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"Le cerveau peut nous jouer des tours à cause des biais cognitifs : la pensée critique s’apprend et permet des raisonnements rigoureux pour atteindre rationnellement un objectif, analyser des faits ou formuler un jugement" par Jacques Hallard

dimanche 27 mars 2022, par Hallard Jacques


ISIAS Psychologie Education Neurosciences

Le cerveau peut nous jouer des tours à cause des biais cognitifs : la pensée critique s’apprend et permet des raisonnements rigoureux pour atteindre rationnellement un objectif, analyser des faits ou formuler un jugement

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 25/03/2022

Plan du document : Définitions préalables Introduction Sommaire#ZUSAMMENFASSUNG Auteur


Définitions préalables

Psychologie et biais cognitifs

Beaucoup de gens ont une propension à minimiser ou à ignorer complètement certaines les informations qu’ils reçoivent, alors qu’ils croient trouver chaque jour des preuves qui viendraient étayer leurs idées reçues, leurs principes et, parfois, leurs théories. C’est à travers de dans de telles situations que le biais de confirmation opère malgré soi à notre insu même. Cette attitude psychologique aboutit à une erreur de raisonnement qui déforme notre perception des faits rapportés et des situations réelles.

Anne Pioz - Le biais de confirmation : à traquer pour gagner en objectivité

Explications détaillées à cette source

Ce biais de confirmation constitue aussi le signe du syndrome de l’autruche : c’est cette tendance instinctive de l’esprit humain à rechercher en priorité les informations qui confirment sa manière de penser, et à négliger tout ce qui pourrait la remettre en cause. En somme, il s’agit d’une altération de la lucidité, voire d’une mauvaise foi plus ou moins assumée parfois.

Photo : le biais de l’autruche (France Inter)

Définitions de la pensée critique ou esprit critique

Sens 1 - Qui examine attentivement les choses avant de porter un jugement ou de faire un choix.

Sens 2 - Quelqu’un qui est porté à la critique, au blâme.

Source : https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/esprit-critique/

« La pensée critique est un concept dont les définitions sont nombreuses et parfois contradictoires : il désigne, dans les grandes lignes, les capacités et les attitudes qui permettent des raisonnements rigoureux afin d’atteindre un objectif ou d’analyser des faits pour formuler un jugement ». Wikipédia

Voir le schéma de synthèse (source : Eduscol) : « Former l’esprit critique des élèves »

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Introduction

Quelques définitions préalables ont tout d’abord été proposées. Constitué dans un but didactique, ce dossier se compose de 2 rubriques : rubrique A (Biais de confirmation) et rubrique B (Pensée critique ou esprit critique)

Dans la rubrique A, la notion de biais de confirmation d’hypothèse est décrite de différentes façons, avec une sélection de documents écrits ou avec vidéos : des exemples sont empruntés à des auteurs qui abordent les questions de climat (climatosceptiques qui mettent en doute les théories les plus répandues concernant le réchauffement climatique), la pandémie de COVID-19 (voir également « Épidémie de Covid-19 et biais cognitifs » - François Sellal, Geoffroy Hautecloque - Dans Revue de neuropsychologie 2020/2 (Volume 12), pages 218 à 220 ), en psychologie familiale (voir également « Un biais d’égocentrisme amène les parents à mal estimer le bonheur de leurs enfants » Psychomédia - Publié le 1er août 2015 – Source), ainsi que l’utilisation du biais cognitif dans le domaine du marketing (sic !) Pour plus de détails sur ces usages et dévoiements, voir [[Infographie] 50 biais cognitifs utiles dans le Marketing – Blog,ou encore ceci :[Biais cognitif consommateur - Définitions Marketing ]. ->https://inbound.lasuperagence.com/blog/infographie-biais-cognitifs-marketing]https://inbound.lasuperagence.com/b...

Dans le rubrique B, la notion de pensée critique (ou esprit critique) est abordée sous l’angle de la pédagogie. Pour en savoir plus, on peut aussi consulter :

3 biais cognitifs à connaître en éducation – KnowledgeOne », ou bien encore ceci :

* Éducation à l’esprit critique : connaître les biais cognitifs pour aiguiser l’esprit critique (enfants et adultes) - Ecole et apprentissage : connaître les biais cognitifs pour aiguiser l’esprit critique (enfants et adultes). Source : https://apprendreaeduquer.fr/esprit-critique-biais-cognitifs/

Ce dossier se termine par un travail qui concerne à la fois la Psychosociologie et les Sciences : la mise au point d’un « baromètre de l’esprit critique : un instrument inédit d’analyse de l’esprit critique en France ».

Les documents sélectionnés pour ce dossier sont indiqués avec leurs accès dans le sommaire ci-après#ZUSAMMENFASSUNG

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Sommaire


Rubrique A – Biais de confirmation

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Rubrique A – Biais de confirmation


  • Le biais de confirmation d’hypothèse d’après Wikipédia
    Le biais de confirmation, également dénommé biais de confirmation d’hypothèse, est le biais cognitif qui consiste à privilégier les informations confirmant ses idées préconçues ou ses hypothèses, ou à accorder moins de poids aux hypothèses et informations jouant en défaveur de ses conceptions, ce qui se traduit par une réticence à changer d’avis. Ce biais se manifeste chez un individu lorsqu’il rassemble des éléments ou se rappelle des informations mémorisées de manière sélective : il les interprète d’une manière biaisée.

Les biais de confirmation apparaissent notamment autour de questions de nature affective et concernant des opinions ou croyances établies. Par exemple, pour s’informer d’un sujet controversé, une personne pourra préférer lire des sources qui confirment ou affirment son point de vue. Elle aura aussi tendance à interpréter des preuves équivoques pour appuyer sa position actuelle. Les biais dans la recherche, l’interprétation et le rappel de la mémoire ont été invoqués pour expliquer l’attitude de polarisation (quand un désaccord devient plus extrême, même si les différentes parties sont confrontées à la même preuve), de persévérance de conviction (quand la croyance persiste après que les preuves la soutenant sont démontrées fausses), l’effet de primauté irrationnelle (une plus forte importance pour les premières données rencontrées) et l’illusion de corrélation (par laquelle les personnes perçoivent à tort une association entre deux événements ou situations).

Une série d’expériences dans les années 1960 suggère que les individus sont biaisés en faveur de la confirmation de leurs croyances actuelles. Des travaux ultérieurs ont expliqué ces résultats par une tendance à évaluer les idées d’une manière unilatérale, mettant l’accent sur une possibilité unique et ignorant les alternatives. En combinaison avec d’autres effets, cette stratégie de pensée peut biaiser les conclusions qui sont atteintes. Pour expliquer les biais observés, on invoque notamment le rôle du désir dans la pensée (cf. Pensée désidérative) et les limitations de la capacité humaine au traitement de l’information. Une autre hypothèse est que les individus montrent un biais de confirmation, car d’une manière pragmatique ils évaluent le coût d’être dans l’erreur, plutôt que d’enquêter d’une manière neutre ou scientifique.

Les biais de confirmation contribuent à l’excès de confiance dans les croyances personnelles et peuvent maintenir ou renforcer les croyances face à des preuves contraires. Ils peuvent donc conduire à des décisions désastreuses, en particulier dans des contextes organisationnels, militaires, politiques ou sociaux.

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  • Film - « Climat, mon cerveau fait l’autruche », sur Arte : pourquoi l’être humain se voile la face - Par Catherine Pacary - Publié le 12 mars 2022 à 20h30 – Document ‘lemonde.fr’ - Production d’ARTE – Samedi 12 mars à 22 h 40 – Documentaire
    Démonstration déculpabilisante des capacités du cerveau humain à minimiser les dangers, comme le réchauffement climatique.

Illustration - Des séquences animées sont illustrées par des personnages à la tête en forme de cerveau. UN FILM À LA PATTE

Comme souvent, c’est l’observation d’un phénomène étrange qui a attiré l’attention des scientifiques. Sachant que, sans réduction des émissions de gaz carbonique dans l’atmosphère, la Terre ne sera plus habitable, les êtres humains ne changent pourtant rien à leur comportement – ou presque. Les chercheurs ont émis l’hypothèse qu’« une part de nous-mêmes [notre cerveau] nous freine à agir ». Avant d’exposer les différents mécanismes cérébraux qui favorisent ce déni inconscient.

Il en résulte un documentaire plaisant et somme toute assez déculpabilisant, puisque, par une dissociation sémantique magique, il nous explique que, si nous allons droit à la catastrophe écologique, ce n’est pas notre faute, mais celle de… notre cerveau. Une théorie néanmoins passionnante, qu’il est possible d’extrapoler à d’autres grandes peurs de l’humanité, comme la maladie ou la guerre.

Décalage entre causes et effets

Pour rendre notre matière grise plus réceptive, la scénographie a recours à des séquences animées avec de petits personnages à la tête en forme de cerveau et à une petite autruche blanche qui s’incruste de façon aléatoire à l’écran. Comme lors de la visite à Arvieu (Aveyron), où les caméras ont filmé l’atelier « fresque du climat » dans une classe de primaire. Le discours de Benoît, l’enseignant, est abrupt : « Les catastrophes naturelles vont se multiplier et des millions de personnes parmi les plus pauvres vont devoir quitter leur maison. Est-ce que cela vous fait peur ? » Une petite fille se mord les lèvres.

Heureusement, Stephan Lewandowsky, psychologue en sciences cognitives, est plus imagé lorsqu’il s’adresse aux téléspectateurs adultes, utilisant la fable de la grenouille qui se baignait dans l’eau froide et finit ébouillantée quand la température est montée doucement jusqu’à un seuil mortel. De même, Albert Moukheiber, psychologue et neuroscientifique, pour faire comprendre le schéma de pensée du décalage temporel entre les causes et les effets : « En cas de réchauffement, je n’ai pas un bout de banquise qui me tombe sur la tête. »

Le biais cognitif d’optimisme expliquerait aussi, selon la neuroscientifique Tali Sharot, « les mesures trop tardives et peut-être insuffisantes » prises au début de la pandémie de Covid-19. S’ensuit un rapprochement visuel osé entre les déclarations du président brésilien, Jair Bolsonaro, et celles de la ministre française de la santé Agnès Buzin, le 24 janvier 2020 (« Le risque de propagation du coronavirus dans la population est très faible »).

Les biais cognitifs sont nombreux. Depuis le « biais de confirmation » (tendance à croire ce qui va dans le sens de ce que je crois déjà), « l’effet spectateur », le « biais culturel », que la sociologue Dominique Méda fait remonter aux origines judéo-chrétiennes, quand « Dieu a demandé aux humains d’assujettir la Terre et les espèces qui s’y trouvent ». Celui aussi de la « comparaison sociale » appliquée à l’alimentation expliquerait pourquoi les Occidentaux privilégient encore massivement la viande, alors qu’un choix écoresponsable serait d’en réduire significativement la consommation.

Malheureusement, le film glisse sur le sujet sans embrayer sur les changements massifs de comportement à opérer. Reste une démonstration neuronale qui explique bien des aveuglements et la confirmation d’un dicton populaire : « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ».

Consulter la vidéo de 52 minutes - Climat, mon cerveau fait l’autruche, de Raphaël Hitier et Sylvie Deleule (Fr., 2021, 52 min), disponible jusqu’au 10 mai sur Arte.tv.

Catherine Pacary - Le Monde - Toute l’actualité en continu

Des centres d’accueil pour migrants d’un genre nouveau vont ouvrir à Calais

Source : https://www.lemonde.fr/culture/article/2022/03/12/climat-mon-cerveau-fait-l-autruche-sur-arte-pourquoi-l-etre-humain-se-voile-la-face_6117282_3246.html

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  • Climat - Vidéo 54:51 – « Documentaire-conférence : climat, tous biaisés ?  » - Avec Albert Moukheiber - 3 décembre 2021 - France Culture
    Notre planète va mal, nous le savons. Et vu l’urgence de la situation, agir contre le réchauffement climatique et tous les autres maux de notre planète devrait être notre priorité. Pourtant, nous avons bien du mal à nous y mettre et pour certains même tout simplement à y croire. Comment expliquer cette inertie face à l’urgence environnementale  ? Et si une partie de l’explication se situait à l’intérieur même de notre cerveau  ?

