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"Les notions du Bien et du Mal à travers les religions et les courants philosophiques, des temps les plus reculés à nos jours dans l’Histoire de l’Humanité" par Jacques Hallard

mardi 9 novembre 2021, par Hallard Jacques


ISIAS Sociologie Philosophie Education Religions

Les notions du Bien et du Mal à travers les religions et les courants philosophiques, des temps les plus reculés à nos jours dans l’Histoire de l’Humanité

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 07/11/2021

Plan du document : {{}}Introduction Sommaire {{}}Auteur {{}}


Introduction

Le questionnement des êtres humains autour de la notion du Bien et du Mal s’est manifesté depuis des temps très reculés et dans des populations les plus diverses et jusqu’à nos jours : des religions se sont particulièrement souvent emparées du concept pour bâtir leurs principes et des réflexions philosophiques ont été souvent à l’ouvrage pour discuter sur cette dualité.

Le présent dossier réunit, dans un but didactique, un certain nombre de documents choisis qui couvrent différents groupes sociologiques à travers le temps en un patchwork – un assemblage d’éléments hétéroclites -, qui illustre le caractère universel du sujet et sa pérennité au cours de l’Histoire humaine.

D’abord une analyse selon la culture nord-américaine émanant d’une université canadienne anglophone (1), et une enquête réalisée auprès de jeunes français d’Île de France (2).

Puis une introduction concernant le philosophe néerlandais Baruch Spinoza (1632-1677) qui traita les notions de bien et de mal dans son livre « l’Ethique- d’une part (3 et 4), et une introduction sur le philosophe et philologue allemand Friedrich Nietzsche (1844-1900) avec une analyse de son œuvre « Par-delà le Bien et le Mal » d’autre part (5 et 6).

Suivent des considérations dans diverses religions à propos de : « Dieu, le Bien et le Mal » (7), ouvrant la suite aux différentes approches dans diverses religions sélectionnées avec :

 Une introduction à la religion du Zoroastrisme (8) et l’exposé sur le libre choix entre le Bien et le Mal dans le zoroastrisme, présenté à travers une étude de la Franc-Maçonnerie provenant de la ‘Schweizerische Grossloge Alpina’ (SGLA), la Grande Loge suisse ‘Alpina’ (9).

 Des approches typiquement chrétiennes avec un résumé sur le bien et le mal dans la Bible, émanant de l’église protestante unie en France (10), un travail sur le bien et le mal chez les chrétiens d’après la Bible (11), et une introduction au mouvement des Témoins de Jéhovah (12) qui se réclament du christianisme et dont certains de ses fidèles se demandent si les normes de la Bible concernant le bien et le mal ne seraient pas actuellement dépassées (13).

Ensuite, une large place est faite au monde musulman : une découverte rapide de l’islam (14), une introduction plus générale à la religion abrahamique de l’islam (15), et une étude universitaire traitant du Bien et du Mal dans l’Islam : « Comment articuler volonté divine et responsabilité humaine ». Puis un addenda a été glissé là pour définir les notions de harām (arabe : حَرَام ), = illégal, illicite, interdit, inviolable et de ḥalāl (arabe : حلال) = permis, autorisé, licite (16.1 et 16.2), un enregistrement de France Culture qui traite de la dualité du licite et de l’illicite (assimilable au Bien et au Mal dans d’autres cultures ?) (16.3). A la suite, une vidéo de Rachid Eljay portant sur « les trésors du Coran avec les notions de Halal et Haram » (16.4), suivie d‘informations sur la personnalité de son auteur - l’imam prédicateur Rachid Eljay, alias Rachid Abou Houdeyfa - (16.5) et un article médiatique qui rapporte comment Rachid El Jay fut visé par une tentative d’assassinat en 2019. (16.6).

Place est faite ensuite à la culture chinoise avec : une introduction aux religions en Chine (17), quelques réponses de correspondants Chinois contemporains à la question suivante : Comment définissez-vous le bien et le mal ? -怎么定义好与坏 ? - 知乎 (18) ; puis, à propos du Bien et du Mal, une étude sur « La Lumière dans les ténèbres : le taoïsme originel dans la Chine antique » (19)

Le judaïsme est ensuite longuement traité avec : un rappel rapide sur cette religion (20), une introduction à un développement plus large du judaïsme (21), quelques documents réunis sur l’expression « Les Justes » (22) et quelques documents sur ‘Les Justes’ (23) dont : une définition de Tsadik (juste), un rappel historique sur « Les Justes des Nations et la Shoah (1941-1945) », une petite histoire des Justes, un renvoi possible à l’un de nos précédents articles intitulé ’Chambon-sur-Lignon, terre de résistance des Justes protestants des Cévennes et territoire d’accueil de réfugiés juifs et de grands penseurs du 20ème siècle’ par Jacques Hallard, le podcast d’une mission de France Culture sur « Les Justes en France : le revers de la haine (24) et, pour compléter cette rubrique sur le judaïsme, l’étude universitaire intitulée « Les Justes, le Bien et le Mal : critique d’une problématique » (25).

Pour parachever ce dossier, ont été ajoutés :

 la contribution du Musée canadien des civilisations sur la naissance du Bien et du Mal chez quelques populations traditionnelles dites « autochtones » d’Amérique du Nord (26) ;

 un compte rendu complet d’une Journée d’étude du Collège des psychologues de 2016 [avant la pandémie de COVID-19 et ses répercussions douloureuses sur le Bien-être et le Mal-être actuels chez beaucoup plus de personnes encore], rencontre organisée par l‘Établissement public de santé mentale de l’agglomération lilloise (EPSM), ayant comme thème « Du malaise dans la civilisation au mal-être contemporain » (27) ;

 « une Africaine qui a laissé Macron sans voix » - Discours Choc avec une Vidéo de 14 minutes - 09 octobre 2021 – Communiqué de H5 Motivation.

Ce dossier ne prétent pas être exhaustif – Un autre document est proposé pour terminer :

« A la recherche d’un concept introuvable - Barbarie et choc des civilisations » - André Tosel – Document ‘journals.openedition.org’ - p. 13-52

Plan

1. Pour une sémantique historique de la notion de barbarie

1.1. Être barbare selon les grecs

1.2. Le déplacement romain et l’invention du couple « humanitas-feritas »

1.3. La réinvention chrétienne de l’humanité comme humanité compassionnelle et la nouvelle barbarie comme culte de la force

1.4. La dualité moderne entre civilisation et barbarie. Barbare et sauvage : l’historicisation et la relativisation comparatiste

2. Barbarie et mondialisation capitaliste

2.1. L’intériorisation de la barbarie à la civilisation

2.2. Comment rendre compte de la barbarie intérieure à la mondialisation capitaliste ? Ce que peut et ne peut pas l’explication par l’économie

3. La barbarie de l’idéologie libérale-impériale. Terrorisme, choc des civilisations et islamophobie

3.1. Qui sont les terroristes, ces barbares de la mondialisation ?

3.2. L’idéologie du choc des civilisations et le chantage à l’anti-américanisme, à l’antisionisme et à l’anti-occidentalisme

3.3. Barbarie et islamophobie

Conclusion en forme de rebond. En quoi l’occident peut-il se définir comme la civilisation ?

Plan | Texte | Bibliographie | Citation | Auteur

Source : https://journals.openedition.org/noesis/1743

Tous les articles sélectionnés sont ordonnés et accessibles dans le sommaire ci-dessous.

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Sommaire

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  • Les perceptions des êtres surnaturels révèlent les sentiments de bien et de mal chez les êtres humains - Traduction du 05 novembre 2021 par Jacques Hallard d’un article de ‘sciencedaily.com’ publié le 30 août 2021 sous le titre : « Perceptions of supernatural beings reveal feelings about good and bad in humans  » ; accessible sur ce site : https://www.sciencedaily.com/releases/2021/08/210830081808.htm
    Source de l’information de base : Université de Waterloo

[L’Université de Waterloo (UW ou simplement Waterloo) est une université publique de recherche canadienne située à Waterloo, en Ontario. Elle trouve ses racines au sein d’une institution du nom de Waterloo College Associate Faculties (WCAF)1, fondée en 1955, qui fut associée au Waterloo College (aujourd’hui devenu l’Université Wilfrid-Laurier). C’est cependant en 1957 que l’Université de Waterloo est fondée par les docteurs Gerald Hagey et Ira G. Needles1. L’Université de Waterloo est la sixième université la plus vaste de l’Ontario. En 2014, elle accueillait 26 987 étudiants de premier cycle à temps plein2 et 3 023 étudiants de second et troisième cycle à temps plein2, avec l’ajout des étudiants à temps partiel, le nombre d’étudiants de l’université approche les 28 000. L’université offre également un service d’apprentissage en ligne qui a été suivi par près de 9 800 étudiants en 20072. En 2014, son président est Feridun Hamdullahpur. Sa devise est Concordia cum veritate (« en harmonie avec la vérité »)… » - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Universit%C3%A9_de_Waterloo ].

Your deadline angel – Admissions Blog

Source : « An angel on one shoulder and a devil on the other » - Written by J.D. Roth - Published : 06 February 2008 – Updated : 23 October 2019

Texte complet :

Ce qui se passe dans les comédies et les dessins animés lorsqu’un personnage a un diable sur une épaule et un ange sur l’autre n’est pas très éloigné de la perception qu’ont les gens du monde réel, selon une nouvelle étude de l’Université de Waterloo.

Destinés à illustrer le dilemme décisionnel des personnages avec des résultats comiques, le caractère moral et les motivations des êtres surnaturels sont évidents. Et les gens ont des attentes similaires lorsqu’il s’agit d’individus qu’ils considèrent comme bons ou mauvais.

Les chercheurs ont exploré les attentes concernant la façon dont les individus bons et mauvais répondent aux demandes. Ils ont cherché à comprendre pourquoi les films et les contes populaires présentent souvent le diable et les démons comme désireux d’accéder aux demandes accidentelles, alors que les anges ne sont pas représentés de cette manière.

Leur étude indique que les croyances des gens sur les personnages bons et mauvais sont influencées par leur vision des humains ordinaires.

’Nos résultats suggèrent que les gens s’attendent à ce que les bons agents soient sensibles aux intentions derrière les demandes, alors qu’ils s’attendent à ce que les mauvais individus soient relativement insensibles à ces intentions’, a déclaré Ori Friedman, professeur de psychologie du développement à Waterloo et auteur principal de l’étude. ’Ces résultats façonnent les attentes des gens concernant les demandes adressées tant aux humains ordinaires qu’aux agents surnaturels’.

L’étude montre que les gens ont des idées distinctes sur la façon dont le fait d’être bon ou mauvais influence les décisions des autres. Les gens supposent que les individus malfaisants sont indifférents à tout ce qui n’a pas d’incidence directe sur leurs propres objectifs.

Ces résultats corroborent des recherches antérieures en suggérant qu’au moins certaines des croyances quotidiennes des gens sur les êtres surnaturels pourraient être fondées sur leur vision des humains.

’L’un des aspects de la perception d’une personne comme étant mauvaise pourrait être que nous nous attendons à ce que cette personne accorde moins d’importance aux intentions des autres, et qu’elle se concentre davantage sur le résultat des actions des gens’, explique Brandon Goulding, candidat au doctorat en psychologie du développement et co-auteur de l’étude. ’Alors que nous pensons qu’une bonne personne prendra également en compte ce que quelqu’un avait l’intention de faire, et le mettra en balance avec ce qu’il a réellement fait.’

Les chercheurs ont étudié les attentes des gens concernant les agents bons et mauvais au moyen de cinq expériences. Dans le cadre de l’étude, 2 231 participants ont lu des histoires courtes dans lesquelles un protagoniste demandait à un être humain ou surnaturel d’accéder à sa requête et ont évalué la probabilité que cette requête soit satisfaite. Lorsque la demande était adressée à un être bon, les notes dépendaient du fait que le demandeur comprenait réellement ce qu’il demandait. Les individus maléfiques étaient censés accéder aux demandes tout aussi souvent lorsque celles-ci étaient confuses et ne reflétaient pas les intentions du demandeur.

’Cette recherche nous apprend quelque chose de très intéressant sur la façon dont les gens perçoivent le bien et le mal, à savoir que les gens ne pensent pas seulement que les mauvais agents se concentrent exclusivement sur le fait de causer du tort. Au contraire, les gens associent le mal à l’indifférence et au fait de ne pas se soucier de ce que les gens veulent’, a déclaré Friedman. ’Cela suggère également que les gens pensent que la bonté morale ne se limite pas à produire de bons résultats. Les gens considèrent également que la bonté morale est liée au fait de se soucier de ce que les gens veulent et ont l’intention de faire.’ - /08/210830081808.htm

Source documentaire  : Materials provided by University of Waterloo. Note : Content may be edited for style and length. Documents fournis par l’Université de Waterloo. Remarque : Le contenu peut être modifié pour le style et la longueur.

Référence de la revue : Rebecca J. Dunk, Brandon W. Goulding, Jonathan A. Fugelsang, Ori Friedman. Butt-dialing the devil : Evil agents are expected to disregard intentions behind requests. Journal of Experimental Social Psychology, 2021 ; 96 : 104188 DOI : 10.1016/j.jesp.2021.104188

Pour citer cette page : MLA APA Chicago - University of Waterloo. ’Perceptions of supernatural beings reveal feelings about good and bad in humans.’ ScienceDaily. ScienceDaily, 30 August 2021. <www.sciencedaily.com/releases/2021/...> .

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Narcissists Don&#39 ;t Hunt for Partners Who Are Already Taken—But It Doesn&#39 ;t Stop Them — Relationships &amp ; Technology Lab

Source : https://www.sciencedaily.com/releases/2021/08/210830081808.htm

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  • Enquête auprès de jeunes français d’Île de France : ’Avoir 15 ans - La nouvelle morale des jeunes - Entre le bien et le mal’ – Par Alexandre Lacroix publié le 25 mars 2021 – Document ‘philomag.com’
    « Pour toi, c’est quoi le mal  ? », « Pour toi, cest quoi le bien  ? » Ce sont les deux questions auxquelles ont répondu des collégiens et des lycéens de différents quartiers de Paris et de sa proche banlieue. Il en ressort des propos crus, saisis à brûle-pourpoint, mais aussi des réflexions que n’auraient pas reniées certains philosophes de la morale.

Je me retrouve un vendredi après-midi devant un collège de Bobigny. Le premier à qui je tends mon enregistreur s’exprime ainsi : « Bonjour, je m’appelle Djeri. Le bien, dans la vie, c’est d’avoir une famille, d’être heureux. D’avoir des amis fiables, gentils, qui t’aident. » « Et des filles  ! », ajoute son pote Yacouba. « Des filles, de l’argent, de la plata, la moulaga, quoi. » L’excitation monte autour de nous, on commence à se bousculer, à ricaner – je suis entouré d’une vingtaine d’adolescents galvanisés par l’imminence du week-end. Djeri, néanmoins, poursuit : « Le mal, c’est d’avoir des amis hypocrites, qui ne t’aident pas, qui sont mauvais. » Sofiane complète : « En plus, ils vendent de la drogue  ! » « Quand tes plus faible queux, ils en profitent », ajoute Djeri, visant manifestement quelqu’un. Les remarques fusent, et ce qui se détache peu à peu des interventions, c’est une définition relationnelle du bien et du mal – bien et mal n’étant pas attachés à tel ou tel acte, ni définis par des principes intangibles, mais se rapportant à une certaine qualité des relations qu’on entretient avec les autres. « Le bien, c’est de rendre heureux ta mère, tout ça », lance Massouh. L’un de ses potes ironise : « Arrête de faire le suceur, là, avec tes grosses babines. » 

À partir de là, la séance de micro-trottoir dérape. Un groupe de filles intervient, parmi lesquelles Ayana : « Ferme ta bouche Djeri, tu casses la tête. — Le bien, c’est quand tu suces. — Au nom d’Allah, je suce pas, je suis lesbienne. — T’es lesbienne, donc tu lèches. » Le dialogue devient haut en couleur, mais surtout, autour de moi, ils se battent. Comme s’ils jouaient au foot les uns contre les autres, mais sans ballon. Shakira tente quand même : « Le mal, c’est à partir de quand on fait pleurer quelqu’un. Le bien, c’est quand on arrive à le faire sourire. » Je suis intrigué : « D’accord, mais c’est habituel que vous vous frappiez comme ça  ? — Là, cest pas de la bagarre, m’explique-t-elle, c’est juste du taquinage. » Pendant ce temps, Yacouba sort une cordelette de Nylon de sa poche. Il la passe, par derrière, autour du cou de Djemila, la serre, elle flanche, il se met à la traîner par terre en la rouant de coups de pied. « Je comprends… Et maintenant, c’est encore du taquinage  ? — Non, admet Shakira, là ça ressemble plus à du harcèlement. » La principale intéressée réussit à se relever : « C’est pas du taquinage, ce qu’il a fait, là  ! Il a voulu m’étrangler, il ma touché les seins, il a troué mon jean. » Entendant cette mise en accusation, Yacouba se jette sur elle derechef et reprend sa strangulation : « Monsieur, maintenant, elle vous appartient. » Mais un colosse qui n’a pas participé à la discussion jusque-là surgit et, soulevant Yacouba par la tête, commence à faire l’hélicoptère avec : «  Tu frappes une meuf devant un Monsieur  ? Tes pas bien ou quoi  ? » Philosophe, Djeri me glisse son commentaire distancié : « Veuillez ne pas faire attention à leur comportement inapproprié et inadmissible. Ce sont des petits perturbateurs du 9-3. »

Les abdos d’Emmanuel Kant

La tête qui tourne, je poursuis mon micro-trottoir à Pantin, dans l’un de ces spots de musculation en plein air. J’avise trois ados qui font des séries de rétablissements à la barre fixe. Un peu plus âgés que mes collégiens, ils sont en première. Tidiane prend la parole d’une voix très calme, comme si son esprit était discipliné et agrandi par le sport : « Le bien, ce n’est pas facile à définir. Je pense que c’est une capacité de discernement. Oui, c’est une capacité qui n’est pas innée chez l’être humain mais qui s’apprend tout au long de l’existence. » Pour le coup, Tidiane paraît proche de la morale kantienne : c’est par l’usage libre de ma raison que je peux choisir le bien. Aussi, je lui demande si, pour lui, le bien est en lien avec la raison. « Disons que cette capacité de discernement met en jeu la raison, mais comme elle s’exerce en situation, ce n’est pas uniquement rationnel. La raison intervient, mais pas toute seule. Mais je sens que je bugue, là, je n’arrive pas à bien expliquer ce qui intervient au-delà de la raison… Aidez-moi  ! » 

Son ami Kamel n’est pas d’accord : « Mais non, c’est pas ça  ! Le bien et le mal, cest la société qui en décide  ! Cest quune affaire de conventions, de règles. Sil y a une vieille dame qui tombe par terre, on va laider parce que la société pense que c’est bien. » J’admets qu’il marque un point avec cette conception plus conventionnaliste de la morale, cependant, je tente une objection : « Mais toi, quand tu y réfléchis, tu trouves que c’est bien ou pas d’aider la vieille dame  ? — Bah je pense que cest bien aussi. OK, jai pas pris le bon exemple. Mais je dirais quand même que la morale, cest culturel. Dans notre société, chanter et danser, cest bien vu. Dans dautres sociétés, cest mal vu. Et puis, prenons un cas typique du 9-3, les vendeurs de drogue. Du point de vue légal, ce qu’ils font, c’est mal. Mais ils le font aussi par nécessité, pour nourrir leur famille, leurs petits frères. Le bien et le mal, c’est relatif. »

Ce petit groupe m’étonne un peu, tant leur langage tranche avec celui des collégiens de Bobigny. Y aurait-il un tel abîme qui sépare la troisième de la première ? Je leur demande s’ils ont autour d’eux des modèles du bien à suivre. « Pour nous, ce sont nos parents, explique Tidiane. Tous les trois, on est dans une école privée. Nos parents font beaucoup de sacrifices pour ça, et nous savons qu’ils ne le font pas pour rien. Nous leur serons à jamais redevables de nous avoir aidés à débuter dans la vie. »

L’ombre de Satan

À partir de Pantin, je longe le canal de l’Ourcq et entre dans Paris. Devant un collège du XIXe arrondissement, non loin du canal, je tombe sur un petit groupe de garçons et de filles de 15 ans. « Le bien, c’est Dieu, explique Fateh, le mal, c’est Satan. Faut pas chercher plus loin. » Ismaïl abonde dans son sens : « Le bien, c’est suivre la parole de Dieu et écouter sa mère. Le mal, c’est faire des péchés. » Ainsi, après la conception relationnelle, néokantienne ou conventionnelle de la morale, voici que survient la religion comme ensemble de prescriptions de normes comportementales. Mais Djibril a aussi intégré un élément de multiculturalisme ou plutôt de désaccord entre les religions et les cultures : « C’est une question de point de vue, Monsieur. Par exemple, en France, il y a des personnes qui veulent interdire le voile. C’est mal, c’est s’interposer dans la religion de quelqu’un. » Fateh est d’accord : « Ce qui est mal, c’est le racisme, comme le racisme de ces policiers blancs qui ont tué George Floyd aux États-Unis. Et puis aussi, tout ce qui est gay. Moi, je supporte pas ce qui est gay, homosexuel, tout ça. Pour ma religion, ça mérite même pas de vivre. »

Les limites du calcul

Quelques jours plus tard, je reprends mon reportage dans le XVe arrondissement, derrière les tours de Javel. Je tombe sur Mathias, 14 ans, qui est un utilitariste convaincu, au sens où il donne cette définition qui est presque celle de Jeremy Bentham dans l’Introduction aux principes de la morale et de la législation (1789) : « Le bien, c’est tout ce qui nous fait plaisir à nous-mêmes sans être mauvais pour les autres. Le mal, c’est tout ce qui va nous déranger, nous perturber, nous heurter, ou encore ce qui nuit aux autres. » Intrigué, je soumets à Mathias le dilemme du tramway, célèbre dans la tradition utilitariste, pour voir jusqu’où il fait des calculs en matière de morale. « Tu es devant un chemin de fer. Un tramway arrive à toute allure, il va écraser cinq personnes qui travaillent sur la voie. Tu as la possibilité, si tu actionnes une manette, de le changer d’aiguillage et de l’envoyer dans une direction où il n’écrasera qu’une personne. Si tu le fais, tu sauves quatre vies. Mais c’est toi qui as pris la décision et tué la personne isolée. Tu choisis quoi  ? — Je crois que je le fais. C’est un peu comme aux échecs, quand on sacrifie une pièce pour en sauver d’autres. Je trouve ça bizarre de réfléchir ainsi avec des êtres humains, mais bon, je crois que je ferais quand même ce sacrifice, mais seulement dans certains cas. — Et dans quel cas, tu ne le ferais pas  ? — Bah, si la personne isolée est un ami, si cest quelquun que jaime, je préférerais la mort de cinq inconnus je crois, ou en tout cas je ne pourrais pas actionner la manette. »

Malcolm X ou Martin Luther King  ?

Deux jours plus tard, je me retrouve à la sortie du lycée Jules-Ferry, dans le IXe arrondissement, où je discute de l’origine du mal avec un groupe de seconde : ils ont pile 15 ans. Yanis est formel : « Je pense que, derrière le mal, il y a toujours un endoctrinement ou un traumatisme. En tout cas, cette origine a une forte composante mentale, psychologique. On ne pourrait pas attribuer une mauvaise action à un nouveau-né. Et pas non plus à un animal, même si les animaux ont des instincts et des comportements violents entre eux. En fait, ça n’aurait pas de sens. » 

“Si on nous traite super bien et qu’on a envie de ressentir quelque chose, on va avoir envie de pousser nos limites. On voudra connaître quelque chose du mal, c’est une forme de curiosité” - Élektra, élève de seconde

Je leur propose d’explorer cette notion du traumatisme : fait-on le mal parce qu’on nous a fait du mal auparavant ? Élektra s’enthousiasme : « Oui, bien sûr, mais aussi, parfois, parce qu’on nous a fait trop de bien  ! Si on nous traite super bien et quon a envie de ressentir quelque chose – enfin, ce que je dis là, ça s’applique surtout aux ados –, on va avoir envie de pousser nos limites. On voudra connaître quelque chose du mal, c’est une forme de curi­osité. » Parle-t-elle de la transgression des règles que posent les adultes ? « Pas vraiment ou pas seulement, parce que la plupart de ces règles n’ont jamais été mises en place explicitement, poursuit Élektra. Elles ont juste été implantées moralement. » Et pousser ses limites, c’est vraiment faire le mal ? « Oui et non, c’est délicat à dire, parce qu’à ce jeu-là, on risque moins de nuire aux autres que de se faire du mal à soi-même… »

Je leur demande si un événement les a confrontés au bien et au mal. « Pour moi, ça a été les attentats de 2015, dit Ibrahim. J’étais en primaire, pourtant dans un quartier bourgeois, le IXe, et je sentais beaucoup de racisme. Après le Bataclan, les enfants se sont mis à m’appeler “Ibrahim-Boum-Boum”. Je ne sais pas si c’était de la méchanceté. C’était peut-être de l’inconscience. Ou alors, ça venait de leurs parents. » Tanguy renchérit : « Moi, j’ai vécu ce problème à travers un pote. Je l’ai accompagné dans un magasin où il a acheté un cadeau d’anniversaire pour sa mère. Quand la caissière lui a demandé s’il souhaitait conserver le ticket de caisse, il a répondu  : “Non, merci.” À la sortie, les vigiles nous ont arrêtés. Moi, ils m’ont laissé partir. Mais lui, ils l’ont emmené dans une pièce derrière pour un interrogatoire. La caissière a dû intervenir, mais elle ne se souvenait plus très bien. Le truc, c’est que mon ami est noir, et moi, je suis blanc. J’ai très mal vécu cela. Tout d’un coup, j’ai eu l’impression d’avoir trop par rapport à lui. » 

Ibrahim reprend : « Par rapport à des situations comme celle-ci, j’hésite toujours entre deux pôles, Malcolm X et Martin Luther King. D’un côté, la violence face à la violence, de l’autre, la paix face à la violence. J’aime bien cette idée que tu peux montrer à un raciste que tu es plus malin que lui, et même “supérieur”, même si je n’aime pas trop ce mot, parce que tu restes impassible devant sa haine, qu’elle ne t’atteint pas. Et en même temps, y a des moments où on a carrément envie d’aller à la confrontation. » Élektra intervient : « Cette opposition entre les méthodes fortes et les méthodes calmes, ça me fait penser au débat entre les suffragettes et les suffragistes, dans les premiers temps du féminisme. Ce sont deux manières différentes de réagir à l’injustice. Mais j’ai l’impression qu’il faut trouver un équilibre. La personne raciste ou sexiste doit se rendre compte de ce qu’elle a fait, et l’on doit soi-même rester positif et zen. Je crois que la bonne ligne c’est  : Je temmerde, mais de loin.” »

Jusqu’ici, les adolescents que j’ai rencontrés ont peu évoqué l’actualité ou les grandes questions sociétales. En effet, l’une des conclusions que je tire de ce micro-trottoir est que les jeunes font de la philosophie première, universelle. Ils se fichent un peu de ce qui circule dans les médias, du discours des journalistes. Ils recherchent plutôt les fondamentaux : comment définir vraiment le bien et le mal ? Finalement, je leur demande : « Vous êtes jeunes, vous avez toute la vie devant vous, est-ce qu’il n’y a pas des choses que vous aimeriez changer  ? » Tanguy répond gravement, sans malice apparente : « Disons que, pour nous, à 15 ans, c’est déjà trop tard. On est trop vieux, on a fait trop de compromis, on ne pourra pas changer le monde. Mais peut-être qu’on pourrait essayer d’éduquer un peu la génération qui vient, pour qu’elle fasse mieux que nous  ! » 

Autres documents de la précédente décennie sur la jeunesse en France :

Article 4 min Malaise dans la jeunesse Martin Legros 21 septembre 2012

Les banlieues s’échauffent en même temps que les universités. Est-ce une coïncidence  ? Ou la jeunesse est-elle en proie à une crise qui transcende les clivages de territoires, de classes et d’âges  ? Deux philosophes sondent les causes du désarroi...

Dialogue 10 min Judith Revel, Faïza Guène. Mais que fait la banlieue ? Alexandre Lacroix 28 novembre 2009

Pour tenter de saisir, au-delà de l’actualité, l’identité de la banlieue et le phénomène de l’exclusion à la française, nous avons réuni Faïza Guène, romancière, et Judith Revel, philosophe, spécialiste de Michel Foucault.

Article 3 min Le devoir {{}}Nicolas Tenaillon 01 août 2012

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Du «  rôle positif de la classe de philo en ZEP  »

Novembre 2021 Philosophe magazine 154 - Lire en ligne

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  • Introduction concernant le philosophe néerlandais Baruch Spinoza (1632-1677) d’après Wikipédia
    Pour les articles homonymes, voir Baruch, Espinoza et Espinosa. « Spinoza » redirige ici. Pour les autres significations, voir Spinoza (homonymie).

Baruch Spinoza - Portrait de Spinoza (1665), anonyme, Herzog August Bibliothek.

Naissance 24 novembre 1632

Amsterdam,

Drapeau des Provinces-UniesProvinces-Unies

{{}}
Décès 21 février 1677 (à 44 ans)

La Haye,

Drapeau des Provinces-UniesProvinces-Unies

Sépulture Nieuwe Kerk
École/tradition Rationalisme, eudémonisme
Principaux intérêts Éthique, exégèse biblique, ontologie, politique, psychologie
Idées remarquables Conatus, désir, Deus sive Natura, Déterminisme
Œuvres principales Traité de la réforme de l’entendement

Traité théologico-politique

Éthique

Traité politique

Influencé par Aristote, Averroïsme, Bruno, Descartes, Épicure, Hobbes, Lucrèce, Machiavel, Maïmonide, Stoïcisme, van den Enden
A influencé Althusser, Balibar, Bergson, Bourdieu, Deleuze, Diderot, Einstein, Fichte, Freud, Hegel, Henry, Leibniz, Lessing, Lordon, Marx, Mendelssohn, Negri, Nietzsche, Russell, Sartre, Schelling, Schopenhauer,Toland, Wittgenstein

Baruch Spinozaa [baʁuk spinoza]b (en néerlandais : [baːˈrux spɪˈnoːzaː]c), né le 24 novembre 1632 à Amsterdam et mort le 21 février 1677 à La Haye, est un philosophe néerlandais d’origine séfarade portugaise. Il occupe une place importante dans l’histoire de la philosophie, sa pensée, appartenant au courant des modernes rationalistes, ayant eu une influence considérable sur ses contemporains et nombre de penseurs postérieurs.

