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"L’Agence Européenne pour l’Environnement souligne les risques de cancers liés aux téléphones portables" par le Dr. Mae-Wan Ho

Traduction et compléments de Jacques Hallard

jeudi 4 août 2011, par Ho Dr Mae-Wan

ISIS Santé Champs électromagnétiques
L’Agence Européenne pour l’Environnement souligne les risques de cancers liés aux téléphones portables
European Environment Agency Highlight Mobile Phone Cancer Risks
Les derniers examens et commentaires concluent qu’une exposition pendant 10 ans, par l’usage d’un télépnone portable, augmente les risques de tumeurs du cerveau, en particulier chez les jeunes personnes. Dr. Mae-Wan Ho


Rapport ISIS en date du 15/06/2011
La version originale, avec toutes les références, intitulé European Environment Agency Highlight Mobile Phone Cancer Risks est accessible par les membres de l’ISIS sur le site www.i-sis.org.uk/EEA_Highlight_Mobile_Phone_Cancer_Risks.php
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Des preuves liant le risque de tumeur de la tête à l’usage de téléphones mobiles sont prises très au sérieux par l’Agence Européenne pour l’Environnement (AEE). L’évidence s’est renforcée progressivement depuis 2007 et 2009, lorsque l’AEE a émis des "alertes précoces" successives, sur la base du principe de précaution.

Les derniers avis déposés sur des éléments de preuve ont conclu que les personnes qui ont vécu avec plus de 10 années d’exposition à un téléphone portable, sont de 1,5 à 2,0 fois plus susceptibles d’avoir un cancer du cerveau, en particulier du côté de la tête où le téléphone est le plus utilisé. Et le risque est encore beaucoup plus grand chez les jeunes – de moins de 20 ans – chez lesquels le risque est 5 fois supérieur.
La Professeure Jacqueline McGlade, Directrice et David Gee, Conseiller principal pour la science, la politique et les questions émergentes de l’AEE, ont fait une déclaration conjointe lors d’une audition au Conseil Européen sur les champs électromagnétiques le 25 février 2011 [1].

Ils ont réitéré l’avertissement que l’AEE avait formulé en 2009, selon lequel les preuves, « encore très limitées et des plus controversées », étaient néanmoins assez fortes (à cette même époque), sur la base du principe de précaution, pour justifier de prendre toutes les mesures raisonnables pour réduire l’exposition des utilisateurs aux champs électromagnétiques CEM, surtout pour les fréquences radio émises par les téléphones mobiles, et en particulier les expositions chez les enfants et les jeunes adultes.

Ces mesures comprennent l’arrêt de l’utilisation du téléphone mobile en le plaçant à côté du cerveau, ce qui peut être obtenu en utilisant le dispositif mains libres et l’adoption des téléphones avec un design amélioré, qui pourraient générer moins de rayonnements et rendre facile l’utilisation du dispositif main libre.

L’agence a appelé à un réexamen de la base scientifique pour les normes actuelles d’exposition aux champs électromagnétiques CEM, qui ont des limitations importantes, telle que la dépendance vis-à-vis du « paradigme contesté des effets thermiques » et d’autres hypothèses simplistes. Elle a recommandé un étiquetage efficace et des avertissements et mises en garde sur les risques potentiels pour les utilisateurs de téléphone mobile.
Dans l’Union Européenne, 80 pour cent des citoyens disent qu’ils ne se sentent pas bien informés, et 65 pour cent d’entre eux disent qu’ils ne sont pas satisfaits de l’information qu’ils reçoivent. L’agence a également suggéré que des fonds sont nécessaires pour financer et organiser le « besoin urgent de recherches sur les effets sanitaires des téléphones et des mâts avec antennes qui leur sont associés ». Ces fonds pourraient comprendre des subventions provenant de fonds des industries en cause, et, éventuellement, un faible prélèvement sur l’achat et/ou sur l’utilisation des téléphones portables, comme celui qui avait été mis en place aux États-Unis dans l’industrie du caoutchouc pour les recherches sur le caoutchouc dans les années 1970, lorsque les cancers du poumon et de l’estomac étaient en train de devenir un problème sanitaire.