Face à un réel multiple et complexe, des mécanismes cérébraux se mettent en place et nous piégeraient dans l’inaction. On les appelle les biais cognitifs. Albert Moukheiber, neuroscientifique et psychologue, nous explique pourquoi et comment les déjouer. Albert est l’auteur de Votre Cerveau vous joue des tours (Allary Editions). Cette conférence est ponctuée d’extraits du documentaire Climat, mon cerveau fait l’autruche, coproduit par ARTE & Un film à la patte.

Source : https://www.youtube.com/watch?v=wfiE1uj7Y6o

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  • Vidéo 1 heure 30 – Avec Albert Moukheiber - Votre cerveau vous joue des tours (Live Zoom) - 04 mars 2021 - Centre d’Action Laïque de la Province de Liège - LA CITÉ MIROIR
    Empêché de venir à votre rencontre à La Cité Miroir ce mardi 2 mars 2021 pour les raisons sanitaires que nous connaissons, le docteur en neurosciences cognitives vous donne rendez-vous derrière vos écrans. Une occasion pour répondre à vos interrogations, pour aller plus loin et pour questionner ensemble les mécanismes de notre cerveau. Albert Moukheiber, parrain de l’exposition Illusions, est docteur en neurosciences cognitives et psychologue clinicien.

Auteur du livre Votre cerveau vous joue des tours, il met en avant les mécanismes cérébraux qui influencent notre fonctionnement. Notre cerveau fait des choses qui peuvent parfois nous surprendre, nous tromper mais aussi nous aider. Notre cerveau façonne une réalité qui lui est souvent propre. Il cherche à donner du sens par rapport au contexte. Il fonctionne en partie par prédiction en puisant dans le passé, dans ce qui nous est familier pour compenser un éventuel manque d’information dont il dispose. Ces mécanismes cérébraux nous permettent de fonctionner et de nous construire une vision cohérente du monde mais ils peuvent de la même manière nous berner. En analysant de manière ludique et simple, mais sans être simpliste, le fonctionnement de notre cerveau, Albert Moukheiber apportera des clés de compréhension à ces questions.

Une programmation du Centre d’Action Laïque de la Province de Liège - Dans le cadre de l’exposition Illusions à La Cité Miroir - Licence Licence de paternité Creative Commons (réutilisation autorisée)

Source : https://www.youtube.com/watch?v=omarqceRtt0

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  • Climat - Réchauffement climatique : pourquoi notre cerveau nous empêche de réagir vraiment – Emission de ‘France Inter’ L’Édito carré- Jeudi 29 novembre 2018 par Mathieu VidardPhoto : le biais de l’autruche
    Suite et fin ce matin de votre série d’éditos carrés consacrés au climat à quatre jours du démarrage de la COP24 en Pologne. Notre tendance à nier la réalité du réchauffement climatique ou à minimiser son impact est due au fonctionnement du cerveau.

Illustration - Glacier Perito Moreno, parc national Los Glaciares au sud-ouest de la Patagonie (Argentine, près de la frontière chilienne) © Getty / Antonio Salinas L.

Nous vivons en ce moment une crise majeure avec un risque important d’effondrement de nos sociétés si nous ne parvenons pas à limiter le réchauffement à plus de 2 degrés d’ici la fin du siècle. Et pourtant alors que tous les voyants sont au rouge, notre cerveau préfère ne pas entendre ce que nous disent les scientifiques. Il est intéressant dans ce contexte de faire appel à la psychologie et aux neurosciences pour comprendre pourquoi malgré l’importance du problème, le climat ne figure pas dans nos priorités. Selon le psychiatre norvégien Per Espen Stoknes, le principal problème dans la lutte contre le réchauffement climatique est justement d’ordre psychologique. Et comme il l’expliquait au Monde il y a un mois, plus les preuves scientifiques du dérèglement s’accumulent, moins les gens semblent préoccupés par les questions climatiques. 

Et comment explique-t-il ce paradoxe ? 

Et bien par des barrières mentales qui nous empêchent de voir la réalité en face : et parmi elles : la dissonance cognitive. Nos vies reposent sur un besoin de cohérence avec la façon dont nous nous construisons, or parfois, se mettent à cohabiter des contradictions intérieures, qui entraînent un malaise profond. Le réchauffement climatique par les menaces qu’il projette sur notre avenir et par l’ampleur des mesures qu’il nécessite, crée de l’inconfort en remettant trop de choses en question dans notre existence. Et entre la connaissance du problème et la reconnaissance du besoin d’agir, notre réflexe est de refouler ces informations pour éviter d’y penser. 

À écouter - CultureL’écologie est-elle une affaire individuelle ?- 4 min

Cette tendance à faire l’autruche s’explique d’ailleurs parfaitement par le fonctionnement de notre cerveau. La chercheuse en neuroscience comportementale Sylvie Granon explique dans un ouvrage Le souci de la nature que le cerveau humain n’aime pas les changements d’habitudes qui sont très énergivores et stressants pour l’organisme.

Le cerveau favorise donc les comportements les plus automatiques et les plus rassurants possibles afin de diminuer l’impact de ce stress. Notre tendance à nier la réalité du réchauffement climatique ou à minimiser son impact, est donc une façon de d’affronter et de résoudre cette dissonance cognitive. 

Y a-t-il une autre barrière mentale ?

Oui toujours selon Per Espen Stoknes, le catastrophisme qui entoure les informations concernant le réchauffement climatique serait contre-productif et conduirait encore notre cerveau à éviter le problème. A force d’être abreuvé d’études anxiogènes il met là aussi en place ses mécanismes de défenses. Bon tout cela évidemment n’est pas une raison pour entretenir l’inaction générale. 

À écouter - SciencesClimat : le GIEC invite à regarder le verre à moitié plein- 8 min

D’ailleurs comme le fait remarquer le philosophe Clive Hamilton, on observe heureusement depuis deux ou trois ans une mobilisation citoyenne plus forte en faveur du climat. Comme quoi nous pouvons non seulement agir contre le réchauffement mais mater aussi un peu notre cerveau pour lui faire comprendre qui est le maître à bord !

Ecoutez le podcast de radio france :agir pour ma planète’ :

A l’occasion de la COP24, retrouvez toutes les émissions et les chroniques sur le changement climatique, par les antennes de Radio France. Quel est l’impact du réchauffement climatique sur l’environnement ? Quels dangers, quelles solutions ? A retrouver sur iTunes, sur Deezer ou en fil RSS.

L’équipe : Mathieu Vidard Producteur - Contact : TwitterContact- Thèmes associés : Sciences- COP 26 (Conférence pour le climat 2021)- réchauffement climatique- psychologie- Environnement

France Inter – Info, Culture, Humour, Musique

Entendu sur France Inter ... – La Manif Pour Tous – La Manif Pour Tous

Source : https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-carre/l-edito-carre-29-novembre-2018

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  • Psychosociologie - Biais de confirmation : pouvez-vous le contrer ? (Lire la bio)Julien Hernandez Journaliste scientifique -Publié le 02/02/2021 – Document ‘futura-sciences.com’
    Pouvons-nous contrer notre biais de confirmation ? Et savons-nous vraiment à quoi réfère ce biais ? Détails dans cet article. 

[En vidéo] - le neurofeedback permet-il au cerveau de mieux fonctionner ? Le neurofeedback offre à un utilisateur la possibilité d’observer l’activité de son propre cerveau. Cette procédure non invasive possède des applications plutôt inattendues. Futura-Sciences a interviewé, lors de son allocution à TEDxCannes, Maureen Clerc, chercheuse à l’INRIA (Institut national de recherche en informatique et en automatique), afin qu’elle nous parle en détail de cette technique. 

Dans la conception populaire que nous en avons, le biais de confirmation est perçu comme ce mécanisme psychologique qui nous pousse à confirmer sans cesse ce que nous pensons et à hérisser le poil lorsque des données ou des avis contradictoires se présentent. Est-ce aussi simple ? Pas vraiment. Pour nous aider à comprendre en profondeur ce qu’est le biais de confirmation, nous avons interrogé Fabrizio Butera, professeur de psychologie sociale, et Nicolas Sommet, docteur en psychologie sociale, tous deux travaillant à l’université de Lausanne.

Le paradigme de l’étude du biais de confirmation

Lorsqu’on essaie de mieux comprendre des phénomènes scientifiques, il est important de savoir les situer dans l’histoire de la discipline qui s’attèle à les étudier. « Il y a eu deux grandes écoles de pensée au début des études sur la cognition humaine et plus particulièrement des biais. D’aucuns considèrent les biais comme étant une incapacité cognitive à imaginer les alternatives. D’autres pensent que ces biais sont liés à des questions de motivation, c’est-à-dire que les individus n’auraient pas de raison de lutter contre leur biais. Récemment, nous avons publié un papier avec mon équipe de recherche en argumentant en faveur d’un autre aspect : l’aspect situationnel. Autrement dit, nous montrons qu’il existe des situations sociales qui favorisent ou non le biais de confirmation », explique Fabrizio Butera. Le paradigme dominant reste néanmoins le cognitivisme qui, comme nous l’explique Nicolas Sommet « est un paradigme où la pensée s’apparente à un système de traitement de l’information. L’étude des biais cognitifs, incluant le biais de confirmation, en est assez prototypique ».

Illustration - Le cognitivisme est un paradigme où la pensée s’apparente à un système de traitement de l’information. © Feodora, Adobe Stock 

Biais de confirmation : phénomène réel ou artefact ? 

Le biais de confirmation existe. Ce n’est pas un artefact. Pourtant, des variations en matière de définition sont courantes dans la communauté scientifique comme le relate bien cet article de Joshua Klayman, professeur émérite des sciences du comportement à l’université de Chicago. Pour autant, Nicolas Sommet nous assure que « la plupart des psychologues sont d’accord sur une définition assez générale du biais de confirmation qui est la suivante : le biais de confirmation est la tendance à traiter l’information en recherchant ou en interprétant l’information qui correspond à ses croyances existantes. » Lorsque l’on creuse dans l’histoire de la découverte du biais de confirmation, on considère généralement l’expérience de Wason intitulée « On the failure to eliminate hypotheses in a conceptual task » comme le premier design expérimental à l’avoir démontré. Cependant, plusieurs chercheurs discutent ce point.

Selon Fabrizio Butera, depuis cette expérience, « les chercheurs se ’bagarrent’ sur l’explication du biais de confirmation, mais pas au sujet de son existence, qui fait consensus. En effet, quelles que que soient les expériences en psychologie et les tâches de raisonnements, on trouve de la confirmation. Le vrai sujet de débat c’est le pourquoi. Chacun argumente alors pour son paradigme. Les cognitivistes expliquent le biais de confirmation par un manque de capacité cognitive. Mais cette explication a du mal à rendre compte de la confirmation qui s’opère chez des personnes qui connaissent très bien la logique formelle et les problèmes de confirmation d’hypothèses : les chercheurs eux-mêmes. Il y a d’autres explications toujours affiliées à un paradigme donné comme les motivations spécifiques (pour protéger son estime de soi, etc.), le pragmatisme qui consiste à dire que, pour des raisons évolutives, nous avons besoin de communiquer notre point de vue pour convaincre, donc en éludant les faiblesses de ce dernier. »

Photo - Le biais de confirmation existe. Ce n’est pas un artefact. © Kraken Images, Adobe Stock 

Pour Nicolas Sommet, «  il est fort probable que les aspects cognitifs et motivationnels soient complémentaires et non exclusifs ». Il ajoute aussi que l’existence du biais de confirmation ne fait aucun doute étant donné qu’« il a résisté à la crise de la réplication qu’a subi la psychologie dans la dernière décennie. Les psychologues ont confiance en l’existence de ce biais. Par exemple, on pourrait citer l’expérience pré-enregistrée très récente de Calvillo & Thomas qui montre que les individus tendent à croire que les news qui sont congruentes avec leurs opinions politiques sont plus vraies que les news qui ne le sont pas — c’est-à-dire que les gens de gauche ont du mal à détecter les ’fakes news’ de gauche et, réciproquement, les gens de droite ont du mal à détecter les ’fakes news’ de droite, chacun dans sa paroisse politique, donc. »

Autour de la notion de biais

Il y a un autre débat, qui fait rage depuis la mise en exergue des biais cognitifs par Kahneman et Tversky : est-ce que les biais sont bien des biais ? C’est un débat qui est plus d’ordre conceptuel et sémantique mais dont il est intéressant de discuter pour mieux comprendre la suite du propos de cet article. 

