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"Les droits humains et les libertés dans quelques territoires dans le monde, en écho aux positions du philosophe Condorcet au 18ème siècle, avec un accent mis sur les Chrétiens d’Orient et sur le sujet de la mixité" par Jacques Hallard

samedi 4 juin 2022, par Hallard Jacques



ISIAS Sociologie

Les droits humains et les libertés dans quelques territoires dans le monde, en écho aux positions du philosophe Condorcet au 18ème siècle, avec un accent mis sur les Chrétiens d’Orient et sur le sujet de la mixité

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 01/06/2022

Plan du document : Présentation Préambule Introduction Sommaire#ZUSAMMENFASSUNG Auteur

Eglises

Répartition des chrétiens d’Orient en 2011 - Source

* Avertissement (Action d’attirer l’attention de quelqu’un sur quelque chose) - Si souhaité, voir un rappel sur ‘les chrétiens d’Orient’ dans la présentation ci-après et (re)faire connaissance avec Condorcet, philosophe et mathématicien, adepte du progrès général de l’esprit humain au 18ème siècle … et «  défenseur des droits de l’Homme en général, des droits des femmes (notamment pour la contraception et le droit de vote !), ainsi que des ‘droits des Noirs’, en particulier … » > se reporter au préambule, sinon, aller directement à l’introduction et / ou au sommaire de ce dossier.


Présentation

Les chrétiens d’Orient sont les chrétiens qui vivent au Proche-Orient et au Moyen-Orient. Ils représentent des minorités plus ou moins importantes en Irak, en Syrie, en Israël et au Liban, en Égypte, en Iran ou en Turquie, ainsi qu’en en Inde et au Pakistan. Les chrétiens d’Orient ne forment pas un groupe homogène. Wikipédia

Les chaldéens sont des catholiques de rite oriental et de langue liturgique araméenne (la langue de Jésus). Ils tirent leur nom de leur région d’origine, la Chaldée, une région antique, située entre les cours inférieurs de l’Euphrate et du Tigre, correspondant, selon les textes, à une partie ou à la totalité de la Babylonie, dans le sud de la Mésopotamie (Irak actuel). 29 juillet 2014.

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In Un aperçu sur l’histoire de l’Eglise d’Orient – Source : http://jesusmarie.free.fr/liturgie_chaldeenne_eglise_histoire.pdf

Qui sont les chrétiens d’Irak ? - Par Mathilde Damgé - Publié le 06 août 2014 à 19h11 - Mis à jour le 06 avril 2015 à 15h19 – Document ‘Le Monde’ Les Décodeurs

La communauté des chrétiens d’Irak est composée d’une mosaïque de courants, dont des catholiques en majorité, mais aussi des orthodoxes et des protestants.

Les Chaldéens, qui représentent la grande majorité des chrétiens d’Irak, forment une communauté catholique de rite oriental.

Photo -Les Chaldéens, qui représentent la grande majorité des chrétiens d’Irak, forment une communauté catholique de rite oriental. AFP/SAFIN HAMED

Des milliers d’Irakiens chrétiens ayant déjà fui l’offensive djihadiste à Mossoul ont été contraints de poursuivre leur exil, rapportait l’Agence France-Presse mercredi 6 août. Les djihadistes sesont emparés, jeudi 7 août, de Karakoch, la plus grande ville chrétienne d’Irak, près de Mossoul. Ils auraient au préalable attaqué trois villages où les chrétiens avaient trouvé refuge après la prise de contrôle de la grande ville du Nord, il y a deux mois.

Lire le reportage : Les chrétiens de Mossoul racontent leur expulsion, froide et implacable

La prise de Sinjar, située à 50 kilomètres de la frontière syrienne, dimanche, a poussé sur les routes des milliers de personnes, jusqu’à deux cent mille, selon l’Organisation des Nations unies. Une grande majorité d’entre eux est de confession chrétienne. Mais qui sont ces « chrétiens d’Irak » ?

Une mosaïque de courants, de rites et d’influences

La communauté des chrétiens d’Irak est composée d’une mosaïque de courants, des catholiques en majorité, mais aussi des orthodoxes et une minorité de protestants. Gérard-François Dumont, professeur à la Sorbonne, recense une douzaine de dénominations chrétiennes en Irak.

Parmi les catholiques dominent les chaldéens, du nom de l’ancienne région située entre les cours inférieurs de l’Euphrate et du Tigre, la Chaldée. Le rite chaldéen, appelé aussi « syrien oriental », coexiste avec cinq autres rites toujours pratiqués dans la région : latin, alexandrin, arménien, byzantin, et antiochien ou syrien occidental.

Le rite chaldéen est issu de la doctrine nestorienne, émancipée de l’Eglise romaine (il n’est revenu dans le giron du Vatican qu’au XIXe siècle). Considéré comme l’un des plus anciens rites du christianisme, il serait arrivé en Irak avec l’apôtre Thomas, quelques dizaines d’années après la mort de Jésus.

Photo - REUTERS/MUHAMMAD HAMED

Assyro-chaldéens et zoroastres

Mais les historiens considèrent qu’il s’est vraiment développé au sein de l’empire sassanide — une monarchie qui a régné du IIIe siècle après Jésus-Christ jusqu’au VIIe siècle et la conquête musulmane de la Perse, et dont la religion officielle était le zoroastrisme, monothéisme dont s’est inspirée une autre minorité religieuse aujourd’hui en danger, les yezidis.

« En tant que descendants des Assyro-Chaldéens qui habitaient cette région, les membres des deux principales Eglises chrétiennes (chaldéenne et assyrienne d’Orient) peuvent revendiquer une filiation directe avec la terre de Mésopotamie », détaille Gérard-François Dumont.

A l’époque de sa grandeur (VIIe-XIVe siècles), l’Eglise chaldéenne comptait entre soixante et quatre-vingts millions de membres, établis sur un territoire géographique compris entre Chypre et la Mandchourie.

Les racines chrétiennes du rite chaldéen se croisent avec d’autres influences : ainsi, en Irak, si la langue syriaque (dérivée de l’araméen, la langue usuelle en Palestine au temps de Jésus) subsiste dans la liturgie, l’arabe prend une place croissante.

Le tournant de l’invasion américaine

Photo - Le cardinal Barbarin à Kirkouk. AFP/MARWAN IBRAHIM

Avant l’invasion américaine de 2003, plus de un million de chrétiens vivaient en Irak, dont plus de six cent mille à Bagdad, siège du patriarcat des chaldéens, soixante mille à Mossoul, mais également dans la ville pétrolière de Kirkouk et dans la cité méridionale de Bassora. Mais en raison des violences meurtrières qui ont secoué le pays depuis dix ans, ils ne sont aujourd’hui pas plus de quatre cent mille sur l’ensemble du territoire.

« En l’absence de chiffres exacts, certains considèrent la ville de Détroit comme la vraie capitale des chrétiens irakiens », explique Inaam Kachachi, journaliste et écrivaine irakienne. Un quart des quatre cent mille assyro-chaldéens exilés aux Etats-Unis vivent dans l’agglomération de Détroit.

Après l’invasion américaine, la communauté a été victime des violences qui ont ensanglanté tout le pays, mais elle a été aussi plus particulièrement associée aux Occidentaux ; les chrétiens ont le quasi-monopole de la vente d’alcool et plusieurs travaillaient comme interprètes avec les forces américaines.

En dix ans, soixante et une églises ont été attaquées et un millier de chrétiens tués. L’attentat le plus sanglant a eu lieu le 31 octobre 2010, lorsque quarante-quatre fidèles et deux prêtres sont morts dans l’attaque de la cathédrale syriaque catholique de Bagdad par la branche irakienne d’Al-Qaida.

Lire (édition abonnés) l’article d’archives : Article réservé à nos abonnés Le massacre de Bagdad accentue le désarroi des chrétiens d’Irak

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Source : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/08/06/qui-sont-les-chretiens-d-irak_4467331_4355770.html

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Préambule

Condorcet - Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, né le 17 septembre 1743 à Ribemont et mort le 29 mars 1794 à Bourg-la-Reine, est un mathématicien, philosophe, homme politique et éditeur français, représentant des Lumières. Wikipédia

1795 – Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain –

‘L’Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain’ (aussi connu sous le nom de Prospectus) est un ouvrage de Nicolas de Condorcet, publié de manière posthume en 1795. Cet ouvrage de philosophie de l’histoire retrace les grandes étapes du progrès général de l’esprit humain à travers l’histoire, les sciences, la morale et la politique… - Source

Dans ce texte, Condorcet adhère à l’idéologie qui prévaut au siècle des Lumières « selon laquelle, grâce aux progrès des sciences, des techniques et des institutions politiques, l’humanité verra la destruction de l’inégalité entre les nations, les progrès de l’égalité dans un même peuple et le perfectionnement réel de l’homme… une expérience mise à mal aujourd’hui ». (In « L’Histoire des Grands Mythes Fondateurs – Voyage dans l’imaginaire de l’Humanité’ ; ‘Le Monde – La Vie’ numéro hors-série 2022 page 18).

« Placés à cette heureuse époque, et témoins des derniers efforts de l’ignorance et de l’erreur, nous avons vu la raison sortir victorieuse de cette lutte si longue, si pénible, et nous pouvons nous écrier enfin : la vérité a vaincu ; le genre humain est sauvé ! Chaque siècle ajoutera de nouvelles lumières à celles du siècle qui l’aura précédé ; et ces progrès, que rien désormais ne peut arrêter ni suspendre, n’auront d’autres bornes que celles de la durée de l’univers… » - Condorcet

Note sur Condorcet (1743-1794) par ‘Profils de libertés’ - Philosophe, mathématicien et homme politique, Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de Condorcet est né à Ribemont dans l’Aisne (Picardie), le 17 septembre 1743, dans une famille de la noblesse. Son père, officier de cavalerie, meurt quand il a quatre ans. À l’âge de onze ans, il est envoyé par son oncle au collège des Jésuites de Reims, puis plus tard (1758) à Paris dans le collège de Navarre, également tenu par les Jésuites. Pendant ses études, il se distingue dans les sciences mathématiques. Pour terminer ses études, il rédige son Essai sur le calcul intégral (1765) qui lui vaut d’être élu à l’Académie royale des sciences (1769). Il en sera nommé secrétaire perpétuel en 1776. Auparavant Condorcet s’est fait remarquer dans la controverse philosophique avec les Lettres d’un théologien à l’auteur (l’abbé Sabatier de Castres) du Dictionnaire des trois siècles (1774). La même année, il est nommé inspecteur général des Monnaies dans l’Aisne par Turgot, nouveau contrôleur général des Finances, dont il soutient activement la politique. C’est en 1782 qu’il est élu à l’Académie française. Il se lie d’amitié avec Voltaire (dont il écrit une biographie) et d’Alembert et entame des activités de plus en plus militantes pour la défense des droits de l’homme en général, des droits des femmes (notamment la contraception et le droit de vote) ainsi que des Noirs en particulier. Il soutient notamment la cause des jeunes États-Unis d’Amérique et propose des projets audacieux de réformes politiques, administratives et économiques destinées à transformer la société française. Lorsque éclate la Révolution française, Condorcet se trouve être l’un des derniers survivants authentiques de l’esprit des lumières qui avait animé Voltaire et les encyclopédistes. À l’annonce de la convocation des états généraux, 1789, l’activité politique de Condorcet s’intensifie encore. En 1790 il fonde avec Sieyès la ’Société de 1789’, en dirige le Journal, tout comme il édite parallèlement la Bibliothèque de l’homme public (1790-1792), la Chronique de Paris (1792-1793), le Journal d’instruction sociale (1793). En 1791, il est élu à l’Assemblée législative et en 1792 à la Convention. Il s’y engage pour son Projet de réforme de l’instruction publique en 1792, qui prévoit cinq niveaux d’instruction : les écoles primaires, les écoles secondaires, les instituts, les lycées et la Société Nationale des Sciences et des Arts. Cependant sa présentation de ce projet d’envergure à l’Assemblée au nom du Comité d’instruction publique, les 20 et 21 avril 1792, tombe vite aux oubliettes. Les idées de gratuité, d’obligation, de laïcité et d’universalité qu’il contient attendront un siècle pour passer dans les faits. À l’époque, le développement de la connaissance de la nature, des mathématiques sociales et l’idée de progrès indéfini des sciences voient plutôt émerger un nouveau cléricalisme dans le domaine politique et dans les sociétés savantes. La déesse Raison, le dieu Progrès et leur fille, la Science, deviennent déjà les objets d’un nouveau culte et d’une nouvelle théologie. Condorcet fut l’un des premiers à identifier et à analyser à la fois ce déplacement de cléricature et le danger intellectuel qu’il représente : lorsque l’Église se voit dépossédée de son monopole éducatif, il ne s’ensuit pas nécessairement que l’idéal du savoir universel s’empare de l’École et celui de la liberté individuelle de la République. Dans son Premier mémoire sur l’instruction publique (1790), Condorcet dénonçait déjà ce transfert de cléricature au sein de l’école, transfert qui en pervertit la destination. On embrigade l’enfance dans des fêtes, des célébrations, des défilés ; le culte de la Nation, la déesse Nature, l’arbre de la Liberté remplacent la citoyenneté, la science et la responsabilité autonome. En réalité, l’école a ses nouveaux prêtres. Le mot le plus dur de Condorcet contre cette nouvelle classe politique ira à Robespierre, qui ne le lui pardonnera pas, lorsqu’il le traitera de « faux curé » ! Pour le « mouton enragé » qu’est Condorcet, tous ces nouveaux cultes ne sont que la négation de la culture. L’idole sociale se substitue à l’idole religieuse, le politique vaticine, le résultat reste le même : un dogme en remplace un autre, au détriment de l’instruction véritable du citoyen. Politiquement proche des Girondins (tout en gardant son indépendance), il ne vote pas la mort de Louis XVI et critique le projet de Constitution présenté par Hérault de Séchelles. De ce fait il est obligé de se cacher dès juin 1793 pour échapper aux agents de la Terreur. Le décret officiel de sa condamnation à mort porte la date du 3 octobre 1793. Pendant cinq mois, il trouve un refuge sûr dans la maison de Madame Vernet, rue Servandoni, à Paris. Il y rédige l’Avis d’un proscrit à sa fille, qui reste un très beau livre de morale, dans lequel s’exprime toute la tendresse qu’il portait à son épouse et à sa fille. Cependant, il profite surtout de ce sursis de vie qui lui reste pour écrire son œuvre principale, la somme de sa vie, L’Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain. Il y exprime son intime conviction que les sciences vont connaître un immense développement et affirme que le progrès de l’humanité entière peut être assuré grâce à une éducation bien orientée. Avant tout, Condorcet craint la création d’une nouvelle cléricature, scientiste, tout aussi immobiliste et conservatrice que le clergé. Comment le commun des mortels pourra-t-il distinguer le vrai savant du charlatan ? Comment se garder contre la tentation du pouvoir que donne le savoir ? Sur ces deux questions difficiles, la théorie du progrès peut apporter un éclairage nouveau. Pour mieux en comprendre le sens et la portée, gardons à l’esprit son contraire : l’obscurantisme, dénoncé avec vigueur à propos des prêtres chaldéens, archétypes de tous ces savants qui tentent de conserver jalousement le savoir, afin de garder le pouvoir intellectuel et moral sur le peuple. En réalité, l’obscurantisme ne réside pas dans l’ignorance, mais dans la volonté délibérée et dans l’art d’empêcher le dévoilement universel des vérités lentement acquises par les sciences et les techniques. Dépositaire du vrai ou victime lui-même des illusions, le faux savant sécrète un savoir illusoire pour mieux conserver sa puissance. À l’inverse, lorsque Condorcet parle de Progrès de l’Esprit humain, c’est non seulement du savoir qualitatif et quantitatif qu’il s’agit, mais aussi de sa diffusion auprès de tous. Il s’agit de créer une éducation pour tous, une véritable éducation universelle pour tous les hommes, quels qu’ils soient. Le progrès intellectuel et surtout moral de l’humanité dans son ensemble a pour condition ce dernier point. Quantitativement, la masse des vérités disponibles augmente ; qualitativement, l’ensemble de ces savoirs obéit à une combinatoire rationnelle qui en rend la diffusion plus aisée. Toute la question est celle des possibilités matérielles de cette diffusion par l’instruction universelle. C’est là la tâche des politiques : l’amélioration du sort des hommes passe par l’éducation de tous et par leur commune participation au progrès du savoir. De ce point de vue, nations, individus, peuples se rejoignent dans une même unité générale que recouvre la notion d’Esprit humain. C’est bien ce dernier qui est susceptible d’une amélioration indéfinie : « Nos espérances sur l’état à venir de l’espèce humaine peuvent se réduire à ces trois points importants : la disparition de l’inégalité entre les nations ; les progrès de l’égalité dans un même peuple ; enfin le perfectionnement réel de l’homme. » À propos de ce perfectionnement, il convient de se garder d’une erreur fréquente qui dénaturerait l’intention de Condorcet : il ne faudrait pas chercher dans cette marche progressive la réalisation de quelque force immanente de l’histoire, force cachée dont on pourrait néanmoins deviner la forme et anticiper le but. Rien n’est plus éloigné de Condorcet que la représentation déterministe du mouvement historique. La perfectibilité est une notion qui traduit chez lui une espérance, un idéal, dont la légitimité est rendue possible par un double constat explicite.D’abord, l’idéal de progrès humain, entendu concrètement comme amélioration de la connaissance et des moeurs, ne présente aucune contradiction interne qui en ruinerait la pertinence logique. Ensuite, l’histoire des sciences, des techniques et des rapports des hommes à ces deux domaines du savoir montre qu’il y a effectivement eu un progrès au cours des siècles de notre aventure intellectuelle. À partir de ce dernier constat, Condorcet estime qu’il n’est pas illégitime d’espérer que ce même progrès se poursuive dans le futur. Et puisque ce progrès a une influence sur les moeurs des hommes, c’est-à-dire sur la morale en général, on peut penser qu’il se fera aussi sur le plan politique et humain. Il s’agit donc d’une hypothèse au sens strict. Condorcet ne dit jamais que le progrès est nécessaire ; il demande simplement qu’on l’admette comme possible et il le fait entièrement reposer sur l’idée fondatrice de perfectibilité humaine. Cette dernière s’oppose aussi bien à l’anthropologie antique, qui assigne à l’homme une place définitive dans un cosmos fini, qu’à la métaphysique chrétienne, qui lui attribue une essence stable d’origine divine. L’idée de perfectibilité indique seulement que l’Esprit humain est ouvert sur un avenir indéterminé. Il peut tout aussi bien régresser que progresser. Impossible dans tous les cas de lui assigner des bornes. L’idée de progrès représente donc, pour Condorcet, plus un programme qu’une loi de l’histoire : il ne se réalisera qu’à condition que les hommes en prennent conscience et décident de lui donner le jour. C’est la représentation du progrès et la confiance en leur perfectibilité qui aide les hommes à se perfectionner sans cesse. On comprend mieux alors la méfiance de Condorcet à l’égard du dogmatisme, surtout lorsque celui-ci prend la forme du scientisme le plus délirant. Le 25 mars 1794 Condorcet, averti d’une perquisition, quitte son refuge et se rend à Fontenay-aux-Roses, où il ne trouve pas l’hospitalité espérée chez son ami Suard. Le 27, il est arrêté à Clamart, dans une auberge où il s’est arrêté, fatigué et affamé. Emprisonné, il s’empoisonne probablement (à l’aide d’un poison qu’il cachait dans sa bague) à la maison d’arrêt de Bourg-la-Reine (Bourg-l’Égalité) entre le 27 et le 29 mars 1794 pour échapper à l’échafaud. Son cadavre est jeté dans la fosse commune. Le procès-verbal officiel conclut à une mort naturelle due à une crise d’apoplexie… Pourtant, c’est Marie-Joseph Chénier qui lui fait rendre hommage par l’important décret du 18 décembre 1794 : « Les études primaires forment le premier degré de l’instruction : on y enseignera les connaissances rigoureusement nécessaires à tous les citoyens. Les personnes chargées de l’enseignement dans ces écoles s’appellent ’instituteurs’ ». La République salue ainsi le « dernier des philosophes, sans lequel elle n’existerait point ». (Sources : FCE - Luxembourg) – 29 mai 2022 - Référence : http://prolib.net/pierre_bailleux/histoire/204.049.condorcet.htm Origine : Profils de libertés - Nous apportons notre appui à toutes démarches visant à lutter contre le totalitarisme, le sectarisme, la xénophobie, le fondamentalisme et l’intégrisme de toute obédience.De bric et de broc : « Résister, c’est rêver qu’un autre monde est possible. Et contribuer à le bâtir » - Ignacio Ramonet.

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Introduction

Le but de cette recherche documentaire à usage didactique est de proposer des documents qui traitent tout d’abord des ’Droits humains’ en général, puis de la situation de ces droits dans quelques pays sélectionnés pour constituer ce dossier : Chine, Inde, Afghanistan et Iran …

Puis sont donnés des textes qui rappellent plus particulièrement l’état des cultes en France, donc de la laïcité et des libertés religieuses. Sont ensuite traitées quelques minorités religieuses à travers le monde, « qui s’efforcent d’exister malgré tout », et le cas des croyances typiques de « minorités religieuses improbables », dans des pays où on ne les attend pas à priori…

L’accent est mis dans ce dossier sur la chrétienté plusieurs fois séculaire au Proche-Orient et au Moyen-Orient, et la situation souvent critique de ces ‘Chrétiens d’Orient’, qui constituent une « caisse de résonance dans le monde arabe »… - Lecture suggérée : Qui sont les chrétiens d’Orient ? - SyriePhoto : En 325, l’empereur Constantin, après avoir fait du christianisme la religion officielle de l’empire, convoqua à Nicée un premier concile œcuménique. © Flickr - Ils furent les premiers disciples du Christ et ont marqué de leur empreinte l’ancienne Syrie et la Mésopotamie. Mais aujourd’hui, leurs descendants sont menacés… - Article de Marine de Tilly - Publié le 03/07/2020 à 15h06

Un développement spécial est accordé ensuite dans ce dossier à la cité antique et à la Province de Ninive, actuellement en Irak : à la fois des rétrospectives et des analyses d’histoire contemporaine sur « l’un des berceaux de la Chrétienté ». Voir aussi : « Ninive est une ancienne ville de l’Assyrie, dans le Nord de la Mésopotamie. Elle se situait sur la rive est du Tigre, au confluent du Khosr, à un emplacement aujourd’hui localisé dans les faubourgs de la ville moderne de Mossoul, en Irak, dont le centre se trouve de l’autre côté du fleuve… - Wikipédia

Est placée ensuite, une contribution du pasteur James Woody de l’Eglise protestante unie de France (EPUdF), qui a abordé « Prêcher à Ninive » en référence à Jonas, « en hébreu : יוֹנָה yôna(h), qui signifie « colombe », en arabe : يونس (Yūnes) est un prophète des trois religions abrahamiques que sont le judaïsme, le christianisme et l’islam. Dans le judaïsme, Jonas (Yona), diminutif Jon1, fils d’Amitthaï) est le cinquième des douze petits prophètes de la Bible2. C’est le personnage principal du Livre de Jonas, qui fait partie du Tanakh hébraïque (Ancien Testament chrétien). Dans le Coran, Jonas est mentionné dans six sourates, dont la dixième, qui porte son nom, Yûnus… »

Par ailleurs, se trouvent encore dans ce dossier deux analyses qui se rapportent :

* à des minorités de la plaine de Ninive qui sont menacées par les tensions géopolitiques actuelles en Irak et

* l’état de la sécurité, des religions et les problèmes de genre (hommes–femmes) dans cette Province de Ninive en Irak.

Ce dossier s’achève par une contribution de l’obédience maçonnique mixte internationale ‘Le Droit Humain’, qui a traité, dans le cadre de l’émission « Divers aspects de la pensée contemporaine » diffusée par ‘France Culture’ (« L’esprit d’ouverture »), traitant de « L’évidence des mixités (Hommes–Femmes) »…

Selon Wikipédia, « La mixité (ans l’éducation) ou, dans son sens ancien, la coéducation1, est l’instruction et l’éducation en commun des garçons et des filles, dans des groupes mixtes. Un groupe de personnes est dit mixte s’il est composé de personnes des deux sexes. On parle de « classes mixtes » à l’école, ou encore de groupes de jeunes mixtes (par exemple dans le scoutisme) ou encore des groupes sportifs mixtes. La communauté internationale s’unit face à la question de l’accès à l’éducation. Un forum mondial sur l’éducation a eu lieu à Dakar en 2000 pour fixer un objectif commun à atteindre pour 2015. L’objectif est d’« éliminer les disparités entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire d’ici à 2015 et instaurer l’égalité dans ce domaine en 2015, en veillant notamment à assurer aux filles un accès équitable et sans restriction à une éducation de base de qualité avec les mêmes chances de réussite »2… - Source – Par ailleurs : « La mixité sociale consiste, en une zone géographique donnée, à permettre à des personnes issues de milieux sociaux différents de se côtoyer, ou de cohabiter. La mixité sociale engendre des quartiers hétérogènes peuplés d’habitants distincts par leurs revenus ou leurs origines. Le brassage social est facilité par les législations, mais aussi par les acteurs sociaux comme les politiques, ou les associations. Les acteurs économiques, et notamment les entreprises, jouent aussi un rôle en termes de mixité par leur politique de recrutement de main-d’œuvre. À l’inverse, les quartiers homogènes regroupent une classe sociale, ou une communauté précise…. » - Source

Les documents sélectionnés pour constituer ce dossier sont indiqués avec leurs accès dans le sommaire ci-après.

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Sommaire

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  • Les Droits humains - Paix, dignité et égalité sur une planète saine – Document ‘un.org’

    Collage de photos : à gauche, une femme fabrique des savons et à droite, un homme repare des chaussures

Photo – Exemple - La Division des droits de l’homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) soutient les programmes gérés par une association locale pour personnes vivants avec un handicap. À gauche, une femme fabrique du savon ; à droite un homme répare des chaussures. Photos ONU/Sylvain Liechti

Que sont les droits humains ?

Les droits humains sont les droits inaliénables de tous les êtres humains, sans distinction aucune, notamment de race, de sexe, de nationalité, d’origine ethnique, de langue, de religion ou de toute autre situation. Les droits humains incluent le droit à la vie et à la liberté. Ils impliquent que nul ne sera tenu en esclavage, que nul ne sera soumis à la torture. Chacun a le droit à la liberté d’opinion et d’expression, au travail, à l’éducation, etc. Nous avons tous le droit d’exercer nos droits humains sur un pied d’égalité et sans discrimination.

Le droit international relatif aux droits humains

Le droit international relatif aux droits humains énonce les obligations des États de protéger les droits et les libertés des individus et groupes d’individus.

L’une des grandes réalisations des Nations Unies est d’avoir créé un ensemble complet de standards relatifs aux droits humains – un socle de normes universelles et internationalement protégées auquel toutes les nations du monde peuvent aspirer et souscrire. Il s’agit de droits largement acceptés, qui incluent les droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux. L’ONU a également mis en œuvre un mécanisme destiné à promouvoir et à protéger ces droits, qui aide également les États à endosser leurs obligations en la matière.

Les fondements de ces normes sont la Charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptés par l’Assemblée générale de l’ONU respectivement en 1945 et 1948. Depuis lors, les Nations Unies ont progressivement élargi le socle des droits humains pour y inclure des normes spécifiques visant les femmes, les enfants, les personnes handicapées, les minorités et les groupes les plus vulnérables qui sont désormais protégés contre les discriminations qui ont longtemps prévalu dans nombre de sociétés.

La Déclaration universelle des droits humains

Définie comme étant l’idéal commun à atteindre pour tous les peuples, la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies - résolution 217 A (III) - le 10 décembre 1948, à Paris. Ses 30 articles énumèrent les droits dont tous les êtres humains devraient jouir dans tous les pays. Traduite dans plus de 500 langues, elle reste, à ce jour, le document le plus traduit au monde et a inspiré les constitutions de jeunes démocraties et de nombreux États ayant nouvellement accédé à l’indépendance.

Sur la base des réalisations de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et ses deux Protocoles facultatifs, ainsi que le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels sont entrés en vigueur en 1976. Collectivement, la Déclaration universelle des droits de l’homme, ces Pactes et leurs protocoles facultatifs constituent ce que l’on appelle la Charte internationale des droits de l’homme.

Ajoutez votre voix pour défendre les droits de l’homme ! (durée de la vidéo 1:41)

Les droits économiques, sociaux et culturels

Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels est entré en vigueur en 1976. Il promeut et protège notamment :

  • le droit au travail, dans des conditions justes et favorables ;
  • le droit à une protection sociale, ainsi qu’à des conditions de vie permettant à toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre ;
  • le droit de toute personne à l’éducation, de participer à la vie culturelle ou de bénéficier du progrès scientifique et de ses applications.
    Les droits civils et politiques

Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et son premier Protocole facultatif sont entrés en vigueur en 1976. Son deuxième Protocole facultatif est entré en vigueur en 1989.

Le Pacte international traite notamment de la libre circulation des personnes, de l’égalité des individus devant la loi, les tribunaux et les cours de justice, ainsi que du droit à un procès équitable et à la présomption d’innocence. Le Pacte aborde également la question de la liberté de pensée, de conscience et de religion. Il précise que toute personne a le droit à la liberté d’expression. Il reconnaît le droit de réunion pacifique, le droit de s’associer librement avec d’autres, de prendre part aux affaires publiques, de voter et d’être élu et rappelle que les personnes appartenant à des minorités ne peuvent être exclues de ces droits. Enfin, nul ne peut faire l’objet de détention arbitraire, être soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. L’esclavage et la traite sous toutes ses formes sont interdits, de même que toute propagande en faveur de la guerre, ainsi que tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse.

Autres instruments internationaux des droits humains

Depuis 1945, une série d’instruments est venue compléter le corpus des traités internationaux relatifs aux droits humains, parmi lesquels figurent la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948), la Convention internationale sur l’élimination des toutes les formes de discrimination raciale (1965), la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1979), la Convention relative aux droits de l’enfant (1989) ou la Convention relative aux droits des personnes handicapées (2006), entre autres.

Les droits humains en période de pandémie

La pandémie de COVID-19 relève d’une situation d’urgence sanitaire publique, mais c’est aussi une crise économique, sociale et humaine qui se transforme en crise des droits humains.

Les droits humains sont indispensables face à la COVID-19, en termes de riposte et de relance. Il est indispensable que les êtres humains – et leurs droits – soient au premier plan.
Seule une action menée à travers le prisme des droits humains permettra d’englober l’humanité tout entière, mettant l’accent sur l’impératif qui est celui des soins de santé pour tous et faire ainsi en sorte que personne ne soit laissé de côté.

Le Conseil des droits de l’homme

Organe intergouvernemental du Système des Nations Unies, le Conseil des droits de l’homme, créé par l’Assemblée générale de l’ONU le 15 mars 2006, a remplacé la Commission des droits de l’homme des Nations Unies, qui avait été créée en 1946. Le Conseil a pour but principal d’évaluer des situations de violations de droits humains et d’émettre des recommandations pour y remédier. Composé de 47 États, il a la responsabilité de renforcer la promotion et la protection des droits humains partout dans le monde.

L’un des aspects les plus novateurs du Conseil des droits de l’homme est son Examen périodique universel (EPU), un processus unique en son genre. Il consiste à passer en revue les réalisations des 193 États Membres de l’ONU dans le domaine des droits humains. Il s’agit d’un processus mené par les États, sous les auspices du Conseil des droits de l’homme. Il fournit à chaque État l’opportunité de présenter les mesures qu’il a pris pour améliorer la situation des droits de l’homme sur son territoire et remplir ses obligations en la matière. Mécanisme central du Conseil des droits de l’homme, l’EPU est conçu pour assurer une égalité de traitement à chaque pays.

Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme

Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme est le principal responsable des droits humains aux Nations Unies. Il dirige le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, et a pour mandat de répondre aux violations graves des droits de l’homme et d’entreprendre des actions préventives.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) représente l’engagement du monde envers les idéaux universels de la dignité humaine. Il soutient ainsi les activités des mécanismes des droits humains des Nations Unies, comme le Conseil des droits de l’homme et lesprincipaux organes de traités, créés pour superviser la manière dont les États parties appliquent les traités internationaux relatifs aux droits humains.

