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"Les cotonniers Bt (OGM résistants au ver de la capsule du coton) : un serpent de mer qui disparait au Burkina Faso et au Kenya puis revient en Inde et au Bangladesh, tandis qu’Etats-Unis, Sénégal, Argentine relancent les plantes OGM" par Jacques Hallard

vendredi 9 septembre 2022, par Hallard Jacques

ISIAS Coton Bt OGM Serpent de mer

Les cotonniers Bt (OGM résistants au ver de la capsule du coton) : un serpent de mer qui disparait au Burkina Faso et au Kenya puis revient en Inde et au Bangladesh, tandis qu’Etats-Unis, Sénégal, Argentine relancent les plantes OGM

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 08/09/2022

Plan du document : Présentation Préambule Introduction Sommaire Auteur

Coton Bt - Les cotonniers Bt sont des cultivars de l’espèce Gossypium hirsutum qui ont été modifiées génétiquement (OGM) par l’ajout du gène leur conférant la capacité de produire un insecticide. Le terme « Bt » fait référence au Bacillus thuringiensis dont le gène codant la protéine insecticide a été extrait. Wikipédia


Introduction

Ce dossier revient sur le thème des cultures de plantes génétiquement modifiées (OGM), tout d’abord avec une approche rétrospective sur le coton Bt, une plante transgénique ou OGM, modifié pour lui conférer une résistante à des insectes.

En Afrique, le coton Bt (OGM) fut une expérience ratée car il n’a pas tenu ses promesses au Burkina Faso et maintenant c’est la culture de ce coton transgénique (ou OGM) « qui prend du plomb dans l’aile » au Kenya.

En Inde, « le coton Bt regagne la confiance des agriculteurs : la superficie cultivée passe à 93,6% ; avec cela, cette plante transgénique (OGM) résistante aux insectes a retrouvé la confiance des agriculteurs qui avait été ébranlée il y a trois ans », d’une part, et l’autorisation officielle du coton Bt (OGM) au Bangladesh est une nouvelle ’alarmante’ : l’affirmation selon laquelle les producteurs gagnent plus ne correspond pas à l’expérience d’autres pays », d’autre part …

Pendant ce temps, aux Etats-Unis « La loi sur la réduction de l’inflation du président des Etats-Unis Joe Biden prévoit une subvention massive des contribuables aux cultures de plantes génétiquement modifiées (OGM) », tandis qu’au Sénégal la société civile dénonce une fuite en avant devant le recours aux OGM décidé par les autorités gouvernementales, risquant de perturber le programme de production et de diffusion des semences paysannes et en étant incompatible avec l’essor de l’agroécologie qui se fait jour dans ce pays de l’Afrique sub-saharienne...

Par ailleurs, l’Argentine vient d’autoriser la commercialisation du premier blé OGM tolérant à un herbicide qui est interdit en Europe * et tolérant à certains stress hydriques ** : « les vents sont favorables pour les cultures du blé et des sojas OGM dans ce pays d’Amérique latine bien que l’Argentine, {{}}premier exportateur mondial de farine et d’huile de soja, ait été amené à suspendre provisoirement en mars 2022 ses ventes à l’étranger ’jusqu’à nouvel ordre’…- dont il est le premier exportateur mondial – car le gouvernement argentin s’inquiète de la hausse des prix des matières premières, aggravée par la guerre en Ukraine (Source GEO avec AFP Publié le 14/03/2022 à 15h43).


* L’herbicide en question est « le glufosinate, un produit commercialisé par Biocérès en Argentine, mais interdit en Europe depuis 2018. Dès 2017, l’Agence nationale de sécurité sanitaire et alimentaire (Anses), en France, interdisait c’est herbicide composé avec une substance classée ‘reprotoxique’ présumée (R1B), au nom des « risques pour la santé humaine ». L’Europe n’interdit pour autant pas l’importation de céréales traitées par cet herbicide, s’ils respectent les seuils réglementaires ». (Selon ‘Reporterre’).

Addenda – Selon Wikipédia : « La reprotoxicité est tout phénomène de toxicité (substances, rayonnements...) pouvant altérer la fertilité de l’homme ou de la femme, ou altérer le développement de l’enfant à naître (avortement spontané, malformation…)1.

Pour des raisons de santé publique et/ou de protection de l’environnement, la mise sur le marché et l’emploi de certains produits reprotoxiques peuvent être réglementés (limités ou interdits). Les reprotoxiques affectent la fécondité et/ou la fertilité, soit par une toxicité directe pour les gonades ou le système reproducteur, soit en induisant un comportement ne permettant plus la reproduction. Ces produits peuvent, dans le cas des perturbateurs endocriniens, agir à très faible dose. Ils peuvent parfois aussi agir in utero en bloquant le développement normal des organes sexuels ou de glandes les contrôlant, bien avant la naissance de l’individu ; on les dit alors embryotoxiques ou fœtotoxiques.

Il existe des périodes de vulnérabilité aux reprotoxiques ; ce sont notamment ceux de la formation des organes génitaux in utero et la phase de puberté. Les règlementations dans le monde tendent à regrouper les substances Cancérigènes, Mutagènes et Reprotoxiques (ou « CMR »).

Pour la directive européenne 67/548/CEE, sont reprotoxiques toutes « substances et préparations qui, par inhalation, ingestion ou pénétration cutanée, peuvent produire ou augmenter la fréquence d’effets nocifs non héréditaires dans la progéniture ou porter atteinte aux fonctions ou capacités reproductives mâles ou femelles »2.

Reprotoxicité sur les animaux - Des études ont montré l’impact de certains produits chimiques perturbateurs endocriniens :

  • féminisation de poissons dans les rivières polluées : le nombre de femelles augmente par rapport au nombre de mâles ;
  • masculinisation de certains coquillages, par exemple par les organoétains ;
  • cas de micropénis chez les crocodiles vivant dans des lacs pollués par le DDT.
    Reprotoxicité sur les humains - En France, 30 % des femmes de 25 à 44 ans déclarent avoir eu des difficultés à avoir un enfant, ou ne pas avoir pu en faire. On observe par ailleurs depuis les années 1960 une augmentation des cancers des testicules et des malformations génitales chez l’homme, ainsi qu’une diminution de la production spermatique :
  • une méta analyse danoise de 1992 sur des publications scientifiques publiées durant cinquante ans montre une diminution de 50 millions du nombre de spermatozoïdes ;
  • une étude de l’hôpital Cochin sur les donneurs de sperme entre 1973 et 1992 a montré une baisse du nombre de spermatozoïdes de 30 millions ;
  • on a constaté des cas d’infertilité chez des travailleurs de bananeraies manipulant des pesticides.
    Il y a peu de preuve formelle de la reprotoxicité sur l’Homme, en raison de l’impossibilité éthique de faire des expérimentations. Il existe toutefois de fortes présomptions, du fait des résultats sur les animaux, ainsi que des constatations faites sur des accidents ou les conséquences de certaines expositions professionnelles, avec par exemple :

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/21/GHS-pictogram-silhouette.svg/220px-GHS-pictogram-silhouette.svg.png

Symbole du système général harmonisé de classification et d’étiquetage des produits chimiques indiquant un produit chimique sensibilisant, mutagène, cancérogène ou reprotoxique.

Les produits cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) sont peu à peu pris en compte par la législation. À titre d’exemple, en France, l’employeur doit informer les salariés des risques induits par les reprotoxiques (comme pour les produits cancérigènes et/ou mutagènes), par une attestation d’exposition cosignée de l’employeur et du médecin du travail, remise à tout salarié exposé quand il cesse son activité.

L’information sur l’exposition doit être organisée par l’employeur en collaboration avec le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) et le médecin du travail, lesquels doivent être informés au plus vite de toute exposition anormale.

L’employeur doit tenir à jour et à disposition du médecin du travail la liste des personnes exposées et si possible du niveau d’exposition. Un salarié ne peut être exposé à des CMR qu’après examen médical par la médecine du travail, renouvelé au moins une fois par an. Le dossier médical (à conserver 50 ans après cessation de l’exposition) doit préciser la nature du travail fait, sa durée et les périodes d’exposition (dont accidentelle le cas échéant) et le résultat des examens médicaux. L’employeur n’a pas le droit de faire travailler une femme enceinte ou allaitante en présence de substances reprotoxiques3.

En France, la redevance pour pollution diffuse, perçue par les Agences de l’eau concerne aussi les reprotoxiques Y sont assujetties « toute personne distribuant les produits visés à l’article L. 253-1 du code rural et de la pêche maritime en vertu de l’agrément visé à l’article L. 254-1 du même code 4 » ;
« L’assiette de la redevance est la masse de substances classées, conformément aux catégories définies pour l’application de l’article L. 4411-6 du code du travail, comme très toxiques, toxiques, cancérogènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction ou dangereuses pour l’environnement, contenues dans les produits mentionnés au I4. »

Prévention - Certains pays (Danemark en particulier) mènent déjà des campagnes de sensibilisation en recommandant aux femmes de manger bio et d’éviter les cosmétiques susceptibles de contenir des pseudo-hormones. Quelques pays recommandent aux femmes enceintes d’éviter certains poissons trop riches en mercure et autres reprotoxiques (PBC, dioxines..) tels que thon, espadon, et autres grands poissons carnivores. En 2008, une expertise collective a été commandée à l’INSERM sur certains produits suspectés d’être cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR, catégorie 3).

La France envisage aussi en 2008/2009 :

  • une étude de l’Afssaps sur l’évaluation des risques des cosmétiques chez la femme enceinte et le jeune enfant5 ;
  • un logo est souhaité par le ministre, à créer en accord avec les industriels pour informer les femmes enceintes et les enfants (mais en novembre 2008, il n’y a pas encore de liste des produits concernés)6 ;
  • que soit inséré dans le carnet de maternité « une information sur le risque potentiel7 de l’utilisation de certains produits pendant la grossesse »8 ;
  • une campagne de sensibilisation des femmes enceintes et des professionnels de santé (commandée à l’INPES), mais il faudrait que les femmes se prémunissent du contact avec certains produits plusieurs mois avant la grossesse (cf. durée de demi-vie dans l’organisme de certains produits stables, dont les métaux tels que le mercure).
    Problèmes émergents - Certains nouveaux produits chimiques, en particulier quand ils présentent des propriétés toxique ou de leurre hormonal font parfois l’objet d’études de risque pour la santé reproductive. À la suite de la diffusion récente dans notre environnement de nanoparticules dont les effets sont mal connus, un projet dit « Nanogenotox », coordonnée par l’Afsset et impliquant plusieurs pays européens, vise (sur 3 ans) à donner à la Commission européenne « une méthode alternative, robuste et fiable de détection du potentiel génotoxique des nanomatériaux susceptibles d’engendrer un risque de cancer ou de toxicité pour la reproduction chez l’homme ». Dans ce cadre, 14 nanomatériaux manufacturés (classés en 3 groupes : dioxyde de titane, silice et nanotubes de carbone choisis car déjà utilisés dans des produits tels que cosmétiques, aliments, produits de consommation courante) seront étudiés dont du point de vue des risques d’exposition (orale, cutanée, inhalée, avec test in vivo) et de leur production en Europe9…. »


** « La résistance à la sécheresse annoncée – mais qui reste à confirmer – résulterait de l’introduction d’un gène de tournesol nommé Hahb-4. Ce blé HB4 ouvrirait ainsi la voie à une nouvelle génération d’OGM destinée à adapter l’agriculture au changement climatique. Selon une étude publiée en 2020 par les chercheurs à l’origine de cette variété, les essais expérimentaux de culture de HB4 dans plusieurs situations de stress hydriques montrent une augmentation moyenne de 16 % des rendements de l’OGM par rapport à une variété de blé conventionnelle ». (Selon ‘Reporterre’).

Alors, quoi de neuf en Europe ? Deux informations selon Inf’OGM >

Une mauvaise : « Objectif 2030 en Europe : déréglementer la plupart des OGM ? « - Par Charlotte KRINKE, Eric MEUNIER - Date de rédaction / mise à jour : 16 août 2022 – Document ‘infogm.org’

Une encourageante : « En Italie, la justice protège l’interdiction des cultures de plantes OGM – Par Charlotte KRINKE - Date de rédaction / mise à jour : 10 août 2022 – Document ‘infogm.org’

Les documents sélectionnés pour réaliser ce dossier à visée didactique sont indiqués avec leurs accès dans le sommaire ci-après.

