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"Place à Albert Schweitzer d’origine alsacienne (1875-1965) : un humaniste allemand et français, musicien, théologien protestant, philosophe, mais aussi médecin et soignant de brousse au Gabon, écologiste et défenseur des animaux" par Jacques Hallard

samedi 9 octobre 2021, par Hallard Jacques


ISIAS Histoire Alsace Afrique

Place à Albert Schweitzer d’origine alsacienne (1875-1965) : un humaniste allemand et français, musicien, théologien protestant, philosophe, mais aussi médecin et soignant de brousse au Gabon, écologiste et défenseur des animaux

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 09/10/2021

Source : Albert Schweitzer, le musicien (1875-1965)

Plan du document : Citations Introduction Sommaire Auteur


Quelques citations

Des citations d’Albert Schweitzer, ses meilleures pensées… choisies et rapportées par ‘Ouest-France’

En tirant d’affaire un insecte en détresse, je ne fais que d’essayer de payer quelque chose de la dette toujours renouvelée par l’homme à l’égard des bêtes.

Le succès n’est pas la clé du bonheur. Le bonheur est la clé du succès. Si vous aimez ce que vous faîtes, vous réussirez.

L’homme a perdu la capacité de prévoir et d’anticiper. Il finira par détruire la terre.

Tant qu’il n’étendra pas le cercle de sa compassion à tous les êtres vivants, l’homme ne trouvera pas de paix.

Quelqu’un qui s’est habitué à considérer la vie de n’importe quelle créature vivante comme sans valeur, finit par penser qu’une vie humaine ne vaut rien.

L’homme a perdu la capacité de prévoir et d’anticiper. Il finira par détruire la terre.

Nous devons combattre l’esprit de cruauté naïve avec laquelle nous disposons de l’animal. Les religions et la philosophie se sont préoccupées du problème de notre comportement envers nos semblables mais non à l’égard de l’animal, qui est pourtant susceptible des mêmes souffrances que nous. Un comportement véritablement humain ne nous permet pas de lui imposer des épreuves. C’est tardivement que nous avons pris conscience de ce problème. Nous devons susciter dans le monde un mouvement d’opinion et prendre au sérieux un devoir que nous avons jusqu’à présent perdu de vue

A certains moments de notre vie, notre propre lumière s’éteint et se rallume par l’étincelle d’une autre personne. Chacun de nous à des raisons d’éprouver une profonde gratitude pour ceux qui ont rallumé la flamme en nous.

Que chacun s’efforce dans le milieu où il se trouve de témoigner à d’autres une véritable humanité. C’est de cela que dépend l’avenir du monde.

« Albert Schweitzer, A l’orée de la forêt vierge »

En dépit de tout, je garde la conviction que l’amour, la paix, la douceur et la bonté sont la force qui est au-dessus de tout pouvoir.

Que chacun s’efforce dans le milieu où il se trouve de témoigner à d’autre une véritable humanité. C’est de cela que dépend l’avenir du Monde.

De quelque côté qu’un homme se tourne. Il en trouvera un autre qui a besoin de lui.

La pensée qui est parvenue à la véritable profondeur est humble. Sa seule préoccupation est que la flamme qu’elle entretient brûle du feu le plus ardent et le plus pur, et non de savoir jusqu’où pénètre sa vérité.

Il ne faut pas croire tout ce qu’on nous dit de ceux qui ne pensent pas comme nous.

La vérité n’a pas d’heure, elle est de tous les temps, précisément lorsqu’elle nous paraît inopportune.

L’idéal est pour nous ce qu’est une étoile pour le marin. Il ne peut être atteint mais il demeure un guide.

L’enfant qui sait se pencher sur l’animal souffrant saura un jour tendre la main à son frère.

Que chacun s’efforce dans le milieu où il se trouve de témoigner à d’autres une véritable humanité. C’est de cela que dépend l’avenir du monde.

Le bonheur est la seule chose qui se double si on le partage.

Celui à qui la souffrance est épargnée doit se sentir appelé à soulager celle des autres.

L’humanité consiste dans le fait qu’aucun homme n’est sacrifié à un objectif.

Il y a deux moyens d’oublier les tracas de la vie : la musique et les chats.

La seule possibilité de donner un sens à son existence, c’est d’élever sa relation naturelle avec le monde à la hauteur d’une relation spirituelle.

Tous les problèmes de la religion se ramènent finalement à un seul : le Dieu qui se révèle en moi est autre que celui que je devine dans l’univers.

S’unir à l’essence universelle, se fondre en Dieu, c’est aboutir à une détermination passive de l’existence humaine, c’est se perdre dans l’océan de l’infini.

Le monde est inexplicablement mystérieux et plein de souffrance.

Les gouvernements s’entendent lorsque les peuples les obligent à s’entendre.

La force qui ne connaît que la révolte s’y use.

Toute pensée qui pénètre en profondeur s’achève en un mysticisme moral.

Ouest-France : toute l’actualité en direct, l’info en continu

8/11/2016-les personnels de santé dans la grève et dans la rue en Finistère-compte rendu de la PQR - L’Hermine Rouge

Source : https://citations.ouest-france.fr/citations-albert-schweitzer-788.html?o=date

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Introduction

Un ancrage en Alsace et dans le protestantisme

Rappels - Selon Wikipédia, L’Alsace (prononciation : /al.zas/ ; en alsacien : ’s Elsàss, en allemand : das Elsass) est une région historique et une collectivité territoriale de l’est de la France à la frontière avec l’Allemagne et la Suisse. Ses habitants sont appelés les Alsaciens. L’histoire récente de l’Alsace est liée de près à celle du département voisin de la Moselle, tous les deux ayant en commun l’héritage du second empire allemand (droit local d’Alsace-Moselle) et une influence franco-germanique forte. De 1956 à 2015, l’Alsace était une région administrative, composée des deux départements du Rhin, qui a fusionné avec les régions de Champagne-Ardenne et de Lorraine pour former la région Grand Est le 1er janvier 2016. Une nouvelle collectivité territoriale — la collectivité européenne d’Alsace — reprenant exactement les mêmes limites géographiques et continuant à faire partie de la région Grand Est est créée le 1er janvier 2021. Géographiquement elle se trouve entre le massif des Vosges et le Rhin. Région de l’Europe rhénane, elle fait plus largement partie de l’espace culturel de l’Europe centrale et est historiquement une terre de langue germanique (alémanique et francique) avec des parties romanes (vallées welches, certaines communes du Sundgau). Malgré son identité forte, l´Alsace est une région cosmopolite1, métissée2 et fortement diversifiée sur le plan religieux3. La région historique sous l’Ancien Régime était subdivisée en trois entités : la Haute-AlsaceNote 1, la Basse-AlsaceNote 2 et la République de MulhouseNote 3. Cette dernière se lance dans l’aventure industrielle dès 1746 et vote sous la contrainte militaire sa réunion à la France en 1798. Française entre le milieu du XVIIe siècle et 1870, à la suite de son annexion par Louis XIV, l’Alsace accueille avec enthousiasme la Révolution française. Berceau de La Marseillaise4, elle a vu naître des généraux révolutionnaires comme Kléber, Westermann, Kellermann, Rapp5 ou encore Amey. L’implication des Alsaciens dans la Révolution, ainsi que plus tard dans l’affaire du capitaine Dreyfus, scella leur attachement à la République française6,7. Après la défaite lors de la guerre franco-allemande de 1870, l’Alsace (moins l’arrondissement de Belfort) et une partie de la Lorraine (actuel département de la Moselle) sont annexées à l’Empire allemand. Celles que l’on désigne alors comme les « provinces perdues » inspireront un revanchisme qui accompagnera toute la Troisième République. Terre d’Empire (« Reichsland » en allemand), l’Alsace-Lorraine est dotée d’une constitution en 1911 qui est suspendue dès le début de la Première Guerre mondiale. À l’issue de celle-ci, l’Alsace-Lorraine sera à nouveau annexée la République française en 1919. Puis en 1940, elle est une nouvelle fois annexée par l’Allemagne, lors de la Seconde Guerre mondiale (sous le nom administratif de « CdZ-Gebiet Elsass »), avant de redevenir française en 1945. Cette histoire houleuse est une clé essentielle à la compréhension de certains particularismes locaux. Ainsi dans le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, de nombreux domaines sont régis par un droit local8 qui se substitue au droit général français. Strasbourg est la plus importante9 des cinq grandes agglomérations alsaciennes devant Mulhouse10, Colmar11, Haguenau12 et Saint-Louis (banlieue française de la ville de Bâle en Suisse)13,14. Les unités urbaines de Strasbourg et de Mulhouse dépassent chacune les 200.000 habitants. De tradition industrielle forte, Mulhouse est, avec Amiens, la grande ville de France métropolitaine qui a la plus forte proportion de jeunes de moins de 19 ans15. Strasbourg est le siège de plusieurs institutions européennes, dont le Parlement européen et le Conseil de l’Europe…. – Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Alsace

Voir également : La collectivité européenne d’Alsace - Depuis le 1er janvier 2021, les départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin sont regroupés au sein de la collectivité européenne d’Alsace. Cette nouvelle collectivité est dotée de compétences spécifiques, plus étendues que celles d’un département, adaptées aux particularités de l’Alsace. - Dernière modification : 4 janvier 2021

Les compétences de la collectivité européenne d’Alsace

La nouvelle collectivité relève juridiquement de la catégorie des départements. Elle dispose donc des mêmes compétences que celles dévolues aux départements. S’y ajoutent des compétences spécifiques :

  • l’organisation de la coopération transfrontalière (avec l’Allemagne et la Suisse) sur son territoire. La collectivité européenne d’Alsace élabore, en qualité de chef de file, un schéma de coopération transfrontalière, en association avec l’État, la région Grand-Est, l’Eurométropole de Strasbourg et les collectivités locales ;
  • la gestion des routes et autoroutes non concédées, classées dans le domaine public routier national, situées dans les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin ;
  • la promotion du bilinguisme par la mise en place d’un enseignement facultatif de langue et culture régionales tout au long de la scolarité. À ce titre, elle peut recruter par contrat des intervenants bilingues. La collectivité met en place un comité stratégique de l’enseignement de la langue allemande en Alsace ;
  • l’animation et la coordination de la politique touristique sur son territoire.
    Article complet à lire sur : JH2021-10-09T13:34:00J

https://www.vie-publique.fr/fiches/277866-la-collectivite-europeenne-dalsace

Le Protestantisme en Alsace (Wikipédia) - Au XVIe siècle un mouvement de renouveau suscité par Luther toucha aussi l’Alsace. Rejeté par les autorités de l’Église catholique, il a conduit au protestantisme. Celui-ci s’est maintenu à travers les siècles, partageant la foi chrétienne de toujours, mais incarnant une autre manière de vivre cette foi. Le protestantisme en Alsace, bien que minoritaire, a marqué l’histoire religieuse, culturelle et sociale de la région. Il s’est manifesté, en particulier, par quelques grandes figures telles que Martin Bucer, Jean-Frédéric Oberlin et Albert Schweitzer. À côté des Églises luthérienne et réformée, reconnues par l’État, et aujourd’hui unies, il est présent aussi par un ensemble de communautés libres… - Source

Pour plus de détails, voir aussi Données historiques – Le protestantisme en Alsace - « Les lieux de mémoire sont nombreux, témoins de l’histoire particulièrement tourmentée des deux rives du Rhin. Aujourd’hui un tiers des protestants français sont alsaciens, ou d’origine alsacienne… » - Source

La personnalité d’Albert Schweitzer remise au goût du jour

L’actualité rappelle, avec les quelques articles ci-après, le souvenir qu’a laissé Albert Schweitzer en Alsace.

« Strasbourg - La place Saint-Thomas aura sa statue d’Albert Schweitzer » - Bien que la figure du théologien, médecin, philosophe et organiste soit incontournable à Strasbourg, aucun monument ou presque ne lui rendait hommage dans la ville. Un « oubli » qui sera réparé place Saint-Thomas le 17 septembre. Par MSK - 11 sept. 2021 à 18:00 - Croquis - La sculptrice Simone Mayor propose une représentation « à hauteur d’homme » du célèbre docteur. DR / illustration de Denise Muller - « Il y avait une petite stèle avec un médaillon, rue Schweitzer à Neudorf, mais elle n’a pas résisté au réaménagement de la rue », nous rappelle Jean-Louis Hoffet, pasteur en retraite, ancien directeur d’Amnesty et admirateur du fondateur de l’hôpital de Lambaréné, au Gabon. Sur la villa Schweitzer, dans le parc du même nom, un bas-relief constitue la deuxième référence strasbourgeoise au précurseur de la médecine humanitaire… - Source : https://www.dna.fr/culture-loisirs/2021/09/11/une-statue-en-l-honneur-d-albert-schweitzer

« Strasbourg - Une statue à Albert Schweitzer, homme du passé à la pensée « moderne » - Photo - Une jolie petite foule assistait, ce vendredi soir, au dévoilement de la statue d’Albert Schweitzer sur la place Saint-Thomas. Tous les intervenants ont salué la mémoire d’un homme de foi, d’un humaniste et d’un penseur moderne, à bien des égards. Par MSK - 17 sept. 2021 à 22:47 | mis à jour le 18 sept. 2021 à 16:18 – « Le voici donc revenu dans la ville de ses 20 ans, assis au bord d’une rivière. Prêt à discuter avec tout un chacun en recherche de sérénité, de consolation ou de force, qu’il soit passant dans la rue ou enfant de l’école voisine. Car il a toujours parlé de tout ce qui porte sur la vie et son sens ». Source : https://www.dna.fr/societe/2021/09/17/homme-du-passe-pensee-moderne

« Strasbourg - Une statue pour Albert Schweitzer » – Photo - Le bronze d’Albert Schweitzer a été dévoilé le 17 septembre, place Saint-Thomas à Strasbourg. À gauche : Simone Mayor, sculptrice. À droite : Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg. - ©A. Huber - Publié le 20 septembre 2021 (Mise à jour le 24/09) - Par Albert Huber - La sculpture en bronze du Dr Albert Schweitzer vient de prendre place à l’ombre de l’église Saint-Thomas de Strasbourg. En dépit de la forte empreinte qu’il a laissée dans la ville, aucun signe visible fort ne rappelait jusqu’à présent la figure protestante du Nobel de la Paix. L’oubli a été réparé vendredi 17 septembre. « Un vieux paysan qui observe au printemps les bourgeons qui éclatent est à égalité avec le plus grand des savants devant l’insaisissable mystère de la vie. » Ainsi s’est exprimée Simone Mayor, citant Albert Schweitzer. La sculptrice, éprise de la pensée du pasteur, théologien, médecin, philosophe et musicien alsacien, signe une œuvre sobre et pleine d’humanité. Le projet a été initié par un collectif de personnalités et d’associations protestantes, sous l’égide de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL). L’œuvre ainsi réalisée interpelle les habitants et les visiteurs de la ville où le docteur a passé vingt ans. Elle incite à connaître sa personnalité, son œuvre, sa pensée... – Source : https://www.reforme.net/actualite/2021/09/20/une-statue-pour-albert-schweitzer/

