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"La nécessité d’étiqueter les ‘nouveaux OGM’ issus de ‘Gene drive’ ou forçage génétique par les techniques d’édition génomique, est exprimée par des ONG aux Etats-Unis et au Royaume-Uni – Point préalable sur ces technologies" par Jacques Hallard

dimanche 2 octobre 2022, par Hallard Jacques


ISIAS OGM Gene drive Forçage génétique Edition génomique CRISPR Etiquetage

La nécessité d’étiqueter les ‘nouveaux OGM’ issus de ‘Gene drive’ ou forçage génétique par les techniques d’édition génomique, est exprimée par des ONG aux Etats-Unis et au Royaume-Uni – Point préalable sur ces technologies

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 25/09/2022

Plan du document : Présentation Préambule Introduction Sommaire Auteur


Préambule

Ce dossier rapporte les préoccupations d’organisations à but non lucratif (ONG) états-uniennes et britanniques, concernant la nécessité d’un étiquetage des aliments issus de plantes modifiées par de nouvelles technologies dénommées ‘Gene drive’ ou forçage génétique, ou encore techniques d’édition génomique (ou génétique).

Ce thème offre une opportunité pour faire un point sur ces technologies qui fait l’objet de ce Préambule : le sujet est abordé de façon approfondie sous l’angle scientifique, avec des considérations éthiques et sociologiques, faisant ressortir les opportunités dans différents secteurs d’applications (amélioration des plantes, lutte contre les moustiques) mais aussi les dangers et les risques encourus à long terme pour la biodiversité et l’environnement…

On peut soit prendre connaissance à la suite des documents choisis pour ce préambule, soit se référer directement à l’introduction et/ou au sommaire de ce dossier


Contenu de ce préambule

Le forçage génétique (gene drive en anglais) ou guidage génétique, est une technique du génie génétique qui permet à un gène d’être transmis avec quasi-certitude par reproduction sexuée. Cette technique, apparue au début du XXIe siècle, utilise la technique CRISPR/cas9. Le forçage génétique permet de favoriser l’héritage d’un gène particulier et d’augmenter sa prévalence dans une population1.

Le forçage génétique peut - en théorie - être utilisé pour la prévention de la propagation d’insectes porteurs de maladies (en particulier les moustiques transmettant le paludisme, la dengue ou l’infection à virus Zika), pour contrôler les espèces envahissantes ou pour éliminer la résistance aux herbicides ou aux pesticides de certaines espèces1,2,3. La technique peut être utilisée pour ajouter, interrompre ou modifier des gènes d’une population entière de manière à provoquer une réduction drastique de cette population en réduisant ses capacités de reproduction4. Le forçage génétique fonctionne uniquement pour les espèces ayant une reproduction sexuelle active, elles ne peuvent pas être employées pour modifier des populations de virus ou de bactéries. Ces exemples restent à l’heure actuelle des promesses.

Plusieurs mécanismes moléculaires peuvent servir au forçage génétique5. Le forçage génétique peut apparaître naturellement lorsque des mécanismes moléculaires augmentent les chances à plus de 50 % qui constituent la probabilité normale d’un allèle d’être transmis. Des modules génétiques synthétiques ayant des propriétés similaires ont été développés en laboratoire comme une technique d’édition de génomes de populations. Le forçage génétique par endonucléase est le mécanisme synthétique connu le plus polyvalent et le plus activement en développement en 2017.

Parce que le forçage génétique constitue un moyen d’altérer artificiellement l’héritage de certains gènes, cette technique constitue une étape majeure dans le monde de la biotechnologie. L’impact potentiel de la libération des mécanismes de forçage génétique dans la nature soulève des préoccupations bioéthiques majeures concernant leur développement possible et la gestion qui devra en être faite6. En décembre 2020, plus de 150 ONG internationales demandent ’un moratoire sur le forçage génétique’7.

Lire l’article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/For%C3%A7age_g%C3%A9n%C3%A9tique

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  • Cinq choses à savoir sur l’édition génomique des plantes - Ce contenu a été publié le 02 février 2022 - 11:11 02 février 2022 - 11:11 - Multinationales suisses

    plantsPhoto agrandie - Comment allons-nous développer la prochaine génération de cultures pour nourrir une planète en pleine croissance ? Yuriko Nakao/Bloomberg via Getty Images

La question de savoir comment nourrir le monde, devient de plus en plus urgente. Les gouvernements cherchent des moyens de produire davantage sur une planète soumise à la menace croissante du changement climatique.

Les nouvelles technologies d’édition du génome, telles que celle baptisée CRISPR-Cas9, sont présentées comme une solution possible, mais suscitent des avis tranchés. Que se cache-t-il derrière la science et le débat qui divise ?

Qu’est-ce que l’édition du génome et comment cette technologie est-elle appliquée dans le secteur agricole ?

L’édition du génome (également appelée édition génomique) consiste à modifier l’ADN d’organismes vivants tels que les plantes, les animaux et les êtres humains. Les sélectionneuses et sélectionneurs végétaux modifient depuis des années les gènes pour développer des variétés de plantes améliorées, mais les récentes avancées technologiques permettent de modifier le génome d’un organisme plus rapidement, à moindre coût et avec plus de précision.

L’un des outils pour y parvenir est la technique CRISPR-Cas9 Lien externe (clustered regularly interspaced short palindromic repeats and associated protein 9). Découverte en 2012Lien externe, elle agit comme des ciseaux, coupant l’ADN à un endroit précis pour permettre des modifications ciblées des traits d’une plante. Cela peut concerner la couleur et la taille d’un légume ou d’un fruit, mais aussi son contenu nutritionnel ou sa capacité de résistance aux maladies et aux pesticides.

Parmi les autres technologies courantes de modification du génome, citons les nucléases à doigt de zinc (ZFN) ainsi que les nucléases effectrices de type activateur de transcription (TALEN).

La manière de classer l’édition du génome comme la technique CRISPR-Cas9 fait débat. Dans l’Union européenne, les « nouvelles techniques génomiques Lien externe » désignent les technologies capables de modifier le matériel génétique d’un organisme. Celles-ci sont apparues ou ont été principalement développées depuis 2001.

Quelle est la différence entre les semences modifiées par le génome et les semences génétiquement modifiées ?

La sélection traditionnelle consiste à identifier, sélectionner et « croiser » des plantes sur plusieurs générations pour améliorer les traits d’une variété. Cette méthode a évolué au fil des ans pour devenir plus efficace grâce aux données et au séquençage du génome.

L’édition du génome, via la technologie CRISPR-Cas9, peut être utilisée pour introduire un gène dans l’ADN d’une même espèce, par exemple une pomme de terre sauvage et une pomme de terre cultivée. Elle permet également d’insérer le gène d’un organisme, par exemple un insecte, dans le génome d’une espèce différente, telle une plante. Il en résulte ce que l’on appelle communément un organisme génétiquement modifié (OGM).

La législation européenneLien externe définit les OGM comme des organismes « dont le matériel génétique (ADN) a été modifié d’une manière qui ne se produit pas naturellement par accouplement et/ou la recombinaison naturelle ». Du reste, les OGM développés dans les années 1990 utilisaient des méthodes différentes, moins précises, que les nouveaux outils d’édition du génome tels que la technologie CRISPR-Cas9.

Choux dans un champChoux pommés - Cliquer sur la photo pour l’agrandir -La bataille des brevets sur le génome des aliments inquiète - Ce contenu a été publié le 31 janv. 2022 - 31 janv. 2022 Editer le génome des plantes pour nourrir la planète : panacée ou danger ?

Pourquoi l’édition du génome en agriculture est-elle controversée ?

Le principal débat porte sur les avantages et les risques potentiels des technologies d’édition du génome, tant pour la santé humaine que pour l’environnement.

Les partisans de l’édition du génome, issus en grande partie de l’industrie semencière, affirment que les technologies en question ne font qu’accélérer ce qui se produit déjà dans la nature ou par le biais de méthodes de sélection traditionnelles, et que les risques sont donc minimes. Selon eux, les outils comme la technique CRISPR-Cas9 sont plus précis que les méthodes précédentes du génie génétique, et il y a donc moins de risque qu’un gène utile soit détruit au cours du processus.

De leur côté, les voix critiques affirment que l’édition du génome peut créer toute une série de modifications du génome des plantes présentant des risques pour la biodiversité, l’eau et le sol, la santé humaine et la production d’aliments biologiques. Des personnes s’inquiètent du fait que ces cultures pourraient supplanter les espèces naturelles et créer de vastes monocultures, ce qui pourrait nuire aux écosystèmes. Certains de ces risques ne seraient, par ailleurs, pas entièrement compris.

Des questions éthiques et sociales se posent également quant au moment et à l’endroit où cette technologie devrait être utilisée. De plus, l’accès aux semences fait débat.

Quid de la réglementation sur les semences et les aliments génétiquement modifiés ?

Le paysage réglementaire est en pleine évolution Lien externe, le développement technologique et les préoccupations liées au changement climatique incitant de nombreux pays à modifier des politiques établies de longue date en matière de génie génétique. La réglementation influe sur les exigences en matière de contrôles de sécurité et sur la nécessité de classer différemment les produits issus du génie génétique.

Les États-Unis et le Canada ont tous deux décidé de ne pas réglementer l’édition du génome si la modification génétique aurait pu être effectuée via des méthodes traditionnelles. Cela signifie que les plantes modifiées par le génome ne sont pas soumises aux protocoles de sécurité et aux exigences d’étiquetage des OGM. Le Royaume-UniLien externe a adopté une position similaire l’an passé. Certains pays, tels le Brésil et l’Argentine, traitent les plantes modifiées par l’édition du génome comme des plantes conventionnelles, sauf si elles contiennent de l’ADN étranger.

Au Japon, les cultures modifiées par le génome doivent être enregistrées, mais n’ont pas à subir de tests de sécurité ou environnementaux. En décembre 2020, Tokyo a donné son feu vert à la vente d’une tomate modifiée par le génome Lien externe.

Jusqu’ici, la Chine a imposé des limites strictes à l’importation et à la production d’OGM. Cependant, dans le but de transformer l’industrie des semences et de renforcer la sécurité alimentaire, le gouvernement a récemment annoncé des changements réglementaires qui ouvrent la voie à plus d’autorisations de cultures génétiquement modifiées. En janvier 2022, il a également défini des règles qui permettraient aux plantes modifiées par le génome d’éviter les longs essais au champ requis pour les plantes génétiquement modifiées. Le gouvernement investit massivement dans cette technologie, mais aucune plante modifiée par le génome n’a encore été commercialisée.

La Russie investit également massivement dans les technologies d’édition du génome et a indiqué que les plantes modifiées par le génome n’impliquant pas l’intégration d’ADN étranger pourraient être exemptées d’une loi datée de 2016 interdisant la culture d’OGM. En 2019, le gouvernement a lancé un programme de 1,7 milliard de dollars pour développer 30 variétés végétales et animales génétiquement modifiées au cours de la prochaine décennie.

La Suisse a jusqu’à présent suivi l’UE, qui a placé les organismes modifiés du génome sous la directive OGM Lien externe depuis 2001. Cette décision a été soutenue par un arrêt de la Cour de justice européenne en 2018, qui a déclaré que l’édition du génome n’avait pas d’historique d’utilisation sûre. En avril 2021, une étude de la Commission européenne proposait de mettre à jour la législation pour tenir compte des progrès scientifiques et technologiques, en particulier les nouvelles techniques génomiques. En décembre dernier, une Chambre du Parlement suisse Lien externe a prolongé le moratoire contre les OGM, mais accepté d’autoriser ceux issus de l’édition génomique. Cependant, plus de preuves de sécurité ont été demandées avant de prendre une décision finale.

Existe-t-il des aliments modifiés par le génome sur le marché ?

Jusqu’ici, seuls deux produits modifiés par le génome ont été mis sur le marché. Du soja Lien externe au profil d’acide gras plus sain est le premier produit commercialisé aux États-Unis (développé à l’aide de la technologie TALEN). Au Japon, une tomate Lien externe enrichie en acide gamma-aminobutyrique (développée à l’aide de la technique CRISPR) a été mise en vente en septembre 2021.

Les scientifiques travaillent sur de nombreuses autres variétés de légumes et de fruits, notamment un champignon de Paris anti-brunissement, des tomates sans pépins, du colza résistant aux herbicides, des pommes de terre extra-féculières, du cacao résistant aux maladies fongiques et virales ainsi que des fraises plus sucrées avec une durée de conservation plus longue.

Articles mentionnés : La bataille des brevets sur le génome des aliments inquiète - Les horlogers suisses survivront-ils au 21e siècle ?

Mots clés : EnvironnementScience et technologieEconomieMultinationales

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Source : https://www.swissinfo.ch/fre/cinq-choses-%C3%A0-savoir-sur-l-%C3%A9dition-g%C3%A9nomique-des-plantes/47313820

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  • Moustiques - Faut-il relâcher le « gene drive » dans la nature ? Enjeux civilisationnels des « OGMs sauvages » - BAPTISTE MORIZOT philosophe, maître de conférences, Université Aix-Marseille et VIRGINIE ORGOGOZO biologiste, directrice de recherche au CNRS, Institut Jacques Monod, Paris - 18 mai 2016 – Document rétrospectif ‘normalesup.org’
    Éradiquer le paludisme, qui tue plus de 500 000 personnes par an, ainsi que les autres maladies transmises par les moustiques. Faire disparaître les algues du genre Caulerpa et toutes les autres espèces invasives qui causent tant de dégâts écologiques, matériels et économiques. Empêcher l’apparition de résistance aux pesticides et herbicides. Éliminer le SIDA. Tous ces souhaits semblent maintenant à portée de mains grâce à une nouvelle technique génétique appelée « gene drive », ou « forçage génétique » en français.

En ce moment, les médias parlent beaucoup de CRISPR, une technique révolutionnaire qui permet d’éditer facilement les gènes comme on le souhaite. CRISPR a été quasi-simultanément déclarée découverte scientifique de l’année 2015 et classée au rang des armes de destruction massive par la NSA1. Dans cet article, nous nous intéressons à l’application de CRISPR qui nous semble la plus préoccupante et néanmoins la moins mise en lumière : le « gene drive ». Nous nous interrogeons ici sur les implications et les risques liés au lâcher d’individus « gene drive » dans la nature.

« Gene drive » : un puissant propulseur de mutations

Le « gene drive » est une technique de manipulation génétique qui permet de booster la propagation d’une mutation dans une population (Fig. 1). En relâchant simplement quelques individus qui possèdent une portion d’ADN élaborée par l’homme (appelée cassette « gene drive ») dans une population naturelle, on peut théoriquement obtenir en quelques dizaines de générations une population entièrement contaminée par la cassette « gene drive ». En introduisant au préalable dans la cassette « gene drive » la séquence d’ADN qui convient (conférant une résistance au parasite du paludisme par exemple), l’homme a donc maintenant les pouvoirs de transformer les espèces de la nature selon son bon vouloir : faire que les espèces invasives arrêtent d’envahir, que les plantes ne soient plus résistantes aux herbicides, que les humains soient résistants au virus du SIDA, etc…

propagation-gene-drive Fig. 1. Propagation d’une mutation classique (à gauche) comparée à celle d’une cassette gene drive (à droite). Chaque individu est représenté schématiquement par une paire de chromosomes. Les individus portant la mutation rouge ou la cassette gene drive sont encadrés en rouge.

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En théorie, si 10 individus génétiquement modifiés et possédant une cassette d’ADN « gene drive » sont introduits dans une population naturelle de 100 000 individus, alors en moyenne plus de 99 % des individus seront porteurs de la cassette « gene drive » au bout de seulement 12-15 générations. A l’inverse, une mutation génétique présente dans les mêmes proportions aura disparu de la population au bout de quelques générations en moyenne, sauf si elle favorise le nombre de descendants.

