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"Une importante étude réalisée de 2018 à 2020 en France révèle une contamination à la matière active à effet herbicide ‘glyphosate’ sur plus de 99 % des personnes testées dans la population générale" par Sustainable Pulse

Traduction et compléments de Jacques Hallard

samedi 12 février 2022, par Sustainable Pulse


ISIAS Pollutions Pesticides

Une importante étude réalisée de 2018 à 2020 en France révèle une contamination à la matière active à effet herbicide ‘glyphosate’ sur plus de 99 % des personnes testées dans la population générale

Traductions du 10-11 janvier 2022 par Jacques Hallard – Informations diffusées le 10 février 2022 par ‘sustainablepulse.com/2022/01/13/’ sous le titre « Major French Study Finds Over 99% Glyphosate Contamination in General Population » - Posted on Jan 13 2022 - 12:54am by ‘Sustainable PulsePhoto Champs Élysées animés à Paris.
« In one of the largest studies on glyphosate contamination in a human population, the world’s most used weedkiller was found in over 99% of the general public in France, with a total of over 6,800 urine samples having been tested. The study, published Wednesday in Environmental Science and Pollution Research, a top peer-reviewed scientific journal, […] The post Major French Study Finds Over 99% Glyphosate Contamination in General Population appeared on Sustainable Pulse… »

Traduction exhaustive en français du 10 janvier 2022 par Jacques Hallard

Dans l’une des plus grandes études sur la contamination au glyphosate dans une population humaine, portant sur le désherbant le plus utilisé au monde - le glyphosate -, il a été trouvé des contaminations chez plus de 99% des personnes parmi le grand public en France, d’après des tests réalisés sur un total de plus de 6.800 échantillons d’urine prélevée.

L’étude publiée mercredi dans ‘Environmental Science and Pollution Research’, une revue scientifique de premier plan évaluée par des pairs, a été réalisée sur 6.848 personnes, vivant dans 83 municipalités diverses en France.

Ces volontaires pour des analyses d’urines ont été recrutés via l’association ’Glyphosate Campaign’, qui a lancé une campagne juridique contre le désherbant classé ’cancérogène probable pour l’homme’ par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

Les échantillons ont été prélevés entre juin 2018 et janvier 2020, pour la grande majorité sous la supervision d’avocats ou de représentants tiers légaux, en vue d’une action en justice. Ils ont été analysés pendant la période d’échantillonnage par un laboratoire tiers en Allemagne.

Le glyphosate a été détecté dans 99,8% des 6.795 échantillons exploitables, à ’un niveau moyen de 1,19 µg/L (ppb)’.

Les auteurs de cette nouvelle étude notent que les échantillons prélevés au printemps et en été, saisons des pulvérisations de glyphosate et d’autres herbicides, présentaient ’des niveaux significativement plus élevés’. Les agriculteurs, en particulier ceux ’travaillant dans un environnement viticole’, présentaient également des niveaux ’significativement plus élevés’.

Les niveaux étaient également plus élevés chez les hommes et les enfants, les personnes qui consomment régulièrement de l’eau du robinet ou de l’eau de source, les fumeurs et les buveurs de bière ou de jus.

En revanche, les personnes ayant déclaré consommer ’plus de 85 % d’aliments biologiques’ présentaient des niveaux plus faibles.

Ressources > Boîte à Glyphosate

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Traduction partielle de l’article scientifique d’origine par Jacques Hallard

Des niveaux quantifiables de glyphosate dans l’urine ont été détectés dans 99% de la population en Frane, avec des valeurs de pollution plus élevées chez les hommes, chez les jeunes et chez les agriculteurs - Publication : 12 janvier 2022

Titre : Quantifiable urine glyphosate levels detected in 99% of the French population, with higher values in men, in younger people, and in farmers

Auteurs : Daniel GrauNicole GrauQuentin GascuelChristian ParoissinCécile StratonovitchDenis LaironDamien A. Devault & Julie Di Cristofaro 

Revue : Environmental Science and Pollution Research (Sciences de l’environnement et recherche sur la pollution) - (2022) Citez cet article -

Métrique details

Résumé

La France est le premier pays consommateur de pesticides en Europe. Le glyphosate est le pesticide le plus utilisé dans le monde et le glyphosate est détecté dans la population générale des pays industrialisés, avec des niveaux plus élevés chez les agriculteurs et les enfants. Peu de données étaient disponibles concernant l’exposition en France.

Notre objectif était de déterminer les niveaux de glyphosate dans la population française générale et de rechercher une association avec les saisons, les caractéristiques biologiques, le gene de vie, les habitudes alimentaires et l’exposition professionnelle à ce toxique. Cette étude a porté sur 6.848 participants recrutés entre 2018 et 2020.

Les données associées comprennent l’âge, le sexe, l’emplacement, le statut d’emploi et les informations diététiques. Le glyphosate a été quantifié par un seul laboratoire dans des échantillons d’urine à première lueur à l’aide d’ELISA.

Nos résultats soutiennent une contamination générale de la population de Français, avec du glyphosate quantifiable dans 99,8% des échantillons d’urine, avec une moyenne de 1,19 ng / ml + / - 0,84, après ajustement de l’indice de masse corporelle (IMC). Nous confirmons des niveaux plus élevés de glyphosate chez les hommes et les enfants.

Nos résultats soutiennent la contamination par le glyphosate par la consommation d’aliments et d’eau, car des niveaux plus faibles de glyphosate sont associés à l’apport alimentaire dominant provenant de l’agriculture biologique (organique) et de l’eau filtrée comme boisson.

Une exposition professionnelle plus élevée est confirmée chez les agriculteurs et plus particulièrement chez les agriculteurs travaillant dans un environnement viticole. Ainsi, nos résultats actuels montrent une contamination générale de la population de Français par le glyphosate, et contribuent en outre à la description d’une contamination généralisée dans les pays industrialisés.

