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"Pour limiter les dérèglements climatiques, le nucléaire va-t-il se renforcer, notamment en France (fissiles au lieu de fossiles), et les énergies renouvelables vont-elles trouver leur place dans les délais qu’impose l’urgence de la transition écologique ?" par Jacques Hallard

samedi 5 février 2022, par Hallard Jacques


ISIAS Nucléaire Energies Renouvelables

Pour limiter les dérèglements climatiques, le nucléaire va-t-il se renforcer, notamment en France (fissiles
au lieu de fossiles), et les énergies renouvelables vont-elles trouver leur place dans les délais qu’impose l’urgence de la transition écologique ?

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 04/02/2022

Plan du document : Définitions préalables {{}}Introduction Sommaire Auteur

Plutôt penser le changement, que de changer le pansement” - Citation attribuée à Francis Blanche, humoriste et acteur du XXème siècle.


Définitions préalables

On peut soit lire la suite, soit passer directement à l’introduction et / ou au sommaire des documents sélectionnés pour ce dossier.

Quelle est la différence entre énergie fossile et énergie fissile ? - 19/08/2021 - Audrey SEBILLEAU - Catégorie : Énergies renouvelables - L’énergie est à la base de la vie : toute activité nécessite de l’énergie. À l’image de notre corps, les objets que nous utilisons et ce que nous créons consomment de l’énergie. Il existe plusieurs sortes d’énergie, mais savez-vous différencier énergie fossile et énergie fissile ? Réponse > https://www.bretagne-energie.fr/energies-renouvelables/difference-entre-energie-fossile-et-fissile/

Energie fissile désigne l’énergie produite par des ressources primaires épuisables (uranium, plutonium) n’émettant pas de Gaz à Effet de Serre (GES) mais produisant des déchets radioactifs. Les autres définitions rattachées à Energie fissile : Énergie, Énergie nucléaire, Gaz à Effet de Serre (GES) – Source : https://www.dictionnaire-environnement.com/energie_fissile_ID5674.html

« Les énergies fissiles sont issues de gisements d’uranium. La fission des atomes d’uranium produit des atomes de plutonium utilisés pour le nucléaire militaire. L’énergie fissile provient de la fission des atomes d’uranium, au cœur des réacteurs nucléaires, créant l’énergie nucléaire, mais aussi des éléments radioactifs. L’uranium est un minerai naturellement radioactif. Présent en grande quantité dans des gisements répartis sur toute la planète, il assure une production d’énergie plus durable que les énergies fossiles. Mais tout est relatif à l’échelle géologique. Les experts s’accordent sur le fait que les réserves actuelles d’uranium seront épuisées dans 90 à 130 ans sans modification de nos habitudes actuelles ». Source 

Énergie fossile désigne l’énergie produite à partir de composés issus de la décomposition sédimentaire des matières organiques, c’est à dire principalement composés de carbone. Les autres définitions rattachées à Énergie fossile : Énergie, Carbone (C), Pétrole, Charbon (combustible), Méthane (CH4), Gaz naturel, Azote total, Effet de serre, Combustible, Combustible fossile, Combustion – Source : https://www.dictionnaire-environnement.com/energie_fossile_ID1159.html

« Les énergies fossiles sont issues de la décomposition de matières organiques, principalement végétales, que la nature a mis des millions d’années à transformer. Citons ainsi la tourbe, le charbon, le gaz naturel et le pétrole. Présentes de manière localisée et surtout de manière limitée, elles sont riches en carbone et en hydrogène… » - Source

« Les énergies renouvelables (EnR) sont des sources d’énergie dont le renouvellement naturel est assez rapide pour qu’elles puissent être considérées comme inépuisables à l’échelle du temps humain. Elles proviennent de phénomènes naturels cycliques ou constants induits par les astres : le Soleil essentiellement pour la chaleur et la lumière qu’il génère, mais aussi l’attraction de la Lune (marées) et la chaleur générée par la Terre (géothermie). Leur caractère renouvelable dépend d’une part de la vitesse à laquelle la source est consommée, et d’autre part de la vitesse à laquelle elle se renouvelle. L’expression « énergie renouvelable » est la forme courte et usuelle des expressions « sources d’énergie renouvelables » ou « énergies d’origine renouvelable » qui sont plus correctes d’un point de vue physique. La part des énergies renouvelables dans la consommation finale mondiale d’énergie était estimée en 2018 à 17,9 %, dont 6,9 % de biomasse traditionnelle (bois, déchets agricoles, etc.) et 11,0 % d’énergies renouvelables « modernes » : 4,3 % de chaleur produite par les énergies renouvelables thermiques (biomasse, géothermie, solaire), 3,6 % d’hydroélectricité, 2,1 % pour les autres renouvelables électriques (éolien, solaire, géothermie, biomasse, biogaz) et 1 % pour les biocarburants ; leur part dans la production d’électricité était estimée en 2018 à 26,4 %.... » - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_renouvelable

Toutes les informations sur les différentes catégories d’énergies renouvelables sont à découvrir sur ce site : http://www.energies-renouvelables.org/

« La transition écologique est un concept élaboré par Rob Hopkins1, qui regroupe un ensemble de principes et de pratiques formés à partir des expérimentations et des observations d’individus, de groupes, de villages, villes ou communes, lorsqu’ils ont commencé à travailler sur les problématiques de résilience locale, d’économie en boucle et de réduction des émissions de CO2. Ces principes ont été déclinés dans les domaines de l’agriculture (permaculture), des usages dans les villes (avec le mouvement des villes en transition) ou plus généralement avec le principe de résilience… »- Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Transition_%C3%A9cologique

« La transition écologique est un concept qui vise à mettre en place un nouveau modèle économique et social de manière à répondre aux enjeux écologiques de notre siècle. Cette notion intègre la transition énergétique et cherche à repenser nos façons de produire, de travailler et de vivre ensemble sur un territoire pour le plus rendre plus écologique. En transformant le système énergétique actuel, la transition écologique permet ainsi de diminuer son impact environnemental. En ce sens, la transition écologique représente une période d’adaptation qui permet d’adopter de nouveaux schémas énergétiques privilégiant les énergies renouvelables, en opposition au schéma actuel principalement basé sur les énergies fossiles (pétrole, gaz de naturel, charbon…). Elle vise aussi à diminuer la consommation d’énergie en limitant au maximum les gaspillages, à améliorer l’efficacité énergétique et à faire évoluer les comportements de consommation en vue d’apporter une réponse à la fois économique et sociale aux enjeux environnementaux de notre planète… » - Source : https://www.cieau.com/eau-transition-ecologique/enjeux/les-defis-de-la-transition-ecologique/

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Introduction

Ce dossier à visée didactique est une somme de documents qui aborde le sujet épineux et très préoccupant de la fourniture d’électricité qui en pleine expansion avec les usages croissants du numérique, d’une part, et avec les transports envisagés avec les véhicules à propulsion électrique, d‘autre part. Tout cela repose encore et toujours, mais avec plus d’acuité, la fourniture d’électricité soit à partir du secteur du nucléaire, soit en faisant appel aux différentes alternatives possibles, dont les diverses énergies renouvelables.

Débutant avec quelques définitions préalables, ce dossier est composé de 2 parties : l’une traite du nucléaire, et l’autre des alternatives avec les énergies renouvelables.

La première partie de ce dossier (« le nucléaire toujours à la mode ») commence par un enregistrement de France Culture où a été reçu Jean-Marc Jancovici (un ingénieur de l’École polytechnique, diplômé de l’École nationale supérieure des télécommunications, enseignant et conférencier français ; il est le créateur du ‘bilan carbone’ qu’il a développé au sein de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). L’hôte « y exposa ses vues argumentées avec sa fougue habituelle sur « Les voies économiques de l’écologie ».

Le bilan carbone « est lié à la fabrication d’un produit ou à l’activité d’une entité humaine (individu, groupe, collectivité) est un outil de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre. Il tient compte de l’énergie primaire et de l’énergie finale de ces produits et services. Le bilan carbone vise à renseigner les systèmes d’échange de type bourse du carbone, à poser les bases de solutions efficaces de réduction de la consommation énergétique, et peut optimiser la fiscalité écologique (taxe carbone…) et certains mécanismes de compensation carbone. Le bilan carbone permet également d’étudier la vulnérabilité d’une activité économique ou d’une collectivité, particulièrement sa dépendance aux énergies fossiles, dont le prix devrait augmenter dans les prochaines années selon les prospectivistes…. » - Source Wikipédia « qui présente des problèmes à corriger » !

Jean-Marc Jancovici a beaucoup travaillé, enseigné et communiqué sur ce sujet devant différents publics pendant ces dernières décennies et ses points de vue font toujours l’objet de controverses vives et passionnées. Il a été choisi de rapporter ici – arbitrairement – un entretien réalisé par Adrien de Tricornot (journaliste au ‘Monde Économie’ depuis septembre 2006 et spécialisé sur les dossiers de macroéconomie et finances) ; le document mentionné ici est intitulé « La crise inexorable du tout carbone ». Une autre vidéo donne un exemple de ‘Bilan Carbone’ qui a été réalisé pour le Conseil départemental des Yvelines sous ce titre : « 6 questions à Jean-Marc Jancovici ».

Jean-Marc Jancovici est à l’origine des organismes ‘Carbone 4’ (Ne pas confondre ‘Carbone 4’ avec le Carbone 14 !) et ‘The Shift Project’, présentés par Wikipédia et qui sont tous deux présentés ici. Le plus récent travail de ce volubile auteur a fait l’objet d’un livre début 2022 avec une sortie annoncée sur le web : il s’agit d’un « Plan de transformation de l’économie française (PTEF) ».

Puis est reproduit ensuite un entretien paru sur le site du ‘Journal Du Dimanche’ (JDD) portant sur un sujet baptisé « la taxonomie européenne » ; pour plus de détails, voir Neutralité carbone : la taxonomie européenne en six questions(7 janvier 2022). Un petit extrait de ce document : « L’Union européenne s’apprête à inclure le nucléaire parmi les énergies de transition, dans le cadre de la « taxonomie verte », avec pour objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050 ». Dans l’entretien au JDD, Jean-Marc Jancovici, ingénieur et président du ‘Shift Project, un ‘think tank’ pour une économie décarbonée, « rappelle que la fission ne produit pas de CO2 » et il revient sur les différents scénarios énergétiques pour la France. Pour lui, « le nucléaire doit contribuer à la décarbonation » quand, à l’inverse, il juge que « tout miser sur les énergies renouvelables est un pari risqué ». On peut lire aussi : Taxonomie verte : l’Allemagne adopte une position ferme en ... https://www.euractiv.fr › section › energie › news › tax... -24 janvier 2022

La vidéo d’une Conférence organisée par les ‘Jeunes Agriculteurs’ de l’Aveyron à Rodez avec l’invité Jean-Marc Jancovici est aussi présentée avec son titre interrogateur : « +2 degrés, les vaches sous les cocotiers ? »

Afin d’entrer plus avant dans les informations du secteur du nucléaire, il a été sélectionné un document du CEA (« Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) est un organisme divers d’administration centrale (ODAC) de recherche scientifique français dans les domaines de l’énergie, de la défense, des technologies de l’information et de la communication, des sciences de la matière, des sciences de la vie et de la santé, implanté sur dix sites en France1,2. Historiquement dénommé Commissariat à l’énergie atomique (CEA), il a changé de nom en 2010 en élargissant son champ aux énergies alternatives3,4 tout en conservant son sigle… » - On a ainsi accès à de très nombreux éléments de jugement ; voir plus loin « De la recherche à l’industrie - Energies - Domaines de recherche sur les énergies ».

Ensuite est donnée dans ce dossier une tribune titrée « Pourquoi nous ne pouvons pas nous passer du nucléaire (pour l’instant) » - L’auteur Ralph Leonard est « un écrivain britannico-nigérian qui écrit sur la politique internationale, la religion, la culture et l’humanisme… ») ; sa contribution originale a été publiée par ‘Areo Magazine’, une publication dont « Les sources médiatiques ont un parti pris libéral (classé) léger à modéré. Elles publient souvent des informations factuelles qui utilisent des mots chargés (formulation qui tente d’influencer un public en faisant appel aux émotions ou aux stéréotypes) pour favoriser les causes libérales. Ces sources sont généralement dignes de confiance pour l’information, mais peuvent nécessiter une enquête plus approfondie… »

Vient alors dans ce dossier une deuxième partie qui traite plus précisément des alternatives au nucléaire : sous la dénomination « Le nucléaire, une industrie sans grand avenir », un article d’Antoine de Ravignan, rédacteur en chef adjoint d’Alternatives Economiques, qui y est en charge des pages concernant l’environnement ; puis « Trois liens pour comprendre les alternatives au nucléaire » publié par ‘LEXPRESS.fr’ ; « Pourquoi l’opposition entre nucléaire et renouvelable est contre-productive » d’après Clément Fournier (Rédacteur en chef ‘youmatter.world’ - Climat - Société - Environnement - Énergie – Santé) ; ainsi que plusieurs documents très argumentés sur les alternatives au nucléaire émanant de ‘tv5monde.com’, du Réseau ‘Alternatives au Nucléaire’ et de Greenpeace.

Deux contributions ont finalement été ajoutées à ce dossier :

* L’une diffusée par les ‘Ingénieurs Engages’, qui est « une fédération visant à repenser la place de l’ingénieur·e dans la société et qui est composée de plusieurs groupes, locaux et thématiques, portant des actions ou des réflexions en cohérence avec les valeurs portées par sa charte, centrée sur les problématiques sociales et environnementales. Ce mouvement associé se veut apartisan, privilégiant les débats, l’ouverture d’esprit et s’intégrant dans un cadre horizontal ». Cette contribution recommande de « Changer le système de l’intérieur » : elle approfondit « L’économie contre la biosphère avec la déconstruction du ‘greenwashing’ dans les métiers des ingénieurs et ingénieures ».

Le greenwashing (« écoblanchiment » dans sa traduction française, ou encore « verdissage »), adopté de plus en plus fréquemment par certaines entreprises, se définit comme une stratégie de communication et de marketing visant à faire croire que l’entreprise a une politique écoresponsable (Qui fait preuve de responsabilité à l’égard de l’environnement)… - Source

* L’autre contribution porte sur les crises environnementales actuelles et elle est un appel de 1.400 scientifiques qui interpellent les candidats à l’élection présidentielle, (les élus) et les médias, en les invitant « à sortir ’des discours de l’inaction’ ».

Les documents sélectionnés, pour constituer ce dossier, figurent dans le sommaire ci-après avec les accès nécessaires.

Dernières nouvelles :

*L’industrie allemande remporte une victoire dans la taxonomie européenne - Par : Nikolaus J. Kurmayer | EURACTIV.com | translated by Anne-Sophie Gayet – « La Commission européenne a présenté son deuxième acte délégué relatif aux règles de l’UE en matière de financement durable. Sous certaines conditions, l’énergie nucléaire et le gaz seront qualifiés de «  verts  », ce qui réjouit l’industrie allemande. La « taxonomie verte » de l’Union européenne régit les investissements qui peuvent être qualifiés de durables sur les marchés financiers. L’inclusion de l’énergie nucléaire dans la taxonomie avait provoqué un tollé dans les États opposés au nucléaire, tandis que d’autres s’opposaient quant à eux à l’inclusion du gaz… » - Source : https://www.euractiv.fr/section/climat/news/lindustrie-allemande-remporte-une-victoire-dans-la-taxonomie-europeenne/

*Taxonomie : gaz et nucléaire sèment la discorde en Europe - 24/01/2022

Les Vingt-Sept, qui avaient jusqu’à vendredi pour réagir au projet de labellisation d’énergies ’vertes’ dans l’UE, campent sur leurs divergences : Autriche et Luxembourg prévoient une action en justice contre l’inclusion du nucléaire, décriée aussi par Berlin mais défendue par Paris, quand d’autres dénoncent l’inclusion du gaz…. – Lire la totalité sur https://www.linfodurable.fr/investir-durable/analyses/taxonomie-gaz-et-nucleaire-sement-la-discorde-en-europe-30538

*Nucléaire : l’Autriche va porter plainte contre le « label vert » de l’UE - 02/02/2022 - 14:47 - Le gouvernement autrichien a annoncé mercredi son intention d’engager une action en justice contre la création d’un « label vert » controversé pour les centrales nucléaires, annoncée par la Commission européenne. « Nous allons préparer le terrain juridique dans les prochaines semaines et si cette taxonomie prend effet, nous lancerons une procédure devant la Cour de justice de l’UE », a déclaré à la presse la ministre de l’Environnement Leonore Gewessler…. – A lire sur ce site : https://www.rfi.fr/fr/en-bref/20220202-nucl%C3%A9aire-l-autriche-va-porter-plainte-contre-le-label-vert-de-l-ue

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Sommaire

1ère partie : le nucléaire toujours à la mode (le fissile au secours du fossile)

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  • Les voies économiques de l’écologie. Avec Jean-Marc Jancovici – Diffusé le 27/01/2022 par France Culture dans le cadre de l’émission L’Invité(e) des Matins par Guillaume Erner – Enregistrement de 43 minutes
    Réconcilier économie et écologie, c’est l’objectif que se donne Jean-Marc Jancovici à la tête du Think tank ‘Shift Projet’ qui publiait hier son plan pour décarboner la croissance. Il est l’invité des Matins.

Photo - La centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire • Crédits  : Michel Gounot /GODONG - Getty

Pour tenter de répondre à l’urgence environnementale, l’Union européenne s’est donné pour objectif la neutralité climatique à l’horizon 2050. Un pari ambitieux mais nécessaire, en partie porté par la France, qui vient de commencer sa présidence à la tête du Conseil européen et qui se présente déjà comme champion européen de l’écologie. Au-delà des sommets et des annonces, la première contrainte à laquelle l’UE doit se plier est de concilier son objectif à la garantie auprès des pays européens du maintien de la croissance économique.

Pour le think tank ‘Shift Project’, qui publiait hier « Climat, crises : le pan de transformation de l’économie française » chez Odile Jacob, une croissance écologique est possible à condition d’aider les entreprises à investir dans les technologies, sans compromettre l’emploi. Une économie sobre mais innovante, c’est le plan que nous présente Jean-Marc Jancovici, fondateur et président de Shift Project, notre invité ce matin.

Jean-Marc Jancovici est ingénieur de l’École polytechnique, associé fondateur du cabinet de conseil Carbone 4, enseignant à Mines Paris Tech et fondateur et président du think tank The Shift Project. Il signe la préface du livre du Shift Project « Climat, crises : le plan de transformation de l’économie française », sorti le 26 janvier aux éditions Odile Jacob.

La hausse du prix du carburant

La réaction de Jean-Marc Jancovici sur la hausse singulière du prix du carburant.

L’énergie est ce qui permet de structurer le monde. Quand on a un problème avec l’énergie, on ne peut pas y apporter immédiatement une solution satisfaisante car il faudrait changer la structuration de la société.

