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"Désertification, cultures en milieu aride et gestion de la ressource en eau en Afrique – Rappels sur l’agriculture autour de la Méditerranée, dans l’Egypte antique et contemporaine – Document 1 sur 2" par Jacques Hallard

lundi 28 novembre 2022, par Hallard Jacques


ISIAS Arbres Forêts Agroécologie Climat Partie 5 Egypte Document 1 sur 2

Partie 5 – Désertification, cultures en milieu aride et gestion de la ressource en eau en Afrique – Rappels sur l’agriculture autour de la Méditerranée, dans l’Egypte antique et contemporaine – Document 1 sur 2

Jacques HALLARD, Ing. CNAM – Site ISIAS – 2017 > 2022

Série : Contrer la déforestation par des initiatives de sauvegarde des forêts primaires et des reboisements. Réalisations plus ou moins récentes, projets et perspectives

Partie 1 - ’Méfaits des déforestations et questions sur les reboisements pour atténuer les dérèglements du climat’, par Jacques Hallard, samedi 10 septembre 2016 - français

Partie 2 - ’Le barrage vert algérien est un exemple de lutte contre la désertification des territoires’, par Jacques Hallard, samedi 8 octobre 2016 — français

Partie 3 - ’L’Initiative Africaine de la Grande Muraille Verte pour un développement rural au Sahara et au Sahel’ par Jacques Hallard, lundi 31 octobre 2016 - français

Voir également pour le nord de l’Afrique :

’Se repérer et (re)découvrir l’espace géographique des rives de la Mer Méditerranée : Maghreb et Machrek’ par Jacques Hallard, samedi 7 janvier 2017 - français

’Historique, caractéristiques et devenir de la grande rivière artificielle en Libye et de la nappe albienne au Maghreb ’, par Jacques Hallard, vendredi 13 janvier 2017 - français

Partie 4 : ’Agriculture en milieu aride, problème de l’eau, reboisements et forêts en Israël et en Palestine 1/2 par Jacques Hallard, vendredi 2 juin 2017 (à suivre).

Partie 4 : ’Agriculture en milieu aride, problème de l’eau, reboisement et forêts en Israël et en Palestine 2/2 par Jacques Hallard, dimanche 18 juin 2017 (suite et fin).

Partie 5 : Désertification, cultures en milieu aride et gestion de la ressource en eau en Afrique - Rappels de l’agriculture autour de la Méditerranée dans l’Egypte antique et contemporaine - Document 1/2

PLAN : Préalable sur l’Egypte Introduction Sommaire Auteur


Préalable sur l’Egypte

Ce dossier constitue la 5ème partie d’une série commencée en 2017 (voir ci-dessus). Ce document 1 sur 2 aura donc une suite …

L’ensemble sera axé principalement sur l’Egypte ; c’est pourquoi est proposé un Préalable sur l’Egypte actualisé ci-après.

La base de ce dossier fait l’objet d’une introduction et d’un sommaire, indiquant les articles choisis et leurs accès

« Secteur clé pour l’économie égyptienne, employant près de 30 % de la population, l’agriculture en Égypte est confrontée à de nombreux défis. Les surfaces agricoles se limitent aux différents bassins hydriques, sur 4 % du territoire ». 13 octobre 2022


Contenu :

Egypte - Contexte agricole et relations internationales - Ce qu’il faut retenir

Egypte - Pays en pleine transformation, où l’agriculture est au centre des préoccupations - Mardi 29 janvier 2019 – Document ‘businessfrance.fr’

Egypte : les exportations agricoles ont atteint un niveau record en 2021 - Date de création : 05 janvier 2022 14:04 - (Agence Ecofin)

COP 27, l’Égypte confrontée à une insécurité alimentaire maximale – Par Caroline Bright - 09 novembre 2022 – Document ‘mondafrique.com’

Une alliance relève le défi de l’irrigation agricole en Égypte - Par Abdessamad Attigui. Publié le 10 novembre 2022. Document ‘environnement-agazine.fr

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Egypte - Contexte agricole et relations internationales - Ce qu’il faut retenir 

Secteur clé pour l’économie égyptienne, employant près de 30 % de la population, l’agriculture en Égypte est confrontée à de nombreux défis :

  • Les surfaces agricoles se limitent aux différents bassins hydriques, sur 4 % du territoire. Le Programme mondial d’évaluation des ressources en eau des Nations unies classe l’Égypte dans la catégorie des pays souffrant de pénurie d’eau. Cette situation devrait empirer avec la croissance démographique du pays (104 millions d’habitants en 2021, soit + 3,9 % en deux ans), les tensions géopolitiques sur la gestion du Nil en amont (mise en eau du grand barrage de la Renaissance en Éthiopie) et le déréglement climatique, alors même que 95 % des cultures sont irriguées.
  • Ces facteurs limitants rendent le pays dépendant des importations dans le secteur agroalimentaire (23 % des importations totales du pays), notamment de blé pour le pain baladi, élément clé du contrat social égyptien.
  • Le gouvernement du président Al-Sissi, en place depuis 2014, consent d’importants efforts, au travers d’investissements massifs pour améliorer l’efficience et la productivité de son agriculture et, par ailleurs, d’une intégration croissante aux marchés mondiaux permettant d’attirer les capitaux étrangers.
  • La hausse du niveau d’autosuffisance alimentaire se présente comme un des défis majeurs de l’Égypte pour les prochaines décennies dans un contexte de très forte croissance démographique.
    Pour en lire plus > Télécharger la fiche pays : Egypte pdf - 203.93 Ko

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Egypte - Pays en pleine transformation, où l’agriculture est au centre des préoccupations - Mardi 29 janvier 2019 – Document ‘businessfrance.fr’

Dans le contexte des réformes engagées pour lutter contre le déficit extérieur, l’Etat égyptien souhaite relocaliser sa production et développer ses exportations. A ce titre, l’agriculture est au centre des préoccupations du gouvernement local.

L’Egypte se caractérise par sa démographie (100 M d’habitants attendus pour 2020), [104,3 millions dénombrés en 2021]) ainsi que par sa position géographique stratégique, au carrefour de trois continents et de deux mers reliées par le canal de Suez. Elle jouit de son rayonnement culturel dans le monde arabe ainsi que d’un patrimoine historique exceptionnel.

Le PIB local, le deuxième d’Afrique, était de 256 Mds $ en 2016/2017. Il résulte d’une économie diversifiée, structurée autour des secteurs manufacturier (16%), immobilier et construction (15%), commerce de gros et de détail (13%), extractif (12%), et agricole, forestier & pêche (11%).

Le secteur public occupe une place prépondérante dans l’économie, représentant 10% de l’activité et 34% des investissements (hors entreprises publiques). L’armée est également un acteur économique important, y compris dans le domaine civil.

https://www.businessfrance.fr/Media/Production/Banque%20d’images/visuel%203%20Egypte_opt.jpg

Photo - Développement de grandes exploitations dans le cadre de méga-projets de bonification des terres

Un mégaprojet de bonification des terres (600 000 hectares) a été adopté en mars 2015 dans le cadre de la relance économique du pays. Financé en partie par la Banque Mondiale et la FAO, ce projet permet à des investisseurs privés d’obtenir des terres agricoles en Egypte, ce qui ouvrira d’importantes opportunités aux équipementiers du secteur. Ces terres sont principalement gagnées sur des zones désertiques, en marge du Delta du Nil ou dans le sud du pays.

Contrairement aux exploitations plus traditionnelles et morcelées du Delta et de Haute-Egypte, ces exploitations s’étendent sur plusieurs centaines d’hectares et ont un fort taux de mécanisation. Elles sont généralement dédiées aux cultures à forte valeur ajoutée (maraîchage, fruits et légumes exportés vers l’Europe).

Ces projets profitent à de grandes entreprises agricoles, comme Pico ou Daltex, qui possèdent de nombreuses exploitations de plusieurs centaines d’hectares. Elles font face à des problématiques d’irrigation, de techniques agricoles, d’emballage et de logistique.

Plus généralement, il existe de nombreuses opportunités dans le pays au vu des nombreux projets de développement de cultures et d’élevages qui nécessitent de forts investissements afin de pouvoir répondre aux besoins locaux et développer les exportations.

Dans ce contexte, ‘Business France Le Caire’ organise une mission collective en Egypte du 8 au 10 avril 2019, dédiés aux secteurs agricoles. Cette mission permettra aux sociétés françaises participantes d’appréhender les nombreuses opportunités offertes par le marché égyptien dans le secteur des équipements agricoles, et de développer leur présence sur le marché grâce à des programmes de rendez-vous individuels avec des interlocuteurs-clés.

Plus d’informations : https://extranet-btob.businessfrance.fr/Agroegypte2019/

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Source : https://www.businessfrance.fr/egypte-agriculture

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Egypte : les exportations agricoles ont atteint un niveau record en 2021 - Date de création : 05 janvier 2022 14:04 - (Agence Ecofin)

En Egypte, l’agriculture est l’un des piliers de l’économie. Si en 2021, la pandémie de coronavirus a perturbé l’environnement des affaires, le secteur agricole a toutefois affiché une bonne résilience.

En Egypte, l’année 2021 a été historique pour le secteur agricole. D’après les données publiées récemment par le gouvernement, le volume des exportations de produits a en effet atteint 5,6 millions de tonnes, soit une hausse d’environ 487 000 tonnes par rapport à l’année précédente et un nouveau record.

Selon Sayed El-Quseir, ministre de l’Agriculture, cette performance est le couronnement des efforts menés pour non seulement conquérir de nouveaux marchés, mais aussi améliorer le niveau de qualité des marchandises à travers un renforcement des contrôles phytosanitaires avant embarquement. 

Dans les détails, les agrumes représentent le premier poste des expéditions avec un stock de 1,8 million de tonnes. Viennent ensuite la betterave (650 340 tonnes), la pomme de terre (614 424 tonnes), l’oignon (276 141 tonnes) et les raisins (143 450 tonnes).

Globalement ce résultat positif témoigne de la résilience de l’agriculture égyptienne face aux différentes perturbations logistiques liées à la pandémie de coronavirus durant l’année écoulée.

Dans un pays où les terres arables ne couvrent que moins de 5 % du territoire, le secteur emploie 55 % de la main-d’œuvre en milieu rural. Il compte également pour 12 % du PIB et fait vivre la moitié de la population.

Lire aussi :

23/12/2021 - Egypte : Nestlé compte investir 44,5 millions $ d’ici 2025 dans l’extension de ses capacités Follow @agenceecofin

Source : https://www.agenceecofin.com/commerce/0501-94215-egypte-les-exportations-agricoles-ont-atteint-un-niveau-record-en-2021

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COP 27, l’Égypte confrontée à une insécurité alimentaire maximale – Par Caroline Bright - 09 novembre 2022 – Document ‘mondafrique.com’

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L’Egypte, pays-hôte de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique, connue sous le nom de COP27, est un des pays les plus touchés par les menaces sur les ressources en eau et en céréales.

Le delta du Nil qui fournit à l’Egypte les trois cinquièmes de sa production agricole (12 % du PIB), emploie un cinquième de la main-d’œuvre du pays et nourrit une grande partie de la population. Mais ces terres souffrent des de l’élévation du niveau de la mer, de la hausse des températures et d’une pénurie croissante d’eau. Si l’on en croit le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), une ville comme Alexandrie pourrait être progressivement engloutie d’ici 2050.

Pour protéger le port d’Alexandrie, central à l’économie égyptienne, mais aussi ses ruines antiques et surtout le lieu de vie de six millions d’habitants, 5000 blocs de béton ont été installés autour de la citadelle de Qaitbay, emblématique de la ville, afin de briser les vagues et soutenir l’édifice. Dans le même but, d’autres blocs ont été ajoutés tout le long de la corniche.

L’Égypte, en tète de liste des victimes

C’est peu dire que l’Egypte est tête de liste des pays victimes du réchauffement climatique. Le secteur agricole égyptien est à l’orée de plusieurs défis. Primo, il a peu de moyens de s’adapter au changement climatique. Les entreprises agricoles sont des entreprises familiales qui œuvrent sur des petites parcelles et dont les rendements ne permettent pas d’investir dans des technologies plus à même de réduire l’l’impact du changement climatique. 

Par ailleurs, la faiblesse des rendements ne permet déjà plus d’assurer l’autosuffisance alimentaire. L’Egypte est aujourd’hui un gros importateur de céréales. Avec des projections démographiques à 224 millions d’habitants en 2100 (106 millions d’habitants aujourd’hui), la pression alimentaire risque d’être insoutenable.

La « pauvreté » en eau.

L’Égypte compte sur le Nil qui est son unique source d’approvisionnement en eau potable et en eau d’irrigation pour les cultures. Mais le fleuve prend sa source hors de ses frontières et les projets de barrage en Ethiopie et au Soudain pourraient réduire le flux. Certains évoquent déjà le spectre de guerres liées aux ressources en eau.

La montée des eaux salées est également une menace. Les nappes phréatiques se salinisent et rendent l’irrigation des cultures plus difficile. « La pénétration des eaux salées dans les sols les rendent beaucoup moins productifs », alerte le climatologue et ancien vice-président du Giec, Jean Jouzel.

Début 2022, le gouvernement égyptien a annoncé un état de « pauvreté en eau », l’UNICEF prédisant en 2021 que le pays pourrait manquer d’eau d’ici 2025.

La sécurité alimentaire en danger. 

Le Fonds international de développement agricole (Fida), institution financière des Nations unies en charge de la lutte contre la pauvreté et la faim dans les zones rurales des pays en développement, va donner 2 milliards de dollars à l’Egypte au cours des huit prochaines années pour l’aider à assurer sa sécurité alimentaire.

Les responsables égyptiens conscients que le secteur agricole est le plus vulnérable au changement climatique, font pression sur les pays riches pour qu’ils augmentent leur soutien à l’Égypte.

Au début de cette année, les autorités égyptiennes ont lancé une stratégie nationale de lutte contre le changement climatique pour 2050, dans laquelle le gouvernement dépenserait 113 milliards de dollars pour des programmes d’adaptation. Mais le premier centime de cette somme n’a pas commencé d’être mobilisé sur le sujet.

Le ministère de l’Agriculture et de l’Aménagement du territoire égyptien tente de soutenir les agriculteurs avec de nouvelles variétés de semences mieux à même de survivre aux températures élevées et à la salinité de l’eau. Mais ces efforts n’empêchent pas de nombreux agriculteurs égyptiens de réagir chacun à leur manière, le plus souvent en augmentant les pesticides et les engrais pour essayer de maintenir les rendements des cultures. De telles pratiques ne sont pas seulement dangereuses pour la santé humaine, mais rendront probablement les conditions agricoles futures plus difficiles à mesure que les produits chimiques s’accumulent dans l’eau et le sol.

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Source : https://mondafrique.com/cop-27-legypte-confrontee-a-une-insecurite-alimentaire-maximale/

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Une alliance relève le défi de l’irrigation agricole en Égypte - Par Abdessamad Attigui. Publié le 10 novembre 2022. Document ‘environnement-agazine.fr

Une alliance relève le défi de l’irrigation agricole en Égypte 

Illustration - Le premier projet développé par l’alliance aura lieu au Moghra en Egypte. Crédit : Adobe Stock

[Moghra est une oasis située dans le gouvernorat de Marsa-Matruh, dans le nord de l’Égypte. Il s’agit d’un petit lac de 4 km2 contenant de l’eau saumâtre, des marais salants et des roseaux. L’oasis est inhabitée. Source ]

L’alliance ‘SAVE Cleantech Utilities’, formée par l’opérateur égyptien d’électricité et d’eau ‘Engazaat Development SAE’, le spécialiste suédois de stockage d’énergie Azelio AB et l’acteur français de traitement d’eau Mascara NT, fournira de l’eau et de l’énergie aux agriculteurs des zones désertiques hors réseau. 

En marge de la COP27 qui se tient en Egypte, trois sociétés combinent leurs expertises pour lutter contre la pauvreté et la faim dans l’une des régions les plus sensibles à l’eau au monde. En effet, Azelio AB, Engazaat Development SAE et Mascara NT forment l’alliance SAVE Cleantech Utilities visant à fournir de l’eau et de l’énergie renouvelable aux agriculteurs et aux communautés des zones désertiques en Égypte.

En Égypte, l’expansion urbaine aux terres arables a poussé l’activité agricole au désert. Des zones arides où l’eau et l’électricité sont rares. Pour aider les agriculteurs à s’adapter à ces milieux tout en assurant leur production agricole, SAVE Cleantech Utilities leur proposera des technologies innovantes. Dans ce cadre, l’alliance déploiera des systèmes de dessalement de l’eau OSMOSUN conçus par Mascara NT. Cette technologie s’adaptera à l’intermittence de l’énergie solaire photovoltaïque et transformera ainsi l’eau saumâtre souterraine en eau douce à l’agriculture. 

L’usine de dessalement et les pompes d’irrigation seront alimentées par un micro-réseau utilisant le solaire photovoltaïque ainsi que la solution d’Azelio, « TES.POD ». La solution de stockage d’énergie longue durée fournira une énergie renouvelable optimisant ainsi l’utilisation de l’eau grâce à l’irrigation nocturne. 

De l’eau agricole 

L’alliance tient déjà son premier projet. SAVE Cleantech Utilities mettra l’ensemble de ses compétences au service des agriculteurs de la région de Moghra en Égypte avec la mise en place d’une usine qui fournira 2 250 m3/jour d’eau agricole à une salinité de 1 000 ppm. Celle-ci sera alimentée par un stockage photovoltaïque de 2,3 MWc et 260 kW/3 300 kWh de stockage électrique. 

Ce projet, actuellement en phase de développement, sera « la première et la plus grande usine de dessalement d’eau saumâtre à énergie solaire proposée dans le cadre d’un modèle fournissant l’eau et l’énergie en tant que service ». Le démarrage de l’exploitation est prévu à l’automne 2023. 

Par ailleurs, l’alliance prévoit d’exporter ce modèle dans de nombreuses autres communautés agricoles à travers l’Afrique. 

Environnement Magazine - L’actualité de l’environnement - Toute l’information de cette rubrique est dans : Environnement Magazine - Le magazine pour les acteurs et décideurs du développement durable et des métiers de l’environnement. DécouvrirAcheter un numéro

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Source : https://www.environnement-magazine.fr/eau/article/2022/11/10/141483/une-alliance-releve-defi-irrigation-agricole-egypte

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Introduction

Ce dossier est construit dans un but didactique et il propose le travail effectué par une recherche documentaire abordée largement. Les documents sélectionnés sont regroupés et présentés en 3 rubriques :

Rubrique A

Pour commencer, un ensemble de rappels :

L’irrigation est un défi majeur pour l’agriculture en maints territoires en Afrique et une la crise alimentaire est chronique dans cerains pays autour de la Méditerranée : on y rencontre des ilôts où les besoins alimentaires de base ne sont pas satisfaits, alors d’autres populations profitent encore d’une ère d’abondance…

D’une façon générale, dans les pays abordés dans cette série, l’agriculture doit faire face à des déficits en eau disponible pour assurer une production agricole suffisante en quantité et en qualité. L’exemple de la Tunisie montre que la rareté de l’eau constitue un grand défi pour ce pays…

Du fait de pluies insuffisantes, des sécheresses menacent régulièrement les rendements en agriculture et les contraintes climatiques vont jusqu’à provoquer une extension des zones en cours de désertification.

L’Egypte, pays auquel ce dossier est essentiellement consacré, doit faire face aux différentes formes de désertification : bien qu’elles ne soient pas partout une fatalité, le phénomène de désertification y est un enjeu géopolitique émergent et l’objet d’actions correctives depuis plusieurs décennies, et de projets à plus ou moins grande échelle, comme cela sera exposé par la suite…

Rubrique B

Des documents choisis y proposent une rétrospective historique sur les formes d’agriculture qui propérèrent dans l’ancienne Egypte antique ; en particulier, des bilans archéologiques éclairent, avec une méthodologie appropriée, les mesures techniques et économiques en vigueur à cette époque dans le Désert Oriental d’Égypte durant la période gréco-romaine… « qui a duré près de quatre cents ans, de 332 jusqu’à 30 av. J.C. Alexandre le Grand a fondé Alexandrie, qui fut la capitale de l’Égypte pendant plusieurs siècles ». « La conquête par Alexandre le Grand fut assez simple, car la population n’était pas liée aux Perses qui l’occupait alors. Les égyptiens ont préféré appartenir au grand empire hellénique.

La période hellénique commence avec l’expulsion des Perses par Alexandre le Grand. Cette période a duré près de quatre cents ans, de 332 jusqu’à 30 av. J.C. Alexandre le Grand a fondé Alexandrie, qui fut la capitale de l’Égypte pendant plusieurs siècles. Après sa mort, Ptolémée prit le pouvoir en Égypte et transforma Alexandrie en un grand port commercial. Elle dominait alors toutes les routes de la mer Égée et de la Méditerranée. Pendant le règne des Ptolémées, les temples d’Esna, Edfou et Kom Ombo et l’Égypte a retrouvé sa position de royaume influent.

La période romaine - La période hellénique s’achève avec la défaite lors de la dernière bataille navale d’Accio.

Histoire de l’Égypte : l’empire romain
Extension de l’empire Romain - La période romaine a commencé en l’an 30 sous le mandat d’Auguste
et se poursuit avec ses successeurs. En l’an 66, sous le règne de Claude, près de 300 000 Juifs sont morts à Alexandrie. Ces Juifs avaient commencé à répandre le christianisme, une religion très bien reçue en Égypte. Au troisième siècle, la majorité de la population était chrétienne et, en 313, elle fut érigée en première religion de l’empire par l’édit de Milan. La période romaine a duré jusqu’en l’an 395. À la mort de Théodose, l’empire romain est divisé en deux… » - Vous pouvez suivre l’histoire à partir du VIIème siècle. Dynasties d’ÉgypteÀ partir du VIIème siècle – Source : https://www.egypte.fr/periode-greco-romaine

Rubrique C

Il est question dans cette rubrique de l’importance capitale du Nil en Egypte, ainsi que dans les pays plus en amont de ce fleuve : les documents retenus ici présentent :

* « le front pionnier agricole et une recomposition territoriale en Egypte entre le Delta du Nil et les territoires désertiques… »

* « ce fleuve, le Nil, comme un axe de développement économique mais également de de fortes tensions géopolitiques.. »

Ce document codé ‘1 sur 2’ se termine un rappel sur la Géographie de l’Égypte avec un article que lui consacre Wikipédia.