La plupart des principaux traités relatifs aux droits de l’homme ont un organe de surveillance chargé d’examiner la mise en œuvre de ce traité par les pays qui l’ont ratifié. Les personnes dont les droits ont été violés peuvent déposer des plaintes directement auprès des comités chargés de superviser les traités relatifs aux droits de l’homme.

Les droits humains et le système des Nations Unies

Les droits humains sont une question transversale qui sont intégrés dans toutes les politiques et programmes de l’ONU, en particulier dans les domaines clés que sont la paix et la sécurité internationales, le développement, l’aide humanitaire et les questions économiques et sociales. Par conséquent, tous les fonds, programmes et institutions des Nations Unies sont impliqués dans la protection des droits humains. Le droit au développement est au cœur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des Objectifs de développement durable ; le droit à l’alimentation, par exemple, est défendu par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ; le droit du travail est protégé par l’Organisation internationale du Travail (OIT) ;l’égalité des sexes est au cœur de la mission d’ONU-Femmes, tandis que d’autres fonds, programmes ou institutions défendent les droits des enfants, ceux des peuples autochtones ou des personnes handicapées.

La Journée des droits de l’homme est célébrée chaque année le 10 décembre.

Pour une meilleure reprise, défendons les droits humains (durée de la vidéo 1:37)

Resources :

Source : https://www.un.org/fr/global-issues/human-rights

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  • France - ’Droits humains’ vs ’Droits de l’Homme’ : en finir avec une logique linguistique discriminatoire - 10 décembre 2018 – Document ‘haut-conseil-egalite.gouv.fr’
    A l’occasion de la célébration des 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’Homme le 10 décembre 2018, le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (HCE) appelle préférer l’expression « droits humains » à celle de « droits de l’Homme ».

L’utilisation du terme « droits de l’Homme » - même avec une majuscule qui, par ailleurs, ne s’entend pas à l’oral - n’est pas un détail sémantique sans importance. Cette appellation n’est pas neutre, elle s’inscrit dans une Histoire française qui a longtemps exclu et invisibilisé les femmes.

Continuer à perpétuer cet usage contribue à perpétuer les discriminations envers les femmes.

Le HCE tient à rappeler que la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, dans laquelle s’enracine l’utilisation persistante de « droits de l’Homme » en France, loin d’être universelle, excluait explicitement les femmes, et a longtemps permis de les écarter du droit de vote et de la vie politique. Jamais il n’a été dans l’intention des auteurs de la Déclaration de 1789 d’accorder aux femmes les mêmes droits qu’aux hommes. Faut-il ainsi rappeler que, lorsqu’en 1791 des femmes menées par Olympe de Gouges ont voulu compléter le texte de 1789 en proclamant une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elles ont été persécutées et de Gouges guillotinée ?

La Déclaration universelle des droits de l’Homme (Universal Declaration of Human Rights en anglais) adoptée par les Nations unies en 1948 est d’essence différente et s’adresse, elle, aux femmes comme aux hommes. Les traducteur.ice.s de la Déclaration en français ont d’ailleurs recouru le plus souvent à des termes autres que « homme » dans le corps du texte pour évoquer les droits conférés, à commencer par l’article premier (« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en droit »). Ils et elles n’ont toutefois pas été jusqu’au bout de la démarche.

Le maintien de cet usage, « droits de l’Homme », isole désormais la France. La plupart des pays européens utilisent le terme « humain » : « Human rights » en anglais, « Menschenrechte » en allemand, « derechos humanos » en espagnol, « diritti umani » en italien. Et même « droits de la personne humaine » au Québec francophone.

S’il n’est pas question de modifier les titres de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen ou de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, afin de préserver les traces de l’Histoire, le HCE appelle néanmoins à utiliser l’expression « droits humains » pour tout autre usage afin d’en finir avec la logique discriminatoire encore véhiculée par la langue française.

• L’Avis du HCE relatif à la révision constitutionnelle « Pour une Constitution garante de l’égalité femmes-hommes » : bit.ly/2HI7eEv

• La Constitution révisée selon les recommandations du Haut Conseil : bit.ly/2Mscxcm

Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes

© HCE 2022 

https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/squelettes/img/theme-c0/read-more.png Informations légales Plan du site Contact Accès réservés RSS Le Haut Conseil à l’Egalité recrute ! FAQ Liens utiles

Source : https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/parite/actualites/article/droits-humains-une-expression-qu-il-est-temps-de-generaliser

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  • Monde – Suisse - Introduction aux droits humains – Document ‘amnesty.ch’
    Les droits humains sont les droits inaliénables que possède chaque individu. Leur but est de protéger la dignité humaine contre l’arbitraire des Etats. Les droits humains sont indivisibles, inviolables et applicables à tous, indépendamment de toute appartenance étatique.

Contenu :

Comment les droits humains sont-ils nés ?

Quels sont les droits humains protégés internationalement ?

Les droits humains sont-ils universels ?

Les droits humains peuvent-ils être restreints ?

Les droits humains sont-ils aussi valables en temps de guerre ?

Quels sont les instruments principaux pour la protection des droits humains ?

En quoi les traités sur les droits humains se différencient-ils des autres traités internationaux ?

Quelles conventions la Suisse a-t-elle ratifiées ?

Qui est protégé par les droits humains ?

Pour qui les droits humains sont-ils contraignants ?

Comment les droits humains sont-ils ancrés dans la Constitution nationale ?

Les individus et les acteurs non étatiques sont-ils aussi liés par les droits humains ?

Qui veille à l’application des accords ?

Quel rôle jouent les organisations non gouvernementales (ONG) dans l’application des traités de droits humains ?

Mes droits ont été violés : que va-t-il se passer maintenant ?

Pourquoi Amnesty parle-t-elle de droits humains et non de droits de l’homme ?

Texte

Les droits humains sont les droits que possède chaque individu face à l’appareil étatique. Leur but est la protection fondamentale de la personne humaine et de sa dignité, en temps de paix comme en temps de guerre. Ces droits sont garantis par divers traités internationaux et régionaux (voir ci-dessous), mais aussi par des textes non-contraignants, établis sous l’auspice des Nations unies, qui servent à établir des stan-dards internationaux applicables à tous. Le plus célèbre de ces textes est la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), adoptée le 10 décembre 1948.

Comment les droits humains sont-ils nés ?

Les origines

La conception moderne des droits humains est née à l’époque des Lumières, au XVIIIe siècle. La « Virginia Bill of Rights » (1776), en Amérique du Nord, et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789) en France sont les premiers textes nationaux à faire mention de droits fondamentaux fondés sur l’égalité entre les hommes –bien qu’à l’époque, les esclaves, les peuples indiens et les femmes en aient été exclus. On les considère aujourd’hui comme fondateurs des développements ultérieurs.

Les droits humains n’ont quasiment joué aucun rôle dans les relations interétatiques entre le XVIIIe siècle et la moitié du XXe siècle. En effet, les Etats sont considérés comme souverains, donc libre de faire ce qu’ils veulent sur leur propre territoire. C’est le traumatisme de la deuxième guerre mondiale, et la découverte des camps de concentration, qui met fin à la conception absolue de la souveraineté étatique. On envisage pour la première fois un mécanisme supranational, qui protègerait les ci-toyen·ne·s de l’arbitraire étatique. La souveraineté nationale et le principe de non-ingérence ne peuvent donc plus balayer les responsabilités fondamentales d’un Etat vis-à-vis des individus.

La Déclaration universelle des droits de l’homme

La Charte des Nations unies, établie en 1945, mentionne dans son préambule les droits humains comme « l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et les nations ». Le premier article de la Charte pose l’objectif de développer et encourager le « respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinctions de race, de sexe, de langue ou de religion ». Pour la première fois, le respect et la réalisation des droits humains sont considérés comme des conditions de la stabilité internationale et des relations pacifiques entre les Etats.
Les droits humains sont listés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), élaborée par la Commission des droits de l’homme des Nations unies, et adoptée par l’Assemblée générale le 10 décembre 1948. Jusqu’à aujourd’hui, la DUDH constitue une référence internationale pour la protection des êtres humains.

La DUDH n’a pas de de force obligatoire légale, mais son importance morale n’a fait que croître au fil des ans. C’est grâce à cela qu’elle est aujourd’hui considérée comme du droit coutumier, c’est-à-dire une pratique juridique suffisamment répandue pour qu’elle devienne contraignante. Ceci étant, plusieurs traités internationaux contraignants ont formalisé les obligations des Etats inclus dans la DUDH, notamment le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et le Pacte inter-national relatif aux droits civils et politiques.

La Guerre froide

Le début de la Guerre froide a rendu impossible l’émergence d’un instrument juridique unique et contraignant, qui aurait dû compléter la Déclaration universelle des droits humains. La guerre idéologique a conduit à l’adoption en 1966 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC).

Chaque traité reflète les priorités des blocs idéologiques. D’une part, les Etats occidentaux se concentraient sur les droits politiques et civils, qui trouvaient leur origine dans les déclarations des droits de l’homme américaine et française. D’autre part, les Etats socialistes mettent au premier plan les droits économiques, sociaux et culturels. En effet, ils considéraient l’Etat comme une collectivité chargée d’attribuer et de distribuer les prestations sociales aux individus. Les deux pactes sont entrés en vigueur dix ans plus tard seulement, en 1976, lorsque les 35 signatures nécessaires ont été rassemblées.

La globalisation des droits humains

La décolonisation mène à la naissance de nouveaux Etats, qui deviennent peu à peu membres des Nations unies. La DUDH pouvait-elle s’appliquer à des Etats qui, n’étant pas représentés à l’Assemblée générale en 1948, n’avaient pas effectivement décidé de son contenu ? Il a finalement été établi que les obligations de la Déclaration concernaient également les Etats nés après son établissement. C’est d’ailleurs le cas encore aujourd’hui : un nouvel Etat ne peut pas se soustraire à la DUDH sous ce prétexte.

Aujourd’hui, presque tous les Etats dans le monde ont ratifié une ou plusieurs conventions sur les droits humains. Ainsi ces droits sont devenus véritablement universels. Parallèlement au développement international, les droits humains se sont aussi développés à l’échelle régionale. (voir ci-dessous : Quels sont les instruments principaux pour la protection des droits humains ?)

Une bonne vue d’ensemble des plus importants accords internationaux et régionaux sur les droits hu-mains se trouve sur le site de l’Association suisse pour les droits de la personne : www.humanrights.ch

Quels sont les droits humains protégés internationalement ?

Les droits humains ne protègent pas tous les aspects de la vie humaine, mais uniquement ceux qui sont particulièrement importants pour la dignité et l’épanouissement de la personne. La liste des droits fondamentaux n’est pas établie une fois pour toute, et ne cesse d’être actualisée. Les droits humains sont donc le produit d’une évolution historique qui se poursuit aujourd’hui.

La communauté internationale des Etats a établi en 1993, lors de la conférence de Vienne sur les droits humains, que les droits humains dépendent les uns des autres et sont indivisibles. On différencie toutefois, par souci de clarté, trois « générations » de droits humains :

Les droits civils et politiques

Les droits civils et politiques (première génération) remontent aux déclarations des droits de l’homme de la fin du XVIIIe siècle. Ils sont d’abord conçus comme des droits permettant à l’individu de se défendre contre les abus étatiques. Ils sont inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 ainsi que dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966 ; ils conti-ennent, entre autres, les garanties suivantes :

• Protection de l’intégrité corporelle (droit à la vie, protection contre la torture et les disparitions forcées)

• Protection de la liberté personnelle (interdiction de l’esclavage, et de la détention arbitraire)

• Droits à la liberté individuelle (liberté d’opinion et d’expression, liberté de pensée, de conscience et de religion, liberté d’association et de réunion)

• Droits procéduriers (droit à un procès équitable, à la personnalité juridique)

• Droits de participation (droit de s’investir dans les affaires publiques et de se présenter aux fonctions publiques de son pays)

• Interdiction des discriminations et droits des minorités

Les droits économiques, sociaux et culturels

Les droits économiques, sociaux et culturels (deuxième génération) sont apparus en réaction à l’appauvrissement et à l’exploitation des populations au cours de l’industrialisation au XIXe siècle. Les droits ESC ont pour but d’assurer à l’individu la satisfaction de ses besoins matériels de base et des conditions favorables à son épanouissement personnel. Ils sont inscrits dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966. Font partie, de ces droits, entre autres :

• Droit au travail et à des conditions de travail équitables et favorables

• Droit de s’organiser en syndicats

• Droit à la sécurité sociale

• Protection de la famille, de la maternité et des enfants

• Droit à un mode de vie convenable

• Droit à la santé et droit à la formation

Ces droits sont souvent négligés parce qu’ils sont plus difficiles à mettre en pratique que les droits ci-vils et politiques. Fondamentalement, il est demandé à l’Etat de prendre des mesures concrètes pour atteindre et maintenir un standard permettant aux citoyen·ne·s de jouir de ces garanties. Davantage d’informations sur les droits ESC

Droits collectifs ou solidaires

Enfin, dans les années 1970, sont apparus les droits dit collectifs ou solidaires (troisième génération). Font partie de ces droits :

• Les droits au développement, à la paix et à un environnement propre et sain

• Le droit des peuples à l’autodétermination

Seule la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples fait mention de ces droits. En effet, ils suscitent une forte méfiance de la part des Etats industrialisés. Leur contenu juridique manque également de clarté : Qui a qualité pour agir ? Qui est tenu de les respecter ? Comment les met-on en pratique ? Les Nations unies, cependant, se réfèrent dans de nombreux documents au droit au développement.

Les droits humains sont-ils universels ?

Les droits humains progressent dans le monde depuis la création de la DUDH, c’est indéniable. L’abolition de la peine de mort dans de nombreux pays en constitue un exemple visible. Mais la question de leur universalité reste sujet à débat.

Depuis la Conférence de Vienne de 1993, les Etats reconnaissent que tous les droits humains découlent « de la dignité et de la valeur intrinsèques de la person-ne humaine » et sont donc « généralement valables » et « indivisibles ». Mais en même temps, le reproche persiste selon lequel les droits humains sont un produit culturel occidental. Cette question a également des implications pratiques, notamment dans les cas suivants :

• Les Etats ne sont pas d’accord sur le contenu concret d’une garantie : L’interdiction de toute discrimination protège-t-elle aussi les relations homosexuelles ? Les punitions corporelles prescrites constituent-elles des actes de torture ?

• Les Etats ne sont pas d’accord sur les limites des droits fondamentaux : Peut-on interdire l’expression des opinions qui mettent en question des valeurs culturelles fondamentales ? Peut-on restreindre le droit à la vie privé au nom de la sécurité nationale ?

• Certaines garanties, telles que l’égalité homme-femme ou la liberté religieuse, entrent en conflit avec des valeurs religieuses ou culturelles.

Bien que les droits humains, en soi, soient universels, leur mise en œuvre ne l’est pas. Les garanties sont formulées d’une façon délibérément abstraite, pour permettre une concrétisation variable des droits humains, adaptée à la tradition et à la culture propres, appelée la marge nationale d’appréciation. Par exemple, certains Etats interprètent le droit à la vie comme contraire au droit à l’avortement, alors que d’autres l’autorisent. Cet exemple montre aussi que les cultures sont amenées à s’influencer mutu-ellement et à évoluer, tout comme l’interprétation des droits humains qui en découlent.

Les droits humains peuvent-ils être restreints ?

Un certain nombre de droits humains particulièrement importants sont dits absolus, et ne peuvent être limités ou restreints. Ce sont notamment l’interdiction de la torture, de l’esclavage et des peines inhumaines ou sans fondements juridiques (nulla poena sin lege). Ces droits ne peuvent pas être abrogés provisoirement, par exemple en temps de guerre ou lorsque l’état d’urgence est déclaré.

La plupart des droits humains ne sont cependant pas applicables de manière absolue, on parle alors de droits relatifs. Cela ne signifie pas qu’ils sont moins importants, mais que leur application nécessite une certaine souplesse. Les principes de proportionnalité et de nécessité doivent dans tous les cas être respectés, c’est-à-dire que toute restriction des droits humains doit être appliquée a minima et pour la plus courte période possible.

Par exemple, il est permis que l’Etat, dans des situations d’urgence, limite la liberté de la presse. Le droit à la vie n’est pas non plus absolu : La mise à mort de personnes par des instances étatiques en cas de légitime défense ou dans des situations d’urgence n’est pas non plus contraire au droit, pour autant qu’elle soit inévitable.

Les droits humains sont-ils aussi valables en temps de guerre ?

Les droits humains sont valables en temps de paix comme en temps de guerre. Suivant le caractère contraignant des conditions, il n’est cependant pas toujours possible à un Etat de respecter les droits humains dans toute leur ampleur et en toute circonstance. Il est donc permis de déroger à certaines garanties, si la situation d’urgence le justifie et si le principe de proportionnalité est respecté. Seuls les droits dits absolus (interdiction de la torture, de l’esclavage, des peines inhumaines ou sans fondements juridiques) sont immuables.

Le droit humanitaire, inscrit dans les Conventions de Genève (1949) et leurs protocoles additionnels (1977 et 2005) offre des garanties spécifiques en temps de guerre. Par exemple, une distinction est établie entre combattants et civils, consacrant le droit à la sécurité de ces derniers. De même, les prisonniers et les blessés de guerre bénéficient de certains droits qui les protègent de souffrances inutiles, inhumaines ou disproportionnées.

Quels sont les instruments principaux pour la protection des droits humains ?

La DUDH, bien que non-contraignante, possède une valeur historique et morale importante. Elle est régulièrement citée comme instrument de droit coutumier (voir ci-dessus : Comment les droits humains sont-ils nés ?)

Les traités internationaux sont les instruments les plus importants pour la protection des droits humains.

• Convention sur le génocide (1948)

• Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1966)

• Pacte international relatif aux droits civils et politiques (1966)

• Convention contre le racisme (1965)

• Convention sur la lutte et la sanction du crime d’apartheid (1973)

• Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1979)

• Convention contre la torture et les traitements cruels, inhumains ou dégradants (1984)

• Convention sur les droits de l’enfant (1989)

• Convention sur les droits des travailleurs migrants (1990)

• Convention contre les disparitions forcées (2006)

En plus, d’autres accords internationaux existent, qui sont importants pour les droits humains, mais ne font pas partie des accords sur les droits humains au sens strict. C’est par exemple la Convention relative au statut des réfugiés, adoptée en 1951, qui définit les droits des réfugiés. De même, les Conventions de Genève et leurs protocoles additionnels (1949, 1977 et 2005) protègent les individus en temps de conflit armé.

Enfin, d’innombrables autres traités, qui ne touchent pas directement aux droits humains, en font mention et en garantissent l’application dans certaines situations spécifiques. C’est par exemple le cas des traités commerciaux internationaux, qui reprennent des droits inclus dans le pacte international relatif aux droits civils et politiques, tels que le droit à la sécurité sur le lieu de travail ou le ddroit de se syndiquer.

Certains traités ont également été établis à échelle régionale :

• La Convention européenne des droits de l’homme (signée en 1950, entrée en vigueur en 1953) lie les 47 Etats membres du Conseil de l’Europe. Son application est assurée par la Cour européenne des droits de l’homme, qui siège à Strasbourg. Les Etats partis ont l’obligation de se soumettre aux ju-gements de la Cour.

• La Convention interaméricaine des droits de l’homme (signée en 1969, entrée en vigueur en 1978) lie 24 Etats membres de l’Organisation des Etats américains. La Cour interaméricaine des droits de l’homme, qui siège à San José (Costa Rica) surveille son application.

• La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (signée en 1981, entrée en vigueur en 1986) lie les 53 membres de l’Organisation de l’union africaine. Son application est assurée par la Cour africaine des droits de l’homme, qui siège à Arusha (Tanzanie).

Un bon résumé sur les plus importants instruments en matière de droits humains et sur leur application se trouve sur le site de l’Association suisse pour les droits de la personne : http://www.humanrights.ch

En quoi les traités sur les droits humains se différencient-ils des autres traités internationaux ?

Les traités de droit international public se basent généralement sur le principe de la réciprocité. S’agissant des traités de droits humains, in Etat reste lié à un qu’il a ratifié, et il le reste également si d’autres Etats ne le respectent pas.

En outre, certains traités en matière de droits humains, une fois signés, ne sont pas résiliables sans l’accord des partenaires du contrat. Les deux pactes de l’ONU (le Pacte civil et le Pacte social) sont des traités de ce type. De cette manière, des Etats qui émettent certaines réserves à l’égard d’articles ou de paragraphes du traité qu’ils ont signé, peuvent les exprimer lors de sa ratification. Les réserves ne sont cependant valables que si elles ne sont pas contraires à l’objet ou le but de l’accord concerné. Des réserves à l’égard de garanties également ancrées dans le droit coutumier ou dans le droit international public contraignant (jus cogens) ne sont pas admises.

Quelles conventions la Suisse a-t-elle ratifiées ?

La Suisse a adhéré très tôt aux accords humanitaires de droit international public et à la Convention internationale sur les réfugiés. En revanche, elle a signé plutôt tardivement la plupart des traités relatifs aux droits humains.

Le premier traité de l’ONU relatif aux droits humains que la Suisse a signé en 1986 était la Convention contre la torture. Les Etats signataires s’engagent à renoncer aux pratiques tortionnaires partout et en tout temps, ce qui implique notamment de donner une formation adéquate aux forces de police et au personnel pénitentiaire et de les superviser. Ce n’est qu’après la fin de la Guerre froide que la Suisse a adhéré aux autres traités. En 1992, les deux Pactes des Nations unies sont entrés en vigueur.

Comme la Suisse a une pratique de ratification sévère, elle n’adhère à un accord international que lorsqu’elle a adapté les lois nationales. Ainsi, ce n’est qu’après l’adoption de la Loi contre le racisme, en 1994, que la Suisse a pu signer peu après la Convention contre le racisme. Pour la Convention des droits de l’enfant, entrée en vigueur en Suisse en 1997, une réserve a été formulée à cause de cercles conservateurs, qui accordent la priorité à la responsabilité parentale. La même année, la Suisse a adhéré aussi à la Convention relative à la protection des droits des femmes. Ainsi, elle s’est engagée à modifier toutes les prescriptions légales discriminatoires à l’égard des femmes et à interdire légalement toutes ces discriminations basées sur le genre. En outre, elle est contrainte, en tant qu’Etat signataire, de prendre des mesures contre la traite des femmes et l’exploitation par la prostitution. En 1999, la Suisse a adhéré à la Convention contre le génocide, qu’elle a ratifiée en 2000. Comme de nombreuses autres nations industrialisées, la Suisse n’a pas encore signé la Convention de 1990 sur les droits des travailleurs migrants. Depuis 1963, la Suisse est membre du Conseil de l’Europe. Lorsqu’en 1971 le droit de vote a été accordé aux femmes à l’échelle nationale, la Suisse a aussi pu, en 1974, ratifier la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales. La Suisse s’est fortement engagée pour l’élaboration et l’adoption de l’accord européen sur la prévention de la torture et des traitements ou des peines inhumains et dégradants.

Qui est protégé par les droits humains ?

Les droits humains protègent des individus, c’est la raison pour laquelle ces droits sont généralement formulés comme des droits individuels (« tout être humain a droit à… »). Cependant, nombre de ces droits individuels renvoient à une dimension collective : par exemple le droit à la liberté d’association, le droit à s’affilier à un syndicat ou la liberté d’expression et de religion. Dans ces cas, l’individu est certes titulaire des droits individuels, mais ceux-ci renvoient au groupe social ou à la communauté. Les garanties pour la protection des minorités comportent encore plus clairement des traits collectifs. Qu’il s’agisse de droits individuels ou collectifs, les sujets du droit humain restent les individus, la collectivité n’est pas reconnue n’a pas de personnalité juridique en tant que telle. Donc, lorsque l’on parle de protection des minorités, ce sont en réalité les membres individuels de cette communauté qui sont protégés et peuvent faire valoir leurs droits.

Pour qui les droits humains sont-ils contraignants ?

Les droits humains sont avant contraignants pour l’Etat. Selon les théories politiques classiques, c’est l’appareil étatique qui détient le monopole de la violence légitime, c’est pourquoi les droits humains limitent son pouvoir. L’Etat ne peut pas se soustraire à ce devoir en invoquant la souveraineté nationale. On distingue les obligations négatives et positives des Etats :

  • Obligations négatives : Il s’agit de ce que l’Etat n’a pas le droit de faire, les actions desquelles il doit s’abstenir vis-à-vis de ses citoyen·ne·s. Par exemple, l’Etat s’abstient de torturer ou de maltraiter, de censurer les médias, d’incarcérer un individu sans procès.
  • Obligations positives : Il s’agit de ce que l’Etat doit faire, d’une manière active, pour concrétiser ces droits. Il doit tout mettre en œuvre pour garantir à ses citoyen·ne·s l’exercice effectif de ces droits. Par exemple, les droits au logement et à un procès équitable ne peuvent être réellement garantis que lorsque l’Etat cherche activement à les faire respecter, en adoptant les mesures politiques, légales et économiques nécessaires.
    Les obligations négatives des Etats ont un pendant positif lorsque les droits humains sont violés par des individus. Si l’Etat n’a pas tout fait pour empêcher une violation de droit, il n’a pas su protéger ses citoyen·ne·s et voit donc sa responsabilité engagée. Par exemple, les agressions racistes ou homophobes engagent la responsabilité de l’Etat s’il n’a pas tout mis en œuvre pour garantir la sécurité des victimes, l’arrestation des coupables et la lutte contre la récidive.

Il s’agit là d’obligations bien plus larges que l’obligation de ne pas faire. Des débats importants existent quant à l’étendue des obligations positives de l’Etat. En d’autres mots, comment mesurer si l’Etat a fait tout son possible pour garantir le respect des droits humains ?

Comment les droits humains sont-ils ancrés dans la Constitution nationale ?

Pour qu’il soit possible de saisir les tribunaux à propos d’un droit inclus dans une convention internati-onale, l’Etat doit avoir ratifié cette convention et ce droit doit être ancré dans la législation nationale. Dans certains pays, par exemple en Suisse, les droits sont intégrés à la législation nationale immédiatement après la ratification de l’accord (système moniste). Dans d’autres, les conventions doivent d’abord être intégrées au droit national, c’est-à-dire y être incorporées (système dualiste).

En 1999, la Suisse a révisé sa Constitution fédérale et intégré, sous le titre de droits fondamentaux, les droits politiques et civils de base contenus dans le Pacte politique. Les droits économiques, sociaux et culturels contenu dans le Pacte social ont été intégrés dans la Constitution fédérale sous le noms de buts sociaux.

Les individus et les acteurs non étatiques sont-ils aussi liés par les droits humains ?

Comme c’est l’Etat qui négocie, signe et ratifie les accords internationaux relatifs aux droits humains, il est le premier à devoir les respecter. Cependant, depuis la fin de la Guerre froide, les violations des droits humains sont perpétrées de manière croissante aussi par des acteurs privés, tels que les groupes armés, les entreprises transnationales, les réseaux de crime organisé.

Responsabilité des individus

Les individus ne sont pas des sujets du droit international. C’est donc en tant que représentant·e·s de l’Etat que leur responsabilité peut être engagée – au nom de celui-ci. C’est par exemple le cas des fonctionnaires de l’Etat (les gérant·e·s de prisons, policiers et policières) et des individus qui de facto assurent l’ordre en cas de chute du gouvernement.

Des individus ne peuvent la plupart du temps être sanctionnés qu’indirectement pour des violations des droits humains, c’est-à-dire par le biais de « leurs » Etats. Dans ce but, les Etats doivent créer les lois pénales et civiles correspondantes, protéger les victimes et intervenir de manière policière si nécessaire.

Une exception existe à l’absence de personnalité juridique internationale des individus, dans un champ très restreint. La Cour pénale internationale (CPI) juge les plus hauts responsables de violations graves des droits humains, tels que les crimes de guerre, de génocide et les crimes contre l’humanité. Dans ce cas, ce ne sont pas des Etats qui comparaissent, mais bien des personnes, dont la responsabilité individuelle est engagée. C’est par exemple le cas du président soudanais Omar el Béchir. Davantage sur la Cour pénale internationale

Responsabilité des entreprises

Pour le moment, la jurisprudence internationale interprète d’une façon très restrictive les obligations des entreprises en matière de droits humains. Même si elles sont plus puissantes que de nombreux Etats, elles bénéficient d’une large impunité, car elles ne sont pas considérées comme des sujets du droit international, contrairement aux Etats. De nouvelles structures doivent être développées pour établir leur responsabilité.

Comme les entreprises multinationales dépendent fortement de leur image publique, nombre d’entre elles se sont déclarées prêtes à reconnaître, avec le Global Compact de l‘ONU, certains droits humains dans le domaine du travail, de la lutte contre la corruption et de la protection de l’environnement. Le Global Compact n’est cependant pas juridiquement contraignant.

Actuellement, un instrument plus contraignant est discuté à l’ONU. La base de ces discussions est constituée par les « Normes de l’ONU pour la responsabilité des sociétés transnationales et des autres entreprises en matière de droits humains », qui sont soutenues par de nombreuses ONG ainsi que par Amnesty International.

Qui veille à l’application des accords ?

Les garanties relatives aux droits humains ne servent que lorsqu’elles sont appliquées. Ce sont les Etats qui sont les premiers responsables de leur application. La plupart d’entre eux disposent aujourd’hui de commissions nationales pour les droits humains, qui veillent à leur application sur le plan national.

La Suisse n’a pas, jusqu’à aujourd’hui, de véritable institution nationale pour les droits humains, même si un centre universitaire de compétences a été créé à Zurich en 2009 Davantage sur le centre de compétences

L’expérience montre que les mécanismes nationaux sont insuffisant à garantir l’application des droits humains. C’est pourquoi des mécanismes internationaux ont été créés : le Conseil des droits de l’homme de l’ONU est le plus proéminent, mais il existe de nombreux organes chargés de surveiller l’application d’un traité en particulier.

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a été approuvé en mars 2006 par l’Assemblée générale de l’ONU en remplacement de la Commission des droits de l’homme des Nations unies. Ce Conseil a son siège à Genève et il est directement subordonné à l’Assemblée générale de l’ONU. 47 Etats siègent au Conseil, élus à la majorité absolue par l’Assemblée générale de l’ONU pour un mandat de trois ans, re-nouvelable deux fois.

Tous les membres doivent formuler des obligations volontaires dans le domaine des droits humains. Lorsque des rapports font état de graves violations des droits humains de la part d’un des membres du Conseil, une majorité des deux-tiers de l’Assemblée générale pourrait l’exclure. Dans la pratique, cette mesure est très peu utilisée.

Le Conseil évalue le respect des obligations relatives aux droits humains de chaque Etats, lors d’Examens périodiques universels (EPU). Le Conseil se réunit au moins trois fois par an et peut convo-quer des sessions spéciales selon les besoins.

Davantage sur les développements actuels du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur www.amnesty.org

Les organes de surveillance ont pour tâche de superviser le respect des conventions. Ils obligent les Etats à rendre à chaque comité de surveillance un rapport régulier (la plupart du temps tous les cinq ans) sur le respect de leurs devoirs en matière de droits humains.

Les rapports sont examinés et comparés avec des rapports d’ONG (nommés shadow reports), puis discutés avec une délégation de l’Etat lors de séances publiques. Sur cette base, le comité formule des observations (concluding observations) et des recommandations (recommandations). Bien que les décisions du comité ne soient pas contraignantes légalement, la plupart des Etats acceptent les recommandations, au moins partiellement, et les mettent en pratique. Les recommandations sont aussi importantes pour les ONG dans le pays concerné, car elles les renforcent et facilitent leur travail.

Pour la plupart des conventions, des recours individuels peuvent aussi être déposés. Des Cours régionales, telles que la Cour européenne des droits de l’homme ou la cour interaméricaine des droits de l’homme, assurent le respect de Conventions régionales (voir ci-dessus : Les instruments de protection des droits humains).