« Strasbourg – Ils ont croisé Albert Schweitzer » - Par MSK - 17 sept. 2021 à 17:54 | mis à jour le 17 sept. 2021 à 20:17 - Dans le collectif pour une statue de Schweitzer à Strasbourg, deux hommes ont croisé le pasteur et médecin dans la « vraie vie ». Pour Jean-Louis Hoffet, comme pour Marc Lienhard [né le 22 août 1935 à Colmar, est pasteur, théologien et historien français, professeur émérite de l’université de Strasbourg], le souvenir de cette rencontre est resté précieux. « Schweitzer était un ami de mes parents, qu’il avait croisés alors qu’ils étaient étudiants à Strasbourg », démarre Jean-Louis Hoffet. « Mon grand-père maternel avait été pasteur à Gunsbach et avait connu Albert Schweitzer enfant. Mon père Frédéric Hoffet lui a dédié son livre L’Impérialisme protestant ». Le jeune Jean-Louis Hoffet prend son premier poste de journaliste à Addis Abeba où il est chargé des émissions en français de la radio ‘Voix de l’Évangile ... » - Source : https://www.dna.fr/societe/2021/09/17/ils-ont-croise-albert-schweitzer

Portrait - « Jean-Louis Hoffet, la foi dans l’action « -– Élise Descamps (correspondante à Strasbourg), le 15/06/2021 à 13:47 - Modifié le 15/06/2021 à 15:18

Photo - Ancien pasteur, ancien élu socialiste, mais aussi ancien directeur d’Amnesty International France, Jean-Louis Hoffet a conjugué pendant cinquante ans ses convictions politiques et religieuses. «  Le protestantisme m’a préparé à une certaine forme de vie publique, aux mandats démocratiques. Les conseils presbytéraux sont des micro-parlements. Pour qu’un pasteur trouve une paroisse, on doit voter pour lui. » Non sans écho avec l’actualité électorale, Jean-Louis Hoffet, figure alsacienne ayant été, parfois en même temps, pasteur et homme politique, confie à 80 ans, dans un livre autobiographique, les lignes de force de son existence. Une vie à la fois limpide et qui prend des chemins de traverse, entre Alsace et international, pour ce militant avide…. – Source : https://www.dna.fr/societe/2021/09/17/ils-ont-croise-albert-schweitzer

Politique - Jean-Louis Hoffet, un pasteur dans l’arène politique - Publié le 1er octobre 2021 (Mise à jour le 1/10) - Par Philippe Bohlinger – Photo © PHILIPPE BOHLINGER

L’ancien pasteur de 80 ans, ex-adjoint au maire de Mulhouse, revient sur ses engagements en politique et au service de son Église. À l’instar d’Albert Schweitzer qui était un ami de son père, l’Alsacien Jean-Louis Hoffet a choisi un «  service purement humain  ». Mais à la différence du prix Nobel de la paix, cet ancien pasteur de 80 ans n’a pas exercé le service de la médecine. Il a opté pour la politique. Et il a parfois conjugué simultanément les carrières d’élu et de pasteur. Adjoint au maire de Mulhouse (1989-1998), conseiller régional d’opposition (1986-2004), ce socialiste fait le récit de son parcours dans un ouvrage préfacé par Catherine Trautmann, ancienne ministre de la Culture et titulaire d’une maîtrise de théologie. «  Mon double statut a davantage dérangé dans mon Église que dans la sphère politique, où j’étais parfois sollicité par des élus en plein divorce. Au cours de mon second mandat à la mairie de Mulhouse, mes détracteurs au sein du consistoire réformé m’ont poussé à démissionner de ma fonction de pasteur… - Source : https://www.reforme.net/portraits/2021/10/01/jean-louis-hoffet-un-pasteur-dans-larene-politique/

Le bestseller “La psychanalyse de l’Alsace” réédité pour la 5ème fois

Cette illustration de Tomi Ungerer va orner la couverture de la nouvelle édition / © France 3 Alsace - Ce grand classique sera à nouveau disponible en librairie dès le 18 octobre. C’est un livre de fond, pour qui veut tenter de saisir l’âme alsacienne. Ecrit en 1951 par le pasteur et avocat Frédéric Hoffet, il n’a (presque) pas pris de rides, et à chaque réédition, son succès ne se dément pas. Par Sabine Pfeiffer Publié le 01/10/2018 à 11:56 – Source

Et à propos de cet ouvrage sur l’Alsace, ne pas manquer ces deux vidéos :

En alsacien et français > https://www.youtube.com/watch?v=LKesTgjzaS8

En français > https://www.youtube.com/watch?v=iZATYZF7nu4

Construction de ce dossier sur Albert Schweitzer

Après ces actualités alsaciennes et strasbourgeoises, voici comment ce dossier a été préparé à des fins didactiques. Un ensemble de documents ont été collectés puis ventilés dans les rubriques quatre suivantes notées de A à D :

A. Tout d’abord des informations générales sur Albert Schweitzer, sa très conséquente biographie écrite par divers auteurs et organisations.

B. Le pasteur musicien Albert Schweitzer avec des accès à plusieurs vidéos musicales qui illustrent la grande part que cela prenait dans sa vie et qui permettait de contribuer au financement de l’hôpital de Lambaréné au Gabon.

C. Albert Schweitzer, le médecin de brousse dont les actions furent menées en Afrique à l’époque du colonialisme actif [« une doctrine ou une idéologie justifiant la colonisation entendue comme l’extension de la souveraineté d’un État sur des territoires situés en dehors de ses frontières nationales1,2. La notion intellectuelle du colonialisme est cependant souvent confondue avec la pratique même de la colonisation étant donné que l’extension de sa souveraineté par un État implique dans les deux cas la domination politique et l’exploitation économique du territoire annexé3 »] - Source

Les actions menées à Lambaréné par Albert Schweitzer et ses collaborateurs (hommes et femmes d’origine européenne en mission ou recrutés localement) se déroulèrent pendant plusieurs décennies dans les conditions naturelles équatoriales difficiles : « Lambaréné possède un climat de savane avec un hiver plus sec selon la classification de Köppen-Geiger. Les précipitations y sont beaucoup plus importantes en été qu’elles ne le sont en hiver. Sur l’année, la température moyenne est de 26.2°C et les précipitations sont en moyenne de 1162 mm. A titre de comparaison à Paris, la température moyenne annuelle est de 12,3°C et les précipitations sont en moyenne de 475 mm ». Source

Sur certains points, les réalisations d’Albert Schweitzer ont fait l’objet de critiques et de controverses comme les décrivent certains documents.

D. Albert Schweitzer, l’éthicien de l’écologie au sein de laquelle on lui porte une grande attention, notamment chez les partisans du bien-être animal [voir par exemple « Le bien-être animal, qu’est-ce que c’est ? » - 28/02/2019 – Source : https://agriculture.gouv.fr/le-bien-etre-animal-quest-ce-que-cest ], d’une part, et de l’écologie profonde : « L’écologie profonde est une philosophie écologiste contemporaine qui se caractérise par la défense de la valeur intrinsèque des êtres vivants et de la nature, c’est-à-dire une valeur indépendante de leur utilité pour les êtres humains. Elle attribue plus de valeur aux espèces et aux différents écosystèmes que ne le font les mouvements écologiques classiques, ce qui entraîne le développement d’une éthique environnementale. Tandis que l’écologie classique, bien que développant de nouvelles alternatives, pose toujours la satisfaction des besoins humains comme finalité (anthropocentrisme) et attribue au reste du vivant le statut de «  ressource  », l’écologie profonde réinscrit les finalités humaines dans une perspective plus large, celle du vivant (biocentrisme) afin de prendre en compte les besoins de l’ensemble de la biosphère, notamment des espèces avec lesquelles la lignée humaine co-évolue depuis des milliers d’années… »

Et puis des addendas pour terminer ce dossier :

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Sommaire

  • Informations générales sur Albert Schweitzer
  • Albert Schweitzer : le pasteur musicien
  • Albert Schweitzer : le médecin de brousse au Gabon
  • Albert Schweitzer : l’éthicien de l’écologie

Addenda - Histoire - Guerre 14-18 : quand la France internait les Schweitzer

Addenda : Quelques accès à des photos historiques concernant les Schweitzer

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  • Découverte rapide du Docteur Schweitzer – Enregistrement de la série ‘Visites privées’ – Vidéo 13:52 - 20 janvier 2017 - Visites privées
    L’Alsace se découvre aussi à travers ses habitants. Visites privées revient sur la vie du docteur Schweitzer, un homme qui a marqué l’histoire. Philosophe, médecin, théologien ou encore musicien ce personnage aux multiples facettes a même été décoré du prix Nobel de la paix. Découvrez l’univers ‘Visites Privées’ sur notre site : http://www.france2.fr/emissions/visit​...

Source : https://www.youtube.com/watch?v=nAPTJEzP9HM

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  • Biographie courte, dates, citations concernant Albert Schweitzer : La Rédaction, ‘linternaute.fr’ - Mis à jour le 06/02/2019 12:35
    Biographie de Albert Schweitzer - Pasteur et médecin français, Albert Schweitzer est né le 14 janvier 1875 à Kaysersberg. Il est mort le 4 septembre 1965 à Lambaréné (Gabon).


Biographie courte d’Albert Schweitzer - Albert Schweitzer est un médecin, théologien protestant et musicologue français. Né le 14 janvier 1875 dans une Alsace alors annexée par l’Allemagne, il grandit dans la petite ville de Gunsbach. Enfant, il s’initie très tôt à la musique, et joue de l’orgue paroissial dès l’âge de 9 ans. À 15 ans, il joue sur l’orgue de l’église Saint-Étienne de Mulhouse, puis donne son premier concert à 16 ans avant de bénéficier de l’enseignement du célèbre organiste et compositeur français Charles-Marie Widor.

Son baccalauréat en poche, Albert Schweitzer entame en 1893 des études de théologie luthérienne et de philosophie à l’université de Strasbourg. Docteur en philosophie en 1899 et docteur en théologie en 1900, il commence des études de médecine en 1905, décidé à mettre ses compétences au service d’actions humanitaires. En 1913, il rejoint la ville de Lambaréné, au Gabon (à l’époque Afrique équatoriale française). Il y construit avec sa femme un hôpital, ayant pour valeurs fondatrices le concept du respect de toute vie, idée développée tout au long de ses études.

De nationalité allemande, le couple est mis en résidence surveillée par l’armée française en 1914, puis déporté et incarcéré en 1917. Libérés en 1918, Albert Schweitzer et son épouse obtiennent la nationalité française. Le couple retourne en Afrique en 1924. Son dévouement pour les nécessiteux vaut à Albert Schweitzer le prix Nobel de la paix en 1952.

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Albert Schweitzer décède le 4 septembre 1965 à Lambaréné. Référence dans le monde de l’aide humanitaire, l’hôpital qu’il a créé est aujourd’hui une fondation internationale qui continue à s’inspirer du principe du respect de la vie.


Albert Schweitzer : dates clés

16 avril 1913 : Ouverture de l’hôpital de Lambaréné

Le docteur Albert Schweitzer fonde à Lambaréné (Gabon), sur les bords du fleuve Ogooué, un hôpital missionaire. La guerre qui éclate en 1914 interrompt son œuvre, il est interné en France comme ressortissant allemand (il est né en Alsace en 1875). Il reprendra ses activités humanitaires dès la fin du conflit. En 1924, Lambaréné deviendra un grand centre hospitalier de traitement de la lèpre et des maladies tropicales. En 1952, le médecin, théologien, philosophe et musicien, Albert Schweitzer, recevra le prix Nobel de la paix.

4 septembre 1965 : Décès du Dr. Schweitzer

À la fois musicien, philosophe, théologien et médecin, Albert Schweitzer, prix Nobel de la paix 1952, a consacré toute sa vie au service des malades. Né en Alsace allemande, il décide après ses études de médecine de partir pour l’Afrique noire. Dans des conditions matérielles très difficiles, il fonde un hôpital missionnaire à Lambaréné, au Gabon. Son dispensaire devient peu à peu un grand centre hospitalier de traitement de la lèpre et des maladies tropicales. Il meurt dans son hôpital de Lambaréné à l’âge de 90 ans.

Médecine - Voir aussi : Alsace

Source : https://www.linternaute.fr/science/biographie/1778042-albert-schweitzer-biographie-courte-dates-citations/

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  • Albert SCHWEITZER (1875-1965) - Médecin, théologien protestant et musicologue français - Mis à jour le mercredi 18 Octobre 2020 – Document ‘medarus.org/Medecins’ – Médaille Nobel
    Un jour que le jeune Albert allait tirer les oiseaux avec une fronde de sa fabrication, il entendit dans le ciel les cloches de l’église résonner, mêlant leur harmonie aux gazouillis des oiseaux. Ce fut pour lui le premier appel du ciel. De ce jour, ’Le commandement qui nous défend de tuer et de tourmenter, opéra en moi une crise morale.’

Albert SCHWEITZER est né le 14 janvier 1875 à Kaysersberg (Haut-Rhin), en Alsace alors annexée par l’Allemagne, A cette petite localité catholique reste attaché le nom de Johann Geiler von Kaysersberg, grand prédicateur germanique (1445-1510), pour lequel fut ciselé la chaire de la cathédrale de Strasbourg où il prêcha en 1478. Il passe son enfance à Gunsbach (Munster) où son père, Charles Schweitzer, est pasteur et instituteur.

Albert Schweitzer est élevé au presbytère de Gunsbach. Chaque jour il parcourt les trois kilomètres dans la nature alsacienne ; la terre, les bruits mystérieux, les arbres et les rivières inspireront plus tard Schweitzer qui tentera de traduire en vers son enthousiasme. Cette paix ressentie au contact e la nature faite de joie et de plénitude, c’est par l’intermédiaire de la musique que Schweitzer va l’extérioriser. Après son premier contact avec les orgues du temple, il passe chaque jour plusieurs heures à jouer et se voit, encore enfant, confier la responsabilité musicale de l’office.

Pour ses études secondaires, il quitte l’école du village pour Münster, puis pour le lycée de Mulhouse en 1885, pendant 8 ans. Là, il habite chez son oncle Louis où la discipline qui règne est rigoureuse. Ses études sont studieuses et les résultats satisfaisants. Son professeur de musique est Eugène Münch ; à l’âge de quinze ans, il joue sur l’instrument de l’église Saint-Etienne, orgue à 3 claviers et 62 jeux ; puis à seize ans il donne son premier concert avant de devenir l’élève puis l’ami du célèbre musicien Charles-Marie Widor.

A 18 ans, après son baccalauréat et son service militaire à Strasbourg 143e d’infanterie), il résolut de mener de front, la théologie, la philosophie aux Universités de Strasbourg (alors Kaiser-Wilhelm-Universität) et Berlin ainsi que la musique. Il et reçu à son premier examen en théologie le 6 mai 1898. Afin de suivre les cours de philosophie en Sorbonne, Albert Schweitzer se rendit plus régulièrement à Paris à partir d’octobre 1898.

Il est docteur en philosophie le 2 août 1899 ; docteur en théologie et vicaire à l’église Saint-Nicolas de Strasbourg en 1900. Professeur à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg de 1902 à 1912, où il est chargé de l’enseignement du Nouveau Testament. Il écrivit de nombreux ouvrages consacrés à la musique, dont le célèbre ’Jean-Sébastien Bach, le musicien poète’, publié en 1905, soulignant le caractère religieux de la musique de Bach,

Albert Schweitzer était infiniment plus compliqué que le jeune homme que l’on découvre à travers ’Souvenirs de mon enfance’. Son parcours est celui d’un homme de foi, de charité et d’espérance. Ses structures mentales sont trés complexes : sa langue maternelle est le dialecte alsacien, et ses langues de culture, l’allemand aussi bien que le français.

Photo portrait

Ses idées politiques et religieuses le mettaient en porte-à-faux avec beaucoup de ses collègues : les pasteurs germanophiles, généralement conservateurs, n’aimaient pas ce libéral, tandis que les pasteurs libéraux, souvent francophiles, n’aimaient pas ce partisan de l’Allemagne. Comme pour compliquer un peu plus le tout, le 18 juin 1912 il épousa une allemande de famille juive, Hélène Bresslau, dont le père devait être expulsé après 1918. Ce qui n’empêchait pas les deux fiancés de correspondre en français. Le jour de son anniversaire en 1919, sa femme donne naissance à sa fille Rhena.