Spinoza est issu d’une famille juive marrane-séfarade portugaise ayant fui l’Inquisition ibérique pour vivre dans les Provinces-Unies, plus tolérantes. Le 27 juillet 16561, il est frappé par un herem (excommunication) de la communauté juive d’Amsterdamp 1. Habitant Rijnsburg puis Voorburg avant de s’installer finalement à La Haye, il gagne sa vie en taillant des lentilles optiques pour lunettes et microscopes. Il prend ses distances vis-à-vis de toute pratique religieuse, mais non envers la réflexion théologique, grâce à ses nombreux contacts interreligieux. Il est fréquemment attaqué en raison de ses opinions politiques et religieuses, et son Traité théologico-politique, dans lequel il défend la liberté de philosopher, sera censuré. Il devra aussi renoncer à publier de son vivant son magnum opus, l’Éthique. Il meurt en 1677 de la tuberculose, ses amis publiant alors ses œuvres.

En philosophie, Spinoza est, avec René Descartes et Gottfried Wilhelm Leibniz, l’un des principaux représentants du rationalisme. Héritier critique du cartésianisme, le spinozisme se caractérise par un rationalisme absolu laissant une place à la connaissance intuitive, une identification de Dieu avec la nature, une définition de l’homme par le désir, une conception de la liberté comme compréhension de la nécessité, une critique des interprétations théologiques de la Bible aboutissant à une conception laïque des rapports entre politique et religion.

Après sa mort, le spinozisme connut une influence durable et fut largement mis en débat. L’œuvre de Spinoza entretient en effet une relation critique avec les positions traditionnelles des religions monothéistes que constituent le judaïsme, le christianisme et l’islam. Spinoza fut maintes fois admiré par ses successeurs : Hegel en fait « un point crucial dans la philosophie moderne » — « L’alternative est : Spinoza ou pas de philosophie » ; Nietzsche le qualifiait de « précurseur », notamment en raison de son refus de la téléologie ; Gilles Deleuze le surnommait le « Prince des philosophes » ; et Bergson ajoutait que « tout philosophe a deux philosophies : la sienne et celle de Spinoza ».

Article complet à lire sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Baruch_Spinoza

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  • Les notions de bien et de mal selon Spinoza - Résumé de son livre « l’Ethique » – Document ‘les-philosophes.fr - Spinoza

L’Ethique de Spinoza n’est publiée qu’à sa mort, en 1677, pour éviter la censure. Ce livre est d’ailleurs interdit dès l’année suivante. Il y développe ses idées à la façon des mathématiciens (en faisant s’enchaîner des propositions rigoureusement déduites les unes des autres). Dieu, la liberté, les passions, sont examinés tour à tour, pour élaborer une nouvelle définition du sage.

Il est faux donc de croire que la nature soit parfaite ou imparfaite puisqu’elle ne vise pas un but ; les notions de perfection et d’imperfection ne sont que des fictions introduites par les hommes.

De même bien et mal ne désignent pas non plus rien de positif dans les choses, mais rien d’autre que des manières de penser ou notions que nous formons de ce que nous comparons les choses entre elles 1.

Pourtant, il faut conserver ces termes, pour pouvoir former une idée de la nature humaine.

Ce pourquoi Spinoza commence le livre IV en définissant ainsi les concepts moraux : par bien et mal, j’entendrai ce que nous savons avec certitude être un moyen d’approcher ou de s’éloigner du modèle de la nature humaine que nous nous proposons 2.

De ce fait, la notion de bien ne recouvre d’autre signification que celle d’utilité : par bien, j’entendrai ce que nous savons avec certitude nous être utile 3, ou encore de ce qui nous est bénéfique : nous appelons bien ou mal ce qui sert ou bien nuit à la conservation de notre être 4.

Enfin, Spinoza rapproche les notions de bien et de mal de celles de joie et de tristesse, telles qu’il les a défini au livre précédent, comme passage à une perfection plus ou moins grande : la connaissance du bien et du mal n’est rien d’autre que l’affect de joie ou de tristesse, en tant que nous en sommes conscients 5.

Notons que c’est dans la proposition 4 de ce livre que l’on trouve la célèbre assimilation de Dieu à la nature : […] la puissance même de Dieu, autrement dit de la Nature 6 (Deus sive natura).

Ce qui fait la servitude humaine, c’est que nous ne pouvons, en vertu du déterminisme, maîtriser un affect, ou y échapper, de par notre volonté. En fait, un affect ne peut être contrarié ou supprimé que par un affect contraire et plus fort que l’affect à contrarier 7.

Spinoza consacre plusieurs propositions d’ordre psychologiques à préciser la manière dont un affect s’empare de nous. Par exemple : un affect par rapport à une chose que nous imaginons comme nécessaire est toutes choses égales d’ailleurs, plus intense qu’à l’égard d’une chose possible ou contingente, autrement dit non nécessaire 8.

Spinoza annonce à partir de la proposition 18, qu’il va maintenant montrer ce que la raison prescrit, à savoir quels sont les affects qui conviennent avec les règles de la raison humaine et quels sont au contraire ceux qui leur sont contraires 9.

Or la raison ne demande rien contre la nature, c’est donc elle-même qui demande que chacun s’aime lui-même, recherche ce qui lui est utile, et aspire à tout ce qui augmente notre perfection, et que chacun s’efforce autant qu’il est en lui de conserver son être 10.

Spinoza appelle vertu le fait d’agir d’après les propres lois de sa nature, et donc le fondement de la vertu est l’effort même pour conserver son être propre 11.

Ce qui nous est le plus utile, c’est ce qui est de même nature que nous. Donc à l’homme rien de plus utile que l’homme 12. De ce fait, l’homme que gouverne la raison, c’est-à-dire celui qui recherche son propre bonheur, n’aspire à rien d’autre qu’au bonheur général de tous les hommes.

Spinoza remet donc en cause le principe selon lequel agir vertueusement est agir de manière désintéressée. L’égoïsme, bien compris, est le fondement de l’altruisme, pourrait-on dire, puisque autrui nous est foncièrement utile.

Si tous les hommes vivaient sous la conduite de la raison, chacun agirait selon le souverain droit de nature, c’est-à-dire ferait tout ce qui suit de la nécessité de sa nature ; mais à cause des affects, qui surpassent la puissance ou vertu de l’homme, ils se trouvent entraînés diversement, contraires les uns aux autres 13.

1 ibid., p.341
2 ibid.
3 livre IV, définition 1, p.343
4 livre IV, prop. 8, démonstration, p.355
5 ibid.
6 livre IV, prop.4, p.349
7 livre IV, prop.7, p.353
8 livre IV, prop.11, p.359
9 livre IV, prop.18, scolie, p.369
10 ibid.
11 ibid.
12 livre IV, prop.35, corollaire 1, p.391
13 livre IV, prop.37, scolie 2, p.399

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  • Introduction concernant le philosophe et philologue allemand Friedrich Nietzsche (1844-1900) d’après Wikipédia

« Nietzsche » redirige ici. Pour les autres significations, voir Nietzsche (homonymie).

Portrait de Friedrich Nietzsche

Naissance 15 octobre 1844

Röcken, province de Saxe,

Drapeau de la PrusseRoyaume de Prusse

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Décès 25 août 1900 (à 55 ans)

Weimar, Saxe-Weimar-Eisenach,

Drapeau de l’Empire allemandEmpire allemand

Sépulture Lützen
Nationalité Prussienne (15 octobre 1844 - 17 avril 1869)
Formation Domgymnasium Naumburg (d) (depuis 1854)

École régionale de Pforta (depuis le 5 octobre 1858)

Université rhénane Frédéric-Guillaume de Bonn (septembre 1864-1865)

Université de Leipzig (1865-1879)

Principaux intérêts Métaphysique, christianisme, culture, nihilisme, morale, esthétique
Idées remarquables Volonté de puissance, surhumain, éternel retour, généalogie, interprétation du réel, critique de la métaphysique et de la morale
Œuvres principales La Naissance de la tragédie, Humain, trop humain, Aurore, Le Gai Savoir, Ainsi parlait Zarathoustra, Par-delà bien et mal, Généalogie de la morale, Ecce homo
Influencé par Burckhardt, Chamfort, Darwin, Diogène, Démocrite, Emerson, Épicure, Eschyle, Goethe, Héraclite, Hölderlin, Kant, Blaise Pascal, Platon, Pyrrhon, Montaigne, Rée, Rousseau, Schopenhauer, Spinoza, Stendhal, Stifter, Thucydide, Wagner,
A influencé Adorno, Bachelard, Baudrillard, Bataille, Blanchot, Broch, Camus, Cioran, Derrida, Deleuze, Foucault, Freud, Khalil Gibran, Gide, Granier, Heidegger, Ibsen, Jaspers, Jung, Hesse, Kafka, Kofman, Kundera, Musil, Mann, Rand, Sartre, Scheler, Sloterdijk, Strauss, Strindberg, Weber
Adjectifs dérivés « nietzschéen »
Père Carl Ludwig Nietzsche (en)
Fratrie Elisabeth Förster-Nietzsche

signature de Friedrich Nietzsche

Friedricha Wilhelm Nietzsche [ˈfʁiːdʁɪç ˈvɪlhɛlm ˈniːt͡sʃə]1 Écouter (souvent francisé en [nit͡ʃ ]), né le 15 octobre 1844 à Röcken, en Prusse, et mort le 25 août 1900 à Weimar, en Saxe-Weimar-Eisenach, est un philosophe, critique culturel, compositeur, poète, écrivain et philologue allemand dont l’œuvre a exercé une profonde influence sur l’histoire intellectuelle contemporaine.

Il commence sa carrière comme philologue classique avant de se tourner vers la philosophie. En 1869, à l’âge de 24 ans, il devient la plus jeune personnalité à occuper la chaire de philologie classique de l’université de Bâle. Il démissionne en 1879 en raison de problèmes de santé qui le tourmenteront presque toute sa vie, puis achève la plupart de ses écrits fondamentaux au cours de la décennie suivante. En 1889, à 44 ans, il est victime d’un effondrement et, par la suite, d’une perte totale de ses facultés mentales. Il vit ses dernières années sous la garde de sa mère, puis chez sa sœur Elisabeth Förster-Nietzsche.

Sommaire

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  • Analyse d’une œuvre de Friedrich Nietzsche : « Par-delà le Bien et le Mal »– Document ‘la-philosophie.com’ -Illustration
    Table des Matières

La préface accuse les philosophes de dogmatisme, notamment les philosophes chrétiens, et le premier chapitre développe cette critique. Chaque grande philosophie, selon Nietzsche, n’est guère plus qu’une confession personnelle. Ainsi, les philosophes construisent des systèmes complexes de pensée pour justifier leurs propres hypothèses et leurs préjugés. Au dogmatisme de ces philosophes, Nietzsche oppose « l’esprit libre », qui consiste à adopter une démarche expérimentale, à tester toute idée avant de la réfuter au lieu de penser de manière systématique.

La morale d’esclave selon Nietzsche :

Nietzsche revient sur les thèmes développés dans la Généalogie de la morale : il s’en prend également à l’esprit de troupeau, cette propension des masses à agir sans réfléchir, à la manière des moutons de Panurge. En découle un nivellement vers le bas, une morale terne, une morale d’esclave, signe selon Nietzsche de la grave maladie contractée par notre civilisation. Face à cet esprit du troupeau, au démocratisme mou, Nietzsche en appelle à un ordre de rang, une nouvelle hiérarchie, autrement dit un perspectivisme moral selon lequel on ne peut appliquer la même morale à tous : les hommes supérieurs sont ceux qui peuvent inventer leurs valeurs, se poser et s’assumer comme supérieurs aux autres. Face à la démocratie montante, Nietzsche veut réintroduire une aristocratie intellectuelle et morale.

Nietzsche s’attaque par la suite à la question des nationalités, en s’appuyant sur une sorte de lamarckisme, afin de démontrer qu’aux nationalités correspondent certaines caractéristiques. Mais son analyse la plus intéressante a trait au nationalisme, qu’il critique de manière très virulente, comme une émanation de l’instinct grégaire, un refus de s’assumer comme individu. L’individu « noble » se hisse au contraire au-dessus de son appartenance nationale. L’âme noble est une âme solitaire, tourmentée, incomprise de la masse.

Citations extraites de « Par-delà le bien et le mal » :

Voici quelques citations de Nietzsche :

– Il n’y a pas de phénomènes moraux rien qu’une interprétation morale des phénomènes

– Jusqu’à présent toute grande philosophie fut la confession de son auteur une sorte de mémoires involontaires

– Ce qu’il y a d’essentiel et d’inappréciable dans toute la morale c’est qu’elle est une contrainte prolongée

– La croyance en des ” certitudes immédiates ” est une naïveté morale, qui nous honore, nous philosophes, mais nous devons cesser désormais d’être des individus ” rien que moraux ”

– Les philosophes nouveaux, qui approchent, ils seront plus que jamais des fenêtres closes et des portes verrouillées. Brièvement et brutalement dit, ils appartiennent à l’espèce des niveleurs leurs, ces esprits faussement qualifiés de ” libres “ ; ce sont des esclaves loquaces, des écrivailleurs au service du goût démocratique et de ses ” idées modernes “, des êtres dépourvus de solitude, de solitude personnelle, de braves lourdauds, certes courageux et de mœurs respectables, mais sans liberté et risiblement superficiels. Car que dire de leur tendance fondamentale qui consiste à voir dans les formes de la société existante la cause à peu près unique de tout le malheur et l’échec humains, ce qui n’est rien d’autre que de mettre joyeusement la vérité sur la tête et les pieds en l’air ! Ce qu’ils aimeraient réaliser de toutes leurs forces c’est le bonheur du troupeau pour tout le monde, le bonheur du troupeau qui pâture sa prairie, dans la sécurité, le bien-être, l’universel allègement de l’existence ; leurs deux comptines et doctrines les plus ressassées sont ” l’égalité des droits ” et ” la pitié pour tous ceux qui souffrent “ ; la souffrance elle-même, à leurs yeux, est une chose qu’il convient d’abolir.

Copie de l’un des commentaires - Anwen - 19/08/2018 at 13:15

Quelques mots sur pour commencer et situer sa personnalité. Ensuite, nous traiterons de la vraie morale.
Nietzsche naquit à Lützen en 1844, d’une ancienne famille de noblesse polonaise. Il étudia à Bonn, puis à Leipzig, et devint professeur de philologie à l’Université de Bale.
En 1878 sa santé le contraignit à abandonner sa chaire, alors il se mit à écrire ; cela dura jusqu’en 1889. Il ne dormait plus (ce qui indique l’action perturbatrice interne du ferment moteur, le poison organique.)
A Turin, en janvier 1889, il subit une terrible crise de folie. Retiré dans son village et soigné par sa mère, il se plaignait en répétant sur un ton monotone : Mutter, ich bin dumm, (Mère, je suis bête). On dirait qu’il avait conscience de sa bestiale dégénérescence.
Il a le front large et fuyant (signe de régression) les sourcils fortement barrés (signe de prédominance du grand sympathique), l’œil impérieux (signe de domination brutale qui accompagne toujours les sourcils épais) : la moustache énorme (ce qui indique la sexualité extrême) son regard a la fixité visionnaire des fous.
En somme c’était une grande intelligence, qui fut grandement pervertie.
Les hommes comme Nietzsche ne laissent, dans le monde, qu’une impression : « C’est un misogyne !… » Leur science est néant, leur œuvre on l’oublie, leur haine seule reste.
La science de Nietzsche n’est, du reste, pas à lui ; sa haine seule lui appartient. Il est philologue, il étudie les textes antiques et nous les traduit. C’est un plagiaire des idées lointaines, celles que personne ne réclame, c’est pour cela qu’il est quelquefois étonnant, il nous rend des idées féminines qu’il attribue à l’homme supérieur, le suprahumain.
Il nous rend la femme antique et l’appelle : le Maître, pendant qu’il avilit la femme moderne et la veut esclave. Donc, sa pensée n’y est pas, il prend des mots dans l’œuvre antique qu’il ne sait pas débrouiller du malentendu sexuel.
Voyons, maintenant, ce que toute l’antiquité entendait par Loi morale.
Si la physiologie nous montre ce qu’est le mécanisme de nos organes, si la psychologie nous apprend quelles sont nos facultés mentales et sentimentales, la morale nous enseigne l’usage que nous devons en faire.
La physiologie nous dit ce que nous pouvons, la psychologie ce que nous faisons, la morale ce que nous devons.
On peut la définir ainsi : « C’est l’ensemble des règles qui doivent guider la libre activité de l’homme. »
Ces règles doivent être basées sur les vérités éternelles ; elles doivent reposer sur les principes mêmes qui ont créé la vie et dirigé l’évolution humaine. Sans cela ce n’est pas la morale.
Ces principes étant partout les mêmes, sur notre terre, tous les hommes doivent être soumis aux mêmes règles de conduite puisqu’ils sont soumis aux mêmes lois physiologique. Donc, la morale doit être une, elle doit être universelle comme les vérités premières qui doivent être l’origine et la fin de tous les devoirs de la vie.
L’histoire nous montre, en effet, que les préceptes de morale, observés chez tous les peuples de la terre, reposent sur un fond commun d’idées.
Le code du devoir a toujours été à peu près le même. La pensée souveraine qui a traversé tous les âges et qui semble être née spontanément dans toutes les parties du monde, est l’écho des lois immuables qui gouvernent la nature humaine.
Les vérités morales, nécessaires à la vie sociale de l’humanité, ne sont le privilège d’aucun temps, d’aucun peuple, d’aucun individu. Partout la conscience humaine est soumise aux mêmes lois et se développe dans la même direction.
Il ne doit y avoir qu’une morale, comme il ne doit y avoir qu’une science.
La morale universelle, unie à la science universelle doit devenir la Religion suprême, celle qui dirigera tous les peuples, qui régnera dans toutes les nations.
Mais les causes premières sur lesquelles se base la loi morale échappent à l’entendement actuel de l’humanité.
Elles sont à l’origine de la vie sociale, comme les causes qui ont dirigé l’évolution des êtres sont à l’origine de la substance organisée.
L’idée que nous avons d’une loi morale n’a pas son origine dans notre moi actuel, nous l’apportons en naissant, c’est un lot de l’héritage ancestral. Nous pressentons les lois de l’ordre moral, nous les proclamons et nous nous y soumettons avant de les comprendre : C’est un phénomène d’atavisme. Nous pouvons même dire que, dans l’état actuel de l’esprit humain, les causes n’en sont plus du tout comprises.
Et, cependant, il semble qu’une voix intérieure révèle à l’homme la différence qui existe entre le bien et le mal, le juste et l’injuste. Mais la cause de ces différences lui échappe.
C’est un flambeau que les générations se passent de mains en mains sans que personne ne songe à demander qui a allumé ce flambeau, où, quand et pourquoi….
Les causes morales doivent être cherchées dans les principes mêmes qui ont créé la vie et dirigé l’évolution puisqu’elles sont inhérentes à la nature humaine. Mais il faut savoir quel est le rapport qui peut exister entre ces principes et les actions des hommes ; pourquoi la nature humaine est organisée de telle sorte qu’en suivant ses impulsions l’homme ne va pas toujours vers le bien ? Quelle signification on doit donner au mot bien et au mot mal, quel est le but que l’homme doit chercher à atteindre, en un mot, qu’est-ce que la perfection morale ?
Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/le-bien-et-le-mal.html - Cordialement.

La-Philosophie.com : Cours, Résumés & Citations

Source : https://la-philosophie.com/par-dela-le-bien-le-mal-nietzsche

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  • Considérations dans diverses religions à propos de : « Dieu, le Bien et le Mal » - Martin Legros ; publié le 12 septembre 2012 – Document ‘Novembre 2021 Philosophe magazine 154’
    Les grands codes moraux sont-ils universels  ? C’est une évidence en Occident. Pourtant, de Bénarès à Pékin en passant par Jérusalem et La Mecque, la morale se présente le plus souvent comme un assemblage de préceptes valables pour une communauté de croyants ou pour des situations singulières.

En Occident, l’une des évidences morales les plus anciennes et les mieux partagées est sans doute l’idée d’universalité. Des grands interdits bibliques («  Tu ne tueras point  !  », «  Tu ne feras pas de faux témoignages  !  ») aux droits de l’homme en passant par les concepts fondamentaux de l’anthropologie (l’interdit de l’inceste – voir l’interview de Laurent Barry, p. 54) ou de la bioéthique (l’égale dignité de chacun), nos grands repères moraux ne font pas acception des personnes et des situations : ils s’adressent à tous semblablement. À nos yeux, s’il doit y avoir une morale, elle ne trouvera sa garantie et son fondement que dans son universalité. C’est d’ailleurs le sens étymologique du terme « catholique » en grec. Inversement, tout ce qui est universel est doté d’une dignité spéciale.

Emmanuel Kant est sans doute celui qui a le mieux formalisé cette conception : être moral, écrit-il dans ses Fondements de la métaphysique des mœurs (1785), c’est «  se conduire de telle sorte que je puisse vouloir que la maxime de mon action devienne une loi universelle  ». A contrario, se conduire de manière immorale, c’est adopter une attitude – le mensonge, par exemple – dont je ne peux vouloir qu’elle devienne la maxime de l’humanité entière. Nous ne croyons sans doute plus à l’instar de Kant qu’il est possible d’asseoir sur ce roc les trois grandes idées de la métaphysique occidentale, c’est-à-dire la liberté de la volonté, l’immortalité de l’âme, l’existence de Dieu. Cependant, nous continuons sans conteste à associer l’idée de la morale à celle d’une loi universelle.

Cette conception pose pourtant problème… à une grande partie de l’humanité. De l’Inde à la Chine, du Japon à l’Égypte, en passant par les civilisations amérindiennes ou africaines, les grands codes moraux ne se présentent pas en effet comme des lois universelles et catégoriques attachées à l’humanité dans sa totalité. Ils apparaissent davantage comme des préceptes personnels et particuliers attachés à l’ordre de la nature. «  Dans l’hindouisme, souligne Michel Hulin, jamais n’est formulé un commandement général du type “Tu ne tueras point”. Être moral, pour les hindous, c’est se conformer à son sva-dharma, le devoir propre de chacun. Ce devoir dépend de la caste à laquelle on appartient, du sexe et de l’âge que l’on a, mais il varie aussi en temps de guerre ou de paix, en période faste ou de disette, etc. Toutes ces conditions se combinent pour permettre au final une action morale très précise. Il y a bien au-delà des castes et des situations particulières un grand “dharma commun”, c’est le précepte de la non-violence, qui pourrait d’ailleurs tenir lieu de message universel indien. Mais justement, tant que cet impératif n’est pas mis en situation, il est perçu par les Indiens comme une généralité abstraite et vide, sans véritable portée morale.  » 

« Grande différence avec l’Occident, il n’y a jamais eu quelque chose qui ressemble à l’Inquisition ou aux hérésies en Inde. » - Michel Hulin

Le sacré de transgression

Conséquence capitale : l’absence de toute forme de d’ingérence. «  Fondamentalement, affirme Michel Hulin, il y a cette idée qu’on ne peut imposer sa loi à autrui. Il n’y a jamais eu, grande différence avec l’Occident, quelque chose qui ressemble à l’Inquisition et aux hérésies. Les gens ont toujours pensé ce qu’ils voulaient. Il n’y a pas d’orthodoxie, seulement une orthopraxie, l’obligation de faire ce qui convient dans chaque situation.  » Un pragmatisme qui permet d’intégrer dans le système la transgression avec la morale commune. À travers le modèle des ascètes et des renonçants, on est même incité à s’émanciper des valeurs collectives. «  Dans les courants tantriques, par exemple, poursuit Michel Hulin, on promeut des comportements ostensiblement déviants, un peu comme les cyniques en Grèce. Par la provocation, il s’agit de produire un choc donnant l’idée que le moralisme du dharma n’est que le premier stade de la sagesse. C’est ce qu’on appelle le sacré de transgression.  »

Dans les pays de tradition confucéenne, comme la Chine, le Vietnam, ou la Corée du Sud, comment se règlent les rapports humains fondamentaux ? Non par des règles morales et juridiques générales, mais par des rites interpersonnels. Pour Léon Vandermeersch, «  ce qui les distingue le plus profondément des sociétés de tradition romano-chrétienne, c’est le ritualisme, par opposition au juridisme  ». Alors qu’en Occident le rapport intérieur de chacun avec la norme est ce qui permet aux individus de nouer des liens les uns avec les autres, les Chinois conçoivent l’éducation morale dans l’autre sens. Les rapports extérieurs priment sur le rapport intime à la loi. C’est à force d’être observées extérieurement dans les rapports interpersonnels que les normes générales finiront par être intériorisées en honnêteté foncière. Grâce au mécanisme de conformation, en soignant l’extériorité du rapport, on finit par l’intérioriser.

En Chine, ces mécanismes rituels ont longtemps fait l’objet d’une codification plus importante que celle des lois. Elles permettaient d’entretenir un sentiment caractéristique de la sociabilité, le sentiment de la face. Comme le dit Confucius, «  si l’honnêteté est devenue une seconde nature [grâce à l’intériorisation des rites], même sans les lois elle incitera à agir comme il faut  ». Mais, si la moralité peut être intégrée par la simple observance des rites, c’est qu’en réalité elle découle de l’ordre cosmique. «  Le sens social s’enracine dans le cosmos, précise Léon Vandermeersch.

Fondamentalement, l’homme n’est pas comme un loup pour l’homme dont la violence devrait être contenue par la loi, ainsi que l’a soutenu Thomas Hobbes dans son Léviathan. Il est plutôt un être naturellement social. Au point de départ de la société, que trouve-t-on, sinon la prolifération des individus dans la famille et un attachement naturel entre parents et les enfants  ? Le rite est là pour entretenir, renforcer et réguler cet élan affectif vers lautre, pour extravertir cette impulsion première à la société tout entière. La société fonctionne grâce à lexternalisation à tous les rapports sociaux de la dynamique altruiste de la parenté.  » Cette dynamique est à l’œuvre parmi les choses : la raison finale du monde est une raison morale.

En l’étudiant, on se discipline moralement. «  Dans la cosmologie chinoise, ajoute Léon Vandermeersch, il y a une correspondance entre éléments naturels et vertus morales. Quand le plan cosmique est intériorisé par l’individu, il prend une couleur morale.  » L’origine de l’écriture chinoise se situe d’ailleurs là : «  Au départ, l’idéographie était seulement une science divinatoire, il s’agissait alors de déchiffrer le sens de l’avenir dans les craquelures produites par l’application d’un tison brûlant sur une écaille de tortue – cet animal figurant le modèle réduit de l’univers.  » 

« Qu’est-ce qu’un Dieu ? Peut-être un homme qui a fait l’effort de se débarrasser de tout ce qui relève de la finitude de sa condition. »

En Occident, l’idée d’une loi morale transcendante, distincte de l’ordre des choses, provient sans doute de l’idée d’un Dieu créateur qui légifère et organise le monde depuis un point de vue d’extériorité. Ce point de vue de survol sur le monde est sans équivalent dans les autres aires culturelles. «  En Inde, détaille Michel Hulin, le divin n’apparaît jamais comme un Autre absolu, définitif ou radical. Même dans les systèmes les plus théistes qui font place à un seigneur suprême comme Shiva ou Parameshwara, c’est toujours quelqu’un à qui on peut venir s’identifier de l’intérieur.  » Qu’est-ce qu’un dieu ? Peut-être un homme qui a fait l’effort de se débarrasser de tout ce qui relève de la finitude de sa condition.

Le visage éthique de Dieu

Selon Maurice-Ruben Hayoun, c’est dans le judaïsme que Dieu prend un visage purement éthique : «  Il s’identifie au message universel de la Torah qui s’affirme dans le refus de toutes les idoles. Moïse n’est pas adoré, il s’efface devant la loi qu’il transmet. Le philosophe Emmanuel Levinas a fait entendre la portée métaphysique de cette rupture avec toute forme de sacralité rituelle qui fait surgir l’humanité en chacun comme la seule source de respect. Mais d’un autre côté, être juif, ce n’est pas seulement adhérer à l’éthique universelle délivrée par Moïse, c’est d’abord se conformer aux préceptes très particuliers de la culture juive. Pour les penseurs juifs traditionnels, le judaïsme ce n’est pas l’universalité de la loi morale. C’est d’abord la loi juive.  » Une loi qui s’affirme dans la pratique et les rites.

L’éthique n’est viable que si elle est ancrée dans du matériel. «  Chez les Chrétiens, ce qui prime, c’est la question de la foi, l’adhésion intérieure, la conversion. Pour les Juifs, la religion n’est pas d’abord une croyance, mais une institution sociale et une discipline.  » Une tension qui est au cœur de l’idée d’élection : «  Les Juifs ont la tâche d’annoncer à l’humanité entière qu’il n’y a qu’un seul Dieu et qu’une seule loi. Et ils ne survivent en tant que peuple qu’en se conformant à la loi juive. Il y a un moment où l’histoire des religions contredit l’enseignement des religions. Si vous enlevez les rites particuliers, il n’y a plus rien…  » 

« Le judaïsme, ce n’est pas l’universalité de la loi morale. C’est d’abord la loi juive » - Maurice-Ruben Hayoun 

Dans la culture et la philosophie islamiques, le hiatus est encore plus radical entre l’idée de l’unicité du principe divin (opposée à la trinité chrétienne ou à la dualité perse) et la singularité des mœurs islamiques. «  Dans le Coran, soutient Christian Jambet, il n’y a pas autre chose que des règles, des normes de conduites qui sont en réalité des préceptes ayant une valeur collective et non pas universelle. Il n’y a aucun énoncé éthique de type universel sur ce qu’est le Bien ou le Mal  ! L’éthique coranique détermine seulement des codes de conduite très particuliers, des préceptes déterminés selon leur objet.  »

C’est par ailleurs une éthique différentialiste où le statut des personnes est déterminant. «  Entre le sage et le tyran, entre l’homme et la femme, l’égalité est impossible, ce sont des êtres trop dissemblables. Par ailleurs, la même personne peut changer de statut en fonction de sa situation géographique ou religieuse  : le comportement dun musulman en France ou en terre dislam ne sera pas jugé de façon identique, ni celui dun chrétien ou d’un musulman en terre d’islam. En somme, pour la pensée islamique, l’espèce humaine en général est une fiction.  » C’est seulement avec les philosophes musulmans comme Avicenne que s’affirmera une éthique universelle post-coranique fondée sur la bonté de Dieu.

