les femmes au travail et susceptibles de donner lieu à des recours juridiques :

- A expériences et compétences égales, une femme a un salaire moindre que ses collègues masculins pour un poste équivalent

- Une femmes est licenciée pour insuffisance professionnelle peu de temps après avoir informé son employeur de sa grossesse

- Une femme est victime de harcèlement sexuel sur son lieu de travail.

Le harcèlement est considéré comme discriminatoire s’il est lié à un de ces critères légaux de discrimination - ainsi le harcèlement sexuel, exercé du fait du sexe de la personne. Le harcèlement ’a pour effet de porter atteinte à la dignité d’une personne et de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant’.

Concepts de l’approche de genre

Le genre (issu de l’anglais gender) est un concept et une approche sociologique qui propose de s’appuyer sur la prise en compte et l’analyse des rapports socialement et culturellement construits entre femmes et hommes. En français les sociologues utilisaient généralement l’expression de rapports sociaux de sexe. L’approche de genre considère que parallèlement au sexe biologique, anatomique, qui est inné, il existe un sexe socialement construit, fondé sur des rôles sociaux différenciés, des stéréotypes, des inégalités et rapports de domination…

Cette construction sociale et culturelle du genre n’est pas figée : elle varie selon les époques, les pays, les situations, les facteurs internes et les influences extérieures aux sociétés. Elle évolue souvent assez lentement, car elle est intériorisée et véhiculée par différentes institutions : la famille, le milieu social, l’école, la religion, les institutions politiques et les lois (ex. Code de la famille), etc.

L’approche de genre débouche concrètement sur la mise en oeuvre au niveau international (Nations unies), sous-régional (Union européenne), national, local (collectivités territoriales) de politiques et d’actions transversales (ou intégrées) visant l’égalité des femmes et des hommes.

Consulter notre rubrique sur l’approche de genre

Féminisme, antiféminisme

Il existe différentes définitions et approches du féminisme, et souvent une certaine confusion autour de notions connexes comme patriarcat, sexisme, phallocratie, etc.

D’une manière générale, le féminisme est une pensée et une action politique et sociale en faveur de l’émancipation des femmes, de leurs droits et de l’égalité des femmes et des hommes. L’antiféminisme est le fait de s’opposer à cette émancipation et cette égalité.

Le sexisme est un comportement de discrimination qui vise les femmes en tant que femmes (cf. plus haut sur les discriminations). Par exemple : le fait de tenir les femmes à l’écart de certains lieux (pouvoir, décision...), les injures sexistes, les blagues sexistes. Le sexisme associe au fait d’être femme des caractéristiques et des rôles stéréotypés, généralement dévalorisants ((cf. le corpus inépuisable de blagues sur ’les blondes’ synonyme de manque d’intelligence)...
Le sexisme en général est une attitude discriminatoire envers le ’sexe opposé’. Dans la pratique, il s’exerce essentiellement à l’encontre des femmes.

Le machisme est une attitude considérant que les hommes sont supérieurs aux femmes. Le seul fait d’être un individu masculin leur confère une supériorité sur les femmes.

La phallocratie constitue la domination politique, sociale, culturelle, symbolique exercée par les hommes sur les femmes. Cette domination se concrétise par des institutions et modes d’organisation qui conforte le pouvoir des hommes sur les femmes.

Ces mots sont d’utilisation récente : ils ont été vulgarisés par les mouvements d’émancipation des femmes à partir de la fin des années 1960, pour analyser la domination masculine.

Le patriarcat désigne un mode d’organisation sociale où le père, le chef de famille, et par extension les hommes, sont dépositaires de l’autorité.

’L’antiféminisme (opposition à l’émancipation des femmes), la misogynie (haine et mépris à leur égard) et la gynophobie (crainte pathologique des femmes) sont souvent confondus. L’amalgame est significatif, de même que l’absence de mot pour désigner la domination masculine. Androcratie n’existe pas, pas plus qu’androcentrisme, alors que gynécocratie est attesté dès le XVIème siècle, au sens de ’gouvernement des femmes’, mais aussi de ’domination des femmes’. (...) - ’Depuis un siècle, les féministes bataillent pour nommer la domination masculine. Elles ont d’abord forgé le terme de masculinisme, plus général que l’actuel patriarcat, qui a longtemps gardé un sens exclusivement religieux’.

Extrait du livre Un siècle d’antiféminisme, dir. Christine Bard, Fayard, 1999

Développement humain durable - diversité culturelle - solidarité internationale - Egalité femmes/hommes

Mardi 6 décembre 2022 - Haut du formulaire

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L’objectif général de l’association Adéquations est l’information, la formation, l’expertise, le plaidoyer et la facilitation de projet et d’actions collectives autour des thèmes du développement humain durable, du genre et de l’égalité femmes-hommes, et de la coopération internationale. Adéquations anime un centre de ressources en ligne et produit des outils sur ces thématiques, notamment sur l’éducation non sexiste, l’égalité professionnelle….

Sources : http://www.adequations.org/spip.php?article362

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La politique d’égalité dit que tous les êtres humains ont les mêmes droits et les mêmes obligations, sans discrimination. C’est simple sur le papier mais dans la vie de tous les jours, c’est compliqué. Pour cela certaines mesures ou outils comme la parité, la répartition égale des sexes et la mixité qui féminise les professions à dominante masculine et qui masculine les professions à dominante féminine aident les pays à avancer avec la finalité, l’égalité femmes-hommes.

Le choix des mots comptent…

Egalité, parité, équité, « diversité de genre », pluralité, partage des responsabilités, équilibre des sexes, mixité… Le lexique de la question femmes/hommes, s’est considérablement enrichi à mesure que la réflexion est montée en maturité, au cours de ces dernières années.

Mais si les éléments de langage sont aujourd’hui plus variés, le choix des mots compte. 

Parmi ces mots, deux se font une place à part dans le discours du genre du monde de l’entreprise : c’est la « mixité » et la « parité »

Mixité, parité, savoir-faire la différence

La parité signifie que chaque sexe est représenté à égalité dans les institutions.

Les lois pour l’égalité réelle entre femmes et hommes visent à combattre les inégalités entre les femmes et les hommes dans les sphères : privée, professionnelle et publique.

La parité est un instrument au service de l’égalité, qui consiste à assurer l’accès des femmes et des hommes aux mêmes opportunités, droits, occasions de choisir, conditions matérielles tout en respectant leurs spécificités.

Ainsi un peu partout dans le monde, un certain nombre de lois ont fait avancer vers l’égalité entre les femmes et les hommes, par exemple :

  • les femmes mariées peuvent disposer librement de leur salaire ;
  • les femmes obtiennent le droit de vote et l’éligibilité ;
  • le principe de l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes pour les travaux de valeur égale est retenu et existe… la parité entre femmes et hommes pour les mandats électoraux et les fonctions électives.
    La réforme du congé parental pour y inclure une période réservée au second parent dans de nombreux pays fait partie de la notion de parité.

La parité est un outil pour produire de l’égalité là où il y a du pouvoir à partager.

« La parité est un objectif autant qu’un outil, une fin autant qu’un moyen ». On instaure la parité pour qu’il y ait égalité et l’obtention de la parité est la condition et le signe de l’égalité.

La parité est souvent une condition nécessaire de l’égalité, mais non suffisante. Ainsi, une assemblée peut être paritaire, mais si les hommes occupent toutes les fonctions de décision et les femmes celles d’exécution, elle ne sera pas égalitaire. C’est le cas dans beaucoup de gouvernements, de parlements, de collectivités territoriales, où les femmes restent cantonnées à des délégations ou des commissions traditionnellement affectées à leur « genre » : famille, enfance, affaires sociales…

Qu’est-ce que la mixité ? - Le progrès de l’égalité juridique entre hommes et femmes, qui caractérisent les sociétés démocratiques, induit des situations et des idéologies nouvelles concernant la coexistence des femmes et des hommes dans un espace social commun. C’est ce qu’on appelle la « mixité » sociale.

En réalité on devrait dire quelle mixité ? La recherche de mixité et partage du travail montre des formes différentes inégalitaires de la « mixité ».

Il y a la mixité de coexistence : c’est la présence d’hommes et de femmes dans un même lieu de travail, mais occupés à des métiers, des fonctions et des tâches spécifiques selon chacun des sexes.

La mixité aménagée : hommes et femmes occupent un même poste de travail, sans être investis de tâches similaires. Des aménagements liés aux qualités supposées innées de l’un et l’autre sexe peuvent intervenir dans la définition des postes, qui vont légitimer aux yeux des entreprises un traitement différencié entre hommes et femmes.

Exemples : maniement de pièces lourdes, attribué la plupart du temps aux hommes, ou à l’inverse, manipulations soigneuses et délicates, attribuées de préférence à des femmes.

Mixité indifférenciée : hommes et femmes effectuent des tâches identiques, selon des conditions de travail identiques, mais restent sous l’influence forte d’un environnement davantage favorable aux hommes. Exemple : l’emploi en évolution vers une plus grande flexibilité et un recours aux heures supplémentaires.

Mixité de coopération : véritable et vraie répartition du travail entre hommes et femmes entraînant l’interactivité et le transfert des compétences particulières de chacun pour contribuer à une amélioration du cadre de travail.

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Source : https://conseilsdejournalistes.com/egalite-genre/08-quest-ce-que-la-mixite-et-la-parite-des-genres/

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  • Mixité, parité, égalité : quelles différences  ? – Document ‘perfegal.fr’

    Parité, mixité, égalité femmes hommes - tout comprendre

L’égalité, dont l’égalité entre les femmes et les hommes, c’est notre objectif et celui de nombreux acteurs sur le terrain. Pour l’atteindre, les collectivités, les institutions et les entreprises peuvent s’appuyer sur la loi et sur des outils tels que la mixité et la parité.

Dans les médias, dans les associations ou sur les bancs de l’école, on parle et on entend parler de mixité, de parité et d’égalité. Dans les grandes lignes, chacun est à peu près capable de dire ce qui se cache derrière ces mots essentiels pour le sujet qui nous concerne. Révisons nos basiques pour aller plus loin et pour ne pas confondre les outils que sont la parité et la mixité avec la finalité, l’égalité femmes-hommes.

L’égalité, le principe fondamental

Inscrit dans la devise républicaine et dans l’article 1 de notre constitution, le principe politique d’égalité énonce que tous les êtres humains ont les mêmes droits et les mêmes obligations, sans discrimination. Sur le papier, c’est d’une simplicité enfantine, mais sur le terrain, ça se complique.

Ainsi sur le sujet qui nous concerne, Najat Vallaud-Belkacem a porté en 2014 la « loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes », qui s’intéresse à l’ensemble des champs de l’égalité femmes-hommes : l’égalité professionnelle, l’articulation de la vie professionnelle et personnelle, la lutte contre les stéréotypes ou contre les violences faites aux femmes. Cette loi a par exemple réformé le congé parental pour favoriser le partage des responsabilités parentales.

La mixité… ou les mixités

En psychologie sociale, on considère qu’une minorité ne peut avoir de poids dans un collectif en dessous d’une représentation de 30 %. Un groupe est donc dit mixte quand il est composé d’au moins 30 % de femmes ou d’au moins 30 % d’hommes. On parle aussi de double mixité professionnelle quand féminise des professions à dominante masculine et on masculinise des professions à dominante féminine. Quant à la mixité fonctionnelle, elle concerne l’accès aux postes à responsabilité et la répartition des sexes dans toutes les strates des organisations et entreprises.

La parité pour une juste représentation

La parité politique (50 % de femmes, 50 % d’hommes) n’est que la déclinaison de la parité démographique. En France, au 1er janvier 2016, on comptait environ 51,5 % de femmes pour 48,5 % d’hommes. Mais la parité peut s’organiser aussi par la mise en place de quotas qui vise à rétablir une situation en déséquilibre. Pour cela, elle s’appuie sur une série de lois qui s’appliquent à des domaines variés — entreprises, institutions, associations, organisations culturelles, associations sportives. Quelques exemples :

  • La loi Copé-Zimmermann de 2011, relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance à l’égalité professionnelle
  • La loi du 12 mars 2012 qui acte la mise en place de quotas pour favoriser l’accès des femmes aux hautes fonctions d’encadrement des trois fonctions publiques ainsi que pour les jurys et les comités de sélections
  • La loi du 4 août 2014 qui a étendu le principe de parité à toutes les sphères de la société (instances consultatives, ordres professionnels, fédérations sportives, chambres consulaires.
  • La loi Rebsamen qui impose la mixité proportionnelle des listes syndicales au 1er janvier 2017
    De la théorie à la mise en œuvre

Égalité, mixité, parité… Mieux comprendre ce qui se cache derrière les mots, c’est aussi prendre conscience des pistes de travail potentielles ou déjà en cours !

À titre d’exemple, travailler sur la mixité peut commencer par le recrutement de stagiaires : en faisant savoir qu’on recherche des filles sur des fonctions à dominante masculine ou inversement, on prépare l’avenir sans prendre les risques stratégiques liés au recrutement de cadres ou de profils techniques spécifiques.

De la même manière, quand on souhaite renouveler ses équipes (associations, organisations syndicales…) repérer les profils en amont permet de se donner le temps de les convaincre. Un temps qui sera aussi dédié à la remise en question du fonctionnement de la structure car pour agir concrètement, accepter de réfléchir à l’évolution de ses pratiques est essentiel.

En prenant acte de la diversité des applications de ces outils — mixité et parité — nous savons mieux nous emparer et trouver le bon levier à actionner pour agir en faveur de l’égalité.

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Source : https://www.perfegal.fr/mixite-parite-egalite%E2%80%89.html

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Les inégalités hommes-femmes (ou inégalités femmes-hommes N 1), également appelées inégalités de genre voire plus rarement inégalités de sexe N 2, sont l’ensemble des disparités sociales et juridiques qui défavorisent un sexe par rapport à un autre. Ces écarts de traitement et de droits, majoritairement en défaveur des femmes1, et qui les empêchent de se réaliser2,3 se retrouvent aussi bien dans des théories scientifiques, philosophiques ou religieuses que dans les faits, dans de nombreux domaines. Ces inégalités s’observent dans différents pays du monde que ce soit dans les médias, dans les arts, dans l’économie, les études et les salaires mais aussi dans la sexualité, la justice, les mariages.

On constate une réduction des inégalités entre les femmes et les hommes au cours des dernières décennies. En matière d’éducation, de participation à la vie professionnelle ou politique de nombreuses évolutions ont été remarquées. Cependant l’égalité est loin d’être atteinte. Différents types d’inégalités, telles que les différences de salaire, les disparités en matière de sanctions pénales ou les déséquilibres dans le partage du travail domestique, persistent4. Les inégalités de genre sont considérées comme des obstacles majeurs dans le développement humain. C’est le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui les mesure avec l’indice d’inégalités de genre (IIG).

Origines d’une évolution

Articles connexes : Histoire des femmes, Féminisme et Libération sexuelle.

Le mouvement d’égalisation des droits entre les hommes et les femmes est assez récent. Il s’est notamment généralisé dans les sociétés occidentales dans les années 1960, avec les mouvements féministes qui s’y sont notamment développés dès la fin du XIXe siècle, avec des avancées marquées pour la période des années 1970-1990, mais faibles ou en déclin depuis5.

Ce mouvement est plutôt resté circonscrit aux sociétés occidentales. Mais depuis peu, on peut voir des mouvements en faveur des droits des femmes se diversifier dans le monde entier. On peut ainsi citer le congrès sur le féminisme musulman à Barcelone du 3 au 5 novembre 2006, ou encore une série de lois indiennes dont la première date du 25 octobre 2006, ayant comme objectif de modifier une part importante du droit de la famille dans un sens égalitaire6.

Malgré des initiatives supranationales en vue de résorber les inégalités en défaveur des femmes, via l’amélioration de la condition féminine, une part importante de la population ne considère pas cette évolution comme allant de soi, ces inégalités étant fortement ancrées dans les normes sociales. Dans l’enquête mondiale sur les valeurs 2016, seuls un homme sur 10 et une femme sur 7 ne manifestent pas « une forme ou une autre de préjugé explicite contre l’égalité des sexes »7,N 3.

Théories

Approches scientifiques - Article détaillé : Sexisme dans la science moderne.

Le discours scientifique a, dès l’Antiquité, tenté d’expliquer des inégalités culturelles par des causes naturelles8.

Depuis le XXe siècle, il existe des recherches pour déterminer les origines innées ou acquises de ces différences. Ainsi, certains scientifiques ont déterminé qu’il existait des différences cognitives entre les hommes et les femmes dès les premiers mois de la vie9 quand d’autres ont avancé que la différence des sexes est peu ou pas marquée avant deux ans10.

Le discours scientifique, traditionnellement masculin — les femmes scientifiques constituant une minorité — conserve cependant beaucoup d’a priori11.

On voit aujourd’hui une certaine recrudescence des discours scientifiques tentant d’établir des différences biologiques entres les femmes et les hommes. C’est le cas notamment des études sur les comportements différenciés et les réactions cérébrales (dimorphisme psychologique). Souvent en les prenant hors de leur contexte, on vulgarise ces études en disant notamment que les femmes sont plus émotionnelles que les hommes car elles ont l’hémisphère gauche du cerveau plus développé, tandis que les hommes, eux, usant plus de l’hémisphère droit, seraient plutôt scientifiques. Selon Catherine Vidal, ces observations sont très relatives, dans la mesure où les différences comportementales entre hommes et entre femmes sont — en moyenne — bien moins importantes que celles entre deux sujets12,13.

Un champ d’études se développe depuis plusieurs années — particulièrement aux États-Unis et en Angleterre — concernant les sciences et les inégalités de genre. Il s’agit de la philosophie féministe des sciences14. Ce domaine de recherche, encore peu développé en France15, est interdisciplinaire ; il étudie les rapports entre sciences et genre.

Approches philosophiques

La philosophie des Lumières occidentale a posé, au moins dans ses principes, et par certains de ses membres, l’égalité entre hommes et femmes, appartenant au même genre humain : François Poullain de La Barre dans De l’égalité des sexes considère que l’infériorité féminine résulte d’un simple préjugé ; Claude-Adrien Helvétius dans De l’esprit, défend l’idée d’un cerveau égal pour les hommes et les femmes, et préconise, aux antipodes d’un Jean-Jacques Rousseau, une éducation identique pour les deux sexes ; en 1790, Nicolas de Condorcet dénonce le rôle de l’Église sur l’asservissement des femmes dans Sur l’admission des femmes au droit de cité. Il y décline l’humanisme des Lumières, et affirme à son tour la nécessité « que les femmes partagent l’instruction donnée aux hommes »16 dans Les Cinq mémoires sur l’instruction17. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ne distingue pas hommes et femmes. Certains critiques ont vu dans ces idées une laïcisation de la vision chrétienne d’égalité des âmes et des personnes.

Au contraire, certains philosophes se sont opposés à l’égalité des sexes. Par exemple, Friedrich Nietzsche juge que l’idée d’égalité entre hommes et femmes est un préjugé chrétien qui témoigne d’un manque de profondeur18.

Approches religieuses

Article détaillé : Condition féminine.

Pour lire la suite et article en entier > voir ce site https://fr.wikipedia.org/wiki/In%C3%A9galit%C3%A9s_hommes-femmes

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Propos liminaire

En préambule à cette intervention, je rappellerai brièvement la préoccupation centrale qui sera mienne au cours de cet exposé, à savoir : si la laïcité, d’un point de vue normatif, est une exigence démocratique fondamentale, indispensable au vivre ensemble et fondatrice de la République française moderne, elle ne doit pas alimenter la polémique ou servir de prétexte à l’exclusion et aux intolérances ; y compris de la part de ceux qui s’en réclament. En d’autres termes, être l’objet de querelles partisanes, de confiscation politique, voire de contorsions idéologiques et ce, à la condition d’en comprendre l’esprit (les intentions) conçu avant tout pour mettre fin aux intolérances religieuses, aux conflits incessants, en France, entre le clergé et l’État en raison du statut public de la religion catholique en particulier (officialité), avec en toile de fond les meurtrières guerres de religion.

Cependant, je ne donnerai pas une définition exhaustive de la laïcité française. Je me contenterai ici des deux grands principes consignés dans la loi du 9 décembre 1905 et censés « valoir et agir de manière purement formelle et procédurale – hors de tout contenu [2] » :

La République assure la liberté de conscience. Elle garantit la le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public […] La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte.

En cela, la laïcité doit demeurer, précisément à un titre strictement « procédural et formel », le cadre commun de tous (croyants comme non-croyants), la préoccupation continue de chacune des composantes du corps social français dans la diversité qui le caractérise, et non sa négation. S’il est un sujet qui doit pouvoir faire consensus, c’est bien la laïcité arrachée en 1905 au terme précisément de concessions, de compromis complexes et d’accords d’intérêt général ; non pour exclure la religion, ses expressions symboliques et son témoignage dans l’espace public, mais plutôt afin de pacifier les relations sociales et d’éviter, tout à la fois, que la religion fixe le droit applicable à tous et que l’État interfère avec la conscience privée.

Malheureusement, il y a d’un côté la laïcité, son esprit, ses dispositions normatives ou encore procédurales, puis de l’autre, il y a des politiques, des lectures de la laïcité, de la lettre de la loi, qui peuvent être, dans leur effectivité, sujettes à caution suivant le temps et les circonstances et donc mettre l’État, c’est-à-dire ses représentants (gouvernements, pouvoirs politiques) ou ses agents (services publics) en contradiction justement avec un contenu principiel (articles I et II) intimement lié à cette Histoire que l’on a succinctement esquissée. Les représentants, les agents et les services publics sont à l’État ce que les membres et organes sont au corps humain. Chacune des parties engage « la responsabilité » du tout, assurant ainsi un fonctionnement équilibré.

Dans un sens strictement obvie, pourtant, les deux principes précités, complétés, à titre d’exemple, par les articles 34 et 35 au titre V de la « Police des cultes », définissent bien l’esprit de la loi de 1905. Ainsi, en sus de la neutralité de l’État et des services publics en matière d’orientation philosophique ou religieuse, il est exigé de la part des représentants de la foi, de s’abstenir, même dans l’enceinte prévue pour l’organisation des cultes, de tout discours haineux (diffamatoire) vis-à-vis de l’autorité publique ou bien d’en appeler à la désobéissance civile. Comme le dit Jean-Marc Ferry, « le principe laïque est une formule – ’dépassable’, peut-être – de conciliation, autorisant la coexistence au sein d’un même espace politique de différentes doctrines englobantes et exclusives [3] ».

La France est, faut-il le souligner, le pays européen qui compte le plus grand nombre de personnes d’origine, de culture ou de religion musulmane (de l’ordre de cinq millions approximativement ; chiffre non officiel et hypothétique puisque tout comptage ethnique et religieux est expressément proscrit par la « loi informatique et liberté de 1978 »).

Ce dont il est question aujourd’hui, c’est d’une religion née certes ailleurs, voilà quelque quatorze siècles, dans la péninsule arabique, mais qui est néanmoins pratiquée aujourd’hui par des citoyens parfaitement français. L’islam de France n’est pas, à tout le moins exactement à l’identique, celui de nos pères et mères, celui qui est observé en Arabie Saoudite et encore moins celui des premiers siècles. L’islam a évolué et les faits islamiques se modifient inexorablement au contact des sociétés au sein desquelles ils s’enracinent, évoluent, épousant les contraintes nationales et partageant un même destin national.

J’essaierai, autant que faire se peut, d’épingler et de passer au crible de la critique sociohistorique un certain nombre de préjugés dissimulés derrière des expressions convenues qui sont malheureusement légion et dont le style est éminemment péremptoire : « L’islam est… », « Les musulmans sont… », « La communauté musulmane est… ». Et que dire des injonctions venant des tribunes politiques, scientifiques ou journalistiques, sommant, dans un même élan paternaliste, le musulman de penser de telle ou de telle façon ; c’est-à-dire de choisir entre son islamité et sa citoyenneté ou laïcité, son intégration et son assimilation sous peine d’« excommunication politique et sociale ». Pour reprendre une formule heureuse d’un penseur algérien du siècle écoulé peu connu du public français, en la figure de Malek Bennabi, ces postures pourraient très bien se résumer de la sorte : « Ôte ta conscience de là que j’y mette la mienne ».

Par conséquent, je poursuivrai deux objectifs dans le cadre de ma communication : pourfendre et le culturalisme et l’essentialisme qui sont à la source de tous les conflits.

D’abord, je jouerai à dessein les provocateurs en développant la thèse suivante qui servira de fil conducteur et qui est, dois-je le concéder, au rebours de la pensée dominante ou du « politiquement correct » en vigueur dans le paysage médiatique et politique français. Qu’est-ce à dire ? Ce sont moins les musulmans dans leur immense majorité qui politiseraient l’islam que les pouvoirs publics français, en leur refusant justement une égalité de traitement et une indépendance dans la gestion de leur culte. Naturellement, je fournirai des exemples concrets empruntés à l’histoire et à des faits de société précis. Les hypothèses que je formulerai corollairement seront les suivantes : ce sont moins des obstacles d’ordre théologique ou doctrinal qui expliqueraient les difficultés rencontrées par l’islam et ses fidèles sur le territoire de la République que la permanence d’un syndrome colonial développé et entretenu bon gré mal gré dans le cadre des politiques publiques, se traduisant par une obsession sécuritaire et des réflexes « laïcistes ».

L’islam et « les » communautés musulmanes de France (expression mise au pluriel compte tenu même de l’hétérogénéité, de la diversité du monde islamique et des fidèles musulmans d’ici et d’ailleurs, en termes de profils sociologiques et religieux) sont-ils à ce point atypiques – parce que liant indissociablement, quoique de façon variable, dans les espaces où l’islam est prédominant, culture, société et politique – qu’ils ne pourraient évoluer, sans heurts épisodiques, en contexte démocratique et laïc ? En termes plus tranchés : l’islam et ses hommes sont-ils oui ou non solubles dans la laïcité ? Sont-ils étanches ou réfractaires aux dynamiques de sécularisation et de modernisation ?

Je rappellerai brièvement ici, avant d’entrer plus avant dans les détails de la communication, que deux dangers consubstantiels menacent la paix dans le monde et, partant, l’intercompréhension des peuples, principalement des gens de religion différente (les musulmans et les « autres ») : la surdétermination de la variable religieuse qui voudrait que tout conflit, toute violence et guerre s’ancreraient dans la religion en général et l’islam en particulier (en raison d’une prétendue « maladie de l’islam »).

Ce qui signifierait, le cas échéant, d’une part, qu’il y aurait un lien structurel entre les textes, la sacralité, l’islamité et la violence et, d’autre part, que derrière chaque musulman un tant soit peu attaché à sa foi, barbus et femmes « couvertes » d’un fichu a fortiori, se dissimulerait un « intégriste » ou « un fou d’Allah » en puissance. Ce qui justifierait tous les procès d’intention et toutes sortes de réflexes sécuritaires des autorités, y compris en contravention avec les droits de l’homme (Guantanamo, affaires des bagagistes de Roissy en région parisienne, etc. [4]).

Ensuite, surinvestir la variable « islamique » dans l’explication des conflits du monde, à titre d’exemple dans le monde arabe et/ou musulman, en vue d’élaborer un véritable diagnostic, confine pour longtemps au pessimisme existentiel (« L’islam est décidément le mal du siècle » [sic]) et suscite la suspicion chez tout un chacun. Ce surinvestissement contribue à opacifier les causes bien plus profanes de la radicalisation de groupuscules qui appelleraient plutôt, de la part des décideurs publics, des réponses diplomatiques locales et régionales et non pas uniquement répressives ; sous peine de traiter les symptômes au lieu de s’attaquer aux racines du mal [5].

Nous voici devant un paradoxe qu’il faudra bien finir par interroger puis déconstruire de façon rigoureuse : tout le monde ou presque (leaders d’opinion) s’accorde à dire que les musulmans français respectent, dans une écrasante majorité, les principes de laïcité, mais on n’a jamais autant douté de leur légalisme et loyalisme démocratique et républicain ! J’en veux pour preuve la récente affaire de la Marocaine demandant la naturalisation française qui lui a été refusée pour des prétextes captieux ; soi-disant en raison « d’une pratique radicale de la religion [6] ».

Est-ce à l’État, aux services publics de tracer la frontière entre une pratique « modérée » de l’islam et une pratique « archaïque » ou « radicale » suivant les expressions consacrées ? Apparemment non, mais à l’évidence oui… C’est un exemple parmi de nombreux autres d’une absence flagrante de différenciation laïque suffisante de la part de l’État et de ses représentants entre les ordres privé et public, particulièrement lorsqu’il s’agit du fait islamique ; entre ce qui relève de l’aggiornamento de la théologie musulmane en matière de vie sociale de ceux qui s’en réclament et ce qui relève de l’observation de la loi commune. On peut trouver le port de la burqa choquant, archaïque, en décalage avec la modernité en tant que citoyen ordinaire, discutable en tant que musulman, mais l’État, lui, n’a pas à interférer dans la vie privée de ses ressortissants dès lors qu’ils ne refusent pas la loi, en incitant en outre à la haine de tout ce qui ne ressemble pas à soi (attitude sectaire), y compris au moyen de la contrainte physique sur autrui. Quelqu’un qui manifeste la volonté de devenir français n’est-il pas en train de se reconnaître comme citoyen et national, alors qu’il (« elle » en l’occurrence) pourrait très bien se contenter de son statut de résident étranger jouissant à peu près des mêmes droits et devoirs que n’importe quel autre citoyen de ce pays ?

Le fait d’engager une démarche personnelle, de s’adresser aux services de l’État, de répondre aux interrogations des services sociaux n’est-il pas une première forme d’expression d’appartenance à la communauté nationale, d’adhésion aux droits et aux devoirs qui en découle, et dont tout un chacun est ensuite comptable ? C’est un précédent préjudiciable, qui non seulement confirme les crispations, renforce les rancœurs, participe de la fragilité du tissu national mais annonce, sans vigilance accrue de tous les esprits épris de liberté de conscience et d’une laïcité objective (laïcité appliquée à tous et de la même façon), d’autres dérapages. C’est non pas une atteinte factuelle aux droits et libertés dans l’espace de la République qui a justifié ce rejet, mais « le niveau de la pratique religieuse » qui a motivé la décision du Conseil d’État le 27 juin 2008. Celui-ci a estimé qu’elle aurait une influence préjudiciable sur les capacités d’assimilation de la requérante.

Pour essayer de répondre à ces questions, notre approche sera double : normative, historique et sociopolitique.

• Une brève réflexion théorique, historique aussi, sur l’islam, les musulmans (il existe « des » communautés musulmanes) et la laïcité nous conduira à extraire des sources scripturaires (les textes fondateurs de l’Islam, en particulier, et quelques positions soutenues par des intellectuels du monde musulman) les passages susceptibles, avec un effort suffisant de contextualisation des sources, d’ouvrir à la laïcité.

• Une approche plus sociologique ou sociopolitique sera mobilisée, au terme de laquelle nous essaierons de comprendre les origines du soi-disant « communautarisme » musulman qui est davantage de l’ordre de la construction imaginaire et médiatique [7] que le reflet d’une quelconque réalité sociologique. Ainsi, nous nous interrogerons, en nous appuyant sur des enquêtes de terrain, de la sorte : ce prétendu communautarisme est-il le résultat d’une volonté réfléchie de la part de certains (activistes fondamentalistes ou autres groupuscules « néo-fondamentalistes [8] ») de rompre, par idéologie, avec la laïcité qui privilégie dans ses traits les plus saillants la séparation des ordres spirituel et temporel ? « Le » communautarisme, bien que fantasmé, est-il le résultat de politiques internationales, nationales et locales entretenant, sous diverses formes, les démons non exorcisés de l’époque coloniale ? Avec pour principale conséquence fâcheuse la perpétuation d’un traitement d’exception à l’endroit des citoyens et étrangers de confession musulmane. Toutefois, pour éviter de couvrir un trop large spectre, nous nous cantonnerons au cas français et, en l’espèce, au cas des musulmans de France. L’objet de réflexion, au cours de cette seconde partie, de loin la plus décisive car moins intellectualiste, est de considérer l’islam situé ; autrement dit, l’islam tel qu’il est vécu in situ dans l’hexagone et la nature de quelques politiques institutionnelles déployées pour l’encadrer ; tant au niveau national qu’au niveau local qui, tous deux, présentent des particularités quelquefois irréductibles l’un à l’autre.

Les textes fondateurs de l’islam, les intellectuels musulmans et la laïcité : s’extraire des lectures essentialistes et des postures intellectualistes

L’islam et les sociétés musulmanes n’évoluent pas en dehors du temps et de l’espace. C’était vrai hier, ça l’est encore plus que jamais aujourd’hui, à l’heure de la globalisation. Ce n’est pas un univers clos et hermétique. De multiples influences civilisationnelles, culturelles et religieuses (juives, grecques, chrétiennes, etc.) y ont abondamment prospéré. Des hommes et des femmes venus d’ailleurs ont habité et habitent toujours ces espaces en continuelle mutation démographique, sociale, politique et religieuse. Des idées profanes y circulent jusqu’à les pénétrer, tout en étant parfois adaptées aux croyances islamiques elles-mêmes jadis transformées au contact des cultures locales antérieures à la révélation coranique et lui ayant, par ailleurs, très largement survécu. D’autant plus que l’islam est apparu alors que des tribus, des groupements humains et autres populations, arabes ou non, étaient installés depuis plusieurs siècles, bien avant l’expansion et l’avènement des Empires musulmans. Ils ne sont et n’ont donc jamais été cloisonnés, sauf pour les adeptes de l’essentialisme et du culturalisme qui se retrouvent aussi bien dans les rangs des « Occidentaux » tout aussi divers, que dans ceux des musulmans ; lesquels nient par là même l’historicité de l’islam et la pluralité des faits islamiques [9], obnubilés par on ne sait quelle pureté originelle !

En outre, dès les origines de l’islam et surtout après la mort du Prophète qui l’a prêché au viie siècle de notre ère, garant alors de l’unité et de la solidarité des fidèles de la nouvelle foi monothéiste, d’abord à La Mecque puis à Médine à partir de 622, la religion musulmane, les hommes de l’islam ont connu et enduré de profonds schismes, des disputes théologiques nombreuses, qu’ils continuent de nourrir aujourd’hui. L’aspiration à l’unité fut donc dès les débuts brisée sur l’autel des volontés de domination des forces en présence ; le rêve d’une oumma (Communauté des croyants musulmans, selon la définition communément retenue, même si elle peut être discutée) unifiée sur les plans territorial et spirituel, définitivement enterré malgré la survivance pendant quatorze siècles d’un califat rapidement miné par des divisions, des querelles internes ainsi que d’incessantes guerres intestines (trois des quatre premiers califes ont été assassinés) jusqu’à sa liquidation définitive en 1924 par la geste de l’ottoman Atatürk. Il est à noter qu’au sein même de l’apologétique et de la dogmatique musulmanes, les dissensions, la dureté de ces conflits théologiques et politiques internes n’est pas minorée, voire tue au nom d’une vision idyllique et idéalisée de l’histoire des musulmans, tant s’en faut.

Ainsi, en l’espèce, les notions de Dar Al Islam (Maison de l’islam), de Dar Al Kufr (Maison de la mécréance) ou de Dar Al Sulh (Maison de la conciliation ou de la « réconciliation »), outre qu’elles sont discutables du point de vue historico-religieux compte tenu desdits schismes, sont à l’évidence complètement obsolètes dans la mondialisation ; dans la mesure où une pluralité d’États-nations musulmans de culture historique, politique et culturelle différente ont vu le jour au cours du xixe siècle, notamment sous l’effet des conquêtes coloniales européennes. Et que dire des musulmans vivant aux quatre coins de la planète, liés, en vertu de la citoyenneté et de la nationalité (respecter les contrats dans le texte coranique), à des pays non musulmans où ils se trouvent souvent en situation de minorité religieuse mais à égalité de droits avec leurs concitoyens. Il n’aura échappé à personne que l’islam n’est pas une nationalité ou une distinction d’ordre civil !

La scission des musulmans est fort ancienne, donc, ou séculaire ; elle fut à l’évidence, dans un tout premier temps à tout le moins, de nature politique avant de virer en conflits d’interprétation des dogmes de la foi. Les conflits d’intérêt, les enjeux de pouvoir ont suscité de profonds déchirements dogmatiques, qui n’avaient pas forcément lieu d’être au départ ; notamment au moment de l’apostolat de Muhammad, qui n’a eu de cesse, durant sa mission terrestre et « céleste », d’en appeler à l’unité des croyants. La Bataille de Siffin en 655 en est néanmoins le véritable point de départ. Elle a opposé les musulmans entre eux et non pas les soutiens de Muhammad à des ennemis extérieurs de l’islam (croisés, polythéistes endurcis de La Mecque). D’où, subséquemment, l’avènement d’Empires islamiques successifs ou parallèles, sinon divisés et concurrents : Dynastie Umayyade avec pour capitale Damas (661-750), Empire abbasside avec pour centre culturel Bagdad (750-1258), passant sur les Empires schismatiques d’Afrique avec leurs cohortes de sectes. Voilà pour les temps anciens.