Depuis 2002, la Cour pénale internationale (CPI), basée à La Haye, juge les cas de violations graves des droits humains. Elle est habilitée à juger des individus (chefs d’Etats, chefs du gouvernement ou chefs militaires) présumés responsables de crimes de guerre, de génocide ou de crimes contre l’humanité. D’autres tribunaux jugent des crimes similaires en relation avec des conflits spécifiques (Ex-Yougoslavie, Rwanda, Sierra Leone, Cambodge).

Quel rôle jouent les organisations non gouvernementales (ONG) dans l’application des traités de droits humains ?

La capacité de veille des mécanismes internationaux est limitée. C’est pourquoi les organisations non gouvernementales (ONG) comme Amnesty International jouent un rôle important dans la concrétisation des droits humains.

Le travail des ONG trouve sa légitimité dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Celle-ci affirme que « tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l’esprit, s’efforcent […] de développer le respect de ces droits et libertés et d’en assurer, par des mesures progressives d’ordre national et international, la reconnaissance et l’application »

Les ONG rapportent sur la situation de ces droits en général (par exemple le rapport annuel d’Amnesty) ; enquêtent sur des prétendues violations dans des cas concrets ; assistent les victimes et interviennent en leur faveur auprès des autorités compétentes. En outre, elles mobilisent l’opinion publique contre des gouvernements qui violent systématiquement et gravement les droits humains, publient des rapports sur le respect des droits humains à l’intention des organes de l’ONU et font tout un travail de lobbying. Davantage sur le travail d’Amnesty

Mes droits ont été violés : que va-t-il se passer maintenant ?

Pour pouvoir faire valoir un droit, celui-ci doit d’abord être ancré dans la législation nationale. Lorsque des Etats signent des traités internationaux relatifs aux droits humains, cela ne signifie pas encore que ceux-ci pourront immédiatement être exigés par les citoyen·ne·s.

Il faut différencier si le droit public devient droit national immédiatement après la ratifica-tion du traité (système moniste) ou s’il doit d’abord être incorporé au droit national (système dualiste). Il faut ensuite clarifier si le droit est self-executing, c’est-à-dire si le droit contient un droit de recours et si celui-ci est suffisamment précis. De nombreux accords contiennent des règles qui ne sont pas di-rectement applicables ou qui ne font que contraindre les Etats à légiférer dans ce domaine. Les droits politiques et civils sont souvent considérés comme self-executing, contrairement aux droits économiques, sociaux et culturels.

Une violation des droits humains doit toujours faire d’abord l’objet d’une plainte au niveau national. Ce n’est que lorsque toutes les instances nationales auront été sollicitées qu’un recours régional ou inter-national est possible, selon le principe de subsidiarité. Par exemple, une plainte à la Cour européenne des droits de l’homme sera irrecevable si tous les recours nationaux n’ont pas été épuisés.

Pourquoi Amnesty parle-t-elle de droits humains et non de droits de l’homme ?

Les mots ne sont jamais neutres. Si l’expression « droits de l’homme » reflète la longue lutte des peuples pour l’obtention de leurs droits, elle nous rappelle aussi que les révolutionnaires français, dans leur Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, ont refusé d’accorder aux femmes les droits qu’ils accordaient aux hommes. En parlant de « droits de l’homme », les Français avaient très clairement limité ces droits à leur propre genre.

Ce n’est pas le cas de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, mais l’expression « droits de l’homme » conserve toujours une certaine ambiguïté, qui n’existe pas dans de nombreuses autres langues (human rights, derechos humanos ou Menschenrechte, par exemple, désignent les droits des deux genres). C’est pourquoi Amnesty International a choisi d’utiliser en français, depuis 1997, l’expression « droits humains ». C’est aussi pour cette raison qu’est adopté le langage épicène (sur cette page, on ne parle donc pas de citoyens, mais de citoyen·ne·s).

Amnesty est intervenue auprès de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme pour que le nouveau Conseil soit baptisé en conséquence, mais sans succès. Nous continuons donc dans certains cas à utiliser les termes officiels des Nations unies, en parlant de Conseil des droits de l’homme ou de Déclaration universelle des droits de l’homme. Au sujet de l’égalité des genres, l’organisation a lancé en mars 2004 une campagne contre la violence à l’égard des femmes, qui tente de dénoncer toutes les discriminations, de celles qui semblent les plus anodines (comme celles du langage) aux violations les plus graves, telles que les mutilations génitales féminines ou les violences sexuelles.
Davantage sur les droits des femmes

Source : https://www.amnesty.ch/fr/themes/droits-humains/droit-humain-background/introduction-aux-droits-humains#

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  • Chine – Rapport sur la situation des droits humains en 2021 – Document ‘amnesty.fr’
    Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 154 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains en Chine en 2021.

La situation des droits humains a continué de se dégrader en Chine. Des avocat·e·s et des militant·e·s défendant les droits humains ont signalé avoir subi des actes de harcèlement, des manœuvres d’intimidation, des procès iniques, des placements arbitraires en détention au secret pendant de longues durées, des actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements pour avoir simplement exercé leur droit à la liberté d’expression et d’autres droits fondamentaux. Le gouvernement a poursuivi sa campagne d’endoctrinement politique, de détention arbitraire massive, de torture et d’assimilation culturelle forcée à l’encontre des personnes de confession musulmane vivant au Xinjiang. Des milliers d’enfants ouïghours ont été séparés de leurs parents. À Hong Kong, la Loi sur la sécurité nationale a permis des violations des droits humains sans précédent depuis que ce territoire est devenu Région administrative spéciale. Des progrès limités ont été observés dans la reconnaissance des droits des personnes LGBTI à Hong Kong.

Contexte

Le 10 juin, le Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale a adopté une loi pour contrer les sanctions étrangères, sur fond de pression internationale croissante contre les graves violations des droits humains commises dans le pays.

Après une nouvelle baisse de la natalité, le gouvernement a appelé à réduire les avortements n’étant pas « médicalement nécessaires » et a promulgué une loi autorisant les couples mariés à avoir jusqu’à trois enfants.

Défenseur·e·s des droits humains

La répression très dure à l’encontre des défenseur·e·s des droits humains s’est poursuivie. Les autorités ont arrêté et détenu de manière prolongée de nombreux défenseur·e·s et militant·e·s des droits humains au titre d’infractions injustifiables, définies en des termes vagues et généraux. Sans possibilité de contacter leurs proches et les avocat·e·s de leur choix, et en l’absence de mécanismes efficaces pour garantir l’équité des procès, nombre d’entre eux auraient été soumis à des actes de torture et à d’autres mauvais traitements pendant leur détention. Les autorités continuaient souvent de surveiller, de harceler et d’intimider les personnes après leur libération et de restreindre leur liberté de mouvement.

Six ans après la « répression du 9 juillet », opération sans précédent dirigée contre les avocat·e·s et les militant·e·s des droits humains, au cours de laquelle une série d’arrestations coordonnées a eu lieu en Chine, de nombreux avocats et avocates restaient emprisonnés ou placés sous étroite surveillance.

Détenu depuis janvier 2018 et condamné à quatre ans de prison en juin 2020, l’avocat spécialisé dans la défense des droits humains Yu Wensheng a enfin été autorisé à recevoir la visite de son épouse et de son fils à la prison de Nanjing (Nankin) le 9 mai. Selon sa femme, il semblait dénutri et dans un état de santé dégradé.

Le professeur de droit Xu Zhiyong et l’ancien avocat spécialiste des droits humains Ding Jiaxi ont été autorisés à s’entretenir avec leurs avocats en janvier, après une longue période de détention au secret. Tous deux ont révélé avoir été torturés : ils ont été attachés, les membres contorsionnés, à une chaise en métal appelée « chaise du tigre » plus de 10 heures par jour pendant de nombreux jours. Ils ont été inculpés de « subversion de l’État » en octobre.

La compagne de Xu Zhiyong, Li Qiaochu, défenseure des droits humains, a de nouveau été arrêtée le 6 février. Elle a été inculpée d’« incitation à la subversion de l’État » le 15 mars pour avoir demandé que Xu Zhiyong soit mieux traité et remis en liberté. Sa santé mentale s’est dégradée en détention.

Officiellement arrêtée en 2017, Li Yuhan, avocate spécialiste des droits humains qui avait défendu certains de ses confrères et consœurs, a été jugée le 20 octobre pour « fraude » et pour avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public ».

On était toujours sans nouvelles de l’ancien avocat spécialiste des droits humains et prisonnier d’opinion Gao Zhisheng, qui avait été une voix essentielle pour la défense des plus vulnérables pendant de nombreuses années. Depuis août 2017, ses proches ne savaient pas exactement où il se trouvait ni quel était son état de santé.

Le défenseur des droits humains Yang Maodong (plus connu sous son nom de plume, Guo Feixiong) a « disparu » le 29 janvier au matin. La veille, il avait entamé une grève de la faim à l’aéroport international de Shanghai-Pudong pour protester contre la décision des autorités de l’empêcher de quitter le pays pour rendre visite à sa femme, très gravement malade, aux États-Unis.

L’avocat spécialiste des droits humains Chang Weiping a été officiellement inculpé de « subversion de l’État » le 16 avril, six mois après avoir été arrêté par la police pour avoir raconté publiquement les actes de torture qu’il avait subis lors d’une précédente incarcération en janvier 2020. À la fin de l’année, il était détenu au secret au centre de détention du canton de Feng.

Yang Hengjun, écrivain critique à l’égard du gouvernement chinois, a été jugé à huis clos en mai. Le verdict n’avait pas encore été rendu à la fin de l’année. Détenu depuis plus de 36 mois, il a subi des centaines d’heures d’interrogatoire et de mauvais traitements et continuait de nier toutes les allégations l’accusant d’espionnage.

En août, Cheng Yuan, Liu Yongze et Wu Gejianxiong, respectivement fondateur et employés de l’ONG Changsha Funeng, ont été condamnés à des peines de deux à cinq ans d’emprisonnement à l’issue d’un procès secret pour avoir défendu les droits de groupes marginalisés et de personnes vulnérables.

Le 5 novembre, les familles du défenseur des droits du travail Wang Jianbing et de la militante chinoise de #MeToo Sophia Huang Xueqin ont été informées par le bureau de la Sécurité publique de Guangzhou (Canton) que l’un comme l’autre avaient été arrêtés et placés en détention pour « incitation à la subversion de l’État ».

Régions autonomes

Le gouvernement a pris des mesures extrêmes pour empêcher les communications libres, les enquêtes indépendantes et les informations précises provenant de la région autonome ouïghoure du Xinjiang et de la région autonome du Tibet. Hormis quelques voyages organisés par les autorités, l’accès aux régions peuplées par des minorités ethniques et la circulation entre celles-ci et le reste du pays restaient extrêmement restreints, en particulier pour les journalistes et les organisations de défense des droits humains. La haute-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme a continué de demander à se rendre dans ces régions, sans avancée tangible.

Xinjiang

Le gouvernement a continué de mettre en œuvre des politiques lourdes de conséquences qui limitaient fortement les libertés des musulman·e·s au Xinjiang. Ces politiques bafouaient de nombreux droits humains, notamment les droits à la liberté et à la sécurité de la personne, le droit au respect de la vie privée, le droit de circuler librement, les droits à la liberté d’opinion, d’expression, de pensée, de conscience, de religion et de conviction, le droit de participer à la vie culturelle, le droit à l’égalité et celui de ne pas subir de discrimination. Ces violations ont été commises de manière généralisée et systématique, à tel point qu’elles sont devenues un aspect inévitable de la vie quotidienne de millions de Ouïghour·e·s, de Kazakh·e·s et d’autres personnes issues de populations majoritairement musulmanes au Xinjiang.

À partir de 2017, sous prétexte de lutter contre le « terrorisme », l’État a commis des violations systématiques et de grande ampleur à l’encontre des personnes musulmanes vivant au Xinjiang. Loin d’être une réponse légitime à la supposée menace terroriste, cette campagne a montré une intention claire de s’en prendre collectivement à certaines composantes de la population du Xinjiang en raison de leur religion et de leur appartenance ethnique et d’utiliser la violence, l’intimidation et la détention arbitraire massive pour éradiquer les croyances religieuses islamiques et les pratiques ethnoculturelles des musulman·e·s turcophones. Plusieurs centaines de milliers d’hommes et de femmes issus de groupes ethniques majoritairement musulmans ont été emprisonnés. Des centaines de milliers d’autres, plus d’un million selon certaines estimations, ont été envoyés dans des camps d’internement qualifiés par les autorités de centres de « formation » ou d’« éducation », où les personnes détenues étaient soumises en permanence à un endoctrinement forcé ainsi qu’à des tortures et d’autres mauvais traitements physiques et psychologiques. Parmi les méthodes de torture employées lors d’interrogatoires et en guise de punition figuraient les coups, les décharges électriques, le maintien dans des positions inconfortables, l’utilisation illégale de dispositifs de contrainte, tels que la « chaise du tigre », la privation de sommeil, la suspension à un mur, l’exposition à des températures glaciales et le placement à l’isolement.

Le gouvernement a annoncé en décembre 2019 que les camps d’internement avaient été fermés et que toutes les personnes qui y séjournaient avaient « réintégré la société », mais des éléments crédibles continuaient de laisser penser que beaucoup de personnes internées au Xinjiang avaient été transférées et demeuraient détenues. Un grand nombre de familles déclaraient encore être sans nouvelles de leurs proches, probablement détenus.

Entre octobre 2019 et mai 2021, Amnesty International a rassemblé des éléments probants permettant de conclure que l’État chinois avait perpétré au moins les crimes contre l’humanité suivants : emprisonnement ou toute autre privation grave de liberté physique, torture et persécution.

Les autorités empêchaient des millions d’habitant·e·s du Xinjiang de communiquer librement. Les personnes vivant à l’étranger étaient souvent dans l’incapacité d’obtenir des nouvelles des membres de leur famille vivant au Xinjiang. La campagne de détention massive, associée à la répression systématique, empêchait les parents ouïghours étudiant ou travaillant dans un autre pays de retourner en Chine pour s’occuper de leurs enfants. Il restait par ailleurs presque impossible pour ces enfants de quitter la Chine pour aller retrouver leurs parents à l’étranger. Certains parents ont indiqué que leurs enfants avaient été emmenés dans des « camps pour orphelins », où on leur interdisait de parler leur langue maternelle et de communiquer avec leur famille.

En février, d’anciennes détenues ont raconté avoir été victimes ou témoins de violences sexuelles, y compris de viols, dans des « centres de rééducation » au Xinjiang. Les autorités chinoises n’ont pas communiqué d’informations faisant état d’une quelconque enquête sur ces allégations. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a au contraire accusé ces femmes de mentir, d’être de « moralité douteuse », d’avoir une « vie privée chaotique », d’être « paresseuses », d’avoir commis l’adultère et d’être porteuses de maladies sexuellement transmissibles. Les autorités ont également divulgué leurs données médicales personnelles lors d’une conférence de presse.

L’entrepreneur ouïghour Ekpar Asat a été déclaré coupable d’« incitation à la haine et à la discrimination ethniques » et condamné à 15 ans d’emprisonnement, sans que l’on ait eu connaissance d’un quelconque procès. Selon des informations communiquées à sa famille, il était détenu à l’isolement depuis janvier 2019 dans des conditions qui ont entraîné une dégradation de son état de santé.

On était toujours sans nouvelles de Weilina Muhatai, une femme de l’ethnie kazakhe vivant au Xinjiang, et de deux de ses fils, Muheyati Haliyoula et Parisati Haliyoula, depuis le mois d’août 2020. Ils ont probablement été placés en détention pour s’être mobilisés en faveur de leur mari et père emprisonné, Haliyoula Tuerxun. À la suite de leur « disparition », d’autres membres de leur famille ont été informés que Haliyoula Tuerxun était mort en détention en décembre 2020.

Après un séjour à l’hôpital, Mahira Yakub, une femme ouïghoure, a été renvoyée à la fin du mois de novembre 2020 au centre de détention de Yining, au Xinjiang, où elle demeurait incarcérée sans pouvoir contacter ses proches ni un·e avocat·e de son choix. Elle avait « disparu » en avril 2019 et été inculpée de « soutien matériel à des activités terroristes » en janvier 2020 pour avoir envoyé de l’argent à ses parents en Australie afin qu’ils puissent acheter une maison.

Les autorités chinoises ont continué de faire pression sur d’autres gouvernements pour qu’ils renvoient en Chine des Ouïghour·e·s installés à l’étranger. Idris Hasan a ainsi été arrêté à l’aéroport de Casablanca le 19 juillet, après être arrivé au Maroc à bord d’un vol en provenance de Turquie. Détenu depuis plus de cinq mois, il risquait toujours d’être extradé vers la Chine, où la probabilité qu’il soit soumis à une détention arbitraire prolongée ainsi qu’à des actes de torture et d’autres mauvais traitements était forte.

Tibet

Le moine tibétain Rinchen Tsultrim a été condamné à quatre ans et six mois d’emprisonnement à l’issue d’un procès secret pour « incitation à la sécession » après avoir exprimé des opinions politiques sur son compte d’un réseau social. Il était détenu au secret depuis le 1er août 2019 et ce n’est qu’en août 2021, via une réponse des autorités chinoises à des expert·e·s des droits humains de l’ONU, que sa famille a appris qu’il avait été jugé, quelle était la nature des faits qui lui étaient reprochés et où il se trouvait.

Liberté d’expression

La liberté d’expression sur Internet était toujours étroitement encadrée et soumise à des restrictions. Le 8 février, les autorités chinoises ont bloqué Clubhouse, une application audio utilisée par des milliers de personnes en Chine et ailleurs pour aborder différents sujets, dont la situation au Xinjiang et à Hong Kong. La Loi relative à la protection des informations personnelles, entrée en vigueur le 1er novembre, réglementait encore davantage le cyberespace et facilitait la localisation des données. Le réseau social LinkedIn, appartenant à Microsoft, a fermé sa version chinoise, invoquant « l’environnement opérationnel nettement plus complexe et les exigences réglementaires accrues en Chine ».

Des défenseur·e·s des droits humains, des militant·e·s et des journalistes citoyens ont risqué leur vie pour rendre compte de l’épidémie de COVID-19. Ils constituaient une source essentielle d’information de première main non censurée. Les autorités les ont soumis à des manœuvres de harcèlement et de représailles, notamment à la détention. L’ancienne avocate Zhang Zhan, condamnée à quatre ans de prison en décembre 2020 pour avoir diffusé des informations sur l’épidémie de COVID-19 dans la ville de Wuhan au début de la même année, a entamé une grève de la faim partielle pour protester contre son incarcération. Son état de santé s’est dégradé et sa vie était en danger. Le journaliste citoyen Chen Qiushi a été libéré plus de 600 jours après son arrestation, en février 2020. Le sort de Fang Bin, autre journaliste citoyen ayant « disparu » en février 2020 après avoir parlé de l’épidémie de COVID-19, restait indéterminé.

Peine de mort

La Chine a cette année encore procédé à plus d’exécutions que tous les autres pays du monde. Les statistiques sur les exécutions et les condamnations à mort restaient toutefois classées secret d’État, ce qui empêchait toute surveillance indépendante dans ce domaine.

Le 10 août, Robert Schellenberg, un ressortissant canadien déclaré coupable de trafic de stupéfiants, a été rejugé en une journée et a vu sa peine d’emprisonnement transformée en condamnation à mort. Son nouveau procès a coïncidé avec un différend diplomatique entre le Canada et la Chine.

Comme les années précédentes, les informations recueillies par Amnesty International ont montré que la peine capitale avait été la plupart du temps utilisée dans des affaires de meurtre et d’infractions liées aux stupéfiants. Néanmoins, 46 infractions au total restaient passibles de ce châtiment, dont beaucoup d’actes non violents ne répondant pas aux critères des « crimes les plus graves » au regard du droit international et des normes en la matière. Deux anciens fonctionnaires ouïghours ont été condamnés à mort au Xinjiang, où l’on savait que la peine capitale avait été utilisée en secret les années précédentes, à l’issue de procédures d’une iniquité flagrante.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexes

L’Administration d’État de la radio, du film et de la télévision, principal organe de régulation de l’audiovisuel en Chine, a ordonné aux chaînes de télévision d’interdire tous les hommes « efféminés » à l’antenne, dans la continuité d’une campagne nationale visant à « nettoyer » Internet de toute représentation LGBTI. Les nouvelles règles imposaient notamment de supprimer les contenus jugés « préjudiciables » pour les jeunes et encourageant la « culture fan extrême ». En juillet, plusieurs dizaines de comptes d’organisations LGBTI sur les réseaux sociaux ont été fermés par les autorités. Dans un communiqué publié par l’Administration d’État de la radio, du film et de la télévision en septembre, les rôles de genre non traditionnels et les personnes LGBTI ont été décrits comme « anormaux » et « vulgaires ».

Région administrative spéciale de Hong Kong

Au cours de l’année, les autorités ont rapidement étendu le cadre juridique relatif à la sécurité nationale à Hong Kong, en poussant encore plus loin l’application de la définition excessivement large de la « menace à la sécurité nationale » afin de restreindre les droits humains de façon disproportionnée. En mars, l’assemblée législative de la Chine continentale a pris la décision de réduire le nombre de sièges élus au suffrage direct lors des élections au Conseil législatif (Legco) de Hong Kong et d’autoriser la police de la sécurité nationale à soumettre tous les candidat·e·s à une enquête avant qu’ils se présentent aux élections. En octobre, le Legco a adopté une loi permettant aux autorités de censurer les films considérés comme « susceptibles de nuire à la sécurité nationale ».

Loi sur la sécurité nationale

La Loi sur la sécurité nationale, entrée en vigueur en 2020, a permis des violations des droits humains sans précédent depuis l’établissement de la Région administrative spéciale de Hong Kong en 1997. Après la promulgation de cette loi, la situation s’est dégradée rapidement en ce qui concerne les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association, ainsi que d’autres droits fondamentaux. Au moins 61 organisations de la société civile se sont dissoutes face à la menace représentée par ce texte, dont le plus grand syndicat professionnel de Hong Kong et les entités organisatrices des principales manifestations pacifiques. L’opposition politique à Hong Kong a été de fait anéantie avec l’arrestation, le 6 janvier, de 55 personnes, principalement des député·e·s et des militant·e·s prodémocratie, au titre de la Loi sur la sécurité nationale.

Il est apparu clairement que les garanties en matière de droits humains prévues dans cette loi étaient concrètement inutiles. L’expression politique non violente a été limitée de façon disproportionnée, voire érigée en infraction, en vertu de ses dispositions. Le parquet a utilisé des faits antérieurs à l’entrée en vigueur de la loi pour justifier des poursuites à ce titre, en violation du principe juridique de non-rétroactivité. En vertu de l’article 42 de la Loi sur la sécurité nationale, les personnes soupçonnées d’avoir enfreint ce texte ne pouvaient pas être libérées sous caution, « à moins que le juge ne dispose d’éléments suffisants laissant penser qu’elles ne continueraient pas à commettre des actes portant atteinte à la sécurité nationale ». Cette inversion de la présomption en matière de libération sous caution était contraire aux principes fondamentaux des droits à un procès équitable, à la liberté et à la sécurité de la personne.

Entre le 1er juillet 2020 et la fin de l’année 2021, la police a arrêté ou ordonné l’arrestation d’au moins 161 personnes au titre de la Loi sur la sécurité nationale. Au moins 82 personnes ont été officiellement inculpées, dont 60 se trouvaient en détention provisoire à la fin de l’année.

Liberté de réunion et d’association

Les autorités ont également utilisé d’autres lois répressives, telles que l’Ordonnance relative à l’ordre public, pour poursuivre et emprisonner des militant·e·s ayant participé à des rassemblements pacifiques et exercé leur droit à la liberté d’expression. La police a continué de se servir de la pandémie de COVID-19 comme prétexte pour interdire arbitrairement des rassemblements pacifiques.

Au cours de l’année, 24 personnes ont été condamnées à des peines de quatre à 16 mois de prison pour « rassemblement non autorisé » en raison de leur participation à la manifestation silencieuse organisée chaque année à Hong Kong en souvenir des victimes de la répression du 4 juin 1989 sur la place Tiananmen. Chow Hang-tung, avocate et militante spécialisée dans la défense des droits humains, a été inculpée d’« incitation à participer sciemment à un rassemblement interdit » après avoir publié sur les réseaux sociaux un message appelant à commémorer cette date de manière privée. Alors que la police avait autorisé la tenue d’autres événements en plein air de grande ampleur, elle a interdit la veillée à la bougie du 4 juin pour la deuxième année consécutive.

La police de la sécurité nationale a utilisé les vastes pouvoirs qui lui étaient conférés par la Loi sur la sécurité nationale pour ouvrir des enquêtes contre des militant·e·s et des organisations de la société civile. À partir du mois d’août, elle a écrit à ces dernières pour leur demander des informations, notamment les coordonnées de leurs membres, de leur personnel et des organisations partenaires, ainsi que des renseignements sur leurs finances et leurs activités. Des membres de l’Alliance hongkongaise de soutien aux mouvements patriotiques et démocratiques en Chine (HK Alliance) et du Front civil des droits de l’homme (CHRF) ont été poursuivis au titre de la Loi sur la sécurité nationale après avoir refusé d’accéder à ces demandes.

Les autorités ont pris pour cible les organisations de la société civile bénéficiant d’un large soutien et ayant la capacité de mobiliser. Le Syndicat professionnel des enseignant·e·s de Hong Kong, principal syndicat de l’enseignement, et la Confédération des syndicats de Hong Kong, plus grande organisation prodémocratie défendant les droits du travail, ont cessé leurs activités en août et en septembre respectivement en raison de la « pression énorme » exercée par les autorités. La police a accusé ces deux organisations d’être des « agents de l’étranger » et de s’être rendues coupables de « collusion avec des forces étrangères ». Elle a utilisé la veillée aux bougies annuelle du 4 juin comme preuve de la « menace à la sécurité nationale » posée par la HK Alliance. Le 6 septembre, la HK Alliance et quatre membres de son comité ayant démissionné peu de temps auparavant ont été inculpés d’incitation à la subversion. La police a en outre gelé les actifs de l’organisation. En octobre, la cheffe de l’exécutif de Hong Kong a ordonné qu’elle soit radiée du registre des sociétés, au motif que son objectif de mettre fin au régime de parti unique en Chine menaçait la sécurité nationale.

Le 25 octobre, Amnesty International a annoncé la fermeture de ses deux bureaux à Hong Kong en raison des risques et des restrictions découlant de la Loi sur la sécurité nationale.

Liberté d’expression

Les autorités de Hong Kong ont encore renforcé le contrôle de la liberté d’expression dans les médias, sur Internet et dans les établissements scolaires et les universités. À partir du mois de janvier, les autorités ont ordonné aux fournisseurs d’accès à Internet de couper l’accès aux sites accusés de « menacer la sécurité nationale ». En juillet, la police a arrêté cinq orthophonistes qu’elle accusait d’avoir comploté pour diffuser des contenus séditieux, parce qu’ils avaient publié des livres pour enfants décrivant la répression menée par l’État depuis 2019. Le gouvernement a ensuite radié le syndicat des orthophonistes du registre officiel. En août, quatre étudiants ont été inculpés d’« apologie du terrorisme » après avoir adopté, lors d’une réunion du conseil syndical étudiant de l’université, une motion à la mémoire d’un homme qui avait poignardé un policier avant de se suicider.

Des personnes ont cette année encore été arrêtées, inculpées et emprisonnées uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et d’association. Le 6 janvier, la police a arrêté 55 opposant·e·s politiques au titre de la Loi sur la sécurité parce qu’ils avaient préparé et participé à des « primaires » organisées par l’opposition en 2020 en prévision des élections au Conseil législatif, élections qui ont ensuite été reportées. Quarante-sept d’entre eux ont été inculpés de « complot en vue de commettre un acte de subversion ». En vertu de la Loi sur la sécurité nationale, la Haute Cour et le tribunal de district ont infligé de lourdes peines à des personnes qui n’avaient fait qu’exercer pacifiquement leur droit à la liberté d’expression. Le militant Ma Chun-man a été déclaré coupable d’« incitation à la subversion » et condamné à cinq ans et neuf mois d’emprisonnement pour avoir scandé des slogans, publié des messages sur les réseaux sociaux et donné des interviews. Tony Chung, militant étudiant, a été condamné à trois ans et sept mois d’emprisonnement pour sédition et blanchiment d’argent, sur la base d’accusations forgées de toutes pièces.

Restrictions imposées aux médias

L’Apple Daily, seul quotidien prodémocratie de Hong Kong, a été contraint de cesser ses activités le 24 juin, lorsque la police a arrêté son fondateur, Jimmy Lai, cinq cadres et deux membres de la rédaction au titre de la Loi sur la sécurité nationale. Le journal a été accusé de « collusion avec des forces étrangères » pour avoir publié des articles évoquant les sanctions imposées par des gouvernements étrangers à des responsables des autorités chinoises et hongkongaises. Les autorités ont par la suite gelé 18 millions de dollars hongkongais (près de 2,32 millions de dollars des États-Unis) d’actifs appartenant à des entreprises liées à l’Apple Daily. Le 29 décembre, des cadres et des membres du conseil d’administration de Stand News ont été arrêtés pour « publications séditieuses », une disposition archaïque datant de la période coloniale et n’ayant pas été modifiée depuis les années 1970. La police de la sécurité nationale a effectué une descente dans les locaux de ce site d’actualités et les autorités ont confirmé avoir gelé des actifs d’une valeur de plus de 61 millions de dollars hongkongais (environ 7,8 millions de dollars des États-Unis). Stand News a cessé ses activités le jour même.

Le gouvernement a procédé à une importante restructuration de la chaîne publique Radio Television Hong Kong (RTHK), supprimant toutes les vidéos de ses archives en ligne, licenciant les présentateurs et présentatrices jugés critiques à l’égard des autorités et déprogrammant les émissions qui ne suivaient pas la ligne politique officielle.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexes

Le gouvernement n’accordait pas les mêmes droits aux couples de même sexe qu’aux autres couples à Hong Kong et continuait de ne reconnaître que partiellement les droits liés à l’union entre personnes de même sexe. En mars, un veuf gay a déposé un recours en justice contre les autorités car il n’avait pas été reconnu comme parent le plus proche de son défunt mari, ce qui l’avait empêché d’identifier le corps de celui-ci et d’organiser ses funérailles. Il a finalement retiré sa plainte après une mise au point des pouvoirs publics précisant que les règles en la matière ne faisaient pas de distinction entre les couples de même sexe et les couples hétérosexuels. En juin, la Haute Cour a estimé que la politique d’attribution des logements sociaux constituait une discrimination liée à l’orientation sexuelle et que les couples de même sexe devaient pouvoir bénéficier d’un logement social au même titre que les autres couples.

Malgré la création en 2014 d’un groupe de travail interministériel sur la reconnaissance du genre à l’état civil et une consultation menée en 2017, le gouvernement de Hong Kong n’a pas avancé sur l’élaboration d’une loi en la matière.

La fédération sportive LGBTI de Taiwan a décidé de ne pas envoyer d’athlètes aux Gay Games organisés à Hong Kong en 2023 à cause des risques posés par la Loi sur la sécurité nationale.

Source : https://www.amnesty.fr/pays/chine

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  • Inde – Rapport sur la situation des droits humains en 2021 – Document ‘amnesty.fr’
    Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 154 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains en Inde en 2021.

Les autorités se sont appuyées sur des lois répressives pour réduire au silence des personnes qui critiquaient le gouvernement, restreignant la liberté d’expression, à la fois en ligne et hors ligne. Les défenseur·e·s des droits humains, parmi lesquels des militant·e·s, des journalistes, des étudiant·e·s, des avocat·e·s et des acteurs et actrices, étaient toujours en butte à des actes d’intimidation et de harcèlement. Des investigations indépendantes ont révélé l’existence d’un dispositif de surveillance illégale à grande échelle que les autorités utilisaient contre des défenseur·e·s des droits humains, bafouant les droits de ces personnes au respect de la vie privée, à la non-discrimination et à la protection des données. La Loi relative à la réglementation des contributions étrangères a servi abusivement à réprimer des ONG œuvrant en faveur des droits humains. La police et les forces de sécurité ont eu recours à une force excessive face à des membres de minorités et à des agriculteurs et agricultrices qui manifestaient pacifiquement contre des lois agraires. Les tribunaux ont porté atteinte au droit à un procès équitable et retardé l’examen d’affaires cruciales concernant des violations des droits humains. Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, l’affectation des fonds s’est encore opacifiée et le droit à la santé s’est trouvé compromis. Une grande partie de la population a souffert de la pénurie de lits d’hôpital et d’oxygène lors de la deuxième vague de contaminations. La discrimination et les violences fondées sur la caste dont étaient victimes les dalits (opprimés) et les adivasis (aborigènes) se sont poursuivies avec la même intensité qu’auparavant. Des groupes autoproclamés de protection des vaches ont attaqué des minorités, mettant à mal leurs moyens de subsistance.