Divers témoignages oraux de missionnaires, divers écrits, peut-être aussi la sculpture de Bartholdi érigée à Colmar évoquant le problème noir, lui ont révélé la misère physique des indigènes de la forêt vierge. Il semble alors à Albert Schweitzer que les hommes de couleur devraient pouvoir naturellement profiter des progrès et moyens efficaces contre la maladie et la douleur physique.

Son refus de modifier les coutumes indigènes - ce qui le condamnait à garder à son hôpital un côté archaïque ; à son aspect bourru comme ses réactions paternalistes, Albert Schweitzer avait, sur beaucoup d’autres, l’avantage de mettre sa vie en harmonie avec ses principes philosophiques et religieux.

Théologien

Schweitzer acquit sa réputation de théologien en publiant ’Recherches sur la vie de Jésus’ (1906) et la ’Mystique de l’apôtre Paul’ (1930), ouvrages dans lesquels il mit en lumière les croyances eschatologiques du Christ (Doctrine relative à la destinée humaine et à la fin du monde) et des auteurs des Écritures. Selon Schweitzer, Jésus échappe à la science historique comme à nos esprits modernes, ce qui caractérise sa personne comme son message, c’est l’attente et la foi en la venue prochaine du Royaume de Dieu. Le thème du Royaume de Dieu traverse toute l’œuvre du théologien alsacien qui se refuse à comprendre le christianisme comme une religion axée sur l’au-delà, mais bien comme un message éthique devant transformer le monde.

Médecin

En 1905, Schweitzer a 30 ans, il se replace sur les bancs de l’Université de Strasbourg pour étudier la Médecine et tenter la réalisation de ses idées, répondre à un appel de la Société des missions évangéliques de Paris qui cherche des médecins volontaires. En 1913, à l’âge de 38 ans il est docteur en médecine. Il décide tout de suite de partir pour la région du Haut-Ogoué au Gabon (colonie de l’Afrique-Equatoriale-Française depuis 1910). La Société des Missions met à sa disposition un bâtiment de Lambaréné pour construire un dispensaire. Il réunit lui-même les fonds qu’exigeait son entreprise : par ses concerts d’orgue, par la publication en trois langues de son ouvrage sur J.-S. Bach, par des amis qui lui viennent également en aide. C’est de Gunsbach, l’après-midi du vendredi saint 1913 que le Docteur Schweitzer et sa femme Hélène s’embarquent pour l’Afrique, il arrive à Lambaréné le 16 avril 1913.

Il est inutile de préciser que la médecine a été sa raison de vivre et l’action sanitaire sa préoccupation essentielle. Cependant il n’est l’auteur d’aucune publication médicale, et n’a pas formé de médecins africains, il ne s’intéressait pas aux progrès de la technique et préférait la spéculation philosophique ou les responsabilités administratives. - ’Au fond, reconnaissait-il, je suis resté théologien.’

Après la prise de contact un peu hésitante, malgré la beauté du site et l’accueil chaleureux de la population, le travail commence. Mais faire quelque chose avec rien, se heurter à chaque instant au manque d’outillage devient une véritable épreuve. C’est dans ces conditions qu’Albert Schweitzer devait commencer à exercer la médecine à Lambaréné.

Il y eut d’abord à régler la question de la langue. Un instituteur de la mission voisine qui devait servir à la fois d’infirmier et d’interprète refusa. Restait Ossoka, un jeune noir qui se destinait à l’enseignement et que le missionnaire de Lambaréné désigna pour assister provisoirement le ’grand docteur blanc’. Ossoka ne se résigna pas tout de suite à ce brusque changement d’orientation mais l’accepta. Ainsi les premières images de l’homme noir qui apparurent à Schweitzer furent celles de cet adolescent résolument tourné vers un meilleur avenir et qui lui apportait une sorte d’espoir, de promesse, dont il n’oublierait pas le tonique réconfort.

Lambaréné est alors un village de quelques centaines de cases toutes identiques. La maison de Schweitzer est située sur une colline. A quelques dizaines de mètres, la forêt : monde grouillant où le danger succède au danger, l’insecte répugnant au fauve en chasse, cette chaleur humide, cet air irrespirable...

Toute cette nature ne procure aucune nourriture valable. Si les Portugais n’y avaient pas importé, à la fin du XVe siècle, le bananier, le manioc, l’igname et la patate, certaines tribus particulièrement défavorisées seraient encore géophages (mangeurs de terre). Cette question de nourriture devait représenter une des difficultés majeures de l’organisation de l’hôpital de Lambaréné.

Albert Schweitzer fit ses premières consultations dans un poulailler de Lambaréné qui faisait office de cabinet médical, elles ont d’abord lieu en plein air ; le matin à partir de 8 h. 30, la journée s’achevant avec le jour vers 18 h. il a toujours voulu que ses malades continuent à voir le ciel c’est pourquoi le malade vit à l’hôpital aussi librement que possible entouré de son univers familier. Le dispensaire devint peu à peu un centre hospitalier de traitement de la lèpre et des maladies tropicales.

Albert Schweitzer effectuera ainsi 14 voyages pour l’Afrique, et selon sa volonté, y finir sa vie en 1965.

Musicien

Nanti d’une solide formation d’organiste grâce à Eugène Münch, organiste de l’église réformée Saint-Etienne de Mulhouse et ancien élève du Conservatoire de Berlin, Schweitzer vouait déjà une grande admiration pour les œuvres d’orgue de Jean-Sébastien Bach :

’Mon professeur de Mulhouse m’avait si bien préparé que Widor, après une audition m’accepta pour élève, bien qu’il réservât son enseignement à la classe d’orgue du Conservatoire. Cet enseignement eut pour moi d’une importance décisive. Widor m’engagea à approfondir ma technique et à rechercher une exécution parfaite.’
[Albert Schweitzer, Ma Vie et ma pensée, Paris : Albin Michel, 1960, p. 11]

Le talent musical de Schweitzer se révéla dès l’enfance et il se fit une réputation internationale d’organiste et d’expert en construction d’orgues. Les récitals de Schweitzer lui apportèrent les revenus nécessaires pour la consolidation de ses études de médecine et pour la fondation, en 1913, de l’hôpital à Lambaréné en Afrique équatoriale française. Soulignant le caractère religieux de la musique de Bach dans un ouvrage qu’il lui consacra, Schweitzer préconisa un style d’interprétation nouveau, simple et dépouillé, qui détermina par la suite la manière de jouer les œuvres de Bach.

Il n’était pas rare, les soirs où l’hôpital ne réclamait pas sa présence, qu’on entendit Schweitzer jouer des compositions de Bach, Widor, César Frank… il s’était tout d’abord habitué à penser que son activité en Afrique mettrait fin à sa vie d’artiste. Cependant il ne put résister, et l’idée lui vint d’employer son temps libre à perfectionner sa technique et à travailler en profondeur certains musiciens.

Prisonnier à Saint-Rémy-de-Provence

Tandis que la vie de l’hôpital s’organisait, en 1914 la guerre avait éclaté en Europe. La position des Schweitzer prit dès lors une allure dramatique ; Alsaciens, donc, légalement Allemands ils devenaient d’emblée des suspects en territoire ennemi. Ils se retrouvèrent consignés dans leur case, avec interdiction de communiquer avec qui que ce soit. La stupeur régna alors sur l’hôpital et sur la mission, les malades étaient à l’abandon. Le docteur se plongea dans les travaux littéraires et philosophiques, sachant qu’en une telle conjoncture, discipliner l’esprit, c’est le sauver. Après de multiples démarches auprès du gouvernement, des mesures exceptionnelles d’élargissement furent prises en faveur des Schweitzer.

Quelque temps plus tard, ils reçurent l’ordre de rentrer en France où ils seraient placés comme prisonniers des autorités françaises. Dans la cabine du bateau qui les ramène, ils sont consignés, sans aucun égard. A Bordeaux, les prisonniers logent dans des baraques inconfortables ; le docteur souffre d’une dysenterie qui achève de l’épuiser. Puis c’est le départ dans le camp des Pyrénées et le transfert au printemps de 1918 au camp de Saint-Rémy-de-Provence réservé aux Alsaciens, où Schweitzer a les fonctions de médecin et de pasteur du camp. Libéré, il peut enfin gagner l’Alsace, ruiné et couvert de dettes. Après une opération chirurgicale à Strasbourg, il accepte lorsqu’il est rétabli un poste d’assistant en dermatologie à l’hôpital de la ville et une place à l’église Saint-Nicolas.

Pendant son incarcération, il écrivit ‘Kulturphilosophie’ (1923), une étude philosophique de la civilisation. Il y aborda la pensée éthique à travers l’histoire et invita ses contemporains à mettre en œuvre une philosophie de respect de la vie.

C’est en 1919, par l’entremise de l’archevêque de Canterbury, qu’il reçoit une invitation pour une série de conférences et de récitals d’orgue en Suède. Par la suite Schweitzer peut régler ses dettes et poursuivre son redressement dans d’excellentes conditions. Il parcourt successivement la Suisse, la Suède, l’Angleterre, la Tchécoslovaquie, le Danemark. Mais il est cependant question d’un retour à Lambaréné.

Retour(s) à Lambaréné

Après avoir suivi des cours d’obstétrique et de chirurgie dentaire, des conférences d’hygiène tropicale, il réunit le nouvel équipement qu’il doit emporter et embarque seul pour l’Afrique le 21 février 1924. En effet, ni sa femme ni sa fille ne supporteraient le climat du Gabon. Il a 49 ans.

Ce qu’il retrouve à Lambaréné n’est que ruines : les toits sont troués, les cases des malades écroulées. Rapidement la reconstruction et l’extension de l’hôpital sont reprises. Médecin le matin, architecte l’après-midi, Schweitzer doit faire face à un nombre croissant de malades. Mais les nouveaux venus sont indisciplinés et détériorent tout ce qui est laissé à leur portée. De plus, les locaux reconstruits devenaient insuffisants. Schweitzer chercha, négocia et trouva un emplacement à 3 km du premier hôpital. Il fallut faire le chemin dans la forêt équatoriale et en un an, un nouvel hôpital décent avec des lits pour deux cents malades était construit.

A ce moment Schweitzer n’est plus tout à fait seul. Un condisciple de Strasbourg, le docteur Victor Nessmann est venu le rejoindre ainsi que le docteur Marc Lauterburg de Suisse, une infirmière Mlle Mathilde Kottmann, une deuxième infirmière Emma Hausknecht, et un jeune menuisier.

Photo - Sa maison

Quatre nouvelles années viennent de s’écouler, Il rejoint en Europe sa femme et sa fille Rhena. En 1928 il fit construire la petite maison de Gunsbach où il venait se reposer lors de ses séjours européens et où se trouvent aujourd’hui les archives et le musée. Il reprend alors une gigantesque tournée de concerts et de conférences. Les sommes d’argent qu’il gagne ne sont pas exclusivement réservées à Lambaréné mais aussi à des œuvres charitables : ’ Là où la misère est par trop angoissante.’

En 1931, paraît la première étude importante le concernant (par le Professeur Regester, de Washington). Ses propres œuvres sont traduites en plusieurs langues.

A son retour à Lambaréné, sous son impulsion, l’hôpital est organisé, les régimes nécessités par certaines maladies sont préparés et servis par des infirmières. Chaque samedi soir hommes et femmes reçoivent en outre, un dédommagement en rapport avec le travail fourni.

Certes, l’aspect des rues de l’hôpital avant le grand nettoyage hebdomadaire n’a rien d’édifiant : les détritus de tous ordres souillent l’entrée des cases et le sol. On accuse l’hôpital de négligence et de saleté, surtout dans le quartier des indigènes ; mais, force est de reconnaître que ce qui a fait le succès de l’entreprise, c’est le soulagement et les guérisons obtenus, sinon, personne ne s’y rendrait plus. Sans doute, comme dans nos hôpitaux, l’excellence et l’urgence des soins donnés font passer sur les circonstances où l’on doit plonger pour y atteindre. Mais, a-t-on le droit de juger un homme, non sur son apport, mais sur ses manquements ? Quelquefois, le mérite l’emporte sur l’insuffisance, et c’est sans doute ainsi que Schweitzer s’est imposé à l’attention du monde.

Philosophe

Éthique du respect de la vie

C’est en 1915, à peine deux ans après son arrivée à Lambaréné que l’idée du ’Respect de la vie’ lui est révélée.

Sur le plan philosophique, le concept du ’Respect de la Vie’, et ses analyses de l’échec de l’éthique occidentale ont conservé toute leur pertinence. Après une décision remarquable il se détourne provisoirement du passé ; tourné vers l’avenir il s’attaque à l’étude des religions et approfondit son système philosophique du - ’Respect de la vie’ - (dont la base est empruntée à Gandhi plutôt qu’à François d’Assise) : ’l’éthique c’est, la reconnaissance de notre responsabilité envers tout ce qui vit,’ écrit-il.

Dans ’La philosophie de la civilisation’ il étudie les raison de la décadence de celle-ci, qu’il attribue à la philosophie. La philosophie n’a pas su maintenir vivante en l’homme l’affirmation du monde. L’affaiblissement de cette affirmation signifie aussi le recul de l’éthique.

La décadence est due à la conception du monde, qui n’a pas su maintenir les idéaux de la renaissance et du stoïcisme qu’on redécouvre à cette époque. Mais la décadence est due aussi aux circonstances de la vie contemporaine qui refuse à l’individu l’occasion de penser indépendamment (le travail à la chaîne, l’importance des ’groupes’, les organismes de toutes sortes, la propagande, la science qui étant trop étendue, amène la résignation, car on ne peut plus la comprendre dans tous ses aspects). ’L’élément essentiel de la civilisation est le perfectionnement éthique de l’individu aussi bien que de la société.

Mais réciproquement tout progrès spirituel ou matériel a son importance pour la civilisation. La volonté de civilisation est donc une volonté universelle de progrès qui reconnaît l’éthique comme la plus haute des valeurs. Quelque importance que nous attachions à la science et au pouvoir humain, il est pourtant évident que seule une humanité poursuivant des fins morales peut bénéficier dans une pleine mesure des progrès matériels et triompher en même temps des dangers qui les accompagnent.’

Afin de lutter contre cette décadence, il faudra que l’homme comprenne que ’l’éthique, en effet demande à l’homme de s’intéresser au monde. Elle comporte une élémentaire obligation d’activité. Par conséquent, dès qu’une conception négative du monde manifeste des tendances éthiques, elle est amenée à des concessions si importantes qu’en fait elle se renie’.

Les grands penseurs de l’Inde

Le respect de toute existence Schweitzer le trouve dans la pensée de l’Inde. Rendant hommage à la mystique hindoue de l’identité, dans son livre ’Les grands penseurs de l’Inde’, il l’a pourtant distinguée de la mystique personnaliste de la tradition biblique, qui dégage vivement l’homme du ‘Grand Tout’. (Les grands penseurs de l’Inde, Paris, Payot, 1936, 238 p.).

’La pensée qui est parvenue à la véritable profondeur est humble. Sa seule préoccupation est que la flamme qu’elle entretien brûle du feu le plus ardent et le plus pur, et non de savoir jusqu’où pénètre sa vérité.’ - Albert schweitzer, Les Grands penseurs de l’Inde.

