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"Un champignon parasite et le déclin des ruches d’abeilles" par le Professeur Joe Cummins

Traduction et compléments de Jacques Hallard

lundi 18 juin 2007, par Cummins Professeur Joe

Santé Abeilles Pesticides OGM

Un champignon parasite et le déclin des ruches d’abeilles
Le Professeur Joe Cummins nous informe que les pesticides systémiques perturbent le système immunitaire des abeilles en les rendant sensibles au champignon parasite Nosema.

Communiqué de presse de l’Institut ISIS en date du 18/06/2007

La version originale avec toutes les références bibliographiques, intitulée Parasitic Fungus and Honeybee Decline est accessible par les membres d’ISIS sur le site suivant : www.i-sis.org.uk/PFHB.php

Une version électronique de ce rapport, ou de n’importe quel autre rapport émanant de l’ ISIS, avec toutes les références bibliographiques, peuvent être expédiée sur demande effectuée par messagerie électronique, moyennant une participation de 3,50 £. S’adresser à : report@i-sis.org.uk

Le déclin des abeilles est devenu un sujet d’intérêt général avec de graves conséquences. Les symptômes du "syndrome d’effondrement des ruches d’abeilles" se caractérisent par une incapacité des abeilles à retourner à leur ruche après avoir butiné, l’incapacité des ruches infectées d’attirer des abeilles saines et l’infection des abeilles par des parasites et des virus dans les ruches concernées.

Un rapport du Conseil National de la Recherche des Etats-Unis s’est concentré sur les acariens parasites introduits, la maladie bactérienne désignée par le mot loque, et sur des virus ; mais ce rapport ne fait aucune mention concernant d’autres possibilités d’agents pathogènes et ne mentionne pas les pesticides ni les plantes cultivées génétiquement modifiées, si ce n’est que pour les écarter [1].

Nous avons déjà attiré l’attention sur les conséquences sur les abeilles des effets sub-létaux des pesticides et des plantes cultivées modifiées génétiquement [2, 3] ( Mystery of Disappearing Honeybees , Requiem for the Honeybee , SiS 34), ainsi que sur les perturbations, quant à l’orientation des abeilles, provoquées par les rayonnements de stations de base des antennes relais servant pour le téléphone portable [4] ( Mobile Phones and Vanishing Bees , SiS 34).

Récemment, un champignon parasite a été considéré comme coupable potentiel, mais ces résultats étaient évidemment tout à fait préliminaires. Le champignon Nosema ceranae a été trouvé dans des ruches infectées à travers les Etats-Unis, de même que dans quelques ruches où les abeilles avaient survécu [5].

Nosema sp. est un parasite unicellulaire appartenant à la famille des Microsporidées et qui infecte les invertébrés et les vertébrés, êtres humains inclus. L’infection des abeilles par le Nosema est connue depuis plus d’un siècle comme étant due à Nosema apis, un champignon considéré comme bénin.

L’abeille orientale Apis cerana était déjà infectée par Nosema ceranae, mais à partir de 2005-2006, ce parasite a été trouvé dans l’abeille Apis mellifera sous une forme fortement virulente [6, 7].

Nosema ceranae a été identifié chez des abeilles Apis mellifera collectées un peu partout à travers le monde et son importance, en tant qu’agent pathogène émergeant pour l’apiculture, a été soulignée [8]. L’augmentation de la virulence de Nosema ceranae, lorsqu’il est passé des abeilles Apis cerana aux abeilles Apis mellifera, peut être liée à des mutations ou à des facteurs environnementaux tels que les pesticides, qui ont diminué l’immunité chez les abeilles Apis mellifera. Les infections par des Microsporidies chez les êtres humains, par exemple, sont associées à la suppression du système immunitaire par des virus ou par des médicaments [9].

Nosema cerenae fait mourir des abeilles dans un délai de huit jours après l’infection. Les abeilles butineuses semblent être les plus infectées. Elles partent de la colonie mais deviennent trop faibles pour y retourner, laissant un petit essaim et une colonie fragile. L’antibiotique fumagilline est le seul traitement efficace sur des ruches infectées [10].

Le traitement à la fumagilline est appliqué après dissolution dans une solution de sucre ; le pollen et les éléments de la ruche sont irradiés avec des faisceaux d’électrons [11].

La fumagilline a des effets génotoxiques sur les humains (c’est-à-dire que les chromosomes sont endommagés) [12]. Malgré son potentiel génotoxique, la fumagilline est un médicament du choix pour le traitement d’une infection par des microsporidies chez des personnes atteintes du SIDA, chez les receveurs d’une greffe d’organe, chez les personnes qui portent des lentilles ou verres de contact et chez les personnes âgées [13].

La fumagilline est également employée comme médicament pour le traitement des cancers parce qu’elle empêche l’angiogénèse des tumeurs (formation de vaisseaux sanguins et écoulement de sang) [14].

Jusqu’en 2006, les microsporidies ont été souvent considérées comme étant des protozoaires, mais, en 2006, elles ont été rétrogradées dans l’ensemble des champignons. La raison de cette révision a été justifiée par des données moléculaires d’un certain nombre de gènes [15].

Les microsporidies sont des parasites intracellulaires obligatoires ; leurs spores ont des parois très épaisses et elles sont très résistantes. Il y a dans les spores un tube polaire d’extrusion qui se trouve enroulé ; quand la spore entre en contact avec une cellule, le tube d’extrusion est déroulé et perce la membrane de la cellule ciblée, en injectant le plasma de la spore dans la cellule, ce qui lance le cycle reproducteur et la dissémination d’autres spores [16]. Les cellules du parasite ne possèdent pas de mitochondries et elles dépendent de leurs hôtes pour leur respiration aérobie.

Cependant, quelques gènes mitochondriaux sont présents dans les noyaux des cellules du parasite et, dans certains cas, des reliques de mitochondries peuvent s’y trouver : elles sont composées de minuscules vésicules à double membrane qui contiennent certaines enzymes mais qui ne possèdent pas de fonctions respiratoires [17].

Nosema ceranae pourrait contribuer à l’effondrement des ruches, mais il semble probable que la virulence du parasite pourrait dépendre du système immunitaire de l’abeille, et que celui-ci pourrait être affecté par des pesticides tels que les insecticides et les fongicides systémiques utilisés dans le traitement des semences ou appliqués en pulvérisation, ou encore par une combinaison à certaines expositions qui génèrent une immunodéficience [18] ( Parasitic Fungi and Pesticides Act Synergistically to Kill Honeybees ? SiS 35).

Traduction en français :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles honoraire,
Adresse : 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange..fr

Fichier : Santé Abeilles Pesticides OGM Parasitic Fungus and Honeybee Decline ISIS french.5

Note : pour des définitions et des compléments en français, on peut consulter le document commun à une série d’articles d’ISIS sur les abeilles : Santé Abeilles ISIS 2007 Définitions & compléments.2.doc

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