Pour Fabrizio Butera, la réponse est claire : « Non. Le biais de confirmation ne mérite pas d’être appelé biais. » Avant de continuer son explication, il nous précise tout de même que sa position est minoritaire dans la communauté des chercheurs en psychologie. « Le terme biais porte à confusion. Il renvoie à un tunnel de l’esprit. Cela sous-entend qu’on ne peut pas en sortir. Si vous êtes dans un tunnel, vous devez aller de l’entrée à la sortie sans faire de détour [sauf si vous prenez les issues de secours, ndlr]. Cela suppose que nous sommes tous impuissants face à la pente glissante que représente l’influence de nos biais. Pourtant, ce n’est pas ce qu’on observe socialement. Le terme biais renforce trop, à mon sens, le courant de pensée, qui décrit la confirmation comme une limitation cognitive. Même Kahneman et Tversky expliquent bien que les biais apparaissent dans des moments où notre disponibilité cognitive est limitée, pas notre cognition. Autrement dit, si je suis distrait par une tâche, que je suis préoccupé ou que j’ai des émotions négatives, je vais augmenter ma probabilité d’être biaisé. »

Pas de consensus sur la nature ni sur les causes de ce « biais »

Y a-t-il un consensus ailleurs que sur l’existence du phénomène de confirmation ? Apparemment non. Les psychologues ne sont ni d’accord sur la nature de ce biais ni sur les causes qui le déterminent. « Il ne me semble pas qu’il y est un consensus sur la nature et les causes du biais de confirmation. Concernant la nature, les débats tournent autour de positions que nous avons déjà abordées telles que la nature cognitive, évolutionniste, motivationnelle ou situationnelle du biais de confirmation qui est celle que je défends à titre personnel. Sur les causes, l’état du débat est similaire corrélativement aux débats sur la nature du biais. En effet, si l’on pense que le biais est une limitation cognitive, on va avoir tendance à rechercher les causes dans la structure de notre système cognitif. Si l’on pense que le biais est de nature motivationnelle, on va plutôt les chercher dans la compréhension de l’utilité de l’affirmation de sa conviction. Si l’on pense que le biais est de nature pragmatique, on va chercher à expliquer le biais de confirmation par des mécanises évolutifs. Enfin, si l’on pense que le biais est de nature situationnelle, la cause est à rechercher dans les défenses que nous mettons en place lorsque nous nous sentons menacés dans un environnement compétitif, que nous ressentons une menace pour notre compétence », détaille Fabrizio Butera.

Illustration - Un environnement compétitif rend plus propice la survenue du biais de confirmation. © olly, Adobe Stock 

Mais n’y a-t-il pas d’arguments pour départager ou au moins y voir plus clair sur les données qui soutiennent chacune de ces positions ? Heureusement pour nous, il y en a. « L’argument pragmatique est de dire que nous sommes des animaux sociaux et que nous avons besoin de communiquer car notre force, c’est le groupe. Au sein de cette communication, nous pouvons avoir des conflits d’intérêts liés aux activités du groupe telles que la distribution de nourriture, de territoire ou encore le pouvoir. Et le pouvoir ne s’acquiert pas uniquement par la force mais aussi par le fait d’avoir raison. Dès lors, cet argument suggère que le biais de confirmation aurait évolué car il confère une utilité majeure. Pourtant, on se rend compte que cette tendance n’est pas toujours efficace. Si vous devez convaincre quelqu’un qui est de votre côté, ne montrer que la position forte de votre point de vue va fonctionner. Vous allez alors polariser la personne. En revanche, face à un adversaire, si vous optez pour cette communication unilatérale, cela se traduit par un échec. Dans ce cas-là, il vaut mieux opter pour une communication dite bilatérale, c’est-à-dire, reconnaître les faiblesses de sa position mais expliquer pourquoi elle nous parait être la meilleure quand même. De plus, cette tendance à confirmer ne se produit pas dans toutes les situations mais bien dans des situations précises et avec des individus aux objectifs précis », affirme Fabrizio Butera.

Nicolas sommet ajoute qu’« un résultat contre-intuitif est que le biais de confirmation n’est pas ou très faiblement relié à l’intelligence : les individus qui ont des habiletés cognitives élevées ne sont pas moins victimes du biais que celles et ceux ayant des habilités cognitives moins élevées. Les causes du biais semblent être davantage à chercher du côté de certaines différences personnologiques. Par exemple, les gens ayant un besoin de clôture élevé, c’est-à-dire, qui ont plus besoin d’une réponse claire lorsqu’ils sont confrontés à un problème, montrent un biais de confirmation plus fort. Un autre exemple : les gens qui ont des buts de performance élevés, c’est-à-dire qui sont motivés par le fait d’être bons (ou, au moins, de ne pas être mauvais) par rapport à autrui, montrent aussi un biais plus fort ».

Comment réduire l’influence du « biais » de confirmation ? 

Cette question sous-entend qu’il est possible de réduire l’influence du biais de confirmation. Il semble bien que ce soit le cas et Fabrizio Butera nous explique comment. « Si nous sommes intéressés, dans notre discussion, à découvrir la vérité, la confirmation est très préjudiciable. On sait, par des expériences antérieures, que, lorsqu’un groupe est trop homogène en matière d’idées, il prend des mauvaises décisions, surtout lorsqu’il s’agit de problèmes complexes. On explique cela par le fait que, dans de tels groupes, on ne remet pas en discussion les fondements qui font l’accord de tous. Lorsqu’on recherche la vérité, généralement, on essaie toujours de se confronter aux arguments alternatifs [cela ne veut pas dire que tout se vaut, mais que nous prenons acte des positions et des arguments opposés pour pouvoir, le cas échéant, changer d’avis, ndlr]. Pour éviter l’effet de groupe, il n’y a rien de mieux que d’avoir un avocat du diable dans ce dernier, qui rappelle incessamment la possibilité qu’on puisse être dans l’erreur. En réalité, de notre point de vue situationnel, la vraie question à se poser en amont est la suivante : est-ce que nous sommes en train de raisonner dans un contexte qui a besoin du biais de confirmation pour des raisons déjà évoquées ? Dès lors, les contextes compétitifs sont propices à voir apparaitre des biais de confirmation et surtout, le plus problématique, à engendrer une retenue d’informations pertinentes qui seraient utiles pour tout le monde. Par conséquent, l’important réside dans la coopération vers un but commun et des groupes où réside une grande diversité cognitive. »

Illustration - Recherche de la vérité, but commun, coopération, diffusion des informations : autant de techniques qui permettent de contrer le biais de confirmation. © strichfiguren.de, Adobe Stock 

Rechercher la vérité, réduire la compétition et avoir un but commun. Voilà la recette. Nicolas Sommet, souscrivant entièrement aux propos de Fabrizio Butera développe deux autres points très importants : « Le problème du biais de confirmation, c’est qu’il fait lui-même l’objet d’un bais : les gens sont d’accord de penser que le biais de confirmation existe chez les autres, mais ont du mal à admettre qu’il existe chez eux aussi. Un méta-biais si on veut. Par exemple, les lecteurs qui consultent cet article vont probablement se dire que c’est complètement hallucinant que les gens soient aussi facilement dupés par eux-mêmes sans remarquer que c’est aussi et surtout d’eux et de nous-mêmes dont nous parlons. Dès lors, comme l’a déjà dit Fabrizio, l’importance du contexte, pour contrer ce méta-biais, est déterminante. Lorsque le contexte est propice, on peut utiliser ce qu’on nomme des techniques de décentration qui donnent de bons résultats.

Dans certaines études, on montre à des dyades de participants une boîte dans laquelle se situe une pyramide à base carrée. Ladite boîte a deux ouvertures : une ouverture latérale et une autre située en-dessous. On demande alors à chaque participant de regarder dans une des ouvertures, puis de discuter de ce qu’il y a dans le boîte. La très grande majorité des participants ne parviennent pas à se mettre d’accord : celui ou celle qui a glissé son œil par l’ouverture latérale pense que la boîte contient un triangle, tandis que l’autre qui a glissé son œil par l’ouverture de dessous pense que la boîte contient un carré. Ensuite, on demande aux participants d’ouvrir la boîte et ils réalisent qu’ils avaient tous les deux tort et raison à la fois et que la boîte contient cette fameuse pyramide à base carrée. La leçon qui leur est alors donnée est qu’il faut parfois se mettre à la place de l’autre et combiner ses informations avec celles d’autrui pour atteindre la vérité. Dans leur ensemble, les études dont je parle montrent que, lorsqu’on fait faire ce petit jeu à des dyades de participants plutôt que lorsqu’on ne le fait pas, ils sont alors plus susceptibles de régler des désaccords sur une tâche subséquente de façon intégrative, sans montrer de biais de confirmation. »

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  • Marketing - Comment exploiter cette erreur de raisonnement en marketing que constitue le biais de confirmation - 01.10.20 – Document ‘ionos.fr’ Vendre sur internet
    Les femmes ne savent pas se garer, les gauchers sont plus créatifs que les droitiers, la méditation fait de plus en plus d’adeptes chaque jour : peu importe qu’une hypothèse nous paraisse absurde ou évidente, chaque être humain a ses propres convictions et n’est guère disposé à s’en détacher.

Vous avez très certainement déjà connu des discussions où votre interlocuteur reste obstinément sur sa position alors que les faits que vous lui présentez rendent son point de vue objectivement erroné. Les gens ont tendance à minimiser ou à ignorer complètement de telles informations alors qu’ils croient trouver chaque jour des preuves venant étayer leurs théories.

C’est dans de telles situations que le biais de confirmation opère. Cette erreur de raisonnement psychologique déforme notre perception. Elle nous pousse à enregistrer uniquement les nouvelles informations de façon sélective et à nous en tenir à nos croyances bien ancrées.

Sommaire :

1.Biais de confirmation : définition et explication

2.Biais de confirmation : exemples issus du quotidien

3.5 possibilités pour exploiter le biais de confirmation en marketing

4.En résumé : le succès repose dans un mélange de techniques marketing

Biais de confirmation : définition et explication

La pensée humaine est tout sauf objective et est soumise à diverses distorsions cognitives. Par conséquent, nous commettons souvent et systématiquement des erreurs dans le traitement des informations.

Définition

Le biais de confirmation décrit la tendance de l’être humain à enregistrer en priorité et à classer comme pertinentes les informations correspondant à ses propres convictions.

Dans les années 1960, le psychologue Peter Wason fut le premier à faire la démonstration de cette erreur de raisonnement dans le cadre de diverses expériences.

Dans l’une d’entre elles (le problème 2-4-6), les participants devaient identifier quelle règle s’appliquait à des triplets de nombres. Le triplet 2-4-6 était tout d’abord présenté aux sujets. Ils pouvaient ensuite proposer leurs propres triplets de nombres supposés répondre à la même règle. Pour finir, ils devaient indiquer la règle qu’ils pensaient avoir identifiée. D’après P. Wason, les résultats ont montré que les sujets avaient tendance à tester uniquement des triplets se basant sur leur propre hypothèse.

P. Wason a également pu constater cette erreur de raisonnement dans d’autres expériences, par ex. dans la tâche de sélection (ou l’énigme des quatre cartes). Au cours des décennies suivantes, la poursuite des recherches sur ce biais a permis de faire de nombreuses découvertes et le terme « biais de confirmation » est aujourd’hui utilisé pour désigner toute une série de schémas de pensée et de mémoire. Voici quelques exemples ci-dessous :

  • Acquisition de l’information  : nous retenons uniquement les informations soutenant nos propres hypothèses (définition du biais de confirmation proposée par Peter Wason).
  • Mémoire  : nous enregistrons uniquement les informations conciliables avec nos propres opinions.
  • Cadrage  : nous interprétons les nouvelles informations de façon à ce qu’elles correspondent à notre point de vue jusqu’à présent.
  • Vérification  : nous renonçons à la possibilité de remettre en cause nos propres opinions.
  • Rejet : nous rejetons les informations ne correspondant pas à nos convictions.
    Biais de confirmation : exemples issus du quotidien

La recherche sur le biais de confirmation et les possibilités de se libérer de ce biais occupent les psychologues depuis des décennies, et ce pour de bonnes raisons. En effet, cette distorsion cognitive peut avoir des conséquences sérieuses et parfois dangereuses.