À cela s’ajoute, pour ce qui est de l’époque contemporaine, un monde musulman politiquement et religieusement clivé, couvrant un territoire de plus de 13 millions de kilomètres carrés, quelque 290 millions d’individus différents – et comment ! –, de corps et d’esprit, ainsi que vingt États, Républiques ou monarchies principalement ; dont le premier d’entre eux, en nombre de croyants musulmans, est asiatique ; en l’occurrence l’Indonésie ! Au passage, l’identification indue de l’islam à l’arabité et réciproquement est instamment contrariée. Voilà pour le monde musulman. Ce dernier n’est même pas homogène, tant sur le plan de la gouvernance, du rôle tenu par l’islam et ses gardiens, que sur le plan de l’observation cultuelle, alors que, sous ses latitudes, vit une majorité de musulmans. Que dire alors de la France, au sein de laquelle les citoyens de foi musulmane sont minoritaires ?

À l’aune de ce qui précède, les attitudes essentialistes ne devraient pas ou plus faire sens pour ceux qui en doutaient encore ; particulièrement ici, dans la France du xxie siècle, pays de conquête, de culture et de métissage. Pour ce qui nous occupe présentement, l’énorme diversité sociologique des individus musulmans qui composent le tissu de la nation française contemporaine, de par la pluralité des origines (Maghrébins, Turcs, Africains, Bosniaques, etc.), la multiplicité des courants et autres tendances (Frères Musulmans, Salafis, Tablighis, Soufis [10], etc…) qui traversent et colorent l’islam de France, défient ouvertement les essentialismes. Une majorité d’entre eux, enfants des deuxième et troisième générations des immigrés musulmans arrivés dans les années 1970, sont nés en France, y ont été scolarisés et socialisés, ne connaissant rien ou presque du pays dont leurs parents sont originaires [11].

Ainsi est-il hors de propos de s’obstiner à parler, envers et contre tout, de communauté musulmane au singulier, renvoyant à une altérité indéfinie ; sous peine d’essentialiser l’islam et de réduire la pluralité à l’identique. Ce qui ne correspondrait d’aucune façon à la réalité. Il convient ainsi de s’extraire une fois pour toutes de la vision d’un islam monolithique et figé. Ce qui suppose de déconstruire un certain nombre d’expressions, de concepts biaisés qui brouillent le débat et, par conséquent, éludent les véritables questions et/ou problèmes, quand ils n’en ajoutent pas.

Il n’existe pas en soi d’islam « démocratique », « laïc », « progressiste », pas plus qu’un islam « totalitaire » ou « rigoriste », etc… L’islam peut se définir cependant par quelques grands principes spirituels communément admis par l’ensemble de ses fidèles de par le monde ; ce que les islamologues qualifient de « valeurs religieuses de base » ou « de principes généraux de la foi » ; les cinq piliers, à titre d’exemple (attestation de foi, cinq prières quotidiennes, aumône légale, jeûne du mois de Ramadan, pèlerinage à La Mecque), qui en constituent le noyau dur ou l’invariant. Si la dimension horizontale est importante (relations aux autres en Dieu), on voit bien que celle-ci, notamment dans le cadre des piliers fondamentaux de la foi musulmane, est moindre par rapport à la relation d’ordre vertical éminemment personnelle et intime ; autrement dit, priorité est conférée aux devoirs vis-à-vis du Seigneur qui aurait ainsi « des droits » (le terme est quelque peu anthropomorphique) sur ses créatures.

Il est vrai qu’en dépit du fait que le Coran soit avant tout un corps de croyances en une transcendance, développant à ce titre essentiellement une sotériologie et une eschatologie, celui-ci peut avoir des incidences pratiques (prescriptives et normatives) sur la vie d’ici et maintenant ; mais, globalement, cela n’engage que le croyant dans l’intimité de la conscience (dimension verticale). Il est des versets coraniques qui interpellent le lecteur et l’amènent sinon à douter, à tout le moins à s’interroger sérieusement sur les capacités réelles de l’islam et des musulmans à épouser les valeurs de démocratie, de pluralisme ou encore de laïcité. Ne faisons pas semblant d’esquiver cette problématique qui est réelle, bien que souvent mal renseignée. Je vais donc m’arrêter sur quelques versets « problématiques » en m’autorisant de nouveau à insister sur le fait que ce qui nous importera fondamentalement, c’est la manière dont nous, interprètes ou lecteurs ordinaires, allons comprendre ces textes ; ce qui suppose quelques préalables méthodologiques auxquels le citoyen lambda n’a pas forcément accès. D’où la responsabilité considérable des orientalistes, des théologiens, des érudits et intellectuels travaillant sur l’islam et le monde musulman et les conséquences philosophiques, morales et politiques de leur positionnement sur le grand public.

Le préalable fondamental consiste à marteler encore et toujours que le Coran, au même titre que tout autre texte religieux, a été et continue d’être l’objet d’une herméneutique de la part des théologiens et intellectuels musulmans contemporains. Mais peu semblent le savoir et/ou être prêts à l’accepter. Ce n’est pas parce que le corpus islamique (textes coraniques essentiellement) est considéré comme sacré qu’il interdit de fait toute interprétation ou réinterprétation. Seule une infime minorité de littéralistes, originaires généralement de la péninsule arabique ou encore du Golfe pour l’essentiel, soutiennent cette position.

Et, hélas également, tout à fait paradoxalement au demeurant, des penseurs musulmans dits « modernistes » et des intellectuels occidentaux « ouverts » qui font par là même, nolens volens, le jeu du pire. C’est-à-dire le jeu de ceux qui considèrent le corpus coranique comme un bloc intouchable (parce que soi-disant Parole « incréée »), à la différence près que ces derniers (intellectuels « ouverts » et penseurs musulmans « modernistes ») seraient d’avis de le désacraliser, de le reformuler, voire de le « réécrire » en profondeur, afin d’aider les musulmans à aller vers davantage de tolérance et de modernité, au mépris précisément de la liberté de conscience.

Nous voilà donc confrontés à une alternative insatisfaisante à un double titre : d’un côté, faudrait-il interdire de lire et de comprendre le Coran à la lumière d’un effort de contextualisation nécessaire au motif d’une Parole divine « incréée » ; de l’autre côté, serait-on d’avis de prendre le parti de désacraliser le Texte en faisant fi de l’histoire, de l’esprit et du cœur du musulman attaché, que l’on veuille ou non, à un degré ou un autre, à la croyance en son origine céleste ?

Entre ces deux extrémités réside une attitude médiane de confiance vis-à-vis du musulman, qui consiste à tenir compte à la fois des tentatives audacieuses d’adaptation des sources scripturaires au quotidien, au vécu (affaires sociales et économiques contemporaines) des communautés musulmanes, et ce de la part de leurs théologiens et intellectuels reconnus (en lesquels ils se reconnaissent), et de l’autre, une attitude pragmatique qui tienne compte, sur le terrain sociologique, de la réalité de cette pluralité, au lieu d’en référer systématiquement aux manifestations sectaires et bruyantes.

La sharî‘a, que l’on traduit abusivement par « Loi » (prétendument équivalent trait pour trait au Droit positif), alors que le vocable en question signifie « voie » parmi d’autres, sous-entendu de normativité religieuse, n’est pas figée. En vertu des circonstances originelles de la révélation coranique (asbâb an nuzûl), certains des versets « révélés » au viie siècle en vue de répondre à des situations spatiales et temporelles définies, contenant en outre des prescriptions (obligations, recommandations et interdictions), doivent de ce fait être rigoureusement rapportés à ce contexte particulier et relus pour être pleinement intelligibles. C’est le cas de versets tels que : « Combattez-les pour qu’il n’y ait pas de division et jusqu’à ce qu’il n’y ait d’autre religion que celle de Dieu » ; lesquels passages peuvent être dépassés par d’autres comme : « Pas de contrainte en religion » ; « Croit qui veut et mécroit qui veut ». Ce point de vue est très bien explicité par Mohamed-Chérif Ferjani dans Le Politique et le Religieux dans le champ islamique[12], qui le résume pour sa part en ces termes :

Tout énoncé dont le contenu est contredit par celui d’un autre, comme c’est le cas des versets prescrivant le jihâd (tels que « Combattez-les pour qu’il y ait pas de division et jusqu’à ce qu’il n’y ait d’autre religion que celle de Dieu »), dont le contenu est contradictoire avec d’autres versets appelant au respect de la liberté de croire ou de ne pas croire (tels que « Pas de contrainte en religion », ou « Croit qui veut et mécroit qui veut », etc…).

Tout énoncé dont le contenu peut être interprété comme ne concernant qu’une situation particulière ou comme ayant une portée universelle, ou, selon l’expression des théologiens musulmans, comme « absolu » (mutlaq) ou « lié » (muqayyad) aux seules circonstances par rapport auxquelles il a été énoncé.

Cette herméneutique est aujourd’hui également nécessaire pour tout ce qui concerne les aspects liés à la vie des musulmans en société moderne, dans des contextes où ils sont en minorité, ou bien encore s’agissant de problèmes et de questions qui n’ont pas été réglés de façon explicite ou définitive par les textes canoniques (Coran et traditions du Prophète Muhammad) ou les sources premières. De cette façon est exigé un effort d’interprétation et de contextualisation des sources scripturaires, sous peine précisément de verser dans l’essentialisme et le culturalisme.

Les sources peuvent donc recevoir selon les exégètes (bien qu’il n’y ait pas de clergé dans l’islam sunnite majoritaire) des interprétations qui iront, suivant les intentions, les origines des parties prenantes aux débats, musulmans comme non musulmans, soit dans le sens de l’ouverture, soit dans le sens de la fermeture, du repli sur soi potentiellement sectaire. En d’autres mots, les textes peuvent s’éclairer sous certains aspects en privilégiant des approches qui iront ou dans le sens d’une tentative de conciliation des exigences spirituelles avec les impératifs sociaux et temporels de la modernité politique et économique (et donc de la laïcité), ou dans le sens d’une lecture légitimant le conflit (pas forcément violent) et l’opposition systématique, qui peuvent provoquer à plus ou moins long terme des accès de violence.

En résumé, tout ce qui est écrit dans le Coran et les sources prophétiques (Sunna) n’appelle pas forcément une application littérale ou littéraliste, car il se réfère peut-être à des temps lointains qui n’ont plus cours. En outre, ce qui s’est fait dans l’histoire des sociétés musulmanes ne correspond pas nécessairement aux exhortations et finalités originelles des textes fondateurs de l’islam ; du moins pas de la même manière et avec la même acuité selon les âges.

Aussi, un peu à la façon du Jésus de l’évangile de Jean : « Rendez à César ce qui est à César et rendez à Dieu ce qui est à Dieu », qui serait au fondement de la séparation des ordres politique et religieux dans le monde chrétien, le texte coranique aurait son pendant à la condition d’être ouvert à la pluralité de l’interprétation textuelle : « Obéissez à Dieu, à son Prophète et à ceux qui ont la charge des affaires parmi vous ». Ainsi, les musulmans d’ici et d’ailleurs sont tout à fait aptes, de la même façon que les fidèles des autres religions, à embrasser les règles et principes de base de vie en société qui respecte toutes les identités et croyances dans les limites du droit. Les musulmans français ne sont-ils pas également des citoyens « auteurs et destinataires du droit » justement ?

Ainsi, lorsque l’on évoque « le » communautarisme, il est indispensable de savoir de quoi on parle au juste ; autrement dit, concrètement, les formes qu’il prendrait, ses racines, sa genèse et la qualité de ses promoteurs. Bien trop souvent s’agit-il d’un concept flou sociologiquement, pour ne pas dire inopportun, qui cache un malaise social et politique face aux questions liées à la diversité en général et à l’islam en particulier. D’où une première partie de réponse à notre interrogation de départ, à savoir : la laïcité n’est pas menacée par LE communautarisme.

En effet, chacun des individus, musulman ou non, coupable ou non de manquements à la laïcité, est d’abord comptable de ses propres actes ; sans qu’on doive sentir le besoin irréfragable d’en référer systématiquement à UNE communauté, imaginaire soit dit en passant, tenue pour responsable de « la » crise traversée par la laïcité française. Par un regrettable paradoxe, les pouvoirs publics, on y reviendra par après, attribuent fréquemment, par des dispositifs et des discours, une communauté (communautarisme) « fantasmatique » aux musulmans qu’ils leur reprochent ensuite de cultiver. D’un côté, on dénonce l’intégrisme, le communautarisme et on s’empresse d’affirmer son caractère minoritaire ; de l’autre on stigmatise UNE religion et SES fidèles dans une globalité douteuse et injuste, en répercutant ce qui concerne une simple partie de ses membres à l’ensemble des croyants citoyens !

D’une laïcité pacificatrice à une laïcité « intrusive » et d’« exception » (du danger de parler de « laïcité ouverte »)

Mais quelles sont alors, au juste, les racines de ce soi-disant communautarisme musulman imaginaire ? Est-il seulement le produit ou le prétexte à un mauvais diagnostic dû peut-être aux conséquences non assumées des politiques d’immigration successives qui ont été, faut-il le reconnaître, lacunaires ? Nous avons vu que l’apparente non-acceptation ou la mauvaise compréhension de la laïcité par les musulmans, est-il besoin de le dire minoritaires dans ce cas, ne devait structurellement rien à l’islam et à sa théologie, laquelle offre une large gamme d’interprétations évolutives et adaptatrices. Nous développerons ainsi, dans cette partie, l’idée suivant laquelle ce sont moins l’islam et les musulmans [13] qui rejetteraient spontanément la laïcité au nom de croyances supérieures en en politisant le contenu (même s’il existe des réticences chez certains d’entre eux) que l’inconséquence des décisions du personnel politique, lequel a tendance exagérément à les singulariser.

Nous avons tout lieu de penser, fort malheureusement, que le fait d’entretenir de façon fantasmatique et obsessionnelle le spectre d’un communautarisme rampant, forme déguisée de l’islamisme, est la conséquence directe d’un passé colonial pas du tout soldé. Ce n’est pas forcément conscient, mais ce tribut est tellement lourd, difficile à porter par la conscience collective, que ce complexe s’est enraciné de façon durable dans l’inconscient populaire français en général et chez nos décideurs publics en particulier. Les événements internationaux (Révolution islamique en Iran en 1979, la guerre civile en Algérie dans les années 1990, etc.) n’arrangeront rien. On remarquera dans ce qui suit la continuité entre ce qui s’est fait au temps des colonies, s’agissant de la gestion des affaires religieuses, en Algérie française principalement, et les politiques contemporaines face à la question musulmane ; je veux dire précisément les incohérences criantes des politiques de la laïcité à l’épreuve des musulmans de France et du fait islamique dans l’hexagone.

La France a été un puissant Empire colonial dont la présence en Afrique du Nord, majoritairement musulmane, a été sans pareille. Elle a été longue en même temps que particulièrement tumultueuse et meurtrière, comme ce fut le cas en Algérie. Il y a eu une politique de « l’indigénat » ; c’est un fait incontestable. La colonisation a produit les indigènes ; populations exploitées et soumises à un statut inférieur [14] et à un régime d’exception en matière de civilité, de culture et de religion. La logique de domination, de conquête, a forcément entretenu un racisme ; en l’espèce de type colonial : « Civiliser les races inférieures », telle était la ligne de force des conquêtes. Je m’empresse de dire, cependant, que ce n’était pas une spécificité française ; cette politique ne concernait pas, en outre, que les sujets musulmans ; les israélites en ont également pâti. Le droit et la justice proclamés universels depuis la Révolution française sont étrangement inexistants au sortir de la Métropole (« vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ») et davantage dès lors que l’administration française a eu à traiter avec les « indigènes musulmans de la République », notamment quand a été votée la loi de séparation des Églises et de l’État en 1905 et quand il s’est agi précisément de l’appliquer aux colonies.

Nous nous attacherons donc à mettre en évidence, certes, que la colonisation et le code de l’indigénat sont bel et bien abolis : l’État français n’est plus structurellement un Empire colonial, cela va sans dire, et les musulmans de France ne sont plus des indigènes ; ce sont, pour une écrasante majorité d’entre eux, des Français à la citoyenneté parfaitement reconnue par les institutions. Il n’y a pas de sens à parler tout de go aujourd’hui, sinon au risque de retomber dans l’essentialisme que l’on dénonce, d’État raciste, néocolonial, etc. L’incantation, le langage de l’imprécation n’est pas de mise ici et est, au contraire, le fruit d’un rapport passionné, frustré et, partant, irraisonné au passé de la France, ce que nous condamnons expressément. Toutefois, est-on à bon droit en mesure de s’interroger sur la continuation, quoique sous des formes différentes, c’est-à-dire des méthodes moins systématiques et moins violentes, d’une politique d’exception à l’égard des musulmans, spécialement en matière de culte et de religion [15].

Il est indéniable qu’il y a des réminiscences, des traces coloniales dans l’inconscient collectif des élus de la nation française. Étant donné que celles-ci n’ont pas été ou pas suffisamment verbalisées des décennies durant, des réflexes sécuritaires et paternalistes affleurent dès lors qu’il est question d’islam et de musulmans. Que dire aussi des gestes et messages contradictoires envoyés aux citoyens de confession musulmane ? Nous en reparlerons.

Nous ferons trois remarques majeures (on insistera davantage sur la dernière qui est au cœur du problème soulevé en amont) au sujet du traitement d’exception auquel se sont heurtés et se heurtent encore, sinon régulièrement, à tout le moins ponctuellement les minorités musulmanes de France : primo, la laïcité n’a jamais été appliquée intégralement par les administrations coloniales de l’époque, aux musulmans d’Algérie [16] ; et ce de par une obsession constante de contrôler et surveiller les indigènes susceptibles d’être un peu trop indépendants et indociles :

Des partisans de cet « apartheid » juridique comme Pinon et Leroy-Beaulieu – le chantre de la politique coloniale – firent prévaloir leur position. Le premier développait toute une théorie pour justifier la non-application des lois métropolitaines dans les colonies. Il plaidait en faveur du maintien d’indemnités versées par l’État aux membres du clergé officiel.

Secundo, à l’heure actuelle, dans l’hypocrisie la plus grande et une opacité affligeante, des procédures d’exception, de type clientéliste, sont négociées entre chefs religieux et élus locaux (heures de piscine réservées aux couples musulmans, etc.), particulièrement dans des villes à forte concentration islamo-maghrébine où le vote immigré compte. Il existe aussi, à l’inverse, des mesures beaucoup plus sécuritaires opérées strictement par « en haut » à des fins de contrôle des populations musulmanes ; dans le cadre des administrations locales (avec le blanc-seing ou non du pouvoir central) au moment, à titre d’exemple, de l’introduction de demandes de naturalisation française, où l’on s’assure du loyalisme de ceux qui semblent porter « les stigmates » musulmans ; avec, pour ce faire, des questions d’ordre strictement privé aux requérants : assiduité religieuse, type de rapport entretenu avec l’islam et les lieux de culte, degré d’implication cultuelle et culturelle éventuelle, etc...

C’est la même obsession sécuritaire de surveillance et de contrôle aigu du culte islamique qui s’exerce ; avec également, il est vrai, le souci de s’acheter parfois à moindre coût une paix sociale en l’occurrence tout à fait illusoire, précaire et éphémère. Ce qui n’est de toutes les manières pas convenable et combien incompatible avec les exigences universalistes de la République. Nous autres citoyens, musulmans ou non, sommes en droit d’attendre de l’État une impartialité en matière de droit et de principes, à moins de lézarder le sol commun du vivre ensemble.

Tertio, alors même que les pouvoirs politiques français, au travers de Ministres et grands commis de l’État, critiquent ouvertement l’attitude de responsables musulmans pour des filiations tenues suspectes avec les pays d’origine, ils entretiennent à leur tour, via des tractations plutôt privées ou secrètes, des relations avec des acteurs publics nationaux des anciennes colonies (Algérie, Tunisie et Maroc) ; voire aussi, ce qui est plus étonnant, avec des Oulémas d’institutions religieuses réputées conservatrices, telles que l’université égyptienne d’Al Azhar. Avec, pour toile de fond, l’organisation et la gestion du fait islamique en France.

D’où la promotion et la permanence d’un islam « consulaire » qui obère l’autonomie de l’islam et de ses fidèles, que l’on veut pourtant totalement libérés des influences politiques et religieuses étrangères. Ce qui est en contradiction manifeste avec la volonté maintes fois affichée de voir émerger un islam aux couleurs françaises. La laïcité est ainsi régulièrement foulée aux pieds [17] par ceux-là mêmes qui sont chargés de la faire respecter et de l’ériger en valeur suprême. On s’immisce de façon totalement intempestive dans les affaires et querelles théologiques internes aux musulmans, en distinguant, hors de propos, la bonne graine musulmane de l’ivraie intégriste. En tout état de cause, l’organisation interne, l’aggiornamento théologique ou religieux, s’ils peuvent être encouragés, ne regardent absolument pas l’État laïc [18], lequel s’occupe de dire le droit. Tous ces signaux contradictoires ne manquent pas d’entretenir la perplexité chez des citoyens français de religion musulmane par ailleurs discriminés sur le marché du travail, lesquels peuvent alors se vivre comme citoyens entièrement à part !

Par conséquent, est-on passé en France, tout à fait insidieusement, d’une laïcité pacificatrice à une laïcité intrusive ou laïcisme (laïcité soupçonneuse et non sûre d’elle-même), qui se mêle de la « cuisine » interne des musulmans au lieu de juger scrupuleusement la légalité ou non de leurs actes stricto sensu ; autrement dit, l’accord de leurs démarches religieuse, identitaire avec la forme de la loi de séparation et ses finalités (neutralité de l’État et des services publics, et non pas négation d’une identité composite ou plurielle).

Il m’est avis que, s’agissant de l’islam et des musulmans de France, justifier leur encadrement, l’immixtion dans leurs affaires et la surveillance, par le fait qu’ils sont « nouveaux » dans le paysage français, ne tient pas absolument ni historiquement. La République (IIIe, IVe et Ve Républiques) a été un immense Empire colonial « musulman ». La religion et la culture musulmanes, quoique installées dans l’hexagone plus tardivement que les autres spiritualités monothéistes, ne sont pas foncièrement étrangères aux yeux de la France et des millions de nationaux qui ont vécu au contact des Tunisiens, des Marocains, des Algériens, des Syriens, des Libanais, majoritairement musulmans à l’époque coloniale.

Les citoyens de confession musulmane aujourd’hui ne demandent pas expressément un financement public de leurs lieux de culte et, à ce titre, un aménagement spécifique de certaines dispositions de la loi de 1905. Il est très rare d’entendre des revendications de cet ordre au nom d’une laïcité plus « ouverte », laquelle supposerait indûment que ces derniers réclameraient un statut d’exception, ce qu’ils refusent ouvertement pour toutes les raisons jusqu’ici invoquées (ne pas ajouter une stigmatisation à une autre). Laïcité « ouverte » impliquerait dans l’esprit des gens que la laïcité ordinaire est donc « fermée », et que, précisément à cet effet, elle mériterait d’être amendée à cause de récriminations religieuses en général et des musulmans en particulier, prétendument frileux, beaucoup plus que d’autres, vis-à-vis de la laïcité ! L’application stricte et égalitaire de l’esprit des textes de 1905 suffirait bien amplement et conviendrait, je le crois fort, à tous les citoyens, quels qu’ils soient, de religion islamique ou non. Celle-ci permet la liberté de conscience, de culte, en public et en privé, tant qu’elle ne remet pas en cause l’ordre, la liberté des autres et l’autorité de l’État et de ses agents. La norme coranique ne doit aucunement se substituer au droit commun, c’est chose acquise ; alors que l’expérience religieuse, elle, peut être partagée dans l’espace public au travers de ses registres symboliques et par ses capacités à interroger, éclairer d’un jour nouveau, des problèmes ou des questions qui se posent à nos sociétés et pour lesquelles le juridisme n’a pas toujours de réponse satisfaisante à offrir (bioéthique, peine de mort, etc.). Nous rejoignons en cela Marcel Gauchet qui, dans La Religion dans la démocratie, au chapitre consacré à « l’Âge des identités [19] », souligne la mutation contemporaine du religieux dans l’espace public démocratique et laïc.

Lui-même suggère, bien que de manière sous-jacente, que le « communautarisme » souvent invoqué, dont il semble lui-même contester la réalité, n’aurait pas vocation à réhabiliter, trait pour trait, la tradition ; comme s’il s’agissait d’une quête désespérée vers une réhabilitation de l’ordre ancien, alors que, concrètement, il n’en est rien. L’identité personnelle, s’attache-t-il à démontrer, est au contraire complexe, une dynamique que le sujet précisément actualise. Ce dernier définit et redéfinit sans cesse son identité à l’aune d’un environnement social, politique, psychologique donné qui le transforme, le détermine de l’extérieur, de la même façon que l’individu, en retour, l’informe à la lumière de son vécu intime. En termes plus sociologiques, on qualifierait ce mouvement de va-et-vient permanent entre l’intériorité et l’extériorité qui interagissent, de processus d’acculturation qu’explicite le politologue Olivier Roy dans le cas de l’islam et des musulmans :

La « réislamisation » ambiante est loin d’être – seulement – une protestation identitaire […] ou une synthèse permettant de concilier fidélité à ses origines, modernité et autonomie individuelle (comme on a pu le montrer dans l’affaire du voile). Elle est aussi partie prenante d’un processus d’acculturation, c’est-à-dire d’effacement des cultures d’origine au profit d’une forme d’occidentalisation. La réislamisation accompagne ce processus d’acculturation, bien plus qu’elle n’est une réaction contre lui : elle permet de le vivre et de se le réapproprier. La réislamisation, c’est la conscience que l’identité musulmane, jusqu’ici simplement considérée comme allant de soi parce que faisant partie d’un ensemble culturel hérité, ne peut survivre que si elle est reformulée et explicitée, en dehors de tout contexte culturel spécifique, qu’il soit européen ou oriental [20].

Marcel Gauchet ne méconnaît pas les tentations de repli sur soi des individus dans le multiculturalisme qui est une réalité des sociétés contemporaines démocratiques. À cet égard, l’identité peut servir de marqueur, de valeur refuge, mais à juste raison le philosophe refuse de partir des « périphéries effervescentes » pour « expliquer l’essence d’un phénomène » bien plus complexe qu’il n’y paraît et que le vocable « communautarisme » est bien en peine de pouvoir restituer dans toute sa complexité. Les musulmans sont, bon gré mal gré, dans la laïcité et, par conséquent, ils sont nécessairement amenés à prendre en compte cette donnée fondamentale pour se définir et construire leur rapport aux autres.

L’islamisation politique de l’islam et des concitoyens musulmans : l’impossible paradoxe de l’État républicain et laïc

À l’aune d’un contexte international mouvementé depuis la fin des années 1970, avec son paroxysme, la révolution khomeyniste de 1979, il est dans l’air du temps de soupçonner les citoyens musulmans d’avoir la tentation de répondre aux sirènes de l’islamisme dès lors qu’ils manifestent pour une égalité des droits ; tant au plan social qu’au plan religieux (construction de lieux de culte, etc…).

Et ce, sans que les termes pourtant éminemment ambigus et piégés (islamisme, intégrisme, etc.) soient définis bien à propos, non seulement de la part des médias, mais aussi des acteurs publics. Il n’est évidemment pas exclu que des individus, souvent isolés, non organisés, puissent remettre en cause la mixité dans les lieux publics, la neutralité des services publics ; ceux-là ne sont d’ailleurs pas nécessairement des personnes de culture musulmane. Nous déplacerons par conséquent notre curseur vers des sphères qui ne doivent, quant à elles, souffrir aucune espèce de manquement à la règle commune ou laïcité, c’est-à-dire le pouvoir central et ses administrations.

Un des sujets phares ces dernières années, surgi à la fin des années 1980 et réapparu au tout début du nouveau millénaire, cristallise toutes les peurs et les préjugés autour des citoyens ou étrangers de foi musulmane : ce sont incontestablement les affaires dites, maladroitement, du « voile islamique ». Avant toute chose, j’aimerais apporter à cette occasion des clarifications d’ordre sémantique qui sont autant de précautions scientifiques. Si le terme « voile » est fréquemment utilisé, il n’est pas neutre idéologiquement. Il apparaîtrait que le vocable le plus approprié soit celui de « foulard », beaucoup moins péjoratif, nous semble-t-il, que le premier qui renvoie en filigrane à l’idée de « voilement » des esprits, de confinement des femmes dans l’espace domestique et tout à l’avenant [21].

Cela peut paraître superfétatoire, mais cette précision a une importance pédagogique, s’il l’on veut objectivement distinguer rigoureusement les cas de figure. Il n’est pas de foulard qui revêtirait en soi une signification politique. Par conséquent, la politisation du « voile » peut venir, certes, des sujets, mais force est de constater qu’elle a surtout été le fait d’intellectuels, de politiques et de journalistes qui, pour beaucoup, n’ont voulu y voir que la marque de sujétion de la femme doublée d’un mépris manifeste de l’égalité entre les sexes et de contestation ouverte de la laïcité [22].

Le philosophe de la laïcité Henri Pena-Ruiz parlera sans autre forme de procès de « voile islamiste » ! L’analyse superficielle ou partiale côtoie souvent l’anecdote et la diabolisation à outrance [23]. Les récits autour du voile, publicisés par des femmes d’origine iranienne (Chadhortt Djavann qui fustige « le régime des mollahs »), fussent-ils vécus et « poignants » avec les drames humains qu’ils racontent, ne sauraient structurer l’opinion publique et orienter de façon décisive les politiques. L’anecdote et le registre émotionnel ne peuvent déterminer des décisions qui, bon an mal an, stigmatisent une majorité de concitoyens musulmans.

Par ailleurs, l’actualité et l’agenda politique international sur fond de questionnements sur le « terrorisme islamiste », l’émergence d’un « islam radical » de groupuscules déterritorialisés (Al Qaïda) inquiètent tellement, qu’ils ont interféré avec des débats au premier abord franco-français. Ce biais a inéluctablement, non pas seulement gêné les débats, mais a conduit, une fois de plus, à hypostasier les communautés musulmanes françaises, victimes du « temps mondial » dont elles ne sont en rien responsables. Nous avons déjà développé ce point crucial et les errements philosophiques, sociologiques et politiques que cette hypostase (« communautarisme ») comporte.

À présent, si l’on suit de près la genèse de ces affaires de foulard amorcée en 1989, isolées et reconnues comme telles, puis la médiatisation et l’effet d’emballement qui ont suivi, l’on remarquera que la politisation viendra moins par « en bas » (les personnes concernées et leurs soutiens hommes ou femmes, musulmans ou non) que par « en haut » ; avec une volonté de légiférer spécialement contre ce signe jugé, sur un mode essentialisant, « ostentatoire » et prosélyte.

Le port du foulard islamique est toutefois éminemment limité dans les services publics et, en l’occurrence, à l’école. Il est souvent arboré par des citoyennes parfaitement françaises et non pas venues d’ailleurs, d’Afghanistan ou d’Iran. Cette politisation/dramatisation, chargée de nombreuses contradictions ou incohérences en maints endroits suggérés, sera cependant scellée solennellement lors de l’introduction de la commission Stasi (du nom de Bernard Stasi, médiateur de la République) à l’initiative du président Jacques Chirac le 3 juillet 2003, chargée de réfléchir sur les modalités d’une loi sur les signes religieux à l’école (c’est nous qui soulignons entre parenthèses) :

La laïcité est inscrite dans nos traditions. Elle est au cœur de notre identité républicaine. Il ne s’agit aujourd’hui ni de la refonder, ni d’en modifier les frontières (pourquoi légiférer alors que la loi de 1905 est parfaitement claire et clarifiée par l’avis du Conseil d’Etat en 1989 ?). Il s’agit de la faire vivre en restant fidèle aux équilibres que nous avons su inventer et aux valeurs de la République […]. Mais le monde change, les frontières s’abaissent, les échanges se multiplient.

Dans le même temps, les revendications identitaires ou communautaires s’affirment ou s’exacerbent (Le président reconnaît la diversité potentielle du signe religieux mis à l’index), au risque, souvent, du repli sur soi, de l’égoïsme, parfois même de l’intolérance. Comment la société française saura-t-elle répondre à ces évolutions ? Nous y parviendrons en faisant le choix de la sagesse et du rassemblement des Français de toutes origines et toutes convictions (les filles voilées n’ont même pas été interrogées, entendues et écoutées par la Commission consacrant par un étrange paradoxe leur infériorisation). Nous y parviendrons, comme au moment important de notre histoire (le président suggère, par une grave extrapolation, un péril communautariste sans doute comme à l’époque des guerres, du fascisme, du nazisme, etc.), en cherchant dans la fidélité à nos valeurs et à nos principes la force d’un nouveau sursaut.

Ainsi, « l’épisode 2003-2004 de politisation du voile islamique en France réunit tous les ingrédients d’une entreprise politique réussie, avec une prise d’assaut rondement menée de l’agenda politique. Appelons entreprise politique une coordination d’acteurs sociaux de statuts divers, mobilisés pour faire prendre en charge par les décideurs politiques un problème donné, dans les termes qu’ils souhaitent. La première étape de l’entreprise politique est de lire et faire lire une réalité quelconque comme un problème dont les termes s’orientent vers la décision souhaitée [24]. » En fait, une question, en l’occurrence le port du foulard, au départ très largement non problématique, compte tenu du faible nombre de cas de troubles à l’ordre public et scolaire recensés en rapport avec cette tenue, « en tout cas rien qui ait attiré l’attention des médias », a néanmoins servi de facteur déclencheur à une politisation dont les musulmans se seraient bien gardés. « L’actualité des mois précédents est calme, sans incident notable », comme le souligne Françoise Lorcerie, politologue spécialiste de l’éducation, et malgré tout, au plus haut sommet du pouvoir central, il y a eu un besoin impérieux, en l’absence d’une véritable urgence, de clouer au pilori les jeunes écolières de religion musulmane en partant du jugement préconçu suivant lequel le voile serait forcément politique et foncièrement anti-laïque.

Ensuite, et c’est là le cœur de notre problème, la Commission Stasi sous la forme qu’elle a prise, laissait peu de place au débat contradictoire et à la prise en compte de positions critiques, fussent-elles minoritaires ou moins médiatisées. On a, dans la structure même de la Commission, écarté a priori toute éventuelle dissonance un peu trop marquée ; éviter, pour ainsi dire, des positions un tant soit peu nuancées, susceptibles de contrarier l’adoption d’une loi prohibitionniste expressément envisagée ; et ce tant en raison de la qualité des membres que de celle des consultés. Les membres ont donc fondamentalement discuté, décidé, mais en ne respectant aucunement la forme et les règles de la délibération sur les plans « processuel et procédural », pour reprendre des catégories développées par Jean-Marc Ferry en personne :

Sous l’aspect « processuel », on sera sensible, par exemple, à la rigueur analytique des arguments avancés, à la consistance logique des conclusions produites, mais aussi à la valeur morale des positions tenues, et encore, à la puissance intégratrice des récapitulations visant à définir des situations problématiques, sans négliger les cas de figure susceptibles de constituer des éléments décisifs. Sous l’aspect « procédural », on sera sensible, par exemple, au degré de contradiction toléré dans le cours du processus, ainsi qu’au degré d’ouverture consenti à la défense de positions ou points de vue faibles ou minoritaires, et encore, aux chances qui sont accordées à l’appel et au recours sollicités pour la révision des acquis intellectuels et décisionnels qui ont pu jalonner le processus [25].

Que sont devenus les principales protagonistes, celles-là mêmes qui porteraient un foulard, estime-t-on, « discriminatoire » ou « intégriste » ? Les a-t-on seulement interrogées pour en savoir davantage ? On dit vouloir les arracher à l’intégrisme et à l’obscurantisme sans qu’elles aient pu dire un mot sur la ou les significations qu’elles confèrent au foulard. A contrario, on s’exprime, on parle à leur place. On ajoute à une « prétendue » humiliation une seconde : « la privation ». La parole ne leur est accordée qu’à la condition d’être à charge ou de suivre les contours de l’opinion commune ou adoptée. Seulement deux femmes voilées (aucune adolescente, pourtant au cœur de la polémique) ont été auditionnées par ladite commission, qui plus est le dernier jour, et alors même que les conclusions étaient, paraît-il, déjà tirées.

Le foulard islamique est en réalité profondément polysémique [26] : demande d’intégration adressée à la République et à ses représentants ; mimétisme et solidarité avec les musulmanes opprimées du monde ; convictions théologiques, religieuses ou identitaires ; défiance vis-à-vis de l’autorité ; traditionalisme culturel ; pression familiale, etc. « Le voile » dépend ainsi beaucoup de la signification, du contexte et du sens que lui confère la femme. S’il ne revêt pas spontanément ou in abstracto de sens particulier, il convient d’interroger et de s’entretenir au cas par cas avec les jeunes filles qui exprimeraient le désir d’intégrer ou de suivre les cours au collège et au lycée ; lieux par excellence de l’exercice de la conscience civique, de la formation au savoir et de l’esprit critique.