Introduction

Après la Seconde Guerre mondiale, le modèle agricole Français a évolué grâce à la mécanisation, à l’amélioration des plantes cultivées et des tehnkiques agricoles et à l’utilisation accrue de produits chimiques (produits phytopharmaceutiques et engrais). L’agriculture est devenue plus professionnelle et splus pécialisée. Au cours des 40 dernières années, le nombre d’agriculteurs Français est passé de 1,61 million en 1982 à 0,4 million en 2019.

En conséquence, 1,1 million d’exploitations avaient été enregistrées en 1988 contre 0,45 million en 2013. Aujourd’hui, 29 millions d’hectares (ha) sont consacrés à l’agriculture (54% de la superficie Français), avec une moyenne de 61 ha par exploitation agricole. La taille des exploitations varie considérablement selon la production végétale concernée : 87 ha par exploitation pour la production céréalière, jusqu’à 10 ha pour l’horticulture ou le maraîchage (Agreste 2020bde, Insee 2020).

L’utilisation de pesticides a entraîné le rejet de résidus dans l’environnement, l’écosystème et la chaîne alimentaire (Hussain et al. 2015, Schulz et al. 2021). Malgré la récente progression marquée de la production biologique (Agreste 2020c), l’achat et l’utilisation de pesticides dans l’agriculture française ont augmenté de 25% au cours de la dernière décennie (Mandard 2020). La France fait partie des dix premiers pays utilisateurs de pesticides au monde (WorldAtlas 2021). En 2017, le désherbage chimique a augmenté dans presque toutes les zones de grandes cultures ; les données du ministère français de l’Agriculture indiquent que le nombre de pulvérisations chimiques (herbicides, fongicides, pesticides) par culture varie entre 33 et 2,7, par ordre décroissant pour les cultures fruitières, viticoles, légumières et céréalières (Agreste 2020a, e).

Le glyphosate, mis sur le marché en 1974 sous le nom commercial de ’ Roundup ’, est l’herbicide à large spectre et le dessiccateur des plantes cultivées le plus utilisé au monde, généralement pulvérisé sur les mauvaises herbes ou certaines cultures avant la récolte (Woodburn 2000). Le glyphosate, ou N-(phosphonométhyl) glycine, un composé organophosphoré (phosphonate) (Franz 1974), bloque une voie métabolique essentielle à la croissance de la plante (Steinrucken et Amrhein 1980).

La limite maximale de résidus (LMR) de glyphosate en France pour l’eau potable est de 0,1 ng/ml. Dans les aliments solides, la LMR est plus élevée et atteint 20 mg/Kg pour les céréales, comme l’avoine (20 mg/Kg), l’orge (20 mg/Kg), le blé (10 mg/Kg) ou les lentilles (10 mg/Kg), les haricots (2 mg/Kg), les pois (10 mg/Kg) et les graines de colza (10 mg/Kg) (ANSES 2016, 2019).

En France, le glyphosate a été retrouvé dans 53 % des échantillons alimentaires, dont 87,5 % des céréales pour le petit-déjeuner ; les concentrations variaient de 40 μg/Kg pour une céréale pour petit-déjeuner à 2100 μg/Kg pour un échantillon de lentilles sèches (Générations Futures 2017).

Une autre étude menée en France a montré que le glyphosate était retrouvé dans 100% des échantillons de céréales infantiles (ANSES 2016). En 2007, 9,5 % des échantillons de céréales testés en Europe par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) contenaient du glyphosate. Une étude menée en Suisse sur des aliments achetés en supermarché a révélé les niveaux les plus élevés de glyphosate dans les céréales et dans les pâtes (Zoller et al. 2018).

Le glyphosate a également été détecté dans les boissons ; en Allemagne, 6 des 14 bières ont été testées positives au glyphosate. Tous les vins et jus de fruits testés en Suisse contenaient du glyphosate (Zoller et al. 2018).

L’exposition humaine au glyphosate, que ce soit par l’ingestion d’aliments et d’eau ou par une exposition externe, a été largement étudiée. Cependant, en raison des différences de méthodologie entre les études, la comparaison directe des données est difficile (Connolly et al. 2020a).

Dans la population générale, la principale voie d’exposition semble être l’alimentation, avec des niveaux d’exposition plus élevés dans les pays en développement (Acquavella et al. 2004). Le glyphosate a été retrouvé dans les urines dans la majorité des études (Gillezeau et al. 2019 ; Connolly et al. 2020a). Le glyphosate a été retrouvé dans l’urine de près de la moitié des volontaires non utilisateurs de 18 pays européens (CIRC 2015).

Une analyse de la littérature (Connolly et al. 2020a) a indiqué qu’environ 70 % des échantillons d’urine étaient positifs pour le glyphosate dans la population générale, avec des concentrations moyennes arithmétiques variant entre 0,28 ng/ml (McGuire et al. 2016) et 7,6 ng/ml (Varona et al. 2009).

En Europe, une analyse rétrospective d’échantillons d’urine prélevés en Allemagne entre 2001 et 2015 et analysés par GC-MS/MS (Gas Chromatography-Mass Spectrometry) a rapporté des concentrations de glyphosate égales ou supérieures à la limite de quantification de 0,1 ng/ml dans 31,8 % des échantillons, avec un pic en 2012 (57,5 %) et 2013 (56,4 %) avec une concentration médiane légèrement supérieure à la limite de quantification (LOQ) (Conrad et al. 2017). Connolly et al, validant un protocole GC-MS avec une LOQ de 0,05 ng/ml, ont détecté du glyphosate dans 66 % des échantillons d’urine allemands (Connolly et al. 2020b).