Au moment de la crise du Covid, la demande en pétrole a baissé, donc le prix a baissé, ce qui a entraîné la baisse des investissements : moins de pétrole est sorti de terre. Au moment de la reprise, il n’y a pas assez de pétrole disponible pour satisfaire la demande à bas prix donc le prix monte. À cela s’ajoute en France le renforcement de la fiscalité sur les carburants.

Si on prend l’approvisionnement électrique mondial, en 2018, 81 % de l’énergie est fossile alors que ie nucléaire représente seulement 4,2% et l’éolien 2%.

La part des énergies renouvelables dans l’énergie mondiale est de 90% en 1860, les énergies fossiles sont arrivées à 80% en 1974, et elles sont restées à 80% environs jusqu’à aujourd’hui. C’est invariant depuis 50 ans.

Pour un plan de transformation de l’économie française

Dans le plan de transformation de l’économie française Jean-Marc Jancovici évoque l’obligation de la sobriété.

On propose de se retrousser les manches. On part d’un constat, qui est une des forces de la France, que la planification dans notre pays on aime bien ça. Cela nous a d’ailleurs plutôt réussit dans le passé. On propose de se remettre à ce genre d’exercice. Cela demande d’avoir un sentiment d’impérieuse nécessité, un plan, et de s’y mettre avec constance sans changer d’avis.

Il s’agit selon lui, un objectif présidentiel et non pas écologique :

Ce travail est né grâce au Covid. Au moment du premier confinement il nous parait évident que cette crise sanitaire va abimer l’économie. C’est dès lors une occasion de la faire repartir sur d’autres bases. Or, on repart sur les mêmes car il n’y a pas de plan pour faire repartir l’économie sur des bases différentes. On a donc fait un plan pour repartir sur des bases différentes et pour décarboner l’énergie. On s’est calé sur l’échéance présidentielle deux ans après.

En mars 2020, la consommation énergétique était celle que nous devrions avoir l’an prochain :

Dans le monde en 2020, les émissions ont baissé de 5%. Tous les ans il faudrait baisser les émissions de 5% pour atteindre les objectifs des accords de Paris. C’est cette baisse qu’on se propose d’atteindre dans le plan de transformation de l’économie française.

Bibliographie

Livre – 1èrede couverture - Climat, crises : Le plan de transformation de l’économie française éditions Odile Jacob , 2022

Intervenant : Jean-Marc Jancovici, Ingénieur de l’École polytechnique, consultant, enseignant et président du conseil d’administration du think tank The Shift Project

À découvrir :

Jean-Marc Jancovici : ’Nous nous dirigeons vers un monde où nous aurons moins de moyens pour plus de problèmes’

Corps conducteurs. Des histoires de danse dans les archives de Jean-Marc Adolphe

Jean-Marc Rochette : ’Un dessinateur est aussi un acteur, il doit être dans toutes les écorces’

Tags : Écologie politique Croissance économique Écologie et environnement

L’équipe – Production : Guillaume Erner - Production déléguée : Pauline Chanu -

Avec la collaboration de Marie-Lys de Saint Salvy, Jules Crétois, Elodie Piel – Réalisation : Vivien Demeyère

Stagiaires : Caroline Payen, Delphine Lerner

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Source : https://www.franceculture.fr/emissions/l-invite-e-des-matins/les-voies-economiques-de-l-ecologie-avec-jean-marc-jancovici

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  • Entretien réalisé par Adrien de Tricornot avec Jean-Marc Jancovici, Président de ‘The Shift Project’  : « La crise inexorable du tout carbone » – Vidéo 7:18 - 29/03/2019 – Publié le 1er avril 2019 - Jean-Marc Jancovici
    ‘Xerfi Canal’ a reçu Jean-Marc Jancovici, Président de The Shift Project et associé de Carbone 4, pour parler des objectifs climatiques mondiaux. Une interview menée par Adrien de Tricornot. Vidéo originale : https://www.xerficanal.com/economie/e... Site de Jancovici : http://jancovici.com Page facebook : https://www.facebook.com/jeanmarc.jan...

Source : https://www.youtube.com/watch?v=nYrHPtoLH3U

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Source : https://www.youtube.com/watch?v=PL3FGS_VX-M

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L’équipe - Carbone 4 https://www.carbone4.com › team – « Portrait de Jean-Marc Jancovici. Jean-Marc Jancovici. Associé · Portrait de Laurent Morel. Laurent Morel. Associé. L’équipe. Portrait de Maxime Aboukrat.

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Le nom de l’association peut être traduit en français par « le projet de changement » (ou « le projet de mutation »), la devise étant « Redesigning the Economy to Achieve Carbon Transition” (« Redéfinir l’économie pour réaliser la transition carbone »).

Sommaire

Site original : https://theshiftproject.org/

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Toute l’équipe du Shift Project est fière et heureuse de vous annoncer la publication de son nouveau livre aux éditions Odile Jacob, fruit de deux ans de travaux : « Climat, crises : le Plan de transformation de l’économie française (PTEF) » ! 

A cette occasion, nous sommes ravis de mettre à votre disposition des contenus inédits et exclusifs à retrouver sur le tout nouveau site web entièrement dédié au PTEF : rendez-vous sur ilnousfautunplan.fr.

Nous présenterons le livre et nos propositions lors d’un Live spécial le 7 février à 18h sur Zoom, en présence notamment de Laurent Berger (CFDT), Patrick Martin (MEDEF), Estelle Brachlianoff (Veolia), Eva Sadoun (Mouvement Impact France), Jean-Marc Jancovici et de toute l’équipe du Shift Project. Programme et inscriptions ici. 

« La question que nous nous sommes posée peut se résumer ainsi : que faut-il faire pour mettre l’économie française en cohérence avec une baisse des émissions planétaires de 5% par an, compatible avec nos engagements climatiques, tout en permettant à chacun(e) de trouver un emploi ? » Jean-Marc Jancovici, Président du Shift Project

1èrepage du document - Lancé en mars 2020 par le Shift Project, le PTEF ou Plan de transformation de l’économie française est un vaste programme opérationnel pour nous emmener vers la neutralité carbone, secteur par secteur. Né dans le sillage de la crise sanitaire, ce plan vise à proposer des solutions pragmatiques pour transformer l’économie, en la rendant moins carbonée, plus résiliente et créatrice d’emplois. Notre objectif est de convaincre un maximum de décideurs politiques et économiques de planifier la transition, avec des propositions concrètes et chiffrées.

Disponible en librairie dès aujourd’hui, aux Editions Odile Jacob. 

« C’est ce plan de marche visant la décarbonation effective de nos activités que nous avons essayé de construire. Derrière les chapitres qui suivent, il y a l’apport de dizaines de collaborateurs, de centaines de contributeurs et de milliers de relecteurs. Si ce plan parvient à faire un tant soit peu la différence dans les débats à venir, nous n’aurons pas perdu notre temps. »

Un tout nouveau site web pour mettre nos propositions à l’honneur !

Pour suivre toutes les actualités sur le Plan de transformation de l’économie française, rendez-vous sur le site dédié ilnousfautunplan.fr. Vous pourrez y retrouver : 

  • Nos propositions détaillées secteur par secteur ;
  • Des infographies résumant ces propositions (état des lieux du secteur, leviers de décarbonation et perspectives à horizon 2050) ;
  • Des vidéos exclusives de nos chefs de projets 
  • Des contenus dédiés à la mise en récit du Plan de transformation de l’économie française

Un Live spécial pour présenter le livre et nos propositions 

Nous organisons le 7 février 2022 de 18h à 21h une grande présentation publique en ligne, en présence d’invités politiques et économiques de premier plan (Laurent Berger, Estelle Brachlianoff…), de Jean-Marc Jancovici et de toute l’équipe du Shift Project : les inscriptions sont ouvertes ! Pour retrouver le programme complet et toutes les informations sur cet événement, rendez-vous sur la page dédiée
Retrouvez-nous le 7 février prochain sur Zoom et en direct sur notre page Facebook. 

« Décarboner l’industrie sans la saborder » : le Shift publie son rapport final

[Invitation] « Former l’ingénieur(e) du XXIe siècle » : présentation du rapport final (Jeudi 10 mars à 18h)

The Shift Project — Resilience Territoire

Source : https://theshiftproject.org/article/ptef-livre-et-site-web/

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  • Un entretien sur le site du JDD sur la taxonomie européenne - Interview parue sur le site du Journal du Dimanche le 9 janvier 2022. Publié le 9 janvier 2022 –
    Comme d’habitude, le ‘chapô’ précédent l’interview, que je reproduis ci-dessous, est de la rédaction du journal et non soumis à relecture, tout comme le titre. Le texte de l’interview ci-dessous est celui, relu et amendé, que j’ai envoyé au journal. Entretien réalisé par Marianne Enault.

L’Union européenne s’apprête à inclure le nucléaire parmi les énergies de transition, dans le cadre de la taxonomie verte, avec pour objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Ingénieur et président du Shift Project, un think tank pour une économie décarbonée, Jean-Marc Jancovici rappelle que la fission ne produit pas de CO2 et revient sur les différents scénarios énergétiques pour la France. Pour lui, « le nucléaire doit contribuer à la décarbonation » quand, à l’inverse, il juge que tout miser sur les énergies renouvelables est un pari risqué ».

La Commission européenne souhaite inclure le nucléaire dans les énergies vertes, qu’en pensez-vous ?

La taxonomie est une tentative de la Commission européenne, démarrée il y a quatre ans, de fournir au monde financier quelque chose à la fois simple et juste – et c’est une gageure – pour leur permettre d’avoir une mesure de la compatibilité de leurs investissements avec un monde qui se décarbone. Il y a deux manières de voir le problème. La première est de considérer chaque investissement et de s’interroger sur le fait de savoir si le monde est moins carboné après cet investissement. Par exemple, si vous construisez une usine pour vendre en Europe des voitures électriques qui vont remplacer des voitures à essence, cela va effectivement faire baisser les émissions de CO2 dans l’Union européenne. Mais si vous construisez une usine identique en Chine pour ajouter des voitures électriques aux voitures existantes, les émissions globales augmentent.

Avec cette méthode, il n’existe pas de secteur vert ou pas vert. Je peux par exemple améliorer le fonctionnement d’une centrale à charbon et ainsi faire baisser les émissions, et à l’inverse je peux investir dans l’éolien en plus de ce qui existe déjà et augmenter alors – même peu – les émissions. Mais si la Commission européenne avait retenu cette approche, cela aurait demandé un effort énorme au monde financier, qui aurait du analyser investissement par investissement la pertinence de faire.

Elle a donc retenu une autre option, qui consiste essentiellement à étiqueter des objets comme verts ou pas verts, et parfois quelles que soient les conditions de leur déploiement. La limite de cette approche est que plein de secteurs sont hors nomenclature : si j’investis dans une usine de cannes à pêche ou de casseroles, est-ce que c’est vert ? La taxonomie ne vous le dit pas. En revanche, le secteur énergétique est entièrement couvert, et toutes les énergies renouvelables (ENR) sont vertes, par exemple. Comme évoqué plus haut cela peut toujours se discuter : si vous utilisez de l’éolien et du solaire, c’est mieux que du gaz, mais c’est moins vert que le nucléaire, car il faut plus de métaux, plus de place et plus de matériaux pour ces ENR.

Et pour le nucléaire ?

La Commission a été hésitante car elle avait inscrit comme principe dans cette taxonomie le « Do no significant harm ». Ce principe consiste à dire que vous devez améliorer l’indicateur principal (le CO2) sans faire du mal en dehors. Stricto sensu, c’est impossible, car toute activité humaine a des contreparties et des effets indésirables. Cet indicateur ne peut être utilisé que de manière conventionnelle – et donc éventuellement « politique », et non scientifique. Si l’on regarde les faits, le nucléaire doit contribuer à la décarbonation.

Pourquoi ?

La fission ne produit pas de CO2. L’énergie nucléaire est très concentrée, et utilise de très petites quantités de matière. Fissionner un gramme d’uranium libère autant d’énergie que de brûler une tonne de pétrole. C’est donc un million de fois plus économe en masse que les combustibles fossiles. Les installations – centrales certes, mais aussi mines et infrastructures de transport – sont donc en plus petit nombre, et il y a beaucoup moins d’emprise au sol.

La fission produit certes des déchets, mais en faible quantité. Les analyses scientifiques nous disent que le nucléaire est l’énergie qui représente le moins d’externalités environnementales et sanitaires quand on compare aux autres énergies. Et donc, si l’on se place d’un point de vue scientifique, pourquoi le nucléaire ne serait-il pas vert ? La Commission européenne a donc raison de dire que le nucléaire fait partie des énergies éligibles.

Mais peut-on vraiment parler d’énergie de transition quand on sait le temps que prend le lancement d’une nouvelle centrale ? Nos objectifs climatiques sont fixés à 2030 et 2050…

Si on dit que c’est une énergie de transition jusqu’en 2050, cela revient à dire que c’est une énergie durable ! Et les engagements politiques à 2050, tout le monde comprend que ça n’engage à rien… Le point important est de dire que tout de suite, maintenant, le nucléaire se situe du bon côté de la barrière.

Cela signifie-t-il qu’il faut construire d’autres centrales en France ?

Rappeler les caractéristiques physiques du nucléaire n’implique rien du tout sur le rythme de construction. Mais il faut rappeler les enjeux : l’Union européenne s’est engagée à la neutralité carbone en 2050. En pratique, cela veut dire qu’il faut baisser les émissions de gaz à effet de serre de 5% par an au moins, soit au même rythme que ce que nous avons eu la première année du Covid en 2020. Un monde qui atteint la neutralité carbone, c’est donc un monde dans lequel on a un Covid supplémentaire par an ! Le progrès technique ne sera pas à même d’assurer cette baisse seul, et donc, cela revient à une économie en contraction de 3% à 4% par an. C’est ça que veut dire l’Accord de Paris.

Après, le monde étant fini, la seule question est de savoir si nous faisons tout de suite un énorme effort de sobriété, ou si nous attendons que les pénuries et les pathologies régulent le système pour nous. Il faut se poser cette question. Et, dans ce contexte, le nucléaire nous aide. Se passer du nucléaire augmente la difficulté à résoudre le problème d’ensemble. Les différents scénarios établis par RTE offrent une conclusion assez simple : moins on fait de nucléaire et plus on se complique la vie.

Faut-il développer des petits réacteurs, les fameux SMR ?

Les petits réacteurs modulaires vont-ils changer beaucoup la donne dans les trente ans qui viennent ? La réponse est non. Ce qui changera la donne c’est de prolonger l’existence des centrales en fonctionnement – donc de ne pas les fermer prématurément pour des raisons non techniques, comme on l’a fait pour Fessenheim – et mettre en chantier des unités de puissance le plus vite possible. Si les Français ne savent plus les construire, nous pouvons envisager de nous faire aider par d’autres ! Les Chinois et les Russes seraient surement ravis. Mais il serait bon de compter sur nos propres forces.

Comment envisager un réseau européen quand les choix dans chaque pays sont si différents les uns des autres ?

Chacun tire dans son coin en comptant sur les autres pour être sortis du besoin si jamais il s’avérait qu’il a fait les mauvais choix. Les Belges voudraient fermer leurs centrales nucléaires en comptant sur des importations d’électricité quand ils en auront besoin, un peu comme les Espagnols. Les Allemands comptent sur le gaz russe. Dans le rapport RTE, plus il y a de renouvelables et plus on prend de paris. D’abord celui d’avoir des interconnexions avec les voisins beaucoup plus importantes qu’aujourd’hui. Cela veut dire construire des infrastructures physiques, mais aussi que les voisins aient des capacités pilotables capables d’être actionnées quand nous avons besoin d’importer de l’électricité.

Il y a aussi la question du stockage : ce ne sont pas les batteries seules qui vont nous aider : il faut des dispositifs avec du gaz de synthèse, dont le rendement de fabrication est très mauvais (il faut donc produire 3 à 4 fois plus d’électricité que celle qui sera restituée après stockage). Il faut enfin installer des puissances très importantes car vent et soleil sont rarement disponibles au maximum. Or, dès à présent le rythme d’installation de l’éolien en Allemagne et en Grande-Bretagne a baissé par rapport au maximum atteint en 2018. Moins on fait de nucléaire, plus on prend le pari de ne pas y arriver avec les énergies renouvelables, avec comme risque de ne plus avoir d’électricité du tout pour certains consommateurs à certains moments.

Rappelons que le monde moderne est totalement dépendant de l’électricité : sans elle, il n’y a plus d’argent, plus de transports, plus de communications… Un monde dans lequel la prévisibilité de l’électricité devient plus faible est un monde qui se désorganise. Si on fait le pari de ne pas accélérer autant qu’on le pourrait sur le nucléaire et de miser sur le renouvelable, si jamais ce pari ne réussit pas – et il y a beaucoup d’éléments contre lui -, vous vous retrouvez dans un monde moins approvisionné et instable.

Peut-on miser sur le fait que le prix des ENR va encore baisser ?

Le prix des ENR ayant beaucoup baissé, il est tentant de penser que nous allons pouvoir en mettre partout. Mais pour recourir aux ENR, il faut beaucoup de métaux, beaucoup de ciment, beaucoup de surface. Le prix d’aujourd’hui ne vous dit rien sur la facilité physique à faire demain. Leur prix a baissé car on a mis la mondialisation fossile au service de la production de panneaux solaires et d’éoliennes. Mais si demain, il n’y a plus de diesel pour opérer les mines, plus de charbon pour affiner les métaux, plus de porte-containers pour faire venir les panneaux solaires de Chine, je ne suis pas certain que le prix des ENR va rester là où il est. L’argent est l’arbre qui cache la forêt, il faut en revenir aux critères physiques pour prendre position sur la facilité – ou pas – à faire.

Mais sait-on encore construire des centrales ?

Quand on a dû refaire une centrale, l’EPR de Flamanville, on a un peu pataugé car c’est quelque chose qu’on n’avait pas fait depuis longtemps. Ça a donc pris plus de temps que prévu et coûté plus cher. Savoir à quelle vitesse on peut aller est une affaire de ressources physiques, de compétences, et de contexte. Dans le monde « tranquille » d’aujourd’hui, par exemple, il faut plusieurs années de procédures préalables avant de décider de la construction d’un réacteur. Dans un monde sans heurts, ce n’est pas un problème, car il n’y a pas de pénalité à perdre du temps. Mais si on change de paradigme, si on pense qu’il faut s’organiser pour échapper à un péril mortel de relativement court terme, attendre apporte du risque. Il faut alors accélérer les choses, acquérir les compétences plus vite.

Est-ce qu’il faut aussi prendre en compte le prix de l’électricité pour le consommateur, à la fin de la chaîne ?

Je n’ai jamais fait du prix de l’énergie pour le consommateur mon cheval de bataille, car, compte tenu du service qu’elle nous rend, l’énergie ne vaut rien. Certains parlent de la compétitivité de l’économie, mais c’est le luxe de gens qui pensent que nous n’avons aucun problème plus sérieux sur les bras, ce qui n’est pas mon cas.