Exclure ne comporte que des risques. L’exclusion présente bien moins d’avantages que d’inconvénients : celui, par exemple, de pousser les élèves et les jeunes citoyennes musulmanes vers les écoles confessionnelles, vers des discours beaucoup radicaux qui prôneraient ni plus ni moins que la rupture avec la société. J’en terminerai, en forme de reconnaissance de la dette philosophique à Jean-Marc Ferry, avec un point de vue critique qui traverse son œuvre et qui me paraît parfaitement cadrer avec mon dernier argument :

Ce n’est pas en protégeant les convictions personnelles, mais en acceptant la déstabilisation permanente, que la culture publique, soutien substantiel des institutions, assurera à celles-ci la plus grande stabilité, ma puissance de résister aux agressions. Dans l’espace européen, l’inclusion de cet Autre que représentent les intellections encore cryptées des religions devient un recours contre le risque de la rigidité ; et si l’on y soupçonne quelque danger pour la laïcité, c’est là un effet d’illusion rétrospective. La raison publique, pour autant qu’elle s’ouvre en principe à tous les arguments, n’aurait rien à redouter de l’expression d’intuitions jadis prises en charge par la religion, si du moins de son côté cette dernière se lie à la loi commune : celle d’arguments assouplis dans l’expression narrative de vécus singuliers. Du seul fait de s’exposer sans réserve à la confrontation menée dans le milieu du discours public, la religion, par cette discipline, renonce au dogmatisme résiduel [27].

Les adversaires résolus du foulard islamique et partisans d’une loi « antivoile [28] », au nom d’un féminisme laïque et républicain rigide, renouent avec les errements, en leur temps, des discours et pratiques patriarcaux et sexistes, institutionnalisés ou non, qu’ils prétendent combattre mordicus. Partant, ils refusent à leur tour la déstabilisation, la remise en cause par une minorité visible ! Celle-ci leur renvoie au fond en plein visage, la réalité d’un féminisme pluriel qu’expriment à leur façon les citoyennes musulmanes, lesquelles remettent en cause, d’une certaine façon, un autre conformisme social porté par celles et ceux qui, hier encore, étaient dans la même situation d’exclusion et de stigmatisation. Ce serait moins la laïcité que ces Françaises de confession musulmane menaceraient qu’une position de domination et une volonté de diffusion d’un modèle unique d’être femme (conformisme), de se vivre comme telle dans un libre choix et surtout sans contraindre les autres (prosélytisme) :

Or, il est déjà clair que la loi prohibitionniste sera contre-productive parce qu’elle emprunte, à ceux qu’elle prétend combattre, leur sexisme. Inapplicable parce qu’il y a un fossé grandissant entre la lettre et l’esprit de cette loi ; entre les effets escomptés – la pacification de l’enceinte scolaire – et les dommages collatéraux – la violence symbolique accrue et les blessures identitaires béantes. Ce n’est donc pas parce qu’elles sont une menace que ces figures dérangent, mais parce que leur performance de genre, entre outrance caricaturale et détournement iconique, les fait s’affronter aux tenants nostalgiques d’un progrès universel de la modernité au nom duquel ont été commises la plupart des violences sexistes et coloniales […]. Car l’avant-garde « féministe républicaine » éclairée puisque désaliénée, qui les fustige, ne doit pas voir en eux leurs semblables, elle ne veut pas imaginer que l’étrange (queer) n’est plus dit par l’étranger mais par celui qui partage leur identité d’individu incertain dans le même monde [29].

Conclusion

Je concevrai cette conclusion en deux parties.

Dans la première, je tenterai de répondre sur le fond à la principale objection soulevée par Jean-Marc Ferry au cours de la discussion faisant suite à mon intervention. Ce dernier estime que la diversité, la pluralité des faits islamiques ne démontreraient absolument pas l’étanchéité de l’islam et des musulmans aux dynamiques de modernisation sociale, laïque, et à l’ouverture au processus de sécularisation. Dans la deuxième, je résumerai de façon générale mon sentiment et mes attentes sur des questions qui concernent non pas seulement les musulmans, mais la société française en son entier et dans sa diversité.

En effet, le philosophe a soutenu, et je lui en sais gré, la difficulté de l’islam, des musulmans et de leurs autorités morales et intellectuelles à l’autocritique, à la dénonciation sans ménagement de certaines dérives qui les gagnent. Sur le constat, je ne peux qu’exprimer mon accord. Mais à mon humble avis, le diagnostic établi n’est ni complet, ni satisfaisant. Il ne peut constituer qu’un pis-aller, évidemment insuffisant à dispenser un bon remède. Pour Jean-Marc Ferry, la question posée au départ de mon propos (voir ci-après) est le cœur du problème et n’aurait toujours pas, selon lui, trouvé de réponse satisfaisante. Grosso modo, l’islam et les musulmans n’auraient pas démontré leur capacité d’intégration dans l’espace laïc et démocratique. Je m’inscris totalement en faux contre ce pessimisme et je m’en explique instamment.

En termes plus tranchés, l’islam et ses hommes sont-ils oui ou non solubles dans la laïcité ? Sont-ils étanches ou réfractaires aux dynamiques de sécularisation et de modernisation ? Cette remarque critique ne vaut qu’à la condition expresse de l’assortir de précieuses nuances. Si l’on peut considérer éventuellement, à l’instar du philosophe, que la pluralité des faits islamiques n’exonère absolument pas les musulmans d’exercer l’autocritique en leur sein, de clarifier les dogmes, au besoin au moyen d’une critique historique rigoureuse et de prises de position beaucoup plus claires et franches envers leurs « autorités de tutelle », cette admonestation est à prodiguer à n’importe quelle autre religion et idéologie confrontée de la même façon que l’islam aux excroissances littéralistes, sectaires et radicales. Ces excroissances ne sont pas spécifiques à l’islam et encore moins consubstantielles à son credo. Sous peine de singulariser, une fois n’est pas coutume, l’islam et ses fidèles en les hypostasiant ; autrement dit, en rapportant injustement la diversité sous une communauté monolithique qui, dans la réalité, n’existe certainement pas.

Deuxièmement, quelles seraient au juste ces « autorités de tutelle » à même, sinon de « réformer », à tout le moins de parler au nom des musulmans quand on sait qu’il n’existe pas dans l’islam sunnite, largement majoritaire, de clergé ou d’institution sacrale centralisée ? Le caractère rédhibitoire de cette interrogation démontre l’inanité totale de continuer à vouloir parler de communauté musulmane au singulier et d’exiger des musulmans de se lever comme un seul homme pour dénoncer le moindre incident touchant ou impliquant des musulmans dans le monde !

Ainsi, de deux choses l’une : soit l’on estime que la diversité manifeste des faits islamiques, peu ou prou marquée suivant les sociétés, est insuffisante à montrer la plasticité de la foi musulmane et les accommodements pratiques qui en résultent à leur contact, et alors on pêche par déni de réalité, et l’on porte atteinte à la liberté de conscience des musulmans, en leur imposant de l’extérieur, éventuellement, une théologie et/ou des lectures qu’ils réprouvent (en repoussant toujours un peu plus les limites de la « réforme »). Soit l’on considère, au contraire, de façon on ne peut plus optimiste et pragmatique, que cette diversité est le symptôme d’une intégration et d’une adaptation de l’islam et des musulmans en train de se faire, ou déjà opérée au sein du tissu national français pour ce qui nous concerne plus directement.

Comme le souligne en filigrane et à de multiples reprises Durkheim dans Le Suicide[30] notamment, la division, la prolifération de courants doctrinaux, de sectes, en matière de protestantisme en ce qui le regarde, est le résultat direct du libre examen domme une de ses conditions. Ainsi, l’absence, en islam également, d’instances religieuses clairement établies, unifiées et incontestables a pour avantage non négligeable de susciter de facto la disputatio, le conflit des interprétations, le dialogue et l’échange permanents auxquels succèdent forcément des adaptations pratiques du ou des dogmes.

Les principes généraux de la foi peuvent demeurer sans que pour autant les applications concrètes restent indéfiniment inchangées ou inchangeables. Pourquoi, dès lors, au juste placer le curseur systématiquement sur les « périphéries incandescentes » plutôt que d’analyser, avec distanciation critique et minutie, les particularités du phénomène islamique éminemment complexe et pluriel dans ses manifestations sociales ? Voilà, me semble-t-il, une interrogation massive à laquelle il faudra bien tenter de répondre un jour… La question de départ est donc bel et bien selon moi résolue. Nous pouvons par conséquent répondre à Jean-Marc Ferry que l’islam et les musulmans ne sont pas seulement capables d’intégrer et d’assimiler la laïcité et la sécularité, mais bien davantage, en démontrant chaque jour un peu plus qu’ils les épousent parfaitement. Ils prouvent ainsi leurs capacités d’intérioriser l’histoire de la nation et ses règles de fonctionnement.

Il faut ainsi, une fois pour toutes, et cela s’adresse en premier lieu à celles et ceux qui nous gouvernent, non seulement faire confiance aux citoyens musulmans, mais surtout les écouter en rompant avec l’obsession sécuritaire, la communautarisation et la politisation systématiques du fait islamique en France. Autrement dit, s’agit-il de responsabiliser les acteurs musulmans, par ailleurs citoyens, dans l’organisation de leur culte et la maturation de leur pensée politique que la laïcité n’interdit pas, à la condition expresse que les fidèles musulmans ne veuillent pas, au nom de la religion, rompre avec la société et codifier les relations sociales avec les autres et l’État au nom de principes supérieurs à la loi commune dans le cadre des relations publiques ; c’est-à-dire en appeler à « désobéissance civile ». Encore une fois, témoigner de sa foi musulmane dans l’espace public n’est en soi pas illégal, à la condition de ne pas contraindre autrui.

Mais, réciproquement, l’État et ses agents n’ont pas à en référer, comme ils se plaisent à le faire, à des autorités étrangères (« islam consulaire ») pour appréhender, encadrer ou encourager l’organisation et la gestion de l’islam français. La laïcité qui, doit-on le marteler, n’exige pas la neutralité religieuse de ses citoyens mais celle des acteurs étatiques en exercice, conservera ainsi sa cohérence nécessaire au vivre ensemble et au maintien d’une diversité culturelle et religieuse riche pour la République et chacune des composantes du tissu social français. L’aptitude universaliste de la France laïque ne s’éprouve-t-elle pas d’autant mieux quand elle se trouve confrontée à l’Autre : celui qui ne partage pas la culture et la religion dominante du pays ? Rien n’est moins sûr. Voilà le véritable défi qui attend la France dans les années à venir.

Notes

  • [1]
    Texte présenté à l’Université de Lausanne le 27 juin 2008, lors du séminaire de recherche « Raison publique, droits de l’homme et religion dans l’espace européen » mis sur pied par l’École doctorale en théologie de Fribourg, Genève, Lausanne et Neuchâtel, sous la responsabilité de Denis Müller et en discussion avec Jean-Marc Ferry.
  • [2]
    Je remercie Christian Bouchindhomme de toutes les indications et précisions qu’il a apportées à l’occasion de la lecture très critique de ce manuscrit, mais en même temps éminemment stimulante. Le philosophe évoque clairement l’ambiguïté de la laïcité française partagée ou tenue en étau entre institutionnalisation de principes « d’une morale universaliste […] pour les faire valoir et agir de manière purement formelle – hors de tout contenu –, et leur “substantialisation” en valeurs (“principes sacralisés”) en se fondant sur une divinisation de la République en Nation ». En effet, Christian Bouchindhomme parvient bien à démontrer qu’il existe un distinguo entre les principes laïques définis par le droit et « une certaine vision laïque du monde » qui, selon lui, est attaquable car elle ne figure pas « dans les textes (je pense que là nous nous rejoignons, c’est moi qui souligne), mais qui révèle que la laïcité, loin d’être une morale détachée de tout contenu, est en réalité une éthique attachée à une vision du monde, sur un mode quasi religieux […]. À cet égard, l’éthique laïque est une vision concurrente des visions religieuses du monde », dit-il, « et son rapport à celles-ci est un strict rapport de tolérance : elle les supporte, mais les harcèle avec l’ambition à plus ou moins long terme de les faire disparaître. » Si j’accepte tout à fait cette différenciation, je persiste toutefois à penser que cette « éthique laïque » à la française promue par des leaders d’opinion et des représentants de l’État met la laïcité en contradiction avec ses principes originels (historiques), a fortiori en présence du fait religieux islamique ; ce qui, pour le coup, est fort condamnable.
  • [3]
    Jean-Marc Ferry, « Face à la tension entre droits de l’homme et religion, quelle éthique universelle ? Réflexions sur un au-delà problématique de la laïcité », in RSR 95/1, 2007, p. 61-74.
  • [4]
    Il est à présent prouvé que les attentats du 11 septembre 2001 ou encore de Londres le 7 juillet 2005 ont été le fait d’individus éduqués, issus des classes moyennes et ouvrières, dont certains étaient des pratiquants peu ou prou fervents, d’autres non. Beaucoup n’étaient pas diplômés d’écoles religieuses mais d’écoles et d’universités privées. Quelques-uns des terroristes du 11 Septembre étaient même des amateurs de boisson alcoolisée et de pornographie !
  • [5]
    François Burgat, « L’islamisme n’explique pas tout », entretien dans L’Humanité, rubrique internationale disponible en ligne à l’adresse suivante : http://www.humanite.fr/2001-09-15@International@Francois-Burgat-l-islamisme-n-explique-pas-tout (consulté le 26 août 2008). Le politologue dit notamment la chose suivante, laquelle me paraît bien résumer notre propos : « Je ne sous-estime pas le risque de voir la référence au religieux, comme tout langage “totalisant”, légitimer des pratiques totalitaristes. Mais il existe alors bien d’autres dogmes que religieux ! Souvenons-nous aussi que l’idéologie la plus profane qui soit, le marxisme-léninisme, a pu, dans sa version stalinienne, couvrir la violence la plus totalitaire et la plus anti-humaniste qui soit. Au Proche-Orient, les nationalistes dits “laïques”, dont Saddam Hussein, qui fut de ce fait un temps notre ami, ont manié la bombe. Les chrétiens orientaux participent activement à la résistance palestinienne et, en 1996, le pape copte Chenouda n’a pas hésité à donner sa caution aux attentats aveugles du Hamas palestinien ! Les futurs Israéliens furent à l’origine de l’attentat sans doute le plus meurtrier de cette période de l’histoire régionale (91 morts à l’hôtel King David en 1947), alors qu’il s’agissait pour eux de “libérer la Palestine”. Tant qu’ils ont été “les vaillants combattants de la foi luttant contre l’urss” les groupes afghans les plus extrémistes ont aussi reçu la caution technique et idéologique des États-Unis ».
  • [6]
    « La nationalité française refusée à une Marocaine en burqa », dans L’Express, 11 juillet 2008. Voir http://www.lexpress.fr/actualite/societe/religion/la-nationalite-francaise-refusee-a-une-marocaine-en-burqa@527700.html (consulté le 27 août 2008). Christian Bouchindhomme prétend, à tort me semble-t-il, qu’on « ne peut accuser le CE d’avoir invoqué la pratique religieuse de cette personne pour refuser la nationalité à Mme M. » Au contraire, tout concourt à faire penser qu’on a estimé incompatible le port de « la burqa » ou du « niqab » (terme plus approprié désignant des vêtements amples en provenance de l’Arabie et du Golfe) avec l’acquisition de la citoyenneté puisque est précisément invoquée, littéralement, « une pratique radicale de la religion ». Ensuite, le philosophe, poursuivant sa démonstration, soutient que « ce n’est pas la pratique en elle-même qui est cause du refus, mais la non-reconnaissance qu’elle implique d’une liberté fondamentale posée comme condition nécessaire à l’exercice de sa citoyenneté ». Car, d’après ce dernier, la citoyenneté présuppose « des conditions d’autonomie nécessaire à son exercice ». Or, cette femme ne saurait en attester dans la mesure où « elle reconnaîtrait se soumettre à la volonté de son mari et admettre que les règles éthiques qu’il lui impose sont supérieures aux droits politiques dont elle bénéficierait en tant que citoyenne ». Aucun élément tangible, confirmé, recoupé par des témoignages solides et suffisamment nombreux ne nous autorise à affirmer, sans l’ombre d’un doute, qu’elle s’est effectivement « soumise » à son mari au sens d’abandon de sa libre volonté et de son autonomie (pas de traces de maltraitance, de confinement forcé dans l’espace domestique, etc.). Peut-être s’est-elle fait tout simplement « piéger » sous les coups de boutoir du flot continu de questions des services sociaux. S’étant sentie ainsi stigmatisée, mise en accusation, acculée, c’est alors que dans un ultime geste défensif (de protection surtout), elle peut être lâchée, fâcheusement certes, qu’elle se soumettait à la volonté de son mari. Ce qui relève beaucoup plus de la faiblesse psychologique, sans doute due au contexte, que d’un aveu de « soumission » effective et de renoncement à sa liberté. Par ailleurs, qui nous assure de façon irréfutable qu’elle n’a pas voulu signifier par là même, c’est-à-dire plus exactement, par « se soumettre », se concerter avec son mari ; concertation qui a peut-être abouti ensuite à la volonté libre et réfléchie de porter le niqab. Ne s’agirait-il pas à ce titre d’un problème de formulation ?
  • [7]
    Thomas Deltombe, L’Islam imaginaire : la construction médiatique de l’islamophobie en France (1975-2005), Paris, La Découverte, 2007, p. 10-12.
  • [8]
    Le philosophe et politologue Olivier Roy est celui qui a forgé le vocable « néofondamentalisme », et ce pour désigner les activités de réislamisation « par le bas » de la société, à partir de la promotion d’une éthique sociale religieuse ; ses promoteurs désinvestissent ainsi volontiers le champ étatique. Pour ce politologue, le néofondamentalisme succéderait à l’islamisme en crise et en décrépitude. Il n’y aurait donc pas chez les néofondamentalistes, contrairement aux islamistes, un projet de conquête du pouvoir ni de volonté de subvertir la République et la laïcité. Contrairement aux Témoins de Jéhovah, leur prédication vise essentiellement les populations aux origines culturelles et/ou religieuses supposées musulmanes, qui habitent, pour une majorité d’entre elles, essentiellement dans les banlieues et autres quartiers populaires de l’hexagone.
  • [9]
    Louis Gardet, L’Islam. Religion et communauté, Paris, Desclée de Brouwer, 2002, p. 15-25.
  • [10]
    Xavier Ternisien, La France des mosquées, Paris, Albin Michel, 2002, p. 144-254.
  • [11]
    Voir l’étude déjà fort ancienne mais très informative : Jean-François Legrain, « Islam en France et/ou de France », dans Aspects de la présence musulmane en France, Paris, « Cahiers de la Pastorale des migrants » 27, 4e trimestre 1986, p. 4-37.
  • [12]
    Mohamed-Chérif Ferjani, Le Politique et le Religieux dans le champ islamique, Paris, Fayard, 2005, p. 71-72.
  • [13]
    John L. Esposito et Dalila Mogahed (dir.), Who speaks for Islam ? What a billion muslims really think, New York, Gallup Press, 2007. L’ouvrage codirigé par ces deux chercheurs s’appuie sur une enquête de terrain approfondie au cours de laquelle la parole est re-donnée aux musulmans de 35 nations dans le cadre d’entretiens. Cet échantillon serait représentatif de 90 % des 1,3 milliard de musulmans de par le monde, avec une marge d’erreur située dans la fourchette de 0 à 3 points. Figurent dans ce travail des éléments fort intéressants, par exemple : « Les musulmans ne conçoivent pas l’Occident comme un tout monolithique et vantent ses mérites ou le critiquent pour ses politiques et non pour sa culture ou sa religion ; musulmans et Américains sont également d’accord dans la condamnation morale des attaques prenant pour cible des civils », etc.
  • [14]
    René Gallissot, Algérie colonisée, Algérie algérienne (1870-1962) : la République française et les indigènes, Alger, Barzakh, 2007, p. 8.
  • [15]
    Vincent Geisser et Aziz Zemouri, Marianne et Allah, les politiques français face à la « question musulmane », Paris, La Découverte, 2007, p. 10. Les auteurs cherchent « à mettre à nu les “continuités métissées”, et les “filiations complexes” : loin de se réduire à une simple reproduction des mécanismes de domination, elles incorporent sans cesse de nouveaux référentiels, lesquels n’ont souvent strictement rien à voir avec la période coloniale. »
  • [16]
    Sadek Sellam, La France et ses musulmans. Un siècle de politique musulmane 1895-2005, Alger, Casbah Éditions, 2007, p. 163-170.
  • [17]
    V. Geisser, A. Zemouri, p. 16-68. Nicolas Sarkozy, alors patron de l’ump et ministre de l’Intérieur, souhaite explicitement (dans un article du journal La Croix le 20 septembre 2006) « le financement de la construction des lieux de culte » sur fond de deniers publics et ce pour couper court, disait-il alors, « à des montages juridiques hasardeux et à un financement venant de l’étranger ». Son successeur place Beauvau, en la personne de Dominique de Villepin, parlera de « formation des imams », alors que ce n’est pas du ressort du législateur tenu d’observer une parfaite neutralité. La vocation principale de la laïcité est de ménager une liberté de conscience, théologique, aux musulmans qui doivent pouvoir s’organiser comme bon leur semble à condition de ne pas « mordre » sur le domaine de compétence de l’État et du pouvoir politique.
  • [18]
    Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’Intérieur en 1998, a consulté le grand Imam de l’Université Al Azhar, évoquant le cas de l’islam de France et la nature des éventuelles relations ou coopération avec ladite université islamique. Nicolas Sarkozy, également ministre des Cultes, a visité le Cheikh de Al Azhar en 2003, afin de l’entretenir sur les débats autour des signes religieux à l’école et sur l’opportunité d’une loi d’interdiction du voile islamique. Toutes ces références se trouvent dans l’ouvrage de Vincent Geisser et Aziz Zemouri (p. 38-41).
  • [19]
    Marcel Gauchet, La Religion dans la démocratie. Parcours de la laïcité, Paris, Gallimard, 1998, p. 121-140.
  • [20]
    Olivier Roy, L’Islam mondialisé, Paris, Éd. du Seuil, 2002-2004, p. 12.
  • [21]
    L’association les Insoumises, entre autres groupes « ultra-laïques » ou laïcistes, créée à l’occasion d’une scission au sein de l’association de Fadéla Amara Ni putes ni soumises (npns), déclare par exemple : « Souvenons-nous du voile, il annonçait clairement la régression du statut des femmes, l’interdiction de disposer librement de sa sexualité et de son corps ». Les femmes voilées sont forcément infériorisées, non libres de leur sexualité et finalement non sujets de leur destin ; ce qui à l’évidence relève du préjugé le plus absolu qui fait fi de toute empirie. Voir http://www.insoumises.org. Malheureusement, ce genre de prise de positions est beaucoup plus médiatisé et tend à la normalisation en dépit de voix plus nuancées ou moins tranchées. L’important, en définitive, réside en la pondération et l’art de la critique nuancée sans fausse bonne conscience.
  • [22]
    Françoise Lorcerie (dir.), « À l’assaut de l’agenda public : la politisation du voile islamique en 2003-2004 », in La Politisation du voile en France, en Europe et dans le monde arabe, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 11-36.
  • [23]
    V. Geisser, A. Zemouri, p. 127-136.
  • [24]
    F. Lorcerie, p. 11.
  • [25]
    Jean-Marc Ferry, Philosophie de la communication 2. Justice politique et démocratie procédurale, Paris, Éd. du Cerf, 1994, p. 69.
  • [26]
    Simona Tersigni, « La pratique du hijab en France : prescription, transmission horizontale et dissidence », in F. Lorcerie, La Politisation du voile en France, en Europe et dans le monde arabe, p. 37-52.
  • [27]
    J.-M. Ferry, Europe : la voie kantienne. Essai sur l’identité postnationale, Paris, Cerf, coll. « Humanités », 2005, p. 92-93.
  • [28]
    En dépit des déclarations des politiques de l’époque, des féministes ultra-laïques et bien d’autres leaders d’opinion, la loi sur les signes religieux votée le 15 mars 2004 est non pas une loi contre tous les signes religieux (bien qu’elle le soit aussi incidemment), mais bel et bien une loi d’exception destinée à interdire spécifiquement le foulard. La déclaration, a posteriori, de François Fillon, Premier Ministre français, sur le plateau de À vous de juger présentée par Arlette Chabot sur France 2 ne laisse pas de le confirmer. Au cours de la soirée du jeudi 12 juin 2008, ce dernier n’a pas hésité à parler de « loi contre le voile à l’école ». On voit là qu’on ne peut pas continuer de cette façon à proclamer l’application de la laïcité à toutes et à tous en continuant à stigmatiser de cette manière aussi éhontée, très peu républicaine, une catégorie de Français d’origine différente.
  • [29]
    Nacira Guenif-Souilamas et Éric Macé, Les féministes et le garçon arabe, La Tour d’Aigues, Éditions de l’Aube, 2006, p. 12-13.
  • [30]
    Émile Durkheim, Le Suicide, Paris, puf, 1993 (7e éd.), p. 158.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/02/2012

https://doi.org/10.3917/retm.254.0063

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On peut aussi consulter un point de vue personnel, qui n’engage que son auteur, faisant essentiellement référence au Coran, sur ce site :

https://www.alajami.fr/index.php/2019/04/19/la-mixite-selon-le-coran-et-en-islam-s33-v33-s24-v30-31/

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Livre - Pluralisme et citoyenneté - L’islam de France à l’épreuve de la laïcité et du « vivre ensemble » - Par Abderrahim Lamchichi – Editions L’Harmattan | « Confluences Méditerranée » 2002/2 N°41 | pages 141 à 160 - ISSN 1148-2664 - ISBN 2747526461 - DOI 10.3917/come.041.0141

Article disponible en ligne à l’adresse :
https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2002-2-page-141.htm Distribution électronique Cairn.info pour L’Harmattan. © L’Harmattan. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n’est autorisée que dans les limites des conditions générales d’utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
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Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) © L’Harmattan | Téléchargé le 08/12/2022 sur www.cairn.info (IP : 86.237.51.15)

« Le processus de consultation initié par les autorités françaises et visant à doter l’islam de France d’une instance représentative, même s’il suscite des critiques – parfois pertinentes et fondées, souvent excessives –, constitue une indéniable avancée sur la voie de la reconnaissance institutionnelle de la deuxième religion de l’Hexagone.
Depuis plusieurs années, en effet, la problématique du statut de l’islam et de sa place dans l’espace public se trouve au cœur du débat sur l’intégration. Mais, au-delà
de cette initiative, réussir le pari de l’ancrage de l’islam et des musulmans dans la cité implique nécessairement des accommodements mutuels.

La société française est appelée à renouveler ses conceptions classiques de la nation et de la laïcité, en favorisant davantage la reconnaissance de la diversité culturelle. Les musulmans, de leur côté, doivent contribuer à l’émergence d’un islam de renouveau et d’ouverture ; ils doivent notamment récuser toute illusion différentialiste ou communautariste pour participer pleinement à la vie démocratique des sociétés d’accueil ; ils sont appelés, en outre, à soumettre constamment les dogmes et la tradition au débat argumenté, à l’éthique de responsabilité, à l’esprit critique et au libre examen, en
renouant avec le riche héritage tolérant et universaliste de leur religion. Réussir ce double pari nécessite également une lutte déterminée contre toutes les formes d’exclusion sociale… »

CONFLUENCES Méditerranée - N° 41 PRINTEMPS 2002 - 141© L’Harmattan | Téléchargé le 08/12/2022 sur www.cairn.info (IP : 86.237.51.15)

Lamchichi Abderrahim, Docteur en sciences économiques et en sciences politiques, est maître de conférences à l’Université de Picardie-Jules Verne. Il est l’auteur d’articles et d’ouvrages sur l’islam en France, le monde arabe et l’islamisme, aux éditions L’Harmattan : L’islamisme en Algérie, 1992 ; Islam, islamisme et modernité, 1994 ; Islam et musulmans de France, 1999 ; Islam-Occident, Islam-Europe : choc des civilisations ou coexistence des cultures ? 2000 ; Géopolitique de l’islamisme¸ 2001. Il est membre du comité de rédaction de la revue Confluences-Méditerranée et du Centre universitaire de recherches administratives et politiques de Picardie.

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Source : https://irel.ephe.psl.eu/node/25054

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  • Le féminisme islamique est-il oxymorique ? - Dimanche 04 août 2019 – Enregistrement Provenant du podcast Questions d’islam de ‘France Culture’

Photo - Amina Wadud, figure du féminisme islamique, a été la première femme à conduire une prière mixte à New York en 2005 ©AFP - DON EMMERT / AFP

Le féminisme islamique pour certains ce serait oxymorique, il y aurait un oxymore et une contradiction à parler ou à associer le féminisme à l’islam et à l’adjectif islamique. Nous recevons pour en parler l’universitaire Leïla Tauil.

[Addenda – Selon Wikipédia : « En rhétorique, un oxymore ou oxymoron, est une figure de style qui vise à rapprocher deux termes (le plus souvent un nom et un adjectif) que leurs sens devraient éloigner, dans une formule en apparence contradictoire, comme « une obscure clarté » (Corneille). Ce mot vient du grec ὀξύμωρος (oxymôros), terme de rhétorique que Bailly traduit dans son dictionnaire de grec ancien par « ingénieuse alliance de mots contradictoires ». L’oxymore permet de décrire une situation ou un personnage de manière inattendue, suscitant ainsi la surprise. Il exprime ce qui est inconcevable. Il crée donc une nouvelle réalité poétique. Il rend compte aussi de l’absurde… - Source ]

Avec Leïla Tauil - Chargée de cours à l’Université de Genève (Unité d’arabe) et chercheure associée à l’Université libre de Bruxelles (CECID)

La marche vers une révolution féministe en contextes islamiques est une nécessité vitale. En effet, la marginalisation de la moitié de la société ne peut pas durer. Et cet état de fait ne peut que retarder la sortie de crise. En réalité, après d’encourageantes initiatives intellectuelles et militantes menées au tournant du siècle écoulé, par des théologiens et surtout des femmes de talent et de conviction, une régression tragique paraît caractériser les relations entre les hommes et les femmes dans les sociétés musulmanes de nos jours. Mais, qu’en est-il véritablement de cette lutte pour l’émancipation et l’égalité des droits qui est au cœur du projet démocratique ? Elle en constitue un enjeu de civilisation. Il s’agit avant tout du respect de la dignité humaine dans sa composante féminine.

L’universitaire Leïla Tauil viendra passer en revue les grandes figures du féminisme en contextes islamiques. Elle indiquera aussi que des penseurs réformistes arabo-musulmans avaient produit, à la charnière des XIXe et XXe siècles, des traités féministes d’une grande actualité et à la pertinence éprouvée. 

Je ne parlerais pas d’un oxymore pour le féminisme islamique dans la mesure où comme pour le féminisme juif, catholique, chrétien ou protestant, il y a tout un courant de pensée qui s’inscrit dans la modernité et qui revendique une lecture féminine voire féministe des textes religieux. Pour le monde musulman, je te dirais qu’il y a oxymore lorsqu’on parle d’un féminisme islamiste, ce qui est différent parce qu’il existe des femmes islamistes qui au même titre que leurs compères masculins défendent l’idée d’un rapport hiérarchique des sexes et surtout d’un rapport complémentaire. (...) Par contre les féministes islamiques parlent d’une égalité islamique des sexes. Leïla Tauil

En musique aujourd’hui : Kamilya Jubran, Werner Hasler - Wameedd (label Unit records) - Rediffusion du 27 janvier 2019

L’équipe - Ghaleb Bencheikh Production - Daphné Abgrall Collaboration - Franck Lilin Réalisation

Source : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/questions-d-islam/le-feminisme-islamique-est-il-oxymorique-2165070

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Photo - Eva Janadin et Anne-Sophie Monsinay ont dirigé une prière, samedi 7 septembre 2019, à Paris. ©AFP - LIONEL BONAVENTURE

Les Matins

Samedi dernier à Paris, deux femmes imames ont guidé la prière musulmane. Un fait inédit en France d’autant que l’assemblée était totalement mixte, la cérémonie majoritairement célébrée en français, et le port du voile non-obligatoire.

Avec : Ghaleb Bencheikh islamologue, président de la Fondation de l’islam de France et producteur de l’émission ’Questions d’islam’, le dimanche de 7h05 à 8h sur France Culture, et Kahina Bahloul Islamologue, première imame en France

Eva Janadin et Anne-Sophie Monsinay, ces deux imames, ont pour projet de créer une mosquée progressiste, ouverte à tous, où femmes et hommes seraient sur le même pied d’égalité dans la prière. Si des mosquées mixtes ou destinées aux femmes existent déjà notamment aux Etats-Unis, en Allemagne ou encore au Danemark, aucun lieu de ce type n’a encore ouvert ses portes dans l’hexagone. Pourtant, dans le Coran, aucun verset n’interdit à une femme de conduire la prière. Le renouveau de l’Islam passera-t-il par les femmes ?

C’est la question que nous allons poser à notre invitée, islamologue et première femme imame en France depuis le printemps dernier, Kahina Bahloul, qui tente elle aussi d’ouvrir un lieu de prière mixte où la conduite de l’office sera confiée en alternance à une femme et à un homme. 

Elle sera rejointe en deuxième partie d’émission par Ghaleb Bencheikh, islamologue, président de la Fondation de l’Islam de France, et producteur de l’émission ’Questions d’islam’, le dimanche de 7h05 à 8h sur France Culture.

Kahina Bahloul à propos du port du voile : 

’Je me suis rendue compte que la question du voile est devenue un symbole de l’islam – or ce n’est qu’une histoire d’interprétation humaine. Quand on en vient aux textes coraniques, rien n’oblige les femmes à se couvrir. Il est important pour les femmes de s’approprier les textes coraniques.’

A propos de l’affaire Tariq Ramadan : 

Ghaleb Bencheikh : ’Cette affaire va entraîner une recomposition du champ de la prédication : il faut qu’il y ait des imams homme et femme bien formés aux valeurs de la République en les mettant en harmonie avec les valeurs spirituelles. Nous pensons qu’il va y avoir dans la jeunesse des prédicateurs hommes et femmes qui vont sortir d’une approche rigoriste, et surtout de l’obsession de la norme religieuse.’ 

Kahina Bahloul : ’Ce qui est problématique, c’est que Tariq Ramadan s’est toujours positionné comme un leader religieux, et pas comme un intellectuel ou un homme politique. Il a toujours défendu une certaine éthique religieuse et on a vu que lui-même dans sa vie ne respectait pas cette éthique. 

Le véritable enseignement à tirer de cette affaire, c’est qu’il faut rééquilibrer le leadership religieux aujourd’hui entre les hommes et les femmes.

’Il y a une inflation du formalisme religieux au sein de l’islam pas seulement en France, il faudrait vraiment revenir au sens premier de ce qu’est un message religieux, du message spirituel qu’on peut tirer des textes coraniques. Il faut remettre du sens dans cette normativité qui prend toute la place et vidé de sens.’

L’équipe - Guillaume Erner Production - Élodie Piel Collaboration - Léa Capuano Collaboration - Pauline Chanu Production déléguée - Louison Carroué Collaboration - Maïwenn Guiziou Collaboration - David Jacubowiez Réalisation

Radio France : Accueil

Fichier:Logo Radio France.svg — Wikipédia

Source : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins/le-renouveau-de-l-islam-passera-t-il-par-les-femmes-1139767

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  • « L’Islam et l’homme contemporain » – Partie 4 : Questions et réponses - Par Sayyid Muhammad Husayn Tabataba’i – Long document d’ ‘al-islam.org’
    Partie 4 : Questions et réponses1


Égalité entre homme et femme et le rôle des femmes dans les affaires politiques

Question : Dans la loi islamique, l’homme et la femme sont-ils égaux ? La femme peut-elle intervenir en politique et dans les affaires gouvernementales, à l’égal des hommes ?

Réponse : Au tout début de l’Islam, la communauté humaine était partagée concernant la femme : Un groupe se comportait avec elle, tel qu’un animal domestique. Pour eux, elle ne faisait pas partie de la société, mais considéraient qu’il était possible de l’utiliser en tant que soumise et servante, pour le bienfait de cette même société. L’autre groupe qui était certes plus civilisé se conduisait à son égard comme on le fait avec un être inférieur, un enfant ou un esclave, dépendant de son maître. Ses droits dépendaient de sa situation et étaient gérés par les hommes. C’est l’Islam qui a pour la première de la femme à la société et a considéré respectable son comportement.

أَنِّي لَا أُضِيعُ عَمَلَ عَامِلٍ مِنْكُمْ مِنْ ذَكَرٍ أَوْ أُنْثَىٰ ۖ

« … En vérité, Je ne laisse guère perdre les actes accomplis par quiconque d’entre vous, homme ou femme, vous êtes les un des autres… »2

En Islam, seul dans trois domaines sociaux, les femmes ne peuvent prendre par : le pouvoir, la justice et le combat – dans le sens de faire couler le sang-. Parce que – d’après les concepts religieux- la femme est un être sensible et émotif ; contrairement à l’homme plus réfléchi. Or ces trois domaines nécessitent énormément de bons sens et non des sentiments ; il ne faut donc pas permettre aux personnes émotives d’intervenir dans ces affaires totalement rationnelles ; de façon très naturelle d’ailleurs, elles ne pourront pas non s’y développer.

Le meilleur témoin de cette réalité est la conjoncture existante dans les pays occidentaux ; l’emploi d’un enseignement et d’une éducation identique pour les deux sexes n’a cependant pas permis a un nombre suffisant de femmes de parvenir à un haut niveau dans ces trois branches d’activités sociales. Dans la liste des renoms de la justice, de la politique et de l’armée, le rapport femme-homme est infime, on est bien loin de toute égalité ; au contraire de bien d’autres domaines (tels que les soins, la danse, la musique, le cinéma et la peinture).


La question de l’héritage des femmes

Question : Pourquoi la part d’héritage de la femme est-elle inférieure à celle de l’homme ?