’Plus d’une vérité est restée longtemps ou totalement sans effet, simplement parce que personne n’a envisagé qu’elle pût devenir réalité’ (Albert Schweitzer - Discours de réception du Prix Nobel de la Paix - Oslo - 4 novembre 1954)

Défendant cette idée tout au long de sa vie, il rejoindra l’athée Einstein avec lequel il dénoncera le péril atomique en 1954, 1957, 1958, demandera en 1964 l’interdiction des courses de taureaux. Il voudra poursuivre son ouvrage sur la ’Philosophie de la civilisation’ dont le manuscrit est resté à Lambaréné.

Honneurs et reconnaissance

Il a été encouragé dans son œuvre par l’attribution du prix Goethe de la ville de Francfort (1928), de l’Ordre du Mérite britannique et de l’ordre du Mérite allemand, plusieurs diplômes de Docteur Honoris Causa (Cambridge, Oxford, Prague, Zurich...), Président d’honneur de l’Union Nationale pour l’Avenir de la Médecine, Médaille d’Or de la ville de Paris en 1955, Ordre du mérite de la Reine Elisabeth (Belgique) en 1955 ;

Il reçoit le Prix de la Paix de la Fédération allemande des Libraires (1951) ; la Médaille Paracelse et la Médaille du Prince Charles (Suède) lui ont également été décernées en 1952.

’Time Life’

Après la deuxième guerre mondiale, les Américains le découvrirent, et voilà, que contre son propre vœu, les trompettes de la renommée retentirent en 1947. Son apostolat qui avait été ignoré de tous pendant quarante ans fut révélé lorsque la revue ’Time Life Magazin’ le désigne comme ’le plus grand homme du siècle.’ Les Etats-Unis l’ont invité en 1949 par la voix d’Albert Einstein, qui le considérait comme une des rares personnalités phares de ce temps.

Académie des Sciences Morales et Politiques

La surprise à Paris fut totale, les Français pour réparer une injuste négligence le firent élire le 3 décembre 1951, membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques (Institut de France), il ne consacrera aucune notice à son prédécesseur, le maréchal Pétain, mais lira, le 20 décembre 1952, un texte sur le problème éthique dans l’évolution de la pensée humaine, texte qui empruntait beaucoup à son livre de 1935, ’Les grands penseurs de l’Inde’.

Prix Nobel

Photo – A sa table d’écriture - En 1953, il est lauréat du Prix Nobel de la Paix 1952 qui lui est remis à Oslo le 4 novembre 1954 ; il est cité à l’ordre de la Nation de son vivant.

Lorsqu’éclate le grand mouvement qui va donner à l’Afrique son indépendance et faire reconsidérer par les nouveaux dirigeants noirs l’attitude de ce vieil homme blanc, son paternalisme devient synonyme de colonialisme. Certains journalistes critiquèrent ses méthodes arriérées. Les accusations se firent plus acerbes encore lorsque Schweitzer vantant les efforts poursuivis aux Etats-Unis par le Pasteur Luther King, déclarait que : ’Les méthodes employées au Congo par Moïse Tschombé, étaient plus réalistes et plus constructives que celles de l’O.N.U.’

Le 23 avril 1957 il lance un appel contre l’arme atomique et les essais nucléaires sur les ondes de la radio norvégienne à Oslo. Cet appel a été diffusé par 140 autres stations autour du globe bien que plusieurs gouvernements, à l’est comme à l’ouest aient interdit cette diffusion.

Fin de vie

Fixé dans un des lieux les plus reculés de l’Afrique il décide d’y mourir loin de sa patrie et de sa famille : ’Je vous appartiens, dit-il aux Gabonais, jusqu’à mon dernier souffle.’ (1960).

Il fut incarné au cinéma par Pierre Fresnay dans Il est minuit, Docteur Schweitzer (1952), avec Jeanne Moreau dans le rôle de son infirmière Marie. Sa cousine Anne-Marie Schweitzer Sartre fut la mère de Jean-Paul Sartre.

Le quatre septembre 1965, il décède dans son hôpital à Lambaréné où il est enterré.

Que ce vieil Alsacien hautain et têtu ait été dépassé par un siècle qui n’était plus le sien, qu’il ait fini par appartenir plus à ses admirateurs qu’à lui-même, ne doit pas cependant faire oublier l’effort et le courage de ses débuts ainsi que 50 ans de vie pénible et solitaire, en marge de notre civilisation.

L’héritage le plus importante d’Albert Schweitzer reste son éthique du ’Respect de la vie’ sur lequel se fonde toute sa pensée, ’(…) L’éthique n’est rien d’autre que le Respect de la vie. Le Respect de la vie me fournit le principe fondamental de la morale’

Œuvres :
- Le royaume de Dieu et le christianisme (Reich Gottes und Christentum)
- Jean-Sébastien Bach le musicien-poète
- A l’Orée de la forêt vierge
- Souvenir de mon enfance
- Les grands penseurs de l’Inde
- Paix ou guerre atomique
- Ma vie et ma pensée
- Le secret Historique de la vie de Jésus
- Un pélican raconte sa vie

 Références :

 Association Internationale Albert Schweitzer
_
- Albert Schweitzer - Gunsbach
_
- Académie des Sciences Morales et Politiques

Autres Biographies

Source : https://www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/schweitzera.html

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  • Présentation d’Albert Schweitzer (1875-1965) par le Musée protestant (XIXème siècle) - Document ‘museeprotestant.org’
    Albert Schweitzer naît en Alsace, à Kayserberg, et son père est un pasteur passionné de musique. Études secondaires à Mulhouse. Personnalité exceptionnelle, il développe ses activités dans quatre directions.

Musicien

Photo - Albert Schweitzer (1875-1965) © S.H.P.F.

Il entreprend des études musicales à Paris, puis Strasbourg. Organiste de grand talent, organiste de la société Bach, il donnera de nombreux concerts, et s’affirme comme un historien de la musique religieuse de l’Allemagne avant Jean-Sébastien Bach.

Jean Sebastien Bach, la musicien poète, 1905, Lausanne, (Foetisch ed.1951).

Théologien-Philosophe

Tour à tour, il occupe les fonctions de docteur en philosophie en 1899, vicaire de Saint Nicolas de Strasbourg, docteur en théologie en 1900, Professeur à la Faculté de Théologie Protestante de Strasbourg de 1902 à 1912, où il est chargé de l’enseignement du Nouveau Testament. Considéré comme libéral, il est à l’origine du courant de pensée de « l’eschatologie conséquente » concernant les origines chrétiennes. Dans son ouvrage consacré aux recherches concernant la vie de Jésus, il montre que chaque historien a construit son Jésus selon son idée, son époque, rationaliste, romantique, révolutionnaire, moraliste bourgeois. Partant en quête du Jésus authentique, détaché du dogme de l’Église, Albert Schweitzer insiste sur l’importance de l’arrière plan apocalyptique juif : la proche venue du Royaume de Dieu (parousie) sert de clé pour résoudre les énigmes de la pensée de Jésus. Le savoir, la connaissance historique, ne peut construire la vie spirituelle d’une époque, et il a étouffé la « volonté » qui est liée à un infini, impérieux, radical, héroïque, seule manière de devenir « enfants du Royaume de Dieu ». À l’encontre de « toute vaine tentative de moderniser Jésus, en réduisant ce qui, dans son message, était déterminé par l’époque ou en le réinterprétant comme s’il pouvait de cette façon devenir plus proche », il s’agit de remplir pleinement les « grandes tâches civilisatrices qui incombent à la religion ». Dans son ouvrage La mystique de l’apôtre Paul Albert Schweitzer estime que Paul a transformé en mystique de portée universelle un message qui était lié, au départ, à son milieu palestinien.

Parmi ses publications, on doit citer : Le problème de la sainte Cène, Tubingen 1901 ; de Reimarus à Wrede, une histoire des recherches sur la vie de Jésus, Tubingen 1906/1913 ; Histoire des recherches pauliniennes de la Réforme à nos jours Tubingen 1911 ; La mystique de l’apôtre Paul Tubingen1931 (Paris 1962).

Philosophe

Dès 1899, Albert Schweitzer avait écrit sur la philosophie religieuse de Kant. De 1923 à 1952, ses recherches se portent sur l’évolution de la philosophie religieuse européenne : « Déclin et redressement de la culture, Culture et Éthique ». Dans les Grands penseurs de l’Inde, il étudie l’histoire d la pensée indienne. Avec le problème de l’éthique dans l’évolution de la pensée humaine, il fonde l’éthique sur le respect de la vie. Il plaide pour une religion qui se débarrasse de spéculations dogmatiques et qui soit avant tout mystique et éthique. Il estime que par manque de spiritualité le monde moderne se dégrade et devient inhumain. Il appelle au respect de la vie, traduction en langage moderne de ce qui se trouve au cœur du message de Jésus.

Médecin

De 1905 à 1912, il fait des études de médecine et rédige une thèse sur l’historique des études psychiatriques sur Jésus. Il part en 1913 pour Lambaréné (Gabon) et revient en France à cause da la guerre. Après avoir occupé un poste en dermatologie à Strasbourg, il revient en 1924 à Lambaréné où il reconstruit son hôpital. De 1927 à 1939, il fait plusieurs séjours en Europe, tout en s’occupant de Lambaréné, où il passe 10 ans d’affilée en 1939 à 1948. Son action a été controversée, car il refuse de moderniser son village-hôpital où les malades amènent leur famille quand ils viennent se faire soigner. Ses adversaires lui reprochent une vision traditionnelle et passéiste de l’Africain. Ses partisans rétorquent qu’en maintenant un lieu semblable aux villages reculés de la brousse, il permet à des gens qui ne supporteraient pas la rupture de l’hôpital d’être quand même bien soignés. Il y retourne de 1959 à sa mort le 4 septembre 1965, et il y est inhumé.

En 1951, il est élu à l’Académie des Sciences morales et politiques, et en 1953 il reçoit le prix Nobel de la Paix : il prononce à Oslo son célèbre discours sur le problème de la paix, et en particulier contre l’armement nucléaire.

L’association des Amis d’Albert Schweitzer se trouve 1 quai saint-Thomas à Strasbourg.

Bibliographie - Livres

ARNOLD Matthieu, Albert Schweitzer, la compassion et la raison, Olivétan, Lyon, 2015

SCHWEITZER Albert, Ma vie, ma pensée, Albin Michel, Paris, 1960

Notices associées :

Pub Parcours collégien 194x184Source : https://museeprotestant.org/wp-content/uploads/2015/05/pub_parcours_collegien_294x184.jpg

Plus une vidéo 3:43 à écouter à la source ci-après >

Source : https://www.museeprotestant.org/notice/albert-schweitzer-1875-1965/

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L’hôpital qu’il développe dans la forêt équatoriale au bord de l’Ogooué à partir de 1913 le fait connaître dans le monde entier. En 1952, l’attribution du prix Nobel de la paix lui apporte la consécration et une visibilité médiatique considérable.

Personnage marquant du XXe siècle, « homme universel », il est en même temps une figure emblématique de l’Alsace, de la théologie libérale ou des admirateurs de Jean-Sébastien Bach. On voit parfois en lui un précurseur de l’action humanitaire, de l’écologie, de l’antispécisme et du désarmement nucléaire.

La notion de « respect de la vie » (Ehrfurcht vor dem Leben) et son indignation devant la souffrance sont au cœur de la démarche d’Albert Schweitzer, qui s’est voulu « un homme au service d’autres hommes », tourné vers l’action.

Nourri d’une double culture allemande et française, il bénéficie d’une aura internationale, mais, à l’exception de son Alsace natale, son œuvre reste peu connue en France où elle a été diffusée plus tardivement. L’auteur prolifique a laissé de nombreux travaux, sermons, lettres et documents, pas encore tous exploités. De leur côté, témoins, disciples et détracteurs, en Europe ou en Afrique, apportent des points de vue contrastés, que la recherche s’emploie à mettre en perspective. Son œuvre a été distinguée par le prix du patrimoine Nathan Katz (2015).

Biographie résumée

Nom de naissance  : Ludwig Philipp Albert Schweitzer
Naissance 14 janvier 1875 Kaysersberg (Alsace-Lorraine, Empire allemand)
Décès 4 septembre 1965 (à 90 ans) Lambaréné (Gabon)
Enterrement Hôpital Albert-Schweitzer
Nationalités
  • 1875-1919 :

    Drapeau d’Allemagne Allemand

  • 1919-1965 :

    Drapeau de France Français

  • Conjoint
Hélène Schweitzer-Bresslau
Enfants Rhena - Schweitzer - Miller
Parenté avec Jean-Paul Sartre (cousin)
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Formation Universités de Strasbourg et Berlin
Titres Doctorats - Philosophie théologie médecine
Profession Pasteur – Musicien - Médecin
Employeur Université de Strasbourg
DistinctionsPrix Nobel de la paix (1952), officier de la Légion d’honneur (d) (1950), citoyen d’honneur de la ville de Francfort (d), prix de la paix des libraires allemands (16 septembre 1951), prix Goethe de la Ville de Francfort (1928), grand prix littéraire d’Afrique noire (2013), médaille Goethe de la ville de Francfort (en) (1932), médaille Paracelse (1952), médaille James-Cook (en) (1959), Pour le Mérite pour les sciences et arts (d), citoyen d’honneur de Pfaffenhoffen (d) et Goethe-Medaille für Kunst und Wissenschaft (en)
Membre de Académie des sciences morales et politiques, Académie américaine des arts et des sciences, Académie bavaroise des beaux-arts et Académie royale des sciences de Prusse
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Influencé par Hermann Samuel Reimarus

Sommaire :

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  • Cinéma – Film : Il est minuit, docteur Schweitzer (Wikipédia)
Données clés :
Réalisation André Haguet
Scénario Henri-André Legrand

André Haguet

d’après la pièce de

Gilbert Cesbron

Acteurs principaux Pierre Fresnay

Raymond Rouleau

Jean Debucourt

André Valmy

Sociétés de production Nordia-Films
Pays d’origine

Drapeau de la FranceFrance

Genre Drame
Durée 95 minutes
Sortie 1952

Il est minuit, docteur Schweitzer est un film français d’André Haguet, sorti en 1952. Il est adapté de la pièce de théâtre homonyme de Gilbert Cesbron.

Sommaire

L’Alsacien Albert Schweitzer, médecin missionnaire et musicien, se rend en 1912 au Gabon, alors colonie française, pour combattre le paludisme qui fait des ravages au sein de la population. L’administrateur Leblanc voit d’un mauvais œil son arrivée. Mais Albert peut compter sur la dévouée Marie Winter et le père Charles pour l’assister dans sa tâche…

Article à lire ici > https://fr.wikipedia.org/wiki/Il_est_minuit,_docteur_Schweitzer

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  • Une ancienne sage-femme parle d’Albert Schweitzer qu’elle a côtoyé à l’hôpital de Lambaréné – Vidéo 3:08 - 15 février 2019 - France 3 Grand Est
    Dans les années 1950, Sonja Poteau était sage-femme à l’hôpital de Lambaréné, au Gabon, en compagnie de son fondateur, le prix Nobel de la paix Albert Schweitzer. Elle se souvient avec émotion de la personnalité du ’grand docteur’ et de l’ambiance de l’hôpital à l’époque. Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : ► https://www.youtube.com/user/F3Alsace​ Retrouvez-nous sur notre site : ► http://france3-regions.francetvinfo.f...