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Source : https://jancovici.com/publications-et-co/interviews/une-interview-sur-le-site-du-jdd-sur-la-taxonomie-europeenne/

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Source : https://youtu.be/0KYIjNFo4kw?list=UUNovJemYKcdKt7PDdptJZfQ

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    De la recherche à l’industrie - Energies - Domaines de recherche sur les énergies - Publié le 25 novembre 2021 – Document ‘cea.fr’
    Pour répondre aux enjeux actuels et futurs de la transition énergétique, nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique, le CEA conduit des recherches sur un système énergétique bas-carbone combinant nucléaire et renouvelables. Il s’intéresse aux modes de production d’énergie bas-carbone, à leurs interactions au sein du réseau (stockage, pilotage, conversion) et à la problématique des ressources dans une logique d’économie circulaire. Une expertise au service des pouvoirs publics et des industriels.

Production d’énergies ‘bas carbone’

Pour atteindre les objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2050, le CEA travaille sur de nombreuses briques du système de production d’énergies bas-carbone : soutien au parc nucléaire actuel et du futur, y compris le développement de petits réacteurs modulaires (SMR), R&D sur le solaire photovoltaïque et l’hydrogène.

En savoir plus sur nos recherches :

Le CEA étudie les outils de flexibilité et de stockage des énergies, le pilotage intelligent de la demande sur les réseaux à différentes échelles et les conversions entre énergies. Il travaille notamment sur l’efficacité et la sobriété énergétique des systèmes énergétiques complexes.

En savoir plus sur nos recherches :

Optimisation des étapes du cycle du combustible nucléaire, de l’extraction des matières à la gestion des déchets, valorisation du C02 atmosphérique et industriel, réduction de l’impact environnemental des technologies et dispositifs énergétiques dès leur conception : autant d’enjeux d’économie circulaire sur lesquels est mobilisé le CEA dans le cadre de ses recherches et développements au service de la transition énergétique.

En savoir plus sur nos recherches :

26 janvier 2022 Au cœur d’un chantier de démantèlement

Dernière étape de la vie d’une installation nucléaire, l’assainissement-démantèlement constitue un enjeu sociétal, technique, et économique majeur pour les exploitants nucléaires, dont le CEA.

10 janvier 2022 Science toi-même !

Le CEA et le CENTQUATRE-PARIS lancent un cycle de rendez-vous autour de regards croisés sur les questions de science et société. « Science toi-même ! » ce sont des rencontres, organisées de février à juin 2022, qui mêleront, avec le public, les approches de chercheurs, écrivains, philosophes et vidéaste.

21 décembre 2021 L’absence de panneaux photovoltaïques dans Dune

L’intrigue de Dune, l’oeuvre de Frank Herbert se passe sur Arrakis, une planète sur laquelle le soleil est de plomb, et les températures très élevées. La seule source d’énergie disponible en quantité est donc l’énergie solaire, mais n’est pas exploitée. Comment expliquer ce paradoxe ? Eléments de réponse avec Roland Lehoucq, astrophysicien au CEA.

Dossiers ’énergies’ (18 documents)

Le cycle du combustible nucléaire

Fukushima, 10 ans après : le CEA à la pointe de la recherche

Les réacteurs du futur

Plus de dossiers multimédias sur les énergies

Voir dans l’espace de culture scientifique - Découvrir et comprendre (29 documents)

Les cellules photovoltaïques

L’hydrogène

Les énergies du XXIe siècle

Le stockage stationnaire de l’énergie

Découvrez l’espace de culture scientifique sur les énergies

Voir dans la médiathèque - Pour aller plus loin, consultez les éditions, animations et vidéos de notre médiathèque.

Editions sur les énergies

29 novembre 2021 Les défis du CEA 246

Making-of/ Photorama, séparer pour mieux recycler. Dossier/ Electronique frugale. Tout s’explique/ Le voyage de Mirim. Regards croisés/ Le prix de l’énergie.

9 novembre 2021 Clefs CEA N°73 - Le numérique de puissance

Le numérique de puissance embrasse et qualifie une vision élargie du calcul haute performance, se déclinant à différentes échelles, avec diverses modalités d’usage et d’accès. Le CEA, grand utilisateur historique du calcul haute performance, est un acteur majeur du domaine.

12 octobre 2021 Les défis du CEA 245

Making-of/ Icar, au service des télescopes. Dossier/ Nucléaire : soutenir l’innovation nucléaire. Tout s’explique/ Le développement durable au CEA. Regards croisés/ CEA-CNRS, l’Accord fait la force.

21 juillet 2021 Les défis du CEA 244

Making-of/ Mini-cerveaux 3D de laboratoire. Dossier/ Matériaux critiques, la riposte s’organise. Tout s’explique/ Smartphone, une mine urbaine. Regards croisés/ Rallye Dakar, cap sur l’hydrogène (avec Mike Horn).

​​Animations et vidéos sur les énergies (170 documents) dont :

Mots clés : impact sur le climat | énergie nucléaire | énergies renouvelables | mix énergétique | technico-économie de l’énergie

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Photo - De plus en plus d’écologistes d’envergure défendent l’énergie nucléaire comme une urgente nécessité face au réchauffement climatique, aux côtés des énergies renouvelables. afp.com/SEBASTIEN BERDA

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Les avantages de l’énergie nucléaire sont évidents. Tout d’abord, elle produit de la chaleur sans feu et n’émet pas de pollution sous forme de fumée ; l’énergie est donc dénuée de carbone. Ensuite, bien que le coût de construction d’une nouvelle centrale nucléaire soit élevé, ceux de son exploitation sont généralement faibles, car l’uranium est abondant et bon marché. Enfin, l’énergie nucléaire génère plus d’énergie que les sources dites renouvelables - le solaire, l’éolien ou encore l’hydroélectrique -, surtout lorsqu’on la rapporte à la surface qu’elle occupe. 

Compte tenu de la crise énergétique actuelle et de la nécessité, liée au changement climatique, d’abandonner les combustibles fossiles au profit d’alternatives décarbonées, que le gouvernement britannique ait accepté de financer une nouvelle centrale nucléaire dans le cadre de sa stratégie visant à atteindre la neutralité carbone a donc tout d’une bonne nouvelle. Il faudra attendre 2022 pour que l’emplacement de cette centrale soit décidé. 

George Freeman, sous-secrétaire d’État parlementaire à la science, à la recherche et à l’innovation, et figure de proue de l’initiative, a souligné que le nucléaire avait de quoi fournir une énergie abondante : ’Elle a le potentiel d’être une source d’énergie véritablement révolutionnaire et inépuisable qui peut nous aider à lutter contre le changement climatique en réduisant notre dépendance aux combustibles fossiles’. 

Lire aussi >> Energie : cinq idées reçues sur la filière nucléaire et ses alternatives

L’Afrique du Sud, la République tchèque et la Roumanie sont aussi en train d’augmenter leur utilisation de l’énergie nucléaire, et ce pour parvenir à une production d’énergie décarbonée. D’autres pays, comme l’Allemagne, l’Italie et la Belgique, ferment en revanche des centrales nucléaires sans en construire de nouvelles. En 2000, le nucléaire représentait environ 29% du mix énergétique de l’Allemagne, mais d’ici 2022, le pays prévoit d’éliminer progressivement l’énergie nucléaire, ainsi que les sources d’énergie productrices de carbone - en premier lieu à cause du lobbying intense mené par le parti écologiste allemand et des dangers sur la santé et la sécurité qu’il attribue à l’énergie nucléaire. En avril dernier, Andrew Cuomo, alors gouverneur de l’État de New York, autorisait la fermeture de la centrale nucléaire d’Indian Point, située à une cinquantaine de kilomètres au nord de la ville de New York, alors que les autorités l’avaient jugée sûre et qu’elle fournissait la majeure partie de l’énergie décarbonée de la métropole. 

Exploiter le nucléaire et augmenter les renouvelables

Lorsqu’ils s’engagent à sortir du nucléaire, les gouvernements promettent en général une compensation sous la forme d’une augmentation des investissements dans les sources d’énergie renouvelable. Mais dans la plupart des cas, ces investissements n’ont pas permis de réduire de manière substantielle les émissions de carbone. En Allemagne, la fermeture des centrales nucléaires aura entraîné au départ une augmentation des émissions et, en fin de compte, les investissements dans les énergies renouvelables n’auront guère fait plus que remplacer la production d’énergie des anciennes centrales, de sorte que le niveau de consommation de combustibles fossiles n’a pas baissé (l’intensité en carbone de l’électricité allemande reste supérieure à la moyenne de l’UE). À New York, il est prévu de combler le déficit de production d’énergie créé par la fermeture de la centrale nucléaire d’Indian Point en construisant trois nouvelles centrales au gaz naturel, ce qui se soldera par une augmentation de la pollution. 

Lire aussi >> ’Le gouvernement est fou’ : en Belgique, la sortie du nucléaire échauffe les esprits

Sortir du nucléaire ne permet tout simplement pas aux pays de réduire leur consommation de combustibles fossiles. Les économies avancées ayant en grande partie décarboné leur production ou étant en passe de le faire - comme la France, la Finlande et la Suède - y sont parvenues en exploitant l’énergie nucléaire ou l’hydroélectricité (voire les deux) tout en augmentant l’éolien et le solaire. Ce qui a fonctionné parce que les générateurs d’énergie nucléaire et hydroélectrique sont fiables, efficaces et capables de produire de l’électricité H24, sans avoir à attendre que le soleil brille ou que le vent souffle. Bien que les défauts des énergies renouvelables puissent (ou non) être résolus à terme par la recherche et le développement, ils ne sont actuellement pas assez efficaces, fiables ou puissants pour fournir à eux seuls la quantité nécessaire d’énergie décarbonée (même si leur production peut être stockée, par exemple dans des batteries). 

Ainsi, du moins pour l’instant, il est nécessaire d’inclure le nucléaire dans le mix énergétique si l’on veut parvenir à temps à une civilisation post-carbone. En effet, de nombreux écologistes d’envergure - Mark Lynas, James Lovelock (le concepteur de la théorie Gaïa) ou encore George Monbiot du Guardian - défendent l’énergie nucléaire comme une urgente nécessité, même si certains ont pu la regarder d’un mauvais oeil et ne la considèrent toujours pas pour autant comme idéale. Zion Lights, ancienne militante d’Extinction Rebellion jadis opposée à l’énergie nucléaire, a pour sa part changé d’avis et la considère désormais comme une ’étape logique’ pour lutter contre le changement climatique. Gerry Thomas, chercheur à l’Imperial College de Londres et l’un des principaux experts internationaux de l’impact sanitaire des accidents de Tchernobyl et de Fukushima, est lui aussi favorable à l’énergie nucléaire. 

Des arguments moraux plus que rationnels

Vu l’énormité des menaces écologiques posées par le changement climatique, pourquoi tant des plus alarmistes et apocalyptiques sur les questions environnementales sont-ils aussi parmi les plus farouchement opposés à l’énergie nucléaire ? En partie, sans surprise, l’opposition vient de ceux qui profitent de la production de combustibles fossiles ou d’énergies renouvelables. Et de nombreuses attaques contre l’énergie nucléaire semblent être motivées par des émotions viscérales plutôt que par des arguments rationnels. Par exemple, Extinction Rebellion dépeint l’énergie nucléaire en excrément du diable et juge les énergies renouvelables ’vraiment propres’, ce qui laisse entendre qu’elles seraient moralement plus pures. Une opposition qui relève sans doute également du fait que, si la fission nucléaire peut servir à alimenter des centrales électriques pour éclairer des villes entières, elle peut également les rayer de la carte. 

Lire aussi >> A Villepinte, le nucléaire veut surfer sur la vague de la transition énergétique

Il est compréhensible que beaucoup associent, par réflexe, l’énergie nucléaire aux armes nucléaires, et donc aux atroces bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki et au spectre d’une destruction apocalyptique dans le cas d’une guerre nucléaire. Cependant, nous pouvons et devons faire une distinction entre la technologie nucléaire utilisée pour produire de l’électricité et celle utilisée pour fabriquer des armes. La fission nucléaire a d’autres utilisations anodines : par exemple, elle est utilisée en médecine pour produire des isotopes radioactifs pour traiter le cancer et diagnostiquer d’autres maladies. Il serait absurde de prétendre que les médecins ne devraient pas utiliser la technologie de la fission nucléaire parce que les armes nucléaires existent. Ce qui peut être utilisé à des fins destructives dans un contexte peut l’être à des fins socialement bénéfiques dans un autre. 

En outre, les centrales nucléaires n’ont cessé de gagner en sûreté au fil des ans, sans que la perception du public soit en général à la page de ces progrès. Les réacteurs de nombreuses centrales nucléaires contemporaines possèdent plus de systèmes de sécurité que les plus anciens. Par exemple, on y trouve des systèmes de refroidissement d’urgence redondants pour éviter la surchauffe, même en cas de défaillance systémique, des dispositifs de ’récupération du corium’ capables de contenir la fusion du coeur du réacteur en cas de scénario du pire et des systèmes de sécurité passive (des procédures d’urgence ne nécessitant aucune intervention humaine directe) - en utilisant par exemple la gravité pour désactiver automatiquement les réacteurs en cas d’accident et permettant une surveillance active à distance. Les nouvelles centrales que l’on prévoit aujourd’hui de construire sont même encore plus sûres. 

Une mythologie antimoderne

Une autre source d’opposition semble être la tendance qu’ont certains écologistes à jauger la société moderne à travers l’oeil glauque du malthusianisme. Les modes de vie modernes leurs sont exécrables. Ils pensent que nous consommons trop, mangeons trop, nous reproduisons trop, utilisons trop d’énergie et extrayons trop de ressources de la planète - le tout pour générer des sociétés matérialistes et spirituellement stériles. Comme si leur mythologie assimilait ces activités au viol de Mère Nature qui, tôt ou tard, se retournera contre l’humanité pour la châtier - à l’instar de Zeus torturant Prométhée pour avoir défié son autorité divine en donnant aux hommes le don du feu. 

Lire aussi >> Nucléaire ou énergies renouvelables, quel coût pour la collectivité ?

Pour ce genre d’écologistes, c’est comme si l’énergie nucléaire offrait à la société moderne un joker et permettait à la nouvelle Babylone de persévérer dans son mode de vie dégueulasse et vorace en se préservant de tout ce qu’ils estiment être les effets moralement bénéfiques de l’austérité. Une vision du monde reposant sur la même hypothèse erronée que le malthusianisme : elle sous-estime grossièrement la capacité humaine à utiliser les ressources de manière innovante, créative et socialement bénéfique. Et ses aspirations en matière d’atténuation de la souffrance humaine sont pathétiques. Par exemple, dans les régions les plus pauvres du monde, privées d’énergie, les centrales nucléaires pourraient produire une énergie abondante, également susceptible de favoriser la production d’une nourriture abondante, d’une eau propre et ainsi contribuer à sortir des millions de gens de la misère. Découvrir que les atomes peuvent être divisés pour produire de l’énergie est un merveilleux exemple d’ingéniosité humaine. Il serait ridicule de ne pas profiter de cette ingéniosité pour contrer les menaces pesant sur l’épanouissement de l’humanité, comme le changement climatique. 

Bien sûr, l’énergie nucléaire, comme à peu près tout, a ses inconvénients qu’il est nécessaire de prendre en compte. Qu’elle produise des déchets radioactifs est son talon d’Achille. Il est essentiel de les éliminer en toute sécurité. Mais, là encore, la perception populaire de ce problème est largement en retard par rapport à la réalité. Non seulement les réacteurs avancés actuels produisent beaucoup moins de déchets que les plus anciens, mais ils sont également capables d’en recycler une grande partie pour produire davantage d’énergie. 

Les énergies renouvelables ont elles aussi des défauts

Une autre objection faite à l’énergie nucléaire est qu’elle nécessite l’extraction d’uranium. Étant donné qu’une grande partie de l’extraction se fait - et se fera probablement encore longtemps - dans les pays pauvres, d’aucuns craignent que les riches jouissent du nucléaire aux dépens des pauvres, comme au bon vieux temps du colonialisme. Par exemple, si l’une des ressources naturelles d’un pays est massivement extraite et exportée, son environnement peut en pâtir et son économie devenir par trop dépendante d’une seule industrie et donc risquer l’exploitation. 

Lire aussi >>Nicolas Bouzou : Le désespérant refus du nucléaire

Reste que cette préoccupation liée à l’extraction des minerais s’applique tout autant aux énergies renouvelables qu’à l’énergie nucléaire. La construction et le fonctionnement des panneaux solaires, des éoliennes et des batteries stockant l’énergie renouvelable nécessitent l’extraction de lithium et d’autres ressources, ce qui entraîne tout autant d’extraction destructive. Et les énergies renouvelables savent aussi très bien détruire l’environnement. Les éoliennes sont connues pour tuer des oiseaux et des chauves-souris. Les fermes solaires nécessitent la conversion de vastes surfaces, ce qui est susceptible de nuire à l’habitat sauvage. Il est vrai que l’extraction de ressources naturelles, quelle qu’elle soit, affecte nécessairement l’environnement et l’économie locale, mais elle est néanmoins essentielle pour bâtir et maintenir un monde dans lequel les êtres humains peuvent s’épanouir. Dès lors, la réponse rationnelle n’est pas d’interdire l’extraction des ressources naturelles, mais de s’appuyer sur l’ingéniosité humaine pour trouver des moyens d’atténuer ses effets secondaires négatifs. Un bon début serait de collaborer à l’élaboration de meilleures réglementations en matière de législation environnementale et sociale, et d’exiger de bonnes conditions de travail. 

Les centrales nucléaires sont peut-être, fut un temps, passées de mode. Mais il faut que cela change. Aujourd’hui, l’opposition à l’énergie nucléaire se fonde autant sur des informations obsolètes et incomplètes que sur de la pensée magique. Si nous voulons résoudre le problème du changement climatique, le moins que nous puissions faire est d’éviter de fermer les centrales nucléaires existantes qui ont été jugées sûres, et de construire davantage de centrales nucléaires. Nous pouvons, à tout le moins, les utiliser pour atténuer le changement climatique jusqu’à ce que l’ingéniosité humaine en vienne à créer une alternative encore meilleure, plus propre et plus puissante, capable de répondre aux besoins énergétiques du monde. 

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Cet article est initialement paru dans Areo Magazine, site d’opinion et d’analyse dirigé par Helen Pluckrose. Areo Magazine entend défendre les ’valeurs libérales et humanistes’, comme la liberté d’expression ou la raison. Ralph Leonard est un écrivain britannico-nigérian passionné de politique internationale, de religion et de culture. 

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Source : https://www.lexpress.fr/actualite/idees-et-debats/pourquoi-nous-ne-pouvons-pas-nous-passer-du-nucleaire-pour-l-instant_2165087.html

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Photo - Centrale nucléaire EDF du Tricastin. PHOTO : Jean Marie HOSATTE/REA

«  Peu importe que vous soyez pour ou contre le nucléaire. Ce n’est plus le sujet. Tout simplement parce que le nucléaire est devenu hors sujet. » Mycle Schneider, consultant et coordinateur d’un rapport annuel qui fait référence sur l’état de l’industrie nucléaire dans le monde1, cite deux chiffres. En 2020, entre mises en service et arrêts définitifs de réacteurs, les capacités nucléaires nettes à l’échelle de la planète ont progressé de 0,4 GW. De leur côté, les capacités électriques renouvelables ont augmenté de 260 GW (un nouveau record malgré le Covid), le solaire et l’éolien représentant 91 % de ce total2.