Le mode de transmission du « gene drive » échappe aux lois de Mendel et permet ainsi de répandre en accéléré une modification particulière du génome dans l’ensemble d’une population d’individus à reproduction sexuée (avec mâles et femelles). D’autres éléments génétiques échappant aux lois de Mendel ont déjà été mis en évidence (les distorteurs de ségrégation, les éléments transposables, les éléments Médéa, les bactéries endocellulaires comme Wolbachia, et les endonucléases qui se copient elles-mêmes)2 mais le « gene drive » est beaucoup plus rapide et plus efficace que tous les autres mécanismes connus : il n’a pas d’effets collatéraux délétères sur les organismes qui le portent (contrairement aux quatre premiers cas) et il a une probabilité de transmission plus forte que les deux derniers.

Le « gene drive » manipule à son avantage les trois piliers de la sélection naturelle : mutation, hérédité et adaptation. Premièrement, les mutations n’apparaissent plus au hasard mais exactement là où le « gene drive » a été conçu pour couper, et la séquence d’ADN souhaitée est produite. Deuxièmement, alors qu’un parent transmet normalement la moitié de ses gènes à son enfant, un parent « gene drive » transmet la cassette « gene drive » à tous les coups. Troisièmement, un individu « gene drive » qui est mal adapté et qui devrait produire peu de descendants va tout de même transmettre ses gènes « gene drive » à la génération suivante du fait de son mode de transmission accru.

La cassette « gene drive » peut être assimilée à une mutation auto-amplifiante, qui s’auto-réplique elle-même et qui diffuse plus rapidement que par la génétique habituelle. Au regard de sa capacité à faire sauter les trois verroux caractéristiques du rythme évolutionnaire depuis 4 milliards d’années, le « gene drive » est probablement l’invention biologique la plus effective et imprédictible qu’on n’ait jamais possédée quant à la gestion du vivant, en nous et hors de nous.

Un dispositif génétique sans précédent dans l’histoire de l’évolution

Le « gene drive » met en jeu une cassette d’ADN qui contient 3 éléments : un gène qui code la protéine Cas-9, un gène qui code un ARN guide capable de reconnaître une séquence d’ADN cible bien particulière, et des séquences en bordure de la cassette qui permettent d’insérer la totalité de la cassette « gene drive » au site de coupure cible. En bref, la cassette se copie elle-même à un endroit souhaité dans le génome et diffuse ainsi automatiquement dans toute la descendance.

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Fig. 2. Mécanisme moléculaire de multiplication de la cassette gene drive.
Une cassette gene drive contient quatre éléments : un gène codant la protéine Cas-9 (en bleu), un gène codant l’ARN guide (correspondant à un élément en rouge et un autre élément en rose) et des séquences flanquantes (en gris) permettant la reconnaissance du site ciblé et l’insertion d’une nouvelle cassette gene drive à l’endroit du site ciblé. La séquence de l’ARN guide est choisie de telle sorte que le complexe (Cas-9 + ARN guide) coupe l’ADN exactement au site ciblé. ©Virginie Orgogozo

Auparavant, dans la nature, les trois éléments de la cassette « gene drive » n’avaient jamais été combinés ensemble dans un ADN de taille minimale. Si les bactéries ont inventé Cas-9 pour supprimer les virus insérés dans leur génome, Cas-9 était néanmoins exprimé par une séquence indépendante de la séquence cible : la protéine était produite, allait scanner les chromosomes, puis couper la séquence d’ADN cible. Dans la cassette « gene drive », la séquence qui code Cas-9 est placée juste à côté de la séquence cible, ce qui fait que la cassette peut se découper elle-même et se déposer automatiquement dans les régions choisies sur les chromosomes. En fait, c’est même quatre éléments, localisés normalement à quatre endroits différents du génome, qui ont été combinés ensemble dans la cassette « gene drive » : l’équivalent de l’ARN guide correspond, chez les bactéries dans lesquelles le système de coupure Cas-9 a été identifié, à deux molécules d’ARN codées par deux gènes isolés.

C’est la main de l’homme qui a, pour la première fois, rassemblé quatre éléments génétiques normalement dispersés dans le génome au sein d’une seule séquence d’ADN de taille minimale. La cassette ainsi produite constitue un dispositif génétique sans précédent qui s’auto-réplique lui-même.

Mais pourquoi la nature n’a pas inventé le « gene drive » ? Parce qu’il a fallu plusieurs millions d’années d’évolution pour que les microorganismes unicellulaires produisent un outil génétique efficace basé sur l’ARN leur permettant d’éradiquer les virus (CRISPR), et parce que l’homme a ensuite rendu ce système plus compact, et l’a importé dans des organismes à reproduction sexuée. Nous sommes en présence d’une cassette génétique aux propriétés très particulières, qui n’a jamais existé auparavant.

La méthode est splendide, et enchante les biologistes par sa beauté, sa simplicité et son efficacité. Cependant, il nous semble important de ne pas nous laisser aveugler par ce pouvoir soudain. Il convient de rester prudent afin de pouvoir soupeser correctement les arguments pour ou contre le « gene drive ».

Domestiquer tout le vivant

La technique « gene drive » marche chez toutes les espèces pour lesquelles elle a été testée : levures, moustiques, mouches, cellules humaines, etc.. .3 Alors que les techniques OGM « classiques » s’appliquent uniquement aux espèces domestiques qui peuvent être cultivées pendant plusieurs générations au laboratoire et qui peuvent se soumettre à des manipulations expérimentales complexes, il semble aujourd’hui possible de construire des individus « gene drive » de n’importe quelle espèce, du moment que l’on peut injecter un mélange bien choisi de protéines et d’ARNs dans l’embryon ou dans les organes reproducteurs de quelques individus sauvages prélevés puis relâchés dans la nature.

La domestication peut être définie comme la série d’opérations techniques qui façonnent et maintiennent un trait de caractère dans une population d’une espèce à l’avantage de l’espèce humaine, et non plus à celui de l’espèce concernée (comme c’est naturellement le cas dans l’évolution). Avec CRISPR et le « gene drive », le processus de domestication sort du champ restreint des espèces avec lesquelles on entretient des relations domesticatoires (soin, gestion, interaction) : le « gene drive » peut s’appliquer à tout le sauvage avec reproduction sexuée.

Il s’agit donc ici, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, d’un pouvoir de domestication de la totalité du vivant. Jusqu’à hier, pour gérer les nuisibles et améliorer la productivité, on transformait le génome des semences. Désormais, on entend changer le génome des « nuisibles » eux-mêmes, pour qu’ils soient à notre avantage. On peut considérer les organismes génétiquement modifiés par CRIPR et « gene drive » comme les premiers OGM sauvages. Cette formule en apparence paradoxale entend qualifier pourtant précisément le statut nouveau de ces organismes dont le génome est modifié alors que l’on n’entretient avec eux aucune relation de domestication : ils sont modifiés par simple lâcher dans les populations naturelles de quelques individus au génome édité.

C’est le sens même de « naturel », ou « sauvage » qui est remis en cause par CRISPR et le « gene drive ». Les espèces naturelles ou sauvages étant ce qui existe par soi-même et pour soi-même, ce qui résiste à notre stricte volonté, i. e. dont les traits sont à son avantage et pas à notre avantage et à notre usage (les nuisibles, les adventices, les espèces invasives, mais surtout toute la biodiversité non domestiquée). Si on décide de relâcher des individus « gene drive » dans la nature, il faut être conscient que l’on se dirige alors vers un monde différent, où l’on ne pourra plus regarder ce goéland, le moustique de Camargue, la daurade dans l’assiette, les hêtres des forêts, les fleurs dont les abeilles font le miel, sans ignorer si leur matériel génétique a été manipulé imperceptiblement de main humaine à notre avantage (c’est-à-dire la plupart du temps à l’avantage d’un groupe humain particulier).

Avec CRISPR et le « gene drive », on possède désormais le pouvoir technique d’accomplir de main humaine et avec une indéniable facilité ce que la métaphysique judéo-chrétienne prétendait être le fait de Dieu : faire à notre usage et à notre avantage n’importe quelle espèce, et potentiellement la totalité de la Création (à l’exclusion des espèces non sexuées sur lesquelles le « gene drive » ne possède pas les mêmes effets de diffusion non-mendélienne). Au moment où la montée d’une conscience écologique plaide pour la reconnaissance du droit fondamental des espèces sauvages à vivre pour elles-mêmes, sans être détruites ou exploitées sans discernement, on peut s’interroger sur les implications éthiques de ce pouvoir.

Le problème est par ailleurs que sous couvert d’humanisme, ce pouvoir peut avant tout servir les intérêts économiques particuliers de groupes peu soucieux de l’intérêt général, comme on l’a vu au XXième siècle dans l’usage des biotechnologies. C’est pourquoi la question de relâcher le « gene drive » dans la nature ne comporte pas seulement des risques écologiques et sanitaires réels, mais constitue aussi un enjeu métaphysique, politique et économique. Les problèmes éthiques soulevés par le « gene drive » et par CRISPR sont ainsi beaucoup plus amples qu’avec les OGM classiques. 

Fig. 3. Elevage de moustiques dans un laboratoire du Royaume-Uni. Les moustiques sont élevés dans des cages recouvertes de tissu blanc. Les tuyaux noirs font partie d’un dispositif permettant de nourrir les moustiques de sang. ©Émilie Pondeville

 

AgambiaeFig. 4. Moustique femelle Anopheles gambiae. Service Imagerie et Reprographie Institut Pasteur.

Un outil puissant qui peut nous échapper

Quels sont les risques associés au « gene drive » ? Il existe deux types de risques :

(a) les risques d’utilisation malveillante de la technique et

(b) les effets collatéraux involontaires malgré une intention bienveillante.

Les risques (a) doivent être pris en compte car aujourd’hui il peut être très facile et peu coûteux de construire des individus « gene drive » (quelques mois, 1000 euros de produits de base). N’importe quelle coopérative agricole pourrait se doter d’un petit laboratoire et d’un biologiste renégat pour éditer le génome de ses nuisibles, sans même que ce soit reconnaissable ni isolable. La protéine Cas-9 est disponible en poudre pour quelques centaines d’euros sur internet.

Dans cet article, nous voulons insister sur les risques (b), c’est-à-dire les effets collatéraux imprévisibles d’une volonté bienveillante car ils présentent une dimension préoccupante. Trois types de risques peuvent être envisagés (voir encadré bleu). Tout d’abord, le « gene drive » peut contaminer d’autres populations (risque (1)). Pour évaluer ce risque, il est nécessaire de connaître certains paramètres de biologie moléculaire pure, qui sont inconnus pour l’instant (à notre connaissance) : taille maximale de la cassette « gene drive », longueur des séquences de bordure de la cassette et pourcentage d’identité minimale requise avec les séquences ciblées afin que la transmission « gene drive » ait lieu.





Trois risques majeurs non quantifiés du « gene drive »

(1) une cassette « gene drive » peut se répandre dans de nouvelles populations qui n’étaient pas ciblées, suite à un phénomène d’hybridation ou de transfert horizontal d’ADN.

(2) si une séquence d’ADN étrangère s’insère par mégarde dans la cassette « gene drive » alors que la cassette n’est pas encore présente dans tous les individus de la population, alors cette séquence d’ADN étrangère va pouvoir se répandre comme une traînée de poudre, à la vitesse du « gene drive ». Si cette séquence apporte, par malchance, une résistance aux insecticides ou une meilleure attirance envers les odeurs humaines, alors la manipulation « gene drive » des moustiques peut se retourner contre nous.

(3) Si les conséquences du « gene drive » sur les individus qui portent la cassette « gene drive » sont bien comprises, celles à l’échelle des écosystèmes sont extrêmement difficiles à estimer.

Le risque (2), à savoir que la cassette « gene drive » soit utilisée par la nature comme un nouveau véhicule pour répandre rapidement de nouvelles mutations qui ont des effets néfastes pour les populations humaines, semble assez préoccupant. En effet, si, par mégarde, une séquence d’ADN étrangère s’insère dans la cassette « gene drive » alors que la cassette n’est pas encore présente dans tous les individus de la population, alors cette séquence d’ADN étrangère va pouvoir se répandre comme une traînée de poudre, à la vitesse du « gene drive ». Si cette séquence apporte, par malchance, une résistance aux insecticides ou une meilleure attirance envers les odeurs humaines, alors la manipulation « gene drive » des moustiques peut se retourner contre nous.

Relâcher le « gene drive » dans la nature, c’est mettre à disposition de la nature des nouveaux propulseurs de mutations génétiques, pour le meilleur et pour le pire.

Le « gene drive » n’est pas une simple entité physique, à la manière des pesticides ou des médicaments : il porte une information qui a des conséquences sur la nature, et cette information est capable, en dehors de notre contrôle, de se modifier, mélanger et se répandre. Un peu comme une phrase qu’on n’aurait pas voulu dire : une fois lâchée, on ne peut la récupérer.

Une fois les cassettes « gene drive » relâchées dans la nature, nous n’avons plus les moyens de les éradiquer. Alors qu’il est possible d’arrêter l’épandage d’herbicides, on ne peut pas éliminer les cassettes « gene drive » sans laisser de traces dans le génome. Pour maîtriser le « gene drive », il a été préconisé d’utiliser des cassettes « gene drive » garde-fous qui pourraient restaurer la séquence d’ADN originale, au cas où on veuille finalement arrêter le « gene drive ». Mais tous les garde-fous proposés jusqu’à présent (le dernier dans une publication de février 20164) laissent toujours une pseudo-cassette « gene drive » dans les individus. De plus, si un ADN qui confère un avantage aux porteurs s’est déjà inséré dans la cassette « gene drive », alors c’est trop tard : le « gene drive » garde-fou ne pourra pas contrer le processus car il ne sera pas aussi avantageux que le « gene drive » qu’on aimerait supprimer.

En conclusion, les garde-fous qui ont été proposés jusqu’à présent ne sont pas totalement convaincants. Le risque que la cassette « gene drive » nous échappe est réel : il ne doit pas être négligé.

Des effets nets et précis à l’échelle moléculaire, mais flous à l’échelle des écosystèmes

Au niveau moléculaire, les techniques CRISPR et « gene drive » sont extrêmement efficaces, précises et sans erreur. A cette hyper-maîtrise à l’échelle moléculaire s’oppose un savoir très hypothétique concernant les effets de « gene drive » à l’échelle des populations et des écosystèmes (risque (3)). Les biologistes qui ont mis au point la technologie « gene drive » sont des spécialistes de la biologie moléculaire. Ils ne connaissent ni l’écologie ni la dynamique des écosystèmes. Or il faut connaître les paramètres de dynamique démographique et de reproduction de la population en question si on veut modéliser l’effet du « gene drive » dans cette population. Il faut aussi connaître ses relations écologiques complexes avec les autres espèces de la communauté biotique pour pouvoir estimer l’impact, à l’échelle de l’écosystème, d’un lâché d’individus « gene drive ». Malheureusement, ces paramètres ne sont connus pour aucune des espèces pour lesquelles la technique « gene drive » est envisagée.

Le terme « gene editing  » est souvent employé pour parler de CRISPR, afin de souligner son efficacité et sa précision remarquable. Le fait même d’exercer un contrôle remarquable au niveau microscopique rend invisible l’absence de contrôle au niveau macroscopique, de l’organisme, de la population et de l’écosystème.