Source : https://www.youtube.com/watch?v=zlCc72jICXk

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  • Albert Schweitzer : le pasteur musicien

  • Informations sur l’Église luthérienne Saint-Thomas de Strasbourg
Photo - Les tours de la façade et de la croisée.
Présentation
Culte luthérien
Type Église-halle
Rattachement Église protestante de la Confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine
Début de la construction IXe siècle
Protection

Logo monument historique Classé MH (1862, église)

Géographie
Pays

Drapeau de la FranceFrance

Collectivité territoriale Collectivité européenne d’Alsace
Département Bas-Rhin
Commune Strasbourg
Coordonnées 48° 34′ 47″ nord, 7° 44′ 43″ est

Léglise Saint-Thomas de Strasbourg (aussi appelée Thomaskirche en allemand) est située place Saint-Thomas dans le centre historique de la ville à proximité du quartier de la Petite France.

Cette église est l’une des plus importantes de Strasbourg, au point de vue de l’histoire culturelle et de l’architecture.

Surnommée la cathédrale du protestantisme en Alsace, elle est le seul exemple d’église-halle dans la région. Il s’agit également de l’unique église protestante à avoir conservé des chanoines.

L’édifice fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis 18621.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Thomas_de_Strasbourg

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Il existe des églises Saint-Thomas en Europe et ailleurs. Elles sont particulièrement nombreuses en Inde, l’apôtre Thomas y ayant introduit la foi chrétienne dès le Ier siècle. D’après une tradition ancienne et sérieuse (mais non corroborée archéologiquement), sa tombe se trouve à Mylapore, près de Chennai (Inde).

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Thomas

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Naissance Ier siècle apr. J.-C.

Galilée

Décès 3 juillet 72 

à Mylapore, Inde

Vénéré à Basilique Saint-Thomas de Chennai en Inde,

Basilique Saint-Thomas Apôtre à Ortona en Italie

Vénéré par Église catholique,

Église orthodoxe,

Église orthodoxe orientale

Fête 3 juillet en Occident

6 octobre en Orient

Attributs Touchant les plaies du Christ, lance de son supplice, équerre d’architecte
Saint patron Maçons, architectes

Thomas (Tʾōmā en araméen) est un Juif de Galilée et un des douze apôtres de Jésus. Son nom figure dans les listes d’apôtres des trois évangiles synoptiques et du livre des Actes des Apôtres. L’évangile selon Jean lui donne une place particulière. Il doute de la résurrection de Jésus-Christ, ce qui fait de lui le symbole de l’incrédulité religieuse. Diverses traditions le présentent comme envoyé (apostolos) en Adiabène à Nisibe, puis dans le Royaume indo-parthe du Taxila. Il aurait porté la « bonne nouvelle » jusqu’en Inde du Sud où il est considéré comme le fondateur de l’Église. Arrivé en Inde en 52, il y serait mort, martyr, aux environs des années 70, sur la colline qui s’appelle aujourd’hui mont Saint-Thomas, près de Mylapore. Son tombeau présumé se trouve dans la crypte de la basilique Saint-Thomas de Chennai. L’apôtre Thomas est présent dans la plupart des textes chrétiens antiques, et deux apocryphes lui sont attribués : l’évangile de Thomas et les Actes de Thomas. Son nom, inconnu avant lui, signifie « jumeau » en araméen (תְּאוֹמָא,Tʾōmā), traduit en grec Didymos1. C’est pourquoi il est appelé Thomas le didyme dans l’évangile selon JeanNote 1, et Judas Thomas dans la tradition syriaque1 et les Pères de l’Église comme Eusèbe de Césarée2. L’Évangile attribué à Thomas le désigne sous le nom de Didyme Jude Thomas. Thomas ne semble pas être un nom avant le IIe siècle, il est donc probable que le prénom Thomas vienne du personnage historique des débuts du christianisme.

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    Albert Schweitzer : l’organiste - Par Maison Schweitzer- 3 mai 2017 - Benoît Wirrmann (Publié dans ‘Les Saisons d’Alsace’, Hors-série février 2013, p.98-103)
    « Il y a deux moyens d’oublier les tracas de la vie : la musique et les chats ». A cette phrase d’Albert Schweitzer, on est tenté d’ajouter la musique… « de Bach », tant celle-ci a occupé une place essentielle dans sa vie. La musique a été sa consolation, son réconfort face aux difficultés de l’existence.

La rencontre entre Schweitzer et la musique c’est d’abord une émotion, celle d’un enfant de 3 ans qui accompagne son père au culte dominical à Gunsbach et qui, apercevant l’organiste sur sa tribune, est frappé de stupeur : « C’est le diable qui regarde dans l’église, me disais-je ; quand mon père commence à parler de Dieu, il s’éclipse. […] Plus tard seulement, alors que je fréquentais l’école depuis plusieurs mois, je compris que le visage hirsute aux apparitions bizarres était celui du père Iltis, l’organiste, que je voyais dans le miroir fixé à l’orgue. » (Souvenirs de mon enfance)

A l’école du village, le jeune Albert se montre excessivement sensible à la musique, devant s’appuyer contre le mur en entendant la classe des grands chanter à deux voix, ou manquant de s’évanouir en entendant pour la première fois une fanfare…

Au temps des premières émotions succède celui des exercices fastidieux. Sur le vieux piano droit dans le presbytère familial, il prend ses premières leçons auprès de son père. De cette rencontre avec le clavier, Albert Schweitzer fera plus tard le constat suivant : « L’improvisation musicale est restée ma seule faculté créatrice ». Mais point de grand musicien sans de grands professeurs.

A l’âge de 10 ans Albert Schweitzer est envoyé à Mulhouse chez son oncle Louis et sa tante Sophie, un vieux couple sans enfant, pour y poursuivre ses études au lycée. « Après le repas de midi je devais faire des exercices de piano jusqu’au départ pour le lycée ; le soir, mes devoirs terminés, je me remettais au piano. « Tu ne sais pas si, un jour, la musique ne te sera pas très utile », me répétait ma tante toutes les fois qu’elle me ramenait, presque de force, à mon instrument. Se doutait-elle que la musique me servirait plus tard à rassembler les fonds nécessaires à l’érection d’un hôpital dans les forêts vierges de l’Ogooué ? » (Souvenirs de mon enfance). A Mulhouse, Schweitzer se découvre surtout un premier maître, Eugène Munch. Né en 1857, Eugène Munch est alors l’organiste de l’église réformée Saint-Etienne et a été formé à Berlin.

La relation entre le maître et l’élève connait des débuts difficiles mais peu à peu le premier réussit à canaliser le second et lui montre tout ce qu’un travail fastidieux, mais néanmoins nécessaire, permet d’obtenir. Dès lors, Albert Schweitzer travaille d’arrache-pied et explore avec lui, au piano puis à l’orgue, la musique de Bach. Le maître décida alors que son jeune élève, après sa confirmation, était digne de prendre des leçons d’orgue « au grand et bel instrument de l’église Saint-Etienne ». « Enfin se réalisait mon secret désir, caressé de tout temps. » (Souvenirs de mon enfance). À la mort de son professeur en 1898, il publiera sa première œuvre pour rendre hommage à celui qui lui avait permis de donner son premier concert à 17 ans en lui confiant l’accompagnement du Requiem de Brahms. « Je connus alors le bonheur si souvent goûté depuis d’ouvrir les écluses de l’orgue et de mêler ses flots d’harmonie aux voix de l’orchestre et du chœur. » (Souvenir de mon enfance)

Arrivé à Strasbourg après son baccalauréat, le jeune musicien mène de front études de philosophie et de théologie, sans abandonner, loin de là, la musique. Schweitzer rencontre Ernest Munch (frère d’Eugène), qui dirige le chœur de l’église Saint-Guillaume. Formé lui aussi à Berlin, il a fait de son chœur un des plus importants centres de la redécouverte de Bach à Strasbourg. Albert Schweitzer en devient rapidement l’organiste et passe de nombreuses heures avec Ernest Munch à analyser les partitions des cantates du compositeur allemand.

A son admiration pour Bach, s’ajoutait pour le jeune Albert Schweitzer celle pour Richard Wagner : « Lorsque, lycéen à Mulhouse, j’allai pour la première fois au théâtre, à seize ans, ce fut pour entendre Tannhäuser. Cette musique me bouleversa à tel point que je passai plusieurs jours avant de pouvoir prêter quelque attention à mes cours ». A l’Opéra de Strasbourg, il apprit à connaître à fond toutes les œuvres de Richard Wagner. « Ce fut pour moi un grand évènement de pouvoir me rendre en 1896 à Bayreuth pour assister à la mémorable reprise de la Tétralogie, dont les premières représentations remontaient à 1876. » (Souvenirs de mon enfance). Albert Schweitzer retournera par la suite plusieurs fois à Bayreuth. C’est là qu’il rencontrera Cosima Wagner, la fille de Franz Liszt et épouse de Richard Wagner, ainsi que Siegfried Wagner, le fils de Cosima et Richard Wagner.

D’un côté Strasbourg « l’allemande », de l’autre Paris. C’est dans la capitale française en effet qu’Albert Schweitzer va améliorer sa technique et son jeu. En 1898, il délaisse quelques temps Strasbourg pour y terminer sa thèse de philosophie.

A Paris, Schweitzer travaille avec Charles-Marie Widor, l’organiste de l’église Saint-Sulpice et compositeur renommé. Widor prend en amitié cet étudiant qui arrive pour son cours sans avoir dormi afin de continuer ses recherches philosophiques. Il lui inculque sa technique rigoureuse de l’orgue et lui fait travailler principalement Bach et César Franck. De son côté, Schweitzer, en bon germaniste, lui explique la signification des chorals sur lesquels Bach a écrit une partie de son œuvre. Schweitzer profite aussi de son séjour parisien pour étudier le piano auprès de Marie Jaëll et d’Isidore Philipp, professeur au Conservatoire de Paris.

Avec la première, disciple et amie de Franz Liszt, le futur Prix Nobel travaille rigoureusement la tenue de sa main au clavier et participe à des expériences qu’elle mène avec le physiologiste Charles Feré. Un peu plus tard, Schweitzer traduira en allemand sa méthode novatrice intitulée Le Toucher. Le semestre suivant à Berlin lui permettra de découvrir les orgues allemandes. Tout ce qu’il a emmagasiné depuis des années va bientôt lui servir. Un nom en quatre lettres ne le quitte plus : Bach.

Albert Schweitzer aimait jouer Franck et Widor mais c’est Bach qu’il admirait par-dessus tout. Non content d’enchaîner les concerts à Strasbourg, le jeune musicien entame la rédaction d’un ouvrage sur le compositeur allemand.

Dans Jean-Sébastien Bach, le musicien-poète, publié en 1905, il se livre à une étude esthétique de l’œuvre du Cantor de Leipzig dans laquelle il revient sur la musique sacrée en Allemagne jusqu’à Bach, évoque la vie et le caractère du compositeur, décrit la genèse des œuvres et le langage musical du célèbre compositeur allemand et, chose très importante à ses yeux, explique la façon d’exécuter ses œuvres.

Le livre de 450 pages en français est un succès et l’éditeur lui propose de le traduire en allemand. Schweitzer a 30 ans. Il vient de commencer sa médecine mais accepte de traduire ce texte qu’il va en fait réécrire, l’ouvrage totalisant au final près du double de pages de la version française. Ce second « Bach » sort en Allemagne en 1908.

Avant son départ à Lambaréné, Albert Schweitzer organise, le 28 juillet 1909, le premier concert anniversaire de la mort de Jean-Sébastien Bach qui devient une tradition à l’église Saint-Thomas de Strasbourg et met également en chantier une édition complète des œuvres pour orgue de Bach en 8 volumes à destination du fameux éditeur musical américain G. Schirmer. Ce titanesque chantier entamé en 1912 avec Widor (pour les cinq premiers volumes), ne sera achevé que cinquante ans plus tard en collaboration avec Edouard Nies-Berger.

En l’espace de quelques années, Schweitzer s’est fait un nom dans le milieu musical des deux côtés du Rhin. On le demande à Paris à partir de 1905, où il accompagne le chœur et l’orchestre de la « Société Jean-Sébastien Bach » qu’il a contribué à fonder avec Gustave Bret notamment et qui se produit Salle Gaveau plusieurs fois par an. On le demande aussi à Barcelone à partir de 1908, où il accompagne l’Orféo Catalá, se produit en soliste et donne des conférences.

Reste que l’on reproche aujourd’hui à Schweitzer la lenteur de son jeu à l’orgue. Si l’on écoute l’un de ses disques, on est en effet frappé par le tempo qui est le sien. Le compositeur Nicolas Nabokov, cousin du célèbre écrivain russe, disait à propos de lui : « Jean-Sébastien Bach, lorsqu’il était interprété en Alsace par son fameux docteur-biographe, était ce qu’est la Volkswagen à la Porsche.  » Le musicien, qui jouait selon les préceptes de Widor, tenait en réalité à ce que toutes les voix puissent être entendues distinctement. Il n’en reste pas moins vrai que les générations suivantes d’organistes joueront Bach à des tempi plus rapides que Schweitzer.

Comme son modèle, Albert Schweitzer s’est également beaucoup intéressé à la construction des orgues. Il a d’ailleurs écrit un petit traité en 1906 intitulé « L’art de construire les orgues et l’art de jouer de l’orgue en Allemagne et en France » et a participé à l’élaboration d’un règlement international pour la construction des orgues modernes à l’occasion d’un congrès international à Vienne en 1909. Il s’est aussi attaché à préserver le patrimoine historique comme en témoigne sa lutte pour sauvegarder l’orgue Silbermann de l’église Saint-Thomas à Strasbourg.

Toute sa vie, du reste, le musicien s’est employé à donner des conseils dans ce domaine, souvent en vain, comme il l’admet lui-même : « Que de fois toutes ces lettres, tous ces voyages et ces consultations n’ont servi à rien, parce que les intéressés se décidaient quand même en faveur des orgues de fabrique si magnifiques d’après les prospectus ! »

En quittant l’Alsace pour le Gabon en 1913, Schweitzer laisse derrière lui sa famille, ses amis, l’Université, tout ce qui a été son quotidien depuis des années. Mais, à côté de son matériel médical, il est important de noter qu’il emporte son piano à pédalier d’orgue qui arrive par pirogue dans son sillage sur l’Ogooué. Ce piano qui lui permettra de s’exercer pour ses concerts lorsqu’il reviendra en Europe et qui permettra à Jean-Sébastien Bach, ainsi que Schweitzer le relevait lui-même, de contribuer au financement de l’hôpital de Lambaréné.

Benoît WIRRMANN (Publié dans Les Saisons d’Alsace, Hors-série février 2013, p.98-103)

Source : https://www.schweitzer.org/lorganiste/

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    Enregistrement d’introduction musicale - Albert Schweitzer in Lambaréné - 100 Years of Humanity – Vidéo 5:59 - 11 mars 2013 - Rondeau Production – En allemand, sous-titré en anglais sur fond musical - http://www.rondeau.de/CD/ROP6073​ - Texte originel > Organist and jungle doctor, theologian and building manager, charity fundraiser and academic : Albert Schweitzer is one of the most fascinating personalities of the 20th century — far beyond any interests in intellectual history. On the 100th anniversary of the foundation of his ’jungle hospital’ at Lambarene, Rondeau Production dedicates a very special Bach recording to this man of the arts, of thought, of faith, and — most importantly — of action. Ullrich Böhme, organist at St Thomas Leipzig, performs at Albert Schweitzer’s central musical homestead, St Thomas’s church at Strasbourg. The programme recalls the occasion which the Bach scholar and internationally renowned Bach performer Albert Schweitzer nurtured and installed as a tradition at St Thomas Strasbourg : the concert commemorating the anniversary of Bach’s death on 28 July, performed at the biggest, largely extant Silbermann organ at Strasbourg. Ullrich Böhme, whose own initial contemplation of Johann Sebastian Bach was fostered by Albert Schweitzer’s Bach monograph, has created a particularly striking programme for his homage to Schweitzer. It follows the proportions of Schweitzer’s performances on the anniversary of Bach’s death, and it contains only works which Schweitzer played on this occasion. All of these concerts were dominated by Bach’s legendary death chorale ’Vor deinen Thron tret ich hiermit’. As Albert Schweitzer generally included sung chorale settings by Bach in his programmes, the renowned Calmus ensemble from Leipzig has texted and recorded Bach’s chorale arrangement for this production. The dedicatee Albert Schweitzer himself has the last word — or rather, the last note — in a bonus track, which features a historic recording of 1936 : Schweitzer performs the Adagio in A minor from Bach’s C major Toccata (BWV564) at the church of Sainte-Aurélie Strasbourg.
    Traduction par Jacques Hallard - Organiste et médecin dans la jungle gabonaise, théologien et gestionnaire de bâtiments, collecteur de fonds pour des œuvres de bienfaisance et universitaire réputé : Albert Schweitzer est l’une des personnalités les plus fascinantes du XXe siècle - bien au-delà de tout intérêt pour l’histoire intellectuelle.