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Sommaire

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Controverses - Article connexe : Controverse sur les organismes génétiquement modifiés.

En 2010, la revue Science révèle les conséquences indésirables très importantes causées par la culture de cotonniers Bt en Chine du Nord. La culture sur trois millions d’hectares d’un cotonnier Bt, manipulé pour produire un insecticide contre un papillon ravageur, a abouti à la prolifération de la punaise des champs, Adelphocoris lineolatus qui a ravagé 26 millions d’hectares de cultures maraîchères et fruitières, touchant 10 millions de petits exploitants du Hebei et du Shandong. De ce fait, ils ont dû fortement augmenté l’usage des pesticides chimiques pour sauver les récoltes2,3.

En 2016, le Burkina Faso, premier pays africain à s’être lancé dans le coton transgénique (2003) arrête la production de ce type de coton et revient à des semences traditionnelles. Les variétés de Monsanto donnent des fibres plus courtes et de moins bonne qualité, ce qui entraîne une baisse catastrophique de la valeur de la production et des invendus sur les marchés internationaux. Même si les rendements sont plus importants, la baisse de qualité du coton a conduit la société cotonnière à cesser de distribuer les semences de coton Bt4,5.

Article connexe : Surfaces cultivées en OGM.

Source de l’article avec références : https://fr.wikipedia.org/wiki/Coton_Bt

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  • Rétrospective 1 - Des Etats-Unis à l’Inde : le coton transgénique tisse sa toile - version PDF - par Caroline QUAZZO, Eric MEUNIER - Dossier Inf’OGM n°40 - mars 2003 - Date de rédaction / mise à jour : mars 2003
    L’histoire du coton est ancienne. Des restes de tissus en coton ont été retrouvés dans la vallée de l’Indus, en Inde, datant de 3200 ans avant JC. Un autre centre d’origine du coton a été découvert au Mexique. Mais, c’est à partir de l’Inde qu’a eu lieu la diffusion du coton, vers le Moyen Orient, puis l’Egypte, puis, en parallèle, vers l’Afrique et l’Europe. Le coton est encore aujourd’hui la principale source végétale pour tout ce qui est tissu, utilisé principalement sous forme de fibres.

Ses co-produits entrent dans l’alimentation animale (tourteaux) et humaine (sous forme d’huile), mais leur disponibilité est tributaire du coton textile. Il représente une culture de rente importante pour nombre de pays en voie de développement. La culture intensive du coton est particulièrement dépendante de l’application de très nombreux pesticides. Actuellement plus de 10% des herbicides et près de 25% des insecticides utilisés dans le monde sont consacrés à la culture du coton (1). Mais les parasites deviennent de plus en plus résistants aux insecticides et des mauvaises herbes tolérantes aux herbicides se développent. L’emploi des pesticides s’accroît donc tandis que les prix mondiaux du coton se réduisent, diminuant d’autant les revenus des agriculteurs, obligés de s’endetter. Face à l’escalade de la demande de pesticides, le coton transgénique serait, selon les entreprises de biotechnologie, l’unique solution, et ce malgré la remise en cause des bénéfices avancés, les risques environnementaux et sanitaires, ou encore la possibilité de productions alternatives utilisant des cultures conventionnelles.

Les cotons génétiquement modifiés mis sur le marché sont « résistants » aux insectes et / ou aux herbicides, comme 99% des plantes transgéniques actuellement commercialisées. Le coton Bt a été modifié pour produire son propre insecticide, une protéine issue de la bactérie Bacillus thuringensis (Bt), principalement contre le ver de la capsule du coton (Helicoverpa zea ou « bollworm ») ; la variété de coton Bt se nomme Bollgard (ou Ingard, en Australie). Le coton Bt est le principal coton transgénique commercialisé. En ce qui concerne la tolérance aux herbicides, les variétés de coton produites sont tolérantes au glyphosate (coton Roundup Ready), à l’Oxynil (coton BXN) - toutes deux propriétés de Monsanto -, ou au sulfonylurea (Dupont). Enfin, une dernière variété de coton transgénique, BXN Bt, présente la double caractéristique de tolérer un herbicide (oxynil) et de produire du Bt.

Etat des lieux

20% du coton mondial est transgénique : selon l’ISAAA (International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications), la surface totale de coton OGM cultivée en 2002 serait de 6,8 millions d’hectares (Mha), soit 12,8% de la surface globale de cultures transgéniques (53 Mha). Le coton arrive en troisième position, après le soja et le maïs. Le premier coton transgénique fut commercialisé en 1994 aux Etats-Unis. Huit pays autorisent les cultures commerciales : l’Afrique du Sud, l’Argentine, l’Australie, la Chine, les Etats-Unis, l’Inde, l’Indonésie et le Mexique (cf. tableau ci-dessous)….

Source de l’article complet : https://www.infogm.org/des-etats-unis-a-l-inde-le-coton-transgenique-tisse-sa-toile

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  • Rétrospective 2 - Conditions, résultats et perspectives d’utilisation du coton génétiquement modifié (coton bt) dans les pays en développement - Michel Fok - Dans Revue Tiers Monde 2006/4 (n° 188), pages 773 à 798
    1 La commercialisation à grande échelle des variétés génétiquement modifiées, à partir de la campagne 1996-1997, a exacerbé le débat (PINSTRUP-ANDERSEN et SCHIOLER, 2001) sur la pertinence de ces variétés pour les pays en développement (PED). D’un côté, on les voyait comme la solution pour permettre aux PED de rattraper leur retard de productivité et de résoudre le problème de la faim dans le monde (ASIAN DEVELOPMENT BANK, 2001, PRAKASH, 2004). De l’autre, les critiques ou suspicions étaient de plusieurs ordres. On relevait l’inadéquation des variétés disponibles pour contribuer à remédier au problème de la faim (MACDONALD, 2003). On soulignait les risques de soumettre les paysans pauvres au pouvoir de monopole des semenciers (MAZOYER, 2000) en leur faisant adopter une solution technique dont on mettait en doute l’efficacité. On alertait sur les risques environnementaux, liés à l’évolution de la faune ou de la flore en conséquence de l’utilisation des variétés génétiquement modifiées. Sur ce plan, on a plus particulièrement mis en avant la crainte de l’émergence de ravageurs résistants aux toxines Bt produites dans les plantes génétiquement modifiées (MYERS, 1999). Le débat est devenu tellement passionné, voire irrationnel parfois, que d’aucuns appellent à davantage de sérénité et de méthode pour cerner l’utilisation des OGM en agriculture (CONNER, GLARE et NAP, 2003 ; KELEMU, MAHUKU, FREGENE et al., 2003) en invitant à fonder les analyses sur les études de cas (GIANESSI, SILVER, SANKULA et CARPENTER, 2002).

2 La commercialisation à grande échelle de cotonnier génétiquement modifié (CGM) dans les PED, ou considérés comme tels (l’Afrique du Sud et la Chine dès 1997-1998, et l’Inde en 2002), a concerné essentiellement les variétés résistantes à certains ravageurs incorporant un gène Bt (coton Bt). Après dix ans d’utilisation, le recul permet d’apprécier les résultats obtenus.

3 Le CGM (cotonnier génétiquement modifié) n’est cependant pas une nouveauté technologique habituelle. Son développement a nécessité des investissements privés très élevés. Sa diffusion est accompagnée de règles nouvelles et particulières pour son utilisation. Ce sont ces règles qui déterminent pour beaucoup les impacts, notamment économiques, de leur utilisation. C’est une certaine variation de ces règles entre les pays utilisateurs, méconnue ou insuffisamment prise en compte, qui peut expliquer la diversité des impacts obtenus. L’objet de cet article est d’évaluer ces impacts en relation avec les conditions de diffusion. Cette approche devrait permettre de mieux appréhender les perspectives d’utilisation du CGM dans les PED.

4 La deuxième partie est centrée sur l’analyse des innovations institutionnelles qui ont accompagné la diffusion du CGM dans le monde. La troisième partie propose une synthèse des résultats d’utilisation du CGM pour souligner les différences suivant les modes de production et les niveaux économiques des pays. La quatrième partie est une analyse rétrospective des effets anticipés, positifs ou négatifs, au regard des résultats aujourd’hui disponibles. La conclusion précise les conditions, en particulier économiques et organisationnelles, pour que l’utilisation soit réellement bénéfique aux PED.

I – Analyse des conditions d’utilisation du cgm

5 On recense aujourd’hui près de 90 millions d’hectares de cultures de plants génétiquement modifiées. On recense environ 10 millions d’hectares de CGM, essentiellement dans sept pays (USA, Chine, Inde, Australie, Argentine, Mexique, Afrique du Sud). La diffusion a subi peu de retard dans les PED où c’est l’utilisation du CGM qui prédomine (tableau 1), l’utilisation de cultures vivrières génétiquement modifiées (maïs, soja, colza) y étant le plus souvent proscrite.

6 La diffusion de cultures génétiquement modifiées a été lancée avec la mise en œuvre de conditions ou de règles nouvelles qui imposent des engagements spécifiques aux utilisateurs concernés. Ces règles correspondent à de véritables innovations institutionnelles, c’est-à-dire des changements par rapport aux règles qui préexistaient dans le domaine de l’utilisation des semences. Lorsque ces innovations sont formalisées et transcrites dans des contrats très explicites, on peut parler d’innovation contractuelle. Il y a cependant une certaine diversité dans les conditions d’utilisation du CGM entre les pays concernés. Compte tenu de l’incidence de ces conditions sur les impacts d’utilisation du CGM, il est important de restituer la diversité et l’évolution en cours de ces conditions.

1 – Une innovation contractuelle diversement appliquée

7 Depuis son commencement, en 1996, la commercialisation du CGM s’est accompagnée d’une innovation institutionnelle, due à la multinationale Monsanto, appliquée d’abord aux États-Unis avant d’être étendue à d’autres pays.

8 L’innovation institutionnelle a consisté à obliger le paysan utilisateur à signer un contrat par lequel il accepte le paiement d’une redevance d’emploi et l’interdiction de l’utilisation de la production obtenue comme semences paysannes  [1][1]- C’est-à-dire utilisation d’une partie de la production…. Dans le cas du coton Bt, il doit aussi s’engager à installer une parcelle dite de refuge, semée avec des semences conventionnelles.

9 Par cette démarche contractuelle, le prix des semences n’est pas réellement différent de celui des semences de coton conventionnel mais la valeur de la redevance s’y ajoute. Ce système s’est cependant appliqué à des pays où les semences étaient déjà cédées au prix du marché, de sorte que la redevance représentait le seul surcoût. Ce n’est pas le cas dans tous les PED, comme les pays de l’Afrique Zone Franc, et cette différence est importante à considérer (HOFS, FOK, GOUSE et KIRSTEN, 2006).

Tableau 1 : Évolution des superficies de cultures d’OGM dans le monde ….

Lire l’étude complète et très bien documentée à la source : Article Résumé Plan Bibliographie Auteur Cité par file_downloadTélécharger

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  • Rétrospective 3 - Note canadienne de ‘Vigilance OGM’ sur le coton, non datée -
    Le coton c’est quoi ?

Le coton est une fibre végétale qui entoure les graines des cotonniers « véritables », un arbuste. Cette fibre est généralement transformée en fil qui est tissé pour fabriquer des tissus. Le coton est la fibre naturelle la plus produite dans le monde, principalement en Chine et en Inde qui représentent à eux deux environ 50% de la production mondiale. Le coton est utilisé pour fabriquer des vêtements légers depuis des millénaires dans les régions au climat tropical.

Coton, esclavagisme et capitalisme

Le coton est une culture qui demande beaucoup de main d’œuvre. Cette culture fut l’un des moteurs de la « révolution » industrielle. Via le commerce triangulaire qui permettait des échanges entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques pour assurer la distribution d’esclaves noirs aux colonies du « Nouveau Monde » pour approvisionner l’Europe en produits de ses colonies et pour fournir à l’Afrique des produits européens et américains, le coton est devenu une ressource économique importante. L’Europe était dépendante des cultures de coton américaines. À la fin du 19e siècle, la guerre de Sécession a constitué « un tournant dans l’histoire du capitalisme » (1) puisque face à l’effondrement temporaire des importations de coton américain pendant la guerre, l’Europe est forcée de se tourner vers les pays d’Asie et du Moyen-Orient. Le gouvernement colonial britannique force les agriculteurs Indiens à cultiver la seule denrée dotée d’une véritable valeur financière à leurs yeux : le coton.