Les biologistes qui proposent dès maintenant et sans analyse approfondie de relâcher des organismes « gene drive » dans la nature ont une particularité : s’ils connaissent bien l’échelle moléculaire des causes et de la manipulation génétique, ils sont beaucoup plus ignorants à l’échelle macroscopique des effets écologiques, là où se joueront les conséquences importantes de l’action.

Parce qu’ils sont la plupart du temps biologistes moléculaires d’abord, mais surtout parce que le niveau écosystémique est enchevêtré, et que les modèles scientifiques pour prédire le devenir de ces systèmes complexes avec exactitude sont encore manquants. En conséquence, les biotechnologies CRISPR et « gene drive » confèrent à ses manipulateurs, à l’égard du vivant, un pouvoir de dieux myopes.

Ce qui manque aujourd’hui au débat scientifique sur le « gene drive », c’est une pensée relationnelle systémique et complexe, armée de l’humilité et la patience caractéristique des approches d’écologie scientifique. De même, il manque un débat éthique sur les conditions morales et les droits d’une domestication par les humains (au sens précis de transformation de leurs caractères à notre avantage) de toutes les espèces de la biosphère. C’est pour cela que les législateurs devraient mettre en place tous les dispositifs légaux nécessaires pour geler ou ralentir l’utilisation de ces dispositifs en condition réelle (car dans l’immense majorité des cas, il n’y a aucune urgence à appliquer ces techniques), ou les limiter drastiquement à des cas particuliers lorsque l’urgence est manifeste (le cas du paludisme5 exige un débat), pour donner le temps à la société civile de réfléchir collectivement à ce qu’elle veut faire de cet outil, avant que des intérêts particuliers peu prévoyants ne commettent des dommages irréparables à la biosphère.

Pour ou contre le lâcher de moustiques « gene drive » résistants au parasite Plasmodium pour éradiquer le paludisme ?

POUR :

- moins cher que les techniques actuelles (élimination des points d’eau qui constituent les gîtes larvaires, moustiquaires, insecticides, vaccins, mâles stériles)

- potentiellement plus rapide que les techniques actuelles

- potentiellement plus efficace que les techniques actuelles CONTRE :

- la cassette « gene drive » peut échapper à notre contrôle (risques 1 et 2)

- impacts sur l’écosystème non chiffrés (risque 3)

- potentiellement moins efficace que prévu (apparition de gènes de résistances au « gene drive » dans les populations (ce risque a été relativement bien évalué par rapport aux autres risques et les chercheurs ont mis au point plusieurs moyens de s’affranchir de ce risque), réservoirs d’espèces cryptiques ou de populations qui ne s’hybrident pas avec les individus « gene drive » introduits).

moustique Anopheles transgéniqueMoustique Anopheles gambiae transgénique exprimant la protéine fluorescente YFP dans les yeux. ©Émilie Pondeville

Pourquoi le débat est urgent ? - Tout va très vite :

2003 : premiers modèles théoriques du « gene drive » , mais les moyens génétiques de le faire n’existent pas6.

2012-2013 : développement de la technologie CRISPR : possibilité de couper l’ADN à n’importe quel site choisi grâce à seulement deux éléments : une protéine Cas-9 et un ARN guide (alors que les bactéries utilisent une protéine Cas-9 et deux ARN différents)7,8.

avril 2015
 : 1ère publication sur d’organismes « gene drive », des mouches drosophiles de laboratoire9.

novembre 2015 : les premiers moustiques de laboratoire « gene drive » qui sont résistants au parasite vecteur du paludisme10.

décembre 2015 : les premiers moustiques de laboratoire « gene drive » qui sont femelle-stériles et qui pourraient permettre l’extinction des populations de moustiques11.

mars 2015 : l’OMS a accepté le relarguage de moustiques OGM Oxitec dans la nature12. Ces moustiques ont été produits par les techniques traditionnelles de manipulation génétique (sans CRISPR et sans « gene drive »).

Il est grand temps de réagir

La fondation Bill et Melinda Gates a déjà engagé plus de 40 millions de dollars pour essayer de fabriquer des moustiques « gene drive » qui permettraient d’éradiquer le paludisme13. La fondation Gates espère mettre au point la technologie et la laisser ensuite à disposition aux pays d’Afrique en leur laissant le choix de décider ou non si ils veulent prendre le risque de l’utiliser. Mais le « gene drive » ne respecte pas les frontières entre pays. La décision doit-elle être véritablement être prise à l’échelle d’un seul pays voire d’un seul continent ? Il est grand temps d’ouvrir le débat à l’échelle planétaire, en impliquant des scientifiques et des non scientifiques. Les enjeux ne sont pas seulement écologiques, sanitaires et civilisationnels : ils sont urgents.

Références


1. Rapport de la NASA de février 2016 (p. 9).

2. Esvelt, K. M., Smidler, A. L., Catteruccia, F., & Church, G. M. (2014). Concerning RNA-guided gene drives for the alteration of wild populations.Elife,3, e03401.

3. G. Church, interview du 30/03/2016, Edge.

4. Wu, B., Luo, L., & Gao, X. J. (2016). Cas9-triggered chain ablation of cas9 as a gene drive brake.Nature biotechnology,34(2), 137-138.


5. Rapport de l’OMS sur le paludisme, décembre 2013.


6. Burt, A. (2003). Site-specific selfish genes as tools for the control and genetic engineering of natural populations.Proceedings of the Royal Society of London B : Biological Sciences,270(1518), 921-928.

7. Mali, P., Yang, L., Esvelt, K. M., Aach, J., Guell, M., DiCarlo, J. E., ... & Church, G. M. (2013). RNA-guided human genome engineering via Cas9.Science,339(6121), 823-826.

8. Cong, L., Ran, F. A., Cox, D., Lin, S., Barretto, R., Habib, N., ... & Zhang, F. (2013). Multiplex genome engineering using CRISPR/Cas systems.Science,339(6121), 819-823.

9. Gantz, V. M., & Bier, E. (2015). The mutagenic chain reaction : a method for converting heterozygous to homozygous mutations.Science,348(6233), 442-444.

10. Gantz, V. M., Jasinskiene, N., Tatarenkova, O., Fazekas, A., Macias, V. M., Bier, E., & James, A. A. (2015). Highly efficient Cas9-mediated gene drive for population modification of the malaria vector mosquito Anopheles stephensi.Proceedings of the National Academy of Sciences,112(49), E6736-E6743.


11. Hammond, A., Galizi, R., Kyrou, K., Simoni, A., Siniscalchi, C., Katsanos, D., ... & Burt, A. (2016). A CRISPR-Cas9 gene drive system targeting female reproduction in the malaria mosquito vector Anopheles gambiae.Nature biotechnology,34(1), 78-83.


12. Kelland K., WHO Backs Trials of Bacteria, Genetic Modification to Fight Zika Mosquitoes.Scientific American. 21 mars 2016.

13. Regalado A, The Extinction Invention.MIT Technology Review. 13 avril 2016.

Source : https://www.normalesup.org/ vorgogoz/gene-drive.html

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D.
Gene Drive - Forçage génétique - Qu’est-ce le forçage génétique ? - © 2022 Keine neue Gentechnik durch die Hintertüre ! > Pas de génie génétique par la petite porte ! - Document suisse ‘keine-neue-gentechnik.ch/fr’ – Non daté

Le forçage génétique est une application spécifique des nouvelles méthodes de génie génétique. Il s’agit d’une réaction génétique en chaîne qui force la dissémination de gènes modifiés artificiellement en laboratoire dans des populations d’organismes vivant dans la nature. La dissémination dans l’environnement de quelques plantes ou animaux forcés génétiquement suffit à propager les gènes artificiels dans une population entière.

Quels domaines d’application ?

Forçage génétique pour l’agriculture  Plus >

Forçage génétique pour lutter contre les maladies Plus >

Forçage génétique à des fins de conservation et de protection de la nature _ Plus >

Les forçages génétiques comme arme biologique - Applications militaires Plus >

Les chercheurs espèrent utiliser cette technologie pour contrôler génétiquement des organismes sauvages. Les applications du forçage génétique sont conçues en majorité pour exterminer des populations de ravageurs des cultures plutôt que pour assurer la survie d’une espèce - alors que de telles applications sont également concevables avec cette technologie.

Les discussions actuelles ne portent que sur deux applications potentielles : la diminution du nombre d’insectes porteurs de maladies humaines et la protection d’espèces indigènes menacées par des espèces envahissantes agressives. Dans les deux cas, le forçage génétique est présenté comme une approche plus durable et plus sûre pour remplacer les pesticides nocifs et les appâts toxiques. Mais les applications commerciales du forçage génétique dans l’agriculture prévoient d’utiliser cette technologie en complément aux pesticides pour exterminer de nombreux ravageurs agricoles et vaincre la résistance aux herbicides dans des mauvaises herbes courantes. Le forçage génétique est également considéré pour la mise au point d’armes biologiques, un sujet souvent tabou. Jusqu’à présent, les applications du forçage génétique n’ont été testées qu’en laboratoire.

Quels problèmes ?

Contrairement à d’autres manipulations génétiques, où la propagation des caractères artificiellement ajoutés est évitée et indésirable, le forçage génétique a été conçu pour être invasif et irréversible. La mise en circulation de quelques plantes ou animaux dotés d’un gene drive produit artificiellement suffit à déclencher une réaction en chaîne au terme de laquelle tous les membres d’une population portent dans leur génome le trait issu de ce drive. Une fois cette technologie libérée dans l’environnement, il est presque impossible de contrôler ou d’inverser son impact sur l’écosystème. De plus, l’utilisation à grande échelle de cette technologie n’exclut pas une transmission à d’autres espèces sauvages apparentées et représente une menace importante pour la biodiversité avec des effets négatifs considérables sur la santé humaine et environnementale. L’utilisation de cette technologie comme arme biologique représente une menace géopolitique importante. Le forçage génétique nécessite des lignes directrices de recherche qui encouragent une utilisation éthique et responsable. En l’absence d’une réglementation stricte, les organisations nationales et internationales appellent même à un moratoire mondial sur l’utilisation du forçage génétique.

CRISPR/Cas, un élément clé

La technique du forçage génétique consiste à introduire dans le génome d’un organisme une cassette d’ADN qui contient des gènes artificiels choisis par les chercheurs et une boîte d’outils moléculaires, dont les ciseaux moléculaires CRISPR/Cas. Au départ, il faut donc créer un organisme génétiquement modifié, porteur d’une cassette de forçage génétique, puis relâcher cet organisme dans la nature.

C’est cette plante ou cet insecte modifié génétiquement qui se croisera avec des individus sauvages et qui disséminera la cassette de forçage génétique. Et ce sont les ciseaux moléculaires CRISPR/Cas, contenus sur la cassette de forçage génétique, qui permettront la dissémination des gènes artificiels dans les descendants de l’individu porteur. En effet, les ciseaux génétiques CRISPR/Cas9 servent à reconnaître une séquence spécifique du génome et à couper l’ADN à cet endroit précis. À l’endroit de la coupure, les mécanismes naturels de réparation de l’ADN permettent aux gènes artificiels de se copier dans le génome ou de remplacer la version naturelle du gène qui leur ressemblent.

Dans les organismes à reproduction sexuée, chaque descendant contient une copie des chromosomes du père et une copie des chromosomes da la mère. Dans le processus de forçage génétique, on peut dire, en simplifiant, que si le père est porteur de la cassette de forçage génétique, les ciseaux moléculaires CRISPR/Cas permettent aux gènes artificiels de se recopier depuis les chromosomes du père sur les chromosomes de la mère en éliminant toute séquence d’ADN qui leur ressemblent. Ainsi, à chaque nouvelle génération, le génome des descendants du porteur de la cassette de forçage génétique est modifié. Les règles de l’hérédité naturelle dans les organismes à reproduction sexuée sont contournées et la cassette de forçage génétique se propage de génération en génération, éliminant toute séquence d’ADN qui lui ressemble.

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Légende : Les gènes sont transmis à tous les descendants. Normalement, chez la progéniture de ces mouches à fruits, la modification génétique (en vert) ne se situerait que sur le chromosome transmis par la mère. Toutefois, le mécanisme de copie intégré (qui est transmis avec la modification génétique) garantit que cette variante génétique est également copiée dans le chromosome transmis par le père. À la fin du processus, tous les descendants de la paire de mouches à fruits sont homozygotes pour le gène ajouté artificiellement : cela signifie qu’ils portent la même copie du gène sur les deux chromosomes. Comme ce processus se répète à chaque accouplement, après quelques générations, tous les descendants du pedigree sont porteurs de la modification génétique (tous les descendants sont verts).

Conditions relatives à l’application du forçage génétique

Le forçage génétique ne peut se propager avec succès que dans des organismes qui répondent à deux exigences importantes. D’une part, les organismes cibles doivent se reproduire sexuellement afin de permettre la propagation du système de forçage génétique à la descendance de congénères non modifiés. D’autre part, les individus se reproduisent rapidement et le temps entre les générations est court afin que le caractère ajouté artificiellement puisse se répandre rapidement dans toute la population. Les insectes et les rongeurs sont donc très exposés à des manipulations par forçage génétique. L’application du forçage génétique à des plantes à cycle de vie court est peu réaliste car le génome de la plante utilise des mécanismes de réparation de l’ADN qui rendent difficile la transmission de la cassette de forçage génétique (voir ’Résistance’ ci-dessous).

En outre, certains organismes cibles développent une résistance au forçage génétique. Le mécanisme de forçage génétique, initié par le système CRISPR/Cas, est favorisé par un système de réparation de l’ADN par recombinaison homologue. Certains organismes utilisent d’autres mécanismes de réparation de l’ADN. Ces systèmes de réparation rendent la cassette de forçage illisible ou inactive et bloquent sa propagation de génération en génération.

 À peine un an après l’invention du forçage génétique CRISPR, les chercheurs travaillant sur des moustiques édités génétiquement ont également été témoins de l’émergence de résistances au forçage génétique.

Les différents types de forçage génétique

Différents types de cassette de forçage génétique (’gene drive’) peuvent être construites selon l’effet théorique souhaité.

Les cassettes de forçage génétique à effet global peuvent être utilisées pour modifier une population (modification/modification/conversion drives) et même la détruire (suppression drives). Ces cassettes de forçage génétique sont conçues de telle sorte que, à l’instar d’une réaction en chaîne inarrêtable, elles se transmettent à l’infini dans la population jusqu’à ce que tous les individus soient modifiés génétiquement, ou jusqu’à ce que la population s’effondre. Ainsi, par exemple, un gène qui confère une résistance à une maladie particulière ou limite la capacité de reproduction de l’espèce peut être disséminée dans toute la population en quelques générations - jusqu’à ce qu’il ne reste plus un seul individu non modifié. Ce type de forçage génétique étant inarrêtable et donc incontrôlable, il peut avoir de graves conséquences.

Diverses techniques sont utilisées pour ralentir et limiter l’effet de ce type de cassettes :

Les Reversal Drives visent bloquer la propagation de la première cassette de forçage génétique par l’introduction d’une deuxième cassette. Un tel mécanisme est peu susceptible de fonctionner de manière fiable en conditions environnementales.

Dans les Split Drives, la cassette de forçage génétique est séparée en deux. Par exemple, une partie du système CRISPR/Cas est localisé sur une première séquence d’ADN. Le reste du système CRISPR/Cas et les gènes artificiels sont situés sur une deuxième séquence. Alors que la première partie de la cassette est incorporé dans l’ADN de l’organisme cible. L’autre partie de la cassette est incorporée dans l’ADN d’un virus qui utilise cet organisme comme hôte. De cette façon, la cassette de forçage génétique n’est complète et ne peut se propager dans l’organisme cible qu’en présence du virus. Cette méthode a été mise au point pour accroître la sécurité en laboratoire. Une application de ce système en conditions environnementales est difficilement réalisable.

