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"La nouvelle politique de pénurie alimentaire" par le Dr Mae-Wan Ho

Traduction et compléments de Jacques Hallard

dimanche 4 septembre 2011, par Ho Dr Mae-Wan

ISIS Agriculture Alimentation
La nouvelle politique de pénurie alimentaire
The New Politics of Food Scarcity
Observateur du monde de grande réputation, Lester Brown lance un avertissement urgent concernant l’instabilité politique qui se répand, les conflits en cours, et le fossé grandissant entre les riches et les pauvres, alors que les prix des denrées alimentaires s’envolent et que les approvisionnements en nourriture se compliquent de plus en plus face à une demande croissante ; mais il ne préconise toujours pas de solutions évidentes. Dr Mae-Wan Ho

Rapport de l’ ISIS en date du 14/06/2011
La version originale en anglais, avec toutes les références, est intitulée The New Politics of Food Scarcity ; elle est accessible aux membres de l’ISIS sur le site www.i-sis.org.uk/The_New_Politics_of_Food_Scarcity.php
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Food Futures Now : *Organic *Sustainable *Fossil Fuel Free. Mae-Wan Ho, Sam Burcher, Lim Li Ching & others. ISIS-TWN Report. Sustainable World 2nd report.

La flambée des prix alimentaires et les troubles politiques

La flambée des prix alimentaires a été un déclencheur majeur pour les émeutes qui ont déstabilisé l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient depuis début décembre 2010 en Tunisie. Depuis, les troubles politiques se sont étendus en Algérie, en Egypte, en Jordanie, en Libye, en Syrie, au Yémen, et la propagation se poursuit au Burkina Faso, au Niger, au Nigeria, au Cameroun, en Ouganda, et au-delà [1-4]. L’Amérique latine est considérée comme étant à risque [5], et même la Grande-Bretagne, si les prix alimentaires continuent d’augmenter [6].

L’indice des prix des produits alimentaires de l’ONU [FAO] s’est maintenu au-dessus de 231 points depuis le début de 2011, et il a atteint son record historique de 238 points en février 2011. En mai 2011, la moyenne de cet indice était de 232 points, soit 37 pour cent de plus qu’il y a un an [7].
Richard Ferguson, responsable mondial de l’agriculture à Renaissance Capital, une banque d’investissement spécialisée dans les marchés émergents, a déclaré au journal The Guardian au Royaume-Uni [1] que les problèmes rencontrés étaient susceptibles de se propager. « Les prix des produits alimentaires sont absolument au centre d’un grand nombre de ces perturbations. Si vous avez 25 ans, que vous n’avez pas accès à l’éducation, que vous n’avez pas de revenus et que vous vivez dans un environnement politiquement réprimé, vous allez être assez en colère si le prix des aliments s’envole comme c’est la cas actuellement ». Les prix des denrées alimentaires ont agi « comme un catalyseur » pour déclencher les troubles politiques, lorsqu’ils se sont ajoutés à d’autres maux, tel que le manque de démocratie.

« La rareté est la nouvelle norme »

L’alimentation est rapidement devenue le conducteur masqué de la politique mondiale [8], dit Lester Brown, considéré dans le monde comme un observateur éminent qui prédit aussi que des crises comme celles-ci vont devenir plus fréquentes : « La rareté est la nouvelle norme ».
Historiquement, les hausses de prix avaient tendance à être presque exclusivement dues à des intempéries telles que l’insuffisance de la mousson, la sécheresse, la canicule, etc..., mais elles sont aujourd’hui portées par les tendances de la demande en hausse et la capacité décroissante de l’offre.

Avec une population mondiale en expansion rapide qui demande à être nourrie, avec des températures plus élevées et des aquifères et nappes phréatiques qui se tarissent, cela rend plus difficile une augmentation de la production.

Par ailleurs, le monde perd sa capacité à amortir le choc de la pénurie alimentaire. Dans le passé, les Etats-Unis, premier producteur mondial de céréales, ont réussi à nous sauver de la pénurie avec leurs surplus céréaliers ou en mettant en valeur les terres cultivables « Dorénavant, nous ne pouvons plus faire comme ça : le matelas de sécurité a disparu ».