Par exemple, si un médecin ne procède pas à un examen complet d’un patient parce qu’il le sait hypocondriaque et qu’il ne prend plus au sérieux ses symptômes, le médecin pourrait ne pas identifier à temps une maladie sérieuse et le patient pourrait décéder.

Fort heureusement, les cas d’application de ce biais ne sont pas toujours aussi dramatiques : ne serait-ce que dans notre consommation d’informations, le biais de confirmation nous fait omettre des informations ne correspondant pas à nos convictions. Sur les réseaux sociaux, les algorithmes nous présentent uniquement des faits correspondant à notre vision du monde. De ce fait, les frontières entre les courants politiques se durcissent et il est alors difficile de corriger les opinions radicales qui sont exprimées.

L’existence de cette erreur de raisonnement est largement admise par la communauté scientifique. Toutefois, la mesure dans laquelle les individus se laissent influencer par cette distorsion dans leurs décisions fait aujourd’hui l’objet d’un débat. Gary Klein par exemple voit des faiblesses majeures dans la recherche sur ce biais.

Cinq possibilités pour exploiter le biais de confirmation en marketing

Depuis de nombreuses années, les entreprises utilisent avec succès dans leurs stratégies marketing la tendance de l’être humain à s’en tenir à ses convictions et à valider de façon inconsciente les hypothèses déjà existantes. Vous pouvez facilement les imiter.

Il s’agit essentiellement de déterminer quelles sont les hypothèses implicites de vos clients et de les valider avec vos messages marketing. Vous obtiendrez ainsi leur approbation, gagnerez leur confiance et ferez un pas de plus vers la vente.

Recourir aux clichés et aux stéréotypes

Dans leur esprit, les gens ont de nombreux poncifs sur les secteurs d’activité ou les marques individuelles : les constructeurs automobiles allemands seraient par exemple les garants d’une certaine qualité, les vins français seraient excellents et les start-ups de la Silicon Valley développeraient des innovations technologiques formidables.

S’il existe des stéréotypes positifs sur votre entreprise ou si votre secteur d’activité dispose d’une certaine réputation, ayez recours à ces idées reçues dans vos messages marketing. Les gens seront disposés à croire ces messages car ils s’intégreront dans le tableau qui est dressé par le grand public sur votre entreprise ou votre secteur. Le marketing est souvent plus efficace lorsqu’il s’appuie sur des présupposés positifs.

Jouer sur la corde sensible

Qu’en est-il si votre entreprise n’est pas connue ou si les gens n’ont pas une vision positive de votre secteur ? Dans ce cas, les clients potentiels ont au minimum un problème concret auquel ils espèrent trouver une solution avec votre aide. Le biais de confirmation peut également être exploité dans un tel cas. Les gens ont besoin de croire qu’il existe une solution à leur problème. Ils tendent à croire les argumentaires qui leur promettent une solution compréhensible pour résoudre leurs problèmes.

Plus vous connaissez les failles de vos clients, plus vous pourrez jouer dessus dans votre argumentaire de vente et plus les clients vous choisiront rapidement. Le biais de confirmation a toutefois un second effet : parfois, les clients n’ont pas conscience de l’ampleur de leur problème. En mettant en avant ce point sensible, vous pouvez valider leurs craintes inconscientes avant de présenter la solution idéale à ces clients devenus attentifs.

Utiliser des avis

Sur le Net, les clients ont souvent du mal à déterminer si un prestataire est digne de confiance. Or si vous n’avez pas la confiance de vos clients, ils n’achèteront pas ! Même si les clients font preuve d’un vif intérêt pour un produit, consciemment ou inconsciemment, ils recherchent des indicateurs qui leur confirmeront que le prestataire est sérieux et compétent.

Répondez à ce besoin inconscient de vos clients potentiels et publiez les avis de vos précédents clients ou des ‘success-stories’ afin de prouver que votre produit vaut son prix et que l’on peut faire des affaires avec vous en toute confiance. Vous donnerez ainsi aux clients potentiels l’impulsion nécessaire pour qu’ils valident l’achat du contenu de leur panier.

Entretenir votre clientèle

Plus la valeur de l’achat est conséquente, plus grand est le besoin du client de sentir qu’il a fait un bon investissement, et ce même après avoir validé son achat. Pour y parvenir, les entreprises ont plusieurs possibilités. À la fin du processus de vente, pourquoi ne pas envoyer un e-mail de remerciement dans lequel vous pourrez donner à votre client quelques conseils pratiques sur l’utilisation de votre produit, proposer une réduction pour un autre produit ou envoyer un goodie gratuit ?

Même si l’achat n’est pas récent, il peut être utile d’investir dans la relation avec vos clients, notamment si vous proposez un modèle d’abonnement. À chaque fois que vous le pouvez, faites-en sorte que vos clients se sentent bien lorsqu’ils utilisent votre produit. Mailchimp est un bon exemple de mesure de ce type : dès qu’un client envoie une campagne par e-mail, il est félicité par un « High Five » visuel et quitte ainsi l’application avec un sourire tout en se sentant rassuré quant à son choix de prestataire de messagerie.

Vérifier les hypothèses

Les conseils précédents vous ont indiqué comment utiliser le biais de confirmation en marketing afin de permettre une communication plus efficace avec vos clients. De nombreux départements marketing oublient toutefois qu’ils sont également soumis au biais de confirmation.

Demandez-vous régulièrement quelles sont les assertions implicites qui sous-tendent vos mesures de marketing. En effet, il existe un risque que vous utilisiez ces outils marketing pour que l’analyse vienne valider votre propre hypothèse. Vérifiez consciemment la contre-hypothèse et essayez une approche alternative, par exemple à l’aide de tests A/B.

En résumé : le succès repose dans un mélange de techniques marketing

Le biais de confirmation fait partie des distorsions cognitives faciles à repérer. Chacun connaît les bulles de filtrage dans les réseaux sociaux ou sait à quel point il est difficile de se départir de certaines convictions. Pour beaucoup, son application en marketing est toutefois moins évidente que celle de l’effet IKEA ou de l’effet de dotation. Depuis bien longtemps, les marques de toute taille utilisent le biais de confirmation de façon consciente.

Si vous souhaitez optimiser votre stratégie marketing, vous devrez tenir compte des principales erreurs de raisonnement dans vos mesures marketing : par exemple l’effet d’ancrage, le biais de sélection et l’effet de leurre. En effet, plus votre arsenal de mécanismes psychologiques sera grand, plus vous serez en mesure de vous adresser efficacement à vos clients potentiels dans le cadre de leur expérience client.

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Source : https://www.ionos.fr/digitalguide/web-marketing/vendre-sur-internet/le-biais-de-confirmation-en-marketing/

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  • Psychologie - Le biais de confirmation : à traquer pour gagner en objectivité (en famille) – Document ‘psychologie-essonne.fr’
    J’ai envie de vous proposer une série d’articles sur les biais cognitifs, vu par la lorgnette des parents. Je ne sais pas encore si leur parution sera régulière ou si elle suivra les questions que vous me poserez et les situations que je rencontre… Nous verrons ! Quoiqu’il en soit, pour ce premier article, je souhaite aborder avec vous le sujet du biais de confirmation. Vous vous demandez ce qu’est un biais cognitif ? En tant que parent, vous vous demandez comment éviter le biais de confirmation ? Je vais tâcher de répondre à vos questions. 

Un biais cognitif, qu’est-ce que c’est ? 

En premier lieu, j’aimerais définir ce qu’est un biais cognitif. Nous ne sommes pas ici pour devenir des spécialistes de la psychologie humaine, je vais donc simplifier. Les biais cognitifs sont des raccourcis que prend notre cerveau pour nous faire gagner du temps. Son but en faisant cela est de ne pas avoir à dépenser trop d’énergie à réfléchir lorsque nous rencontrons des situations qui se ressemblent. Ce sont finalement des genres d’automatismes qui peuvent du coup nous faire penser trop rapidement. C’est souvent très utile ! Mais parfois aussi source de problèmes. C’est donc une bonne idée d’en être conscient(e)s, afin de les repérer et de ne pas tomber dans leur « piège ».

Le biais de confirmation, de quoi s’agit-il ? 

Présentation du biais de confirmation

Dans ce premier article sur les biais cognitifs, nous allons parler du biais de confirmation. Ce biais fait que lorsque nous avons une idée en tête, lorsque nous sommes persuadés de quelque chose, nous allons comme par magie voir tout un tas d’éléments autour de nous qui viennent confirmer cette idée. Finalement, nous surestimerons tous les évènements qui confirment notre croyance.

Schéma

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Exemples de biais de confirmation

Un exemple souvent donné est celui de l’achat d’une voiture. Lorsque je pense à acheter un certain modèle de voiture, je commence à beaucoup le voir dans la rue, comme si tout à coup tout le monde avait eu la même idée que moi ! En réalité, ce qui se passe, c’est qu’il y en avait déjà beaucoup avant, mais je ne m’y intéressais pas et donc, je ne les repérais pas.

Prenons un exemple avec une opinion. Si vous étiez persuadé(e) en vous levant le matin que vous alliez passer une mauvaise journée (par exemple parce que vous avez mal dormi), vous vous focaliserez sur tout ce qui va venir confirmer cette idée de départ : vous vous tordez la cheville en sortant de chez vous, la machine à café avale votre seule pièce, votre fils perd son carnet de correspondance, votre chat vomi sur le tapis… et le soir, vous vous dites : « mais quelle sale journée j’ai passée ». Sauf que vous avez occulté toutes les choses bien plus agréables que vous avez vécues, elles aussi, durant cette journée : le sourire du chauffeur de bus, un excellent plat au déjeuner, un remboursement que vous n’attendiez plus, la douceur du vent dans vos cheveux le soir, le rire de votre fille à table… le fait de vous être dit le matin que vous passeriez une mauvaise journée a orienté votre perception des évènements.

Comment le biais de confirmation agit-il dans votre quotidien de parent ?

Cela rejoint un peu ce que j’avais évoqué avec vous dans cet article sur les croyances limitantes, à propos des étiquettes que nous collons (souvent sans nous en apercevoir), sur le front de nos enfants. Peut-être mon enfant a-il-eu un jour une attitude qui ne m’a pas semblée correcte, pour lui, ou pour moi. Peut-être est-ce arrivé plusieurs fois. Du coup, je commence à penser que cela fait partie de l’identité, du caractère de mon enfant. De plus, je commence à ne plus voir ce qui va contredire ma croyance.

Exemple : comment le biais de confirmation s’installe… 

Prenons un exemple rapporté il y a peu par une mère que j’ai accompagnée. 

« Ma fille est souvent ronchon. » Ça, c’est ce qui a commencé à se construire comme croyance. En cause le fait que, régulièrement, elle se plaint de disputes avec ses copines, et dit qu’elle se retrouve toute seule pendant la récréation. Il faut dire aussi qu’à la moindre contrariété, elle bougonne. Cette croyance limitante continue à s’installer : elle est boudeuse, souvent de mauvaise humeur. En tant que parents, vous vous dites peut-être aussi qu’elle est tout le temps à se plaindre, vous trouvez plein de preuves qui viennent étayer cette croyance. « Ah, la voici encore à ronchonner parce qu’elle a fait une tâche sur sa robe et que ses sandales lui font mal aux pieds. » Ou encore : « Elle passe son temps à dire que son frère a des avantages qu’elle n’a pas ! » Bref, je pense que tout le monde sera d’accord avec moi : c’est une ronchon, elle râle tout le temps, c’est fatigant. Bon. 