Dans une étude récente menée sur des adultes portugais qui mangeaient principalement des aliments biologiques, le glyphosate mesuré dans l’urine par GC-MS/MS a été détecté dans 28 % des échantillons (valeur médiane de 0,25 ng/ml) collectés en juillet et détecté dans 73 % des échantillons collectés en octobre et analysés par HPLC-MS/MS (chromatographie liquide à haute performance-spectrométrie de masse) (valeur médiane de 0,13 ng/ml) (Nova et al. 2020).

Les hommes ont tendance à avoir une concentration urinaire moyenne de glyphosate plus élevée que les femmes, et les enfants une concentration moyenne plus élevée que les adultes (Curwin et al. 2007 ; Conrad et al. 2017).

Des études européennes récentes ont analysé les niveaux de glyphosate chez les enfants ; une étude du Danemark a montré que les enfants présentaient des niveaux de glyphosate plus élevés que leur mère (Knudsen et al. 2017). Cela a été confirmé par une étude allemande examinée dans (Gillezeau et al. 2019) ; Lemke et al. (Lemke et al. 2021) ont montré que 52 % de 2 144 échantillons d’urine de première ‘vidange’ provenant d’enfants et d’adolescents allemands âgés de 3 à 17 ans présentaient un niveau de glyphosate supérieur à la LOQ (0,1 ng/ml) avec une concentration moyenne géométrique de 0,107 ng/ml. Ferreira et al. (Ferreira et al. 2021) ont également détecté du glyphosate dans 95,1% des 41 échantillons d’urine d’enfants portugais (2-13 ans), avec une moyenne arithmétique de 1,77 ng/ml et atteignant une valeur maximale de 4,35 ng/ml. Ces auteurs ont rapporté les valeurs d’études antérieures menées chez des enfants, avec des taux de détection allant de 11,1 à 100 %, des valeurs moyennes arithmétiques de 0,1 à 2,7 ng/ml et des valeurs maximales de < 0,1 à 18 ng/ml (revues dans (Ferreira et al. 2021)).

Les femmes enceintes sont également exposées au glyphosate (Parvez et al. 2018). En France, 43 % des femmes enceintes avaient du glyphosate dans leurs urines (moyenne de 0,2 ng/ml et maximum de 0,76 ng/ml) (Chevrier et al. 2009). Une enquête multicentrique américaine a observé du glyphosate dans 95% (LOD 0,014 ng/ml) des échantillons d’urine maternelle du 2ème trimestre par UPLC-MS/MS (Ultra Performance Liquid Chromatography) avec une médiane de 0,22 ng/ml (0,01 à 1,9 ng/ml) (Lesseur et al. 2021). En outre, Ruiz et al. (Ruiz et al. 2021) ont détecté du glyphosate dans l’urine de 54% des mères espagnoles qui allaitent (n = 97) avec une moyenne géométrique de 0,12 ng/ml.

L’exposition professionnelle se fait par la peau et par les voies respiratoires et digestives, et est également valable pour les personnes vivant à proximité des exploitations agricoles. Les agriculteurs et leurs familles présentaient des niveaux de glyphosate plus élevés que la population générale ; avec des niveaux moyens arithmétiques de glyphosate rapportés dans l’urine après le travail entre 1,35 ng/ml en Europe (Connolly et al. 2017) et 292 ng/ml en Chine (Zhang et al. 2020). Les niveaux de glyphosate sont également signalés comme étant plus élevés chez les enfants des agriculteurs (Jauhiainen et al. 1991 ; Curwin et al. 2007).

D’importantes préoccupations en matière de santé humaine ont été soulevées concernant l’exposition au glyphosate. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence spécialisée de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a établi un lien entre le lymphome non hodgkinien (LNH) et l’exposition au glyphosate et a classé le glyphosate comme ’ cancérogène probable (groupe 2 A) ’ (CIRC 2015) ; cette association a été confirmée par la suite (Leon et al. 2019 ; Zhang et al. 2019 ; Inserm 2021), tandis que l’évaluation menée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a conclu que le glyphosate est ’ peu susceptible de présenter un danger cancérogène pour l’homme et les preuves ne soutiennent pas la classification en ce qui concerne son potentiel cancérogène ’ (EFSA 2015). L’évaluation de l’EFSA s’est principalement appuyée sur des études menées par les industries agrochimiques (Portier et al. 2016 ; Benbrook 2019 ; Foucart 2021a, b).

Certaines études ont associé les herbicides à base de glyphosate à des effets neurotoxiques et à une altération du neurodéveloppement (Nevison 2014 ; de Araujo et al. 2016 ; von Ehrenstein et al. 2019 ; Ongono et al. 2020) ; à des mécanismes néphrotoxiques (Jayasumana et al. 2014 ; Gunarathna et al. 2018 ; Gunatilake et al. 2019) ; et des effets de perturbation endocrinienne, notamment concernant les hormones sexuelles (Savitz et al. 1997 ; Garry et al. 2002 ; Dallegrave et al. 2007 ; Alarcon et al. 2019 ; Manservisi et al. 2019 ; Ingaramo et al.

L’utilisation de pesticides a entraîné le rejet de résidus dans l’environnement, l’écosystème et la chaîne alimentaire (Hussain et al. 2015, Schulz et al. 2021). Malgré la récente progression marquée de la production biologique (Agreste 2020c), l’achat et l’utilisation de pesticides dans l’agriculture française ont augmenté de 25% au cours de la dernière décennie (Mandard 2020). La France fait partie des dix premiers pays utilisateurs de pesticides au monde (WorldAtlas 2021). En 2017, le désherbage chimique a augmenté dans presque toutes les zones de grandes cultures ; les données du ministère français de l’Agriculture indiquent que le nombre de pulvérisations chimiques (herbicides, fongicides, pesticides) par culture varie entre 33 et 2,7, par ordre décroissant pour les cultures fruitières, viticoles, légumières et céréalières (Agreste 2020a, e).