Liberté d’expression et d’association

Des restrictions illégales et motivées par des considérations politiques ont été instaurées en matière de liberté d’expression et de réunion. Des journalistes, des médias, des acteurs et actrices et des défenseur·e·s des droits humains exprimant ouvertement leurs opinions ont fait l’objet de menaces et d’actes d’intimidation, qui se sont manifestés par une utilisation abusive de lois financières excessivement générales.

Le 28 juillet, plusieurs locaux du groupe Dainik Bhaskar, propriétaire du quotidien en langue hindi du même nom, ont reçu la visite de l’administration fiscale. Le journal Dainik Bhaskar avait publié un article sur l’abandon en masse de corps de victimes du COVID-19 sur les rives du Gange, en raison du tarif élevé des crémations. Entre le 10 et le 16 septembre, les locaux des médias NewsClick et Newslaundry, ainsi que le domicile de l’acteur et philanthrope Sonu Sood et le bureau du défenseur des droits humains Harsh Mander, ont été inspectés sur des présomptions d’évasion fiscale et de détournement de fonds à des fins de « conversion religieuse ».

Des organes étatiques se sont appuyés sur la Loi relative à la réglementation des contributions étrangères pour réduire des ONG au silence. En juin, le ministère de l’Intérieur a ainsi suspendu la licence de l’Initiative du Commonwealth pour la défense des droits de la personne, une organisation de défense des droits humains travaillant en faveur de l’accès à l’information et à la justice. Il a également radié 10 ONG internationales s’occupant de questions d’environnement, de changement climatique et de travail des enfants, et a inscrit plus de 80 organisations philanthropiques ou de défense des droits humains sur une liste spéciale, sans motiver cette décision. Les organisations figurant sur cette liste ne pouvaient décaisser ou recevoir des fonds qu’après avoir obtenu l’aval du ministère de l’Intérieur, ce qui restreignait fortement leurs activités.

En juillet, le projet Pegasus, une initiative internationale d’enquête journalistique, a mis en lumière la surveillance illégale et arbitraire à laquelle le gouvernement soumettait, semble-t-il, la population au moyen du logiciel espion Pegasus. Au moins 300 numéros de téléphone de défenseur·e·s des droits humains, de journalistes, d’avocat·e·s, de représentant·e·s de l’État et de personnalités politiques de l’opposition ont été potentiellement surveillés. Le logiciel espion, qu’Amnesty International a pu examiner, a permis à des organes étatiques d’avoir connaissance de l’intégralité de l’activité téléphonique de ces personnes, y compris leurs courriels, leurs fichiers, leurs listes de contacts, leurs informations de localisation et leurs messages instantanés. Il a également permis aux autorités d’enregistrer en secret des séquences audio et vidéo au moyen du microphone et de la caméra intégrés dans le téléphone. Le Parti du peuple indien Bharatiya Janata (BJP), alors au pouvoir, a retardé toutes les tentatives faites par des responsables de l’opposition siégeant au Parlement pour diligenter une enquête sur ces allégations. Le 27 octobre, la Cour suprême a ordonné la création d’une commission composée de trois membres pour mener une enquête indépendante sur l’utilisation du logiciel espion Pegasus à des fins de surveillance illégale.

De nombreux défenseur·e·s des droits humains, notamment des avocat·e·s et des universitaires, ont vu leur nom s’ajouter à la liste des « ennemis de l’État » nécessitant une « surveillance permanente » dans le code de guerre de l’Union indienne. Ce document, qui remontait à l’époque coloniale, rassemblait des informations relatives aux menaces pour la sécurité.

En mai, l’État a mis en application les Règles afférentes aux technologies de l’information (Directives intermédiaires et Code de déontologie des médias numériques) sans avoir mené la consultation publique nécessaire et en dépit des procédures en instance devant plusieurs tribunaux. Ce texte réglementait les plateformes dites « par contournement » comme les services de télévision en continu, ainsi que les plateformes d’actualités. Il permettait, sans aucun appui législatif, de bloquer et de censurer du contenu. Son introduction a également rendu obligatoire l’identification de l’auteur·e de certaines informations diffusées sur les réseaux sociaux, brisant les règles du chiffrement de bout en bout et bafouant le droit au respect de la vie privée.

Au cours de l’année, l’État a bloqué 38 fois l’accès à Internet. Les habitant·e·s de Jammu-et-Cachemire ont connu le plus long blocage jamais enregistré, lequel a duré du 4 août 2019 au 5 février 2021. La région a continué à subir des blocages répétés sur fond de préoccupations pour la sécurité nationale et l’ordre public. Ces blocages ont provoqué des pertes économiques et nui à l’éducation et à la prestation d’autres services. Ils ont également accru le risque, pour les défenseur·e·s des droits humains, de faire l’objet d’une surveillance par les autorités.

Arrestations et détentions arbitraires

Quatorze défenseur·e·s des droits humains étaient toujours détenus en vertu des dispositions antiterroristes de la Loi relative à la prévention des activités illégales. Il s’agissait des universitaires Anand Teltumbde, Shoma Sen et Hany Babu, du défenseur des droits tribaux Mahesh Raut, du poète Sudhir Dhawale, des avocat·e·s Surendra Gadling et Sudha Bharadwaj, de l’écrivain Gautam Navlakha, des militants Rona Wilson, Arun Ferreira, Vernon Gonsalves et Sagar Gorkhe, et de deux membres du groupe culturel Kabir Kala Manch : Ramesh Gaichor et Jyoti Jagtap. Ces personnes ont été arrêtées entre 2018 et 2020 par l’Agence nationale d’enquêtes (NIA), principal organe indien de lutte contre le terrorisme, en raison de leur participation présumée aux violences qui avaient eu lieu lors de célébrations à Bhima Koregaon, près de Pune, en 2018.

Les autorités ont réprimé l’utilisation des réseaux sociaux et d’Internet en ayant recours à des arrestations arbitraires. En février, la militante pour le climat Disha Ravi a été arrêtée pour « sédition » et « incitation à la discorde entre les communautés » parce qu’elle avait partagé sur les réseaux sociaux des conseils visant à aider les agriculteurs et agricultrices à protester contre trois lois agraires controversées. Plus de 183 personnes ont été arrêtées pour avoir manifesté contre ces lois, que le Parlement avait adoptées en 2020 à l’issue d’une consultation réduite au minimum. Ces textes ont été abrogés en décembre.

Le 9 mars, Hidme Markam, défenseure des droits humains appartenant à la communauté autochtone adivasi, a été arrêtée en vertu de la Loi relative à la prévention des activités illégales pour avoir dénoncé les violences sexuelles infligées à des femmes par les forces de sécurité. Le 8 avril, un rapporteur spécial et plusieurs rapporteuses spéciales des Nations unies ont écrit aux pouvoirs publics indiens pour contester les charges pesant sur cette femme. Les autorités ont cependant refusé d’indiquer le fondement juridique de son arrestation.

Le 21 septembre, Aakar Patel, défenseur des droits humains et président d’Amnesty International Inde, a été arrêté et inculpé d’« incitation à la discorde entre les communautés » après s’être exprimé sur Twitter au sujet de l’hostilité à l’égard de la communauté musulmane ghanchi, notamment de la part du BJP. La plainte contre lui a été déposée par un député affilié au BJP.

Des centaines de membres du mouvement musulman Tablighi Jamaat, arrêtés arbitrairement dans 11 États parce qu’ils n’auraient pas respecté les conditions de leur visa et auraient délibérément ignoré les consignes relatives au COVID-19, ont été relaxés. La justice a estimé que le ministère public s’était montré « malveillant » et que les autorités avaient abusé de leur pouvoir et tenté de faire des prévenus des boucs émissaires.

En octobre, plusieurs personnalités de l’opposition ont été détenues arbitrairement ou assignées à résidence par la police de l’Uttar Pradesh pour avoir exprimé leur soutien envers quatre agriculteurs tués alors qu’ils manifestaient ; le conducteur d’une voiture appartenant au sous-secrétaire d’État à l’Intérieur avait commis un excès de vitesse et les avait renversés.

Discrimination et crimes de haine fondés sur la caste

Les dalits et les adivasis étaient toujours confrontés à des atteintes généralisées à leurs droits fondamentaux. Selon des statistiques officielles publiées en septembre, plus de 50 000 infractions contre des membres des castes répertoriées et 8 272 infractions contre des membres des tribus répertoriées ont été signalés en 2020. Les femmes dalits ou adivasis étaient exposées à des violences sexuelles commises par des hommes des classes dominantes. Beaucoup faisaient l’objet de discrimination dans l’accès aux services publics.

En juin, un adolescent dalit de 17 ans a été abattu par des hommes d’une caste dominante à Bijnor (Uttar Pradesh). La victime avait porté plainte auprès de la police locale après que ces hommes lui avaient refusé l’entrée d’un temple, mais la police n’avait rien fait.

En août, une fillette dalit de neuf ans aurait été violée et tuée par quatre hommes, dont un prêtre hindou, dans un crématorium de Delhi, avant d’être incinérée sans le consentement de sa famille.

En septembre, Arbaaz Aftab a été tué, semble-t-il à la demande des parents de sa petite amie hindoue, qui étaient opposés à la relation interconfessionnelle de leur fille.

Bien que la législation de plusieurs États érige en infraction le lynchage, des hommes dalits et des hommes musulmans ont été agressés ou battus à mort par des groupes autoproclamés de protection des vaches en Assam, au Bihar, dans le territoire de Jammu-et-Cachemire, au Meghalaya, au Rajasthan, au Tripura et en Uttar Pradesh.

Impunité

Des disparitions forcées, ainsi que des actes de torture et d’autres mauvais traitements, ont été perpétrés de façon généralisée et systématique, en toute impunité.

En juillet, Stan Swamy, prêtre jésuite de 84 ans, est mort après s’être vu refuser à plusieurs reprises une libération sous caution, alors qu’il souffrait de la maladie de Parkinson et avait contracté le COVID-19 en prison. Il avait été arrêté en octobre 2020 par la NIA pour sa participation présumée aux violences commises lors de célébrations à Bhima Koregaon, près de Pune, en 2018. Il soutenait ouvertement les populations tribales.

Au moins 28 personnes ont été tuées dans des attaques ciblées perpétrées par des membres de groupes armés dans le territoire de Jammu-et-Cachemire. Les autorités indiennes n’ont pas répondu aux préoccupations du peuple de Jammu-et-Cachemire en matière de droits humains et de sécurité.

Recours excessif à la force

La police et les forces de sécurité ont eu recours à la force de manière excessive à de nombreuses reprises. En août, la police de l’Haryana a lancé une charge contre des agriculteurs et agricultrices qui manifestaient pacifiquement à Karnal, en Haryana, et les a frappés au moyen de lathis (longues matraques en bambou), blessant grièvement au moins 10 agriculteurs. Avant cette charge, le magistrat sous-divisionnaire de Karnal avait été filmé en train d’ordonner à des policiers et policières de « briser le crâne des manifestants » et la vidéo avait circulé sur les réseaux sociaux.

En septembre, la police de l’Assam a tiré sans discernement sur des membres de la communauté musulmane bengali lors d’une expulsion forcée dans le village de Sipajhar, en Assam, tuant un homme et un garçon de 12 ans. Un photojournaliste a été filmé en train de piétiner le corps de cet homme en présence de policiers, qui n’ont pas réagi, et la vidéo a été diffusée sur les réseaux sociaux. Cet acte a soulevé un tollé au sein de l’opinion publique et le photojournaliste a été arrêté.

En octobre, le gouvernement central a élargi la compétence des Forces de sécurité des frontières (BSF) dans les États frontaliers et leur a donné des pouvoirs accrus en matière de perquisition, de saisie et d’arrestation. Par le passé, les BSF ont été accusées de graves violations des droits humains, notamment de recours illégal à la force, d’exécutions extrajudiciaires, ainsi que de torture et d’autres formes de mauvais traitements.

Droit à un procès équitable

En juin, la Cour suprême a accordé une libération sous caution aux étudiant·e·s et défenseur·e·s des droits humains Natasha Narwal, Devangana Kalita et Asif Iqbal Tanha, qui avaient été arrêtés en vertu de la Loi relative à la prévention des activités illégales parce qu’ils auraient orchestré les émeutes de Delhi en 2020. Cependant, elle a interdit que cette décision fasse jurisprudence, empêchant ainsi les tribunaux d’accorder des libérations sous caution à d’autres étudiant·e·s et défenseur·e·s des droits humains qui languissaient en prison pour avoir manifesté pacifiquement contre la Loi portant modification de la loi sur la citoyenneté. Par ailleurs, la Cour suprême a retardé l’examen d’affaires cruciales concernant la constitutionnalité de cette loi, la sédition et l’abrogation de l’article 370 de la Constitution. Elle a également retardé l’examen des recours relatifs aux trois lois agraires qui avaient été adoptées à l’issue d’une consultation réduite au minimum en 2020 et contre lesquelles des agriculteurs et agricultrices ont longtemps manifesté.

Droit à la santé

En 2020, les autorités ont créé le fonds PM CARES pour financer les interventions dans les situations d’urgence, dont la pandémie de COVID-19. Cependant, la répartition des importantes subventions collectées par l’intermédiaire de ce fonds était opaque. Le gouvernement central a exempté le fonds des vérifications du contrôleur et commissaire aux comptes général, le qualifiant de « fondation publique ».

En dépit du grand nombre de cas de COVID-19 signalés, le gouvernement central a autorisé des rassemblements religieux comme la Kumbh Mela, ainsi que des meetings électoraux. Le Premier ministre Narendra Modi a personnellement appelé la population à y participer. Il s’est avéré ensuite que ces événements avaient contribué à la deuxième vague de contaminations, qui s’est caractérisée par une pénurie aiguë de lits d’hôpital et d’oxygène.

Les auxiliaires de santé locaux, notamment les travailleuses sociales agréées en santé publique œuvrant en milieu rural, percevaient des salaires trop faibles et ne disposaient pas d’équipements de protection individuelle en quantité suffisante.

Liberté de religion et de conviction

En avril, des modifications ont durci une loi visant à lutter contre les conversions dans l’État du Gujarat. Ces nouvelles dispositions prévoyaient une peine maximale de 10 ans d’emprisonnement en cas de conversion à une autre religion et annulaient le mariage des personnes converties. Pour ce type de mariage, la charge de la preuve était inversée et les déclarations de la femme concernée indiquant qu’elle s’était convertie de son plein gré étaient considérées comme insuffisantes. Son mari et sa famille devaient prouver qu’elle n’avait pas été forcée à changer de religion. Par le passé, des lois similaires avaient été promulguées en Himachal Pradesh, au Madhya Pradesh, en Uttarakhand et en Uttar Pradesh. En août, la haute cour du Gujarat a suspendu certaines dispositions de cette loi, qu’elle estimait inconstitutionnelles.

Discrimination

En juin, le gouvernement de l’Assam, dirigé par le BJP, a adopté une politique limitant le nombre d’enfants à deux par couple. Celle-ci interdisait aux parents de trois enfants ou plus de se présenter aux élections locales, de postuler dans la fonction publique et d’obtenir des allocations dans le cadre de programmes publics de protection sociale. Le gouvernement de l’Uttar Pradesh, également sous la houlette du BJP, a présenté un projet de loi similaire.

https://www.amnesty.fr/liberte-d-ex...

Actualité

Reconnaissance faciale  : l’Inde sur le point de choisir la surveillance totale

Publié le 10.11.2021

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Inde : malgré les violences à répétition, la police de Delhi jouit toujours d’une impunité totale

Publié le 03.09.2020

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Inde : des arrestations pour étouffer la dissidence

Publié le 28.04.2020

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COVID-19 en Inde : L’accès total à internet est une priorité pour limiter la propagation

Publié le 24.03.2020

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Inde : Des étudiants attaqués sous les yeux de la police

Publié le 13.01.2020

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Inde : Une loi discriminante provoque des manifestations dans tout le pays

Publié le 26.12.2019

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Source : https://www.amnesty.fr/pays/inde

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  • Afghanistan 2021 – Rapport sur les droits humains 2021 – Document ‘amnesty.org’
    Les parties au conflit en Afghanistan ont cette année encore commis en toute impunité de graves violations du droit international humanitaire, dont des crimes de guerre, et d’autres graves atteintes aux droits humains. Les homicides ciblés ou aveugles ont atteint des chiffres record. Les talibans et des acteurs non étatiques s’en sont notamment pris aux défenseur·e·s des droits humains, aux militantes, aux journalistes, au personnel de santé, aux travailleuses et travailleurs humanitaires et aux minorités religieuses et ethniques. La prise de pouvoir par les talibans a déclenché une vague de représailles meurtrières. Plusieurs milliers de personnes, principalement des Hazaras chiites, ont été expulsées de force de chez elles. Le régime taliban a rapidement réduit à néant les maigres progrès accomplis en faveur des droits des femmes et drastiquement restreint les droits à la liberté de réunion et d’expression. La suspension de l’aide internationale a fragilisé l’accès aux soins de santé, déjà fortement mis à mal par la pandémie.

Contexte

Le conflit en Afghanistan a connu un tournant dramatique avec le retrait de toutes les troupes étrangères, la chute du gouvernement et la prise du pouvoir par les talibans.

Le 14 avril, le président des États-Unis, Joe Biden, a annoncé que les troupes américaines qui se trouvaient toujours en Afghanistan quitteraient le pays avant le 11 septembre. Les forces talibanes ont alors lancé une offensive, s’emparant des provinces l’une après l’autre pour finalement atteindre Kaboul, la capitale, le 15 août, renverser le gouvernement et forcer le président, Ashraf Ghani, à fuir le pays. Début septembre, les talibans ont annoncé la mise en place d’un gouvernement provisoire.

Le retrait final des troupes des États-Unis et de l’OTAN, avancé au 31 août face à la progression des talibans, s’est accompagné d’une opération d’évacuation. Environ 123 000 personnes ont quitté le pays depuis l’aéroport de Kaboul dans des conditions chaotiques, dont des milliers d’Afghanes et d’Afghans exposés à des représailles des talibans.

Déjà précaire, la situation humanitaire s’est détériorée au deuxième semestre à cause du conflit, de la sécheresse, de la pandémie de COVID-19 et de la crise économique, crise exacerbée par la suspension de l’aide étrangère, le gel des avoirs de l’État et les sanctions imposées aux talibans par la communauté internationale. En décembre, les Nations Unies ont alerté sur le fait que quelque 23 millions de personnes étaient menacées par la faim et une insécurité alimentaire aiguë, dont plus de trois millions d’enfants qui risquaient de mourir de malnutrition sévère.

Attaques menées sans discernement et homicides illégaux

Sous la présidence d’Ashraf Ghani, les forces gouvernementales et des acteurs non étatiques se sont livrés sans discernement à des frappes aériennes et des attaques avec des engins explosifs improvisés, tuant et blessant des milliers de personnes civiles. Selon la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan, le nombre de victimes civiles a atteint des records au premier semestre, avec une hausse considérable en mai, lorsque les forces armées étrangères ont entamé leur retrait. En juin, on comptait 5 183 personnes tuées ou blessées depuis le début de l’année parmi la population civile, dont 2 409 femmes et enfants. Plus des deux tiers (68 %) de ces victimes étaient imputables aux talibans et à d’autres acteurs non étatiques et 25 % aux Forces nationales afghanes de défense et de sécurité (FNADS) et aux autres forces pro-gouvernementales. Le 29 août, à Kaboul, un tir de drone américain a tué dix membres d’une même famille, dont sept enfants. Reconnaissant son erreur, le ministère américain de la Défense a offert une indemnisation financière aux proches des victimes.

Tout au long de l’année, des groupes armés non gouvernementaux ont intentionnellement pris pour cible des personnes et des biens civils. Le 8 mai, un attentat à l’explosif a tué et blessé plus de 230 personnes, en grande majorité des filles, devant le lycée Sayed ul Shuhada, dans l’ouest de Kaboul1. Le 26 août, un attentat-suicide perpétré par le groupe armé État islamique-Province du Khorassan (EI-K) devant l’aéroport de la capitale a fait au moins 380 victimes, principalement des Afghanes et des Afghans qui cherchaient à se faire évacuer. Trois attentats commis en octobre, respectivement contre la mosquée Eid Gah, à Kaboul, et deux mosquées hazaras chiites à Kandahar et Kunduz, auraient fait des dizaines de morts et des centaines de blessés.

Les talibans et d’autres acteurs armés se sont rendus coupables d’un grand nombre d’homicides ciblés tout au long de l’année, visant en particulier des défenseur·e·s des droits humains, des militantes, des travailleuses et travailleurs humanitaires, des professionnel·le·s de la santé, des journalistes et des fonctionnaires et membres des forces de sécurité de l’ancien gouvernement. Les minorités religieuses et ethniques étaient particulièrement menacées.

Pendant leur offensive et à la suite de leur prise du pouvoir, les talibans ont exercé des représailles et procédé à des exécutions extrajudiciaires sur des personnes liées à l’ancien gouvernement, en particulier des membres des FNADS. Le 19 juillet, les talibans ont enlevé et tué deux fils de Fida Mohammad Afghan, ancien membre du conseil provincial de Kandahar. D’anciens agent·e·s de police ont également été pris pour cible, en particulier des femmes. En juillet, des combattants talibans ont tué neuf hommes hazaras à Mundarakht, dans le district de Malistan (province de Ghazni)2. Le 30 août, à Kahor, dans le district de Khidir (province de Daikundi), les talibans ont exécuté extrajudiciairement neuf membres des FNADS qui s’étaient rendus, et tué deux civil·e·s, dont une adolescente de 17 ans, qui tentaient de fuir le village. Ces 11 victimes étaient des Hazaras. Le 4 septembre, Banu Negar, ancienne policière de la province du Ghor, a été rouée de coups et abattue par des combattants talibans sous les yeux de ses enfants. Une centaine d’autres membres des forces de sécurité ont été tués ou soumis à une disparition forcée par les talibans entre la mi-août et la fin décembre.

Expulsions et déplacements forcés

Quelque 682 031 personnes ont été déplacées par les combats entre janvier et décembre, alors que le pays comptait déjà quatre millions de personnes déplacées par le conflit et par les catastrophes naturelles.

Les talibans ont expulsé de force des milliers de personnes de leurs maisons et de leurs terres dans les provinces de Daikundi et du Helmand, et menacé d’expulser des habitant·e·s des provinces de Balkh, de Kandahar, de Kunduz et de l’Uruzgan. Les expulsions visaient en particulier des Hazaras et des personnes associées à l’ancien gouvernement. En juin, les talibans ont ordonné aux Tadjiks habitant à Bagh-e Sherkat (province de Kunduz) de quitter la ville, visiblement à titre de représailles pour le soutien apporté par cette population au gouvernement d’Ashraf Ghani. Fin septembre, plus de 740 familles hazaras ont été expulsées de force de leurs maisons et de leurs terres dans les villages de Kindir et de Tagabdar, dans le district de Gizab (province de Daikundi).

Droits des personnes réfugiées ou migrantes

Le nombre d’Afghan·e·s en quête d’asile dans les pays voisins a augmenté depuis la prise de pouvoir par les talibans. Après la fin des évacuations depuis l’aéroport de Kaboul, des milliers d’Afghanes et d’Afghans désespérés ont cherché à se rendre au Pakistan et en Iran par voie terrestre. Ils ont été des dizaines de milliers à entrer au Pakistan avant que le pays ferme ses frontières à la plupart des Afghan·e·s le 2 septembre. Seul le poste-frontière de Torkham est resté ouvert aux personnes disposant d’un laissez-passer. Le Conseil norvégien pour les réfugiés a signalé en novembre que 4 000 à 5 000 Afghan·e·s passaient quotidiennement la frontière pour se rendre en Iran.

Les ressortissant·e·s afghans, y compris celles et ceux qui risquaient de subir des représailles, ont vu leur droit de demander l’asile à l’étranger compromis par les restrictions à la sortie du territoire imposées par les talibans, et notamment par les difficultés souvent insurmontables pour obtenir un passeport et un visa. Il était à craindre que les restrictions aux frontières appliquées par les pays voisins n’obligent les Afghan·e·s à entreprendre des voyages clandestins en faisant appel à des passeurs, les exposant à de nouvelles atteintes aux droits humains.

Droits des femmes et des filles

Avant la prise de pouvoir par les talibans, les femmes et les filles étaient déjà en butte à des discriminations et des violences liées au genre. Avec l’arrivée des talibans à la tête du pays, elles ont perdu nombre de leurs droits fondamentaux. Les talibans avaient assuré que les droits des femmes seraient respectés, mais les maigres progrès obtenus depuis une vingtaine d’années ont vite été réduits à néant.

Participation des femmes à la gestion des affaires publiques et droit au travail

Les femmes étaient nettement sous-représentées dans la phase finale des pourparlers de paix, qui n’a pas abouti : la délégation du gouvernement comptait seulement quatre femmes et celle des talibans aucune3. Dans le gouvernement d’Ashraf Ghani, quatre postes ministériels étaient occupés par des femmes ; en revanche, celles-ci étaient totalement exclues du gouvernement provisoire des talibans. Peu après leur arrivée au pouvoir, les talibans ont dissous le ministère des Affaires de la femme et ses antennes provinciales.

En août, un porte-parole des talibans a dit à des journalistes que les femmes ne devaient pas se rendre à leur travail tant que des « systèmes adéquats » n’avaient pas été mis en place pour « garantir leur sécurité ». En septembre, les employées des ministères ont reçu l’ordre de rester chez elles, tandis que leurs collègues masculins reprenaient le travail. Dans différentes régions du pays, selon les informations recueillies, des femmes n’ont pas été autorisées à pénétrer sur leur lieu de travail ou ont été renvoyées chez elles, à l’exception de celles qui travaillaient au service des passeports, à l’aéroport de Kaboul ou dans le secteur de la santé. Dans certains cas, des femmes auraient été escortées de leur lieu de travail jusque chez elles par des combattants talibans, qui leur auraient dit qu’elles allaient être remplacées par un homme de leur famille4.

Des femmes avocates, juges et procureures ont été destituées de facto et contraintes d’entrer dans la clandestinité. Elles risquaient de subir des représailles de la part des hommes qu’elles avaient déclarés coupables et fait incarcérer pour des violences domestiques ou d’autres violences liées au genre, et qui avaient été libérés par les talibans. Selon des témoignages, d’anciens prisonniers et des combattants talibans ont mis à sac le domicile de certaines femmes juges.

Droit à l’éducation

À leur prise de pouvoir, les dirigeants talibans ont annoncé qu’un « cadre d’apprentissage sûr » devait être instauré avant que les femmes et les filles puissent retourner dans les établissements scolaires. Les garçons ont pu reprendre l’école à la mi-septembre, mais la situation des filles restait incertaine. À la fin de l’année, la majorité des écoles secondaires demeuraient interdites aux filles, à l’exception de celles des provinces de Kunduz, de Balkh et de Sar-e Pol. Même là où les écoles et autres établissements éducatifs étaient ouverts, le taux de fréquentation était faible, en particulier pour les filles, en raison des manœuvres d’intimidation et de harcèlement subies par les enseignant·e·s et les élèves5.

Violences sexuelles ou fondées sur le genre

Les violences faites aux femmes et aux filles demeuraient très répandues, mais elles étaient rarement signalées. Dans la grande majorité des cas, les responsables présumés n’étaient pas poursuivis. Entre janvier et juin, le ministère des Affaires de la femme a enregistré 1 518 cas de violences contre des femmes, dont 33 homicides. Les coups, le harcèlement, la prostitution forcée, la privation de pension alimentaire et les mariages forcés et précoces restaient les principales formes de violence perpétrées contre les femmes. Il n’existait pas de données officielles pour le deuxième semestre.

Les violences contre les femmes se sont multipliées à partir du mois d’août, quand les dispositifs juridiques et autres mécanismes d’aide aux femmes ont commencé à fermer, notamment les foyers d’accueil. Les talibans ayant mis un terme à tout soutien institutionnel et juridique à destination des femmes, celles-ci se sont retrouvées exposées à plus de violences, qu’elles craignaient de signaler par peur des conséquences.

Défenseur·e·s des droits humains

Les défenseur·e·s des droits humains ont été la cible de manœuvres d’intimidation, de harcèlement, de menaces, de violences et d’homicides ciblés. La recrudescence des attaques constatée à partir de la fin 2020 s’est poursuivie en 2021. Selon le Comité afghan des défenseurs des droits humains, au moins 17 personnes qui défendaient les droits humains ont été tuées entre septembre 2020 et mai 2021, et des centaines d’autres ont reçu des menaces.

À partir de la fin août, les talibans ont occupé les 14 bureaux de la Commission indépendante des droits de l’homme en Afghanistan, obligeant son personnel à fuir le pays ou à entrer dans la clandestinité. Des combattants talibans auraient fouillé des habitations, maison par maison, à la recherche de défenseur·e·s des droits humains et de journalistes. Des personnes travaillant pour des ONG et leurs familles ont été rouées de coups.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexes

Le 29 octobre, le porte-parole taliban du ministère des Finances a déclaré que les droits des personnes LGBTI ne seraient pas reconnus sous la charia (loi islamique). Au regard du Code pénal afghan, les relations sexuelles consenties entre personnes de même sexe constituaient toujours une infraction.

Liberté d’expression et de réunion

Les talibans ont dispersé de force des manifestations pacifiques dans tout le pays, en utilisant des armes à feu, des armes envoyant des décharges électriques et des gaz lacrymogènes, et ils ont frappé des manifestant·e·s à coups de fouets et de câbles. Le 4 septembre, à Kaboul, une manifestation d’une centaine de femmes qui réclamaient une place pour les femmes dans le nouveau gouvernement et le respect de leurs droits a été dispersée par les forces spéciales talibanes, qui, selon certaines informations, ont utilisé des gaz lacrymogènes et des armes à décharges électriques. Des manifestantes ont été rouées de coups. Le 7 septembre, les forces talibanes ont tué par balle Omid Sharifi, militant de la société civile, et Bashir Ahmad Bayat, instituteur, alors qu’ils manifestaient contre les talibans dans la province de Hérat. Huit autres manifestant·e·s ont été blessés. Le 8 septembre, le ministère de l’Intérieur taliban a publié un décret interdisant toutes les manifestations et tous les rassemblements « jusqu’à ce qu’une réglementation relative aux manifestations soit établie ».

Les talibans ont fortement restreint la liberté de médias, alors qu’ils avaient assuré qu’ils respecteraient la liberté d’expression. Des journalistes ont été détenus et frappés et ont vu leur matériel leur être confisqué, notamment lorsqu’ils couvraient des manifestations. Des professionnel·le·s des médias, en particulier des femmes, ont fait l’objet d’intimidations, de menaces et de manœuvres de harcèlement. Beaucoup ont dû entrer dans la clandestinité ou quitter le pays. Les talibans ont fouillé des domiciles les uns après les autres à la recherche de journalistes, notamment de celles et ceux qui travaillaient pour des médias occidentaux. Le 20 août, les talibans ont fait irruption chez un journaliste du média allemand Deutsche Welle. Ne le trouvant pas, ils ont tué une personne de sa famille et en ont blessé une autre. Fin octobre, plus de 200 organes de presse avaient fermé. Le Comité afghan pour la sécurité des journalistes (AJSC) a annoncé début novembre qu’au moins 12 journalistes avaient été tués et 230 agressés dans les 12 mois précédents.