Les Daisy Drives ont été mises au point pour s’assurer que le forçage génétique ne fonctionne que localement, au sein d’une population souhaitée et que sa propagation s’arrête au bout d’un certain temps. Dans ce cas, la propagation de la cassette de forçage génétique dépend d’un démarreur, un autre élément d’ADN artificiel inséré dans l’organisme cible. Cet élément n’est pas essentiel pour le fonctionnement de l’organisme cible et tend à disparaître au fil des générations. En l’absence de démarreur, la propagation de la cassette de forçage génétique devrait théoriquement s’arrêter après un certain nombre de générations. Le piège : le démarreur ne doit pas être inactivé par une mutation sinon la propagation de la cassette de forçage génétique est à nouveau inarrêtable.

Liens :

Le forçage génétique est présenté en complément, voire en remplacement, des pesticides pour lutter contre les ravageurs et les mauvaises herbes et pour accélérer les processus de sélection végétale et animale. Elle vise à disséminer des organismes génétiquement modifiés dans l’environnement pour modifier des espèces sauvages. Un processus incontrôlable… Plus >

Lire la suite : Forçage génétique pour l’agriculture

Éliminer les insectes, les rongeurs et les nuisibles

Comme se sont les généticiens qui travaillent sur des insectes qui ont le plus contribué au développement de la technologie du forçage génétique, les tentatives de son utilisation pour éradiquer les insectes sont les plus avancées. L’objectif principal des chercheurs est d’équiper les ravageurs les plus communs tels que les mouches des fruits, les sauterelles et les espèces de coléoptères suceurs de plantes avec un forçage génétique pour contrôler les populations sauvages. Ils espèrent que cela leur permettra d’économiser le coût des pesticides et des récoltes perdues. Dans certains cas, comme un projet de lutte contre la mouche du vinaigre de la cerise (Drosophila suzukii), les premières disséminations ont déjà eu lieu dans les agro-écosystèmes.
Cet insecte, originaire d’Asie, est devenu un ravageur redouté en Amérique du Nord et en Europe ces dernières années, provoquant des pertes massives de récoltes. Comme elle infeste principalement les fruits rouges et les baies mûrs, elle ne peut être contrôlée que de manière limitée à l’aide d’insecticides. Les insectes bénéfiques qui parasitent les larves de la mouche du vinaigre de la cerise n’ont pas été trouvés jusqu’à présent, et les filets - seule méthode efficace contre les dégâts qu’ils causent - sont coûteux. Les scientifiques veulent donc décimer la mouche avec l’aide du forçage génétique. Pour ce faire, ils utilisent un mécanisme qu’ils ont nommé Medea, faisant allusion à la sorcière de la mythologie grecque qui a tué sa progéniture. L’acronyme signifie ’Maternal Effect Dominant Embryonic Arrest’ et fait référence à un mécanisme d’héritage basé sur le principe du poison/antidote. Dans ce processus, les mouches femelles du vinaigre de cerise sont dotées d’un nouveau segment de gène fabriqué en laboratoire. Cela garantit que la femelle produit une toxine pendant l’ovulation qui empêche les embryons de se développer - à moins qu’ils ne soient eux-mêmes porteurs du gène Medea. Dans ce cas, l’embryon produit un antidote qui l’aide à survivre. Le système permet de transmettre un caractère souhaité à 100% à la descendance et de le diffuser rapidement dans les populations. En couplant un gène correspondant au gène Medea, les chercheurs peuvent rendre la mouche du vinaigre de cerise vulnérable à certains facteurs environnementaux, par exemple des températures plus élevées. Le principe est simple : s’il fait trop chaud, la progéniture meurt.

Lors d’expériences en laboratoire, le système Medea s’est avéré fonctionnel. Cependant, on peut se demander si et comment elle est efficace dans les écosystèmes naturels, car son efficacité dépend fortement de la dynamique des populations. Pour un effet optimal, il faudrait libérer un très grand nombre d’individus modifiés. Les partisans de cette technologie y voient un avantage, car elle devrait empêcher les individus libérés accidentellement de déclencher une réaction en chaîne irréversible, conduisant à l’extinction incontrôlée des populations naturelles.

Un autre problème non résolu est le développement d’une résistance au forçage génétique. En outre, le mécanisme pourrait être transmis à d’autres espèces, car les frontières entre espèces n’est pas toujours claire lorsqu’il s’agit d’échange génétique. Les conséquences pourraient être graves. En fin de compte, les connaissances actuelles sur le rôle d’un ravageur dans son écosystème sont médiocres, ce qui empêche d’évaluer les effets possibles de l’extinction de l’espèce. En ce qui concerne les organismes exotiques, l’extinction de l’espèce dans l’écosystème envahi ne pose probablement pas de problème puisque cet organisme n’y appartient pas. Le principal risque demeure dans le passage du construit génétiques aux populations sauvages apparentées.

La mouche du vinaigre de la cerise n’est qu’un des nombreux insectes nuisibles que les chercheurs espèrent contrôler grâce à une construction génétique.

Le tableau suivant donne un aperçu de quelques candidats possibles :

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Les chercheurs et les investisseurs s’intéressent également à l’erradication des populations de mammifères qui menacent le stockage des produits agricoles. Les rongeurs tels que les souris et les rats causent chaque année des milliards de dollars de dégâts agricoles. C’est une raison suffisante pour que l’industrie investisse dans le développement de nouvelles mesures de lutte contre ces ravageurs. Plusieurs laboratoires travaillent déjà à équiper des populations de souris d’un ’gène d’autodestruction’. La souris étant l’organisme modèle le plus utilisé parmi les mammifères, on dispose déjà d’une grande quantité de connaissances sur son génome et sur les outils moléculaires adaptés à cette manipulation. L’une de ces approches est le ’ X-shredder’ ou le ’découpeur de chromosome X’. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un mécanisme de forçage génétique qui détruit les chromosomes X responsables de la détermination du sexe féminin. Cela signifie qu’il n’y aura plus de descendance femelle. D’autres équipes de recherche veulent atteindre cet objectif différemment : elles planifient un forçage génétique avec le gène sry, qui est responsable du développement des caractéristiques mâles. Au laboratoire, certains succès se dessinent. Toutefois, il existe de nombreux obstacles techniques qui pourraient empêcher l’utilisation de la construction génétique dans la nature.

En effet, il est beaucoup plus difficile de construire des forçages génétiques chez les mammifères que chez les insectes. Les risques sont également élevés : les souris modifiées pourraient facilement être transportées accidentellement vers d’autres régions ou continents et décimer ainsi des populations autres que la population cible réelle. En outre, elles pourraient se croiser avec d’autres espèces de souris et ainsi transmettre la construction génétique. Le rôle de la souris dans l’écosystème n’étant pas totalement compris, personne ne sait quelles seraient les conséquences écologiques négatives d’une réduction drastique du nombre de souris.

Même si ce n’est que rarement, on envisage d’appliquer le forçage génétique aux oiseaux. En Australie, les étourneaux (Sturnus vulgaris) sont indésirables. Les oiseaux ont été introduits vers la fin du XIXe siècle pour lutter contre les insectes nuisibles. Cependant, au début du XXe siècle, l’espèce s’est tellement répandue que les agriculteurs eux-mêmes ont été confrontés au problème. Actuellement, ils causent plusieurs centaines de millions de dollars de dégâts chaque année. Les généticiens australiens voient donc dans le forçage génétique un outil potentiel pour éradiquer l’espèce.

Comme le montre une demande de brevet de l’Université de Californie, les forçages génétiques pourraient également être utilisés pour lutter contre plus de 60 espèces de nématodes qui attaquent les racines d’un large éventail de cultures.

Les développeurs de forçages génétiques ne visent pas seulement les animaux : certains chercheurs affirment que les forçages génétiques ont le potentiel d’arrêter des champignons pathogènes tels que le champignon de levure Candida albicans, qui cause souvent des problèmes chez les animaux d’élevage.

Inverser la résistance des mauvaises herbes aux herbicides

Un autre objectif des sélectionneurs est d’utiliser le forçage génétique pour restaurer la sensibilité de certaines mauvaises herbes aux herbicides. Les soi-disant super mauvaises herbes, qui ne sont plus sensibles aux herbicides les plus vendus, causent de plus en plus de problèmes aux entreprises agricoles. Le forçage génétique vise à restaurer leur sensibilité afin qu’ils puissent continuer à être contrôlés avec les mêmes herbicides. Cela signifierait que les entreprises n’auraient pas à renoncer aux bénéfices de la vente de ces pesticides.

L’une de ces super mauvaises herbes est l’Amaranthus palmeri, une espèce d’amarante qui infestait à l’origine les champs agricoles du sud des États-Unis. La plante est maintenant l’une des mauvaises herbes de plein champ les plus problématiques car elle a développé une résistance à l’herbicide le plus largement pulvérisé, le glyphosate, ainsi qu’à d’autres herbicides couramment utilisés. Ces résistances peuvent également être transférées à des espèces de mauvaises herbes apparentées. L’Académie nationale des sciences des États-Unis (NAS) étudie donc la possibilité d’utiliser un forçage génétique pour rendre la plante à nouveau sensible aux herbicides ’les plus importants’. Ce qui est caché, c’est la façon dont une telle application renforcerait considérablement le monopole agricole de quelques grandes sociétés agricoles - les fabricants d’herbicides. Une demande de brevet pour la technologie déposée par l’université de Harvard énumère plus de 50 mauvaises herbes et près de 200 herbicides pour lesquels la technologie pourrait être utilisée. Un scénario commercial prometteur pour les entreprises agrochimiques. Dans ce contexte, l’absence de prise en compte de l’impact potentiel sur la sécurité alimentaire constitue une lacune particulièrement grave. Si la construction d’un forçage génétique devait être transférée à des espèces d’amarante cultivées apparentées - des cultures vivrières importantes en Amérique du Sud - leurs récoltes pourraient également tombée sous le joug du brevet. En outre, l’espèce contrôlée comme une mauvaise herbe possède elle-même de nombreuses propriétés précieuses, notamment une valeur nutritionnelle élevée et une tolérance à la sécheresse. Elle pourrait donc avoir une signification pour l’alimentation humaine ou l’élevage. La propagation de la construction génétique aux populations non agricoles mettrait en danger cette perspective de la sécurité alimentaire.

La tentative de rendre les mauvaises herbes à nouveau sensibles aux herbicides à l’aide de forçage génétique renforce également l’approche dominée par les herbicides dans la lutte contre les mauvaises herbes, dont il a été démontré qu’ils sont nuisibles pour l’environnement et la santé.

Pour l’instant, on ne sait pas encore si les plantes pourront un jour être équipées d’une telle construction génétique. Le plus gros problème est le mécanisme de réparation de l’ADN, qui est sujet à des erreurs. Par rapport aux animaux et aux autres organismes, les plantes utilisent la liaison terminale dite non-homologue pour réparer les cassures double-brin causées par le système CRISPR/Cas. Suite à cette réparation, de petites mutations sont produites sur le lieu de la rupture. Ces derniers empêchent le fonctionnement du forçage génétique. D’autres facteurs, tels que les graines qui peuvent survivre dans le sol pendant plusieurs années, ralentissent sa propagation dans la population. Contrairement aux tentatives coûteuses et quelque peu désespérées de lutte contre les mauvaises herbes à l’aide des biotechnologies, les approches agroécologiques déjà éprouvées promettent des solutions plus durables et plus efficaces.

Un accélérateur pour les processus de sélection

Accélérer les processus de sélection variétale - c’est du moins ce qu’espèrent les généticiens. Les éleveurs d’animaux et de plantes veulent utiliser la technologie pour s’assurer qu’un caractère génétiquement modifié est transmis de manière fiable à la descendance ou est rapidement introduit dans les variétés végétales et les lignées d’élevage. Ils espèrent obtenir des avantages commerciaux considérables grâce à cette technologie.

Un bon exemple est l’élevage de vaches sans cornes. Les cornes sont indésirables dans l’élevage laitier industriels axé sur le profit car le nombre d’animaux élevés ensembles dans un espace restreint est considérable afin d’augmenter la rentabilité économique. Cependant, ces conditions conduisent à un comportement agressif. C’est pourquoi les animaux sont souvent adaptés et écornés mécaniquement. Les organisations de protection des animaux critiquent cette procédure car l’intervention provoque des souffrances et des dommages permanents au bétail.
Les scientifiques spéculent déjà sur la manière dont ils pourraient créer des vaches sans cornes de manière indolore à l’aide du forçage génétique afin de poursuivre l’élevage de masse confortablement. Une mutation naturelle est utilisée comme modèle pour l’édition des gènes, grâce à laquelle certaines races de bovins de boucherie ne portent pas de cornes.

Cependant, ces races ne produisent qu’un rendement laitier modéré. Pour créer la vache laitière idéale, il faudrait combiner les deux caractéristiques. Par le biais de la sélection classique, cela prendrait beaucoup de temps. C’est pourquoi on simule - jusqu’à présent seulement avec des modèles - comment cet objectif pourrait être atteint plus rapidement en utilisant le forçage génétique. La recette : prenez des cellules d’une vache laitière à haute performance et éteignez le gène responsable de la formation des cornes. Le clonage est utilisé pour créer une progéniture sans cornes à partir de ces cellules. Ceux-ci sont ensuite croisés avec les meilleurs animaux des races de vaches laitières à haute performance. Le système de forçage génétique intégré garantit que seuls des descendants sans cornes sont produits. La vache laitière parfaite serait créée. Cependant, le bien-être animal et la dignité de la créature sont perdus dans le processus. Les vaches sont très sociales et ont besoin de leurs cornes pour négocier la stricte hiérarchie du troupeau, encore et toujours. Ce n’est que lorsque l’espace manque dans le parc ou dans l’étable que cela représente un danger.

Forçage génétique pour lutter contre les maladies - Un marché lucratif pour l’agro-industrie

Le forçage génétique est présenté en complément, voire en remplacement, des pesticides pour lutter contre les ravageurs et les mauvaises herbes et pour accélérer les processus de sélection végétale et animale. Elle vise à disséminer des organismes génétiquement modifiés dans l’environnement pour modifier des espèces sauvages. Un processus incontrôlable… Plus >

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Forçage génétique à des fins de conservation et de protection de la nature - Un leurre pour forcer l’acceptation du forçage génétique

Les promoteurs du forçage génétique affirment que cette technologie est un outil pour limiter l’extinction d’espèces menacées. Cet argument n’est souvent qu’un moyen pour faire accepter le forçage génétique. L’utilisation du forçage génétique est souvent en contradiction totale avec la préservation de la biodiversité génétique et écosystémique...

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Le forçage génétique comme arme biologique - Applications militaires

Un marché lucratif pour l’agro-industrie

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© 2022 Keine neue Gentechnik durch die Hintertüre ! - Pas de génie génétique par la petite porte ! - Source : https://keine-neue-gentechnik.ch/fr/techniques/35-forcage-genetique

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E.
Focus Biologie synthétique - Gene Drive – Document suisse ‘sciencesnaturelles.ch’ – Non daté

La technique de « gene drive » (forçage génétique) résulte d’un usage particulier de la biologie synthétique. Elle permet notamment d’introduire une modification génétique dans une population naturelle et de la transmettre à tous les individus de la population. Ainsi, par exemple, pourrait-on peut-être un jour lutter contre les moustiques transmetteurs de la malaria. Cependant le « gene drive » lance aussi de grands défis en termes de sécurité, effets sur l’environnement, questions éthiques et sociétales.