« Étant donné la nature sérieuse et largement irréversible des risques de tumeur cérébrale à partir de téléphones mobiles, il serait approprié de prendre des mesures sur des preuves relativement faibles face à de tels effets », ont déclaré Jacqueline McGlade et David Gee.

En raison de leur information soumise en 2009 et des préoccupations répandues dans les populations, le Parlement Européen avait adopté une résolution sur les champs électromagnétiques CEM en 2009, qui entre autres choses, avait appelé à diminuer l’exposition aux champs électromagnétiques, et à préconiser des limites d’exposition inférieures, afin de mieux protéger le public contre les dangers pour la santé. Une résolution similaire avait été à nouveau adoptée en mai 2011 (voir [2] Wireless Phone Radiation "Possibly Carcinogenic" *
* Version en français intitulée "Les rayonnements des téléphones sans fil sont « cancérogènes possibles » " par le Dr. Mae-Wan Ho, traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article100

Des données récentes sur les téléphones mobiles et les cancers de la tête

McGlade et Gee ont attiré l’attention sur deux revues récentes [3, 4] des principales études qui semblent être contradictoires : les études de Hardell en Suède, qui avait constamment trouvé des liens entre les cancers de la tête et l’utilisation du téléphone mobile, d’une part, et les études dénommées sous le vocable ‘Interphone’, d’autre part, qui n’en trouvaient pas.

Les critiques ont trouvé une cohérence lorsque l’analyse a correctement centrée sur le groupe à risque, sans doute la plupart du temps le plus probable – c’est-à-dire chez les personnes qui ont été soumises aux rayoneementx pendant plus de 10 années d’exposition – et chez lesquelles il y a un risque de 1,5 à 2 fois supérieur d’apparition des cancers de la tête, par rapport aux témoins, et surtout du côté de la tête où le téléphone est le plus utilisé.

Le deuxième examen [3], publié en février 2011, est particulièrement significatif parce que l’auteure principale Elisabeth Cardis a été la coordinatrice de l’étude ‘Interphone’, tandis que sa co-auteure Siegal Sadetzki est une autre participante à l’étude ‘Interphone’ [voir dans la partie ‘Définitions & Compléments’ à la suite de cet article, dans la rubrique Siegal Sadetzki]. Elles ont examiné les résultats des deux études : celle de Hardell et celle du groupe ‘Interphone’ et elles ont conclu que, globalement, les résultats suggèrent « l’existence de l’association possible » entre l’utilisation des téléphones mobiles et les cancers de la tête, et elles ont recommandé des mesures simples et peu coûteuses pour réduire les expositions à titre de précaution, en particulier chez les jeunes.

Un nouveau document en provenance du Japon [5], non inclus dans l’examen, a également permis de constater une augmentation du risque de neurinomes de l’acoustique dans les groupes de personnes les plus exposées.

McGlade et Gee ont fait une référence spéciale aux effets non thermiques des champs électromagnétiques à partir de la monographie publiée par l’Institut Ramazzine [6] (voir [7] ] Quantum Coherent Water, Non-thermal Effect, & Homeopathy, SiS 51), *
* Version en français intitulée ‘L’eau cohérente quantique - Les effets non thermiques des champs élecromagnétiques – L’homéopathie’ ; sous presse.

Ces informations fournissent, parmi beaucoup d’autres choses, « d’amples preuves » pour contrer l’affirmation selon laquelle il n’y à aucun effet biologique significatif non thermique à partir des champs électromagnétiques ; les effets thermiques des champs électromagnétiques bien documentés sont des raisons supplémentaires pour avoir exprimé une alerte précoce et pour avoir pris des mesures de précaution.

Manque de transparence dans les rapports de données controversées

Les chersheurs McGlade et Gee ont critiqué le manque de transparence dans les rapports des données controversées dans l’étude ‘Interphone’ [8], un programme de recherche mis en place en 2000 pour étudier l’association entre l’utilisation du téléphone mobile et le risque de cancers, notamment du cerveau, de la tête ou du cou. Il a été coordonné par l’Agence internationale de recherche sur le cancer (CIRC), dans le cadre de l’Organisation Mondiale de la Santé. L’étude implique des recherches dans 13 pays : Australie, Canada, Danemark, Finlande, France, Allemagne, Israël, Italie, Japon, Nouvelle-Zélande, Norvège, Suède et Royaume-Uni.