Ces deux données disent assez bien dans quel sens pousse le vent. Evidemment, quand il n’y a pas de vent ou pas de soleil, ces sources ne fonctionnent pas. Il faut donc regarder les volumes produits. Depuis 2012, la production électronucléaire mondiale a de nouveau progressé, après avoir atteint un maximum historique en 2006 et reculé ensuite. Elle avait presque retrouvé en 2019, avant la crise du Covid, son point haut de 2006, près de 2 800 TWh3, soit 10,3 % de la demande électrique mondiale (les énergies fossiles comptant pour 62,8 % et les renouvelables, hydraulique y ­compris, pour 26 %). De 2012 à 2019, la production des réacteurs en activité a crû de 325 TWh. Mais, dans le même temps, celle des éoliennes et du solaire a progressé de 1 522 TWh. En 2019, installations éoliennes et solaires avaient déjà produit 2 154 TWh.

Hormis la Chine, le monde ne construit pratiquement plus de réacteurs Nombre de mises en chantier de nouveaux réacteurs chaque année dans le monde entre 1951 et 2020

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Source : WNISR

Ces deux sources vont dépasser d’autant plus rapidement le nucléaire que sa reprise depuis 2012 va s’essouffler. Sur 325 TWh de hausse, 250 TWh sont le fait de la seule Chine. Or, dans l’empire du Milieu, l’essor rapide de ces dernières années semble déjà toucher à sa fin. En effet, c’est le résultat d’une forte croissance de la construction de réacteurs dans ce (seul) pays durant les années 2000 et qui a culminé en 2010. Depuis, le nombre des mises en chantier a été divisé par deux, ce qui va mécaniquement se traduire dans les années 2020 par une progression beaucoup plus faible de la production d’origine nucléaire, tandis que les renouvelables poursuivent leur ascension fulgurante. Pire, la poursuite des mises en chantier est devenue très incertaine.

Une question de coûts

Cette évolution n’a rien de surprenant. Alors que la meilleure prise en compte des risques du nucléaire en accroît les coûts et la complexité industrielle, l’éolien et le photovoltaïque – beaucoup plus modulables, faciles à maîtriser et à installer, dont les marges de progression sont encore très importantes avant que leur variabilité ne puisse plus être gérée par les capacités pilotables existantes – ont vu ces deux dernières décennies leurs coûts s’effondrer au fur et à mesure de leur développement. Aux Etats-Unis, le coût de production moyen du nucléaire neuf, fin 2019, est estimé par le cabinet Lazard à 155 $/MWh (117 $/MWh en 2015), contre 40 $/MWh pour le photovoltaïque (65 $ en 2015) et 41 $ pour l’éolien terrestre (55 $ en 2015). En France, le coût de production de l’EPR de Flamanville pourrait se situer entre 110 et 120 €/MWh, selon la Cour des comptes.

https://www.alternatives-economiques.fr/sites/default/files/public/styles/media_large/public/media/nucleaire-terreur-avenir.jpg?itok=G4XIHvFX

Dessin humoristique : Terreur graphique

Mais selon les bilans des appels d’offres de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), les prix de vente de l’électricité s’établissaient en 2020 à 59,50 €/MWh pour l’éolien terrestre et 52,60 €/MWh (parcs au sol de puissance supérieure à 5 MW). EDF, qui veut construire une première série de six EPR, mise à terme sur des coûts de 70 €/MWh (avec une estimation de 85 €/MWh pour les trois premières unités). En France, la baisse maximale de coûts par rapport à une tête de série jamais observée a atteint 16 %4. Et si ces nouveaux EPR voient le jour, ce ne sera pas avant 2035, tandis que les renouvelables auront entre-temps encore vu leurs coûts baisser.

Un rôle d’ajustement

Sur le long terme, même lorsque les scénarios prospectifs lui font une place, c’est le cas des travaux du Giec, de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) ou de l’Agence internationale des énergies renouvelables (Irena), le nucléaire occupe en définitive une place marginale dans le mix électrique mondial décarboné de demain.

0,4 GW : c’est la progression des capacités nucléaires nettes enregistrée dans le monde en 2020, contre + 260 GW pour les renouvelables

Son importance (très relative) dépend par ailleurs des efforts qui seront faits ou non sur les économies d’énergie. Selon le scénario de l’Irena paru au printemps et construit sur une hypothèse raisonnable de maîtrise de la demande énergétique totale5, la production d’électricité devrait tripler et couvrir la moitié des besoins énergétiques mondiaux en 2050 (contre un cinquième aujourd’hui). Mais dans ce mix électrique de demain, le nucléaire ne compterait que pour 4 %, contre 90 % pour les renouvelables.

Le nucléaire est clairement sans réelles perspectives face à la concurrence du solaire et de l’éolien qui le cantonne à un rôle d’ajustement de l’offre à la demande d’électricité. Reste une question : est-il seulement nécessaire pour gérer les fluctuations des productions éolienne et solaire ? Viser un mix électrique 100 % renouvelable ne serait-il pas une meilleure option ?

Peu d’opportunités à l’international

Même à supposer que la construction de nouveaux réacteurs redémarre à l’international, il y a peu de chances que la France en profite. La Chine a jusqu’ici poursuivi une stratégie de maîtrise technologique pour fournir son propre marché. Mais avec le développement de son réacteur Hualong (« dragon » en chinois) et d’autres succès comme la construction de deux EPR en joint-venture avec la France, elle démontre son savoir-faire au reste du monde. Elle est devenue un dangereux compétiteur de l’Hexagone, notamment au Royaume-Uni, qui réfléchit à la mise en chantier de nouvelles unités.

Quant à la France, avec ses contre-performances sur les chantiers de l’EPR à Flamanville et en Finlande, elle a perdu de son aura. Elle avait déjà raté le contrat avec Abu Dhabi en 2009 face à la Corée du Sud, et cherche désespérément depuis 2008 à vendre six EPR à l’Inde, qui préfère investir dans du solaire et de l’éolien deux à trois fois moins chers, ou passer des contrats avec la Russie pour ses centrales nucléaires. Le coût de l’EPR français ou son équivalent américain (AP1000) s’élève entre 7 500 et 10 500 dollars le kilowatt, contre 2 800 à 5 400 dollars pour le Hualong chinois, l’APR1400 coréen ou le VVER-120 russe 1.

1. Voir L’Usine nouvelle.

Peu d’opportunités à l’international

Même à supposer que la construction de nouveaux réacteurs redémarre à l’international, il y a peu de chances que la France en profite. La Chine a jusqu’ici poursuivi une stratégie de maîtrise technologique pour fournir son propre marché. Mais avec le développement de son réacteur Hualong (« dragon » en chinois) et d’autres succès comme la construction de deux EPR en joint-venture avec la France, elle démontre son savoir-faire au reste du monde. Elle est devenue un dangereux compétiteur de l’Hexagone, notamment au Royaume-Uni, qui réfléchit à la mise en chantier de nouvelles unités. Quant à la France, avec ses contre-performances sur les chantiers de l’EPR à Flamanville et en Finlande, elle a perdu de son aura. Elle avait déjà raté le contrat avec Abu Dhabi en 2009 face à la Corée du Sud, et cherche désespérément depuis 2008 à vendre six EPR à l’Inde, qui préfère investir dans du solaire et de l’éolien deux à trois fois moins chers, ou passer des contrats avec la Russie pour ses centrales nucléaires. Le coût de l’EPR français ou son équivalent américain (AP1000) s’élève entre 7 500 et 10 500 dollars le kilowatt, contre 2 800 à 5 400 dollars pour le Hualong chinois, l’APR1400 coréen ou le VVER-120 russe 1.

1. Voir L’Usine nouvelle.

Cet article est publié en partenariat avec la Fondation Heinrich-Böll Stiftung.

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DécryptageLes énergies renouvelables sont-elles vraiment une « catastrophe écologique » ?18/08/2021 Antoine de Ravignan

ÉnergieLe nucléaire français, un problème européen21/11/2018 Antoine de Ravignan

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Source https://www.alternatives-economiques.fr/nucleaire-une-industrie-grand-avenir/00099773

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    Trois liens pour comprendre les alternatives au nucléaire - Par LEXPRESS.fr - Publié le 31/05/2011 à 15:47 – Document ‘lexpress.fr’
    L’Allemagne veut sortir du nucléaire. La France doit-elle suivre le même chemin - et à quel prix ? Les internautes de LEXPRESS.fr s’interrogent. Eléments de réponse.

Photo - A general view shows a soon-to-be completed solucar solar park at Sanlucar La Mayor, near Seville, May 16, 2007. The first of two solar thermal power plants uses mirrors to concentrate the sun’s rays onto the top of a 100 metre (300 foot) tower where it produces steam to drive a turbine. The lines in the photograph are due to reflections on the solar panels. REUTERS/Javier Barbancho (SPAIN) - REUTERS/J.Barbancho >

Traduction par Jacques Hallard : Une vue d’ensemble montre le parc solaire ‘Solucar’ qui sera bientôt terminé à Sanlucar La Mayor, près de Séville, le 16 mai 2007. La première des deux centrales thermiques solaires utilise des miroirs pour concentrer les rayons du soleil au sommet d’une tour de 100 mètres (300 pieds) où elle produit de la vapeur pour actionner une turbine. Les lignes sur la photo sont dues aux reflets sur les panneaux solaires.

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Après l’annonce allemande, la France doit-elle, à son tour, abandonner le nucléaire ? Les internautes de LEXPRESS.fr passent en revue les alternatives et s’interrogent. Trois liens et de nombreux chiffres pour alimenter leur réflexion. 

Par quoi pouvez-vous remplacer le nucléaire ? Des barrages ? Cela inonde des vallées entières. Le solaire ? On manque de recul sur le coût total et la durée de vie. L’éolien ? Cette solution paraît pas mal, mais elle implique une pollution visuelle dans le paysage. (Bubu)

Quels avantages, quels inconvénients pour chacune de ces alternatives ? La recherche permet, par exemple d’améliorer constamment le rendement des cellules photovoltaïques. Les installer sur les toits des des bâtiments évite de défigurer le paysage. Mais, tout comme l’éolien, cette technologie ne permet pas de produire de l’énergie en continu. Les barrages sont propres, et l’énergie est renouvelable. Mais leur coût reste élevé… 

’L’idée de mener une politique pour faire des économies d’énergie est bien mais qui va payer ? Cela coûte toujours plus cher de construire écologique...’ (PHC2980)

Grâce au nucléaire, la France paye son électricité 40% moins chère que dans le reste de l’UE, martèle le gouvernement français pour justifier le maintien du nucléaire. Le nucléaire est en effet l’énergie la moins chère à produire : son coût de revient est d’environ 3,1 cts le kwh, contre 5 à 8 cts pour les éoliennes (13 cts en mer), 10 cts pour la biomasse, et 30 cts pour le photovoltaïque. Un surcoût d’ores et déjà répercuté sur la facture des Français, qui payent la contribution au service public de l’électricité. Pour les écologistes néanmoins, il faut mettre un terme à cette idée selon laquelle l’énergie nucléaire est bon marché. De fait, plus on mise sur une énergie, moins elle est coûteuse à produire à terme. Et, toujours selon les écologistes, si le nucléaire est si peu cher, c’est parce qu’il est subventionné. 

[Lire : Les plans de sortie du nucléaire sont-ils crédibles ?

’L’Allemagne se donne 10 ans pour sortir du nucléaire. Evidemment, elle va importer de plus en plus d’électricité à ses voisins...’ (Micheljean)

La France, elle, a fait de l’indépendance énergétique un leitmotiv. Plus culturelle que géostratégique, cette position semble très difficile à remettre en cause, et les gouvernements successifs n’y ont d’ailleurs jamais songé. En Allemagne, au contraire, l’indépendance énergétique n’a jamais été une priorité. Le pays a toujours été un fort importateur de son énergie. A plusieurs reprises, il s’est même retrouvé près de la rupture d’approvisionnement énergétique, notamment lors de la crise du gaz entre la Russie et l’Ukraine en 2007. Quoi qu’il en soit, une remise en cause de son indépendance énergétique pourrait coûter très cher à la France. ’Si elle choisissait d’importer du charbon, du gaz et du pétrole pour pourvoir à ses dépenses énergétiques, cela creuserait le déficit d’au moins 40 milliards d’euros’, estime ainsi Elie Cohen, économiste et directeur de recherche au CNRS. 

L’Hexagone est, de plus, beaucoup plus dépendant du nucléaire que l’Allemagne qui dispose de 17 réacteurs, contre 58 pour la France. 

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[Lire : Nucléaire : pourquoi la France n’est pas l’Allemagne

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© L’Express - Source : https://www.lexpress.fr/actualite/societe/environnement/trois-liens-pour-comprendre-les-alternatives-au-nucleaire_998269.html

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En France, les débats sur l’énergie opposent souvent le nucléaire et les énergies renouvelables. Un état d’esprit qui nuit à la fois au nucléaire, aux énergies renouvelables, et à la transition énergétique dans son ensemble.

Bien souvent, en France, le débat sur la transition énergétique se résume à une opposition entre nucléaire et énergies renouvelables. D’un côté, on a les partisans des énergies renouvelables, qui mettent en avant les avantages de ces dernières (théoriquement inépuisables, peu polluantes, sans risque, de plus en plus compétitives) et s’opposent, souvent radicalement, au nucléaire, jugé dangereux. De l’autre, il y a les partisans du nucléaire, qui expliquent que ce dernier est décarboné, facile à maîtriser, adaptable et finalement pas si risqué que ça.

Le problème, c’est que cette opposition structurante occulte de nombreux aspects du débat sur la transition énergétique. Elle masque certaines réalités, certaines interdépendances, et réduit la transition énergétique à une seule de ses facettes. Tentons de comprendre pourquoi il n’est pas (toujours) pertinent d’opposer les énergies renouvelables et le nucléaire.

Tout renouvelable pour remplacer le nucléaire : c’est réaliste ?

Un des éléments qui revient le plus dans l’opposition « renouvelable / nucléaire » est l’idée qu’il faudrait remplacer toutes les centrales nucléaires par des énergies renouvelables, pour différentes raisons (sécurité, déchets, et autres). On ne reviendra pas sur ces raisons, qui peuvent (ou non) être légitimes, mais il faut bien comprendre qu’une telle idée serait dans les faits très complexe à mettre en oeuvre.

Avant toute chose, il faut avoir en tête que les énergies renouvelables (EnR) sont ce que l’on appelle des énergies intermittentes. Cela signifie qu’elles ne produisent pas à la demande ou en continu, mais à des moments que l’on ne maîtrise pas : on dit aussi qu’elles ne sont pas pilotables. Concrètement, une éolienne produit lorsque les conditions climatiques sont réunies : quand il y a suffisamment de vent. On ne peut pas les « piloter » et leur demander de produire lorsque l’on a besoin d’électricité.

Bien-sûr, certaines énergies renouvelables sont relativement pilotables : c’est le cas de l’énergie hydro-électrique que l’on peut (dans certains cas) activer à la demande. Mais ce n’est pas le cas des « nouvelles » énergies renouvelables, l’éolien et le solaire, que l’on cherche justement à développer dans le cadre de la transition énergétique.

D’autre part, les moments où les EnR produisent le plus sont rarement ceux où l’on a le plus besoin d’électricité. Le solaire par exemple, produit surtout en milieu de journée lorsque le soleil est haut. Or le pic de consommation d’électricité se situe généralement plutôt le soir, quand le soleil commence à se coucher, et donc quand la production d’énergie solaire est basse….

NB. Nécessité de s’inscrire pour lire la suite …

Comprendre pour mieux agir – Youmatter– « Comprendre le monde qui nous entoure et agir pour l’avenir ».

Source : https://youmatter.world/fr/opposition-nucleaire-renouvelable-debat/

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Photo - Le photovoltaïque, est une des alternatives au nucléaire, qui prouve chaque jour un peu plus son efficacité. Basée sur l’utilisation de panneaux qui captent l’énergie solaire, beaucoup ont décidé de s’équiper de cette technologie. Des champs de panneaux solaires envahissent donc les toits et les territoires. Aux Emirats arabes, certains croient en la possibilité de ’ville propre” avec par exemple Masdar City qui se veut entièrement équipée de photovoltaïque pour subvenir aux besoins énergétiques. 

Les plus : Idéal pour les régions ensoleillées.

Les moins : Les panneaux solaires n’ont plus à prouver leur efficacité mais le prix élevé et l’encombrement freinent encore beaucoup les potentiels acheteurs.

L’éolien :

Photo - L’éolien est sûrement l’alternative au nucléaire la plus crédible à ce jour. Basé sur la création d’énergie grâce au souffle du vent et à la rotation des éoliennes, l’éolien est propre mais ne fait pas l’unanimité.

➢ Les plus + : propre, pas dangereux pour l’homme, évite la surconsommation, moins couteux.

➢ Les moins : le parc éolien défigurerait le paysage terrien et marin et les quantités d’énergies fournies ne seraient pas suffisantes pour toute une population.

La géothermie :

Photo - La géothermie comme méthode de fabrication énergétique repose sur des bases simples. La terre est composée de nombreuses couches de roches en tous genres. Ces différentes couches entrainent des réactions chimiques entre elles, qui créent notamment de l’énergie et de la chaleur. Récupérées, ces énergies peuvent alors être utilisées et transformées pour subvenir aux besoins énergétiques d’une ville.

➢  Les plus : Une énergie inépuisable, qui ne rejette que peu de CO2 et adaptable à de nombreuses régions.

➢  Les moins : L’énergie dégagée est certes inépuisable mais très faible.

L’Hhydroélectrique

Photo - L’énergie hydroélectrique, est produite grâce à des barrages. La puissance de l’eau est alors transformée en énergie électrique grâce à l’intervention de turbines, de transformateurs, et autres générateurs.

➢ Les plus  : il s’agit là d’une énergie propre, renouvelable et peu dangereuse pour l’environnement.

➢ Les moins : le coût des installations, la complexité de ce type d’exploitation et d’énergie et surtout l’impact sur certains écosystèmes.

La fusion :

Photo - La fusion est peut être la solution miracle de l’énergie du futur. Le concept est de recréer l’énergie solaire, en faisant fusionner des noyaux atomiques. Une énergie propre, puissante, et sans risque pour la santé. Malheureusement ce projet n’est encore qu’à l’état de prototype, même si une première centrale ’prototype” devrait apparaitre en France d’ici 2019 (elle est déjà en construction). Une utilisation massive n’est pas à envisager avant 2030.

Les plus : Energie ’parfaite’ : très puissante, propre et peu encombrante

Les moins : un cout extrêmement élevé et surtout une technologie encore au stade expérimental.