Le glyphosate, mis sur le marché en 1974 sous le nom commercial de ’ Roundup ’, est l’herbicide à large spectre et le dessiccateur de cultures le plus utilisé au monde, généralement pulvérisé sur les mauvaises herbes ou certaines cultures avant la récolte (Woodburn 2000). Le glyphosate, ou N-(phosphonométhyl) glycine, un composé organophosphoré (phosphonate) (Franz 1974), bloque une voie métabolique essentielle à la croissance de la plante (Steinrucken et Amrhein 1980).

La limite maximale de résidus (LMR) de glyphosate en France pour l’eau potable est de 0,1 ng/ml. Dans les aliments solides, la LMR est plus élevée et atteint 20 mg/Kg pour les céréales, comme l’avoine (20 mg/Kg), l’orge (20 mg/Kg), le blé (10 mg/Kg) ou les lentilles (10 mg/Kg), les haricots (2 mg/Kg), les pois (10 mg/Kg) et les graines de colza (10 mg/Kg) (ANSES 2016, 2019).

En France, le glyphosate a été retrouvé dans 53 % des échantillons alimentaires, dont 87,5 % des céréales pour petit-déjeuner ; les concentrations variaient de 40 μg/Kg pour une céréale pour petit-déjeuner à 2100 μg/Kg pour un échantillon de lentilles sèches (GénérationsFutures 2017). Une autre étude menée en France a montré que le glyphosate était retrouvé dans 100% des échantillons de céréales infantiles (ANSES 2016). En 2007, 9,5 % des échantillons de céréales testés en Europe par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) contenaient du glyphosate.

Une étude menée en Suisse sur des aliments achetés en supermarché a révélé les niveaux les plus élevés de glyphosate dans les céréales et dans les pâtes (Zoller et al. 2018). Le glyphosate a également été détecté dans les boissons ; en Allemagne, 6 des 14 bières ont été testées positives au glyphosate. Tous les vins et jus de fruits testés en Suisse contenaient du glyphosate (Zoller et al. 2018).

L’exposition humaine au glyphosate, que ce soit par l’ingestion d’aliments et d’eau ou par une exposition externe, a été largement étudiée. Cependant, en raison des différences de méthodologie entre les études, la comparaison directe des données est difficile (Connolly et al. 2020a).

Dans la population générale, la principale voie d’exposition semble être l’alimentation, avec des niveaux d’exposition plus élevés dans les pays en développement (Acquavella et al. 2004). Le glyphosate a été retrouvé dans les urines dans la majorité des études (Gillezeau et al. 2019 ; Connolly et al. 2020a). Le glyphosate a été retrouvé dans l’urine de près de la moitié des volontaires non utilisateurs de 18 pays européens (CIRC 2015). Une analyse de la littérature (Connolly et al. 2020a) a indiqué qu’environ 70 % des échantillons d’urine étaient positifs pour le glyphosate dans la population générale, avec des concentrations moyennes arithmétiques variant entre 0,28 ng/ml (McGuire et al. 2016) et 7,6 ng/ml (Varona et al. 2009).

En Europe, une analyse rétrospective d’échantillons d’urine prélevés en Allemagne entre 2001 et 2015 et analysés par GC-MS/MS (Gas Chromatography-Mass Spectrometry) a rapporté des concentrations de glyphosate égales ou supérieures à la limite de quantification de 0,1 ng/ml dans 31,8 % des échantillons, avec un pic en 2012 (57,5 %) et 2013 (56,4 %) avec une concentration médiane légèrement supérieure à la limite de quantification (LOQ) (Conrad et al. 2017). Connolly et al, validant un protocole GC-MS avec une LOQ de 0,05 ng/ml, ont détecté du glyphosate dans 66 % des échantillons d’urine allemands (Connolly et al. 2020b).

Dans une étude récente menée sur des adultes portugais qui mangeaient principalement des aliments biologiques, le glyphosate mesuré dans l’urine par GC-MS/MS a été détecté dans 28 % des échantillons (valeur médiane de 0,25 ng/ml) collectés en juillet et détecté dans 73 % des échantillons collectés en octobre et analysés par HPLC-MS/MS (chromatographie liquide à haute performance-spectrométrie de masse) (valeur médiane de 0,13 ng/ml) (Nova et al. 2020).

Les hommes ont tendance à avoir une concentration urinaire moyenne de glyphosate plus élevée que les femmes, et les enfants une concentration moyenne plus élevée que les adultes (Curwin et al. 2007 ; Conrad et al. 2017).

Des études européennes récentes ont analysé les niveaux de glyphosate chez les enfants ; une étude du Danemark a montré que les enfants présentaient des niveaux de glyphosate plus élevés que leur mère (Knudsen et al. 2017). Cela a été confirmé par une étude allemande examinée dans (Gillezeau et al. 2019) ; Lemke et al. (Lemke et al. 2021) ont montré que 52 % de 2 144 échantillons d’urine de première vidange provenant d’enfants et d’adolescents allemands âgés de 3 à 17 ans présentaient un niveau de glyphosate supérieur à la LOQ (0,1 ng/ml) avec une concentration moyenne géométrique de 0,107 ng/ml. Ferreira et al. (Ferreira et al. 2021) ont également détecté du glyphosate dans 95,1% des 41 échantillons d’urine d’enfants portugais (2-13 ans), avec une moyenne arithmétique de 1,77 ng/ml et atteignant une valeur maximale de 4,35 ng/ml.

Quantification du glyphosate dans l’urine

Les échantillons d’urine ont été analysés pour les niveaux de résidus de glyphosate à l’aide du kit de dosage immunoenzymatique (ELISA) du glyphosate (Abraxis, Inc., USA ; #500,086). La gamme de quantification du kit ELISA de glyphosate dans l’eau sur un échantillon direct est de 0,075-4 ng/ml. La validation de la méthode d’analyse quantitative pour les échantillons d’eau, effectuée par le ministère de l’environnement de l’Ontario, a montré que le coefficient de corrélation entre LC-MS et ELISA était de 0,804 (Abraxis Eurofin (Parmar)) et de 0,88 selon une autre étude de validation (Byer et al. 2008). La quantification du glyphosate par ELISA dans des échantillons d’eau évalués par HPLC a montré une corrélation de 0,99 (Clegg et al. 1999) ; la performance similaire des deux méthodes a été confirmée (Rubio et al. 2003).