Réponse : En somme, l’Islam accorde une part d’héritage à la femme et deux parts à l’homme (comme on le retrouve dans les traditions), étant donné que les dépenses familiales sont à la charge du sexe masculin (le mari). Ce décret vient aussi du fait que la femme est plus émotive et l’homme plus rationnel.

Il nous faut tout d’abord exposer la vérité qu’à chaque époque les richesses reviennent à la génération contemporaine ; puis c’est la génération suivante qui vient par la suite remplacer la précédente, les biens existants doivent alors être transmis aux héritiers. Globalement les statistiques montrent que les personnes du sexe féminin et masculin sont en nombre égal. Selon l’Islam la propriété des deux tiers de la totalité des richesses revient aux hommes et le tiers aux femmes ; étant donné que la responsabilité des frais et des dépenses de la femme revient au mari, la part de celui-ci est partagée en deux parts égales dans les dépenses -puisqu’elle s’y trouve associée-. Sa part de bien est d’un tiers et sa part dans les dépenses est de deux tiers, alors que l’homme n’en possède qu’un tiers. Ainsi au point de vue de la propriété, les deux tiers reviennent au bon sens et le tiers à l’émotivité, par contre les deux tiers des dépenses se font dans un sens affectif alors que le tiers est rationnel. Ceci constitue ainsi le meilleur et le plus juste des partages et produit un effet profond et salutaire sur le foyer familial. Nous en reparlerons par la suite, en réponse à une autre question.


L’homme et le droit au divorce

Question : Pourquoi le droit au divorce se trouve-t-il entre les mains du sexe masculin ?

Réponse : D’après les attestations islamiques, il semble que sur cette question c’est encore la rationalité de l’homme et l’émotivité de la femme qui interviennent. Cependant il existe des solutions législatives islamiques permettant aux femmes de demander le divorce. Ainsi elle peut lors du contrat de mariage restreindre la liberté d’action de son mari ou obtenir la permission pour opter pour le divorce (dans le contrat de mariage) en cas de différends.


L’indépendance économique de la femme

Question : La femme peut-elle devenir indépendante dans les domaines économique et financier ?

Réponse : En Islam, la femme est entièrement libre dans les affaires économiques et financières la concernant.


L’homme et la polygamie

Question : Pourquoi l’homme peut-il choisir plusieurs épouses ?

Réponse : Certes, ce n’est pas l’Islam qui a institué la polygamie, Il n’a fait que permettre à un homme de se marier plusieurs fois, en limitant le nombre de femmes à quatre. Et ceci uniquement dans la mesure, où le mari est capable de se comporter avec elles en toute égalité et équité. Ce précepte nécessite en réalité des conditions précises, c’est-à-dire qu’il ne crée pas un déséquilibre social par un nombre faible de femmes pouvant se marier et un excès d’homme célibataire, provoquant ainsi des désordres. D’autre part concernant le sexe masculin, il faut que l’homme soit capable de pourvoir aux dépenses de ses femmes et enfants à sa charge, tout en respectant l’obligation d’une équité parfaite. Seul un nombre infime de personnes peuvent ainsi, en faire la démarche. D’autre part, la nature féminine et les nombreux incidents pouvant survenir pour le sexe masculin font que le nombre de femmes pouvant se marier est généralement supérieur à celui des hommes.

Si l’on prend pour base une année donnée, comparons un nombre égal de filles et garçons nés durant celle-ci. Durant la seizième année de leur existence, le nombre de filles pouvant se marier est sept fois supérieur à celui des garçons pouvant en étant capables. À vingt ans, le rapport est de onze filles pour cinq garçons et à vingt-cinq ans qui est l’âge moyen du mariage, ce rapport est de seize filles pour dix garçons. Si l’on suppose le nombre d’hommes polygames comme constituant le cinquième des mariages, le nombre d’hommes monogames représenterait huit pour cent tandis que vingt pour cent d’hommes mariés auraient quatre femmes. À trente ans le nombre des mariages polygames à trois femmes constituera vingt pour cent des mariages.

Il faut également tenir compte du fait que la femme a une longévité supérieure à l’homme, dans toutes les sociétés humaines, le nombre de veuves est toujours supérieur à celui des veufs. Le nombre de décès dans le sexe masculin est également nettement supérieur ; les lourdes pertes causées par les guerres et les différentes luttes en sont un parfait exemple.

L’opposition féminine à la polygamie n’est guère en réalité, fondée sur un instinct naturel ; les hommes prenant une deuxième, troisième ou quatrième femme, ne les prennent pas par la force et les femmes acceptant d’être la deuxième, troisième ou quatrième épouse ne sont guère descendues du ciel, mais bien des femmes tout à fait ordinaires. Cette coutume existe depuis des centaines et des milliers d’années dans de nombreuses nations et populations. Une dépravation des instincts n’en pas était la cause, et les femmes n’en ont pas ressenti un manque affectif.


L’infaillibilité de la religion islamique

Question : Acceptez-vous le fait que l’Islam n’a guère pu appréhender le passage du temps et rester une religion conforme aux exigences temporelles et locales ?

Réponse : Ces propos ressemblent plus à de l’idéalisme qu’à une opinion philosophique. Le temps et le lieu n’ont pas changé pour provoquer une transformation des règles sociales et humaines. Ses nuits et ses jours sont toujours les mêmes, la terre, l’espace, etc., sont les mêmes qu’il y a des milliers d’années. Seul le mode de vie des êtres humains a évolué avec les progrès, l’accroissement et la modification de ses exigences. Grâce à ses propres prodiges, la force active humaine a trouvé l’audace de désirer toutes sortes de jouissances et de confort ; que ne pouvaient même pas imaginer les plus grands souverains d’hier. De nos jours, même les plus pauvres peuvent se le permettre des choses que n’osaient espérer les aristocrates d’autant.

Cette évolution d’esprit dans la société se produit également pour tout individu suite aux différentes péripéties survenant durant son existence. Une personne infortunée sans moyens, ne pense qu’à son ventre et comment le nourrir, elle oublie toutes les autres choses. Lorsque son pain quotidien est assuré, elle commence à penser à son habillement et lorsque cela est réglé, elle cherche à se procurer un logement et à former une famille, puis vient le tour des enfants, de l’expansion et l’accroissement des richesses, des rites de toutes sortes, des convenances et des jouissances.

De nos jours, les règles sociales soutiennent la volonté de la majorité des individus de cette société -que ce soit ou non réellement approprié- et rendent stérile l’opinion de la minorité, même bien fondée. En Islam, la méthode de déduction est totalement différente, Il légifère en se basant sur l’homme naturel (selon le Saint Coran la conscience innée humaine). En d’autres termes, Il prend en considération la constitution existentielle de l’homme et ses facultés toutes particulières -tout en respectant les besoins que ces dernières nécessitent- ; c’est en fonction de celles-ci qu’Il a établi les lois concernées. L’Islam désire par conséquent garantir l’intérêt réel de la société au moyen des lois en question ; que ce soit ou non en accord avec la volonté de la majorité. Ces dernières ont été nommées législation révélée (charï’at) et selon Lui elles ne peuvent être transformées ou remplacées. S’appuyant sur la création naturelle humaine, elle ne peut être changée ; tant que l’homme est humain, ses besoins naturels restent les mêmes. L’Islam possède cependant en dehors de cette législation révélée immuable, des règles pouvant être modifiées ; elles concernent les transformations survenant au cours de l’existence, sous l’effet de l’évolution de la civilisation. La relation entre ces lois et les préceptes législatifs islamiques est semblable à la relation existante entre les lois pouvant être établies par l’assemblée nationale et la constitution.

L’Islam a donné la direction religieuse au Vâlî (autorité religieuse) dans le domaine des règles de la législation révélée ; concernant la nécessaire conformité de leur intérêt temporel et mises en application par l’approbation du conseil décisif concernant leur opportunité. Ces règlements sont valables tant que leur bien-fondé est requis ; lorsqu’au contraire ils perdent tout intérêt, ils sont abrogés. Par contre les règles de la législation révélée, elles sont inabrogeables.

Selon ces propos, on peut distinguer deux sortes de réglementations en Islam : l’une d’entre elles est immuable, soutenue par la nature humaine inchangeable. Elle est nommée législation révélée (charï’at). La deuxième elle, est modifiable et s’appuie sur l’intérêt temporel, elle peut être modifiée en fonction de l’évolution des circonstances. L’être humain a ainsi de façon tout à fait naturelle toujours eu besoin de se déplacer d’un endroit à un autre ; autrefois il le faisait à pied, à dos d’âne ou à cheval, n’exigeant alors pas de réglementations très poussées. Mais à notre époque, suite aux progrès des moyens de transport, des voies terrestres, maritimes, souterraines et aériennes ; des réglementations très précises sont nécessaires. Par conséquent, le fait que certains prétendent que l’Islam n’a guère tenu compte de l’écoulement du temps est bien évidemment erroné.

Le seul point pouvant être encore critiqué ici, concerne l’éventualité de précepte laissant deviner qu’il n’est pas conforme à l’intérêt réel de cette période, mais il faut que cela soit prouver ou s’enquérir du bien-fondé de cette décision. Cette discussion est beaucoup plus étendue que ce que nous y avons pu développer ici.


L’Islam est une religion innée

Question : Pensez-vous que la plupart des préceptes islamiques établis il y a 1400 ans sont conformes aux exigences temporelles et locales et doivent-ils être modifiés ?

Réponse : Suite aux propos précédents, il devient évident que la base des préceptes législatifs révélés (charï’at) islamiques s’appuie sur la nature innée et la création toute particulière de l’être humain. Et non pas d’après la volonté majoritaire des individus. Dieu a ainsi déclaré à ce propos :

فَأَقِمْ وَجْهَكَ لِلدِّينِ حَنِيفًا ۚ فِطْرَتَ اللَّهِ الَّتِي فَطَرَ النَّاسَ عَلَيْهَا ۚ لَا تَبْدِيلَ لِخَلْقِ اللَّهِ ۚ

« Dirige tout ton être vers la religion exclusivement (pour Dieu), telle est la nature que Dieu a originellement donnée aux hommes… »3

La sacro-sainte Zeinab possédait-elle le statut d’héritière de l’autorité spirituelle ?

Question : Êtes-vous d’accord sur le fait que la sacro-sainte Zeinab4 avait le statut d’héritière ? Et si c’est le cas en plus de toutes les autres responsabilités dont elle était chargée ; cela ne prouve-t-il pas qu’en Islam, la femme peut agir côte à côte avec les hommes, si elle en a bien sûr le mérite ?

Réponse : Aucun document n’existe à ce sujet et en Islam il n’existe aucun titre d’héritier (Valî’ahdî). Si vous voulez parler de successeur, selon des documents irrévocables, le successeur du troisième Imam (Imam Hussein) est le quatrième Imam (Imam Sadjâd) (paix soit sur eux) et non pas sa respectable sœur, la sacro-sainte Zeinab.

En effet, d’après les traditions il est narré que la sacro-sainte Zeinab a agi dans le mouvement de l’Imam Hussein -qui s’était levé face au pouvoir despotique de Yazid et contre la tyrannie de la dynastie Bani Omayyeh a agi conformément aux recommandations de son frère, le prince des martyrs. Elle y accepta de lourdes responsabilités et démontra une capacité extraordinaire dans l’accomplissement de son devoir, à la fois au point de vue de la connaissance pratique et religieuse. En principe en Islam, la valeur humaine est basée sur la connaissance et la vertu (culte religieux à la fois au niveau individuel et social). Dans les autres types de sociétés ce sont d’autres critères qui sont importants, par exemple, la richesse, la noblesse, la tribu, la nationalité, la dignité familiale et l’exercice d’une responsabilité gouvernementale, judiciaire ou d’un titre militaire. Alors que ceux-ci n’ont en réalité, aucune valeur et avantage pour qu’ils puissent s’en glorifier et se considérer au-dessus des autres. En Islam aucun avantage ne doit devenir un critère d’influence dans les décisions autoritaires. Par conséquent, une dame musulmane peut dans les prérogatives religieuses, progresser de la même manière que les hommes et si l’occasion s’en présente, de devancer tous les hommes. À l’exception de trois domaines d’activités (gouvernemental, judiciaire et expédition militaire), elle peut participer à toutes les fonctions sociales. Dieu déclare à ce propos :

إِنَّ أَكْرَمَكُمْ عِنْدَ اللَّهِ أَتْقَاكُمْ ۚ

« … Le plus noble d’entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux d’entre vous… »5

هَلْ يَسْتَوِي الَّذِينَ يَعْلَمُونَ وَالَّذِينَ لَا يَعْلَمُونَ ۗ

« Sont-ils égaux, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ? »6


Le mariage et la cellule familiale

Question : Quel est le point de vue de l’Islam concernant le mariage et la constitution d’un foyer familial ?

Réponse : Un exposé très complet, sur le sujet et les règles de références basées sur différents documents, n’est guère possible dans cet article. Mais les explications que nous pouvons offrir ici de manière succincte et générale sont les suivantes : L’Islam considère le mariage comme étant l’un des principaux facteurs précurseurs et protecteurs de la société humaine. En d’autres termes la création a pourvu le genre humain d’un système génital féminin ou masculin et d’une attirance réciproque ; afin que de leur rapprochement naisse une progéniture qui leur est commune. Tous deux sont associés dans la conception, et grâce à une affection intense envers leur postérité ; ils en prennent soin à la fois durant la grossesse et après l’accouchement. Puis ils se chargent de son éducation et jour après jour, sous l’effet des sacrifices, souffrances, mais aussi des joies et des plaisirs provenant de cette tâche, leur amour pour leur enfant ne cesse d’augmenter. Plus leurs sentiments sont intenses, plus leurs efforts pour l’éduquer le sont aussi. En échange le nouveau-né lui aussi s’attache de plus en plus à ses parents et son affection grandissante devient perdurable. C’est ainsi que prennent forme la cellule familiale puis la parenté, la cité et enfin la nation.

D’autre part il ne fait aucun doute que pour préserver la société et la protéger de toute dissolution, il est nécessaire que cette attirance instinctive pour le sexe opposé soit limitée. Il faut que l’homme ne surpasse pas le nombre de ses femmes légitimes et que la femme ne multiplie pas le nombre de maris légitimes. De cette façon le père de l’enfant sera reconnu (puisque c’est la femme qui assure la grossesse, c’est elle qui en est la mère). Or tant que les jeunes gens pourront assouvir leurs désirs instinctifs de manière illégitime, ils n’accepteront jamais de prendre la responsabilité de former une famille et de se soumettre à tous ces tracas et difficultés. Les parents et leur progéniture ne seront jamais certains de leur véritable filialité, d’où un affaiblissement des liens affectifs au sein de la famille. L’adultère est sans aucun doute un comportement créant en plus de ses préjudices sanitaires, sociaux et moraux ; une généalogie faussée ou absente et une croissance des trahisons – engendrées par toute cette corruption-. L’amour familial s’en trouve anéanti, comme nous le voyons dans les pays où les rapports sexuels sont totalement libres. Cette évolution des mœurs menace sans aucun doute l’avenir de l’humanité.

Il y a déjà plusieurs dizaines d’années dans un magazine j’ai lu qu’en Amérique, suite à ces rapports illégitimes, une moyenne de trois cents milles enfants sont nés de père inconnu. Quelle sera donc la situation dans cent ans ? L’Islam Lui interdit toute relation en dehors du mariage, les dépenses et la pension alimentaire de l’enfant restent à la charge du père, qui est le tuteur de sa progéniture. De même le mariage entre les proches parents est interdit, comme la mère, les tantes paternelles et maternelles, la sœur, la nièce. De même que la belle fille, la belle-mère, la fille de l’épouse (après que l’union ait été consommée), la belle-sœur tant que la sœur est vivante, ainsi que toute femme mariée ou sœur de lait. Pour la femme, il en est de même et cette réglementation se trouve en toutes lettres dans le Saint Coran (Sourate les femmes) ainsi que dans les traditions rapportées du Saint Prophète et des Imams (que la paix soit sur eux).


L’Islam et le problème du divorce

Question : Comment l’Islam perçoit-il le divorce ?

Réponse : Le divorce est certes une législation islamique qui met fin à une affliction interminable, en l’absence de toute tolérance et de compatibilité entre les deux conjoints. Cette loi est tellement pondérée qu’elle a été adoptée peu à peu par la plupart les gouvernements non islamiques, nous en avons parlé précédemment de manière très succincte. Selon l’Islam le divorce est une nécessité, il n’est pas indispensable d’apporter d’autres renseignements et commentaires supplémentaires dans cet exposé.


La femme et le droit de choisir son époux

Question : La femme a-t-elle le droit de choisir elle-même son futur conjoint ?

Réponse : En Islam, la femme est entièrement libre de choisir son époux.


Dépendance des enfants envers le père de famille

Question : En cas de divorce, auquel des deux conjoints sera éventuellement confiée la garde des enfants ?

Réponse : La femme divorcée a le droit de garder ses enfants jusqu’à l’âge de sept ans, leur pension alimentaire durant cette période étant à la charge du père. Concernant les dossiers judiciaires, il faut s’en remettre au jurisconsulte.


Déclarations de l’Imam ‘Alî (a.s.)

Question : Acceptez-vous que les propos de l’Imam ‘Alî (a.s.) ci-après « Éduquez vos enfants pour le futur » signifient que les lois islamiques doivent se modifier pour se conformer aux diverses conditions temporelles et situations ?

Réponse : Cette tradition figurant dans Nahdju l-Balâghah et rapportée de l’Imam ‘Alî (a.s.) signifie que l’éducation de l’enfant ne doit pas se baser sur les mœurs et coutumes du de l’époque qui, en réalité, ne permettent pas à l’humanité d’évoluer. Si celui qui a l’habitude de voyager à pied ou à dos d’âne ou de cheval ne se contente que de ça, il ne lui viendra jamais à l’idée d’inventer et d’utiliser une voiture, d’aplanir la chaussée et de la goudronner.

Ces propos, dans leur sens, ne signifient pas du tout qu’on doit chercher à river nos enfants aux règles de la Loi révélée (immuable). Car sinon il faut la supprimer, d’autant plus que le Saint Prophète ainsi que les Imams ont tous formellement déclaré qu’en cas de contradiction entre la tradition et le Saint Coran, il faut rejeter la première et ne pas l’accepter. Il est donc nécessaire, avant de l’accepter, de confronter toute tradition au Coran.


Les prescriptions et les préceptes de la Loi révélée ne peuvent être modifiés que par la volonté divine

Question : Pourquoi les guides spirituels (Awliyâ) dans les affaires religieuses, a toujours retardé la révision des lois islamiques pour les conformer aux conditions temporelles et spatiales ?

Réponse : Il n’est pas du ressort des guides spirituels de modifier la Loi divine, leur devoir se résume à déduire les questions religieuses du Livre de Dieu et de la Sainte Tradition (Sunnah). Leur fonction ressemble à celle du légiste qui déduit les dispositions juridiques à partir de la Loi fondamentale du pays. Il n’est pas de son ressort d’en modifier un seul article.

Concernant la Loi révélée, on peut facilement comprendre que les saints de Dieu voire le Saint Prophète – qui est le transmetteur de cette Loi – et les Imams qui lui ont succédé, en tant que gardiens et instructeurs de la Loi, n’ont aucun pouvoir de décision vis-à-vis d’elle. En réalité ce genre de questionnement et de critique correspond aux méthodes de réflexion des sociologues occidentaux. Pour eux, les Prophètes législateurs sont des hommes de génie et des intellectuels sociologues qui, s’étant soulevés dans l’intérêt de leur structure sociale, ont invité le peuple à la droiture. Ayant établi une Loi qui répondait aux exigences de l’époque, ils ont usé de leur intelligence pour émettre différentes théories qu’ils ont inculquées aux populations, en se désignant comme des envoyés de Dieu, chargés de transmettre la révélation divine, les paroles de Dieu, la Loi révélée ou encore la Religion céleste. La source de leurs pensées intègres, ils l’ont appelée Gabriel ou Ange de la révélation.

Il ne fait pas de doute que selon cette opinion, les préceptes établis par les religions célestes et la législation islamique doivent être rédigés en accord avec les circonstances du moment. Les reproches mentionnés dans plus de 33 questions sur le sujet arrivent bien à propos.

Mais ces théoriciens se sont trompés de chemin, car au lieu de s’intéresser aux messages des Prophètes, ils se sont mis à juger et émettre des hypothèses erronées. Si, en effet, les livres divins et le récit de la vie des Prophètes ne sont pas exempts d’ambiguïté, le Saint Coran, Livre céleste de la religion islamique, lui, dénonce ce mode de pensée et le dénigre totalement. Il en de même en ce qui concerne l’historique de la vie du Saint Prophète (a.s.s.), ses propos authentiques et ses descendants.

Nous ne désirons pas, à travers ceci, prendre parti de la religion musulmane et défendre sa cause. Quiconque a acquis une connaissance, ne fut-ce que sommaire, du Saint Coran et des propos des Infaillibles, ceux du Saint Prophète en particulier, se rendra compte qu’ils réfutent totalement ce genre de théorie.

Le Saint Coran déclare d’ailleurs expressément que le Saint Prophète (a.s.s.) n’a aucune autorité et liberté d’action en religion, il n’en est que le Messager. 7

Dans un autre de ses versets, le Saint Coran affirme que la religion divine n’est pas le produit de la pensée humaine, mais une série de préceptes et de lois révélées par Dieu, à travers son Messager.8

Face à ceux qui prétendent que le Saint Coran est l’œuvre du Saint Prophète et qu’il n’a rien à voir avec Dieu, il (le Saint Coran) déclare formellement qu’il est réellement la Parole de Dieu et non celle d’un être humain. Son contenu n’est absolument pas le fruit de la réflexion ou de l’esprit humain.9

Ailleurs Il déclare, de manière aussi catégorique qu’avant, que la révélation céleste et prophétique prend fin avec le Prophète de l’Islam ; les préceptes coraniques demeurent valides et immuables jusqu’à la fin du monde.10

Suivant ce qui précède, toute personne ayant constaté que certaines règles islamiques ne sont pas compatibles avec la vie actuelle ne doit pas imputer ces défauts au principe de la légitimité de l’Islam, désignant les préceptes et la Loi d’éternels. Au contraire il agit de manière à trouver une solution qui permet de les améliorer.


L’Islam et les lois modernes

Question : Ne pensez-vous pas que l’erreur commise par les jeunes diplômés musulmans qui se détournent de la religion est due aux lois arriérées, ne pouvant se conformer au monde d’aujourd’hui à la fois industriel et scientifique ?

Réponse : Il serait préférable de donner des exemples de lois islamiques caduques au lieu de contester sans point de litige. Le débat suivrait alors un cours plus argumenté. L’Islam ne possède aucune règle obsolète, par contre les musulmans en proie en retard de réglementation sont plutôt nombreux ! Les religions célestes, en particulier la religion musulmane, débattent de l’existence éternelle et de l’immortalité de l’homme, aussi bien que de la relation entre le monde phénoménal et la métaphysique. De nos jours, quel rapport existe-t-il entre ce genre de discussions et la science ou l’industrie ? Les objets d’études scientifiques étant, à l’heure actuelle, uniquement matériels. L’industrie, elle aussi, se limite actuellement à la réalisation de différents projets. Ils n’ont donc absolument pas le droit d’exprimer leur accord ou désaccord sur la métaphysique.

L’erreur des jeunes diplômés musulmans, tournant le dos à la religion, n’est pas à rejeter sur les préceptes religieux ; l’homme se détourne en effet, non seulement de la religion, mais élimine de la même façon tout avis de conscience ou tout genre d’humanité. Il est courant de voir chez les jeunes ayant poursuivi des études, de mauvais traits de caractère tels que le mensonge, la perfidie, la flatterie, l’impudeur et la débauche. Ceci démontre parfaitement que ceux-ci sont pour la plupart opposés à tout ce qui est pureté, véracité et droiture ; pas seulement à la religion.

Notre société possède également de nombreux jeunes faisant des études supérieures et ayant un comportement sain et louable ; ceux-ci sont parfaitement initiés aux connaissances spirituelles et à cette législation, dites si dépassées ! Ils y sont attentifs et les pratiquent, puisque l’Islam n’est guère incompatible avec leur travail scientifique ou industriel. Ils n’en ressentent jamais de peine ou de désagrément dans leur existence quotidienne. L’aversion qu’éprouvent certains jeunes diplômés musulmans vis-à-vis de la religion est due aux méthodes éducatives culturelles employées et aux délégués aux affaires culturelles sans aucune sollicitude et irresponsables. Ceci n’a rien à voir avec les prescriptions religieuses, les qualités humaines et les règles morales.


L’indécence de la débauche et des mauvaises actions

Question : Pourquoi dans les actes de débauche, où hommes et femmes sont associés à parts égales, la femme est-elle la plus réprimandée ? Si vous convenait sur le fait que l’homme est un être supérieur, il faut qu’il soit, par la même occasion, plus capable de contrôler ses actes. S’il n’en est pas le cas, n’est-ce pas lui qui doit en être blâmé ?

Réponse : En Islam, ce genre d’instruction n’existe absolument pas.


Parole illégitime

Question : Il est rapporté que le Saint Prophète Mohammad (a.s.s.) a recommandé : si vous acceptez quelqu’un en tant que pupille, comportez-vous avec lui comme avec votre propre enfant. Ces déclarations sont-elles oui ou non correctes ? Si c’est juste, pourquoi le Prophète désira-t-il alors se marier avec la femme divorcée de son fils adoptif ?

Réponse : Ces paroles ne proviennent nullement du Saint Prophète. Elles ne sont que des calomnies provenant des ennemis de l’Islam et surtout des chrétiens (en Occident). Le but de son mariage avec l’ex-femme de son fils adoptif était justement d’annuler cette coutume déshonorable et ainsi de l’annoncer aux croyants. À l’époque dans la plupart des pays, le prêt d’un enfant d’une famille à une autre et les transactions familiales étaient monnaie courante. Dans la sourate « les coalisés » (33), des versets en parlent.


L’âge n’est guère un critère dans le mariage

Question : Pourquoi le Prophète Mohammad (a.s.s.) qui était un maître d’éducation imminent pour l’humanité, a-t-il pris pour épouse une fillette d’environ neuf ans (« Aïcha) ; alors qu’il avait déjà un âge avancé ? Son comportement ne devait-il pas être un modèle pour le reste de l’humanité ?

Réponse : Si le mariage d’une jeune femme avec un vieillard pose un problème, cela vient uniquement du fait que les contacts charnels ne sont guère plaisants pour celle-ci ou bien qu’en raison de la différence d’âge, elle devienne veuve bien avant l’âge. Il faut savoir que ces deux critères ne sont pas les seuls à prendre en compte dans le mariage ; ils ne posent d’ailleurs aucun inconvénient et il n’est guère indispensable de les interdire, puisqu’il existe bien d’autres raisons beaucoup plus importantes que celles-ci. Dans ces conditions il est possible que ce type de mariage soit parfois préférable.

Il y a déjà de nombreuses années, alors que Monsieur Eisenhower était Président de l’Amérique ; dans plusieurs magazines à grand tirage, il avait été demandé aux jeunes filles : « Avec qui désirez-vous vous marier ? » La majorité avait alors nommé Monsieur Eisenhower, ce dernier n’était pourtant ni jeune, ni beau. Si l’on étudie plus ou moins l’existence du Saint Prophète et les conditions de son mariage, l’on devient assuré qu’il n’était pas un homme débauché. Ces décisions étaient toujours rationnelles et non pas émotionnelles. S’il avait agi de la sorte, c’était pour en émettre l’autorisation. Ce mariage eut d’ailleurs un effet très favorable dans le développement de la religion islamique.


Légitimité du mariage temporaire en Islam

Question : Que pensez-vous du contrat de mariage provisoire (çighé) auquel sont opposés les musulmans sunnites ? Dans quel but existe-t-il ? Ne pensez-vous pas qu’il est contraire aux droits humains et que dans ces conditions la femme (si vous l’acceptez en tant qu’être humain) devient un objet que peut facilement se procurer le sexe masculin ?

Réponse : La légitimité du mariage provisoire a été fixée dans le verset 24 de la Sourate « les femmes ». Les musulmans chiites ne prêtent pas attention au désaccord des musulmans sunnites sur le sujet puisqu’il a été établi par le Saint Coran et que tout au long de l’existence du Prophète de l’Islam, il était courant ; de même que lors du premier et une partie du deuxième califat. Ce n’est qu’après un certain temps que le deuxième calife l’interdit. Or seul le Saint Coran peut abroger un de ses décrets ; le pouvoir islamique n’a absolument pas le droit d’émettre une quelconque opinion concernant la législation révélée.

Comme il l’a été exposé précédemment, selon l’Islam, la légitimité du mariage provisoire est indubitable. La philosophie des préceptes concernant le divorce, démontre parfaitement que le mariage peut être provisoire. Il n’y a aucune raison pour l’interdire, lorsqu’il est établi de manière à ce qu’il n’ait aucune conséquence néfaste.

La dernière de vos questions est certes exagérée et rapide, puisque la femme l’accepte de son plein gré ; les intentions que vous avez émises pour l’homme peuvent également l’être par les femmes. Si c’est en guise de compagnie, si c’est par contentement, si c’est pour enfanter ou tout autre profit de l’existence, il est véridique pour les deux – homme et femmes-. Il n’y a donc aucune raison de supposer que l’un des deux contractants comme a été abusé par l’autre.

Si l’on analyse très attentivement l’ensemble du monde de l’humanité, l’on remarquera que les contacts charnels ne peuvent se limiter au mariage permanent et on ne peut pas considérer tous les autres interdits, puisqu’il arrive dans certains cas que les premiers ne suffisent pas à assouvir les instincts naturels.

Aucun gouvernement officiel des pays développés ou semi-développés n’a pu empêcher ses relations provisoires ; dans toutes les grandes villes, il existe des centres déclarés ou secrets, spécialisés pour ce genre de rapports. Toute religion désirant ainsi limiter les contacts charnels dans le mariage et empêcher l’adultère est obligé d’intégrer dans ses préceptes, le mariage provisoire sous des conditions bien précises, afin d’éliminer toutes les débauches causées par l’adultère et apporter une réponse convenable face aux exigences des sens.

Dans des propos rapportés de l’Emir des croyants (l’Imam ‘Alî, premier imam chiite [pl]), il est dit : « Si le deuxième calife n’interdisait pas le mariage provisoire, seuls les égarés sur le chemin de la perdition accompliraient l’adultère. » Considérer ces préceptes comme contraire à l’humanité est une grande erreur.

Nous n’entendons pas bien sûr par le terme droit humain, les lois existantes durant l’antiquité et préislamiques. Par exemple les lois de la Rome antique ou autres ; où les femmes étaient traitées comme des animaux ou des prisonnières. Non ici nous parlons des lois occidentales, le monde humain signifie le monde occidental et la société humaine, la société occidentale, comme les dénommaient de nombreux gouvernements précédents. Mais il s’agit de savoir à présent ce qu’ont mis en place ces très respectables personnes, pour remédier à ces relations hors mariage, les fréquentations publiques et leur mixité ; au lieu de ces préceptes soient-disant contraires aux droits humains ! Que se passe-t-il donc entre les hommes et les femmes, les filles et les garçons dans les pays civilisés en avant-première ? Comment sont assumées les déficiences des mariages permanents ? Que relatent donc régulièrement ces surprenantes statistiques publiées à ce sujet ?


Les défaillances des musulmans n’ont aucun rapport avec l’Islam lui-même

Question : Les Occidentaux sont convaincus que l’Islam est une religion faite uniquement pour les gens candides, paysans, bédouins et qui n’ont pas évolué avec la société moderne actuelle. Vous pouvez d’ailleurs remarquer qu’aucun pays musulman ne fait partie des pays dits développés et que l’Islam n’a guère progressé dans les pays modernes11. Quelle en est la raison ? Pensez-vous qu’il est possible de modifier ou d’expliquer les lois islamiques de manière à ce qu’elles deviennent acceptables pour les personnes instruites et les rendre conformes aux connaissances actuelles ?

Réponse : Il ne fait aucun doute qu’aucun des pays islamiques ne fait partie des pays développés, mais il s’agit en réalité de voir lequel d’entre eux applique la législation islamique. Avant que ceux-ci ne soient nommés islamiques, quel bénéfice obtiennent-ils au nom de l’Islam ? En effet certains musulmans de ces pays ne pratiquent les actes de dévotions – tels que la prière, le jeûne et le pèlerinage- que par habitude. Quelles règles individuelles, sociales, pénales ou judiciaires islamiques ont-ils conservées ? Dans ce cas n’est-il pas ridicule de rejeter la décadence des pays islamiques sur l’Islam lui-même ?

Il se peut que certains déclarent que si l’Islam était une religion progressiste et que sa législation avait la capacité de réformer et de diriger une société, elle aurait pu s’y faire sa propre place et ne serait pas tombée en désuétude !

Mais on peut se poser aussi cette interrogation, à savoir, l’absence de tout progrès au sein de la société signifie la défaillance des lois islamiques, pourquoi le système démocratique moderne occidental, venu dans ces pays depuis plus d’un demi-siècle, n’a pas pu s’y faire une place et n’a eu aucun effet sur leur évolution ? Il n’a pu qu’influencer leurs apparences. Pourquoi les orientaux ne peuvent bénéficier du modernisme de la manière que les occidentaux ? On peut se demander comment ce système (nommé) humaniste (démocratie) qui était en fait le berceau de l’humanité (Occident) ; n’a-t-il pu étouffer après toutes ces années le murmure lancé par le mouvement communiste ? Alors qu’il s’était fait une place si grande dans le cœur des peuples qu’il coulait librement dans leurs artères. Or, en moins d’un demi-siècle, la situation devint telle que le régime communiste put s’accaparer la moitié de la population du globe terrestre, jusqu’au cœur de l’Europe et de l’Amérique. Chaque jour il s’empara d’une nouvelle contrée jusqu’alors entre les mains de ces hommes modernes (occidentaux). Peut-on ainsi en déduire que les systèmes législatifs communistes modernes ou les lois démocratiques sont décadents et proviennent de Bédouins ?

Ce retard n’est en tout état de cause non seulement le lot des pays islamiques, puisque bien d’autres pays asiatiques et africains ont subi le même sort alors qu’ils possédaient en leur sein une diversité de religion allant de la religion brahmane et bouddhique jusqu’au christianisme et l’Islam. En fait le seul péché de ces deux continents pleins de richesses est qu’ils se trouvent face à l’Occident et font l’objet de leur convoitise. Tant qu’ils seront les réserves de matières premières souterraines ou à ciel ouvert des industries occidentales, le marché des productions démesurées de leurs usines et leur fourniront des esclaves entièrement soumis, l’Occident aura besoin d’eux. Leurs nations ne feront jamais partie des pays modernes et développés ; et leurs peuples musulmans ou non, ne seront jamais attachés à leurs responsables. Nous l’avons d’ailleurs expérimenté de nombreuses fois, un jour c’est sous le nom de la « colonisation », un autre jour d’« acquisition » ou de « marché commun » ou encore d’aide financière » qu’ils cherchent à nous exploiter.

Concernant la deuxième partie de votre question, il faut savoir que comme nous l’avons déjà expliqué, les connaissances islamiques (M’aâref islami) garanties par le Livre et la sunna stipulent précisément que ceux-ci ne sont guère modifiables. L’Islam est la religion de la vérité, elle ne nécessite nullement l’acceptation de la classe intellectuelle, mais c’est cette dernière qui a besoin d’une vision juste et réaliste sur cette religion. Dieu lui-même ordonne dans un de Ses versets :

لَا إِكْرَاهَ فِي الدِّينِ ۖ قَدْ تَبَيَّنَ الرُّشْدُ مِنَ الْغَيِّ ۚ

« Nulle contrainte en religion ! Le bon chemin s’est distingué de l’égarement… »12

Il faut également noter qu’il aurait été préférable de citer des exemples capables de prouver que l’Islam est opposé à la science, afin que vos paroles semblent plus probantes et ne pas s’en arrêter là.


Tous sont égaux vis-à-vis de la loi et de la justice

Question : Êtes-vous d’accord que le Prophète Mohammad (a.s.s.) et l’Imam Alî (pl) ont tous deux signalé que le mérite de tout être humain dépend de ses actes et comportements et non de son ascendance, de sa famille ou de sa vie privée ? Pourquoi les musulmans chiites considèrent-ils par conséquent, comme meilleur et plus intègres leurs descendants (de la famille du Prophète), quel que soit leur génération ?