Comment s’est opérée la métamorphose ? «  Il a fallu que tout l’appareillage de la philosophie antique passe par armes et bagages dans la culture coranique pour lui fournir une base éthique, conclut Christian Jambet. Un des effets les plus remarquables de cette opération aura été la transformation de l’idée d’obéissance à Dieu. Elle signifiait le strict respect de toutes les prescriptions particulières. À partir du moment où la philosophie arrive, elle signifie l’obéissance réfléchie et rationnelle. Ce qui change tout…  »

« Les droits de l’homme peuvent s’accommoder de multiples versions pratiques » - Marcel Gauchet

Une référence à l’universel insuffisante

De Pékin et Bénarès à La Mecque et Jérusalem, la référence à l’universel, loin d’être absente, n’est tout simplement pas jugée suffisante à fonder le bien et le mal, le juste et l’injuste. Le constat mériterait d’être un peu médité par un Occident qui apparaît souvent comme enclin à imposer au reste du monde ses propres valeurs. L’arrogance, n’est-ce pas justement cette incapacité à se décentrer de ses propres normes au nom de leur universalité ?

C’est en faisant, au contraire, l’effort de se projeter dans ce qui fait sens moralement pour d’autres que nous retrouverions le vrai sens de ce que François Jullien appelle le «  commun  », pour le distinguer de l’universel (comme concept logique et a priori) et de l’uniforme (comme concept économique de la mondialisation). Aussi étrangères qu’elles nous soient devenues, nous sommes capables, moyennant un certain effort de traduction, de comprendre le sens de l’honneur, l’importance d’un rite ou l’attachement à la différence des conditions qui traverse les grands codes moraux de l’humanité. Et il en va de même pour les autres civilisations confrontées depuis longtemps déjà à nos propres exigences. Seul un tel travail dialogique permettra en tout cas que des normes universelles telles que les droits de l’homme prennent sens dans d’autres cadres de référence.

Comme le souligne le philosophe Marcel Gauchet dans Le Débat (n° 153, Gallimard, janvier-février 2009) : «  Si les droits de l’homme impliquent une vision globale de l’être-ensemble et posent question à ce titre, il y a mille manières de les comprendre culturellement et de répondre à leurs impératifs. À la différence de l’universel scientifique, ils s’accommodent d’une multiplicité de versions pratiques. C’est une de leurs forces qu’il faut savoir exploiter.  » Et le philosophe de conclure : «  L’universalité de la référence n’empêchera pas qu’il y ait plusieurs civilisations des droits de l’homme. La planète de l’universel sera plus que jamais celle de la multiplicité culturelle.  » 

Pour aller plus loin

Le bien, c’est ce que toute chose désire

«  L’Être nécessaire est par soi-même bien pur. Au total, le bien, c’est ce que désire toute chose. Or, ce que désire toute chose, c’est l’existence ou la perfection de l’existence. […] Par conséquent, ce qui, en réalité, est objet de désir, c’est l’existence, et l’existence est bien pur et perfection pure. Le bien est donc, au total, ce que toute chose désire dans la limite de sa définition, et ce par quoi se parachève son être. Le mal, en revanche, ne possède aucune réalité essentielle. Non !  »

Avicenne. En arabe Abu ‘Ali al-Husayn ibn Sina (980-1037). Philosophe, écrivain, médecin et scientifique qui vécut en Perse, dans l’actuel Iran. Il est considéré comme le «  troisième maître  », après Aristote et al-Farabi. Le texte présenté est extrait de Métaphysique, Livre VIII.

Rétribution et sanction

«  “Parce que tu n’auras pas servi l’Éternel ton Dieu, avec joie, dans l’allégresse, de ton cœur, dans l’abondance de tous les biens. Tu serviras tes ennemis…” (Deutéronome, XXVIII, 47 et 48). C’est comme si Dieu te disait : “Si tu as réalisé quelques commandements par amour et sollicitude, je t’aiderai à les pratiquer tous, et je te débarrasserai des souffrances et des entraves. En revanche, si tu délaisses une partie d’entre eux, les dédaignant, je te harcèlerai par des obstacles qui t’empêcheront de les accomplir tous, au point que tu n’atteindras ni perfection, ni survie dans le monde à venir.” C’est ce que les sages de la Michna ont voulu signifier, que leur souvenir soit bénédiction, par cette sentence : “La rétribution d’un commandement c’est le commandement, et la sanction d’une transgression, c’est la transgression  !  »

Maimonide. Né à Cordoue en 1138 et mort au Caire en 1204, c’est un philosophe, maître de droit rabbinique, et médecin. Le texte présenté est extrait de Prolégomènes au commentaire de la Michna.

Une éthique du renoncement

«  Renonçant au sommeil, à la torpeur et à la lassitude, je m’appliquerai assidûment et avec énergie.

Avec vigilance, attentivement et scrupuleusement, je veillerai sur le tout des portes des sens.

Et durant les trois périodes, jour et nuit, encore et encore, j’examinerai le flux de mon esprit.

Je dois déclarer mes propres fautes, mais ne point voir les erreurs des autres.

Je dois cacher mes mérites, tout en proclamant ceux des autres.

Il faut renoncer au gain et à l’honneur ; de la gloire, on doit toujours faire fi.

N’ayant que peu de désir, je devrai toujours savoir gré des bontés que l’on a pour moi. […]

Il me faut renoncer à toutes les distractions matérielles et être paré des richesses du sublime.  »

Atisha. Maître bouddhiste indien (983-1054). Abbé du monastère de Vikramashila, il enseigne une doctrine du renoncement. Le texte présenté est extrait du Collier des joyaux des bodhisattva.

Les rites et l’équité

«  Un morceau de bois tordu doit être travaillé à la vapeur et à l’étau pour devenir droit. Une lame émoussée doit être aiguisée à la pierre pour devenir tranchante. Prenons maintenant la nature humaine : elle est mauvaise et doit être amendée par les Maîtres et les normes pour être corrigée, elle doit passer par les Rites et l’équité pour être ordonnée.  »

Xunzi. En chinois Siun-tseu. Penseur confucianiste ayant vécu vers 298-238 av. J.-C. Ses enseignements sont réunis dans un ouvrage canonique qui porte son nom et dont est extrait ce texte.

Ne pas conduire les hommes à détester la moralité

«  Gaozi dit : “La nature humaine est comme l’osier, l’équité comme une corbeille faite en osier  : à partir de la nature humaine obtenir la moralité, cest comme à partir de l’équité obtenir une corbeille.

Mencius dit : “Pouvez-vous vous conformer à la nature de l’osier pour en obtenir la corbeille  ? Ou faut-il faire violence à losier avant den obtenir la corbeille  ? Si lon fait violence à losier pour en obtenir la corbeille, on fait également violence à lhomme pour en obtenir la moralité  ! Conduire tous les hommes à avoir en horreur la moralité, voilà à quoi aboutissent indéniablement vos propos.  »

Mencius. En chinois, Mengzi. Penseur confucianiste ayant vécu vers 380-289 av. J.-C. Ses enseignements ont été réunis dans un ouvrage canonique qui porte son nom et dont est extrait ce texte.

Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine

Source : https://www.philomag.com/articles/dieu-le-bien-et-le-mal

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  • Introduction à la religion du Zoroastrisme selon Wikipédia
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Image illustrative de l’article Zoroastrisme

Atar (feu sacré), l’un des symboles du zoroastrisme.

Présentation
Nature Religion distincte
Nom des pratiquants zoroastrien
Croyances
Croyance surnaturelle Divinité
Principales divinités Ahura Mazdâ
Principaux prophètes Zoroastre
Pratique religieuse
Date d’apparition IIe millénaire av. J.-C. ou première moitié du Ier millénaire av. J.-C.
Lieu d’apparition Actuelle Balkh
Aire de pratique actuelle Iran, Inde, Azerbaïdjan, Tadjikistan, États-unis, Chine
Nombre de pratiquants actuel 190 000
Classification
Classification d’Yves Lambert Religion de Salut universaliste
Période axiale selon Karl Jaspers Formation des deux grands empires perse (Achéménide et Sassanides), puis des grandes aires civilisationnelles politico-religieuses

Le zoroastrisme est une religion qui tire son nom de son prophète et fondateur nommé Zoroastre ou Zarathoustra1, né au nord-est de l’Iran au cours du IIe millénaire av. J.-C.2 ou de la première moitié du Ier millénaire av. J.-C.. Le nom persan de Zarathoustra a été transcrit en Zoroastre par les Grecs (Ζωροάστρης, Zôroástrês). Ses disciples s’appellent des zoroastriens ou, en français du XVIIIe siècle, des guèbres. Le zoroastrisme est aussi couramment dénommé mazdéisme, du nom de sa divinité principale, Ahura Mazda3.

La réforme religieuse de Zoroastre ou Zarathoustra a pour principal effet de centrer la religion mazdéenne sur le dieu Ahura Mazdâ (pehlevi : Ohrmazd), entouré d’un certain nombre d’entités. Ahura Mazda est seul responsable de l’ordonnancement du chaos initial, le créateur du ciel et de la Terre. Chaque être humain est doté d’une âme éternelle et de libre arbitre. Après la mort, les âmes encourent un jugement et vont au ciel ou au purgatoire.

Les textes religieux du zoroastrisme sont contenus dans l’Avesta, qui comporte deux parties : les Gathas, poèmes attribués à Zoroastre, et les Yasna qui constituent les textes liturgiques en tant que tels.

Le zoroastrisme a été la religion officielle de l’empire perse à trois reprises : sous le roi Hystaspès, sous les Achéménides, et sous les Sassanides jusqu’en 651, date de l’assassinat du dernier roi zoroastrien. Avec l’arrivée de l’islam et les persécutions qui en découlèrent, ceux qui refusèrent de se convertir se réfugièrent dans le Gujarat, en Inde, où ils formèrent la communauté Parsi et élevèrent des temples, tout en s’engageant à ne pas faire de prosélytisme4.

Des éléments du culte ont toutefois réussi à se maintenir dans le patrimoine culturel iranien, afghan et d’Asie centrale, qui accorde beaucoup d’importance aux fêtes zoroastriennes, en particulier celle de Nowruz, le nouvel an zoroastrien, célébré le 21 mars5. En 2008, on estimait le nombre des pratiquants du zoroastrisme à environ 190 000, la plupart vivant en Iran et en Inde6.

Les zoroastriens honorent le feu comme un symbole du divin et l’entretiennent dans des temples du feu. Les fidèles devraient avoir « de bonnes pensées, de bonnes paroles et faire de bonnes actions7 ». Zoroastre prêchait une religion dualiste, qui repose sur le combat entre le Bien et le Mal, la Lumière et les Ténèbres. Le principe de Zoroastre est qu’il existe un esprit saint (Spenta Mainyu), fils d’Ahura Mazdā, et un esprit mauvais (Angra Mainyu) (pehlevi Ahriman), son jumeau, tous deux opposés car représentant le jour et la nuit, la vie et la mort. Ces deux esprits coexistent dans chacun des êtres vivants. Toutefois, seul Ahura Mazda conserve la prééminence céleste et triomphera du mal à la fin des temps8.

Aujourd’hui, le zoroastrisme est une religion toujours existante mais sur le déclin, la majorité de ses pratiquants ayant été convertis de force à l’islam9.

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  • Le libre choix entre le Bien et le Mal dans le zoroastrisme – Une étude de la ‘Schweizerische Grossloge Alpina’ (SGLA), la Grande Loge suisse ‘Alpina’ (Franc-maçonnerie suisse)
    Le prophète Zoroastre enseigne le chemin du libre choix entre le Bien et le Mal à ses disciples toujours vivants, les zoroastriens. Sa religion, le zoroastrisme, propose des directions spirituelles sans dogmatisme ni fatalisme, car chacun a la liberté d’agir à sa guise. C’est le salut qui est en jeu, entre la récompense ou le châtiment, le paradis ou l’enfer.

Le prophète Zoroastre (nom grécisé de Zarathustra) fonda le zoroastrisme et lui donna son nom, l’une des premières religions monothéistes de l’Iran préislamique dévolue au culte du dieu Ahura Mazda. Ce dernier révéla à Zoroastre que les divinités du mazdéisme polythéiste n’étaient que différentes représentations de lui-même ; il était donc bien le dieu unique ou absolu, appelé à devenir l’Esprit Actif. Les historiens disposent de peu de données précises sur Zoroastre. Il serait né en Iran entre le IXe et le VIIe siècle avant notre ère, mais les dates les plus diverses ont circulé à son sujet : de 6’300 (par les Grecs anciens) à 100 avant notre ère, le curseur s’étant longtemps arrêté sur les VIIe et VIe siècles, avant de remonter vers les 1’500 à 1’000, toujours sans aucune preuve.

Orientation de pensée

L’essence du zoroastrisme se trouve dans la notion de libre arbitre. Tout homme, selon Zoroastre, a le choix entre le Bien et le Mal ; chacun est donc responsable des choix qu’il fait sur terre. Les disciples de cette théologie du dualisme, les zoroastriens, retrouvent cette liberté de choix dans les Ghatas, des odes ésotériques à la lutte entre les deux forces qu’incarnent Spenta Mainyu, l’esprit du Bien, de la vie, de l’intelligence, de la lumière, et Angra Mainyu, l’esprit du Mal, de la non-vie et de l’erreur, tous deux créés par le dieu Ahura Mazda. L’Avesta, le livre sacré des zoroastriens, pour sa part, s’apparente à un recueil de textes et de prières écrit en iranien ancien, qu’ils récitent quotidiennement. Cette « Bible » du prophète Zoroastre leur donne une orientation de pensée et les incline à agir en fonction des trois grands principes du fondement de la religion : bonnes pensées, bonnes paroles, bonnes actions.

Le zoroastrisme figure comme la première religion à avoir proposé une voie du salut personnel, sanctionnée par une survie différenciée de l’âme, en enfer ou au paradis, selon ses actions terrestres, en attendant la résurrection finale. L’enseignement de Zoroastre insiste sur l’importance de la prière, de l’humilité, du don de soi et de la bonne humeur, clés essentielles d’une vie spirituelle : « Ne ratez jamais une occasion de faire une bonne action. L’art de prier est de ne jamais prier pour soi-même, mais toujours pour son prochain. Soyez joyeux, riez autant que possible. Le rire est le meilleur médicament. » Quant au sens de la sagesse et de l’éveil, le prophète les définit ainsi : « La sagesse est la capacité permettant à l’esprit de prendre des décisions basées sur l’information accumulée et les expériences passées. Elle implique également la connaissance de soi, de ses origines et de sa vie. Nos décisions évoluent avec notre niveau d’information. Quand l’esprit a intégré et converti en sagesse suffisamment de connaissances, la sagesse intérieure commence à se dévoiler avec l’aide de l’Intelligence Universelle. Un moment arrive où tout paraît rentrer dans l’ordre et l’univers entier semble être un seul organisme. Tout ce qui n’est pas significatif se fondra automatiquement dans l’insignifiance. Cet état est appelé Éveil, Illumination. »

Les zoroastriens perçoivent le monde, son origine et sa finalité comme un échiquier géant qu’a créé leur dieu Ahura Mazda pour accueillir la bataille qui l’oppose à son pendant démoniaque Ahriman. Dans ce théâtre, chaque homme est un acteur de la scène de combat qui doit se jouer douze millénaires durant, depuis l’assaut d’Ahriman jusqu’à la victoire d’Ahura Mazda, donnant lieu à la rénovation ou régénération du monde lors de laquelle la création retrouvera sa perfection d’antan. Dieu établira alors son royaume sur la terre ; les méchants seront réduits à l’impuissance et la félicité régnera. C’est dans cette optique que les zoroastriens développent leur doctrine et leurs préceptes.

Le culte du feu sacré

Religion d’État de l’empire perse sous la dynastie des Sassanides (226-651), le zoroastrisme a commencé à fortement décliner après l’arrivée de l’islam. Aujourd’hui, une poignée de Parsis (venant de Perse) adorateurs du dieu Ahura Mazda (les mazdéens) – le nombre de 20’000 est articulé – est répartie entre les Etats-Unis, l’Iran et surtout l’Inde, en particulier à Mumbai (anciennement Bombay) dans l’État du Gujarat. Ils s’engagent dans l’action professionnelle et sociale avec de bonnes pensées, sans prosélytisme et en rejetant toute forme de violence, d’idolâtrie ou d’oppression.

Les Parsis continuent à maintenir vivant le culte du feu sacré ou originel, en le préservant et en l’honorant, car considéré spirituellement comme la véritable incarnation du dieu Ahura Mazda. Dans leurs demeures, il est, par exemple, formellement interdit de souffler sur une flamme, l’haleine étant impure, mais aussi de jeter des détritus dans le feu, d’y incinérer des corps ou, d’une façon générale, de le gaspiller. Le sacré trouve son apothéose dans un « Temple de Feu », qui est un espace magique exclusivement réservé aux Parsis, où trône une représentation du prophète Zoroastre ; un foyer au milieu de l’édifice, le Saint des Saints, permet de communiquer directement avec Ahura Mazda. Les disciples jettent des morceaux de bois de santal dans ce feu sacré, parfois dans plusieurs autres, douze précisément, qui, soumis à divers rituels pour les purifier, sont rassemblés en un seul. Les Parsis croient que le feu lave les mauvaises pensées et aide à agir avec conviction en suivant la vérité et le droit chemin.

Comme ils estiment que la mort est sale, puisqu’elle est l’incarnation du Mal, ils pratiquent aussi des rites funéraires bien spécifiques. Pour purifier les défunts et ceux qui les ont approchés, leurs prêtres effectuent des cérémonies précises sans regarder les corps qui ont été lavés et isolés. Les dépouilles sont ensuite amenées aux « Tours du Silence » au coeur de Mumbai, que dissimule une végétation dense, puis déposées à leurs sommets. Les quelques vautours présents viennent s’en repaître, le temps que l’âme puisse prendre son envol vers le grand soleil, donnant ainsi un sens religieux et généreux à la mort, un principe du zoroastrisme.

Le surhomme de Nietzsche

Dans La Flûte enchantée, Zoroastre a inspiré Mozart ; on le retrouve dans le personnage de Sarastro, dont l’enseignement, qui conduit Tamino et Pamina vers la vérité, fait peu à peu apparaître sa profonde sagesse et sa grande bonté. Mozart, mais aussi Richard Strauss (Opus 30, Also sprach Zarathustra), et davantage encore le philosophe allemand Friedrich Nietzsche, père du nihilisme, et auteur d’une oeuvre majeure parue en 1885 qui remet l’homme en question et en cause : Ainsi parlait Zarathoustra.

Nietzsche voit en Zarathoustra un surhomme, un être libre, supérieur et autonome, contrairement à l’homme contemporain qui est un être domestiqué. Par surhomme, le philosophe entend qu’« il n’est personne et personne ne sera jamais lui. Il représente l’affranchissement de toutes les contraintes : je suis de n’être rien ». Dans le domaine de la morale, « il n’est personne pour détenir la morale de personne. » Le sens profond du Zarathoustra de Nietzsche serait de tenter de découvrir des voies de la pensée indépendantes de tout système de référence et d’adhésion, de toute soumission à tel ou tel impératif, de toute appartenance à tel ou tel ensemble, de toute inclusion dans une évolution historique. Nietzsche, qui privilégie la « volonté », démontre ainsi le leitmotiv du Zarathoustra : « rejeter tout ce qui n’est pas voulu, conquis comme tel, tout ce qui est subi. C’est le sens du « deviens celui que tu es ». Contre tout ce qui est abdication de soi-même. »

Avec cet ouvrage, Nietzsche était convaincu d’avoir dépassé toutes les limites de la profondeur philosophique. Il le considérait comme un dithyrambe à la solitude, à la pureté. D. P.

Sources :
Jacques Duchesne-Guillemin, Zoroastre, étude critique, 1948
Le Monde des religions, édition 27 (janvier-février 2008)
Le Monde des religions, édition 80 (novembre-décembre 2016)
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra de Friedrich Nietzsche, Ed. Le Livre de Poche, Paris 1983.

Articles émanant de la Grande Loge suisse ‘Alpina’

Grande Loge Suisse Alpina - Schweizerische Grossloge Alpina

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  • 10. Bas du formulaire
    10.
    Résumé sur le bien et le mal dans la Bible, émanant de l’église protestante unie en France

1) La fin de l’innocence

La question du bien et du mal, la question de la morale donc dans la Bible, commence de façon paradoxale puisque la Bible commence par un monde sans bien ni mal en Genèse 1. Dans ce monde, les hommes sont en harmonie avec la nature et avec Dieu, ils sont gardiens de cette création.

La morale est l’évaluation du monde, une interprétation humaine de la réalité, c’est dans cette interprétation que l’homme définit ce qui est le bien et le mal. Mais pour que cette morale puisse exister il faut que l’homme ai conscience de sa place dans cette création ce qui lui échappe totalement au début du livre de la genèse. L’homme vit simplement dans la protection de Dieu, sous ses conseils, il n’a aucune conscience de lui-même ni du lien qui l’unit à Dieu. Il est ערום c’est à dire qu’il est nu, innocent, dépourvu de conscience de lui-même et de son statut dans la nature.

Tout le récit biblique : les différents noms des personnages, leurs interactions, et leurs punitions finales relatent l’éveil à la conscience humaine qui va lui permettre aussi un éveil moral.

L’arbre de la connaissance est la capacité à distinguer entre le bien et le mal (connaissance morale) mais surtout entre la vie טוב et la mort רע  c’est à dire que l’homme désormais a conscience qu’il est une créature, créature qui est donc une création et qui fait partie du tout de la nature. Il peut choisir de défendre cette vie en lui et autour de lui ou bien la détruire. Cette connaissance lui apporte donc aussi le pouvoir de choisir l’orientation de son existence.

Il est possible de comprendre tous les personnages de cette histoire comme des personnages d’une histoire mais aussi comme les différentes facettes de l’homme qui prend peu à peu conscience de lui-même.

Adam est le personnage qui désigne l’humanité l’origine de son nom : le glébeux le désigne comme étant directement connecté à la terre et à la nature.

Aish : l’homme désigne la volonté humaine alors qu’Aisha désigne l’aspect intellectuel humain

Le serpent, Nahash : symbolise la curiosité humaine qui va pousser l’humain à comprendre le milieu où il vit.

חוה qui est le nom d’Eve après qu’elle ait donné du fruit défendu à Adam, signifie un enseignement, une connaissance, c’est l’humanité qui a désormais accès à la connaissance.

Tous ces personnages ont pour but de décrire l’élévation de la conscience humaine et le mot Haroum, qui désignait jusque-là l’innocence humaine peut désormais se lire Harom : c’est à dire la ruse, ou la sagesse. L’homme est devenu sage ou rusé pour la connaissance du bien et du mal mais cette connaissance va le sortir de la nature, car désormais sa trop grande conscience de lui-même en fait un être unique dans la nature en déséquilibre : mi animal, mi intellect, l’homme a du mal à savoir qui il est.

La morale écologique

Avec le texte du déluge nous avons la suite du récit de la genèse qui répond à notre question : l’homme est désormais capable de choix moraux que va t’il en faire ?

Avec Cain et Abel la réponse est rapide : il ne va rien en faire de bon. Cain va tuer son frère par jalousie, impulsivité et céder à ses instincts violents.

La généalogie de Cain va symboliser la chute de l’homme dans cette violence tous les noms de la généalogie de Cain symbolisent cette déchéance humaine cela est très clair en voici un exemple :

Cain se voit protéger par un signe que Dieu pose sur lui : quiconque s’attaque à lui subit une vengeance 7 fois supérieure. Ce signe est tout à la fois une protection et une malédiction pour l’être humain, car cette violence va se répandre et se multiplier la preuve : Lemech le descendant de Cain : quiconque l’attaque subit une violence 70 fois supérieure à celle de Cain. C’est à dire que la violence s’est multipliée et répandue.

Le texte biblique dit même que le cœur de l’homme est Rak, c’est à dire pourris et que son esprit devient chair. Dieu choisi donc d’éliminer la création afin de sauver ce qui peut l’être. Cette décision n’a rien de moral elle est de l’ordre de la survie de la création. Au niveau individuel elle est insupportable mais au niveau collectif elle se défend. Seul Noé (le repos de la violence) permettra un espoir pour l’humanité et un renouveau pour la création.

La Bible est-elle un livre moral ?

Pour répondre à cette question je vais prendre deux textes que je vais comparer côte à côte :

Le jugement de Salomon dans lequel il est question de juger deux prostituer pour savoir s’il y a eu vol d’enfant. Et la parabole du fils prodigue dans laquelle le fils aîné dilapide sa fortune et le fils cadet reste auprès de son père.

La logique des deux récits est la même :

1) Les acteurs de l’histoire ne méritent pas la grâce qui leur est faite :

Dans le jugement de Salomon les deux femmes sont en effraction vis à vis de la loi et ne mérite pas d’être entendu par le roi du fait de leur statut de prostituée ce sont donc deux pécheresses.

Dans la parabole du fils prodigue le fils aîné pèche contre son père mais le fils cadet en refusant la décision de son père lors du retour de son frère pèche aussi par jalousie contre son père et son frère. Aucun des deux finalement n’est digne de l’amour de son père.

Les héros du récit prennent des décisions aberrante et injuste afin de laisser chacun devant ses responsabilités :

Le roi Salomon va décider de faire couper l’enfant en deux afin de vérifier qui est la vraie mère de l’enfant alors que le père de la parabole va accepter de donner son héritage a ses deux enfants et de laisser partir son fils aîné vivre sa vie.

Les deux récits utilisent des procédés littéraires qui subvertissent la religion de leur époque : il était hors de question d’écouter des prostituer ou de découper des enfants en deux tout comme il était hors de question qu’un père se sépare de son héritage de son vivant dans le judaïsme antique.

Les héros de l’histoire par leur attitude sont une critique de la religion et de la justice de leur temps afin de montrer les limites humaines :

Dans le cas du jugement de Salomon la morale est de montrer que la justice humaine est bien souvent une vengeance

Dans le cas de la parabole du fils prodigue la morale est de montrer que les enfants soi-disant aimants agissent en fait par intérêt.

L’amour des héros de la parabole est totalement injuste et concerne tout le monde sans distinction

Les deux prostituées sont prises en compte par Salomon, celle qui a perdu son fils le récupère celle qui est menti n’est pas condamné pour ses actions. Il y a une profonde humanité dans ce jugement qui comprend la souffrance de chacune et essaie d’y faire face avec amour.

Les deux enfants de la parabole ne méritent pas l’amour de leur père et pourtant il va pardonner au fils aîné ses excès et son retour sans rien lui demander tout comme il prendra le temps d’expliquer les choses patiemment au fils cadet sans énervement. Le père se soucie des deux frères et les aiment autant l’un que l’autre sans mérites de leur part.

Conclusion

La bible parle de morale, du bien et du mal, elle l’évoque son lien avec l’homme et bien qu’elle affirme que l’homme est capable de choix moraux elle relativise énormément la capacité de l’homme à s’en servir correctement (dernier dialogue de Jonas)

La bible montre les limites de la morale et la difficulté de faire des choix qui demeurent humains en toute circonstance notamment lors de l’épisode du déluge.

Même si elle semble défendre au premier abord une théologie qui est discutable moralement comme lorsqu’elle cautionne l’attitude de Jacob vis à vis de son frère Esaü, il me semble que la bible est la plupart du temps Amorale, car contrairement à ce que l’on pourrait penser, elle opère à un autre niveau.

La bible défend l’idée de la grâce avant tout, c’est à dire de l’amour inconditionnel de Dieu, amour qui ne dépend pas des actions humaines et qui agit de la même façon avec le bon et le méchant. En ce sens la grâce n’est pas morale, elle est injuste, elle est magnifique à cause de cela. Car pour citer Nietzsche tout ce qui se fait par amour se fait par-delà le bien et le mal, et c’est un don du ciel que cela puisse exister...

Eglise protestante unie de France

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Source : https://www.eglise-protestante-unie.fr/toulon-p60443/fiche/le-bien-et-le-mal-10139

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Le sujet traverse la Bible de part en part, et nous y sommes confrontés chaque jour. Qui décide que dérober un objet dans un magasin est mal, et que le payer est bien ? Pourquoi, depuis quarante ans, les relations sexuelles avant le mariage sont-elles banalisées, alors qu’avant, on les réprouvait ? Qui décide ? De même pour l’avortement, l’euthanasie, l’homosexualité, etc.

Quand on dit que le bien est ce qui est permis, et le mal ce qui est défendu, l’on sous-entend que c’est la loi qui précise ce qui est bien ou ce qui est mal. Or la loi, pour être loi, doit être respectée comme l’expression de principes universels intangibles, tels que la protection de la vie humaine et des plus faibles, la responsabilité de chacun envers son prochain, l’autorité des magistrats (eux-mêmes soumis à la loi), la punition des criminels, etc. Aujourd’hui, ce qui est bien et ce qui est mal est souvent redéfini en fonction d’une opinion publique instable, ou de groupes de pression organisés pour faire valoir leurs droits. Il existe même un consensus pour admettre en théorie qu’est bien ce qui est globalement utile à la société, et mal ce qui ne l’est point. Qu’en penser ? Jusqu’où étendre les concepts d’utilité et d’inutilité, de loi opportune ou inopportune ?