Les échantillons d’urine ont été analysés conformément au protocole du fabricant, tel que validé par Krüger et al. (Krüger et al. 2014) sur la base d’une comparaison des données des tests ELISA et GC-MS sur des échantillons d’urine humaine.

Tous les tests ont été réalisés par un seul laboratoire, Biocheck GmbH. Le test ELISA a été réalisé selon le protocole du fabricant prévu pour les échantillons d’urine humaine. En bref, 500 µl d’échantillon d’urine ont été filtrés avec un filtre centrifuge VWR 3 K à 3000 × g pendant 10 min et la couche supérieure a été transférée dans un nouveau tube et analysée selon le guide d’utilisation du kit ELISA de la plaque de glyphosate.

Les échantillons présentant des concentrations de glyphosate supérieures à 4 ng/ml ont été dilués dans un rapport de 1:5 avec le diluant pour échantillon de glyphosate fourni dans le kit et analysés à nouveau. Les mesures ont été effectuées sur un automate ‘Sunrise Microplate Reader’ (Tecan, Suisse). L’écart-type mesuré par les échantillons intra-jour et inter-jour rapporté par Biocheck GmbH est de 0,13 ng/ml.

Analyses statistiques et interprétation des données

Les données des participants utilisées dans cette étude ont été anonymisées dans la base de données. Les mesures de glyphosate et les données autodéclarées par les participants sur les caractéristiques sociodémographiques et le mode de vie sont présentées sous forme de nombres, de pourcentages ou de moyenne avec une fourchette ou un écart type (ET). Les données géographiques sont reportées sur une carte.

Les mesures de glyphosate ont été ajustées en fonction de l’indice de masse corporelle (IMC, calculé comme le poids/taille2) comme proposé dans (Boeniger et al. 1993). Les différences de concentrations de glyphosate en fonction de chaque variable (âge, sexe, statut professionnel, lieu de résidence, statut tabagique, activité physique, informations diététiques) ont été évaluées à l’aide de tests ANOVA ou Kruskal-Wallis.

Toutes les analyses ont été effectuées à l’aide de R Environment pour le calcul statistique (RCoreTeam 2020). Le niveau de signification statistique a été fixé à α = 0,05.

Résultats

Caractéristiques de la population

Parmi les 6848 échantillons d’urine prélevés, 53 (0,8 %) n’ont pas pu être utilisés et ont été exclus d’une analyse plus approfondie ; la cohorte comprenait donc 6795 échantillons d’urine. La date et le lieu de prélèvement étaient disponibles pour tous les échantillons. L’emplacement géographique du lieu de résidence des participants est cartographié à la Fig. 1.

figure 1

Emplacement géographique de la résidence des participants. La taille des cercles est proportionnelle au nombre de participants

Image en taille réelle

Cinq mille huit cents (5.800) questionnaires remplis par ces participants fournissant des informations autodéclarées ont été analysés et inclus dans les analyses d’association.

Les caractéristiques des participants sont données dans le tableau 1 ; 82 % des participants ont déclaré se conformer au protocole, l’âge médian était de 53 ans [0,5-94] et le rapport de masculinité H/F était de 0,85. L’IMC, calculé en fonction de la taille et du poids, est présenté dans le tableau 1 selon la classification de l’OMS. En ce qui concerne le mode de vie, 11,0 % des participants à l’étude ont déclaré ne pas avoir fait d’activité physique et 13,4 % ont déclaré avoir consommé du tabac.

En ce qui concerne les habitudes alimentaires, plus de la moitié des participants ont déclaré que leur régime alimentaire habituel comprenait au moins 60% d’aliments biologiques. La consommation d’eau au robinet, en bouteille, de source (puits ou source naturelle) et filtrée, de bière et de jus de fruits a également été rapportée dans le questionnaire. Le statut professionnel et l’environnement de travail ont également été signalés : 6,3 % des participants étaient des agriculteurs et 28,6 % étaient des retraités de la population générale. Une proportion plus élevée de participants ont déclaré travailler dans un environnement rural que dans un environnement urbain ; à noter, 7,5 % des participants ont travaillé dans un environnement viticole.

Tableau 1 Informations biologiques, sociodémographiques et sur le mode de vie déclarées par les participants (N = 5.800)

Tableau complet > Full size table

Le glyphosate est détecté dans 99,8% des échantillons et est plus élevé au printemps et en été. Le glyphosate a été détecté quantitativement dans 6.781 échantillons d’urine sur 6.795 (99,8%). Dans l’analyse d’association, les mesures inférieures à la LOQ (0,075 ng/ml) ont été considérées comme égales à 0,0 ng/ml. Le niveau moyen de glyphosate ajusté à l’IMC était de 1,19 ng/ml + / - 0,84, avec une fourchette [< 0,075 ; 7,36].

Les données des 5800 questionnaires ont été utilisées pour évaluer les niveaux de glyphosate en fonction de la saison de collecte. Les échantillons d’urine collectés entre mai et septembre ont montré des niveaux de glyphosate significativement plus élevés que ceux collectés entre octobre et avril (Tableau 2 ; p < 0,001).

Tableau 2 Niveaux de glyphosate ajustés à l’IMC (ng/ml) selon les saisons dans tous les échantillons de France, et dans les échantillons collectés dans le même district à différentes saisons.

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Certaines sessions de collecte d’urine ont été répétées dans le même district géographique : 1.796 échantillons collectés au moins à 4 périodes différentes de l’année dans le même territoire géographique étaient disponibles. Les mesures de glyphosate ont confirmé un niveau plus élevé au printemps-été qu’en automne-hiver (Tableau 2 ; p < 0.001).