Réponse : Selon l’Islam, tous les hommes sont égaux face à la loi et la justice ; de ce point de vue, il n’existe aucune différence entre le roi et le mendiant, le riche et le pauvre, le puissant et le faible, la femme et l’homme, le noir et le blanc, et même entre le Prophète et l’Imam – tous deux infaillibles- et le reste des gens. Personne ne peut se permettre de mettre son emprise sur quelqu’un ou de lui ôter sa liberté légitime, quelle que soit son exceptionnalité ou ses privilèges. L’origine de ce respect tout particulier pour les seyyeds (titre donné aux descendants du Prophète) a pour fondement principal un verset coranique où Dieu commande au Prophète de recommander aux gens de lier un contrat de cordialité avec ses proches :

قُلْ لَا أَسْأَلُكُمْ عَلَيْهِ أَجْرًا إِلَّا الْمَوَدَّةَ فِي الْقُرْبَىٰ ۗ

« … Dis : “Je ne vous demande aucune récompense pour cela ; si ce n’est de l’affection envers mes proches” » 13

Les croyants firent ce pacte avec ses descendants, mais le mystère de ce verset ne s’éclaircit qu’après le décès du Saint Prophète (a.s.s.). Ce qui advint par la suite ne s’est pourtant jamais reproduit au cours de l’histoire, suite au décès d’un guide religieux. Durant de nombreux siècles les seyyeds ne furent jamais en sécurité, ils furent massacrés, égorgés et leurs têtes portées de ville en ville en guise de trophées. On les enterrait vivants, les emmurait en groupe dans des lieux cachés, les torturait dans de sombres cachots ou bien les empoisonnait. Après tous ces siècles obscurs d’oppression, le chiisme prit peu à peu de l’ampleur et devint une école doctrinale plus ou moins indépendante. Ses adeptes, en réaction à ce désastreux passé, s’efforcèrent de manifester tout leur respect aux descendants du Prophète.


Philosophie de l’interdit sur la viande de porc dans la religion musulmane

Question : Pourquoi consommer de la viande de porc est interdite en Islam ?

Réponse : La viande de porc n’est pas uniquement interdite en Islam puisque d’après les Evangiles, la Thora elle était également interdite dans les religions célestes précédentes (l’Islam). Parmi les raisons connues pour la restriction de cette viande, ses méfaits sanitaires et l’ingestion d’immondices de cet animal sont cités.


Philosophie de l’interdiction des boissons alcooliques en Islam

Question : Pour quelles raisons les boissons alcoolisées sont-elles interdites en Islam ?

Réponse : Le principe éducatif islamique est fondé sur la rationalité, car elle représente à elle seule la valeur de l’humanité – par rapport aux animaux-. Or les boissons alcooliques atteignent bien évidemment cette rationalité et par la même occasion tous les objectifs éducatifs existants dans la religion.

De nombreux crimes, usurpations, infractions à la loi et dépravations, résultent de cette consommation ou y participent tout au moins. Sans oublier tous les décès, sa nocivité sur la santé physique et psychologique et ses conséquences génétiques survenant quotidiennement dans le monde entier. La majorité de ces problèmes ont pour cause principale ces boissons alcoolisées, on ne peut donc se permettre de les tolérer :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا إِنَّمَا الْخَمْرُ وَالْمَيْسِرُ وَالْأَنْصَابُ وَالْأَزْلَامُ رِجْسٌ مِنْ عَمَلِ الشَّيْطَانِ فَاجْتَنِبُوهُ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ

إِنَّمَا يُرِيدُ الشَّيْطَانُ أَنْ يُوقِعَ بَيْنَكُمُ الْعَدَاوَةَ وَالْبَغْضَاءَ فِي الْخَمْرِ وَالْمَيْسِرِ وَيَصُدَّكُمْ عَنْ ذِكْرِ اللَّهِ وَعَنِ الصَّلَاةِ ۖ فَهَلْ أَنْتُمْ مُنْتَهُونَ

« Ô les croyants ! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées et les flèches de divination ne sont qu’abominations, œuvre du Diable. Écartez-vous-en, peut-être réussirez-vous. Satan ne veut qu’interposer l’inimitié et la haine entre vous par le vin et le jeu de hasard et vous détourner de l’invocation de Dieu et de la prière. Allez-vous donc y mettre fin ? »14


Relations licites et illicites entre femmes et hommes

Question : Quel est le point de vue de l’Islam concernant l’amour et les liaisons intimes entre hommes et femmes ?

Réponse : En Islam, toutes relations amoureuses – que ce soit des contacts charnels ou leurs préliminaires- sont interdites et illicites en dehors du mariage (comme il l’a déjà été précisé précédemment). En principe le motif d’un interdit dans la religion islamique n’est ni la suppression d’une liberté pour une catégorie sociale précise, ni l’apport d’une inopportunité quelconque ou l’usurpation d’un droit afin de permettre à deux partenaires d’accomplir de leur propre volonté et sans gêner les autres, ce que bon leur semble. Mais c’est bien la perpétuation des fondements de la société, la reconnaissance de la paternité et des véritables héritiers qui sont essentiels. L’Islam ne considère par conséquent aucune différence entre les divers types d’adultères ; tous doivent être interdits, et la pédérastie en faisant entre autres partie.


Immuabilité des prescriptions islamiques

Question : Êtes-vous oui ou non persuadé que d’une manière générale, les lois islamiques peuvent être transformées et remplacées ? Si c’est le cas, les responsables religieux doivent-ils être les précurseurs de ces modifications ou bien est-ce après que des changements soient survenus dans la société qu’ils doivent les mettre à jour ?

Réponse : Comme nous l’avons déjà exposé, la législation révélée (préceptes immuables de Dieu) n’est guère modifiable. Les chefs religieux n’ont reçu aucune autorité à ce sujet ; ni pour précéder toute évolution ni pour la suivre ou les mettre en accord avec certains faits de manière provisoire ou définitive. Dieu le Très Haut a d’ailleurs ordonné au Saint Prophète (a.s.s.) :

وَلَوْلَا أَنْ ثَبَّتْنَاكَ لَقَدْ كِدْتَ تَرْكَنُ إِلَيْهِمْ شَيْئًا قَلِيلًا

إِذًا لَأَذَقْنَاكَ ضِعْفَ الْحَيَاةِ وَضِعْفَ الْمَمَاتِ ثُمَّ لَا تَجِدُ لَكَ عَلَيْنَا نَصِيرًا

« Et si Nous ne t’avions pas raffermi, tu aurais bien failli t’incliner quelque peu vers eux. Alors, Nous t’aurions certes fait goûter le double (supplice) de la vie et le double (supplice) de la mort ; et ensuite tu n’aurais pas trouvé de secoureur contre Nous. »15


Validité des prescriptions religieuses basées sur le Saint Coran et la sunna

Question : Adhérez-vous personnellement à tous les préceptes et rites islamiques – sans aucune interrogation et discussion- ?

Réponse : Les coutumes et les mœurs qui ont vu le jour au sein de la communauté musulmane n’ont aucune valeur si elles ne sont pas certifiées par le Livre et la tradition. Mais les règles de la législation révélée, formellement attestées par le Livre et la sunna doivent elles, être obligatoirement acceptées. Il est illicite de les enfreindre.


Explication d’une déclaration de l’Imam ‘Alî (pl)

Question : L’Imam ‘Alî (pl) a déclaré : « ne soyez pas musulmans à cause de vos pères et mères, mais parce que vous avez foi en cette religion. Et acceptez ce que votre intelligence vous laisse appréhender ». Ne pensez-vous pas que dans ces conditions, les musulmans sont libres et ont le droit d’accepter ce qu’ils désirent des préceptes islamiques ? Ils peuvent aussi laisser de côté ce qu’ils ne peuvent comprendre rationnellement ?

Réponse : les paroles de l’Emir des croyants (pl) veillent à rappeler que conformément aux connaissances religieuses, il est nécessaire d’atteindre la foi par la méthode rationnelle et non par des règles pratiques devant être accomplies. Toute sélection des préceptes à appliquer n’a par conséquent aucune signification.

Ce choix n’est pas seulement illégitime concernant les prescriptions islamiques, il l’est également pour toutes les autres lois d’ordre social. Il n’aboutira qu’à anéantir et disloquer les communautés organisées. Dans les pays où le gouvernement est démocratique, on ne peut par exemple, laisser libre les aristocrates de ne pas se plier aux articles de lois étant en désaccord avec leurs convictions et qu’une catégorie de la population mettent de côté la loi sur les impôts. Qu’un autre groupe rejette les lois commerciales, les lois juridiques, ou encore les règles d’ordre public. Une telle situation n’apporterait que le désordre et la dissolution de cette société. Chacun se doit, en acceptant le régime démocratique et les élections d’un représentant au pouvoir exécutif, de se soumettre à tous les articles de la législation sans en éliminer aucun.

Dans la religion islamique, c’est la même chose, toute personne ayant accepté en toute rationalité les connaissances doctrinales islamiques et ayant approuvé la véracité de la Prophétie croit que les préceptes révélés par le Prophète de l’Islam proviennent de Dieu. Elle est alors, convaincue que Dieu ne se trompe jamais dans ces prescriptions et ne désire que préserver l’intérêt de ses créatures. Celui qui a une telle foi certifie la justesse de chacune de ces lois islamiques et considère qu’elles ne peuvent être éliminées. Même s’il ne trouve pas toujours de raison et d’explications en ce qui les concerne. Mettre de côté certains de ces préceptes et en accepter certains autres, n’a donc aucune signification.


La religion islamique est la Religion divine

Question : En tenant compte de la question précédente, ne pensez-vous pas chaque être humain a la liberté de choisir la religion qu’il désire ? Et que les musulmans doivent respecter toutes les autres religions ?

Réponse : La véracité d’une religion provient d’une série de convictions à propos de la création de l’Univers et de l’humanité. Ainsi qu’un ensemble de devoirs permettant une adaptation de l’existence humaine avec ses croyances. Ce n’est donc pas une affaire de formalité, permettant de dire qu’elle est une alternative dans les mains de l’homme et qu’il peut choisir la religion qu’il désire. Au contraire, c’est une vérité à laquelle se soumet l’être humain et sa conscience et qu’ils doivent suivre par nécessité. De la même façon que : « nous nous servons de la lumière solaire » est une réalité face à laquelle l’homme libre n’a jamais la possibilité d’émettre une opinion différente puisqu’il est obligé d’accepter cette vérité flagrante et de fixer les bases de son existence en fonction de celle-ci. En réalité si une religion confessait : » tout être humain est libre de choisir la religion qu’il désire’, elle avouerait en fait qu’elle n’est qu’un simple protocole vide de toute vraisemblable et sans fondement.

Dieu, Le Tout-Puissant ordonne à ce propos :

إِنَّ الدِّينَ عِنْدَ اللَّهِ الْإِسْلَامُ ۗ

« Certes, pour Dieu la religion est l’Islam… »16

وَمَنْ يَبْتَغِ غَيْرَ الْإِسْلَامِ دِينًا فَلَنْ يُقْبَلَ مِنْهُ وَهُوَ فِي الْآخِرَةِ مِنَ الْخَاسِرِينَ

« Et quiconque désire une religion autre que l’Islam, il ne lui sera point agréé… »17

L’Islam considère comme respectables trois religions parmi toutes celles qui existent : le christianisme, le judaïsme et le magianisme (ou religion zoroastrienne). Ce respect signifie qu’il est permis à leurs adeptes de les pratiquer et non pas qu’elles sont justes (comme le démontrent parfaitement les versets coraniques).


Le croissant n’est pas un emblème islamique

Question : Pourquoi le croissant représente-t-il l’Islam ?

Réponse : L’Islam ne possède pas d’emblème dénommé « croissant », mais « le croissant de lune et les étoiles » ont été employés face au crucifix des chrétiens durant les croisades, afin de distinguer les musulmans de leurs adversaires chrétiens. Ainsi ils sont devenus d’usage courant dans les pays islamiques et aujourd’hui encore, la plupart des drapeaux de ces pays comportent des étoiles et/ou un croissant de lune.


La Lune est un signe divin

Question : Quel est votre point de vue concernant les voyages sur la lune ?

Réponse : L’Islam n’a pas émis d’opinion précise concernant de telles expéditions, que ce soit sur la lune ou d’autres planètes. Mais le Saint Coran en parle en tant que signes divins prouvant Son Unicité par leur précision extraordinaire. Il déclare également qu’elles ont été assujetties pour l’homme.


Statut de la langue arabe en Islam

Question : Pourquoi la langue arabe est-elle devenue l’une des intermédiaires de foi et de croyance dans la religion islamique ? Et pourquoi a-t-il été dit que le Saint Coran, la prière ou tout autre acte de dévotion doivent être lus ou récités en arabe ?

Réponse : Étant donné que le Saint Coran est un miracle du point de vue terminologique (comme il est aussi au point de vue de la signification), il est nécessaire de préserver sa tournure arabe. La prière quant à elle, doit rester en arabe, puisqu’il faut réciter certains versets de Coran dans ses différents rak’ats (séquences de la prière). D’autre part les différents documents, versets et traditions sont tous en arabe, et c’est bien là l’un des principaux motifs de l’attention toute particulière des musulmans pour la langue arabe.


Les bassesses juives dans le monde entier

Question : Certains musulmans sont persuadés que les juifs ne pourront jamais posséder de pays indépendant. Israël est pourtant devenu en très peu de temps l’un des pays les plus développés de l’Orient, démontrant bien que cette théorie n’était pas du tout fondée. Pensez-vous qu’il est possible que de nombreuses traditions, tout comme ce point de vue factice, proviennent de l’influence de certaines politiques antérieures ? Par celles-ci ; certains ont-ils voulu garder les peuples de la région dans l’ignorance, la discorde et l’animosité ?

Réponse : En effet, une petite partie de la Palestine constitue un port maritime et une base militaire pour les grandes puissances telles que l’Angleterre, la France et l’Amérique ; sur cette terre gouverne un pouvoir nommé Israël, qui n’est en réalité qu’un pseudo-gouvernement mis en place par celles-ci. Durant cette courte période, elles ont donc veillé à employer tous leurs moyens pour le renforcer et l’équiper le mieux possible. Par la même occasion, elles n’ont pas permis aux pays islamiques de s’unir ensemble contre eux (comme l’on parfaitement éclairé les divers événements survenus durant toutes ces années).

Cette opinion absurde (selon laquelle le gouvernement juif est indépendant et moderne malgré les traditions islamiques, annonçant que le peuple juif ne possédera jamais de pays indépendant) provient de certaines manipulations politiques cherchant à conserver les populations de la région dans l’ignorance et l’animosité et les garder pessimistes vis-à-vis de la sainte religion islamique. Ce jugement ne vient pas des traditions, mais du Saint Coran. Or ce qui est annoncé dans le Saint Coran n’est par une simple théorie, mais doit être considéré comme une vérité prédite.

Dieu le Très Haut, cite tout d’abord les abus et les crimes des juifs, ainsi que leurs trahisons, leurs complots, le viol de leurs engagements vis-à-vis de l’Islam et des musulmans. Puis Il conseille aux musulmans de s’exprimer d’une seule voix, de conserver les préceptes islamiques et de ne pas s’engager affectivement avec les étrangers et de ne pas leur obéir. Il ordonne ainsi :

ضُرِبَتْ عَلَيْهِمُ الذِّلَّةُ أَيْنَ مَا ثُقِفُوا إِلَّا بِحَبْلٍ مِنَ اللَّهِ وَحَبْلٍ مِنَ النَّاسِ وَبَاءُوا بِغَضَبٍ مِنَ اللَّهِ وَضُرِبَتْ عَلَيْهِمُ الْمَسْكَنَةُ ۚ ذَٰلِكَ بِأَنَّهُمْ كَانُوا يَكْفُرُونَ بِآيَاتِ اللَّهِ وَيَقْتُلُونَ الْأَنْبِيَاءَ بِغَيْرِ حَقٍّ ۚ ذَٰلِكَ بِمَا عَصَوْا وَكَانُوا يَعْتَدُونَ

« Où qu’ils se trouvent, ils sont frappés d’avilissement, à moins d’un secours providentiel de Dieu ou d’un pacte conclu avec les hommes. Ils ont encouru la colère de Dieu, et les voilà frappés de malheur, pour n’avoir pas cru aux signes divins, et assassiné injustement les Prophètes, et aussi pour avoir désobéi et transgressé »18

Dans un autre verset, Il déclare, en relation avec les gens et Dieu :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا تَتَّخِذُوا الْيَهُودَ وَالنَّصَارَىٰ أَوْلِيَاءَ ۘ بَعْضُهُمْ أَوْلِيَاءُ بَعْضٍ ۚ وَمَنْ يَتَوَلَّهُمْ مِنْكُمْ فَإِنَّهُ مِنْهُمْ ۗ إِنَّ اللَّهَ لَا يَهْدِي الْقَوْمَ الظَّالِمِينَ

« Ô les croyants ! Ne prenez pas pour alliés les Juifs et les Chrétiens ; ils sont alliés les uns des autres. Et celui d’entre vous qui les prend pour alliés devient un des leurs. Dieu ne guide certes pas les gens injustes »19

Il ordonne aussi :

الْيَوْمَ يَئِسَ الَّذِينَ كَفَرُوا مِنْ دِينِكُمْ فَلَا تَخْشَوْهُمْ وَاخْشَوْنِ ۚ

« Aujourd’hui, ceux qui ont mécru désespèrent (de vous détourner) de votre religion ; ne les craignez donc pas et craignez-moi… »20

Comme vous pouvez le remarquer, Dieu a promis aux musulmans le développement de l’Islam et l’échec des juifs. Il ordonne de préserver les préceptes islamiques et une convergence de discours, mais non des pays qui n’ont d’islamiques que le nom. Les versets coraniques démontrent que le monde de l’Islam risque d’être confronté aux étrangers et de faire un pacte d’amitié avec eux, puis qu’il leur devienne dévoué. Dans ce cas le pacte de Dieu sera révolu et il perdra la souveraineté et la puissance, alors sa dignité et son hégémonie reviendront à d’autres.

Concernant le fait qu’il est possible que certaines traditions soient fausses et inventées, les savants religieux le savent parfaitement et pour prouver cela, nous n’avons guère besoin de documents pour le prouver. Il est évident qu’au début de l’Islam, un certain nombre d’hypocrites et de juifs se vêtaient comme les musulmans pour falsifier et répandre ces fausses traditions. C’est pourquoi les savants religieux ne prennent pas les traditions telles quelles, mais déterminent tout d’abord les documents dignes de confiance par des expertises avant de les accepter, comme l’avait prédit d’ailleurs le Saint Prophète :

« Après moi, beaucoup de choses seront rapportées de ma part, ce qui est conforme au Coran, acceptez-le ; alors que ce qui lui est contraire, rejetez-le »21

  • 1. - En 1383 de l’hégire, des scientifiques iraniens résidant à New York (Amérique) ont remis un certain nombre de questions portant sur différents domaines islamiques, à l’érudit professeur Tabâtabâï, auxquelles il a répondu littéralement à l’époque.
    Nous sommes heureux de pouvoir les publier ici, afin que ceux qui le désirent puissent s’en servir dans leurs divers travaux de recherche et leurs investigations islamiques. (note de l’éditeur)
  • 2. - Coran, Sourate 3 (La famille d’Imran), verset 195.
  • 3. - Coran, Sourate 30 (Les romains), verset 30.
  • 4. - La sainte Zeinab est la fille de l’Imam ’Alî (premier Im am chiite) et sœur de l’Imam Hassan et Hussein (paix soit sur eux). Elle fut témoin du périple de Karbala où son frère l’Imam Hussein et ses compagnons furent sauvagement massacrés. (note du traducteur)
  • 5. - Coran, Sourate 49 (Les appartements), verset 13.
  • 6. - Coran, Sourate 39 (Les groupes), verset 9.
  • 7. - Coran, Sourate 5 (La table servie), versets 92 et 99.
  • 8. - Coran, Sourate 69 (Celle qui montre la vérité), versets 40-43.
  • 9. - Coran, Sourate 74 (Le revêtu d’un manteau), verset 25.
  • 10. - Coran, Sourate 33 (Les coalisés), verset 40.
  • 11. - Certes la situation mondiale actuelle a bien changé depuis, mais il semble intéressant de lire la réponse apportée par Allâmah Tabâtabâï. (Note du traducteur)
  • 12. - Coran, Sourate 2 (La vache), verset 256.
  • 13. - Coran, Sourate 42 (La consultation), verset 23.
  • 14. - Coran, Sourate 5 (La table servie), versets 90-91.
  • 15. - Coran, Sourate 17 (Le voyage nocturne), versets 74-75.
  • 16. - Coran, Sourate 3 (La famille d’Imran), verset 19.
  • 17. - Idem, verset 85.
  • 18. - Coran, Sourate 3 (La famille d’Imran), verset 112.
  • 19. - Coran, Sourate 5 (La table servie), verset 51.
  • 20. - Idem, verset 3.
  • 21. - Ensemble des déclarations dans les commentaires du Coran, Vol 1, p13.
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© Ahlul Bayt Digital Islamic Library Project 1995-2022 – Source : https://www.al-islam.org/fr/l-islam-et-l-homme-contemporain-seyyed-hussein-tabatabai/partie-4-questions-et-r%C3%A9ponses

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Projet de bibliothèque islamique numérique Ahlul Bayt – traduction depuis « Wikipedia, l’encyclopédie libre »

Le Ahlul Bayt Digital Library Project (Ahlul Bayt DILP), créé en 1996, est une organisation islamique à but non lucratif qui présente le travail d’un groupe de bénévoles opérant dans le monde entier. Elle gère le site Web Al-Islam.org, dont l’objectif principal est de numériser et de présenter des ressources de qualité liées à l’histoire, au droit et à la société de la religion islamique et de ses personnalités - avec un accent particulier sur l’école de pensée islamique shi’ah Twelver. Al-Islam.org est un site qui sert également à présenter l’islam aux non-musulmans [1].

Objectifs - La DILP Ahlul Bayt a pour objectif d’encourager la recherche sur l’Islam et de faciliter la propagation des connaissances dans les endroits où ces ressources ne sont pas communément ou facilement accessibles. Pour répondre à cet objectif, le Ahlul Bayt DILP développe constamment sa bibliothèque numérique, qui comprend plus de 4000 ressources accessibles gratuitement [2]… »

NB. Cet article a plusieurs problèmes. Veuillez aider à l’améliorer ou discuter de ces problèmes sur la page de discussion. (Apprenez quand et comment supprimer ces messages de template) - Cet article contient du contenu rédigé comme une publicité. (Décembre 2017) - Cet article s’appuie excessivement sur des références à des sources primaires. (Décembre 2017)

Lire l’article complet en anglais sur ce site : https://en.wikipedia.org/wiki/Ahlul_Bayt_Digital_Islamic_Library_Project

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    Genre et bouleversements du judaïsme européen - Béatrice DE GASQUET - Les religions en Europe : le sacre du genre – Document ‘ehne.fr’
    Béatrice de Gasquet : ancienne élève de l’École normale supérieure et agrégée de sciences économiques et sociales, Béatrice de Gasquet est maîtresse de conférences en sociologie à l’université Paris Diderot. Ses recherches portent notamment sur les questions de genre et de rituel dans le judaïsme français et sur les féminismes religieux. Elle est notamment l’autrice de l’article « Religion » dans l’Encyclopédie critique du genre (dirigée par Juliette Rennes, La Découverte, 2016), et de « Quels espaces pour les féminismes religieux ? », article paru dans la revue Nouvelles Questions féministes (2019).

Résumé

En deux siècles, la place des juives et juifs dans les sociétés européennes connaît de profonds bouleversements. L’égalité progressive des droits avec les non-juifs, les processus de sécularisation et d’assimilation, l’antisémitisme, mais aussi les réformes internes au judaïsme, affectent différemment femmes et hommes et transforment les représentations juives de la féminité et de la masculinité. La nouvelle valorisation des femmes comme « gardiennes de la tradition » représente au xixe siècle un changement qui permet paradoxalement leur accès à de nouveaux rôles comme éducatrices, dirigeantes d’organisations juives, et parfois officiantes. La révolution majeure est leur accès à l’éducation séculière, particulièrement précoce, puis religieuse. Après la Shoah, la réorganisation profonde des structures collectives juives débouche sur une polarisation religieuse renouvelée opposant « orthodoxes », souvent majoritaires, et « libéraux » sur la participation des femmes à la synagogue et à l’étude des textes religieux.

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Illustration - Service de prière festif à la synagogue de la maison de convalescence juive de Lehnitz. Lehnitz, vers 1934-1938. Source : Musée juif de Berlin, don de Ernest J. Mann, né Ernst Glücksmann. (Note : Contrairement à l’usage orthodoxe, les sexes ne sont pas séparés. Les rouleaux de la Torah sont portés par des jeunes garçons en casquette, mais aussi par une jeune fille.)

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Illustration - Sabbath Nachmittag. Carte postale d’après le tableau de Moritz Oppenheim (1800-1882), imprimée vers 1904, Allemagne. Source : Joseph and Margit Hoffman Judaica Postcard Collection, Folklore Research Center, Hebrew University of Jerusalem.

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Illustration - La grande synagogue de Londres. Source : George R. Sims, Living London : its Work and its Play, its Humour and its Pathos, its Sights and its Scenes, vol. II, Londres, Cassell and Company, 1902.

À partir de la fin du xviiie siècle, les processus d’émancipation, de sécularisation et d’assimilation bouleversent profondément les rapports de genre dans les populations juives européennes, avec des variantes régionales selon la chronologie de l’accès à l’égalité des droits civils (liberté de circulation, de travail, de culte, égalité face à l’impôt, à l’éducation, au vote, etc.).

En Europe occidentale, les échanges professionnels, intellectuels, matrimoniaux avec les non-juifs concernent plus les hommes que les femmes, malgré des exceptions comme les salonnières de Berlin (Rahel Levin Varnhagen, 1771-1833) ou Vienne (Fanny von Arnstein, 1758-1818). Cette sécularisation majoritairement masculine entraîne une relative féminisation du public des synagogues (où les sexes sont séparés). La modernisation religieuse n’en est pas moins pensée d’abord par les hommes, qu’il s’agisse de la Haskalah, mouvement intellectuel encourageant le dialogue entre études séculières et hébraïques (fin xviiie), ou de la réforme du judaïsme (début xixe), deux mouvements nés en Allemagne. Tout autre est le genre de la sécularisation en Europe orientale, où vit une part importante de la population juive européenne. Tandis que l’accès plus tardif aux droits civils y limite les incitations à l’assimilation ou à la sécularisation du côté des hommes, les femmes, traditionnellement privées d’éducation religieuse et exclues de l’étude des textes en hébreu – pratique religieuse la plus valorisée dans le judaïsme –, sont plus nombreuses à quitter les structures juives religieuses, souvent au profit de sociabilités juives sécularisées : activités culturelles en yiddish, socialisme juif, bundisme (nationalisme juif de gauche), sionisme.

Les normes juives de masculinité comme de féminité changent fortement au cours du xixe siècle, en partie en réaction à l’antisémitisme, fortement genré : les femmes juives sont sexualisées et exotisées (« la belle juive »), ou accusées de dominer des hommes caricaturés au contraire comme efféminés. Fin xixe siècle, les militants sionistes répondent aux stéréotypes antisémites en valorisant le Muskeljudentum (« judaïsme musclé »), contre l’ancien idéal masculin juif de l’étudiant en yeshiva (centre d’études talmudique). Du côté des femmes, la révolution principale concerne l’accès à l’éducation, séculière puis religieuse. Les filles, qui ne lisent que la langue vernaculaire ou le yiddish, sont alors plus nombreuses que leurs frères, et souvent que les non-juives, à rejoindre les écoles publiques en langue vernaculaire, et, là où ils s’ouvrent aux femmes et aux juifs, les lycées puis les universités.

Face à ce fossé, vers la fin du xixe siècle, les élites juives commencent à faire de l’éducation religieuse féminine un rempart contre l’assimilation. Le rôle traditionnel de la « femme vaillante », permettant à son conjoint, par son activité économique, de faire des études religieuses, est dévalorisé au profit d’un nouveau rôle : celui de « gardienne de la tradition », chargée de la transmission du judaïsme (ce rôle d’éducation incombait jusque-là aux pères et aux institutions communautaires). Ce discours, qui donne un nouveau sens aux pratiques religieuses domestiques (shabbat et fêtes surtout), fait de l’éducation religieuse des jeunes filles – futures mères – un nouvel enjeu. Pour celles-ci, les synagogues inspirées par la réforme du judaïsme instaurent de nouvelles cérémonies, à côté de la traditionnelle ‘bar mitsva’ masculine. Dans le monde orthodoxe, si Sarah Schenirer (1883-1935) fonde en Pologne les écoles primaires Bais Yaakov, des oppositions à l’éducation religieuse des filles perdurent jusqu’à la Shoah.

L’engagement associatif et philanthropique est un autre rôle nouveau pour les femmes juives, des « comités des dames » des synagogues au féminisme, en passant par le travail social, le socialisme ou le sionisme. En Allemagne, Bertha Pappenheim (1859-1936), juive orthodoxe pratiquante et féministe, fonde en 1904 la Jüdischer Frauenbund ; le Congrès international des femmes juives est fondé à Rome en 1914. Phénomène plus minoritaire, dans le judaïsme libéral, où la mixité devient la règle au xxe siècle, les femmes accèdent parfois à de nouvelles responsabilités religieuses, comme les pionnières Lily Montagu (1873-1963), cofondatrice du judaïsme libéral anglais, ou l’Allemande Regina Jonas (1902-1944), première femme ordonnée rabbin.

La Shoah est une rupture majeure. Derrière les États-Unis et Israël, l’Europe n’est plus le centre du judaïsme mondial. C’est en partie l’expérience de la Shoah qui explique la remise en cause de l’assimilation, à partir des années 1960-1970. À la différence des États-Unis, où féminisme et « retour aux sources » vont de pair, en Europe la revitalisation religieuse s’accompagne de discours conservateurs sur le genre. Car en raison notamment de l’effondrement du judaïsme libéral allemand, c’est surtout le judaïsme orthodoxe qui connaît un essor. Contre une indifférenciation des sexes associée à l’assimilation, il promeut une stricte division sexuée des rôles religieux : revalorisation d’une masculinité centrée sur l’étude des textes, célébration d’un rôle féminin centré sur une pratique domestique exigeante (shabbat, cacherout, interdits sexuels pendant les règles, modestie vestimentaire).

À l’image du judaïsme mondial, le judaïsme religieux européen est de plus en plus polarisé entre courants orthodoxes et non orthodoxes, ces derniers connaissant à leur tour à partir des années 1980 un renouveau en Europe. Avec la question des « mariages mixtes » (et de la conversion au judaïsme des conjointes non juives), c’est la place des femmes à la synagogue qui cristallise les tensions. Les courants libéral, réformé et massorti (non orthodoxe, mais plus traditionaliste) sont favorables à la mixité et à une participation rituelle égale dans les synagogues, à l’ordination des femmes, plus tard des gays et des lesbiennes. Au contraire, du côté orthodoxe, la participation rituelle des femmes à la synagogue est un sujet majeur de conflit : ainsi, dans les années 2010, les rabbins du Consistoire français s’opposent à la lecture rituelle de la Torah par des femmes, même avec séparation des sexes.

Si les femmes adultes accèdent à des formations religieuses plus avancées, c’est aussi de manière polarisée. Dans le monde orthodoxe, les nouveaux lieux de formation qui s’ouvrent pour les femmes adultes (comme à Gateshead en Angleterre, dans les années 1940) sont en général non mixtes et ne proposent pas les mêmes cursus aux femmes qu’aux hommes, qui conservent largement le monopole de l’étude du Talmud et de l’autorité juridico-religieuse. Dans le judaïsme non orthodoxe au contraire, les séminaires rabbiniques s’ouvrent aux femmes dans les années 1970 ; formées à Londres, Berlin ou bien aux États-Unis et en Israël, des Européennes deviennent rabbins, comme les pionnières Jackie Tabick pour l’Angleterre (1975), ou Pauline Bebe pour la France (1990). Depuis 1999, le mouvement féministe allemand Bet Debora les réunit dans des conférences rassemblant intellectuelles, militantes et rabbins juives européennes.

Enfin, des femmes accèdent à la direction d’organisations juives nationales, sans réels débats sur la parité en leur sein : Tullia Zevi pour l’Union des communautés juives italiennes (1983), Josephine Wagerman au Board of Deputies of British Jews (2000), Charlotte Knobloch au Zentralrat allemand (2006).

Bibliographie :

Gasquet, Béatrice de, « Le balcon, les pots de fleur et la mehitza. Histoire de la politisation religieuse du genre dans les synagogues françaises », Archives de sciences sociales des religions, n° 177, 2007, p. 79-95.

Green, Nancy, « La femme juive, formation et transformation », dans Michelle Perrot et Georges Duby (dir.) Histoire des femmes en Occident, vol. 4, xixe siècle, Paris, Plon, 1991, p. 215-229.

Hyman, Paula, Gender and Assimilation in Modern Jewish History : The Roles and Representation of Women, Seattle, University of Washington Press, 1997.

Jewish Women : A Comprehensive Historical Encyclopedia, Jewish Women’s Archive, 2006. En ligne sur https://jwa.org/encyclopedia/

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Voir l’extension aux autres religions à partir de ce site https://ehne.fr/fr/encyclopedie/thematiques/genre-et-europe/les-religions-en-europe%C2%A0-le-sacre-du-genre

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    France Elections 2022– Opinions politiques partisanes sur la place de la laïcité dans les douze programmes présidentiels - Philippe Portier - 06 avril 2022 – Document ‘legrandcontinent.eu - Études Religion
    Si la place prépondérante qu’elle occupe habituellement dans le débat national fait figure d’exception en Europe, la question de la laïcité est étonnamment un peu absente de la campagne présidentielle française. Pourtant, une analyse fine des programmes des 12 candidates et candidats déclarés permet de dresser des typologies. Selon Philippe Portier, le clivage gauche/droite continue d’être structurant en matière de laïcité – mais dans un espace plus fragmenté, axé autour de quatre modèles.

https://legrandcontinent.eu/fr/wp-content/uploads/sites/2/2022/04/SIPA_00748593_000002-scaled-e1649238377207-125x82.jpgPhoto – Liberté Egalité Fraternité - © Nicolas Messyasz/Sipa Press - S’abonner

Key Points

  • On peut tendanciellement repérer deux polarités : les candidats situés à gauche analysent la laïcité comme un instrument de préservation de la liberté de conscience ; les candidats relevant de la droite la voient bien davantage comme un dispositif d’affirmation de l’identité nationale. 
  • Une analyse statistique de la distribution du terme dans les programmes met en évidence la dominance, dans la hiérarchie des promoteurs de la sémantique laïque, des gauches traditionnelles et, depuis le rapport Baroin de 2003 en faveur d’une « nouvelle laïcité », de la droite classique.
  • Mais l’arc des positions des 12 candidats est en réalité plus complexe. Il laisse apparaître deux droites et deux gauches – quatre modèles dans lesquels se répartissent les candidats : inclusiviste, séparatiste, intégrationniste et assimilationniste.
    Le premier XIXe siècle ne connaissait pas la notion de programme politique : le vote, souvent censitaire, témoignait alors d’une relation de confiance personnalisée entre l’électeur et le notable appelé à le représenter1. Avec l’avènement de la Troisième République, l’élection change de nature : elle s’organise désormais, sans cesse davantage, sur l’assise de la confrontation des projets que portent les candidats en compétition. La société contemporaine demeure attachée à ce modèle. Sans doute la « démocratie du public », qui s’est substituée depuis les années 1970 à la « démocratie de partis », accorde-t-elle, du fait de l’importance croissante des médias et des sondages en son sein, une place centrale à la personnalité des leaders. Ce tournant n’empêche pas les postulants d’appuyer leur candidature sur la « promesse de politiques déterminées »2. L’élection présidentielle de 2022 s’inscrit évidemment dans cette perspective : elle dessine un « marché » sur lequel se font concurrence des offres différenciées.

Dans ce cadre, les douze candidats retenus par le Conseil constitutionnel présentent des programmes à large spectre abordant la plupart des problèmes auxquels se sent confrontée la société actuelle : parmi d’autres, la question écologique, le problème du pouvoir d’achat, le défi de la sécurité, la politique internationale, les droits des familles, la place de la ruralité. Bien entendu, les prétendants n’articulent pas toutes ces thématiques de la même manière. Certains accordent à l’écologie une place suréminente : c’est le cas de Yannick Jadot. D’autres, sans faire l’impasse sur les enjeux liés à l’épuisement des ressources naturelles ou à la détérioration de l’environnement, accordent une priorité à la question sociale. Anne Hidalgo, Fabien Roussel, Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, Nathalie Arthaud vont clairement en ce sens. D’autres enfin, comme Marine Le Pen, Valérie Pécresse, Eric Zemmour, Nicolas Dupont-Aignan, réservent à la sécurité une place essentielle. Jean Lassalle se positionne sur la défense des territoires ruraux. Emmanuel Macron, tard venu dans la campagne, propose quant à lui, selon la logique reconduite du « en même temps », un triple pacte, « social », « productif » et républicain », dont il estime qu’il nous permettra de « reprendre le contrôle de notre destin comme Nation et de nos vies comme citoyens ».

L’élection présidentielle de 2022 s’inscrit évidemment dans cette perspective : elle dessine un « marché » sur lequel se font concurrence des offres différenciées.

À l’exception de Jean Lassalle qui ne l’évoque nullement, les compétiteurs abordent tous la question de la laïcité, dont ils placent le concept au principe du pacte social. Certains d’entre eux font référence d’ailleurs à l’article 1er de la Constitution de la Ve République : « La France est une République laïque ». Il reste que, sur ce terrain non plus, le consensus n’existe pas : si les programmes font emploi du mot (ou référence à l’idée), ils ne lui donnent pas la même signification. On a, dans certains travaux récents, réhabilité, alors qu’on estimait qu’il ne faisait plus sens, la valeur prédictive du clivage droite/gauche, en particulier sur les questions relatives à l’économie ou à l’immigration. Telle est la conclusion d’une étude récente de Pierre Bréchon, Bruno Cautrès et Gilles Ivaldi : « Les données montrent que le clivage gauche-droite, s’il (…) a perdu de sa signification aux yeux d’un nombre important de citoyens, continue de structurer de manière significative les attitudes et les valeurs des Françaises et des Français, dans le domaine économique comme sur les questions culturelles ou les grands enjeux de société3 ».