Droit à la santé

La suspension, en août, de l’aide internationale destinée au projet d’amélioration du système de santé pendant la transition en Afghanistan (Sehatmandi) a affaibli encore davantage le secteur de la santé, déjà mal en point. En novembre, 3 000 centres de santé avaient fermé faute de financements. Ce projet, soutenu par des fonds de diverses provenances, était la principale source de financement pour des services de santé, de nutrition et de planification familiale de qualité dans l’ensemble du pays. En septembre, l’OMS a annoncé une détérioration rapide de la situation en matière de santé publique, et en particulier une multiplication des cas de rougeole, de diarrhée et de polio chez les enfants.

Avec son manque de préparation en cas de situation d’urgence et le mauvais état de ses infrastructures de santé publique, l’Afghanistan n’était pas prêt à affronter la recrudescence des cas de COVID-19 en milieu d’année. Les personnes déplacées qui vivaient dans des logements surpeuplés, avec un accès insuffisant à l’eau, à des installations sanitaires et à des structures de santé, étaient particulièrement exposées6. Au 15 novembre, au moins 7 293 personnes étaient mortes du COVID-19. Environ 7 % de la population était vaccinée.

Le personnel et les infrastructures de santé ont été la cible d’attaques tout au long de l’année. Neuf personnes qui administraient le vaccin contre la polio ont été tuées par balle dans la province du Nangarhar au cours des six premiers mois de l’année7. En octobre, les talibans se sont engagés à soutenir la reprise d’une campagne nationale de vaccination contre cette maladie et à permettre la participation de femmes en première ligne. Ils ont également promis d’assurer la sécurité du personnel de santé le plus exposé.

Impunité

Le 27 septembre, le procureur de la CPI a annoncé vouloir relancer les enquêtes sur les crimes commis en Afghanistan, mais en mettant uniquement l’accent sur les crimes qui auraient été perpétrés par les talibans et l’EI-K. Cette décision d’écarter des priorités les investigations sur les possibles crimes de guerre commis par la Direction nationale de la sécurité, les FNADS, l’armée américaine et la CIA risquait de renforcer encore davantage l’impunité et de saper la légitimité de la CPI8.

Références :

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  • Iran : la situation des droits humains en 2021 - Document ‘amnesty.org’
    Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 154 pays analysés en 2021. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains en Iran en 2021.

Des milliers de personnes ont été interrogées, poursuivies de façon inique ou détenues arbitrairement alors qu’elles n’avaient fait qu’exercer pacifiquement leurs droits humains, et des centaines étaient toujours emprisonnées injustement. Les forces de sécurité ont eu recours illégalement à la force meurtrière et à des armes à grenaille pour réprimer des manifestations. Les femmes, les personnes LGBTI et les membres de minorités ethniques ou religieuses étaient en butte à des violences et à une discrimination profondément enracinée. Dans le domaine législatif, des éléments nouveaux ont mis à mal les droits en matière de sexualité et de procréation, le droit à la liberté de religion et de conviction, et l’accès à Internet. La torture et les autres formes de mauvais traitements, dont le fait de priver des personnes détenues de soins médicaux adaptés, demeuraient généralisées et systématiques. Les autorités n’ont pas garanti un accès rapide et équitable aux vaccins contre le COVID-19. Des flagellations, des amputations et des énucléations ont été infligées à titre de sanctions judiciaires. La peine de mort était largement utilisée, notamment comme instrument de répression. Des exécutions ont eu lieu à la suite de condamnations prononcées à l’issue de procès iniques. L’impunité était la norme pour les crimes contre l’humanité passés et présents relatifs aux massacres ayant eu lieu dans les prisons en 1988 et à d’autres crimes de droit international.

Contexte

Au lieu de faire l’objet d’une enquête pour les crimes contre l’humanité liés aux disparitions forcées et aux exécutions judiciaires perpétrées à grande échelle en 1988, l’ancien responsable du pouvoir judiciaire, Ebrahim Raisi, est devenu président de la République en juin, ce qui reflétait l’impunité systémique qui prévalait en Iran.

L’élection présidentielle s’est tenue dans un climat de répression et s’est caractérisée par un taux de participation particulièrement faible. Les autorités ont interdit aux femmes, aux membres de minorités religieuses et aux détracteurs et détractrices du régime de se présenter et ont menacé de poursuivre quiconque encouragerait à boycotter le scrutin.

Les sanctions imposées par les États-Unis, la pandémie de COVID-19 et la corruption n’ont fait qu’aggraver la crise économique en Iran, qui se matérialisait par un taux d’inflation élevé, des pertes d’emploi et des salaires bas, lorsqu’ils étaient versés. L’année a été émaillée de grèves et de rassemblements, les autorités n’accordant pas la priorité aux salaires décents, au logement, aux soins de santé, à la sécurité alimentaire ni à l’éducation dans les budgets publics.

Des spécialistes de l’environnement ont critiqué le fait que les autorités ne s’employaient pas à gérer la crise écologique en Iran, laquelle prenait plusieurs formes : rétrécissement ou disparition de lacs, de cours d’eau et de zones humides, déforestation, pollution de l’eau par des effluents non traités et des déchets industriels, et affaissement des terres.

L’Iran a continué d’apporter un soutien militaire aux forces gouvernementales dans le conflit armé en Syrie (voir Syrie).

En février, un tribunal belge a condamné le diplomate iranien Assadollah Asadi à 20 ans de réclusion pour son rôle dans une tentative déjouée d’attentat à la bombe contre un rassemblement organisé en France en 2018 par des membres de l’opposition iranienne en exil.

En mars, le Conseil des droits de l’homme [ONU] a renouvelé le mandat du rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran. Les autorités ont refusé l’entrée en Iran à celui-ci, ainsi qu’à d’autres spécialistes des Nations unies et observateurs ou observatrices indépendants.

Liberté de réunion, d’association et d’expression

Les autorités ont continué de réprimer durement les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Elles ont interdit des partis politiques indépendants, des syndicats et des organisations de la société civile, censuré des médias et brouillé des chaînes de télévision par satellite.

En janvier, elles ont ajouté Signal sur la liste des réseaux sociaux bloqués, où figuraient déjà Facebook, Telegram, Twitter et YouTube. Des membres des forces de sécurité et des services de renseignement ont arrêté arbitrairement des personnes pour des publications sur les médias sociaux jugées « contre-révolutionnaires » ou « non islamiques ».

Les autorités ont bloqué l’accès à Internet lors de manifestations, ce qui leur a permis de masquer l’ampleur des violations imputables aux forces de sécurité. En juillet, le Parlement a accéléré la préparation d’une proposition de loi, dont l’adoption était prévue pour 2022, qui érigerait en infraction la production et la diffusion d’outils permettant de contourner la censure et qui intensifierait la surveillance.

Plusieurs milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont été interrogés, poursuivis de façon inique ou détenus arbitrairement alors qu’ils n’avaient fait qu’exercer pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Parmi eux figuraient non seulement des manifestant·e·s, des journalistes, des dissident·e·s, des artistes, des écrivain·e·s, des enseignant·e·s et des personnes binationales, mais également des défenseur·e·s des droits humains, dont des avocat·e·s, des défenseur·e·s des droits des femmes, des droits des personnes LGBTI, des droits des travailleuses et travailleurs et des droits des minorités, des militant·e·s écologistes, des militant·e·s contre la peine de mort, ainsi que des proches de victimes qui demandaient des comptes, notamment pour les exécutions et les disparitions forcées perpétrées en grand nombre dans les années 1980. Des centaines de ces personnes étaient encore emprisonnées injustement à la fin de l’année.

L’assignation arbitraire à résidence des anciens candidats à l’élection présidentielle Mehdi Karroubi et Mir Hossein Mousavi, ainsi que de l’épouse de ce dernier, Zahra Rahnavard, se poursuivait depuis une dizaine d’années.

Les menaces visant des dissident·e·s et des journalistes basés à l’étranger se sont intensifiées et des membres de la famille de ces personnes, installés en Iran, ont été interrogés ou détenus arbitrairement en représailles. En juillet, le ministère public des États-Unis a inculpé quatre agents iraniens de conspiration aux fins de l’enlèvement de la journaliste américano-iranienne Masih Alinejad sur le sol américain. En août, les services de renseignement ont interrogé les proches d’Arsalan Yarahmadi, défenseur kurde des droits humains en exil, et ont menacé cet homme de mort. Les dissidents suédo-iranien et germano-iranien Habib Chaab et Jamshid Sharmahd, qui avaient déjà été enlevés à l’étranger et renvoyés en Iran, encouraient toujours la peine de mort.

Les forces de sécurité ont fait illégalement usage de la force, notamment de balles réelles et d’armes à grenaille, pour réprimer des manifestations essentiellement pacifiques. En juillet, au moins 11 personnes ont été abattues lors de manifestations contre les pénuries d’eau dans les provinces du Khuzestan et du Lorestan, et de nombreuses autres ont été blessées. Le 26 novembre, les forces de sécurité ont tiré des plombs pour disperser des manifestations contre la mauvaise gestion de l’eau à Ispahan ; des dizaines de personnes, dont des enfants, ont ainsi perdu la vue ou été grièvement blessées aux yeux.

Plus de 700 travailleurs du secteur pétrochimique ont été licenciés injustement pour avoir participé à des grèves nationales en juin.

Torture et autres mauvais traitements

La torture et les autres mauvais traitements étaient toujours pratiqués de manière systématique et généralisée, en particulier pendant les interrogatoires. Des « aveux » entachés de torture ont été diffusés à la télévision nationale et ont servi à maintes reprises à étayer des déclarations de culpabilité.

L’administration pénitentiaire et le ministère public, sous l’autorité du pouvoir judiciaire, détenaient des personnes dans des conditions cruelles et inhumaines (surpopulation, problèmes d’assainissement, manque de nourriture et d’eau, lits en quantité insuffisante, mauvaise ventilation et infestation par des insectes) et privaient beaucoup d’entre elles des soins médicaux dont elles avaient besoin, d’où un risque accru pour celles-ci de contracter le COVID-19.

De plus en plus fréquemment, les autorités transféraient les prisonnières d’opinion dans des prisons sordides, loin de leur famille, pour les punir de continuer à dénoncer des violations des droits humains pendant leur incarcération.

Sur des images de vidéosurveillance de la prison d’Evin, à Téhéran, qui ont été diffusées clandestinement en août, on voyait des gardiens frapper, harceler sexuellement et torturer ou maltraiter des détenu·e·s.

Au moins 24 personnes sont mortes en détention dans des circonstances suspectes sur fond d’allégations de torture et d’autres mauvais traitements, y compris la privation de soins médicaux adaptés.

Le Code pénal prévoyait toujours des peines allant à l’encontre de l’interdiction de la torture et des autres mauvais traitements, telles que la flagellation, l’aveuglement, l’amputation, la crucifixion et la lapidation. En février, Hadi Rostami a reçu 60 coups de fouet à la prison d’Ourmia pour le punir de ses grèves de la faim contre les menaces répétées selon lesquelles la peine d’amputation prononcée à son encontre allait être appliquée.

En septembre, Hadi Atazadeh est mort à la prison d’Ahar après avoir été fouetté.

En octobre, un tribunal de Téhéran a condamné un homme à être rendu aveugle d’un œil pour une agression, en vertu du principe de qisas (« réparation »).

Au moins 152 personnes ont été condamnées à la flagellation, selon le Centre Abdorrahman Boroumand.

Discrimination

Les femmes et les filles

Les femmes se heurtaient à une discrimination en droit et dans la pratique, notamment en matière de mariage, de divorce, d’emploi, de succession et d’accès aux fonctions politiques.

La législation discriminatoire imposant le port du voile avait pour effets un harcèlement quotidien, des détentions arbitraires, des actes de torture et d’autres mauvais traitements, ainsi que la privation de l’accès à l’éducation, à l’emploi et à certains espaces publics. Au moins six défenseur·e·s des droits des femmes étaient toujours derrière les barreaux pour avoir fait campagne contre le port obligatoire du voile.

En novembre, le Parlement a encore porté atteinte au droit à la santé sexuelle et reproductive en adoptant un texte de loi sur la jeunesse et la protection de la famille, lequel interdisait notamment aux structures financées par l’État de fournir gratuitement des moyens de contraception et aux pharmacies de vendre des produits contraceptifs sans ordonnance, prohibait la vasectomie et la ligature des trompes, sauf lorsqu’une grossesse risquait de mettre en danger la vie d’une femme ou d’entraîner des dommages physiques ou des difficultés intolérables pendant la grossesse ou après l’accouchement, et réprimait l’accès aux examens prénataux de dépistage.

En juillet, la Commission des affaires sociales du Parlement a approuvé un texte en instance de longue date sur la défense de la dignité et la protection des femmes contre les violences, après que le pouvoir judiciaire y a apporté des modifications qui marquaient un retour en arrière. Ce texte, qui n’avait pas encore obtenu l’aval définitif, contenait des mesures bienvenues, comme la création d’unités de police spécialisées, de foyers d’accueil et d’un groupe de travail national chargé d’élaborer des stratégies de lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles. Cependant, il ne définissait pas la violence domestique comme une infraction à part entière, n’érigeait pas en infraction le viol conjugal ni les mariages d’enfant, et ne prévoyait pas de peine proportionnée pour les hommes qui assassinaient leur épouse ou leur fille. S’agissant de la violence domestique, il privilégiait la réconciliation plutôt que l’obligation de rendre des comptes.

L’âge minimum légal du mariage pour les filles était toujours fixé à 13 ans ; en outre, un père pouvait obtenir des autorités judiciaires l’autorisation de marier sa fille encore plus jeune. Selon les chiffres officiels, 31 379 mariages de filles âgées de 10 à 14 ans ont eu lieu entre mars 2020 et mars 2021, soit 10,5 % de plus que l’année précédente.

Les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles, transgenres ou intersexes

En mai, l’homicide dont a été victime Alireza Fazeli Monfared, qui s’identifiait comme un homme gay non binaire, a mis en lumière le fait que l’incrimination des relations sexuelles consenties entre personnes de même sexe et de la non-conformité aux normes en matière de genre, avec des sanctions allant de la flagellation à la peine de mort, perpétuait les violences et la discrimination à l’égard des personnes LGBTI.

Les « thérapies de conversion » approuvées par l’État, qui s’apparentaient à de la torture ou à d’autres formes de mauvais traitements, demeuraient courantes et étaient même appliquées à des enfants.

Les personnes qui ne se conformaient pas aux normes en matière de genre risquaient des poursuites pénales, à moins de demander un changement de sexe à l’état civil, ce qui supposait une opération chirurgicale de réassignation sexuelle et une stérilisation.

L’armée continuait de considérer l’homosexualité comme une « perversion ». Les cartes d’exemption du service militaire délivrées aux personnes gays ou transgenres révélaient indirectement l’orientation sexuelle ou l’identité de genre de celles-ci sans leur consentement, les exposant ainsi à un risque de violence.

Les minorités ethniques

Les minorités ethniques – Arabes ahwazis, Azéris, Baloutches, Kurdes et Turkmènes, notamment – étaient toujours en butte à la discrimination, tout particulièrement en matière d’éducation, d’emploi et d’accès aux fonctions politiques. Malgré les appels répétés en faveur d’une plus grande diversité linguistique, l’enseignement primaire et secondaire continuait d’être assuré uniquement en persan.

Les minorités ethniques étaient toujours représentées de manière disproportionnée parmi les personnes condamnées à mort pour des motifs flous comme l’« inimitié à l’égard de Dieu ». Les autorités exécutaient en secret les personnes déclarées coupables de telles charges et refusaient de rendre leur corps à leur famille ; cela a notamment été le cas pour quatre hommes arabes ahwazis en mars et un homme kurde, Heidar Ghorbani, en décembre. Au moins 20 hommes kurdes étaient toujours sous le coup d’une condamnation à mort pour de telles charges à la fin de l’année.

Les autorités ont refusé de mettre un terme aux nombreux homicides illégaux de porteurs de marchandises kurdes (kulbars) et de transporteurs de carburant baloutches (soukhtbars) non armés, les premiers entre le Kurdistan iranien et le Kurdistan irakien, et les seconds dans la province du Sistan-et-Baloutchistan. Elles n’ont pas non plus amené les responsables présumés de ces actes à rendre des comptes.

Plus de 200 Kurdes, dont des dissident·e·s et des militant·e·s de la société civile, ont été arrêtés arbitrairement en deux vagues, l’une en janvier et l’autre en juillet-août. La plupart de ces personnes, victimes d’une disparition forcée ou détenues au secret, ont été libérées au bout de plusieurs semaines, voire plusieurs mois, tandis que certaines se trouvaient toujours en détention et d’autres avaient été condamnées à des peines d’emprisonnement.

Les minorités religieuses

Les minorités religieuses, parmi lesquelles les baha’is, les chrétiens, les derviches gonabadis, les juifs, les yarsans (ou Gens de la vérité) et les musulmans sunnites, étaient victimes de discrimination en droit et dans la pratique, notamment en matière d’éducation, d’emploi, d’adoption et d’accès aux fonctions politiques et aux lieux de culte ; leurs membres subissaient des détentions arbitraires, des actes de torture et d’autres mauvais traitements lorsqu’ils professaient ou pratiquaient leur foi.

Les personnes dont les parents étaient considérés comme musulmans par les autorités risquaient, quant à elles, d’être détenues arbitrairement, torturées ou condamnées à mort pour « apostasie » si elles choisissaient une autre religion ou l’athéisme.

Les membres de la minorité baha’ie étaient victimes de violations systématiques et généralisées de leurs droits. Ils subissaient notamment des placements en détention arbitraire, des actes de torture et d’autres mauvais traitements, des disparitions forcées, des fermetures d’entreprises, des confiscations de biens, des démolitions de logements, des destructions de cimetières et des discours de haine émanant de représentant·e·s des autorités et de médias d’État, et n’avaient pas le droit d’entreprendre des études supérieures. En avril, les autorités ont empêché des Baha’i·e·s d’inhumer des proches sur des parcelles vides dans un cimetière situé à proximité de Téhéran, les obligeant à enterrer ces personnes entre les tombes existantes ou, non loin de là, dans la fosse commune de Khavaran, où avaient été ensevelies des victimes des massacres perpétrés en 1988 dans les prisons. Face au tollé que cette affaire a soulevé dans l’opinion publique, les autorités ont finalement levé l’interdiction. En juin, les forces de sécurité ont démoli une cinquantaine de logements de familles baha’ies dans le village d’Ivel (province du Mazandéran) dans le cadre d’un projet conçu de longue date visant à leur faire quitter la région.

En janvier, le Parlement a encore porté atteinte au droit à la liberté de religion et de conviction en ajoutant au Code pénal deux nouveaux articles qui prévoyaient jusqu’à cinq ans d’emprisonnement ou une amende pour « outrage aux ethnies de l’Iran, aux religions divines ou aux dénominations islamiques » et pour participation à une « activité pédagogique ou prosélyte déviante en contradiction avec […] l’islam ». En juillet, trois hommes convertis au christianisme ont ainsi été condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement.

Plusieurs derviches gonabadis étaient toujours emprisonnés injustement, notamment dans le cadre d’une affaire en lien avec une manifestation pacifique que les autorités avaient violemment réprimée en 2018. L’un d’eux, Behnam Mahjoubi, est mort en détention le 21 février, après plusieurs mois de torture et d’autres mauvais traitements, dont la privation délibérée de soins médicaux adaptés.

Les autorités ont continué de traquer les églises clandestines.

Droit à la santé

Face à la pandémie de COVID-19, les autorités ont manqué de transparence et ne se sont pas efforcées de remédier aux pénuries de vaccins, de lits d’hôpital, d’oxygène ni de personnel infirmier.

L’Iran a lancé sa campagne de vaccination en février, mais le guide suprême ayant décidé, en janvier, d’interdire les vaccins produits au Royaume-Uni et aux États-Unis, moins de 6 % de la population avait été vaccinée en août. L’interdiction a été levée en août et plus de 80 % de la population avait reçu une première dose à la fin de l’année.

Les autorités n’ont pas établi de stratégie nationale pour garantir aux milliers d’Afghan·e·s sans papiers un accès rapide et équitable aux vaccins anti-COVID-19. En octobre, dans certaines provinces, les responsables locaux ont créé des centres de vaccination spécialement pour ce groupe.

Dans certaines villes, des équipes mobiles de vaccination ont été déployées dans des quartiers informels et des zones où vivaient des personnes sans abri, mais la couverture vaccinale demeurait inégale au niveau national.

La vaccination des personnes détenues n’a débuté qu’en août.

Six personnes ont été arrêtées arbitrairement en août et jugées sur la base de charges fallacieuses relatives à la sécurité nationale en octobre, uniquement parce qu’elles s’étaient réunies pour réfléchir à une éventuelle action en justice à l’encontre des autorités, qui ne garantissaient pas l’accès aux vaccins anti-COVID-19.

Peine de mort

Des condamnations à mort ont été prononcées à l’issue de procès iniques, parfois pour des infractions qui n’appartenaient pas à la catégorie des « crimes les plus graves », comme le trafic de stupéfiants et la corruption financière, et pour des actes qui n’étaient pas reconnus comme des infractions dans le droit international. La peine de mort était un instrument qui servait à réprimer les manifestant·e·s, les dissident·e·s et les minorités ethniques.

À Arak, Yousef Mehrdad et Saadollah Fazeli ont été condamnés à mort pour « outrage au prophète ».

Sajad Sanjari, arrêté à l’âge de 15 ans, et Arman Abdolali, arrêté à l’âge de 17 ans, ont été exécutés en août et en novembre, respectivement. Plus de 80 personnes étaient toujours sous le coup d’une condamnation à mort pour des infractions commises alors qu’elles étaient mineures.

Impunité

Les autorités ont continué de cacher le nombre de personnes tuées lors des manifestations de novembre 2019, rejeté les plaintes des familles de victimes et salué l’action répressive des forces de sécurité. Tout au long de l’année, les forces de sécurité ont dispersé des rassemblements pacifiques de proches réclamant justice, qu’elles ont roués de coups et détenus temporairement. Manouchehr Bakhtiari, le père d’un manifestant tué, a été arrêté en avril et condamné à une peine d’emprisonnement en juillet pour avoir dénoncé l’impunité.

Le procès d’Hamid Nouri, arrêté en Suède pour sa participation présumée aux massacres de 1988 dans les prisons, s’est ouvert en août en vertu du principe de la compétence universelle. Dans le droit fil de ses pratiques habituelles consistant à nier ou déformer les faits, le ministère iranien des Affaires étrangères a décrit ce procès comme un « complot » fomenté par des « terroristes » qui s’appuyaient sur « de faux documents et de faux témoins ».

Les autorités ont continué à dissimuler la vérité au sujet du vol 752, abattu en janvier 2020 par les pasdaran (gardiens de la révolution), et ont harcelé, détenu arbitrairement et soumis à des actes de torture ou à d’autres mauvais traitements des proches des 176 victimes, qui tentaient simplement d’obtenir justice. En novembre, le procès de 10 subalternes de l’armée s’est ouvert à huis clos devant un tribunal militaire de Téhéran, tandis que les proches des victimes dénonçaient l’impunité dont jouissaient les militaires et les fonctionnaires occupant les plus hauts postes.

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Actualités

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Communiqué de presse

Iran. Des détenu·e·s malades qu’on abandonne, sur fond d’impunité pour les dénis meurtriers d’accès aux soins

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  • L’État et les cultes en France – Dossier sur la laïcité et la loi de 1905 - Publié le 3 avril 2019 –DocumentVie-publique.fr’
    ’La France est une République laïque’ selon l’article 1er de la Constitution de 1958. En 2004, le Conseil constitutionnel a précisé que ces dispositions ’interdisent à quiconque de se prévaloir de ses croyances religieuses pour s’affranchir des règles communes régissant les relations entre collectivités publiques et particuliers’.

Sommaire :

•La laïcité en France telle que définie par la loi de 1905

•Histoire et actualités de la laïcité

•Comparaisons internationales

•La laïcité dans les discours publics

La laïcité en France telle que définie par la loi de 1905

Fiche thématique

Article

L’essentiel de la loi du 9 décembre 1905 de séparation des Églises et...

19/02/2021

Eclairage

Article

Le régime de séparation, principe des relations entre l’État et les...

26/06/2019

Eclairage

Article

L’État, garant de la liberté religieuse

26/06/2019

Fiche thématique

Article

Qu’est-ce que la liberté religieuse ?

25/03/2021

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Article

L’administration et les cultes

27/06/2019

Eclairage

Article

Les exceptions au droit des cultes issu de la loi de 1905

27/06/2019

Histoire et actualités de la laïcité

Fiche thématique

Article

Quelle est la définition de la laïcité ?

19/02/2021

Parole d’expert

Article

L’État et la laïcité

26/09/2018

Eclairage

Article

La laïcité en France depuis la Révolution : chronologie

24/07/2017

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Laïcité, crèches de Noël, burkini : deux décisions du Conseil d’État

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En bref

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26/03/2019

Quiz

Quiz

Quiz. Testez vos connaissances sur la laïcité

03/07/2019

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La Journée de la laïcité

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Comparaisons internationales

Parole d’expert

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La laïcité en France et aux États-Unis : perspectives historiques et...

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Modèle français ou américain : les conceptions de la laïcité...

01/07/2019

La laïcité dans les discours publics

Discours dans l’actualité

Article

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Discours dans l’actualité

Article

Les discours des présidents de la République et le concept de la...

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  • Qu’est-ce que la liberté religieuse ? Document ‘vie-publique.fr’ - Dernière modification : 25 mars 2021
    Le principe de liberté religieuse apparaît avec la Révolution et il est reconnu par la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État. Il est encadré dans l’espace public.

Quel est le contenu de la liberté religieuse ?

La liberté religieuse a été établie par :

  • la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 (art. 10),
  • par la Convention européenne européenne des droits de l’homme de 1950 (art. 9)
  • par la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne de 2000 (art. 10).
    La liberté de religion inclut la liberté de croyance, la liberté de culte, la liberté de ne pas avoir de religion, le libre exercice de sa religion. Elle suppose que chacun puisse exprimer, pratiquer, abandonner sa religion ou ne pas avoir de religion. Cette liberté est garantie par les pouvoirs publics dans les limites du respect de l’ordre public.

Les aumôneries sont une traduction concrète de l’obligation pour l’État de garantir la liberté religieuse. L’État doit permettre à chacun de pratiquer son culte en assistant aux cérémonies ou en suivant l’enseignement propre à sa croyance. Si un croyant est retenu dans un établissement géré par l’État, il doit pouvoir pratiquer son culte au sein de cet établissement. C’est pourquoi la loi de 1905 prévoit la mise en place d’aumôneries dans les hôpitaux, les prisons et les lycées, c’est-à-dire dans des lieux qui possèdent un internat qu’on ne peut pas quitter.

L’article 9 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme protège également la liberté de religion ainsi que le libre exercice de celle-ci. La Cour européenne des droits de l’homme peut sanctionner les atteintes injustifiées à ces libertés.

La religion de chacun, en principe, ne concerne pas l’État et constitue une affaire privée. La loi du 9 décembre 1905(nouvelle fenêtre) a institué la séparation des Églises et de l’État, c’est-à-dire le régime de laïcité de l’État. Elle dispose que la République assure la liberté de conscience des citoyens et ne ’reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte’.

Eclairage L’État, garant de la liberté religieuse

Le principe de la liberté de religion encadré dans l’espace public

Si le choix religieux, d’ordre privé, déborde sur l’espace public, il peut alors concerner l’État. Ainsi, à partir de 1989, les affaires relatives au ’foulard islamique’ ont posé la question du port, par des élèves, de signes d’appartenance religieuse. Dans un premier temps, les avis rendus par le Conseil d’État ont été très nuancés et prônaient des solutions au cas par cas (avis des 27 novembre 1989 et 2 novembre 1992). Puis la loi du 15 mars 2004(nouvelle fenêtre) ’encadrant le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics’ a tranché la question. Depuis lors, le port de ces signes et tenues dans un de ces établissements scolaires est strictement interdit.

Par ailleurs, la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public, appliquée à partir du 11 avril 2011, proscrit de fait le port du voile intégral (niqab) dans l’espace public.

https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/styles/teaser_inside_link/public/dossier/%C3%A9glise%20r%C3%A9publicaine_31857490_Drupal.jpg?itok=XUHxqScw

Source : https://www.vie-publique.fr/fiches/23873-quest-ce-que-la-liberte-religieuse

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  • Minorités religieuses à travers le monde : exister malgré tout – Documents provenant de l’émission ‘Cultures Monde’ du lundi au vendredi de 11h à 11h55 sur France Culture
    Une série sur la situation spécifique des minorités religieuses à travers le monde. Chassés, exilés ou en résistance, retour sur les rapports de force que peut véhiculer l’appartenance à une religion. Comment leur sort appelle-t-il à la mobilisation internationale sur des conflits internes ?

Épisode 1/4 : De Ninive à Maaloula : les chrétiens chassés d’Orient

Le Pape se rendra en Irak, du 5 au 8 mars, pour y rencontrer les autorités religieuses locales, ainsi que les chefs de gouvernement. Un voyage espéré depuis longtemps par les populations chrétiennes persécutées. Le dialogue interreligieux souhaité par le Pape pourra-t-il améliorer leur situation ? -Lundi 1er mars 2021 58 minutes – Voir dans ce dossier

Épisode 2/4 : Du Xinjiang au Tibet : musulmans et bouddhistes face à la sinisation  ; mardi 2 mars 2021 58 minutes

Un million de Ouïgours seraient internés dans des camps de rééducation chinois, les témoignages des rescapés sont insoutenables. La volonté de contrôle chinois sur le Xinjiang n’a cessé de s’intensifier, rappelant la sinisation du Tibet. Que reste-t-il de la culture ouïgoure dans le Xinjiang ? – Source

Épisode 3/4 : De Bruxelles à Stockholm : les évangéliques réveillent l’Europe

Le mouvement évangélique est l’une des religions les plus dynamiques au monde, il n’en reste pas moins minoritaire. Valeurs conservatrices, dérives sectaires, le mouvement, parfois incompris, est source de tension avec les pouvoirs publics. Comment cette religion trouve-t-elle sa place en Europe ? Mercredi 3 mars 2021 58 minutes – Source

Épisode 4/4 : De Buenos Aires à Rio : les communautés juives rattrapées par l’antisémitisme

Un fiasco judiciaire qui dure depuis le 18 juillet 1994 et l’attaque à la voiture piégée contre l’Association mutuelle israélite argentine (AMIA). Dans quelle mesure l’échec de l’enquête, et l’attaque elle-même, résultent-ils de la persistance d’un antisémitisme hérité de la dictature ? Jeudi 4 mars 2021 - 58 minutes. Source

À propos de la série

Une série sur la situation spécifique des minorités religieuses à travers le monde. Chassés, exilés ou en résistance, retour sur les rapports de force que peut véhiculer l’appartenance à une religion. Comment leur sort appelle-t-il à la mobilisation internationale sur des conflits internes ?

Une série sur la situation spécifique des minorités religieuses à travers le monde. Chassés, exilés ou en résistance, retour sur les rapports de force que peut véhiculer l’appartenance à une religion. Comment leur sort appelle-t-il à la mobilisation internationale sur des conflits internes ?

Les enjeux contemporains selon les pays et les régions du monde. Accueil France Culture Podcasts

Source : https://www.radiofrance.fr/emissions/series/minorites-religieuses-exister-malgre-tout-1

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    Croyances - Ces minorités religieuses improbables - Publié le 22 avril 2022 à 20:49 Modifié le 23 avril 2022 à 08:03 - Une série proposée par Mehmet Gultas - Adaptation web : Antoine Schaub – Par Slimane Zeghidour
    Imaginerait-on des protestants en Espagne, des juifs en Irak, des musulmans au Japon, des catholiques dans la péninsule arabique ou encore des bouddhistes en Israël ? L’émission Forum est partie à la rencontre de minorités religieuses dont on ne soupçonnerait pas l’existence.

Événements clés – Contenu :

Des protestants en Espagne Une minorité qui souffre de méconnaissance

Être juif en Irak Vivre sa foi en cachette pour vivre normalement

Les musulmans du Japon Une présence discrète et peu connue

Des catholiques dans la péninsule arabique Principalement de travailleurs immigrés

Le bouddhisme en Israël Une petite communauté oeuvrant pour la paix

Des protestants en Espagne - Une minorité qui souffre de méconnaissance

C’est une minorité à peine visible, qu’on évoque peu dans une Espagne où le catholicisme domine. Le protestantisme a pourtant un double visage : c’est la seconde confession après le catholicisme si l’on se base sur le nombre de lieux de culte.