… et comment il tronque votre vision de parent

Le problème, c’est qu’en voyant la situation avec les lunettes du biais de confirmation (elle est ronchon), vous commencez à ne plus du tout voir ce qui vient contrarier cette croyance. Ainsi, vous pourriez ne pas avoir prêté attention à sa joie de partager avec vous son fou rire l’autre jour avec ses copines, à sa fierté d’avoir obtenu une bonne note en maths, au long moment qu’elle a passé avec son frère à confectionner un gâteau, à sa remarquable bonne humeur d’hier soir, à la blague qu’elle a raconté au petit-déjeuner dimanche matin, à toutes ces fois où elle a dressé la table sans qu’on le lui demande… Tous ces indices disparaissent de votre champ de vision de parent.

Je pense que vous pouvez facilement trouver vos propres exemples ?

Comment éviter le biais de confirmation ?

Et du coup, comment faire ? Comment lutter contre ce biais cognitif ? 

Avoir conscience qu’il existe et prendre l’habitude de le repérer

Déjà, vous savez à présent que ce biais existe. C’est un sacré grand pas, parce que vous ne pouvez plus être inconscient(e)s de ce qui se passait à votre insu. Dans un premier temps, entrainez-vous à repérer ce phénomène. Ce n’est pas toujours facile, parce que ces lunettes peuvent être puissantes et nous faire penser qu’elles ne sont même pas là. Des indices sont cependant repérables : les étiquettes, et le fait troublant, si vous vous arrêtez 5 minutes pour y réfléchir, que tout vient confirmer ce que vous pensez. Vous pouvez avoir l’idée confortable de penser que c’est parce que vous avez toujours raison, mais en fait, c’est sans doute le biais de confirmation qui est à l’œuvre !

Chercher les contre-exemples

Si vous avez remarqué que le biais de confirmation vous dessert ou dessert votre enfant, vous pouvez vous évertuer à chercher systématiquement tous les contre-exemples. Essayez de relever tous les faits qui contredisent votre croyance de départ, comme ceux que je vous ai cités dans mon exemple. Traquez tous ces détails et petits moments du quotidien que vous ne remarquiez même plus. Vous serez certainement surpris(e)s par l’ampleur que cela prend parfois !

Persévérer 

Ce n’est pas toujours simple du coup de remettre nos croyances en question. Cependant cela permet de nous ouvrir à ce que nous ne voyons pas et de développer notre tolérance. En tant que parent, cela vous permettra d’éviter d’enfermer vos enfants dans la vision que vous avez d’eux, qui devient une identité à laquelle eux aussi finissent par croire dur comme fer. Vos enfants ne sont pas « comme ci » ou « comme ça » : ils sont beaucoup plus que ça !

Maintenant que vous avez toutes les clés en main : je vous souhaite un bon débusquage de ce biais de confirmation dans votre quotidien ! Il est important d’en avoir conscience et de ne pas se laisser prendre à son piège. Partagez-nous vos exemples en commentaires !

Si vous avez besoin d’aide dans cette « traque », n’hésitez pas à me contacter ! - Et si vous ne voulez rien louper de mes actualités,inscrivez-vous à ma newsletter ! Vous recevrez en plus un cadeau ! Publié dans Thérapie ACT / Pleine conscience - Etiqueté biais cognitif, biais de confirmation, enfants, parents

Anne Pioz - Psychothérapie & accompagnement à l’orientation - (Psychopraticienne à Dourdan & en ligne)

Source : https://psychologie-essonne.fr/le-biais-de-confirmation-a-traquer-pour-gagner-en-objectivite/

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  • Psychologie - « Notre cerveau n’est pas fait pour penser le long terme » - Par Annabelle Laurent- - 14 juillet 2019 – Document ‘usbeketrica.com’
    Entretien - On a parlé de fake news, de biais d’optimisme, de court-terme et de réchauffement climatique avec Tali Sharot, chercheuse en psychologie et neurosciences.

Dans le monde occidental, le taux de divorce est de 40%. Mais si vous demandez à des jeunes mariés la probabilité de leur propre divorce, ils l’estiment à… 0%. Cet exemple est l’une des traductions de ce qu’on appelle le biais d’optimisme, une illusion cognitive dont 80% d’entre nous, tous âges et pays confondus, disposons. Nous surestimons les probabilités de vivre des évènements heureux au cours de la vie et sous-évaluons les probabilités d’en vivre de mauvais. C’est à la fois avantageux et dangereux, puisque ce biais nous conduit à moins évaluer les risques.

Tali Sharot, professeure en neurosciences cognitives, en psychologie et en neurosciences à l’université de Londres, a publié en 2011 l’essai The Optimism Bias : A Tour of the Irrationally Positive Brain, fait la couverture de Time Magazine, écrit pour le New York Times, le Washington Post, CNN, la BBC, donné une conférence TED, puis s’est attaquée à l’influence des émotions sur les croyances, les décisions et les interactions sociales, notamment avec son livre The Influential Mind, paru en 2017. Ses articles sur la prise de décision, l’émotion et l’influence ont été publiés dans Nature, Science, Nature Neuroscience, Psychological Science, etc. Nous l’avons rencontrée à Paris, dans le cadre d’une conférence organisée par la start-up Tinyclues, un peu découragés par son idée que face aux mensonges, les faits ne peuvent rien.

Usbek & Rica : Dans votre livre The Influential Mind, vous montrez que les faits et les données ne font pas changer les gens d’opinion. Pourquoi  ? 

Tali Sharot : Quantité d’études ont déjà montré ça depuis des décennies, bien avant que nous menions nos propres recherches. Quand les gens reçoivent une information, ils l’interprètent en fonction des croyances qu’ils ont déjà. Cela donne plus de poids aux informations qui confirment ce qu’ils pensent déjà, et moins de poids aux informations qui ne les confirment pas. C’est en fait un moyen rationnel d’évaluer les données que vous recevez. Car quand vous êtes confronté à une information qui ne confirme pas ce que vous pensez, cette information va, en moyenne, être fausse : par exemple, si je vous dis qu’il y a un éléphant rose qui vole dans le ciel, vous allez partir du principe que je mens ou que je délire parce que vous avez la conviction forte que les éléphants ne volent pas dans le ciel, et ça a un sens, c’est comme ça que nous devons raisonner. Si nous changions nos croyances à chaque fois qu’il y a un élément de preuve qui ne confirme pas ce que nous croyons, ce serait le chaos  ! C’est pour ça que notre cerveau est construit de cette façon. Mais ça veut aussi dire que si nous avons une croyance erronée, il sera vraiment dur de la changer avec des faits… Vous avez des exemples extrêmes de cette tendance avec ceux qui croient que la Terre n’est pas ronde : aucune preuve ne les fait changer d’avis. C’est un cas problématique.

Ce biais, qu’on appelle « biais de confirmation », n’est pas le seul à jouer… 

Il y a également le « biais de motivation ». Une étude a été menée aux États-Unis avant la dernière élection présidentielle. On a demandé aux gens : qui voulez-vous voir gagner  ? Et qui, à votre avis, va gagner  ? En août 2016, quelques mois avant l’élection, environ la moitié des gens voulaient que Trump gagne, et l’autre moitié voulait que Clinton gagne, mais la plupart des gens pensaient que Clinton allait gagner. Ensuite, les sondages ont suggéré une victoire de Trump. Et ce qu’ont trouvé les chercheurs, c’est que les supporters de Trump, bien que ce sondage ne corresponde pas à ce qu’ils pensaient mais plutôt à ce qu’ils voulaient penser, ont rapidement changé leur opinion, et se sont dit : peut-être que Trump va gagner. Du côté des supporters de Clinton, les sondages contredisaient ce qu’ils pensaient et ce qu’ils souhaitaient penser, donc ça n’a pas eu beaucoup d’effet, et ils se sont dit qu’ils ne croyaient pas à ces sondages. Or, les sondages avaient raison, et Trump a gagné. Le biais de motivation nous rend plus susceptible d’accepter des faits qui confirment ce qu’on veut penser, même si on ne le pense pas initialement. Le biais de confirmation et le biais de motivation vont souvent ensemble.

Vous avez écrit ce livre à l’ère des fake news, de la « post-vérité », à un moment inédit où nous n’avons jamais autant eu l’impression que la vérité disparaît et que les faits comptent peu.

J’ai commencé ce livre en 2012 –2013, donc avant que cela devienne un thème majeur. Ma réflexion a plutôt été déclenchée par les réseaux sociaux. J’étais venue donner ma conférence TED sur le biais d’optimisme, et il y avait le même jour toute une série de conférences autour de la sagesse des foules… Alors que les recherches de mon laboratoire et celles d’autres laboratoires suggèrent que non, ce n’est pas vrai : quand vous mettez plein de gens ensemble, vous n’aboutissez pas à la vérité… Ça m’a alarmé et donné envie de creuser le sujet.

Le sujet des fake news est devenu majeur alors que, bien sûr, notre cerveau n’a pas changé. Notre réalité, si. Avant, si vous aviez une croyance erronée comme « La Terre est plate », sans Internet, ce n’était pas facile de trouver autour de vous d’autres personnes partageant cette croyance. Maintenant, pour n’importe quelle croyance, on peut aller chercher les preuves qui la confirment et non celles qui la contredisent. Les gens vont sur Internet, et disent, « Hey  ! j’avais raison ». Les opinions contraires existent, bien sûr, mais ils ne vont pas les chercher. Sans compter que ces informations existent sans le filtre dont on disposait avant Internet. Ce qui est en train d’arriver, et c’est incroyable que ça n’arrive que maintenant, c’est la régulation de cette information en ligne, Mark Zuckerberg qui vient de dire qu’il souhaite réguler Facebook… À mon sens, la régulation politique est la meilleure solution dont nous disposons aujourd’hui.

« Internet est conçu pour nos biais cognitifs »

Mais même si nous régulons, votre livre suggère qu’opposer des faits ne sert à rien, qu’il vaut mieux par exemple tenter d’apporter une nouvelle information plutôt que de contredire la première. On sait aussi que les fake news se propagent beaucoup plus rapidement que les informations fiables… 

On ne va pas changer le cerveau humain et les biais cognitifs. Mais on va au moins essayer d’améliorer l’environnement parce qu’actuellement, il est le pire que l’on puisse avoir. Aujourd’hui, Internet est conçu pour nos biais cognitifs, il les nourrit, les alimente, alors qu’ils nous emmènent au mauvais endroit. Il y a des choses que l’on peut faire : on peut changer les algorithmes qui vous donnent les informations qui confirment ce que vous pensez déjà (cf les « bulles de filtres » d’Eli Pariser, ndlr). Certains utilisateurs peuvent changer leurs paramètres dans ce sens, ou ajouter des extensions qui permettent de voir « l’autre côté » sur Facebook ou Twitter.

Photo - Tali Sharot ©TED

Vous avez justement montré en 2016 comment, au contraire, la polarisation peut être accentuée, en menant une étude autour du réchauffement climatique. Pouvez-vous nous présenter ses conclusions  ?

On voulait voir si on pouvait faire changer l’opinion des gens au sujet du changement climatique en leur donnant des informations. D’abord, on a dû évaluer qui « croyait » au changement climatique et qui « n’y croyait pas », et on leur a demandé à quel niveau ils pensaient que la température allait monter dans les 100 prochaines années. On leur a annoncé ensuite que, selon les toutes dernières estimations des spécialistes, le réchauffement serait pire que prévu si l’on ne faisait rien : la température de la Terre augmenterait de 14°C. Et on a découvert que ceux qui penchaient déjà pour l’existence du réchauffement ont durci leur position, affirmant qu’il était urgent de prendre encore plus de mesures. En revanche, cette nouvelle info n’a eu aucun effet sur l’opinion des sceptiques. Si, au contraire, l’info donnée aux deux groupes était que les chercheurs estimaient que, finalement, la hausse de température serait bien moins importante que prévu, c’étaient les convaincus du réchauffement qui campaient sur leurs positions, tandis que les sceptiques étaient encore plus confortés dans l’idée qu’aucune mesure drastique ne s’impose. Les deux groupes ont changé leurs opinions vers les extrêmes, donc l’information provoque la polarisation… 

Reproduction- ©Time Magazine

Dans votre précédent livre, The Optimism Bias, vous preniez l’exemple de la crise financière de 2008, en suggérant que notre biais d’optimisme pouvait en être responsable : « Particuliers, banquiers et politiques ont tous pensé que la situation pouvait tenir et ont ignoré les preuves du contraire », écriviez-vous. Diriez-vous la même chose pour la situation d’urgence climatique dans laquelle nous sommes aujourd’hui  ? 