2. Qui produit du coton GM ?

En 2018, 32,9 millions d’hectares de coton ont été plantés dans le monde, dont 76%, soit 24,9 millions d’hectares, était génétiquement modifié. Le coton est la 3e culture GM de par son importance représentant 13 % des superficies mondiales d’OGM. (2)

Même si 15 pays ont cultivé du coton GM en 2018, les 5 plus grands producteurs de coton GM représentaient à eux seuls 95% de la production mondiale. Ces pays producteurs sont l’Inde (11,06 millions d’hectares), les États-Unis (5,06 millions d’hectares), le Pakistan (2,80 millions d’hectares), la Chine (2,93 millions d’hectares) et le Brésil (1,02 millions d’hectares) (2)

3. Pourquoi on le modifie ?

Le coton GM est doté d’un ou deux traits particuliers. L’un produit une tolérance aux herbicides à base de glyphosate, comme le Roundup de Monsanto, et l’autre stimule la production d’une toxine mortelle pour le ver du cotonnier, l’un des principaux ravageurs du coton. Ce coton résistant aux ravageurs est conçu avec un gène de la bactérie Bt (Bacillus thurengiensis) – c’est le plus couramment cultivé, il représente 72,85 % de toutes les cultures de coton GM. (2)

4. Problématiques

Les études de cas des cultures du coton en Inde et au Bukina Faso sont très révélatrices des difficultés que rencontrent les agriculteurs lors qu’ils utilisent cette technologie.

Le Burkina Faso abandonne le coton GM

Le Burkina Faso est l’un des plus gros producteurs africains de coton, et cette culture est considérée comme la locomotive du développement agricole dans le pays. Le Burkina Faso a commencé à cultiver le coton produisant son propre insecticide, le coton « Bt » en 2008. Les compagnies de biotechnologie et les médias avaient alors annoncé que la productivité du coton Bt était miraculeuse et que les rendements seraient accrus. En réalité, la culture du coton Bt a été accompagnée de problèmes techniques persistants, depuis le début des premières cultures et cela s’est aggravé avec le temps.

Après deux saisons seulement, les fermiers protestaient déjà car leurs récoltes de coton avaient perdu en qualité en raison de la taille trop courte des fibres obtenues. Ainsi, ces fermiers ne sont pas parvenus à obtenir un prix correct pour leur production, en dépit de l’investissement coûteux dans la technologie des OGM. Le prix des semences de coton Bt est en moyenne 18 fois plus élevé que le coton conventionnel. Beaucoup de fermiers ont également fait état de faibles rendements, partiellement attribués à la nécessité d’appliquer des doses très précises d’engrais et de pesticides pour obtenir de bons rendements, une pratique à laquelle les fermiers ne sont pas habitués. Sur les deux dernières campagnes cotonnières (2014-2015 et 2015-2016), les rendements ont été inférieurs de 7% à ceux du coton conventionnel. En conséquence, les producteurs qui ont eu recours au coton Bt ont été perdants : leur profit moyen est inférieur d’environ 7% à celui des producteurs de coton conventionnel. (3)

Après moins de 10 ans le Burkina Faso abandonne la culture de coton GM

L’Inde entre échec et suicide

Le coton est une importante culture de rentes en Inde qui le deuxième producteur mondial derrière la Chine. Le coton Bt résistant aux insectes a été introduit par Monsanto en 2002. La compagnie avait alors promis aux agriculteurs une diminution de l’utilisation de pesticides ainsi qu’une augmentation des rendements et donc des revenues.

Même si les premières années, certains agriculteurs ont noté une réduction de l’utilisation de pesticides et une diminution des pertes de récoltes, la tendance a vite changé et cela de manière radicale.

Le coton Bt a été un échec foudroyant dans certaines régions. Dans l’état d’Andhra Pradesh, le gouvernement estime que sur 70% des 1,9 million d’hectares où du coton Bt a été semé en 2011, le rendement a chuté de plus de 50% (4) et ce n’est malheureusement pas un cas isolé. Plusieurs facteurs viennent expliquer cet échec :

  • la piètre qualité des semences,
  • l’émergence de ravageurs secondaires,
  • la résistance développée par le ver du cotonnier
  • la technologie Bt, mise au point aux É.-U., n’est pas adaptée aux conditions agricoles de l’Inde. (5)
    Comme dans le cas d’autres cultures GM, le ver du cotonnier résistant au coton Bt est apparu. Les agriculteurs ont été forcés d’utiliser plus de pesticides pour le contrôler. Aussi des ravageurs secondaires comme des thrips, des cochenilles et des pucerons ont commencé à devenir problématiques alors qu’ils ne l’étaient pas auparavant.(6) Les agriculteurs utilisent maintenant des pesticides hautement toxiques pour gérer ces nouveaux problèmes. Par conséquent, au cours des dix dernières années, les données du gouvernement démontrent que l’utilisation de pesticides est restée la même ou a augmenté dans la ceinture du coton.(4)

La semence Bt, que les agriculteurs doivent acheter chaque année auprès des semenciers, est trois à huit fois plus chère que les semences hybrides classiques, et beaucoup plus chère que les semences locales que les agriculteurs trouvaient sur le marché il y a vingt ans. (7) Le coton Bt exige aussi davantage d’irrigation et d’engrais pour produire de bons rendements, ce qui fait encore grimper les coûts. La dépendance des agriculteurs envers les intrants agricoles à prix élevé n’est pas un phénomène nouveau, mais elle s’est amorcée avec l’introduction de coûteuses semences hybrides de marque déposée et s’est exacerbée avec l’introduction du coton Bt de Monsanto. Le coton Bt n’a pas réussi à remplir ses promesses et il a coûté très cher en vies humaines.

Un constat effrayant a été fait : 250.000 agriculteurs indiens se sont suicidés depuis 15 ans. (9)

La plupart des petits agriculteurs doivent emprunter pour acheter des semences, des pesticides et des engrais coûteux à chaque saison de cultures. Quand les rendements baissent, que la récolte est mauvaise ou que le marché du coton s’effondre, les agriculteurs incapables de rembourser leur prêt sont pris dans une spirale d’endettement et de pauvreté. Des groupes de défense des agriculteurs en Inde relient le monopole des semences, le coût élevé des intrants et l’endettement aux suicides d’agriculteurs indiens dans les dix dernières années, survenus en majorité dans la ceinture du coton. (8)

Références : 

Drame du coton OGM en Inde

(1) Empire of Cotton : A New History of Global Capitalism, Sven Beckert, 2014.

(2) James, C. (2018). Global Status of Commercialized Biotech/GM Crops : 2018. ISAAA brief No. 54. International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications (ISAAA) : Ithaca, NY. (en ligne)

(3) LE COTON BT ET NOUS La vérité de nos champs ! Synthèse des résultats d’une recherche paysanne sur les impacts socio-économiques du coton Bt au Burkina Faso COPAGEN 2017. (en ligne)

(4) 10 Years of Bt Cotton : False Hype and Failed Promises, Cotton farmers’ crisis continues with crop failure and suicides, Coalition for a GM Free India (CGMFI), 2012. (en ligne)

(5) Remarkable Success, and Four Ugly Facts. Field Questions, Stone, G.D., 2012. Bt Cotton. (en ligne)

(6) 10 years of Bt in India. Central Institute for Cotton Research, Kranthi, K., 2011. (en ligne)

(7 ) Le coton génétiquement modifié , contexte 2013, CBAN. 

(8) Navdanya, Navdanya International, the International Commission on the Future of Food and Agriculture, with the Centre for Food Safety. 2011. The GMO emperor has no clothes : A Global Citizens’ Report on the State of GMOs- False Promises, Failed Technologies. (en ligne)

(9) Sainath, P., 2011. In 16 years, farm suicides cross a quarter million. The Hindu. 29 Oct.

Dernières Actualités :

Nouveau Rapport OGM : manque de transparence après 20 ans

Source : https://www.vigilanceogm.org/les-ogm/coton

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  • Coton OGM au Burkina : retour sur une expérience ratée - 22 décembre 2017 à 16:47 - Par ‘Jeune Afrique’
    Le Burkina a tenté le coton Bt de Monsanto pour rendre ses cultures plus résistantes face aux parasites. Une dizaines d’années plus tard, l’expérience OGM est un échec dans le pays. Non seulement de nouveaux parasites plus résistants sont apparus dans les champs, mais la qualité du coton a baissé, le rendant plus difficile à écouler. La filière a décidé de revenir aux semences conventionnelles.

https://www.jeuneafrique.com/medias/2017/12/22/35706862552_cb08486ec7_z.jpg

Photo - Deux agricultrices burkinabè transportent du coton après la récolte, en 2013 au Burkina Faso. © FLICKR / Ollivier Girard/CIFOR / Creative Commons

Dans un an, plus aucun gramme de coton génétiquement modifié ne devrait être produit au Burkina Faso. L’Association interprofessionnelle du coton au Burkina (AICB) a décidé d’arrêter d’ici la fin 2018 l’utilisation des semences OGM de la firme américaine Monsanto.

Dans les années 1990, le pays a fait face à une invasion de chenilles, ce qui avait fait chuter dramatiquement sa production. L’introduction en 2008 du coton génétiquement modifié Bollgard II (coton Bt) était censée aider à lutter contre les insectes nuisibles.

En 2015, les trois quarts de la production du Burkina Faso étaient du coton génétiquement modifié. Le pays est devenu une vitrine pour la technologie parmi les petits exploitants en Afrique.

Mais une dizaine d’années plus tard,les professionnels du secteur dénoncent les résultats médiocres de la variété. La qualité du coton Burkinabè a diminué, ce qui a entraîné une baisse de son prix. Dans le courant de la saison 2010-2011, la production avait presque doublé. Mais à peine 21% de la récolte atteignait la qualité du coton conventionnel.

Cette année, le pays a enregistré ses pires rendements depuis 22 ans, 333 kilos à l’hectare et perdu sa première place de producteur de coton en Afrique de l’Ouest.

À lire aussi :

Burkina : les producteurs de coton et Monsanto parviennent à un accord sur les OGM

OGM : au Burkina, les fausses promesses de Monsanto

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Source : https://www.jeuneafrique.com/504875/societe/coton-ogm-au-burkina-retour-sur-une-experience-ratee-monsanto/

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Thématique : Biodiversité - Que ce soit en termes de rendement ou d’utilisation de pesticides, le coton transgénique n’est plus aussi performant que l’annonçaient ses promoteurs. Le magazine Transrural Initiatives fait un petit tour d’horizon des expériences de cultures transgéniques dans le monde.

Les lanceurs d’alerte peuvent être satisfaits. Ceux qui, scientifiques ou citoyens, ont tiré la sonnette d’alarme quand les premiers organismes génétiquement modifiés (OGM) ont été cultivés en plein champ. Même si les cultures d’OGM continuent pour l’heure de progresser dans le monde (+8% en 2011), les semenciers ne peuvent plus se voiler la face : les OGM sont loin de tenir leurs promesses. C’est notamment le cas du coton Bt, développé pour produire une toxine bactérienne destinée à combattre certains Lépidoptères.

En Inde, dans l’État de l’Andhra Pradesh, la récolte 2011 de coton transgénique a été inférieure de moitié à celle de l’année précédente, sur les deux tiers de la surface cultivée. Ce coton est vulnérable, il a besoin de plus d’eau et d’engrais que le conventionnel. Alors que les paysans indiens le considèrent comme une plante plus solide et ont tendance à conserver les engrais pour les cultures vivrières, cette culture s’est avérée sensible à certaines bactéries pathogènes.

Dans le même temps, les semences locales, qui pourraient constituer une voie de recours, ont disparu. De même, aux États-Unis, le coton Bt n’est plus si performant qu’annoncé. Selon le Cirad, le rendement stagne globalement et on assiste à une baisse de la rentabilité économique de cette culture. Ainsi, en quinze ans de culture de coton transgénique de « nouveaux » ravageurs sont apparus ainsi que des plantes adventices résistantes au glyphosate, un herbicide non sélectif.