1. Des références immuables

Dans bien des domaines, l’être humain fonctionne selon des normes précises et absolues.
• Les lois naturelles. Si je lâche une bouteille, elle va se casser. Je sais pourquoi je ne la lâche pas.
• Poids et mesures. Un mètre – 100 cm – est défini par la vitesse de la lumière dans le vide en une fraction de seconde. Qui oserait dire : « À partir d’aujourd’hui, le mètre ne sera plus que de 99cm » ? Ou qui redéfinira le kg à 950gr ? Il y a des références qui ne changent pas.
• Sur le plan éthique et spirituel, il y a aussi des références absolues qui définissent ce qui est bien et ce qui est mal. Par exemple, l’adultère est interdit par le 7e commandement. Le principe « de la bouteille » est vérifiable : toute infraction entraîne de la casse ! Ces références absolues quant au bien et au mal sont définies par le Dieu de l’Univers, le Dieu de la Bible. C’est Dieu, et Dieu seul qui définit ce qui est bien et ce qui est mal.1
Alors que Don Richardson, missionnaire en Nouvelle Guinée, annonçait l’Évangile aux indigènes, ces derniers se sont mis à applaudir Judas, le traître, parce que, dans leur culture, les traîtres étaient considérés comme des héros. Il fallut beaucoup de sagesse à Don Richardson et à son épouse pour expliquer à ces tribus les notions de bien et de mal.

2. Les avertissements de la Bible

Le prophète Ésaïe annonce clairement une malédiction pour qui inverse bien et mal. Dieu ne va pas foudroyer dans l’immédiat ceux qui agissent ainsi. Mais, au vu des fléaux qui minent notre société, admettons que notre génération récolte les fruits amers de sa confusion entre bien et mal : la criminalité est en hausse, l’injustice plus flagrante, la famille déchirée, des meurtres sont assumés avec une absence totale de remords, les suicides se multiplient ainsi que les cas de maltraitance.

a. Dieu sépare lumière et ténèbres

1 Jean 1.5 : « La nouvelle que nous avons apprise de lui, et que nous vous annonçons, c’est que Dieu est lumière, et qu’il n’y a point en lui de ténèbres. » Lors de la Création, « Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres » (Gen 1.4). Dès la création, lumière et ténèbres existent. Dieu établit une alternance régulière de la lumière et de l’obscurité, qui permet à l’une d’être pleinement lumière et à l’autre d’être pleinement obscurité. Dieu opère un acte significatif et symbolique : il distingue et sépare lumière et ténèbres.

Dans la Parole de Dieu, les ténèbres symbolisent ce qui est négatif, la mort, le mal. La lumière représente la vie, le bien. Dès le début de la Création, Dieu donne un signe clair à propos du bien et du mal en séparant la lumière des ténèbres. Ce qui appartient au Royaume de la lumière est de Dieu. Ce qui appartient au Royaume des ténèbres est de Satan, le diable.

b. L’arbre de la connaissance du bien et du mal

« L’Éternel Dieu donna cet ordre à l’homme : Tu pourras manger de tous les arbres du jardin, mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement. » (Gen 2.16-17).

Dieu instruit l’homme en le prévenant contre toute intrusion dans le mystère du bien et du mal. À l’origine, Adam et Ève n’avaient aucun problème de conscience. Ils étaient destinés à vivre éternellement dans l’innocence. En cédant aux mensonges de Satan, l’homme s’est trouvé plongé dans l’alternative du bien et du mal. Ce dilemme a abouti à trois événements tragiques : le premier meurtre de l’histoire, le monde submergé par les eaux du déluge, et Sodome et Gomorrhe détruites par le feu. Le motif de ces jugements résidait dans la confusion entre le bien et le mal.

Mais la race humaine est encore là, et l’homme est toujours confronté au problème du bien et du mal. Par sa conscience, il est placé jour après jour devant des choix moraux : « Quand les païens, qui n’ont point la loi, font naturellement ce que prescrit la loi, ils sont, eux qui n’ont point la loi, une loi pour eux-mêmes. Ils montrent que l’oeuvre de la loi est écrite dans leur coeur, leur conscience en rendant témoignage, et leurs pensées s’accusant ou se défendant tour à tour. » (Rom 2.14-15).

3. Des lois immuables

a. La loi de Moïse

À partir d’Abraham, Dieu se forme un peuple mis à part pour servir à sa gloire et se révéler aux autres nations. Il fait alliance avec Israël et donne à Moïse les tables de la Loi sur lesquelles sont inscrits les Dix commandements, des règles de vie qui déterminent clairement ce qui est bien et ce qui est mal (Ex 20.2-17 ; Deut 5.6-17). En résumé, on peut dire que le bien est ce qui contribue à la promotion de la vie ; le mal, ce qui tend à la détruire et à la nier. C’est ce que Dieu déclare quand il appelle son peuple à lui obéir : « Vois, je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal. Car je te prescris aujourd’hui d’aimer l’Éternel, ton Dieu, de marcher dans ses voies, et d’observer ses commandements, ses lois et ses ordonnances, afin que tu vives et que tu multiplies, et que l’Éternel, ton Dieu, te bénisse dans le pays dont tu vas entrer en possession. » (Deut 30.15-16).
Là encore, c’est l’Éternel Dieu qui décrète ce qui est bien et ce qui est mal en gravant lui-même les tables de la Loi. Dieu indique par ce geste qu’il est le seul à pouvoir statuer sur ce qui est bien et ce qui est mal.

b. La loi de Christ

Constater les dérapages d’une société qui décide elle-même ce qui est bien et ce qui est mal ne doit pas nous faire tomber dans le piège du pharisaïsme : « Je suis un pur ! Personne n’est comme moi ! » Les péchés grossiers que nous dénonçons ne doivent pas nous faire oublier les péchés subtils qui détériorent nos relations, nuisent à l’Église de Jésus-Christ et à nos assemblées locales.

Parfois, nous ne nous demandons même plus si certains de nos actes sont justifiés, tant nous avons pris l’habitude de les pratiquer. L’auteur chrétien Jerry Bridges les appelle des péchés raffinés  : « Ce sont les péchés des gens biens, les péchés que nous pouvons commettre de façon habituelle sans perdre notre place de pasteur, d’ancien, de diacre, de moniteur d’école du dimanche, d’animateur d’étude biblique ou d’ouvrier à plein temps dans l’oeuvre du Seigneur. »

Ces péchés subtils, les épîtres les dénoncent clairement. Il peut s’agir d’un esprit de jugement au sujet de mon prochain ; de critique, de médisance, de calomnie, de commérages, d’amertume, de ressentiment, d’impatience, de susceptibilité, de refus de pardonner (Col 3.8 ; Éph 4.31). La loi de Christ devrait nous amener à fuir ce genre de péchés  : « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ. » (Gal 6.2).

Un homme demandait à Jésus : « Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ? Jésus lui répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. » (Mat 22.36-40). Jésus résume toute la Loi par deux commandements : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Cela paraît tellement simple. Dans ces deux commandements, il y a tout. C’est complet et suffisant. Et pourtant, si la loi de Christ n’est pas gravée dans nos coeurs par le Saint-Esprit (Éz 36.26-27), comment espérer mettre en œuvre ces deux règles élémentaires ?

Conclusion

La Sainte Parole de Dieu est l’unique norme du bien et du mal. C’est la référence, la mesure-étalon. Dieu ne change pas ce qu’il a prescrit au début de la Création, ni ce qu’il a écrit sur des tables de pierres. Ce que Jésus a enseigné reste valable pour tous les temps, toutes les générations. Quoi que disent et pensent les hommes, les critères du bien et du mal fixés par Dieu ne changent pas. Jésus a dit : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. » (Mat 24.35).

Abraham Lincoln, désignant la Bible, a écrit : « Tout ce qui est bon venant du Sauveur du monde est communiqué à travers ce Livre. Sans ce Livre nous ne pourrions distinguer le bien du mal. Tout ce qui est désirable pour l’homme est contenu en lui. »

La grande illusion et la tromperie de notre temps proviennent des mensonges que Satan continue d’insuffler au coeur de l’homme pour lui faire croire qu’il est son propre dieu et qu’il peut décider lui-même ce qui est bien et ce qui est mal. À ces gens-là, Dieu dit : « Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, qui changent l’amertume en douceur, et la douceur en amertume ! Malheur à ceux qui sont sages à leurs yeux, et qui se croient intelligents ! » ( És 5.20-21).

Parce que Dieu a clairement défini ce qui est bien et ce qui est mal, il nous dit :
_ ? « Éloigne-toi du mal, et fais le bien. Recherche et poursuis la paix » (Ps 34.14) ;
_ ? « Détourne-toi du mal, fais le bien, et possède à jamais ta demeure. » (Ps 37.27).

Le danger qui nous guette et qui guette l’Église, c’est d’être influencés par le milieu ambiant au point de relativiser le bien et le mal  : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes oeuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. » (Mat 5.13-14,16).

Que Dieu nous accorde la grâce d’être des témoins fidèles, « le sel de la terre ». Que « notre lumière luise devant les hommes » pour diriger les regards de nos semblables vers les références absolues, inaltérables et permanentes qui apportent la bénédiction de Dieu.

1 Cf. son livre L’Enfant de Paix, Éd. Vida, Miami, 1981, ainsi que le film L’enfant de la Paix, chez Médiason (durée : 30 m.)

Dossier : Intégrité et corruption

Promesses ! Promesses est une revue de réflexion biblique trimestrielle qui paraît depuis 1967. Les articles publiés visent à affermir les bases de la foi et à proposer une réflexion sur l’engagement du chrétien dans la société actuelle. Vous trouverez sur ce site des études bibliques et des articles sur divers thèmes liés à la foi (doctrine, vie chrétienne, éthique, histoire, etc.) Vous pouvez également vous abonner pour recevoir par courrier la version imprimée de Promesses et profiter ainsi des nouveaux articles dès leur parution. Nous vous souhaitons une lecture agréable et constructive !

Henri Lüscher, éditeur – Source : https://www.promesses.org/le-bien-et-le-mal/

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Les Témoins de Jéhovah sont connus principalement pour leur prédication de porte-à-porte et l’importance qu’ils donnent à la Bible, qu’ils considèrent comme la parole de Dieu. De tendance pré-millénariste, ils annoncent depuis les années 1870 l’intervention imminente de Dieu dans les affaires humaines lors de la bataille d’Armageddon, et ont pour objectif l’établissement du Royaume de Dieu sur Terre, seule solution aux maux de l’Humanité selon eux. Selon leur doctrine, JéhovahN 1 est le nom personnel de Dieu, et faire connaître ce nom est primordial pour eux. Ils sont aussi restaurationnistes, c’est-à-dire qu’ils croient que Dieu a restauré le véritable christianisme par leur intermédiaire. De ce fait, ils sont très critiques envers les autres religions, qui pour eux font partie de « Babylone la Grande », organisation de Satan décrite comme « l’empire mondial de la fausse religion ». Ils se veulent aussi politiquement neutres et refusent d’accomplir un service militaire.

En 2020, le mouvement revendique près de 8,42 millions de membres actifs dans le monde entier. Par ailleurs, plus de 17,84 millions de personnes, pratiquants et sympathisants confondus, ont assisté à leur célébration annuelle, le « Mémorial de la mort du Christ ». La direction du mouvement est exercée par le Collège central, garant de l’ordre théocratique et de l’enseignement. Il fait éditer à cet effet par la société Watchtower de nombreuses publications, telles que les revues La Tour de garde et Réveillez-vous !

Les Témoins de Jéhovah sont régulièrement accusés d’être une secte, dans le sens d’organisation à dérives sectaires, par les associations anti-sectes et les médias. Ils sont aussi qualifiés comme tels par les sociologues, mais selon des critères moins polémiques. Ils sont l’objet de controverses autour de leur refus des transfusions sanguines, même lorsqu’un pronostic vital est engagé, de leur isolement social, de leur politique d’exclusion et de leur gestion des affaires de pédophilie en interne.

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Site de l’article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9moins_de_J%C3%A9hovah

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Beaucoup de gens, et même ceux qui se disent chrétiens, pensent que les normes de la Bible sur la sexualité et le mariage sont dépassées. Pour s’adapter à notre époque, certaines religions ont changé leur enseignement sur ce qu’elles qualifient de bonne ou de mauvaise conduite. Les normes de la Bible concernant le bien et le mal sont-​elles dépassées ? Non. Cet article explique comment on peut en être sûr.

Les humains ont besoin des normes du bien et du mal établies par Dieu

Les humains ont été créés avec le besoin de suivre les conseils de Dieu. La Bible dit : « Ce n’est pas à l’homme qui marche de diriger ses pas » (Jérémie 10:23). Même si Jéhovah * nous a créés avec la capacité de prendre des décisions, il ne nous a pas donné le droit, ou la capacité, de définir nous-​mêmes ce qui est bien ou mal. C’est pourquoi, il veut que nous nous appuyions sur lui (Proverbes 3:5).

Nous trouvons les normes de Dieu dans la Bible. Considérons deux raisons qui montrent la valeur de ces normes.

  • Dieu nous a créés (Psaume 100:3). Puisque Dieu nous a créés, il sait exactement ce dont nous avons besoin pour être en bonne santé et heureux sur les plans physique, mental et affectif. Il sait aussi ce qui nous arrivera si nous rejetons ses normes (Galates 6:7). De plus, Jéhovah veut que nous ayons la meilleure vie qui soit. C’est pourquoi, la Bible décrit Dieu comme ‘celui qui nous enseigne pour notre bien, celui qui nous guide sur le chemin où nous devons marcher’ (Isaïe 48:17).
  • Nos désirs peuvent nous tromper. Beaucoup de gens pensent qu’ils peuvent décider de ce qui est bien ou mal en suivant leur cœur et leurs désirs. Pourtant, la Bible dit que ‘le cœur est plus traître que toute autre chose et qu’il est prêt à tout’ (Jérémie 17:9). Si notre cœur n’est pas guidé par la sagesse de Dieu, il nous poussera à agir d’une façon que nous regretterons plus tard (Proverbes 28:26 ;Ecclésiaste 10:2).
    Les chefs religieux devraient-ils ne pas tenir compte de ce que la Bible qualifie de bien ou de mal  ?

Non ! La Bible enseigne la vérité sur Dieu et sur les comportements qui lui plaisent (1 Corinthiens 6:9-11 ;Galates 5:19-23). Dieu veut que tout le monde connaisse cette vérité (1 Timothée 2:3, 4). Les chefs religieux doivent donc enseigner ce que la Parole de Dieu dit (Tite 1:7-9).

De nombreuses personnes qui ne souhaitent pas se conformer aux normes morales de la Bible se tournent vers les chefs religieux « pour que ceux-ci leur disent ce qu’ils veulent entendre » (2 Timothée 4:3, note). Pourtant, la Parole de Dieu contient cet avertissement clair : « Malheur à ceux qui disent que le bien est mal et que le mal est bien » (Isaïe 5:20). C’est évident, Dieu demandera des comptes aux chefs religieux qui n’enseignent pas précisément ce qu’il considère comme bien ou mal.

Les normes de la Bible autorisent-elles une personne à être intolérante  ?

Non. Ceux qui veulent plaire à Dieu suivent l’enseignement et l’exemple de Jésus Christ. Il a enseigné à ses disciples à ne pas juger les autres mais plutôt à manifester de l’amour et du respect envers tous (Matthieu 5:43, 44 ;7:1).

Les disciples de Jésus devaient respecter les normes de Dieu dans tous les aspects de leur vie. Mais, ils devaient aussi accepter que d’autres personnes choisissent de vivre selon des normes différentes (Matthieu 10:14). Jésus n’a pas permis à ses disciples de se servir de la politique ou de tout autre moyen pour forcer les autres à suivre les normes de Dieu (Jean 17:14,16 ;18:36).

Quels bienfaits y a-t-il à respecter les normes de Dieu  ?

Si nous nous efforçons de suivre les normes du bien et du mal établies par Dieu, nous en retirerons des bienfaits dès maintenant et dans l’avenir (Psaume 19:8,11). Par exemple, nous aurons :

RÉVEILLEZ-VOUS ! Avoir des valeurs morales

En transmettant de bonnes valeurs morales à vos enfants, vous préparez leur avenir.

RÉVEILLEZ-VOUS ! Des valeurs qui n’ont pas de prix

On entend souvent dire : « Si ça te paraît bien, vas-y ! Écoute ton cœur ! » Est-ce bien raisonnable ? Découvrez pourquoi vous pouvez avoir confiance dans les valeurs que la Bible enseigne.

En parallèle

Est-il mal davoir des relations sexuelles avant le mariage  ?

Qui est l’Auteur de la Bible ?

JW.ORG® / Site officiel des témoins de Jéhovah

Copyright © 2021 Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania. CONDITIONS D’UTILISATION | RÈGLES DE CONFIDENTIALITÉ - Source : https://www.jw.org/fr/la-bible-et-vous/la-foi-en-dieu/ce-qui-est-bien-et-mal/

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  • Découvrir l’islam en 3 minutes – Vidéo 4:29 - 02 avril 2019 - COEXISTER FRANCE
    Cette semaine, découvre l’histoire et les pratiques religieuses de l’#Islam ! Une nouvelle vidéo pédagogique dans le cadre de notre mini-série sur les convictions. On te donne rdv dans une semaine pour découvrir l’Athéisme ! #TousUnisContreLaHaine Pour solliciter un atelier de sensibilisation Coexister en milieu scolaire : sensibilisation@coexister.fr

Source : https://www.youtube.com/watch?v=MVrqX73MG_8

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    Introduction à la religion abrahamique de l’islam par Wikipédia
Pour les articles homonymes, voir Islam (homonymie). Ne pas confondre l’islam avec l’islamisme, ni son sens religieux avec la civilisation islamique ou Islam.
Photo - La Kaaba, située à La Mecque en Arabie saoudite, est le centre de l’islam
Présentation
Nom original arabe : الإسلام ; Alʾislām (« la soumission »)
Nom français Islam
Nature Religion distincte
Lien religieux Apport du judaïsme et du christianisme avec changements majeurs disruptifs
Principales branches religieuses Sunnisme (90 %) et chiisme
Nom des pratiquants Musulman
Croyances
Type de croyance Monothéisme
Croyance surnaturelle Divinité, djinn, ange
Principales divinités Dieu (Allah en arabe)
Principaux prophètes Ibrahim, Moussa, Nuh, Issa et Mahomet
Personnages importants Mahomet, Ali (chiisme)
Lieux importants La Mecque, Médine, Jérusalem
Principaux ouvrages Le Coran, divers recueils de hadiths
Pratique religieuse
Date d’apparition VIIe siècle
Lieu d’apparition Hedjaz
Aire de pratique actuelle Monde entier
Nombre de pratiquants actuel 1,8 milliard
Principaux rites Divers rites suivant branches et mouvements religieux
Clergé Pas de clergé sauf dans le Chiisme.
Classification
Classification d’Yves Lambert Religion de Salut universaliste
Période axiale selon Karl Jaspers Formation des grands empires (IVe siècle av. J.-C. - Ier siècle av. J.-C.), puis des grandes aires civilisationnelles politico-religieuses [réf. nécessaire]

L’islam (en arabe : الإسلام ; Alʾislām, « la soumission ») est une religion abrahamique s’appuyant sur le dogme du monothéisme absolu (تَوْحيد, tawhid) et prenant sa source dans le Coran, considéré comme le réceptacle de la parole de Dieu (الله, Allah) révélée, au VIIe siècle en Arabie, à Mahomet (محمّد, Muammad), proclamé par les adhérents de l’islam comme étant le dernier prophète de Dieu. Un adepte de l’islam est appelé un musulman ; il a des devoirs cultuels, souvent appelés les « piliers de l’islam ». Les musulmans croient que Dieu est unique et indivisible et que l’islam est la religion naturelle au sens où elle n’a pas besoin de la foi en l’unicité divine pour constater l’existence de Dieu, cette vérité étant donnée tout entière dès le premier jour et dès le premier Homme (Adam). Ainsi, elle se présente comme un retour sur les pas d’Abraham (appelé, en arabe, Ibrahim), en une soumission exclusive à la volonté d’Allah.

En 2015, le nombre de musulmans dans le monde est estimé à 1,8 milliard, soit 24 % de la population mondiale, ce qui fait de l’islam la deuxième religion du monde après le christianisme et devant l’hindouisme. L’islam se répartit en différents courants, dont les principaux sont le sunnisme, qui représente 90 % des musulmans, le chiisme et le kharidjisme.

L’islam est, chronologiquement parlant, le troisième grand courant monothéiste de la famille des religions abrahamiques, après le judaïsme et le christianisme, avec lesquels il possède des éléments communs. Le Coran reconnaît l’origine divine de l’ensemble des livres sacrés de ces religions, tout en estimant qu’ils seraient, dans leurs interprétations actuelles, le résultat d’une falsification partielle : les Feuillets d’Abraham, la Tawrat (le Livre de Moïse identifié à la Torah), le Zabur de David et Salomon (identifié au Livre des Psaumes) et l’Injil (l’Évangile de Jésus).

L’islam accorde une grande importance à la Sunna de Mahomet, dont la tradition musulmane a rapporté des paroles, faits et gestes. Ces récits, appelés hadîths, auxquels se réfèrent la majorité des musulmans pour l’établissement de règles juridiques (fiqh), permettent de codifier la foi et la pratique musulmane. Les différentes branches de l’islam ne s’accordent pas sur les compilations de hadiths à retenir. Le Coran et les hadiths dits « recevables » sont deux des quatre sources de la loi islamique (la charia), les deux autres étant le consensus (ijmâ’) et l’analogie (qiyâs).

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  • Le Bien et le Mal en Islam - « Comment articuler volonté divine et responsabilité humaine » - Document ‘campuslumieresdislam.fr’ - Vidéo 10:42 issue d’une série autour des mots dans l’Islam réalisée en partenariat avec le GIS Moyen-Orient et mondes musulmans / CNRS.
    ‘Campus numérique’ consacré à la pensée, à l’histoire et aux cultures de l’Islam

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Addenda : A propos du bien et du mal en Islam : définition de harām (arabe : حَرَام ), illégal, illicite, interdit, inviolable et de alāl (arabe : حلال), permis, autorisé, licite 

16.2
Quelques définitions concernant le monde musulman

Haram

Le mot harām (arabe : حَرَام [arām], illégal ; illicite ; interdit ; inviolable ; sacré) a deux sens en arabe et dans le monde musulman. D’un côté il signifie l’interdiction (harām). De l’autre il signifie sacré : le territoire autour des deux villes saintes de la Mecque et de Médine est sacré (arabe : البَلَد الحرام [al-balad al-arām], « le territoire sacré ») donc interdit aux non-musulmans. La mosquée de la Mecque est appelée la « Mosquée Sacrée » (مَسجِد الحرام [masjid al-arām]), la Kaaba est la « Maison sacrée » (arabe : بَيْت الحرام [bayt al-arām]), l’esplanade des mosquées à Jérusalem est le Noble Sanctuaire (Haram ash Sharif).

  • En arabe, le terme harām est l’opposé de halal.
  • Le mot harem (حريم [ḥarīm]) vient de la même racine arabe : l’épouse est sacrée et interdite à tout autre que son époux, le harem est un lieu interdit où séjournent les épouses.
    Dans une mosquée, la salle de prière est désignée sous le nom de el haram.

Photo - El haram ou salle de prière de la Grande Mosquée de Kairouan, située dans la ville de Kairouan en Tunisie.

NB. Cet article ne respecte pas la neutralité de point de vue (juin 2020). Considérez son contenu avec précaution et/ou discutez-en. Il est possible de préciser les sections non neutres en utilisant section non neutre et de souligner les passages problématiques avec passage non neutre.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Haram

Halal

Dans l’islam, le mot alāl (arabe : حلال) désigne ce qui est « permis », « licite ». Cela ne concerne pas seulement l’alimentation, mais les règles de vie en général, la « morale musulmane1 ». Généralement dans l’islam, toute action qui n’est pas explicitement interdite dans les textes est considérée comme permise. Sinon, elle est dite harām, c’est-à-dire illicite.

Cet article ne s’appuie pas, ou pas assez, sur des sources secondaires ou tertiaires (mai 2019). Pour améliorer la vérifiabilité de l’article ainsi que son intérêt encyclopédique, merci de citer les sources primaires à travers l’analyse qu’en ont faite des sources secondaires indiquées par des notes de bas de page (modifier l’article).

Article complet sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Halal

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16.3
Du licite et de l’illicite - Le 07/11/2021 – Enregistrement de 57 minutes - À retrouver dans l’émission de France Culture Questions d’islam par Ghaleb Bencheikh

L’écrivain Abdelkader Railane présente son roman ’Haram City’. C’est l’histoire d’un voyage intérieur, celui de Samir qui, après avoir passé sa vie dans le haram décide de se racheter une virginité spirituelle en accomplissant le pèlerinage à la Kaaba, à la Mecque, pour renouer avec le halal.

Illustration de l’ouvrage : Haram city • Crédits : Editions Jeanne d’Arc

L’approche rigoriste de la pratique religieuse islamique culpabilise les jeunes consciences croyantes. Avec cette religiosité aliénante et le ritualisme desséchant qui la caractérise, la vie de certains musulmans est bornée par le halal et le haram, le permis et l’interdit. Auquel cas, avec cette obsession de la norme canonique, leurs actes sont jaugés à l’aune de l’observance du halal et de la non transgression du haram

C’est ce que présente l’écrivain Abdelkader Railane dans son histoire romancée Haram City. Il s’agit d’un homme qui, après avoir passé sa vie dans le haram, tient à revenir à résipiscence et implorer la mansuétude divine en accomplissant le pèlerinage à la Kaaba à la Mecque pour être désormais dans le halal

Abdelkader Railane est directeur d’une Mission Locale et représentant du C.O.R.A. (Comité Opérationnel de lutte contre le Racisme et l’Antisémitisme) pour le département de la Haute-Loire. Ancien boxeur du Red Stars à Saint Ouen. Chevalier dans l’ordre des Palmes Académiques. Il est l’auteur de En pleine face aux Editions Exaequo (2011) ; Cœur Hallal (2014) ; Chez Nous ça s’fait pas ! aux éditions Jeanne d’Arc (2016) et Haram City, la cité des interdits publié aux éditions Jeanne d’Arc en 2021.

La pause musicale :

Bibliographie :

Illustration - Haram city : la cité des interditsAbdelkader RailaneJ eanne D’arc, 2021

Intervenants : Abdelkader Railane Essayiste, romancier, écrivain

À découvrir :

De l’ascèse et du libertinage dans la poésie mystique

Le commerce et la guerre dans les contrées islamiques

Cartographie des islam en Amérique Latine et aux Caraïbes

Tags : Islam – Religion musulmane Religion et spiritualité

L’équipe – Production : Ghaleb Bencheikh – Réalisation : Franck Lilin- Avec la collaboration de : Daphné Abgrall

Radio France

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Source : https://www.franceculture.fr/emissions/questions-d-islam/du-licite-et-de-l-illicite

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16.4
Vidéo 5 minutes 05 - LES TRESORS DU CORAN - HALAL ET HARAM À TOUT-VA (Sourate 16 : V 116) par Rachid ELJAY

A écouter sur ce site : https://www.rachideljay.com/halal-et-haram-a-tout-va-sourate-16-v-116-rachid-eljay-2/

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16.5
Informations diverses sur la personnalité de l’imam prédicateur Rachid Eljay, alias Rachid Abou Houdeyfa

Notes de Wikipédia sur Rachid Eljay, anciennement connu sous l’alias Rachid Abou Houdeyfa

Rachid ELJAY est un imam français qui officie dans une mosquée de Brest.

Biographie

Rachid ELJAY est né à Brest vers 1980. Il est d’origine marocaine. Il a animé des conférences à Montréal. Il a participé au salon musulman du Bourget. « Il dit avoir été formé par des gens de sciences, notamment en Arabie saoudite où il a séjourné « plus de cinq fois » »[1].

En 2008 il officie dans la mosquée du quartier de l’Europe, au nord de Brest. En effet, en 2003 un de ses prédécesseurs « avait été expulsé pour avoir incité la jeunesse à se révolter »[1]. Cette mosquée ainsi que le domicile de Rachid ELJAY ont été perquisitionné suite aux attentats de 2015 suite à ces perquisitions les forces de l’ordre n’ont rien trouvé qui pourrait lier la mosquée et son imam à des groupes terroristes. https://www.ouest-france.fr/societe/faits-divers/operation-de-police-et-perquisition-la-mosquee-de-pontanezen-brest-3855077

Il se met en scène alors dans des vidéos sur Youtube particulièrement suivies[2]. Il a condamné très fortement les attentats qui ont touché la France

Il a depuis publié de nombreuses vidéos qui prônent le vivre ensemble ainsi que le respect des valeurs. Lors de troubles entre jeunes de quartier et policiers il a publié de nombreuses vidéos sur Youtube afin d’appeler au respect des forces de l’ordre.

Il a été diplômé par l’université de Rennes 1 en Religion Droits et Vie Sociale. https://www.letelegramme.fr/ille-et-vilaine/rennes/rennes-edmond-herve-remet-son-diplome-a-l-imam-de-brest-20-12-2017-11788496.php

Idéologie =

Il fut anciennement influencé par une tendance salafiste quiétiste mais il est désormais revenu vers le suivi des écoles juridiques notamment l’école Malikite pratiqué par les pays du Maghreb dont il est originaire.

Selon lui « le vêtement de la piété, c’est le meilleur que tu peux porter, dit-il en s’adressant aux femmes.

Il accepte le principe démocratique.

Lors de l’élection présidentielle française de 2012, « il a recommandé aux musulmans et aux musulmanes de voter au nom de « l’intérêt » de la communauté musulmane. Ces propos lui ont valu des critiques d’autres imams qui pensent que la démocratie est « impie » et que seul Dieu peut légiférer »[1]. Il a été menacé de mort par DAESH suite à ses propos son adresse personnelle avait également été diffusé ce qui a mis en péril sa famille. https://www.bfmtv.com/international/daesh-appelle-au-meurtre-de-rachid-abou-houdeyfa-imam-de-brest-1028447.html

Il avait considéré la musique comme une abomination.