Genedrive

La technique de « gene drive » a pour but de modifier une propriété ou d’en introduire une nouvelle, de manière rapide et précise, dans une population tout entière. Le principe en est simple : une modification génétique voulue est introduite dans un organisme conjointement à un mécanisme de copie génétique. Ce mécanisme permet le transfert de la modification souhaitée dans les deux copies du gène. Par conséquent tous les descendants de l’organisme reçoivent la modification et celle-ci se propage dans la population au cours des générations.

> Comment fonctionne un « gene drive » ?

Hérédité sans et avec « gene drive »Image : angepasst von Marius Walter

Dans les conditions d’une transmission mendélienne classique une modification génétique (indiquée en rouge) se transmet à la moitié de la descendance de l’individu (schéma de gauche). En présence de « gene drive », la modification se transmet à tous les individus de la descendance et peut ainsi se propager rapidement (schéma de droite)

Des « gene drives » naturels se sont développés chez divers organismes tels que levures, plantes, vers, insectes, poissons et rongeurs, d’où l’idée, il y a plus de 50 ans déjà, d’utiliser ce phénomène pour modifier, de manière ciblée, des propriétés dans une population. Or, le développement de « gene drives » synthétiques a piétiné pendant longtemps. La découverte récente de la technique d’édition génomique CRISPR/Cas9 a donné un nouvel essor à cette recherche et les premières études de faisabilité de « gene drive » au moyen de la technique CRISPR/Cas9 ont vu le jour, notamment chez les levures1, les drosophiles2 et les moustiques3.

On peut envisager plusieurs applications

La technique de « gene drive » a de multiples applications possibles. Cependant deux conditions doivent être réunies :

  • L’espèce doit avoir une reproduction sexuée. Ainsi le « gene drive » ne s’applique pas aux bactéries et aux virus et que difficilement aux plantes dont le mode de reproduction est principalement végétatif ;
  • Les générations doivent être de courte durée, ainsi, par exemple, la technique n’est pas propice aux espèces de mammifères de grande taille dont le cycle des générations est relativement long.
    Des applications possibles se discutent dans les domaines suivants en particulier :

Lutte contre les maladies
Au centre des discussions figure le contrôle d’insectes transmetteurs de maladies comme les moustiques du genre Anopheles (vecteurs de la malaria) ou le moustique-tigre (vecteur de la dengue et de la fièvre Zika). De la malaria seule décèdent plus de 400’000 individus chaque année, la plupart étant des enfants africains4. Avec le « gene drive », les populations d’Anopheles pourraient être fortement diminuées ou même totalement éliminées en désactivant un gène nécessaire à la reproduction par exemple. Une autre approche consiste à rendre les moustiques résistants à l’agent pathogène de la malaria, afin qu’ils cessent de transmettre la maladie.

  Agriculture
La technique pourrait être introduite afin de contrôler les insectes ravageurs. Une autre possibilité d’emploi pourrait être la lutte contre les mauvaises herbes devenues résistantes aux herbicides, les gènes de résistance étant désactivés au moyen d’un « gene drive ».

  • Protection de l’environnement
    Des « gene drives » pourraient être introduits afin de protéger des espèces menacées d’extinction par des maladies telles que la malaria des oiseaux par exemple. De même la technique pourrait-elle permettre de contrôler des espèces invasives comme les rats. En effet, sur différentes îles, les rats qui y ont été introduits menacent les espèces d’oiseaux endémiques.
    En quoi est-ce de la biologie synthétique ?

La technique de « gene drive » est un outil de la biologie synthétique. Elle utilise les méthodes les plus actuelles de la biologie moléculaire combinées à la modellisation informatique afin de modifier un système biologique de manière ciblée et contrôlée.

> Qu’est-ce que la biologie synthétique ?

Défis

Les recherches ont montré que, dans une population, des résistances contre le « gene drive » apparaissent rapidement5 et empêchent l’extension de la modification génétique à l’ensemble de la population. Afin de ralentir le développement de résistances, les chercheurs tentent par exemple de combiner plusieurs constructions de « gene drives ». A vrai dire, de nombreux experts doutent de la possibilité que le « gene drive » atteigne jamais l’effet souhaité dans les populations naturelles.

Le « gene drive » comporte des risques. Actuellement les travaux de recherche ne sont réalisés qu’en milieu clos (laboratoire) ou semi-clos (en cages par exemple). Néanmoins, même effectués dans ces conditions, ces travaux requièrent des mesures de sécurité bien définies étant donné que, lors d’une dissémination non intentionnelle, un « gene drive » pourrait se propager rapidement (biosécurité). En Suisse et en Europe, les travaux de recherche utilisant les techniques de « gene drive » sont soumis à de sévères prescriptions en matière de protection de l’homme et de l’environnement. En Suisse, celles-ci exigent des mesures de sécurité spécifiques qui sont contrôlées par les autorités fédérales et cantonales.

Un autre risque est celui d’un usage abusif du « gene drive » à des fins militaires ou terroristes (biosûreté). Ainsi, par exemple, des moustiques pourraient être modifiés de manière à transmettre un poison pour l’homme.

Avant que des « gene drives » puissent être disséminés dans la nature, leurs conséquences écologiques doivent être étudiées attentivement. Il se pose par exemple la question de savoir quelle influence l’élimination ou la réduction d’une population de moustiques peut avoir sur un écosystème. Cependant, pour être valable, l’évaluation des risques doit se faire par comparaison avec des stratégies existantes, comme l’usage des insecticides par exemple. Les premiers essais en plein air auraient probablement lieu sur des îles isolées ; il ne faut pas s’attendre à des essais dans des environnements naturels non protégés dans un proche avenir.

Les développements scientifiques et méthodologiques du « gene drive » soulèvent aussi des questions éthiques et sociétales. Chacune des applications potentielles de ces technologies implique une évaluation des risques tenant compte des dommages éventuels pour l’homme et l’environnement ainsi que des chances de bénéfices. L’homme a-t-il le droit de modifier volontairement le patrimoine génétique d’une espèce à jamais, ou même de la supprimer ? Qui poursuit quel but avec cette technologie ? Et, en fin de compte, qui décide si et où un « gene drive » peut être introduit ou bien pas ?

>avis d’expertes et experts sur les « gene drives »

> aspects éthiques de la biologie synthétique

Activités en Suisse

Anna Lindholm étudie à l’Université de Zurich des « gene drives » survenant naturellement chez la souris. Une telle recherche peut livrer des observations intéressantes quant aux conséquences que pourraient avoir des « gene drives » synthétiques dans des populations naturelles. A notre connaissance, aucune recherche impliquant des « gene drives » synthétiques n’est en cours actuellement.

Littérature :

1 DiCarlo et al. (2015) Safeguarding CRISPR-Cas9 gene drives in yeast. Nature Biotechnology 33, 1250–55.

Lien

2 Gantz and Bier (2015) The mutagenic chain reaction : A method for converting heterozygous to homozygous mutations. Science 348 (6233) : 442-4.

Lien

3 Gantz et al. (2015) Highly efficient Cas9-mediated gene drive for population modification of the malaria vector mosquito Anopheles stephensi. PNAS 112 (49) E6736-43.

Lien

4 World Health Organization WHO (2017) World Malaria Report 2017.

Lien

5 Callaway (2017) Gene drives meet the resistance. Nature News.

Lien

Informations additionelles :

National Academy of Sciences (2016) Gene drives on the horizon.

Lien

Esvelt et al (2014) Concerning RNA-guided gene drives for the alteration of wild populations. eLife 3:e03401.

Lien

Oye et al (2014) Regulating gene drives. Science 345 (6197) : 626-8.

Lien

Piaggio et al (2016) Is it time for synthetic biodiversity conservation ? Trends Ecol Evolut 32 (2) 97-107.

Lien

Comment fonctionne un gene drive ? - Le mécanisme moléculaire du ’gene drive’ expliqué simplement.

Image :Ernesto del A. III, NHGRI ; wikimedia.org/wiki/File:NHGRI-97218.jpg ?uselang=de

2020 Fiche d’information

Le forçage génétique : bénéfices, risques et applications possibles - Les cassettes de forçage génétique ou guidage génétique (gene drives) sont des éléments génétiques d’organismes sexués qui modifient l’hérédité d’une caractéristique souhaitée. On peut s’en servir pour répandre un caractère…

Image : Akademie der Naturwissenschaften Schweiz (SCNAT)

SCNAT Forum Recherche génétique Maison des Académies Case postale 3001 Berne - Mentions légales Conditions d’utilisation et protection des données - Source : https://sciencesnaturelles.ch/synthetic-biology-explained/applications/gene_drive

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Introduction

L’essentiel de ce dossier se réfère à trois articles émanant de ‘gmwatch.org’ sur les problèmes posés par le risque de banalisation de ‘nouveaux OGM’ qui nécessitent au contraire un étiquetage systématique et précis dont les raisons sont bien expliquées dans des documents provenant d’ONG des Etats-Unis et du Royaume Uni.

La France – comme le Canada - n’échappent pas non plus à ces préoccupations, alors que les autorités européennes y sont plus favorables, comme cela a été mentionné dans les diverses contributions dont les accès [par copier-coller] sont donnés ici :

OGM & nouveaux OGM : parlons des idées reçues !https://www.greenpeace.fr › ogm-nouveaux-ogm-parlo...-Et les nouveaux OGM, c’est quoi ? Des OGM issus de nouvelles techniques : des techniques d’édition du génome. Et donc, tout comme pour les anciens OGM…

Agriculture : pourquoi les « nouveaux OGM » font débathttps://www.lesechos.fr › ... › Conso & Distribution -29 avr. 2021 — Agriculture : pourquoi les « nouveaux OGM » font débat. Les ministres européens de l’Agriculture doivent trancher ce mercredi, le sort des « new ...

Vidéos :

APERÇU3:32 Nouveaux OGM, mêmes risques.YouTube· Greenpeace France26 avr. 2021

APERÇU 7:26 Faut-il craindre les nouveaux OGM ? - L’épicerieYouTube· Radio-Canada Info3 mai 2021

APERÇU1:34 Les NBT ou nouveaux OGM : de quoi s’agit-il ?YouTube· Générations Futures11 mars 2022

Nouveaux OGM : ces décisions qui déplaisent à l’industrie ...https://www.infogm.org › 7423-nouveaux-ogm-decisio...

Que se cache-t-il derrière les ’nouveaux OGM’, ces produits ...https://www.radiofrance.fr › France Inter -30 avr. 2021 — Dans un nouveau rapport publié ce jeudi, Bruxelles se prononce clairement en faveur de ces NBT, ’new breeding techniques’.

Nouveaux OGM : « L’agriculture occidentale a déjà connu une ...https://www.lemonde.fr › ... › Agriculture & Alimentation28 nov. 2021 — CHRONIQUE. Rendements, intrants, qualités nutritionnelles… Les arguments des partisans des « nouveaux OGM », que la Commission européenne ...

https://information.tv5monde.com/info/environnement-faut-il-s-inquieter-d-une-deregulation-des-nouveaux-ogm-en-europe-430823› info › environnem...- 24 déc. 2021 — Environnement : faut-il s’inquiéter d’une dérégulation des ’nouveaux OGM’ en Europe ? · La Commission européenne propose de sortir les plantes ...

POLLINIS lance une campagne de mobilisation contre les ...https://www.pollinis.org › Publications -18 mai 2022 — POLLINIS lance une grande campagne européenne pour alerter sur les dangers des nouveaux OGM. Plus de 79 000 citoyens ont déjà rejoint la ...

Nouveaux OGM : 9 Français sur 10 veulent que leur présence ...https://www.leparisien.fr › environnement › nouveaux-og... -5 juil. 2022 — NBT, « nouveaux OGM », de quoi parle-t-on exactement ? « Les nouvelles techniques n’introduisent pas de gène étranger dans le génome des plantes ...

Les Français, inquiets à propos des nouveaux OGMhttps://www.ladepeche.fr › ... › Vie pratique – conso7 juil. 2022 — En particulier en ce qui concerne la présence des nouveaux OGM, comme le suggère un nouveau sondage commandé par Greenpeace France.

Rappel - Environnement : faut-il s’inquiéter d’une dérégulation des ’nouveaux OGM’ en Europe ? - 12 novembre 2021 - Mise à jour 24.12.2021 à 15:44 par Pascal Hérard

Photo - Des fraises issues des nouvelles techniques génomiques ont été présentées aux États-Unis ce 28 octobre 2021. Selon l’entreprise qui les commercialise, elles auront meilleur goût, resteront fraîches plus longtemps et auront une saison de croissance plus longue. Les caractères génétiques de ces fraises sont désormais sous brevet. La Commission européenne souhaite que ces plantes issues de ces techniques génétiques ne soient plus contrôlées par les directives européennes qui régissent les OGM. (Photo : Société J.R. Simplot / AP)

La Commission européenne propose de sortir les plantes issues des nouvelles techniques de reproduction de la législation OGM. Les ONG environnementales et les associations paysannes dénoncent cette proposition de dérégulation des plantes issues des nouvelles techniques d’édition génomique. Que sont les NBT et quels sont les enjeux pour ces ’nouveaux OGM’ ?

C’est un vieux serpent de mer législatif européen que celui des ’new breeding techniques’ — les NBT ou ’nouvelles techniques de reproduction’ des plantes. En juillet 2018, la Cour de justice européenne avait acté le fait que les nouvelles techniques de sélection des plantes par édition du génome — les fameuses NBT — relevaient de la législation OGM de 2001.

Un OGM (organisme génétiquement modifié) est un organisme vivant dont le patrimoine génétique a été modifié par l’intervention humaine et par génie génétique. Mais depuis quelques années des nouvelles techniques sont apparues pour modifier génétiquement les plantes. Ces techniques utilisent souvent des ciseaux génétiques, le plus connu étant le CRISPR-Cas (modification ciblée d’un gène dans des cellules de plantes, voir la vidéo ci-dessous). Les nouvelles techniques génomiques (NGT) employées pour les NBT ne mélangent pas de gènes étrangers dans une même espèce de plantes, comme c’est le cas pour les OGM classiques.

La législation européenne sur les OGM de 2001 :

Cette législation européenne encadre l’utilisation des semences ou plantes dont les organismes sont génitiquement modifiés. La durée de l’autorisation de ces plantes sur le marché est de 10 ans renouvelable, les risques pour l’environnement doivent être évalués régulièrement, des règles de traçabilité et d’étiquetage leur sont appliquées. L’importation des OGM est autorisée dans l’Union européenne, mais seul le maïs MON 810 est autorisé à la culture commerciale, à l’exception de 9 pays, dont la France, qui ont émis des doutes quant à son innocuité.

Les NBT ont un réel potentiel pour contribuer à des systèmes alimentaires plus durables et compatibles avec les objectifs de la stratégie européenne sur le Green Deal et le Farm to fork. Extrait du rapport de la Commission européenne sur les NBT, en avril 2021

Alors, les plantes NBT sont-elles des OGM ? La question a été soulevée par une étude de la Commission européenne propose de sortir les plantes NBT de la législation OGM, en avril 2021. Cette étude a été suivie par un appel à contribution du 24 septembre au 22 octobre 2021, et doit se conclure en 2022 par une étude d’impact avant soumission aux différentes instances législatives européennes. La Commission estime qu’il faut ’faire évoluer la réglementation en vigueur sur les OGM datant de 2001’ ’qui n’est pas adaptée aux progrès scientifiques et que cela entraîne des incertitudes juridiques’. 