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Sommaire


Rubrique A - Pour commencer, un ensemble de rappels

1. L’eau en Afrique : ’L’irrigation est un défi majeur pour l’agriculture’ -Par Jean-Michel Huet

2. La faim à l’ère de l’abondance - Causes naturelles et anthropiques de la crise alimentaire en Méditerranée parEugenia FerraginaetDésirée A.L. Quagliarotti

3. La rareté de l’eau est le grand défi en Tunisie – Par Mohamed Larbi Bouguerra

4. Un nouveau projet pour combattre la désertification et la sécheresse Maghreb.par Pressenza

5. Egypte - La désertification dans tous ses états – Archive – Document IRD janvier 2007

6. La désertification n’est pas une fatalité – Par Pierre Rognon – Document ‘Pour la Science’

7. Désertification - L’Egypte plante le décor par Racha Hanafi 3 janv. 2007 Al-Ahram Hebdo

8. La désertification est un enjeu géopolitique émergent – Par Sébastien Abis 22 juin 2009

9. Désertification et constructions sauvages : les plaies d’Egypte - Vidéo par AFP


Rubrique B - Une rétrospective historique sur les formes d’agriculture qui propérèrent dans l’ancienne Egypte antique

10. L’agriculture dans l’Égypte antique d’après Wikipédia

11. L’agriculture dans l’ancienne Egypte - Document ‘mythologica.fr’

12. L’agriculture de l’Egypte antique – Marqueur Alexandria - Classes 6èmes

13. Le Désert Oriental d’Égypte durant la période gréco-romaine : bilans archéologiques par Jean-Pierre Brun /Collège de France : Techniques et économies de la Méditerranée antique (Rapport au Collède France – Méthodologies…)


Rubrique C - L’importance capitale du Nil en Egypte

14. Entre delta du Nil et désert, front pionnier agricole et recomposition territoriale en Egypte – Par Delphine Acloque Desmulier – 7-2014 - Les espaces de l’entre-deux

15. Le Nil et le désert - Document ‘historymuseum.ca’

16. Le Nil, axe de développement économique et de tensions géopolitiques - Par Hervé Amiot - Publié le 28/11/2013 • modifié le 11/05/2020 • Document ‘lesclesdumoyenorient.com’

17. Rappel de la Géographie de l’Égypte avec Wikipédia

A suivre… (Document 2 sur 2)

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Rubrique A

1.
L’eau en Afrique : ’L’irrigation est un défi majeur pour l’agriculture’ - Par Jean-Michel Huet, JMHUET, associé chez Bearing Point et Kevin Huard, manager chez Bearing Point. Document L’Express - Publié le 09/07/2016 à 15:06 , mis à jour le 12/07/2016 à 17:53 - Photo - Un agriculteur arrose son champ de cannes à sucre, à Salima, au Malawi. Alida Vanni/Istock

Dans ce quatrième article d’une série sur l’eau en Afrique, Jean-Michel Huet et Kévin Huard font le point sur l’irrigation agricole en Afrique.

L’agriculture représente une force directrice primordiale pour la croissance économique africaine. Elle fournit du travail à 60% de la population active et sa croissance a des effets de deux à quatre fois plus efficaces sur l’augmentation du revenu des populations pauvres que d’autres secteurs d’activités. 

Cependant, plusieurs menaces pèsent sur ce secteur vital pour l’économie africaine : un déficit chronique de la balance commerciale des produits agricoles, une production de nourriture par personne et une productivité par hectare les plus faibles au monde, ainsi qu’une croissance de la production de nourriture basée à 80% sur l’expansion des terres cultivées plutôt que sur l’augmentation de la productivité. A terme, cette situation pourrait entraîner la substitution des produits agricoles africains par des produits moins chers venus d’autres continents. 

Lire aussi >> L’eau, un puits d’opportunités en Afrique : ’Comment gérer les ressources ?’ 

L’irrigation est un des leviers les plus importants pour palier à ce déficit et augmenter la productivité des terres agricoles. L’agriculture est le secteur le plus consommateur d’eau au monde. En Afrique, 83% de l’eau consommée l’est dans l’agriculture. Le développement du rendement des terres, dû en grande partie à l’amélioration des systèmes d’irrigation et des semences, a permis de réduire la surface moyenne cultivée nécessaire pour nourrir un individu de 0,45 hectare en 1960 à 0,22 en 2006 (FAO). Cependant, le niveau de productivité agricole évolue peu et l’expansion des terres cultivées ne suffira pas à contenir la croissance démographique. L’irrigation est ainsi un défi majeur pour l’Afrique. 

Commander l’irrigation à distance

L’étude des perspectives de développement liée à l’irrigation sur le continent africain permet de dégager un certain nombre de recommandations, pour les investisseurs et les usagers. La première : privilégier les aménagements d’irrigation à petite échelle. Ils sont moins exigeants en investissement pour la mise en oeuvre et l’entretien, plus rapide à mettre en place et moins dépendante des contraintes géographiques et géopolitiques imposée par des aménagements de grandes ampleurs. 

Il est également important de concevoir des projets impliquant toutes les parties prenantes : le secteur public (Etats et bailleurs de fonds), afin de réduire les risques et de participer au financement, les exploitants des terres concernées, afin d’assurer les rentrées d’argent et l’entretien des dispositifs, et des investisseurs privés (petits ou grands), afin de pérenniser les actifs. Le succès de ces projets devrait assurer le développement d’activités secondaires, notamment l’accès au crédit des petits exploitants qui pourront ainsi investir dans des équipements adaptés. 

LIRE AUSSI >> L’eau en Afrique : ’L’assainissement doit devenir une priorité’ 

L’apparition des nouvelles technologies est une tendance croissante. La ’télé-irrigation’, imaginée par le nigérien Abdou Maman Kané, illustre parfaitement les nouvelles perspectives offertes par les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) en Afrique. Sa solution permet aux horticulteurs de maîtriser à distance l’irrigation de leurs parcelles, le traitement de l’eau, l’abreuvement de leur bétail, tout en leur apportant des informations météorologiques et sur l’hygrométrie des sols. Les pompes hydrauliques permettant l’irrigation sont alimentées en énergie grâce à des panneaux solaires. 

Le retour sur investissement élevé des investissements dans le secteur de l’irrigation en Afrique permet d’être optimiste sur la capacité de l’Afrique à la développer, notamment sur les projets de petites tailles. 

Source : http://www.lexpress.fr/actualite/l-eau-un-puits-d-opportunites-en-afrique-episode-4-l-irrigation-un-defi-majeur-pour-l-agriculture-en-afrique_1810844.html

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2.
La faim à l’ère de l’abondance - Causes naturelles et anthropiques de la crise alimentaire en Méditerranée[*] Par Eugenia Ferragina[**] etDésirée A.L. Quagliarotti[***] - Revue Tiers Monde 2012/2 (n°210) Pages : 212 - Affiliation : Numéros antérieurs disponibles sur www.persee.fr ISBN : 9782200928063 DOI : 10.3917/rtm.210.0161 - Éditeur : Armand Colin

Résuméhttps://www.cairn.info/revue-tiers-...Cet article traite des causes naturelles et anthropiques de la crise alimentaire en Méditerranée, ainsi que de ses retombées sur le développement régional. Face à une agriculture européenne très moderne, les systèmes agraires du Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM) continuent à avoir une faiblesse structurelle en partie liée aux contraintes naturelles. Cette faiblesse est accrue par le changement climatique qui entraîne une baisse de la disponibilité en eau par habitant et pénalise l’agriculture.

Dans les PSEM, la crise alimentaire est liée à différents facteurs locaux tels que les dynamiques démographiques qui génèrent une forte demande en denrées alimentaires, les contraintes agro-climatiques qui limitent la production agricole et font dépendre la sécurité alimentaire des importations de produits alimentaires de base, et les modes de consommation qui connaissent une forte mutation.

Texte

La crise alimentaire en Méditerranée est devenue un problème prioritaire au cours des dernières années suite à la flambée des prix des denrées alimentaires qui sévit depuis 2006. Les premiers signes de cette crise étaient pourtant déjà visibles dans cette région en raison des différentes trajectoires de développement adoptées par le secteur agricole sur les deux rives du bassin. Après la seconde Guerre mondiale, l’agriculture du versant européen a subi une série de transformations liées, entre autres, à la Politique agricole commune (PAC) lesquelles ont permis aux pays européens de réaliser des excédents agricoles et d’accroître leurs exportations sur les marchés internationaux. En revanche, sur le versant africain et asiatique de la Méditerranée, les systèmes agraires conservent une faiblesse structurelle, en grande partie liée à des contraintes naturelles, telles que la rareté des précipitations et la nature des sols. La croissance démographique durant les dernières décennies a renforcé le déséquilibre entre la population et les ressources disponibles, amplifiant ainsi l’impact humain sur l’environnement : la baisse des rendements agricoles, à cause de la mise en culture de zones marginales, la perte de terres cultivables et l’épuisement des ressources en eau ont contribué à la diminution de la production agricole, ce qui a eu pour conséquence d’accroître la dépendance à l’égard du marché international. Parallèlement, les effets du réchauffement global ont accentué les aléas climatiques typiques des régions arides ou semi-arides qui, eux-mêmes, ont aggravé les crises alimentaires (2008).

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L’augmentation des prix des denrées alimentaires de base enregistrée ces dernières années sur les marchés internationaux a donc particulièrement touché les Pays des rives sud et est de la Méditerranée (PSEM), mettant ainsi en péril les équilibres économiques et politiques de cette région. On constate aujourd’hui la nécessité de réformer l’agriculture des PSEM à travers une plus grande coopération euro-méditerranéenne, afin que ce secteur devienne un moteur de développement, un élément de rééquilibrage territorial et d’intégration entre les deux rives du bassin [1][1] Les pays des rives sud et est de la Méditerranée seront....

LA CRISE ALIMENTAIRE EN MÉDITERRANÉE : ASPECTS ENVIRONNEMENTAUX ET DYNAMIQUES COMMERCIALES

3 Quand on analyse les causes de l’actuelle crise alimentaire mondiale et ses effets dans la zone méditerranéenne, on ne peut pas ignorer les changements climatiques, qui ont une influence déterminante, tant sur les ressources en eau que sur les rendements agricoles (Mombiela, 2010). La Méditerranée, tout comme le reste de la planète, a depuis toujours subi des changements climatiques de grande ampleur et le processus de hausse de la température atmosphérique a débuté il y a environ 20 000 ans. Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, on assiste à une accélération liée à la combustion générée par les systèmes de transport et par la production industrielle. Les processus de combustion ont entraîné une accumulation d’émissions de gaz à effet de serre dans la troposphère, empêchant la chaleur réfléchie par la surface de la terre de se dissiper dans l’atmosphère (Società Geografica Italiana, 2005, p. 29). La rapidité avec laquelle les conditions climatiques ont changé au siècle dernier et l’absence de stratégie pour faire face aux changements en cours, ont aggravé l’impact sur l’homme et sur l’environnement (Osservatorio permanente sul sistema agroalimentare dei paesi del Mediterraneo, 2009).

4 Au XXe siècle, la température de la Méditerranée a subi une hausse comprise entre 1,5 °C et 4 °C avec des pointes qui ont principalement concerné le Sud-Ouest de l’Europe (Péninsule ibérique et France méridionale) et l’Afrique du Nord à partir des années 1970. Cette hausse des températures a eu des effets divers sur le climat du bassin. Tandis qu’une partie des zones côtières et des territoires insulaires était exposée à un excès de précipitations entraînant de graves inondations et un déséquilibre hydrogéologique, le versant africain et asiatique et de larges zones du versant septentrional du bassin – depuis le Mezzogiorno italien jusqu’à une grande partie du littoral ibérique – enregistraient une baisse des précipitations et des phénomènes de sécheresse et de désertification. Ces différences entre les deux rives sont dues au changement climatique qui provoque des variations saisonnières dans les zones de haute et de basse pression, et modifie ainsi les trajectoires des cyclones importants. Il s’en est suivi une augmentation des précipitations dans certaines régions en raison de la présence d’une grande masse d’air humide alors que, dans d’autres régions, des périodes de haute pression, c’est-à-dire anticycloniques, conduisent à une baisse des pluies. L’analyse des données révèle une forte baisse des précipitations dans tous les pays du bassin (figure 1) entre la première moitié des années 1960 et la fin du siècle. - Figure 1

5 En ce qui concerne les prévisions relatives au changement climatique pour le siècle prochain, de nombreux éléments d’incertitude demeurent en raison de la difficulté à mesurer les interactions et les influences réciproques entre la surface terrestre et la biosphère bien que de nombreuses études – parmi lesquelles les études de l’International Panel on Climatic Change (IPCC) – semblent concorder sur certains points fondamentaux :

6 au cours des prochaines décennies la température en Méditerranée est destinée à augmenter de plus de 2 °C. Étant donné les conditions agro-climatiques et socio-économiques de la région, cette hausse y renforcera les effets du changement climatique plus que dans d’autres régions ;

  • l’augmentation de la température entraînera une baisse des précipitations dans le bassin méditerranéen ;
  • les zones les plus touchées par ces phénomènes seront les régions d’Afrique du Nord situées à la limite des déserts, les deltas des grands fleuves (Nil, Pô, Rhône), les zones littorales de la Méditerranée et les zones urbaines à forte densité de population sur les rives Sud et Est du bassin (Ferragina, Quagliarotti, 2006).
    7 Le changement climatique en cours affecte l’état des ressources naturelles et les activités économiques qui en dépendent. La diminution des précipitations et l’augmentation de l’évapotranspiration liée à la hausse de la température ont provoqué de 1988 à 1992, mais également de 2003 à 2007, une baisse des ressources en eau renouvelables par habitant dans tous les pays méditerranéen, excepté en Albanie (figure 2 et tableau 1). La réduction de la disponibilité en eau a particulièrement compromis l’agriculture dans les pays arabes méditerranéens, qui absorbe 70 % des ressources en eau. Cet important volume d’eau utilisé à des fins agricoles est en partie dicté par les contextes agro-climatiques de la région, mais avant tout par l’incapacité à rendre plus efficaces les systèmes d’irrigation et à agir sur la demande à travers une tarification de l’eau utilisée dans l’agriculture.

8 Dans les pays situés sur les versants africain et asiatique de la Méditerranée, on enregistre un taux élevé de superficies irriguées par rapport à la superficie totale cultivée, ils sont de 100 % en Égypte, 40 % en Israël, 32 % au Liban et 27 % en Jordanie, alors qu’ils sont beaucoup plus faibles en Afrique du Nord (tableau 1). L’importance de l’irrigation est liée aux transformations du secteur agricole au cours des dernières décennies. Dans de nombreux pays, la mise en œuvre de grands projets a entraîné la création d’exploitations agricoles de type capitaliste concentrées à l’intérieur des nouveaux périmètres irrigués et principalement tournées vers l’exportation. Le renforcement de l’agriculture intensive s’est accompagné d’une réduction des terres cultivées en sec à cause de l’absence de politiques de soutien de la part de l’État (Ferragina, Quagliarotti, 2008b).

9 En Afrique du Nord et au Moyen Orient, les niveaux élevés de consommation d’eau à usage agricole associés à une forte croissance démographique ont intensifié la pression humaine sur les ressources (Margat, 2009). En Europe méditerranéenne et dans les Balkans, l’indice d’exploitation des ressources en eau apparaît encore globalement modéré malgré quelques pointes plus élevées en Espagne (33 %), en Macédoine (25 %) et en Italie (22 %) [2][2] L’indice d’exploitation est le rapport entre les prélèvements.... En Espagne comme en Italie, les taux d’exploitation plus élevés s’accompagnent d’une forte allocation en eau au secteur agricole – respectivement 68 % et 45 % – et d’un plus grand pourcentage de superficies irriguées – 20,6 % pour l’Espagne et 25,8 % pour l’Italie. En revanche, on enregistre en Méditerranée méridionale et orientale des taux d’exploitation avoisinant, voire dépassant, les 100 % : 161 % sur le territoire palestinien de Gaza, 100 % en Jordanie, 95 % en Égypte, 95 % en Syrie, 80 % en Israël et 77 % en Libye (figure 3). - Figure 2

Tableau 1 - Ressources en eau renouvelables totales, eau utilisée pour l’agriculture et superficie irriguée

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World Resources Institute, World Resources 2008 ; *World Bank, 2008. - Figure 3

10 L’eau est le lien majeur entre réchauffement progressif de la planète et insécurité alimentaire [3][3] Le changement climatique a pour effet de réduire progressivement.... Concernant les rives sud et est de la Méditerranée, il est donc possible d’envisager une corrélation entre le niveau des précipitations, les ressources en eau et les rendements agricoles (Plan Bleu, 2009). Outre les aspects environnementaux, la crise alimentaire sur le versant africain et asiatique de la Méditerranée est également le résultat des échanges commerciaux qui se sont développés avec l’Europe pendant la période postcoloniale, donnant aux produits agricoles une place prépondérante dans les échanges entre les deux rives du bassin.

11 L’Europe s’est toujours intéressée aux marchés des rives sud et est du bassin tout en veillant à protéger les agriculteurs européens contre la concurrence de ces régions. La Politique agricole commune menée dans les années 1970 a créé un système de soutien des prix agricoles qui a permis à la production européenne de devenir extrêmement compétitive. Il s’en est suivi une hausse des exportations européennes de céréales, de viande et de produits laitiers vers les pays situés sur le versant africain et asiatique de la Méditerranée, ce qui a pénalisé les productions locales. En Turquie, en Égypte ou au Maroc, ce changement se traduit par une très faible augmentation de la superficie des terres destinées à la culture de céréales et, dans d’autres pays (Syrie, Tunisie, Algérie), on assiste même à une baisse des surfaces cultivées malgré le fort accroissement de la population dans ces régions.

12 La présence de céréales sur le marché international à des tarifs compétitifs par rapport à la production locale a favorisé une modification de la demande intérieure qui s’est de plus en plus tournée vers le blé au détriment d’autres cultures, mieux adaptées aux conditions agro-climatiques des zones arides et moins exigeantes en eau, comme le mil, l’avoine ou le sorgho. Il en a résulté une hausse des importations de céréales et une aggravation du déficit agroalimentaire qui a notamment touché les pays connaissant une forte croissance démographique, comme l’Égypte et l’Algérie.

13 Les politiques néo-libérales mises en œuvre à partir des années 1980 ont contribué au déclenchement de la crise alimentaire qui touche actuellement la Méditerranée. Dans les pays d’Afrique du Nord et du Moyen Orient, les mesures prises en faveur d’une libéralisation progressive des échanges commerciaux ont été adoptées dans le cadre des Plans d’ajustement structurel imposées par la Banque mondiale et par le Fonds monétaire international suite à l’explosion de la crise de la dette. Au cours de la seconde moitié des années 1990, une impulsion supplémentaire a été donnée à la libéralisation des échanges avec le lancement à Barcelone d’une politique de partenariat visant la création en 2010 d’une zone de libre-échange en Méditerranée.

14 Les stratégies de développement proposées aux Pays partenaires méditerranéens en matière agricole consistaient à libéraliser les échanges et à accroître la production destinée à l’exportation. Ces politiques ont encouragé une agriculture de type intensif et privilégié les grandes exploitations capitalistes au détriment des petites et moyennes exploitations consacrées à répondre à la demande intérieure [4][4] Ces politiques ont eu de graves conséquences environnementales....

La libéralisation des échanges a surtout avantagé les exportations agricoles des pays industrialisés et, dans une moindre mesure, celles des pays des rives sud et est du bassin (Gallina, 2005). C’est pourquoi, dans certains pays du versant africain et asiatique de la Méditerranée, la capacité des populations à subvenir à leurs propres besoins alimentaires a été fortement compromise par l’augmentation des prix mondiaux des céréales.

LES CONSÉQUENCES SOCIO-ÉCONOMIQUES DE LA CRISE ALIMENTAIRE DANS LES PSEM

15 Le lien existant entre les prix et la sécurité alimentaire dans les pays de la rive africaine et asiatique de la Méditerranée est très complexe car, dans cette région, l’augmentation des prix n’est pas la seule cause de l’insécurité alimentaire. La crise alimentaire est le résultat de différents facteurs locaux tels que les dynamiques démographiques qui génèrent une forte demande de denrées alimentaires, les contraintes agro-climatiques qui limitent la production agricole et font dépendre la sécurité alimentaire des importations de produits alimentaires de base, les dépenses en denrées alimentaires qui pèsent plus lourdement sur les bas revenus, les modes de consommation qui connaissent une forte mutation, les choix économiques des gouvernements qui s’inspirent plus du principe d’efficacité économique que du principe d’équité sociale. Face à une croissance démographique encore forte, la production céréalière s’est maintenue en dessous de la moyenne mondiale, ce qui a eu pour effet de créer un écart grandissant entre l’offre et la demande (figures 4).

16 La crise alimentaire a redonné à l’agriculture son rôle stratégique tant sur le plan économique que politique au sein de la région, rôle qu’elle n’a par ailleurs jamais totalement perdu. En effet, l’agriculture représente un poids important dans la structure productive de nombreux pays arabes, à la fois en termes de contribution au PIB et d’emploi, notamment en Syrie (18 % et 26 %), en Égypte (14 % et 31 %) et au Maroc (16 % et 33 %). Le rôle de l’agriculture est également fondamental comme frein à l’exode rural et à l’urbanisation mais aussi comme instrument de rééquilibrage territorial (CIHEAM, 2009). Environ un tiers de la population du bassin vit encore en zone rurale et si cette population rurale reste stable en Afrique du Nord, elle continue de croître au Moyen Orient (Ferragina, Quagliarotti, 2009).