En mai 2014, il déclare dans un prêche que ceux qui écoutent de la musique seront engloutis par la Terre. Ce prêche a été repris de très nombreuses fois après le massacre du Bataclan du 13 novembre 2015 [3]. Il est revenu par la suite sur ses propos tout en expliquant que sa manière n’était pas approprié et qu’il n’aurait pas du s’exprimer de cette manière. Depuis l’imam condamne les violences conjugales https://www.youtube.com/watch?v=6VdYiW9Q9fw appelle au respect des forces de l’ordre https://www.youtube.com/watch?v=Nc171SopLn4 appelle au respect des autres qu’ils soient croyant ou non https://www.youtube.com/watch?v=Q5ZdvTU59CY et se désavoue du salafisme https://www.youtube.com/watch?v=hmaERVn6PT0 Liens externes ==

Référence : https://www.rachideljay.com/ - Cet article a été automatiquement importé, son contenu peut être sujet à caution. Le contenu des articles engage uniquement la responsabilité de leurs auteurs (visibles dans l’historique). Vous pouvez modifier l’article pour l’améliorer directement ou retirer ce bandeau si l’article vous semble correct (en supprimant la ligne Article importé). Si l’article est trop problématique, il peut être supprimé en retirant tout son texte et en expliquant le motif dans la zone « Résumé » de la page de modification.

Source : http://plus.wikimonde.com/wiki/Rachid_Abou_Houdeyfa

Autre note de Wikipédia sur Rachid Eljay, anciennement connu sous l’alias Rachid Abou Houdeyfa

Rachid Eljay, anciennement connu sous l’alias Rachid Abou Houdeyfa, né le 3 novembre 1980 à Brest, est un imam et vidéaste français. Il est controversé au sujet de ses prêches initialement salafistes. Par la suite, il prône un discours modéré désormais malikite. En juin 2019, il est victime d’une tentative d’assassinat.

Biographie

Jeunesse et débuts

Il naît le 3 novembre 1980 à Brest dans une famille d’origine marocaine. C’est une figure du quartier dit Pontanézen, où il grandit. Imam autodidacte, il aurait été formé par son père, Houdeyfa, imam autoproclamé1,2. De 2003 à 2004, il est épicier3.

Imam salafiste

En 2004, il devient imam de la mosquée Sunna — l’une des cinq de Brest —, après l’expulsion de son prédécesseur, l’Algérien Abdelkader Yahia Cherif, pour « menace à la sûreté de l’État »1, après avoir appelé au djihad2.

Alors connu sous l’alias Abou Houdeyfa, qui est alors un hommage à son père mais aussi le nom d’un compagnon de Mahomet, Eljay suscite lui-même la controverse, pour sa proximité avec l’imam salafiste de Villetaneuse, Mehdi Kabir4, mais aussi avec des mouvances rigoristes du Maghreb, du Moyen-Orient et d’Amérique du Nord2. Sa proximité avec le salafisme lui vaut une perquisition de sa mosquée et de son domicile, ainsi que de ses activités commerciales qui regroupent une boutique d’objets religieux, de ses conférences, et d’agence de voyage organisant des pèlerinages à la Mecque3. Une enquête préliminaire est ouverte en 20165 puis classée sans suite en 20176. Abou Houdeyfa tient également une école coranique7. Et quelque 150 fidèles se rendent à sa mosquée8. En 2015, ses vidéos suscitent des polémiques, après avoir été repérées par la fachosphère2. Notamment, dans l’une d’entre elles, il déclare à des enfants qu’écouter de la musique serait comme écouter « le diable » et ceux qui en écoutent « seront transformés en singes et en porcs ». Dans une autre vidéo, il déclare que le hijab est « l’honneur d’une femme. Et si elle sort sans honneur, qu’elle ne s’étonne pas que des hommes abusent de cette femme-là »1. Ses propos suscitent alors des réactions et le Conseil français du culte musulman les condamne. L’intéressé affirme que ceux-ci « n’étaient pas à prendre au premier degré », et que « tout le monde fait des erreurs dans la vie ». Il décide alors de supprimer certaines de ses vidéos polémiques1. Le 14 avril 2016, dans Dialogues citoyens, le président de la République François Hollande, le qualifie de « prédicateur de haine » et déclare à tort que sa mosquée avait été fermée3. Bien que celle-ci ait été perquisitionnée après les attentats du 13 novembre, il n’y a pas eu d’arrestations1.

Le 20 janvier 2020, la DGSI décide d’interpeller dans le quartier de la mosquée Sunna sept personnes radicalisées susceptibles de préparer des actes violents. Selon « une source proche de l’enquête », Rachid Eljay aurait contribué à la radicalisation de certains jeunes du quartier. Il les aurait ensuite écartés, et ils se sont marginalisés. Eljay a répondu n’être en aucun cas en lien avec les personnes interpellées, et dénonce l’utilisation de sa personne pour parler de faits divers sans rapport avec lui9.

Changement de discours

À partir de fin 2015, il cesse de faire référence au salafisme au profit du malikisme, une des quatre écoles (madahib) de jurisprudence (fiqh) du sunnisme, et cesse d’utiliser son surnom (kunya). Taillant sa barbe, il cesse de s’habiller à la manière des pays du Golfe (en ghutra, keffieh et qamis10), et s’habille parfois à l’occidentale2, par exemple en chemise. Il se réclame alors de l’islam du « juste milieu » et dénonce les « discours extrémistes ». Selon le chercheur Romain Caillet, « il y a 10 ans, cet imam était sur une ligne salafiste non jihadiste, mais pro-saoudienne, et il s’est rangé progressivement sur une ligne traditionnelle marocaine »1. Par ailleurs, avant son ralliement à la ligne traditionnelle, il était « salafiste quiétiste, même s’il est beaucoup moins sectaire qu’eux »11. Selon le sociologue Raphaël Liogier, « pas un seul jihadiste aujourd’hui n’est passé par le salafisme et le néo-fondamentalisme comme le prône Abou Houdeyfa. Ceux qui se réclament du salafisme quiétiste rejettent le jihad parce qu’ils trouvent ça trop moderne. Il est mondialement connu, et craint par Daech qui cherche absolument à le discréditer ». Il ajoute cependant que les deux mouvances « ont les mêmes cibles sur les réseaux sociaux, sauf que le fondamentalisme que Abou Houdeyfa prône n’est pas politisé, il est dans une logique individualiste et intime, ce qui est très recherché par les jeunes »12. En 2015, aucun habitant de la ville n’avait rejoint Daech en Irak et en Syrie et aucune plainte n’avait été déposée à l’encontre de l’imam13. Caillet estime aussi qu’Eljay a « compris qu’[il était] sur une voie sans issue en France, car les mosquées salafistes avaient tendance à fermer. C’est un mélange de pragmatisme, de pression, de renoncement, qui fait qu’[il a] réellement changé ». Cependant, « ce qui est paradoxal, c’est que beaucoup de gens partagent encore ses vidéos ». Malgré son évolution, il a conservé son auditoire, et demeure un des personnages les plus influents de l’islam en France14.

Selon l’islamologue Karim Ifrak, « Il était salafiste, mais pas djihadiste, et heureusement d’ailleurs, vue l’audience qu’il avait sur les réseaux sociaux, je pense qu’on aurait eu des soucis s’il avait versé dans l’appel au djihad. Je pense qu’au fond de lui même, il a dû se remettre en cause, on voit bien qu’il a complètement changé. Je le vois comme un très bon lecteur de tendances. Il a compris que le salafisme était sur la sellette, c’est ça qui a dû le pousser à quitter ce champ, mais il a aussi dû se rendre compte que l’idéologie qu’il véhiculait ne tenait pas la route »14.

Il condamne les attentats du 13 novembre 2015 en France, affirmant que ceux-ci n’avaient « rien à voir avec l’islam »1. Larossi Abballa, l’auteur du double meurtre du 13 juin 2016 à Magnanville, le dénonce nommément dans une vidéo diffusée en direct sur Facebook après son forfait : « Ô vous pseudo-salafis [...] vous nous exposez au malheur, en nous livrant aux mécréants, pensant que c’est un acte d’adoration (en), alors que c’est un acte clair d’apostasie. Ô vous imams égareurs, oui, vous les imams égareurs, Rachid Abou Houdeyfa et sa clique »15. Le 20 août 2016, dans le dixième numéro de sa revue francophone Dar al-Islam (en), l’État islamique appelle ses partisans à l’assassiner « sans hésitation » au motif qu’il aurait apostasié l’islam de par « son appel à voter aux élections françaises et à participer au système démocratique, sur sa page Facebook », « son invocation en faveur du tâghût du Maroc » et sa référence « aux lois du tâghût », le qualifiant d’« imam de l’apostasie vendant sa mécréance avec éloquence »16. Les autorités françaises, qui reconnaissent qu’Eljay a évolué, ont été aidées par leurs homologues marocaines, pour l’éloigner des milieux extrémistes. Mohamed Iqbal Zaïdouni, secrétaire général du Rassemblement des musulmans de France (RMF) et président du conseil régional du culte musulman en Bretagne, a joué un rôle important dans ce changement2. Ce dernier affirme qu’Eljay « a fait un travail considérable sur lui ». Cependant, pour Abdallah Zekri, délégué général du CFCM, « il ne tient plus les mêmes discours qu’avant, mais il faut rester vigilant face à ces personnes. Chassez le naturel, il peut revenir au galop »1. En 2019, il déclare à son égard que « Rachid Eljay a déjà été menacé par Daech car il a des discours en phase avec les valeurs de la République. S’il était pour le fondamentalisme, Daech l’aurait félicité »17. Les menaces de Daech le poussent à quitter à plusieurs reprises son domicile pour raisons de sécurité18. Il s’était par le passé disputé avec les pro-EI par vidéos interposées11.

Début septembre 2016, il s’inscrit à l’université de Rennes pour passer le diplôme Religions, droit et vie sociale19, qu’il obtient des mains de l’ancien maire de Rennes Edmond Hervé, le 19 décembre 201720.

Il possède une chaîne YouTube possédant plus de 750 000 abonnés2 et sa page Facebook 1,2 million1. Ses vidéos se caractérisent par leurs mises en scène en fonction du sujet abordé11. Par ailleurs, il préfère s’exprimer dans les médias communautaires21.

Fin 2018, il adhère à l’association Les Musulmans de Marwan Muhammad14.

Le 22 mars 2019, après les attentats de Christchurch, il salue la solidarité des Néo-Zélandais envers les musulmans, et affirme admirer la Première ministre Jacinda Ardern. Il affirme au sujet du voile que « celle qui veut [le] mettre […] le met, celle qui ne veut pas, elle ne le met pas »14.

Tentative d’assassinat

Le 27 juin 2019, il est victime d’une tentative d’assassinat2 par balles, mais son pronostic vital n’est pas engagé1. Le tireur, retrouvé mort, lui a d’abord tiré dessus puis sur Osman, ami d’Eljay (qui s’était interposé pour protéger l’imam) après avoir demandé l’autorisation à l’imam de prendre une photo avec lui. Le CFCM condamne la « lâcheté » et la « barbarie » de l’« attentat islamophobe », appelant les fidèles à observer une minute de silence le lendemain. Pour sa part, Zekri condamne « avec force et détermination le lâche attentat perpétré contre l’imam de la mosquée de Brest Rachid El Jay »12. Le Conseil des mosquées du Rhône dénonce « l’absence de réaction de la classe politique et le silence méprisant des médias », et se dit « préoccupé face à la recrudescence des actes anti-musulmans qui démontre qu’un seuil critique a été franchi »22. Selon le procureur de la République de Brest, il n’y a pas à l’heure actuelle d’éléments suggérant qu’il s’agit d’un attentat terroriste22.

Pour Romain Caillet, Eljay est « aussi bien la cible de gens pro-jihad que de groupes d’ultra-droite »1. Il ajoute que « visiblement, c’est un déséquilibré qui a fait ça, alors pourquoi l’a-t-il visé ? Car il est associé à cette image du salafisme en France. Je ne sais pas ce qu’il doit faire ou dire pour changer ça »23.

Karl Foyer (1997-2019), l’auteur des faits, résident à Lyon mais venu travailler dans un bungalow à Brest, a finalement été retrouvé mort par balles dans sa voiture. Il avait tenté en vain de rencontrer l’imam en prétextant une conversion, et affirme dans une lettre avoir été forcé à égorger l’imam sous peine de voir sa propre famille se faire tuer24. Il a également envoyé des e-mails à des médias affirmant qu’il tuerait l’imam entre le 16 et le 30 juin25. Le 29 juin, dans une vidéo, Eljay appelle au calme et remercie ses soutiens, « musulmans ou non »26.

Article complet avec notes et références sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rachid_Eljay

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Voir aussi le site officiel :

Rachid Eljayhttps://www.rachideljay.com/

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16.6
Qui est Rachid El Jay, l’imam visé par une tentative d’assassinat  ? - Par Baudouin Eschapasse - Publié le 28/06/2019 à 13h11

Le prédicateur brestois s’était fait connaître, en 2014, par une vidéo polémique. Mais, depuis deux ans, son discours avait changé du tout au tout.

Photo - Issu d’une famille modeste d’origine marocaine, Rachid El Jay est devenu imam en 2004. Depuis 2016, il a choisi de délaisser le salafisme pour s’inscrire dans le courant malikite (image : capture d’écran de son compte Facebook). © DR

Il y a 5 ans, une vidéo où il condamnait, dans des termes outranciers, la musique rock avait enflammé la Toile. Cette séquence, republiée sur des sites d’extrême droite en septembre 2015, lui avait valu d’être catalogué comme un représentant de la pensée salafiste en France. Il faut dire qu’à l’époque les déclarations de Rachid El Jay, qui se présentait alors sous le nom de Rachid Abou Houdeyfa, ne faisaient pas dans la dentelle.

Rachid El Jay, né à Brest en 1980, est une figure bien connue du quartier populaire de Pontanézen. Son parcours académique reste cependant obscur. Plusieurs sources relèvent qu’il serait autodidacte en matière religieuse. D’autres disent qu’il aurait été formé par son père, lui-même imam auto-proclamé, d’origine marocaine. Ce qui est sûr, c’est qu’il a pris la tête de la mosquée Sunna en 2004, lorsque le précédent imam, Abdelkader Yayia Cherif, a été expulsé de France pour avoir appelé au djihad. « La mosquée Sunna est l’une des cinq de Brest. Elle ne saurait représenter l’ensemble des musulmans de la métropole », nuance l’entourage du maire socialiste François Cuillandre.

« Sa proximité avec des figures controversées, tel Mehdi Kabir, l’imam de Villetaneuse, avec lequel il s’affichait alors, mais aussi des contacts entretenus avec des communautés ultras au Maghreb, au Moyen-Orient mais aussi outre-Atlantique avaient alors beaucoup nui à son image », indique une source du ministère de l’Intérieur. Les services de la place Beauvau avaient diligenté plusieurs enquêtes sur lui et même perquisitionné la mosquée qu’il dirige et son domicile. D’autres investigations avaient concerné les activités commerciales de l’imam qui anime, outre une chaîne YouTube suivie par plus de 750 000 personnes, une boutique d’objets de piété et une agence de voyagesonline proposant des pèlerinages.

Quatre ans plus tard, les autorités tiennent un tout autre discours. « Le regard que nous pouvions porter sur lui a totalement changé, et pas seulement en raison de la tentative d’assassinat dont il fait l’objet, le 27 juin », poursuit la même source. « Rachid El Jay a vraiment évolué », insiste un autre fonctionnaire français qui le connaît bien. « Les autorités marocaines nous ont prêté main-forte pour le convaincre de prendre ses distances avec certains contacts dangereux », poursuit un second contact.

Le changement, intervenu fin 2015, a été aussi radical que pouvaient l’être ses propos antérieurs. Ses prêches n’ont plus fait référence à des prédicateurs salafistes. Ce qui s’est d’ailleurs traduit par l’abandon de son surnom d’Abou Houdeyfa, qui était autant un hommage à son père qu’à un compagnon de Mahomet, présenté comme très rigoriste.

Sur ces 4 photos, on peut voir l’évolution de l’Imam de Brest Rachid Eljay, anciennement appelé Rachid Abou Houdeyfa, d’abord partisan du courant salafiste, puis d’un islam malékite et enfin la dernière étape de son parcours avec la remise de son diplôme ’laïcité’. pic.twitter.com/gOQj1Th8pI - — Romain Caillet (@RomainCaillet) December 21, 2017

L’imam, aujourd’hui âgé de 39 ans, n’a cessé, depuis trois ans, de se placer dans le giron de la pensée malikite, un courant présenté comme « modéré » par les spécialistes et qui tire son nom d’une grande figure de l’islam (Mâlik ibn Anas) qui inspira la dynastie almoravide. Celle-là même qui régna sur le Maghreb et l’Andalousie pendant plus d’un siècle, après l’an mil. Rachid El Jay ne porte plus de « ghutrah » (ce foulard masculin très en vogue en Arabie saoudite). Il a taillé sa barbe naguère fournie et arbore de plus en plus fréquemment des costumes à la mode occidentale.

Menacé par Daech

Rachid El Jay s’est, par ailleurs, inscrit au diplôme universitaire (DU) religions, droit et vie sociale, à la faculté de droit et de sciences politiques de Rennes. Selon plusieurs sources, Mohamed Zaïdouni, président du conseil régional du culte musulman (CRCM) de la région Bretagne et secrétaire général du Rassemblement des musulmans de France (RMF), a joué un rôle important dans cette reconversion.

La conséquence n’a pas tardé à se faire sentir. Dès le mois d’août 2016, une fatwa émanant de l’organisation État islamique frappait Rachid El Jay. « Cette menace venant de Daech avait été prise très au sérieux », assure la mairie. Pour autant, aucun dispositif de sécurité spécifique ne semblait avoir été adopté pour le protéger. Contactée, la préfecture n’était pas en mesure de confirmer ou non, à l’heure où sont écrites ces lignes, si une demande officielle de protection avait été déposée par la victime.

Lire aussi : les sulfureux propos de l’imam de Brest

Pour en savoir plus : pourquoi la justice s’intéresse à l’imam de Brest ?

Regarder aussi les étonnantes vidéos de Rachid Abou Houdeyfa.

Le Point – Actualité Politique, Monde, France, Économie, High ...

Démarier&quot ; les homosexuels, est-ce possible ? Articles de presse, avocat paris

Source : https://www.lepoint.fr/societe/qui-est-rachid-el-jay-l-imam-vise-par-une-tentative-d-assassinat-28-06-2019-2321560_23.php

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    Introduction aux religions en Chine par Wikipédia

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Pour liberté religieuse en Chine, voir Politique religieuse de la RPC

Cérémonie de culte public au Grand Temple de Shennong-Yandi, à Suizhou, Hubei.

Le stupa consacrant une relique de Gautama Bouddha, l’os d’un de ses doigts, au Temple de Famen, un complexe bouddhiste à Baoji, Shaanxi.

Appartenance religieuse en Chine en 2010 (CSLS 2010)1.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/67/Religion_in_Han_China_-_CFPS_2012.png/200px-Religion_in_Han_China_-_CFPS_2012.png

Appartenance religieuse des provinces à majorité chinoise Han en 2012 (CFPS 2012)2.

Le fait religieux dans le monde chinois se caractérise par le pluralisme, favorisé par l’attitude de l’État : celui-ci exerce depuis le début de l’empire (IIIe siècle av. J.-C.) un contrôle attentif sur les groupes susceptibles de constituer une menace pour le pouvoir et la société et met au pas les sectes trop actives, n’accordant qu’exceptionnellement l’exclusivité à un culte. Le syncrétisme et le mélange sont courants, rendant les contours des ensembles religieux flous ; on a l’impression de se trouver face à une constellation de philosophies et de pratiques plutôt qu’à des confessions.

Certains facteurs rendent les statistiques sur l’appartenance religieuse difficilement interprétables :

  • Contrairement aux religions abrahamiques, l’adhésion exclusive à un culte donné n’est pas exigée dans les religions prédominantes chez les Chinois : bouddhisme, taoïsme et religion traditionnelle chinoise. Un pratiquant fréquente sans problème différents lieux de culte et emprunte typiquement des pratiques aux divers courants3,4,5. Il est ainsi susceptible de se présenter comme appartenant indifféremment à l’une ou l’autre des religions, à moins qu’il ne se déclare confucianiste.
  • Les catégories envisagées par les enquêteurs ne reflètent pas toujours la réalité du terrain. Ainsi, le choix « religion populaire » est rarement proposé. C’est pourtant celui de 30 à 65 % des Taïwanais lorsqu’on leur en offre l’occasion6. En République populaire de Chine, seules cinq religions ont un statut officiel7 : taoïsme, bouddhisme, islam, ainsi que le christianisme sous les formes du protestantisme et du catholicisme. La religion populaire et les nouveaux mouvements religieux dont Falun gong n’apparaissent pas clairement, de même que les différences de courants au sein du bouddhisme, de l’islam ou du protestantisme.
  • Les recensements officiels ne posent plus depuis près de trente ans de question sur la religion. D’autre part, en Chine populaire certains courants font l’objet de répressions ou persécutions qui poussent les pratiquants à taire leur appartenance religieuse.
    L’église catholique de Cizhong, près de la rivière de Lancang (partie du Mékong) à Cizhong, dans la Province du Yunnan, Chine. Elle a été construite par un missionnaire français au milieu du dix-neuvième siècle, mais a été brûlée pendant le mouvement anti-étranger en 1905, et reconstruite dans les années 1920. Les membres de l’église sont principalement des Tibétains. La région étant ethniquement diverse, il y a aussi six autres groupes ethniques, les Han, Naxi, Lisu, Yi, Bai et Hui

Statistiques du Chinese Spiritual Life Survey pour l’an 20101 :

  • Religion traditionnelle chinoise : sous ce terme sont regroupés dans certaines statistiques les taoïstes et pratiquants de la religion populaire : 932 millions ou 69,5 %1
    • Culte des dieux et des ancêtres : 754 millions ou 56,2 %1
    • Religion populaire taoïste : 173 millions ou 12,9 %1
    • Taoïsme : 12 millions ou 0,8 %1
  • Bouddhistes : 185 millions ou 13,8 %1
  • Chrétiens : 33 millions ou 2,4 %1
  • Musulmans : 21 millions ou 1,7 %1
  • Sans religion : environ 168 millions ou 12,6 %1
    Démographie des religions des provinces à majorité chinoise Han selon les Chinese Family Panel Studies pour l’an 20122 :
  • Religion traditionnelle chinoise, adoration des dieux et des ancêtres : 83,26 %
    • Taoïsme : 0,56 %
  • Bouddhisme : 6,75 %
  • Protestantisme : 2 %
  • Islam : 0,46 %
  • Catholicisme : 0,40 %
  • Autre : 5 %
  • Athées et pas adorateurs : 4 %
  • Hindouisme : religion très minoritaire en Chine, environ 100 000 Hindouistes dans toute la Chine populaire, dont 20 000 à 30 000 Hindouistes à Hong-Kong (surtout des Indiens présents depuis la domination Britannique). Le reste est surtout présent dans la région de l’Aksai Chin (territoire revendiqué par l’Inde), et dans les régions frontalières avec l’Inde et la Birmanie (dont régions Himalayennes et Tibet).
    Source de l’article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Religion_en_Chine

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    Quelques réponses de correspondants Chinois contemporains à la question suivante : Comment définissez-vous le bien et le mal ? -怎么定义好与坏 ? - 知乎 Traduction de Jacques Hallard 05/11/2021 avec l’aide de ‘DeepL’
    Posté le 03-17 par Momer – Le Bien ou le Mal : s’ouvrir à la nature sauvage ou cultiver les semences de la civilisation ?

Très bonne question ! L’une des questions initiales et fondamentales de la philosophie.

L’analyse et la réponse à cette question peuvent représenter les valeurs fondamentales, le niveau de conscience et la capacité de réflexion d’une personne ou d’une organisation sociale.

Donc affronter cette question est un peu plus embarrassant que de se déshabiller et de se montrer en public ! L’expression anglaise de cette question pourrait être : ‘How to define good or bad ?’ (Ou quelle est la définition de bon ou de mauvais ?)

Dans le courant dominant occidental : depuis la logique/le raisonnement des philosophes de la Grèce antique, depuis le Dieu médiéval, depuis la liberté du siècle des Lumières, jusqu’à la diversité actuelle dans les modes de pensée, de réflexion et d’expression, la définition du bien et du mal n’a cessé de changer au cours du temps et de s’étendre dons note humanité, en fonction du développement des capacités cognitives des êtres humains.

Dans le courant dominant en Chine : de la période du Printemps et de l’Automne, où ’la restitution des rites à soi-même’, ’la loyauté et le pardon’, le respect du passé et la ’grande unité’ étaient bons, au Mouvement pour la nouvelle culture du Quatrième Mai, où ’M. De’ et ’Sai Happiness’ étaient bons’, au ’ Parti ’ et au ’ socialisme ’ après la fondation de la ’ Chine nouvelle ’. Ce qui n’a pas changé, c’est finalement qu’il vaut mieux être ensemble, que d’être meilleur tout seul, qu’il vaut mieux être grand que petit, qu’il vaut mieux être unis que séparés…

Avant de répondre à cette question du bien et du mqal, il est utile d’examiner une autre question qui se cache derrière. Pourquoi est-il nécessaire de définir le bien et le mal et dans quel but ?

Il serait alors possible de mieux comprendre comment les autres ont défini le bien et le mal et comment construire votre propre définition sur ce sujet.

Ayant eu une définition claire lorsque j’étais à l’école, rien ne semble avoir changé pour l’essentiel après plus d’une décennie ; il se peut que la cognition n’ait jamais progressé, ou que les définitions données à l’époque se situent à un niveau d’abstraction plus élevé. C’est assez de discussion pour le moment. Merci pour l’invitation !

Publié le 2019-10-04 par Zhengshen Shangguan Ingénieur en algorithme d’intelligence artificielle, Beijing Car Home Information Technology Co.

Le bien et le mal sont généralement relatifs, mais ils ne le sont pas entièrement. Dans le cas des personnes, une personne sans égoïsme peut être comme une personne absolument bonne, un saint en somme ; mais une personne ayant un fort égoïsme peut être considérée comme une personne mauvaise.

Le caractère bienveillant ou non d’une personne ou d’une chose dépend, premièrement, de l’intention de cette personne d’améliorer le bien-être général de tous les êtres sensibles et, deuxièmement, de la réflexion et de la sagesse de la même personne et de sa volonté d’améliorer réellement le bien-être de tous les êtres sensibles, une fois qu’elle aura obtenu ce qu’elle veut pour vivre (ce dont elle a besoin pour vivre ?). Je pense que les autres aspects du bien et du mal sont à peu près les mêmes.

Publié le 2019-10-04 par l’archiviste en psychologie Wang Tuan

Le conservateur des archives spirituelles et fantomatiques : un moine taoïste de l’immortalité.

Un aîné érudit a déjà dit un jour que les diverses situations rencontrées dans la vie ne peuvent pas être jugées simplement soit en bien, soit en mal.

Voici deux histoires auxquelles vous pouvez réfléchir. Que choisiriez-vous si vous étiez dans telle situation ou dans telle autre ?

Première histoire.

Il y avait un prêtre taoïste qui était venu s’installer dans une forêt profonde.

Il apprit des villageois de ce village de montagne caché dans la forêt, qu’une sorcière vivait dans cette forêt profonde et que leur chef de village - bien-aimé - et sa femme avaient été maudits par la sorcière et qu’ils ne vivraient pas longtemps.

Les villageois n’avaient aucun moyen de combattre la sorcière, et encore moins de lui demander de lever la malédiction qui pesait sur le chef du village et de sa femme.

Mais ce prêtre taoïste était très compétent dans le taoïsme et avait un don particulier pour traiter directement avec les sorcières.

Il vint donc chez la sorcière pour lui demander de lever la malédiction sur le chef du village et sur sa femme. Quand il arriva à la maison de la sorcière, celle-ci avait effectivement peur du prêtre taoïste et il y a découvert que la sorcière avait en fait adopté deux enfants.

Après avoir parlé longuement avec la sorcière, le taoïste appris donc que pour lever la malédiction sur le chef du village et sur sa femme, les deux enfants adoptés devaient être sacrifiés !

Dans l’autre sens, les deux enfants n’auraient pas besoin d’être sacrifiés, mais la malédiction sur le chef du village et sur sa femme ne serait pas levée.

Que choisiriez-vous si vous étiez dans la position du prêtre taoïste ?

Auriez-vous sacrifié les deux enfants pour lever la malédiction sur le chef du village et sur sa femme, ou auriez-vous laissé vivre les deux enfants en renonçant ainsi à faire lever à la malédiction sur le chef du village et sur sa femme ?

Deuxième histoire.

Il y avait une fois un conducteur de train qui conduisait son convoi sur une voie ferrée. A un moment, il se trouva face à une bifurcation sur sa voie ferrée : d’un côté il y avait un homme qui marchait sur la voie ferrée et de l’autre côté il y avait cinq hommes qui jouaient sur la voie ferrée. Mais à ce moment-là, il était trop tard pour freiner à temps pour éviter un accident, d’un côté comme de l’autre.

Si vous étiez le conducteur du train et que vous deviez choisir un côté plutôt qu’un autre de la bifurcation, quel côté auriez-vous choisi ?

Il y a d’innombrables fois dans la vie d’une personne où elle doit faire face à un choix comme celui-ci.

Devant ce dilemme, nous, Chinois, nous résumons ce choix par une expression : ’donner et prendre’ ou ’donner et recevoir’, que l’on peut écrire ainsi : 奉献与索取 . 奉献和索取 奉献与收获 捐献和接受

Vous pensez peut-être que je m’éloigne du sujet, car je dois vous parler clairement du bien et du mal, mais pourquoi parler de choix ? En fait, pourquoi définissons-nous les bonnes et les mauvaises choses ?

Il s’agit de savoir comment nous choisissons lorsque nous sommes confrontés à ce genre de situation ! Personne ne veut être montré du doigt dans son dos et se voir dire un jour qu’il est ’bon ou mauvais’ !