Les agriculteurs sont contraints de recourir à des pesticides classiques et de faire appel à de l’arrachage manuel des adventices. Mais, comme en témoigne une récente étude réalisée en Chine et co-publiée par un chercheur de l’Inra, le lien entre culture de coton Bt et diminution de l’utilisation de pesticides reste un sujet débattu. Ces différents retours d’expériences montrent que l’évolution des complexes parasitaires des cultures transgéniques est loin d’être connue. Cependant, les illusions diffusées par les promoteurs des OGM s’évanouissent peu à peu : dans nombre de régions, il faut réutiliser des pesticides sur ces cultures et, aujourd’hui, certains OGM n’apparaissent en définitive pas plus rentables que leurs homologues conventionnels.

Au Burkina Faso, les surfaces de coton transgénique reculent parce ce que sa culture est trop exigeante et sa fibre de qualité moyenne [...]

Voir l’article complet

https://www.alimenterre.org/sites/default/files/styles/image_inseree/public/ressources/images/tri_logo_2.jpg?itok=l_qRTtea

ALIMENTERRE : La plateforme

CFSI : Le festival ALIMENTERRE

Source : https://www.alimenterre.org/le-coton-ogm-ne-tient-pas-ses-promesses

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  • Performance différenciée du coton Bt en début de diffusion : cas du Burkina Faso - Vognan Gaspard, Fok Michel. 2019. Cahiers Agricultures, 28:26, 10 p. – Document ‘agritrop.cirad.fr’
    Extrait : https://doi.org/10.1051/cagri/2019026 - Se connecter

Article de revue ; Article de recherche ; Article de revue à facteur d’impact - Version publiée - Français - Sous licence. cagri190102.pdf
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Résumé : L’avantage économique des cultures e plantes transgéniques pour les producteurs des pays en développement reste un sujet de préoccupation et de controverse. Seules quelques études ont pris en compte les différences entre producteurs pour comprendre les performances variables des cultures transgéniques, notamment dans le cas du coton Bt incorporant des gènes de la bactérie Bacillus thuringiensis pour la résistance à certains ravageurs du coton.

Notre étude d’évaluation concerne le Burkina Faso où la diffusion à grande échelle du coton Bt a commencé en 2009 et a été suspendue en 2016. Elle aborde plus particulièrement les pratiques des producteurs, dans des exploitations différenciées selon le niveau d’équipement en culture attelée, la première année d’adoption à grande échelle du coton Bt et de diffusion de recommandations adaptées de traitement insecticide.

Nous avons trouvé que le coton Bt augmentait les rendements, mais dans une moindre mesure que prévu ; de plus, une augmentation de la rentabilité n’a été observée que dans les exploitations bien équipées en culture attelée (les plus aisées), mais pas pour les autres, plus démunies et représentant 58 % des producteurs.

Cela résulte des stratégies des producteurs démunis consistant à réduire les dépenses monétaires pour les engrais minéraux et les insecticides, stratégies exacerbées par le prix élevé des semences de coton Bt. Le cas étudié indique que les premiers impacts d’une nouvelle technologie dépendent de son prix et de la prise en compte, ou pas, du comportement des producteurs les plus démunis.

Copyright CIRAD - A propos du Cirad - Mentions légales - Contact

Source : https://agritrop.cirad.fr/594426/

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  • Le Coton Bt au Canada Québec – Document non daté
    Voici les lignées de coton Bt approuvées :
  • Le coton BXN Plus Bt (Lignée 31807 et 31808) (Gossypium hirsutum L.), mis au point pour résister aux lépidoptères et tolérer l’herbicide bromoxynil. La lignée contient les gènes cryIAc, bxn et nptII. Le gène cryIAc est dérivé de la variété kurstaki du Bacillus thuringiensis, une bactérie que l’on trouve dans le sol. Ce gène code la production de la protéine CryIAc, laquelle protège contre certains lépidoptères. Le gène bxn est dérivé de la variété ozaenae de Klebsiella pneumoniae, une bactérie du sol. Le gène code la production de la nitrilase, une enzyme qui dégrade l’herbicide et qui donne au végétal sa tolérance au bromoxynil.
    Vous pouvez obtenir une information plus détaillée en accédant directement à l’adresse Internet suivante : http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/gmf-agm/appro/nf-an49-fra.php.
  • Le Coton Bollgard™ avec Cry2Ab et Cry1Ac, mis au point pour résister aux insectes parasites de la famille des lépidoptères. La lignée de coton 15985 possède ces deux gènes qui codent pour des protéines « Cry » et qui sont dérivés de Bacillus thuringiensis sous-espèce Kurstaki, un micro-organisme commun du sol.
    Vous pouvez obtenir une information plus détaillée en accédant directement à l’adresse Internet suivante : http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/gmf-agm/appro/insect_protected_cotton-coton_resistant_instecte-fra.php.
  • Lignées de coton 531 et 757 résistantes aux insectes, mises au point pour résister aux lépidoptères. Les lignées contiennent la protéine CryIA(c) dérivée du Bacillus thuringiensis, bactérie commune du sol.
    Vous pouvez obtenir une information plus détaillée en accédant directement à l’adresse Internet suivante : http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/gmf-agm/appro/ofb-096-100-c-fra.php.
  • Lignée de coton 281-24-236 résistante aux insectes, mise au point pour résister à certains insectes parasitaires appartenant à la famille des lépidoptères. Cette variété possède le gène Cry1F, provenant du Bacillus thuringiensis, bactérie commune du sol. Cry1F confère la résistance aux insectes. De plus, cette lignée exprime le gène PAT qui lui confère une tolérance au glufosinate ammonium.
    Vous pouvez obtenir une information plus détaillée en accédant directement à l’adresse Internet suivante : http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/gmf-agm/appro/nf-an101cry1fdecdoc-fra.php.
  • Lignée de coton 3006-210-23 résistante aux insectes, mise au point par l’ajout du gène Cry1Ac pour résister à certains insectes parasitaires qui appartiennent à la famille des lépidoptères. Le gène Cry1Ac provient de la bactérie Bacillus thuringiensis, bactérie commune du sol. De plus, cette lignée exprime le gène PAT qui lui confère une tolérance au glufosinate ammonium.
    Vous pouvez obtenir une information plus détaillée en accédant directement à l’adresse Internet suivante : http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/gmf-agm/appro/nf-an101cry1acdecdoc-fra.php.
  • Lignées de coton résistantes à des lépidoptères ravageurs du coton et tolérantes à l’herbicide glufosinate-ammonium GHB119 et T304-40 et TwinLink. Le coton transgénique GHB119 est résistant aux lépidoptères ravageurs comme la larve de la noctuelle verdoyante (Heliothus virescens) et de la capsule du coton (Helicoverpa zea) et est tolérant à l’herbicide glufosinate-ammonium. Le coton transgénique T304-40 est résistant aux lépidoptères ravageurs comme la larve de la noctuelle verdoyante, du vers de la capsule du coton et du légionnaire d’automne (Spodoptera frugiperda) et est tolérant au glufosinate-ammonium. Le coton TwinLink (T304-40 X GHB119) possède tous les caractères des lignées parentales.
    Vous pouvez obtenir une information plus détaillée en accédant directement à l’adresse Internet suivante : http://www.inspection.gc.ca/vegetaux/vegetaux-a-caracteres-nouveaux/approuves-cours-d-evaluation/documents-des-decisions/dd2011-87/fra/1331655309696/1331655619916

Ces plantes ne sont pas cultivées au Canada pour des raisons climatiques.

Source : https://www.ogm.gouv.qc.ca/utilisation_actuelle/resistance_insectes/coton.html

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  • En Inde, le coton Bt regagne la confiance des agriculteurs : la superficie cultivée passe à 93,6% ; avec cela, la culture transgénique résistante aux insectes a retrouvé la confiance des agriculteurs qui avait été ébranlée il y a trois ans – Traduction du 07/09/2022 par Jacques Hallard d’un article de Dilip Kumar Jha - Mumbai - Last Updated at September 9, 2019 22:59 IST – Diffusé par ‘business-standard.com’
    Thèmes : Cotton crop | Bt-cotton

The pink bollworm has been damaging Maharashtra’s cotton crop since the last two years.

Photo - La superficie totale consacrée au coton Bacillus thuringiensis (Bt) a bondi à 93,5% cette saison de semis de kharif, après être tombée à 90% il y a trois ans.

[Kharif signifie ’automne’ en arabe. Cette période coïncide avec le début de l’automne/hiver dans le sous-continent Indien, il est appelé ’période Kharif ’.

Saison kharif - Les cultures Kharif sont généralement semées avec le début des premières pluies en juillet, pendant la saison de la mousson du sud-ouest.

Au Pakistan, la saison kharif commence le 16 avril et dure jusqu’au 15 octobre. En Inde, la saison kharif varie en fonction des cultures et de l’État, kharif démarre au plus tôt en Mai et se termine au plus tard en janvier, mais il est de manière populaire considéré comme commençant en juin et finissant en octobre1

Les cultures Kharif, contrastent avec les cultures rabi, cultivées pendant la saison sèche. Les deux mots sont parvenus dans le sous-continent Indien avec les Moghols et sont largement utilisés depuis. Kharif signifie ’automne’ en arabe. Depuis, cette période coïncide avec le début de l’automne/hiver dans le sous-continent Indien, il est appelé ’période Kharif ’.

Les cultures kharif sont généralement semées avec le début des premières pluies vers la fin mai dans le sud du Kerala au cours de l’avènement de la saison de mousson du sud-ouest. Comme les pluies de la mousson avancent vers le nord de l’Inde, les dates de semis varient en conséquence et atteignent juillet dans le nord de l’Inde.

Ces cultures dépendent de la quantité d’eau de pluie ainsi que son calendrier. Trop d’eau ou trop peu ou au mauvais moment peut ruiner les efforts de l’ensemble de l’année…

Voir les détails sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_kharif ]

Suite de l’article traduit

Un rapport ‘Commodity Insight’ de ‘Kotak Securities’ met en évidence la superficie totale de coton de l’Inde sous Bt à 11,7 millions d’hectares au cours de la saison de semis actuelle de kharif. La superficie totale consacrée au coton non Bt a été estimée à 0,8 million d’ha. Les données compilées par le ministère de l’Agriculture estiment la superficie totale ensemencée en coton cette année à 12,5 millions d’hectares au 31 août, soit une augmentation de 7,3% par rapport à l’année précédente.

Les agriculteurs ont été encouragés par deux facteurs majeurs cette année à ramener les semis de coton sous Bt. Premièrement, les dommages causés aux cultures l’année dernière en raison de pluies insuffisantes ont incité les agriculteurs à semer des cultures transgéniques résistantes aux insectes qui ont le potentiel d’obtenir une certaine production même avec des caractères normaux. Deuxièmement, l’augmentation du prix minimum de soutien a également incité les agriculteurs à revenir à leurs anciennes pratiques agricoles. Jusqu’en 2016-2017, les agriculteurs indiens semaient du coton Bt sur environ 95% de la superficie allouée à cette culture de rente.

“Sur les 12,5 millions d’hectares de superficie totale sous coton, 93,6% ou 11,7 millions d’hectares sont passés sous Bt cette année”, a déclaré Ravindra Rao, responsable de la recherche chez Kotak Securities dans un rapport intitulé Commodity Insight.

Avec cela, la culture transgénique résistante aux insectes a retrouvé la confiance des agriculteurs qui avait été ébranlée il y a trois ans en raison d’une stagnation du rendement du coton après une reprise significative dans les premières années de son lancement.

Les prix du coton sont restés très volatils l’année dernière. Après s’être négociés en dessous des prix de soutien minimaux (MSP) pendant une longue période, les prix du coton se sont redressés pour dépasser ce niveau de référence. Le gouvernement a augmenté le MSP du coton de Rs 100 à Rs 5 550 le quintal cette année encore, contre Rs 5 450 le quintal l’année dernière.

“Le gouvernement doit permettre aux agriculteurs de semer les dernières semences à haut rendement disponibles dans la série Bt avec plus de caractères que les agriculteurs mondiaux ont déjà semés. Les agriculteurs indiens utilisent les variétés Bollgard I et II de semences transgéniques Bt qui ont signalé une stagnation du rendement. En l’absence de toute option, les agriculteurs continuent avec les semences disponibles”, a déclaré Arun Sakseria, négociant et exportateur de coton basé dans la ville.