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Les principaux accidents - Depuis la création du nucléaire civil, de nombreux incidents ont eu lieu. Retour sur les cinq événements majeurs de l’histoire du nucléaire.  Les principaux accidents

Débat : Tchernobyl, déjà 25 ans

Que faire en cas d’accident nucléaire ?

Voir les préconisations

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Source : http://www.tv5monde.com/cms/chaine-francophone/sciences/Le-nucleaire-civil/p-15925-Les-alternatives-au-nucleaire.htm

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16.
Alternatives et sortie du nucléaire – Dossier ‘sortirdunucleaire.org’ – Accès à toutes les informations

Maîtrise de l’énergie Energies renouvelables Sortie du nucléaire Habitat écologique

La sortie du nucléaire est tout à fait possible, sans le moindre ’retour à la bougie’. Elle passe en particulier par les économies d’énergie (isolation des bâtiments, chasse au gaspi, développement d’équipements moins énergivores...) et par un recours important aux énergies renouvelables (éolien, solaire, bois, hydraulique, biomasse, cogénération...). La sortie du nucléaire est une mesure sociale : elle entraînera la création de plusieurs centaines de milliers d’emplois, beaucoup moins dangereux que les métiers du nucléaire, non délocalisables et socialement utiles. Elle permettra aussi une réelle indépendance énergétique du pays.

Vidéos et articles

Débat Konbini News : L’énergie nucléaire : pour ou contre ?

Nos dossiers et analyses

Les scénarios de sortie du nucléaire

Le nucléaire tue l’avenir, il est temps d’en finir !

Agenda Arrivée du Tour Alternatiba à Bayonne

Programmation pluriannuelle de l’énergie

Débat sur la « Programmation pluriannuelle de l’énergie » jusqu’au 30 juin 2018

Transition énergétique allemande : et si on s’informait vraiment ?

Allemagne : non, la sortie du nucléaire n’encourage pas le recours au charbon


Notre porte-parole Charlotte Mijeon était l’invitée d’un débat Konbini News sur le thème : ’l’énergie nucléaire : pour ou contre !’ face à Valérie Faudon de la société française d’énergie nucléaire. Faut-il continuer à produire du nucléaire ? Cette énergie est-elle polluante ? Les centrales sont-elles sûres ? (...)

Campagnes et mobilisations nationales
Le nucléaire tue l’avenir, il est temps d’en finir !
Découvrez comment
Vous l’aurez compris grâce à nos deux premiers volets, diffusés en 2019 et 2020, le nucléaire tue l’avenir par ses installations vieillissantes et par sa volonté de s’implanter sur tout le territoire. Alors en 2021, il est temps de tuer ensemble le nucléaire ! Si vous aussi vous ne voulez pas que « (...)

Revue ’Sortir du nucléaire’
Des options à petite échelle plus efficaces pour réduire les émissions
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Pour réduire rapidement les émissions mondiales de gaz à effet de serre, faut-il avant tout “mettre le paquet“ sur des infrastructures lourdes ? Au contraire : selon les travaux de certains économistes, les options à petite échelle sont plus efficaces. Nous résumons ici les grandes lignes d’un article (...)

Revue ’Sortir du nucléaire’
En bref...
Six États européens veulent 100 % d’énergies renouvelables pour 2050 L
Autriche, le Danemark, lIrlande, la Lituanie, le Luxembourg et lEspagne ont adresséune lettreàla Commission européenne lui demandant dinclure un scénario fondésur 100 % d’énergies renouvelables dans les projections climatiques (...)

Revue ’Sortir du nucléaire’
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Après le visionnage par plusieurs personnes du Réseau “Sortir du nucléaire“ du dernier documentaire de Michael Moore deux “lectures“ s’opposaient ou plutôt se complétaient… À vous de vous faire votre idée… Le contre Le fil conducteur de Planet of the Humans est une charge très lourde contre les énergies (...)

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Crise économique : que va-t-il se passer pour le nucléaire et les ENR ?
Nous avons voulu en savoir plus sur ce qui attend le nucléaire et les énergies renouvelables face à la crise économique et financière qui s’annonce. Pour cela nous avons interrogé Manon Besnard de l’Institut négaWatt. Pouvez-vous évoquer en quelques mots la résilience des différentes sources de (...)

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En bref... Et si on positivait ?
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Solaire : EDF se trompe Dans un article de RSE magazine, on a pu lire : “En cherchant absolument dans le renouvelable un palliatif au nucléaire, la compagnie (NDLR : EDF) oublie que par principe les énergies renouvelables ne peuvent pas concurrencer en termes de production au km2. Mais qu’à (...)

Revue ’Sortir du nucléaire’
“L’écologie sociale est la seule voie possible“
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Le Conseil municipal de Grande-Synthe (59) a alloué le 27 mars 2019 à l’unanimité 1,2 million d’euros à la mise en place d’un “minimum social garanti “ financé par les économies d’énergie. Maire depuis 2001, Damien Carême resitue cette décision dans l’histoire d’une ville en transition. Comment est né ce (...)

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Ces derniers mois la rénovation énergétique a été placée sous les projecteurs (loi Énergie-Climat, Convention citoyenne pour le climat et plan de relance). Nous avons rencontré Danyel Dubreuil, coordinateur de l’initiative Rénovons pour en parler. Bonjour Danyel. Quelles sont les grandes orientations de (...)

Revue ’Sortir du nucléaire’
Vers une Armée écolo ?
Les armées, acteur de la transition écologique ? Surprenant. Telle est en tout cas l’ambition défendue par la ministre des Armées le 25 septembre dernier en présentant la nouvelle stratégie énergétique des armées. Mais de quelle transition parle-t-on ? Les armées sont le premier consommateur énergétique (...)

Nos communiqués de presse :

Scénarii RTE 2050 : des hypothèses discutables, mais une certitude : nous pouvons avoir le choix de notre avenir énergétique ! - 26 octobre 2021Du 27 juillet au 27 août, une marche d’un mois pour questionner et remettre en question l’énergie nucléaire - 27 juillet 2018Une loi de transition… ou d’immobilisme énergétique ? - 14 octobre 2014Chaîne humaine : une mobilisation historique pour la sortie du nucléaire ! - 11 mars 2012A l’issue de son assemblée générale, le Réseau ’Sortir du nucléaire’ entend plus que jamais s’imposer dans les débats - 2 février 2012

Revue de presse :

La région IDF s’engage sur les énergies renouvelables, sans moyens suffisant selon l’opposition - 3 juillet 2018Côte d’Ivoire : une centrale électrique aux déchets du cacao - 2 juillet 2018Essor des énergies renouvelables : coopératives et citoyens semblent plus efficaces que les logiques de marchés - 2 juillet 2018GB : EDF vend 49% dans une série de parcs éoliens pour 701 millions de livres - 29 juin 2018Solaire : le gouvernement dévoile des mesures pour accélérer - 28 juin 2018

LIENS :

AFPPE - Association Française des Professionnels du Petit ÉolienANPCEN - Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement NocturnesBiomasse NormandieCLER, Comité de Liaison Energies RenouvelablesConstruction du parc d’éoliennes de Woefling les SarregueminesEnercoop - Fournisseur d’électricité 100% renouvelableÉnergie Positive - Procédés et technologies pour les bâtiments à énergie positiveEnergiewende - La transition énergétique allemandeEnertech - Le site des bâtiments à basse consommation d’énergieEspaces Info-EnergieGéothermie Perspectives - Toute l’information sur l’énergie de la terreGéothermie Soultz - Le site leader pour la géothermie profondeHESPUL, énergies renouvelables et efficacité énergétiqueINES - Institut National de l’Énergie SolaireLes énergies de la merListe des scénarios de sortie du nucléaire (Monde, Europe, France et autres pays)Planète Éolienne - Fédération des énergies du ventRAPPEL - Réseau des Acteurs de la Pauvreté et de la Précarité Énergétique dans le LogementSEPEN - Site Expérimental pour le Petit Éolien NationalTripalium - Autoconstruction d’éoliennesZéro Watt !

Thèmes : Alternatives et sortie du nucléaire Luttes et actions Risques et accidents Tchernobyl et Fukushima Nucléaire et démocratie Politique énergétique Nucléaire et économie Nucléaire et santé Nucléaire et climat Nucléaire militaire Déchets radioactifs Uranium et mines Transports radioactifs Travailleurs du nucléaire Projets et sites nucléaires

Installations : Areva BAMAS Belleville Blayais Brennilis Bugey Bure Cattenom CEA Cadarache CEA Fontenay CEA Grenoble CEA Valduc Centraco Chinon Chooz B CIS BIO Civaux Comurhex Pierrelatte Corrèze Creuse Creusot Forge Creys-Malville Cronenbourg Cruas CSA CSM Dampierre-en-Burly EDF EPR Flamanville Europe FBFC Fessenheim Flamanville Ganil Golfech Gravelines Haute-Vienne ILL Ionisos Pouzauges Ionisos Sablé sur Sarthe ITER La Hague Lodève Lozère

Réseau Sortir du nucléaire

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Source : https://www.sortirdunucleaire.org/Le-nucleaire-tue-l-avenir-il-est-temps-d-en-finir

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17.
Un mix énergétique sans nucléaire en France, c’est possible ! – Document ‘greenpeace.fr’

Le nucléaire ou la bougie ? - Climat, Nucléaire

On entend souvent dire que la France ne pourrait pas se passer du nucléaire pour que sa production d’électricité couvre la demande et pour lutter efficacement contre les dérèglements climatiques. Qu’une sortie du nucléaire serait synonyme d’un retour à la bougie… Ou encore que la France ne peut pas se passer de ses centrales nucléaires, vu que les énergies renouvelables sont incapables de les remplacer. Autant d’idées reçues qui renvoient toutes à une question plus globale : un mix énergétique sans nucléaire est-il possible en France ? Sans augmentation des émissions de gaz à effet de serre et sans coupures d’électricité ?

Nombre de scénarios, fruits du travail d’analyse prospective d’experts indépendants, d’associations ou encore d’agences étatiques répondent que oui, un mix énergétique qui reposerait uniquement sur les énergies renouvelables est possible en France. Et non pas dans des centaines d’années, mais bien d’ici à 2050.

100 % d’énergies renouvelables en France en 2050 ? Les experts disent oui

En 2013, Greenpeace France publiait son scénario pour la Transition énergétique qui montre que la transition énergétique, vers une France libérée de sa dépendance aux énergies fossiles et fissiles, est non seulement techniquement possible, mais qu’elle est de plus rentable économiquement, comparée à la trajectoire actuelle.

En 2015, l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, un établissement public, avait étudié des projections qui montrent qu’il est possible en France de répondre aux besoins énergétiques avec 100 % d’énergies renouvelables. Bien que très complet, ce document avait été éludé, sans doute sous l’influence des promoteurs du nucléaire, à qui ces projections ne devaient pas beaucoup plaire !

Pourtant, en 2017, l’Ademe remettait ça : elle publiait une étude qui démontre la fiabilité des énergies renouvelables et donc la possibilité d’arriver à un mix électrique 100 % renouvelables, en 2050 toujours.

Car oui, la France peut se passer du nucléaire en le remplaçant par les énergies renouvelables. C’est aussi le constat de Négawatt, une association qui rassemble des experts impliqués dans des activités professionnelles liées à l’énergie, qui en 2017 a publié une mise à jour de son scénario de transition énergétique sur la période 2017-2050.

Qu’indique ce document ? Il « dessine la trajectoire d’une France 100 % renouvelables et neutre en carbone à l’horizon 2050, avec des investissements créateurs de valeur et de centaines de milliers d’emplois ».

Un scénario qui mise sur la sobriété et l’efficacité énergétiques, qui sont deux des trois grands piliers de la transition énergétique, le troisième étant le développement des renouvelables.

Ni nucléaire, ni émissions de gaz à effets de serre, c’est faisable

Quels points communs à ces différents scénarios ? En se basant sur des projections réalistes d’évolution de la demande en électricité, ils misent sur la réduction forte de la part du nucléaire dans le mix électrique, voire la sortie du nucléaire, tout en réduisant drastiquement les émissions de gaz à effet de serre de la France.

Ils misent également sur la maturité des énergies renouvelables, qui sont des énergies fiables et complémentaires : non, il n’y aura pas de coupure de courant si le vent tombe ou si le ciel est nuageux ! Ils tordent aussi le coup à une autre idée reçue : non, la consommation d’électricité en France ne va pas exploser dans les années à venir.

En conclusion, non seulement un mix énergétique sans nucléaire est possible en France, grâce au développement des énergies renouvelables, mais en plus, il ne sera pas synonyme d’augmentation de nos émissions de gaz à effet de serre !

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Greenpeace lance une pétition en faveur des énergies renouvelables - Annuairenergie

Source : https://www.greenpeace.fr/mix-energetique-nucleaire-france-cest-possible/

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18.
Quelles alternatives au nucléaire ? – Par le Réseau “Sortir du nucléaire

On laisse souvent entendre que le nucléaire est en France un mal nécessaire parce qu’il produit 78 % de l’électricité. Pourtant il n’y a pas de fatalité. Le Réseau “Sortir du nucléaire a publié une étude qui montre qu’il est possible de se passer totalement du nucléaire à brève échéance sans recourir à la magie, mais bien à des technologies éprouvées et reconnues, tant en matière d’économies d’énergie que d’énergies renouvelables. Cet article reprend en grande partie cette étude.

Plan :

1/ Pourquoi sortir du nucléaire rapidement ?

2/ Comment sortir du nucléaire ?

3/ Les points positifs à une sortie du nucléaire rapide

4/ Oui mais les énergies fossiles émettent du CO2

1/ Pourquoi sortir du nucléaire rapidement ?

Les dangers du nucléaire

En France, les réacteurs nucléaires vieillissent et se fragilisent.
En 2006, 739 “incidents” ont eu lieu sur le parc nucléaire. A tout moment, un accident nucléaire pourrait dévaster irréversiblement notre pays : est-ce acceptable ?

https://nucleaire-nonmerci.net/images/feuille.gifen savoir plus sur la sureté nucléaire

De plus, l’énergie nucléaire est loin d’être propre. Les rejets radioactifs et chimiques des réacteurs empoisonnent continuellement l’environnement.
Chaque année des milliers de tonnes de déchets hautement radioactifs sortent des réacteurs : à nous l’énergie, à nos enfants les déchets !

https://nucleaire-nonmerci.net/images/feuille.gifen savoir plus sur le nucléaire et l’environnement

Enfin, la technologie nucléaire, en conduisant à la prolifération des armes nucléaires, détruit tout espoir de paix. Le plutonium nécessaire à la fabrication des bombes atomiques est produit par les centrales nucléaires dites « civiles ».

https://nucleaire-nonmerci.net/images/feuille.gifen savoir plus sur les armes nucléaires

Le nucléaire a un coût, il inclue en autre :

  • la gestion des déchets nucléaires,
  • le démantèlement des installations nucléaires,
  • l’extraction de l’uranium, (...)
  • les accidents nucléaires,
  • l’impact de l’industrie nucléaire sur la santé,
  • les investissements et la recherche,
  • le chauffage électrique (développé pour écouler la production excédentaire des réacteurs nucléaires), etc.
    Il est évident que le nucléaire n’est pas bon marché. Sortir rapidement du nucléaire contribuerait déjà à réduire ces coûts souvent masqués mais colossaux, dont le total dépasse déjà le millier de milliards d’euros.

Le choix du nucléaire ne tient pas compte de l’avis des français

Quelle est la démocratie dans laquelle les citoyens n’ont jamais pu s’exprimer sur les choix énergétiques ? La France.
Or 78 % des Français souhaitent développer les énergies renouvelables pour qu’elles deviennent la source principale d’énergie (sondage Louis Harris 2007). Pourtant les décisions qui concernent le nucléaire sont toujours prises avant les débats publics et la politique énergétique est soumise au lobby nucléaire.

Dessin humoristique de Lidwine

Le nucléaire n’est pas une solution au changement climatique

Le recours au nucléaire n’empêche pas une forte dépendance aux énergies fossiles, dont les émissions de gaz à effet de serre aggravent les conséquences du changement climatique. La France a beau posséder le nombre le plus élevé au monde de réacteurs nucléaires par habitant (58 réacteurs), sa consommation d’énergie reste dépendante des énergies fossiles à près de 75 %.

Le nucléaire n’assure que 2,5% de la consommation énergétique mondiale. A l’échelle de la planète, même en multipliant par 3 le nombre de réacteurs nucléaires d’ici 2030, la réduction des émissions de gaz à effet de serre n’atteindrait pas 9 % et les réserves d’uranium seraient épuisées en 30 ans. Trop peu et trop tard pour avoir un réel impact. Seule la diminution des consommations d’énergie et le recours massif aux énergies renouvelables auront un effet positif sur le climat.

2/ Comment sortir du nucléaire ?

1- économiser l’énergie

Pour sortir du nucléaire, il faut d’abord mettre un frein aux gaspillages d’énergie. Grâce aux seules économies d’énergie, 23 réacteurs nucléaires pourraient être arrêtés sur 10 ans.

L’éclairage public est un gisement important d’économies d’énergie. La substitution des lampes les plus énergivores, des ballasts électroniques (éléments améliorant le rendement des lampes et accélérant leur allumage), ainsi que l’ajustement de l’éclairage aux besoins grâce à l’implantation de régulateurs, feraient économiser 70 % des consommations liées à l’éclairage en 10 ans.

Les bureaux : pour réduire significativement les consommations électriques, la création d’une norme de consommation d’énergie maximale est nécessaire sur l’ensemble des équipements électriques, tels qu’ascenseurs, systèmes de ventilation, électroménager et informatique.
Les anciens appareils les plus gourmands en énergie peuvent être à remplacer par des appareils sobres. Les ampoules à filament et halogènes peuvent être remplacées par des ampoules basse consommation ou des LED*.

Les habitations : L’éclairage des logements consomme la production de deux réacteurs nucléaires. Les ampoules à filament et halogènes epuvent facilement être remplacées par des ampoules économes. Ordinateurs, modems internet haut-débit, télévisions à écran plat : ces appareils consomment de plus en plus, qu’ils soient allumés ou éteints. Hormis le remplacement des appareils, l’accent doit être mis sur un comportement économe. Le branchement de tous les appareils de salon sur une multiprise avec interrupteur, éteinte après chaque usage, permet une économie sur les veilles égale à la production d’un réacteur nucléaire. Cette économie d’énergie repose d’abord sur la volonté de chacun mais une nouvelle norme devra imposer aux fabricants un seuil maximal sur la consommation en veille des appareils qui sera inférieure à 1 Wh.

Le chauffage : le chauffage électrique est le moyen de chauffage le plus coûteux et celui qui gaspille le plus d’énergie. Pourtant, 7 millions de ménages se chauffent à l’électricité en France. Les trois quarts de l’énergie produite sont perdus à cause du faible rendement des grandes centrales de production d’électricité et des pertes sur le réseau électrique. Moins de 30% de l’énergie produite parviennent au consommateur sous forme d’électricité. Ainsi, c’est l’équivalent de la production de 13 réacteurs nucléaires qui est, en grande partie, gaspillée dans le chauffage, l’eau chaude et la climatisation des logements. C’est pourquoi le chauffage électrique est à prohiber dans les nouvelles constructions et les rénovations.