L’homme ordinaire juge les choses plutôt de son propre point de vue, c’est-à-dire du point de vue du pour et du contre sur le moment. Et il y a rarement quelque chose de purement bon ou de vraiment mauvais en termes de cause et d’effet.

Mentir est mal, mais alors faut-il dire un ’bon mensonge’ ou ne pas dire un ’bon mensonge’ ?

Une chose peut être bonne pour vous, mais elle peut être mauvaise pour quelqu’un d’autre. Une chose peut sauver une personne, mais elle peut aussi la blesser en même temps.

Par conséquent, quel que soit notre choix, nous devons adhérer au code moral de base, ou au moins à ’la bienveillance, à la justice, à la bienséance, à la sagesse et avoir confiance’.

Si un jour vous avez une idée claire de ce qui est vraiment bon et mauvais, ou si vous pouvez ’suivre votre cœur et ne pas outrepasser les règles’, ce serait aussi une voie d’amélioration de l’esprit du parent, de l’éducateur, du conseiller …

Mais alors, toute chose et toute situation sont-elles imprévisibles ? Tout serait-il prédéterminé.

Source : 怎么定义好与坏 ? - 知乎 - https://www.zhihu.com › question

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« Zhihu (NYSE : ZH) est un site web chinois de questions-réponses où les questions sont créées, répondues, éditées et organisées par la communauté de ses utilisateurs. Son site web, zhihu.com, a été lancé le 26 janvier 2011. Le nombre d’utilisateurs enregistrés de Zhihu avait dépassé 10 millions à la fin de 2013 [2], et il a atteint 17 millions en mai 2015 [3], avec 250 millions de pages vues mensuelles [4]. Le nombre d’utilisateurs enregistrés de Zhihu avait dépassé 220 millions à la fin de 2018, et il a accumulé plus de 30 millions de questions et 130 millions de réponses [5] ; en chinois classique, ’Zhīhū’ (知乎) signifie ’ savoir ’. Zhihu est utilisé en Chine comme un forum de questions et réponses [6].… » - Article complet en anglais sur : https://en.wikipedia.org/wiki/Zhihu

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  • A propos du bien et du mal dans la culture chinoise – « La Lumière dans les ténèbres : le taoïsme originel dans la Chine antique » - Par Rémi Mathieu - Dans Rue Descartes 2015/1 (N° 84), pages 11 à 19
    1 En Occident, la philosophie des Lumières entendait sortir les hommes de l’obscurantisme grâce au triomphe de la raison dont les sciences constituaient en quelque sorte l’épine dorsale. Elle se manifestait dans les divers champs de la pensée morale, politique, religieuse… Elle utilisait les images que lui fournissaient la Bible et particulièrement le livre de la Genèse, I-3 : « Qu’il y ait une lumière ! » (Fiat lux, écrit la Vulgate [1][1]Pour serrer au plus près le texte hébreu, on renvoie à la…), prélude à la séparation des ténèbres, quand Dieu constate le mal que représente cette dernière et le bien qu’apporte au monde ladite lumière. Ces deux teintes du jour sont antithétiques, comme le bien et le mal, auxquels elles renvoient symboliquement.

2 Les penseurs européens des Lumières font tout naturellement usage de cette image qui se présente à eux comme une évidence. Les ténèbres concrétisent celles de l’esprit, principalement manifestées dans le domaine de la religion et dans la sphère gouvernementale, sous le masque de l’absolutisme, au XVIIe et surtout au XVIIIe siècle [2] [2] Il ne faut pas envisager la classe lettrée occidentale comme….

3 Peut-on transposer en Chine cette vision des choses et cette symbolique ? Cela supposerait à la fois une conception généralement favorable de la lumière, opposée à l’obscurité, et des conditions socio-politiques voisines, susceptibles d’être dépassées grâce à cet « éclairage » de l’intelligence. Or, rien n’est moins sûr. D’abord, les philosophes chinois de l’Antiquité n’ont jamais pensé autre chose que la monarchie (pouvoir du roi sous les Zhou 周, pouvoir de l’empereur à partir des Han 漢). Deuxièmement, si certains penseurs de l’école confucianiste reconnaissent qu’un prince peut être « clairvoyant » (ne disons pas encore éclairé), la lumière intellectuelle ou mentale ne paraît pas considérée comme une caractéristique obvie d’une avancée politique ou sociale. Seule l’école taoïste, daojia 道家, prend ces images chromatiques pour symboles, mais les envisage au contraire de la conception européenne : l’obscurité s’y apparente au mystère, xuan 玄, et à l’origine, yuan 原-元 (termes souvent écrits l’un pour l’autre dans les anciens textes et pas seulement pour des raisons de tabou du mot xuan[3] [3] Sur la pratique du tabou du nom d’un souverain défunt, voir…). De ce fait, l’obscurantisme d’un souverain n’est pas envisagé comme un obstacle à l’épanouissement du peuple, mais comme une garantie de compatibilité avec les processus naturels.

4 L’incompatibilité des symboles chromatiques est liée à des conceptions fort différentes de la liberté : en Occident, on se « libère » en s’affranchissant des règles de la nature qu’on plie à sa volonté, en Extrême-Orient, on se libère en intégrant ces règles naturelles et en revenant vers l’origine (la racine, comme on le dit en chinois), c’est-à-dire le dao (cette démarche est évidemment plus marquée chez les penseurs taoïstes que dans les autres écoles, mais celles-ci en conviennent tout autant, depuis le Yijing 易經, « Classique des Changements [4] [4] Ce classique estde factola racine commune à toutes les écoles… »).

I – L’idéal politique dans la Chine ancienne

5 Si l’on examine les différentes théories politiques relatives au souverain idéal, on observe qu’à un degré ou un autre, et parfois pour des raisons fort diverses, les principales doctrines de l’Antiquité chinoise envisagent que le pouvoir politique le plus constamment souhaité est celui qui revient à un souverain exerçant un pouvoir absolu tempéré par des conseillers avisés. Qu’on le déplore ou non, la Chine ancienne n’a jamais envisagé autre chose qu’une oligarchie pondérée par l’aspiration à la sagesse, c’est-à-dire à une forme d’équilibre (généralement qualifiée d’harmonie, he 和) des forces sociales et politiques.

6 Si l’on s’en tient aux trois grandes doctrines anciennes (confucianiste, taoïste, légiste – mais l’ajout d’autres écoles ne changerait rien à cette observation), on remarque que le prince ne doit point gouverner, mais régner. Ainsi, Confucius ( 551- 479) souligne-t-il que la posture idéale du souverain est, à ses yeux, celle qu’adopta le mythique empereur Shun 舜, au commencement des temps, lorsqu’il se tint simplement immobile « face au Sud », nan mian er yi yi 南面而已矣, sans intervenir dans les affaires de l’État [5] [5] Voir le Lunyu, XV-5 (éd. Zhuzi jicheng, ZZJC, Shanghai,….

Cette conception des choses est évidemment partagée par Lao zi 老子 (ca. IVe siècle), dans son ouvrage éponyme. Pour lui, le wuwei 無為, « non-agir » (c’est-à-dire, en fait, la non-intervention dans le processus spontané des phénomènes) est la garantie de la maîtrise du monde sous le ciel [6] [6] Voir le Lao zi, XLVIII (éd. ZZJC, vol. III, p. 29). Ce chapitre….

Dès lors, ajoute-t-il, « il n’est rien qui ne se fasse », qui ne s’accomplisse, wuwei er wu bu wei 無為而無 不為. On sait que la théorie du non-agir s’applique à tous les domaines de la vie sociale, politique, individuelle… et pas seulement au champ gouvernemental du souverain. Enfin, Han Fei zi 韓非子 ( 280- 233), le plus éminent théoricien du légisme (« École des lois », Fajia 法家), envisage les choses à l’identique – sans doute est-ce l’effet des origines taoïstes de sa doctrine qui sont ici à l’action. Dans son œuvre, il indique que le prince accapare tous les pouvoirs (il est ainsi véritablement le théoricien du pouvoir absolu), mais laisse ses ministres exercer pleinement leurs prérogatives pour mettre en musique ses orientations et ses décisions politiques. Dans son chapitre intitulé « Illustrations du livre de Lao zi 老子 », Han Fei zi rappelle que le souverain n’a pas à agir lui-même directement, mais à laisser les choses et les hommes se mettre d’eux-mêmes en position de le servir [7] [7] Voir le Han Fei zi, XXI (éd. ZZJC, vol. V, p. 117)..

Si le prince exerce ainsi un pouvoir sans partage, il paraît difficile d’y mettre un terme. À moins de mettre un terme au prince et non au pouvoir ! C’est ce que préconise d’ailleurs Mencius (Meng zi 孟子, 385- 301), au cas où ce souverain serait un incapable ou un tyran de sa population. Le droit à la révolte de Mencius a parfois été pris – bien à tort – pour une forme de « démocratie », mais cela illustre plutôt la fable de La Fontaine sur les grenouilles qui se choisissent un roi.

7 Dans aucune de ces écoles de pensée on n’observe d’aspiration à plus de liberté d’agir, ni pour le peuple, ni pour les conseillers-ministres. Confucius estime que la morale individuelle permettra de mettre les affaires du royaume sur la bonne voie et que les rites pourvoiront à une harmonie socio-politique éventuellement défaillante. Mencius, même s’il reconnaît que le peuple est « plus important » que le prince et que ce dernier peut abdiquer pour laisser à un autre le pouvoir d’État, ne va pas jusqu’à imaginer une forme d’organisation politique autre que celle qu’il a sous les yeux. Han Fei zi affirme que les châtiments viendront à bout des fauteurs de troubles et renforceront d’autant la puissance de l’État et de son chef. Enfin, Lao zi voit dans l’organisation primitive – en communautés rurales restreintes –, basée sur l’autogestion spontanée du peuple, le pendant au pouvoir indiscuté du prince autocrate [8] [8] Voir le Lao zi, LXXX, p. 47. La description idyllique fait un….

8 On observe donc qu’en aucun cas les premiers théoriciens du pouvoir politique chinois n’envisagent une forme non despotique de son organisation de base. On pourrait donc dire qu’il ne peut être pensé de lumières là où ne règnent point de ténèbres. Si l’on élimine Zhuang zi 莊子 et Lie zi 列子 qui, pour le premier, rejette l’idée même de « pouvoir » et, pour le second, s’en préoccupe fort peu [9] [9] Pour Zhuang zi, le pouvoir princier (ou royal) est purement et…, on peut dire qu’il n’y a guère, même chez les « libertaires » taoïstes, de perspectives vraiment émancipatrices pour le peuple. Le seul philosophe de l’Antiquité à se préoccuper d’éclairer les princes est, semble-t-il, Xun zi 荀子 ( 310- 235). On lui doit en effet le concept original de ming jun 明君, « prince clairvoyant », c’est-à-dire ouvert à la réflexion, voire à la contestation de ses avis et décisions [10] [10] On trouve cette expression à une dizaine de reprises dans son….

Xun zi caractérise ce genre de prince par sa capacité à protéger la position de son conseiller, car celui-ci est susceptible de corriger ses erreurs de jugements, agissant ainsi dans l’intérêt même de son souverain, renforçant donc in fine son pouvoir princier [11] [11] Dans ce rapide inventaire, on n’a pas retenu les positions de….

9 Ainsi donc, l’idée même de « lumière » des mentalités ou des intelligences est-elle absente de la pensée chinoise originelle, à tel point que la notion a dû être rendue par une expression artificielle en chinois moderne : celle de qimeng 啓蒙, c’est-à-dire, littéralement, d’« ouverture de l’ignorance » [à des vérités neuves], comme l’ont vulgarisée les auteurs tels Lu Xun 魯迅 (1881-1936), puis Mao Zedong 毛澤東 (1893-1976) lui-même, on voit bien dans quel état d’esprit.

Cette traduction est, en elle-même, une indication, puisqu’elle ne semble viser que la connaissance et non point le champ politique au sein duquel elle s’opérerait. Encore une fois, la philosophie chinoise a, dès les origines, dénoncé les préjugés et l’ignorance, mais n’a jamais envisagé que le cadre politique puisse être « dépassé », ceci avant l’époque moderne du XIXe siècle, premier siècle véritablement révolutionnaire sur ce plan. Elle a surtout conçu le progrès moral individuel plutôt que de s’occuper d’un hypothétique Aufklärung socio-politique que les Européens ont envisagé afin de dépasser les bornes d’une pensée autocratique de plus en plus sclérosée.

II – En quoi les ténèbres peuvent-elles être « éclairantes » ?

10 Cette bien étrange question, en forme d’oxymore, est posée dans le cadre de la culture chinoise dont la pensée est imprégnée d’une thèse acceptée par tous : l’homme n’est véritablement libre que s’il s’applique à faire retour à sa nature propre. Cette dernière n’est jamais que la partie individualisée d’une nature globale, conférée à tous et à chacun par le Ciel (sorte de natura naturans impersonnelle et aphasique). Noter que ce mouvement de retour (fan 反-返, en chinois classique) est caractéristique du dao, selon Lao zi, XL : fanzhe, dao zhi dong 反者’道之動 : « Le retour, c’est le mouvement même du dao ».

Cette perspective s’inscrit dans le cadre de la conception cyclique du temps que les Chinois envisagent telle une « révolution permanente » (au sens étymologique du terme évidemment) : il en est du mouvement comme du temps, il revient toujours à son point de départ qui est lui-même un point d’arrivée. Or, la doctrine « taoïste » (du moins ce qu’on a ainsi nommé à partir des Han antérieurs) voit dans ce point d’origine le lieu du mystère, xuan 玄. Celui de la génération des formes par le dao dans un processus mal défini, selon divers auteurs. D’après les différentes versions du Lao zi et la plupart de ses commentateurs, ledit mystère est une ténèbre originelle : yuan 元. Car xuan signifie à la fois « obscurité » et « mystère », et yuan « originel » et « ténébreux » (c’est la raison pour laquelle certaines versions du Lao zi écrivent l’un pour l’autre, en fonction des tabous de caractères dus à l’époque de leur parution [12] [12] Certains caractères faisant partie du nom d’un empereur défunt…).

11 Dans l’optique taoïste, et tout particulièrement dans celle de Lao zi, la philosophie analytique – comprendre essentiellement, mais non exclusivement, la pensée confucianiste – utilise le séquençage des choses et de leurs relations plutôt qu’une perspective synthétique : toute division obstrue la voie de la com-préhension. Par voie de conséquence, cette pensée quasi officielle (celle des lettrés, donc du pouvoir politique, économique, idéologique…) décompose les êtres en tant qu’objets afin qu’ils soient « bons à penser », à classifier, à hiérarchiser, à manipuler… Cette procédure est appelée « intelligence » ou « savoir » par les lettrés (les deux termes chinois de zhi 智 et zhi 知 sont d’ailleurs souvent employés l’un pour l’autre et mal distingués graphiquement et sémantiquement). Lao zi et ses disciples, tels Zhuang zi et Lie zi, mais pas seulement, voient là, bien au contraire, un aveuglement qui entrave une perception globale des choses toutes subsumées sous le dao, une vision caractéristique du taoïsme. On connaît la conclusion tirée par Lao zi : « Renoncez à l’intelligence ! » (XIX-1 [13] [13] La variante dont nous parlions se repère justement dans les…).

Au paragraphe suivant, il renchérit : « Rompez avec l’étude ! » (XX-1 [14] [14] Le texte chinois écrit jue, « coupez avec ! » que le…). Le commentaire de Xiang’er 想爾 (IIe siècle ?, un des tout premiers glossateurs du Lao zi) est sans ambiguïté : il s’agit de se débarrasser des supposés « sages », pleins de leur vaine connaissance des Classiques et de leur suffisance verbeuse. On retrouve chez Lie zi ( IIIe siècle ?) cette même défiance envers les études et le savoir livresque, considérés comme un obstacle à la véritable sapience, alors que celle du corps entraîne – par les exercices qu’elle suppose – une vraie intimité avec le monde naturel. L’apprentissage est, chez lui aussi, un renoncement à une vérité supposée, donc à un jugement moral ou intellectuel sur les choses et leurs rapports réciproques [15] [15] Voyez le Lie zi, IV § 6, 43 (notre traduction dans Lie tseu,….

Ces expressions sont reprises verbatim par Huainan zi 淮南子 ( 179 ?- 122), au IIe siècle, comme elles l’ont été par Zhuang zi 莊子, aux alentours des IIIe et IVe siècles ; ces auteurs s’alignant explicitement sur la doctrine du fondateur supposé du taoïsme [16] [16] Voir le Huainan zi, VII, 14a ; XII, 18b ; XIV, 14a (trad. in….

12 Pour les auteurs taoïstes, la conception du savoir censément « éclairée » des lettrés confucianistes est, en fait, un aveuglement de l’esprit. Ils emploient d’ailleurs fréquemment le terme xuan 眩 à cette fin [17] [17] Voir, par exemple, le Lie zi, III § 1, 32 (trad. citée, p.…, lequel renvoie à un « éblouissement » des yeux et, au sens figuré, à une illusion de l’esprit. L’excès de lumière est jugé à l’aune de tout excès des sens et de l’intelligence/savoir, comme nuisible aux hommes et particulièrement aux sages. A contrario, l’obscurité du mystère, si elle est préservée voire cultivée, renvoie à celle du KHV et correspond à la juste nature des choses et à leur appréciation adéquate. Un pouvoir politique qui observe et respecte ces ténèbres permettant au peuple de s’administrer tout seul, selon ses intérêts qu’il est seul à savoir judicieusement définir (voir le Lao zi, LVII).

Conclusion

13 La Chine n’a pas aisément conçu l’idée de « Lumières » dans la mesure où les systèmes idéologiques qui l’ont traversée depuis l’origine ne l’ont pas pensée. Tous s’accordant sur le modèle socio-politique qui lui servit de paradigme jusqu’à la chute de l’Empire en 1911. Seule l’école taoïste a envisagé, non point tant un « autre » modèle qu’un idéal – qu’on peut assurément qualifier d’utopique, car il est bien sûr impossible à mettre en œuvre– censé concerner le champ politique comme celui de la connaissance : le « retour à l’origine », fan ben 反本 [18] [18] L’expression est courante (var. fan gen反根, « retour à la….

Le confucianisme est dominé par l’idée de « progrès moral individuel », passant par le savoir et la culture des rites, mais le taoïsme philosophique ne voit là qu’un artifice aveuglant qui empêche la connaissance de la Voie, du moins son intuition, laquelle en constitue le seul savoir possible et authentique. Ce sont donc non tant les structures du pouvoir politique qui ont inhibé la notion de « lumières » (par opposition aux ténèbres supposées), mais les outils idéologiques disponibles [19] [19] L’expression chinoise qimeng啓蒙, qui traduit usuellement, on….

Au point qu’il a fallu l’influence des pensées occidentales « libérales » (hostiles à ce qu’elles envisageaient être alors un obscurantisme) pour que la question même fût posée. Cela a été le cas après la crise morale de 1898 en Chine, année de l’échec des réformes économiques et politiques menées par les libéraux contre l’orthodoxie réactionnaire confucianiste. Encore cette conception tardive et européaniste n’est-elle pas celle que partage l’école taoïste qui voit dans toutes « lumières » une prison de l’esprit asservi à une vaine connaissance et un renoncement au mystère originel.

Notes

  • [1]
    Pour serrer au plus près le texte hébreu, on renvoie à la traduction d’André Chouraqui, La Bible. « Entête » (La Genèse), Paris, Éditions J.-C. Lattès, 1992, p. 41 et n. 3. Nous avons, en outre, suivi la traduction et les gloses d’Édouard Dhorme, dans La Bible. Ancien Testament, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1966, t. I, p. 3 et n.
  • [2]
    Il ne faut pas envisager la classe lettrée occidentale comme unanimement attachée à cette philosophie des Lumières, non point par goût pour l’obscurantisme, mais par défiance envers le progrès scientifique considéré comme unique remède au malheur des hommes. On songe, par exemple, à Baudelaire et à son rejet de la modernité de l’art et de la morale. Voir Le Peintre de la vie moderne, § IV « La modernité », in Baudelaire, Œuvres complètes, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1968, p. 1163 et suiv.
  • [3]
    Sur la pratique du tabou du nom d’un souverain défunt, voir infra note 12. Cette mutation était elle-même significative de la lecture de ce mot substitué et de l’orientation idéologique qui la concevait.
  • [4]
    Ce classique est de facto la racine commune à toutes les écoles de pensée de l’ancienne Chine (voire de l’actuelle).
  • [5]
    Voir le Lunyu, XV-5 (éd. Zhuzi jicheng, ZZJC, Shanghai, Shanghai shudian, 1986, vol. I, p. 334). Le texte parle de « gouverner par le non-agir », wuwei er zhi 無為而治.
  • [6]
    Voir le Lao zi, XLVIII (éd. ZZJC, vol. III, p. 29). Ce chapitre parle de « s’emparer », qu 取, du monde (i. e. de la Chine).
  • [7]
    Voir le Han Fei zi, XXI (éd. ZZJC, vol. V, p. 117).
  • [8]
    Voir le Lao zi, LXXX, p. 47. La description idyllique fait un peu penser à une communauté de Khmers rouges, la terreur en moins.
  • [9]
    Pour Zhuang zi, le pouvoir princier (ou royal) est purement et simplement assimilé à un mécanisme d’oppression et de manipulation qu’il refuse de réformer, serait-ce par l’esprit. Lie zi n’est pas loin de partager les mêmes options, mais n’affiche pas la même aversion pour l’idée de « gouvernement », aussi aborde-t-il rarement la question politique. Il faut dire que tous deux ont vécu à l’époque troublée de la fin des Royaumes Combattants, aux IVe et IIIe siècles.
  • [10]
    On trouve cette expression à une dizaine de reprises dans son œuvre, principalement bien sûr dans ses chapitres politiques (IX, 98 ; X, 130 ; XI, 137, 140 ; surtout XIII, 166 ; XXI, 273 ; XXII, 280 ; XXVII, 333 ; éd. ZZJC, vol. II). Voir notre traduction dans les Philosophes confucianistes, Ch. Le Blanc & R. Mathieu, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Bibliothèque de La Pléiade », 2009.
  • [11]
    Dans ce rapide inventaire, on n’a pas retenu les positions de Yang zi 楊子, l’hédoniste, et de Mo zi 墨子, l’utilitariste, car elles n’apportent pas d’éléments pertinents à notre questionnement.
  • [12]
    Certains caractères faisant partie du nom d’un empereur défunt devenaient « tabous » à sa mort et devaient donc être remplacés par d’autres caractères, homonymes et si possible homophones, dans les textes édités alors.
  • [13]
    La variante dont nous parlions se repère justement dans les différentes versions du Lao zi, écrivant pour certaines « savoir », pour d’autres « intelligence ». Cette apparente hésitation n’empêche pas de lire ici une condamnation sans appel des processus intellectuels en tant qu’ils sont perçus, bien illusoirement par les lettrés, comme un mode de connaissance. Le texte chinois écrit qi 棄, « abandonnez ! », la glose de Wang Bi 王弼 (226-249) explique que cela doit se faire au profit de la simplicité brute originelle, supu 素樸. Voir notre traduction et commentaire, Lao tseu. Le Daode jing, « Classique de la Voie et de son efficience », Paris, Éditions Entrelacs, 2008, p. 110 et n. 1.
  • [14]
    Le texte chinois écrit jue 絕, « coupez avec ! » que le commentaire de Wang Bi comprend comme un arrêt de la politique de gavage intellectuel auquel les confucianistes se livrent chaque jour sans nul résultat autre que cumulatif. Plus bas, sur la glose de Xiang’er, voir sa traduction par Catherine Despeux, Lao-tseu. Le Guide de l’insondable, Paris, Éditions Entrelacs, coll. « Sagesses éternelles », 2010, p. 258.
  • [15]
    Voyez le Lie zi, IV § 6, 43 (notre traduction dans Lie tseu, L’Authentique Classique de la Parfaite Vacuité, Paris, Éditions Entrelacs, 2012, p. 191-192).
  • [16]
    Voir le Huainan zi, VII, 14a ; XII, 18b ; XIV, 14a (trad. in Philosophes taoïstes II, Ch. Le Blanc & R. Mathieu éd., Paris, Éditions Gallimard, coll. « Bibliothèque de La Pléiade », 2003, p. 315, p. 566 et n. 136, p. 685). Voir aussi le Zhuang zi, X, 160 et XI, 172.
  • [17]
    Voir, par exemple, le Lie zi, III § 1, 32 (trad. citée, p. 153). Dans le Zhuang zi, XXI, 310, Confucius l’emploie pour son propre compte, lors de sa rencontre éblouissante avec Lao zi.
  • [18]
    L’expression est courante (var. fan gen 反根, « retour à la racine ») dans le Huainan zi (I, 17b ; VII, 1b, 14b, 15a ; X, 11b ; XI, 23b), plus rare dans le Lie zi (I § 6, 5) et le Zhuang zi (XXIX, 428).
  • [19]
    L’expression chinoise qimeng 啓蒙, qui traduit usuellement, on l’a vu, l’idée de « Lumières » est d’origine confucianiste ; elle se comprend comme un triomphe de la connaissance livresque sur l’ignorance scolaire.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/06/2015 - Article Plan Auteur Cité par Sur un sujet proche file_downloadTélécharger - https://doi.org/10.3917/rdes.084.0011

Source : https://www.cairn.info/revue-rue-descartes-2015-1-page-11.htm

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  • Ce que cachent les textes des grandes religions- Par Par Catherine Golliau - Publié le 13/12/2019 à 08h38 - Modifié le 13/12/2019 à 09h07 – Document publié par ‘lepoint.fr/dossiers/hors-series’
    Découvrez la véritable histoire de la Torah, de l’Avesta, des Évangiles ou du Coran dans le nouveau hors-série du « Point », consacré aux textes sacrés.

Manuscrit enluminé de la 9eédition de la première Bible en allemand, publiée à Nuremberg en 1483. © Christie’s / Bridgeman Images/Leemage

Un jour, un livre fut déclaré saint, et il fut canonisé. Telle est l’histoire de la Bible, des Évangiles, des Avesta ou du Coran, que présente « Les Textes sacrés », le nouveau hors-série Le Point Références, publié le 12 décembre. Cette sanctification, de même qu’avant elle l’écriture de ces livres, ne s’est pas faite en un jour : le processus fut long, si long même qu’il finit par être oublié des croyants, lesquels ont eu besoin d’en réécrire le récit. C’est ainsi que Moïse aurait rédigé le Pentateuque, que deux Évangiles ont été attribués à des apôtres, qu’au IXe siècle, des savants musulmans ont imposé l’idée que le Coran était la parole même de Dieu et donc divin.

Depuis la Réforme protestante, pourtant, des hommes ont osé poser la question : comment cela est-il possible ? Comment Moïse pouvait-il avoir écrit le Pentateuque, alors que le Deutéronome (34.1-12), le dernier de ses cinq livres, racontait sa mort ? Au XVIIe siècle, le philosophe Spinoza en doutait sérieusement. Les historiens ont donc cherché, inventant en marchant ce que l’on appelle désormais l’histoire critique des religions. Ils ont lu les textes dans leur langue originelle, étudié la grammaire, le vocabulaire, repéré les contradictions, traqué les impossibilités. Cette longue quête a été soutenue par l’archéologie, l’étude des religions et des cultures contemporaines de ces écrits.

Lire aussi Frantz Grenet : qui était Zarathoustra

La découverte de Qumran

Le hasard parfois les a aidés. Comme ce jour de 1947, dans le désert qui borde la mer Morte, à Qumran. Un jeune berger qui visitait les grottes tombe par hasard sur un tas de vieux rouleaux. Il s’agit des fragments d’une immense bibliothèque, quelque mille documents dispersés dans onze grottes. Parmi eux, deux cents manuscrits de livres de la Bible hébraïque, pour la moitié, des parties du Pentateuque. Pour les spécialistes de l’histoire biblique, cette découverte marque un avant et un après. Jusque-là, en effet, les plus vieux manuscrits de la Bible dataient du Moyen Âge, à l’exception du papyrus Nash, exposé à Cambridge et qui remontait au IIe siècle avant notre ère. Mais à Qumran, il s’agissait de textes datés du IIIe siècle avant J.-C. au Ier siècle de notre ère et qui présentaient des états différents du texte biblique tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Lire aussi Les vrais auteurs des Évangiles

Ainsi, dans un fragment du Deutéronome (32, 8), il était écrit que Dieu avait fixé les frontières des peuples en fonction du nombre des « fils de Dieu », ce qui semblait renvoyer à des divinités secondaires… Yahvé, le dieu des Hébreux, n’aurait donc pas toujours été célibataire, ce que confirmeront des recherches ultérieures. De même, le livre des Psaumes, très populaire si l’on en croit le nombre de copies retrouvées, existait sous des formes multiples, indiquant un ordre des psaumes différent et proposant des compositions inconnues jusqu’alors. Les historiens découvraient ainsi qu’au moment où mourait le Christ sur la croix, en 30 après J.-C., il n’existait pas un texte unique de la Bible, mais de multiples versions.

Vecteur de sens

C’est grâce à de telles découvertes, mais aussi à l’archéologie des textes eux-mêmes qu’il est possible aujourd’hui à des historiens comme Thomas Römer de reconstituer dans ce Point Références l’histoire du corpus biblique, à Katell Berthelot d’expliquer la manière dont ont été composés les quatre évangiles canoniques ou à François Déroche de raconter, étape par étape, comment a été constitué le corpus coranique.

Est-ce que cela change le message religieux ? L’histoire critique remet-elle en question la spiritualité de ces textes ? Contre le discours froidement rationnel de l’historien, et celui, politique, de ceux qui veulent récupérer la Bible ou le Coran pour en faire des instruments de pouvoir, des penseurs croyants comme Catherine Chalier, Timothy Radcliffe ou Souleymane Bachir Diagne réaffirment la fonction du livre sacré comme vecteur de sens, et la nécessité de l’interpréter pour le replacer dans son temps. Car chacun, n’est-ce pas, a le droit de croire ou pas en Dieu, du moment qu’il ne menace personne.