La répartition inégale des pluies de mousson a causé de graves dommages à la culture du coton dans ses principaux États en croissance comme le Maharashtra, le Gujarat, l’Andhra Pradesh et le Telangana.

À la fin du mois d’août, les superficies en coton dans le Maharashtra avaient franchi 4,37 millions d’ha contre 4,1 millions d’ha semés au cours de l’année dernière. Une baisse mineure a été observée dans les semis de coton du Gujarat cette année, qui ont atteint 2,65 millions d’ha contre 2,69 millions d’ha l’année dernière.

Pendant ce temps, l’offre de coton à travers le pays au cours des quatre premiers jours de septembre a atteint 3.370 tonnes, soit près du double de l’offre observée à la même période le mois dernier. Les signaux positifs du marché international et les informations faisant état de certaines pertes de récoltes dans le Madhya Pradesh devraient soutenir les prix du coton dans une certaine mesure pour les deux prochaines sessions.

’Cependant, les fondamentaux baissiers plus larges, tels que la faiblesse de la demande de l’industrie textile, la demande limitée d’exportation de fils et la prochaine saison d’arrivée des nouvelles récoltes, maintiendront les prix du coton sous contrôle dans un avenir proche”, a déclaré Rao.

Les prix du coton se cotent actuellement à Rs 9 100 le quintal dans le Rajkot mandi de référence.

Also read :

India losing cotton export market to Brazil as fibre prices head north

Govt lowers sale price of Bt cotton seeds for a 450-gram packet to Rs 730

Cotton shortage prompts spinning mills to switch to man-made fiber

Cotton import may rise 80% this year due to drought in major growing states

Rising cotton price to hit margins of textile companies

Read our full coverage on Cotton crop- First Published : Sat, September 07 2019. 12:01 IST

Business Standard

Business standard.com

Source : https://www.business-standard.com/article/economy-policy/bt-cotton-regains-farmers-confidence-acreage-under-crop-goes-up-to-93-6-119090700318_1.html

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    L’autorisation officielle du coton Bt (OGM) au Bangladesh est une nouvelle ’alarmante’ : l’affirmation selon laquelle les producteurs gagnent plus ne correspond pas à l’expérience d’autres pays – Traduction du 07/09/2022 par Jacques Hallard d’un article en date du 28 juin 2022 intitulé « Bt cotton approval in Bangladesh is ’alarming’ news » - Autrice Farida Akhter (the Executive Director of UBINIG).
    Référence : https://www.gmwatch.org/en/106-news/latest-news/20066-bt-cotton-approval-in-bangladesh-is-alarming-news

EXTRAIT : Le coton Bt, depuis 2005, s’est rapidement répandu dans les exploitations cotonnières indiennes. Mais il n’a pu montrer aucun avantage agronomique, au contraire, le coût par hectare des semences a augmenté de 78%, l’insecticide de 158% et l’engrais de 245%, le coût de production global du coton de semence augmentant de 143%. Nous sommes également conscients du nombre massif de suicides d’agriculteurs en Inde. Selon un article publié dans Environmental Sciences Europe, les taux de suicide annuels dans les zones pluviales en Inde sont inversement liés à la taille et au rendement des exploitations, et directement liés à l’augmentation de l’adoption du coton Bt (c’est-à-dire des coûts).

— - NB : Dans la péninsule indienne, les aubergines dont dénommées ‘Brinjal’

Approbation du coton Bt. Une autre menace alarmante ? - Farida Akhter - The Business Standard, 27 juin 2022 - https://www.tbsnews.net/thoughts/bt-cotton-approval-another-alarming-threat-447926

* L’introduction des OGM est une nouvelle alarmante pour le Bangladesh, un pays appartenant à la région biogéographique connue comme l’origine de la diversité, et aussi pour ses caractéristiques climatiques et agroécologiques, qui pourraient être préjudiciables à l’agriculture en général

Le Comité Technique National du Bangladesh sur la Biotechnologie des Cultures (BNTCCB) du Ministère de l’Agriculture lors d’une réunion le 16 juin 2022, a donné le signal vert à deux variétés de coton Bt pour l’approbation finale du Comité National sur la Biosécurité du Ministère de l’Environnement (MoE). Le Ministère de l’Environnement est autorisé à approuver la culture en plein champ de cultures génétiquement modifiées.

Les essais sur le terrain du coton Bt ont été menés par le Conseil de développement du coton de l’Institut de recherche agricole du Bangladesh (BARI). Les deux variétés de coton Bt proviennent de la société indienne JK Agri Genetics, basée à Hyderabad.

L’introduction des OGM est une nouvelle alarmante pour le Bangladesh, un pays appartenant à la région biogéographique connue comme l’origine de la diversité, et aussi pour ses caractéristiques climatiques et agroécologiques, qui pourraient être préjudiciables à l’agriculture en général.

Il existe également des questions de biosécurité et de réglementation qui nécessitent des débats et des délibérations publics sérieux. L’expérience des cultures génétiquement modifiées n’est pas du tout rose dans les pays où elles ont été introduites ; les revendications agronomiques sont discutables. Il cible également le textile industriel – le secteur de l’habillement ; donc pas préoccupé par ses effets sur l’agriculture.

Le Comité National sur la biosécurité (CNB) a été créé pour mettre en œuvre le Protocole de Cartagena sur la biosécurité de la Convention sur la diversité biologique (CDB), pour assurer une gestion écologiquement sûre de la recherche biotechnologique moderne, des essais sur le terrain et de la vente d’OGM comme produits de base à but lucratif.

Le développement de produits OGM/OVM comprend la recherche et le développement, et le mouvement transfrontalier nécessite des mécanismes de réglementation et des agences de mise en œuvre solides. Cet organisme de réglementation est extrêmement important et est chargé d’assurer la biosécurité des cultures génétiquement modifiées.

Malheureusement, le processus d’approbation adopté par NCB plus tôt en 2013 dans le cas de Bt Brinjal n’était pas transparent et s’est fait sans tenir compte des préoccupations nationales et internationales des scientifiques, des agriculteurs et de la société civile.

C’était une décision politique et la décision a été prise très rapidement lors d’une situation politique violente et chaotique, sans passer par l’examen approprié des documents et des mécanismes de réglementation suivants, pour assurer la sécurité biologique. Bt brinjal, l’aubergine génétiquement modifiée (Aubergine) a été approuvée en octobre 2013 et les semences ont été données aux agriculteurs en janvier 2014.

La BCN a approuvé Bt brinjal avec sept conditions pour assurer la biosécurité, mais celles-ci n’ont jamais été suivies d’effet par le ministère de l’Agriculture. Le ministère de l’Environnement n’a pas surveillé la conformité des conditions et des modalités d’approbation.

Les semences ont été distribuées sans distinction entre les agriculteurs. Les agriculteurs ne savaient pas qu’ils plantaient une culture transgénique qui nécessitait des précautions particulières. Les brinjals ont été vendus sur le marché sans aucune étiquette, ce qui a violé l’une des sept conditions d’approbation.

On peut dire sans aucun doute que la première culture GM, le Bt Brinjal, a été une imposition sur les agriculteurs, et le résultat a été un échec. Mais les rapports contrôlés par les entreprises montrent un faux ’succès’ ; il n’y a eu aucun résultat de recherche sur les impacts sur la santé et l’environnement depuis 2014.

Maintenant, la décision d’approuver le coton Bt, en tant que deuxième culture OGM pour la culture au Bangladesh, est une répétition de la même pratique et soulève de nombreuses questions.

Le coton Bt est une culture transgénique développée par l’insertion d’un gène bactérien (Bacillus thuringiensis ou Bt) dans le coton. Il porte le gène Cry1Ac, dérivé de la bactérie commune du sol Bacillus thuringiensis var. kurstaki, qui se traduit par l’expression de la protéine Cry1Ac qui confère une résistance au complexe de bollworm.

Les deux variétés-JKCH 1947 BT et JKCH 1950 BT-ont été testées au Bangladesh pour leur ’adéquation’. Le Conseil de développement du coton n’a trouvé ’aucun problème’ avec l’essai et souhaite obtenir l’approbation de l’autorité de réglementation. On prétend qu’il s’agit d’une variété de coton résistante aux ravageurs, qui produit un insecticide pour lutter contre les vers de terre.

Examinons maintenant les expériences d’autres pays avec le coton Bt, en particulier l’Inde, qui a une ceinture de coton cultivant des variétés traditionnelles ainsi que des hybrides. En Inde, le coton est considéré comme de l’or blanc et contribue de manière significative à l’économie, impliquant plus de 60 millions de personnes.

Le coton est cultivé sur une superficie d’environ 9,5 millions d’hectares, ce qui représente 25% de la superficie mondiale de culture du coton. Le coton Bt a été approuvé en 2002 au motif qu’il permettrait de lutter contre les insectes nuisibles - Helicoverpa armigera, communément appelé ver de terre américain, qui causait des dommages importants à la culture, entraînant une faible productivité.

Le coton Bt, depuis 2005, s’est rapidement répandu dans les exploitations cotonnières indiennes. Mais il n’a pu montrer aucun avantage agronomique, au contraire, le coût par hectare des semences a augmenté de 78%, l’insecticide de 158% et l’engrais de 245%, le coût de production global du coton de semence augmentant de 143%.

Nous sommes également conscients du nombre massif de suicides d’agriculteurs en Inde. Selon un article publié dans Environmental Sciences Europe, les taux de suicide annuels dans les zones pluviales en Inde sont inversement liés à la taille et au rendement des exploitations, et directement liés à l’augmentation de l’adoption du coton Bt (c’est-à-dire des coûts).

Lors d’une récente communication avec le célèbre écologiste Dr Vandana Shiva sur le coton Bt, elle a déclaré : ’Le coton Bt a échoué aux agriculteurs indiens, les a conduits au suicide, n’a pas réussi à contrôler les ravageurs, les agriculteurs utilisent plus de pesticides, beaucoup sont morts d’empoisonnement aux pesticides. Le coton Bt n’est utile que pour les textiles industriels.’

Elle a également écrit que 300 000 suicides d’agriculteurs ont eu lieu dans la ceinture de coton, qui est maintenant principalement une ceinture de coton Bt.

Le coton Bt OGM était censé être une technologie de lutte antiparasitaire qui remplacerait les pesticides. Cependant, le coton Bt s’est avéré être une technologie créatrice de ravageurs, avec des épidémies de ravageurs qui n’avaient jamais affecté le coton en Inde auparavant maintenant monnaie courante (le coton Bt a été introduit illégalement en 1998 et avec l’approbation du GEAC en 2002).

Le Coton (Gossypium sp.) est une culture commerciale importante au Bangladesh après le jute, bien qu’elle ne fournisse que 3% (près de 0,15 balle) des besoins annuels en matière première textile. Il est cultivé sur environ 42 mille hectares de terres dans 34 districts des zones sud-est, moyenne et nord.

En 2002, le Cotton Development Board (CDB) a introduit l’hybride chinois avec l’aide de sociétés semencières privées.

La CDB est déjà confrontée à des problèmes liés à la hausse des prix des semences hybrides, achetées par l’intermédiaire de sociétés privées. En tant que tel, l’introduction de coton génétiquement modifié, provenant d’une entreprise indienne, créera une plus grande dépendance à l’égard des entreprises. Le Bangladesh importe du coton d’Inde, du Pakistan, d’Ouzbékistan et de pays africains.

L’impact négatif de la dépendance à l’égard d’une entreprise indienne pour l’approvisionnement en semences de coton Bt a été ressenti par le Kenya.

Le pays a approuvé la culture de coton OGM importé de Mahyco, en Inde, en 2018, pour stimuler la production en plein champ. La commercialisation a débuté en 2020. Mais la société indienne chargée de fournir des semences de coton génétiquement modifiées (GM) aux agriculteurs kenyans a arrêté la distribution du matériel de plantation, portant un coup dur aux plans de fabrication du Kenya.

Mahyco, le seul fabricant et distributeur de la graine dans le monde entier, a eu des problèmes de fonctionnement avec la fourniture du produit aux agriculteurs locaux au Kenya. Le hoquet de l’offre a frappé les producteurs de coton car il a retardé la plantation de la première saison de 2022.