Le changement climatique se heurte à beaucoup d’obstacles, à la fois pour que les gens y croient et agissent. Il y a d’abord l’écart temporel, car il ne va pas affecter les générations présentes autant que les générations futures. Ensuite, on essaie de pousser les gens à agir, en leur montrant tout ce qui peut arriver de terrible alors que les gens préfèrent ne pas penser à ce genre de choses. Et enfin, il y a le sujet du pouvoir – ou plutôt de l’absence de pouvoir – que chacun pense avoir à titre personnel pour lutter contre le réchauffement. Quand on parle de changement climatique, tous les problèmes liés à la difficulté de mobiliser les gens forment un « package ».

Peut-on considérer que le biais d’optimisme que nous avons à titre personnel ralentit le changement de société  ? 

Nous avons un biais d’optimisme sur notre propre vie parce que nous pensons avoir le contrôle de notre futur, mais on ne retrouve pas ce biais sur des événements publics comme le changement climatique… Et votre question est un peu une question piège parce qu’en réalité cela peut aussi être motivant : si je suis une sportive qui s’entraîne pour les Jeux Olympiques, et que je crois que je peux remporter la médaille d’or, même cet objectif est irréaliste, j’ai plus de chances d’obtenir la médaille d’argent en croyant à cette médaille d’or. Le biais d’optimisme peut nous motiver à agir. Mais à mon sens, sur la question du changement climatique, le message doit être changé : au lieu de parler des catastrophes, ce qui pousse les gens à ne pas agir, nous devrions reformuler les choses pour parler davantage de ce qui peut être fait pour améliorer la situation, mettre en valeur les possibilités de progrès plutôt que celles de déclin.

Parce que la majorité d’entre nous sera plus réceptive à un tel message  ? Les discours autour de la catastrophe sont mobilisateurs pour certains… 

On tend à penser que la peur peut bloquer : elle n’encourage pas toujours à l’activisme. L’activisme peut être encouragé quand vous pensez que vous pouvez faire de grandes choses : j’agis parce que je pense que je peux changer le monde.

Qu’est-ce-qui, dans notre cerveau, est fait pour prédire le futur  ? 

Tout  ! Dans la manière dont les neurones encodent les informations et y réagissent, tout est prédictif. Votre cerveau a toujours une longueur d’avance. Il prend une information, calcule la différence entre sa prédiction et cette information, et corrige. C’est valable pour tout. Par exemple, pour le cortex visuel : si je tourne la tête, je fais une prédiction sur ce que je vais voir, puis je reçois une information, et il y a soit une compatibilité, soit une différence, et je corrige, et ainsi de suite.

« Le cerveau entier est conçu pour prédire »

Le cerveau entier est conçu pour prédire, car c’est comme ça que nous survivons. Nous avons en permanence besoin de prédire quelques secondes à l’avance. Vous prédisez ce que je m’apprête à dire avant que je ne le dise. Pour chaque mot. Si je dis un mot bizarre, « éléphant » par exemple, c’est surprenant pour vous parce que vous ne pouviez pas le prédire…

Pour autant, nous ne savons pas penser le long terme… Comment l’expliquer  ?

On prédit le court-terme. Les secondes à venir, puis les autres. Prédire un peu plus demande un peu plus d’efforts, et ainsi de suite. Vous savez, pendant longtemps, les humains n’ont vécu que quelques décennies : on vivait 30, 40 ans. Que l’on vive aujourd‘hui 80 ou 90 ans, c’est très nouveau. Et maintenant, on demande aux gens de prédire non seulement leur vie, mais des centaines d’années. Or on n’est pas fabriqué pour ça. Le cerveau est surtout fabriqué pour que notre organisme survive et pour transmettre nos gènes, pas forcément pour concevoir le contexte pour qu’il soit meilleur pour les générations à venir.

Les neurosciences sont de plus en plus utilisées par les entreprises pour mieux comprendre et prédire les comportements des utilisateurs, dans l’idée de mieux les transformer en consommateurs plus ou moins accros. Avons-nous raison de nous inquiéter  ?

C’est vrai, surtout en ce qui concerne l’addiction aux réseaux sociaux. Ils utilisent tous les principes que nous connaissons très bien, comme le système de récompense et la façon dont les gratifications immédiates peuvent changer vos actions… Twitter, par exemple, est conçu selon les principes que nous savons être les plus « déclencheurs » dans le cerveau. La façon dont toutes les entreprises numériques utilisent la recherche pour ce genre de choses m’inquiète beaucoup. Mais celle-ci peut aussi être utilisée plus positivement : pour que les gens mangent plus sainement, fassent plus de sport, prennent soin de leur bien-être… Les connaissances doivent être partagées, vous ne pouvez pas faire de la science dans votre coin simplement par peur que certains les utilisent mal. Notre job, c’est faire de la science, et de la partager. Celui des décideurs politiques, c’est de s’assurer de la façon dont les entreprises l’utilisent, et s’il y a des conséquences négatives, sur la santé mentale des adolescents par exemple, d’agir en conséquence.

Sachant que certains neuroscientifiques travaillent directement pour ces entreprises…

Oui, des entreprises comme Facebook et Google ont même leurs propres équipes dédiées aux neurosciences. Certains de mes étudiants sont allés travailler pour elles, pour Google notamment. Et cette idée d’utiliser les neurosciences et les sciences comportementales fait son chemin : les entreprises ont maintenant des « Chief Behavioral Scientists »…

Une dernière question au sujet du biais d’optimisme. Vos recherches montrent qu’il est universellement partagé. Les différences culturelles ne jouent-elles pas tout de même  ? Les Français ne sont pas réputés pour leur optimisme… 

Si je vous demande de prédire la probabilité que certaines choses surviennent, et que je compare le résultat à la probabilité réelle, j’observe les mêmes effets que dans tous les pays. Ce qui est différent, c’est la façon dont les gens se perçoivent en tant qu’optimistes ou non. 

« En France, c’est considéré comme positif d’être pessimiste »

En France, c’est considéré comme positif d’être pessimiste, donc les gens se déclarent pessimistes… Mais ce biais d’optimisme ne concerne que le futur, pas la façon de voir le passé ou le présent. Il n’empêche pas de râler sur sa situation présente…

Sur le même sujet : 

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  • Psychosocologie - Biais de confirmation : nous croyons ce que nous voulons croire – Reprise d’une note de ‘universite-paris-saclay.fr’
    Le biais de confirmation est notre tendance à sélectionner uniquement les informations qui confirment des croyances ou des idées préexistantes. C’est le Parrain de tous les biais cognitifs. Il sera encore plus prononcé dans des contextes idéologiques, politiques ou les contextes sociaux chargés d’émotions.

L’être humain est le meilleur pour interpréter toute nouvelle information de façon à ce que ses conclusions précédentes restent inchangées. (Warren Buffett)

Dan Gilbert, auteur de « Et si le bonheur vous tombait dessus », illustre ce biais de la façon suivante : « quand la balance de notre salle de bains nous indique la mauvaise nouvelle, nous descendons et remontons de suite, juste pour être certain que nous n’avons pas mal lu l’écran ou mis trop de pression sur un pied.

Mais quand elle indique une perte de poids (le Saint Graal !), ça nous met de bonne humeur pour le reste de la journée. En acceptant d’office les preuves quand cela nous arrange, et en insistant plus dans le cas contraire, on fait subtilement pencher la balance en notre faveur.

Ne pas réussir à interpréter l’information de manière impartiale est la cause de grossières erreurs de jugement.
Il ne faut pas se contenter de tester nos hypothèses d’une manière unilatérale, mais se forcer à collecter toutes
les preuves pertinentes, contradictoires ou non. Un bon moyen d’échapper à ce biais est de chercher à réfuter
notre hypothèse plutôt que de seulement rechercher les preuves de sa validité.

Nous croyons ce que nous voulons croire

Les medias fonctionnent avec le biais de confirmation. Que ce soit le Figaro ou Libération, les journalistes préfiltrent le monde pour coïncider avec des vues préconçues. Si leur filtre est le même que le vôtre, vous allez les adorer. S’il est différent, vous les détesterez. Peu importe s’ils disent ou non la vérité ou seulement leur
avis, peu importe s’ils recherchent soigneusement chacun de leur article. Vous ne lisez pas les journaux en quête d’information, mais de confirmation.
(............)
La raison pour laquelle nous utilisons ce raccourci cognitif est compréhensible. Nous avons besoin de beaucoup d’énergie mentale pour évaluer des nouveaux éléments, encore plus si ceux-ci sont compliqués ou flous. Nos cerveaux préfèrent prendre des raccourcis. Ça nous fait gagner du temps et de l’énergie. Plusieurs scientifiques évolutionnistes ont montré que notre esprit n’est pas équipé pour le monde moderne.

Pendant la majeure partie de l’humanité, les gens n’avaient accès qu’à très peu d’information. Leurs décisions étaient basées sur leur chance de survie. Aujourd’hui, nous sommes constamment bombardés d’information et nous devons faire de nombreux choix complexes au quotidien. Pour ne pas être totalement perdus, notre cerveau va prendre des raccourcis.

Dans The Little Book of Stupidity, Sia Mohajer écrit : « Le biais de confirmation est tellement ancré dans votre développement et votre réalité que vous ne vous
rendez probablement pas compte de sa présence. Nous recherchons des éléments qui confirmeront nos croyances et nos opinions sur le monde mais excluons ceux qui viennent les contredire... Dans le but de simplifier le monde et de le rendre conformes à nos attentes, nous avons eu la grâce de recevoir les biais cognitifs.

Accepter l’information qui confirme nos idées est facile et demande peu d’énergie. En essayant d’économiser de l’énergie, notre esprit va rechercher l’information de telle sorte que notre interprétation de la preuve sera biaisée. »

La complexité du biais de confirmation, vient du fait qu’il est impossible à éviter si l’on n’est pas conscient de son existence. Même face à une preuve contredisant notre avis, nous allons chercher à l’interpréter de telle sorte qu’elle renforce notre opinion actuelle. Etre conscient de ce phénomène change à coup sûr notre vue du monde. Ou plutôt notre perspective sur le monde. Lewis Carroll disait que « nous sommes ce que nous croyons que nous sommes », mais il semblerait que le monde soit aussi ce que nous croyons qu’il est.
(..........)

Le biais de confirmation en action

Pourquoi avons-nous tant de mal à accepter toute information qui contredit nos idées ? La première fois qu’ils entendent parler du biais de confirmation, les gens refusent souvent de croire qu’ils sont affectés. Après tout, nous nous considérons pour la plupart comme des gens intelligents et rationnels. Comment expliquer alors que nos croyances perdurent même face à des preuves évidentes ?

C’est en partie dû à notre besoin de constance, de cohérence. Nous sommes bombardés d’information. Des médias, de nos collègues, de notre expérience, de nos amis. Notre cerveau doit trouver un moyen de trier et de stocker tout ça. Nous y arrivons par l’intermédiaire de raccourcis cognitifs et de nos modèles mentaux. Ils peuvent être utiles comme dangereux.

Le biais de confirmation est un de ces raccourcis les plus inutiles et trompeurs qui soient. L’information que nous traitons est influencée par notre vécu, par toutes nos croyances préétablies. C’est pourquoi nous remarquons plus facilement ce qui conforte nos idées, et pourquoi tout élément contradictoire est reçu avec scepticisme. Notre manière même d’assimiler l’information est extrêmement biaisée. Constamment réévaluer notre façon de voir les choses demanderait trop d’efforts, du coup nous préférons la renforcer. C’est aussi beaucoup plus simple de ne considérer qu’une idée à la fois.

L’œil ne voit que ce que l’esprit est prêt à comprendre. (Henri Bergson)

Nous ignorons les preuves contradictoires indigestes pour nos cerveaux. Les recherches de Jennifer Lerner et Philip Tetlock ont montré que nous pensons de manière critique seulement quand les autres nous en tiennent responsables. Nous aurons moins tendance à être biaisés si nous avons à justifier nos croyances ou notre comportement. Mais ce n’est pas dans l’optique d’être rigoureux ou d’avoir raison, mais pour éviter les
moqueries ou la dérision. Ignorer telle ou telle hypothèse est utile quand il s’agit de se ranger auprès de la majorité pour éviter l’aliénation sociale.