Consultez notre dossier : L’histoire des textes sacrés

La rédaction vous conseille

La Torah des juifs, ou Pentateuque des chrétiens, les Évangiles, le Coran, l’Avesta des zoroastriens. Quatre livres pour quatre religions. Quatre récits fondateurs qui ont une histoire, souvent en décalage avec les convictions du croyant. Alors, comment les lire sans tomber dans le contresens ? Réponses dans Le Point Références Textes sacrés.

Le Point – Actualité Politique, Monde, France, Économie, High ...

Éditions Le Muscadier / Les AVC sur LePoint.fr

Source : https://www.lepoint.fr/dossiers/hors-series/references/histoire-des-textes-sacres/ce-que-cachent-les-textes-des-grandes-religions-13-12-2019-2352920_4074.php

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  • Le Judaïsme en 3 minutes – Vidéo 5:04 - 19 mars 2019 - Par COEXISTER FRANCE
    À l’occasion de la semaine d’éducation et d’action contre les racismes et l’antisémitisme, nous lançons la diffusion de nouvelles vidéos pédagogiques sur les convictions ! Cette semaine, découvre l’histoire et les pratiques religieuses du #Judaïsme ! On te donne rdv dans une semaine pour découvrir une nouvelle conviction ! #TousUnisContreLaHaine Pour solliciter un atelier de sensibilisation Coexister en milieu scolaire : sensibilisation@coexister.fr

Source : https://www.youtube.com/watch?v=bZb_2mgKavU

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    Introduction au Judaïsme d’après Wikipédia
    Cet article traite de la religion et des traditions culturelles des Juifs. Pour un aperçu de ceux-ci dans leur ensemble, voir Juifs.

Voir la présentation des symboles et objets de culte du judaïsme (de gauche à droite et de haut en bas) :
Toupie de Hanoukka, pain azyme et châle de prière,
Mur occidental, rouleau de la Torah, candélabre à sept branches, souper de la Pâque,
• Coupe de vin casher pour la sanctification du jour de fête, étoile de David avec en son centre le temple de Jérusalem et tables de la loi avec les dix commandements,
• Drapeau d’Israël, mezouzah, couvre-chef et crécelle de Pourim,
Cor du jour de la sonnerie, phylactères de prière et quatre espèces.

Le judaïsme (du grec ancien Ιουδαϊσμός / ioudaïsmós, en yiddish : יידישקייט yiddishkeit, ladino : ג’ודאיסמו Djudaismo, en allemand : Judentum, hébreu : יהדות yahadout) est variablement défini comme « une forme de vie religieuse dont la caractéristique essentielle est la croyance à un Être suprême, auteur — de quelque manière qu’on conçoive son action — de l’univers qu’il gouverne par sa providence »1, ou comme « la religion des Juifs, ainsi que la théologie, la loi et les traditions culturelles du peuple juif »2, ou comme « une religion […], une culture — résultat ou fondement de la religion, mais ayant un devenir propre, […] une sensibilité diffuse faite de quelques idées et souvenirs, de quelques coutumes et émotions, d’une solidarité avec les juifs persécutés en tant que juifs »3 ou comme « l’ensemble des rituels et des autres pratiques, des croyances et des valeurs, des loyautés historiques et politiques qui constituent l’allégeance au peuple d’Israël »4.

Cette pluralité est tributaire d’une part de l’évolution du terme au cours de l’histoire, celui-ci désignant originellement l’ensemble des traits caractérisant le peuple juif, constitué des descendants des Israélites provenant de l’antique terre d’Israël et de ceux qui les ont rejoints par la conversionnote 1, et d’autre part de la différence de perception selon l’appartenance ou non au judaïsme.

Il a souvent été représenté comme une « religion juive » antithétique de la religion chrétienne, alors que des Juifs le définissent aussi au-delà ou en dehors du fait religieux5, certains philosophes, comme Daniel Boyarin ou Bernard-Henri Lévy, allant jusqu’à dire que la religion en tant que théologie édifiée par une croyance, des dogmes et une instance suprême, centrale et doctrinale « n’appartient pas à l’esprit du judaïsme »6. Le judaïsme n’en possède pas moins ses textes fondamentaux, compilés dans le Tanakh (Torah, Nevi’im et Ketouvim), également appelé Bible hébraïque. Il y est dit que le monde a été créé par une entité une et unique, éternelle, omnipotente, omnisciente, omniprésente, juste et miséricordieuse dont le nom, considéré comme trop saint pour être prononcé, est devenu ineffable. Cet être a contracté une alliance avec les pères du peuple d’Israël, promettant de prendre ce peuple comme « trésor entre tous les peuples » pour autant que les enfants d’Israël respectent sa loi, qui comprend une composante cultuelle doublée d’une dimension éthique, ainsi que des aspects civils, matrimoniaux et législatifs. L’adhésion à cette loi induit une manière de se comporter, de se vêtir, de se nourrir, de se mouvoir propre à ceux qui y adhèrent.

De plus, son interprétation qui n’a vraisemblablement jamais été unique ni unifiée engendre diverses écoles de traditions et de pensées, dont la plupart considèrent toutefois les textes comme le support écrit d’une parole divine éternelle et perpétuellement renouvelée à travers son étude au cours des générations. L’existence de cette tradition orale qui tend à affranchir la Bible des contingences historiques, permet au judaïsme, né en un lieu particulier dans un peuple particulier, de survivre à la dispersion géographique de ce peuple et à la perte de ses supports tangibles comme son autonomie politique ou le temple construit pour héberger la divinité.

Il marque l’histoire du monde avec l’émergence du monothéisme, croyance héritée par les christianismes et les différentes formes d’islam dont le développement historique a fini par marginaliser le judaïsme.

Sommaire

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    Quelques documents réunis sur l’expression « Les Justes »

    Définition de Tsadik (juste) d’après Wikipédia

Pour le label discographique, voir Tzadik.

Le mot hébreu tsadik ou tzadik (צדיק) désigne littéralement un homme juste1. Ce terme provient de la racine צדק, qui signifie « justice ». Le mot arabe sadiq (صادق) a le même sens2.

Dans l’absolu, le tsadik parfait ne pèche jamais, ni en action ni en parole ni même en pensée3. Le Livre des Proverbes dit : « Le Tsadik est le fondement (yessod) du monde »4

Dans le Tanakh, le mot tsadik apparaît en particulier en Genèse 18:25, lorsque Abraham tente de sauver les justes de Sodome et Gomorrhe.

Cette appellation sert aussi de titre et désigne un rebbe, ou maître spirituel, dans le hassidisme. Cette notion s’associe alors à celle de miracle, les rabbins « charismatiques » possédant des pouvoirs surnaturels5. La Kabbale attribue elle aussi au tsadik des pouvoirs divins, dont celui de servir d’intermédiaire entre Dieu et le peuple juif5.

Les trente-six Tsadikim

Selon une tradition issue du Talmud6, il existerait de par le monde, à chaque génération, 36 justes. S’ils venaient à disparaître, cela entraînerait la destruction du monde. Rien ne les distingue en apparence des autres hommes et eux-mêmes ignorent souvent qu’ils en font partie, d’où l’idée qu’ils sont « cachés ». En hébreu, ils se nomment les Tsadikim Nistarim (צדיקים נסתרים), c.-à-d. les « Justes cachés », ou encore les Lamed Vav Tsadikim (ל’ו צדיקים), c.-à-d. les « 36 Justes7 ». Cette dernière dénomination s’abrège souvent en « Lamed Vav ».

Le roman d’André Schwarz-Bart, Le Dernier des Justes, se réfère à cette tradition.

Le mémorial du camp de Drancy, reprenant la symbolique des Lamed Vav Tsadikim, représente les deux lettres lamed et vav.

Tzadik ha-Dor - Article détaillé : Messie dans le judaïsme.

Dans le hassidisme, une tradition indique qu’à chaque génération, il existe une personne au potentiel de Messie mais qui ne peut advenir que si le peuple juif le mérite. Il est appelé le Tzadik ha-Dor, ce qui signifie « Tsadik de la génération ».

Article complet avec notes et références sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Tsadik

« Juste parmi les nations » d’après Wikipédia

« Juste parmi les nations » (en hébreu : חסיד אומות העולם, Hasid Ummot Ha-’Olam, littéralement « généreux des nations du monde ») est une expression du judaïsme tirée du Talmud (traité Baba Batra, 15 b).

En 1953, la Knesset (parlement d’Israël), en même temps qu’elle créait le mémorial de Yad Vashem à Jérusalem consacré aux victimes de la Shoah, décida d’honorer « les Justes parmi les nations qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs ». Le titre de Juste est décerné au nom de l’État d’Israël par le mémorial de Yad Vashem. Au 1er janvier 2020, 27 712 Justes1 parmi les nations de 51 pays ont été honorés ; la Pologne, les Pays-Bas et la France sont les pays dont les citoyens ont été le plus médaillés2. En tout, les Justes ont sauvé des centaines de milliers de personnes. Il s’agit actuellement de la plus haute distinction honorifique délivrée par l’État d’Israël à des civils…. – Source de l’article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Juste_parmi_les_nations

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Les Justes des Nations et la Shoah (1941-1945) d’après ‘Hérodote’

En 1953, l’assemblée législative israélienne (la Knesset) a adopté une loi portant création d’un mémorial consacré aux victimes de la Shoah : Yad Vashem (« Un mémorial et un nom », expression tirée de Isaïe, 56, 5). Pendant la discussion, un député suggéra de rajouter sur la liste des buts de Yad Vashem : « se souvenir et honorer les Justes des Nations qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs ».

C’est ainsi que fut créée cette notion de Juste des Nations.

L’expression existait déjà dans le judaïsme traditionnel mais désignait les êtres humains respectant les sept lois de Noé, minimum commun de commandements permettant, d’après le judaïsme, de faire fonctionner éthiquement les différentes civilisations.

L’expression est devenue centrale dans la mémoire de la Shoah, non seulement pour l’État d’Israël, mais également pour nombre de pays. La cérémonie qui s’est déroulée en janvier 2007 à Paris, au Panthéon, en présence du Président de la République Jacques Chirac, en est un témoignage.

Une lumière au cœur des ténèbres

Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que la Solution finale du peuple juif décidée par les nazis battait son plein, les Juifs d’Europe se sont souvent sentis très abandonnés, aussi bien des différents gouvernements que de la population au milieu de laquelle ils vivaient. Celle-ci était souvent indifférente ou bien craignait les représailles nazies.

À l’Est de l’Europe, à plusieurs reprises, des paysans ayant aidé les Juifs ont été massacrés ainsi que toute leur famille. Parfois, leur maison était même incendiée pour dissuader d’autres personnes de porter secours. Dans d’autres cas, les nazis ont même reçu directement l’aide d’antisémites locaux qui ont contribué au déroulement de la Shoah.

Le fait que certaines personnes, par souci d’humanité, aient aidé les Juifs dans cette période est donc particulièrement important. Depuis 1963 siège à Yad Vashem une commission présidée par un juge de la cour suprême et qui est chargée d’examiner les dossiers présentés pour reconnaissance.

Les critères essentiels sont les suivants : avoir sauvé au moins un Juif (qui doit témoigner par écrit), avoir encouru des risques et l’avoir fait sans contrepartie matérielle.

Fin 2006, 21.308 personnes avaient été reconnues comme Justes des Nations. Parmi eux on trouve 5.941 Polonais, 4.726 Hollandais, 2.646 Français, 2.139 Ukrainiens, 1.414 Belges. Chaque Juste dont le dossier est retenu reçoit une médaille et un certificat attestant de ce qu’il a fait. Ils sont remis au cours d’une cérémonie officielle au Juste où à ses descendants lorsqu’il est décédé.

Sur le site du mémorial de Yad Vashem a été créée « l’allée des Justes » où des milliers d’arbres ont été plantés, chacun ayant à ses pieds une plaque portant le nom du Juste à qui l’arbre est dédié. Depuis quelques années, par manque de place, un Jardin des Justes a été créé sur le site, avec la liste de tous ceux qui ont été reconnus mais pour lesquels il n’est plus possible de planter d’arbres.

À l’entrée du musée, cinq arbres sont attribués à des Justes ayant accompli un travail particulièrement extraordinaire. Parmi eux se trouve l’arbre du pasteur protestant André Trocmé et de son épouse Magda. Tous deux ont été les initiateurs principaux du sauvetage des Juifs accompli au village du Chambon-sur-lignon (Haute-Loire) et dans les villages aux alentours. Sur ce qu’on appelle « le plateau protestant », près de 5.000 Juifs ont été accueillis et dissimulés aux yeux de la Gestapo et de ses complices du régime de Vichy.

Dès 1940, le pasteur déclarait à ses fidèles : « Des pressions païennes formidables vont s’exercer sur nous-mêmes et sur nos familles pour tenter de nous entraîner à une soumission passive à l’idéologie totalitaire. Si l’on ne parvient pas tout de suite à soumettre nos âmes, on voudra soumettre tout au moins nos corps. Le devoir des chrétiens est d’opposer à la violence exercée sur leur conscience les armes de l’Esprit ».

Ce sont ces « armes de l’esprit » qui ont protégé les Juifs et fait de ce petit coin de France un endroit dont on a pu dire : « Ici, on a aimé les Juifs ».

Les Justes au Panthéon

Photo - Le 18 janvier 2007, les Justes de France sont symboliquement entrés au Panthéon, monument dédié aux « grands hommes ».

Au cours d’une émouvante cérémonie en présence des Justes survivants et de leurs proches, le président de la République et Simone Veil, ancienne déportée, se sont recueillis dans la crypte devant une plaque intitulée Hommage de la nation aux Justes de France et portant cette inscription : « Sous la chape de haine et de nuit tombée sur la France dans les années d’occupation, des lumières, par milliers, refusèrent de s’éteindre. Nommés ’Justes parmi les nations’ ou restés anonymes, des femmes et des hommes, de toutes origines et de toutes conditions, ont sauvé des juifs des persécutions antisémites et des camps d’extermination. Bravant les risques encourus, ils ont incarné l’honneur de la France, ses valeurs de justice, de tolérance et d’humanité ».

L’inscription est accompagnée des noms des 2642 Justes de France identifiés par Yad Vashem (n’y figurent pas, et pour cause, ceux, sans doute très nombreux, qui sont restés dans l’anonymat).

Bibliographie

Lucien Lazare, Le livre des Justes, Hachette-Pluriel, 1996.
Philippe Boegner, Ici, on a aimé les Juifs, Lattès, 1982.
Un film de Pierre Sauvage, Les armes de l’Esprit, 1989.

Alain Michel, directeur de l’École Internationale pour l’enseignement de la Shoah (Yad Vashem, Jérusalem) -

Publié ou mis à jour le : 2020-05-10 14:01:45

Source : https://www.herodote.net/Les_Justes_des_Nations_et_la_Shoah-synthese-74.php

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Petite histoire des Justes - Publié le 03/01/2020 à 10:00 - Modifié le 06/01/2020 par CR – Document ‘linflux.com/’

« Les Justes de France pensaient avoir simplement traversé l’Histoire. En réalité, ils l’ont écrite. De toutes les voix de la guerre, leurs voix étaient celles que l’on entendait le moins, à peine un murmure, qu’il fallait souvent solliciter. Il était temps que nous les entendions. Il était temps que nous leur exprimions notre reconnaissance. » Simone Veil le 18 janvier 2007, lors de la Cérémonie d’hommage aux Justes de France.

Photos > Les Justes de France au Panthéon

Mais qu’est-ce qu’un Juste ?

En septembre dernier, 5 nouveaux Justes parmi les Nations ont été reconnus en Aveyron.

Pour mémoire, et c’est le cas de le dire, le titre de Juste parmi les Nations est la plus haute distinction civile de l’État d’Israël. Juste parmi les Nations, littéralement « généreux des nations du monde » est une expression biblique (tirée du Talmud). Ce titre est décerné à ceux qui, par leurs actions et malgré le danger, ont permis de sauver la vie de Juifs durant la Seconde Guerre mondiale.

Comme les autres ils avaient le choix, celui de regarder ailleurs, de continuer leur chemin. Pourtant, ces Justes se sont arrêtés, sont passés dans la clandestinité au péril de leur vie souvent, afin de sauver leurs semblables promis pour la plupart à une mort certaine.

A l’heure où les derniers acteurs de cette période disparaissent, où les témoignages se font plus rares, il nous paraît d’autant plus important de revenir sur ces actes de sauvetages et de s’arrêter sur cette Histoire mémorielle.

A ce jour, le Mémorial de Yad Vashem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à plus de 20 000 personnes en Europe, dont 4 065 personnes en France formellement identifiées (chiffre de mai 2018), soit plus de 14% du total mondial des Justes.

Comme le rappelle Simone Veil dans son discours en hommage aux Justes en 2007 :

« J’ai toujours dit, et je le répète ce soir solennellement : il y a eu la France de Vichy, responsable de la déportation de 76 000 juifs dont 11 000 enfants, mais il y a eu aussi tous les hommes, toutes les femmes, grâce auxquels les trois quarts des Juifs de notre pays ont échappé à la traque. Ailleurs, aux Pays Bas, en Grèce, 80% des Juifs ont été arrêtés et exterminés dans les camps. Dans aucun pays occupé par les nazis, à l’exception du Danemark, il n’y a eu un élan de solidarité comparable à ce qui s’est passé chez nous. »

Genèse et statut des Justes

C’est en 1953 que la Knesset (parlement d’Israël) crée le mémorial de Yad Vashem à Jérusalem consacré aux victimes de la Shoah, et décide d’honorer « les Justes parmi les Nations qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs ». Mais ce n’est qu’à partir de 1963, que le mémorial enclenche une véritable politique active d’identification des « Justes ». C’est donc une « commission d’hommage » présidée par un Juge de la Cour suprême d’Israël qui décerne cette distinction. Cette commission a des critères précis de sélection et s’appuie principalement sur des témoignages, ainsi que sur des faits confirmant :

“- Le fait d’avoir apporté une aide dans des situations où les Juifs étaient impuissants et menacés de mort ou de déportation vers les camps de concentration

– le fait d’avoir été conscient qu’en apportant cette aide, le sauveteur risquait sa vie, sa sécurité ou sa liberté personnelle, les nazis considérant l’assistance aux Juifs comme un crime

– le fait de n’avoir recherché aucune récompense ou compensation matérielle en contrepartie de l’aide apportée

Une personne reconnue comme « Juste » reçoit une médaille à son nom, un diplôme officiel et son nom est gravé sur le Mur d’Honneur dans le « Jardin des Justes » à Yad Vashem. En outre, le Juste reçoit également une pension mensuelle indexée sur le salaire moyen d’Israël. Des aides sanitaires et sociales lui sont accordées ainsi qu’à son conjoint. Le « Juste » qui est en difficulté, sera aidé par La « Fondation juive pour les Justes », établie à New York, créée à cet effet. De plus, le Fonds Anne Frank prend en charge tous frais médicaux. Les lois de Yad Vashem autorisent « à conférer la citoyenneté honoraire aux Justes parmi les nations et s’ils ont disparu, la citoyenneté commémorative de l’État d’Israël en reconnaissance de leurs actions ».

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Notons que le travail de recension des Justes est particulièrement délicat, tout d’abord à cause des témoignages des acteurs vieillissants et disparaissant petit à petit. Ensuite par le fait que la plupart de ces personnes ont agi avec modestie et de façon anonyme, et qu’il leur apparaissait normal d’héberger, nourrir et cacher familles ou enfants juifs. L’historien Patrick Cabanel nous dit « si nul n’a été pris, leur action ne laisse pas de traces, et n’a donné droit après-guerre à aucune reconnaissance officielle, n’a éveillé quasiment aucune curiosité, contrairement aux gestes de la Résistance « classique ».

Précisons qu’un pays et deux communautés ont reçu cette distinction en tant que personnes morales : Le Danemark grâce à sa résistance intérieure, a sauvé quasiment toute la communauté juive du pays : 7 200 personnes sur environ 8 000, au cours d’une seule opération d’évacuation vers la Suède en octobre 1943. Aux Pays-Bas, le village de Nieuwlande décide entre 1942 et 1943, que chaque foyer cachera des Juifs. Vu la nature collective du sauvetage, les habitants n’ont pas de crainte d’être dénoncés. Les 117 habitants seront donc tous reconnus comme « Justes parmi les Nations ». Enfin en Haute-Loire, la communauté protestante du Chambon-sur-Lignon sur laquelle nous reviendrons plus en détails à titre d’exemple, sera elle aussi distinguée.

Justes et mémoire

Arrêtons-nous un instant sur l’histoire de la reconnaissance de ces Justes, et de leur statut. Pour ce faire, penchons-nous sur l’article de Sarah Gensburger : Les figures du « Juste » et du résistant et l’évolution de la mémoire historique française de l’occupation.

Elle y explique : “Depuis dix ans, la mémoire française de l’Occupation a connu de nombreuses évolutions. La plus récente est marquée par la loi du 23 mars 2000 adoptée par le Parlement français. Une journée d’hommage est instaurée et fixée au 16 juillet, date anniversaire de la rafle du Vélodrome d’Hiver à Paris. Il s’agit là de la première apparition, dans les textes officiels de la République française, du terme de « Juste ».

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L’État français fait ici référence au titre créé par l’Institut Yad Vashem de Jérusalem. La loi donne ainsi une place visible et officielle à une figure mémorielle façonnée par un autre État. Le Juste, par sa reconnaissance et son identification officielle, vient alors cohabiter aux côtés d’une autre figure de la mémoire historique française de l’Occupation : le résistant. Ceci n’est pas une mince affaire étant donné qu’à cette époque, la figure du résistant est globalement omniprésente dans l’histoire de cette période. Néanmoins, la symbolique et le prestige du résistant se trouve de plus en plus remise en cause et redéfinie ces dernières années. Lucien Lazare dans son Livre des Justes, déplore également la « maquisardisation » de la mémoire qui ne retient que les faits d’armes de la Résistance alors que les actes clandestins de sauvetage sont jugés peu dignes de recensement. Jusqu’alors, on associait la résistance au maquis, aux actes militaires, et la critique se fit alors entendre quant au peu de considération et d’action pour le sort des Juifs. Un nouvel enjeu de la mémoire apparaît alors, et les historiens retrouvent un intérêt pour la résistance civile anonyme.”

Nous avons souligné l’importance de l’action individuelle dans la reconnaissance de l’action du Juste. Mais attardons-nous un moment sur l’attribution collective du titre au village du Chambon-sur-Lignon.

Un village des Justes : Le cas du Chambon-sur-Lignon

Après la rafle du Vel d’Hiv à l’été 1942, de nombreux juifs français ou étrangers se tournent vers les associations comme la Cimade, l’OSE (Œuvre de Secours aux Enfants)… qui commencent à ployer sous la demande croissante. Plusieurs de ces réfugiés sont alors orientés vers le Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire. L’idée était d’accueillir des adultes ou enfants que les diverses associations étaient parvenues à faire sortir des camps d’internement et qui ne pouvaient être hébergés facilement car trop « compromettants ».

P. Cabanel plante le décor dans son ouvrage Histoire des Justes en France : « Le Chambon-sur-Lignon et les communes voisines composent dans le prolongement du protestantisme ardéchois, une enclave au cœur de l’univers catholique de la Haute-Loire. On trouve là 9000 protestants (sur un total de 24000 habitants), répartis sur 500 km2. Ils auraient contribué à sauver quelques 3500 juifs, notamment les enfants et adolescents des maisons de vacances, ou de simples passagers en route vers la Suisse et trouvant ici une étape, de faux papiers, des passeurs. 3500 Juifs, cela donne un rapport exceptionnel d’un Juif sauvé pour trois habitants ; on peut relever encore qu’un peu moins de 2% des Juifs de France sauvés l’ont été, en partie au moins, ici. »

Illustration

Ce phénomène s’expliquerait par différents points :

Tout d’abord le paysage : un plateau montagneux, à 1000m d’altitude, entouré de sommets et de hameaux isolés. A cela s’ajoute les structures existantes de villégiature. Enfin, le dernier point est la tradition protestante du lieu. Cabanel précise que 11% des Justes de France sont protestants.

Voici comment il explique ce fait « Le protestantisme est nourri, pour ne pas dire saturé, de la Bible : l’Ancien testament aussi bien que le nouveau, les valeurs, les héros, la géographie, la morale hébraïque lui sont familiers. Israël retentit dans chaque temple, chaque dimanche. Lors du culte quotidien, le pasteur choisissait de lire des textes de l’Ancien Testament et de faire chanter des psaumes par respect pour les pensionnaires juifs. Ainsi, l’hébraïsme se retrouve logé au cœur de la culture huguenote. Et lorsque des juifs de Strasbourg, se présentent à un couple qui vivent dans une maison isolée de la commune du Mazet-Saint-Voy, ils s’entendent dire que c’est un honneur pour eux, et un devoir que de protéger le peuple de la Bible. »

Illustration - Par ailleurs, le pasteur du Chambon André Trocmé et sa femme Magda occupent une place centrale dans l’histoire du sauvetage des Juifs par les habitants de la commune. Ce couple pastoral engagé a mis en place une organisation bien rodée afin d’accueillir et aider au mieux les juifs traqués. André Trocmé résumera sa pensée en une phrase : « Nous ignorons ce qu’est un juif, nous ne connaissons que des hommes ».

Pierre Boismorand dans sa biographie des Trocmé nous dit « Le jour suivant la capitulation française, André Trocmé et son collègue pasteur Edouard Theis s’adressent déjà aux paroissiens du Chambon et leur proposent dans une prédication, d’opposer à la violence exercée sur leur conscience, les armes de l’Esprit. Il s’agit en fait d’un mot d’ordre programmatique qui lance une vaste entreprise de désobéissance civile. Trois mois avant le premier décret sur le statut des juifs d’octobre 1940, une partie de la population du Chambon et du plateau est déjà sensibilisée au problème des réfugiés. Et pendant quatre ans, pasteurs et fidèles résistent aux ordres de l’occupant et à ceux de Vichy pour sauvegarder des vies humaines. »

Ainsi, face à la menace grandissante des rafles, la Cimade, les habitants du plateau, les pasteurs, la Résistance locale, leurs coreligionnaires catholiques et les œuvres humanitaires présentes dans la région, établissent un plan d’évacuation au cas où la Gestapo viendrait chercher les pensionnaires. Ainsi, presque tous les enfants cachés et accueillis sur le Plateau ont été sauvés.

Illustration - En 1950, puis en 1955 le pasteur Trocmé est proposé pour le prix Nobel de la paix. Il réagira ainsi à sa proposition au titre de Juste par Yad Vashem, et nous conclurons avec ses mots : « Pourquoi moi, et pas la foule des humbles paysans de Haute-Loire, qui ont fait autant et plus que moi ? Pourquoi pas ma femme, dont la conduite a été beaucoup plus héroïque que la mienne ? Pourquoi pas mon collègue Edouard Theis, avec lequel j’ai tout partagé en fait de responsabilités ? Je ne puis accepter la « médaille des Justes » qu’au nom de tous ceux qui se sont « mouillés » pour nos frères et nos sœurs persécutés injustement, jusqu’à la mort. Malgré tout je me sens encore coupable de ce qui n’a pas été fait. »

Pour aller plus loin :

Dictionnaire des Justes de France / Lucien Lazare

Ni héros ni salauds / Alexandre Doulut et Lucien Lazare

Le village des Justes, le Chambon-sur-Lignon : de 1939 à nos jours/ Emmanuel Deun

La Montagne refuge : accueil et sauvetage des Juifs autour du Chambon-sur-Lignon / sous la direction de Patrick Cabanel, Philippe Joutard, Jacques Sémelin, Annette Wieviorka

Persécutions et entraides dans la France occupée : comment 75 % des Juifs en France ont échappé à la mort / Jacques Sémelin

Les Justes de France : politiques publiques de la mémoire / Sarah Gensburger

Tzedek : Les Justes / réal. de Marek Halter

Paroles de réfugiés, paroles de Justes / Annik Flaud & Gérard Bollon

Chrétiens et Juifs sous Vichy (1940-1944) : sauvetage et désobéissance civile / Limore Yagil

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Tags : Histoire sauvetage des juifs Seconde Guerre mondiale Shoah

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Contact : Bibliothèque municipale de Lyon - 30 Boulevard Vivier-Merle - 69431 Lyon Cedex 03 - Téléphone 04 78 62 18 00

Source : http://www.linflux.com/monde-societe/petite-histoire-des-justes/

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Lecture suggérée :

’Chambon-sur-Lignon, terre de résistance des Justes protestants des Cévennes et territoire d’accueil de réfugiés juifs et de grands penseurs du 20ème siècle’ par Jacques Hallard

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  • Les Justes en France : le revers de la haine - Le 18/04/2015 - À retrouver dans l’émission de France Culture : Concordance des temps par Jean-Noël Jeanneney
    Le titre de « Juste parmi les nations », décerné à des personnes non juives qui, au péril de leur vie, ont sauvé au moins un Juif pendant la Seconde Guerre mondiale est un sujet de vaste portée, en termes moraux, en termes civiques, en termes religieux.

Je suis content de vous retrouver, mes chers auditeurs, et d’accueillir ce matin Patrick Cabanel , professeur d’histoire contemporaine à l’université de Toulouse Le Mirail, pour traiter avec lui d’un sujet qui est de vaste portée, en termes moraux, en termes civiques, en termes religieux aussi bien. Un sujet qu’il a traité dans plusieurs écrits importants, entendez les Justes en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Le titre de « Juste parmi les nations » est la plus haute distinction civile décernée par l’Etat d’Israël à partir de 1963, décernée à des personnes non juives qui, au péril de leur vie et sans contrepartie, ont sauvé au moins un Juif pendant la Seconde Guerre mondiale.