Et d’ajouter que ’les NBT ont un réel potentiel pour contribuer à des systèmes alimentaires plus durables et compatibles avec les objectifs de la stratégie européenne sur le Green Deal (pacte vert pour la neutralité carbone en 2050, ndlr) et le Farm to fork (’De la ferme à l’assiette’ : stratégie de l’union européenne pour un système alimentaire équitable, sain et respectueux de l’environnement, ndlr).’

Explication de l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) sur les techniques de modification génétique des organismes vivants grâce à CRISPR/CAS9, une technologie brevetée par l’entreprise Cortevia. De nombreuses plantes issues des NBT dépendent de la technique de ciseaux génétiques CRISPR/CAS9.

A (re)lire sur notre site : Biotechnologies : des plantes brevetées aux gènes modifiés… mais non-OGM

Les ONG et les associations paysannes sont vent debout depuis la publication de l’étude de la Commission favorable à une dérégulation des NBT. L’ONG Pollinis, qui a participé à l’appel à contribution de la Commission européenne sur les nouvelles techniques génomiques, s’est positionnée ’contre l’assouplissement des règles applicables aux plantes obtenues par mutagénèse ciblée et par cisgénèse (NBT), envisagé par Bruxelles’, en réaffirmant l’importance du principe de précaution. Greenpeace a pour sa part lancé une pétition.

Tous les éléments de langage utilisés par la Commission européenne ou les industriels pour promouvoir les NBT reposent sur des éléments qui ne sont pas démontrés. Ni par des études scientifiques, ni par des faits. Guy Kastler, délégué général du Réseau semences paysannes français

Du coté des syndicats de l’agro-industrie, ce rapport de la Commission est une bonne nouvelle, puisque selon euxil ouvre la voie d’une nouvelle réglementation permettant l’accès à ces innovations pour tous les agriculteurs, afin de répondre aux multiples défis posés par le changement climatique et la transition agroécologique.

Les NBT, des OGM vraiment pas comme les autres ?

Pour Guy Kastler, membre de la Confédération paysanne, délégué général du Réseau semences paysannes français, les discours en faveur des NBT ne sont pas prouvés : ’Tous les éléments de langage qui sont utilisés par la Commission européenne ou les industriels pour promouvoir les NBT — et qui tournent en boucle — reposent sur des éléments qui ne sont pas démontrés. Ni par des études scientifiques ni par des faits.

Il faut une réglementation conforme à ce que sont les NBT, et pas à ce à quoi on voudrait les associer (…) Le cadre juridique européen n’est plus compatible avec le cadre scientifique. Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture français, janvier 2021

Cet agriculteur, spécialiste des biotechnologies pour les plantes, souligne que ’le discours actuel qui stipule que la réglementation actuelle interdirait tous les produits issus de ces nouvelles techniques, est totalement faux. La réglementation OGM en vigueur — confirmée par la Cour de justice européenne — n’interdit en rien les NBT.’

Des enjeux importants

Le ministre de l’Agriculture français, Julien Denormandie s’est prononcé en faveur d’une sortie des NBT de la catégorie OGM dès janvier 2021. Grâce à une ’réglementation conforme à ce qu’elles sont, et pas à ce à quoi on voudrait les associer’, selon lui. Le ministre de l’Agriculture souligne alors, qu’à son sens, ’le cadre juridique européen n’est plus compatible avec le cadre scientifique’, et qu’il attend ’un rapport de la Commission européenne pour harmoniser les deux cadres.

NBT : Le gouvernement français menacé de sanctions

Ce 8 novembre 2021, le Conseil d’État a menacé le gouvernement français de sanctions financières s’il ne réglemente pas la culture des variétés (NBT) rendues tolérantes aux herbicides avant le 8 février prochain. Par ailleurs le Conseil d’État saisit la Cour de justice européenne au sujet de la réglementation des OGM que la Commission européenne, l’industrie des biotechnologies et le gouvernement français souhaitent supprimer.

Décision complète du Conseil d’État du 8 novembre 2021

Guy Kastler estime peu crédible de reprocher au cadre réglementaire des OGM d’être inadapté aux NBT : ’Ceux qui défendent la sortie des NBT du cadre réglementaire des OGM disent que l’évaluation est trop complexe. Sauf qu’à l’heure actuelle, les évaluations fournies sont basées uniquement sur les études fournies par l’industrie, comme dans le cas du glyphosate.

Mais pour le membre de la Confédération paysanne, les enjeux se situent avant tout au niveau des brevets liés à ces techniques génomiques : ’Tous les brevets sur l’application aux plantes de la technique Crispr/Cas9, par exemple, sont entre les mains de Cortevia, anciennement Dupont, qui est la deuxième multinationale semencière au monde.

Risque de poursuites pour les agriculteurs ?

Guy Kastler explique que dans le cas des NBT, cette problématique des brevets est centrale : ’Contrairement au droit d’obtention végétale — où des experts se déplacent dans un champ pour bien vérifier que c’est la variété qui est identifiée par les caractères phénotypiques des plantes (morphologie, caractéristiques apparentes des plantes, ndlr), avec les brevets des NBT, c’est le caractère génétique qui est contrôlé. ’.

La traçabilité propre aux NBT va simplifier les poursuites que pourront engager les semenciers contre les agriculteurs. Guy Kastler, délégué général du Réseau semences paysannes français - Le représentant du Réseau semences paysannes estime donc que ’la traçabilité propre aux NBT va simplifier les poursuites que pourront engager les semenciers contre les agriculteurs qui utiliseraient leur propre semence, sans rémunérer le détenteur du brevet.

Extension des brevets aux caractéristiques du vivant

Mais pour Guy Kastler, le fond du problème avec les NBT se situe encore au delà, de par l’extension des brevets aux plantes natives, qui est inscrite dans la ’directive brevets’ européenne. Cette extension de brevets signifie, selon Guy Kastler que si un industriel utilise un de ces procédés d’édition génomique pour obtenir un brevet sur le caractère d’un blé résistant à un champignon, et que dans mon champ j’ai hérité de mon grand-père d’une variété de blé qui résiste au même champignon — avec la même information génétique — et bien la portée du brevet s’étend à mes plantes’.

D’une manière générale, comme le précise le spécialiste, ’cette directive permet en effet que la portée d’un brevet sur une information génétique s’étende à tout organisme ou toute plante qui contient cette information génétique et exprime sa fonction

A (re)lire : Europe : les multinationales peuvent désormais breveter le vivant

Ces entreprises cherchent à verrouiller l’information génétique de tous les caractères agronomiques liés, de ce qui est le plus cultivé sur la planète (…) De cette manière là, ils sont en train de s’emparer de toutes les semences qui existent. Guy Kastler, délégué général du Réseau semences paysannes français

L’enjeu des NBT n’est donc pas le même que celui des OGM transgéniques, clairement distincts des semences natives, selon Guy Kastler. Ce dernier estime que c’est en réalité une forme de privatisation des semences agricoles qui est en train d’advenir : ’Les quatre ou cinq entreprises qui contrôlent plus de la motié du marché mondial des semences détiennent la majorité des brevets et ont déjà déposé des brevets sur la majorité des informations génétiques d’intérêt agricole pour les mono-cultures industrielles.’

Pour le spécialiste des semences, c’est là que le danger des NBT réside : ’Ces entreprises cherchent à verrouiller l’information génétique de tous les caractères agronomiques liés de ce qui est le plus cultivé sur la planète : le blé, le maïs, le soja, le colza, le coton. De cette manière là, ils sont en train de s’emparer de toutes les semences qui existent.

Pascal Hérard Mise à jour 24.12.2021 à 15:44 - Recevoir TV5MONDE- Source : https://information.tv5monde.com/info/environnement-faut-il-s-inquieter-d-une-deregulation-des-nouveaux-ogm-en-europe-430823

Le sommaire ci-après indique les articles traduits sur le sujet de l’étiquetage des « nouveaux OGM’ »

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Sommaire

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  • La ’technologie d’extinction’ extrême des OGM par ‘gene drive’ est présentée comme ’naturelle’ – Traduction du 24 septembre 2022 par Jacques Hallard d’un article en date du 19 septembre 2022 publié par ‘gmwatch’ sous le titre « Extreme GM ’extinction technology’ of gene drives presented as ’natural’  » - Référence : https://www.gmwatch.org/en/106-news/latest-news/20098-extreme-gm-extinction-technology-of-gene-drives-presented-as-natural
    Addenda préliminaire – Défintion d’orwellien – Étymologie - De Orwell, nom de plume de l’écrivain George Orwell, avec le suffixe -ien… - 1. Relatif à George Orwell ou à son œuvre. Et c’est là que réside pour moi toute la puissance du texte orwellien : le totalitarisme, c’est le meurtre du langage. — (Pascal Martin, «  1984  », Autres Temps  : Les cahiers du christianisme social, numéro 4, 1984, page 89) – 2. (Par extension) De caractère totalitaire et manipulant l’information, tel que dans le monde imaginé par George Orwell. La libre expression ferait alors sauter tous les cadres institutionnels qui empêchent son plein épanouissement, tout en dénonçant un “journalisme de connivence”, les médias étant devenus une “classe médiatique” dont le travail s’apparenterait à une propagande ou à un matraquage orwellien dans lequel les citoyens passifs seraient enfermés à leur insu. — (Emmanuel Taïeb, «  De quelques rumeurs après le 11 septembre 2001  », Quaderni, numéro 50, 2003, page 13) - La récente affaire des données personnelles récoltées sur Facebook et exploitées par des organismes orwelliens comme Cambridge Analytica l’illustre par le scandale et les auditions au Sénat américain. — (Kamel Daoud, Un commissariat politique universel, Le Point n° 2382, 26 avril 2018) - Les expressions de vénération du dirigeant — des lieux publics aux villages, des écoles aux habitations, des opéras révolutionnaires aux chants des petits pionniers en passant par les badges à son effigie que portent tous les Coréens à partir de seize ans — avaient pris au début des années 1970 un tour orwellien. — (Philippe Pons, Corée du Nord, un État-guérilla en mutation, éditions Gallimard, avril 2016, page 212) - Pourtant, la BBC présentait tout récemment un énième reportage sur les atrocités que subissent les Ouïghours, les camps d’internement dans lesquels ils sont torturés, les viols collectifs, la stérilisation obligatoire, les travaux forcés et la surveillance orwellienne. Ce qu’on y apprend est nauséeux, sinon carrément insupportable. — (Nathalie Elgrably-Lévy, Ouighours : des États brillent par leur inaction, Le Journal de Québec, 12 février 2021) - Source : https://fr.wiktionary.org/wiki/orwellien

Texte traduit

Gene Drive

Image par Mariuswalter via {}Wiki Commons . Sous licence Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International licence.

Les initiatives orwelliennes visant à redéfinir notre concept de la nature visent à faire accepter par le public et les réglementations, les technologies à risque. Reportage : Claire Robinson

Ceux qui observent les mesures du gouvernement britannique visant à’ déréglementer ’(supprimer les contrôles réglementaires des OGM) auront remarqué les tentatives de normalisation du génie génétique dans l’esprit du public, des décideurs et des régulateurs en utilisant les termes’ nature’,’ naturel ’et’ naturellement ’pour décrire les changements apportés par les techniques génétiquement modifiées comme l’édition de gènes, qui sont prétendues simplement’imiter le processus de sélection naturel’. La motivation semble être de créer un sentiment de sécurité et de familiarité autour du génie génétique qui désamorcera l’opposition à la déréglementation.

Nous considérons ces développements comme non scientifiques et dangereux, car la recherche montre que les changements induits par l’édition de gènes sont différents de ce qui pourrait se produire naturellement et présentent des risques particuliers.

Maintenant, des mouvements orwelliens similaires se produisent dans le domaine des lecteurs de gènes. Une transmission génétique est une technologie de génie génétique qui force une modification génétique particulière à travers une population en modifiant les règles naturelles de l’hérédité, généralement pour s’assurer qu’elle est de plus en plus – ou toujours – héritée. Les organismes à entraînement génique sont conçus pour diffuser intentionnellement leurs traits modifiés dans toute une population, renversant ainsi l’impératif habituel d’essayer de contenir et d’empêcher les gènes modifiés de contaminer et de perturber les écosystèmes. Ils peuvent être conçus pour remodeler ou supprimer des espèces entières.

La technologie de la transmission génétique est profondément impopulaire et craint à juste titre par le public et les régulateurs. C’est dans ce contexte que, ces dernières années, certains chercheurs ont commencé à décrire les soi-disant ’éléments génétiques égoïstes’ trouvés dans la nature* comme des ’pulsions génétiques naturelles’ et à présenter la pulsion génétique comme un ’phénomène naturel omniprésent’.

Conformément à cette tendance, dans un article d’opinion publié dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), un groupe de développeurs de lecteurs de gènes, dont Luke Alphey, Andrea Crisanti et Omar Akbari, tente de redéfinir les lecteurs de gènes comme naturels.

Dans leur article, ’Standardiser la définition de la pulsion génétique’, Alphey et ses collègues soutiennent que ’les pulsions génétiques sont un phénomène naturel. Ils sont nés de processus entièrement naturels de mutation et de sélection ; en effet, de nombreux types existent... et les pulsions génétiques et les reliques d’anciennes pulsions génétiques sont répandues dans la nature.’Ils affirment que la’ biologie moléculaire moderne ’ permet désormais aux ingénieurs en génétique ’d’imiter divers types de lecteurs de gènes naturels en laboratoire’.

En complément de leur article, ils publient un glossaire terminologique ’pour éviter toute confusion sur le terrain’, qui catégorise clairement certains phénomènes génétiques naturels comme des pulsions génétiques.

Maintenant, deux scientifiques, le Dr Mark A. Wells et le Dr Ricarda Steinbrecher, ont publié un commentaire dans PNAS contestant la position d’Alphey et de ses collègues. Les Drs Wells et Steinbrecher écrivent : ’La définition du terme’ entraînement génique ’ Alphey et al., cela inclurait les éléments génétiques égoïstes naturels (SGE) et les processus naturels provoquant une hérédité biaisée. Nous ne sommes pas d’accord avec cet aspect de la proposition, qui ne reflète pas l’utilisation originale du terme, qui se rapportait aux systèmes d’ingénierie. La définition modifiée a pour effet de souligner la similitude des lecteurs de gènes modifiés avec les SGE naturels en permettant de décrire les deux comme des ’lecteurs de gènes’.’

Ceci est trompeur, ajoutent – ils, car ’L’utilisation de cette technologie [de transmission génétique artificielle] comporte de graves risques-nous craignons donc que la terminologie proposée présente les systèmes de transmission génétique artificielle comme des entités naturelles réutilisées. Cela apporte malheureusement des connotations de sécurité et de familiarité qui décourageront l’examen nécessaire. Nous considérons donc la définition proposée comme problématique dans le contexte des discussions politiques et réglementaires concernant cette technologie.

’Par exemple, nous trouvons inquiétant qu’un rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature, qui aura une influence sur le débat réglementaire dans la communauté de la conservation, ait introduit la ’transmission génétique’ comme ’un phénomène naturel omniprésent’.

Ils soulignent : ’Il existe des différences significatives entre les systèmes artificiels et naturels qui se jouent au niveau des risques. Les systèmes de transmission génétique conçus seraient évidemment utilisés pour servir les intentions humaines. Bien que ces intentions méritent elles-mêmes un examen minutieux, elles affecteront également fondamentalement la composition, les propriétés et le contexte génomique des éléments modifiés résultants.’

Ils concluent : ’À notre avis, une définition plus étroite, avec l’intentionnalité et l’utilisation du génie génétique comme caractéristiques déterminantes, est plus appropriée, en particulier dans le contexte de l’évaluation des risques.’