Voici quelques exemples du biais de confirmation en action : Changement climatique
Pierre croit au changement climatique. Il pense que c’est un sujet grave, et prend le temps de se documenter, de lire des études sur le réchauffement de la planète, sur les énergies renouvelables et la pollution. En conséquence, Pierre va continuer à croire au changement climatique et à soutenir les projets visant à réduire son impact.

De son côté, Paul pense que le changement climatique est un mythe. Il va chercher les informations confirmant que les scientifiques se trompent, que nous sommes tous tombés dans le panneau, et que tout ça n’est qu’un vaste complot des écolos. En persévérant dans ses recherches, il va renforcer l’idée que le réchauffement de la
planète n’est pas réel.

Aucune discussion ne sera possible entre Pierre et Paul, ils ne sont pas capables d’interpréter les arguments de l’autre sans être biaisés. Ils écouteront mais n’entendront pas. Plus ils sont persuadés d’en savoir sur le sujet, plus ils auront tendance à filtrer les preuves du contraire.
(..........)

Google
Grâce à Google, nous pouvons instantanément rechercher et vérifier même les arguments les plus bizarres possibles. Mais si notre recherche initiale ne va pas donner les résultats auxquels nous nous attendons, nous n’allons pas y prêter attention. Nous allons plutôt faire une nouvelle recherche, avec des mots-clés différents,
pour tomber sur un résultat qui confirme notre idée de base.

Musique
Le biais de confirmation est intéressant ici parce qu’il explique en partie pourquoi on aime autant écouter de la musique. Dans son livre De la note au cerveau, Daniel Levitin nous explique que « quand la musique se déploie, le cerveau essaie constamment d’estimer quand un nouveau battement va arriver, et tire sa satisfaction quand il arrive à matcher ce battement virtuel avec celui de la chanson. »

La capacité de prédire chaque battement ou chaque syllabe successive nous est intrinsèquement agréable. La musique est un cas où le biais de confirmation joue en notre faveur. Nous apprenons à reconnaître et à comprendre les motifs et les conventions musicales, et nous prenons du plaisir à les entendre jouer.
(..........)
Améliorer la prise de décisions

Un des plus gros problèmes de notre époque est qu’il y a de larges groupes de personnes qui croient tous les bruits de couloirs, juste parce que ça conforte leur vision du monde – pas parce que c’est effectivement vrai ou parce qu’ils ont des preuves. Ce qui est remarquable c’est que ça ne demanderait pas beaucoup d’effort pour établir la vérité dans la plupart de ces cas...mais les gens préfèrent le réconfort à la recherche.
(Neil de Grasse Tyson)

Cela peut sembler contre-intuitif voire contradictoire, mais le meilleur moyen de réellement prouver nos croyances ou nos hypothèses est de chercher les preuves du contraire. L’infirmation est bien plus utile que la confirmation lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes. Les expériences scientifiques dignes d’être considérées sont réfutables ; il existe des cas où elles ne sont pas applicables. Une théorie qu’il est
impossible de réfuter n’est pas considérée comme valide par la communauté scientifique, même si encore trop de chercheurs sont coupables du biais de confirmation.

Il n’y a pas d’astuce simple pour éviter à coup sûr ce raccourci. Comme tous les biais cognitifs, il était là au départ pour nous aider à apprendre et à prendre des décisions rapides. Être conscient de son existence est probablement la meilleure défense possible.

La prochaine fois que vous aurez une décision importante à prendre, au boulot par exemple, posez-vous les questions suivantes :
• Avec quoi suis-je tombé d’accord automatiquement ?
• Quels éléments ai-je rejetés ou ignorés sans même m’en rendre compte ?
• Comment ai-je réagi quand j’étais d’accord ? Et quand je n’étais pas d’accord ?
• Est-ce que cette présentation/réunion/discussion a confirmé des idées que j’avais déjà ? Pourquoi ?
• Et si je considérais l’hypothèse contraire ?

Prendre conscience du biais de confirmation n’est pas facile, mais avec l’habitude, il est possible de reconnaître le rôle qu’il joue dans notre façon d’interpréter l’information. En science, vous vous approchez de la vérité en cherchant activement des preuves de son contraire. Peut-être devriez-vous utiliser la même méthode pour vos opinions.
Pour en apprendre davantage sur le biais de confirmation, lisez The Little Book of Stupidity ou Le Cygne Noir. Et n’oubliez pas d’aller voir notre liste de modèles mentaux.

Université Paris-Saclay

Université Paris-Saclay — Wikipédia

Source : https://www.universite-paris-saclay.fr/sites/default/files/media/2020-02/biais-de-confirmation-atelier-jip.pdf

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Rubrique B – Pensée critique ou esprit critique

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    L’esprit critique ou la pensée critique d’après Wikipédia
    La pensée critique (traduction littérale de l’anglais critical thinking, rendu plus souvent par esprit critique1) est un concept dont les définitions sont nombreuses et parfois contradictoires2, qui désigne, dans les grandes lignes, les capacités et attitudes permettant des raisonnements rigoureux afin d’atteindre un objectif3, ou d’analyser des faits pour formuler un jugement4.

Son utilisation est particulièrement mise en avant en pédagogie. Certains auteurs considèrent que l’école enseigne plus aux élèves des contenus de cours qu’à raisonner correctement, alors qu’elle devrait faire le contraire (ce qui expliquerait par exemple la prolifération actuelle des pseudo-sciences)5.

Les démarches du scepticisme scientifique et la zététique s’appuient sur la pensée critique.

En philosophie, le criticisme a pour objet le questionnement des limites de la raison et, par-là, de la connaissance et du jugement.

Il est indispensable de distinguer la pensée critique (qui est une utilisation de la raison avec, pour finalité, d’affiner et de préciser les affirmations sans chercher, par principe, à les discréditer) de la méthode hypercritique (qui vise, pour sa part, à rejeter à tout prix une affirmation).

Sommaire

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    Pédagogie - 1 - Esprit critique, de quoi s’agit-il ? – Document ‘palais-decouverte.fr’ Esprit critique – Schéma ‘Eduscol’
    Détrompez-vous !

« Il faut faire preuve d’esprit critique »Cette expression, entendue dans des contextes variés, sonne souvent comme une évidence. La sensibilisation à l’esprit critique, spécifiquement dans le monde de l’éducation, est un enjeu majeur face à une surabondance d’informations erronées. Toutefois, la notion d’esprit critique est rarement explicitée. Quelle définition pourrait en être donnée ?

Dans le langage courant, l’esprit critique est tantôt assimilé à la démarche scientifique, tantôt limité à la capacité à faire preuve d’un doute rationnel, et souvent cantonné à la correction des fausses informations. Il s’agit généralement de discerner le « vrai » du « faux ». Mais que recouvre réellement cette notion ?

Au cours de la conception de l’exposition, nous avons travaillé avec un comité scientifique, dont certains membres appartiennent au projet de recherche « Définir et éduquer l’esprit critique ». Ce dernier a pour objectif de fournir des outils pour l’éducation à l’esprit critique et d’évaluer l’ensemble des outils déjà existants. Leur travail recense certaines définitions de l’esprit critique.

Source : Pasquinelli, E., Farina, M., Bedel, A. & Casati, R. (2020). Définir et éduquer l’esprit critique [Rapport]. Institut Jean-Nicod.
Une partie des mêmes auteurs a produit également un rapport pour le Conseil scientifique de l’Éducation nationale.

Source : Pasquinelli, E., Bronner, G. et al. (2021). Éduquer à l’esprit critique – Bases théoriques et indications pratiques pour l’enseignement et la formation [Rapport]. CSEN.

Ces deux rapports présentent une synthèse détaillée et commentée des débats relatifs à la notion d’esprit critique. Il existe une littérature scientifique assez abondante sur cette question, notamment dans le monde anglo-saxon. Depuis plusieurs décennies, l’esprit critique et son évaluation y font l’objet d’une attention particulière (des tests comme le Watson-Glaser Critical Thinking Appraisal ou le California Critical Thinking Test y sont déployés largement).

Signalons d’emblée que malgré des recherches foisonnantes, cette notion d’esprit critique ne fait pas l’objet d’un consensus scientifique ferme. Toutefois, certaines caractéristiques générales recoupent l’ensemble des approches.

Voici une première définition, assez représentative des travaux recherche sur le sujet : « La pensée critique est un jugement volontaire et réflexif qui se manifeste en considérant de manière raisonnée les preuves, le contexte, les méthodes, les standards et les conceptualisations afin de décider quoi croire ou quoi faire. »

Sources (en anglais) :
Facione, P. A. (2011 [2006]). Critical Thinking : What It Is and Why It Counts. Measured Reasons and The California Academic Press, Millbrae, CA.
https://www.researchgate.net/publication/251303244_Critical_Thinking_What_It_Is_and_Why_It_Counts

Cette définition, bien que concise, n’est pas vraiment explicite. Elle ne donne pas d’indices sur comment faire preuve d’esprit critique au quotidien. Une autre approche consiste à lister des compétences et des attitudes liées à l’esprit critique.

Source (en anglais) : Ennis, R. H. (2016). Critical Thinking Across the Curriculum : A Vision. Topoi, 37(1).

Une liste de ces compétences et attitudes se trouve de manière simplifiée sur ce schéma :

https://www.palais-decouverte.fr/fileadmin/_processed_/0/4/csm_espritcritique-infographie-png-2248_0_7760647d72.png

Source : Eduscol / Former l’esprit critique des élèves : https://eduscol.education.fr/1538/former-l-esprit-critique-des-eleves

Cette approche est plus explicite mais a l’inconvénient de donner l’illusion que ces capacités et attitudes peuvent s’exercer quel que soit le contexte, une fois qu’on les maitrise, ce qui est loin d’être le cas. Or on raisonne toujours sur quelque chose. L’esprit critique s’applique toujours à un domaine spécifique, il est donc également associé à un ensemble de connaissances sur un sujet donné.

Une synthèse détaillée et commentée de ces débats peut être trouvée dans le rapport du projet « Définir et éduquer à l’esprit critique ». Ces auteurs proposent leur propre définition, dans laquelle les mécanismes de l’évaluation de l’information et ceux de la prise de décision sont pris en considération séparément.

Selon eux, l’esprit critique serait défini par « l’ensemble des capacités et des critères qui permettent d’évaluer la qualité épistémique des informations disponibles et de doser de façon conséquente notre confiance en ces informations, en vue de prendre une décision, de se forger une opinion, d’accepter ou de rejeter une affirmation à bon escient (…) »

La « qualité épistémique » se comprend comme la qualité d’une information : une affirmation « est-elle plausible à la lumière des connaissances existantes ? Est-elle basée sur des preuves solides ? La source de l’information est-elle fiable ? »

Dans la perspective de ces auteurs l’esprit critique a pour objectif l’optimisation de la cohérence entre les croyances et la réalité. Ils examinent dans ce rapport les moyens pour « outiller » l’esprit critique, c’est-à-dire pour évaluer correctement les sources et les contenus d’information. Spécifiquement, dans le contexte du questionnement scientifique, ces moyens semblent fondamentaux. La compréhension de la nature des sciences, de leur fonctionnement semble incontournable (voir la partie 5)

Vers la partie suivante

Adresse : 186 rue Saint Charles 75015 Paris, FranceTel. 01 56 43 20 20 -Nous contacter Nous soutenir Nous rejoindre Bas du formulaire

Bellefaye - Institutionnel - UNIVERSCIENCE

Source : https://www.palais-decouverte.fr/fr/venir-nous-voir/hors-les-murs/esprit-critique/1-esprit-critique-de-quoi-sagit-il/

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    Qu’est-ce que l’esprit critique ? - Diffusé le 28/09/2019 par ‘France Culture’ « L’esprit d’ouverture » - À retrouver dans l’émission La Conversation scientifique par Etienne Klein
    Penser, n’est-ce pas être capable de dire à sa propre pensée, dans une sorte d’étonnement, sinon qu’elle se trompe, du moins qu’elle mérite d’être reprise, modifiée, réadaptée en certains points trop bien fixés ?

Le « fou de livres » (Bëchernarr) dans une édition strasbourgeoise de 1510.