C’est pourquoi « la crise alimentaire de 2011 est tout à fait réelle », prévient Lester Brown, et pourquoi elle peut apporter encore plus d’émeutes du pain et des révolutions politiques. La Tunisie, l’Egypte, la Libye, pourraient ne pas être la fin, mais le début d’une série.

Lester Brown ne mentionne pas les spéculations énormes concernant les produits agricoles sur les marchés financiers mondiaux qui, non seulement font grimper les prix, mais qui augmentent leur volatilité, ce qui rend la tâche beaucoup plus difficile pour que les agriculteurs et les consommateurs arrivent à y faire face (voir [9] Financing World Hunger, SiS 46) *.
* Version en français "Le financement de la faim dans le monde" par le Dr. Mae- Wan Ho et le Professeur Peter Saunders. Sur le site http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article12

Olivier de Shutter, le rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, a évoqué la crise de 2007-2008 comme une "crise des prix", et non pas comme une "crise alimentaire", précipitée par la spectulation et nullement liée à une insuffisance de la ourriture produite, du moins pas encore, comme le prédit Lester Brown.

La rareté est due à une demande accrue et à l’échec de l’offre

L’ampleur du problème est énorme [8]. Du côté de la demande, les agriculteurs ont à nourrir 80 millions de personnes supplémentaires chaque année, dans presque tous les pays en développement. La population mondiale a doublé depuis 1970, et on se dirige vers 9.000.000.000 d’êtres humains sur la planète au milieu de ce siècle.
Dans le même temps, les classes moyennes sont en augmentation, en Chine et ailleurs, et elles s’élèvent dans la pyramide alimentaire : les gens consommant davantage de viande, de lait et d’œufs, aliments qui exigent beaucoup plus de produits agricoles primaires, de base, pour être élaborés.

Pour compliquer le problème, les Etats-Unis convertissent des quantités massives de céréales pour la fabrication des biocarburants : en 2010, il y a été récolté près de 400 millions de tonnes de céréales, dont 126 millions de tonnes sont allées vers la production d’éthanol (contre seulement 16 millions de tonnes en 2000).

Du côté de l’offre, le réchauffement planétaire est déjà en train de compromettre la productivité agricole. Une surveillance directe sur le terrain a montré que l’élévation de température nocturne de 1º C pendant la saison de croissance, réduit le rendement agricole de 10 pour cent [10]. Simultanément, les nappes phréatiques sont en baisse, et en particulier dans les pays où vit plus de la moitié de la population mondiale [8].

Le Moyen-Orient arabe est la première région planétaire où la production céréalière a atteint un sommet et a commencé à diminuer en raison des pénuries d’eau. La production céréalière est en baisse en Syrie et en Irak et peut-être bientôt aussi au Yémen. Mais les bulles alimentaires les plus flagrantes sont en Inde et en Chine.

En Inde, où les agriculteurs ont foré environ 20 millions de puits d’irrigation, la Banque mondiale rapporte que 175 millions d’Indiens sont nourris avec des céréales produites par un pompage excessif dans les nappes.

En Chine, les pompages excessifs sont concentrés dans les plaines du nord de la Chine, qui produit la moitié du blé de ce pays et un tiers de son maïs. On estime à 130 millions le nombre de Chinois qui sont actuellement alimentés par des cultures avec un pompage excessif dans les réserves en eau.

Les images obtenues par satellites montrent deux nouvelles énormes tempêtes de poussière [voir la rubrique ‘Bowl Dust’ dans la partie ‘Définitions & Compléments à la fin de cet article] : un étirement dans le nord et l’ouest de la Chine et dans l’ouest de la Mongolie, l’autre à travers l’Afrique centrale. Chaque année, quelque 1.400 miles carrés de terres se transforment en désert dans le nord de la Chine.

En Mongolie et au Lesotho, les récoltes de céréales ont diminué de moitié ou plus au cours des dernières décennies. La Corée du Nord et Haïti ont également subi de lourdes pertes de sols cultivables, et ces deux pays seraient confrontés à la famine s’ils venaient à perdre l’aide alimentaire internationale qui leur arrive.

Les rendements de riz au Japon n’ont pas augmenté du tout depuis 16 ans. En Chine, les rendements peuvent se stabiliser rapidement. Pendant ce temps, les rendements de blé ont atteint un plateau en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne, les trois plus grands producteurs de blé de l’Europe occidentale.