L’importance de la sémantique

Répondant à une déclaration signée par 80 scientifiques et experts politiques internationaux s’opposant à l’utilisation croissante du terme ’sélection de précision’ pour décrire la technique imprécise d’édition de gènes, le lobbyiste pro-OGM et pesticides Kevin Folta a rejeté la déclaration comme n’étant rien d’autre que de la ’sémantique’.

Mais les mots comptent, comme George Orwell nous l’a enseigné. Et étant donné que la réglementation et la loi dépendent entièrement de la ’sémantique’ – la branche de la linguistique et de la logique concernée par le sens – nous interprétons le tweet de Folta comme confirmant l’importance cruciale à la fois de la déclaration et du nouvel article des Drs Wells et Steinbrecher. Le concept de la nature elle-même est tordu pour forcer l’acceptation de technologies qui pourraient avoir des conséquences graves, voire catastrophiques.

— -

Le nouveau commentaire :

Wells, Mark A, and Steinbrecher, Ricarda A. “Natural selfish genetic elements should not be defined as gene drives’ – (Les éléments génétiques égoïstes naturels ne devraient pas être définis comme des pulsions génétiques). Actes de l’Académie nationale des sciences des États-Unis d’Amérique vol. 119,34 (2022) : e2201142119. Doi :10.1073 / pnas.2201142119 https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2201142119 (accès libre)

* Tels que les transposons, les séquences d’acides nucléiques dans l’ADN qui peuvent changer leur position dans un génome, créant ou inversant parfois des mutations et modifiant l’identité génétique et la taille du génome de la cellule.

Source : https://www.gmwatch.org/en/106-news/latest-news/20098-extreme-gm-extinction-technology-of-gene-drives-presented-as-natural

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Code QR sur l’étiquette des aliments

’La décision d’aujourd’hui marque une étape clé vers la fin des pratiques trompeuses et discriminatoires de l’industrie alimentaire en matière d’étiquetage des aliments OGM’

Un tribunal de district américain a jugé que la décision du Département américain de l’Agriculture (USDA) d’autoriser les aliments génétiquement modifiés (OGM) à n’être étiquetés qu’avec un code ’QR’ était illégale et que l’USDA devait plutôt ajouter des options de divulgation supplémentaires à ces aliments en vertu de la Norme Nationale de divulgation des aliments bioingéniés de l’USDA. Le tribunal a renvoyé à l’agence les parties du code QR des règles de l’administration Trump de 2018 pour l’étiquetage des OGM entrées en vigueur le 1er janvier 2022, qui entravaient l’accès des consommateurs avec des divulgations électroniques ou numériques lourdes.

’C’est une victoire pour tous les Américains’, a déclaré Meredith Stevenson, avocate du personnel du Center for Food Safety (CFS) et avocate dans l’affaire. ’La décision d’aujourd’hui marque une étape clé vers la fin des pratiques trompeuses et discriminatoires d’étiquetage des aliments OGM de l’industrie alimentaire, qui ont gardé les consommateurs dans l’ignorance en dissimulant ce qu’il y a dans leurs produits.’

[Addenda – Voir Center for Food Safety

« The Center for Food Safety (CFS) is a 501c3, U.S. non-profit advocacy organization, based in Washington, D.C. It maintains an office in San Francisco, California. The executive director is Andrew Kimbrell, an attorney. Its stated mission is to protect human health and the environment, focusing on food production technologies such as genetically modified plants and organisms (GMOs). It was founded in 1997.[1]

Traduction JH : Le Center for Food Safety (CFS) est une organisation américaine à but non lucratif de type 501c3, basée à Washington, D.C. Il possède un bureau à San Francisco, en Californie. Son directeur exécutif est Andrew Kimbrell, un avocat. Sa mission déclarée est de protéger la santé humaine et l’environnement, en se concentrant sur les technologies de production alimentaire telles que les plantes et organismes génétiquement modifiés (OGM). Elle a été fondée en 1997[1]… - Source : https://en.wikipedia.org/wiki/Center_for_Food_Safety ].

Le CFS a intenté une action contre l’USDA en 2020 au nom d’une coalition d’organisations à but non lucratif et de détaillants, y compris des épiciers naturels, exploitant 157 magasins dans 20 États, et Puget Consumers Co-op, le plus grand marché alimentaire communautaire du pays. Le procès faisait suite à l’élaboration de règles par l’USDA en décembre 2018, qui aurait discriminé des dizaines de millions d’Américains en autorisant l’utilisation de codes QR uniquement sur les emballages après que l’USDA elle-même ait jugé l’étiquetage des codes QR insuffisant.

Le procès faisait suite à une campagne de plus de vingt ans menée par le CSA pour obtenir l’étiquetage des OGM aux États-Unis, comme c’est le cas dans plus de 60 pays à travers le monde, y compris la législation des États et aboutissant à la toute première loi fédérale sur l’étiquetage des OGM.

’Le tribunal a maintenant confirmé que l’USDA a agi illégalement en autorisant le code QR autonome et d’autres étiquetages numériques et électroniques des OGM’, a déclaré Andrew Kimbrell, directeur exécutif du Center for Food Safety. ’Cela devrait être un avertissement pour le secteur de l’alimentation industrielle qu’éviter d’être clair sur l’étiquetage des emballages en utilisant uniquement des codes QR ne passera pas l’examen juridique. Le CSA continuera de travailler pour garantir le droit de chaque Américain à savoir ce qu’il y a dans sa nourriture.’

Le tribunal a statué que la décision de l’USDA d’autoriser la divulgation électronique ou numérique uniquement sur l’emballage, également connue sous le nom d’étiquetage ’code QR’ ou ’smartphone’, sans nécessiter d’étiquetage supplémentaire sur l’emballage, était une ’erreur importante’. L’USDA a violé la loi en autorisant les codes QR seuls malgré le mandat ’simple’ du Congrès exigeant que l’agence étudie d’abord si la divulgation numérique fournirait des informations significatives aux consommateurs pour améliorer l’accessibilité, et y remédier si elle les jugeait insuffisantes. En 2018, le CSA a poursuivi avec succès l’USDA pour publier l’étude, qui a montré de manière concluante que les codes QR échoueraient. Mais dans cette règle finale, l’USDA est allé de l’avant de toute façon.

La décision de la cour a expliqué que ’en mandatant une étude sur l’accessibilité des’ options supplémentaires et comparables ’ pour améliorer l’accessibilité de la méthode de divulgation électronique.’

L’USDA devra maintenant réviser les parties de ses règles de 2018 qui autorisent l’étiquetage par code QR et supprimer l’option des codes QR seuls sur l’emballage. Au lieu de cela, l’USDA devra ajouter une option de divulgation supplémentaire à l’étiquetage par code QR accessible à tous les Américains.

Le tribunal s’est rangé du côté de l’USDA sur plusieurs autres contestations présentées par les plaignants, notamment le maintien de l’utilisation par l’USDA de la nouvelle terminologie inconnue, ’bio-ingénierie’ et le refus de ’GE’ ou ’OGM’.’Le tribunal a également statué que l’USDA peut également continuer à exclure les produits’ hautement raffinés ’de la divulgation obligatoire à moins que le matériau GE ne soit’ détectable ’ par la méthode d’essai choisie par les fabricants. Pour ces décisions, ’les plaignants examineront toutes les options, y compris l’appel’, selon Stevenson.

Citations des demandeurs représentés

’C’est une victoire pour la famille américaine. Ils peuvent désormais prendre des décisions d’achat en toute connaissance de cause au lieu d’être obligés d’utiliser un travail de détective pour comprendre ce que cachent les étiquettes des aliments’, a déclaré Alan Lewis, vice-président du plaidoyer et des affaires gouvernementales pour Natural Grocers. ’Le rejet par le public des OGM cachés a été évalué par le tribunal comme étant supérieur au désir de l’industrie agrochimique de cacher les OGM derrière des règles bureaucratiques incompréhensibles.’

’Nous sommes très heureux que le Tribunal de district ait reconnu la nature défectueuse de la Norme nationale de divulgation des aliments issus de la bioingénierie et en ait retiré au moins un des aspects les plus flagrants de la norme d’étiquetage’, a déclaré Mark Squire, copropriétaire et directeur de Good Earth Natural Foods. ’Nous continuerons à nous battre pour une honnêteté et une transparence totales dans l’étiquetage des aliments.’

’PCC croit que nos communautés ont le droit de savoir ce qu’il y a dans leurs aliments et comment ils sont cultivés d’une manière claire, facile d’accès pour tous et qui ne viole pas les droits du premier amendement des détaillants’, a déclaré Aimee Simpson, Directrice du plaidoyer et de la durabilité des produits pour PCC Community Markets, un plaignant. ’La décision d’aujourd’hui garantit que les normes nationales d’étiquetage des OGM nous rapprochent de plusieurs pas de la véritable transparence du système alimentaire.’

’Je suis ravi de la décision de la cour aujourd’hui’, a déclaré Pamm Larry, directrice organisatrice de Label GMOs. ’Cette décision est une victoire pour le droit du consommateur de savoir ce qu’il achète et ce qu’il met dans la bouche de ses enfants. Espérons que l’USDA reviendra à la table et adoptera un règlement qui protège nos droits et exige que les fabricants d’aliments disent la vérité sur ce qu’il y a dans nos aliments.’

Source : Centre pour la Sécurité Alimentaire - https://www.centerforfoodsafety.org/press-releases/6714/court-rules-qr-codes-alone-unlawful-for-gmo-food-labeling

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Cet article est paru (en anglais) pour la première fois sur le site Web de ‘Beyond GM’ et il est disponible ici. Il a été reproduit sur GMWatch avec permission.

[Addenda – Voir Beyond GM -

À propos de ‘Beyond GM’ – Traduction de Jacques Hallard

Beyond GM a été créé en 2014 en tant qu’initiative indépendante dans le but de ramener un public privé de ses droits dans les discussions autour des organismes génétiquement modifiés (OGM). Nos fondateurs apportent à l’organisation une riche expérience dans les domaines de l’alimentation, de l’agriculture, de la santé, de l’environnement, du plaidoyer et de la communication, et notre objectif est d’élever le niveau du débat sur les OGM dans l’alimentation et l’agriculture ; de le rendre plus stimulant et d’élargir la discussion au-delà des dialogues souvent abstraits et impénétrables de la science en laboratoire et du monde universitaire, dans un contexte réel de préoccupations sociales, éthiques, environnementales et citoyennes. Nous sommes basés au Royaume-Uni mais notre portée est européenne.

Nous n’essayons pas de cacher le fait que nous pensons qu’il existe de nombreuses questions légitimes et sans réponse concernant l’utilisation des technologies génétiques dans notre système alimentaire, ni notre soutien à ce que l’on pourrait appeler un ’modèle agroécologique’ d’agriculture qui fournit une approche efficace, et à bien des égards plus démocratique et facilement adaptable, de la production alimentaire.

Depuis notre lancement, nous avons été responsables de plusieurs activités très médiatisées visant à accroître la sensibilisation à un problème qui touche tous ceux qui mangent, qui se développe rapidement et globalement et qui est pourtant passé sous le radar de la conscience publique et des médias.

Nous disposons d’une plateforme publique importante, active et en pleine expansion, mais nous nous adressons également à d’autres personnes et le principal moyen d’y parvenir est notre initiative A Bigger Conversation, qui nous amène à discuter avec un groupe beaucoup plus large de scientifiques, d’universitaires, d’éthiciens, d’obtenteurs de plantes, de décideurs politiques et d’autres personnes, représentant tous les points - et tous les points de vue - de l’éventail du génie génétique agricole. Une grande partie de notre travail politique est menée dans le cadre de cette initiative.

Directrices :

Pat Thomas - Pat Thomas est une militante, journaliste et autrice primée. Ancienne rédactrice du magazine Ecologist, Pat a mené des campagnes pour Meat-Free Monday de Paul McCartney, Compassion in World Farming et Neal’s Yard Remedies. En 2011, son travail à la tête de la campagne Cows Belong in Fields a valu à CIWF le Observer Ethical Award du militant de l’année. En 2014, elle a cofondé le groupe de campagne Beyond GM. Pat est titulaire d’un diplôme de psychothérapie. Elle est également l’auteur de plus de 40 livres pour adultes et enfants et a été intronisée dans le Who’s Who en 2014. En plus de son travail avec Beyond GM, Pat travaille occasionnellement avec l’agence d’investigation Ecostorm. Elle continue à écrire en tant que pigiste et fait régulièrement des interventions publiques et des apparitions dans les médias. Elle a été membre du conseil d’administration de la Soil Association et de l’Organic Research Centre, ainsi que de l’agence de presse d’investigation Eyewitness au Royaume-Uni, et fait actuellement partie du conseil consultatif de GMO Free USA.

Lawrence Woodward - Lawrence Woodward O.B.E. Cofondatrice et ancienne directrice de l’Organic Research Centre - Elm Farm ; Lawrence a été décoré de l’Ordre de l’Empire britannique en 2001 pour services rendus à l’agriculture biologique, après avoir joué un rôle central dans le développement stratégique et pratique du secteur biologique au Royaume-Uni et dans le monde. Elle a été le présidente fondatrice de l’Organic Milk Suppliers Cooperative (OMSCo), d’Organic Arable, d’Organic Seed Producers Ltd, du European Consortium of Organic Plant Breeders et de l’Organic Resource Agency (ORA). Il a été administrateur de la New Economics Foundation et de la Soil Association et a été président de la Fédération internationale des mouvements agricoles (IFOAM). Entre autres activités, elle siège actuellement au conseil d’administration de ‘Whole Health Agriculture’ et agit en tant que conseillère auprès de l’Organic Research Centre, de l’ Oxford Real Farming Conference et de plusieurs projets liés à la production de semences, aux techniques d’agriculture biologique et à la santé ].

Source de ces informations : https://beyond-gm.org/about-beyond-gm/

Reprise du schéma original :

https://beyond-gm.org/wp-content/uploads/2022/09/Modified-Edited-Precision-GMO-970x647.jpg

Depuis des décennies, les aliments génétiquement modifiés (OGM) en vente en Grande-Bretagne doivent porter une étiquette.

Cette étiquette avertit les consommateurs de la présence d’organismes génétiquement modifiés, leur permettant ainsi de choisir s’ils souhaitent acheter et consommer de tels aliments.

L’étiquetage permet également aux producteurs et aux transformateurs de décider s’ils veulent produire des aliments contenant des OGM.

Au Royaume-Uni, la responsabilité de l’étiquetage des aliments est répartie entre plusieurs ministères et agences gouvernementales.

Le ministère de l’environnement, de l’alimentation et des affaires rurales (Defra) est responsable de la politique alimentaire et de l’étiquetage général des aliments, comme la liste des ingrédients et l’étiquetage du pays d’origine.

La Food Standards Agency (FSA) est responsable de la politique en matière de sécurité alimentaire, d’hygiène alimentaire (y compris l’étiquetage des allergènes), d’aliments importés, de nouveaux aliments et d’aliments génétiquement modifiés. Elle est également responsable des autres intérêts des consommateurs en matière d’alimentation, notamment le prix, la disponibilité et certains aspects des normes de production alimentaire comme les préoccupations environnementales et le bien-être des animaux.

Le Department of Health and Social Care (DHSC) est responsable de l’étiquetage nutritionnel tel qu’il apparaît sur le devant des emballages alimentaires.

Suppression de votre droit de savoir

Les enquêtes auprès des consommateurs montrent régulièrement que le public souhaite que les aliments génétiquement modifiés soient étiquetés.

Le projet de loi sur la technologie génétique (« élevage de précision »), actuellement devant le Parlement, supprime toutes les exigences légales en matière d’étiquetage des OGM. Pour ce faire, il rebaptise les OGM ’organismes génétiquement modifiés’ (OGM) et les redéfinit comme produits de ’transformation naturelle’ ou de ’sélection traditionnelle’.