À l’occasion du 100e anniversaire de la fondation de son ’hôpital de la jungle’ à Lambaréné, ‘Rondeau Production’ consacre un enregistrement consacré à Bach très spécial de cet homme d’art, de pensée, de foi et, surtout, d’action.

Ullrich Böhme, organiste à St Thomas à Leipzig en Allemagne, se produit dans la maison musicale principale d’Albert Schweitzer, l’église St Thomas de Strasbourg.

Le programme rappelle à l’occasion qu’Albert Schweitzer, érudit et interprète de Bach de renommée internationale, a installé et entretenu une tradition vivace à l’église protestante de Saint-Thomas de Strasbourg : le concert commémorant l’anniversaire de la mort de Bach le 28 juillet, a été donné au plus grand orgue Silbermann de Strasbourg, qui existe encore en grande partie.

Ullrich Böhme, dont la monographie consacrée à Bach par Albert Schweitzer, a favorisé la contemplation initiale de Jean-Sébastien Bach : il a créé un programme particulièrement frappant pour son hommage à Albert Schweitzer. Il suit les proportions des représentations de Schweitzer à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Bach, et il ne contient que des œuvres que Schweitzer a jouées à cette occasion.

Tous ces concerts ont été dominés par le légendaire choral de mort de Bach ’Vor deinen Thron tret ich hiermit’ (’Je viens devant ton trône’). Comme Albert Schweitzer incluait généralement des arrangements de choral chanté par Bach dans ses programmes, le célèbre ensemble Calmus de Leipzig a écrit et enregistré l’arrangement de choral de Bach pour cette production. Le dédicataire, Albert Schweitzer, a lui-même le dernier mot - ou plutôt la dernière note - dans un morceau bonus, qui comporte un enregistrement historique de 1936 : Schweitzer interprète l’Adagio en la mineur de la Toccata en do majeur de Bach (BWV564) à l’église Sainte-Aurélie de Strasbourg.

Source : https://www.youtube.com/watch?v=KFA_LAYyC_M

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    Avec la voix d’Albert Schweitzer : organ/orgel Günsbach (fragment from movie/ original footage) – Vidéo 08:38 - 23 février 2013 - counterpartner - dw
    Quelques passages en allemand, sous-titrés en anglais sur fond musical à l’orgue.

Albert Schweitzer introduziert und spielt die Orgel in Günsbach. Albert Schweitzer himself introduces and plays the organ in Gunsbach. Same occasion, but without the discussion with the organbuilder in the American biopic : http://youtu.be/pbU3preF97o

Albert Schweitzer introduit et joue lui-même de l’Orgue à Günsbach. A la même occasion, mais sans la discussion avec le facteur d’orgue dans le biopic américain

Uit een ’privéfilm’ gemaakt na de oorlog, waar Schweitzer Günsbach bezoekt en samen met de orgelrestaurateur het op advies van Schweitzer zelf gereviseerde orgel bespeelt. Hij geeft zelf commentaar (vertaling in ondertitels).

From the private movie (the 1950s ?) : During his visit of the Alsace he visits the church where he plays at the organ, which many years earlier was built under his supervision. He himself introduces and comments (orginal voice with caption-translation).

Source : https://www.youtube.com/watch?v=1JYL40vBh6g

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    Albert Schweitzer joue du J.S. Bach : Prelude in D, at the organ in Günsbach (fragment from original film) Vidéo 4:58 - 23 février 2013 - counterpartner - dw - Quelques passages en allemand, sous-titré en allemand, sur fond musical
    Original footage from an American movie about Albert Schweitzers life : He visits and plays on the organ of his hometown : Günsbach. 1:12 : Prelude in D from Bach : ’prelude and fugue in D-major’ - BWV 532 and this in a typically Schweitzerian way : very slow. 3:09​ child entering the church. shots from the organ. cf. http://youtu.be/1JYL40vBh6g

Images originales d’un film américain sur la vie d’Albert Schweitzers : il visite et joue sur l’orgue de sa ville natale : Günsbach. 1:12 : Prélude en ré de Bach : ’prélude et fugue en ré majeur’ - BWV 532 et ceci d’une manière typiquement « schweitzerienne » : très lent. Passage (3:09) avec un enfant entrant dans l’église. Merveilles de l’orgue.

Source : https://www.youtube.com/watch?v=pbU3preF97o

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    Albert Schweitzer : practising Bach in Lambarene (original footage) Vidéo 01.17 - 23 février 2013 - counterpartner - dw
    Albert Schweitzer practising Bach at his pedal-piano in Lambarene - with cat & fly.

Albert Schweitzer jouant une œuvre de Bach à son piano à pédale à Lambaréné, avec un chat et des mouches !

Source : https://www.youtube.com/watch?v=s2lRwGXkr3A

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    Accès à 3 enregistrements musicaux - Œuvre de Mendelssohn jouée par Albert Schweitzer, 1952 : Sonata No. 6 in D Minor, Op. 65 - Original Columbia LP – Vidéo 19:48 - 25 mai 2013 - davidhertzberg
    From the LP shown above, issued in 1952 on the Columbia Masterworks label, catalogue number ML 4602. Chorale and Variations (0:10​) Fuga (11:26​) Finale (15:33​) Bach / Albert Schweitzer, 1952 : Prelude in D Major - http://youtu.be/VDoRWuqLQrk​ Bach / Albert Schweitzer, 1952 : Prelude in C Major - http://youtu.be/oRfe3F66VXk​ ’David Hertzberg’

Musique utilisée dans cette vidéo : En savoir plus - Écoutez de la musique sans publicité avec YouTube Premium

Titre : 6 Organ Sonatas, Op. 65, No. 6 in D Minor, MVW W61 : I. Chorale. Andante sostenuto - Allegro molto - Artiste : Albert Schweitzer - Album : Albert Schweitzer - Der Organist (Live) - Concédé sous licence à YouTube par Believe Music (au nom de Ifo classics)

Titre : 6 Organ Sonatas, Op. 65, No. 6 in D Minor, MVW W61 : II. Fuga. Sostenuto e legato - Artiste : Albert Schweitzer - Album : Albert Schweitzer - Der Organist (Live) - Concédé sous licence à YouTube par Believe Music (au nom de Ifo classics)

Titre : Organ Sonata No. 6 in D Minor, Op. 65 No. 6, MWV W 61 : III. Finale. Andante - Artiste : Albert Schweitzer - Album : Franck : 3 Chorals for Organ – Mendelssohn : Organ Sonata No. 6 in D Minor, Op. 65 No. 6, MWV W 61 - Concédé sous licence à YouTube par Believe Music, NaxosofAmerica (au nom de Archipel)

Sources : https://www.youtube.com/watch?v=q-5da888UJw

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    « Le Problème de la Paix - Jetz isch de Friede do » Vidéo durée environ 1 heure 10 minutes - 31 octobre 2018 - A Livre Ouvert – Musiques, chansons et textes en français, allemand et alsacien
    Textes de Stefan Zweig, Albert Schweitzer et Nathan Katz - Concert-lecture trilingue - Musique Roger Siffer et Noufissa Kabbou : Lecteurs Jérémy Grüser, Bénédicte Keck, Jean Lorrain, Aline Martin - Un partenariat A livre ouvert… wie ein offenes Buch – OLCA Bibliothèques idéales 2018 : „seuls les vivants créent le monde“ „nur die lebenden schaffen die welt“ Stefan Zweig Ville de Strasbourg - Librairie Kléber.

A écouter sur ce site : https://www.youtube.com/watch?v=dVnfwoqcR7Q

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    Tradition musicale - Concert en mémoire de J. S. Bach à l’église luthérienne St Thomas de Strasbourg – Vidéo 54:14 - 14 février 2018- ARG2457
    Albert Schweitzer avait initié cette pratique, de donner un concert en mémoire de la mort de J.S.Bach le 28 juillet 1750. Elle continue à se pratiquer actuellement et toujours sur l’orgue J.A. Silbermann de l’église luthérienne ST Thomas de Strasbourg. Sur ce diaporama, une partie d’un de ces concerts donné par l’organiste André Stricker. 1. Choral : Herr Jesu, dich zu uns wend. (BWV 709) 2. Autre version (BWV 726) 3. Herzlich tut mich verlangen (BWV 727) 4. O Mensch bewein dein Sünde gross (BWV 622) 5. Partita : Sei gegrüsst, Jesu gütig (BWV 768) 6. Schmücke dich, o liebe Seele ((BWV 654) 7. Allein Gott (BWV 662) 8. Toccata en ré mineur dite Dorienne (BWV 538) 9. Wenn wir in höchsten Nöten sein (ou) Vor deinem Thron (BWV 668) Ce dernier choral clôture normalement le concert et tout le monde l’écoute debout en silence et aucun applaudissement n’a lieu à la fin de ce concert. En principe un choeur reprend la première strophe de chaque choral joué par l’organiste.

Source : https://www.youtube.com/watch?v=wFOV4WDwtYM

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Pour continuer la promenade musicale > HR-SENDESAAL

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    Découvrir l’Église Saint-Guillaume de Strasbourg avec Wikipédia
Photo - La façade et le clocher de l’église Saint-Guillaume

L’église Saint-Guillaume (également appelée Wilhelmerkirche en allemand) est une église gothique de Strasbourg, affectée au culte luthérien. Située à la jonction des quais des Bateliers et des Pêcheurs mais légèrement en retrait, elle est remarquable pour sa situation pittoresque au bord de l’Ill, son aspect extérieur de travers, ainsi que son riche équipement intérieur, mêlant le gothique et le baroque. La bonne acoustique de l’église lui permet depuis la fin du XIXe siècle de servir également de cadre à des représentations de musique classique et en particulier des passions de Johann Sebastian Bach.

Source de l’article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Guillaume_de_Strasbourg

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    Strasbourg - Albert Schweitzer, la musique et l’église Saint-Guillaume – Vidéo 1 heure et 14 minutes - 22 septembre 2021- A Livre Ouvert
    Lecture musicale réalisée grâce à l’aide de Romain Collot, Responsable des archives, et Jenny Litzelmann, Directrice de la Maison Albert Schweitzer de Gunsbach « J’avais cinq ans lorsque mon père commença à me donner des leçons sur l’ancien piano carré, héritage de mon grand-père Schillinger. Il n’avait pas beaucoup de technique, mais il improvisait fort bien. A sept ans, je surpris notre maîtresse d’école en lui jouant à l’harmonium des mélodies de chorals avec des harmonies de mon invention. A huit ans, alors que j’avais à peine les jambes assez longues pour atteindre les pédales, je commençai à jouer de l’orgue. » Albert Schweitzer, Ma vie et ma pensée.

Lecture d’extraits des écrits d’Albert Schweitzer : Aline Martin et Jean Lorrain - Musique : Merwan Mazloum, piano (Jeune pianiste strasbourgeois à l’aurore de sa carrière, Merwan Mazloum nous interprètera des œuvre de Bach et de Beethoven…) - Un partenariat avec la Librairie Kléber Salle Blanche et A livre ouvert / wie ein offenes Buch. Cet évènement s’inscrit dans le cadre du programme ’Albert Schweitzer, dans le paysage strasbourgeois’ du 15 au 18 septembre 2021 à Strasbourg.

Ecouter sur ce site : https://www.youtube.com/watch?v=LOYtF49Tdl4

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C.
Albert Schweitzer : le médecin de brousse au Gabon

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    Découvrir le Gabon avec Wikipédia

    Description de l’image Gabon (orthographic projection).svg.

Description de l’image Carte Gabon-fr.svg.

Le Gabon, en forme longue la République gabonaise, est un pays situé en Afrique centrale, traversé par l’équateur, frontalier à l’est, au sud-est et au sud de la république du Congo, au nord-nord-ouest de la Guinée équatoriale et au nord du Cameroun. Ancienne colonie française, le Gabon est indépendant depuis le 17 août 1960.

C’est un pays forestier où la faune et la flore sont encore bien conservées et protégées dans treize parcs nationaux dont les parcs nationaux de la Lopé et d’Ivindo, inscrits au patrimoine mondial par l’UNESCO.

Une faible population, d’importantes ressources forestières et un pétrole abondant ont permis au Gabon d’être l’un des pays les plus prospères d’Afrique. Le pays affiche l’indice de développement humain le plus élevé d’Afrique subsaharienne selon l’Organisation des Nations unies, disposant du deuxième revenu par habitant derrière la Guinée équatoriale et devant le Botswana. Le PIB a augmenté de plus de 6 % par an pour la période 2010-2012. Cependant, du fait de grandes inégalités dans la répartition des revenus, une proportion importante de la population reste pauvre.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gabon

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    Découvrir Lambaréné, une ville du Gabon avec Wikipédia
    Lambaréné est une ville du Gabon. Son nom provient du galoa et signifie « Essayez donc [de nous attaquer] »1. Lambaréné est la septième ville du Gabon avec 26 998 habitants en 2010, derrière Libreville (753 550 hab.), Port-Gentil (142 280 hab.), Franceville (56 002 hab.), Oyem (40 235 hab.), Moanda (39 298 hab.) et Mouila (29 286 hab.)2,3,4. Elle se situe à 250 km (par la route) au sud-est de Libreville, sur les rives de l’Ogooué. Située dans l’hémisphère sud, elle est le chef-lieu provincial et le centre administratif, économique et médical de la province du Moyen-Ogooué.

La ville se concentre autour d’une île qui comprend le marché local et une station-service. Le marché donne sur les berges, d’où partent les pirogues pour descendre ou remonter le fleuve vers les lieux habités le long des berges. Les lacs Zilé (7 kilomètres de long sur 2 de large), Déguiélé, Azingo, Onangué, Evaro et Gomé, à la frontière de la réserve de Wonga Wongué, sont des sites touristiques. La faune y est très variée et la flore y est restée à l’état sauvage. L’explorateur Pierre Savorgnan de Brazza a séjourné à plusieurs reprises à Lambaréné pendant ses voyages dans le bassin de l’Ogooué….