17 La production agricole représente une part importante des échanges commerciaux euro-méditerranéens. La libéralisation du commerce à laquelle l’Europe a donné l’impulsion avec la Politique de partenariat a conduit à un système d’échange assymétrique entre les deux rives du bassin. En choisissant une ouverture progressive de son propre marché aux produits agricoles provenant des PSEM, l’Europe a maintenu un système de quotas et de calendriers d’exportation qui ont protégé les secteurs de l’agriculture européenne les plus sensibles à la concurrence des pays partenaires. En revanche, suite à la réduction des barrières tariffaires, les PSEM ont vu augmenter leur dépendance vis-à-vis des importations européennes de produits céréaliers, laitiers et d’élevage. L’Europe fournit une part considérable des importations agroalimentaires des pays des rives sud et est du bassin, même si les importations en provenance des États-Unis, du Canada, de la Chine et du Brésil se sont accrues ces dernières années. - Figure 4

18 Ainsi, depuis les années 1960, on assiste à une dégradation de la balance agroalimentaire des pays du versant africain et asiatique de la Méditerranée, surtout en ce qui concerne les céréales. Une série chronologique relative à la balance agricole laisse apparaître un passage d’un léger excédent, en 1962 et 1970, à un fort déficit en 1980, lequel a continué à s’accentuer au cours de la période suivante (figure 5).

19 Depuis les années 1980, les pays d’Afrique du Nord voient leurs importations de céréales considérablement augmenter. Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie absorbent à eux seuls 8 % des importations mondiales de céréales bien qu’ils ne représentent que 1 % de la population mondiale. Les pays arabes de la Méditerranée sont les plus gros importateurs nets de céréales au niveau mondial (figure 6).

20 La hausse du prix des matières premières agricoles a conduit à une hausse de l’inflation, amplifiant dans le même temps les conflits sociaux et provoquant des déstabilisations politiques, comme l’ont confirmé les récents événements politiques en Tunisie et en Égypte. - Figure 5 - - Figure 6

21 Un autre aspect fondamental de la crise alimentaire est le changement des habitudes alimentaires et des modes de vie de la population mondiale. Ces dernières années, les pays dont le poids démographique est énorme, comme la Chine et l’Inde, ont modifié leur régime alimentaire traditionnel basé principalement sur les protéines végétales en s’orientant vers un modèle occidental dans lequel les protéines animales occupent une place prépondérante. La production d’aliments d’origine animale requiert une étendue de terres cultivables 10 fois supérieure à la superficie destinée à la production d’aliments d’origine végétale [5][5] 38 % de la production céréalière et 90 % de la production....

22 Un processus de changement des habitudes alimentaires est également en cours dans les pays du versant africain et asiatique de la Méditerranée où on assiste depuis quelques années à une baisse de la vente au détail d’aliments frais traditionnels et à une augmentation du chiffre d’affaires des grands centres commerciaux – souvent étrangers – qui vendent les produits de l’industrie agroalimentaire. Dans les centres urbains, non seulement de nouveaux modes de distribution s’affirment de plus en plus, mais ils s’accompagnent aussi de nouveaux modes de consommation.

23 D’un point de vue macroéconomique, la hausse des prix des produits alimentaires de base (céréales, maïs et riz) intervenue entre 2007 et 2008 a engendré une inflation dans les PSEM, comme en témoigne une augmentation des prix à la consommation des denrées alimentaires bien supérieure à celle d’autres types de produits. - Figure 7

24 Les révoltes du pain dans certains pays arabes et le risque de déstabilisation politique que cela représentait ont entraîné une augmentation du montant des subventions alimentaires de la part de l’État. Cette augmentation grève le budget de l’État et réduit ses moyens d’intervention dans d’autres domaines fondamentaux, tels que la santé et l’éducation.

25 En ce qui concerne l’impact de la hausse des prix agricoles sur les conditions de vie de la population, il est évident que les pays les plus touchés par la crise alimentaire sont les pays les plus pauvres. L’Égypte, l’Algérie et le Maroc, dont les pourcentages de la population vivant avec moins de deux dollars par jour sont les plus élevés, sont également les pays qui présentent les pourcentages les plus élevés de population sous-alimentée [6][6] Autour de 25 millions de personnes vivant dans les....

Si l’on compare la période 1990-1992 avec la période 2002-2004, on remarque que la proportion de population souffrant de sous-alimentation s’est accrue dans tous les pays considérés, exceptés en Syrie et au Koweït (figure 8).

26 Les statistiques nationales ne permettent pas d’identifier des groupes sociaux plus particulièrement exposés à la faim. D’après le Programme alimentaire mondial (PAM), la sous-alimentation touche surtout la population vivant en zone rurale, notamment les employés agricoles ou les propriétaires de petites parcelles qui ne peuvent pas subvenir aux besoins alimentaires de leur foyer. Il existe une corrélation évidente entre sous-nutrition et niveau d’instruction. La proportion la plus importante de familles ne pouvant pas subvenir à leurs besoins alimentaires est majoritairement composée d’analphabètes ou de personnes dont le niveau d’instruction est extrêmement bas (Arab Human Development Report, 2009). - Figure 8

27 La forte exposition de la population pauvre à la crise alimentaire est liée au fait que plus le revenu est faible plus la part de budget consacrée à l’achat de denrées alimentaires est importante. Dans les pays arabes, entre 35 % et 65 % du revenu familial est consacré à l’alimentation. C’est pourquoi la hausse des prix des denrées alimentaires de base touche surtout la couche de la population la plus démunie et aggrave les niveaux de pauvreté et de malnutrition (World Bank, 2009).

28 Un quart de la population des pays arabes est pauvre, 76 % de celle-ci étant en zone rurale (tableau 2). La hausse des prix des produits agricoles touche plus durement les populations pauvres vivant en zone urbaine, car en zone rurale les taux d’autoconsommation de produits agricoles [7][7] En zone rurale, les familles pauvres sont souvent des... sont plus élevés. En théorie, la hausse des prix des produits agricoles devrait contribuer à améliorer les conditions de vie des agriculteurs, mais les bienfaits sont inégalement distribués au sein du monde rural. Ce sont surtout les grandes exploitations qui en tirent avantage en produisant à la fois pour le marché intérieur et pour le marché international. La hausse des prix n’avantage pas les propriétaires de petites parcelles qui ne réussissent parfois pas à subvenir à leurs propres besoins en nourriture et sont partiellement dépendants du marché, tandis que les employés agricoles sont consommateurs nets de denrées alimentaires.

Tableau 2 - Pauvreté en zones urbaines et rurales

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World Bank, 2009.

29 Compte tenu du développement humain global, la hausse des prix agricoles a incontestablement une incidence sur les niveaux nutritionnels, sur la composition des consommations, sur les niveaux d’instruction et sur la santé des familles. En effet, l’augmentation des prix des denrées alimentaires peut entraîner une modification du régime alimentaire en faveur d’aliments moins coûteux, moins nutritifs et moins variés, mais peut aussi conduire à réduire les dépenses familiales pour la santé et pour l’éducation des enfants, ce qui peut avoir à long terme des conséquences négatives sur le capital humain, qui représente une des ressources fondamentales pour le développement.

30 L’incidence des consommations alimentaires sur le budget familial nous amène à tirer des conclusions à propos des conséquences dramatiques de la crise alimentaire sur le développement économique des pays méditerranéens. Les dynamiques salariales sont fortement influencées par la situation des prix des denrées alimentaires de base. En effet, l’augmentation des prix des produits de première nécessité se traduit par une hausse des salaires et aboutit par conséquent à une réduction de la compétitivité en matière de production manufacturière des PSEM sur les marchés internationaux, précisément au moment où cette compétitivité est exposée à la concurrence croissante des pays émergents d’Asie du Sud-Est.

31 À long terme, l’augmentation des prix des produits agricoles peut représenter une opportunité pour l’agriculture méditerranéenne dans la mesure où elle peut contribuer à sa relance et jouer un rôle clé dans la réduction de la pauvreté et dans la défense de l’environnement. Tout cela nécessite cependant une série d’interventions structurelles dans le secteur agricole pour renforcer le pouvoir économique et décisionnel des petits propriétaires terriens. Ces interventions pourraient aller de l’amélioration des systèmes d’irrigation à la distribution de fertilisants et de pesticides aux agriculteurs à des tarifs subventionnés, en passant par le renforcement du système de crédit pour aboutir à la création de structures efficaces en matière de stockage, de conservation et de conditionnement des produits agricoles.

CRISE ALIMENTAIRE ET RÉVOLTE DU PAIN EN ÉGYPTE

Avec 78 millions d’habitants et un taux de croissance annuel de la population de 1,75 %, la population pourrait doubler d’ici à 2050. Parmi les pays arabes méditerranéens, l’Égypte est le plus touché par la crise alimentaire mondiale. Cela explique le déblocage en 2008 de 90 millions de dollars en faveur d’un programme de planification familiale. Ces dernières années, l’Égypte est devenue l’un des plus gros importateurs de céréales au monde. En 2005, il a par exemple acheté 9 millions de tonnes de céréales. En 2007, la hausse de 130 % des prix moyens des céréales au niveau mondial a représenté un énorme engagement financier pour l’État et a fait exploser les prix des denrées alimentaires.

En mai 2008, l’inflation officielle enregistrée dans le pays a atteint un taux de 16 % alors que l’inflation réelle se situait entre 20 et 30 %, touchant non seulement les 20 % de la population égyptienne vivant sous le seuil de pauvreté, mais également les classes moyennes dont le niveau de bien-être relatif acquis au cours des années précédentes a diminué. La responsabilité de ce processus de paupérisation de larges couches de la population a été en partie imputée à la politique lancée par le fils du Président, Gamal Mubarak, qui avait misé sur la privatisation et le néolibéralisme, lesquels ont permis d’attirer des investissements directs étrangers, mais ont creusé les écarts sociaux et aggravé la pauvreté. En l’espace d’une année, entre 2007 et 2008, l’augmentation des prix de certains produits de base a battu des records : pain +45 %, viande +17 %, produits laitiers +16,3 %, fruits +20,4 %. Au cours de la même période, l’inflation s’est accrue et, les salaires n’ayant pas suivi la hausse du coût de la vie, cela a entraîné une forte chute du pouvoir d’achat de la population. Pour tenter de limiter les conséquences sociales et économiques de la crise, le gouvernement avait décidé de contrôler le prix du pain en distribuant aux couches les plus pauvres de la population des bons permettant d’accéder aux boulangeries subventionnées où le prix du pain était moins cher que le pain normal. Ces interventions avaient cependant favorisé le marché noir, car les boulangers avaient tendance à s’accaparer la farine subventionnée moins chère pour la revendre ensuite sur le marché libre. Les mesures prises par le gouvernement pour lutter contre la crise alimentaire avaient consisté à accroître la production intérieure de 15 % et à augmenter les aides de l’État pour contrôler le prix de la farine. Malgré ces mesures, le climat était resté tendu. Des affrontements éclataient entre les forces de l’ordre et les manifestants protestant contre la hausse du prix des denrées alimentaires et, dans les files d’attente qui se formaient devant les points de vente de pain à prix subventionné, des bagarres se déclenchaient et faisaient de nombreuses victimes. Une énième augmentation des prix en Égypte est l’un des facteurs qui ont contribué à l’explosion de la révolte en janvier 2011.

POUR UNE AGRICULTURE COMPÉTITIVE ET DURABLE : L’ÉVOLUTION DE LA PAC

32 L’agriculture représente encore une activité fondamentale pour les équilibres socio-économiques des pays méditerranéens car c’est un secteur en mesure de garantir de gros volumes d’exportations, de contribuer à l’absorption de la main-d’œuvre dans les PSEM et, plus généralement, d’assurer une fonction essentielle dans la protection du territoire face aux changements climatiques et à leurs conséquences sur les ressources naturelles et l’environnement.

33 Aujourd’hui, l’agriculture méditerranéenne se trouve face à un défi tant sur le plan intérieur que sur le plan international : assurer la sécurité alimentaire et la protection de la santé des consommateurs, deux objectifs qui concernent aussi bien les aspects quantitatifs que les aspects qualitatifs de la production. Les instruments institutionnels et les politiques permettant d’atteindre ces objectifs ne sont pas les mêmes sur les deux rives de la Méditerranée, car les contextes socio-économiques de référence (tableau 3) et le rôle joué par l’agriculture sont différents d’un pays à l’autre.

34 En Europe, l’agriculture a été le secteur économique intérieur autour duquel s’est construit le processus d’intégration européen. Le traité de 1957 qui a institué le Marché commun établissait les objectifs que la politique agricole européenne devait atteindre pour lutter contre certains points de faiblesse structurelle du secteur, tels que la rigidité de l’offre et de la demande, la dépendance aux facteurs climatiques, la détérioration de la production, des éléments qui s’apparentent à une politique protectionniste (Segré, 2008, p. 144). La priorité des nations européennes était de combattre la pénurie alimentaire de l’après-guerre, qui constituait un frein à la reprise économique. Les six pays fondateurs du Marché commun cherchaient à garantir la continuité et la stabilité de l’approvisionnement agroalimentaire et à mettre l’Europe à l’abri des conséquences d’un éventuel conflit Est-Ouest qui aurait fait courir le risque de réduire la disponibilité des produits agricoles sur les marchés internationaux. La Politique agricole commune résultait d’un accord entre l’Allemagne, pays vaincu exposé à une pénurie alimentaire, et la France, grande puissance agricole méditerranéenne cherchant à exporter ses surplus de production agricole sur les marchés des États membres.

Tableau 3 - Caractéristiques socio-économiques des pays méditerranéens, 2008

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World Bank, 2008 ; *World Resources Institute, world Resources 2008.

35 La PAC a mis l’accent sur l’accroissement de la productivité agricole à travers un système de soutien des prix et d’aides aux exportations. Au cours des dernières décennies, l’Europe a ainsi réalisé d’importants excédents, dont une partie était écoulée sur les marchés internationaux et l’autre partie détruite pour éviter une baisse des prix. L’assurance d’un prix rémunérateur pour les agriculteurs favorise le développement d’une agriculture intensive, mais peu respectueuse de l’environnement et des rythmes naturels de régénération des sols. L’augmentation de la productivité est liée à l’utilisation croissante de fertilisants et de pesticides qui contaminent les nappes phréatiques et entraînent une concentration de substances polluantes dans les sols.

36 Une réforme de la PAC a eu lieu en 1992 pour essayer de contenir les dépenses liées aux mesures de soutien à l’agriculture, qui représentaient 75 % du budget communautaire et risquaient de compromettre le succès d’autres politiques européennes [8][8] Dans les années 1970, la PAC représentait plus de 70 %.... La réforme Mac Sharry visait à réduire les dépenses dérivant des aides au moyen d’un système de quotas de production garantissant des prix rémunérateurs et favorisant du même coup une concentration des superficies cultivées et une diminution des surplus de production. La baisse des prix garantis en agriculture s’est accompagnée de mécanismes de soutien direct au revenu (paiements compensateurs) qui n’étaient plus subordonnés à la production mais proportionnels à la superficie cultivable et associés à la mise en jachère d’un certain pourcentage des terres (set aside). Un élément qui marquera par la suite les différentes phases d’évolution de la PAC apparaît pour la première fois : la nécessité de protéger l’environnement, de diversifier l’activité agricole et de lutter contre l’exode rural.

37 L’année 1997 marque un nouveau tournant pour la politique agricole avec l’Agenda 2000, document rendu public par la Commission et contenant une analyse des politiques communautaires, parmi lesquelles la politique agricole. Le but était d’ouvrir davantage le secteur agricole européen à la concurrence internationale et d’en valoriser le caractère multifonctionnel, à savoir la capacité de l’agriculture à assurer des fonctions sociales et environnementales, comme la valorisation du paysage et des traditions rurales, la préservation de la qualité de la production agricole et la protection du territoire contre le risque de catastrophe naturelle. L’Agenda 2000 apporte quelques vraies nouveautés dans la politique agricole, comme l’institutionnalisation d’une politique de développement rural et le remplacement du concept de quantité par celui de qualité, qui introduit des mesures plus strictes pour assurer le respect des normes hygiénico-sanitaires et des règles nutritionnelles.

38 En 2002, M. Fischler, commissaire européen chargé de l’agriculture, présente un projet Pour une agriculture durable qui met l’accent sur la modernisation du secteur et propose des conditions permettant aux agriculteurs de mieux réagir aux signaux du marché. Ce document est le résultat d’un changement en cours tant au niveau européen qu’international. En effet, d’une part, il y a l’élargissement à l’Est qui soulève des problèmes d’intégration avec des pays dont les structures productives et les contextes institutionnels sont différents de ceux des États européens et d’autre part, on compte sur une ouverture des marchés suite aux décisions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les nouvelles mesures sont prises en vue d’une libéralisation croissante des échanges qui impose une suppression de toutes les aides qui altèrent la concurrence internationale [9][9] Au cours du cycle de négociations de Doha pour la libéralisation....

L’aspect le plus novateur de la réforme de Fischler est la notion de découplage des aides, c’est-à-dire qu’elles deviennent indépendantes d’une culture spécifique, et le transfert des aides à la production vers les producteurs pour qu’ils aient les moyens de répondre aux signaux du marché en l’absence de contraintes extérieures. Un paiement unique par exploitation est alors introduit, la mise en jachère obligatoire de 10 % des terres cultivables est abandonnée et les quotas de lait sont progressivement réduits, jusqu’à leur disparition complète prévue en 2015 dans le but de réduire l’incidence des dépenses destinées à l’agriculture sur le budget communautaire. Selon le principe de découplage, les aides ne sont plus liées à un choix de production mais soumises à une conditionnalité, c’est-à-dire au respect de critères agronomiques et environnementaux tels que la lutte contre l’érosion, le maintien de la structure et de la fertilité des sols, la protection des cours d’eau.

39 Une nouvelle réforme de la PAC faisant partie intégrante du projet de budget de l’UE à partir de 2014 est en cours de négociation. Les principaux points de cette nouvelle réforme sont la disparition progressive du paiement unique par exploitation et l’introduction d’aides spécifiques pour la fourniture de biens publics environnementaux (lutte contre le changement climatique, préservation de la biodiversité, gestion des ressources en eau, respect du bien-être animal) mais aussi sociaux (protection des consommateurs, critères qualitatifs plus exigeants en matière de denrées agroalimentaires, sécurité alimentaire). Un autre critère fondamental est le renforcement du principe de conditionnalité qui prévoit la réduction, voire la disparition complète des aides versées aux agriculteurs s’ils ne respectent pas les normes relatives à la protection de l’environnement et des consommateurs.

40 Les mesures prises récemment montrent de façon évidente qu’il n’est plus possible de soutenir l’agriculture européenne à coup de subventions et que celle-ci doit s’adapter à un marché agricole mondial en constante évolution. Les stratégies et les politiques agricoles doivent être repensées en fonction d’objectifs fondamentaux : la lutte contre le changement climatique, la préservation des ressources naturelles dans une perspective d’équité intergénérationnelle et la transparence tout au long de la filière agroalimentaire afin de protéger la santé des consommateurs et d’opérer une distribution plus équitable des profits entre les producteurs, l’industrie et la grande distribution [10][10] Au cours de ces dernières années, les producteurs ont....

41 De nombreuses interrogations subsistent sur l’avenir de l’agriculture européenne et notamment celle liée au processus d’intégration des PSEM. En soutenant les prix et en accordant des subventions aux exportations, la PAC a pratiqué une sorte de dumping agricole vis-à-vis de ces pays. Durant les quinze à vingt dernières années, l’UE a exporté des céréales, du lait, des produits laitiers, du sucre et de la viande bovine à des prix largement inférieurs aux coûts de production, ce qui a eu pour conséquence de réduire les débouchés sur le marché intérieur pour les producteurs locaux et d’accroître la dépendance vis-à-vis des importations. Actuellement, face aux problèmes de déséquilibre du budget agroalimentaire, de sous-nutrition et de malnutrition qui affectent de nombreux pays du versant africain et asiatique de la Méditerranée, l’Europe est tenue d’apporter des réponses et de faire en sorte d’offrir davantage de débouchés aux PSEM. Cette politique sera compatible avec la sauvegarde de l’agriculture européenne uniquement si la PAC s’emploie à requalifier et à diversifier l’activité agricole européenne, ce qui aurait pour effet de libérer des parts de marché aux productions agricoles des pays des rives sud et est du bassin.

CONCLUSIONS

42 Cette brève analyse laisse apparaître qu’en Méditerranée, les facteurs climatiques – dont la variation s’accentue sous l’effet du réchauffement climatique global – se conjuguent avec une forte pression humaine sur les ressources, ce qui engendre des processus de dégradation environnementale. Avec le temps, non seulement ces processus finissent par altérer la capacité de charge du territoire et par compromettre les bases nécessaires à la survie des populations marginales mais ils entraînent aussi des flux migratoires internes et internationaux. Aujourd’hui, le phénomène des réfugiés environnementaux commence enfin à être reconnu comme un des facteurs qui seront à l’origine de mouvements migratoires de la rive sud vers la rive nord du bassin au cours des prochaines années.

43 De nombreuses études concordent sur le fait que les PSEM sont davantage exposés à l’augmentation de la température de la planète à cause de la vulnérabilité de leur écosystème – en grande partie situé dans les zones arides et semi-arides – et de l’absence de systèmes avancés de surveillance et d’intervention en cas d’événements météorologiques extrêmes. Le changement climatique accentuera fatalement les facteurs d’incertitude pesant sur les processus de développement socio-économique et entraînera par conséquent des dépenses supplémentaires pour les pays riverains, ce qui risque d’accroître les décalages économiques entre le versant européen et le versant africain et asiatique de la Méditerranée.

44 En outre, les incertitudes liées aux impacts du réchauffement global de la planète ont des conséquences sur le système agroalimentaire régional. Les événements climatiques extrêmes, la désertification, la perte de terres agricoles et de zones forestières auront une influence de plus en plus grande sur la disponibilité des denrées alimentaires au niveau global et on assistera à une hausse des prix qui provoquera des tensions au sein du marché (World Water Forum, 2009). Dans un tel contexte, il semble difficile de confier au libre jeu de la concurrence la fonction de régulation d’un besoin aussi fondamental que le besoin alimentaire, susceptible d’influer sur les équilibres économiques et politiques régionaux.