La décision d’approuver le coton Bt pourrait entraîner un désastre pour les agriculteurs et la biodiversité du Bangladesh. Laisser le coton Bt occuper davantage de terres agricoles fertiles et essentielles pour assurer la souveraineté alimentaire pourrait être désastreux.

Le coton Bt, une culture commerciale transgénique, a été développé pour les pays froids et tempérés comme les États-Unis où la diversité des insectes et des ravageurs se limite principalement au ver de terre. Aux États-Unis, les propriétés foncières sont importantes et les subventions sont si énormes que la capacité de prise de risque des agriculteurs est énorme, ce qui est incomparable au Bangladesh.

L’affirmation selon laquelle les producteurs ’gagnent plus’ est sans fondement et totalement utopique et ne correspond pas à l’expérience d’autres pays. En outre, il existe de graves problèmes de droits de propriété intellectuelle et d’exposition de l’agriculture bangladaise à des dommages irréversibles de ses ressources biologiques et de sa diversité, au profit de quelques importateurs et entreprises indiennes.

Nous exhortons le gouvernement du Bangladesh à faire preuve de prudence et à cesser d’introduire des plantes génétiquement modifiées (OGM).

Source : https://www.gmwatch.org/en/106-news/latest-news/20066-bt-cotton-approval-in-bangladesh-is-alarming-news

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  • Kenya : la stratégie de l’exécutif pour la culture du coton transgénique prend du plomb dans l’aile - Date de création : 30 mai 2022 15:32 – Diffusé par ‘agenceecofin.com’
    Photo - (Agence Ecofin) - L’Afrique n’est pas en marge de l’essor de la biotechnologie dans l’agriculture. Si sur le continent, de nombreux pays affichent leur ambition dans le domaine, le processus de développement reste encore long.

Au Kenya, le plan de développement de la culture de coton génétiquement modifié (coton Bt) fait face à des vents contraires. En effet, dans le pays qui a approuvé depuis 2018 l’importation de semences de coton Bt, les autorités doivent faire face actuellement à un problème d’approvisionnement de la part de l’entreprise indienne Maharashtra Hybrid Seeds (Mahyco), principal opérateur accrédité.

La compagnie avait mené préalablement plusieurs tests dans les champs d’expérimentation situés dans le comté de Baringo pour le compte du géant américain Monsanto avant son rachat par Bayer. Cette situation de rupture de l’approvisionnement a déjà empêché les exploitants d’ensemencer de manière concomitante avec les grandes pluies débutant en mars dernier.

Dans la filière, l’annonce de la distribution des semences avait soufflé un vent d’optimisme dans le rang des producteurs qui anticipaient une amélioration de leurs rendements et de revenus grâce à des variétés plus résistantes aux nuisibles.

Selon les autorités, le rendement en fibre obtenu grâce au coton Bt peut représenter jusqu’au triple de celui issu de l’utilisation du coton conventionnel. Un atout majeur dans le cadre de la stratégie du gouvernement visant à accroître l’offre en matières premières pour stimuler l’industrie du textile et de l’habillement ainsi que réduire les achats de vêtements d’occasion qui coûtent chaque année 150 millions $.

Même si cet épisode vient perturber leur plan, les autorités ne comptent pas abandonner pour autant leurs ambitions dans le coton transgénique. 

Désormais, le gouvernement compte mettre à contribution l’Organisation de recherche sur l’agriculture et l’élevage (KALRO). Son objectif sera de travailler au développement, à la commercialisation ainsi qu’à la vulgarisation de nouvelles variétés hybrides. L’institution a déjà à son actif, le développement d’une variété transgénique de manioc, une première dans le pays pour une culture alimentaire.  

Pour rappel, le Kenya récolte environ 15.000 tonnes de coton-graine par an. 

Lire aussi : 14/04/2022 - Kenya : les USA fustigent le moratoire sur les importations de produits agricoles génétiquement modifiés

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Source : https://www.agenceecofin.com/coton/3005-98156-kenya-la-strategie-de-l-executif-pour-la-culture-du-coton-transgenique-prend-du-plomb-dans-l-aile

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    OGM Santé - Etats-Unis - La loi sur la réduction de l’inflation du président des Etats-Unis Joe Biden prévoit une subvention massive des contribuables aux cultures de plantes génétiquement modifiées (OGM) – Traduction du 07/09/2022 par Jacques Hallard d’un article du 17/08/2022 intitulé « President Biden’s Inflation Reduction Act includes massive taxpayer subsidy to GM crops » - Référence : https://www.gmwatch.org/en/106-news/latest-news/20085-president-biden-s-inflation-reduction-act-is-massive-taxpayer-subsidy-to-gm-crops
    Details - Le ‘Center for Food Safety’ condamne les biocarburants OGM et les trains de gravier de l’agriculture ’ intelligente pour le climat ’.

Hier, le président américain Joe Biden a promulgué son projet de loi sur les impôts, la santé et le climat, appelé ’Inflation Reduction Act’. La nouvelle loi prévoit un investissement de 369 milliards de dollars dans les politiques climatiques et énergétiques, 64 milliards de dollars pour prolonger une politique prévue par la loi sur les soins abordables afin de réduire les coûts de l’assurance maladie, et un impôt minimum sur les sociétés de 15 % visant les entreprises qui gagnent plus d’un milliard de dollars par an.

Certains ont salué le projet de loi comme le plus grand investissement américain à ce jour dans la lutte contre la crise climatique. Mais Andrew Kimbrell, directeur exécutif du Center for Food Safety, a déclaré que non seulement il ne parviendra pas à atténuer les effets catastrophiques de l’agriculture industrielle sur le climat, mais qu’il alloue potentiellement des milliards de dollars de subventions des contribuables à la culture de plantes génétiquement modifiées.

Kimbrell a déclaré : ’Malheureusement, parmi d’autres lacunes, l’IRA ne prévoit pas de s’attaquer de quelque manière que ce soit aux impacts majeurs de l’agriculture industrielle sur le climat. La législation est totalement inadéquate - et même contre-productive - dans ses dispositions relatives à l’agriculture industrielle.

’Il y a d’abord le montant réel des investissements dans la réforme agricole. Les scientifiques estiment que l’agriculture industrielle est responsable d’au moins un tiers de toutes les émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, l’investissement de l’IRA dans l’agriculture ’intelligente sur le plan climatique’ représente moins de 10 % de son financement total.

’Deuxièmement, la façon dont ce financement est alloué est bien plus inquiétante que cette disparité flagrante entre l’impact et l’investissement. Par exemple, 500 millions de dollars sont destinés à l’infrastructure des biocarburants, tout en accordant à ce secteur de nouveaux crédits d’impôt importants. Quatre-vingt-quatorze pour cent des biocarburants dans ce pays sont dérivés du maïs génétiquement modifié (GM), le reste étant du biodiesel dérivé du soja génétiquement modifié (GM).

Cette disposition n’est donc en réalité qu’une subvention supplémentaire pour la technologie des OGM ; ces monocultures occupent déjà jusqu’à 40 % de nos terres cultivées aux Etats-Unis et ne nourrissent directement personne. En outre, la culture de ces plantes transgéniques appauvrit considérablement les sols et utilise des quantités massives de pesticides et d’engrais, ce qui contribue à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Compte tenu de ces impacts sur les terres agricoles américaines, il s’avère qu’une fois prises en compte toutes les émissions associées à la culture des matières premières et à la fabrication des biocarburants, ces derniers augmentent en fait les émissions de CO2 au lieu de les réduire.

Troisièmement, l’IRA donne au secrétaire Vilsack et à l’USDA un ’chèque en blanc’ de 20 milliards de dollars pour promouvoir une agriculture ’intelligente sur le plan climatique’. Vilsack, qui a également dirigé l’USDA sous le président Obama, a été un promoteur infatigable du génie génétique dans l’agriculture aux États-Unis et dans le monde entier. Pendant son mandat de gouverneur de l’Iowa, il a été nommé ’gouverneur de l’année’ par la ‘Biotechnology Industry Organization’. Les subventions aux biocarburants et aux OGM mentionnées ci-dessus ont été encouragées par Vilsack. Mais ce ne sont pas seulement les subventions aux biocarburants qui sont préoccupantes.

’Il y a peu de doute sur la façon dont Vilsack va utiliser son chèque en blanc. Il a récemment fondé, avec les Émirats arabes unis (EAU), une initiative internationale appelée ‘Agriculture Innovation Mission for Climate’ (AIM). Avec des entreprises telles que Bayer/Monsanto et Syngenta, ainsi que la Fondation Bill et Melinda Gates, l’AIM a levé 8 milliards de dollars pour financer l’agriculture dite ’intelligente sur le plan climatique’.

M. Vilsack a déclaré publiquement que le financement principal de cette agriculture ira aux domaines de pointe de l’’agri-technologie’ tels que les ’nanotechnologies, les biotechnologies, la robotique et l’intelligence artificielle’. Il a également fait état d’investissements importants dans les drones et les capteurs. Il n’y a aucune raison de douter que ce seront également ses priorités en matière de climat lorsqu’il allouera les 20 milliards de dollars de financement de l’IRA.

’Pour toutes ces raisons, le ‘Center for Food Safety’ des Etats-Unis (CFS) est profondément déçu de l’échec de l’IRA à s’attaquer sérieusement à la réforme urgente du système agricole industriel américain. Aucune solution à la crise climatique ne sera suffisante sans une telle réforme. Tout en continuant à travailler pour atteindre cet objectif, le CSA utilisera tous les outils à sa disposition pour suivre les allocations de fonds de l’USDA dans le cadre de l’IRA.

Nous informerons nos membres et le grand public de la manière dont ces fonds sont dépensés et nous serons prêts à contester le financement de programmes qui contribuent clairement aux émissions de gaz à effet de serre, plutôt que de les réduire. Comme nous l’avons fait au cours des vingt-cinq dernières années, nous continuerons également à poursuivre vigoureusement toutes les voies légales pour nous assurer que les programmes financés par l’USDA sont conformes aux exigences de nos principales lois fédérales et étatiques en matière d’environnement, de santé et de sécurité alimentaire.

’Dans le même temps, le CSA continuera à défendre fermement la fin des pratiques agricoles industrielles nuisibles et à promouvoir ce que nous appelons l’approche BROAD de la production alimentaire, une approche dont les scientifiques ont empiriquement démontré qu’elle réduisait considérablement les émissions de gaz à effet de serre tout en séquestrant le CO2 dans des sols sains. BROAD est l’acronyme de ’agriculture biologique, régénératrice, organique, agroécologique et démocratiquement contrôlée’ (par opposition au contrôle par les entreprises).

Source : Center for Food Safety

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Source : https://www.gmwatch.org/en/106-news/latest-news/20085-president-biden-s-inflation-reduction-act-is-massive-taxpayer-subsidy-to-gm-crops

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    Recours aux OGM au Sénégal : la société civile dénonce une fuite en avant - Publié le : 06/09/2022 - 12:04 - Modifié le : 06/09/2022 - 12:14 - Vidéo 01:57 ‘france24.com’
    Au Sénégal, le gouvernement a décidé de miser sur les OGM en réponse aux conséquences des changements climatiques sur les rendements agricoles. En juin 2022, l’Assemblée nationale a adopté une loi autorisant l’utilisation des semences OGM au Sénégal pour la première fois dans l’histoire du pays. Un vote qui alimente la polémique. Des dizaines d’organisations environnementales, agricoles et de la société civile ont manifesté leur désapprobation contre ces nouvelles pratiques agricoles.

OGM Sénégal Agriculture

Source : https://www.france24.com/fr/vid%C3%A9o/20220906-recours-aux-ogm-au-s%C3%A9n%C3%A9gal-la-soci%C3%A9t%C3%A9-civile-d%C3%A9nonce-une-fuite-en-avant

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    Vents favorables pour les cultures de blé et soja OGM en Argentine – AFP - 22.08.22 – Document ‘lafranceagricole.fr’ OGM Argentine

    Commerce - Vents favorables pour les cultures OGM en Argentine

Photo - Le gouvernement argentin a autorisé la culture de blé OGM. © Pixabay

Le vent tourne dans les champs argentins. Sur fond d’incertitudes sur la sécurité alimentaire, liées au conflit ukrainien et au changement climatique, les cultures transgéniques de blé, de soja notamment, dont l’Argentine est championne, retrouvent des couleurs, au grand dam des environnementalistes.