Lire l’article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lambar%C3%A9n%C3%A9

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    L’ouverture de l’hôpital d’Albert Schweitzer à Lambaréné, au Gabon 16 avril 1913- À retrouver dans l’émission de ‘franceculture.fr’ L’Année 1913 par Yves Saint-Geours
    « C’était l’après-midi du vendredi saint de 1913. A Gunsbach, le village des Vosges où j’ai passé mon enfance, les cloches avaient annoncé la fin du service divin. Soudain, le train apparut au détour de la forêt. Notre voyage en Afrique commençait ». Ainsi parle Albert Schweitzer. Et le 16 avril 1913, à Lambaréné au Gabon, à l’arrivée de son premier périple : « La vue est ravissante. Au pied de la colline, le courant d’eau la forêt autour à travers les arbres, on aperçoit la nappe du grand fleuve. Dans le lointain, une chaîne de montagnes bleues ». Et, plus loin : « Dans ma détresse, je me décidai à élever au rang de dispensaire un petit débarras en tôle… On monta quelques rayons et on badigeonna les murs à la chaux. J’étais heureux ».

Même si sa place est un peu moindre aujourd’hui que du temps où il recevait le prix Nobel de la Paix en 1952, ou de celui où il était le héros d’une pièce de Gilbert Cesbron (adaptée ensuite au cinéma avec Pierre Fresnay) « Il est minuit Docteur Schweitzer », il continue d’incarner une part de la conscience occidentale du XXème siècle, avec ses glissements de sens, « respect de la vie » (inspiré du bouddhisme et qui sera sa philosophie ), « action humanitaire », bientôt « développement durable » et un rapport des pays colonisateurs à l’Afrique qui fait alterner pédagogie de l’émancipation et paternalisme. La personne d’Albert Schweitzer est controversée – très – mais là n’est pas le propos.

Né en 1875 dans une Lorraine annexée à l’Allemagne, Albert Schweitzer devient pasteur, théologien, organiste, musicologue (grand spécialiste de Bach), passe ses doctorats à Strasbourg et devient finalement médecin spécialiste des maladies tropicales pour pouvoir réaliser un engagement pris à l’âge de 20 ans de consacrer sa vie au service d’autrui à la suite de la lecture d’un article du Journal des Missions évangéliques de Paris. C’est cet homme promis au confort de sa position universitaire et intellectuelle qui décide que la continuité de sa formation – ô combien occidentale – est précisément de partir dans ces terres colonisées pour construire une médecine locale, insérée dans le tissu social et respectueuse de ses traditions. C’est sur un terrain des missions évangéliques qu’il s’installe. Et il va rester à Lambaréné jusqu’à sa mort, en 1965. Les missions évangéliques de Paris, qui accompagnent en quelque sorte le colonisateur de la République car, comme le suggérait Gambetta, l’anticléricalisme n’est pas un produit d’exportation.

Mais, en 1913, Albert Schweitzer est allemand. Dès 1914, il est mis en résidence surveillé, puis arrêté en 1917, incarcéré dans les Hautes Pyrénées. 1918 fera de lui un français, et l’aventure de Lambaréné, arrêtée pendant la guerre pourra alors recommencer, jusqu’à aujourd’hui.

> Retrouvez aussi notre Grande Traversée consacrée à l’été 1913.

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    Le docteur Albert Schweitzer, précurseur de la médecine humanitaire - Publié le 07/09/2015 10:33 - Article rédigé par La rédaction d’Allodocteurs.fr – Document ‘francetvinfo.fr’ France Télévisions
    Le docteur Albert Schweitzer est pour une génération de médecins une icône, un symbole… Mais pour d’autres, il reste un illustre inconnu. Le 4 septembre 2015 marquait les 50 ans de son décès. Retour sur les événements marquants de la vie de cet Alsacien franco-allemand, prix Nobel de la Paix en 1952 considéré comme le pionnier de la médecine humanitaire.

Albert Schweitzer, un nom, une moustache, une certaine vision de la vie… C’est l’histoire d’un Alsacien, né allemand en janvier 1875, puis devenu français en 1920. Talentueux musicien, il fait des études de théologie, de philosophie, puis devient pasteur. Mais c’est en 1905 que sa vie prend un tournant.

À 30 ans alors qu’il est au sommet de sa carrière, il reçoit un bulletin d’appel à candidatures pour un médecin pour un dispensaire au fin fond du Gabon. Il n’était pas du tout médecin, il n’avait rien à voir avec la médecine, il était pasteur. Il a eu un choc et en lisant cet appel, il a décidé de changer sa vie et de répondre à cet appel. Il a donc commencé sa médecine à 30 ans’, raconte le Pr Alain Deloche, petit neveu d’Albert Schweitzer, fondateur de la Chaîne de l’espoir.

Huit années de médecine plus tard, il prend donc la direction du Gabon et de Lambaréné, un village perdu dans la forêt équatoriale pour y fonder en 1913 son premier hôpital. À Lambaréné, Albert Schweitzer n’a pas imposé le fonctionnement de la médecine européenne, préférant s’adapter à la population locale et ses coutumes. Une première en cette époque coloniale.

Au Gabon, le Dr Albert Schweitzer doit aussi faire face aux fléaux locaux : lèpre, paludisme, tuberculose… Il fait donc venir d’Europe et des Etats-Unis des médicaments qu’il finance grâce à des dons privés et aux recettes de ses concerts et conférences. Rendre la médecine accessible à tous, tel est le sens de l’engagement d’Albert Schweitzer, pionnier de la médecine humanitaire.

Un dévouement reconnu et récompensé en 1952 par le prix Nobel de la Paix. Alfred Schweitzer restera au total près de 40 ans dans la forêt gabonaise, jusqu’à sa mort le 4 septembre 1965 à l’âge de 90 ans.

Source : https://www.francetvinfo.fr/sante/soigner/albert-schweitzer-precurseur-de-la-medecine-humanitaire_1073335.html

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    Politique - Gabon : 100 ans après, l’héritage fragile du Docteur Schweitzer - 29 juin 2013 à 19:23 - Par AFP - Mis à jour le 29 juin 2013 à 19:23
    Photo de sa tombe - Gabon : 100 ans après, l’héritage fragile du Docteur Schweitzer © AFP

Le Gabon célèbre en juillet 2013 le centenaire de l’arrivée d’Albert Schweitzer à Lambaréné, au coeur de la forêt équatoriale, où le pasteur-médecin alsacien fonda un hôpital qui peine aujourd’hui à survivre même si plusieurs milliers de patients y sont toujours soignés chaque année.

C’est sur les rives du fleuve Ogooué envahies par les moustiques, que Schweitzer débarqua en pirogue avec son épouse en 1913, dans ce qui était alors l’un des territoires les plus sauvages de l’empire colonial français, à 250 km de Libreville,.

L’héritage – controversé – du « Grand blanc de Lambaréné » ne se résume pas à l’apport de la médecine moderne. Si certains critiquent aujourd’hui son attitude autoritaire et paternaliste envers ceux qu’il appelait les « indigènes », il reste un symbole au Gabon – et à l’étranger, notamment dans les pays anglo-saxons – pour son abnégation couronnée par le prix Nobel de la paix en 1952.

Quelque 20. 000 patients affluent encore chaque année des différentes régions du Gabon pour se faire soigner à l’hôpital Schweitzer, à quelques dizaines de mètres des vieux bâtiments où le docteur a exercé pendant plus de 50 ans.

« C’est une fierté de diriger cet hôpital, affirme avec entrain son directeur général, Antoine Nziengui. « Nous sommes parmi les seuls au monde à avoir une telle structure à la fois médicale, de recherche et humanitaire ».

Après avoir installé son premier dispensaire dans un vieux poulailler en tôle cédé par la mission protestante de Lambaréné, le docteur avait fondé, au fil des ans, un véritable « hôpital-village » où il vécut jusqu’à sa mort en 1965.

En témoignent aujourd’hui les coquettes maisonnées en bois qui accueillent encore une partie des personnels soignants avec leurs familles, dans l’enceinte même de l’hôpital. A quelques pas, il avait aussi créé une léproserie, toujours en activité même s’il ne reste que dix-sept malades.

« On a voulu conserver l’éthique du respect de la vie, si chère au docteur (. . . ) Même les moustiques, il ne fallait pas les tuer ! », s’amuse Sylvia Nyoundou, qui guide les visiteurs dans l’ancienne maison – transformée en musée quelque peu poussiéreux – où vivait Schweitzer, dont la tombe fait face au fleuve.

On y trouve ses affaires, ses correspondances et notamment de nombreuses bibles en allemand -il était né en Alsace alors allemande et il n’obtiendra la nationalité française qu’après la défaite de l’Allemagne lors de la première guerre mondiale–, mais aussi un orgue sur lequel il s’exerçait tous les jours et préparait ses concerts de récoltes de fonds en Europe.

Si le Gabon a formulé une demande à l’Unesco pour que le site soit classé au Patrimoine mondial de l’humanité, certains se demandent aujourd’hui ce que va devenir l’hôpital niché dans la verdure, dont les bâtiments sont aujourd’hui décrépis et les équipements vétustes.

Les dons récoltés à la Fondation Schweitzer et la subvention annuelle de l’Etat gabonais – près d’un milliard de Francs CFA (1,5 million d’euros)-, ne suffisent plus à assurer son fonctionnement. Il n’y a pas de scanner. Et le service de pédiatrie dispose de seulement quatre couveuses qui « ne fonctionnent pas vraiment » malgré un taux de natalité important, de l’aveu du directeur.

« Si on veut regarder l’avenir, l’hôpital devrait fonctionner comme une entreprise (. . . ) Ici on soigne les patients même s’ils n’ont pas de quoi payer. C’est bien de faire du social, mais c’est aussi ce qui nous coûte cher aujourd’hui », affirme le Dr Nziengui.

Hommage les 6 et 7 juillet 2013

A l’autre bout de la ville, un hôpital flambant neuf équipé selon les standards internationaux a vu le jour en 2009, le président Ali Bongo Ondimba ayant affiché la volonté de faire de Lambaréné un pôle médical d’envergure pour que l’héritage Schweitzer « continue à rayonner ».

Les autorités devraient également inaugurer d’ici la fin de l’année un nouveau Centre hospitalier Universitaire international Albert Schweitzer, doté d’un « centre de recherche médicale de pointe » sur les maladies tropicales, a déclaré le président à l’approche du centenaire.

« Le vieil hôpital c’est notre patrimoine, et c’est ici que les Gabonais veulent se faire soigner, regrette une infirmière qui a souhaité garder l’anonymat. Je ne comprends pas pourquoi on ne l’a pas modernisé plutôt que d’en créer un autre ».

Les 6 et 7 juillet 2013, Lambaréné accueillera des dizaines personnalités du monde de la science et de la médecine, des chefs d’États et des humanitaires venus rendre hommage au Dr Schweitzer. Un symposium scientifique international sera également consacré aux trois grandes épidémies qui affectent l’Afrique : le paludisme, la tuberculose et le VIH/Sida.

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    Le docteur Schweitzer et son hôpital à Lambaréné. L’envers d’un mythe, de André Audoynaud [1] - Philippe David - Dans Afrique contemporaine 2007/2 (n° 222), pages 273 à 276
    1 Musicien, philosophe, théologien, le bon docteur Schweitzer ? Sans aucun doute. Jardinier, maçon ou charpentier ? Assurément, il adorait ce genre de travaux manuels jusqu’à y consacrer l’essentiel de son temps. Médecin  ? C’est moins sûr, plutôt médiocre. Prix Nobel de la paix en 1953 ? On a peine à le comprendre...

Tardif, malhabile et curieusement répétitif d’un chapitre à l’autre, le réquisitoire du docteur Audoynaud est, à quelques bémols près, plutôt impitoyable et – avouons-le – convaincant pour l’essentiel. « Où finit la réalité et où commence la manipulation ? Une chose est certaine : on ne sait pas vraiment qui était le docteur Schweitzer et celui que je connus n’est pas celui que la légende nous demande d’imaginer » (p. 61).

Notons tout de suite que l’auteur, médecin militaire issu de l’École de santé coloniale de Bordeaux, fut, de 1963 à 1966, pendant 3 ans, à la fois son rival et son plus proche voisin, puisque directeur de l’Hôpital public de Lambaréné sur l’autre rive du fleuve Ogooué. Fréquent visiteur et familier, parfois même confident du « bon docteur », il l’a presque vu mourir le 4 septembre 1965. On peut donc estimer a priori qu’il sait de quoi et de qui il parle. Un mythe à rectifier, à dénoncer, à démanteler... Il va s’y employer.

2 Une fois rappelées la jeunesse alsacienne d’Albert Schweitzer, ses études et ses motivations lorsqu’il décide de s’expatrier, le docteur Audoynaud évoque à son sujet deux énigmes irrésolues jusqu’à ce jour. Il est en effet très étrange que Schweitzer, né en Alsace en 1875, Allemand protestant et fier de l’être, ayant choisi de se consacrer à l’Afrique, se soit si obstinément battu, dès 1905, pour obtenir enfin, en 1913, l’autorisation de s’installer au Gabon français au lieu de proposer ses services à ses compatriotes des Missions protestantes installées au Kamerun voisin.

Aurait-il été un pion dans la politique de Berlin susceptible même d’être nommé gouverneur de l’Afrique équatoriale en cas de victoire allemande  [3][3]Comme l’indique son ami, l’organiste américain Edouard Nies… ? Par ailleurs, s’il a décidé, sans grande conviction, d’entreprendre des études de médecine dont il avait besoin pour servir en Afrique, il semble bien que celles-ci aient été plutôt bâclées, rapides, dépourvues de stages pratiques, peut-être même sanctionnées par un diplôme de complaisance et débouchant évidemment sur des connaissances assez limitées.

3 Les critiques, plus ou moins sévères, de la personnalité et de l’action de Schweitzer sont plus nombreuses et plus anciennes qu’on pourrait le penser. Elles ont émané de visiteurs stupéfaits ou non convaincus, et de collaborateurs, engagés ou bénévoles de toutes nationalités, rentrés de Lambaréné après en avoir éprouvé pendant plus ou moins longtemps les contraintes, les insuffisances et les hypocrisies. Mais, si elles n’ont guère eu d’écho, c’est parce qu’elles ont été très longtemps étouffées sous un concert de louanges écrasant, croissant et culminant avec l’attribution au bon docteur âgé de 78 ans, du prix Nobel de la Paix en 1953.

L’auteur s’efforce de comprendre comment on a pu en arriver là. Il évoque les liens du docteur avec les luthériens libéraux suédois, notamment le prélat Nathan Söderblom, prix Nobel de la Paix en 1930. Mais il stigmatise surtout le rôle des missionnaires américains unitariens, eux aussi protestants libéraux qui se sentaient proches de Schweitzer et disposaient de puissantes ramifications dans le monde étasunien de la politique, du spectacle et de la religion.

En créant dès 1939, l’Association Schweitzer d’Amérique pour le financer et chanter ses prouesses au point de faire de lui « un vivant miracle », « le saint de la jungle », « un chirurgien héroïque », et même « le plus grand homme du monde », ils prenaient en somme – toujours selon l’auteur – une revanche sur les Missions évangéliques de Paris, seules restées au Gabon après l’éviction des Américains en 1892.

C’est peut-être là une hypothèse sujette à caution mais les liens entre Schweitzer jusqu’à sa mort et les unitariens du pasteur Emery Ross sont indiscutables. Le docteur qui se disait volontiers citoyen du monde et pacifiste (il n’avait pas pardonné aux Américains les deux bombes atomiques de 1945) n’avait pas provoqué ces louanges mais ne les récusait pas non plus, ni évidemment les précieux subsides qui les accompagnaient.

Progressivement, les Français ont emboîté le pas aux unitariens : Gilbert Cesbron, l’abbé Pierre, l’Académie des sciences morales et politiques… et, pour finir, la Légion d’honneur, que le bon docteur, devenu Français malgré lui en 1918 mais toujours peu francophile, a peut-être reçue sans émotion.