45 Malgré le projet de création d’une zone de libre-échange, la politique de partenariat établie à Barcelone a connu son plus grand échec avec les produits agricoles en raison de son caractère protectionniste. La création d’un système agroalimentaire régional est donc indispensable pour faire avancer le processus d’intégration euro-méditerranéen. La concurrence entre les deux rives du bassin devrait être réduite moyennant :

46 La différenciation de l’offre agroalimentaire entre le versant européen et le versant africain et asiatique de la Méditerranée, en laissant à l’Europe les productions à valeur ajoutée plus élevée et en créant une concurrence non plus fondée sur les prix mais sur la qualité ;

  • la création de nouvelles formes de coordination verticale entre les acteurs du secteur en confiant à l’agriculture des PSEM le rôle de fournisseur de matières premières et de denrées alimentaires de base pour l’industrie ;
  • le développement de l’agriculture biologique sur la rive sud, s’appuyant sur le savoir-faire des pays européens (certification biologique, réseau de distribution, recherche de nouveaux débouchés) (Ferragina, Quagliarotti, 2010).
    47 La compétition sur les marchés intérieurs et internationaux ne se gagne pas avec des aides à l’exportation et du dumping agricole, mais en optimisant la production et en encourageant la remontée de filière agroalimentaire des PSEM à travers une valorisation des compétences et de la complémentarité.

BIBLIOGRAPHIE à lire à la source Plan de l’articleCiter cet articleSommaire du numéro

CAIRN.INFO : Chercher, repérer, avancer.

Source : https://www.cairn.info/revue-tiers-monde-2012-2-page-161.htm#anchor_abstract

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3.
La rareté de l’eau est le grand défi en Tunisie – Par Mohamed Larbi Bouguerra - 09.10.2016 – Document ‘leaders.com’.

Photo - La Tunisie compte aujourd’hui 35 barrages (irrigation, eau potable, électricité, aquaculture…) et les experts savent qu’ « en Tunisie, la ressource est très modeste, pour ne pas dire rare, très fragile et très convoitée ». En 2014, la Banque mondiale pointait « la rareté de l’eau » comme le « défi au développement » de la Tunisie, défi qui s’ajoute au changement climatique, à l’urbanisation et aux demandes en hausse des villes et de l’agriculture. Quid alors de nos barrages ? L’été, dans 25 à 40 ans, pourrait voir le débit des fleuves et des cours d’eau baisser de façon importante ! Les projections de l’Unesco mettent depuis longtemps notre pays sur la liste des pays qui feront face à de graves difficultés dès 2025… d’autant que le Maghreb est considéré comme une des régions du monde particulièrement affectée par le réchauffement climatique et la sécheresse. Il est donc difficile de comprendre comment on a pu se laisser surprendre par cet été torride 2016.

Photo - Il nous faut tirer les leçons de ces perturbations estivales (près de 700 coupures d’eau) qui ont donné lieu à des comportements inqualifiables comme à Fernana, en septembre 2016. Souvenons-nous : l’eau peut devenir très vite une grave question d’ordre public comme le prouvent les cas de l’Algérie et de l’Egypte. Certains médias ne parlent-ils pas à présent d’une « insurrection » de l’eau dans notre pays ?

En premier lieu, il faut poursuivre les auteurs des branchements et des captages illégaux car aucun barrage ne saurait suffire face à la gloutonnerie et à la cupidité des auteurs de telles actions attentatoires à ce bien commun qu’est l’eau. Ensuite, il faut faire la chasse aux pertes dans le réseau en améliorant la maintenance. Des villes comme Lausanne et Tokyo atteignent des pertes de 3% sur leur réseau. Il faut, bien évidemment, que les Tunisiens paient leur consommation à la Sonede même si un traitement particulier doit être fait pour les plus modestes en dépit du fait que la Constitution, dans son article 44, dit seulement : « Le droit à l’eau est garanti. »

Photo - Il faut enfin faire de la Sonede – et de l’Onas- « un grand service public national de l’eau » doté d’un conseil d’administration ouvert sur l’Université et la société civile, comme il faut aussi moderniser ses capacités techniques. La Sonede est un acquis de la Nation qui doit donner l’exemple de la rigueur et de la transparence dans la gestion d’autant que l’article 44 de la Loi fondamentale dispose : « La préservation de l’eau et son utilisation sont un devoir pour l’Etat et la société. » - Reste l’agriculture qui engloutit 80% de l’eau du pays. A côté de l’amélioration de l’irrigation et de la productivité agricole, il faut sérieusement évaluer « l’empreinte-eau » et les volumes d’eau nécessaires à la culture des tomates, des pastèques et des melons face à celle des olives, des dattes ou de l’arboriculture pour utiliser à bon escient l’eau de nos barrages. Prenons garde : la croissance du PIB tunisien est dépendante pour un tiers de la pluviométrie !

Leaders.com -Source : http://www.leaders.com.tn/article/20726-rarete-de-l-eau-le-grand-defi

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4.
Un nouveau projet pour combattre la désertification et la sécheresse au Maghreb. par Pressenza (son site) - lundi 1er août 2016 - Accueil du site > Actualités > EnvironnementArticle original sur Pressenza - Photo - Cagliari, Italie Redazione Italia

Projet Wadis-Mar, désertification et sécheresse peuvent être combattues en collectant et conservant les eaux des wadi dans les aquifères.

Voici les résultats de l’étude réalisée par l’équipe de recherche sur la désertification (NRD) de l’Université de Sassari et l’Espagne, l’Algérie et la Tunisie.

A l’occasion de la présentation finale des travaux, spécialistes et personnalités internationales ont présenté leurs recommandations aux institutions.

La recharge artificielle des aquifères est une solution pour la conservation de l’eau, dans les pays arides et à risque de désertification, la rendant ainsi disponible pour l’agriculture et autres utilisations. La technique a été développée grâce à Wadis-Mar (Collecte de l’eau et techniques agricoles en terres sèches : un modèle intégré et durable dans les régions du Maghreb), un projet qui, durant les dernières quatre années et demie a vu travailler ensemble l’équipe de recherche sur la désertification (NRD, chef de file) de l’Université de Sassari (dans la région de la Sardaigne en Italie), l’université de Barcelone (UB), l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS) Tunisie, l’Institut des Régions Arides (IRA) de Medenine en Tunisie et l’Agence Nationale des Ressources Hydrauliques (ANRH) d’Alger.

Financé par l’Union européenne, Wadis-Mar a été réalisé avec l’objectif d’arriver à un modèle intégré, durable et participatif de la collecte de l’eau et sa gestion dans l’agriculture dans les deux régions maghrébines de l’Oued Biskra en Algérie, et Oum Zessar en Tunisie, caractérisées par la rareté des ressources en eau, la surexploitation des eaux souterraines et une grande vulnérabilité aux risques liés aux changements climatiques.

Le projet est né d’une intuition de Giuseppe Enne, président du Comité scientifique du NRD : Soustraire au désert et à l’évaporation des millions de mètres cubes d’eau de pluie qui, chaque année et au cours de deux ou trois semaines alimentent d’une manière tumultueuse, violente et soudaine les oueds, cours d’eau périodiques et éphémères, typiques des zones arides.

Comment cela peut être possible ? Une solution a été proposée par Giorgio Ghiglieri, professeur d’hydrogéologie de l’Université de Cagliari et coordinateur du projet, qui a proposé la recharge artificielle des aquifères, réservoirs naturels d’eau. Dans les deux zones où le projet a été réalisé, Wadis-Mar, tenant compte de l’expérience acquise par la tradition locale et après avoir étudié la composition hydrogéologique du territoire, il a été étudié la possible utilisation de l’eau souterraine pour différents usages, non seulement pour l’irrigation, mais aussi par exemple, pour l’utilisation humaine. Grâce à un grand effort de recherche pluridisciplinaire (géologie, hydrogéologie, hydrochimie, agronomie, etc.) deux aquifères ont été identifiés pour réaliser les interventions de recharge artificielle. Ces interventions ont vu l’utilisation des systèmes MAR (Managed Aquifer Recharge), conçus pour capturer les eaux de surface de Wadi permettant son accumulation dans les aquifères, afin d’augmenter la disponibilité des ressources en eau souterraine et réduire ainsi l’évapotranspiration.

En plus, les investissements ont été faits pour la diffusion des données agro-météorologiques et des rapports météorologiques (l’agriculture ne peut pas les ignorer) et pour la formation du personnel. Ce n’est pas tout : on a mis au point des systèmes de culture pour l’irrigation ou l’utilisation appropriée des eaux salines, afin de rendre les terres productives, même dans les zones où le manque d’eau a une influence négative sur la croissance des cultures ligneuses et herbacées. Enfin, des investissements sont faits pour organiser 17 ateliers de formation pour 220 personnes, dont 50% étaient des femmes, dans le but de transférer les connaissances sur la gestion durable et intégrée des ressources en eau dans l’agriculture.

« Dans les zones arides, bien que peu d’eau existe, il faut apprendre à la gérer de manière appropriée », explique Giorgio Ghiglieri. Ce qui est nécessaire est un large éventail d’actions visant à changer non seulement les modalités de gestion, mais aussi les cultures qui utilisent cette précieuse ressource, qui est limitée. « Cela peut se faire en évitant les déperditions -continue Ghiglieri- enseignant à la population qu’en agriculture, on peut économiser de l’eau en utilisant des techniques étudiées pour cela ». En plus, et pour éviter les dangers de la sécheresse, il est important de se préparer avant, en évitant d’agir en cas d’urgence : « La prévention se fait à tous les niveaux, ajoute Ghiglieri, formant la population, les agriculteurs, les techniciens, et jusqu’aux décideurs politiques. Il y a un coût à tout cela, mais le prix à payer pour agir en cas de catastrophe serait beaucoup plus élevé ».

Présentation devant des personnalités internationales.

Récemment, les résultats de Wadis-Mar ont été présentés lors d’une conférence internationale organisée par l’NRD à Sassari : des personnalités scientifiques éminentes et des institutions internationales travaillant depuis des années sur la question de la désertification et la rareté de l’eau sont venues dans la ville du nord de la Sardaigne. Parmi eux, Andrew H. Manning de l’US Geological Survey, Rudy Rossetto de l’école Sant’Anna de Pise, Daniel Tsegai de l’UNCCD (Organisation des Nations Unies pour la lutte contre la désertification), Wail Benjelloun, président de l’UNIMED (Union des universités méditerranéennes), Wafa Essahli, président du réseau « Desertnet international », Grammenos Mastrojeni, conseiller italien auprès de l’UNCCD.

L’événement a été aussi l’occasion de voir des personnalités représentantes des organisations mondiales travaillant côte à côte avec des universitaires et des experts à l’élaboration des recommandations, adressées aux institutions et au monde de l’éducation. Parmi celles-ci : la nécessité d’améliorer la participation des parties prenantes, à commencer par les agriculteurs. L’importance de donner de la valeur à la recherche interdisciplinaire menée par des partenariats mixtes, composés de ce fait d’experts en différentes matières et de différentes origines géographiques. Reconnaître que la recherche scientifique est un support important pour les investissements orientés vers l’optimisation de la qualité et de la disponibilité de l’eau.

Plus d’un quart de la planète est en risque de désertification.

Le scénario de départ est illustré par Daniel Tsegai : « Les terres sèches couvrent 39,7% de la surface de la terre, où habite plus de 34% de la population de la planète ». Un problème auquel s’ajoute la dégradation des sols, ajoute Tsegai, et sur lesquelles, le changement climatique et l’action humaine influent beaucoup. Un exemple de ce qui se passe est le bassin méditerranéen où, explique Giovanni Barrocu, professeur de géologie appliquée à l’Université de Cagliari : « Les données récentes montrent l’existence d’un phénomène de surexploitation des aquifères côtiers, qui a pour conséquence la salinisation des eaux souterraines de la « région méditerranéenne, ce qui contribue à accélérer la désertification. » Comment assurer un avenir pour les générations à venir ? Parmi les solutions proposées il y a celle de Dirk Raes, professeur à l’Université de Lueven en Belgique. Mise au point par la FAO -Organisation pour l’alimentation et l’agriculture-, la solution consiste en un système, expérimenté avec succès en Éthiopie et en Bolivie, où l’on utilise un modèle mathématique qui tient compte des données du sol, des types de cultures et du climat. De cette manière il est possible d’évaluer à l’avance la productivité et l’eau utilisée par unité de sol. En pratique, cela, avec quelques astuces sur comment anticiper la date d’irrigation en certains moments du cycle des cultures, va permettre de doubler la récolte (et donc d’avoir plus de nourriture) en utilisant moins d’eau.

Wadis-Mar est un exemple de bonne pratique. « L’expérience de Wadis-Mar nous a appris qu’avoir des réserves d’eau est une condition nécessaire mais pas suffisante pour garantir la bonne utilisation de l’eau, dit Pier Paolo Roggero, directeur du centre NRD. La bonne gouvernance de l’eau est souvent entravée par des règles et des institutions inadéquates et des compétences peu claires ou qui se chevauchent entre les différents organismes et institutions qui doivent s’en occuper ».

Problématiques également exprimées par les participants à la conférence, où des recommandations aux institutions ont été présentées. Comme par exemple : l’éducation, la collaboration (et les connexions) entre les institutions et organisations, la multidisciplinarité de la recherche et de l’enseignement, la mise en valeur des expériences et du savoir‑faire héritage de la culture de la population, la participation des parties prenantes dans la recherche et dans la politique, le développement de réseaux d’agriculteurs à l’échelle du bassin, le développement de réseaux de recherche, un débat approfondi sur la valeur économique de l’eau encore avant de décider de son prix, une sensibilisation accrue à travers des actions locales et l’intervention des mass médias.

Wadis-Mar est l’un des cinq projets de démonstration du programme régional SWIM Sustainable Water Integrated Management) financé par l’Union européenne.

Pour plus d’informations : www.wadismar.eu ou https://en.uniss.it/nrd

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Un commentaire - Alren 1er août 2016 12:37 - Dans les régions arides, l’eau de surface s’évapore très vite surtout si le vent vient renforcer l’action du soleil. L’idée de stocker l’eau de pluie et les eux usées (?) sous la terre est en effet la seule bonne, très supérieure aux lacs artificiels, sauf si on recouvrait ceux-ci d’un opercule flottant isolant (je pense à une « mousse » ayant la solidité de la pierre ponce), blanc si possible.

Avec la silice du désert on pourrait fabriquer une ponce blanche comme ... les plumes blanches des oiseaux ou l’écume des vagues qui renverrait un maximum de rayonnement vers le ciel.

Pour la solution de l’enfouissement, le problème est que les pluies dans ces régions sont souvent violentes et brèves et qu’il faudrait que les pompes d’injection aient une grande puissance pour enfouir un maximum d’eau boueuse avant qu’elle ne s’évapore.

Et bien entendu seules les zones ayant un sol perméable sur une couche d’argile en profondeur seraient utilisables pour pouvoir ensuite pomper l’eau.

En bref, il faut prévoir de gros investissements, mais le jeu en vaut la chandelle, y compris sur le plan climatique : l’évaporation progressive de l’eau de pluie à travers les végétaux provoquant un refroidissement, un rafraîchissement de l’air bienvenu dans la journée qui atténuerait aussi les froidures nocturnes.

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5.
Egypte - La désertification dans tous ses états – Archive – Document IRD janvier 2007 - Photo © IRD

Au sens commun du terme et selon les dictionnaires, la désertification c’est la transformation d’une région en désert. Le mot évoque l’avancée du désert aussi bien que la désertion des campagnes, en fait pour les scientifiques et la communauté internationale il s’agit d’un phénomène de grande importance : « Le terme désertification désigne la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et sub-humides sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines. »

Cette dégradation des terres en zones sèches se manifeste par une détérioration de la couverture végétale, des sols et des ressources en eau, et aboutit à l’échelle humaine de temps, à une diminution ou à une destruction du potentiel biologique des terres ou de leur capacité à supporter les populations qui y vivent.

Site Web : La désertification dans tous ses états - Coordination générale : Catherine Fontaine - Conseiller scientifique : Antoine Cornet - Conception graphique : Pascal Steichen - IRD – gypte - Crédits - Mentions légales - Annuaire - Contactez-nous - Plan du site - RSS - www.ird.fr

Source : http://www.egypte.ird.fr/la-mediatheque/dossiers-suds-en-ligne/la-desertification-dans-tous-ses-etats-archive

Qu’est-ce que la désertification ? Les dossiers thématiques de l’IRD - Fichier PDF très complet à consulter sur le site : http://www.suds-en-ligne.ird.fr/desertif/desert.pdf

IRD : Institut de Recherche pour le Développement > Accueil

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6.
La désertification n’est pas une fatalité – Par Pierre Rognon – Document ‘Pour la Science’ - Dossier Pour la Science > N°54 - janvier - mars 2007 > Fondamental > Article

Des techniques et des perspectives d’aménagement permettent aux pays d’Afrique du Nord, menacés par la désertification, de préserver leurs sols et de développer leur agriculture. Sont-elles applicables ? Seront-elles appliquées ?

Les deux tiers des terres sèches cultivées dans le monde sont concernés par la désertification. La vie de 900 millions de personnes est menacée par la dégradation de leurs terres. Près de nous, les pays d’Afrique du Nord, de la Mauritanie à l’Égypte, sont déjà touchés.

Quelles techniques et quels aménagements ces pays peuvent-ils mettre en œuvre pour combattre ce fléau ? Trois types d’action sont possibles. D’abord, le renforcement de la résistance des sols cultivés à l’érosion et à l’ensablement pour maintenir le potentiel agricole. Ensuite, la restauration de sols stérilisés par la surexploitation ou par l’accumulation des sels pour augmenter ce potentiel. Enfin, la conquête de nouveaux sols, en plein champ ou en serre, et de nouvelles ressources en eau, pour étendre les surfaces cultivées et répondre à une demande alimentaire croissante.

Adapter les techniques

Dans les régions arides et semi-arides, la pénurie d’eau ralentit les processus de décomposition de la matière végétale nécessaire à la fertilisation des sols. Aussi la diffusion, sans études préalables, de techniques agricoles mécanisées, élaborées en milieux tempérés et humides, augmente les risques de dégradation.

Par exemple, le dry farming, mis au point pour la culture des céréales aux États-Unis, consiste à pulvériser la couche superficielle du sol pour détruire les pores par lesquels l’eau remonte par capillarité, puis à laisser le sol nu pendant toute la période précédant la culture, pour éviter que des plantes inutiles n’utilisent l’eau apportée par les pluies. Cette technique augmente la réserve en eau du sol, mais elle provoque une perte considérable de terre, entraînée par le vent, surtout lors des années de sécheresse : l’expérience tragique du dust bowl, dans les années 1930 dans les plaines de l’Oklahoma, en a témoigné.

En Tunisie, le dry farming a permis une extension de la culture de l’olivier dans les steppes : les arbres protègent mieux le sol que les céréales, et l’érosion paraît acceptable dans des régions assez arrosées, à la latitude de Sfax ou de Sousse. Plus au Sud toutefois, où il tombe moins de 150 millimètres de pluie par an, les olivettes sont envahies par de petites dunes après quelques années de culture seulement. Pour réduire cette érosion spectaculaire, il a fallu incorporer des débris végétaux dans le sol superficiel (voir la figure 1).

La mécanisation a aussi imposé l’épierrement systématique des champs. Toutefois, dans les régions sèches, la présence de cailloux à la surface du sol a souvent un rôle positif : elle favorise l’infiltration de l’eau et protège le sol contre l’impact direct des gouttes de pluie ou contre l’érosion éolienne. En réduisant le tassement du sol, les cailloux facilitent la pénétration des racines. Les sols caillouteux sont plus propices aux cultures arbustives qu’aux plantes annuelles, dont ils gênent la sortie de terre après la germination.

Les sols déplacés par le vent menacent d’ensablement les terres cultivées, mais ont aussi des effets mécaniques graves sur les parties fragiles des végétaux. Dans le désert, où la migration de sable est naturelle, on lutte traditionnellement contre l’ensablement des palmeraies en installant au sommet d’une dune en formation, en bordure de l’oasis, une palissade de palmes. Cette palissade, perméable au vent, arrête le sable. Dès qu’elle est ensablée, on la surmonte d’une autre : la dune s’élève progressivement jusqu’à un profil d’équilibre, entre 10 et 15 mètres de haut. Cette technique ne permet toutefois d’enrayer que les migrations modérées de sable.

L’ampleur du phénomène exige de nouveaux matériaux : dans les pays producteurs de plaques en fibrociment, on a utilisé ces plaques, percées de trous pour laisser passer l’air. Elles résistent mieux au vent, sont faciles à installer et sont parfois réutilisables. Elles coûtent toutefois plus cher que les palmes, et les tourbillons qui se créent à cause de leur rigidité projettent une partie du sable au-dessus de la barrière. Pour remédier à cet inconvénient, on utilise aujourd’hui des toiles de nylon, percées, elles aussi, de trous (la meilleure perméabilité se situe aux environs de 50 pour cent) et tendues par des piquets.

Fixer les dunes

Lorsque la masse de sable en mouvement est plus importante, on quadrille la dune de haies de branchages, de palmes ou de toile plastique, en bandes parallèles ou en carrés. Entre ces haies, on plante des arbustes qui assureront la relève de cette fixation purement mécanique. Cependant ces arbustes subissent une forte évaporation, l’impact du sable et souvent le broutage des animaux : leur croissance est lente, incompatible avec l’urgence de la fixation des dunes.

Dans certains cas, un pavage de blocs sur la surface de la dune est plus efficace, car le vent, en s’infiltrant entre les cailloux, arrache le sable qu’il avait déposé, et la dune dépérit. La fixation à long terme est assurée par une reconstitution de la végétation (voir la figure 2). Ce procédé, utilisé avec succès dans la région de Laayoune, au Maroc, est toutefois trop coûteux dans les régions où les roches ne sont pas...

NB : Il vous reste 80% à lire : L’accès au reste de cet article est protégé. – Trois solutions proposées à la source.- Pour la Science - 8, rue Férou 75278 Paris Cedex 06 - Site réalisé par Ecedi / Pour la Science. N° CPPAP : 91526 - Source : http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/article-la-desertification-n-est-pas-une-fatalite-20278.php

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7.
Désertification - L’Egypte plante le décor par Racha Hanafi - 03 janvier 2007 Al-Ahram - Hebdo

Désertification. Afin de promouvoir le rôle des banques phytogénétiques dans la lutte contre ce phénomène, le Centre égyptien de Recherches sur le Désert (CRD) a organisé un atelier pour les pays africains. Tour d’horizon d’un problème multiforme.