Elle concerne 2% de la population. Entrés par Gibraltar au 16ème siècle, les évangéliques se sont réellement implantés au XIXe siècle en Espagne. Si les protestants n’ont aucun problème pour exercer leur foi en Espagne, certaines inégalités demeurent.

’Le cadre juridique repose en Espagne sur une inégalité : l’existence d’une relation privilégiée avec l’Eglise catholique’, explique dans Forum Carolina Bueno, secrétaire exécutive de la Fédération des entités religieuses évangéliques d’Espagne.

’Situations incompréhensibles’

Carolina Bueno continue : ’Cela entraîne donc des inégalités pour la liberté religieuse des citoyens, et entre en contradiction avec le droit à l’égalité et à la liberté inscrit dans la Constitution. Ces inégalités, sans justification, entraînent des situations incompréhensibles.’

Les inégalités pour la liberté religieuse des citoyens entrent en contradiction avec la Constitution

Carolina Bueno, secrétaire exécutive de la Fédération des entités religieuses évangéliques d’Espagne

Il est par exemple impossible de cocher la case sur la déclaration des impôts pour financer des œuvres sociales de l’Eglise protestante. Cette case n’est réservée que pour l’Eglise catholique.

Carolina Bueno évoque aussi la cotisation sociale des pasteurs. Entrée en vigueur en 1977 pour les catholiques, il faudra attendre 1999 pour que les protestants y aient droit. Mais aucune rétroactivité n’a pu être admise malgré une condamnation de la Cour européenne des droits de l’homme.

Discriminés sous le franquisme

Face à une telle discrimination, les protestants sont en colère et se sentent blessés. Cette réalité est d’autant plus difficile pour eux que cette confession a déjà énormément souffert durant le franquisme. Les protestants étaient considérés comme suspects, traités de ’judéo-francs- maçons et de communistes ’.

Au-delà des discriminations actuelles, Carolina Bueno évoque surtout une méconnaissance : ’Ce qui me surprend, c’est que nous sommes une minorité très méconnue. Et à tous les niveaux. Par les Espagnols en général. Notre histoire, notre foi, reste peu connue. Nous ne parvenons même pas à ce que les médias nous désignent correctement, ils nous appellent les évangélistes !’

>> Le reportage de Forum sur les protestants en Espagne :

Des minorités religieuses improbables - Des protestants en Espagne [RTS]

Des minorités religieuses improbables - Des protestants en Espagne / Forum / 10 min. / le 18 avril 2022

Être juif en Irak - Vivre sa foi en cachette pour vivre normalement

Plus de sept décennies après leur exode massif d’Irak, les juifs irakiens ne sont plus qu’une infime poignée. Pourtant, les racines juives remontent à 2600 ans. Le Talmud de Babylone a été écrit sur la terre du patriarche Abraham, à Ur, au sud de l’Irak.

Sous domination ottomane, 40% de la population irakienne était juive. A la création de l’Etat d’Israël en 1948, l’Irak comptait 150’000 juifs. S’en suit une chute démographique brutale. Entre 1950 et 1951, 120’000 juifs irakiens quittent l’Irak, la plupart vers l’Etat hébreu, lors d’une opération appelée Tasquit al Jinsiya, littéralement ’déchéance de la nationalité’, la condition pré-requise pour un départ sans retour.

’Ne pas révéler qui tu es’

Parmi cette communauté juive en Irak, il y a Michel, la quarantaine. Contrairement à ses parents et frères et sœurs, émigrés aux Etats-Unis, il est resté vivre au centre de Bagdad. Il livre dans Forum un témoignage rare : ’D’un point de vue idéologique, je n’ai jamais pu trouver une ouverture qui me permette d’être moi-même.’

J’ai eu des rapports plutôt normaux avec les gens du fait qu’ils ne savaient pas que j’étais juif

Michel, un juif d’une quarantaine d’années vivant en Irak

’Malgré cela, j’ai vécu une enfance normale tout en gardant cachés mes antécédents théologiques. J’ai eu des rapports plutôt normaux avec les gens du fait qu’ils ne savaient pas que j’étais juif. Si tu n’as pas l’intention de révéler qui tu es, tu seras cet anonyme qui vit dans cette maison particulière et qui n’entretient aucune relation avec qui que ce soit. Voilà comment ça se passe.’

Garder son identité

Pourtant, Michel n’a pas la moindre intention d’abandonner la terre qui l’a vu naître. ’Même si tu ne peux pas pratiquer dans cet endroit ce à quoi tu crois, c’est là que j’ai construit tout ce que je possède aujourd’hui. Je suppose que c’est bien cela qu’on appelle une maison.’

’Ce dont je rêve depuis toujours, c’est vivre dans ce pays tout en gardant ma propre identité. Je suis fatigué de prétendre être celui que je ne suis pas. Je souhaite que dans ce pays puissent coexister différentes religions, différentes confessions et que soient inclus une fois de plus les juifs’, conclut-il.

>> Le sujet de Forum sur la communauté juive en Irak :

Des minorités religieuses improbables - Des juifs en Irak [RTS]

Des minorités religieuses improbables - Des juifs en Irak / Forum / 10 min. / le 19 avril 2022

Les musulmans du Japon - Une présence discrète et peu connue

Le Japon est un pays où de multiples croyances se côtoient, mais où la pratique religieuse est généralement assez peu exprimée. Les Japonais sont en majorité bouddhistes et shintoïstes, certains sont chrétiens. Depuis quelques décennies, on compte aussi des Japonais musulmans.

Les musulmans au Japon forment une petite minorité discrète qui représente environ 0,5% de la population de l’archipel, selon les estimations (il n’y a pas de statistiques officielles). Alors qu’ils n’étaient que quelques centaines à l’aube des années 1950, leur nombre a augmenté avec une plus grande ouverture à l’immigration. Mais les musulmans de nationalités japonaises, eux, sont encore plus rares.

Flexibilité en entreprise

Les musulmans du Japon peuvent vivre leur foi sans trop de diffcultés. L’archipel compte une centaine de mosquées. Elles sont assez peu visibles dans le paysage et servent davantage à remplir les attentes des musulmans étrangers que des Japonais convertis. Concernant la vie en entreprise, ils sont assez libres.

’Au départ, je pensais qu’être musulman au Japon rendait la vie dure, mais avec l’expérience je me rends compte que le seul frein concerne la communication avec son entourage professionnel. Comment bien expliquer à son patron, à son supérieur, les besoins qu’entraîne cette religion ? Pour les prières, par exemple, on peut la faire pendant l’heure du repas de midi ou les autres pauses de la journée’, explique dans Forum Abu Hakeem Maeno, imam et responsable de l’Association des musulmans du Japon.

Méconnaissance ou méfiance

Les Japonais ne sont pas beaucoup confrontés au quotidien à la présence musulmane, qui ne suscite pas vraiment de débats dans le pays. Toutefois, lorsqu’on discute avec des Japonais, il est difficile de ne pas percevoir une crainte envers l’islam en raison des attentats islamistes dont ils ont connaissance par les médias. Pour eux, il y a une suspicion accentuée par une méconnaissance.

Les valeurs que le Japon considère traditionnellement comme bonnes sont les mêmes que celles qu’on retrouve dans l’islam

Abu Hakeem Maeno, imam et responsable de l’Association des musulmans du Japon

’Pour de nombreux Japonais, l’islam et les musulmans sont un terrain totalement méconnu, ou bien, à cause des médias, une religion dangereuse. J’ai l’impression que la vision est divisée entre ces deux extrêmes. Mais devenir musulman, ce n’est pas devenir étranger à la société japonaise. Au contraire, les valeurs que le Japon considère traditionnellement comme bonnes sont les mêmes que celles qu’on retrouve dans l’islam : l’importance de la famille, l’ardeur au travail’, conclut Abu Hakeem Maeno.

>> Les précisions du Forum sur la présence musulmane au Japon :

Des minorités religieuses improbables (3-5) - Des musulmans au Japon [RTS]

Des minorités religieuses improbables (3/5) - Des musulmans au Japon / Forum / 10 min. / le 20 avril 2022

Des catholiques dans la péninsule arabique - Principalement de travailleurs immigrés

Au Koweït, la population chrétienne compose entre 15 et 20% des 4 millions d’habitants du pays. Cette communauté peut se diviser en deux catégories. D’une part, il y a les travailleurs immigrés originaires des Philippines ou d’Inde. Ils représentent la grande majorité des chrétiens au Koweït.

D’autre part, de façon un peu plus surprenante, il y a aussi une infime partie de chrétiens koweitiens. S’il est difficile de les chiffrer avec précision, plusieurs sources estiment qu’ils seraient environ entre 200 et 400 répartis entre les différentes branches du christianisme. Pour la plupart, ils sont descendants d’immigrés chrétiens originaires de Palestine, de Turquie ou encore d’Irak. Leur famille s’est généralement installée dans cet ancien protectorat britannique bien avant l’indépendance du pays, obtenue en 1961.

’Aucune intolérance’

’Lorsque je m’entretiens avec des Koweitiens ou des non-Koweitiens d’ailleurs, je ne ressens aucune intolérance. Au contraire. Généralement, quand mes interlocuteurs savent que je suis un Koweitien chrétien, ils me respectent davantage. Même si au départ, c’est toujours un peu surprenant pour eux, car nous ne sommes qu’une poignée’, a témoigné Nader Barakat Salman au micro de Forum.

Généralement, quand mes interlocuteurs savent que je suis un Koweitien chrétien, ils me respectent davantage

Nader Barakat Salman, un Kowitien et chrétien

Cette communauté ultra-minoritaire peut pratiquer librement sa foi. La constitution du Koweït garantit la liberté de croyance et la liberté de culte. À condition, précise l’article 35, ’qu’elles ne s’opposent pas à l’ordre public et aux bonnes mœurs’, dans ce pays où l’islam est la religion d’Etat. Le prosélytisme est par exemple interdit.

Instrument de promotion internationale

Il y a des chrétiens dans tous les pays du Golfe, mais ce sont généralement des travailleurs immigrés. Avec Bahreïn, le Koweït est le seul pays de cette région à avoir une population locale chrétienne qui détient la citoyenneté.

Aux Émirats arabes unis, les chrétiens pratiquent aussi librement leur foi dans le respect des lois locales. Dans ce pays, la tolérance religieuse – pas simplement pour les chrétiens - est même devenue un instrument pour promouvoir le pays à l’échelle internationale. Le but est d’attirer les travailleurs étrangers, mais aussi les investisseurs et les touristes.

Il y a aussi des églises officielles - reconnues par les autorités - au Qatar et à Oman. Ce n’est pas le cas en revanche en Arabie saoudite. On observe tout de même une légère ouverture ces dernières années depuis l’ascension du prince héritier Mohamed ben Salman. Des décorations de Noël ont par exemple été aperçues dans certains magasins l’année dernière.

>> Le sujet de Forum sur les catholiques dans la péninsule arabique :

Des minorités religieuses improbables (4-5) - Des catholiques dans la péninsule arabique [RTS]

Des minorités religieuses improbables (4/5) - Des catholiques dans la péninsule arabique / Forum / 9 min. / le 21 avril 2022

Le bouddhisme en Israël - Une petite communauté oeuvrant pour la paix

La religion dominante en Israël est le judaïsme, dont se réclame les trois quarts de la population, même si les niveaux de pratique sont très disparates. Il y a aussi 20% de musulmans et de petites communautés chrétiennes. Les bouddhistes, eux, seraient entre 30’000 et 40’000 à vivre dans l’Etat hébreu.

Un bouddhiste israélien très célèbre est l’historien Yuval Noah Harari, auteur de Sapiens, vendu à plusieurs millions d’exemplaires à travers le monde. Mais globalement, la communauté bouddhiste est plutôt discrète en Israël.

’Nous sommes presque invisibles’

’Nous ne sommes pas vraiment une minorité, nous sommes presque invisibles. Mais nous compensons ! Nous sommes psychologues, enseignants, nous agissons dans la société. C’est pour cela que je ne me sens pas en minorité. Nous ne voulons pas être une quatrième religion’, explique dans Forum Stephen Fulder, fondateur d’un village au nord d’Israël où vivent des bouddhistes.

Il continue : ’Si quelqu’un me demande quelle est ma religion, je lui répondrais : ’ma religion ethniquement, celle de mon ADN, c’est le judaïsme. Ma religion dans la pratique, c’est le bouddhisme.’

Ma religion ethniquement, celle de mon ADN, c’est le judaïsme. Ma religion dans la pratique, c’est le bouddhisme

Stephen Fulder, fondateur d’un village au nord d’Israël où vivent des bouddhistes

Stephen Fulder concilie d’autant mieux ces deux identités - juive et bouddhiste - qu’il a découvert beaucoup de concepts communs entre les deux religions. Il prend comme exemple la pratique du shabbat, l’un des fondements du judaïsme.

’Dieu a fait le monde en six jours et il s’est reposé. Le 7ème jour, vous devez vous rappeler que vous ne devez pas réparer le monde car le monde est fait, Dieu l’a terminé. C’est donc un jour de non-action, de repos, il faut cesser de courir sans arrêt pour essayer de contrôler les choses ou de les réparer. Cela est très présent dans la Bible et cela correspond également au bouddhisme.’

Rapprocher Israéliens et Palestiniens

La communauté bouddhiste s’engage également dans le conflit israélo-palestinien. Prônant la non-violence, elle s’engage pour la paix en tentant de rapprocher les deux peuples. ’J’ai fondé une organisation qui s’appelle ’la voie du milieu’. La voie du milieu entre les extrêmes et aussi entre les ennemis’, détaille Stephen Fulder.

Nous avons amené les Juifs et les Arabes à se rencontrer. Cela est l’essence de l’enseignement de Bouddha

Stephen Fulder

’Nous sommes allés de très nombreuses fois dans les territoires palestiniens où personne n’allait. Aucun Juif n’irait là-bas, en Cisjordanie. Nous avons organisé des ateliers pour la paix avec des Palestiniens. Nous avons amené les Juifs et les Arabes à se rencontrer. Cela est l’essence de l’enseignement de Bouddha dans la vie.’

Outre les bouddhistes, il existe d’autres micro-minorités religieuses en Israël : les Bahaïs, une religion originaire d’Iran qui compte des lieux saints dans le pays, les Samaritains, qui vivent entre Naplouse et la banlieue de Tel-Aviv, ou encore les Circassiens, qui vivent en Galilée. Mais il s’agit là de toutes petites communautés de quelques centaines de personnes seulement.

>> Le reportage de Forum sur la communauté bouddhiste en Israël :

Des minorités religieuses improbables (5-5) - des bouddhistes en Israël [RTS]

Des minorités religieuses improbables (5/5) - des bouddhistes en Israël / Forum / 10 min. / le 22 avril 2022

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Source : https://www.rts.ch/info/monde/13030779-ces-minorites-religieuses-improbables.html

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    La France et les Chrétiens d’Orient, avec Alexis de la Ferrière – Dans le cadre d’une émission de France Culture ‘Chrétiens d’Orient’ - Épisode du dimanche 30 janvier 2022 par Sébastien de Courtois
    Illustration Voir tous les épisodes

Résumé :

Les « chrétiens d’Orient » dans l’imaginaire français, de l’invention d’un concept à un fait politique d’actualité. Avec Alexis Artaud de la Ferrière (Maître de conférences (Senior Lecturer) en sociologie à l’Université de Portsmouth, Royaume-Uni, chercheur associé au Groupe Sociétés Religions Laïcités (EPHE/CNRS)).

Sans être spécialiste des églises orientales selon lui, Alexis de la Ferrière considère que l’idée des chrétiens d’Orient dans l’imaginaire politique français est distincte des sociologies et des ecclésiologies qui définissent les groupes chrétiens au Proche-Orient et au Moyen-Orient. Il s’intéresse aux questions des chrétiens d’Orient comme un fait politique, en ce sens qu’il nous éclaire sur les recompositions politiques et sociétés qui s’opèrent actuellement en France.

L’étude de cette idée, telle qu’elle se manifeste dans les domaines de la politique et de la société civile, permet au sociologue d’aborder certaines tendances qui gagnent actuellement du terrain en France. Tendances politiques : le renouveau d’un conservatisme politique, le souhait d’affirmer une spécificité et une indépendance en relations internationales (...)

Lyon août 2016. Des pèlerins portent jusqu’à la basilique de Fourvière la statue de la vierge.

Photo - Lyon août 2016. Des pèlerins portent jusqu’à la basilique de Fourvière la statue de la vierge. © Getty - Robert Deyrail/Gamma-Rapho

’L’idée des chrétiens d’Orient offre aussi des ressources idéationnelles pour un mouvement conservateur qui doit répondre à l’importance croissante accordée aux minorités (dans le droit et dans les identités). La solidarité avec les chrétiens d’Orient est un acte (et aussi une performance) de solidarité avec une minorité opprimée – positionnement qui peut conférer une légitimité morale et que la gauche a souvent occupé (avec d’autres minorités) avec plus de succès que la droite.’

Les chrétiens d’Orient offrent aussi un modèle de christianisme ’sain’ qui attire du fait de sa supposée proximité avec le christianisme primitif et de sa distance avec la sécularisation occidentale. Le sort des chrétiens d’Orient et la pérennité de leur présence sur des terres associées aux récits bibliques en fait aussi un sujet de prédilection historique dans l’imaginaire politique français. Même si l’emploi de références plus précises aux communautés et aux Églises spécifiques au Proche-Orient est assez modeste, l’emploi du terme générique ’chrétiens d’Orient’ connait, lui, un véritable essor dans la presse nationale à partir des années 2000.’

Alexis Artaud de La Ferrière est maître de conférences en sociologie au Royal Holloway College, Université de Londres. Ses travaux portent sur la sociologie et l’histoire contemporaine du catholicisme, les relations entre les Eglises et l’Etat, et les questions de liberté religieuse.

Pour aller plus loin...

L’équipe - Sébastien de Courtois Production - Claire Poinsignon Collaboration François Caunac Réalisation

Accueil France Culture Podcasts Chrétiens d’Orient

France Culture - Par les temps qui courent : Leili Anvar : ’Pour les femmes afghanes, moderniser la poésie est une arme contre l’obscurantisme patriarcal’

Source : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/chretiens-d-orient/alexis-de-la-ferriere-et-les-chretiens-d-orient-8276855

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  • Le calvaire des chrétiens d’Orient - Églises interdites, menaces, attentats... l’intolérance à l’égard des chrétiens grandit-elle ? Tour d’horizon de leur situation dans dix pays – Publié le 06/01/2011 à 19h19 - Modifié le 07/01/2011 à 11h07 Document ‘lepoint.fr’
    Carte

Eglises

Églises - Il existe sept Églises d’Orient : copte (10,25 millions de fidèles, soit la quasi-totalité des chrétiens d’Égypte) ; arménienne (9,65 millions), présente en Arménie et au Liban ; maronite (3 millions, dont un tiers au Liban) ; melkite (2 millions de fidèles en Syrie, au Liban, en Jordanie, en Israël...) ; chaldéenne (1,95 million en Irak, en Syrie, en Iran) ; byzantine (1,9 million en Égypte, Palestine ou Israël) ; syriaque (1,5 million de membres au Liban et en Syrie). Source : ’Témoignage chrétien’, J. Anciberro. Chiffres hors protestants. © Le Point.fr

Maroc - La liberté de culte est garantie au Maroc, mais la loi contre le prosélytisme censée freiner la vague de conversions au protestantisme s’applique en fait à tous les chrétiens. Plus d’une centaine d’entre eux, jugés ’activistes’, ont été expulsés depuis le début 2010. Ceux qui violent le jeûne du ramadan sont harcelés, de même que les convertis. © © Joelle Vassort / Maxppp

Algérie - Des églises monumentales dans quelques grandes villes, comme Notre-Dame d’Afrique à Alger, n’empêchent pas le harcèlement contre les chrétiens, surtout les protestants. La loi contre le prosélytisme de 2006 a pour but de mettre fin aux conversions. Il est interdit de transporter des bibles et la célébration de cérémonies religieuses est réglementée. Ouvrir un lieu de culte est illicite et peut mener au refus de renouvellement du passeport algérien. © © Sipa

Égypte - Les coptes sont maintenus aux marges de la société. Ils ne peuvent accéder aux fonctions élevées et sont régulièrement ostracisés et montrés du doigt. En janvier 2010, six chrétiens sont massacrés à la sortie de la messe à Nag-Hammadi. Le 1er janvier 2011, un attentat fait 21 victimes à Alexandrie. © © Baltel / Sipa

Palestine  - À Bethléem, qui, par tradition, a un maire chrétien, la population est en majorité musulmane et il sera difficile à un chrétien d’acquérir un terrain. À Gaza, Rami Ayyad, gérant de l’unique librairie chrétienne et membre de l’Église baptiste, a été enlevé, torturé et assassiné. © Shiho Fukada / NYT / Redux / Réa

Pakistan - La loi anti-blasphème donne lieu à des persécutions contre les chrétiens pakistanais. Le 8 novembre 2010, Asia Bibi, 45 ans, a été condamnée à être pendue pour ce motif. Sept chrétiens ont été brûlés vifs pour les mêmes raisons en 2009. © © AFP

Turquie - Le pays est laïc, mais des religieux y sont régulièrement tués. En 2006, le père Andrea Santoro est assassiné dans son église. En 2007, un prêtre français et des religieuses travaillant dans une imprimerie éditant des bibles sont abattus. Les responsables sont excusés. © © Sipa

Liban et Syrie - État laïque, la Syrie protège ses minorités chrétiennes, qui représentent 5 à 10 % de la population. Au Liban, les chrétiens constituent un peu moins de la moitié des 4 millions d’habitants. Le système politique leur garantit une représentation paritaire dans les institutions, et les attentats religieux sont rarissimes. © © Bassem Tellawi/AP/Sipa

Irak - Après l’attentat contre la cathédrale syriaque de Bagdad qui a tué 46 fidèles le 31 octobre 2010, le harcèlement continue : menaces affichées sur les portes, attaques des maisons et bombes sous les voitures ont fait des dizaines de morts en 2010. Les chrétiens, qui subissent l’obligation du port du voile, sont poussés à l’exil. © © Gali Tibbon / AFP

Arabie saoudite - Le territoire du royaume est considéré par l’Arabie saoudite comme une grande mosquée. Toute autre pratique religieuse que l’islam est interdite et condamnée par la loi. Récemment, un prêtre et des fidèles philippins ont été arrêtés pour avoir célébré une messe dans un lieu privé. En 2007, le roi Abdallah a accepté de rencontrer le pape Benoît XVI (photo). © Galazka/Sipa

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Source : https://www.lepoint.fr/monde/le-calvaire-des-chretiens-d-orient-06-01-2011-1282925_24.php

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03 janvier 2011 - Mise à jour 14.09.2012 à 15:06 par Slimane Zeghidour

À la veille du Noël orthodoxe que fêtent les Chrétiens d’Orient, et quelques jours après l’attentat qui a tué vingt-trois Coptes d’Egypte qui célébraient une messe de la Saint Sylvestre à Alexandrie, nous vous proposons d’aller à la rencontre de communautés dont l’histoire se confond avec celle de l’Orient compliqué.

Une avant-garde de l’Orient

Icône de Saint Jean Damascène, père de l&#039 ;église grecque orthodoxe, à Damas, Syrie

Reproduction - Icône de Saint Jean Damascène, père de l’église grecque orthodoxe, à Damas, Syrie

Chrétiens d’Orient… Voilà une expression qui brouille plus qu’elle ne met en évidence son sujet. Elle désigne grosso modo tous les chrétiens non latins, catholiques ou orthodoxes du Proche-Orient, d’Arménie, de Turquie, d’Iran, et jusqu’aux minorités d’Inde, du Pakistan et d’Indonésie. En fait de chrétiens d’Orient, il s’agit de fidèles du Christ qui ont une identité historique, une nationalité et un pays. Irakiens, Syriens, Jordaniens, Israéliens, Palestiniens, Libanais ou Egyptiens, ce sont des chrétiens arabes de langue et de culture, vivant tant bien que mal parmi des concitoyens musulmans dont ils partagent l’histoire, le présent et le devenir. Combien sont-ils ? Quinze millions au Proche-Orient, dont plus d’un tiers dans la seule vallée du Nil ; entre 20 et 25 millions si l’on y inclut une diaspora dispersée de l’Australie au Chili, avec de fortes communautés en Argentine et au Brésil, Sao Paulo étant sans doute la plus grande ville arabe chrétienne du monde.

Qu’ils soient aujourd’hui la cible d’agressions aussi lâches que barbares - attentat sanglant à la voiture piégée contre une Eglise copte à Alexandrie, attaques de lieux de culte chrétiens à Bagdad ou Mossoul, menaces de mort d’Al Qaïda - ne doit pas occulter leur insertion dans le tissu national ni leur immense apport à la lutte pour l’indépendance et à l’essor du courant nationaliste arabe. La persistance du drame palestinien, l’occupation de l’Irak, l’impasse politique au Liban, le déclin des courants laïques, l’essor de l’intégrisme, y compris chez les chrétiens, la corruption des élites, l’incurie de l’Etat, tous aléas qui pèsent désormais d’un poids trop accablant sur leur quotidien en attisant une peur sourde du lendemain. Loin d’être un corps étranger aux sociétés arabes, ils en sont l’avant-garde et la caisse de résonance.

Répartition des chrétiens par pays, au Proche et au Moyen Orient : carte réalisée par Martine Bruneau

En savoir plus :

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Carte - Champ d’action de L’Œuvre d’Orient. Cette carte correspond en grande partie à la répartition des chrétiens d’Orient.

Les chrétiens d’Orient sont les chrétiens qui vivent au Proche-Orient et au Moyen-Orient. Ils représentent des minorités plus ou moins importantes en Irak, en Syrie, en Israël et au Liban (dont la communauté maronite), en Égypte (dont les communautés coptes), en Iran ou en Turquie, en Inde, au Pakistan.

Les chrétiens d’Orient ne forment pas un groupe homogène. Ils appartiennent à différentes confessions chrétiennes : les Églises antéchalcédoniennes (anciennement nommées « orthodoxes orientales »), l’Église orthodoxe, l’Église catholique et, plus rarement, diverses Églises protestantes.

Présents depuis les origines du christianisme, les chrétiens d’Orient ont été discriminés sous plusieurs régimes1, parfois exterminés1. À l’époque contemporaine, ils sont persécutés dans certains pays. Au début du XXe siècle, au Proche-Orient et au Moyen-Orient, un habitant sur quatre était chrétien ; ils sont aujourd’hui 11 millions parmi 320 millions de musulmans (soit un sur trente), partout minoritaires et contraints de chercher la protection des pouvoirs en place1.

Sommaire

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1 Depuis le 10 juin dernier (2014), l’histoire de la chrétienté d’Irak ne sera plus jamais comme avant.

2 À cette date, la ville de Mossoul a été envahie par des groupes djihadistes islamistes ultra radicaux. Et la situation s’est très nettement détériorée depuis le 17 juillet, quand ces djihadistes ont imposé à la population soit de se convertir à l’islam, en payant l’impôt de capitation dévolu aux infidèles, soit de quitter leur terre.

3 Dès lors, on a assisté à une répression implacable et à un exode sans précédent qui touche toutes les localités chrétiennes de cette province qui porte le nom de Ninive (Karakosh ou Bakhida, Telkeif, Tel Eskof, Alqosh, Bartellé, Karamlesh, Baachika, Bahzani…). On est désormais face à une catastrophe humanitaire. 120 000 personnes ont quitté, contraints, leurs foyers et vivent dans un état de dénuement au Kurdistan irakien, suivis de milliers de Yézidis, qui ont abandonné leur mont Sinjar.

4 Y-a-t-il risque d’extinction inexorable en tant que groupe ethnique et religieux, alors que leur histoire est partie intégrante et intrinsèque de cette terre de Mésopotamie ?

5 Est-ce un tournant historique, cette fois d’ordre civilisationnel, qui est en train de se jouer sous nos yeux ?

6 À ce sujet, beaucoup a été écrit, accompagné de plusieurs supputations.

7 Il est très regrettable de constater que le malheur a de nouveau frappé les chrétiens de la ville de Mossoul et de sa province, non épargné depuis 2004, dont le nom, à lui seul, revêt une résonance ô combien symbolique : Ninive (de son nom araméen Ninwé), qui fut la capitale de l’ancienne Assyrie et qui nous rappelle à la fois les splendeurs d’une civilisation, vieille de plus de 4 000 ans.

8 Je voudrais d’abord donner quelques caractéristiques d’ordre anthropologique de ce pays qui a plus de 5 000 ans d’histoire et de civilisation.

9 L’Irak c’est l’ancienne Mésopotamie, le pays situé entre les deux fleuves, le Tigre et l’Euphrate.

La Mésopotamie, terre de civilisation et de culture

10 Cette terre est un des centres majeurs de la civilisation et un des berceaux de la culture dans le monde. C’est le pays de Sumer, d’Akkad, de Babylone, de Ninive et d’Assyrie, d’Aram, d’Abraham, le Père du monothéisme, qui sortit d’« Ur en Chaldée ».

11 D’ailleurs, on a composé un grand nombre d’ouvrages, en une multitude de langues sur ce patrimoine et cet héritage.

12 C’est une terre sainte et de spiritualité pour toutes les religions et les croyances. La Bible y a ses racines. Le christianisme s’y est implanté dès le premier siècle. L’islam, sunnite comme chiite y trouve des fondements. En Irak, on a les hauts lieux du chiisme (Najaf, Karbala, Koufa). Les confréries musulmanes y ont connu un essor important. L’Irak est le pays du mystique El-Halladj, remis en honneur par l’islamologue Louis Massignon. C’est la terre du yézidisme. On y trouve leur sanctuaire principal, celui de Cheikh’Adi, à Lalech, non loin de Mossoul. L’Irak est aussi la terre de la première révolte des esclaves noirs (Zinj) à Bas sorah, dans le sud de l’Irak, au ixe siècle, sous les Abbassides.

13 En outre, c’est de cette Mésopotamie que sont partis les prédicateurs chiites et les missionnaires chrétiens répandre leurs messages respectifs sur le continent asiatique.

14 C’est un espace fertile qui a fécondé une grande diversité ethnique, culturelle, linguistique et religieuse. C’est sur cette terre inventive que se sont croisés le judaïsme, le christianisme, l’islam, les anciennes croyances mésopotamiennes, les Yézidis, les Chabaks, les Sabéens (Mandéens), les Kakaïs, les Turkmènes, les Noirs… les Arabes, les Kurdes, les Assyriens, les Chaldéens, les Syriaques, les Araméens…

15 Ces cultures et civilisations ont toujours coexisté et se sont compénétrées, y compris géographiquement, si bien qu’il est très difficile de les penser séparément. La plaine de Ninive en est un exemple riche et très révélateur qui illustre, à n’en pas douter, cette coexistence.

16 Aussi, peut-on dire que son histoire, si riche, qui a connu une expansion au-delà de ses frontières, appartient désormais à l’humanité.

17 Voyons maintenant, que recouvre le nom de Ninive ?

L’héritage de Ninive

18 Cette région s’appelait autrefois l’Assyrie, terre de culture, de divinités et de spiritualités, et d’un puissant pouvoir politique, dont on trouve trace dans les plus grands musées occidentaux, comme au Louvre par exemple, où sont conservés, entre autres, les Taureaux ailés qui protégeaient autrefois les palais des rois assyriens. Cette civilisation nous a légué notamment la riche Bibliothèque du roi assyrien Assurbanipal (668-627 av. J.-C.), des écrits cosmogoniques sur l’origine de l’Univers, des récits de la Création, comme Enuma Elish (Lorsqu’en haut), et une très riche littérature religieuse.

19 Ninive est aussi un centre qui accueillit le message chrétien dès l’origine, à l’époque des Apôtres, sept siècles avant l’islam.

20 Cette ville de Mossoul (veut dire trait d’union en arabe), au nord de l’Irak, sur la rive droite du Tigre, qui se situe au carrefour des routes commerciales entre la Syrie et la Perse et l’Asie centrale, fut conquise et construite par les Arabes musulmans en 641, en face de Ninive, laquelle avait été impitoyablement détruite par les Perses Mèdes en 612 av. J.-C., longuement évoquée dans la Bible.