Au moment où j’écris cet article, la Grande-Bretagne connaît la pire sécheresse depuis 1990, et les agriculteurs et le gouvernement sont actuellement en pourparlers à propos de la sécheresse [11]. [La situation est la même dans une grande partie du territoire français au printemps 2011. JH]. Ces phénomènes météorologiques extrêmes détruisent les cultures et ils seront de plus en plus fréquents avec le réchauffement du globe.

Une ruée se manifeste au niveau mondial pour les approvisionnements en denrées alimentaires et pour l’accaparement des terres cultivables

Pendant la crise alimentaire de 2007-2008, de nombreux pays exportateurs ont essayé de contrôler la hausse des prix alimentaires domestiques en limitant les exportations ; parmi eux la Russie et l’Argentine, deux exportateurs de blé. La Vietnam, qui est le deuxième exportateur mondial de riz, a interdit entièrement les exportations pendant plusieurs mois en 2008.

Les pays importateurs ont paniqué, et plusieurs états ont tenté de négocier des accords de fourniture à long terme sur les grains, avec les pays exportateurs. Les Philippines ont négocié une entente de trois ans avec le Vietnam pour la fourniture de 1,5 millions de tonnes de riz par an. Le Yémen a entamé un accord similaire avec l’Australie mais la démarche initiée a échoué.

Certains des pays les plus riches, menés par l’Arabie saoudite, la Corée du Sud et la Chine, ont commencé à acheter ou à louer des terres cultivables dans d’autres pays pour y cultiver des céréales pour leurs besoins nationaux (voir aussi [12] ‘Land Rush’ as Threats to Food Security Intensify, SiS 46) *.
* Version en français intitulée "La ruée vers les terres fertiles constitue une menace pour la sécurité alimentaire qu’il faut, au contraire, consolider" par Dr. Mae-Wan Ho, traduction, définitions et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur le site http://yonne.lautre.net/spip.php?article4318&lang=fr

La plupart des acquisitions de terrains sont situées en Afrique, où certains gouvernements ont accordé des locations des terres cultivables pour moins de 1 £ par acre et par année, principalement en Ethiopie et au Soudan, où des millions d’habitants sont d’ores et déjà soutenus avec de la nourriture qui est fournie dans le cadre du Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies.

À la fin de 2009, des centaines d’offres d’acquisition de terrains avaient été négociées, certaines des tractations dépassant un million d’acres. Une analyse datant de 2010 et émanant de la Banque Mondiale a signalé un total de près de 140 millions d’acres qui sont en jeu, soit une superficie supérieure à la surface actuellement cultivée et consacrée au maïs et au blé aux Etats-Unis.

En général, les acquisitions comprennent également les droits pour l’utilisation de l’eau, donc aussi un accaparement des terres qui peuvent être potentiellement affectées dans tous les pays en aval. Par exemple, toute l’eau extraite du bassin supérieur du Nil pour irriguer les cultures en Ethiopie ou au Soudan, ne sera plus maintenant en état d’atteindre et d’irriguer les terres cultivées en Egypte.

Le potentiel de conflit est élevé. Souvent faites en secret, les offres sur les terres impliquent, dans la plupart des cas, des terres cultivées et utilisées par les villageois quand elles ont été vendues ou louées. Et parce qu’il n’y a généralement pas de titre foncier officiel de propriété dans de nombreux villages des pays en développement, les agriculteurs qui ont perdu leurs terres ont peu de recours ou même aucun recours du tout.

Une telle hostilité locale à l’accaparement des terres est la règle et non l’exception [8]. En 2007, les prix alimentaires ont commencé à augmenter, et la Chine a signé un accord avec les Philippines pour louer 2,5 millions d’acres de terre afin d’y établir des cultures vivrières dont les productions seraient expédiées en Chine. Une fois que la nouvelle a été connue, un tollé s’est levé chez les agriculteurs philippins qui ont contraint les autorités de Manille à suspendre l’accord en cours.