La même analyse peut s’appliquer dans le domaine de la laïcité. Le positionnement sur l’arc politique apparaît, sur ce point aussi, éminemment distinctif. On peut tendanciellement repérer deux polarités : les candidats situés à gauche analysent la laïcité comme un instrument de préservation de la liberté de conscience ; les candidats relevant de la droite la voient bien davantage comme un dispositif d’affirmation de l’identité nationale. 

Consolider le pacte social

La question laïque avait affleuré, en 1974 et 1981, sous le prisme particulier du devenir de l’école privée4, dans le cadre d’une société politique qui, depuis les années vingt, avait globalement, y compris du côté des catholiques, accepté la loi de séparation du 9 décembre 1905. Les élections de 1988, 1995, et 2002 ne lui laissent aucune place, en dépit de la controverse autour des « foulards islamiques » à partir de l’automne 1988. Il faut attendre 2007 pour que les principaux candidats – Jean-Marie Le Pen, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy – la réintègrent dans leurs programmes respectifs. Le tournant s’accentue en 2012 : tandis que Nicolas Sarkozy persévère dans sa vision culturaliste de la laïcité5, François Hollande approfondit, quant à lui, la tradition séparatiste, en promettant dans son discours du Bourget une constitutionnalisation de la loi de 1905. Le thème est demeuré depuis lors. Les programmes de 2022 en traitent abondamment, en le rapportant le plus souvent à la nécessité de renforcer les fondations – interprétées différemment par les candidats – de la convivialité politique.

On peut tendanciellement repérer deux polarités : les candidats situés à gauche analysent la laïcité comme un instrument de préservation de la liberté de conscience ; les candidats relevant de la droite la voient bien davantage comme un dispositif d’affirmation de l’identité nationale.

Ce retour s’inscrit dans un contexte nouveau. Trois transformations, qui se cristallisent à partir des années 1980, méritent d’être signalées. La première concerne la scène religieuse6. Le processus de sécularisation qui la marque la France depuis la Révolution française s’est certes amplifié : il est aujourd’hui bien moins de pratiquants et même de croyants qu’hier. Simultanément cependant, des effervescences inédites se sont affirmées : dans toutes les familles confessionnelles, les fidèles, au risque de troubler les compromis sociaux construits au cours des décennies antérieures, ont exprimé des demandes de droits particuliers, et parfois même des revendications plus globales visant, comme ce fut le cas avec les mobilisations contre le mariage entre personnes du même sexe ou contre les publications « blasphématoires », à recomposer le rapport de la norme positive et de la norme religieuse. Il en est résulté une inquiétude collective qui, pour diverses raisons au centre desquelles figure la question des attentats, s’est noué autour de l’islam. La deuxième mutation concerne la scène idéologique. La controverse intellectuelle s’est longtemps organisée en son sein autour de ce qu’Alain Badiou appelait « l’hypothèse communiste » : il s’agissait de savoir comment, et dans quel régime politique, devaient être distribuées les richesses de l’effort collectif. Depuis les années 1990, avec le tournant libéral de la gauche et la chute du mur de Berlin, le registre n’est plus le même : l’esprit public s’interroge désormais sur les modes d’articulation possibles de la relation entre appartenance civique et adhérence religieuse : la question de la gestion de la diversité culturelle tend à se substituer, ou à se superposer du moins, à celle de la production de l’égalité sociale. Le troisième changement touche à la scène politique. Son point d’équilibre s’est déplacé vers la droite. Un populisme conservateur s’est constitué, d’abord autour du Front national, puis du Rassemblement national et de Reconquête, au point d’apparaître comme une alternative gouvernementale, capable de se substituer, comme l’ont montré les résultats électoraux de ses représentants aux élections présidentielles depuis 2002, aux forces (classiques) de droite et de gauche qui se sont succédé au pouvoir depuis la Seconde Guerre mondiale. Or cette mouvance, qui place au premier rang de ses préoccupations la « protection » de la France éternelle contre les éléments immigrés, « musulmans » le plus souvent, qui en menacent la culture, a redéfini l’agenda de ses concurrents : sans leur dire « comment penser », elle leur a du moins indiqué « à quoi penser »7.

On ne s’étonne donc pas que, comme l’ont bien montré les études lexicométriques, le syntagme « laïcité » soit aujourd’hui, souvent en co-occurrence d’ailleurs avec les mots « islam » ou « musulmans », dix fois plus employé dans les textes publics (livres, presse, discours) que dans les années 1900, après avoir connu une montée en puissance depuis les attentats du milieu des années 1990. Les programmes présidentiels de 2022 expriment, dans leur sphère propre, cette réorientation du débat public autour de la question de la régulation étatique de nos pluralités religieuses et convictionnelles. Il reste que, si l’idée est là, elle n’est pas toujours portée par le mot. C’est le cas pour l’extrême-gauche : ni Philippe Poutou, ni Nathalie Arthaud, qui s’arrêtent pourtant sur la gestion publique de la croyance, ne se réfèrent explicitement à la laïcité, pas plus qu’ils ne font droit d’ailleurs à la notion de République. Sans doute faut-il voir dans cette exclusion sémantique le produit de la défiance des deux candidats à l’encontre d’une notion parfois enrôlée, ces derniers temps, au service d’un dessein de marginalisation d’une partie – sa part musulmane – de la classe ouvrière. A joué aussi le fait que dans la famille trotskyste, la transformation des structures socio-économiques prévaut sur celle des structures politico-juridiques8, sachant de surcroît, comme le disent de concert Nathalie Arthaud et Philippe Poutou, que « ces programmes sont des programmes de lutte et non de gestion ». Eric Zemmour, à l’extrême-droite, pratique la même élision : on cherche en vain, dans son programme, le vocable laïcité. Cette situation n’est sans doute pas sans attache avec sa volonté de se placer à distance d’un vocabulaire qui a partie liée avec une modernité politique dont il est porté, du fait de son ancrage dans la philosophie traditionaliste, à se méfier. Son monde est celui, avec ses « racines chrétiennes », de la France éternelle, que le modèle révolutionnaire est venu bouleverser9. On trouve un indice de cette inclination dans la formule qui clôt ses allocutions : « Vive la République, et surtout vive la France ». En cela, il reprend, en connivence avec un électorat souvent lié au catholicisme d’intransigeance, la ligne de Jean-Marie Le Pen dans les années 1990.

S’ils en déclinent différemment les modes d’organisation, la laïcité apparaît bien, pour tous les candidats, comme un élément cardinal du pacte social.

Les autres candidats n’ont pas ces restrictions. À gauche, Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon usent volontiers du mot : neuf fois l’un et l’autre, souvent en l’associant au mot République. Le cas est moins fréquent chez Anne Hidalgo, qui, si l’on excepte une reprise de l’expression « République laïque », ne le fait affleurer qu’à deux reprises, dans le cadre d’un développement sur l’école. Le candidat écologiste Yannick Jadot se situe au même niveau que la maire socialiste de Paris. Sans doute faut-il opposer ici, au moins tendanciellement, deux variantes de la gauche : la gauche politique, jacobine, attachée à la puissance de l’État, et la gauche sociétale, proudhonienne, enrôlée au service de la société. À droite, Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen et Valérie Pécresse, usent du terme, selon une intensité décroissante : le mot laïcité revient à quatorze reprises chez Nicolas Dupont-Aignan ; il apparaît six fois chez Marine Le Pen ; quatre fois chez Valérie Pécresse. Le terme n’affleure qu’une seule fois chez Emmanuel Macron. Si l’on rapporte le nombre d’occurrences dans les programmes présidentiels à leur nombre de pages, la hiérarchie est à peu près la même : les deux candidats de la « gauche de la gauche », dont les programmes comportent soixante pages, apparaissent en première ligne, avec Valérie Pécresse dont le programme tient en seize pages ; la deuxième catégorie est constituée de Nicolas Dupont-Aignan, dont le projet est lourd de deux cents pages, et d’Anne Hidalgo (quarante pages). Yannick Jadot (qui présente un projet de soixante-quinze pages), Marine Le Pen (avec son programme de deux cents pages) et Emmanuel Macron (pour un projet de treize pages) ferment la marche.

https://legrandcontinent.eu/fr/wp-content/uploads/sites/2/2022/04/SIPA_00779433_000030-scaled-e1649238450547-125x83.jpg© CHAMUSSY/SIPA

Ces distributions statistiques sont évocatrices sans doute : elles mettent en évidence la dominance, dans la hiérarchie des promoteurs de la sémantique laïque, des gauches traditionnelles et, depuis le rapport Baroin de 2003 en faveur d’une « nouvelle laïcité », de la droite classique10. Ceux qui hésitent à user du référent « laïcité » sont les candidats d’extrême-gauche au nom de l’affirmation de la primauté de la question sociale sur la question politique ; les candidats d’extrême-droite, probablement parce que la laïcité est, au regard de la culture et de l’histoire de leur famille politique, une notion susceptible encore de provoquer des réticences ; le candidat écologiste enfin, en raison probablement de l’ancrage de ses soutiens dans une pensée de la société civile. Quant à Emmanuel Macron, si les occurrences du mot laïcité sont moins nombreuses dans son texte qu’en 2017 (six occurrences dans un texte de dix-sept pages), c’est sans doute parce que, à ses yeux, la loi du 24 août 2021 lui a permis d’accomplir son projet.

Les distributions statistiques mettent en évidence la dominance, dans la hiérarchie des promoteurs de la sémantique laïque, des gauches traditionnelles et, depuis le rapport Baroin de 2003 en faveur d’une « nouvelle laïcité », de la droite classique

On aura soin cependant de ne pas amplifier la signification de cette comptabilité. D’abord, parce qu’elle ne rend pas compte des surfaces rédactionnelles consacrées dans les programmes aux questions – droits des croyants et des non-croyants, égalité, financement et contrôle des cultes, place du patrimoine religieux dans la constitution de la culture nationale, droits sexuels et reproductifs – relevant de l’espace sémantique de la laïcité. De ce point de vue, la parole de Yannick Jadot ou d’Eric Zemmour, qui pourtant n’emploient pas (ou presque pas) le mot, est, sur notre sujet, d’une densité équivalente à celle de Fabien Roussel ou de Jean-Luc Mélenchon. Surtout, tous les candidats attachent, chacun dans leur style, une importance centrale à la thématique de la diversité culturelle et religieuse : ils estiment qu’on ne peut, aujourd’hui, fonder le lien politique sans la soumettre à un traitement politico-juridique renouvelé. Dans cette perspective, s’ils en déclinent différemment les modes d’organisation, la laïcité apparaît bien, pour tous les candidats, comme un élément cardinal du pacte social.

Garantir la liberté de conscience

Les candidats de gauche considèrent volontiers que la laïcité doit être pensée comme un dispositif de préservation de la liberté de conscience : elle permet, expliquent-ils, que nul ne soit exclu du concert collectif, ou marginalisé en son sein, à raison de son appartenance religieuse. La candidate la moins diserte en la matière est clairement Anne Hidalgo : son silence l’établit dans une position spécifique, dont il est assez difficile, tant son projet est elliptique en la matière, de définir les termes.

Les candidats de gauche considèrent volontiers que la laïcité doit être pensée comme un dispositif de préservation de la liberté de conscience : elle permet, expliquent-ils, que nul ne soit exclu du concert collectif, ou marginalisé en son sein, à raison de son appartenance religieuse.

Tout commence par un retour sur la condition musulmane en France11. Il arrive que les candidats de gauche disent se défier des intégrismes religieux. Ce point apparaît chez Yannick Jadot : partout où ils dominent, ils oppriment les femmes. Fabien Roussel, pour le Parti communiste, consonne avec son concurrent : « Les femmes sont en première ligne, sur le terrain, contre le capitalisme et le patriarcat. Les violences se cumulent avec les haines, le racisme, les LGBTQI phobies que portent les extrêmes droites et les intégrismes religieux. Massivement, elles prennent la parole pour dénoncer le patriarcat et les violences de genre. » Aucun des deux cependant, non plus que les autres représentants de ce bord politique, fussent-ils d’extrême-gauche, ne jette l’anathème sur la croyance religieuse : chacun, sur ce terrain, doit pouvoir opiner comme il le désire. Le problème est qu’il n’en a pas été de la sorte au cours de ces dernières années : les musulmans ont eu à subir, le plus souvent de la part de la droite, des politiques discriminatoires qu’il faut condamner. Jean-Luc Mélenchon va clairement dans ce sens, en dénonçant le tournant laïque du Front national et du parti Les Républicains : « La laïcité est le principe qui garantit la liberté de conscience, l’égalité entre tous les citoyens, et rend ainsi possible notre vie commune. Nous devons la faire respecter et tenir aux principes très clairs énoncés par la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État. La laïcité est un beau principe et ne mérite pas les polémiques vaines et futiles qu’agitent les diviseurs de tout crin, souvent ses ennemis hier, et qui s’en servent pour flétrir les musulmans ». Contrairement à l’image qu’en donnent les médias parfois, Fabien Roussel n’écrit pas autre chose : « Depuis des années, la laïcité de l’État, de l’école et des services publics est mise en cause par des droites haineuses et des extrêmes droites qui nient le principe d’égalité en cherchant à opposer entre eux les citoyen·ne·s en fonction de leurs origines ou de leurs religions. » Il ajoute même qu’il faut instituer, afin d’éviter les discriminations, un nouvel observatoire de la laïcité. On trouve chez Yannick Jadot une analyse identique : « Nous ferons scrupuleusement respecter la loi de 1905 sur la laïcité. Nous refuserons et combattrons son instrumentalisation. Il nous faut repousser les amalgames et les stigmatisations et restaurer une laïcité apaisée. » Les candidats de l’extrême-gauche vont dans le même sens.

Comment agencer alors cette « laïcité apaisée » ? Les candidats entendent stabiliser le système issu de 1905. Le mot, à l’instant cité, de Yannick Jadot donne le ton d’une doctrine qu’on trouve chez tous ses concurrents. Ils en retiennent deux traits : liberté de conscience et séparation des Églises et de l’État. Rien de bien précis ici du point de vue conceptuel, mais le lecteur voit bien qu’il s’agit de défendre une conception libérale de la laïcité, ouverte donc à l’expression sociale du religieux. Ce dessein porte les candidats de gauche – ils le disent en dehors de leurs programmes – à exprimer leur opposition à la loi du 24 août 2021 « confortant les principes républicains », sans qu’on sache cependant quel traitement juridique ils entendent lui réserver. On rencontre ici ou là quelques bribes d’explication : s’il faut la supprimer, c’est parce qu’elle attente à la liberté des personnes et des associations. Nul, en revanche, ne s’offusque du fait qu’elle puisse aussi restreindre, en soumettant l’instruction domestique à un régime d’autorisation rectorale, la liberté des familles. Quant aux lois du 15 mars 2004 (interdisant le port des signes religieux ostensibles dans les écoles publiques) et du 11 octobre 2011 (pénalisant la dissimulation du visage dans l’espace public), à l’exception de Philippe Poutou qui entend abroger les lois visant les « femmes musulmanes », les candidats ne disent nullement leur volonté de les retirer. Rien ne nous est dit sur les raisons de cette abstention. Il n’est que Nathalie Arthaud pour ouvrir clairement une piste d’explication : « Le voile est un symbole d’oppression ». On peut aussi suggérer que, si rien ne nous est précisé dans les programmes, c’est parce que ces lois font l’objet d’un consensus de l’opinion qu’il y aurait péril électoral à vouloir troubler. Anne Hidalgo, qui ne dit pas quant à elle vouloir abroger la loi « Séparatisme », tranche dans cet ensemble. Dans son texte qui, comme ceux des candidats de droite mais à rebours de ceux des autres candidats de gauche, fait usage du syntagme « valeurs de la République », la laïcité n’est abordée que lorsqu’il s’agit de parler du sanctuaire scolaire qu’elle entend pacifier en renforçant les sanctions contre les fauteurs de violences ou de désordres « L’école de la République est celle du respect de chacun. La transmission des valeurs de la République (liberté, égalité, fraternité, laïcité et lutte contre toutes les discriminations : l’antisémitisme, le racisme, les LGBTQI phobies et le sexisme) sera au cœur d’un enseignement civique repensé et renforcé. Les atteintes à la laïcité seront sanctionnées et les professeurs seront protégés de toute pression extérieure sur la pédagogie ou les programmes. »

En accord sur la nécessité d’assurer la liberté de conscience des citoyens, qu’ils soient séculiers ou religieux, les gauches se divisent cependant sur le devenir du système laïque.

En accord sur la nécessité d’assurer la liberté de conscience des citoyens, qu’ils soient séculiers ou religieux, les gauches se divisent cependant sur le devenir du système laïque. Jean-Luc Mélenchon se veut clairement séparatiste. Son programme introduit un bouleversement dans le régime français des cultes. Celui-ci recèle des traces de « catho-laïcité » ; il faudra les abolir pour faire retour à l’idée première de la laïcité. Il insiste, d’une part, sur la séparation financière. Toute une législation a été adoptée depuis le début du XXe siècle (1908, 1942, 1959, 1961, 1987, 2006, 2021) afin de permettre à la puissance publique de soutenir les cultes. Le leader de La France Insoumise déclare, sans donner beaucoup de détails juridiques, vouloir mettre fin à ces financements, en ajoutant qu’il nationalisera l’enseignement privé. Il insiste, d’autre part, sur la séparation institutionnelle : tous les régimes dérogatoires – concordat d’Alsace-Moselle, régimes des collectivités d’outre-mer – seront abrogés. Les ministres et les préfets ne pourront plus assister, ès-qualités, aux cérémonies religieuses. Quant au Président, il renoncera au titre, venu du XVIIe siècle, de chanoine titulaire de la Basilique du Latran. De manière inattendue, au regard de ce que notent les médias, Fabien Roussel, tout en affirmant son attachement à l’idéal séparatiste, est moins « ultraciste » que Jean-Luc Mélenchon : il n’évoque nullement la nécessité d’en finir avec le financement des cultes et des écoles privées. Il évoque sans doute la « sortie » du concordat, mais de manière progressive après une délibération avec les populations intéressées. Cette timidité réformatrice est sans doute liée à l’histoire du Parti communiste, qui porte, depuis les années 1950, une doctrine de la conciliation, elle-même inspirée par les pratiques accommodantes de ses élus au plan local, avec les institutions religieuses, et notamment avec l’Eglise catholique. On ajoutera qu’il se montre peut-être – mais son texte comme celui de Jean-Luc Mélenchon est peu dense en la matière – plus inquiet que son concurrent devant les rétractions communautaires12 qui conduisent à « faire prévaloir les prescriptions religieuses sur la loi commune ». Rien de tel n’apparaît dans le projet du leader de la France insoumise. On ne s’en étonnera pas : ses analyses sur la « créolisation » de la France – et sans doute aussi le souci de préserver les équilibres au sein de son parti – l’ont amené, au cours de ces dernières années, à affirmer le droit de chacun de « participer à des communautés de toutes sortes »13, sous le couvert cependant de la « laïcité absolue de l’État14 ».

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Avec Yannick Jadot, la tonalité est différente. Les deux candidats précédents tendent à placer l’État dans une position de surplomb vis-à-vis de la société civile, en insistant sur son obligation de neutralité. L’écologiste substitue à la logique universaliste qu’ils défendent une pensée plus polyphonique : « La laïcité, affirme-t-il, garantit l’égalité de toutes et tous, indépendamment des croyances, et considère la diversité comme une richesse. » Un signe ne trompe pas : Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon traitent de la laïcité dans la partie de leurs programmes consacrée aux fondements politiques de la République ; Yannick Jadot dans la section dédiée à la lutte contre les discriminations. D’un côté donc, la laïcité comme attribut de l’Etat ; de l’autre la laïcité, comme protecteur de la société. On trouve dans son projet deux illustrations de cette tendance. La première concerne l’administration des cultes. Elle relève du Ministère de l’Intérieur, et de son Bureau central des cultes créé en 1911. Yannick Jadot propose de la transférer vers le Ministère de la Justice. Il s’agit de montrer que le pouvoir, au lieu de contrôler les pratiques, préservent les libertés. La seconde touche au financement des écoles. Rien là d’un quelconque projet de nationalisation de l’enseignement privé. Yannick Jadot envisage même d’augmenter son subventionnement public dans le cas où ses dirigeants accepteraient de prendre leur part dans les politiques de mixité sociale : « Tout en préservant le principe d’éducation prioritaire bénéficiant de moyens supplémentaires, nous en élargirons le modèle avec un système de dotations progressives aux établissements, publics et privés, en fonction de critères de mixité. »

Les candidats d’extrême-gauche n’interviennent guère sur ces questions. Ce qui est central dans leurs programmes, on l’a souligné, c’est leur lutte commune contre les inégalités sociales, dont il est précisé qu’elles s’amplifient lorsqu’on a affaire à des travailleurs musulmans.

Les candidats d’extrême-gauche n’interviennent guère sur ces questions. Ce qui est central dans leurs programmes, on l’a souligné, c’est leur lutte commune contre les inégalités sociales, dont il est précisé qu’elles s’amplifient lorsqu’on a affaire à des travailleurs musulmans. Le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) se distingue cependant par deux traits de Lutte Ouvrière. Le premier trait porte sur la question de l’école privée. Le projet de la nationaliser était sans doute à ce point évident pour Nathalie Arthaud qu’elle ne prend pas le soin d’en parler. Il n’en va pas de même chez Philippe Poutou qui appelle à sa nationalisation. Le second concerne la question du voile. C’est un symbole d’oppression, on l’a vu, pour la candidate de Lutte Ouvrière, qui veut utiliser « les moyens dont elle dispose », pour mettre fin à son port. Rien de tel au Nouveau Parti Anticapitaliste, qui a souvent croisé les luttes des Indigénistes et qui surtout, dans le prolongement de la Ligue Communiste Révolutionnaire, accordent beaucoup aux revendications culturelles.

On ne traitera pas ici de la politique de l’intime, que l’on rattache pourtant volontiers maintenant à la question de la laïcité. Sur le terrain de l’interruption volontaire de grossesse, de la procréation médicalement assistée, de la fin de vie, et de la reconnaissance des enfants nés par le truchement d’une gestation pour autrui, les candidats de gauche développent globalement une politique de large ouverture, avec cependant des différences de degré 15.

Défendre l’identité nationale

La surface rédactionnelle réservée aux questions de laïcité dans les programmes de Marine Le Pen, de Nicolas Dupont-Aignan, d’Eric Zemmour (même si le mot n’est pas employé chez ce dernier) est six à sept fois supérieure à celle que lui accordent les représentants des partis de gauche. Il y a bien là l’indication d’un changement d’époque : née à gauche, la laïcité a connu depuis les années 2000 un mouvement dextrogyre qui en fait désormais l’un des principes structurants de la mouvance conservatrice. À cet écart quantitatif s’adjoint une différence qualitative. Avec un bel ensemble, la droite de la droite donne à la laïcité une fonction prophylactique : aux yeux de ses représentants, il faut la penser comme un instrument de préservation du corps national contre les menaces de dislocation qu’induit la présence en son sein d’une population exogène – les « musulmans » – souvent rétive à toute perspective « d’assimilation ». Il n’est pas indifférent que les programmes des candidats abordent le sujet dans les chapitres consacrés à la sécurité matérielle ou culturelle de la nation.

Née à gauche, la laïcité a connu depuis les années 2000 un mouvement dextrogyre qui en fait désormais l’un des principes structurants de la mouvance conservatrice.

Menace donc. C’est un point qui revient chez les trois candidats : tous mettent en cause le risque d’une expansion incontrôlée de l’islam. Nicolas Dupont-Aignan, Eric Zemmour et Marine Le Pen établissent d’emblée un continuum entre l’immigration et l’islamisme. Reprenons leurs programmes. Traitant la question de la laïcité dans une longue section intitulée : « Cohésion nationale : garantir la laïcité et maîtriser l’immigration », Nicolas Dupont-Aignan concède que « la majorité des Français musulmans manifeste une volonté d’intégration indéniable ». Il ajoute cependant que notre société se trouve aujourd’hui dans une situation d’urgence absolue : « La France a renoncé à ses frontières et à son modèle d’assimilation, ouvrant la porte à une immigration incontrôlée et au communautarisme. Une véritable bombe à retardement migratoire menace d’exploser dans un contexte d’effondrement dramatique de l’autorité de l’État et de crise généralisée de notre système judiciaire. » Marine Le Pen ne tient pas un discours différent. Évoquant la laïcité dans les chapitres de son projet dédiés à la sécurité, à l’immigration et à l’école, elle affirme : « L’absence de maîtrise de l’immigration depuis des décennies a conduit à ce que l’assimilation des étrangers présents sur le sol national devienne impossible. Elle a conduit au communautarisme, au séparatisme », auxquels elle entend opposer les ressources de la laïcité. Eric Zemmour consonne avec ses associés-rivaux. En se référant parfois directement à l’islam – et non simplement, comme les deux autres candidats, à l’islamisme – il agite lui aussi le spectre des migrations religieuses : « Je m’attaquerai avec détermination et fermeté à la pratique et à la diffusion d’un islam conquérant et intolérant qui profite de cet abandon de l’assimilation et du laxisme migratoire pour s’enraciner sur notre terre. » Ce sont là des formules très générales qui renvoient, sans que leur dénonciation soit fondée sur une analyse bien précise, à des dangers plus ciblés. Dans leurs textes, les trois candidats évoquent d’abord le communautarisme juridique : les immigrés musulmans ont souvent tendance à faire prévaloir les règles juridiques de leur communauté confessionnelle sur celles de la communauté politique. Ils insistent aussi sur le communautarisme social : les nouveaux arrivants ne se projettent guère dans la société globale ; ils ont tendance à s’enfermer dans la clôture de leurs réseaux d’appartenance. Vient enfin le communautarisme culturel : attachés à leurs façons traditionnelles, ils attentent au patrimoine d’habitudes et d’attitudes que la France a, au cours de sa longue histoire, lentement accumulées. Cette remarque vient clore le propos : en situation d’extériorité vis-à-vis de l’ensemble national, ces populations, certaines de leurs composantes en tout cas, constituent des foyers de recrutement pour l’islamisme et ses entreprises de violence.

Pour éviter la déconstruction de la nation, à laquelle ils donnent une définition plus culturelle qu’élective, ces candidats, à la différence de ceux de gauche, ne placent pas la politique des droits (civiques, sociaux et économiques) au cœur de leurs programmes. Ils développent au contraire une politique des sûretés, en en faisant la substance même du concept de laïcité. Dans cette perspective, Nicolas Dupont-Aignan, selon une formule qu’approuveraient ses deux concurrents, en appelle au « respect unanime des lois et des valeurs de la République ». On notera l’emploi du mot « valeurs », porteur d’une exigence de rassemblement moral qu’on ne trouve pas, par exemple, sous le mot « principes » privilégié par les candidats de gauche. Cette politique de la sécurité se déploie en deux temps. Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen et Eric Zemmour entendent tout d’abord restreindre la visibilité de l’islam. Ils proposent de renforcer les dispositions établies par les lois de 2004, 2010 et 2021, en excipant fréquemment de la nécessité de protéger la liberté des femmes qui est, de leur point de vue, au cœur même de la civilisation française. On lit dans le projet de Nicolas Dupont-Aignan qu’il faudra « libérer les femmes des « prisons textiles » dans les universités, les hôpitaux et les entreprises par le bannissement de tous signes d’appartenance religieuse dans ces lieux comme cela a été fait à l’École ». Marine Le Pen et Eric Zemmour ont un interdit plus général encore : ils s’autorisent à « proscrire tout signe religieux ostentatoire dans l’espace social », en ajoutant qu’il faut encadrer bien plus sévèrement les règles de construction des mosquées, pour ce qui a trait aux minarets en particulier comme cela a été fait en Suisse en 2009. Tous trois entendent limiter la possibilité de diffuser dans ou en dehors des lieux de culte des « discours islamistes », auxquels ils donnent une définition particulièrement imprécise. Évidemment, les musulmans étant là, il faut bien s’en accommoder. C’est à condition que leur islam soit un « islam français », respectueux des lois certes, mais aussi de la culture, de leur pays d’accueil.

On notera l’emploi du mot « valeurs », porteur d’une exigence de rassemblement moral qu’on ne trouve pas, par exemple, sous le mot « principes » privilégié par les candidats de gauche. Philippe Portier

Mais les programmes font aussi référence, parallèlement, à la défense du patrimoine national. Cette idée est même appelée à faire l’objet d’un referendum constitutionnel dans le texte de Marine Le Pen, de manière à préserver la célébration de Noël, avec les crèches et les sapins, dans les lieux publics : « La Constitution assignera à la République la mission d’assurer la sauvegarde de l’identité de la France, de son patrimoine historique, culturel et linguistique et de ses paysages, en métropole et outremer. Le chef de l’État, au même titre qu’il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités, sera chargé de veiller à la sauvegarde de l’identité et du patrimoine de la France ». Nicolas Dupont-Aignan qui veut préserver « le blanc manteau des églises de France » va également dans ce sens, sans referendum cependant. Mais le programme le plus offensif est celui d’Eric Zemmour, qui, selon une orientation habituelle de la doctrine populiste, oppose volontiers le peuple réel et les élites déracinées : « Nos gouvernants, sous le prétexte fallacieux de « droit à la différence », ont amené la discorde et le repli communautaire. Chacun est désormais renvoyé à ses origines et notre modèle d’assimilation est foulé aux pieds. La France ne fabrique plus de Français. C’est pourquoi je remettrai le principe de l’assimilation au cœur de nos politiques éducatives et culturelles. Toutes les politiques publiques que je porterai réaffirmeront la supériorité du modèle français d’assimilation sur tous les autres, en particulier le modèle anglo-saxon de société multiculturelle, communautariste et ‘postnationale’ promu par nos élites. » Cet objectif d’assimilation conduit ces trois candidats à vouloir diffuser à l’école, où l’autorité des enseignants sera restaurée, des programmes lourds d’histoire ouvrant sur une connaissance approfondie du patrimoine national et à supprimer les Enseignements de Langue et de Culture d’Origine dont il est dit qu’ils « vont à l’encontre de l’assimilation des enfants à la nation ». Chez Eric Zemmour, ce travail transformatif va jusqu’à exiger des parents qu’ils renoncent pour leurs enfants au choix de prénoms étrangers à la culture française. On relèvera enfin que ce discours ‘patrimonialiste’ permet de construire un « double standard » : s’il aboutit à limiter les droits des musulmans, il conduit en revanche à préserver, au nom des « racines » de la nation, les prérogatives des chrétiens et des juifs.

Après le référendum helvétique sur les minarets en 2009, Nicolas Sarkozy avait publié dans Le Monde une tribune dans laquelle il revenait sur la question de l’identité nationale16. Dans ce texte, tout en rappelant l’importance, pour les peuples européens, du « métissage des cultures », il estimait que « ceux qui arrivent doivent respecter ceux qui accueillent ». C’est dans cet entre-deux que se situent les deux candidats de la droite classique – Valérie Pécresse – et du centre – Emmanuel Macron. Le vocable dont ils usent pour décrire leur modèle de laïcité n’est pas celui, multiculturaliste, d’inclusion ; il n’est pas non plus celui, omniprésent dans les textes de Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen, Eric Zemmour, « d’assimilation ». C’est au concept « d’intégration » qu’ils le rattachent. Cette désignation les conduit certes à vouloir interdire l’offensive « communautariste ». Emmanuel Macron s’en tient, en la matière, à quelques propos très généraux. Après avoir dénoncé « ces mouvements qui, faisant passer les identités devant la citoyenneté, les communautés devant la Nation, fragilisent ce que nous avons en commun », il rappelle à son tour que « nos valeurs et nos lois ne sont pas négociables [et que] l’État continuera d’agir pour faire reculer l’islam radical. » Cette relative discrétion est due au fait que ce projet a déjà trouvé son cadre d’actualisation dans la loi du 24 août 202117. Valérie Pécresse est plus prolixe. Rappelant elle aussi que « l’ennemi, c’est l’islamisme qui piétine le terrain de la République », elle ajoute, en remettant en cause implicitement toute une jurisprudence du Conseil d’État, plusieurs compléments aux dispositions macroniennes : « Je refuse le port du voile forcé, et j’interdirai le port du voile pour les fillettes. De même, le port du voile sera interdit pour les accompagnatrices de sorties scolaires, les licenciées d’associations sportives, les membres de bureaux de vote et les auxiliaires de justice. Le burkini sera proscrit dans les piscines. »

https://legrandcontinent.eu/fr/wp-content/uploads/sites/2/2022/04/SIPA_00779433_000028-scaled-e1649238401794-125x188.jpg© CHAMUSSY/SIPA

Mais le choix du mot intégration signale dans le même temps une volonté d’aller moins loin que la droite extrême sur la voie de l’homogénéisation culturelle. Deux points l’indiquent. Des paroles, d’une part : si, comme le note Emmanuel Macron, « nous sommes tous attachés à la culture française, à notre histoire, à notre art de vivre », si, comme le souligne Valérie Pécresse, « il faut défendre la culture française », il convient de récuser les idéologies autoritaires, de respecter nos différences, et de « permettre à tous les talents de pouvoir s’exprimer sans discrimination ». Tous deux insistent d’ailleurs sur le respect des « principes » autant que sur celui des « valeurs ». Des silences, d’autre part. Ni Emmanuel Macron, ni Valérie Pécresse ne disent vouloir interdire dans les rues le port des signes religieux distinctifs, ni réglementer l’architecture des mosquées, ni dénoncer, comme le fait Eric Zemmour, l’attribution de prénoms d’origine étrangère aux enfants des familles immigrées. Surtout, aucun des deux ne fait référence, en tout cas dans les programmes présentés, au patrimoine chrétien de la nation, même si, comme leurs adversaires de la droite de la droite, ils n’entendent nullement remettre en cause le régime concordataire d’Alsace-Moselle et le financement des écoles privées.

Sur le terrain des politiques de la vie et de la sexualité, les candidats de la droite extrême condamnent fermement la gestation pour autrui, en affirmant de surcroît vouloir s’opposer à la reconnaissance des enfants nés à l’étranger selon ce procédé. Ils se montrent en outre très réticents à l’égard de la loi récente sur la procréation médicalement assistée, qu’Éric Zemmour veut d’ailleurs abroger. Marine Le Pen propose un moratoire en la matière. Emmanuel Macron, qui a d’ailleurs accompagné certaines de ces réformes (PMA, IVG), et Valérie Pécresse ne se montrent pas aussi réticents, sauf pour ce qui a trait à l’ouverture de la GPA, à l’égard des nouveaux dossiers, en particulier celui de la fin de vie. En cela, ils se rapprochent de la gauche.

La laïcité n’est pas investie par les candidats à l’élection présidentielle des mêmes significations : la droite et la gauche s’opposent clairement en la matière, même si rien ne dit que la gauche, une fois au pouvoir, n’adopterait pas, comme on l’a vu avec le gouvernement de Manuel Valls, une orientation semblable à celle de la droite.

Quatre modèles

La laïcité n’est donc pas investie par les candidats à l’élection présidentielle des mêmes significations : la droite et la gauche s’opposent clairement en la matière, même si rien ne dit que la gauche, une fois au pouvoir, n’adopterait pas, comme on l’a vu avec le gouvernement de Manuel Valls, une orientation semblable à celle de la droite. À grands traits, on peut opposer deux grands systèmes : à gauche, on trouve une laïcité procédurale dont le propre est d’articuler des libertés ; à droite, une laïcité substantielle, attachée à protéger les valeurs léguées par l’histoire. Cette opposition trouve son assise généalogique dans des conceptions différentes du lien politique : conception civique d’un côté, structurée par le principe d’association, conception culturelle de l’autre, adossée au principe d’enracinement, sachant cependant que certains des candidats, Emmanuel Macron et Valérie Pécresse, peuvent prendre appui sur l’une et l’autre des intelligences de la nation. Il ne s’agit là donc que de polarités tendancielles. L’arc des positions est plus complexe. Il laisse apparaître, au-delà de la summa divisio à l’instant rappelée, deux droites et deux gauches.

À gauche, l’observateur repère aisément, d’une part, une laïcité inclusive. Portée par Yannick Jadot, cette conception insiste sur la centralité de la logique de la reconnaissance : le droit doit permettre aux diversités de cohabiter dans le simple respect du droit démocratique. Sans y attacher une grande importance, le NPA se situe de ce côté. À ce premier modèle s’adjoint, d’autre part, une laïcité séparatiste. Cette idée dissociative est très accentuée chez Jean-Luc Mélenchon qui laisse place cependant au droit à l’identité culturelle », elle existe aussi, avec des propositions moins précises, chez Fabien Roussel : il s’agit ici de séparer les ordres pour mieux assurer la liberté de conscience. Lutte Ouvrière les rejoint partiellement, étant entendu que la question est, pour sa candidate, assez secondaire. 