Le niveau de glyphosate est plus élevé dans l’urine de première miction

Les participants qui ont déclaré avoir uriné moins de 6 heures avant la collecte d’urine (N = 983) ont présenté un niveau de glyphosate plus faible que les participants qui ont respecté le protocole (N = 4583) (0,95 ng/ml + / - 0,67 vs. 1,24 ng/ml + / - 0,83 ; p < 0,001).

Le niveau de glyphosate est plus élevé chez les hommes et chez les jeunes participants et diminue avec l’âge. Les participants masculins (N = 2583) avaient des niveaux moyens de glyphosate plus élevés que les femmes (N = 3040) (1,27 ng/ml + / - 0,84 vs. 1,13 ng/ml + / - 0,83 ; p < 0,001). Les niveaux de glyphosate étaient également plus élevés chez les participants les plus jeunes, avec une diminution continue avec l’âge (Tableau 3, p < 0,001).

Tableau 3 Niveau de glyphosate ajusté à l’IMC (ng/ml) en fonction de l’âge des participants

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Le niveau de glyphosate est associé au tabagisme et aux habitudes alimentaires

Le tabagisme est associé à des niveaux de glyphosate plus élevés. Le niveau de glyphosate était plus élevé chez les fumeurs (N = 717) que chez les non-fumeurs ou les anciens fumeurs (N = 4930) (1,43 ng/ml + / - 0,91 vs. 1,16 ng/ml + / - 0,82 ; p < 0,001).

Une consommation importante d’aliments biologiques est associée à un niveau plus faible de glyphosate. Aucune différence statistiquement significative n’a été observée entre les participants qui consomment des aliments biologiques (n’importe quel pourcentage) (N = 5271) et ceux qui ne consomment aucun aliment biologique (N = 216) (Tableau 4 ; 1,19 ng / ml + / - 0,84 vs 1,17 ng / ml + / - 0,80 ; p = 0,68). Cependant, les participants qui ont déclaré avoir mangé plus de 85% d’aliments biologiques (N = 1327) ont affiché un taux de glyphosate inférieur à celui des autres participants (N = 3875) (1,16 ng / ml + / - 0,80 vs 1,21 ng / ml + / - 0,85 ; p = 0,026).

Tableau 4 Taux de glyphosate ajusté de l’IMC (ng/ml) en fonction de la consommation d’aliments biologiques des participants

Table pleine grandeur

La consommation de bière et de jus de fruits est associée à un taux de glyphosate plus élevé. Les participants qui buvaient de la bière avaient des concentrations de glyphosate significativement plus élevées que les autres participants de plus de 15 ans (tableau 5 ; p < 0,001). Les participants qui buvaient du jus de fruits présentaient des niveaux de glyphosate plus élevés que les non-consommateurs (tableau 6 ; p = 0,009).

Tableau 5 Taux de glyphosate ajusté de l’IMC (ng/ml) en fonction de la consommation de bière des participants

Table pleine grandeur

Tableau 6 Taux de glyphosate ajusté de l’IMC (ng/ml) en fonction de la consommation de jus de fruits des participants

Table pleine grandeur

La consommation d’eau du robinet et d’eau de source est associée à des niveaux plus élevés de glyphosate, tandis que la consommation d’eau filtrée est associée à des niveaux de glyphosate plus faibles

Les participants qui buvaient de l’eau du robinet ou de l’eau de source présentaient des niveaux de glyphosate plus élevés (tableau 7 ; p = 0,011 et tableau 8 ; p = 0,025). La consommation d’eau filtrée était associée à des niveaux de glyphosate plus faibles (tableau 9 ; p < 0,001). La consommation d’eau embouteillée n’était pas associée à une modification de la teneur moyenne en glyphosate (p = 0,83, données non présentées). La plupart des participants ont coché plusieurs types de filtres (y compris le filtre à charbon, l’autre filtre, l’osmose inverse, l’adoucisseur) ; ainsi, aucune association avec un filtre spécifique n’a pu être identifiée.

Tableau 7 Taux de glyphosate ajusté de l’IMC (ng/ml) en fonction de la consommation d’eau du robinet des participants - Full size table

Tableau 8 Niveau de glyphosate ajusté à l’IMC (ng/ml) en fonction de la consommation d’eau de source des participants Tableau complet > Full size table

Tableau 9 Niveau de glyphosate ajusté à l’IMC (ng/ml) en fonction de la consommation d’eau filtrée des participants Tableau complet > Full size table

Le niveau de glyphosate est associé à l’exposition professionnelle. Les niveaux de glyphosate ont été analysés en fonction du statut professionnel. Les agriculteurs (N = 342) présentaient des concentrations de glyphosate significativement plus élevées que les autres participants de plus de 15 ans (N = 4883) (1,29 ng/ml + / - 0,84 vs. 1,15 ng/ml + / - 0,79 ; p = 0,002).

Lorsque l’environnement de travail spécifique était pris en compte, les agriculteurs travaillant dans un environnement viticole (N = 63) présentaient des niveaux de glyphosate plus élevés que les autres agriculteurs (N = 279) (1,56 ng/ml + / - 0,98 vs. 1,22 ng/ml + / - 0,79 ; p = 0,004).

Discussion

La France est un important pays agricole, la moitié de sa superficie étant consacrée à l’agriculture. Au cours des dernières décennies, le modèle agricole français dominant a évolué vers une agriculture plus intensive avec une utilisation accrue de produits chimiques ; la France fait partie des dix premiers pays consommateurs de pesticides dans le monde et est numéro un dans l’UE (Sharma et al. 2019).