Lorsqu’un jeune Malien, nommé Lassana Bathily, au moment de l’attaque meurtrière de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, le 9 janvier dernier, a sauvé plusieurs clients juifs en les dissimulant dans les sous-sols de cette superette, où il était magasinier, il n’a pas seulement acquis en récompense la nationalité française, il s’est vu aussi saluer notamment par le président du consistoire israélite de Nice, souhaitant qu’il soit un jour reconnu à son tour comme « Juste parmi les nations ». Nous avions, voici peu, consacré une émission aux hideurs de l’antisémitisme en France au XIXe siècle. Celle que je vous propose ce matin sera, pour un indispensable équilibre, consacrée en somme au revers de la haine. Jean-Noël Jeanneney

Programmation sonore :

 Extrait du film ’Au revoir les enfants’ de Louis Malle (1987), dans notre générique.

 Reportage à Chavagnes-en-Pailler (Vendée) où Marie-Elise Roger vient de recevoir la médaille de « Juste parmi les nations », diffusé le 14 novembre 1999 sur France Inter.

 Extrait d’un entretien avec Dina Vierny, interviewée par David Artur (à propos de Varian Fry), le 21 août 2006 sur France culture.

 Archive de la Radiodiffusion nationale (sur l’organisation du camp de Juifs étrangers à Pithiviers ouvert en mai 1941).

 Archive de la Radiodiffusion nationale du 16 janvier 1942.

 Extrait du documentaire « Les armes de l’esprit » de Pierre Sauvage, sorti en 1989, version remastérisée en 2015.

Témoignage d’Hélène Duc qui a reçu a médaille de « Juste parmi les nations », diffusée le 24 novembre 2005 sur France Inter.

Bibliographie :

 Patrick Cabanel, Histoire des Justes en France , Armand Colin, 2012.

 Jacques Semelin, Persécutions et entraides dans la France occupée , Les Arènes-Seuil, 2013.

 Patrick Cabanel, André Encrevé (dir), Dictionnaire biographique des protestants français , Les Editions de Paris, 2015.

 Patrick Cabanel, Juifs et protestants en France, les affinités électives XVIe-XXIe siècle , Fayard, 2004.

Intervenant : Patrick Cabanel historien, directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE)

À découvrir !

Se souvenir des oubliés de l’histoire

La révolution industrielle a-t-elle eu lieu en France ?

Épisode 7 : La seconde guerre mondiale et les heures les plus difficiles

Tags : Histoire Shoah – Holocauste Histoire du XXe siècle Religion juive – Judaïsme Protestantisme

L’équipe – Production : Jean-Noël Jeanneney – Réalisation : Patrick Molinier - Avec la collaboration de : Jeanne Guérout, Nathalie Lempereur - Radio France

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Source : https://www.franceculture.fr/emissions/concordance-des-temps/l-envie-devorante

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  • En rapport avec le Judaïsme – « Les Justes, le Bien et le Mal : critique d’une problématique » – Par Dominique Natanson - Dans Imaginaire & Inconscient 2008/1 (n° 21), pages 125 à 131 – Publication de ‘cairn.info’
    1 Utiliser les catégories du Bien et du Mal ne relève-t-il pas de la commodité ? Il y aurait ainsi un mal monstrueux, le nazisme, et un bien majeur, l’attitude des Justes qui sauvèrent des Juifs, particulièrement des enfants, durant la Seconde guerre mondiale. La volonté de lutter contre le racisme ambiant et de sauver des vies, de résister, permettrait d’opposer les Justes aux nazis, ceux qui « conjurent le mal » et ceux qui en sont à l’origine. Dans la distribution naturelle des talents, comme ceux qui ont une oreille musicale absolue, certains, dans toutes les circonstances, trouveraient la voie d’une morale absolue.

Diversité des « Justes »

2 Les Justes furent plus de 2700 en France [1] [1] Dictionnaire des Justes de France, Fayard et Yad Vashem, 2003. Leurs origines sont diverses. On trouve un grand nombre de religieux, de professeurs – mais aussi quelques gendarmes– des médecins, des femmes de ménage, des syndicalistes… Rien ne semble réunir ces femmes et ces hommes si ce n’est leur générosité, leur grandeur d’âme. Les actes héroïques ne manquent pas : ils vont de la mise à l’abri d’enfants cachés à la fabrication de faux papiers, de l’hébergement dans des villages de montagne aux filières d’évasion… On cache des Juifs dans un poulailler à Périgueux, dans un couvent à Limoges, dans son propre appartement à Bordeaux, dans une ferme à Saint-Pal-de-Mons (Loire) et même dans la mosquée de Paris pour ce groupe d’Algériens des FTP… Beaucoup agirent dans la simplicité et ne réclamèrent rien. La réponse qui leur vint quand on leur posa la question du pourquoi, fut souvent un haussement d’épaule : c’était « naturel », on ne pouvait faire autrement.

3 Peut-on néanmoins les suivre dans cette position ? Le geste qu’ils accomplirent est-il à ce point déconnecté de la société dans laquelle ils vivaient ?

Des motivations à interroger

4 On peut légitimement s’interroger sur les intentions de ceux qui sauvent. Leurs motivations recelaient-elles un bien absolu qui conjurerait le mal et sauverait ainsi l’humanité toute entière ?

5 L’histoire locale des Cévennes et du Vivarais, des traditions locales républicaines – il y aurait une relation à établir entre le nombre de « Justes » et les traditions de vote républicain dans certains départements du sud, depuis la fin du XIXe siècle–, l’appartenance à des mouvements de résistance, peuvent fournir des pistes de compréhension des liens qui attachent certains « Justes » à la société qui les entourent. L’isolement économique et géographique des protestants du Chambon-sur-Lignon, une minorité élevée depuis la Révocation de l’Édit de Nantes, dans l’hostilité au pouvoir central, permet de comprendre comment ce lieu est devenu la « colline aux mille enfants » [2] [2 ]Selon le titre du téléfilm de Jean-Louis Lorenzi réalisé en 1994, ce refuge pour les Juifs. Robert Badinter insiste sur l’aide collective d’un village : tous les habitants du petit village de Cognin, près de Chambéry qui cachèrent le futur garde des sceaux, pactisèrent dans un silence protecteur. La notion de « Juste » individualise volontairement et ne rend pas compte de ces efforts collectifs, à l’exception de celui de la population du Chambon-sur-Lignon, seule mention collective reconnue par Yad Vashem.

6 Les motivations des « sauveurs » ne sont pas toujours aussi limpides qu’on le croit, dans le cas des catholiques. Certains ont un objectif de conversion des « petits Juifs » qui leur sont confiés. Ils se voient comme des « sauveurs d’âmes » et peuvent être perçus comme des « voleurs d’âmes ». On a ainsi entendu des prêtres ou des religieuses assurer aux enfants juifs dont ils avaient la charge que leurs parents, exterminés à Auschwitz, étaient en enfer parce que juifs. [3] [3] Plusieurs témoignages sur ce sujet dans Maurice Rajsfus,…

7 L’affaire Finaly montre comment on passe de l’héroïsme des Justes à une situation beaucoup plus ambiguë : avant d’être déportés, Fritz Finaly, médecin juif autrichien et sa femme Annie avaient réussi à cacher leurs deux enfants âgés respectivement de deux et trois ans au couvent des religieuses de Notre-Dame de Sion, à Grenoble. En raison de leur très jeune âge, les religieuses confieront les deux enfants à une fervente catholique, Antoinette Brun, directrice de la crèche municipale de Grenoble. Quand la tante israélienne réclame les enfants en 1945, Mlle Brun va faire tout son possible afin de ne pas restituer les deux enfants, allant jusqu’à les faire baptiser le 28 mars 1948. Ils seront cachés une nouvelle fois, chez des religieux de l’Espagne franquiste et il faudra attendre juin 1953 pour qu’ils soient enfin remis à leur famille juive. L’affaire récente de l’Arche de Zoé montre que la délimitation entre l’héroïsme et l’enlèvement d’enfant n’est pas toujours très claire.

8 On notera qu’on ne retrouve pas ce problème chez les protestants qui firent preuve de moins de prosélytisme. Les témoignages des Juifs réfugiés au Chambon-sur-Lignon n’évoquent pas ce forcing religieux sur des enfants qu’on trouve assez fréquemment (mais pas toujours) dans les couvents et écoles religieuses catholiques. Cependant, il s’agit là d’une situation française, marquée par l’histoire particulière des communautés protestantes des Cévennes : en Allemagne, dans les régions où le protestantisme était majoritaire, les résistants au nazisme furent rares et les sauvetages de Juifs presque inexistants. Les journaux paroissiaux protestants des années 1930 regorgent de violents articles antisémites [4] [4] Cf. Richard Gutteridge, The German Evangelical Church and the….

On voit bien que la religion n’est pas la source réelle des attitudes d’opposition à la déportation. Il s’agit bien plutôt de la manière dont s’inscrivent des courants idéologiques dans une société donnée.

Que s’agit-il de conjurer ?

9 On peut s’interroger sur ce que serait cette volonté de « conjurer le Mal » qui fait le titre de ce numéro, et s’étonner de la présence d’une notion bien peu psychanalytique, le « Mal », dans une revue qui fait de l’éclairage psychanalytique un de ses axes principaux. En cherchant bien, on trouve sans doute le mot « mal » dans certains écrits de Freud, comme dans Malaise dans la civilisation ; encore n’est-il jamais le concept central.

10 On conjure un sort par la magie. Selon le Trésor de la Langue Française[5] [5] Trésor de la Langue Française Informatisé :…, conjurer, c’est d’abord « écarter des influences néfastes par des procédés surnaturels ». Que s’agit-il de conjurer dans le cas des Justes ? Face au nazisme, on voudrait voir s’établir une sorte de sainteté de la résistance individuelle. Ces saints, laïcs ou religieux, régleraient ainsi son compte au péché originel. À toutes les époques, il y aurait eu des acteurs de la lutte contre le Mal, de Moïse à François d’Assise et à Elie Wiesel. La permanence d’une morale universelle repose sur l’idée d’« un sens moral absolu qui n’est que le timide pseudonyme philosophique de Dieu » [6] [6] Léon Trotsky, Leur morale et la nôtre, 1938, Passion, 1994.….

Un concept religieux

11 L’idée de « Justes des Nations » vient du Talmud (traité Baba Batra, 15 b). Au long des générations, il a servi à désigner toute personne non juive ayant manifesté une relation positive et amicale envers les Juifs. Le Mémorial Yad Vashem décerne le titre de Juste des Nations aux non-Juifs qui, pendant la Seconde Guerre mondiale et la Shoah, ont aidé des Juifs en péril, au risque de leur propre vie, sans recherche d’avantages d’ordre matériel ou autre. Le titre de Juste des Nations est décerné sur la foi de témoignages des personnes sauvées ou de témoins oculaires et de documents fiables. Ces « Justes parmi les nations » sont honorés à Yad Vashem, à Jérusalem, dans l’Allée des Justes.

12 On considère donc que seuls des non-Juifs sont des Justes. C’est lié, on l’a dit, au fait que la notion est d’origine religieuse et se base sur la vision d’un monde divisé entre Juifs et non-Juifs.

13 Pourtant, il y a eu des Juifs qui ne firent rien (ou ne purent rien faire), des Juifs qui dénoncèrent ou collaborèrent [7] [7] On est là dans les « zones grises » évoquées par Primo Levi :…, des Juifs qui firent des actions héroïques pour sauver ou tenter de sauver d’autres Juifs.

Pourquoi ces derniers ne se verraient-ils pas attribuer ce titre de « Justes » ? On pense, par exemple, aux frères Bielski [8] [8] Peter Duffy, Les frères Bielski, Belfond, 2004. ISBN-10 :… qui, dans le but de protéger les Juifs de leur région, organisèrent un maquis de l’Armée Rouge, dans les forêts et marais de Biélorussie. Ils sauvèrent ainsi 1.200 Juifs.

14 Il y a aussi un débat en Israël et dans les comités qui valident les dossiers de « Justes » sur la question des Juifs convertis au christianisme. Le fait de sauver un chrétien d’origine juive ne serait pas, selon certains, constitutif de l’acte d’un Juste, puisque finalement, un non-Juif sauverait un non-Juif.

Un concept politique

15 Le titre de « Juste » est délivré au nom de l’Etat d’Israël. On considère donc qu’un Etat représente l’ensemble des Juifs, y compris ceux de la diaspora qui ne se sentent pas nécessairement liés à cet Etat. C’est particulièrement vrai dans les périodes où cet Etat est contesté sur le plan international (y compris par des Juifs) pour sa politique d’occupation des territoires palestiniens ou ses interventions extérieures (au Liban…). Il s’agit là d’un des classiques enjeux de mémoire qui comportent évidemment des risques d’instrumentalisation de la Shoah.

16 La sous-estimation de la place des communistes et des trotskistes parmi les Justes pose un autre problème. On note dans le Dictionnaire des Justes de France une sous-représentation des militants communistes et trotskistes. Pourtant, leur rôle fut important dans la résistance à l’occupant [9] [9] Même si la résistance du PCF, lutte longtemps considérée comme… et, plus concrètement, dans la protection de familles juives. Il s’agissait souvent de militants juifs, nombreux au parti communiste et dans la résistance, nombreux aussi chez les trotskistes.

17 Pourquoi cette sous-représentation ? D’abord, parce que les communistes et les trotskistes n’ont rien demandé. Leur activité de sauvetage des militants et de leurs familles allait de soi ; elle faisait partie des tâches ordinaires de l’activité résistante. Il ne convenait pas de singulariser les Juifs, des « communistes comme les autres ».

18 D’autre part, les autorités israéliennes n’ont pas particulièrement tenu à valoriser les militants communistes et trotskistes, souvent hostiles à la politique sioniste. La notion de « Juste parmi les nations » est faite pour remarquer, dans les autres religions, les individus qui se sont sentis solidaires des Juifs, malgré la différence religieuse. Il y a des syndicalistes et des communistes parmi les « Justes » de France ; cette appartenance est rarement indiquée par les rédacteurs des notices du dictionnaire.

Des hommes ordinaires

19 {{}}assiste au procès d’Adolf Eichmann, en 1961, elle ne peut partager la volonté d’une partie de la presse et de l’opinion de faire du personnage un monstre absolu [10] [10] Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem, rapport sur la banalité du…. Elle constate qu’Adolf Eichmann n’est pas le monstre sanguinaire que l’on tente alors de présenter, mais bien plutôt un petit fonctionnaire zélé, soumis au régime totalitaire et persuadé d’accomplir son devoir. Il cesse de penser et applique les consignes. L’idée de la banalité du mal implique que l’inhumain soit en chacun de nous et s’exprime quand une société tout entière dérape. Ceux qui choisissent d’accomplir les activités les plus monstrueuses, ne sont pas si différents de nous. Pas si différents des « Justes » pourrions-nous ajouter. Christopher Browning fait la même constatation en étudiant de près la composition des Einsatzgruppen qui organisèrent ce qu’on appelle désormais « la Shoah par balles » sur le front de l’Est, à partir de l’été 1941. Ils furent des « hommes ordinaires » [11] [11] Christopher Browning, Des hommes ordinaires, Les Belles…, tout comme finalement le furent les Justes : rien ne les prédisposait.

20 « La théorie de la morale éternelle ne peut pas se passer de Dieu. » [12] [12] Léon Trotsky, op. cit. La morale n’a rien d’invariable. Elle sert les intérêts de la société ; et ces intérêts sont contradictoires. La morale est une forme idéologique qui est soumise aux aléas historiques. Il convient donc plutôt de s’interroger sur les racines matérielles et idéologiques des comportements humains, de ceux des nazis, comme de ceux qui leur résistèrent. La magie de la conjuration du Mal, dans la béatification des Justes et dans son corollaire, la diabolisation d’Hitler, pourrait conduire à ne pas analyser ce qui, dans nos sociétés, conduit parfois les mêmes à glorifier les Justes [13] [13] cf. la très consensuelle préface de Jacques Chirac au… et à adapter leur morale à leurs intérêts du moment.

21 À trop séparer attitudes individuelles et analyse du fonctionnement des sociétés, des intérêts contradictoires et des idéologies qui les agitent, ne risque-t-on pas de s’interdire de comprendre ?

Notes

  • [1]
    Dictionnaire des Justes de France, Fayard et Yad Vashem,2003
  • [2]
    Selon le titre du téléfilm de Jean-Louis Lorenzi réalisé en 1994
  • [3]
    Plusieurs témoignages sur ce sujet dans Maurice Rajsfus, N’oublie pas le petit Jésus, L’Église catholique et les enfants juifs, 1940-1945, Manya éditeur, 1994.
  • [4]
    Cf. Richard Gutteridge, The German Evangelical Church and the Jews, 1879-1950, Barnes & Noble Books, 1976. ISBN-10 : 0064926206 ou Werner Jochmann, Antijüdische Tradition im deutschen Protestantismus und nationalsozialistische Judenverfolgung, dans Gesellschaftskrise und Judenfeindschaft im Deutschland, 1870-1945, Hamburg Hans Christians Verlag, 1991. ISBN : 3767210568
  • [5]
    Trésor de la Langue Française Informatisé : http://atilf.atilf.fr/tlf.htm
  • [6]
    Léon Trotsky, Leur morale et la nôtre, 1938, Passion, 1994. ISBN-10 : 2906229229
  • [7]
    On est là dans les « zones grises » évoquées par Primo Levi : ni noires, ni blanches, loin du Bien ou du Mal absolus : les circonstances de l’oppression conduisant à des actes souvent difficiles à juger.
  • [8]
    Peter Duffy, Les frères Bielski, Belfond, 2004. ISBN-10 : 2714438490
  • [9]
    Même si la résistance du PCF, lutte longtemps considérée comme exemplaire contre le Mal, n’est pas exempte des noirceurs du stalinisme : voir Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Liquider les traîtres. La face cachée du P.C.F. 1941-1943, Robert Laffont, 2007. ISBN : 978 2 221 197560
  • [10]
    Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem, rapport sur la banalité du mal, Gallimard, Folio, 1997. ISBN-10 : 2070326217
  • [11]
    Christopher Browning, Des hommes ordinaires, Les Belles Lettres, 2002. ISBN-10 : 2251380566
  • [12]
    Léon Trotsky, op. cit.
  • [13]
    cf. la très consensuelle préface de Jacques Chirac au Dictionnaire des Justes de France, écrite au moment même où son ministre, Nicolas Sarkozy, fermait le centre d’accueil des réfugiés de Sangatte (2002).

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Source : https://www.cairn.info/revue-imaginaire-et-inconscient-2008-1-page-125.htm

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  • Une présence autochtone - Nos origines - Les histoires de la création - La naissance du Bien et du Mal – Une contribution par le Musée canadien des civilisations
    Bienvenue

Nous sommes les Premiers Peuples. Nous sommes les Inuits, les Amérindiens et les Métis. Collectivement, on nous a souvent appelés indigènes. Maintenant, on nous désigne tous sous le nom d’Autochtones.

Il a été difficile de trouver une appellation commune acceptable parce que nous sommes, en fait, des centaines de peuples distincts. Chacun de ces peuples a son propre nom, sa langue, ses terres ancestrales et sa culture.

Aujourd’hui, nous vivons dans des réserves, des villages et des villes de tout le Canada. Notre survie au cours des 500 dernières années constitue un lien entre nous tous. Nous maintenons aussi un lien avec nos terres ancestrales et nous nous efforçons de garder nos langues et nos cultures vivantes dans le monde moderne.

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Une présence autochtone

Nous sommes toujours là. Nous contribuons. Nous sommes divers. Nous avons un lien ancien et continu avec la terre.

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Un lien ancien avec la terre

Tout au long de milliers d’années de peuplement, le lien avec la terre fut essentiel au maintien de la vie. Chaque société autochtone a élaboré une économie complexe, fondée sur les ressources naturelles et les biens obtenus par troc. Les modules de cette section examinent le rôle de la chasse à la baleine, de la pêche, de la chasse communautaire, de l’agriculture et des échanges, dans la vie des sociétés autochtones, dans la moitié septentrionale de l’Amérique du Nord.

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L’arrivée des étrangers - les 500 dernières années

« L’onde de choc »
« Cela fait sept vies que les premiers Européens sont arrivés sur les côtes de l’Amérique du Nord. Nos ancêtres, bien sûr, vivaient ici depuis des milliers d’années. Mais dès ce premier contact, des événements extraordinaires ont commencé à se produire parmi nous. Cette rencontre a déclenché une onde de choc qui a été ressentie par les Amérindiens partout sur le continent. Et elle l’est encore aujourd’hui. » [traduction libre] - Tomson Highway, dans The Dispossessed, de Geoffrey York

Il y a près de 1000 ans, les Autochtones ont, pour la première fois, vu des visiteurs européens sur les rivages de l’océan Atlantique. Depuis, les rencontres entre Autochtones et Européens ont eu lieu à des moments différents, dans diverses régions du continent. Elles sont commémorées par des objets, des inscriptions dans la pierre, des récits communautaires et des journaux de voyageurs.

https://www.museedelhistoire.ca/cmc/exhibitions/aborig/fp/images/fp_space.gif

Figurine - Culture de Thulé, 1250-1300 apr. J.-C. - Île de Baffin (Nunavut) bois - Musée canadien des civilisations, KeDq-7:325, CD96-117-053

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Quand Autochtones et Européens se sont rencontrés, ils se voyaient de points de vue culturels entièrement distincts. Toutefois, l’échange de biens et de salutations, l’hospitalité et les transactions mineures de la vie quotidienne les rapprochaient. Chacun tenait pour acquis qu’ils avaient en commun des idées fondamentales telles que la nature de la terre et la place de l’être humain sur la planète. Maintenant, des siècles plus tard, leurs descendants s’efforcent de mieux se comprendre les uns les autres. Les répercussions de leurs perspectives culturelles différentes devenant claires, les rencontres se poursuivent à un niveau nouveau et plus profond.

Côte atlantique

Les Micmacs ont préservé le souvenir de leur rencontre avec des Européens dans un récit cent fois raconté. Avant la venue de l’homme blanc, une jeune fille micmaque avait rêvé qu’une petite île flottait vers la terre. Sur cette île, il y avait des arbres nus et des hommes - l’un portait des vêtements en peaux de lapin blanc. Elle avait raconté son rêve aux sages, mais ils n’ont pu en expliquer le sens. Le lendemain à l’aube, les Micmacs ont vu une petite île près du rivage, comme dans le rêve de la jeune fille. Sur les branches nues des arbres, des ours grimpaient. Les gens saisissaient leurs arcs et leurs flèches pour tirer sur les ours. À leur stupéfaction, les bêtes étaient des hommes. Certains ont mis à l’eau un étrange canot dans lequel ils ont sauté, puis pagayé jusqu’au rivage. Un de ces hommes, vêtu d’une robe blanche, s’est approché, faisant des signes de paix et de bonne volonté. Levant la main, il montrait les cieux.

Version de Stephen Augustine à partir du texte de Silas Rand dans Legends of the Micmacs, 1894

Territoires du nord-ouest

Des Dènès ont rencontré l’explorateur Samuel Hearne le 22 juin 1771, près de l’emplacement actuel de Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest. Hearne a écrit dans son journal : « Comme j’étais le premier [Blanc] qu’ils aient jamais vu et, selon toute probabilité, peut-être le dernier, il était curieux de les voir s’agglutiner autour de moi et m’examiner de la tête aux pieds avec le même intérêt qu’un naturaliste européen apercevant un animal jusque-là inconnu. Ils [...] m’ont considéré comme un être humain parfait, sauf pour la couleur des cheveux et des yeux : ceux-là, disaient-ils, évoquaient le poil teint d’une queue de bison, et ceux-ci, étant clairs, ceux du goéland. La blancheur de ma peau n’était guère pour eux particulièrement belle, car ils disaient qu’elle leur rappelait de la viande trempée dans l’eau jusqu’à ce que tout le sang en soit sorti... »

« L’histoire de notre peuple doit être racontée. Il nous faut présenter avec exactitude ce qui s’est produit dans le passé pour qu’on puisse y faire face dans l’avenir... je n’aime pas ce qui s’est passé au cours des 500 dernières années. On n’y peut pas grand-chose. Alors qu’allons-nous faire pour les 500 prochaines années ? Pour les dix prochaines années ? »

Georges Erasmus, « Discours sur les festivités prévues pour 1992 », Canadian Forum

Reproduction - Pipe Haïda 1875-1900 érable et laiton - Musée canadien des civilisations, VII-B-706, D2002-002094, CD2002-040-003

Index . Ressources

L’histoire de la Femme du Ciel se poursuit dans la naissance de la fille de la Femme du Ciel qui donne naissance à des fils jumeaux. Avant même leur naissance, les jumeaux étaient rivaux. Le bon frère est venu au monde par la voie naturelle, tandis que le mauvais, jaloux de son jumeau parce qu’il était né le premier, a vu le jour en sortant par le côté de sa mère. La naissance des jumeaux marque le début de la lutte entre le bien et le mal sur la terre. Les deux frères grandissent rapidement et commencent à remplir le monde de leurs créations. L’un crée tout ce qui est bon et utile aux humains tandis que l’autre s’emploie à détruire l’œuvre de son frère et à créer tout ce qui est mauvais. Les jumeaux finissent par se livrer bataille ; finalement, le bien l’emporte sur le mal. Le mauvais frère est chassé, confiné à rester dans les profondeurs de la terre, d’où il envoie des émissaires qui continuent à faire le mal.

Vincent Bomberry, 1982
Keller George, Haudenosauni d’Oneida, 2001
Alan Brant, Tyendinaga, 2001

L’impact du christianisme fut profond, remplaçant ou augmentant les croyances traditionelles.

Index . Ressources

Musée canadien de l&#39 ;histoire – Centre Culturel Canadien – Paris

© Musée canadien de l’histoire

Source : https://www.museedelhistoire.ca/cmc/exhibitions/aborig/fp/fpz4intf.html

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    Du malaise dans la civilisation au mal-être contemporain - – Document ‘Établissement public de santé mentale de l’agglomération lilloise (EPSM) - Journée d’étude du Collège des psychologues - Quelle évolution ? Quelles problématiques ? Quelles ressources ? - Jeudi 13 octobre 2016 de 08h30 à 17h30
    Lieu : Centre culturel, Site de Saint-André - 1 rue de Lommelet à Saint-André-lez-Lille

    L’impact des transformations sociétales sur les pathologies actuelles est considérable. Les secteurs de santé mentale sont toujours plus sollicités. On voit se transformer le profil des usagers accueillis dans le sanitaire et le médico-social. Les concepts de « burn-out », d’hyperactivité, de personnalité border line..., envahissent le champ clinique, sans qu’on se demande quelles « pathologies » sociales ils recouvrent. Ces souffrances psychiques sont devenues des maux banalisés qui affectent comme un destin le parcours de vie de l’individu contemporain.

Les interventions et échanges de cette première journée d’étude du Collège des psychologues de l’EPSM de l’agglomération lilloise interrogeront ce qui fait symptôme, du point de vue de l’individu et/ou de la société.

Programme Colloque Du malaise dans la civilisation

Les contributions de tous les intervenants sont à écouter à partir des enregistrements que l’on peut choisir à la source.

EPSM de l’agglomération lilloise - BP4 59871 SAINT-ANDRE-LEZ-LILLE CEDEX
Tél. 03 20 63 76 00 - Fax. 03 20 63 76 80

EPSM AL

EPSM de l\&#39 ;agglomeration Lilloise Saint-André (Saint-André) – Fédération Hospitalière de France (FHF)

Source : https://www.epsm-al.fr/article/du-malaise-dans-la-civilisation-au-mal-etre-contemporain

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  • « Une Africaine qui a laissé Macron sans voix » - Discours Choc avec une Vidéo de 14 minutes - 09 octobre 2021 - Communiqué H5 Motivation
    « Venus de tout le continent, de jeunes Africains ont exprimé sans fard vendredi 8 octobre 2021, leurs attentes et leurs frustrations sur la démocratie et la relation avec la France, interpellant directement le président Emmanuel Macron lors d’un sommet inédit à Montpellier (sud) qui privilégiait la parole de la société civile ».

Où trouve-t-on le Bien et le Mal aujourd’hui en Afrique ? Constat sur des décennies d’efforts, de distribution de fonds, « d’actions en faveur du développement », peu suivis d’effets suffisants, notamment en Afrique sub-saharienne…

L’intervention audacieuse – mais empreinte de franchise, de vérité et avec un certain humour - d’une burkinabé s’adressant très librement au Président français Emmanuel Macron.

Une invitation à miser avant tout sur le développement humain et personnel, pour améliorer progressivement les modes de gouvernance, les actions volontaires menées par des habitants instruits et mieux formés, des populations qui se dotent des capacités de faire face là où ils aimeraient continuer à vivre, dans un climat apaisé et avec plus d’espoir envers les générations futures.

C’est aussi l’opportunité saisie par l’auteur de cette vidéo pour encourager et motiver les auditeurs afin de se perfectionner et d’oser entreprendre autrement, de viser d’autres alternatives pour vivre bien – mieux – en corrigeant si possible individuellement et collectivement les maux dont souffrent trop de nos contemporains dans beaucoup de territoires…

Communiqué - Clique ici pour devenir « plus Fort Mentalement » https://limitless.h5motivation.com/ Si la réponse à ces 3 questions est ’Oui’ 👊👊👊Alors je t’invite à découvrir comment je peux devenir ton coach personnel👊👊👊 1. Je voudrais être coaché personnellement par H5 Motivation afin qu’il m’accompagne dans la transformation de ma vie ? 2. Je voudrais avoir une motivation constante et élevée qui dure toute l’année ? 3. Je crois en moi et en ma capacité à faire ce que je veux vraiment de ma vie ? Si tu as répondu Oui 3x, alors clique ici https://limitless.h5motivation.com/ Pour rencontrer H5 Motivation : https://www.h5motivation.com/ ►Abonne toi ici : https://goo.gl/NEKba7 -

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Collecte des documents et agencement, traductions, [compléments] et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 07/11/2021

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

http://www.isias.lautre.net/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIAS Sociologie Philosophie Education Religions Les notions du Bien et du Mal à travers les religions et les courants philosophiques.7.docx

Mis en ligne par le co-rédacteur Pascal Paquin du site inter-associatif, coopératif, gratuit, sans publicité, indépendant de tout parti, géré par Yonne Lautre : https://yonnelautre.fr - Pour s’inscrire à nos lettres d’info > https://yonnelautre.fr/spip.php?breve103

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