21 Ninive et l’Assyrie, Babylone et la Chaldée sont parmi les foyers de la civilisation humaine. Tout au long de son parcours historique, ce pays contribua puissamment à la création, à l’avancement et au progrès de la connaissance, de l’organisation humaine, tant en matière religieuse, philosophique, scientifique, politique qu’administrative (Épopée de Gilgamesh, Code de Hammurabi, etc.). L’historien américain, l’assyriologue Samuel Noah Kramer n’écrit-il pas : « L’histoire commence à Sumer »

22 La religion mésopotamienne joua un rôle dans la proclamation du Dieu suprême, idée présente dans les croyances des anciens Ninivites (habitants de Ninive).

23 Voici un bref extrait de sagesse assyrienne, rédigé mille ans av. J.-C., dont la teneur nous rappelle le christianisme :

24 - « Je me suis tourné vers toi mon Dieu, je suis venu en ta présence ; Je t’ai cherché mon Dieu, je me suis agenouillé à tes pieds ; accueille mon imploration…
Nombreux sont les gens en foule,
L’opprimé, l’opprimée ; le sang-pouvoir, le sans-pouvoir
Qui vous suivent sans cesse chaque jour.
… Ne dis pas de mal des autres, mais chante leurs louanges !
Ne parle pas trop, mets un frein à ta langue.
Sois donc calme, sache te maîtriser ! »

25 Cette Ninive est évoquée dans la Bible, pour le bien comme pour le pire. Parfois, les malédictions sont curieuses et étonnantes comme celles proférées par Nahum.

26 Mais il n’y a pas que des anathèmes.

Le Jeûne des Ninivites

27 C’est le pays par excellence du jeûne des Ninivites (Ba’outa d’Ninwayé), salué par Jésus, durant lequel les chrétiens d’Irak font pénitence annuellement trois jours, du lundi au jeudi de la troisième semaine avant le grand Carême. En effet, l’Évangile de saint Matthieu (12, 39-42) rapporte cette scène de Jésus citant les gens de Ninive en modèle, car ils ont fait pénitence en jeûnant trois jours, à l’appel de Jonas. Ce jeûne de repentance que l’on appelle Supplications ou Rogations des Ninivites, continue à être fidèlement pratiqué chaque année depuis 2 500 ans ! Il revêt toute sa valeur, particulièrement en ces jours de souffrance, où les Églises ont appelé à un nouveau jeûne.

Expliquons-nous

28 Dans l’Ancien Testament, il est fait mention de l’envoi par Dieu du prophète Jonas (Yonan en araméen) auprès des habitants de Ninive, afin qu’ils se repentent de leur mode de vie, qui ne convenait pas à Dieu, sous peine de châtiment divin. Le livre de Jonas exprime une espérance de salut pour les Ninivites. Et en lisant Jonas, on découvre que la ville de Ninive était « extraordinairement grande » et qu’il fallait trois jours pour la traverser, où il y avait « plus de 120 000 êtres humains qui ne savent pas distinguer leur main droite de leur main gauche, et une foule innombrable d’animaux » (Jonas 4, 11).

29 Obéissant, les Ninivites firent pénitence.

30 Toujours, au sujet de Ninive, Il est de la plus haute importance de dire que Jésus ne reprend jamais les malédictions proférées contre Ninive, l’Assyrie et Babylone ; au contraire, il trouve dans le repentir des Ninivites un signe de salut pour le genre humain. D’ailleurs, à trois reprises, les textes évangéliques évoquent Jonas, deux fois dans Matthieu et une fois dans Luc. Mathieu écrit : « Au jour du jugement, les gens de Ninive vont ressusciter avec cette race et la faire condamner, parce qu’ils ont fait pénitence à la voix de Jonas. »

Ninive dans le Nouveau Testament

31 Dans les Évangiles, les Actes des Apôtres et les Épîtres, il est fait plusieurs fois mention de Ninive et des habitants de la Mésopotamie.

32 Les ancêtres de ces chrétiens, les « gens de Mésopotamie » furent témoins de la Pentecôte et entendirent proclamer, notamment en araméen, leur langue, « les merveilles de Dieu » (Actes des Apôtres, 2,9-11).

33 Après la naissance de Jésus à Bethléem, des notables et des astrologues de Mésopotamie, des « rois mages d’Orient » sont venus lui rendre hommage.

Ninive, une terre millénaire de prédication

34 Les prétentions de l’Église d’Orient à l’apostolicité remontent à Mar (saint) Thomas. D’ailleurs les chrétiens de Ninive se font gloire d’avoir en saint Thomas le premier prédicateur en cette terre originelle du christianisme. C’est dire l’ancienneté et l’historicité de cette chrétienté qui est consubstantielle à cette terre et à sa civilisation.

35 Selon la tradition, trois apôtres du Christ sont passés par la Mésopotamie : Pierre, Thomas et Barthélemy, et au moins deux des 70 disciples, Addaï et Mari. D’ailleurs, l’Irak regorge d’églises portant les noms de ces apôtres et disciples.

36 Saint Pierre aurait écrit, selon une tradition discutée, sa première Épître de Babylone où il aurait séjourné momentanément durant son épiscopat de 25 ans à Rome. Cette Épître se termine ainsi : « L’Église élue de Babylone vous salue » (1 Pierre, 5-13). L’apôtre Barthélemy (Nathanaël), autre évangélisateur de l’Orient, fut écorché vif en l’an 71 dans cette Mésopotamie septentrionale.

37 Dans la seconde moitié du premier siècle, Thomas a prêché dans cette région du nord de l’Irak, avec un autre apôtre Thaddée (connu en Orient sous le nom d’Addaï), lequel était accompagné de deux disciples : Aggaï et Mari.

38 Mar Addaï est considéré comme le fondateur de l’Église de Babylone, celui du siège de Séleucie-Ctésiphon. Mar Aggaï et Mar Mari lui succéderont à ce siège. Disciple et successeur d’Addaï, Aggaï ordonna des évêques en Assyrie, précisément dans la région de Ninive. Compagnon d’Aggaï, Mari qui parcourut la Mésopotamie pour l’évangéliser, fonda l’église de Kokhé, non loin de l’actuel Bagdad, qui fut le premier siège de l’Église d’Orient, avant son transfert à Bagdad au viiie siècle par le patriarche de l’Église d’Orient, Mar Timothée 1er.

39 Sous cet angle, il est important de consigner ici que la première des trois Anaphores liturgiques (Qudasha Qadmaya) de la messe assyrienne et chaldéenne, est justement celle attribuée à Mar Addaï et Mar Mari, évangélisateurs de la Mésopotamie. D’autre part, le chant liturgique « Lakhou Maran » (à Toi Seigneur) date du premier siècle et est considéré comme l’un des plus anciens documents liturgiques. C’est d’ailleurs à cette hymne que Pline le Jeune (61-114), gouverneur de Bithynie, faisait vraisemblablement allusion dans sa lettre à l’empereur romain Trajan.

Terre irriguée par le message chrétien

40 La topographie et la toponymie de cette province montrent à l’évidence, une présence chrétienne très ancienne, illustrée par des églises, des sanctuaires, des monastères, parmi lesquels ceux de Rabban Hormuzd, Notre Dame des Semences, Mar Mattai, Mar Behnam…

41La ville d’Arbèle sera chrétienne dès le premier siècle et devint très tôt une métropole qu regroupait jadis plusieurs éparchies (diocèses), de même que Alqosh, qui a beaucoup donné à l’Église d’Orient dans ses deux branches, notamment plusieurs patriarches. Karakosh (Bakhdida), très endeuillée aujourd’hui, chrétienne depuis le ive siècle, est un haut lieu de l’Église syriaque orthodoxe. Elle donna au xviiie siècle un religieux éminent, élevé au rang de Maphrian (haut dignitaire ecclésiastique dans l’Église syriaque orthodoxe) Basilios Yalda, qui présida l’Église malankare au Kérala, en Inde, où il mourut en 1747. Bartellé est chrétienne depuis le ive siècle, ainsi que Karamlesh où une église chaldéenne porte le non de Mar Addaï. La liste est infinie.

Un christianisme universel

42 Une particularité importante de cette chrétienté mésopotamienne c’est qu’elle a toujours été universelle. Sans nom ethnique, l’Église d’Orient fut la première Église missionnaire de l’histoire. En partant de cette région de Ninive, les missionnaires chrétiens répandirent le message sur l’ensemble du continent asiatique entre le vie et le xiiie siècles. Née aux alentours de Mossoul, cette Église a connu une expansion impressionnante en Asie, aux Indes, en Perse, en Arabie et autour du Golfe persique. Les historiens ont évalué qu’ils avaient converti au xiie siècle, environ 60 millions d’âmes qui se reconnaissaient comme adeptes de cette Église d’Orient, de la Méditerranée orientale à la Chine, en passant par l’Asie centrale. Aujourd’hui, les 5 millions de chrétiens du sud de l’Inde, adeptes de saint Thomas, principalement au Kerala, répartis entre plusieurs Églises, y puisent d’ailleurs leurs racines.

43 Ninive a connu aussi de grands spiritualistes et ascètes. Nous citons volontiers Isaac de Ninive (appelé aussi Isaac le Syrien), du viie siècle, qui était d’origine arabe (de Qatar). Converti au christianisme mésopotamien, il est même devenu évêque de Ninive. Aujourd’hui, la pensée mystique d’Isaac de Ninive est une référence mondiale majeure, notamment pour les Églises orthodoxes.

Une communauté citoyenne

44 Avec les chrétiens d’Irak, il s’agit donc d’une présence historique et autochtone qui remonte à l’ancienne Mésopotamie et liée consubstantiellement à l’avènement du christianisme. Ces chrétiens sont une communauté citoyenne, fidèle et loyale, qui revendique sa sécurité et son intégrité physique, et sa reconnaissance au nom d’une liberté fondamentale, celle de religion et de conviction, et du droit à la différence, reconnue du reste par les normes du droit international et les textes constitutionnels irakiens.

45 La présence chrétienne dans cette région du monde, très troublée, est donc importante à plusieurs titres, notamment pour la sauvegarde de la pluralité et des libertés, de la coexistence entre les religions et les peuples, et pour la paix.

46 Aussi, est-il impératif de préserver un Irak multiforme et multireligieux dans la sécurité, la paix civile et la justice, avant qu’il ne soit trop tard !

Non à la barbarie

47 Les islamistes ultra-radicaux ne sont pas seulement en train d’éradiquer un peuple, mais aussi un héritage vivant, issu d’un patrimoine des plus anciens de l’histoire de l’humanité. Ces exactions ont un caractère génocidaire et ethnocidaire.

48 Se peut-il que cette chrétienté si riche et si dense, qui a résisté vaillamment, deux millénaires durant, à de multiples assauts et persécutions, soit sur le point d’entrer dans une phase d’extinction ?

49 Est-ce cette histoire-là que ces obscurantistes et nouveaux barbares veulent éradiquer ?

50 Une terre, si riche, peut-elle succomber à l’obscurantisme et se vider de ses minorités ?

51 Non.

52 Aucun être humain, pourvu de conscience et d’humanité, ne peut l’accepter.

Mis en ligne sur Cairn.info le 20/01/2015 - https://doi.org/10.3917/retm.282.0105

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© Cairn.info 2022 | Conditions générales d’utilisation | Conditions générales de vente | Politique de confidentialité - Source : https://www.cairn.info/revue-d-ethique-et-de-theologie-morale-2014-5-page-105.htm

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    Rétrospective sur Ninive, berceau chrétien en Mésopotamie – Document La Croix’, le 31/03/2018 à 06:00 - Modifié le 31/03/2018 à 08:00
    La plaine de Ninive se situe dans la province irakienne du même nom : elle s’étend au nord-est de Mossoul, la deuxième­ ville d’Irak en nombre d’habitants. Ninive, dont les ruines sont encore visibles en face de Mossoul, de l’autre côté du Tigre, est une des plus anciennes cités de la Mésopotamie et a été évangélisée, selon la Tradition, dès la période apostolique.

Avant même l’invasion de Daech, la plaine de Ninive mais aussi la région de Kirkouk – également riche en pétrole – faisaient partie de ces « territoires disputés » entre Arabes et Kurdes.

À l’été 2014, Daech a pris le contrôle du Sinjar puis de Mossoul et enfin de la plaine de Ninive, chassant systématiquement les yézidis, les chrétiens, mais aussi les chabaks, les kakaïs et les mandéens.

Avec la bataille de Mossoul à l’été 2017, l’armée irakienne (majoritairement chiite) et l’armée kurde ont reconquis la dernière portion de territoire irakien tenue par les combattants de Daech.

Aujourd’hui, chacune de ces deux armées continue à occuper militairement une partie de la plaine de Ninive, qui se trouve coupée en deux par des check-points, compliquant les déplacements des populations désireuses de retourner dans leur village. Autour de Karakoch, la ville la plus importante de la plaine de Ninive, une kyrielle de villages chrétiens sont à reconstruire comme Tal Kaif, Bartella ou Karemles. Si Tellsqof et Alqosh ont été épargnés, Batnaya a été rasée par la coalition pour en déloger les djihadistes.

https://www.la-croix.com/Journal/Ninive-berceau-chretien-Mesopotamie-2018-03-31-1100928162

les dates du calendrier religieux font office de consultations médicales. Voilà donc la première célébration de Pâques depuis le retour en masse des habitants. Lors de la procession du dimanche des Rameaux, 20 000 « revenants » ont inondé le centre. Le patriarche d’Antioche, primat de l’Église syrienne-catholique, Ignace Joseph III Younan, est venu spécialement de Beyrouth pour assister à la messe donnée dans les murs de la cathédrale Al-Tahira (de l’Immaculée-Conception), toujours noircis par l’incendie qui l’a ravagée lors de l’occupation. La guérison est toujours en bonne voie.

Environ 50 000 chrétiens peuplaient autrefois cette banlieue à 25 km à l’est de Mossoul. Ils avaient tous fui le 7 août 2014, face à l’avancée des combattants de l’État islamique (EI, ou Daech en arabe). L’armée irakienne y est revenue, le 22 octobre 2016, pour y découvrir un paysage d’apocalypse. Toutes les rues étaient couvertes de débris. Tout, églises, maisons, immeubles, avait été pillé, saccagé ou brûlé. Karakoch semblait destinée à rester inhabitable.

Un geste audacieux pour répondre aux profanateurs

Mais les habitants n’ont pas succombé au désespoir. Une semaine après la « libération », alors que les forces irakiennes combattaient encore aux marges de la ville, Mgr Petros Moshe, l’archevêque syrien-catholique de Mossoul et Karakoch, s’est rendu sur place. « Je suis entré dans la cathédrale incendiée et j’y ai tout de suite célébré une messe, se souvient l’archevêque. Je me suis mis à genoux et j’ai prié pour ceux qui avaient saccagé la maison de Dieu. »

Cet acte de foi n’a pas fait l’unanimité, certains rappelant qu’on ne pouvait officier dans un lieu profané. « Pour moi c’était d’abord un geste audacieux, pour répondre aux profanateurs et affirmer que c’est l’amour de Dieu qui gagne. »

Il a fallu plus que des symboles pour sécher ces larmes. Le père Georges Jahola, 52 ans, a été le prêtre bâtisseur qui a su lancer la reconstruction, quand elle paraissait impensable. « J’ai pris la parole à la fin d’une messe, début novembre 2016, racontait-il l’hiver dernier. J’ai dit que j’avais besoin d’aide, pour faire l’inventaire des destructions. Immédiatement, des jeunes se sont portés volontaires. »

État des lieux systématique de plus de 8.000 maisons et bâtiments

Durant l’hiver, il réalise un état des lieux systématique de plus de 8 000 maisons et bâtiments endommagés des villages chrétiens de la région, avec photographies et évaluation des dommages et des coûts de rénovation par des architectes. Puis, au printemps 2017, le « comité pour la reconstruction de la plaine de Ninive » s’installe à Karakoch, dans une annexe du centre Saint-Paul. La cité n’était toujours que l’ombre d’elle-même.

Relire : En Irak, les dégâts causés par Daech estimés à plus de 100 milliards de dollars

En Irak, les chrétiens de Ninive « entre la mort et la résurrection »

Le père Georges Jahola, prêtre de la ville de Karakoch, a été nommé responsable de la reconstruction. Avec des volontaires, il a organisé dans un premier temps des tournées pour établir un état des lieux très précis des destructions ayant eu cours dans la ville. Il a également redessiné une carte de la ville à partir de vues par satellite. / Jean-Matthieu Gautier/Ciric

Jusqu’en septembre, 2.000 familles reviennent au compte-gouttes. Dans son bureau du centre Saint-Paul, un casque de chantier jaune posé sur ses dossiers, le père Georges Jahola suit pas à pas les opérations de rénovation. La rentrée est prête, les écoles vont rouvrir. Dans les six mois qui suivent, la population de la ville atteint le plafond de 5 000 familles.60 % des habitants sont revenus, un résultat « extraordinaire et inespéré ».Le tout grâce aux dons de l’Église et d’organisations humanitaires. L’État irakien, lui, est débordé par les destructions autrement considérables de Mossoul. « Bienvenue dans notre république autonome ! », ironise à ce sujet le père Georges.

Renaissance s’est faite comme une bouture

La renaissance de Karakoch s’est faite ainsi, d’abord, comme une bouture. Mais les remous du monde irakien ont tôt fait de se rappeler aux chrétiens de Ninive. Le référendum d’indépendance a réactivé les tensions entre Kurdes et autorités fédérales. Dans le même temps, les miliciens chiites, omniprésents dans la plaine de Ninive, inquiètent. Au milieu de l’été, certains ont même été arrêtés, accusés d’avoir pillé le monastère de Mar Behnam et Sarah, à 15 km au sud-est de Karakoch.

Relire : Trois jours pour soigner l’Irak

Le premier ministre irakien, Haider Al Abadi, a arbitré en donnant raison aux chrétiens, qui ont repris le contrôle de leur monastère. Autrefois lieu de pèlerinage aussi bien chrétien que musulman, celui-ci avait été en partie détruit par Daech. Mgr Petros Moshe a confié sa rénovation à Fraternité en Irak, une ONG française. Après neuf mois de chantier, la coupole du mausolée a été achevée début mars 2018. « Maintenant, il faut que les pèlerins musulmans et yézidis reviennent », espère Faraj-Benoît Camurat, fondateur de Fraternité en Irak.

En Irak, les chrétiens de Ninive « entre la mort et la résurrection »

Photo - Deux petits garçons jouent dans la cour de l’église Al-Tahera (Notre-Dame-de l’Immaculée Conception) de Karakoch. Aujourd’hui, les familles reviennent peu à peu s’installer dans leurs maisons, pour la plupart détruites, incendiées et pillées. / Jean-Matthieu Gautier/Ciric

Le risque d’affrontements

« Karakoch ne doit pas rester seule », poursuit Faraj-Benoît Camurat. Fraternité en Irak cible donc désormais les clés d’un retour ouvert sur les autres communautés : l’artisanat, l’hôpital et le quartier populaire de Shakak. « Dans d’autres villages chrétiens, la situation est beaucoup plus difficile », rappelle l’humanitaire. Par exemple, le conflit entre les Kurdes d’Irak et le gouvernement de Bagdad menace la reconstruction de Batnaya, au nord de Mossoul, car ce village est sur la frontière intérieure, devenue une ligne de front lors d’affrontements à l’automne. « Quant à Mossoul, les retours commencent à peine. Le risque, c’est qu’ils se produisent et que la sécurité se dégrade de nouveau. »

Lire : notre dossier sur les chrétiens d’Orient

À la tête de l’Œuvre d’Orient, œuvre de l’Église de France active en Irak depuis plus d’un siècle, Mgr Pascal Gollnisch prévient : « Il n’y aura d’avenir pour Karakoch que s’il y a un avenir pour toute la plaine de Ninive et à Mossoul. C’est un tout, et nous avons des signes positifs d’un changement des mentalités. » Pour « tendre la main à leurs frères chrétiens », de jeunes musulmans ont nettoyé l’église Saint-Paul, à Mossoul-Est. « Nous allons maintenant retaper les églises de Tel Kaif », explique Mohammed Qusai, l’un de ces étudiants musulmans.

Parier sur une jeunesse soucieuse de réconciliation

Pariant sur cette jeunesse soucieuse de réconciliation, l’Œuvre d’Orient finance les transports quotidiens de 600 étudiants chrétiens et yézidis, pour qu’ils retournent sur les bancs de l’université, au cœur de la métropole. Ainsi que la réhabilitation du centre culturel dans la ville de Bartella, où cohabitent chrétiens et musulmans.

En 2017, l’Œuvre d’Orient a investi 1,4 million d’euros d’aides en Irak, ce qui en fait le premier donateur privé français en dans ce pays. Mgr Gollnisch a sa formule pour décrire cette « période transitoire » : « Les chrétiens de Ninive sont sur le chemin entre la mort et la résurrection. » Pour lui, « reconstruire Karakoch » et « réparer les âmes » de ses habitants sont deux faces d’une même pièce : « L’inquiétude des familles se comprend : il faut faire repartir l’économie, tout en assurant la sécurité et le respect des droits des chrétiens. Ce n’est pas acquis mais cela dépend de l’État irakien, des autorités religieuses et de la communauté internationale. »

Ninive, berceau chrétien en Mésopotamie

La plaine de Ninive se situe dans la province irakienne du même nom : elle s’étend au nord-est de Mossoul, la deuxième­ ville d’Irak en nombre d’habitants. Ninive, dont les ruines sont encore visibles en face de Mossoul, de l’autre côté du Tigre, est une des plus anciennes cités de la Mésopotamie et a été évangé-lisée, selon la Tradition, dès la période apostolique.

Avant même l’invasion de Daech, la plaine de Ninive mais aussi la région de Kirkouk – également riche en pétrole – faisaient partie de ces « territoires disputés » entre Arabes et Kurdes.

À l’été 2014, Daech a pris le contrôle du Sinjar puis de Mossoul et enfin de la plaine
de Ninive,
chassant systématiquement les yézidis, les chrétiens, mais aussi les chabaks, les kakaïs et les mandéens.

Relire :En Irak, le tragique exode des derniers chrétiens de Ninive

Avec la bataille de Mossoul à l’été 2017, l’armée irakienne (majoritairement chiite) et l’armée kurde ont reconquis la dernière portion de territoire irakien tenue par les combattants de Daech. Aujourd’hui, chacune de ces deux armées continue à occuper militairement une partie de la plaine de Ninive, qui se trouve coupée en deux par des check-points, compliquant les déplacements des populations désireuses de retourner dans leur village.

Infographie : Bataille de Mossoul : les forces en présence

Autour de Karakoch, la ville la plus importante de la plaine de Ninive, une kyrielle de villages chrétiens sont à reconstruire comme Tal Kaif, Bartella ou Karemles. Si Tellsqof et Alqosh ont été épargnés, Batnaya a été rasée par la coalition pour en déloger les djihadistes.

À découvrir Voyage du pape en Irak  : retrouvez le récit de la journée du dimanche

Mots clefs : Irak Chrétiens d’Orient Faits religieux Mossoul Kurdistan irakien Moyen-Orient

Dans ce dossier :

Irak  : actualités, reportages et analyses

Mathieu Pernot, mémoire en ruines

À Mossoul, l’église Mar Touma retrouve ses fidèles

En Irak, la « maison chiite » se fissure

Attaques meurtrières du groupe État islamique en Syrie et en Irak

Irak : une salle de prière découverte sous la mosquée Al-Nouri à Mossoul

Allemagne : un Irakien de Daech condamné à la perpétuité pour « génocide » des Yézidis

Pour les Kurdes d’Irak, l’Europe est « un paradis où les gens réalisent leurs rêves »

En complément Un programme pour relancer l’économie et restaurer la confiance en Irak

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© 2022 - Bayard - Tous droits réservés - @la-croix.com est un site de la Croix Network - Source : https://www.la-croix.com/Monde/Moyen-Orient/En-Irak-chretiens-Ninive-entre-mort-resurrection-2018-03-30-1200928041

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    Les chrétiens chassés d’Orient - Épisode 1/4 : De Ninive à Maaloula – Dans le cadre de l’émission ‘Cultures Monde’ France Culture - Épisode du lundi 1er mars 2021 par Florian Delorme

    Une femme irakienne passe devant une peinture murale représentant le pape François sur les murs extérieurs de l’église Notre-Dame du Salut (Sayidat al-Najat), à Bagdad, le 22 février 2021. ©AFP - AHMAD AL-RUBAYE

Photo - Une femme irakienne passe devant une peinture murale représentant le pape François sur les murs extérieurs de l’église Notre-Dame du Salut (Sayidat al-Najat), à Bagdad, le 22 février 2021. ©AFP - AHMAD AL-RUBAYE

Résumé

Le Pape se rendra en Irak, du 5 au 8 mars 2021, pour y rencontrer les autorités religieuses locales, ainsi que les chefs de gouvernement. Un voyage espéré depuis longtemps par les populations chrétiennes persécutées. Le dialogue interreligieux souhaité par le Pape pourra-t-il améliorer leur situation ?

Avec Christian Lochon (Enseignant à Paris II, membre de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer), Tigrane Yegavian (Diplômé de Sciences Po Paris et des Langues’O, Tigrane Yégavian est journaliste et arabisant.), Estelle Amy de la Bretèque (anthropologue, chercheuse au CNRS).

En savoir plus :

Cette semaine, le Pape doit se rendre en Irak, dans cette Mésopotamie, berceau historique du christianisme. Il doit y rencontrer les autorités religieuses locales, chrétiennes et chiites, ainsi que les dirigeants politiques.

Un voyage longtemps espéré, à la fois par le Vatican et les populations chrétiennes locales abandonnées à leur sort depuis l’émergence du groupe de l’Etat islamique : sous leur règne, les violences ont été dramatiques. Ils sont très nombreux à avoir quitté la région. 

Assassinats, viols, persécutions, discriminations, destructions d’églises et de sites archéologiques : la situation est en effet de plus en plus difficile en Irak et dans la Syrie voisine. La perspective d’un retour de ces minorités chrétiennes s’obscurcit de jour en jour.

Quelle est la situation des chrétiens dans ces pays ravagés par la guerre ? Le dialogue interreligieux souhaité par le Pape pourrait-il améliorer leur situation ?

Malgré la défaite militaire de Daesh, quelles sont les menaces qui subsistent ? Et d’ailleurs : que reste-t-il des minorités chrétiennes ? Pourront-elles se maintenir ou sont-elles condamnées à disparaitre ?

Nos invités aujourd’hui sont Tigrane Yégavian, journaliste, spécialiste du Moyen-Orient et Christian Lochon, enseignant à Paris II, membre de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer.

Les chrétiens d’Irak sont tiraillés entre le marteau islamiste de Daesh et l’enclume autoritariste des milices chiites, du pouvoir autoritaire de Barzani au Kurdistan irakien. Tigrane Yégavian

Il y a un éparpillement des chrétiens, une diaspora qui ne reviendra pas, mais il y a également un certain nombre de personnalités sur place. Le Pape ne va pas rencontrer uniquement des politiciens. Il va rencontrer des personnalités universitaires comme Sadek Saloumn. Christian Lochon

Seconde partie - focus du jour. 

Yézidis : difficile reconnaissance, impossible retour ?

Entre l’Irak et la Syrie, cette autre minorité religieuse a été particulièrement victime de Daesh : en 2014, la plupart des occidentaux découvraient les Yézidis par les atrocités que leur faisait subir le groupe Etat Islamique. 

Face au refus de conversion à l’Islam, les hommes étaient massacrés, les femmes réduites en esclavage.

Aujourd’hui, alors que les charniers sont exhumés dans la province du Sinjar et que les survivants tentent d’obtenir des réparations de la part de l’Etat irakien, un grand nombre de yézidis a fui vers l’Europe, ou vit toujours dans les camps de réfugiés au Kurdistan. 

L’idée d’un retour sur leurs terres s’éloigne peu à peu, alors que la reconnaissance de leur traumatisme suite aux massacres perpétrés par Daesh à l’échelle internationale est entravée.

Une conversation en compagnie d’Estelle Amy de la Bretèque, anthropologue, chercheuse au CNRS.

L’acceptation des femmes s’est fait de l’intérieur de la communauté, ainsi que de l’extérieur, notamment avec la médiatisation des femmes. Le prix Nobel de la Paix en 2018 de Nadia Murad et le personnage qui en découle, a été en grande partie construit par l’Occident et les Américains, cela a participé à donner une légitimité et une voix à ces femmes. Estelle Amy de la Bretèque

Références sonores :

Thèmes associés Info Monde Géopolitique Actualités

L’équipe - Florian Delorme Production - Antoine Dhulster Production déléguée - Benjamin Hû – Réalisation Bertille Bourdon – Collaboration Mélanie Chalandon - Production déléguée Margaux Leridon – Collaboration Vincent Abouchar

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De Ninive à Maaloula : les chrétiens chassés d’Orient

image France Culture

24:35

58:30

France Culture

Grand Reportage

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La radio

Source : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/cultures-monde/de-ninive-a-maaloula-les-chretiens-chasses-d-orient-9384610

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Pour la province irakienne actuelle, voir Ninive (province).

Image illustrative de l’article Ninive
Photo - La porte Mashki de Ninive reconstruite

Localisation
Pays

Drapeau de l’IrakIrak

Province Ninawa
Coordonnées 36° 21′ 35″ nord, 43° 09′ 09″ est
Superficie 750 ha
Géolocalisation sur la carte : Irak {{}}

Ninive (en akkadien Ninu(w)a ; en arabe نينوه, Naynuwa ; en araméen ܢܝܢܘܐ ; en hébreu נינוה, Nīnwē) est une ancienne ville de l’Assyrie, dans le Nord de la Mésopotamie. Elle se situait sur la rive est (gauche) du Tigre, au confluent du Khosr (ou Khoser, Koussour), à un emplacement aujourd’hui localisé dans les faubourgs de la ville moderne de Mossoul, en Irak, dont le centre se trouve de l’autre côté du fleuve. Les deux sites principaux de la cité sont les collines (les « tells ») de Kuyunjik1 et de Nebī Yūnus2.

Ninive est l’une des plus anciennes cités de Mésopotamie. Elle était un important carrefour de routes commerciales traversant le Tigre. Elle occupait une position stratégique sur la grande route entre la mer Méditerranée et le plateau iranien, ce qui lui a apporté la prospérité, de sorte qu’elle est devenue l’une des plus grandes cités de toute la région. Elle doit néanmoins sa plus grande expansion urbaine au choix du roi assyrien Sennacherib d’en faire la capitale de son grand empire au début du VIIe siècle av. J.-C. Ninive est alors entourée de remparts de briques sur une longueur de 12 km. L’espace total de la cité couvrait 750 hectares à son apogée. L’ensemble de ce vaste espace est aujourd’hui une superposition de ruines recouvertes à certains endroits par les nouvelles banlieues actuelles de la ville de Mossoul. Depuis 2014 et la prise de contrôle de Mossoul par l’État islamique, les ruines de Ninive ont fait l’objet d’importantes destructions.

Le site de Kuyunjik occupe une place importante dans la redécouverte du Proche-Orient ancien au milieu du XIXe siècle par les archéologues qui mettent au jour ses palais et leurs bas-reliefs, ainsi que par les milliers de tablettes cunéiformes qui y ont été exhumées dès les premiers chantiers de fouilles et ont permis la naissance de la discipline assyriologique. Ce même tell présente la séquence archéologique la plus longue de la Mésopotamie, depuis les premières traces d’habitations au VIe millénaire av. J.-C. jusqu’aux dernières vers les XIIIe – XIVe siècles apr. J.-C. Les fouilles de Ninive ont donc livré une partie substantielle des sources des connaissances actuelles sur l’empire assyrien et plus largement la culture de la Mésopotamie antique.

Sommaire

La province de Ninive, en arabe muāfaa nīnawā, محافظة نينوى, en kurde neynewa, نینو, en syriaque nīněwā, ܢܝܢܘܐ, est l’une des 19 provinces d’Irak. La province doit son nom au site antique de Ninive qui se situe sur la rive gauche du Tigre, comprise dans l’agglomération de Mossoul, capitale de la province, dont le centre-ville est sur la rive droite du fleuve. En 1976, la province s’appelait province de Mossoul et incluait aussi la province de Dahuk.