Dans le cadre des fêtes de fin d’année 2006, décrétée par le secrétaire général de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) Année internationale des déserts et de désertification , l’Egypte a organisé un atelier de formation pour les pays africains sur le rôle des banques phytogénétiques (banques conservant les ressources génétiques des plantes menacées d’extinction après la détérioration des terres agricoles) dans la lutte contre la désertification. Il s’agit d’un atelier tenu au sein de la Banque des déserts égyptiens pour les phytogénétiques, à Cheikh Zowayed, dans le gouvernorat d’Al-Arich, au Nord-Sinaï.

Il a été organisé du 27 novembre au 7 décembre derniers par le Centre de Recherches sur le Désert (CRD), en coopération avec le Centre international de la biodiversité (ancien International Plant Genetic Ressources Institute, IPGRI), le ministère de l’Agriculture et de la Bonification des terres et le ministère des Affaires étrangères. Cet atelier a réuni 20 participants représentant 13 pays africains, à savoir l’Angola, le Kenya, l’Ethiopie, le Sénégal, le Soudan, Burundi, l’Ouganda, la Tanzanie, le Mali, la Guinée, le Mozambique, le Niger et l’Egypte.

Ils ont assisté à une formation théorique et expérimentale portant sur les techniques de gestion de ce genre de banque et de réutilisation des ressources génétiques botaniques pour faire face à la désertification. Les banques phytogénétiques jouent un rôle principal dans notre lutte contre la désertification. Elles conservent et reproduisent les ressources génétiques des plantes poussant dans le désert et qui sont menacées d’extinction à cause de la désertification. Après conservation, ces ressources sont réutilisées pour cultiver les terres détériorées mais récemment réhabilitées. L’Egypte, en tant que membre acteur à la Convention des Nations-Unies pour la Lutte contre la Désertification (CLD), a voulu également développer la coopération entre les pays africains. Cet atelier constitue une coopération Sud-Sud pour faire face à ce phénomène dont l’Afrique souffre le plus ò, explique Ismaïl Abdel-Guélil, directeur du CRD et coordinateur national de la CLD. Et d’ajouter : La recommandation principale de cet atelier fait appel à l’Etat pour répondre aux exigences intrenationales en créant un fonds national destiné à lutter contre la désertification en Egypte dans la période post-2006. Ce fonds devrait recevoir 10 % du budget de l’Etat visant à exécuter le programme national pour cette lutte, soumis au secrétariat de la CLD fin 2005 . Ce programme n’a pas été exécuté jusqu’aujourd’hui pour des raisons financières notamment.

La vallée du Nil en danger

La désertification ne concerne pas seulement le désert. D’autres régions peuvent en souffrir, comme la vallée du Nil en Egypte. Cette région souffre de la surpopulation qui mène à la construction d’habitations sur les terres agricoles. Fait qui cause la détérioration de l’environnement et par la suite la désertification. å En dehors des anciennes cartes et des images satellitaires, il n’existe pas de données minutieuses selon lesquelles nous pourrions déterminer les terres agricoles perdues par l’Egypte depuis 1950. Mais selon les estimations officielles du ministère de l’Agriculture, il s’agit d’environ 750 000 à 1 million de feddans (0,42 hectare). L’Egypte continue de perdre entre 15 et 30 000 feddans par an. Ces chiffres effrayants sont enregistrés malgré la loi sur l’interdiction totale de toute construction sur une terre agricole promulguée il y a 25 ans, mais qu’on néglige complètement ò, déplore Ismaïl Al-Bagouri, membre du groupe d’experts internationaux au sein du comité de science et de technologie relevant de la CLD. En fait, ces chiffres sont modestes par rapport à ce que les études du CRD montrent. Malgré la présence du Nil, grâce auquel les sols qui suivent son cours sont les plus fertilisés, l’Egypte perd environ 30 feddans par jour à cause de la construction de maisons sur les terres agricoles, insiste Abdel-Guélil. Il dénonce cette situation contradictoire de l’Etat qui autorise ou accepte la construction sur les terres agricoles, d’un côté, et dépense des milliards de L.E. pour urbaniser et développer le désert, de l’autre ! .

De plus, la mauvaise planification et le manque de sensibilisation en matière d’écosystème des zones arides représentent des obstacles importants à la réalisation des projets. Le problème essentiel est que tous les projets menés par l’Etat dans le désert sont réalisés à l’image de ceux de la vallée du Nil. Pourtant, les deux écosystèmes sont complètement différents. Et le résultat est bien sûr un grand échec, explique Samer Al-Moufti, vice-PDG de l’Association Amoureux des réserves naturelles.

L’Egypte n’est donc pas épargnée par le danger de la désertification. A l’ouest de la vallée du Nil, le sable, transporté par le vent, cause une diminution de productivité agricole qui varie entre 15 et 20 %, selon les estimations du ministère de l’Agriculture. Les mines antipersonnel aussi qui jalonnent le Désert occidental font partie des causes de la désertification puisqu’elles empêchent le développement dans les régions où elles se trouvent. Pire encore, il existe une relation proportionnelle entre la désertification et la corruption, selon le dernier rapport publié en 2005 par l’Organisation de transparence internationale, relevant de l’Onu. Sur la route Le Caire-Alexandrie, de nouveaux villages ont été construits. Les propriétaires ont acheté les terres sous prétexte de les cultiver mais en réalité, ils ont construit des villages touristiques qui utilisent l’eau des nappes phréatiques pour remplir les piscines et arroser les terrains de golf ! , déplore Abdel-Guélil.

Changement climatique

La corruption et la désertification mènent à la pauvreté. Celle-ci pousse les personnes à émigrer vers les pays du Nord. D’où l’inquiétude des pays industrialisés (notamment les pays de l’Union européenne). Ils ont consacré 50 millions de dollars supplémentaires pour renforcer les efforts de lutte contre la désertification et de sensibilisation à ses dangers.

La désertification désigne la dégradation des terres dans les zones arides (qui représentent 42 % de la surface de la terre et abritent 36 % de la population de la planète), semi-arides et subhumides sèches sous l’effet de divers facteurs, notamment les variations climatiques et les activités humaines. Cette détérioration, causée par les changements climatiques affectant les régions en question, est telle que la productivité agricole de ces terres diminue jusqu’à arriver à zéro. Il existe d’autres causes de la désertification, citons, à titre d’exemples, la sécheresse, le taux élevé de la salinité de l’eau et du sol, les tempêtes de sable ainsi que le mauvais drainage agricole. Les activités humaines menant à ce danger écologique sont le surpâturage, l’utilisation des arbres comme source de combustion et le déclenchement des guerres. Il s’agit donc d’un danger environnemental global qui menace le développement durable dans le monde entier et qui ne connaît pas de frontières politiques ni géographiques. C’est un phénomène universel qui menace de pauvreté la planète entière. Malgré ces réalités, la CLD n’a rien réalisé sur le terrain depuis son entrée en vigueur en 1996. Raison pour laquelle l’Onu a voulu saisir l’occasion du dixième anniversaire de cette convention et tirer la sonnette d’alarme à la communauté internationale en déclarant 2006 année des déserts. Il suffit de savoir que chaque année, 42 milliards de dollars de revenus et 6 millions d’hectares de terres productives sont perdus du fait de la désertification des sols et du déclin de la productivité agricole, et que 15 millions de personnes dépendant essentiellement de la terre pour survivre courent le risque d’être déplacées, indique Abdel-Guélil.

La situation est donc critique. Mais les responsables du Festival international des films inspirés du désert, tenu en Italie dans le cadre des célébrations, restent optimistes. Leur slogan a été la célèbre citation d’Antoine de Saint-Exupéry dans Le Petit Prince : Ce qui embellit le désert, c’est qu’il cache un puits quelque part.

Hebdo - Ahram Hebdo - Source : http://hebdo.ahram.org.eg/Archive/2007/1/3/envp0.htm

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8.
La désertification est un enjeu géopolitique émergent – Par Sébastien Abis : Analyste géopolitique. Membre du Comité de rédaction de Confluences Méditerranée. 22 juin 2009

La Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse, le 17 juin de chaque année, marque l’anniversaire de l’adoption de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), créée en 1992, suite à une recommandation du Sommet Planète Terre de Rio. Selon l’article 1 de cette Convention, la désertification désigne « la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et sub-humides sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines ». La désertification désigne ainsi le déclin irrévocable ou la destruction du potentiel biologique des terres et de leur capacité à supporter ou à nourrir les populations. Un milliard d’habitants sur la planète serait actuellement menacé par la désertification.

Pour 2009, cette journée fut intitulée « Préserver la terre et l’eau, c’est préserver notre avenir commun ». Ce message fait naturellement écho aux dynamiques du débat international où la prise de conscience des effets du changement climatique s’accompagne d’un retour au premier plan de l’agriculture et de l’apparition d’une nouvelle donne alimentaire mondiale. Une attention particulière sera donc consacrée à la sécurité des ressources foncières et hydriques. En effet, avec l’évolution de la variable géopolitique à de nouvelles composantes issues des ramifications nombreuses du développement durable, le concept de sécurité, désormais plus vaste, s’ouvre progressivement à de nouveaux créneaux thématiques. L’eau et la terre, ressources aussi vitales qu’épuisables, font ainsi l’objet d’analyses géopolitiques toujours plus poussées puisque les convoitises s’accroissent à leur sujet. Dans cette perspective, la désertification et ses impacts collatéraux s’immiscent peu à peu dans le champ de l’expertise stratégique. Comme l’indique le communiqué officiel de la journée du 17 juin 2009, « la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse menacent la sécurité humaine en privant des personnes de leurs moyens de vie ».

Ce constat renvoie par ailleurs à l’émergence du concept de migrations climatiques, phénomène ancien certes mais qui s’accélère aujourd’hui avec l’amplification des tensions environnementales. Le terme de « réfugié de l’environnement » est pour la première fois apparu en 1985 sous la plume d’un universitaire égyptien, Essam El-Hinnawi, comme titre d’un rapport du PNUE. Cependant, le concept sur le plan juridique n’a toujours pas intégré la Convention de Genève de 1951 sur le statut des réfugiés. Or, de plus en plus d’individus, et notamment dans les régions pauvres du monde, seront contraints de quitter leurs territoires face à la dégradation profonde des sols. D’ici 2050, les projections prévoient 200 millions de personnes déplacées dans des migrations provoquées par les tensions environnementales. Cette « insécurité foncière » par la désertification aggrave les conditions de vie locales, fragilise la capacité productive des sols, réduit les rendements et compromet l’accès à l’eau. Au final, cette combinaison inquiétante met donc en péril la sécurité alimentaire des populations concernées et stimule donc l’exil forcé.

Au Sud de la Méditerranée, la situation des ressources foncières, déjà vulnérable (90% des sols aptes à l’agriculture sont déjà exploités), se complexifie avec le développement de la désertification, qui toucherait environ 80% des terres arides ou sèches. Les pays de la zone sont parmi les plus frappés au Monde par les conséquences de l’aridité climatique et la désertification gagne du terrain dans les régions steppiques situées au Nord du Sahara. Les Etats cherchent à mettre en place des politiques mixant surveillance environnementale des écosystèmes par l’élaboration de systèmes d’information et techniques innovantes de lutte contre la désertification. Des études de la Banque mondiale effectuées en 2003 ont estimé les coûts nationaux annuels liés à la dégradation des terres à 1,2% du PIB pour l’Egypte, 1% pour l’Algérie et 0,5% pour la Tunisie et le Maroc. Le Royaume chérifien avait annoncé en 2007, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la désertification, que celle-ci lui coûtait annuellement environ un milliard de dollar. Il faut également rappeler que 2006 avait été déclarée « année internationale des déserts et de la désertification » et que c’est l’Algérie qui en avait présidé les manifestations.

Assurément donc, le processus de désertification à l’œuvre dans certains territoires, outre une série d’effets négatifs sur le plan écologique, économique, sanitaire et social, comporte aussi une forte dimension géopolitique. Il peut contribuer à accroître la faim et la pauvreté tout en accentuant les migrations et les conflits. Là encore, on voit l’interpénétration du local et du global quand sont explorés les défis stratégiques gravitant autour des espaces ruraux et des questions agricoles. La lutte contre la désertification doit donc aussi être pensée comme un moyen d’atténuer des chocs géopolitiques engendrés par cette menace sur une planète où les turbulences ne manquent déjà pas. En ce sens, les politiques nationales de développement agricole et rural ne sauraient ignorer l’importance d’un phénomène aux retombées plurielles. Lutter contre la désertification, c’est en effet agir dans quatre directions complémentaires : la préservation du patrimoine naturel des régions affectées, l’atténuation des risques de sécheresse, la redéfinition des stratégies d’aménagement des territoires et le soutien au développement local associant les acteurs de la société civile.

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9.
Désertification et constructions sauvages : les plaies d’Egypte - Vidéo 02 ;00 par AFP 2010

« Selon l’ONU, 6 millions d’hectares de terres agricoles disparaissent chaque année à cause de la désertification … »

Source : http://video-streaming.orange.fr/actu-politique/desertification-et-constructions-sauvages-les-plaies-d-egypte-VID0000000AZMj.html

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Rubrique B

10.
L’agriculture dans l’Égypte antique d’après Wikipédia

Illustration - Champs sur les bords du Nil

Il existe un étonnant paradoxe entre l’image que les Égyptiens de l’Antiquité avaient de leur agriculture et l’image qu’en avaient les visiteurs étrangers. Ainsi, alors que les scribes dépeignent le métier d’agriculteur comme le plus harassant et ingrat des travaux manuels, les voyageurs grecs comme Hérodote et Diodore de Sicile s’extasiaient devant cette terre où les plantes semblaient pousser sans grand effort.

Sommaire

Illustration Chadouf

À partir de 3500 ans avant notre ère, le climat devient plus aride et l’agriculture de l’Égypte antique devient dépendante du cycle du Nil, personnifié par le dieu Hâpy. Le Nil qui coule de l’Afrique équatoriale vers la Méditerranée apporte des eaux riches en matières organiques.

La crue

La crue, qui représente une montée du fleuve d’environ huit mètres, apporte aux sols voisins du fleuve l’humidité et le limon nécessaires aux cultures. Elle est décrite comme très aléatoire aussi des canaux sont creusés pour apporter l’eau le plus loin possible.

Selon Hérodote,

« sa terre est noire et friable, car elle est faite du limon et des alluvions apportés d’Éthiopie par le fleuve. Certes, ces gens sont aujourd’hui, de toute l’espèce humaine en Égypte comme ailleurs, ceux qui se donnent le moins de mal pour obtenir leurs récoltes : ils n’ont pas la peine d’ouvrir les sillons à la charrue et de sarcler. Quand le fleuve est venu de lui-même arroser leurs champs et, sa tâche faite, s’est retiré, chacun ensemence sa terre et y lâche les porcs : en piétinant, les bêtes enfoncent dans la terre le grain et l’homme n’a plus qu’à attendre la moisson. »

Le cycle

Le cycle du fleuve détermine le cycle des cultures et se retrouve dans l’organisation de l’année suivant le calendrier de l’Égypte antique (ou nilotique).

Début de la crueakhetrepos
Fin de la crue peret labours et semailles
Récolte shemou moissons

Les techniques d’irrigations

Outre les canaux, le chadouf fut introduit, en provenance de Mésopotamie vers -1450. On peut encore en voir aujourd’hui sous la XVIIIe dynastie.

Plus tard la vis d’Archimède sera aussi utilisée pour remonter l’eau.

Sous la période Perse ou Romaine, les Égyptiens utilisaient également des saqias, dispositifs formés de deux roues. La première roue, dont l’axe central repose à la fois sur un mur et retenu de l’autre côté par un harnais, est animée par un animal aux yeux bandés. La seconde roue, partiellement immergée et munie de godets, animée par l’autre roue, renverse l’eau dans des canaux ou des citernes.

Les oasis

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Le désert libyque comprend quelques oasis qui ont également été cultivées. Le vin des oasis notamment était populaire.

Les techniques d’irrigation

Outre les techniques utilisées pour irriguer les terres proches du Nil, on relève l’utilisation d’un qanat construit au VIe siècle av. J.-C. à Ayn Manawir (de) dans l’oasis d’Al-Kharga 1.

Les cultures

Les céréales

Les principales céréales cultivées sont :

  • l’avoine
  • le blé
  • l’orge
  • le sorgho en Haute-Égypte.
    Diverses représentations de la récolte des céréales

Illustration Moisson des céréales, Deir el-Médineh.

Illustration Moisson des céréales - Tombeau de Menna

Illustration Moisson des céréales - Tombeau de Menna

Illustration Détail de la peinture murale de la tombe d’Ounsou - Musée du Louvre

La bière

Connue dès l’époque prédynastique2, la « zythum » (dont la traduction littérale est vin d’orge) fut très apprécié des Égyptiens. Selon la légende, le brassage fut enseigné par le dieu Osiris, symbole de l’agriculture, et bénéficiait de la protection d’Isis, la déesse de l’orge. Ramsès II, que l’on surnommait le pharaon brasseur, contribua positivement à l’implantation durable de la bière et à la pérennité des toutes premières brasseries. À cette époque, le moût était mis à fermenter dans des pots de terre semi-enterrés.

En plus de ses qualités nutritionnelles, la bière était également utilisée de façon médicale contre les migraines et certaines infections. Les femmes l’utilisaient comme produit de beauté pour leur peau.

Les autres plantes

  • Le papyrus servait à l’écriture pour les Égyptiens ainsi que comme matériau de construction.
  • lin
  • roseaux
    Les légumes

Illustration Les vendanges dans l’Égypte antique (VII-VIe siècles av.J.-C.) - Musée du Louvre

  • les dattes
  • les figues
  • les caroubes, riche en sucre, fruits du caroubier
  • Aux environs de -2300 l’olivier arrive en Égypte, et Isis a le pouvoir d’enseigner sa culture aux hommes.
    La vigne

Article détaillé : Viticulture en Égypte.

On ne peut fixer avec certitude le moment où l’Homme domestiqua la vigne. Ce dont on est certain, c’est que 3500 ans avant notre ère, la vigne est cultivée en Égypte, comme en témoignent les coupes dans lesquelles on offrait du vin aux dieux ainsi qu’un bas-relief découvert à Thèbes où sont représentés deux paysans cueillant des grappes de raisin selon une méthode identique à celle des viticulteurs actuels.

Le vin était connu de la civilisation égyptienne, 2700 ou 3000 ans avant notre ère, comme le prouvent les grands vases (pithos) découverts dans les souterrains du palais de Cnossos, en Crète, pays avec lequel les égyptiens commerçaient.

Les vignes se trouvaient à l’ouest du delta du Nil. Indispensable au rituel copte, le vin a continué à être produit lors de la domination musulmane.

Les fleurs

Illustration Préparation du parfum de lys - Les fleurs étaient cultivées dans un but décoratif, pharmaceutique et cosmétique. Les monuments pharaoniques étaient décorés de motifs de fleurs reflétant l’intérêt des anciens Égyptiens à la culture et à la protection des fleurs.

La fleur du lotus

Cette fleur a une longue tige et plusieurs pétales ; haut de 15 à 30 cm, le lotus renferme une matière colorante, utilisée en médecine pour calmer les inflammations. Elle est l’emblème de l’armée égyptienne moderne.

La fleur du papyrus

Le Cyperus papyrus est une plante ombellifère qui pousse dans les marécages du delta du Nil. C’est une plante toujours verte, et les bouquets de fleurs de papyrus étaient offerts dans les temples comme offrande au dieu car ses fleurs ressemblent au disque solaire. Le papyrus est utilisé dans la fabrication du papier.

Le miel

Le miel était alors le seul moyen de sucrer. Il servait pour l’alimentation et pour la pharmacie (peut-être au maquillage).

L’élevage

Illustration Capture d’oiseaux et labourage du champ

Les animaux domestiques sont :

Les outils agricoles

Les outils utilisés sont :

  • La houe
  • L’araire attelé aux cornes des bœufs dans un premier temps.
  • La faucille
    Les paysans

Article détaillé : Exode rural dans l’Égypte antique.

Illustration Offrandes

Les paysans forment la classe la plus nombreuse, mais ils sont méprisés par le reste de la société, même si l’agriculture est l’un des principaux soucis des Égyptiens. Durant la période de l’inondation, les paysans travaillaient à de grands projets comme la construction d’une pyramide.

Il faut souligner la désuétude des outils des paysans de l’époque, tous en bois ou en pierre. La houe pour labourer, l’araire pour fendre la terre, la faucille en bois munie d’une lame de silex, ou la faucille en bronze à partir du Moyen Empire, pour faucher le blé.

Les famines

Les trop faibles ou fortes crues mettent en péril la production agricole et entraînent la disette voire la famine. Pour pallier ces crises, des réserves de céréales seront mises en place. La famine la plus connue est celle qui dura sept ans sous Djéser.

Notes

  • Damien Agut et Juan Carlos Moreno-Garcia, L’Égypte des pharaons - De Narmer à Dioclétien, Paris, éditions Belin, coll. « Mondes anciens », 2016 (ISBN 978-2-7011-6491-5), chap. 14 (« Dans l’ombre de la Perse (526-332) »)
  • J. Geller, 1992, « From Prehistory to History : Beer in Egypt », The followers of Horus. Friedman R Adam B (eds.) Studies Dedicated to Michael Allen Hoffman 1944-1990, Egyptian Studies Association Publication No.2, Oxbow Monograph 20, p. 19-26.
    Voir aussi

Articles connexes

Article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Agriculture_dans_l%27%C3%89gypte_antique

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11. L’agriculture dans l’ancienne Egypte - Document ‘mythologica.fr’
– Non daté.

https://www.google.com/images/cleardot.gifDe tout temps, l’agriculture fut au centre de l’économie de l’ancienne Egypte. Lorsqu’il fut possible d’assurer un rendement agricole excédentaire, une partie de la population put être enfin distraite de la production des denrées alimentaires et assignée à d’autres fonctions, comme l’artisanat et l’administration. L’activité agricole la plus importante était le travail de la terre. Après l’inondation annuelle, on devait tout d’abord arpenter à nouveau les champs, car l’eau en avait détruit les bornes.