La climatisation, parce qu’elle consomme beaucoup d’électricité, pourrait être remplacée par des alternatives qui reposent d’ailleurs sur le bon sens : construire selon les règles de l’architecture bioclimatique, c’est à dire en prenant en compte l’orientation et l’isolation de la construction pour réduire les consommations d’énergie, poser des protections solaires sur les fenêtres ou tout simplement renforcer l’isolation du bâti, ce qui économisera l’énergie, été comme hiver.

L’isolation : la mauvaise isolation des logements provoque des gaspillages aberrants. Les logements anciens consomment, à confort égal, 3 fois plus d’énergie que les logements construits aujourd’hui. A l’échelle du pays, un plan de rénovation de l’isolation du bâti ancien aura pour but de réduire les consommations en renforçant l’isolation des parois, en doublant les vitrages, et en installant des récupérateurs de chaleur de l’air ventilé.

Réduire les exportations :
l’Etat français a surévalué la consommation d’électricité à venir lors de la construction du parc nucléaire, il y a 30 ans. Il y a donc trop de réacteurs nucléaires en France et l’électricité excédentaire est vendue à l’étranger. En réduisant les exportations sans pour autant les arrêter tout à fait, l’économie réalisable immédiatement représente 11,5% de la production électrique nationale.

2- Remplacer l’électricité nucléaire par l’électricité issue d’énergies renouvelables

La France possède des gisements d’énergies renouvelables encore inexploités. Eolien, biomasse et solaire photovoltaïque : leur développement à grande échelle permettrait de produire autant que 25 réacteurs nucléaires en 10 ans. Cependant, il est techniquement difficile sur des délais aussi courts d’obtenir suffisamment d’électricité grâce aux énergies renouvelables pour répondre à la totalité des besoins et ce malgré des économies d’énergie significatives. Le recours provisoire aux énergies fossiles permet de passer le cap et de réussir la transition de sortie du nucléaire.

3- La cogénération

La cogénération consiste à produire de l’électricité avec un moteur et à récupérer la chaleur dégagée au lieu de la laisser se perdre. Le moteur peut être alimenté par du bois, du gaz naturel ou tout autre combustible. Cette technique économise le combustible en produisant à la fois électricité et chaleur. La cogénération a un rendement énergétique de 80 à 90 %, contrairement à un moteur classique dont le rendement dépasse difficilement 40 %. Le recours à la cogénération avec les énergies fossiles permet de diminuer les émissions de gaz à effet de serre par rapport à des productions séparées d’électricité et de chaleur. La cogénération servirait principalement à remplacer les chaudières à gaz et au fioul ainsi que le chauffage électrique.

Les installations de cogénération se rentabilisent rapidement grâce à la revente d’électricité produite en surplus. La production à petite échelle en cogénération représente un investissement moindre que le recours à l’énergie issue des centrales de grandes dimensions car l’énergie ne doit plus être transportée sur de longues distances, d’où une économie d’environ
10 % sur le coût de l’électricité.

3/ Les points positifs à une sortie du nucléaire rapide

 Le risque d’accident nucléaire diminue dès les premiers réacteurs fermés pour quasiment disparaître à la fermeture de toutes les installations nucléaires.

- Les efforts de maîtrise de l’énergie et le développement des énergies renouvelables vont créer beaucoup d’emplois. A elle seule, une campagne nationale de rénovation de l’isolation du bâtiment ancien générerait 100 000 emplois et le développement des énergies renouvelables créerait au moins 100 000 autres emplois en l’espace de 5 ans. Une utopie ? Seulement 7 ans après avoir décidé de sortir du nucléaire, l’Allemagne comptait 235 000 emplois permanents dans le secteur des énergies renouvelables.

 L’indépendance énergétique s’améliorerait : en 2006, 88 % des ressources énergétiques** étaient importées pour produire l’électricité. La sortie du nucléaire en 10 ans permettrait de ramener les importations à 30 %. Les économies d’énergie et le recours aux énergies renouvelables compenseraient le surcoût de la mutation énergétique du pays. A moyen terme, la facture énergétique de la France baisserait.

 la production d’énergie en France serait issue d’une combinaison de différentes sources d’énergie. Ainsi, la France ne dépendrait plus à 78 % d’une seule source : le nucléaire et son combustible, l’uranium, entièrement importé.

5/ Oui mais les énergies fossiles émettent du CO2

Les énergies fossiles représenteraient 30 % de la production d’électricité si on souhaite sortir du nucléaire en 10 ans. C’est pourquoi, parallèlement à la sortie du nucléaire, des mesures doivent être prises dans les secteurs qui émettent le plus de gaz à effet de serre : les transports, le bâtiment et l’agriculture intensive.
- Limiter l’usage abusif des engrais dans l’agriculture,
- Limiter la consommation d’essence des véhicules privés,
- Réduire de 10 km/h la vitesse sur les autoroutes.
Ces trois mesures, appliquées avec détermination, compenseraient le surcroît d’émissions de gaz à effet de serre lié à la sortie du nucléaire.

https://nucleaire-nonmerci.net/images/etoile.gif{{Énergies renouvelables

En théorie, une heure d’ensoleillement de la planète suffirait à fournir l’énergie consommée par le monde entier pendant une année. Qu’elles utilisent la lumière du soleil, la chaleur, ou le vent, les énergies renouvelables sont quasiment inépuisables, elles favorisent des emplois durables et locaux, ne polluent pas, et sont moins onéreuses et infiniment moins dangereuses que l’énergie nucléaire ou les énergies fossiles.

Aujourd’hui les énergies renouvelables font preuve d’un fort dynamisme et peuvent répondre à une part importante de la consommation d’un grand pays industriel, et par là, renforcer son indépendance énergétique.

Pour plus d’informations et pour avoir des détails chiffrés, téléchargez l’étude du réseau Sortir du nucléaire :

https://nucleaire-nonmerci.net/images/feuille.gifTéléchargez le pdf de l’étude complète (8Mo)

https://nucleaire-nonmerci.net/images/feuille.gifTéléchargez le pdf de la synthèse (3Mo)

*les LED sont des ampoules qui consomment 10 fois moins et durent 100 fois plus longtemps que les ampoules classiques à incandescence.
**Il s’agit de l’uranium, du pétrole et du charbon.

Source : site du Réseau Sortir du nucléaire - Pour en savoir plus : http://sortirdunucleaire.org/

Savoir plus sur :le risque d’accident nucléaire

Savoir plus sur :le lobby nucléaire

Voir quelques gestes au quotidien pouréconomiser l’énergiehttps://nucleaire-nonmerci.net/halt...

Des éoliennes plus performantes, c’est possible

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Nucléaire ? Non merci ! — Wikipédia

Source : https://nucleaire-nonmerci.net/actualite/alternatives-au-nucleaire.html

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    Changer le système de l’intérieur (1) – « L’économie contre la biosphère : déconstruction du ‘greenwashing’ dans les métiers d’ingénieur·e » - 29 mai 2020 - Livre Ingenieurs Engages– Document ‘ingenieurs-engages.org’ - Auteur : Nicolas B.
    Cet article fait partie d’une série traitant sur les leviers d’action de l’ingénieur·e au sein du système, dont les réflexions ont été initiées lors du café-débat ayant eu lieu sur le Discord Ingénieurs Engagés le 09/04/2020.

Article 1 : L’économie contre la biosphère : déconstruction du greenwashing dans les métiers d’ingénieur·e
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Article 2 : Ingénieur·e engagé·e en entreprise – approche stratégique d’une posture dissonante
Article 3 : Ingénieur·e engagé·e en entreprise quelle marge de manœuvre pour agir ?

Introduction

Plutôt penser le changement que de changer le pansement” [1]

Ce slogan est devenu le mot d’ordre d’une partie de la population prête à s’engager, et notamment dans son activité professionnelle, pour “changer le système”, face aux impasses écologiques et sociales dans lequel il se trouve. Un changement, certes, mais lequel ? Il est nécessaire de définir clairement les ambitions que l’on donne à cette transition, surtout si l’on souhaite justement s’assurer que l’on dépasse la logique du “pansement”. Ceci est particulièrement vrai dans le monde de l’entreprise.

En effet, on constate aujourd’hui d’ores et déjà des mutations plus ou moins profondes liées au travail de réflexion sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) et les objectifs de Développement Durable, parfois intégrés explicitement dans le secteur privé. Dans la forme en tout cas, l’entreprise sait se donner une conscience, et se mettre “au vert”. Aujourd’hui, la difficulté n’est plus de trouver une entreprise qui affiche officiellement son engagement pour l’écologie, mais de trouver celles pour lesquelles cet engagement s’accompagne d’actions effectivement vertueuses. Certain·es se demanderont même si le simple fait de faire partie du système capitaliste ne s’oppose pas précisément à la transition écologique.

Pour parler de cela, nous devons faire un détour pour nous intéresser de près à ce qu’est le greenwashing. Cet argument épouvantail agité dès les premières heures de la lutte écologique comme un avertissement prend un nouveau sens lorsque la société entière se prétend écologique, sans pour autant que rien ne change. Comment décrire ce qu’est aujourd’hui le greenwashing, et comment celui-ci se traduit dans les emplois d’ingénieur·es ? Comment trouver sa voie dans un monde qui n’a de vert qu’une maigre couche de peinture sur des rouages toujours plus destructeurs ?

L’écoblanchiment

Le mot “greenwashing” est issu de la fusion de deux mots anglais : “green” et “brainwashing” [2][3]. Le premier renvoie au vert, c’est-à-dire le symbole de l’écologie, tandis que le second signifie littéralement “lavage de cerveau”. Le terme apparu dès les années 90 est passé dans le vocabulaire courant, et a même été traduit en français par “écoblanchiment”. Il est très fréquemment adressé aux entreprises (mais aussi aux politiques publiques) pour dénoncer l’incohérence entre leurs messages environnementaux et leurs actions destructrices. Cette logique est exacerbée dans l’image publicitaire qu’elles véhiculent sur elles-mêmes ou sur leurs produits toujours plus verts [4]. On trouve également la notion symétrique de socialwashing pour dénoncer les mensonges concernant le respect des droits humains. 

Une notion floue…

Si certains discours relèvent sans équivoque de la fraude (nous pouvons citer par exemple le fameux dieselgate [5] de Volkswagen), d’autres sont plus ambigus. Que penser par exemple des publicités pour des voitures thermiques écologiques ? Le système de transport basé sur le véhicule individuel est, en soi, une aberration responsable à lui seul d’environ 20% [6] des émissions de gaz à effet de serre en France. Réduire la consommation de carburant des véhicules peut, certes, conduire à une réduction relative des émissions, mais tant que la persistance de ce modèle n’est pas remise en question, aucun progrès ne sera fait (et nous ne parlons même pas de l’effet rebond, qui concerne également les véhicules électriques [7]). Que penser également de produits “bio” qui contiennent malgré tout de nombreux additifs ou composés nocifs pour la santé [8]  ? Ou de l’abus de la mention “naturel” sur certains produits [9]  ? 

Nous voyons donc que les lignes qui dessinent ce qui relève ou non du greenwashing sont floues… et surtout dépendent de chacun·e. Malgrés cela, certains acteurs ont tenté d’identifier les pratiques les plus courantes dans le registre de la consommation. Nous pouvons par exemple citer le think tank britannique Futerra (2008) [10] et l’Agence française de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (Ademe) [11]. Ces guides d’autodéfense à l’usage des consommateur·ices ne nous aident cependant pas forcément à y voir plus clair lorsque l’on souhaite passer de l’autre côté de la barrière, en tant que producteur·ices. Pour examiner cela, nous proposons de redéfinir ce qu’est le greenwashing, de manière générale et actualisée.

Durabilité faible / Durabilité forte

Lorsque l’on dépasse l’échelle du produit ou service, nous nous posons la question de comment distinguer les “bonnes” politiques environnementales, qu’elles soient publiques ou privées, des politiques de greenwashing. L’ambiguïté que nous avons relevée dans la définition de greenwashing relève probablement des différentes interprétations de l’écologie qui existent. Si certain·es se satisfont des discours sur la croissance verte et ne seront pas choqué·es par notre exemple de voiture écologique, d’autres dénonceront tout message écologique des entreprises tant que celles-ci restent la source de dégradations environnementales. Un concept phare pour établir ces définitions de l’écologie est de distinguer la durabilité faible de la durabilité forte.

Le développement durable et ses critiques

Critiqué dès ses premières années, le concept de développement durable (DD) exposé dans le rapport Brundtland [12] a très vite révélé des limites. Ne remettant pas en cause la nécessité de croissance malgré les critiques émergentes [13] [14], il place au contraire l’impératif économique sur le même plan que l’impératif environnemental et social. Le discours économique dominant est en effet que l’économie se régule elle-même (la fameuse “main invisible du marché”), et notamment qu’elle est capable de corriger toute seule les dégâts qu’elle engendre. De nombreux concepts et outils économiques, comme par exemple les marchés du “droit à polluer”, ou l’internalisation des “externalités négatives” [15] ont alors émergé en tentant d’inclure, au sein du système économique, des mécanismes permettant d’améliorer cette régulation environnementale. Mais ces mécanismes admettent implicitement une hypothèse : celle que le “capital naturel” peut être remplacé par du “capital humain”. Autrement dit, il n’est rien d’utile à l’Homme dans la biosphère qui ne puisse être remplacé par le fruit de l’ingéniosité humaine. La pollution peut être réparée, les services écosystémiques remplacés par du travail [16], le changement climatique peut être corrigé (ou alors, nous pourrons nous adapter à un nouveau climat). C’est ce qui a été appelé durabilité faible [17], en opposition à une durabilité forte selon laquelle il est nécessaire de préserver le capital naturel plutôt que de chercher à le remplacer. La durabilité forte intègre qu’il existe des limites fondamentales à ne pas dépasser (nous pouvons par exemple nous référer aux limites planétaires [18]), ce qui entre mathématiquement en opposition avec l’idée d’une croissance infinie. Ces derniers temps, le concept d’économie circulaire [19] a remplacé celui de développement durable, mais ne semble pas pour autant remettre fondamentalement en cause la priorité sur une durabilité faible [20].

Les indicateurs d’une durabilité faible

Dès lors que la durabilité forte devient l’objectif écologique, peu de discours actuels semblent réellement convaincants. Ils sont d’ailleurs aussi bien partagés par la sphère privée que la sphère publique, qui n’incite en rien les acteurs économiques à remettre en question la destruction du capital naturel. Une première étape pour permettre aux entreprises d’agir utilement pour la durabilité forte serait de revoir les métriques d’évaluation environnementale, et de redéfinir les indicateurs et objectifs, pour que la préservation de la biosphère puisse être jugée prioritaire à celle de l’économie. Rappelons qu’aujourd’hui, le seul et unique indicateur macroéconomique est le PIB (Produit Intérieur Brut), qui n’est absolument pas représentatif de la qualité de vie et encore moins de la durabilité des sociétés [21]. Ce changement dépend de la capacité des acteurs institutionnels à faire évoluer les politiques environnementales, mais nous nous intéresserons dans un article ultérieur à la manière de faire évoluer ces métriques.

Les impératifs économiques des entreprises

 Un des principaux freins à la recherche d’une durabilité forte est le fonctionnement actuel du système économique. Nous décortiquons dans cette partie les principaux problèmes du modèle économique dominant.

Libéralisme et financiarisation

Le libéralisme économique consiste à éliminer le plus de barrières possibles au commerce, de manière à ce que l’économie mondiale ressemble au mieux à une situation de concurrence parfaite qui serait (selon cette théorie) bénéfique pour tout le monde. Cette doctrine économique, se fondant sur des travaux d’une rigueur douteuse et sur des préceptes démentis [22] a malgré tout guidé toutes les institutions mondiales depuis la fin du XXe siècle, dans une économie qui s’est financiarisée, c’est-à-dire que le secteur financier est devenu prépondérant, notamment au travers du système actionnarial. Les actions des entreprises, au sens premier comme au sens financier, ne leur appartiennent en réalité que très peu. Ce sont en effet aujourd’hui les actionnaires qui ont la mainmise sur les politiques des entreprises, au travers de la pression constante qu’ils imposent afin que celles-ci génèrent toujours plus de profits. Si les entreprises gagnent de plus en plus de pouvoir face aux États, elles en perdent face à leurs actionnaires, devant lesquels elles doivent justifier de résultats croissants, permettant la croissance des profits et donc des dividendes reversés.

Quel actionnaire se satisferait dans ce système de dividendes en indicateurs de biosphère ? On peut voir là une opposition fondamentale entre l’actionnariat propre aux entreprises privées (et ses besoins) et la biosphère : alors que les résultats des entreprises sont évalués chaque trimestre, l’approche de la durabilité forte consiste au contraire à prioriser à long terme. Les marchés boursiers (dont le CAC40 est, par exemple, un indicateur [23]) ont surtout pour objectif de protéger les actionnaires et investisseurs. Peu importe le niveau de problématiques sociales et environnementales que l’on souhaite y injecter [24], le seul indice de fiabilité des données financières publiées par les entreprises reste comptable et économique. N’importe quel directeur·ice financier n’a qu’une peur, c’est de se faire retoquer sur son compte de résultat ou son bilan, mais le prix à payer en dégradations environnementales ne l’empêchera pas de dormir la nuit.

Changer pour que rien ne change

Ces impératifs de croissance se traduisent par un système productiviste, qui a pour vocation de produire toujours davantage (peu importe si cette production est utile ou non du moment qu’elle se vend), et dont les conséquences néfastes sur l’environnement augmentent exponentiellement avec leur activité. Car malgré les beaux discours sur la croissance “verte”, qui expliquent qu’à terme une augmentation de la richesse entraînera une diminution des impacts écologiques [25], aucun découplage n’a encore été observé à ce jour [26] [27]. Autrement dit : les marchés appellent à une croissance, qui est couplée à une production, qui impliquent une pollution. CQFD.

Les entreprises, dans ce contexte mondial enjolivé par des objectifs de durabilité faible (développement durable), semblent donc condamnées à ne pouvoir poursuivre que des politiques environnementales qui relèvent du greenwashing. Être vertueuses en apparence, sans rien changer aux problèmes engendrés (voire, en les aggravant). Quelle crédibilité aurait un groupe, ouvertement néfaste pour l’environnement (le secteur pétrolier par exemple, ou alors l’aviation), s’il affichait comme objectif de cesser purement et simplement son activité (ce qui, au regard des nécessités environnementales, serait le meilleur choix) ? Mais cette contradiction n’empêche pas les entreprises de faire des annonces grandiloquentes concernant leurs actions en faveur de l’environnement.

S’acheter une conscience

Il existe dans la société actuelle de puissantes forces qui incitent les entreprises, du moins en apparence, à prendre en compte les enjeux sociaux et environnementaux. Loin de les voir uniquement comme des contraintes, les entreprises peuvent en faire de réelles stratégies de marketing ou de développement. C’est d’ailleurs précisément l’ambition que traduit la notion de développement durable : trouver de nouvelles opportunités de faire des affaires grâce à l’écologisation de la société.