En avril, la Chine, le premier importateur mondial de soja et de ses dérivés, a donné son feu vert à l’importation du soja transgénique argentin résistant à la sécheresse, après cinq ans d’études. Le Canada l’avait précédée en 2021. Ces derniers mois, l’Australie, puis les États-Unis et le Nigeria ont approuvé la farine de blé transgénique « HB4 » argentin pour la consommation. Les processus sont en cours concernant les semences.

Redevenir le « grenier du monde »

L’Argentine est en quête de devises à l’exportation et rêve de renouer avec un passé de « grenier du monde » à la faveur de la récente insécurité alimentaire. Et des portes s’ouvrent, après des années de réserves ou de réticences, sur ses produits transgéniques. La troisième économie d’Amérique latine en est fait une spécialité. Depuis les premières cultures transgéniques en 1996, l’Argentine est devenue le troisième pays au monde en termes de surfaces de cultures OGM, derrière les États-Unis et le Brésil.

Au total, ces cultures OGM représentent 63 % de la surface agricole argentine et 13 % des surfaces mondiales cultivées en transgénique. 100 % du soja et du coton, 98 % du maïs produits en Argentine sont le fruit d’organismes génétiquement modifiés pour résister aux insectes, à la sécheresse ou à des herbicides, comme le glyphosate. Et bientôt donc le blé, dont ce pays est septième exportateur mondial.

Cap sur le blé transgénique

« Notre objectif est d’atteindre 40 % [en transgénique] de la superficie [de blé] en Argentine d’ici trois à cinq ans », explique Federico Trucco, le directeur général de la firme Bioceres. C’est cette entreprise qui a mis au point le blé HB4 en partenariat public privé avec le Conseil national de la recherche scientifique et technique (Conicet) et l’Université Nacional del Litoral de Santa Fe.

« Cela tient aux zones où la productivité du blé est aujourd’hui est limitée par [a disponibilité de] l’eau », poursuit Federico Trucco. Argument choc, le pays devant connaître sa pire récolte de blé en 12 ans, avec une troisième année consécutive de sécheresse. Pour l’heure, le HB4 dit « super-blé », conçu à partir d’un gène de tournesol résistant à la sécheresse, reste en phase expérimentale, 100000 hectares cultivés, avec pour objectif des graines en vue de futures semences.

Production de semences en cours

« Pas encore de commercialisation massive, parce que nous n’avons pas encore des variétés voulues en quantité suffisante », précise Federico Trucco, convaincu cependant que le contexte alimentaire mondial actuel a changé la donne pour les cultures OGM. Cette poussée qui se profile inquiète les environnementalistes qui, depuis le boom du soja OGM des années 90 et l’expansion de la « frontière agricole » argentine, ont dénoncé l’impact sur les sols, la société paysanne, voire la santé.

« Prévaut une vision court-termiste, qui ignore les conséquences à terme, que ce soit en matière de contamination d’autres cultures, de déplacement de petits agriculteurs et d’impact chimique, déplore Guillermo Folguera, biologiste et chercheur à la Conicet – mais non lié au projet HB4. La dégradation des sols due aux monocultures intensives entraîne une baisse de rendement, qu’on cherche à compenser par plus d’engrais. Et il est très probable qu’une parcelle de blé transgénique en contamine d’autres de blé commun. Or la contamination croisée est risquée, car sans retour en arrière. »

Des opérateurs prudents

Si les semences en blé HB4 ont été validées officiellement par la justice argentine en mai, localement des résistances demeurent. Gualeguaychu, une ville à 240 km au nord de Buenos Aires, débat de l’interdiction des semences de blé transgénique sur son sol. La ville avait déjà interdit en 2014 le glyphosate.

En outre, nombre d’exportateurs sont encore circonspects, redoutant un effet sur les pays où les OGM sont non grata ou mal perçus par le consommateur, avertit Gustavo Idígoras, le président de la Chambre de l’industrie des oléagineux. « Nous n’accepterons pas un seul grain de blé HB4 dans certains embarquements, car c’est un risque de rejet absolu sur certains marchés. La biotechnologie est le seul moyen de répondre à la sécurité alimentaire dans le monde, mais elle doit aller de pair avec l’aval commercial et du consommateur. » - AFP

> À lire aussi : Les Argentins sont autorisés à cultiver du blé OGM (18/05/2022)

Source : https://www.lafranceagricole.fr/actualites/cultures/commerce-vents-favorables-pour-les-cultures-ogm-en-argentine-1,3,2148778287.html

Même information venant de ‘Reporterre’ -L’Argentine donne le feu vert au premier blé OGM– « L’Argentine vient d’autoriser la commercialisation du premier blé OGM. Cette variété est tolérante à un herbicide interdit en Europe ... - 23 juin 2022

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  • Selon Inf’OGM « Objectif 2030 en Europe : déréglementer la plupart des OGM ? « - Par Charlotte KRINKE, Eric MEUNIER - Date de rédaction / mise à jour : 16 août 2022 – Document ‘infogm.org’
    Le 22 juillet 2022 se terminait la consultation publique menée par la Commission européenne sur un potentiel futur encadrement différencié des OGM obtenus par « mutagénèse dirigée et cisgénèse ». En parallèle, se tenait une consultation ciblée de différents acteurs européens, consultation menée par un cabinet d’étude mandaté par la Commission européenne. Selon le questionnaire adressé par ce cabinet, la Commission européenne envisage une déréglementation complète de nombreux OGM à l’aune de 2030.

Objectif 2030 : déréglementer la plupart des OGM en Europe ?

Illustration - Jin Mikami

En septembre 2021, la Commission européenne a lancé une procédure législative qui pourrait aboutir à une modification importante de l’encadrement des OGM dans l’Union européenne. Dans le cadre de cette procédure, une consultation publique a été organisée du 22 avril au 22 juillet 2022. Les questions très orientées de cette consultation [1] laissaient entendre que la Commission européenne avait une préférence pour l’adoption d’une réglementation plus souple pour les OGM obtenus par «  mutagénèse dirigée et cisgénèse » visés par cette procédure législative. Seuls 2300 participants y ont d’ailleurs répondu [2].

Lors d’une précédente consultation organisée fin 2021 sur le même sujet, 70 000 réponses, publiées en ligne, avaient été recueillies. Elles étaient très largement défavorables à un changement du cadre réglementaire [3]. Des révélations récentes viennent confirmer l’impression que cette nouvelle consultation grand public était purement procédurale. En parallèle, la Commission européenne mène en effet une enquête confidentielle auprès d’acteurs choisis. Une enquête qui est encore plus précise sur certaines options réglementaires qu’elle envisage...

Une enquête ciblée confidentielle

Une lettre ouverte du groupe parlementaire des Verts européens a informé le public qu’une enquête auprès de certains acteurs ciblés est organisée par la Commission européenne concernant l’encadrement futur des OGM. C’est une enquête parallèle, menée alors même que la consultation publique était encore en cours. Dans cette lettre datée du 20 juillet 2022 [4], les députés Verts européens font part à la Commission européenne de « leurs réflexions quant au plan de la Commission européenne visant à introduire une législation différente pour les plantes génétiquement modifiées produites par certaines « nouvelles techniques génomiques » tel que présenté dans la consultation publique [alors] en cours et l’enquête ciblée pour l’analyse d’impact ».

Or, le contenu de cette « enquête ciblée » n’avait jusqu’alors aucune existence publique. Cette enquête n’a pas été annoncée par la Commission européenne sur le portail dédié aux consultations publiques et encore moins sur la page réservée à la consultation publique sur l’initiative législative sur les OGM obtenus par mutagénèse dirigée et cisgénèse. Or, un article publié le 21 juillet 2022 par le site d’information anglophone GM Watch révèle les différents scénarios que la Commission européenne envisage et qu’elle n’a à ce jour jamais évoqués publiquement [5]. Il est aisé de comprendre pourquoi puisque, comme nous allons le voir, ces scénarios dévoilent ce que cache le discours rassurant que la Commission européenne a toujours tenu publiquement.

Les scénarios envisagés par la Commission

Le questionnaire aborde d’abord des questions générales sur les impacts des OGM obtenus par mutagénèse dirigée et cisgénèse, puis il interroge les sondés sur les trois scenarios échafaudés. C’est l’occasion de comprendre comment la Commission européenne envisage jusqu’où pourrait aller une éventuelle évolution législative d’ici la période 2030 – 2035. Dans les grandes lignes, il apparaît qu’elle souhaite formaliser deux notions déjà présentes depuis plusieurs mois sinon années dans son discours.
La première est de mettre en place un traitement particulier pour les OGM qui pourraient, selon elle, « également être obtenus naturellement ou par sélection conventionnelle ».

Tout d’abord de tels organismes ne sont pas identiques à ceux qui seraient obtenus par croisement du fait de tous les effets hors-cible présents à chaque étape d’une méthode de modification génétique. Mais, plus fondamentalement, cela montre que la volonté est de restreindre la nature d’un OGM à la seule description génétique du nouveau trait revendiqué. Au produit et pas à son histoire. Peu importe donc la méthode utilisée et les autres modifications génétiques et épigénétiques qu’elle peut entraîner.
La seconde est de créer un traitement particulier pour les OGM qui contribueraient « aux objectifs de durabilité ».

Voici donc les deux scénarios résumés par nos soins dans les deux colonnes, le troisième qu’on ne présente pas, étant de ne rien changer à la législation actuelle.

OGM pouvant « également être obtenus naturellement ou par sélection conventionnelle »

Évaluation des risques Détection Traçabilité Étiquetage
Non nécessaire Non nécessaire Non nécessaire Non nécessaire

OGM pouvant avoir un effet sur le « développement durable »

Étiquetage Autorisation
Étiquetage OGM + « durable » Procédure allégée pour « incitation »
Pas d’étiquetage mais inclusion dans un registre OGM non durable => non autorisé

Annoncés dans les grandes lignes lors d’une première consultation (publique elle) à l’automne 2021, les scénarios imaginés par la Commission sont donc cette fois plus détaillés. Un détail qui va plus loin que les demandes portées par de nombreux États membres.

Ainsi, concernant l’évaluation des risques, elle serait tout simplement supprimée si l’OGM modifié par « mutagénèse dirigée ou cisgénèse  » devait être défini comme pouvant également «  être obtenus naturellement ou par sélection conventionnelle ». Une proposition qui va à l’encontre de ce que la Commission annonçait elle-même en mai 2021 aux ministres de l’Agriculture des États membres quand elle déclarait qu’elle n’allait « pas proposer une dérèglementation ou abaisser les normes de sécurité » [6] et qu’elle répétait à l’automne 2021 aux citoyens européens que son objectif est de « maintenir un haut niveau de protection de la santé humaine et animale ainsi que de l’environnement » [7].

Sauf à considérer, comme l’ancien ministre français de l’Agriculture Denormandie, que ces nouveaux OGM ne sont pas des OGM ! La Commission ne l’a pas encore dit, mais si d’aucuns avaient compris que l’évaluation des risques préalables à une autorisation serait maintenue, le quiproquo est maintenant levé [8].

Mais c’est bien la question de l’étiquetage et donc de l’information du consommateur qui représente la plus importante révélation de ces scénarios. En décembre 2021, les ministres de l’Environnement européens avaient été clairs sur leur volonté que l’étiquetage des produits commercialisés soit conservés [9]. Une demande qui ne paraissait pas aller à l’encontre des plans de la Commission puisque cette dernière avait déjà indiqué en mai 2021 vouloir « garantir que les consommateurs reçoivent l’information dont ils ont besoin pour exercer une véritable liberté de choix » [10].

Pour ne pas se dédire, la Commission envisage toujours, dans les questions posées, la possibilité d’une information sur un registre public et non par étiquetage : double langage ? Ou tromperie puisqu’un tel registre peut renseigner l’existence d’un « évènement OGM » mais pas nécessairement l’ensemble des produits qui le contiennent ou en sont issus et qu’il est probable par ailleurs que très peu de monde ira le consulter avant de faire ses courses.

Une enquête menée par une partie prenante du débat ?

L’enquête se présente sous la forme d’un questionnaire aux réponses à choix multiples mais à la rédaction très ambivalente. Ceux qui veulent répondre à toutes les questions doivent d’abord accepter le prérequis d’une forte augmentation de l’offre d’OGM issus de ces nouvelles techniques, puis choisir une des options de déréglementation proposées. Le choix du maintien de la réglementation actuelle n’est en effet plus proposé au-delà de la troisième question.