Illustration - Le géomètre mesure le champ ; Tombe de Ménéna à Thèbes, XVIII dynastie

C’est pourquoi, dès le retrait des eaux du Nil, apparaissait une équipe de fonctionnaires du cadastre qui, en se fiant aux enregistrements antérieurs, marquaient à nouveau les limites des terres. Alors pouvait commencer le travail du sol proprement dit, pour lequel on utilisa très tôt la charrue de bois tirée par des bœufs. L’association de la force de travail animale à celle de l’homme peut être considérée comme caractéristique d’un haut niveau de civilisation. Les semences étaient fournies aux paysans par les magasins d’Etat.

Illustration - Moisson ; Tombe de Ménéna (TT69) à Thèbes, XVIII dynastie

Après les semailles, hommes et femmes prodiguaient ensemble leurs soins aux champs. En général, les hommes se chargeaient des travaux physiquement les plus lourds, comme la construction des systèmes d’irrigation. Il existait donc une division du travail entre les sexes, comme cela se remarque aussi dans d’autres civilisations.

Illustration - Transport des épis tandis que les femmes glanent

La récolte incombait essentiellement aux hommes, tandis que les femmes glanaient les épis et d’autres produits des champs. On reconnait les femmes à leur carnation plus claire que celle des hommes. Les méthodes de travail étaient fort simples et ne subirent aucune modification importante jusqu’à la conquête grecque. Après la récolte, les paysans transportaient les épis sur l’aire, où ils étaient foulés par des bœufs. Lorsque la balle avait été séparée du grain, celui-ci était placé dans des sacs et convoyé par bateau vers des granges appropriées. Là, les fonctionnaires en contrôlaient en premier lieu la quantité.

Puis, le grain était ensilé jusqu’au moment où on devait le confier à la meule pour la suite du traitement. Les semences pour l’année suivante étaient mises de côté par les agents des entrepôts. A l’époque des semailles, elles étaient réparties entre les paysans en fonction de la superficie de leurs champs respectifs.

Illustration - Foulage des épis par des boeufs

Toutes ces opérations étaient menées à bien par plusieurs personnes travaillant de concert : ainsi vivait-on ce qu’on pourrait appeler une « coopération naturelle ».Chaque phase du travail était surveillée par les fonctionnaires compétents qui consignaient dans de longues listes le rendement de l’équipe et de chacun en particulier. Dans l’ancienne Egypte, les paysans et les artisans devaient atteindre des normes de production préétablies.

Illustration - Mesure du blé récolté ; Tombe de Ménéna à Thèbes, XVIII dynastie

Une des préoccupations importantes du fonctionnaire contrôleur était de veiller à ce que les normes soient dépassées dans le secteur dont il avait la charge, de façon à pouvoir livrer à la centrale plus qu’il n’était requis. Par là, il était certain de s’attirer les bonnes grâces de son supérieur, voire du roi, même si pour cela les paysans étaient frustrés du produit de leur travail.

Illustration - Pêche ; Mastaba de Niânkhkhnoum, V dynastie

Le travail communautaire était également habituel dans d’autres domaines de la production agroalimentaire.

En ce qui concerne la pêche, à côté des méthodes courantes comme la pêche à la ligne ou au filet, la capture des poissons à la seine est aussi attestée. Elle exigeait la coopération de nombreux pêcheurs, mais elle permettait des prises de loin plus fructueuses.

Le poisson était la nourriture principale, particulièrement des gens du commun, car la viande était si chère qu’on n’en distribuait au peuple qu’en de rares occasions.
Outre les paysans et les pêcheurs, il y eut très tôt en Egypte tout un éventail de métiers spécialisés dans la production de denrées alimentaires.

Dès les débuts de l’Ancien Empire, on connaît des apiculteurs, des boulangers, des brasseurs, des maraîchers, des cultivateurs de dattiers et de figuiers, des éleveurs et, non les moins importants, des vignerons. L’organisation de l’Etat égyptien entraîna une différenciation poussée des professions, le début d’une véritable spécialisation.

Illustration - Vendanges ; Tombe de Nakht XVIII dynastie

La viticulture fut pratiquée dès les plus hautes époques dans le Delta. Naturellement, le vin fut toujours un produit de luxe réservé aux classes élevées de la population. Les gens du commun devaient se contenter de bière. Le vin était livré au consommateur dans de grandes amphores. Dans chaque palais ou dans chaque temple, les fouilles ont permis de retrouver des restes d’innombrables cruches à vin qui, très souvent, portaient une inscription. Y étaient renseignés la qualité du produit, son origine, son millésime et aussi le nom du vigneron et du propriétaire du vignoble.

On peut donc dire que, dans l’ancienne Egypte, la production des denrées alimentaires était extraordinairement organisée. Chaque étape du travail et la coopération des différents spécialistes, ainsi que le rendement, étaient minutieusement supervisés par le fonctionnaire compétent. Ainsi, on était sûr d’utiliser au maximum les richesses naturelles de la vallée du Nil et la puissance de travail de ses habitants. La production excédentaire garantie par l’agriculture fut à la base des réalisations de l’antique civilisation pharaonique.

logoSource : https://mythologica.fr/egypte/civil/agriculture.htm

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12.
L’agriculture de l’Egypte antique – Marqueur Alexandria - Classes 6èmes

Accès à de nombreux textes pédagogiques pour classes de sixièmes des collèges, avec illustrations - Seuls les élèves, pour leurs travaux personnels, sont autorisés à copier les pages de ce dossier. Pour contacter l’auteur : Contact

Source : http://jfbradu.free.fr/egypte/SIXIEMES/agriculture/agriculture.html

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Autres sites d’information sur l’agriculture et l’élevage dans l’Egypte antique :

http://www.egypte-ancienne.fr/agriculture_et_elevage.htm

http://www.legypteantique.com/agriculture-egypte-sixieme.php

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13.
Le Désert Oriental d’Égypte durant la période gréco-romaine : bilans archéologiques par Jean-Pierre Brun : Techniques et économies de la Méditerranée antique (Collège de Francce – Méthodologies)

Source : https://www.college-de-france.fr/site/jean-pierre-brun/symposium-2015-2016.htm - Techniques et économies de la Méditerranée antique - Jean-Pierre Brun au Collège de France - 05 avril 2012 18:00 - Leçon inaugurale Amphithéâtre Marguerite de Navarre - Marcelin Berthelot à Paris - Texte Notes Auteur

Extrait d’un long Texte intégral

1 Monsieur l’Administrateur, Mes chers Collègues, Mesdames, Messieurs,

2 Pourquoi l’Empire romain s’est-il effondré ? Comment un empire aussi puissant et organisé que celui de Rome a-t-il pu disparaître ? A-t-il été assassiné, selon la saisissante formule d’André Piganiol, ou s’est-il décomposé 1 ?

3 Voilà une civilisation qui avait apparemment atteint un certain degré de modernité, dont les villes étaient admirablement urbanisées, parfois mieux que les nôtres, dont les monuments, d’une frappante beauté et d’une solidité étonnante, sont encore debout après 2000 ans, dont les routes et les cités structurent toujours nos territoires.

4 Comment une telle civilisation a-t-elle pu s’écrouler aussi complètement que ses villes aient péri, que ses techniques se soient perdues ? Cette question fascine l’Occident depuis la Renaissance, acquérant une vigueur accrue depuis la découverte de Pompéi et la mise au jour de tant de villes « mortes » d’Afrique du Nord et du Proche-Orient 2. Sa force est d’autant plus puissante que lui fait écho une autre interrogation qui nous hante : un tel désastre pourrait-il se produire pour notre propre civilisation ?

5 Nous connaissons tous les grands classiques consacrés à ces questions : les célèbres Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence publiées par Montesquieu en 1734 ou le non moins fameux History of the Decline and Fall of the Roman Empire du Britannique Edward Gibbon paru de 1776 à 1788. Mais nombre d’autres historiens ont apporté des réponses, au moins partielles 3.

6 Ces réponses, il s’agit de les évaluer tout en les récapitulant. Sont-elles, au moins partiellement, satisfaisantes ? Coïncident-elles avec les données que fournissent les recherches archéologiques qui connaissent depuis un quart de siècle un développement qu’on n’avait ni imaginé ni prévu ?

7 Tels sont les points à aborder avant de dessiner les grandes lignes d’un enseignement qui ne soit indigne ni de ces problématiques, ni de l’honneur que m’ont fait Christian Goudineau et John Scheid en présentant mon nom à vos suffrages.

8 De quelles données disposons-nous ? À peu près toutes les sources écrites de l’Antiquité ont disparu au cours du Moyen Âge. Pour écrire une histoire totale, nous ne disposons, et encore seulement partiellement, que de l’exposé événementiel. Il manque la presque totalité des documents comptables (qui étaient fort abondants) ; il manque la littérature technique ; il manque presque toujours les archives. C’est à peine si, grâce à son exceptionnel climat et à sa longue dépression démographique, l’Égypte nous a conservé quelques dossiers, comme les archives de Zénon au IIIe s. avant J.-C .4 ou celles de Hèroninos au IIIe s. après J.-C. 5, dossiers dont l’interprétation fait d’ailleurs l’objet de débats. Ne négligeons pas l’apport de la papyrologie documentaire, qui a fourni des documents éclairants, notamment pour l’histoire du commerce, avec le papyrus Bingen 77, donnant la liste et le tonnage de bateaux dans un port de l’Égypte romaine, ou avec le verso du papyrus de Vienne G 40822, qui présente la liste des marchandises transportées depuis l’Inde par le navire Hermapollon ; mais reconnaissons que ces éclairs sont bien rares 6. Pour le reste du monde méditerranéen, ne nous sont parvenus que des commentaires littéraires, écrits par des aristocrates, et des masses d’inscriptions, reflétant elles aussi la vie des classes supérieures, dont nous essayons d’appliquer, avec des filtres divers, les enseignements à l’ensemble de la société.

9 On ne peut écrire l’histoire antique dans ses composantes démographiques, économiques et environnementales à partir de si peu. Dira-t-on que ces lacunes stimulent les historiens et les poussent à la conceptualisation ? Paul Veyne, dans sa leçon inaugurale, disait : « l’histoire romaine incite plus vivement que d’autres à l’explicitation du non-pensé, à la conceptualisation : cette histoire est pauvrement documentée […]. Or la pauvreté suscite l’ingéniosité, qui engendre à son tour une nouvelle richesse. Toute historiographie dépend, d’une part, de la problématique qu’elle se donne, de l’autre, des documents dont elle dispose. […] L’expérience prouve que la sclérose de la problématique survient toujours beaucoup plus tôt que l’épuisement des documents : même quand la documentation est pauvre, il y a toujours des problèmes qu’on ne pense pas à se poser 7. »

10 En revanche Moses Finley déclarait : « Les auteurs anciens, comme tous les historiens depuis lors, ont horreur du vide. Ils le remplissent comme ils peuvent et en dernier recours, ils inventent 8. »

1. Les modèles économiques

11 Pour schématiser à grands traits, je dirais que cette documentation disparate et indigente a suscité des modèles économiques contradictoires répondant à quatre grandes catégories d’approches 9.

12 D’abord l’approche inductive, qui a longtemps dominé, jusqu’au milieu du xxe siècle, avec Eduard Meyer 10, Tenney Frank 11 et surtout Mikhail Rostovtzeff dans ses deux ouvrages fondamentaux sur l’histoire économique et sociale du monde hellénistique et de l’Empire romain 12. Ce dernier a maîtrisé la totalité de la documentation disponible à son époque et l’a mise au service d’une conception explicative de l’histoire fondée d’une part sur les conflits entre élites urbaines et masses rurales, et d’autre part sur une conception de l’histoire économique qui répéterait des cycles de croissance et de déclin. Les motivations humaines étant considérées comme constantes, la soif de pouvoir et l’appât du gain produisant les mêmes effets à l’époque antique qu’à l’époque moderne, il aboutissait à la conclusion qu’il n’y avait pas de différence de nature entre les économies antiques les plus avancées et les économies modernes, mais uniquement une différence de degré.

13 La deuxième approche, marxisante, influente dans l’après-guerre, consistait à déceler les infrastructures économiques à l’arrière-plan des événements historiques. Ainsi, les motivations profondes des conquêtes étaient cherchées dans les intérêts économiques de telle ou telle catégorie sociale (commerçants, hommes d’affaires), l’impérialisme étant considéré comme sous-tendu par des intérêts marchands. Les limites de ce type d’explication sont vite apparues. Non, les chevaliers romains ne formaient pas une classe sociale de capitalistes, mais un ordre, comme l’a montré Claude Nicolet 13 ; non, il n’y avait pas de véritable bourgeoisie au sens des xviiie et xixe siècles.

14 L’approche substantiviste a eu quant à elle une profonde influence jusqu’à nos jours. Elle prend ses racines dans les théories de Karl Bücher qui schématisait l’évolution de l’économie mondiale en trois stades : celui de la maisonnée, caractérisé par une prédominance absolue de l’agriculture et un commerce marginal (l’Antiquité) ; celui de l’économie de production et d’échange au niveau des villes au Moyen Âge et celui de l’émergence du marché national à l’époque moderne 14. Pour Karl Polanyi, avant la société capitaliste du xixe siècle, il n’y a pas de vrai marché, l’économie n’avait aucune autonomie, étant imbriquée dans les institutions sociales et politiques, c’est-à-dire dans les relations personnelles de dons, de dépendance et de clientélisme 15.

15 Ces idées furent appliquées à l’Antiquité par Moses Finley dans plusieurs articles et dans un ouvrage fondamental paru en 1973, The Ancient Economy, qui ne se présente pas comme une histoire économique mais comme un essai sur la nature de l’économie antique 16. Pour lui, on ne peut pas aborder ces questions autrement que par le biais des mentalités et ses analyses l’amènent à conclure que la satisfaction des besoins matériels ressortant d’institutions religieuses, politiques ou sociales, il n’y avait pas lieu de chercher à organiser les faits selon une logique économique qui serait seulement applicable au monde contemporain. Selon lui, il n’y avait pas dans l’Antiquité de volonté consciente de développer la croissance. Les Anciens tendaient vers un idéal autarcique dans lequel dominait l’agriculture. Le commerce, même s’il se développa à certaines époques, restait marginal et aux mains de personnages de basse extraction 17. Les villes antiques n’étaient que des parasites vivant des surplus produits par les ruraux et dilapidés par les élites en dépenses somptuaires non productives. Finley voyait l’économie antique comme stagnante, incapable de créer une véritable croissance et donc immobile, sans évolution, ce qui avait pour conséquence que, n’ayant connu aucune croissance, elle ne pouvait chuter à la fin de l’Antiquité : la vie économique se serait écoulée dans une sorte de continuum avec quelques agitations de surface mais sans que rien ne change fondamentalement 18.

16 Que l’on suive ses théories, qu’on les combatte ou qu’on les nuance, reconnaissons que Finley a entraîné les historiens et les archéologues de l’Antiquité sur son terrain, c’est-à-dire sur les questions qu’il a posées. Il nous a contraints à sortir de l’empirisme et de l’accumulation des exemples pour travailler sur des problématiques, pour créer des modèles, pour les tester, et à imaginer les méthodes pour répondre à ces questions. Il a désenchanté notre approche de l’Antiquité, qu’il présentait comme un monde sous-administré et sans outils de connaissance globale, telle que la statistique, mais il a été à raison critiqué sur ces points par Claude Nicolet dans plusieurs ouvrages 19 et par Elio Lo Cascio plus récemment 20.

17 Une dernière approche, plus récente, peut être appelée « quantitative  ». Elle part du principe que les besoins biologiques humains restant constants, il est légitime d’élaborer des ordres de grandeurs à partir de données connues et de vraisemblances.

18 Ainsi l’absence de statistiques antiques n’empêche pas d’étudier la diffusion des amphores et d’en tirer des vues générales sur la nature et l’évolution de la production et des échanges, comme l’a fait André Tchernia dans son ouvrage Les Romains et le commerce 21.

19 Certaines données invitent à des estimations de la population, du coût de l’armée romaine, de sa structure bureaucratique, des flux financiers générés par les dépenses militaires ou civiles, voire du produit intérieur brut de l’Empire 22. Plusieurs chercheurs ont récemment suivi ces voies, de Keith Hopkins 23 à Willem Jongman 24. Ils obtiennent des constructions élaborées, mais fort hypothétiques, car trop générales ou insuffisamment fondées faute de documents. Elles ont toutefois le mérite d’offrir un cadre à ce que Fernand Braudel appelait « les limites du possible 25 ».

2. L’histoire des techniques

20 Les limites du possible concernent aussi les techniques disponibles. La conception d’une histoire humaine fondée sur les techniques est une conquête intellectuelle assez récente qui a dû s’affranchir du dogme de la création du monde révélée par la Bible 26. Lorsque ce dogme régnait, comment imaginer une évolution fondée sur la création d’outils, d’abord de pierre, de bois ou d’os, puis de métal ? C’est avec le comte de Caylus au milieu du xviiie siècle, et surtout avec les archéologues du nord de l’Europe au xixe siècle, que s’est mise en place cette conception de l’évolution de l’homme à travers ses outils, qui nous est devenue familière grâce aux travaux des préhistoriens et aux synthèses d’André Leroi-Gourhan, qui écrivait : « la technologie constitue une branche singulièrement importante car c’est la seule qui montre une totale continuité dans le temps, la seule qui permette de saisir les premiers actes proprement humains et de les suivre de millénaires en millénaires jusqu’à leur aboutissement au seuil des temps actuels 27 ».

21 Par delà la préhistoire et la protohistoire, la place des techniques durant l’Antiquité et le Moyen Âge a fait l’objet d’études surtout à partir de l’entre-deux-guerres. Rappelons le contexte : fascinés par les applications techniques de leur époque – de l’électricité aux automobiles –, les historiens prennent conscience de l’importance de ce domaine 28. Ainsi naît l’un des projets phares de l’école des Annales, lancé en 1935 par Lucien Febvre : instaurer une coopération entre historiens et techniciens pour écrire une histoire des techniques 29.

22 Les membres de cette école ont apporté d’importantes contributions au débat, dont on remarque qu’elles réhabilitent la technologie médiévale mais sous-estiment celle de l’Antiquité, utilisant plusieurs arguments : l’abondance de la main-d’œuvre servile, l’absence de marché de consommation, la conception « noble » de la vie oisive consacrée à la politique, mais également le défaut d’articulation entre la science antique et la pensée technique. Ainsi en 1957, Jean-Pierre Vernant constatait l’absence de raisonnement et de pratiques fondées sur l’expérimentation : faute d’une physique expérimentale, la réflexion technique n’a pas forgé son propre appareil conceptuel, interdisant toute progression et bloquant toute application pratique 30.

23 L’analyse de Vernant, qui s’appuyait sur la pensée des philosophes, rejoint la vision de Finley sur la stagnation des techniques dans l’Antiquité. Rien d’étonnant : l’un et l’autre se heurtaient à la pauvreté des sources écrites, épluchées, pressurées dans tous les sens. Xénophon, Aristote, les agronomes latins, quelques passages de Cicéron, de Tacite ou de Sénèque ont été passés au crible, suscitant des trésors d’érudition et d’imagination, mais ils sont bien insuffisants pour recréer un discours continu 31. Va-t-on gloser à l’infini sur un corpus aussi fini ?

24 Cette question en amène une autre. Avons-nous quelque espoir que les sources écrites augmentent significativement ? Pouvons-nous rêver de papyrus enfouis dans les sables du Fayoum qui intéresseraient nos problématiques ?

25 Hélas, la réponse est non. En plus d’un siècle, les fouilles d’Égypte ont, pour l’essentiel, trouvé des œuvres littéraires et des documents d’archives. Ces derniers, s’ils sont précieux par les précisions qu’ils apportent, limitent leur horizon à des villages ou au mieux à une métropole de nome. Même les nombreux textes que nous avons trouvés récemment dans les postes militaires du désert oriental fouillés avec Hélène Cuvigny, Adam Bülow-Jacobsen et Michel Reddé ne nous éclairent que très peu sur le grand commerce vers l’Inde qui passait sur les pistes qu’ils surveillaient 32. Aucun enseignement n’est extrapolable à l’ensemble de l’Égypte, encore moins à la Méditerranée tout entière. Or, à moins d’un miracle, les documents seront du même ordre que ceux trouvés jusqu’ici.

26 Nous venons d’exprimer notre pessimisme quant à l’accroissement des sources écrites. Faut-il donc désespérer de l’histoire ancienne ? Non, à la condition de ne pas accorder aux écrits plus de considération qu’ils n’en méritent. Je prendrai deux exemples.

27 Le premier exemple est celui de l’utilisation de l’énergie hydraulique considérée comme la pierre de touche du prétendu blocage des techniques dans l’Antiquité. Dans un article qui fit date, en 1935, Marc Bloch énonçait que l’Empire romain avait volontairement renoncé à l’usage des machines 33. Pourquoi ? En raison de l’abondance des esclaves et de la mentalité aristocratique des élites. En revanche, pour les raisons inverses, c’est le Moyen Âge qui aurait promu cette révolution technique. Cette explication a été longtemps acceptée unanimement mais nous savons aujourd’hui que cela est faux et que la technologie du moulin à eau a été adaptée partout dans le monde romain dès qu’elle a été disponible, par exemple en Gaule à partir de l’époque d’Auguste 34.

28 Autre exemple. En 1959, Roger Dion, professeur au Collège de France, publie un livre admirable intitulé Histoire de la vigne et du vin en France des origines au xixe siècle. Utilisant toutes les sources disponibles, Dion estimait que l’expansion du vignoble, commencée autour de Marseille grecque, avait connu un rapide développement au cours du Ier siècle de notre ère,puis que la vigne avait été arrêtée durant près de deux siècles par des mesures prises par l’empereur Domitien ; ensuite il voyait la viticulture renaître au ive siècle. Nous savons aujourd’hui que cela est faux : la viticulture connaît son plus large développement au iie siècle de notre ère et régresse au moment où Roger Dion la voyait repartir.

29 Dans les deux cas, d’où provient cette révision ? Du fait que nous disposons d’une documentation qu’ignoraient Marc Bloch et Roger Dion : celle que nous ont livrée et que continuent d’accroître les fouilles archéologiques.