Ninive (province)

Province de Ninive en Irak محافظة نينوى

La population de cette province est majoritairement composée d’Arabes sunnites, avec une minorité de Kurdes, de Turkmènes, de Yézidis et de chrétiens Araméens. Le Nord et l’Est sont plus nettement kurdes mais les statistiques ethniques ne sont pas connues. Les chrétiens se répartissent entre Syriaques occidentaux, relevant de l’Église syriaque orthodoxe et de l’Église catholique syriaque, syriaque orientaux, relevant de l’Église de l’Orient et de l’Église chaldéenne et Dominicains. Une minorité yézidi vit dans le district d’Al-Shîkhân. La langue parlée est un dialecte kurde….

Extrait d’un article à voir sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ninive_(province) ?tableofcontents=1

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  • Contributions du pasteur James Woody Pasteur de l’Eglise protestante unie de France (EPUdF), au Temple de la rue Maguelone à Montpellier France : Prêcher à Ninive
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James Woody, né le 24 août 1972 à Paris, est un théologien français du protestantisme libéral. Il est pasteur de l’Église protestante unie de France. Wikipédia

James Woody

Biographie, actualité et podcasts à écouter Radio FrancePhoto : James WoodyVoir  : James Woody https://www.radiofrance.fr › Personnes

Prêcher à Ninive - 21 Avril 2022 JAMES WOODY JONAS - Document de travail - Ecouter l’étude biblique – Télécharger (Utilisez les flèches haut/bas pour augmenter ou diminuer le volume).Jonas 31 La parole de l’Éternel fut adressée à Jonas une seconde fois, en ces mots :

2 Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et fais-y la proclamation que je te dis !3 Alors Jonas se leva ; il alla à Ninive, selon la parole de l’Éternel. Or Ninive était devant Dieu une grande ville, de trois jours de marche.

4 Jonas commença par faire dans la ville une journée de marche. Il criait ces mots : Encore quarante jours, et Ninive sera bouleversée !5 Les gens de Ninive crurent en Dieu ; ils proclamèrent un jeûne et se revêtirent de sacs, depuis les plus grands jusqu’aux plus petits.

6 La nouvelle parvint au roi de Ninive ; il se leva de son trône, ôta son manteau, se couvrit d’un sac et s’assit sur la cendre.7 Il fit crier ceci dans Ninive : Par décision du roi et de ses grands : Que les hommes et les bêtes, le gros et le menu bétail, ne goûtent de rien, ne paissent pas et ne boivent pas d’eau !

8 Que les hommes et les bêtes soient couverts de sacs, qu’ils crient à Dieu avec force, et que chacun revienne de sa mauvaise conduite et de la violence (attachée) aux paumes de ses mains !

9 Qui sait si Dieu ne reviendra pas et n’aura pas de regret, et s’il ne reviendra pas de son ardente colère, en sorte que nous ne périssions pas ?10 Dieu vit qu’ils agissaient ainsi et qu’ils revenaient de leur mauvaise conduite. Alors Dieu regretta le mal qu’il avait résolu de leur faire et il ne le fit pas.Articles similaires : De la terre à la mer 17 février 2022 Dans ’Jonas’Dans le poisson 17 mars 2022 Dans ’Jonas’L’Éternel n’est pas le dieu que nous voudrions 15 mai 2022Dans ’Culte’ - Haut du formulaireBas du formulaireHaut du formulaireBas du formulairePublications : Voir les publications externesArticles récents :


  • Conflits - En Irak, les minorités de la plaine de Ninive menacées par les tensions géopolitiques – Publié le 09 janvier 2022 à 15h44 – Par Asharq Al-Awsat
    Après avoir subi les affres de Daech, les communautés minoritaires du nord-ouest de l’Irak sont prises en étau entre les forces turques et iraniennes et victimes du bras de fer opposant les Kurdes au gouvernement irakien, déplore Asharq Al-Awsat.

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Photo Ahmad Al-Rubaye/AFP

Dans le nord-ouest de l’Irak, “les régions de la plaine de Ninive accueillant les minorités [religieuses et ethniques] sont devenues des zones de tension sécuritaire et de messages politiques et une arène de règlement des conflits internationaux, régionaux et locaux”.

C’est le constat amer que dresse dans le quotidien panarabeAsharq Al-Awsat un ancien député issu de la communauté yézidie.

Sur ces terres, “parmi les plus diverses d’Irak, où vivent un large éventail de chrétiens, de yézidis, de Chabaks, de Kakaïs et d’autres minorités musulmanes arabes”, ces populations continuent de s’accrocher à la terre de leurs ancêtres malgré leur “impuissance”, poursuit le journal.

À lire aussi : Communauté. Les Kakaïs, la minorité que l’Irak ne reconnaît pas

Pris en étau entre l’Iran et la Turquie

Parmi ces minorités, les yézidis sont sans doute ceux qui ont payé le plus lourd tribut ces dernières années. La communauté, rappelle Asharq Al-Awsat, a été victime de persécutions généralisées de la part du groupe djihadiste État islamique (EI).

À lire aussi : Justice. Un tribunal allemand reconnaît le génocide des Yézidis : “Une décision historique”

Un certain nombre d’entre eux ont pu rentrer chez eux après la défaite de l’EI, en 2017. Mais la population est toujours l’otage de conflits à plusieurs échelles, explique une source au journal panarabe.

Il semble que la montée en puissance de Daech en 2014, qui a occupé de larges zones de la plaine de Ninive, a fourni une occasion unique aux voisins turc et iranien d’intervenir de manière caractérisée [dans la région].”

D’un côté, souligne cette source, la base turque de Zalikan, située dans le district de Baachiqa, au nord de Mossoul, est régulièrement ciblée par les factions armées pro-Iran, “ce qui menace la vie des gens”. De l’autre, la Turquie mène régulièrement des frappes dans le district de Sinjar dans le cadre de sa lutte contre les Kurdes du PKK.

Résultat : les agriculteurs originaires de la région ne peuvent plus se rendre sur leurs terres, occupées par les forces turques et les peshmergas kurdes.

Le manque de considération de Bagdad

Ces minorités sont également l’otage du bras de fer entre les autorités centrales de l’Irak et les forces et partis kurdes qui “cherchent à asseoir leur domination dans les zones adjacentes” à la région semi-autonome du Kurdistan irakien.

Une situation qui exaspère ces populations, souligne Asharq Al-Awsat, ce qui aggrave peut-être la frustration des minorités ethniques et religieuses dans la plaine de Ninive, c’est que l’État irakien est dans l’incapacité de les protéger ou de prendre des mesures pour réduire leurs sentiments de peur et de menace.”

Sur le même sujet :

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Juifs d’Orient. L’Irak, de “terre sacrée” à terre d’exil

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Calvaire. L’Irak reconnaît les crimes contre l’humanité commis contre les femmes yézidies

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Minorité. Les mandéens, la communauté baptiste d’Irak

Courrier international - Actualités France et Monde

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Source : https://www.courrierinternational.com/article/conflits-en-irak-les-minorites-de-la-plaine-de-ninive-menacees-par-les-tensions

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  • Sécurité, religion et genre (hommes–femmes) dans la Province de Ninive, Irak – Par Ala Ali (photo) - 17 septembre 2015 – Document ‘peaceinsight.org’
    Ala Ali (chercheuse/analyste indépendante et militante pour la paix) a effectué une analyse de conflit selon des groupes de la province de Ninive, Irak en collaboration avec l’Association al-Amal irakienne (LNGO). Les résultats fournissent des renseignements importants sur les récents développements en Irak et la promotion d’ISIS.

Refugees fleeing the Islamic State’s advance. Source : Caroline Gluck/EU/ECHO

Photo - Réfugiés fuyant l’avance de l’État islamique restent dans des abris comme celui-ci en Turquie du sud-est. Source : Caroline Gluck/EU/ECHO/ [caption]

Ce qui suit est un résumé d’une étude sur le conflit dans la province de Ninive. Les conclusions peuvent donner un aperçu de récents développements en Irak, y compris les explications pour la promotion d’ISIS. Plusieurs questions clés contribuant à et le maintien des conflits ont été identifiées grâce à cette recherche, comme l’étaient les points d’entrée pour la consolidation de la paix, qui peut être capitalisée sur à réduire les tensions.

Sur la Province de Ninive, Irak

Géographie : La Province de Ninive est la troisième plus grande province de l’Irak, située dans le nord-ouest de l’Irak

Économie : agriculture, industrie et secteur du commerce de détail, ville de Mossoul est également célèbre pour les plus importants gisements de pétrole en Irak. 26 % de la population de Ninive vit sous le seuil de pauvreté de 2,50 $ par jour (2011).

Population : 3 041 940, majorité arabe Sunna. Ninive est aussi abrite en outre un nombre important de groupes minoritaires irakien, comme les Turkmènes, les Shabak, les chrétiens et les Yézidis, Kurdes.

Politique : Le principal parti politique de Ninive est maintenant le Hadbaa liste nationale et une partie de celui-ci, al-Mutahedoun, contrôle la majeure partie du pouvoir dans la province de Ninive, vous trouverez les autres parties, telles que la liste de la Coalition nationale, qui sont affiliés aux politiques du gouvernement fédéral et qui ont un grave différend avec la liste d’al-Mutahedoun. C’est essentiel, cependant, jusqu’à présent, le parti Baas a connu large soutien public à Ninive et d’autres provinces sunnites de l’Irak, mais il est illégal et n’est pas inscrit comme un bloc officiel. Le parti islamique irakien a encore une base solide à Ninive et il est considéré parmi les plus populaires partis à Ninive. Il y a aussi plusieurs petits partis, qui représentent d’autres groupes, comme les Shebak, les chrétiens et les Yézidis, tels que le groupe assyrien chaldéen et le parti du Front turkmène. Les partis politiques kurdes, le PDK et l’UPK, avaient un rôle crucial dans l’élaboration de la carte politique de Mossoul depuis 2003.

Sécurité : La fragile situation sécuritaire et politique a commencé dans la Province de Ninive en 2003 avec l’invasion américaine de l’Irak, et elle est aggravée par la suite. Les conflits religieux étaient un problème dans Ninive, y compris ceux entre les groupes extrémistes musulmans sunnites et les Shia’a des groupes extrémistes d’une part, ainsi qu’entre les extrémistes musulmans sunnites et d’autres groupes religieux. En outre, guerre de différend politique contre le « Occupation américaine » et la dominance Shia’a progressivement augmenté et est devenu encore pire après le contrôle du retrait post-US armée irakienne en 2011. [/ more_info_box]

Presque douze ans se sont écoulés depuis l’invasion 2003 de l’Irak par les américains et les forces de coalition et le renversement du régime dictatorial de l’Irak, mais encore, le pays se débat avec une situation de sécurité instable, principalement dans la région du triangle sunnite. La promotion récente de l’État islamique d’Irak et les forces de Syrie (ISIS ou Daesh) à Mossoul et d’autres régions en Irak est très préoccupante pour les bâtisseurs de la paix et d’autres. Étudier les habitudes dans ces domaines peut-être aider à identifier des stratégies sur la façon d’aller de l’avant construire une paix durable en Irak et dans la région.

Tensions politiques, religieuses et sectaires

Identité est l’un des mots à la mode dans le monde entier et, en particulier en Irak. Après l’invasion de 2003, il est devenu l’élément essentiel que les gens utilisent pour la classification, l’étiquetage et décrivant eux-mêmes et les autres. Les données générées dans les sessions de groupes de discussion et des entrevues a renforcé l’idée qu’une partie du conflit dans Ninive vise sur l’identité, « politique, la religion et sectaire, » et que la société irakienne est divisée en différents groupes basés sur des orientations politiques sectaires et les doctrines religieuses – les Arabes sunnites, Kurdes, Christian, Shebak, Kakai, Turkmènes, Shia’a et Yezidis. Les gens ont opposées des orientations et perspectives, résultant dans les collectivités qui actuellement ne peuvent pas vivre ensemble pacifiquement ou accepter les autres sans les tensions et les conflits.

Les partis politiques en Irak sont généralement affiliés à des perspectives religieuses, sectaires et ethniques. Ainsi, identité sociétale de Ninive peut être qualifiée d’iraquiens, multiethnique et multireligieuse. En outre, en ce qui concerne l’Islam politique, il y a deux dimensions dans lequel les religieux et les chefs religieux semblent fonctionner. Tout d’abord, les clercs et les groupes de chef tribal affiliés aux groupes terroristes essaient de mobiliser et de provoquer des communautés vers la violence. L’autre groupe de religieux et chefs tribaux travaille vers la paix, encourager la non-violence dans la région et de coopérer avec certaines autorités locales à Ninive et le gouvernement fédéral. Malheureusement, il était évident et confirmé par les données recueillies que la majorité des dirigeants communautaires du premier groupe. En outre, les données recueillies a confirmé que c’est parce que certains des chefs religieux ont été assassinés en raison de leur position soutenant la paix.

Recensement, Article 140 et questions juridiques

Aucun recensement réel n’a été mené en Irak pendant des décennies, et il s’agit d’une question cruciale. C’est particulièrement le cas pour Ninive, parce que c’est dans les zones frontières contestées, qui sont au coeur du conflit entre le gouvernement fédéral à Bagdad et le gouvernement régional du Kurdistan. Les zones frontières contestées sont eux-mêmes considérés comme pour être un petit Irak, une communauté multiethnique et divers groupes religieux, reflétant toute la diversité de l’Irak.

Une autre question critique concerne les litiges de propriété. La Commission d’indemnisation de propriété a été créée en 2004 pour indemniser les personnes dont les biens avaient été confisqués avant 2003. Mais il était clair d’après les données recueillies que cette commission n’était pas très active dans la résolution de questions de propriété. En outre, les changements démographiques sont l’une des questions cruciales pour les minorités dans la plaine de Ninive, surtout parmi les chrétiens, parce qu’ils croient que cela conduira à l’extinction du christianisme en Irak.

Sécurité, sens de la Citoyenneté et de patriotisme

Sectarisme en Irak de plus en plus exacerbé une situation politique et sécuritaire fragile, particulièrement à Ninive et toutes les zones sunnites de l’Irak. Ninive est une société de majorité sunnite composé de plusieurs tribus différentes, en plus des minorités kurde, Christian, Shebak, Kakai, turkmènes et Yezidis. Les sunnites ont un sens local de citoyenneté à Ninive, principalement comme une province sunnite et, en général, au Triangle sunnite irakien, plutôt que d’un sentiment national de citoyenneté irakienne. Cela a contribué à l’effondrement de l’autorité centralisée. Par ailleurs, cela a des conséquences à long terme, causant la méfiance, la peur et un manque de patriotisme, qui conduit à un manque de confiance entre les citoyens et les fonctionnaires d’une part et la méfiance similaire, d’autre part, entre les autorités locales et les gouvernements fédérales et régionaux, tous les conflits de carburant.

Une autre raison essentielle de l’absence d’un sentiment de patriotisme parmi les forces de sécurité et de l’armée nationale, c’est qu’ils ne sont pas de Ninive. Ils sont Shia’a du reste de l’Irak, principalement du Sud. Il est également important de se référer à la position de la société de Ninive envers l’autorité du gouvernement régional du Kurdistan, l’Ark n’est pas accueilli par la majorité des arabes de Ninive, notamment dans la ville de Mossoul et Ninive Ouest. Aussi, à la suite des années de dictature, il y a un manque d’une culture du dialogue en Irak.

Rôle des organisations de la société civile locale

Bien que les organisations de la société civile ne sont pas actifs dans Ninive, ayant quelques initiatives de paix significatif, promouvoir la situation des droits de l’homme. Ceux-ci incluent leur déclaration de mars 2011 sur les violations des droits de l’homme dans Ninive, surtout en ce qui concerne l’Article 4 de la constitution irakienne, la Loi de lutte contre le terrorisme. Cette déclaration a été adressée au gouvernement central à Bagdad. Militants et du personnel de la société civile organisation ne sont pas suffisamment sûrs, bien que, comme Ninive et surtout ville de Mossoul ont assisté à plusieurs incidents tragiques contre des militants.

Le rôle de la communauté internationale

Les acteurs de la communauté internationale concernant le conflit de Ninive se divisent en deux groupes. D’une part sont les ONG internationales, des Nations Unies et les ambassades, en particulier les européens et américains, les ambassades. D’autre part, sont les pays voisins et leur rôle largement négatifs dans la conduite du conflit vers la violence grâce à un soutien financier et logistique aux groupes armés, dont al-Qaïda et ISIS (Daesh).

En outre, certains représentants du gouvernement et des chefs tribaux dans la province de Ninive alimentent le conflit et fabriquent des crises, l’Iran est le plus grand partisan du gouvernement Shia’a de Bagdad et influe sur l’ordre du jour et les politiques du gouvernement. La Turquie et son rôle destructeur était aussi une préoccupation de nombreux participants. La Turquie pourrait influencer des décisions au niveau local, principalement des décisions économiques et politiques, par le biais de gouvernement local. La MANUI, les agences de l’ONU et les interventions de l’équipe de pays des Nations Unies dans les crises de Ninive sont limitaient à la phase d’action immédiate, y compris l’aide humanitaire et matérielle. Et il semble qu’il n’y a aucun clair à moyen terme ou décennies la pensée ou l’intention.

Primauté du droit, la violence structurelle et violence sociale

Il existe de nombreux cas de violence structurelle. Citons la corruption, le manque de services et d’infrastructures, le manque d’éducation appropriée, en particulier dans les zones rurales de Ninive, où l’éducation est presque inexistante. À l’appui de cette vue, le taux de chômage des jeunes et des femmes, la pauvreté en raison de la corruption et d’inégalité de richesse, de discrimination et d’oppression des minorités ethniques et religieuses, détention aléatoire et limite la liberté d’expression – tous ces sont des exemples de violence structurelle perpétrés par le gouvernement fédéral, notamment ancien premier ministre Maliki, contre les citoyens de Ninive, notamment des Arabes sunnites de Mossoul et Ninive Ouest et Sud.

L’injustice sociale et les conflits de pouvoir – au sujet de position et finances – entre les partis politiques à Bagdad, Ninive et la région du Kurdistan est une autre critique émettre qui alimente les conflits. Un point critique soulevé dans certaines inquiétudes entrevues la violence structurelle intégré dans certaines lois de l’Irak, plus précisément la Loi de lutte contre le terrorisme, ainsi que les anciens premier ministre Maliki biaisé utilisation de la loi contre les groupes sunnites.

Les groupes armés

Les trois principaux groupes armés de Ninive sont al-Qaïda, l’Etat islamique en Irak et en Syrie (Daesh) et l’armée de Ney. Les habitants de Ninive, notamment dans la ville de Mossoul et de la partie occidentale de Ninive, ont des opinions divergentes, en particulier vers al-Qaïda et l’armée de Ney. Il n’y a aucun clair rejet ou l’acceptation de la présence d’al-Qaïda à Ninive par certaines personnes. Selon l’avis d’un militant, avant juin 2014, un pourcentage significatif de la société de Ninive ont soutenu al-Qaïda et Daesh. Il a ajouté qu’al-Qaida a changé leur politique hostile pour obtenir le soutien sociétal.

En outre, l’armée de Naqshbandi, qui ne sont plus affiliés à des membres du parti Baas, est active dans Ninive. Encore une fois, les habitants de Ninive ont des opinions divergentes d’eux. Certains les voient comme des protecteurs, défendre des civils contre toute infraction commise par une partie de Shia’a, y compris l’armée nationale. L’autre groupe, surtout les groupes intellectuelle, les femmes et certains individus, ni soutenir ni lutte contre l’armée de Ney. Ils également ne pas accusent d’être des extrémistes ou terroristes parce qu’ils ne sont pas impliqués dans la tuer et enlèvement de personnes.

L’armée nationale ne devrait pas être étiquetée dans cette catégorie de groupes armés, mais, malheureusement, pour beaucoup, il est perçu comme un groupe armé. Une majorité de gens dans Ninive, surtout les sunnites arabes dans la ville de Mossoul et la partie occidentale de Ninive, tenir ce point de vue. L’armée nationale est considérée par la société Ninive comme un groupe armé qui est entraîné par l’Iran et Shia’a intérêts, dirigées par l’ancien premier ministre Maliki contre les Arabes sunnites.

La violence sexiste et les droits des femmes

Les droits des femmes sont violés à cause de nombreux problèmes autour de veuves, divorce, mariage du plus jeune âge, la polygamie, les mariages forcés ou illégal, inégale emplois et participation limitée des femmes au processus politique, ce qui provoque ensuite la marginalisation du rôle des femmes dans la communauté.

En outre, les groupes armés ont un impact extrêmement négatif sur la vie quotidienne des femmes. Ils ont limité la liberté de la femme sous plusieurs aspects, tels que forcer la tenue islamique traditionnelle sur les filles et les femmes même les non-musulmans et en limitant l’éducation et travaillent, surtout après qu’al-Qaïda étendu leur influence et leur exploitation dans Ninive en 2005-2006. Il est également important de se référer à la question d’honneur, tuant les populations dans Ninive, principalement chez les Yézidis. Quand il s’agit de médias, femmes de Ninive sont impliquées, mais ils paient un lourd tribut. Beaucoup de femmes journalistes de Ninive ont été tués au cours des 10 dernières années.

Le rôle de la jeunesse

Selon les participants à des groupes de discussion et session de validation, la jeunesse de Ninive ont peu intérêt à s’engager dans le processus politique. L’Université de Mossoul est un endroit pour seulement l’éducation - jeunesse ne peut pas être impliqués dans les mouvements politiques et des processus comme le campus de l’Université de Mossoul est contrôlé par l’armée nationale. Aucune liberté de parole et d’expression n’est autorisée chez les élèves.

Hommes et la dignité

Nombreux savants ont écrit sur le rôle essentiel dignité peut jouer dans la résolution des conflits. Ceci a été confirmé par les recherches, qui ont découvert de nombreux cas d’indignité, que nous avons entendu des histoires des hommes de Ninive, qui ont souffert des politiques discriminatoires du gouvernement central contre des groupes sunnites. Virilité et la masculinité dans la société orientale est liée à la protection et la sécurité. Par ailleurs, les histoires de milliers d’anciens officiers de l’armée de Baas de Ninive sont une autre question critique pertinente concept masculin de dignité. Par conséquent, perte de dignité en forme de leurs comportements agressifs et poussé les hommes à s’impliquer avec des groupes terroristes afin de se venger et rétablir leur sentiment de dignité. Presque toutes les données recueillies ont convenu que honneur féminin est un autre sujet de critique et que c’est la question la plus importante liée à la dignité des hommes à Ninive. Les hommes sont prêts à se battre et à tuer si leur famille (femmes) - honneur - était menacée.

Changement climatique

Depuis 2007, le changement climatique est l’un des défis majeurs auxquels est confrontée l’Iraq. Il a eu des incidences environnementales et économiques désastreuses, en particulier dans le secteur agricole. Cette question a été soulevée dans plusieurs interviews, notamment le rôle du changement climatique en force les tribus à Ninive ouest vers les districts et sous-districts de Ba’aj, Talafer et Sinjar. Malheureusement, il n’y a aucune étude spécifique jusqu’à présent pour évaluer l’incidence probable du changement climatique sur l’Irak, y compris son effet sur les changements démographiques, qui ont été identifiées comme l’un des motifs de conflit à Ninive. Aucune aide humanitaire régulière ou appui a été fourni aux familles déplacées par la sécheresse, ou des programmes de réinstallation, qui à son tour a rendu leur jeunesse et les hommes des cibles faciles pour le recrutement par des groupes terroristes.

Recommandations

Les gouvernements de l’Irak et de la région du Kurdistan :

  • Élaborer le cadre juridique. Promouvoir les normes en vigueur, lois et autres mécanismes pour protéger les principes des droits de l’homme. Envisager la violence structurelle incorporé dans et par les lois irakiennes actuelles, y compris la constitution et le code pénal.
  • Élaborer un scénario de fin-violence urgent et claire avec la participation active de toutes les parties, (sauf les délinquants et les parties et les personnes qui ont été impliqués dans des crimes de guerre)
  • Promouvoir des programmes de développement économique en coopération avec les acteurs du secteur privé.
  • Renforcer la sécurité aux frontières et améliorer le système existant de sécurité intérieure.
  • Établir des programmes de réhabilitation pour les victimes du conflit et de violence, en mettant l’accent sur les femmes, les enfants et les jeunes.
  • Gouvernement devrait établir des partenariats avec les ONG locales concernées et les dirigeants communautaires pour établir la confiance.
  • Le gouvernement irakien et l’Ark devraient chercher appui technique de l’équipe de pays des Nations Unies et des conseils sur les besoins et les lacunes, notamment des informations sur où les services sont nécessaires.
  • La débaassification de problème doit être résolu par le gouvernement, en coopération avec les parties concernées.
  • Toutes les milices doivent être dissoutes par le gouvernement et en coordination avec les parties concernées.
  • Le gouvernement de l’Iraq, le gouvernement régional du Kurdistan, le Conseil des représentants et les organismes concernés doivent appliquer un plan national pour appliquer et soutenir la résolution 1325 du Conseil de sécurité, la recommandation du Comité.
    Pour les ONG irakiennes-société civile :
  • Renforcer la capacité de soutenir la recherche et des études sur l’évaluation/analyse de conflits et de prévention des conflits.
  • Encourager et soutenir l’Irak et l’Ark en commençant le processus de justice transitionnelle.
  • Construire et renforcer les relations avec les chefs tribaux et religieux en trouvant un mécanisme de coopération et de s’engager avec eux dans les programmes, activités et interventions de paix.
  • Renforcer les capacités des organisations de la société civile dans la surveillance, évaluation et documentation pour catalyser leur rôle dans la surveillance des performances du gouvernement à tous les niveaux.
  • Suivi de la lettre de solidarité, « Vers la Protection de diversité en Iraq the préservation d’identité culturelle et patrimoine et National, » qui a été adressée le Conseil irakien des représentatif par les Initiatives civiles des ONG.
  • Renforcer les capacités des médias locaux, en particulier chez les sujets liés au journalisme pour la paix.
  • Aider les jeunes à Ninive pour établir des plates-formes spécifiques, tels que les syndicats, pour répondre à leurs besoins, organisent des jeunes travailleurs et de favoriser les compétences en leadership jeune.
    La communauté internationale :
  • La communauté internationale devrait collaborer avec le gouvernement et les organisations de la société civile pour assurer l’état de droit dans Ninive efficace.
  • L’équipe de pays des Nations Unies et la mission politique de l’Irak devraient s’engager leur soutien continu à activement suivi et les rapports de toute violation future contre des civils à Ninive.
  • L’ONU devrait développer transparence et mécanismes de responsabilisation qui répondent à des circonstances exceptionnelles de la corruption et de conflit en Irak.
  • Pendant une période de temps, arrêt application distinctions contre les membres du parti Baas, extrémistes religieux et des chefs tribaux, affiliés à al-Qaida, plutôt inclure dans les pourparlers de paix (sauf les délinquants et les parties et les personnes qui ont été impliqués dans des crimes directs).
    Pour les autorités locales de Ninive :
  • Initier des programmes de renforcement des capacités afin d’améliorer la communication, le dialogue et les compétences en matière de transformation/gestion de conflits pour les fonctionnaires de l’autorité locale.
  • Sensibiliser des groupes locaux en collaboration avec les chefs tribus et religieux.
  • Responsables de collectivités locales doivent travailler et agir davantage comme une partie indépendante de servir la communauté des intérêts et besoins sans discrimination.
    Pour les dirigeants communautaires de Ninive :
  • Promouvoir les responsabilités individuelles. Des dirigeants tribus et religieux modérés Ninive devraient accroître leurs efforts visant à développer un sens de la Citoyenneté et du patriotisme parmi la société Ninive à travers leurs déclarations et discours.
  • Invite tous les groupes armés, partis politiques et l’armée nationale de s’abstenir d’attaquer les écoles, infrastructures, centres de soins de santé et les ménages.
  • Religieux et chefs tribus modérés doivent appeler extrémistes d’engager un dialogue pour la paix et ils doivent travailler comme médiateurs.
  • Coopérer avec le gouvernement de dissoudre toutes les milices.
  • Clarifier les chefs religieux déclarations et discours, surtout pendant les prières du vendredi, afin d’éviter les malentendus et de mauvaise interprétation par d’autres groupes religieux.

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Source : https://www.peaceinsight.org/fr/articles/security-religion-gender-nineveh-province-iraq/?location=iraq&theme=

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    L’évidence des mixités (Hommes – Femmes) : contribution de l’obédience maçonnique mixte internationale ‘Le Droit Humain – Dans le cadre de l’émission « Divers aspects de la pensée contemporaine » - Épisode du dimanche 29 mai 2022 par Marc Desoutter – Enregistrement de France Culture (18 minutes) - Photo
    La Fédération française du « Droit humain », fondée en 1901, est la première et la plus ancienne fédération de l’Ordre maçonnique mixte international « le Droit humain ». Wikipédia

Résumé

Réunir les deux moitiés de l’Humanité dans le paysage maçonnique et faire de la mixité un creuset de réflexion sociale, pour faire évoluer la société ; tel était déjà un souhait essentiel des fondatrices et fondateurs du Droit Humain en 1893.

Au Droit Humain, dont la mixité est la raison d’être, on préfère évoquer les mixités. A à sa fondation, à la fin du XIXéme siècle, cet Ordre maçonnique et international, en décalage absolu avec le climat historique et social, innove, avec la mixité de genre, bien sûr, mais aussi les mixités de culture, d’éducation, de langage.

Beaucoup d’hommes courageux, impressionnés par l’audace des fondatrices, par leur engagement républicain, bravent les interdits de leurs obédiences pour rejoindre ou soutenir l’initiative d’une mixité égalitaire, à même de constituer un progrès pour la Maçonnerie tout entière. Dans la sphère sociale, le combat pour l’égalité des femmes et des hommes sera long et difficile. « Beaucoup d’acquis tiennent bon encore aujourd’hui, souligne Dominique Segalen mais demeurent fragiles (avortement aux États-Unis, accès des femmes à l’instruction en Afghanistan).

Annick Drogou renchérit : « ces dangers ne sont plus du seul fait des hommes contre les femmes mais on est en train de restaurer les servitudes volontaires des femmes elles-mêmes dans le confusionnisme entretenu dans le champ social, politique, religieux. Un discours ultra féministe est en train de s’enferrer dans une virulence importée des USA où se mêlent le genre, la race, l’histoire. Et il serait contre-productif que les obédiences maçonniques s’engluent à nouveau dans le repli identitaire ! ». Ces deux membres de la commission Histoire du Droit Humain, auteures de nombreux ouvrages, nous entraînent dans cette épopée passionnante, de l’origine de l’Ordre à nos jours.

Intervenantes :

Annick Drogou, membre de la commission Histoire du Droit Humain, auteure du Dictionnaire buissonnier de la Franc-Maçonnerie avec Jean-Marc-Pétillot (éd. Numérilivre), et de l’ouvrage co-écrit avec Dominique Segalen, Soyez parfaites, mes Sœurs ! Les pionnières du Droit Humain (éd. Numérilivre).

Dominique Segalen, membre de la commission Histoire du Droit Humain, auteure de Genèse et Fondation de l’OMMI Le Droit Humain (éd. Détrad) et plusieurs monographies sur les fondateurs du Droit Humain.

Francs-Maçons de la Fédération française du DROIT HUMAIN

Francs-Maçons de la Fédération française du DROIT HUMAIN

Bibliographie :

  • Voyage au cœur des nombres - Du 1er au 33e degré du REAA (DH éditions)
  • Histoire du Droit Humain dans l’Est de la France (Tome 1 : 1904-1990) œuvre collective (DH éditions). Ces deux livres sont à commander sur : commandes@apfdh.org
    Thèmes associés : Sciences et savoirs Histoire

L’équipe - Marc Desoutter – Production Claire Poinsignon – Collaboration Peire Legras - Réalisation

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Source : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/divers-aspects-de-la-pensee-contemporaine/droit-humain-l-evidence-des-mixites-2173855

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