Un tollé similaire a secoué Madagascar où une firme sud-coréenne, Daewoo Logistics, avait obtenu les droits pour l’acquisition de plus de 3 millions d’acres de terres cultivables. L’annonce de l’affaire a attisé une tempête politique qui a dépassé le gouvernement et qui l’a forcé à annuler cet accord.

La ruée pour l’accaparement des terres cultivables n’est pas une bonne solution

Il est estimé que les acquisitions foncières représentent une valeur de 50 milliards de dollars. Mais ces acquisitions ne sont guère une solution à la crise alimentaire. Cela pourrait prendre plusieurs années pour réaliser des gains de production importants. Les infrastructures publiques modernes, orientées pour satisfaire les marchés pour une agriculture d’exportation, n’existent pas encore dans la plupart des pays d’Afrique.

Dans certains pays, il faudra des années pour simplement construire les routes et les ports nécessaires permettant l’arrivée des intrants agricoles, comme les engrais, et l’exportation des produits agricoles récoltés. L’analyse de la Banque Mondiale indique que seulement 37 pour cent des projets seront consacrés aux cultures vivrières. La plupart des terres rachetées à ce jour seront utilisées pour produire des biocarburants et pour d’autres cultures industrielles.

Même si certains de ces projets seront en mesure de stimuler la productivité des terres cultivées, il est fort probable qu’elles contribueront peu à l’économie du pays, en particulier si la quasi totalité des intrants nécessaires - le matériel agricole, les engrais, les pesticides et les semences - seront amenés de l’étranger et que toutes les productions seront expédiées hors de ces pays. « Jusqu’à présent, les acquisitions des terres cultivables ont davantage contribué à l’agitation qu’à contribuer à l’expansion de la production alimentaire ».

Le fossé s’élargit entre les riches et les pauvres

Le fossé entre pays riches et pays pauvres pourrait continuer de croître de façon encore plus prononcée, et dans un proche avenir, prédit Lester Brown [8]. [Voir la rubrique Pauvreté dans la partie ‘Définitions et compléments’ à la suite de cet article].
En janvier 2011, la Corée du Sud, qui importe 70 pour cent des grains dont le pays a besoin, a annoncé la création d’un nouveau partenariat public-privé pour l’acquisition de l’entité qui est responsable des grains. Avec un bureau initial à Chicago, le plan prévoit de contourner les grandes entreprises du commerce international pour acheter des grains directement auprès des agriculteurs américains. Comme les Coréens sont en train d’acquérir leurs propres silos à céréales, ils peuvent très bien signer des contrats de livraison de plusieurs années avec les agriculteurs pour acheter des quantités spécifiées de différents types de grains à un prix fixe.

La Chine, le Japon, l’Arabie Saoudite et les autres principaux pays importateurs de denrées alimenatires peuvent s’y adjoindre. Et les offres pourraient être faites avec le Canada, l’Australie, l’Argentine et d’autres grands pays exportateurs de grains. La Chine, avec 1,4 milliard de consommateurs qui deviennent de plus en plus aisés économiquement, commence à rivaliser avec les consommateurs américains pour les récoltes de céréales en Amérique du Nord, de sorte que « c’est peut-être bientôt la fin de la nourriture à bon marché, considérée par beaucoup comme un droit typiquement américain acquis dès la naissance ».
Les pays à faible revenu, qui sont menacés par l’accaparement des terres cultivables, ou par l’importation de céréales, verront probablement leur situation alimentaire se détériorer encore davantage.

Aucun effort organisé n’est consenti pour assurer des approvisionnements alimentaires adéquats

Il n’y a aucun effort de fait pour organiser et pour garantir l’approvisionnement alimentaire du monde à partir des productions agricoles. En effet, la plupart des négociations internationales sur le commerce des produits agricoles ont porté, jusqu’à récemment, sur l’accès aux marchés et les États-Unis, le Canada, l’Australie et l’Argentine ont exercé une pression persistante sur l’Europe et sur le Japon afin que ces pays ouvrent leurs marchés agricoles qui étaient fortement protégés.

Mais dans la première décennie du siècle actuel, l’accès aux fournitures des denrtées alimentaires est apparu comme un enjeu primordial. Le Programme Alimentaire Mondial fournit maintenant de l’aide alimentaire à 70 pays, avec un budget annuel de 4 milliards de dollars, ce qui n’est guère suffisant pour satisfaire les besoins d’urgence, et il y a trop peu de coordination internationale sur ce sujet. De plus, ce programme d’assistance alimentaire vise à soulager les symptômes et non à traiter les véritables causes de la pénurie alimentaire.