La droite a également ses segments. Le modèle de Valérie Pécresse et d’Emmanuel Macron se situe dans le cadre d’une laïcité intégrationniste : on entend installer les nouveaux arrivants dans la culture même de la nation tout en préservant leurs singularités pour peu qu’elles ne remettent pas en cause la cohésion du corps social et en défendant le procéduralisme de l’ordre démocratique constitutionnel. Les candidats de la droite extrême, Marine Le Pen, Eric Zemmour et, à un moindre titre, Nicolas Dupont-Aignan, se retrouvent du côté de la laïcité assimilationniste : plus méfiants encore à l’égard de l’immigration, moins ouverts au projet européen, plus distants à l’égard des protections du droit libéral, ils insistent bien davantage que les défenseurs du modèle intégrationniste sur la nécessité d’invisibiliser et même de dissoudre les différences, en plaçant la défense des « racines chrétiennes de la nation » au cœur de leurs préoccupations.

On a parfois voulu récuser l’idée de laïcité adjectivée. L’examen des discours politiques, au cours en tout cas de cette campagne pour les élections présidentielles, nous confronte à son évidence au contraire : la laïcité apparaît bien comme un objet conflictuel où peut se refléter toute la pluralité des intelligences contemporaines du monde social.

Sources :

  • Ce texte est issu d’une étude demandée à l’auteur par Jean-Louis Bianco, ancien Président de l’Observatoire de la laïcité, pour l’organisme la Vigie de la laïcité qu’il préside.
  • Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, Paris, Calmann-Lévy, 2005. 
  • Pierre Bréchon, Bruno Cautrès, Gilles Ivaldi, « La gauche et la droite font-elles encore sens ? », The Conversation, 8 mars 2022.
  • Bruno Poucet, L’État et l’enseignement privé, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011.
  • Jean Baubérot, La laïcité falsifiée, Paris, La Découverte, 2012.
  • Philippe Portier, Jean-Paul Willaime, La religion dans la France contemporaine. Entre sécularisation et recomposition, Paris, Armand Colin, 2021.
  • Pierre Rosanvallon, Le Siècle du populisme : Histoire, théorie, critique, Paris, Le Seuil, 2020.
  • Sur ce point, Philippe Raynaud, L’extrême gauche plurielle : entre démocratie radicale et révolution, Paris, Perrin, 2010.
  • 84 % des catholiques pratiquants ayant l’intention de voter Eric Zemmour affirment que « la défense des racines chrétiennes » de la France sera un « critère déterminant » de leur vote ; ce n’est le cas que pour 47 % de ceux qui, dans leurs rangs, ont l’intention de voter Emmanuel Macron. Source : Ifop pour le mensuel Ecran de veille, Les catholiques pratiquants et l’élection présidentielle de 2022, Janvier 2021.
  • Philippe Portier, L’Etat et les religions en France, Une sociologie historique de la laïcité, Rennes, PUR, 2016.
  • Dans les enquêtes d’opinion réalisés en 2021 sous l’égide du centre de recherches de Sciences Po, le rapport à l’islam est très discriminant : les Français situés à gauche sont 40 % à considérer que l’islam est une menace pour la République ; le pourcentage s’élève à 80 % pour les Français se classant à droite. Voir P. Bréchon e.a., Ibid.
  • Il n’emploie cependant ni le mot « séparatisme », ni le mot « communautarisme ».
  • Cette volonté de protéger les différences culturelles a été l’un des motifs de dissensions avec le philosophe Henri Pena Ruiz qui, après avoir conseillé Jean-Luc Mélenchon, soutient désormais Fabien Roussel. Sur les motifs de la rupture, Henri Pena Ruiz, « L’universalisme, seule boussole de l’antiracisme », Marianne, 31 août 2020.
  • Valentin Soubise, « La République laïque de Jean-Luc Mélenchon », The Conversation, 16 février 2021.
  • Philippe Poutou est le seul, par exemple, à remettre en cause l’objection de conscience des médecins dans le cas de l’IVG. Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel veulent constitutionnaliser le droit à l’avortement.
  • Nicolas Sarkozy, « « Respecter ceux qui arrivent, respecter ceux qui accueillent », Le Monde, 9 décembre 2009.
  • Il faut rappeler ici que le Printemps Républicain, créé en 2016 par Laurent Bouvet et Gilles Clavreul, en voulant promouvoir « ce qui nous est commun par-delà nos différences », a apporté son soutien à Emmanuel Macron.
    Pour approfondir : Perspectives sur l’actualité - Le tournant illibéral de la laïcité française - Politique

Le modèle français de laïcité a changé de nature. En 1905, il était système de préservation des libertés. Depuis les années 2000, il se transforme en un système d’unification des conduites. Alors que le débat s’enflamme autour du « projet de loi contre le séparatisme », qui doit désormais être examiné par le Sénat, Philippe Portier revient sur les différentes étapes d’une transformation profonde de la notion de laïcité en France.

Le Grand Continent

Source : https://legrandcontinent.eu/fr/2022/04/06/la-place-de-laicite-dans-les-douze-programmes-presidentiels/

Selon Wikipédia « Le Grand Continent est une revue fondée en 2019 consacrée à la géopolitique1, aux questions européennes2, juridiques3 ainsi qu’au débat intellectuel et artistique4 qui entend « construire un débat stratégique, politique et intellectuel à l’échelle pertinente »5…. » - Source

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    Chine – Livre blanc sur l’Égalité des sexes et le Développement des femmes en Chine - Agence de presse Xinhua, Pékin, 22 septembre 2022– Document / Site Web du Gouvernement chinois – Traduction du 07 décembre 2022 par Jacques Hallard d’un document en chinois titré 中国性别平等与妇女发展_白皮 - 中国政府网 (Égalité des sexes et développement des femmes en Chine_- Livre blanc - China.gov)
    Le Bureau d’information du Conseil des Affaires d’Etat a publié un livre blanc sur « L’égalité des sexes et le développement des femmes en Chine » Le texte complet est le suivant : Égalité des genres et développement des femmes en Chine (septembre 2015) - Bureau d’information du Conseil d’État de la République populaire de Chine

Table des matières :

Avant-propos

1. Mécanisme de garantie pour l’égalité des sexes et le développement de la femme

2. Les femmes et l’économie

3. Les femmes et l’éducation

4. Les femmes et la santé

5. Les femmes et la prise de décision

6. Les femmes et l’environnement

7. Garantie légale pour l’égalité des sexes et le développement des femmes

8. Échanges internationaux et coopération sur l’égalité des sexes et le développement de la femme

Conclusion

Avant-propos

L’égalité des sexes et le développement des femmes sont les thèmes éternels de la poursuite de l’équité, de la justice et de l’égalité par l’humanité, la mesure de la civilisation sociale et du progrès, et les objectifs importants des êtres humains pour parvenir au développement durable.

La Chine a toujours adhéré au principe constitutionnel de l’égalité entre les hommes et les femmes et considère l’égalité entre les hommes et les femmes comme une politique fondamentale de l’État pour promouvoir le développement national et social. Elle a constamment amélioré ses lois et règlements, formulé des politiques publiques et formulé des plans de développement, promut en permanence l’égalité des sexes et le développement des femmes.

Cette année marque le 20e anniversaire de la quatrième Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes qui s’est tenue à Pékin. Le gouvernement chinois a publié un livre blanc pour présenter de manière exhaustive les politiques et mesures chinoises visant à promouvoir l’égalité des sexes et le développement des femmes, ainsi que ses efforts inlassables.

Les femmes chinoises représentent un cinquième de la population féminine mondiale. L’égalité des sexes et le développement des femmes en Chine reflètent non seulement les progrès de la civilisation chinoise, mais aussi une contribution historique à l’égalité, au développement et à la paix dans le monde.

1. Mécanisme de garantie pour l’égalité des sexes et le développement de la femme

La mise en place par l’État d’un mécanisme d’amélioration du statut des femmes est une garantie importante pour utiliser pleinement les ressources de l’État, mobiliser efficacement les ressources sociales et promouvoir l’égalité des sexes et le développement des femmes. Au cours des 20 dernières années, le mécanisme chinois d’amélioration du statut des femmes n’a cessé d’être amélioré et son rôle est devenu de plus en plus important.

Améliorer continuellement les agences gouvernementales pour améliorer le statut des femmes.

En 1990, la Chine a créé le Comité de travail sur les femmes et les enfants du Conseil d’État, qui est chargé d’organiser, de coordonner, d’orienter et de superviser les départements concernés pour promouvoir conjointement l’égalité des sexes et le développement des femmes. Le Comité de travail sur les femmes et les enfants du Conseil d’État est composé de dirigeants ministériels des départements gouvernementaux concernés, et le directeur est un dirigeant du Conseil d’État. Au cours des 20 dernières années, le nombre d’unités membres est passé de 19 au début de sa création à 35 actuellement, dont 29 départements dont la Commission nationale du développement et de la réforme, le ministère de l’Éducation, le ministère des Affaires civiles, le ministère des finances, le ministère des ressources humaines et de la sécurité sociale, le ministère de l’agriculture et la commission nationale de la santé et de la planification familiale et 6 organisations de groupe. Un bureau relevant du Comité de travail sur les femmes et les enfants du Conseil d’État est responsable du travail quotidien, doté d’un personnel à plein temps et de fonds spéciaux pour le travail. Les gouvernements populaires au niveau ou au-dessus du niveau du comté dans 31 provinces (régions autonomes, municipalités) à travers le pays ont établi des institutions correspondantes, formant essentiellement un système organisationnel pour la promotion de l’égalité des sexes et du développement des femmes qui est connecté verticalement, horizontalement et coordonné.

Formuler et mettre en œuvre un schéma de planification nationale pour la promotion du développement des femmes.

Les dixième, onzième et douzième Plans quinquennaux de développement économique et social national incluent tous le développement de la femme. Le contenu est constamment enrichi, les objectifs sont plus clairs et les mesures sont plus efficaces, afin de promouvoir le développement simultané et coordonné des femmes et de l’économie et de la société. Le Conseil d’État a promulgué successivement trois cycles d’esquisses de développement des femmes chinoises, précisant les objectifs généraux, les domaines clés et les mesures stratégiques pour le développement des femmes à chaque étape. Les gouvernements populaires au niveau des comtés et au-dessus dans 31 provinces (régions autonomes, villes) à travers le pays ont formulé leurs propres plans de développement des femmes, formant Un système national de planification descendante pour le développement des femmes a été établi. Les comités de travail sur les femmes et les enfants à tous les niveaux ont respectivement établi un système de responsabilité de gestion cible, décomposant les principaux objectifs en départements fonctionnels pertinents et les incorporant dans les plans spéciaux pertinents pour la mise en œuvre ; établissant un mécanisme d’évaluation préliminaire pour effectuer un suivi et une évaluation annuels, à mi-parcours supervision et évaluation à long terme, et suivi et évaluation à terme de la mise en œuvre de l’esquisse Résumer et évaluer pour s’assurer que les objectifs de planification de l’esquisse sont atteints dans les délais.

Établir et améliorer le mécanisme de travail du leadership gouvernemental, de la coopération multisectorielle et de la participation de l’ensemble de la société.

Le Conseil d’État et les gouvernements locaux à différents niveaux organisent régulièrement des conférences sur le travail des femmes et des enfants pour effectuer des recherches et un déploiement spéciaux. Le Conseil d’État et les comités locaux de travail sur les femmes et les enfants tiennent chaque année des réunions spéciales pour écouter les rapports de travail des unités membres, analyser la mise en œuvre du plan-cadre de développement de la femme, étudier et formuler des stratégies et des mesures pour les problèmes en suspens et promouvoir la bonne mise en œuvre du contour.

Guider toutes les localités pour explorer activement la mise en place d’un mécanisme d’évaluation de l’égalité des sexes pour les lois et les politiques, et fournir une garantie institutionnelle solide pour promouvoir l’égalité des sexes et le développement des femmes à la source. L’État attache de l’importance et soutient les fédérations de femmes pour représenter et protéger les droits des femmes et promouvoir l’égalité des sexes. À l’heure actuelle, le système organisationnel de la Fédération des femmes aux caractéristiques chinoises est plus complet et son rôle dans la recherche théorique, la publicité et le plaidoyer, l’éducation et la formation à l’égalité des sexes devient de plus en plus important.

Améliorer progressivement le système de statistiques ventilées par sexe.

Établir un système statistique complet pour le développement de la femme, l’intégrer dans les statistiques de routine ou les enquêtes statistiques nationales et départementales, normaliser et améliorer les indicateurs statistiques pour la survie et le développement des femmes et les indicateurs statistiques ventilés par sexe. Établir progressivement un système de suivi national et provincial (région autonome, municipalité) de la condition de la femme, élaborer un système d’indicateurs de suivi statistique et établir un système de rapports statistiques complets pour chaque région et département et un système de soumission et d’examen réguliers.

En 1990, 2000 et 2010, trois enquêtes sur le statut social des femmes chinoises ont été menées, reflétant de manière exhaustive et objective le statut et l’évolution du statut social des femmes chinoises, et fournissant une base au pays pour formuler des politiques et des mesures visant à promouvoir la condition féminine, le développement et promouvoir l’égalité des sexes. En 1995, 1999, 2004, 2007 et 2012, « Les femmes et les hommes dans la société chinoise - Faits et chiffres » ont été publiés respectivement ; depuis 2008, « Les données statistiques sur les femmes et les enfants en Chine » sont publiées chaque année.

2. Les femmes et l’économie

La participation égale aux activités économiques et la jouissance équitable des ressources économiques sont les conditions fondamentales de la survie et du développement des femmes. La Chine a pleinement protégé les droits et intérêts économiques des femmes, promu la participation égale des femmes au développement économique et la jouissance égale des fruits de la réforme et du développement en promouvant l’ajustement stratégique de la structure économique et la réforme et l’innovation dans la transformation du mode de développement économique.

La situation de pauvreté des femmes s’est considérablement améliorée.

Dans la mise en œuvre de la stratégie globale de réduction de la pauvreté, la Chine prend globalement en considération l’impact de facteurs tels que l’urbanisation, le vieillissement, la marchandisation et le changement climatique sur la pauvreté des femmes, et accroît les efforts de réduction de la pauvreté des femmes. Mettre en œuvre les grandes lignes de la réduction de la pauvreté rurale et du développement en Chine, considérer les femmes comme les principaux groupes de réduction de la pauvreté, donner la priorité aux projets de réduction de la pauvreté des femmes dans les mêmes conditions et améliorer en permanence la capacité de développement et le niveau des prestations des femmes pauvres. Le nombre de femmes pauvres a été considérablement réduit et le niveau de pauvreté des femmes a été continuellement réduit. Dans les 592 comtés clés du travail national de lutte contre la pauvreté et de développement, l’incidence de la pauvreté parmi la population féminine est passée de 20,3 % en 2005 à 9,8 % en 2010.

Établir et améliorer un nouveau type de système d’assistance sociale et accroître la protection des femmes pauvres.

En 2014, 7,92 millions de femmes et 18,26 millions de femmes bénéficiaient des allocations de subsistance pour les résidents urbains et ruraux, soit une augmentation de 2 millions et 15,91 millions respectivement par rapport à 2006. Mener activement des projets de bien-être public et caritatifs tels que ’Two Cancer Relief for Poor Mothers’, ’Mothers’ Housing Project’ et ’Mothers’ Health Express’ pour aider les femmes pauvres malades et les mères célibataires pauvres à améliorer leurs conditions de vie et de développement.

Garantir l’égalité des droits des femmes en matière d’emploi.

L’emploi est le fondement de la subsistance des gens. L’État formule et améliore les lois et règlements pour promouvoir l’emploi équitable et éliminer la discrimination sexuelle dans l’emploi. La ’loi sur la promotion de l’emploi de la République populaire de Chine’ comporte un chapitre spécial sur ’l’emploi équitable’, qui met l’accent sur l’égalité des droits des hommes et des femmes en matière d’emploi. La ’Loi sur les contrats de travail de la République populaire de Chine’ stipule clairement que les entreprises concluent des contrats collectifs spéciaux pour la protection des droits et intérêts des employées, fournissant une base juridique pour la protection des droits et intérêts légitimes des employées.

Formuler, réviser et mettre en œuvre une série de règlements, de politiques et de mesures telles que les ’dispositions spéciales sur la protection du travail pour les employées’, la retraite des cadres départementaux et du personnel professionnel et technique supérieur des agences et institutions gouvernementales au même âge que hommes et femmes, le soutien à l’épanouissement des talents scientifiques et technologiques féminins et la promotion de l’égalité en emploi pour les étudiantes du collégial Créer des conditions favorables à l’emploi et au développement de carrière des femmes.

Promouvoir l’emploi et l’entrepreneuriat des femmes.

L’État a mis en place des politiques et des mesures de soutien pour faire face aux difficultés rencontrées par différents groupes de femmes en matière d’emploi et d’entrepreneuriat. La politique de subvention des prêts garantis de faible montant pour encourager l’emploi et l’entreprenariat des femmes a été mise en œuvre. Depuis 2009, 222,06 milliards de yuans de prêts bonifiés de faible montant ont été accordés aux femmes, soutenant et motivant des dizaines de millions de femmes à créer des entreprises et à trouver travaux.

Développer vigoureusement des industries telles que les services d’entretien ménager et le tricot à la main, et fournir des services aux femmes urbaines et rurales pour obtenir un emploi local et à proximité. Mener des actions de soutien à l’emploi et à l’entrepreneuriat pour les collégiennes et offrir aux collégiennes une formation à l’emploi, une orientation entrepreneuriale et des stages.

Mettre en œuvre le ’Projet Soleil’ pour améliorer la qualité et les compétences professionnelles de la main-d’œuvre féminine rurale et créer les conditions pour promouvoir le transfert de la main-d’œuvre féminine rurale vers les industries non agricoles et les villes. Plus de 200 000 ’écoles de femmes’ ont été créées à travers le pays, près de 200 millions de femmes ont participé à des formations sur les nouvelles technologies et variétés agricoles, 1,5 million de femmes ont obtenu des titres de techniciennes agricoles et des certificats verts, et 53 000 organisations coopératives professionnelles féminines ont été créées. Depuis le lancement du ’Projet d’emploi pour des millions de personnes handicapées dans les zones urbaines’ en 2011, environ 100 000 femmes handicapées ont été employées chaque année.

La structure de l’emploi des femmes n’a cessé de s’améliorer.

En 2013, le nombre de femmes employées à l’échelle nationale était de 346,4 millions, soit 45 % de l’emploi total. La dernière enquête sur le statut social des femmes chinoises montre que la proportion de femmes engagées dans les industries secondaires et tertiaires a augmenté de 25 points de pourcentage par rapport à il y a 10 ans, et la proportion de diverses personnes responsables, personnel professionnel et technique, personnel de bureau et le personnel connexe a augmenté par rapport à il y a 10 ans de 13 points de pourcentage. En 2013, il y avait 6,61 millions de femmes dans le personnel professionnel et technique intermédiaire et supérieur, soit 44,1 % du personnel professionnel et technique de niveau intermédiaire et supérieur, soit une augmentation de 9 points de pourcentage par rapport à 2000. Le groupe des femmes entrepreneurs en Chine continue de croître et les femmes entrepreneurs représentent environ un quart du nombre total d’entrepreneurs. Mettre en place l’’Action des Femmes pour l’Entrepreneuriat et l’Innovation’ afin de promouvoir l’emploi des femmes dans les industries émergentes. Les femmes représentent 55% des entrepreneurs dans le domaine de l’Internet.

Protéger les droits fonciers et les intérêts des femmes rurales.

La Chine est un grand pays agricole et les femmes rurales représentent environ 70 % de la main-d’œuvre agricole. Dans le cadre du processus d’approfondissement global de la réforme rurale et de promotion de l’autonomie locale conformément à la loi, l’État a mis en œuvre et amélioré des lois et des politiques visant à protéger les droits et les intérêts fonciers des femmes rurales, établi et amélioré divers systèmes de gestion des fonds collectifs ruraux, des actifs , et les ressources, et corrigé les conflits avec les lois, les politiques et l’égalité des sexes. Les réglementations villageoises et les accords civils aux principes contradictoires garantissent que les femmes rurales ont des droits égaux en matière de gestion des contrats fonciers, d’utilisation de la propriété familiale et de distribution collective des revenus. Dans le travail de confirmation, d’enregistrement et de certification des droits de gestion contractuelle des terres, il est précisé que les droits et intérêts fonciers des femmes doivent être reflétés dans le registre et les certificats de confirmation, de manière à assurer la survie et le développement des ressources des femmes rurales à partir de la source.

Améliorer le niveau de sécurité sociale des femmes

La ’loi sur l’assurance sociale de la République populaire de Chine’ considère l’assurance maternité comme un chapitre indépendant et stipule clairement que les femmes ont des droits égaux en matière de sécurité sociale. Le ’Schéma pour le développement des femmes chinoises (2011-2020)’ a ajouté le domaine ’Femmes et sécurité sociale’, proposant les principaux objectifs et mesures stratégiques pour que les femmes bénéficient d’un accès égal à l’assurance sociale, à l’aide sociale, à la protection sociale et à l’aide sociale.

Assurance - Le nombre de femmes participant à l’assurance mixte, à l’assurance médicale, à l’assurance chômage, à l’assurance contre les accidents du travail et à l’assurance maternité continue d’augmenter. En 2013, le nombre de femmes participant à l’assurance retraite des employés urbains et à l’assurance médicale des employés urbains a atteint 146,12 millions et 126,57 millions, soit une augmentation de 67,43 millions et 72,82 millions respectivement par rapport à 2005 ; le nombre de femmes participant à l’assurance maternité a atteint 71,17 millions, un augmentation de 48,44 millions. En avril 2012, le << Règlement spécial sur la protection des femmes employées au travail >> a été promulgué et mis en œuvre. La durée légale du congé de maternité a été portée de 90 jours à 98 jours et les prestations de protection de la maternité des femmes ont continué d’augmenter.

3. Les femmes et l’éducation

La Chine promeut activement l’équité en matière d’éducation, ajuste la structure de l’éducation, adhère au principe de l’égalité des sexes et s’efforce d’assurer l’égalité des droits et des chances pour les hommes et les femmes de recevoir une éducation.

L’écart d’éducation entre les hommes et les femmes s’est considérablement réduit. Mettre en œuvre les lois, réglementations et politiques pertinentes telles que la loi sur l’éducation obligatoire de la République populaire de Chine et prendre des mesures pratiques pour améliorer l’éducation des femmes.

Mettre en œuvre des politiques spéciales de soutien aux filles pour assurer l’égalité d’accès à l’enseignement obligatoire pour les filles en âge d’être scolarisées.

En 2014, le taux net de scolarisation primaire des garçons et des filles était de 99,8 %, atteignant l’objectif du Millénaire pour le développement des Nations Unies plus tôt que prévu. Les possibilités pour les femmes d’accéder au premier cycle du secondaire et au-delà, en particulier l’enseignement supérieur, ont considérablement augmenté. En 2014, les pourcentages d’étudiantes dans les collèges et les lycées étaient respectivement de 46,7 % et 50,0 % ; les pourcentages d’étudiantes dans les collèges et les universités et les étudiants diplômés étaient de 52,1 % et 51,6 %, respectivement, et les pourcentages de femmes les étudiants en doctorat ont augmenté à 36,9%.

Mettre en place des fonds spéciaux pour l’alphabétisation afin de réduire le nombre de femmes analphabètes En 2013, le taux d’analphabétisme des femmes âgées de 15 ans et plus était de 6,7 %, soit 17,4 points de pourcentage de moins qu’en 1995. Le nombre de femmes analphabètes a été réduit de plus de 70 millions par rapport à 1995. Le nombre moyen d’années d’études reçues par les femmes a augmenté et l’écart entre les sexes s’est réduit. Selon le sixième recensement national, en 2010, le nombre moyen d’années d’études des femmes de plus de 6 ans atteignait 8,4 ans, soit 1,3 an de plus qu’il y a 10 ans, et l’écart avec les hommes s’est réduit de 0,2 an par rapport à Il ya 10 ans.

La proportion de femmes bénéficiant d’un enseignement professionnel et d’une formation qualifiante a continué d’augmenter.

L’État formule et améliore les lois et les politiques sur l’enseignement professionnel, augmente le financement de l’enseignement professionnel, améliore le système politique d’aide aux étudiants et élargit l’échelle de l’enseignement professionnel pour les femmes. En 2014, le nombre de femmes recevant un enseignement professionnel secondaire a atteint 8,05 millions, et le nombre de filles dans les écoles secondaires techniques générales a atteint 3,97 millions, représentant respectivement 44,7 % et 53,0 % du total ; le nombre de femmes recevant divers l’enseignement supérieur et secondaire à l’échelle nationale a atteint respectivement 346 millions et plus de 20 millions.

Réaliser des formations diversifiées telles que le « New Farmer Science and Technology Training Project », le « National High-skilled Talent Revitalization Plan » et les « Spring Tide Action » et « Sunshine Project » visant à améliorer les compétences professionnelles des travailleurs migrants pour répondre aux besoins de développement de carrière des différents groupes de femmes. En 2013, les femmes ont participé à 43,0 % du nombre total de formations professionnelles dispensées par les établissements de formation publics.

Assurer l’égalité d’accès aux ressources éducatives pour les femmes et les filles des minorités ethniques dans les zones reculées et pauvres

Formuler des politiques actives, ouvrir des écoles spécialisées pour les minorités ethniques et adopter des mesures d’inscription préférentielles et ciblées pour augmenter considérablement les ressources permettant aux femmes des minorités ethniques de recevoir différents niveaux d’éducation.

Développer des programmes d’éducation spéciale pour les filles et les filles pauvres afin de garantir que les filles des zones reculées et pauvres bénéficient de l’égalité des chances en matière d’éducation.

Accélérer la construction d’internats ruraux et améliorer les conditions d’apprentissage et de vie des filles rurales. Introduire des politiques spéciales pour créer les conditions permettant aux enfants migrants de recevoir une éducation dans les destinations.

L’accent a été mis sur l’éducation spéciale, et les ressources permettant aux femmes handicapées de recevoir différents niveaux d’éducation ont été augmentées, et le niveau d’éducation des femmes handicapées a été continuellement amélioré. Les principes et concepts d’égalité entre les femmes et les hommes sont progressivement intégrés dans l’enseignement et la recherche scientifique.

De plus en plus d’écoles ont commencé à introduire le concept d’égalité des sexes dans le contenu éducatif et les méthodes d’enseignement, et certains endroits ont essayé d’offrir des cours d’éducation à l’égalité des sexes dans les écoles primaires et secondaires pour guider les élèves à établir le concept de genre de l’égalité entre les hommes et les femmes. .

Ajouter un contenu sur l’égalité des sexes à certains programmes de formation des enseignants et cours de formation des enseignants afin de sensibiliser les éducateurs à l’égalité des sexes.

Augmenter la proportion de femmes dans la prise de décision et la gestion des écoles à tous les niveaux et dans les différents types d’écoles et de départements administratifs de l’éducation, et la participation des femmes à l’enseignement et à la gestion de l’enseignement supérieur s’est considérablement améliorée.

En 2014, la proportion d’enseignantes dans collèges et universités était de 48,1 %, soit une augmentation de 18,1 % par rapport à 1995 %. La construction disciplinaire des études féministes dans les collèges et les universités a été continuellement renforcée. À l’heure actuelle, plus de 100 collèges et universités ont ouvert plus de 440 cours d’études féministes et d’égalité des sexes, et le nombre de programmes de maîtrise et de doctorat en études féministes est en augmentation.

Incorporer les questions d’égalité des sexes dans la philosophie nationale et la planification des sciences sociales, et soutenir la recherche sur l’égalité des sexes et le développement des femmes.

4. Les femmes et la santé

La Chine a mis en place un système de services médicaux et de santé couvrant les zones urbaines et rurales, renforcé les capacités de prévention et de contrôle des maladies, élargi la population couverte par l’assurance médicale, amélioré et perfectionné en permanence les lois, les politiques et les systèmes de services pour la santé maternelle et infantile, mis en œuvre vigoureusement et des projets de soins de santé infantile, et amélioré l’équité et l’accessibilité des services de santé maternelle et infantile. La sexualité et la santé des femmes se sont considérablement améliorées.

Établir un système juridique et politique relativement complet pour la santé maternelle et infantile. Formuler, réviser et mettre en œuvre des lois et règlements tels que la « Loi de la République populaire de Chine sur les soins de santé maternelle et infantile », « Loi sur la population et la planification familiale de la République populaire de Chine » et publier une série de règlements d’appui et de normes documents, afin que la santé maternelle et infantile puisse se réaliser progressivement Gestion et standardisation des services.

Incorporer les indicateurs de santé de la femme dans le plan global et le plan spécial de développement économique et social national, faire de la santé maternelle et infantile un contenu essentiel des services publics de base nationaux, inclure le traitement du cancer du sein et du col de l’utérus dans le système de sécurité médicale et d’assistance médicale pour les principales maladies , et améliorer le niveau de sécurité médicale des femmes .

Construire un réseau de services de santé maternelle et infantile aux caractéristiques chinoises.

La Chine a essentiellement formé un réseau de services de santé maternelle et infantile couvrant les zones urbaines et rurales avec des institutions de soins de santé maternelle et infantile comme noyau, des institutions médicales et de santé de base comme fondation, et des institutions médicales de grande et moyenne taille et de recherche et d’enseignement scientifiques connexes.

Les institutions comme support technique.

À la fin de 2014, il y avait 3 131 établissements de soins de santé maternelle et infantile à travers le pays. Améliorer le système de base des services de santé maternelle et infantile pour fournir aux femmes des services de soins de santé tout au long de leur cycle de vie. Mettre en place et améliorer le système de rapport annuel sur la santé maternelle et infantile et le réseau de surveillance de la santé maternelle et infantile. Optimiser l’allocation des ressources sanitaires et augmenter le financement de la santé maternelle et infantile dans les zones rurales et reculées. Accélérer la formation du personnel de santé maternelle et infantile et renforcer les effectifs des institutions de santé maternelle et infantile.

L’équité et l’accessibilité des services de santé maternelle et infantile ont encore été améliorées.

Mettre en œuvre des projets de services de santé publique de base et des grands projets de services de santé publique pour les femmes et les enfants, améliorer le taux de prise en charge systématique des femmes enceintes, normaliser les comportements de service, améliorer la qualité des services et promouvoir l’égalisation des services de santé maternelle et infantile. D’ici 2014, 90 % des femmes enceintes bénéficieront des services de santé publique de base. Mise en œuvre d’un important programme de subventions pour les femmes rurales enceintes et couchées hospitalisées pour l’accouchement, au profit de 57,12 millions de femmes rurales enceintes et couchées. Le taux national d’accouchement à l’hôpital est passé de 72,9 % en 2000 à 99,6 % en 2014, et le taux d’accouchement à l’hôpital des femmes enceintes en milieu rural est passé de 65,2 % en 2000 à 99,4 % en 2014. En 2009, le projet d’examens gratuits << Deux cancers >> pour les femmes rurales a été lancé. Au total, 42,87 millions et 6,13 millions de femmes rurales ont bénéficié d’examens gratuits pour le cancer du col de l’utérus et le cancer du sein, respectivement, et 31 077 femmes pauvres et malades ont été aidées.

Mettre en œuvre de grands projets de prévention du sida, de la syphilis et de l’hépatite B de la mère à l’enfant, et faire examiner et soigner 60,53 millions de femmes enceintes. Réaliser différents types de projets de santé des femmes tels que ’China Women’s Health Action’ et aider les organisations sociales à mener diverses formes d’activités de promotion de la santé des femmes.

Les services de santé génésique des femmes ont encore été renforcés.

Veiller à ce que les femmes bénéficient de bons services de santé reproductive tout au long de leur cycle de vie, mener des enquêtes générales et le traitement des maladies féminines, et fournir des soins de santé aux adolescents et des services de soins de santé gériatriques.

Mettre en œuvre la politique de gratuité des services techniques de planification familiale, promouvoir le choix éclairé des méthodes contraceptives et réduire les grossesses non désirées.

Continuer de sévir, d’enquêter et de traiter l’identification non médicale du sexe du fœtus et l’interruption artificielle de grossesse sexospécifique.

Fournir aux femmes migrantes des services de santé publique de base tels que l’éducation sanitaire, les vaccinations et les soins de santé maternelle, et promouvoir activement le programme pilote d’égalisation des services publics de base pour la planification familiale parmi les migrants.

La santé des femmes s’est encore améliorée.

L’espérance de vie moyenne des femmes a augmenté, atteignant 77,4 ans en 2010, soit 4,1 ans de plus qu’en 2000. Le taux de mortalité maternelle a été considérablement réduit, passant de 88,8/100 000 en 1990 à 21,7/100 000 en 2014, atteignant l’objectif du Millénaire pour le développement plus tôt que prévu. L’écart de mortalité maternelle entre les zones urbaines et rurales et entre les régions s’est encore réduit, et l’écart de mortalité maternelle entre les zones urbaines et rurales s’est réduit de 2,4 fois en 2000 à 1,08 fois en 2014 ; en 2000, le taux de mortalité maternelle dans la région de l’ouest était 5,4 fois supérieure à celle de la région de l’est, et elle s’est rétrécie en 2014 à 2,6 fois. La Chine est classée par l’Organisation mondiale de la santé parmi les 10 pays les plus performants en matière de santé maternelle et infantile.

5. Les femmes et la prise de décision

La Chine élabore et met en œuvre des lois, des règlements et des plans d’action pertinents pour garantir aux femmes l’égalité des droits politiques avec les hommes. La proportion de femmes participant à la vie politique a encore augmenté, et leur rôle dans la prise de décisions et la gestion des affaires publiques et sociales a été renforcé et amélioré.

Améliorer les lois et les politiques pour promouvoir la participation des femmes à la prise de décision et à la gestion.

Des mesures positives ont été formulées et mises en œuvre pour promouvoir la participation des femmes à la prise de décision et à la gestion, et le nombre et la proportion de la participation des femmes à la prise de décision et à la gestion ont continué d’augmenter. Les mesures d’application de la loi sur la protection des droits et des intérêts des femmes et les règles détaillées d’application de la loi électorale formulées par diverses localités contiennent généralement des dispositions claires sur la proportion de femmes parmi les candidats aux assemblées populaires locales à tous les niveaux.

L’État formule des plans spéciaux pour clarifier les objectifs et les exigences de travail pour la formation et la sélection des cadres féminins, et prend des mesures spécifiques pour augmenter le nombre et la proportion de cadres féminins à tous les niveaux. La loi organique des comités de village de la République populaire de Chine stipule que ’les représentantes des femmes villageoises doivent représenter plus d’un tiers des membres de l’assemblée représentative des villageois’. Le ’Schéma pour le développement des femmes chinoises (2011-2020)’ propose que d’ici 2020, ’la proportion de femmes dans les comités villageois atteindra plus de 30%. La proportion de femmes dans les comités villageois atteindra plus de 10%.’ ’La proportion de femmes dans les comités de quartier restera à environ 50%’. Le « Règlement sur les élections des comités villageois » publié en 2013 stipule spécifiquement qu’« il devrait y avoir un nombre approprié de candidates parmi les candidats.

La proportion de femmes participant à la prise de décision et à la gestion a augmenté.

Mettre l’accent sur le rôle des femmes dans les assemblées populaires et augmenter la proportion de femmes dans les assemblées populaires à tous les niveaux. En 2013, la proportion de femmes députées à la première session de la douzième Assemblée populaire nationale était de 23,4 %, soit une augmentation de 2,4 points de pourcentage par rapport à il y a 20 ans ; les représentantes des minorités ethniques représentaient 41,3 % des députés des minorités.

Veiller à accroître la participation des femmes à la démocratie délibérative socialiste et faire jouer pleinement le rôle de la Fédération des femmes de la CCPPC et des femmes membres du comité. En 2013, la proportion de femmes membres du comité à la première session du douzième Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois était de 17,8 %, soit une augmentation de 4,1 points de pourcentage par rapport à il y a 20 ans.

La proportion de femmes membres du Parti communiste chinois a considérablement augmenté, atteignant 24,3 % en 2013, soit une augmentation de 8,7 points de pourcentage par rapport à 1995. La proportion de femmes membres de chaque parti démocratique est plus élevée qu’il y a 20 ans. Le nombre de femmes participant à la gestion des affaires publiques nationales est en augmentation. En 2013, la proportion de femmes fonctionnaires embauchées par l’État et les institutions directement affiliées était de 47,8 %. Ces dernières années, la proportion de femmes parmi les fonctionnaires locaux nouvellement recrutés n’a cessé d’augmenter.

Les femmes ont largement participé à la construction démocratique de base.

En 2013, la proportion de femmes parmi les membres des comités villageois était de 22,7 %, soit une augmentation de 7 % par rapport à 2000 ; la proportion de femmes parmi les directeurs des comités villageois et les représentants des villages a également augmenté de manière significative, et les femmes sont devenues une force importante dans la gouvernance rurale à la base.

En 2013, la proportion de femmes parmi les membres des comités de quartier était de 48,4 % et la proportion de femmes parmi les administrateurs était de 41,5 %. Les employées participent activement à la gestion démocratique et à la supervision des entreprises.

En 2014, les femmes représentaient 38,1 % des syndiqués et 29,3 % des représentants des salariés dans les CCE. Dans les conseils d’administration et de surveillance des entreprises, les femmes administrateurs et agents de maîtrise représentaient 40,1 % et 41,5 % des administrateurs salariés. et superviseurs, respectivement, %.

L’influence des femmes et des organisations de femmes dans la construction d’une politique nationale démocratique s’accroît de jour en jour.