Illustration - Le « fou de livres » (Bëchernarr) dans une édition strasbourgeoise de 1510. Crédits : Anonyme

Penser, n’est-ce pas être capable de dire à sa propre pensée, dans une sorte d’étonnement, sinon qu’elle se trompe, du moins qu’elle mérite d’être reprise, modifiée, réadaptée en certains points trop bien fixés ? C’est en tout cas ce qu’expliquait le philosophe Alain : 

Penser, c’est dire non. Le signe du oui est d’un homme qui s’endort ; au contraire, le réveil secoue la tête et dit « non ». Non à quoi ? Au monde, au tyran, au prêcheur ? Ce n’est que l’apparence. En tous ces cas-là, c’est à elle-même que la pensée dit non. Elle rompt l’heureux acquiescement. Elle se sépare d’elle-même. Elle combat contre elle-même. Il n’y a pas au monde d’autre combat. Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c’est que je consens, c’est que je ne cherche pas autre chose. Et ce qui fait que le tyran est maître de moi, c’est que je respecte au lieu d’examiner. Même une doctrine vraie, elle tombe au faux par cette somnolence. C’est par croire que les hommes sont esclaves. Réfléchir, c’est nier ce que l’on croit. Qui croit ne sait même plus ce qu’il croit. Qui se contente de sa pensée ne pense plus rien [1].

L’esprit critique serait donc le moteur de la pensée même. Mais comment le définir ? Par quoi le caractériser ? Et surtout, comment l’enseigner, le faire vivre, voire le critiquer en vertu de lui-même ?

Invité : Gérald Bronner, professeur de sociologie à l’université Paris-Diderot, auteur de « Déchéance de rationalité ».

[1] Alain, Propos sur les pouvoirs, « L’homme devant l’apparence », 19 janvier 1924, n° 139 ou Propos sur la religion, LXI. 

Bibliographie

Ouvrage (1èrede couverture) : Déchéance de rationalité Grasset, 2019

Intervenant : Gérald Bronner Professeur de sociologie à l’université de Paris, membre de l’Académie des technologies et membre de l’Académie nationale de médecine

À découvrir :

Le jeu des devinettes, une expérience de pensée ?

Ruminer la rumination

De l’usage des points de suspension

Tags : Sciences

L’équipe – Production : Etienne Klein – Réalisation : Delphine Lemer - Avec la collaboration de Thierry Beauchamp

Radio France

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Retrouvez nous sur https://www.franceculture.fr/emissions/la-conversation-scientifique/quest-ce-que-lesprit-critique

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    Webinaire pédagogique - Former à l’esprit critique en classe, pourquoi et comment ? - 19 mai 2021 - CanoTech – Enregistrement d’une heure trente environ
    Webinaire animé par Denis Caroti, professeur de sciences physiques et chargé de missions ’esprit critique’ au rectorat d’Aix-Marseille et co-organisé avec SavoirsPlus (Sadel Angers). Ce webinaire est destiné aux enseignants souhaitant aborder l’esprit critique avec leurs élèves et l’exercer avec eux dans le cadre des programmes, quelque soit leur discipline. L’intervenant présente les enjeux et préconisations faisant apparaître les enjeux cognitifs, éthiques, culturels et civilisationnels tout en prenant en compte la dimension collective de l’esprit critique au sein des établissements, structures et de ses projets citoyens. 00:00 - Introduction 03:14 - L’esprit critique pour quoi faire ? Enjeux, bases théoriques et scientifiques 21:35 - Former l’esprit critique : comment faire ? Ressources pédagogiques, contenus et exemples 01:13:43 - Réponses aux questions du Tchat 01:28:45 - Conclusion

Chapitres :

Introduction0:00

L’esprit critique pour quoi faire ? Enjeux, bases théoriques et scientifiques3:14

Former l’esprit critique : comment faire ? Ressources pédagogiques, contenus et exemples21:35

Réponses aux questions du Tchat1:13:43

Conclusion 1:28:45

Source : https://www.youtube.com/watch?v=R5kfb2wzs7w

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    Psychosociologie – Sciences - Le baromètre de l’esprit critique : un instrument inédit d’analyse de l’esprit critique en France Professionnels Presse & Médias
    Dans une époque marquée par l’infobésité et la désinformation (infox, théories du complot, fausses informations scientifiques et médicales ou simplement effet déformant des communications en ligne), comment les Français se situent-ils par rapport à l’esprit critique, c’est-à-dire la capacité à trier et qualifier l’information disponible, à élaborer leur propre jugement, à mettre en question leurs convictions et au bout du compte, à penser librement ?

Une première enquête par panel a été réalisée entre le 17 et le 28 février 2022 auprès de 3.218 Français selon la méthode des quotas (quotas portant le genre, l’âge, la catégorie socioprofessionnelle, le niveau de diplôme et la région des répondants) en les interrogeant sous trois prismes :

- leur rapport à la science, le raisonnement scientifique et les méthodes propres à la science étant consubstantiels de l’esprit critique ;
- leurs sources d’information, notamment sur les sujets scientifiques, pour comprendre comment ils construisent leur compréhension de l’actualité ;
- leur rapport au débat d’idées et à l’altérité dans le raisonnement.

Globalement, les éclairages de cette première enquête font apparaitre :

  • Un profil dit scientifique, plutôt masculin, jeune et diplômé
  • Une réelle appétence des Français à 89% pour les sciences, la culture scientifique partie intégrante de la culture générale
  • Avec des modalités d’information qui plébiscitent la télévision et internet pour les + de 50 ans, les plus jeunes privilégiant des réseaux, une primauté accordée à l’audiovisuel
  • Un retour en force de la légitimité et crédibilité des médecins, des scientifiques, des chercheurs et des journalistes scientifiques face à la pandémie
  •  Un esprit critique développé pour une majorité de Français, ouvert à l’échange d’idées, au débat, à la contradiction, le souci d’avoir une multiplicité de sources d’informations chez les plus diplômés
    Les enseignements de l’étude

Un intérêt marqué pour la science, mais avec des disparités socioéconomiques et de genre

Si seulement 22% des sondés citent ’les sciences’ parmi leurs centres d’intérêt principaux, et si leur souvenir scolaire en est contrasté (62% gardent un bon souvenir de leurs cours de Sciences et Vie de la Terre, 50% d’entre eux, des cours de maths, mais seulement 40% des cours de physique - chimie), l’étude montre le dynamisme de la culture scientifique dans notre pays : 81% des sondés regardent des documentaires scientifiques, 67% consultent des sites traitant de sujets scientifiques sur Internet et 64% des vidéos sur YouTube – primat, donc, de l’image.

59% lisent des ouvrages ou des articles scientifiques, et 54% visitent des expositions et des musées scientifiques ou techniques. 61% d’entre eux ont une pratique scientifique régulière, visite d’expositions principalement (53%) mais aussi reproduction d’expériences scientifiques à la maison (31%) ou collaboration à des expériences de science participative (27%). La quasi-totalité d’entre eux (93%) ont en outre déjà visité un lieu de sciences (zoo ou aquarium, muséum d’histoire naturelle, planétarium, centre de sciences …). 

Que pensent-ils de la science ?

Une très large majorité la voient comme permettant de développer des nouvelles technologies utiles à tous (88%), de mieux comprendre notre monde (87%), d’améliorer nos conditions de vie (85%).

En revanche, pour 53% d’entre eux, les théories scientifiques ne sont que des hypothèses parmi d’autres, et seuls 51% des sondés répondent positivement à la question de savoir si la science est la seule source d’information fiable sur le monde. Enfin, si 43% pensent que la communauté scientifique est indépendante pour valider ses découvertes, 40% pensent le contraire. 

Cinq catégories se détachent dans le rapport à la science : 

- ’passionnés’ de science (23,5% ; hommes majoritairement, moins de 40 ans, CSP hautes et intermédiaires, élèves et étudiants, bac +2 et plus),
- ’intéressés’ (25% ; bac +5 et plus, se définissant plutôt comme scientifiques) ;
- ’modérés’ (26% ; femmes, 60 ans et plus, retraités, niveau d’étude inférieur au bac, ni scientifiques ni littéraires),
- ’éloignés’ (15% ; femmes, 40 – 49 ans et 70 ans et plus, retraités, niveau d’études inférieur au bac, ni scientifiques ni littéraires)
- ’réfractaires’ (10,5% ; femmes, 50 – 59 ans, CSP populaires, niveau d’études inférieur au bac, ni scientifiques ni littéraires). 

La télévision et Internet plébiscités pour s’informer, les médecins et les scientifiques jugés dignes de confiance 

  • Comment les sondés suivent-ils l’actualité ?
    Deux piliers se détachent, la télévision pour 68% d’entre eux (c’est même le premier moyen pour 29% des sondés), et Internet (hors réseaux sociaux : moteurs de recherche, sites médias) pour 73%. Viennent ensuite les proches (50%), la radio (46%), la presse papier et les réseaux sociaux (40%).
    Pour l’information sur les sujets scientifiques, priorité est accordée aux médias traditionnels : les émissions à la télévision et à la radio (44%) et les journaux sur ces mêmes supports (43%) arrivent en tête, loin devant les sites internet scientifiques (27%) ou la presse spécialisée (25%).

Les sondés regardent en outre de façon contrastée la multiplication des sources d’information disponibles, 48% en ayant un ressenti positif, 31% un ressenti négatif, 8% un ressenti à la fois positif et négatif, 3% ne se positionnant pas. 

L’enquête permet également de distinguer 4 grands types parmi les sondés :

- 43% d’amateurs prioritaires de la télévision (50 ans et plus, retraités, niveau d’étude inférieur au bac, ne se déclarant ni scientifiques ni littéraires),
- 26% d’utilisateurs polyvalents de tous les types de médias (moins de 30 ans, CSP hautes et intermédiaires, Bac + 5 et plus, se considérant autant scientifiques que littéraires),
- 16% d’utilisateurs principaux d’Internet, de la PQR et des applications TV et radio (40 à 49 ans, CSP populaires)
- 18,5% de personnes recourant d’abord aux réseaux sociaux et agrégateurs d’informations en ligne (moins de 40 ans, CSP intermédiaires et populaires, élèves et étudiants, plutôt scientifiques).

Dans le contexte plus spécifique de la crise sanitaire, interrogés sur les émetteurs qui ont leur confiance, ce sont les médecins qui arrivent en tête, 51% des sondés faisant confiance à la majorité d’entre eux, mais 38% “seulement à certains”. Scientifiques et chercheurs sont suivis dans des proportions similaires (44% des sondés font confiance à la majorité d’entre eux, 40% à certains).

Ce distinguo est encore plus marqué pour le cercle amical et professionnel (20% de confiance globale, 54% de confiance “sélective”), les journalistes scientifiques (27% contre 47%) et les journalistes généralistes (14 / 51), ou encore les représentants politiques (8 / 36). Représentants religieux (7 /19) et influenceurs (4 / 17) arrivent en dernier.

Un appétit de débat et d’ouverture à autrui

  • La France est-elle ouverte d’esprit ? 
    Les sondés répondent positivement, 86% d’entre eux se déclarant ouverts à toute nouvelle idée, et 81% affirmant prendre en compte un maximum d’opinions sur chaque sujet.
    51% préfèrent discuter avec des personnes qui ne pensent pas comme eux – 39% déclarent le contraire, et si 50% consultent “beaucoup” d’opinions différentes avant de se faire une idée, 43% déclarent l’inverse.

Ces principes sont fréquemment mis en œuvre puisque 73% des sondés débattent ou discutent, souvent ou de temps en temps, sur des sujets de société ou scientifiques, principalement au cours d’échanges entre amis (64%) ou au cours du repas de famille (63%). 65% des sondés pensent en outre complémentaires l’esprit critique, et la liberté d’expression, complémentaires.

Comment, enfin, définir l’esprit critique ? 

Être capable de changer d’avis (52%), raisonner logiquement et rationnellement (51%) et être capable d’échanger avec des personnes aux idées différentes (50%) arrivent en tête parmi les définitions proposées aux sondés. Inversement, la remise en question de la parole des autorités (27%), le doute systématique (24%) et la méfiance envers ses propres intuitions (21%) arrivent en bas de classement. 

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