Les règles

La plupart des principaux pays pollueurs (en premier lieu, les puissances occidentales) sont dotés d’institutions destinées à réguler les externalités négatives des entreprises : normes de qualité, de sécurité, taxes, etc. Comme nous l’avons déjà abordé, ces institutions poursuivent aujourd’hui une durabilité faible, ne remettant pas en cause le besoin de croissance des entreprises. Les normes de plus en plus contraignantes forcent simplement ces dernières à respecter des cahiers des charges de plus en plus drastiques concernant leurs impacts environnementaux, bien que ces contraintes localisées amènent plus souvent un déplacement des problèmes qu’une résolution. Dans un climat libéral, la légitimité des États à légiférer sur la question environnementale est d’ailleurs souvent contestée. 

Les stratégies RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises)

Néanmoins, cette pression grandissante des institutions politiques ainsi que de la société civile amène plus en plus d’acteurs privés à reconnaître leur part de responsabilité dans les enjeux de société. La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est un outil qui permet aux entreprises d’afficher leur attitude volontariste concernant ces questions. Nombreuses sont les entreprises qui, par réelle prise de conscience ou par mimétisme (voire par nécessité compétitive) se dotent d’une telle charte. Mais ces objectifs RSE doivent bien entendu se conformer aux impératifs des marchés abordés ci-dessus. Comme une couche de vernis, ils ne pourront pas remettre profondément en question l’utilité et la pertinence des activités des entreprises au regard des enjeux globaux. Celles-ci se dotent d’indicateurs pour en faire une vitrine, omettant de mettre en perspective ces “progrès” avec le reste des nuisances générées par leurs activités, croissantes. Il ne faut bien entendu pas caricaturer les politiques RSE des entreprises, mais il ne faut pas non plus croire qu’il s’agit d’un dispositif réellement engageant, ni qu’il témoigne d’une transition profonde. Il s’agit d’une adaptation contextuelle aux normes d’acceptabilité d’une époque qui place l’environnement comme l’une des préoccupations de plus en plus centrale [28]. Un exemple d’incohérence flagrante : le groupe Disney se hisse au 3e rang de la réputation RSE pour l’année 2019 [29], et affiche même ouvertement son engagement croissant pour l’environnement [30]. Pendant ce temps, la société acquièrent des îles aux Bahamas afin d’y construire de gigantesques complexes touristiques, une aberration consternante selon tout point de vue (destruction de la biodiversité, émissions de GES, destruction du paysage et des communautés…) [31]. Que penser également du groupe LEGO, positionné 2e dans le même classement, encensé par les médias pour sa décision de produire des briques biosourcées d’ici 2030 [32] alors que le plastique (biosourcé ou non) reste une des principales causes de pollution des milieux naturels ? Nous pourrions allonger la liste, mais la réalité est que l’hypocrisie est systémique. En observant les actions globales des entreprises, et pas simplement celles qu’elles mettent en avant dans les communiqués de presse, les masques tombent. Difficile de ne pas voir la RSE comme un simple discours commercial, promotionnel, visant à acheter une conscience aux responsables de la pollution.

Le mécénat

Un autre moyen de s’acheter une image vertueuse en consacrant l’essentiel de son activité à des activités destructrices, peut-être encore moins subtile, est le mécénat. A ce titre, nous pouvons observer la culture de la philanthropie des GAFAM. Mais cette charité est loin d’être désintéressée. L’attachement de Google pour l’éducation n’aurait-il pas, par exemple, un lien avec son appétit mal dissimulé pour le marché de l’Education Nationale [34] ? Nous pouvons aussi faire référence à la fondation Bill Gates qui consacre une infime partie de ses ressources à des actions humanitaires, faisant fructifier le reste sur des marchés financiers [35]

L’ère de la responsabilité

Toutes deux volontaristes, les démarches de mécénat et de RSE traduisent cependant deux états d’esprit bien différents. L’intégration de plus en plus généralisée de politiques RSE pourrait bien signifier un transfert de responsabilité aux yeux de l’opinion publique. Afin de se montrer honnêtes, les multinationales ne doivent plus simplement montrer leur engagement pour une cause “quelconque”, mais pour les dommages doivent réparer qu’elles engendrent directement, dont elles sont responsables. Dans tous les cas, comme nous l’avons vu, ces politiques sont au mieux une manière de détourner l’attention, et au pire une hypocrisie servant un objectif autre, dissimulé, et beaucoup moins vertueux.

Définir le greenwashing

Dans un contexte d’urgence climatique, le corps scientifique souligne la nécessité d’un changement radical de nos modes de vie [36]. Accepter de revendiquer une durabilité faible revient également à accepter de sacrifier la biosphère pour la prospérité humaine, sans garantie que nous parvenions in fine à survivre à sa destruction. 

Afin d’être en cohérence avec les enjeux actuels, nous proposons une définition radicale du greenwashing, dans le sens où elle souhaite s’attaquer à la racine des problèmes environnementaux : notre mode de production. Voici la définition que nous proposons :

éComportement promotionnel qui vise à user d’arguments écologiques (vérifiés ou non) sans chercher à s’intégrer dans une logique de durabilité forte. Cela implique notamment les discours qui ne remettent pas radicalement en cause notre mode de vie, de production, de consommation ».

Cette définition permet de recouper de manière satisfaisante les définitions précédemment établies, car elle englobe tout argument commercial écologique destiné à encourager la consommation de masse irréfléchie. Elle permet également de s’attaquer aux entreprises qui se couvrent de vert par des actions (réelles) de façade, sans vraie remise en question de leurs activités. 

Comme nous le détaillerons dans la suite de l’article, elle n’a pas vocation à être un jugement péjoratif implacable. Notre définition correspond plus à un signal de danger, constant, qu’à une ligne rouge absolue.

Ingénieur·e en greenwashing

Si les discours pro-écologie des entreprises visent avant tout à convaincre les consommateur·ices de continuer à acheter leurs produits et services (ou même d’en faire un argument de démarcation) on peut considérer qu’ils s’adressent également à la nouvelle génération de travailleur·ses, de moins en moins enclin·es à accepter de participer à la destruction des écosystèmes. Nous pouvons donc également parler de greenwashing lorsque les entreprises se montrent comme vertueuses dans leurs offres d’emploi, ou dans les salons de recrutement. Parés de notre définition, nous pouvons alors détailler qu’est ce qui relève de du greenwashing au sein des entreprises, et en quoi les actions des ingénieur·es participent à cette stratégie.

L’entreprise faussement éthique

Si l’on recherche avant tout à rejoindre une entreprise pour son éthique environnementale et sociale, il ne suffit pas de s’en tenir à son discours officiel. Il est nécessaire de s’informer en profondeur sur les actions réelles de cette entreprise. Une petite astuce : taper “Nom de l’entreprise” + “Scandale” dans un moteur de recherche peut s’avérer fort instructif. Certaines associations s’attachent à dévoiler les mensonges et hypocrisies des entreprises, comme par exemple en décernant un “prix pinocchio” [37]. L’association Public Eye montre par exemple comment l’entreprise Zara se pare d’un côté d’une image écologique et vertueuse, mais dont les actions sont de l’autre côté, désastreuse d’un point de vue social et environnemental dans les pays du Sud. Cet exemple est très illustratif du double visage de certaines entreprises [38].

Il est également possible d’avoir une réflexion critique sur les entreprises indépendamment des discours officiels (positifs ou négatifs). L’on peut par exemple se demander en quoi une entreprise qui se revendique particulièrement éthique diffère des autres entreprises du secteur dans lequel elle intervient. Cet aspect éthique relève-t-il réellement du cœur d’activité de l’entreprise ? Ce cœur d’activité lui-même n’est-il pas la source d’un problème environnemental majeur ? De manière générale, développer sa culture sur les enjeux sociaux et environnementaux permet souvent d’affiner son esprit critique et de déceler les hypocrisies derrière les messages des entreprises. Attention néanmoins à vérifier les sources dans les deux sens et ne pas céder à ses biais de confirmations [39].

Le produit / service faussement vertueux

Certain·es préfèrent s’intéresser plus à la mission qui leur est confiée qu’à l’éthique de l’entreprise. En effet, il est tout à fait envisageable d’avoir une activité “bonne” au sein d’une structure “mauvaise”. Il existe par exemple, chez Total, des activités liées aux énergies renouvelables ou à l’efficacité énergétique. De nombreuses entreprises font des études en écoconception, ou des analyses de cycle de vie de leurs produits. Nous avions exposé dans un autre article consacré aux ‘Low-Tech’ la difficulté d’intégrer les problématiques environnementales dans l’entreprise capitaliste [40]. Si les incohérences sont déjà visibles dans le mouvement Low-Tech, elles sont exacerbées par l’entreprise et les produits “classiques” a fortiori dans celles qui tiennent un double-discours. Si les missions techniques peuvent sembler intéressantes, il ne faudra souvent pas creuser beaucoup pour comprendre l’absurdité de ce rôle, et du fait qu’il participe au greenwashing de l’entreprise (voir point ci-dessous). Se satisfaire de ces métiers de surface pour leurs valeurs intrinsèque est donc un risque de perte profonde de sens en lien avec de nouvelles prises de conscience.

Participer au greenwashing

Certains postes offrent à l’ingénieur·e un rôle particulier de réflexion à la stratégie environnementale des entreprises, où à la mise en œuvre de ces stratégies. Cela peut par exemple passer par des emplois en lien avec les normes ISO9001 (efficacité énergétique), ISO14001 (management environnemental), ISO26000 (RSE). Si la mise en application de ces normes peut réellement apporter des améliorations concrètes et immédiates, il est cependant nécessaire de relativiser leur impact. Comme nous l’avons exprimé dans le paragraphe sur les stratégies RSE, en aucun cas celles-ci ne se placeront en opposition avec l’intérêt premier de l’entreprise, le chiffre d’affaires. Dans certaines circonstances, il pourra même s’agir d’outils permettant à l’entreprise de renforcer son argumentation quant à ses efforts écologiques, et donc participer, directement ou indirectement, volontairement ou non, au greenwashing de l’entreprise. Ces postes, qui permettent aux entreprises de se doter de leur “caution” environnementale, peuvent être beaucoup moins intéressants qu’ils n’y paraissent. On deviendra vite la personne sur qui retombe tout ce qui se rapporte de près ou de loin à l’écologie, mais sans vrai pouvoir de changement. Si il est aujourd’hui indispensable pour les entreprises d’avoir un·e responsable DD/RSE, il n’est absolument pas garanti qu’il·elle ait un champ d’action réel : sa mission peut très bien se limiter à éviter les gobelets jetables et mettre des autocollants pour éteindre les lumières.

Vendre la planète

La pire position dans laquelle puisse se retrouver une personne qui souhaite sincèrement améliorer la situation est celle de la malhonnêteté explicite. Fabriquer des arguments commerciaux injustifiés, falsifier des résultats, mentir lors de présentations, ou encore faire des concessions dramatiques au nom du profit… Si ces actions malhonnêtes (du moins intellectuellement), voire frauduleuses ne sont probablement pas (et nous l’espérons) la norme au sein des entreprises, elles existent et sont régulièrement documentées. L’ingénieur·e y joue souvent un rôle clé. Dans cette situation, la seule arme qui reste parfois pour garder l’estime de soi est de devenir lanceur·se d’alerte, mais cette position peut placer dans une grande souffrance. Si nous relativisons, dans le paragraphe suivant, l’attitude que l’on peut avoir face au greenwashing, il est nécessaire d’être lucide sur ces questions, et de quitter le navire avant de devenir fou·folle (ou alors simplement ne pas embarquer si l’on a des doutes).

Accepter ou refuser le greenwashing ?

Il sera difficile à l’ingénieur·e engagée·e qui souhaite intégrer le système pour le faire changer de l’intérieur, de ne pas accepter dans une certaine mesure les discours de greenwashing des entreprises. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faut fermer la porte à tous les emplois qui ne sont, soit pas dédiés à la transition écologique, soit des offres greenwashées.

Faire des concessions…

En effet, nous l’avons vu, l’entreprise est aujourd’hui ancrée dans une logique de durabilité faible. Intégrer l’entreprise signifie intégrer, qu’on le veuille ou non, cette logique. Nous n’affirmons pas qu’il n’existe pas, à la marge, des postes réellement vertueux en entreprise, ou qu’un poste qui n’est pas entièrement dédié à l’écologie soit par essence néfaste. Nous n’affirmons pas non plus que la définition que nous proposons pour nommer le greenwashing doit être érigée comme valeur morale absolue. En tant que mensonge, le greenwashing peut être jugé non en tant qu’acte répréhensible en soi, mais plutôt remis en perspective avec les conséquences qu’il entraîne (pour l’entreprise et pour le·la salarié·e). C’est d’ailleurs souvent cette logique conséquentialiste (qui analyse les conséquences) qui guide les pas de celles et ceux qui acceptent, malgré cette lucidité, de se frotter au monde de l’entreprise.

Car si le greenwashing a une connotation clairement négative dans nos imaginaires, cela ne signifie pas qu’il soit impossible de composer avec dans son activité professionnelle. La réelle raison qui doit nous pousser à accepter ou non un emploi est l’objectif que l’on se donne au travers de cette mission. En tant qu’ingénieur·es engagé·es, l’omniprésence du greenwashing nous décevra souvent quant à la réalisation de nos valeurs au travers des missions en elles-mêmes. Mais il peut exister de nombreuses autres raisons, en accord avec nos valeurs, d’accepter une mission (même en la sachant décevante). Un poste technique peut par exemple nous permettre de monter en compétence sur des thématiques cruciales (énergies renouvelables, calculs d’impacts environnementaux, …), grâce à l’expertise que les grosses structures acquièrent, malgré elles, sur ces questions.

De plus, ces postes peuvent permettre de contribuer aux efforts des entreprises, et donc fournir un résultat sensible qui n’est pas toujours dénué de sens. D’autre part, les postes à responsabilité peuvent permettre d’espérer impulser des changements stratégiques au sein de l’entreprise. Par ailleurs, il est tout à fait envisageable qu’un poste qui ne soit pas explicitement dédié à l’écologie nous permette de faire vivre nos valeurs au sein de l’entreprise (et peut d’ailleurs même être un levier de légitimité). Nous reviendrons dans un deuxième article sur les actions et postures possibles pour l’ingénieur·e dans l’entreprise, mais également du “système” en général.

…mais être [et rester] lucide

Même si l’on part avec la conviction qu’il est possible de trouver dans le monde classique de l’entreprise une place qui nous permettra d’exprimer nos valeurs, mieux vaut partir armé·e de lucidité dans cette aventure. La première chose est donc de se résoudre au fait suivant : une écrasante majorité des postes en entreprise qui semblent répondre aux enjeux sociétaux seront empreints, plus ou moins consciemment, plus ou moins en profondeur, d’une dimension de greenwashing. Il faut être lucide car découvrir, une fois inséré·e dans ce milieu, que nos actions n’ont pas l’effet escompté (voire contribuent à détériorer la situation), peut provoquer les pires chocs et pertes de sens. Mieux vaut s’en rendre compte avant, et accepter ou non les postes, en connaissance de cause. 

Nous avons dépeint toutes les actions du monde capitaliste en faveur de l’environnement comme intrinsèquement mensongère (par la logique ‘croissanciste’ qui régit précisément ce monde capitaliste), mais ce point de vue peut être nuancé. Il appartient à chacun de se faire sa propre conception de ce qu’est le greenwashing. Un des défis sera, pour ces ingénieur·es “infiltré·es”, de conserver leur esprit critique au sein de ces structures, et une certaine lucidité sur l’impact réel de leurs actions.

Conclusion

Dès lors que l’on accepte de considérer une définition sérieuse du greenwashing, l’intérêt réel des postes d’ingénieur·es au sein du monde de l’entreprise peut sembler voler en éclat. C’est d’ailleurs un des facteurs à l’origine de la perte de sens des jeunes ingénieur·es. Quoi que fassent les entreprises, quelles que soient les missions “vertes” (ou non) offertes aux ingénieur·es, elles ne peuvent simplement pas, dans la logique actuelle, dépasser la durabilité faible, cosmétique. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il faille les fuir et rejeter unilatéralement ce greenwashing, qui a d’ailleurs des niveaux d’intensité divers. Ce qu’il faut avant tout c’est être lucide, et voir le mensonge là où il est, pour pouvoir décider de si l’on est prêt·e à l’accepter ou non. Si l’on sait à l’avance ce qui nous attend, on peut s’y préparer, plus que si la vérité nous tombe dessus comme une douche froide après plusieurs années d’illusions. 

La question qui se posera ensuite est la suivante : de quelle marge de manœuvre dispose-t-on alors en tant qu’ingénieur·es au sein de ce système pour faire évoluer les entreprises vers une logique de durabilité forte ? Le deuxième article de cette série exposera ainsi les opportunités de l’ingénieur·e au sein de l’entreprise (et du système en général), qu’il ou elle participe ou non au greenwashing de celle-ci.

Cette œuvre (texte et illustration) est mise à disposition selon les termes de laLicence Creative Commons Attribution 4.0 International.