30 « Monsieur l’Administrateur, Mes chers collègues, Mesdames, Messieurs. Si je vous annonçais qu’à cet instant trente de nos principaux dépôts d’archives sont en train de brûler ? »

31 C’est avec ces mots que le 14 décembre 1984, Christian Goudineau commençait sa leçon inaugurale. Par ce cri, il voulait conduire l’auditoire à prendre conscience de la destruction de nos archives, non pas écrites mais matérielles, celles enfouies dans le sol, c’est-à-dire le patrimoine archéologique. Évoquant les travaux et restructurations qui bouleversaient la France entière, il ajoutait : « en l’espace d’une génération nous avons plus détruit que toutes les générations qui nous ont précédés depuis les invasions de la fin de l’Antiquité ».

32 Nous n’en sommes plus là. Grâce à l’action d’une génération de chercheurs, l’opinion publique et le pouvoir politique ont réalisé qu’il était nécessaire de prendre des mesures pour connaître et éventuellement valoriser nos archives du sol. Cette inflexion s’est traduite de plusieurs façons.

D’abord, à partir de 1981, l’État a renforcé ses structures administratives et scientifiques, notamment au ministère de la Culture. Surtout, il s’est progressivement doté d’un arsenal législatif et réglementaire adapté. Le point d’orgue en fut la loi du 27 janvier 2001, qui reconnaît le patrimoine archéologique comme devant être soit préservé matériellement, soit sauvegardé par une étude scientifique. La France ne faisait d’ailleurs que se mettre en conformité avec la Convention européenne pour la protection du patrimoine archéologique, qu’elle avait signée à Malte en 1992.

33 Pour mettre en œuvre cette politique de recherches préalables à tous travaux, la loi créa en 2002 un établissement public, l’Institut national des recherches archéologiques préventives (INRAP), financé par des subventions d’État et par des redevances versées par les aménageurs. Parallèlement, des collectivités territoriales, municipalités, départements, ont mis en place leurs propres services archéologiques. Le CNRS et l’Université ne sont pas restés inactifs, le premier développant des méthodes de recherche nouvelles et la seconde créant des filières de formation d’archéologues nécessitées par l’explosion des effectifs.

34 Donc, en termes de moyens humains, financiers et intellectuels, tout a changé. Non sans soubresauts, conflits, retours en arrière. Mais l’essentiel est acquis. Le travail d’inventaire des sites archéologiques a énormément progressé 35 ; la grande entreprise de l’édition de la Carte archéologique de la Gaule est quasiment terminée 36 ; les interventions deviennent systématiques sur tout le territoire et couvrent non seulement les vestiges bien visibles, consacrés par la tradition que sont les murs et les poteries par exemple, mais aussi des indices invisibles allant des pollens aux éléments-traces qui permettent de reconstituer l’évolution de l’environnement et de la pollution.

35 Si l’on fait un point aujourd’hui, près de 2.500 agents travaillent en France sur les fouilles de l’INRAP 37. En leur ajoutant ceux du ministère de la Culture et des collectivités territoriales, les archéologues recrutés par des entreprises privées ou des associations et ceux rattachés au CNRS et aux universités, on aboutirait à un total plus de 4500 chercheurs.

36 Il est plus difficile d’estimer le nombre des archéologues dans l’ensemble du pourtour méditerranéen car de grandes disparités existent entre les pays de la Communauté européenne, relativement bien armés pour répondre aux nécessités de l’archéologie préventive, et les autres pays, qui connaissent des situations politiques et économiques défavorables 38. Une estimation globale de l’ordre de 15.000 chercheurs semble raisonnable 39.

37 Même s’ils sont inégalement répartis, ces moyens permettent la collecte d’une impressionnante masse de données.

38 Une telle révolution comporte deux dangers.

39 Le premier danger est de croire qu’il suffit d’effectuer une fouille correcte pour lire complètement les archives du sol. C’est une illusion. Nous fouillons mieux qu’hier mais moins bien que demain. Demain, nos successeurs développeront de nouvelles problématiques suscitées par les défis de leur temps et ils inventeront des méthodes pour y répondre. Il faut donc, à côté des fouilles préventives indispensables, tout faire pour conserver des terrains archéologiques vierges pour les interrogations du futur 40.

40 L’autre danger de l’accumulation des données est de nous inspirer une sorte d’euphorie qui nous détournerait de la conduite que prônait ici même Fernand Braudel il y a 60 ans : à des matériaux neufs doivent être appliquées de nouvelles méthodes 41. Il faut commencer par établir, voire inventer ces nouvelles méthodes et ces nouveaux outils.

41 Pour que l’archéologie se constitue en corps de source indépendant, en science qui établisse des faits, il convient que les acteurs s’entendent sur des protocoles d’observation identiques, et sur des corpus de données formatées. En pratique, cela signifie utiliser les mêmes méthodes de fouilles stratigraphiques, échantillonner de la même façon les sédiments, les soumettre à des analyses similaires, compter les artefacts de la même manière, représenter monuments, stratigraphies et objets selon des normes communes, notamment de dessin 42 afin de créer un langage universel. On s’inspirera de la démarche que depuis 40 ans, les protohistoriens sous l’impulsion de Michel Py, ont appliquée sur le site de Lattes près de Montpellier, y créant une véritable « université aux champs 43 ». Cette école de fouille accueille des étudiants de toute l’Europe et développe un système d’enregistrement intégré qui permet de recueillir et de formater l’ensemble de la documentation.

42 Mais l’uniformisation des méthodes d’acquisition des données de terrain ne suffit pas. Pour poursuivre la métaphore de Christian Goudineau, les archives ne brûlent plus, sauf de façon accidentelle et sur une surface limitée, mais la question s’est déplacée : comment pouvons-nous exploiter ces archives afin de les rendre disponibles pour écrire l’histoire, pour écrire une autre histoire ?

43 On ne peut plus se contenter de publications traditionnelles, trop longues, redondantes, difficiles d’accès et qui noient l’information importante dans des énumérations prétendument exhaustives, toujours plus pesantes parce que l’inflation de la documentation et les pratiques cumulatives de notre discipline imposent de faire montre d’érudition, de citer tous les parallèles possibles, ce qui est devenu une tâche surhumaine et stérilisante.

44 Il convient de changer radicalement de mode de fonctionnement, d’effectuer une révolution de la même nature que celle promue par l’Académie de Berlin lorsqu’elle lança au xixe siècle le corpus des inscriptions latines selon des normes communes de présentation. Il faut que les archéologues fassent l’effort d’organiser les données en séries normalisées aisément accessibles.

45 Des avancées ont d’ores et déjà été réalisées 44. Prenons trois exemples.

46 Le premier exemple concerne le dénombrement des épaves en Méditerranée. Celui-ci a révélé non seulement qu’elles étaient plus nombreuses durant l’Antiquité qu’aux époques postérieures mais aussi que leur périodisation témoignait de phases d’essors et de déclins. André Tchernia a pu estimer à 60 millions d’amphores de 25 litres l’extraordinaire mouvement d’exportation de vin italien vers la Gaule indépendante aux iie et ier siècles avant J.-C., une période que Matthieu Poux a appelée « l’Âge du vin » et durant laquelle les aristocrates celtes se servent du vin et des banquets pour asseoir leur domination politique 45. La courbe, qui prend en compte désormais 1.646 épaves antérieures au xve siècle, montre un pic au Ier siècle de notre ère, puis une nette chute au iie siècle, qui ne peut témoigner d’un ralentissement dramatique de l’économie, mais probablement d’une amélioration des conditions de navigation qui entraînerait une diminution du nombre de naufrages 46.

47 Deuxième exemple : dans son étude des villes mortes de Syrie du Nord, Georges Tate a retracé l’évolution démographique de cette région qui n’est exceptionnelle que du point de vue de son état de conservation. Par une sériation minutieuse de 4.700 unités d’habitations dans 46 villages, il a décelé une lente hausse démographique au ier siècle, très forte entre 110 et 250, suivie d’une baisse brutale. Une reprise apparaît entre 270 et 480, puis se réduit pour s’arrêter définitivement au début du viie siècle. Voilà, certes pour une région limitée, des chiffres qui nous manquaient pour tracer une courbe de population.

48 Troisième exemple : les comptages des os d’animaux consommés prouvent que les habitants de l’Empire romain avaient un régime alimentaire plus riche que celui des périodes antérieures et postérieures. Cette amélioration de leur alimentation est aussi décelable dans l’augmentation de la stature humaine mesurée à partir des longueurs des fémurs des squelettes retrouvés dans les tombes. Les chiffres tracent une augmentation de la taille aux ier siècles avant et après J.-C., un palier au iie siècle et une décroissance à partir du ive siècle 47. Les deux courbes seraient indicatrices d’une hausse moyenne du niveau de vie per capita, suivie d’une dégradation à la fin de l’Antiquité.

49 Ce ne sont que trois exemples, mais qui démontrent à quel point cette documentation nouvelle permet d’affiner la perception des périodes d’essor et de déclin. Nous devons multiplier les mises en séries pour toutes les activités économiques, en quantifiant par exemple le nombre et la capacité des pressoirs à huile ou à vin, ceux des jarres de fermentation, le nombre d’ateliers de chaque type d’artisanat, le nombre de graines dans les sédiments, etc… Ce sont ces mises en série qui rendront les vestiges archéologiques utilisables par les historiens.

50 La tâche à accomplir est ample et complexe. Mettre en commun les connaissances dispersées dans divers pays suppose de les faire confluer dans une banque de données cogérée par plusieurs institutions de recherche en Europe et dans les pays qui bordent la Méditerranée.

51 Ampleur donc mais aussi complexité, car la documentation demande à être équilibrée. Dans les pays où les vestiges et les objets livrés par le sous-sol sont pauvres, comme en Europe septentrionale, toute trouvaille est systématiquement prise en compte. En revanche, dans les contrées telles que l’Italie, la Grèce, l’Afrique du Nord, l’abondance et la qualité des découvertes introduisent des déséquilibres en faveur des villes, des sanctuaires, des nécropoles, des résidences aristocratiques et en défaveur des campagnes, des habitats des humbles et des infrastructures économiques.

52Le phénomène est aggravé par les différences de développement économique et la qualité de l’enseignement supérieur dans les régions concernées. Le déséquilibre est patent entre l’Europe du Nord et la Méditerranée, surtout l’Afrique du Nord et le Proche-Orient. Les destructions y sont aussi massives qu’ailleurs mais les rares moyens disponibles sont consacrés à explorer et à sauver si possible les ruines les plus spectaculaires, privilégiant par exemple les mosaïques au détriment des ateliers ou des logements d’esclaves.

53 Soyons optimistes et admettons que nous parvenions à surmonter les obstacles que constituent l’ampleur et la complexité de la documentation archéologique, que nous disposions de séries de plus en plus nombreuses, plus riches et plus homogènes et que nous ayons conçu les moyens de les croiser, quelles seraient les principales conséquences ?

54 La première conséquence est que nous allons changer d’univers ! Longtemps les recherches archéologiques ont porté sur les monuments publics et religieux, sur les palais et les riches demeures, sur les tombes aristocratiques. Le recrutement social et universitaire des archéologues influait d’ailleurs sur les intérêts portés à tel ou tel type de documentation. L’épigraphie, la sculpture, la peinture, l’architecture et l’urbanisme ont été prioritairement étudiés au détriment des instruments de production et des vecteurs du commerce, perpétuant une attitude mentale antique. Au contraire des textes littéraires qui présentent une vision externe et le plus souvent aristocratique du travail et des techniques 48, mieux que l’épigraphie sur pierre qui donne surtout à voir ce que les hommes du temps voulaient qu’on retienne d’eux 49, l’archéologie nous met en contact avec le travail lui-même, dans les exploitations agricoles, dans les ateliers, dans les lieux de production et de commerce 50. Ce faisant, l’archéologie ne saura se dispenser du secours de l’épigraphie lorsque des textes sont disponibles, c’est-à-dire principalement des inscriptions sur les objets susceptibles de nous informer sur leur appartenance, leur producteur, leur fonction ou leur mode de commercialisation 51. Ainsi, combinant les approches et les séries, nous pouvons travailler sur le temps long, celui des sociétés, au sens où l’entendait l’école des Annales.

55 Seconde conséquence. Si elle rend sensible les phénomènes de fond, les essors, les stabilités et les déclins, l’archéologie donne également des panoramas très détaillés, des zooms sur des régions d’autant plus précieux que les angles d’analyse sont croisés.

56 Prenons l’exemple de Métaponte, en Italie du Sud, qui a fait l’objet de prospections, de fouilles et d’analyses depuis près de cinquante ans 52. L’équipe de Joe Carter a minutieusement étudié le territoire de cette colonie grecque. Jusque vers 550 avant J.-C., les terres étaient surtout utilisées comme pâtures. Dans le demi-siècle qui suit, le territoire est divisé en lots égalitaires et s’ancre alors un semis de petites fermes. Que faut-il en déduire ? D’abord une augmentation de la population ; ensuite que les citoyens pauvres avaient acquis un poids suffisant pour imposer cette division. Et puis, à partir de 400 avant J.-C., le nombre des fermes et des tombes diminue. Pour quelles raisons ? Les analyses anthropologiques effectuées sur les défunts et les études géomorphologiques aboutissent à la même conclusion : les marais se sont étendus, la malaria a décimé la population. Aucun texte ne fait allusion à ces phénomènes. On voit la fécondité de la corrélation des analyses portant sur ces zooms et l’appel à un panel grandissant de techniques allant des analyses de pollens aux datations dendrochronologiques ou par 14C, aux dosages du 13C dans les os pour retracer les paléo-diètes, aux analyses de l’évolution des pollutions au plomb ou au cuivre, aux identifications des contenus tels que le vin ou les parfums grâce aux détecteurs utilisés en chimie organique. La liste s’allonge sans cesse en fonction de notre appétit de connaissance, et aussi, il faut le reconnaître, grâce à l’abaissement des coûts provoqué par l’automatisation des procédures qui les rend enfin abordables pour des laboratoires de sciences humaines.

57 Concluons sur ce point en soulignant que la documentation archéologique a changé de nature. De pauvre, elle devient surabondante ; elle commence à être organisée en séries ; des croisements s’instaurent et nous pouvons désormais déplacer notre point d’observation du général au très pointu. Des collaborations internationales s’organisent. De nouveaux questionnements se présentent.

58 C’est dans ce cadre que j’inaugure ce soir un enseignement dont je voudrais maintenant définir l’esprit, les thématiques et le sens.

59 L’étude de l’archéologie a longtemps été soutenue à l’étranger par des visées politiques expansionnistes 53 et en France par l’intérêt des lettrés qui, durant un siècle, disons de 1850 à 1970, développèrent une archéologie de proximité. Ceux qu’ici même P. M. Duval appelait « les archéologues locaux » ont été les forces vives de l’archéologie 54, puis, à partir de la décennie 1980, ils ont été progressivement marginalisés.

60 Car l’archéologie d’aujourd’hui demande des moyens importants, une formation spécialisée, une disponibilité à temps plein que seuls les professionnels peuvent fournir. Mais écarter de la recherche les amateurs est une double erreur car on se prive de bonnes volontés, d’informateurs, de bras et de têtes dans un monde où la main-d’œuvre est chère et surtout parce qu’on coupe la recherche du citoyen. Or, toutes disciplines confondues, associer les citoyens à nos travaux est une nécessité vitale si nous ne voulons pas que la science divorce du corps social qui la finance. Les archéologues en particulier ont besoin de ces relais parmi les citoyens pour atteindre les hommes politiques. Ceux-ci ne prennent en compte le patrimoine que lorsque nous sommes en mesure de mobiliser une frange significative de la population pour le défendre.

61 S’il faut rendre une place aux archéologues citoyens, il faut aussi prendre acte de la professionnalisation de la recherche et de ses effets bénéfiques. J’ai évoqué plus haut le bouleversement que produit l’arrivée massive de professionnels. Ils trouveront ici une tribune pour exposer leurs dernières découvertes.

62 Au-delà du maillage entre professionnels et amateurs, il s’agit de lancer des passerelles entre les fouilleurs, qui fournissent la documentation nouvelle, et les historiens, qui utilisent leurs résultats dans des problématiques larges, et aussi entre les archéologues et les spécialistes des sciences analytiques, chimistes, biologistes, zoologues, physiciens. Leur expertise est aujourd’hui fondamentale pour tenter de reconstituer les activités économiques, l’environnement, la santé des populations passées, etc. Fédérer ces mondes qui, par tradition universitaire, sont encore trop cloisonnés, sera une tâche prioritaire.

63 Enfin, je souhaite contribuer à créer un réseau de chercheurs qui, en Europe et en Méditerranée, s’intéressent à l’histoire des techniques et de l’économie antique afin de confronter les méthodes et les résultats et de créer les séries documentaires dont nous avons besoin pour reconstituer les pans d’une histoire disparue 55. ….

La suite du texte avec les notes d’accompagnement sont à rechercher sur ce site : http://books.openedition.org/cdf/1295

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Rubrique C

14.
Entre delta du Nil et désert, front pionnier agricole et recomposition territoriale en Egypte – Par Delphine Acloque Desmulier – 7-2014 - Les espaces de l’entre-deux

Résumés Français English

Territoires d’entre-deux, conquis sur le désert et situés au contact des espaces deltaïques, les terres nouvelles des marges du Delta du Nil sont emblématiques des modalités contemporaines d’extension du territoire utile égyptien. Longtemps confinés à la vallée, le peuplement et les activités économiques, notamment agricoles, tendent à conquérir les espaces désertiques environnants, encouragés par les différents gouvernements, surtout depuis les années 1950-60. Considérées comme un réservoir de potentialités, offrant à l’économie et à la population égyptiennes une échappatoire aux fortes densités, à l’extension urbaine et à la pollution, caractéristiques de la vallée, les terres désertiques constituent de véritables laboratoires territoriaux à l’échelle nationale.

En témoignent les marges occidentales du Delta, dont la conquête agricole s’est accélérée depuis le milieu des années 1980. Territoires soumis à de fortes contraintes, mais aussi lieux d’innovation et miroir des mutations de l’agriculture égyptienne, ces espaces situés en marge du Delta sont des territoires en construction, caractérisés par des modes de production et d’organisation territoriale nouveaux, mais aussi par une différenciation socio-économique très forte. Façonnés par des flux de diverses origines, ces espaces d’entre-deux témoignent d’une redéfinition des territoires ruraux égyptiens et d’une recomposition des relations entre acteurs, tant en termes d’inégalités, de conflits que de partenariats potentiels.

Entrées d’index - Mots-clés : Egypte, désert, front pionnier, Nil - Rubriques : Carnets de recherches

Plan

Introduction

Cadrage théorique et méthodologique

Un espace de conquête entre deux territoires aux paysages, aux fonctions et aux représentations antagonistes

Relations de pouvoir et construction d’un territoire d’entre-deux

Une conquête territoriale entre encadrement étatique et libéralisme économique

Allocation des terres et de l’eau et enjeux de l’appropriation territoriale

Entre Delta et grand désert occidental, un espace laboratoire des mutations du secteur agricole égyptien et de la recomposition des territoires ruraux

Un entre-deux emblématique de la dualité du secteur agricole égyptien : agriculture exportatrice à haute valeur ajoutée vs petite agriculture familiale

Inégalités d’accès aux marchés et enjeux de l’agriculture contractuelle : vers des partenariats innovants ?

Conclusion

https://doi.org/10.4000/cdg.499 -

Résumé | Index | Plan | Texte | Bibliographie | Notes | Illustrations | Citation | Auteur

Source du texte intégral : https://journals.openedition.org/cdg/499

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15.
Le Nil et le désert - Document ‘historymuseum.ca’

Jadis, les Égyptiens appelaient le désert la « terre rouge », le distinguant de la plaine inondable bordant le Nil, qu’ils nommaient « terre noire ». Les sables du désert ont en effet une teinte rougeâtre et la terre des rives du Nil devenait noire lorsque les eaux des crues annuelles se retiraient.

Le désert et le Nil émergèrent il y a des millions d’années, lorsque l’antique mer qui recouvrait la plus grande partie de l’Europe et du nord de l’Afrique (il y a 45 millions d’années) vit ses contours se modifier, formant le bassin méditerranéen. Cela se produisit quand les plaques terrestres se déplacèrent pour créer l’Himalaya et les Alpes. Au fil du temps — des milliers d’années —, le Nil en vint à adopter son cours actuel, enserré entre les déserts oriental et occidental.

Le haut Nil a trois affluents, le Nil Blanc, le Nil Bleu et l’Atbara. Le Nil Blanc sort du lac Victoria, du lac Édouard et du lac George, et le Nil Bleu descend des montagnes d’Éthiopie. L’Atbara, qui prend également sa source dans les montagnes d’Éthiopie, se jette dans le fleuve issu de la réunion du Nil Blanc et du Nil Bleu juste au nord de Khartoum. Avant d’arriver à la Méditerranée, le Nil se divise en quatre cours d’eau plus petits, dans la région du delta.

La région septentrionale de l’Égypte est bordée de deux déserts, le désert oriental montagneux, ou désert Arabique, et le désert occidental sablonneux, ou Libyque. Des tribus nomades continuent de parcourir ces régions désertiques, comme elles le font depuis des siècles, faisant halte dans les oasis pour y reconstituer leurs réserves d’eau.


Vers 5.000 av. J.-C., lorsque le climat est devenu plus aride, des groupes nomades se replièrent sur la vallée du Nil, y créant les premiers établissements urbains. Ces localités se concentraient dans le nord et le sud. C’est ainsi que l’Égypte fut connue sous le nom de « Double-Pays », ou les « Deux Pays » de Haute- et de Basse-Égypte.

Les deux terres furent réunies en 3.100 av. J.-C. par le roi légendaire Ménès. Il fonda une nouvelle cité administrative là où le Nil se subdivise à l’orée du delta. Autrefois, on l’appelait « Mur-Blanc » ou Mennefer ; les Grecs la nommèrent Memphis. Elle demeura la capitale de l’Égypte pendant plus de 3.500 ans. Aucun vestige archéologique ne prouve que le roi Ménès ait existé, mais on croit que la fameuse palette de Narmer, qui montre deux images d’un roi, l’un portant la couronne de la Haute-Égypte et l’autre celle de la Basse-Égypte, est une représentation du roi Ménès. Ce dernier et le roi Narmer étaient peut-être la même personne, le premier roi d’Égypte.