Le glyphosate a été largement utilisé depuis sa commercialisation dans les années 1970 dans les pays où l’agriculture est intensive (examiné dans (Sharma et al. 2019)). Plusieurs méthodes ont été développées et validées pour mesurer les niveaux de glyphosate (examiné dans (Valle et al. 2019)). Cependant, la comparaison des ensembles de données doit être effectuée avec prudence, en raison des différences de stratégie d’échantillonnage, des ajustements de dilution urinaire ou des méthodes et limites de détection/quantification (Connolly et al. 2020a). En conséquence, les études épidémiologiques sur le glyphosate ont rapporté des résultats variables.

En Europe, la gamme moyenne des niveaux de glyphosate était de 0,16 à 7,6 ng/ml avec des fréquences de détection dans les États de l’UE allant de 10 à 90 % (Conrad et al. 2017 ; Gillezeau et al. 2019 ; Connolly et al. 2020a ; Nova et al. 2020). Peu de données sont disponibles concernant les niveaux de glyphosate dans la population générale française. Une étude menée dans une cohorte d’adultes sur plusieurs pesticides (classés comme composés organophosphorés, pyréthroïdes et azolés) a montré une exposition plus faible, sur la base des niveaux des échantillons d’urine, chez les consommateurs fréquents d’aliments biologiques (Baudry et al. 2019).

La présente étude a inclus 6.848 participants recrutés entre juin 2018 et janvier 2020. L’ensemble du territoire français a été couvert, à l’exception de la zone nord-est et, dans une moindre mesure, d’un couloir allant du nord-est au sud-ouest. Le glyphosate a été quantifié dans les échantillons d’urine par dosage ELISA par un seul laboratoire (N = 6.795). La mesure de la concentration de glyphosate, sur un seul spot urinaire tôt le matin après une nuit de jeûne, a été évaluée comme étant une estimation fiable de l’excrétion maximale de glyphosate chez les humains. Deux études expérimentales menées sur des humains ont montré que l’élimination urinaire du glyphosate suivait une excrétion en deux phases, avec une phase initiale rapide entre 6 et 9 h suivie d’une phase plus lente (Zoller et al. 2020 ; Faniband et al. 2021).

La méthode ELISA appliquée à la détection et à la quantification du glyphosate offre une approche alternative aux inconvénients des techniques chromatographiques, tels que la nécessité de procédures de dérivation, de prétraitements des échantillons, d’équipements coûteux, et la rapidité des réactions et des analyses. Les méthodes ELISA et HPLC montrent des performances comparables en termes d’exactitude et de précision pour la détection et la quantification du glyphosate dans les échantillons d’eau (Clegg et al. 1999 ; Rubio et al. 2003), tout comme les méthodes ELISA et LC/MS dans l’eau (Byer et al. 2008). Bien qu’il y ait une forte corrélation entre les méthodes ELISA et HPLC, Clegg et al. (Clegg et al. 1999) ont montré que les valeurs de glyphosate déterminées par ELISA étaient supérieures à celles obtenues par la méthode HPLC.

Ces résultats ont été confirmés lors de tests de validation ELISA réalisés sur 14 échantillons d’urine humaine ; les méthodes GC-MS et ELISA ont montré un coefficient de corrélation de 0,87 et les valeurs moyennes obtenues avec ELISA étaient plus élevées (Krüger et al. 2014). Des valeurs plus élevées de pesticides quantifiés par ELISA que par HPLC ont également été observées pour l’atrazine mercapturate et le chlorpyrifos (Curwin et al. 2010).

Ainsi, ces différences méthodologiques doivent être gardées à l’esprit concernant nos résultats soutenant une contamination générale de la population française, avec un glyphosate quantifiable dans 99,8% des échantillons d’urine et une moyenne de 1,19 ng/ml + / - 0,84.

Néanmoins, les analyses d’association de données biologiques, alimentaires et sociodémographiques réalisées ici sur une cohorte nationale, ont confirmé les données précédemment publiées sur la contamination par le glyphosate.

Plusieurs études réalisées avec des méthodes ELISA ou LC ont trouvé des résultats comparables aux nôtres dans la population générale aux États-Unis, au Danemark ou au Sri Lanka (Curwin et al. 2007 ; Jayasumana et al. 2014 ; McGuire et al. 2016 ; Knudsen et al. 2017 ; Parvez et al. 2018 ; Lesseur et al. 2021), tandis que d’autres études réalisées avec les méthodes GC ou LC ont rapporté des valeurs plus faibles aux États-Unis, en Allemagne, au Portugal ou en Espagne (Mills et al. 2017 ; Connolly et al. 2018 ; Connolly et al. 2020a, b ; Nova et al. 2020 ; Ruiz et al. 2021).

Le respect du protocole (collecte d’urine de première vidange) était associé à des niveaux de glyphosate significativement plus élevés. Ces résultats confirment que l’excrétion retardée du glyphosate entraîne des concentrations urinaires plus élevées. Certaines études ont ajusté leurs résultats par une mesure de la dilution urinaire, le plus souvent en utilisant la créatinine. La prise expérimentale de glyphosate suivie d’un contrôle continu du dosage a recommandé d’ajuster la dilution urinaire pour obtenir une meilleure corrélation (Zoller et al. 2020 ; Faniband et al. 2021) ; les courbes d’excrétion urinaire non ajustées et ajustées présentées par Faniband et al., étaient très similaires, surtout pendant les 9 premières heures (Faniband et al. 2021).

Cependant, la créatinine est décrite comme étant affectée par plusieurs facteurs tels que le régime alimentaire, l’âge, le sexe, l’état de santé, y compris le diabète ou les troubles rénaux. D’autres études ont suggéré de déterminer la concentration de l’urine par sa gravité spécifique. Tous les tests utilisés pour mesurer la gravité spécifique de l’urine ont certaines limites basées sur leurs principes physiques sous-jacents (Chadha et al. 2001). Comme la créatinine et la gravité spécifique présentent des inconvénients et un coût supplémentaire, la concentration a été ajustée en fonction de l’IMC (Boeniger et al. 1993).