Notes et références :

[1] Citation attribué à Francis Blanche, humoriste et acteur du XXe siècle
[2] Voir l’article Wikipédia à ce sujet https://fr.wikipedia.org/wiki/Greenwashing
[3] (en) Greenwashing, Merriam-Webster https://www.merriam-webster.com/dictionary/greenwashing
[4] Pub.be, 18/02/2019, Les nouvelles formes de Greenwashing, rencontre avec Kathrin Hartmann, disponible sur https://pub.be/fr/les-nouvelles-formes-de-greenwashing-rencontre-avec-kathrin-hartmann/
[5] Scandale lié à la falsification des tests d’émissions de pollution des voitures Volkswagen, révélé en 2015. Plus d’informations sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Volkswagen
[6] Selon les chiffres de l’Ademe disponibles sur https://www.ademe.fr/expertises/mobilite-transports/chiffres-cles-observations/chiffres-cles, les voitures particulières (diesel + essence) représentent 56% des émissions liées au transport routier, représentant lui-même 39% des émissions totales de GES
[7] Damien Detcherry, sur Atterrissage.org, 06/03/2018, Quelles Technologies pour une société durable , https://atterrissage.org/technologies-societe-durable-65514b474700
[8] Voir à ce sujet le dossier spécial du magazine Que Choisir https://atterrissage.org/technologies-societe-durable-65514b474700
[9] Le sophisme de l’appel à la nature, consistant à dire que “tout ce qui est naturel est bon”, est très présent dans les mouvements écologique. Pour un peu d’hygiène mentale, voici une page de blog constructive : https://menace-theoriste.fr/appel-nature/
[10] (en) Futerra, The Greenwashing Guide, disponible sur https://fr.slideshare.net/patsario/futerra-greenwash-guide
[11] Ademe, 2012 Guide des allégations environnementales (mis à jour en 2019), disponible sur https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/dgccrf/documentation/publications/brochures/2012/Guide_allegat_environ_fr_2012.pdf
[12] Rapport de la commission mondiale sur le développement et l’environnement de l’ONU, Notre Avenir à Tous (Our Common Future), 1989, disponible en pdf sur : https://www.pfi-culture.org/wp-content/uploads/sites/1052/2016/04/1987rapportbrundtland.pdf
[13] (en) Georgescu-Roegen, 1971, The Entropy Law and the Economic Process.
[14] (en) Meadows et al. 1972, The Limits to Growth
[15] Les externalités négatives correspondent aux dégâts engendrés par les entreprises sans que ceux-ci ne soient pris en compte dans le coût de production. Il est en principe gratuit de polluer un lac, ou de faire travailler des enfants plutôt que des adultes.
[16] Avec une pensée pour l’exemple emblématique et symptomatique des ouvriers chinois pollinisant à la main leurs arbres, illustré dans l’article du journal Le Monde du 23/04/2014, Dans le Sichuan, des “hommes-abeilles” pollinisent à la main les vergers (disponible sur https://www.lemonde.fr/planete/article/2014/04/23/dans-les-vergers-du-sichuan-les-hommes-font-le-travail-des-abeilles_4405686_3244.html)
[17] (en) Neumayer (2010) Weak versus Strong Sustainability:Exploring the Limits of Two Opposing Paradigms
[18] (en) Steffen et al. (2015) Planetary Boundaries : Guiding Human Development on a Changing Planet, DOI : 10.1126/science.1259855
[19] Concept promu notamment par la Fondation Ellen Mac Arthur : https://www.ellenmacarthurfoundation.org/fr/economie-circulaire/concept
[20] Promouvoir un fonctionnement circulaire de l’économie peut sembler marquer un changement significatif d’objectif, vers un objectif de durabilité plus forte. Cependant, il intègre aussi bien la logique néolibérale décrite dans le paragraphe suivant. voir (en) D’Amato et al (2017). Green, circular, bio economy : A comparative analysis of sustainability avenues. DOI : 10.1016/j.jclepro.2017.09.053
[21] C’est d’ailleurs plutôt l’inverse. Voir la vidéo DataGueule (2016), pour une bonne synthèse : Le PIB, cette fausse boussole, disponible sur https://www.youtube.com/watch?v=4-V4SFp5S-k
[22] (en) Keen (2011), Debunking macroeconomics. Voir aussi (en) Blackford (2017) Economists Should Stop Defending Milton Friedman’s Pseudo-science, disponible sur https://evonomics.com/economists-stop-defending-milton-friedmans-pseudo-science/
[23] Plus d’information sur cet indice : https://fr.wikipedia.org/wiki/CAC_40
[24] On peut notamment penser à la logique du “triple bottom line”, proposant d’évaluer les entreprises en dressant un trible bilan : social (Poeple), envrionnemental (Planet) et bien sur, économique (Profit). Voir (en) Elkington, 1998, Cannibals with Forks : the Triple Bottom Line of 21st Century Business
[25] (en) Stern (2004), The Rise and Fall of the Environmental Kuznets Curve. DOI : 10.1016/j.worlddev.2004.03.004
[26] Jancovici (2015), Dormez tranquilles jusqu’en 2100
[27] European Environmental Bureau (2019), Decoupling Debunked, disponible sur : https://eeb.org/library/decoupling-debunked/
[28] Gaëtan Ekszterowicz, sur Medium (28/02/2018), RSE – Entre bullshit com’ et vrais engagements, disponible sur https://medium.com/@geksz/rse-entre-bullshit-com-et-vrais-engagements-819100994941
[29] Clément Fournier, sur Youmatter, Les entreprises avec la meilleure réputation RSE en 2019 : le top 10, disponible sur https://youmatter.world/fr/reputation-rse-classement-entreprises-2019/. Notons que cet article souligne lui-même le manque de pertinence de l’indicateur en question : la “réputation RSE”. On retrouve là le symbole d’une RSE qui a pour simple objectif la communication, au dépends ne serait-ce que d’une analyse comparative chiffrée.
[30] Androland.com, 26/07/2018, Disney renforce son engagement pour la protection de l’environnement, disponible sur https://www.androland.com/disney-renforce-son-engagement-pour-la-protection-de-l-environnement-956.html
[31] La voix du nord, 27/12/2019, Bahamas : Disney se paie une deuxième île et tant pis si ça dérange Nemo, disponible sur https://www.lavoixdunord.fr/686452/article/2019-12-27/bahamas-disney-se-paie-une-deuxieme-ile-et-tant-pis-si-ca-derange-nemo
[32] Le Parisien, 11 mars 2020, Environnement : Lego se met au vert, disponible sur http://www.leparisien.fr/environnement/environnement-lego-se-met-au-vert-11-03-2020-8277192.php
[33] Amandine Legrand, sur Admical.org, La philantropie des GAFA, entre engagement individuel des fondateurs et mécenat d’entreprise, disponible sur http://admical.org/expertise/la-philanthropie-des-gafa-entre-engagement-individuel-des-fondateurs-et-mecenat
[34] François Jarraud, sur cafepedagogique.net, 16/05/2017, Numérique : Le ministère ouvre l’Ecole à Google ? , disponible sur //http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/05/16052017Article636305160274839331.aspx
[35] Sur le paradoxe du philanthrocaptialisme, voir la vidéo de DataGueule, 2020, Philanthropie : Le capital se fout de la charité, disponible sur https://www.youtube.com/watch?v=GT0XkfEB5T8. La partie sur la fondation Bill Gates démarre à 2’25.
[36] GIEC, 2019, Rapport spécial sur le réchauffement à 1.5°C, disponible (en) sur https://www.ipcc.ch/sr15/
[37] Site internet Prix Pinocchio : https://www.prix-pinocchio.org/
[38] Public Eye, 2019, Le véritable prix d’un pull Zara, disponible sur https://www.publiceye.ch/fr/thematiques/vetements/veritable-prix-pull-de-zara. Voir également pour l’aspect environnemental l’article du Courrier Internationel (13/10/2016) Enquête. H&M, Zara, Topshop : la “fast fashion”, un fléau écologique, disponible sur https://www.courrierinternational.com/article/enquete-hm-zara-topshop-la-fast-fashion-un-fleau-ecologique
[39] Le biais de confirmation consiste à croire une information simplement parce qu’elle va dans le sens de nos convictions.
[40] Ingénieurs Engagés, 2019, Low-Tech : Le paradoxe de l’entrepreneuriat, disponible sur https://ingenieurs-engages.org/2019/12/low-tech-le-paradoxe-de-lentrepreneuriat/

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  • Crises environnementales : 1.400 scientifiques appellent les candidats à la présidentielle et les médias à sortir ’des discours de l’inaction’ - Article rédigé par franceinfo - France Télévisions - Publié le 01/02/2022 06:00 - Photo - Un pompier lutte contre les flammes d’un feu de forêt, le 17 août 2021 à Gonfaron (Var). (NICOLAS TUCAT / AFP)
    Ils sont chercheurs, certains appartiennent au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ou au Haut Conseil pour le climat, et ils regrettent l’absence de débats sur la crise climatique et environnementale dans la campagne présidentielle. Ils interpellent les candidats et les médias pour qu’ils s’emparent de ces sujets décisifs pour notre avenir.

Cette tribune aurait pu se résumer en deux mots : ’Look up !’ (Regardez !), comme le réclame Leonardo DiCaprio dans le film Don’t Look Up, allégorie du déni face au changement climatique, qui met en scène une société plus préoccupée par son nombril que par la menace qui se profile. A quelques semaines de l’élection présidentielle, 1.400 scientifiques, climatologues, géographes, sociologues, philosophes, historiens, océanographes, astrophysiciens, mathématiciens et économistes, venus de toute la France, s’inquiètent, dans cette tribune publiée mardi 1er février sur franceinfo, de ’l’absence de débat démocratique (...) sur les graves bouleversements en cours et à venir’.

Si l’importance des questions climatiques et environnementales est aujourd’hui unanimement reconnue, le sujet est très peu abordé dans les grands-messes politiques, comme l’ont illustré les débats du congrès Les Républicains ou l’interview d’Emmanuel Macron sur TF1 fin décembre. Mi-janvier 2022, une tribune de journalistes spécialistes de l’environnement et un collectif d’experts de l’énergie et du climat en faisaient déjà l’amer constat. Or, le prochain président ou la prochaine présidente de la République devra prendre des décisions importantes face à ces bouleversements. ’Les électeurs et électrices ont besoin de connaître les propositions des candidats et des candidates à l’élection présidentielle, et leurs conditions de mise en œuvre’, estiment les signataires de cette tribune. Ils s’expriment ici librement.

Scientifiques issus de différentes disciplines, nous observons, analysons et anticipons les changements environnementaux en fonction des choix socio-économiques, tentons de déterminer leurs conséquences et d’évaluer la pertinence des actions envisagées.

’Quels que soient nos opinions politiques et nos engagements personnels, nous constatons avec inquiétude l’absence de débat démocratique dans la campagne présidentielle sur les graves bouleversements en cours et à venir, qu’ils concernent le climat, l’océan, la biodiversité ou les pollutions.’

La technicité et la complexité des sujets, l’affirmation de leur caractère anxiogène, la conviction qu’ils dépassent les clivages politiques et n’ont qu’un faible intérêt pour le grand public – la promesse donc d’un audimat en berne –, sont souvent avancées pour justifier ce silence. Pourtant, selon la dernière enquête de l’Ademe (Agence de la transition écologique), l’environnement est une préoccupation majeure des Français, qui perçoivent de plus en plus les effets d’un climat qui change (+1,7 °C depuis 1900 en France). D’après l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc), deux tiers d’entre eux sont déjà directement exposés aux risques climatiques.

Le monde agricole prend conscience de sa grande vulnérabilité à l’intensification du cycle de l’eau et des extrêmes chauds. De grandes entreprises développent des politiques climatiques. Plusieurs collectivités se sont dotées de Giec locaux ou de conseils de citoyens, soulignant la forte capacité de mobilisation de nos compatriotes. Tous ont compris que les modèles de production et de consommation hérités du passé seront remis en cause, alors même que la crise sanitaire a révélé les fragilités multiples du pays.

Il est sans doute plus commode de réduire le débat sur les nécessaires transformations structurelles à un affrontement entre partisans du nucléaire et défenseurs des énergies renouvelables ; il est sans doute aussi plus confortable de confondre décarbonation de l’ensemble du secteur de l’énergie et production électrique bas-carbone, alertes sur l’état de l’environnement et militantisme radical, lucidité et catastrophisme. 

’Ces simplifications finissent par créer une prison intellectuelle, qui empêche de mettre sur la table les choix qui s’offrent encore à nous, et d’en débattre de manière démocratique, c’est-à-dire publique, éclairée et contradictoire.’

Les défis qui nous attendent incluent la diminution des émissions de gaz à effet de serre et la préservation du vivant. Mais ils portent aussi sur la nature et le rythme de l’adaptation, la juste répartition des risques et des efforts, la solidarité entre générations ou entre territoires. De fait, ils concernent l’emploi, le transport et la mobilité, l’alimentation, le partage et l’accès aux ressources – notamment à l’eau potable –, le foncier, la santé, la fiscalité, l’éducation, la formation professionnelle, la recherche et l’innovation, la préservation du patrimoine historique et culturel, l’habitat, la réduction des inégalités et des fractures territoriales, le tournant numérique, la prévention et l’indemnisation des catastrophes, la sécurité intérieure, la souveraineté et la défense nationale, la politique européenne et internationale.

’Si beaucoup d’objectifs de court et long termes sont connus et fixés par nos engagements nationaux et internationaux, différentes trajectoires sont possibles et doivent être discutées. Et si l’on choisit l’inaction, il est nécessaire d’en exposer et d’en assumer les conséquences.’

Encore faut-il que les citoyens puissent décider en leur âme et conscience. Pour cela, les candidats et candidates à l’élection présidentielle doivent pouvoir s’exprimer, et donc être interrogés, sur des questions de fond.

Elles sont nombreuses. Ainsi, comment fait-on pour :
- tripler le rythme des baisses des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2024, sans augmenter les inégalités sociales et territoriales ? Orienter les investissements de la France vers la neutralité carbone ? Agir sur les autres gaz à effet de serre, notamment le méthane ? Développer les puits de carbone, alors que nos forêts souffrent déjà du climat qui change ?
- réduire notre dépendance aux énergies fossiles, sans augmenter la précarité énergétique, en accompagnant la reconversion de certains emplois et en formant une main-d’œuvre qualifiée pour satisfaire les nouveaux besoins ?
- intégrer les enjeux environnementaux dans les accords commerciaux internationaux, pour diminuer notre empreinte carbone, la déforestation importée, la consommation d’eau ou de plastiques ?
- transformer les filières agricoles, industrielles, touristiques, pour répondre aux impacts du changement climatique, au renchérissement des matières premières, à l’adoption de nouvelles normes internationales, aux attentes des consommateurs ?
- adapter les villes pour réduire leur vulnérabilité aux extrêmes chauds, secs et humides, selon une logique bas-carbone, tout en luttant contre l’habitat insalubre et le mal-logement, sans augmenter l’artificialisation des sols ?
- se préparer à des événements climatiques extrêmes plus fréquents et plus intenses, renforcer les systèmes de gestion de crise et d’assurance et engager des moyens à la hauteur des enjeux d’adaptation et de résilience ? Anticiper les déplacements de populations, d’infrastructures et d’activités, notamment sur les littoraux, et considérer dès à présent le devenir des territoires les plus exposés ?
- peser sur la diplomatie mondiale du climat et de la protection de l’environnement, afin que les Etats respectent leurs engagements et que l’accord de Paris joue véritablement son rôle ?
- œuvrer pour que l’éradication de la pauvreté dans le monde soit combinée avec l’adoption de modèles de développement durable et l’émancipation des femmes ?

Le constat scientifique vis-à-vis de la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique, l’érosion de la biodiversité et les pollutions est clair.

’Il n’existe pas de remède miracle, de panacée totalement indolore. L’innovation technologique ou les injonctions individuelles à la sobriété ne suffiront pas à elles seules.’

Mais si les évolutions que nous vivons ont une vitesse et une ampleur inédites à l’échelle de l’histoire humaine, nous pouvons encore atténuer les crises et nous préparer à surmonter leurs effets préjudiciables. Des éléments factuels existent sur le potentiel, les coûts, les bénéfices et les limites des multiples leviers d’action à notre disposition. L’année 2022 sera d’ailleurs marquée par la publication, le 28 février et le 4 avril, des rapports des groupes II et III du Giec sur l’adaptation et sur l’atténuation.

C’est pourquoi, alors que se multiplient les discours de l’inaction, il est plus que jamais essentiel de pouvoir délibérer sereinement sur les alternatives, les opportunités et les contraintes des différentes options envisagées, en cessant de déconnecter les choix techniques et les dimensions économiques, sociales, territoriales. Pour cette raison, les électeurs et électrices ont besoin de connaître les propositions des candidats et des candidates à l’élection présidentielle, et leurs conditions de mise en œuvre.

Les premiers signataires :

Luc Abbadie, écologue, iESS-Sorbonne Université
Christophe Cassou, climatologue, CERFACS-CNRS
Sophie Dubuisson Quellier, sociologue, CNRS-Sciences Po
Marc Fleurbaey, économiste, CNRS-PSE-École normale supérieure
Céline Guivarch, économiste, CIRED-Ecole des Ponts
Valérie Masson-Delmotte, climatologue, LSCE-CEA
Magali Reghezza, géographe, LGP Meudon, École normale supérieure
Sabrina Speich, océanographe physique et sciences du climat, LMD-IPSL etc…

Retrouvez la totalité des 1 401 signataires dans un tableau à la source : https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/tribune-crises-environnementales-1-400-scientifiques-appellent-les-candidats-a-la-presidentielle-et-les-medias-a-sortir-des-discours-de-l-inaction_4930099.html

On passe nos journées à chercher des bouteilles d’oxygène’ : l’Inde ’submergée’ par la deuxième vague de Covid-19

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Appel de Greenpeace : « Dites stop à la propagande des industries fossiles » 03/02/2022 - J’agis maintenant

Saviez-vous que les énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon), et plus globalement l’industrie des biens et services fossiles (constructeurs automobiles, compagnies aériennes et maritimes), sont responsables de 89% des émissions mondiales de CO2 ? Pourtant, grâce à leurs stratégies de communication (publicités, mécénat culturel, sponsoring sportif, partenariats), elles réussissent à détourner votre attention de l’impact climatique désastreux de leurs activités !

En 1991, l’industrie du tabac s’est vu interdire toute publicité, mécénat culturel et sponsoring sportif pour des raisons de santé publique. Or l’OMS a estimé que la pollution de l’air a provoqué 8,7 millions de morts prématurées dans le monde, sans compter que la crise climatique fait également de nombreuses victimes. C’est bien plus de victimes que le tabac. Alors pourquoi une Loi Evin Climat ne pourrait-elle pas exister également pour les entreprises de biens et services fossiles ?

Aujourd’hui, vous avez le pouvoir de changer les choses au niveau européen car nous avons lancé une initiative citoyenne européenne : si nous atteignons 1 million de signatures dans l’Union européenne, ce projet de loi sera examiné par la Commission européenne !

155.185 personnes ont déjà rejoint la mobilisation et ont signé cette initiative citoyenne européenne. Et si vous étiez la suivante ?

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Soutenir - Pour soutenir une initiative citoyenne européenne, vous devez :

1. être citoyen(ne) de l’Union européenne (ressortissant(e) d’un pays de l’UE) ;

2. Être en âge de voter aux élections du Parlement européen ou, pour certaines nationalités, avoir 16 ans.

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Interdire la publicité et les parrainages en faveur des combustibles fossiles

Nous invitons la Commission européenne à proposer un acte législatif de l’UE :

  • interdisant la publicité pour les combustibles fossiles, ainsi que pour les transports aériens, routiers et par voie d’eau (autres que les services de transport d’intérêt économique général) alimentés par des combustibles fossiles ;
  • interdisant à toute entreprise active sur le marché des combustibles fossiles, notamment dans l’extraction, le raffinage, la fourniture, la distribution ou la vente de combustibles fossiles, de faire de la publicité ;
  • interdisant le parrainage par des entreprises définies au point 2 ci-dessus ou l’utilisation des marques ou dénominations commerciales utilisées pour les combustibles fossiles.
    Cet acte législatif relève de la compétence de l’UE, car il consiste à réglementer le marché intérieur pour renforcer la protection des consommateurs, de la santé publique et de l’environnement.

En effet, cette législation permettrait de sensibiliser le public aux produits et technologies responsables du changement climatique et d’autres dommages environnementaux et sanitaires. À ce titre, elle poursuivrait des objectifs qui sont envisagés par les politiques de l’UE en matière d’environnement et de protection des consommateurs, par l’harmonisation des règles relatives à la publicité et au parrainage des combustibles fossiles. Ce domaine relève de compétences partagées, notamment (voir article 4 du TFUE) du marché intérieur, de l’environnement et de la protection des consommateurs.

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Collecte des documents et agencement, [compléments] et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 04/02/2022

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

http://www.isias.lautre.net/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

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