Les développeurs souhaitant cultiver ou mettre sur le marché des organismes génétiquement modifiés devront simplement certifier que leurs organismes remplissent les conditions requises pour bénéficier d’une exemption réglementaire, et donc d’une exemption d’étiquetage.

Actuellement, l’Agence britannique des normes alimentaires (FSA) a indiqué qu’elle avait l’intention de supprimer toute obligation d’étiquetage pour ces aliments génétiquement modifiés et de les retirer du registre des nouveaux aliments. Sans obligation légale d’étiquetage et sans effort apparent de la part de la FSA pour maintenir et faire respecter l’étiquetage, nous ne saurons plus ce que nous mangeons.

« Élevage de précision » = modification génétique = OGM

Comment nos autorités peuvent-elles s’en sortir ?

L’abandon de l’étiquetage destiné aux consommateurs et d’une traçabilité rigoureuse trouve son origine dans le faux discours du gouvernement britannique et de l’establishment de la recherche en biotechnologie, selon lequel l’édition de gènes est différente de la modification génétique et que les aliments génétiquement modifiés pourraient être apparus naturellement ou avoir été créés par la soi-disant ’sélection traditionnelle’.

Au cœur de ce récit scientifiquement contesté se trouve le mensonge selon lequel l’édition de gènes n’implique pas l’insertion de matériel génétique étranger. Ce mensonge a été répété sans être critiqué ni remis en question par les médias et a servi à faire taire les critiques à l’égard de cette technologie et à masquer l’ampleur réelle des projets du gouvernement.

Dans le cadre de la nouvelle législation proposée, si les OEB exemptés peuvent être créés à l’aide des nouvelles techniques d’édition de gènes, ils peuvent également être créés à l’aide des anciennes techniques OGM, y compris l’insertion de matériel génétique étranger (transgènes). En effet, à l’heure actuelle, les trois cultures testées en Angleterre dans le cadre des nouvelles réglementations libéralisées sur les essais en champ ont été créées à l’aide de transgènes.

Cet abandon est également ancré dans le mensonge selon lequel les produits génétiquement modifiés ne peuvent être détectés parce que les modifications apportées au génome d’une plante ne sont pas différentes de celles qui auraient pu être créées dans la nature ou par le biais de la sélection végétale traditionnelle. C’est ignorer le fait que, pour tester les organismes génétiquement modifiés, les développeurs doivent avoir un moyen de les détecter et de les suivre, et que la protection des précieux brevets sur les OGM dépend d’une méthode de détection fiable.

Même si ce n’était pas le cas, les pistes d’audit existantes fournissent des garanties de provenance solides pour une série de produits dans le secteur alimentaire, notamment l’origine géographique, les produits de volaille élevés en plein air et en grange. Elles pourraient facilement fournir des informations sur les cultures génétiquement modifiées également.

Il est inquiétant de constater que ces mensonges ont été diffusés au Parlement dans les documents d’information du Defra envoyés aux députés et aux pairs. Beaucoup de nos parlementaires, très occupés, se fient aux documents d’information officiels et aux résumés des rapports des médias plutôt qu’à une lecture attentive de la législation proposée pour s’informer. Cela signifie que ceux qui débattent et votent sur ce projet de loi sont mal informés - et certains diraient qu’ils sont délibérément trompés.

Alors que le projet de loi sur le génie génétique poursuit sa progression au Parlement, voici quelques raisons pour lesquelles l’étiquetage, la transparence et la traçabilité sont d’une importance vitale.

C’est ce que veut le public

Pour de nombreux consommateurs, l’étiquetage est une ligne rouge claire. L’année dernière, le gouvernement a demandé au public s’il était favorable aux changements prévus dans la réglementation des technologies génétiques. Une écrasante majorité a répondu par la négative ; 85 % ont estimé que les technologies génétiques utilisées en agriculture devaient continuer à être réglementées, et donc étiquetées, de la même manière que les autres OGM.

Ce résultat n’était pas inattendu. Des sondages publics menés par l’Economic and Social Research Council et UK Research and Innovation, le Lloyd’s Register, le National Centre for Social Research, Food Standards Scotland et le Pew Research Center ont tous montré peu d’appétit du public pour les cultures et les aliments génétiquement modifiés.

Une enquête récente de la Food Standards Agency a révélé que “les consommateurs souhaitaient une réglementation approfondie et un étiquetage transparent si les aliments GE arrivaient sur le marché britannique”.

Le dialogue public du Conseil de Nuffield sur la bioéthique sur les animaux édités par le génome a révélé, entre autres, que les participants avaient un fort intérêt et un désir d’influencer la façon dont la nourriture qu’ils consomment est cultivée et élevée. Les participants ont exprimé des préoccupations importantes concernant les moteurs commerciaux de l’édition du génome chez les animaux d’élevage, ainsi que la capacité des systèmes de gouvernance et de réglementation à contrôler la technologie d’une manière qui réponde aux aspirations du public pour le futur système alimentaire du Royaume-Uni.

Les citoyens sont des acteurs majeurs de l’alimentation et de l’agriculture et leur droit de choisir est aussi un droit de refus. Cela ne peut être pleinement exercé que si les produits fabriqués à partir de technologies de génie génétique ou contenant des plantes, des animaux et des microbes génétiquement modifiés sont clairement étiquetés à toutes les étapes de la chaîne d’approvisionnement.

Il fournit des informations

Les étiquettes sont la principale source d’information sur les aliments pour la plupart des gens et, en tant que telles, elles sont vitales pour un choix éclairé. Au cours de la déposition orale donnée lors des audiences du Comité du Projet de loi public sur le projet de loi, Helen Ferrier, Conseillère en chef des affaires scientifiques et réglementaires à l’Union nationale des agriculteurs et Robin May, Conseiller scientifique en chef de l’Agence des normes alimentaires, se sont prononcés contre l’étiquetage.

Le professeur May est allé jusqu’à suggérer que nous n’avons pas besoin d’étiquettes parce que la plupart d’entre nous passent “moins de six secondes à considérer chaque aliment que nous achetons au supermarché, ce qui n’est pas assez de temps pour considérer l’étiquette.” [sic !]

C’était un chiffre très sélectif (et non référencé) qui a été utilisé pour suggérer que les gens n’appliquent pas leurs facultés critiques lorsqu’ils font leurs courses et ne se soucient pas de ce qu’ils mangent.

Au lieu de l’étude non référencée du professeur May, considérons celle-ci, publiée en 2010 dans le Journal of Public Health, qui a étudié 6 pays européens dont, à l’époque, le Royaume-Uni. Il a constaté qu’en moyenne, les acheteurs passent 35 secondes à regarder les étiquettes et que ce temps augmente ou diminue en fonction de l’aliment qu’ils envisagent. Nous passons moins de temps sur les produits frais mais plus sur les aliments transformés et hautement transformés. Les aliments hautement transformés restent la destination la plus courante pour les OGM de toutes sortes.

Il convient également de noter que la campagne CLEAR (dont nous sommes membres) appelle actuellement à l’étiquetage obligatoire des méthodes de production. Nous voyons la question de l’édition du génome comme un signal d’alarme ici. Si le gouvernement décide vraiment que la façon dont une plante ou un animal génétiquement modifié est produit n’est pas pertinente et n’a pas besoin d’être incluse sur l’étiquette, cela enlève le mandat de tout autre type d’étiquetage de la méthode de production.

Il favorise la confiance

L’étiquetage et la traçabilité font partie intégrante de la transparence. La transparence, à son tour, renforce la confiance et favorise une relation plus forte entre le producteur et le consommateur. La confiance du public dans le système alimentaire pour fournir des aliments sains et nutritifs d’une manière qui n’inflige pas de dommages irrévocables à nos écosystèmes diminue. Une enquête récente menée par EIT Food a suggéré que les acheteurs font confiance aux petits magasins plutôt qu’aux grands détaillants, car ils sont susceptibles d’être mieux informés sur l’origine des produits qu’ils vendent.

La suppression de l’étiquetage de tout type d’aliment génétiquement modifié ne peut que nuire davantage à la confiance.

Actuellement, au nom du ’ renforcement de la confiance” des consommateurs, il existe un effort concerté pour “rassurer” les consommateurs sur la sécurité et les avantages de l’édition de gènes.

La version longue du récit va quelque chose comme ceci : C’est une question complexe que seuls les scientifiques peuvent comprendre. Les citoyens ne font pas confiance à cette technologie parce qu’ils ne la comprennent pas. Il appartient donc aux scientifiques de l’expliquer de manière à éduquer et à rassurer les citoyens sur sa sécurité et à exploiter ses avantages potentiels.

La version courte du récit est la suivante : les gens sont trop stupides pour comprendre ce problème, nous pouvons donc dire tout ce que nous voulons sans craindre d’être contestés.

Vous ne pouvez pas établir la confiance sur un mélange de demi-vérités et de mensonges, et ce point de vue fait de nos citoyens une injustice flagrante.

Dans toutes nos rencontres avec le public au fil des ans, nous en sommes venus à comprendre que la plupart des gens ont un désir de comprendre et une vision plus nuancée de l’alimentation et du système alimentaire qu’on ne le leur attribue. De plus, malgré tous les discours sur la confiance du gouvernement et des agences alimentaires, nous voyons très peu de preuves que le gouvernement et les agences alimentaires ont confiance dans le public.

Ce n’est pas seulement une question de sécurité

Les préoccupations des citoyens ne sont pas simplement axées sur la sécurité et les risques, mais englobent toute une gamme de questions éclairées par des valeurs individuelles. Au sein du système alimentaire, ces valeurs sont abordées par d’autres types d’étiquetage : élevage en plein air, commerce équitable, biologique, sans cruauté, sans ingrédients artificiels, végétarien et ce concept tant décrié, naturel.

L’étiquetage, en général, permet aux consommateurs d’avoir des connaissances et de choisir un produit qui, selon eux, correspond à leur style de vie et à leurs valeurs.

Comme nous l’avons dit dans notre propre témoignage devant le Comité du projet de loi public, la plupart des citoyens se soucient de ce qu’ils mangent. Cependant, la majeure partie du système alimentaire est cachée aux yeux des citoyens. Là où c’est visible, les gens font des choix positifs. Les citoyens se soucient de ce qu’ils mangent, et ils se soucient de la façon dont il a été produit, c’est pourquoi les gens recherchent du lait biologique, des œufs élevés en plein air, de la viande nourrie au pâturage ou du café ou du chocolat du commerce équitable.

Il fournit des commentaires importants pour les détaillants

L’absence de dispositions en matière d’étiquetage ne sert que l’industrie de la biotechnologie et lui permet de dicter ce que les gens achètent et mangent. Les développeurs de biotechnologies pensent que cela crée des ’règles du jeu équitables’. En réalité, la rétention d’informations biaise les habitudes d’achat et l’image réelle des préférences des consommateurs.

Les détaillants utilisent des informations sur les préférences d’achat (exprimées par des décisions d’achat ou non) pour informer les produits qu’ils stockent et les ingrédients qu’ils utilisent dans leurs propres produits alimentaires de marque. Ces informations peuvent également être transmises via le système de production. Sans étiquetage, ce système de rétroaction est perdu.

C’est nécessaire pour le commerce

L’une des principales raisons pour lesquelles le Royaume-Uni souhaite déréglementer les produits de l’édition génétique est de pouvoir importer des marchandises, y compris des aliments génétiquement modifiés, d’autres pays tels que les États-Unis, le Canada, l’Australie et le Japon.

Cependant, le paysage réglementaire mondial est actuellement un puzzle de nombreuses approches et exigences différentes. Ce qui ne nécessite pas d’étiquetage dans un pays peut très bien nécessiter un étiquetage dans un autre pays. Sans traçabilité et étiquetage, les produits importés contenant des OGM non exemptés dans un pays, pourraient entrer dans les systèmes alimentaires d’autres pays introuvables et non étiquetés.

Dans le Royaume-Uni post-Brexit, il s’agit d’un problème particulièrement aigu. En renommant ce qui constitue un OGM, les produits génétiquement modifiés produits ici ne peuvent légalement pas être vendus sans étiquette dans des endroits comme l’Irlande du Nord. En outre, l’Écosse et le Pays de Galles ont clairement indiqué qu’ils ne souhaitaient pas autoriser de tels produits dans leurs propres systèmes alimentaires.

C’est essentiel quand les choses tournent mal

Sans étiquettes, il sera impossible de tracer et de surveiller les OGM dans l’environnement. Si quelque chose ne va pas, nous ne serons pas en mesure d’identifier la cause. La traçabilité de ces organismes créés en laboratoire est essentielle pour permettre le rappel si de nouveaux allergènes, toxines ou autres problèmes de santé humaine ou de sécurité environnementale surviennent après la libération.

Transparence-vue d’ensemble

Il est également important de comprendre que l’étiquetage n’est qu’un aspect de la question plus large de la transparence. Les autres sont la traçabilité et la coexistence.

La traçabilité signifie la possibilité de retracer les produits tout au long des chaînes de production et de distribution. Il est nécessaire de faciliter le contrôle et la vérification des allégations sur l’étiquetage ; pour une surveillance ciblée des effets potentiels sur la santé et l’environnement, le cas échéant ; et pour le retrait des produits contenant ou consistant en OGM en cas de risque imprévu pour la santé humaine ou l’environnement.

La coexistence – le droit de choisir comment cultiver et le droit de choisir d’acheter des produits provenant de différents systèmes agricoles – est fondamentale au Royaume-Uni et aucun système ne devrait être autorisé à empiéter sur un autre. Une coexistence équitable nécessite des lignes directrices et des mesures appropriées pour prévenir les impacts sur le terrain, la ferme et l’environnement au sens large (comme la contamination) et pour assurer la cohérence et permettre une surveillance post-dissémination si nécessaire.

Comme pour l’étiquetage, les dispositions relatives à la traçabilité et à la coexistence dans le projet de loi sur la technologie génétique sont au mieux sommaires. Une réglementation future peut – ou non – être introduite et elle peut – ou non-inclure des dispositions relatives à l’étiquetage.

Un registre public sur le site Web du gouvernement ou de la FSA peut - ou non – être mis en œuvre. Bien qu’un registre soit mieux que rien, il reste à voir comment il servira les citoyens qui souhaitent prendre des décisions d’achat alimentaire.

Comment, par exemple, une mère occupée errant dans un supermarché, avec deux enfants « à la remorque », négociera- t-elle les eaux troubles du site Web du gouvernement pour trouver le registre public et ensuite essayer de discerner si la nourriture qu’elle souhaite acheter contient des ingrédients génétiquement modifiés ? Seul un étiquetage clair fournira les informations que les consommateurs souhaitent en un coup d’œil.

La Defra a indiqué que des directives volontaires ou des tiers certificateurs pourraient assumer la responsabilité de l’étiquetage. Mais cette option ajoute une couche inutile de complexité et de coût pour les consommateurs et les entreprises. La réglementation légale, inscrite dans les lois de ce pays, est l’option la plus claire et la plus honnête.

Mais dans l’état actuel des choses, on en laisse trop à des idées à moitié cuites et à de vagues promesses dans un avenir lointain. La position déclarée de la Defra et la position apparente de la FSA suggèrent que de telles promesses sont trompeuses, floconneuses et probablement peu sincères.

Cet article est apparu pour la première fois sur le site Web de ‘Beyond GM’ et est disponible ici. Il est reproduit sur GMWatch avec permission.

Source : https://www.gmwatch.org/en/106-news/latest-news/20090-gene-editing-just-label-it

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