Soutenir et encourager les femmes à participer à la gestion de l’État et des affaires sociales de manière ordonnée, et élargir en permanence la portée et les canaux de participation. Les femmes députées à l’Assemblée populaire nationale et les femmes membres de la Conférence consultative politique du peuple chinois participent activement et discutent des affaires de l’État, accordent une attention particulière aux questions d’égalité des sexes et présentent activement des projets de loi, des suggestions et des propositions visant à promouvoir la résolution de l’égalité des sexes et questions de développement des femmes.

Veillez à intégrer l’égalité des sexes dans la prise de décision, et les femmes dirigeantes à tous les niveaux jouent un rôle important dans la prise de décision et la gestion. Les fédérations de femmes représentent les femmes pour participer aux consultations législatives et à la démocratie délibérative, promouvoir l’inclusion de l’égalité des sexes dans la formulation et la mise en œuvre des lois, règlements et politiques, et promouvoir activement une législation reflétant le principe de l’égalité des sexes dans la formulation et la révision des lois telles que comme la loi sur la protection des droits et des intérêts des femmes et la loi contre la violence domestique. Les organisations de femmes sont une force importante dans la gouvernance sociale de base.

Au cours des dernières années, les fédérations de femmes ont créé plus de 700 000 ’maisons de femmes’ s’appuyant sur des organisations villageoises et des lieux d’activités communautaires, jouant un rôle important en contactant et servant étroitement les femmes et en participant à la gouvernance sociale de base. D’autres organisations féminines sont également activement impliquées dans la gestion démocratique et le contrôle démocratique.

6. Les femmes et l’environnement

La Chine attache une grande importance à la création d’un environnement social et culturel qui favorise l’égalité des sexes, la création d’un environnement naturel sain et sûr, la promotion d’une tradition familiale civilisée égale et harmonieuse et la création de conditions favorables à la survie et au développement des femmes. Le rôle unique des femmes dans la culture sociale et culturelle, la protection de l’environnement écologique et la construction de la famille est devenu de plus en plus important.

Créer un environnement social qui respecte les femmes et développe l’égalité des sexes.

Les départements du parti et du gouvernement à tous les niveaux, les fédérations de femmes et d’autres organisations sociales utilisent divers moyens tels que la publicité et le plaidoyer, l’éducation et la formation, les séminaires, etc. canaliser et sensibiliser l’ensemble de la société à l’égalité des sexes. Les chefs de parti et de gouvernement à tous les niveaux prennent l’initiative de faire connaître les politiques nationales, de publier des articles signés et de rédiger des rapports spéciaux, exprimant leur volonté et leurs actions pour promouvoir l’égalité des sexes.

Formuler des politiques culturelles et médiatiques qui favorisent le développement harmonieux des sexes et interdisent la discrimination fondée sur le sexe.

Renforcer l’orientation positive et la gestion des médias, former les professionnels des médias et accroître la sensibilisation à l’égalité des sexes.

Améliorer le mécanisme de contrôle des médias, superviser les médias d’information et les opérateurs publicitaires pour qu’ils se réglementent strictement et interdire les phénomènes discriminatoires qui dégradent et nient la personnalité indépendante des femmes dans les médias.

Faire connaître vigoureusement les contributions positives des femmes au développement économique et social. Les femmes ont joué un rôle important dans le domaine des médias. Fin 2014, la proportion de femmes journalistes et rédactrices en chef titulaires d’une carte de journaliste était de 44,1 %.

La vie spirituelle et culturelle des femmes s’enrichit de plus en plus.

La construction du système de service public culturel se concentre sur les groupes de femmes et répond aux besoins spirituels et culturels des femmes. Les lieux culturels tels que les musées, les galeries d’art, les bibliothèques publiques, les centres culturels et les stations culturelles sont ouverts gratuitement dans tout le pays, et les bibliothèques numériques ont été constamment développées afin d’enrichir les ressources de la vie culturelle des femmes.

Promouvoir vigoureusement le développement des technologies de l’information et de la communication, en offrant une nouvelle plate-forme pour les échanges culturels et les innovations des femmes. En décembre 2014, il y avait 283 millions d’utilisatrices d’Internet en Chine, soit 43,6 % du nombre total d’utilisateurs d’Internet. Les méthodes et contenus de loisirs féminins sont plus diversifiés. Les ’Centaines de millions d’activités de fitness pour femmes’ ont été réalisées et l’échelle des activités de fitness pour femmes a continué de s’étendre. Selon la dernière enquête sur le statut social des femmes chinoises, 55,2% des femmes participent activement à l’exercice physique.

Le cadre de vie des femmes s’est considérablement amélioré.

Le « Schéma pour le développement des femmes chinoises (2011-2020) » propose des objectifs majeurs étroitement liés à la production et à la vie des femmes, comme l’amélioration de l’eau et des toilettes. À l’heure actuelle, le taux national de pénétration des toilettes sanitaires en milieu rural est passé de 40,3 % en 2000 à 74,1 % en 2013, le nombre de personnes bénéficiant de l’amélioration de l’eau dans les zones rurales a atteint 900 millions et le taux de bénéfice cumulé de l’amélioration de l’eau a atteint 95,6. %, et le taux de pénétration de l’eau du robinet en milieu rural est passé de 55,2 % en 2000. % est passé à 76,4 % en 2013, améliorant la production et le cadre de vie des femmes et réduisant le fardeau de la production et de la vie.

Faites attention au rôle des femmes dans la construction de la civilisation écologique.

Davantage de femmes sont entrées dans le domaine de la protection de l’environnement, apportant des contributions positives à la protection de l’environnement écologique, à la lutte contre le changement climatique et au maintien de la sécurité énergétique et des ressources. Le nombre de femmes membres du Comité de protection de l’environnement et des ressources de l’Assemblée populaire nationale, de femmes maires et de directrices de bureaux de protection de l’environnement à tous les niveaux de gouvernement en charge de l’environnement a continué d’augmenter. Fin 2014, la proportion de femmes cadres au ministère de la protection de l’environnement était de 31,2 %.

Encouragez les femmes à participer à la conservation de l’énergie et à la réduction des émissions, et à adopter une vie à faible émission de carbone. Les femmes participent activement à la protection de l’environnement et il existe de plus en plus d’organisations environnementales dirigées par des femmes.

Créer un environnement familial harmonieux et égalitaire.

Le douzième plan quinquennal national pour le développement de la population considère la promotion de l’égalité des sexes, l’harmonie familiale et la défense de la liberté et de l’égalité dans le mariage comme les principales tâches, et promeut le développement égal des membres de la famille.

Certaines réglementations locales prévoient clairement un congé de maternité pour les femmes employées, un congé d’allaitement et des indemnités pour les hommes, et soutiennent l’équilibre travail-famille entre hommes et femmes, ainsi que le partage des responsabilités familiales entre mari et femme.

Explorer le travail social sur les femmes, le mariage et la famille, et améliorer le système de soutien social pour les femmes.

Mettre en œuvre ’l’action Caring for Girls’ pour changer les coutumes culturelles traditionnelles de préférence pour les garçons.

Le système des pensions sociales a été mis en place et amélioré, les conditions de vie des femmes âgées ont été améliorées et la qualité de vie s’est continuellement améliorée. Les femmes âgées pauvres, veuves et célibataires ont reçu des soins particuliers. Mener activement des activités de construction de la culture familiale telles que ’Cinq bonnes familles civilisées’ et ’À la recherche des plus belles familles’ pour faire connaître et défendre les traditions familiales civilisées.

Au cours des 20 dernières années, l’égalité des sexes dans le mariage et la famille s’est considérablement améliorée. La dernière enquête sur le statut social des femmes chinoises montre qu’il est devenu une tendance pour le mari et la femme de décider conjointement des affaires familiales, et plus de 70 % des femmes participent à la prise de décision sur les grandes affaires familiales. De plus en plus de femmes sont en mesure de partager équitablement les ressources familiales et le concept de partage des tâches ménagères entre hommes et femmes est de plus en plus reconnu. L’écart d’heures de travail domestique entre les hommes et les femmes a été réduit de 150 minutes il y a 10 ans à 74 minutes.

7. Garantie légale pour l’égalité des sexes et le développement des femmes

La Chine a accéléré la construction d’un pays socialiste régi par l’État de droit, a largement promu l’État de droit, a exploré et innové le mécanisme de protection des droits et des intérêts des femmes sous le socialisme à la chinoise, et a formé la ’Constitution de la République populaire de Chine’ comme base et la ’Loi de la République populaire de Chine sur la protection des droits et des intérêts des femmes’ comme corps principal. Un système juridique qui protège les droits des femmes et promeut l’égalité des sexes, y compris diverses lois et réglementations distinctes, réglementations et réglementations gouvernementales.

Les lois et réglementations protégeant les droits et les intérêts des femmes ont été continuellement améliorées.

Au cours des 20 dernières années, plus de 20 lois et règlements ont été élaborés et révisés successivement, dont la loi sur le mariage, la loi sur la population et la planification familiale, la loi sur la promotion de l’emploi, la loi organique du comité villageois, la loi sur l’assurance sociale, la Loi sur la protection des droits et des intérêts des femmes et dispositions spéciales sur la protection des femmes employées. Trente et une provinces (régions autonomes et municipalités) ont révisé les mesures d’application de la loi sur la protection des droits et des intérêts des femmes.

Des progrès significatifs ont été accomplis dans la législation contre la violence à l’égard des femmes. 29 provinces (régions autonomes et municipalités) ont formulé des réglementations ou des politiques locales pour prévenir et réprimer la violence domestique. En août 2015, la 16e réunion du Comité permanent du 12e Congrès national du peuple a procédé à la première révision de la loi contre la violence domestique de la République populaire de Chine (projet). La loi sur la protection des droits et des intérêts des femmes révisée en 2005 a ajouté des dispositions interdisant le harcèlement sexuel des femmes, et les ’dispositions spéciales sur la protection des femmes employées’ promulguées et mises en œuvre en 2012 exigent clairement des employeurs qu’ils préviennent et mettent fin au harcèlement sexuel des femmes des employés. L’’amendement au droit pénal de la République populaire de Chine (9)’ adopté en août 2015 renforce la protection des femmes, en particulier des filles mineures, et punit avec plus de force les crimes de viol de filles mineures et d’enlèvement et de traite de femmes et d’enfants.

Les efforts d’application visant à protéger les droits et les intérêts des femmes ont été continuellement renforcés.

Le Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale attache une grande importance à la réalisation d’inspections et d’enquêtes spéciales sur l’application de la loi sur la protection des droits et des intérêts des femmes et d’autres lois connexes, et exhorte les ministères à tous les niveaux à appliquer strictement la loi. Intensifier l’inspection des employeurs et des agences de services de ressources humaines, enquêter et traiter les violations de la sécurité du travail qui portent atteinte aux droits et intérêts légitimes des employées, et promouvoir l’égalité d’emploi pour les femmes. En 2013, le Conseil d’État a publié le « Plan d’action chinois pour la lutte contre la traite des êtres humains (2013-2020) » afin d’améliorer encore le mécanisme de liaison et de coordination entre les départements. Les organes de sécurité publique répriment résolument les actes de violence illégaux et criminels contre les femmes. En 2013, un total de 25 852 cas de viol et 4 537 cas de traite des femmes ont été résolus.

Renforcer la coopération judiciaire internationale, mener à bien des projets de coopération internationale et réprimer sévèrement les crimes transnationaux et transrégionaux de traite des femmes et des enfants.

La protection judiciaire des droits des femmes n’a cessé d’être renforcée.

Le système judiciaire a mis en place des commissions collégiales spéciales pour la protection des droits des femmes et des tribunaux de la famille pour entendre correctement les litiges matrimoniaux et familiaux et protéger les droits et intérêts légitimes des femmes en termes de compensation émotionnelle et de partage des biens.

Augmenter la punition des crimes contre les droits et intérêts personnels des femmes, tels que les agressions et les insultes contre les femmes, l’enlèvement et la traite des femmes, et l’achat de femmes enlevées et victimes de la traite, afin de protéger les droits personnels et la dignité des femmes.

Encourager le développement de la pratique judiciaire de base contre la violence domestique, explorer le système de décision de protection de la sécurité personnelle pour la violence domestique et étendre les tribunaux pilotes de 5 provinces en 2008 à 14 provinces actuellement. Certains organes locaux de sécurité publique ont mis en place un système d’alerte en cas de violence domestique, intensifiant les efforts pour prévenir la violence domestique à l’avance et l’arrêter en temps opportun.

En 2014, la Cour populaire suprême a publié les Guides sur les cas de violence domestique afin de normaliser le pouvoir discrétionnaire judiciaire dans les cas d’utilisation de la violence pour contrôler la violence, renforçant ainsi l’uniformité de l’application de la loi. Faites attention au rôle important des femmes dans la justice.

En 2013, les femmes représentaient 34,2 % des assesseurs du peuple ; les proportions de femmes juges et de femmes procureurs étaient respectivement de 28,8 % et 29,3 %, soit une augmentation de 12,1 % et 12,3 % par rapport à 1995. Les organisations féminines professionnelles telles que l’Association des femmes juges, l’Association des femmes procureurs et l’Association des femmes avocates jouent un rôle actif dans la sauvegarde des droits et des intérêts des femmes.

Renforcer la publicité et l’éducation juridiques, et sensibiliser le public à l’égalité des sexes

Six ’plans quinquennaux de vulgarisation des lois’ ont été mis en œuvre d’affilée, et les lois et règlements protégeant les droits et les intérêts des femmes y ont été incorporés en tant que contenu important des cours d’éducation juridique dans les écoles à tous les niveaux et dans les radios, télévisions, journaux, Internet et autres médias d’information.

Utiliser le réseau de publicité et d’éducation sur l’état de droit pour mener des activités approfondies visant à promouvoir l’égalité des sexes, telles que l’entrée de lois dans les agences gouvernementales, les villages, les communautés, les écoles, les entreprises et les unités, et s’efforcer de créer une atmosphère sociale qui respecte et protège les droits et les intérêts des femmes. La Fédération des femmes et d’autres organisations féminines renforcent la surveillance de l’opinion publique et la recherche scientifique et le jugement sur les incidents majeurs de violations des droits des femmes, s’expriment en temps opportun et plaident en faveur de l’ensemble de la société pour établir le concept de valeur de l’égalité entre les hommes et les femmes.

Mener des activités telles que ’Construire une Chine gouvernée par la loi · Femmes en action’ pour guider les femmes à respecter, étudier, respecter et utiliser la loi, et améliorer la sensibilisation des femmes et leur capacité à protéger leurs droits et intérêts légitimes conformément à la loi.

Améliorer le mécanisme de coopération multi-agences pour la protection des droits des femmes et fournir des services juridiques aux femmes.

En 2013 et 2014, les << Avis sur la poursuite de la promotion de l’aide juridictionnelle >> et les << Avis sur l’établissement et l’amélioration du système national d’assistance judiciaire (procès) >> ont été publiés respectivement pour fournir des garanties institutionnelles permettant à un plus grand nombre de femmes d’obtenir une aide juridictionnelle et une assistance judiciaire. En 2014, un total de 3 737 institutions d’aide juridique ont été créées à travers le pays et 352 000 femmes ont reçu une aide juridique. Par rapport à 2000, le nombre d’institutions d’aide juridique a augmenté de 97,7 % et le nombre de femmes qui ont reçu une aide juridique a augmenté de 310 000.

Soutenir les fédérations de femmes et d’autres organisations de femmes pour mettre en place des lignes directes de services de protection des droits des femmes, créer des agences de services de protection des droits, etc., et fournir activement une assistance et des services juridiques aux femmes. À l’heure actuelle, plus de 2 800 districts (comtés) dans 31 provinces (régions autonomes, municipalités) ont ouvert la ligne d’assistance téléphonique « 12338 » du service de protection des droits des femmes et créé 250 000 agences de services de protection des droits telles que des stations de protection des droits des femmes, des postes de protection des droits, et stations de plaintes pour violence domestique chaînes pour les droits des femmes.

8. Échanges internationaux et coopération sur l’égalité des sexes et le développement de la femme 

La Chine applique activement les conventions et instruments internationaux sur l’égalité des sexes et le développement des femmes, développe largement les échanges et la coopération multilatéraux et bilatéraux dans le domaine des femmes, renforce les échanges amicaux avec les organisations de femmes dans divers pays et se concentre sur la fourniture de formation technique et d’assistance matérielle aux femmes dans pays en développement rôle important dans l’égalité des sexes et le développement des femmes.

Respecter sérieusement les conventions internationales et les obligations internationales dans le domaine des femmes. Signer et ratifier activement les conventions et instruments internationaux pertinents, remplir consciencieusement les obligations contenues dans les conventions, incarner l’esprit et les principes de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes dans la formulation des lois, politiques et plans, et continuer à éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, protéger les droits fondamentaux des femmes conformément à la loi et promouvoir activement l’égalité des sexes.

En 2003 et 2012, le rapport sur la mise en œuvre de la << Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes >> a été soumis et, en 2006 et 2014, il a été examiné par le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. En 2013, il a reçu la visite du Groupe de travail du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies sur la discrimination à l’égard des femmes dans la législation et la pratique.

Mettre activement en œuvre la « Déclaration de Pékin » et le « Plan d’action » ainsi que les objectifs du Millénaire pour le développement, les intégrer dans le plan national de développement économique et social et le programme de développement des femmes chinoises, et s’efforcer d’atteindre divers objectifs. À la fin de 2014, les objectifs de réduction de l’extrême pauvreté et de la faim, d’élimination des écarts entre les sexes dans l’éducation et de réduction de la mortalité maternelle ont été atteints plus tôt que prévu.

Participer activement et promouvoir l’égalité mondiale et régionale entre les sexes.

Attacher une grande importance à la connexion et à la coopération avec les agences des Nations Unies, et soutient les initiatives positives des Nations Unies dans le domaine de l’égalité des sexes et du développement de la femme. Promouvoir l’adoption par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies de la déclaration du président sur la « Commémoration de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et du 20e anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing » proposée par la Chine.

Participer à la formulation des règles et règlements et des plans d’action d’ONU Femmes, et accroître la coopération. Accueillir et accueillir activement des conférences internationales sur le suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, les femmes et la prévention des catastrophes, et les femmes et le développement durable.

Promouvoir activement l’égalité des sexes dans les régions et mener à bien le projet ’d’améliorer la capacité à résoudre les problèmes de genre et à atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement des Nations Unies’ avec la CESAP des Nations Unies dans la région Asie-Pacifique. Combiné avec le fait d’être l’hôte de l’APEC en 2014, l’accueil du Forum sur les femmes et l’économie. Dans le cadre de l’ASEAN, la Chine, le Japon et la Corée du Sud (10+3), accueillent la Conférence ministérielle sur l’égalité des sexes en Asie de l’Est.

Mener intensivement des échanges bilatéraux et une coopération dans le domaine des femmes.

Faire de l’égalité des sexes une question importante dans les mécanismes d’échange nationaux et organiser des forums de femmes, des séminaires et des semaines de la culture des femmes chinoises et étrangères avec différents thèmes dans les mécanismes d’échange Chine-États-Unis, Chine-France, Chine-Russie et d’autres mécanismes d’échange nationaux pour renforcer davantage l’amitié mutuelle et coopération ‘Confiance mutuelle’.

Au cours des 20 dernières années, les projets de coopération internationale dans le domaine des femmes en Chine ont concerné les femmes et la santé, les femmes et l’économie, les femmes et l’éducation, les femmes et la prise de décision, les femmes et l’environnement, les femmes et le mariage et la famille, la lutte contre la violence domestique, la réduction de la pauvreté et les secours en cas de catastrophe, et de nombreux autres domaines.

Au cours des 10 dernières années, la Fédération des femmes de toute la Chine a remporté à elle seule plus de 100 projets de coopération internationale. Dans la coopération Sud-Sud, mettre l’accent sur la formation technique et l’assistance matérielle aux femmes des pays en développement d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, et mettre en place des centres d’échange et de formation de femmes chinoises et étrangères ou envoyer des experts pour les guider. Ces dernières années, la Chine a fourni plusieurs lots d’assistance matérielle de faible montant aux femmes des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine pour les aider à améliorer leurs conditions de travail et de vie.

Les femmes et les organisations de femmes sont devenues plus actives dans les affaires internationales.

En 2015, la Chine comptait 1 695 femmes diplomates, soit 30,7 % du nombre total de diplomates. Parmi elles, il y avait 12 femmes ambassadrices, 19 femmes consuls généraux et 132 femmes conseillères, soit 7,9 %, 24,4 % et 30,4 % du nombre total de diplomates, les diplomates au même niveau respectivement.

Les organisations de femmes chinoises participent activement aux délibérations d’importantes conventions des Nations Unies sur l’égalité des sexes et le développement des femmes, et sont membres du Comité des Nations Unies pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ’ et d’autres conventions et instruments internationaux

Rédiger et soumettre des rapports d’organisations non gouvernementales, et mener diverses formes d’activités de communication et de dialogue sur les questions liées à l’égalité des sexes et au développement des femmes.

Conclusion

Au cours des 20 dernières années, parallèlement au développement économique et social rapide, la Chine a réalisé des réalisations remarquables en matière d’égalité des sexes et de développement des femmes.

Dans le même temps, la Chine est également clairement consciente qu’en tant que pays en développement avec la plus grande population du monde, affecté par des facteurs tels que le niveau de développement économique et social et des facteurs historiques et culturels, le développement de la femme chinoise est toujours confronté à de nombreuses situations nouvelles et de nouveaux problèmes, et la tâche de promouvoir l’égalité entre les sexes est encore ardue et forte.

Dans le cadre du processus historique de coordination et de promotion de la disposition stratégique des « Quatre complets », la Chine continuera de mettre en œuvre la politique nationale fondamentale d’égalité des sexes, d’améliorer en permanence les politiques et mesures économiques, juridiques, administratives et d’opinion publique, de protéger efficacement les droits et intérêts légitimes des femmes. Conformément à la loi, et promouvoir l’égalité des sexes et le développement des femmes une plus grande réussite professionnelle. La Chine est disposée à travailler avec d’autres pays pour soutenir vigoureusement tous les secteurs de la société afin qu’ils jouent un rôle actif dans la promotion de l’égalité des sexes et du développement des femmes, approfondissent et élargissent les échanges et la coopération internationaux et apportent de nouvelles contributions à l’égalité, au développement et à la paix dans le monde.

Manuscrits associés : Song Xiuyan : la Chine a réalisé de nouveaux progrès dans le domaine du développement des femmes et de l’égalité des sexes

http://www.gov.cn/govweb/xhtml/2016gov/images/public/logo_wz.jpg

Source : http://www.gov.cn/zhengce/2015-09/22/content_2936783.htm - 中国性别平等与妇女发展_白皮 - 中国政府网 - http://www.gov.cn › 政策 › 白皮书

政策_中国政府网http://gov.cn › zhengce - 中国政府网政策与法栏目发布中央和地方政府制定的法规,政策文件,中共中央有关文件,国务院公报,政府白皮书,政府信息公开,政策解读等。提供法律法规和已发布的文件的 ... ‎最新 · ‎互动 · ‎中央有关文件 · ‎政府信息公开平台

Politique - Site web du gouvernement chinois : http://gov.cn/zhengce - La section Politique et Juridique du site Web du gouvernement chinois publie des règlements, des documents de politique, des documents du Comité central du Parti communiste chinois, des bulletins du Conseil d’État, des livres blancs du gouvernement, des divulgations d’informations gouvernementales, des interprétations de politiques, etc…, formulés par le gouvernement central et les gouvernements locaux. Il fournit des lois, des règlements et des documents publiés ...

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    Le pouvoir de l’égalité en Chine : l’égalité des sexes est le moteur et stimule la croissance du PIB chinois de 16 billions de yuans (RMB) – Traduction du 07 décembre 2002 d’un article en chinois intitulé 平等的力量 :别平等推动中国16亿元的GDP - 麦肯McKinsey – Document ‘mckinsey.com.cn’

    https://www.mckinsey.com.cn/wp-content/uploads/2015/10/Alamy-RF-EDKN8R.jpg

NB. Billion :  vieux : Mille millions, soit 109. Synonyme : milliard -  moderne : Un million de millions, soit 1012 (téra-)- Selon Wikipédia « Un billion est l’entier naturel qui vaut 1012 (1 000 000 000 000) ou 1 000 0002, soit mille milliards dans l’échelle longue (notamment utilisée dans les pays francophones). Il ne doit pas être confondu avec 109 soit mille millions, qui dans l’échelle courte utilisée dans les pays anglophones1 est appelé billion, mais est appelé milliard en français. La confusion étant courante, il faut donc toujours se méfier. Mille billions est égal à un billiard en échelle longue. Dans le Système international d’unités, billion est noté par le préfixe T (téra)… » - Source

La réduction des différences entre les sexes aura non seulement un impact social positif, mais jouera également un rôle positif dans la croissance économique au-delà des estimations. Le meilleur scénario ‘régional’ [au niveau mondial] de MGI, c’est-à-dire que tous les pays ont atteint le taux de croissance le plus rapide dans chaque région.

D’ici 2025, la Chine a le potentiel de générer une croissance du PIB de 16 billions de yuans (22,5 billions de dollars), avec un taux de croissance annuel moyen du PIB de plus de 1%. Si l’écart entre les sexes sur le lieu de travail peut être complètement éliminé, la Chine créera une poussée économique potentielle de 27 billions de yuans (4,2 billions de dollars américains), soit une croissance du PIB de 20% dans des conditions de fonctionnement économique normales.

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Parmi les 95 pays de 10 régions du monde étudiés par MGI, le potentiel de croissance économique de la Chine se classe au troisième rang, après l’Amérique du Nord et l’Océanie (55,3 billions de dollars) et l’Europe occidentale (55,1 billions de dollars).

Le rapport est de loin la recherche la plus approfondie sur l’égalité des sexes. Les 95 pays couverts contribuent à 97% du PIB mondial et leur population féminine représente 93% du monde. Le rapport analyse 15 indicateurs d’égalité des sexes dans ces pays. Les indicateurs concernent non seulement l’égalité des sexes sur le lieu de travail, mais également la sécurité personnelle, l’égalité des sexes sociale, politique et juridique.

MGI calcule également un score d’égalité des sexes (GPS) pour chaque pays, qui est utilisé pour indiquer les performances de chaque pays en termes d’égalité des sexes. Un GPS de 1,00 indique que le pays a atteint l’égalité globale des sexes, et 0,00 indique l’inégalité des sexes.

Le GPS complet de la Chine est de 0,61, ce qui est supérieur à celui de l’Afrique subsaharienne, de l’Inde, du Moyen-Orient et de l’Amérique du Nord, et de l’Asie du Sud (à l’exclusion de l’Inde). Il est le même que celui de l’Asie de l’Est et du Sud-Est (0,48), mais inférieur à celui des autres grandes régions mondiales.

La performance de la Chine en termes de services nécessaires et de facteurs de promotion des opportunités économiques est comparable à celle des pays développés. Cependant, les femmes chinoises sont confrontées à des inégalités de travail relativement élevées, qui sont principalement dues à l’écart entre les sexes dans les postes de direction et le travail non rémunéré.

La contribution des femmes chinoises au PIB a atteint 41%, la proportion la plus élevée parmi toutes les régions du monde. Cependant, les femmes chinoises effectuent 2,6 fois plus de travaux infirmiers non rémunérés que les hommes, dont plus de 60% sont des tâches ménagères quotidiennes.

À l’échelle mondiale, 75% du travail non rémunéré est effectué par des femmes. Estimé de manière prudente sur la base des données disponibles sur le salaire minimum, cela équivaut à une production économique annuelle de 10 billions de dollars américains.

Bien que la Chine ait une performance relativement bonne dans de nombreux aspects de l’égalité des sexes, si l’ensemble du pays prend de nouvelles mesures efficaces pour combler les lacunes, en raison de son énorme base de population féminine, cela aura un impact mondial positif. Par exemple, il y a encore 14 millions de femmes en Chine qui n’ont pas pris de mesures contraceptives efficaces, représentant 7% dans le monde. En outre, 28 millions de femmes en Chine n’ont pas accès aux services financiers, ce qui représente 15% au niveau mondial.

L’amélioration de l’éducation, de la participation aux services financiers et numériques, de la protection juridique et de la réduction du travail infirmier non rémunéré sont essentielles pour accélérer les progrès de l’égalité des sexes sur le lieu de travail. La Chine doit également résoudre des problèmes conceptuels profondément enracinés dans la famille et le lieu de travail, tels que la conviction que les mères qui vont au travail auront un impact négatif sur leurs enfants et l’écart de revenu entre les sexes dans les postes de direction.

La recherche du McKinsey Global Institute (MGI) a répertorié 75 interventions et plus de 150 cas dans le monde entier, et décrit de manière exhaustive les différentes méthodes qui ont produit des résultats. Ces mesures peuvent être divisées en six groupes : incitations et soutien financiers ; technologie et infrastructure ; création d’opportunités économiques ; renforcement des capacités ; soutien et changement conceptuel, et lois, politiques et réglementations.

Le rapport souligne le rôle clé joué par le secteur privé dans la promotion de la diversité des sexes dans leurs organisations respectives et le soutien aux femmes dans les chaînes d’approvisionnement, les canaux de distribution et les réseaux sociaux plus larges participation. An un moyen efficace d’éliminer l’écart entre les sexes sur le lieu de travail en Chine consiste à promouvoir l’entrepreneuriat féminin dans le contexte de l’économie de l’Internet, à leur fournir un accès efficace aux fonds et à la formation des femmes entrepreneures. ƒ 中国 –

La Chine peut également envisager de créer une coalition pour le changement afin d’impliquer les parties prenantes du gouvernement, du secteur privé et du secteur public dans la collaboration pour résoudre les problèmes d’inégalité entre les sexes en suspens. À cet égard, il peut apprendre de l’expérience de l’Allemagne…

Source : https://www.mckinsey.com.cn/%E5%B9%B3%E7%AD%89%E7%9A%84%E5%8A%9B%E9%87%8F%E6%80%A7%E5%88%AB%E5%B9%B3%E7%AD%89%E6%8E%A8%E5%8A%A8%E4%B8%AD%E5%9B%BD16%E4%B8%87%E4%BA%BF%E5%85%83%E7%9A%84gdp%E5%A2%9E%E9%95%BF/

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    La Chine doit mettre fin à l’écart grandissant entre les sexes - La Chine doit cesser de creuser l’écart entre les sexes – Traduction du 08/12/2022 par Jacques Hallard d’un article en chinois intitulé 中国须停止性别差距扩 – Référence : https://www.hrw.org - 2017/11/05 - Autrice : Sophie Richardson
    Des mécanismes anti-discrimination inefficaces freinent la promotion des femmes - La constitution chinoise garantit l’égalité des droits entre les hommes et les femmes, et la loi chinoise interdit la discrimination sexuelle - mais ces lois sont rarement appliquées. Il est temps pour le gouvernement chinois de se pencher sérieusement sur l’égalité des sexes. Si le gouvernement chinois n’est pas prêt à faire fonctionner les lois anti-discrimination...

Autrice : Sophie Richardson Directeur du Département Chine – Diffusé par https://www.hrw.org › 2017/11/05

https://www.hrw.org/sites/default/files/styles/square_100/public/multimedia_images_2015/2015_sophie-richardson_02_web-bio.jpg?itok=tZ2KHb4fSophie HRW

Photo - Lors d’un salon de l’emploi pour les diplômés universitaires et le public au centre de la ville de Shijiazhuang, province du Hebei, en Chine, une femme lit une annonce de recrutement d’entreprise, le 6 février 2017. © 2017 Reuters

Une femme lit une offre d’emploi d’une entreprise lors d’un salon de l’emploi pour les diplômés universitaires et le grand public dans le centre de Shijiazhuang, province du Hebei, Chine, le 6 février 2017.https://www-hrw-org.translate.goog/...Cliquez pour agrandir l’image

’L’histoire prouve que l’université n’est pas le domaine des femmes !’a écrit Feng Gang , professeur de sociologie, bien connu à l’université du Zhejiang, sur Weibo en octobre de cette année. ’Si une femme a moins de deux enfants au cours de sa vie, peu importe ses efforts, elle est condamnée à être malheureuse’, a également déclaré Xu Youzhen, fondateur et président de l’une des principales sociétés chinoises de jeux en ligne, sur Weibo en juillet. Dans le même article de Weibo, Xu Youzhen a également affirmé : « Le féminisme est juste quelque chose pour les femmes laides et les femmes stupides pour persécuter les belles femmes et les femmes traditionnelles ». Face aux attaques déclenchées par ces messages de Weibo, le professeur Feng a refusé de s’excuser, disant même : « Il m’est impossible de vivre dix vies à s’excuser » - Xu Fuhao était plus direct, disant que les féministes sont des ’chiens’.

Étant donné que les élites universitaires et commerciales chinoises expriment publiquement ces points de vue, il n’est pas surprenant que le pays accuse un net retard en matière d’égalité des sexes.

Selon une enquête du Forum économique mondial, l’égalité des sexes en Chine se classe au 100ème rang sur 144 pays, et son classement a chuté pendant neuf années consécutives par rapport au 57ème rang en 2008. La Chine se classe au 105èmerang en termes de pourcentage de femmes au parlement, parmi les hauts fonctionnaires et les chefs d’entreprise. Lors du congrès du parti qui vient de se terminer, les femmes étaient à nouveau absentes du Comité permanent du Politburo, ce qui est stupéfiant.

Des opinions déviées comme celles de Feng Gang et Xu Youzhen – que les femmes sont moins intelligentes que les hommes ou que le territoire des femmes est limité à la famille – sont l’une des raisons pour lesquelles les femmes sont si rares aux postes de haut niveau. De telles perceptions entravent le développement professionnel des femmes avant même qu’elles n’entrent sur le marché du travail. Une enquête menée en 2014 auprès de 66 meilleures universités chinoises par l’ONG Women’s Voice Network, basée à Pékin, a révélé que 59% des universités avaient une discrimination sexuelle lors des admissions. Certaines écoles établissent un ratio hommes-femmes qui favorise les candidats masculins. Une enquête menée auprès de 1 600 employés d’institutions de recherche universitaires en 2015 a montré que le concept de « faible capacité de travail » et de « faible enthousiasme pour le travail » des femmes est généralement omniprésent dans le milieu universitaire.Cette discrimination se poursuit également après l’obtention du diplôme : selon une enquête réalisée en 2014 par la Fédération des femmes de Chine , 87 % des diplômées universitaires ont déclaré avoir été victimes de discrimination sexuelle dans le processus de recherche d’emploi, y compris des annonces de recrutement excluant les femmes ou indiquant que les hommes étaient préférés. .

La constitution chinoise garantit l’égalité des droits pour les hommes et les femmes, et les lois chinoises interdisent la discrimination fondée sur le sexe, mais ces lois sont rarement appliquées. Il est temps que le gouvernement chinois prenne au sérieux l’égalité des sexes. Si le gouvernement chinois n’est pas prêt à laisser entrer en vigueur la loi anti-discrimination, le classement de l’année prochaine devrait à nouveau recevoir de mauvaises nouvelles.

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Thèmes : les droits des femmes l’égalité des sexes

Plus de rapports !

28 août 2017 Bulletin - La Chine demande aux femmes de ’rentrer chez elles et de vivre une bonne vie’

28 mai 2021 rapport - ’On change quand on demande un congé maternité’ - La politique des deux enfants en Chine et la discrimination sexuelle sur le lieu de travail

21 mars 2019 rapport - ’Donnez-nous un bébé et laissez-vous aller’ - Trafic de « mariées » Kachin entre le Myanmar et la Chine

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12 novembre 2018 communiqué de presse - Pakistan : les filles privées de possibilités d’éducation

5 août 2020 Bulletin - La crise de la peine de mort aux Philippines

15 juin 2021 communiqué de presse - Corée du Sud. Les images sexuelles sur Internet ruinent la vie des femmes

01 novembre 2018 rapport - ’Tu vas pleurer la nuit sans raison’

3 avril 2022 Signaler - Ukraine. Crimes de guerre évidents sur le territoire sous contrôle russe ….

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Source : https://www.hrw.org/zh-hans/news/2017/11/05/311039

Human Rights Watch

« Human Rights Watch (HRW) est une organisation non gouvernementale internationale (ONGI) qui se donne pour mission de défendre les droits de l’homme et le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme1. Cette organisation déclare militer notamment pour la liberté de la presse, l’abolition de la peine de mort et de la torture mais aussi pour le respect de l’ensemble des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, en particulier dans les domaines de l’éducation et du logement2,3. Elle intervient également dans les conflits, dénonçant entre autres les crimes de guerre ou le trafic d’armes. Human Rights Watch demande l’arrêt des crimes commis par les gouvernements ou les groupes rebelles, dans le cadre de guerres internes.

Human Rights Watch publie chaque année un rapport rendant compte de la situation des droits de l’homme et mène des enquêtes régulières et systématiques sur les violations des droits de l’homme dans plus de 60 pays et territoires. Son siège se trouve à New York, aux États-Unis et possède plusieurs bureaux dans de nombreuses métropoles dans le monde. Si l’organisation est critiquée quant à son indépendance et la façon dont elle mène certaines missions, ses rapports sont souvent repris par la presse4…. »

Lire l’article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Human_Rights_Watch

Voir également : https://www.hrw.org/

Becas Human Rights Watch para trabajar en Estados Unidos

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Aide à la traduction : DeepL Translate : « le meilleur traducteur au monde »

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