La dualité — le désert et la vallée fluviale, la Haute- et la Basse-Égypte, la vie et la mort — était un important principe à la base de la vision du monde des Égyptiens.

Source : https://www.historymuseum.ca/cmc/exhibitions/civil/egypt/egcgeo2f.html

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16.
Le Nil, axe de développement économique et de tensions géopolitiques - Par Hervé Amiot - Publié le 28/11/2013 • modifié le 11/05/2020 • Document ‘lesclesdumoyenorient.com’

Le Nil, fleuve long de 6.671 km, draine un gigantesque bassin versant (espace formé par le fleuve et ses affluents) de 2,8 millions de km², soit cinq fois la France, réparti entre dix pays. Nous avons choisi de nous centrer sur l’Egypte, d’une part parce que c’est le seul pays nilotique considéré comme appartenant au « Moyen Orient », d’autre part, parce que c’est en Egypte que les enjeux autour du Nil sont les plus forts : le fleuve est tout simplement vital pour ce pays situé en zone aride.

Si l’Egypte tire sa force du Nil, c’est du fleuve que vient potentiellement sa faiblesse : située à l’aval, elle dépend des prélèvements réalisés par les autres Etats africains, du Burundi et de l’Ethiopie jusqu’au Soudan. Après une présentation générale de la géographie du fleuve (I), nous verrons que le Nil a été et reste le centre des politiques de développement égyptiennes (II). Cependant, face à l’exploitation croissante du Nil par les Etats en amont (III), les tensions interétatiques risquent de s’accroitre (IV).

I – Un fleuve dans le désert

La vallée du Nil est en bonne partie située dans une zone sèche et aride. L’isohyète (ligne imaginaire reliant des points d’égales précipitations) des 200 mm/an traverse le Soudan d’Est en Ouest en passant par Khartoum. Au-dessus de cette ligne, il tombe moins de 200 mm de pluie par an. En revanche, il existe quelques régions où les précipitations sont fortes (plus de 1000 mm par an en moyenne) : le Sud-Est du Soudan, la région des Grands Lacs (Ouganda, Tanzanie, Rwanda, Burundi) et les montagnes du centre de l’Ethiopie. Ces importantes pluies alimentent le fleuve. La frange comprise entre ces deux lignes reçoit des précipitations, mais elles sont très concentrées dans l’année (de juin à septembre). En comparaison, les précipitations annuelles moyennes en France vont de 600 mm pour les endroits les plus secs à près de 2000 mm pour les montagnes les plus arrosées (environ 800 mm dans le Bassin Parisien, 1000 mm en Bretagne).

La vallée du Nil située en zone aride est une région fortement peuplée. Habib Ayeb estime la population vivant le long du fleuve à 90 millions de personnes en 1998 (60 millions en Egypte, 20-30 millions au Soudan). Aujourd’hui, l’Egypte compte 80 millions d’habitants et le Soudan du Nord, 37 millions. De plus, cette population croît à un rythme important : 1,94% pour l’Egypte en 2012 et 2,33% pour le Soudan (à titre de comparaison : 0,49% pour la France). Cela signifie donc qu’au Nord de Khartoum vivent environ 90 millions de personnes presque entièrement dépendantes des eaux du fleuve.

L’apport des différents affluents du Nil est inégal dans le débit total qui arrive en Egypte. Les sources éthiopiennes représentent 86% de l’apport annuel (59% pour le Nil bleu, 14% pour le Sobat, 13% pour l’Atbara) tandis que le Nil Blanc n’apporte que 14% au débit total.

II – le Nil, fleuve vital pour l’Egypte

Depuis l’Antiquité, la vie des Egyptiens est rythmée par le fleuve. Les crues d’été sont d’une importance capitale : elles déposent des limons et permettent ainsi aux terres de rester fertiles. Le Nil a donc toujours été exploité par l’homme pour développer ses activités et après la Seconde Guerre mondiale, les grands projets d’aménagement ont débuté.

Le Haut barrage d’Assouan, symbole monumental de la politique de sécurité hydrique égyptienne

Le président Nasser décide de construire le barrage d’Assouan en 1956 (il sera inauguré en 1971) pour plusieurs raisons. D’abord, il s’agissait de développer économiquement le pays par la production massive d’hydroélectricité. Celle-ci devait alimenter les nouvelles industries créées selon la politique de substitution aux importations. Ensuite, le but était de régulariser le cours du fleuve et d’éliminer les crues pour constituer un réservoir en cas de sécheresse. La construction du barrage n’est donc pas seulement une politique tiersmondiste d’indépendance vis-à-vis des deux Grands. Elle est à relier avec le processus d’indépendance du Soudan. C’est l’évolution du Soudan vers l’indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne (indépendance acquise en 1956) qui est à l’origine de la décision du Caire de construire le Haut barrage d’Assouan, permettant la sauvegarde des intérêts vitaux du pays, quelle que soit la politique hydraulique du Soudan.

La retenue du barrage est gigantesque : 162 milliards de mètres cubes, soit deux fois le volume de la crue annuelle du Nil. Cependant, le volume utile se réduit à 90 milliards de mètres cubes notamment à cause de l’évaporation importante dans le lac Nasser. L’évaporation augmente aussi la salinité du fleuve, qui détériore les sols agricoles situés en aval (hachures noires sur la carte). Le blocage des crues réduit aussi la quantité de limon apportée aux terres, ce qui pousse les agriculteurs à acheter de coûteux et polluants engrais. Le barrage n’a donc pas que des effets positifs.

Les défis actuels posés à l’Egypte

Du fait de la forte croissance démographique, la disponibilité en eau réelle devrait passer de 922 m³ par habitant en 1990 à 337 m³/hab en 2025 (un Français dispose de 3300 m³/an en moyenne). Du côté de l’agriculture, grâce aux progrès de l’irrigation et à la maitrise du débit du fleuve, les superficies récoltées ont pu augmenter jusqu’à présent et le système de la double récolte (deux récoltes par an au lieu d’une) a pu se développer.

Cependant, l’augmentation rapide de la population entraîne un empiètement urbain sur les terres agricoles (flèches violettes sur la carte) ainsi qu’une augmentation de la consommation d’eau. Ainsi, le taux d’autosuffisance alimentaire diminue régulièrement et l’Egypte est obligée d’importer toujours plus de denrées alimentaire. Depuis 1974, les importations agricoles dépassent en valeur les exportations. Aujourd’hui, l’Egypte est le 3ème importateur mondial de céréales.

Trouver des solutions sans aggraver les inégalités d’accès à l’eau

Comment remédier à cela ? La première réponse, celle suivie par l’Egypte actuellement, est de trouver de nouvelles ressources en eau pour augmenter les surfaces agricoles. Ainsi, des canaux sont en projet dans le désert de l’Ouest (canal de Toshka) et dans le Sinaï (canal de la Paix). Ils permettront de développer respectivement 200 000 ha et 250 000 ha de terres agricoles. L’Egypte pourrait aussi exploiter l’immense nappe aquifère fossile du désert de l’Ouest. Mais les coûts d’exploitation seront-ils inférieurs aux bénéfices tirés ? De plus, cette nappe est fossile, c’est-à-dire qu’elle n’est pas alimentée en eau. Son pompage entraînerait donc sa disparition à terme.

L’autre réponse serait d’agir sur la demande en essayant de réduire la consommation en eau : il s’agirait de mettre en place des systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte dans l’agriculture, voire d’abandonner la gratuité de l’eau pour réduire le gaspillage. Cependant, cela risquerait de créer un clivage encore plus important entre les riches et les pauvres. Habib Ayeb (2006) montre qu’un Egyptien jouit d’une disponibilité annuelle moyenne de 900 m³ environ, ce qui est au-dessus du seuil de manque hydraulique extrême, que l’on peut situer à 500 m³/personne/an). Mais cette moyenne cache de fortes inégalités d’accès à l’eau. Par exemple, il note que si 91% des Egyptiens ont accès à l’eau potable, seuls 56% ont un robinet à domicile. Les campagnes sont désavantagées par rapport à la ville : 78% des ruraux ont accès à l’eau potable et seuls 38% ont un robinet à domicile. Ainsi Hayeb peut conclure qu’« en Egypte, l’eau ne manque pas … mais tout le monde n’y a pas accès ». Il s’agit donc de remplacer l’approche par les quantités par la notion d’accessibilité à l’eau.

II – L’utilisation croissante du Nil par les pays en amont

Pendant longtemps, l’Egypte perçoit le Nil comme un fleuve jailli miraculeusement du désert, et ne pose pas la question de ce qui se passe en amont. Elle commence à s’en préoccuper lorsque les Britanniques exploitent le fleuve dans leurs colonies d’Afrique de l’Est dans les années 1920. Un « Accord sur les Eaux du Nil » est signé en 1929, instaurant un partage des eaux entre Egypte et Soudan britannique. Après l’indépendance du Soudan, un nouvel accord bilatéral est conclu en 1959 entre l’Egypte et le Soudan : la première reçoit 55,5 km³, le second 18,5 km³. Le traité ne fait pas mention des pays d’amont, qui le considèrent comme nul et non avenu.

Le Soudan

Le Soudan a entrepris de construire des barrages dès 1959 (Roseires sur le Nil bleu, Khashm el-Girba sur l’Atbara). Mais les relations entre le Soudan et l’Egypte ne sont pas éminemment conflictuelles, notamment du fait de l’accord du partage des eaux signé en 1959, qui donne un cadre juridique aux relations bilatérales. Des projets communs ont même été lancés, comme la construction du canal de Jonglei en 1983.

L’histoire de ce canal est révélatrice du rôle qu’a pu jouer le Nil dans la cristallisation de tensions nationales. Le canal est conçu pour détourner le cours du Nil Blanc en lui faisant éviter la région marécageuse du « Sudd », où d’importantes quantités d’eau sont perdues par évaporation. Mais le canal répond aussi à des enjeux géopolitiques internes au Soudan. Dans le contexte de la lutte des séparatistes du Sud du pays, le canal devait aussi constituer une infrastructure de transport permettant à l’armée soudanaise de mieux intervenir au Sud et contrôler la région. Ainsi, lors de la deuxième guerre civile qui embrase le Sud du Soudan (1983 à 2005), les rebelles du Sud mènent des opérations de sabotage sur le chantier du canal dès 1983, ce qui conduit les autorités égyptiennes et soudanaises à abandonner la construction aux deux tiers.

L’instabilité politique due à la guerre civile dans le Sud a donc freiné les aménagements. A partir des années 2000, des projets sont relancés, notamment grâce aux capitaux chinois : le barrage de Merowe au Nord de Khartoum est achevé en 2010, celui d’el-Qajbar est en construction.

La situation politique a cependant été bouleversée depuis juillet 2011 et l’accession à l’indépendance de la République du Soudan du Sud. Cet événement est encore trop récent pour que les conséquences sur la gestion hydrique puissent être perçues. On peut se demander ce que deviennent les projets de barrages planifiés par le gouvernement de Khartoum. Seront-ils poursuivis par celui de Djouba (la capitale du Sud-Soudan) ? Quelles seront les relations entre les deux Etats frères ? Ceux-ci s’opposeront-ils sur la question de l’eau ?

L’Ethiopie

L’Ethiopie a jusqu’à présent peu exploité ses ressources hydrauliques, qui contribuent pourtant à 86% du débit du Nil mesuré en Egypte. Selon Lasserre et Descroix (2011), à peine 0,3% du débit du Nil bleu et des autres affluents du Nil était exploité vers 1998. La chute du régime socialiste de Mengistu (1974-1991) puis la fin de la guerre contre l’Erythrée (1998-2000) remettent au goût du jour les projets de développement des ressources. L’augmentation rapide de la population (73 millions en 2004, 85 millions en 2010) d’une part, et l’impact des sécheresses accumulées d’autre part, nécessitent l’exploitation de nouvelles ressources en eau.

Le gouvernement éthiopien rejette donc les prétentions égyptiennes à contrôler l’utilisation des eaux de son territoire. L’Egypte milite pour faire reconnaître le statut international du Nil, auquel cas l’Ethiopie se devrait de respecter les « droits acquis » de chacun des Etats de la vallée. Cette revendication est vitale pour l’Egypte, étant donné que 86% du débit du Nil à Assouan proviennent d’Ethiopie. L’Ethiopie, elle, conteste le statut international du Nil, sous prétexte qu’il n’est pas navigable sur toute sa longueur. Dans ce cas, elle pourrait aménager et exploiter la partie du fleuve qui traverse son territoire sans rendre de comptes. Outre le refus du statut international du fleuve, l’Ethiopie rejette les accords bilatéraux de partage égypto-soudanais de 1959.

Selon Lasserre et Descroix, le gouvernement éthiopien prévoirait à plus long terme de mettre en culture 1,5 millions d’ha et de construire 36 barrages. Si tous les projets étaient mis en œuvre, cela impliquerait une baisse de régime du Nil de 4 à 8 milliards de m³/an. Par conséquent, les relations entre l’Egypte et l’Ethiopie se sont rapidement détériorées.

Les pays d’Afrique des Grands Lacs

Ces pays plus en amont envisagent à leur tour l’exploitation de leurs ressources en eau comme un outil de développement. La Tanzanie envisage de pomper de l’eau du lac Victoria pour irriguer 600 000 ha dans les plaines centrales. Le Kenya s’est opposé à l’Egypte en 2003 en déclarant qu’il ne se sentait pas concerné par le traité de 1959. L’Ouganda a fait appel à l’aide israélienne pour mettre en place des projets d’irrigation.

Ainsi les projets se multiplient dans les pays en amont, au grand dam de l’Egypte. Pays situé le plus en aval, c’est elle qui dépend le plus des décisions de ces pays. En 1985, l’ancien ministre égyptien des Affaires étrangères Boutros Boutros-Ghali déclare que « la sécurité nationale de l’Egypte est entre les mains des huit autres pays africains du bassin du Nil ». L’Egypte voit donc d’un très mauvais œil les revendications successives des pays d’amont pour exploiter les eaux du Nil.

IV - Un règlement négocié est-il possible ?

L’intransigeance de l’Egypte : l’eau comme question de sécurité nationale

L’Egypte, dont 95% des ressources en eau proviennent de ses frontières, est très crispée sur la question : c’est la sécurité nationale qui est jeu. En 1979, le président Sadate déclare que « le seul facteur qui pourrait conduire à nouveau l’Egypte à entrer en guerre est l’eau ». Plus récemment, lorsque le Kenya a déclaré en 2003 qu’il ne se sentait pas lié au traité de 1959, le ministre des Ressources en eau (Mahmoud Abu-Zeid) a déclaré que cela représentait un « véritable acte de guerre ».

L’échec des négociations collectives

Toutefois, des tentatives de coopération ont été esquissées. En 1983, le projet Undugu vise à créer un forum de coopération au sein duquel les représentants des Etats membres du bassin du Nil cherchent à promouvoir un développement économique commun. Devant l’échec de cette action, l’Initiative du Bassin du Nil (IBD) est créée en 1999. Elle regroupe les dix Etats du bassin (soulignés en bleu sur la carte) et vise à promouvoir la coopération technologique. Par exemple, l’IBN a permis à l’Egypte, le Soudan et l’Éthiopie de se mettre d’accord pour la réalisation de barrages, en 2001. Cependant, plus de dix ans après l’ouverture des négociations au sein de l’IBN, aucun accord régissant les usages du fleuve n’a été signé entre les participants.

Source de l’article complet avec Bibliographie : https://www.lesclesdumoyenorient.com/Le-Nil-axe-de-developpement-economique-et-de-tensions-geopolitiques

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17.
Rappel de la Géographie de l’Égypte avec Wikipédia

carte : Géographie de l’Égypte

La géographie de l’Égypte est principalement marquée par un climat désertique régnant sur son territoire situé en Afrique et en Asie de l’Ouest (Sinaï).

Le pays possède une double façade maritime, sur la mer Méditerranée et sur la mer Rouge. L’Égypte est entourée par la Libye à l’ouest, par la bande de Gaza et Israël au nord-est et par le Soudan au sud. D’une superficie de 1 001 450 km2, l’Égypte a sensiblement la même superficie que les États américains du Texas et du Nouveau-Mexique réunis, elle mesure deux fois la superficie de la France, trois fois celle de l’Allemagne et quatre fois celle du Royaume-Uni. Si l’on considère les points les plus éloignés les uns des autres, le territoire égyptien mesure 1 024 km, du nord au sud, et 1 240 km d’est en ouest. Le pays possède plus de 2 900 km de côtes le long de la mer Méditerranée, du golfe de Suez, du golfe d’Aqaba et le long de la mer Rouge, qui constitue les frontières maritimes de l’Égypte.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/dc/LocationEgypt.svg/250px-LocationEgypt.svg.png

Situation de l’Égypte - L’Égypte est située dans le Nord Est de l’Afrique. Ses pays limitrophes sont le Soudan, la Libye et Israël. Le pays est aussi bordé par la mer Rouge et la mer Méditerranée et est traversé par le canal de Suez.

Structure territoriale - Article détaillé : Gouvernorats de l’Égypte.

L’Égypte est divisée en vingt-sept gouvernorats (parfois appelés provinces), comprenant quatre villes-gouvernorat : Alexandrie (Al Iskandariyah), Le Caire (Al Qahirah), Port Saïd (Bur Said) et Suez. Neuf gouvernorats sont situés en Basse-Égypte et dans la région du delta du Nil, huit gouvernorats en Haute-Égypte le long du Nil, entre le sud du Caire et Assouan. Les cinq derniers gouvernorats sont situés dans le Sinaï et couvrent les déserts situés à l’ouest et à l’est du Nil.

Régions naturelles

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/8b/Egypt_Topography.png/220px-Egypt_Topography.png

Topographie de l’Égypte

Le territoire de l’Égypte est constitué principalement de désert. Seuls 35 000 km2 - soit 3.5 % - de la superficie du pays est cultivée et habitée de manière permanente. L’essentiel du territoire égyptien se situe à l’intérieur de la large bande désertique qui s’étend d’ouest en est depuis la côte Atlantique de l’Afrique jusqu’en Asie du sud-ouest.

L’histoire géologique de l’Égypte a donné naissance à quatre grandes régions naturelles :

  • la vallée du Nil et le delta du Nil ;
  • le désert Libyque (désert occidental) à l’ouest du Nil ;
  • le désert Arabique (désert oriental) et l’Itbay à l’est du Nil ;
  • le Sinaï, au nord-est.
    Bien qu’ils ne couvrent qu’environ 5.5 % de la superficie du pays, la vallée du Nil et le delta du Nil sont les régions les plus importantes, étant les seules régions cultivables (à l’exception de quelques oasis éparses) et regroupant 99 % de la population. La vallée du Nil s’étend sur environ 800 km entre Assouan et la banlieue du Caire. La vallée du Nil est connue sous le nom de Haute-Égypte, alors que la région du delta est appelée Basse-Égypte. Des falaises abruptes entourent les berges du Nil par endroits alors que par ailleurs, elles sont dégagées et favorables à la production agricole. Par le passé, les crues du Nil en été charriaient de l’eau et du limon qui favorisaient l’agriculture sur une terre par ailleurs très aride. Depuis la construction de l’ancien barrage d’Assouan (1902) puis du haut barrage d’Assouan dans les années 1970, l’agriculture dans la vallée du Nil dépend de l’irrigation. Le delta du Nil est composée de terres basses, marécageuses, qui sont parfois impropres à l’agriculture. L’agriculture est néanmoins très développée dans la région du delta2.

La vallée et le delta du Nil – Cliquer sur les images pour agrandir

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/ac/Nile_composite_NASA.jpg/220px-Nile_composite_NASA.jpg

Le delta du Nil et la vallée du Nil (en vert).

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/02/After_the_rain_the_grass_in_Egypt.jpg/220px-After_the_rain_the_grass_in_Egypt.jpg

Végétation après la pluie (Basse-Égypte).

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/10/Archways.jpg/220px-Archways.jpg

Brouillard matinal à Esna (Haute-Égypte).

Depuis l’Antiquité, on découpe le pays en deux parties, la Basse-Égypte et la Haute-Égypte, par référence au flux du Nil. Le Nil prend sa source dans le sud et se jette dans la partie orientale de la mer Méditerranée. Le bassin Levantin est au nord. La Haute-Égypte correspond à la partie sud plus élevée du pays alors que la Basse-Égypte correspond à la partie nord, plus basse.

De nos jours, on parle également de Moyenne-Égypte pour désigner la région d’Assiout qui se trouve au milieu du pays.

Si le Nil n’avait pu donner aux Égyptiens tout ce dont ils ont besoin, l’Égypte ne se serait pas formée. En effet, c’est grâce à la fertilité apportée par les crues du Nil que l’Égypte peut tirer profit de l’agriculture. Le Nil a aussi permis le développement de la pêche, de la chasse, et de la récolte de roseaux avec lesquels on fabriquait le papyrus ce qui a ainsi permis l’essor de l’écriture. Le Nil permet aussi de relier la Basse-Égypte et la Haute-Égypte.

La Nubie est la région qui commence au sud d’Assouan et qui continue au Soudan. Une partie de la Nubie égyptienne est aujourd’hui recouverte par les eaux du lac Nasser constituées à la suite de la construction du haut barrage d’Assouan achevé en 1970. Dans l’Antiquité, la frontière nubienne de l’Égypte était sujette à des déplacements fréquents au gré des conquêtes successives qui marquèrent la région. (Un des quatorze morceaux du corps d’Osiris aurait été jeté dans le Nil puis avalé par un poisson.)……..

Lire la totalité de cet article sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9ographie_de_l%27%C3%89gypte

Voir également l’article de Wikipédia sur le Nil (prononcé [nil]) est un fleuve d’Afrique. Avec une longueur d’environ 6 700 km, c’est avec le fleuve Amazone, le plus long fleuve du mondeNote 1. Il est issu de la rencontre du Nil Blanc et du Nil Bleu…. – Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nil

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A suivre dans un document codé ‘2 sur 2’

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Auteur : Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 2017 > 2022

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