Nos résultats semblent montrer une plus grande consommation de glyphosate au printemps. Une étude antérieure a montré que les pesticides étaient plus détectés dans les eaux souterraines au printemps (McManus et al. 2014). De plus, une étude canadienne a montré une distribution temporelle bimodale du glyphosate avec des concentrations maximales à la fin du printemps/début de l’été et à l’automne (Byer et al. 2008). Cependant, comme aucun ajustement du volume d’urine n’a été effectué et que les personnes peuvent excréter des volumes d’urine plus faibles au printemps-été qu’en hiver, ce résultat nécessite des investigations supplémentaires pour être confirmé.

L’analyse des questionnaires a révélé des spécificités de cette cohorte de participants par rapport à la population générale : âge médian plus élevé, plus de femmes, plus d’activité physique et moins de fumeurs (Galey et al. 2020, Pasquereau et al. 2020). Les participants présentaient également des habitudes alimentaires spécifiques avec une plus grande consommation d’aliments biologiques (AgenceBio 2021). Une forte proportion des participants étaient des agriculteurs, notamment des travailleurs dans un environnement viticole (Cnav 2021)……

Note du traducteur : pour lire la totalité de la Discussion (en anglais), ainsi que les références citées dans l’article > se reporter à la source d’origine

Data availability - The datasets used and/or analyzed during the current study are available from the corresponding author on reasonable request.

Disponibilité des données - Les ensembles de données utilisés et/ou analysés au cours de l’étude actuelle sont disponibles auprès de l’auteur correspondant sur demande raisonnable.

Référence : Acquavella JF, Alexander BH, Mandel JS, Gustin C, Baker B, Chapman P, Bleeke M (2004) Glyphosate biomonitoring for farmers and their families : results from the Farm Family Exposure Study. Environ Health Perspect 112(3):321-326

Publication : 12 janvier 2022

Remerciements - Les auteurs remercient tous les participants, les organisateurs des comités locaux et l’association Campagne Glyphosate France.

Financement - La présente étude a été lancée par une organisation à but non lucratif et réalisée sur la base d’un processus participatif citoyen concerné impliquant des volontaires qui ont tous pris en charge individuellement le coût financier de la collecte d’échantillons d’urine et du test de laboratoire au glyphosate ainsi que le contrôle des huissiers. Aucun financement institutionnel n’a soutenu la collecte de toutes les données ainsi que le traitement scientifique des données et la rédaction d’articles.

Informations sur l’auteur – Affiliations :

  • Association Campagne Glyphosate, Foix, France : Daniel Grau, Nicole Grau & Quentin Gascuel
  • Université de Pau Et Des Pays de L’Adour, CNRS, LMAP, E2S UPPA, Pau, France : Christian Paroissin
  • ARSEAA, Pôle Guidance Infantile, Psychiatrie Infanto-juvénile Secteur III, Labège, France : Cécile Stratonovitch
  • Faculté de Médecine de La Timone, Aix Marseille Université, INSERM, INRA, C2VN, Marseille, France : Denis Lairon
  • Centre Universitaire de Formation Et de Recherche de Mayotte, Dembeni, Mayotte, France : Damien A. Devault
  • ADES, Aix Marseille Université, CNRS, EFS, Marseille, France - Julie Di Cristofaro
    Contributions - DG, NG et QG ont contribué à la conception et à la conception de l’étude ; La DG et le CP ont organisé la base de données et effectué l’analyse statistique ; tous les auteurs ont contribué à l’analyse et à l’interprétation des données ; JDC a écrit la première ébauche du manuscrit. Tous les auteurs ont contribué à la révision du manuscrit, lu et approuvé la version soumise. Auteur correspondant > Correspondance avec Julie Di Cristofaro.

Déclarations d’éthique - Approbation éthique et consentement à participer - L’approbation de l’éthique a été levée ; tous les participants ont donné leur consentement éclairé écrit pour participer à l’étude avant le prélèvement de l’échantillon.

Consentement à la publication - Tous les participants ont donné leur consentement éclairé écrit pour participer à l’étude et à sa publication.

Intérêts concurrents - Cécile Stratonovitch est membre du conseil d’administration de l’association « Alerte des médecins sur les pesticides », dédiée à l’information sur les effets des pesticides sur la santé, à but non lucratif. Tous les autres auteurs ne déclarent aucun intérêt concurrent.

Informations complémentaires - Note de l’éditeur – ‘Springer Nature’ reste neutre en ce qui concerne les revendications de compétence dans les cartes publiées et les affiliations institutionnelles. Rédacteur en chef : Philippe Garrigues

Droits et autorisations - Open Access This article is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License, which permits use, sharing, adaptation, distribution and reproduction in any medium or format, as long as you give appropriate credit to the original author(s) and the source, provide a link to the Creative Commons licence, and indicate if changes were made. The images or other third party material in this article are included in the article’s Creative Commons licence, unless indicated otherwise in a credit line to the material. If material is not included in the article’s Creative Commons licence and your intended use is not permitted by statutory regulation or exceeds the permitted use, you will need to obtain permission directly from the copyright holder. To view a copy of this licence, visit http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/.

Reprints and Permissions - About this article - Cite this article : Grau, D., Grau, N., Gascuel, Q. et al. Quantifiable urine glyphosate levels detected in 99% of the French population, with higher values in men, in younger people, and in farmers. Environ Sci Pollut Res (2022). https://doi.org/10.1007/s11356-021-18110-0

Download citation - Reçu23 juillet 2021 - Accepté10 décembre 2021 - Publié12 janvier 2022 - DOIhttps://doi.org/10.1007/s11356-021-18110-0

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Mots-clés : Glyphosate France Population générale Habitudes alimentaires Exposition professionnelle

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Source d’origine de l’article scientifique traduit en partie : https://link.springer.com/article/10.1007/s11356-021-18110-0

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Traductions par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 11/02/2022

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