L’objectif affiché de l’enquête est de « collecter les points de vue sur les différents impacts des éléments d’options politiques futures concernant la législation sur les plantes produites par certaines nouvelles techniques génomiques » [11]. Le questionnaire présente « différents changements qui pourraient être envisagés pour réglementer spécifiquement les plantes obtenues par mutagénèse dirigée et cisgénèse ». Mais seuls sont invités à y répondre un groupe d’experts et parties prenantes sélectionnés. Qui, comment, pourquoi ? Aucune information à ce stade, de même qu’il n’est donc pas possible de savoir si des citoyens ou acteurs non européens ont aussi été consultés. Par contre, on sait que la structure menant cette enquête, un bureau d’études basé à Bruxelles, se nomme Technopolis. Si cet acteur n’est pas connu comme une partie prenante du débat sur les OGM, il n’en est pas de même pour un des sous-traitants de Technopolis, à savoir l’Université de Recherche de Wageningen (Pays-Bas) [12]. Ce choix est particulièrement surprenant car cette université est active dans le débat sur les OGM. Elle participe à des projets de mise au point d’OGM cisgénique, dont une pomme [13], et elle est à l’initiative d’une base de données recensant les OGM qui rend floues les définitions légales de ce qu’est un OGM [14]. Surtout, cette université a régulièrement pris position en faveur de la déréglementation de ces OGM. À ce titre, dans un rapport publié en 2022 sur les impacts du Green Deal, elle conclut que pour « réduire/compenser les effets négatifs de la réduction des pesticides et des nutriments, [...] il y a un besoin accru d’innovations dans les techniques de protection des cultures, telles que le biocontrôle, la sélection, l’agriculture de précision, les biostimulants et autres techniques qui contribuent à la résilience de la production végétale contre les ravageurs, les mauvaises herbes et les maladies. La suppression des obstacles législatifs aux nouvelles techniques de sélection [NDLR : c’est-à-dire les nouvelles techniques de modification génétique], afin de raccourcir considérablement le processus de sélection, pourrait y contribuer » [15]. L’association CEO rapportait en mars 2022 que ce rapport a été notamment financé par l’industrie semencière [16].

De quels OGM parle-t-on ?

Mais le problème vient aussi du fait que les termes «  mutagénèse et cisgénèse  » ne sont pas définis précisément, ni juridiquement, ni scientifiquement. Ces termes regroupent en effet de multiples techniques pouvant suivre des protocoles très différents les uns des autres, surtout celui de mutagénèse. Ils pourraient ainsi recouvrir la grande majorité des OGM produits demain avec les nouvelles techniques de modification génétique [17]. En effet, les trois types de modifications pouvant être conduites dans un génome sont l’insertion de séquence génétique (transgenèse et cisgénèse), les mutations et la délétion de séquence génétique. En adoptant le cadre de lecture de la Commission européenne et des entreprises qui souhaitent ne prendre en compte que les modifications revendiquées et non les effets non intentionnels, l’expression même de mutagénèse dirigée est une expression qui pourrait, selon une lecture partisane, recouvrir toutes les techniques de mutagénèse. Dérèglementer les produits obtenus par mutagénèse dirigée et cisgénèse induirait donc que seuls les OGM transgéniques resteraient concernés par la législation actuelle.

Les intentions précises de la Commission européenne auront donc finalement été révélées par un sondage ciblé des parties prenantes et non public. Consultés par deux fois, les citoyens européens n’ont quant à eux pas eu la chance que la Commission leur indique ses véritables intentions. Alors que cette enquête ciblée est toujours en cours, ses résultats serviront à établir l’étude d’impact qui accompagnera la proposition de la Commission européenne de modifier la réglementation sur les OGM, prévue pour le printemps 2023 [18]. La précision des scénarios présentés témoigne de l’importance que la Commission accorde à cette consultation fermée. Il y a donc fort à craindre que la consultation publique à laquelle des citoyens ont répondu pèse peu dans le futur législatif de l’Union européenne et que l’arrêt de la Cour de Justice européenne de 2018 concernant ces nouveaux OGM soit bafoué…

OGM non transgénique AutorisationMutagénèse Droit Union européenne

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Inf’OGM - Veille citoyenne sur les OGM et les semences

Inf’OGM |

Source : https://www.infogm.org/7482-objectif-2030-dereglementer-plupart-ogm-europe

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    Selon Inf’OGM « En Italie, la justice protège l’interdiction des cultures de plantes OGM – Par Charlotte KRINKE - Date de rédaction / mise à jour : 10 août 2022 – Document ‘infogm.org’
    Le 25 juillet 2022, la justice italienne a confirmé la légalité de la destruction de cultures de maïs OGM MON 810 plantées sans autorisation. Une décision qui protège l’interdiction nationale de culture dont l’illégalité était soutenue par un agriculteur pro-OGM.

Italie - La justice protège l’interdiction des cultures OGM

Illustration - youngrobv

Comme dix-huit autres États membres de l’Union européenne (UE), l’Italie a interdit, en 2015, la culture du maïs MON 810 sur son territoire [1] (voir encadré ci-dessous). Cette interdiction a depuis fait l’objet de plusieurs recours devant la justice , sans que toutefois ceux-ci n’aboutissent. La décision du tribunal administratif régional de Frioul-Vénétie Julienne, publiée le 25 juillet 2022, vient de nouveau confirmer la légalité de cette interdiction [2].

À l’origine de l’affaire se trouve la mesure prise par le ministère des politiques agricoles, alimentaires et forestières ordonnant la destruction d’une culture de maïs OGM MON 810 semée en 2021 par un agriculteur de la province d’Udine. Ce dernier, qui avait déjà contesté sans succès par la voie judiciaire l’interdiction de culture du maïs MON 810, a saisi alors le tribunal administratif régional pour demander l’annulation de la mesure prise par le ministère à son encontre.

Derrière la demande d’annulation de la mesure ministérielle, c’est en réalité la légalité de l’interdiction de culture du maïs MON 810 (rendue possible par une directive de l’UE) par rapport aux traités de l’UE qui est contestée. En effet, selon l’agriculteur requérant, cette interdiction serait contraire à plusieurs principes consacrés par le Traité sur l’Union européenne et par le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, et particulièrement avec les règles relatives à la libre circulation des marchandises. Il demande au juge administratif de saisir la Cour de justice de l’Union européenne en appréciation de validité de la directive de l’UE autorisant les États membres à exclure leur territoire d’une demande d’autorisation de culture d’OGM (directive 2015/412).

L’interdiction de culture ne porte pas atteinte à la liberté d’entreprise

Dans sa décision publiée le 25 juillet 2022, le tribunal administratif régional de Frioul-Vénétie Julienne rejette l’intégralité du recours, en appliquant une jurisprudence rendue dans une affaire similaire. Il rappelle ainsi que l’exercice des libertés économiques n’est pas un droit absolu. Il doit au contraire être mis en balance avec les intérêts liés à la protection de l’environnement et de la santé. Or, selon le tribunal, « l’interdiction de la culture du maïs OGM, dans la mesure où [...] elle est potentiellement dangereuse pour la santé et l’environnement, constitue une limitation légitime à l’exercice des activités économiques concernées, qui n’est pas en contradiction avec les critères visés, eu égard à la reconnaissance des principes de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne et du traité sur l’Union européenne [...] ».

Le requérant soutenait néanmoins que l’interdiction de culture est une atteinte disproportionnée à la liberté d’entreprendre car, expliquait-il, il existe des techniques agronomiques qui permettent d’éviter la contamination non intentionnelle des cultures voisines. Mais là non plus, le tribunal ne retient pas l’argument. En effet, le requérant ne mentionnait pas quelles techniques pourraient être mises en place et, comme le relève le tribunal, il ne semblait pas en avoir prises lui-même sur sa parcelle.

L’opt-out contribue au bon fonctionnement du marché intérieur

L’argument de l’atteinte au bon fonctionnement du marché intérieur causée par la liberté des États membres d’interdire la culture d’OGM sur leur territoire est lui aussi écarté. Le tribunal s’appuie pour ce faire sur les dispositions du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne [3] mais aussi sur un avis du service juridique du Conseil du 5 novembre 2010. Cet avis expliquait que la possibilité offerte aux États membres d’autoriser ou non les cultures transgéniques sur leur territoire «  peut améliorer le processus d’autorisation des OGM et, dans le même temps, garantir la liberté de choix des consommateurs, des agriculteurs et des opérateurs, en offrant une plus grande clarté aux parties prenantes concernant la culture des OGM dans l’Union  ». Le service juridique du Conseil concluait que cette mesure devrait, par conséquent, promouvoir le bon fonctionnement du marché intérieur.

Opt-out et répartition des compétences

En 2015, une modification de la directive 2001/18 encadrant la culture des OGM dans l’Union européenne a permis aux États membres d’interdire la culture sur leur territoire de plantes génétiquement modifiées autorisées au niveau européen (opt-out). Dans l’affaire devant le tribunal administratif régional de Frioul-Vénétie Julienne, le requérant soutenait que cette modification est illégale en ce qu’elle autorise les États membres à légiférer dans une matière que les traités attribuent exclusivement à l’Union européenne. Un argument qui n’a pas convaincu le tribunal. Il rappelle ainsi que la directive relève du domaine de l’agriculture dans lequel l’Union européenne a une compétence partagée et non exclusive. Surtout, le tribunal s’appuie sur le considérant 6 de la directive 2015/412 (qui a modifié la directive 2001/18). Celui-ci énonce que « (l)a culture peut toutefois exiger davantage de flexibilité dans certains cas, car cette question comporte une forte dimension nationale, régionale et locale en raison de son lien avec l’affectation des sols, les structures agricoles locales et la protection ou la préservation des habitats, des écosystèmes et des paysages ». Il s’agit-là, selon le tribunal, d’une observation essentielle.

L’intervention assurée du ministère de l’Agriculture italien face à la culture illégale du maïs transgénique MON 810 tranche avec son inaction face à la culture illégale des OGM obtenus par les nouvelles techniques de modification génétique, pourtant eux aussi soumis à la réglementation OGM comme l’a clairement indiqué la Cour de justice de l’Union européenne en 2018 [4]. Une inaction dénoncée par les organisations italiennes d’agricultures paysannes et biologiques devant le Parlement européen [5]. Mais le Gouvernement italien souhaite réglementer différemment OGM transgéniques et nouveaux OGM [6]...

Moratoire Procès Maïs Italie - SOMMAIRE : Actualités - Objectif 2030 : déréglementer la plupart des OGM en Europe ? UE - UPOV : accords commerciaux contre sécurité alimentaire

[1Décision d’exécution (UE) 2016/321 de la Commission du 3 mars 2016 modifiant la portée géographique de l’autorisation de cultiver le maïs génétiquement modifié (Zea mays L.) MON 810 (notifiée sous le numéro C(2016) 1231).

[2Tribunale Amministrativo Regionale per il Friuli Venezia Giulia (Sezione Prima), 25 juillet 2022, no. 334.

[3] L’article 36 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), qui dispose que l’interdiction des restrictions quantitatives et les mesures d’effet équivalent posée aux articles 34 et 35 du Traité « ne font pas obstacle aux interdictions ou restrictions d’importation, d’exportation ou de transit, justifiées par des raisons de moralité publique, d’ordre public, de sécurité publique, de protection de la santé et de la vie des personnes et des animaux ou de préservation des végétaux, de protection des trésors nationaux ayant une valeur artistique, historique ou archéologique ou de protection de la propriété industrielle et commerciale. Toutefois, ces interdictions ou restrictions ne doivent constituer ni un moyen de discrimination arbitraire ni une restriction déguisée dans le commerce entre les États membres ».

[4Inf’OGM, « Europe - Les nouveaux OGM sont des OGM comme les autres », Charlotte KRINKE, 25 juillet 2018

[5Inf’OGM, « OGM non transgénique : l’illégalité de l’Italie contestée », Charlotte KRINKE, 7 décembre 2021

[6Inf’OGM, « Nouveaux OGM : un rappel de droit pour le ministère italien de l’Agriculture », Eric MEUNIER, 28 janvier 2021

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Source : https://www.infogm.org/7483-italie-justice-protege-interdiction-cultures-ogm

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