L’étude a été achevée en 2006, mais elle n’a seulement été finalement publiée qu’en 2010, le retard causé venant apparemment des 13 scientifiques concernés qui avaient été incapables de s’entendre sur l’interprétation des résultats. Cependant, ces différences n’ont pas été rendues explicites dans le rapport publié, en dépit de la demande de l’Agence Européenne pour l’Environnement (AEE) en 2009, pour rendre ces différences d’interprétation transparentes, afin d’aider les décideurs et le public à mieux comprendre comment les différents scientifiques pouvaient aboutir à des conclusions très différentes en travaillant sur les mêmes données.

Pour aggraver les choses, les rapports des médias ont été contradictoires. Cardis, coordinatrice de l’étude ‘Interphone’, pensait que « dans l’ensemble ... les résultats montrent un effet réel », en accord avec le co-auteur du rapport Armstrong, qui pensait que les résultats montrent « une indication d’un risque de gliomes », mais qu’il ne pouvait pas le dire « avec certitude » et Sadetzki, qui pensait que les résultats indiquent systématiquement un risque qui n’est pas « suffisamment fort pour une interprétation causale ... mais qu’il est suffisant pour soutenir les politiques de précaution ». Toutefois, Feychting, un co-auteur, s’était fait remarqué en disant que : « l’utilisation des téléphones portables pendant plus de dix ans ne montre aucune augmentation du risque de tumeurs cérébrales ».

Feychting et Ahlbom, un autre co-auteur d’Interphone, ont pris part à une conférence de presse à leur institut en Suède, un jour avant la date prévue pour annoncer le communiqué du CIRC, ce qui a encore aggravé la confusion. Ahlbom a depuis été démasqué et dénoncé comme ayant un grave conflit d’intérêts, par l’intermédiaire de liens avec une société de lobbying de l’industrie des télécommunications [2].

Manque de recherche indépendante

Si le public et l’environnement doivent être protégés de manière adéquate contre les dangers des nouvelles technologies, il doit y avoir suffisamment de recherches indépendantes sur les risques potentiels, et que celles-ci soient conduites suffisamment tôt pour les prévenir. McGlade et Gee ont déclaré. « Nous sommes concernés et nous avons des craintes par le fait que pendant ces trois dernières décennies, pendant lesquelles il y a eu des réductions importantes de la recherche scientifique indépendante et financée sur les risques sanitaires environnementaux et sur les risques sanitaires qui leur sont liés, en comparaison des moyens alloués à la recherche privée sur le développement des nouvelles technologies ».

Ils ont également élargi leurs critiques à d’autres domaines. Par exemple, 220 millions de £ avaient été affectés sur les applications des nanotechnologies par l‘UK Engineering and Physical Sciences Research Council’, le Conseil pour les Recherches en Sciences Physiques et en Engineurie au Royaume-Uni, contre moins de 2 millions de £ affectés pour des recherches sur les dangers potentiels des nanotechnologies en matière d’environnement, de santé et de sécurité.

Ils ont aussi attiré l’attention sur certains domaines tels que les OGM (organismes génétiquement modifiés) et les champs électromagnétiques, où « des obstacles importants à une recherche indépendante ont également été créés ».

Les scientifiques « lanceurs d’alerte », qui peuvent intervenir précocement, doivent être protégés

Enfin, McGlade et Gee ont déclaré : « Il est important pour la société, la science et la santé publique que les scientifiques, qui apportent des alertes précoces concernant des dommages ultérieurs possibles, soient encouragés, plutôt que harcelés ». Le harcèlement des scientifiques est très répandu, et notamment envers ceux qui étudient le changement climatique, les OGM et les champs électromagnétiques CEM ; par ailleurs, des "associations de scientifiques", des juristes et des politiciens devraient examiner les moyens que la société pourrait proposer à ces scientifiques en vue de leur assurer une meilleure protection ».

Malheureusement, le harcèlement et la victimisation des scientifiques honnêtes continuent, alors même que le CIRC, dans les rouages de l’OMS, a été contraint d’admettre que les champs électromagnétiques CEM, associés aux téléphones sans fil, sont « possiblement cancérigènes » [2].

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Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
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