« Nous sommes maintenant si près du seuil critique qu’une rupture dans le système alimentaire pourrait survenir à tout moment » à déclaré Lester Brown. « Considérez, par exemple, ce qui serait arrivé si la vague de chaleur qui a été centrée en 2010 autour de Moscou, avait plutôt été centrée sur Chicago. En chiffres ronds, la baisse de 40 pour cent des récoltes en Russie, portant sur une espérance de récolte d’environ 100 millions de tonnes de céréales, affecte la production mondiale de 40 millions de tonnes de céréales ; mais une baisse de 40 pour cent de la récolte américaine de céréales sur une espérance de récolte beaucoup plus importante, de l’ordre de 400 millions de tonnes, aurait impacté les approvisionnements mondiaux de 160 millions de tonnes .

Les stocks de reports mondiaux de céréales (la quantité restant en stock quand la nouvelle moisson commence) auraient chuté pour atteindre seulement 52 jours de besoins de consommation. Ce niveau aurait été non seulement le plus bas jamais enregistré, mais il aurait été également bien en dessous du stock de report de 62 jours qui avait ouvert la voie au triplement des prix mondiaux des céréales en 2007-2008 ».

« La question est maintenant de savoir si le monde ne peut pas aller au-delà, qu’en se concentrant seulement sur les symptômes de la détérioration de la situation alimentaire et, au lieu de cela, si le monde veut s’attaquer aux causes sous-jacentes du problème posé. Si l’on ne peut pas produire avec de meilleurs rendements avec moins d’eau et conserver les sols fertiles, de nombreuses zones agricoles vont cesser d’être viables. Et cela va bien au-delà des problèmes qui sont posés aux agriculteurs.
Si nous ne pouvons pas passer à la vitesse supérieure pour prendre les mesures qui s’imposent pour stabiliser le climat, nous ne serons peut-être pas non plus en mesure d’éviter l’emballement des prix des denrées alimentaires.

Si nous ne pouvons pas accélérer le passage à des familles plus petites, afin de stabiliser la population mondiale, - et il faudrait mieux le faire au plus vite que plus tard -, les rangs des affamés vont presque certainement continuer à se développer. Le temps est venu d’agir, avant que la crise alimentaire de 2011 ne devienne la nouvelle normalité ».

Une fois de plus, et c’est bien décevant, Lester Brown a échoué (une fois de plus) pour recommander un changement pur et simple et un passage à l’agriculture biologique, à l’agriculture agro-écologique [ou agroécologie], qui, selon un consensus scientifique, est capable de traiter la plupart, sinon toutes les causes sous-jacentes de la dégradation de la productivité agricole, ainsi que la conservation des sols et des ressources d’eau naturelle, tout en atténuant le réchauffement planétaire et en limitant les changements climatiques (voir [13, 14] Food Futures Now : * Organic * Sustainable * Fossil Fuel Free, ISIS / TWN publication, Sustainable Agriculture Urgently Needed, UN Agencies Say, SiS 50) *.
* Version en français intitulée "Il faut passer rapidement à une agriculture durable, selon des agences de l’ONU" par le Dr. Mae-Wan Ho, traduction, définitions et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://yonne.lautre.net/spip.php?article4784&lang=fr

Mieux encore, l’agriculture agro-écologique peut facilement être combinée avec la mise en œuvre des diverses énergies renouvelables, de manière efficace au niveau local, y compris pour la production locale d’électricité hors-réseau ([14] Green Energies - 100% Renewable by 2050, ISIS/TWN publication) *.
* Version en français intitulée "Le pouvoir aux populations : 100% d’énergies renouvelables d’ici 2050" par le Dr. Mae-Wan Ho, traduction, définitions et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://yonne.lautre.net/spip.php?article3756&lang=fr ORIS

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Définitions et compléments

La nouvelle politique de pénurie alimentaire

Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
Adresse : 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr
Fichier : ISIS Agriculture Alimentation The New Politics of Food Scarcity French version.2