4 Sur place, à Lambéréné, qu’en était-il de lui-même et de son œuvre ?

5 « Quel sot tout de même je fais, que d’être devenu médecin auprès de tels sauvages »  [4][4]Études schweitzériennes, n° 2, cité p. 108.

6 L’hôpital que le docteur lui-même préfère appeler « un village où l’on soigne » n’est qu’un bidonville infect, puant, des baraques rouillées sans le moindre confort, sans la moindre hygiène, parce que Schweitzer est absolument, obstinément, opposé à toute modernité : pas d’eau courante, pas d’électricité, pas de latrines, pas de literie décente, pas de moteurs pour les pirogues (et pas d’avion pour lui-même lorsqu’il se rend en Europe ou en Amérique) !

7 Le maître des lieux n’est qu’un gourou sénile, tyrannique, qui interdit (et punit) la moindre atteinte à la vie, fût-elle celles des moustiques et de la vermine, plus sensible à celle de son pélican-fétiche qu’à celle des humains qui l’entourent. C’est aussi un odieux époux et père, dénoncé par sa fille unique Rhéna comme un chef austère, exploiteur et misogyne, curieusement servi et protégé par sa garde rapprochée de jeunes femmes toutes de blanc vêtues et dévouées aussi longtemps que l’ambiance étouffante des lieux leur paraissait supportable. Plusieurs ont livré ensuite leurs souvenirs. Vis-à-vis des Gabonais, c’est un patron méprisant, pire que paternaliste, à la limite raciste, qui n’a jamais offert à ses auxiliaires, même les plus dévoués, la moindre occasion de formation ni de perfectionnement et qui pratiquait à l’égard de tous des relations fréquemment marquées par les gifles et les coups de pied au cul  [5][5]P. Hubert Masson, Études schweitzériennes, n° 5, cité, p. 96..

Une fois l’indépendance acquise en 1960, les présidents Léon Mba, timidement, puis Bongo, un peu plus tard, commenceront à dire ce qu’ils en pensent… Schweitzer, enfin, est un praticien médiocre, qui n’a jamais compris, pas plus pour ses lépreux que pour les autres, la nécessité, dans un pays tropical affligé par de redoutables endémies, d’une médecine préventive de masse avec des tournées fréquentes et, bien entendu, un minimum d’hygiène, se contentant d’interventions ponctuelles de petits soins et de petites chirurgie, d’ailleurs toujours payantes.

8 Le docteur Audoynaud s’est soucié, depuis lors, de suivre l’évolution du souvenir très estompé qu’on a gardé de Schweitzer sur place et dans le monde, du « village où l’on soigne » qu’il avait laissé croupir pendant quarante ans dans des conditions inacceptables et du « village lumière » qu’il avait assigné aux lépreux. Il raconte, en se félicitant des progrès accomplis, l’histoire et le développement de l’hôpital moderne inauguré à leur place en janvier 1981.

9 Enfin, même s’il a un peu noirci certains aspects de son diagnostic historique, psychologique et professionnel, il n’en saisit pas moins l’occasion – et il faut l’en féliciter – pour rappeler le rôle essentiel joué au Gabon  [6][6]Il donne la liste des médecins, militaires ou non, qui se sont… et ailleurs en Afrique depuis plus d’un siècle, par les médecins coloniaux issus du Pharo et de Bordeaux, avant, pendant et depuis le bon docteur Schweitzer, regrettant que celui-ci ait été plus honoré à lui tout seul que les Noël Ballay, les Marchoux, les Collomb, les Laveran, les Jamot, les Laquintinie, les Jaureguiber et tant d’autres de leurs camarades, acteurs incontestables des aspects positifs de la colonisation.

Notes

  • [1]
    Paris, L’Harmattan, 2005.
  • [3]
    Comme l’indique son ami, l’organiste américain Edouard Nies Berger, dans son livre Albert Schweitzer m’a dit.
  • [4]
    Études schweitzériennes, n° 2, cité p. 108.
  • [5]
    P. Hubert Masson, Études schweitzériennes, n° 5, cité, p. 96.
  • [6]
    Il donne la liste des médecins, militaires ou non, qui se sont succédé dans le Bas-Ogooué entre 1931 et 1955.

Mis en ligne sur Cairn.info le 14/12/2007 - Article Auteur Cité par Sur un sujet proche file_download Télécharger

Source : https://doi.org/10.3917/afco.222.0273 > https://www.cairn.info/journal-afrique-contemporaine-2007-2-page-273.htm

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    Albert Schweitzer : le côté sombre d’un mythe préfabriqué - Poste par Francois Ndjimbi / 18 juillet 2013 – Document : ‘gabonreview.com’
    Gifles et coups de pied au cul, insalubrité, non-respect des patients et de la déontologie médicale, lobbying et manipulation de l’opinion, le Dr Albert Schweitzer dont on vient de célébrer le centenaire de l’arrivée au Gabon, n’était pas le « saint de la jungle », le « chirurgien héroïque » ou même « le plus grand homme du monde » que prétend la légende. Compilation des petits déboulonnages d’un mythe.

Alors que son prédécesseur, Omar Bongo, affichait son manque de sympathie pour le personnage d’Albert Schweitzer, l’actuel président du Gabon, Ali Bongo, à qui on faisait remarquer, à l’aéroport de Lambaréné, le caractère controversé du bon docteur Alsacien, s’est contenté d’indiquer que le moment était mal choisi pour aborder cet aspect des choses et que, la perfection n’étant pas de ce monde, il fallait plutôt se concentrer sur ce que le « Grand Blanc de Lambaréné » avait fait : « Voilà un homme qui a passé une grande partie de sa vie dans notre pays et qui nous a aidé, qui est venu travailler pour les populations. Ce n’est pas évident de quitter son continent, sa famille, pour venir en Afrique, en terre totalement inconnue. C’est de cela qu’il faut se rappeler, et de son œuvre qui a permis aussi, en sorte, de mettre le Gabon sur la carte : je me souviens lors des premiers voyages que je faisais notamment aux Etats-Unis, on ne connaissait pas le Gabon, mais on connaissait Lambaréné, on connaissait le Dr Schweitzer. Ce fut un grand homme. Pour nous, il a été quelqu’un qui a partagé la vie des Gabonais et qui est venu soigner des Gabonaises et des gabonais. »

Vieilles anecdotes de Lambaréné

Il n’en demeure pas moins qu’Albert Schweitzer n’était pas le saint homme ou l’humaniste qu’on présente et qui a été célébré au Gabon début-juillet 2013. Bien de vieillards instruits de Lambaréné n’en disent, en effet, pas grand bien. Des anecdotes ou peut-être de simples commérages au sujet du « bon docteur » ont traversé le temps, faisant état d’un Albert Schweitzer hautain, méprisant les autochtones, se servant d’eux comme cobayes et comme prétexte pour gagner l’aide internationale et obtenir, au finish, un Prix Nobel de la Paix. Un Nobel pour des choses que firent, ailleurs en Afrique, bien de médecins de brousse, de médecins religieux ou coloniaux. « Des Albert Schweitzer, il y en a eu tout plein au Cameroun. Surtout au Congo belge. C’est ce que me racontait mon père qui avait travaillé là-bas. Plein de blancs, surtout les prêtres, on construit des hôpitaux en brousse. Pourquoi on ne parle que d’Albert Schweitzer. Le Gabon-là vraiment… », fait remarquer un vieillard rencontré à Atongo-Wanga, un quartier de Lambaréné.

Transmis de bouche à oreille, les anecdotes Lambarénéennes sur Schweitzer ont conduit un fils de la localité, Séraphin Ndaot Rembogo, à la rédaction d’un ouvrage intitulé « Le procès d’un Prix Nobel, ou, le Médecin du fleuve » (Ed. La Pensée Universelle, 1983). Dans cette pièce de théâtre qui a inspiré « Le Grand Blanc de Lambaréné », le film du Camerounais Bassek Ba Khobio, Albert Schweitzer est devant un tribunal, jugé pour des exactions et autres dérives envers les autochtones-cobayes du Gabon. Il est insinué qu’il amputait des bras et des jambes à la moindre gangrène persistante, qu’il pratiquait à outrance le placébo sans se soucier des effets pervers, qu’il opérait des patients parfois sans anesthésie. Une scène du film « Le Grand Blanc de Lambaréné » montre à ce propos une opération d’extraction dentaire à la tenaille, à vif et dans les hurlements, le patient étant ensuite flanqué d’un seau d’eau pour ne pas tomber dans les pommes.

Témoignage première main d’un contemporain

Au-delà des anecdotes Lambarénéennes, on peut retenir le témoignage d’un autre médecin Européen de Lambaréné, contemporain de Schweitzer : le Dr André Audoynaud, Français, 83 ans aujourd’hui et jadis Médecin Colonel du Corps de Santé Colonial des Armées. Celui-ci a dirigé, pendant trois ans, l’hôpital public de Lambaréné et a fréquenté Schweitzer durant cette période. Cherchant à « comprendre pourquoi une telle nullité fit mise sur un piédestal », il a écrit, en 2006, un livre titré « Le docteur Schweitzer et son hôpital à Lambaréné : l’envers d’un mythe », (Ed. L’Harmattan). On peut notamment y lire : « Où finit la réalité et où commence la manipulation ? Une chose est certaine : on ne sait pas vraiment qui était le docteur Schweitzer et celui que je connu n’est pas celui que la légende nous demande d’imaginer. »

Pour le Dr André Audoynaud, il semble que les études de médecine entreprises, sur le tard, par Schweitzer étaient plutôt bâclées, rapides, dépourvues de stages pratiques, peut-être même sanctionnées par un diplôme de complaisance et débouchant évidemment sur des connaissances assez limitées. Ce qui a contribué à faire écrire au Dr Audoynaud que « Le Grand Blanc de Lambaréné » était un petit médecin : « En dépit de ses insuffisances, de ses erreurs médicales, il bénéficiera de l’adulation de beaucoup d’hommes et de femmes. Médecin fort moyen, ignorant totalement les notions d’hygiène et de prévention, peu soucieux des droits de ses malades, il fut pourtant l’objet d’un culte extraordinaire. Cette gloire, Schweitzer ne l’avait pas gagnée sur le front de Lambaréné. Il était allé la chercher en Amérique et en Europe. Ce n’était pas juste, il ne la méritait pas, mais elle eut pour résultat que le monde entier admira, sans s’étonner et sans chercher à comprendre, le docteur de Lambaréné ».

Audoynaud indique que l’Hôpital Schweizer de Lambaréné était puant, infect, avec des baraques rouillées sans le moindre confort, sans la moindre hygiène, parce que le maître des lieux, le « bon docteur », était résolument réfractaire à toute modernité : « pas d’eau courante, pas d’électricité, pas de latrines, pas de literie décente, pas de moteurs pour les pirogues ». Dans une critique du livre du Dr Audoynaud, on peut lire : « Vis-à-vis des Gabonais, c’est un patron méprisant, pire que paternaliste, à la limite raciste, qui n’a jamais offert à ses auxiliaires, même les plus dévoués, la moindre occasion de formation ni de perfectionnement et qui pratiquait à l’égard de tous des relations fréquemment marquées par les gifles et les coups de pied au cul » (sic).

Mais parmi les jaloux, ceux qui sont contre le succès d’Albert Schweitzer, préfabriqué par les protestants américains, il y a également ses propres parents. A l’instar de son célèbre neveu, le philosophe existentialiste français, Jean-Paul Sartre. Celui-ci, parlant de Schweitzer, avait dit à l’écrivain Jean Cau : « C’est le pire grand filou qui soit. Il a bâti à Lambaréné grâce au pognon de la mère Eléonore Roosevelt. […] Il lui a fait le coup du saint ermite qui joue de l’orgue sous les palmiers. […] Il fait trimer les Noirs et dans son hôpital à la gomme, trois ou quatre toubibs exilés qui ne pourraient pas travailler ailleurs et qu’il mène à la baguette. »

Il y a à dire sur la face cachée d’Albert Schweitzer. Toute une bibliographie existe à ce sujet. Vraisemblablement, son mythe a été construit et porté par les missionnaires américains unitariens, ceux-ci, également protestants libéraux, étaient en conflit larvé contre les Missions évangéliques de Paris pour l’évangélisation de l’Afrique noire. Ils disposaient surtout de puissantes ramifications dans le monde américain de la politique, du spectacle et de la religion et Schweitzer lui-même avait ses entrées en Suède et notamment des liens avec Nathan Söderblom, prélat et prix Nobel de la Paix en 1930. À 78 ans, en 1953, Albert Schweitzer obtiendra le Prix Nobel de la Paix. De quelle paix et par quel lobbying ?

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    Avec le Dr. Albert Schweitzer, le caducée bien tempéré - Par Francis Marmande - Publié le 05 août 2015 à 17h09 - Mis à jour le 18 août 2015 à 13h41- Document ‘lemonde.fr/culture’ - Article complet réservé aux abonnés - Culture
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Illustration - ANNE-GAËLLE AMIOT

Né à Kaysersberg le 14 janvier 1875, le docteur Albert Schweitzer est mort le 4 septembre 1965, dans un village du Gabon dont il a fait connaître le nom, Lambaréné. En 1875, Kaysersberg (Alsace-Lorraine) dépendait de l’Empire allemand. De 1920 à 1965, Albert Schweitzer est citoyen français. Kaysersberg se situe dans le Haut-Rhin. Sa langue maternelle est l’alsacien de Haute-Alsace.

Comme il naît rachitique, sa famille change d’air sur le conseil des médecins de Kaysersberg. A Gunsbach, le fond de l’air est pur. Le père est pasteur luthérien et instituteur. Albert, dit « Berri », tient l’orgue du temple dès l’âge de 9 ans. Doté d’une double formation en allemand et en français, il attaque des études de théologie et de philosophie à Strasbourg, Berlin et Paris, où il pratique l’orgue auprès du professeur Charles-Marie Widor, le maître de Dupré, Honegger, Milhaud et Varèse.

En 1896, Albert Schweitzer décide de se consacrer à ce qui peut passer pour la préhistoire des ONG et de l’humanitaire. Pasteur luthérien à Saint-Nicolas de Strasbourg – il en est l’organiste titulaire –, il célèbre (sobrement) le mariage de Theodor Heuss (1908). Heuss sera le premier président de la République fédérale allemande. La thèse de théologie d’Albert Schweitzer sur la Sainte Cène (1901) est assez marrante, mais c’est un autre sujet. Un de ses cousins par alliance n’affirmait-il pas – d’autant plus imparable que la phrase peut se lire littéralement et dans tous les sens : « La vie serait supportable sans les plaisirs. » Hélas…

En 1904, après lecture d’un article dans Le Journal de la Société des missions évangéliques de Paris, Schweitzer se lance dans des études de médecine tropicale et part pour Lambaréné. Il finance sa fondation (où sont pris en charge les malades de la lèpre) par des séries de récitals. Revenant régulièrement dans la commune de L’Hôpital (Moselle), auprès de son ami Jean-Paul Meyer. Il y joue son orgue préféré. Incarcéré en 1917, comme prisonnier civil, Albert Schweitzer obtient la nationalité française dans l’Alsace redevenue française en 1918. Il est l’auteur d’une monographie respectée, quand on l’a lue, ou vilipendée, quand « on ne l’a pas lue personnellement », sur J.-S. Bach. Son traité de philosophie, Kulturphilosophie, mériterait qu’on y retournât.

Médecin, théologien protestant, philosophe, mélomane, excellent organiste, Albert Schweitzer reçoit le prix Goethe (1928), est nommé grand officier de la Légion d’honneur (1950), membre de l’Académie française des sciences morales et politiques, Prix Nobel de la paix en 1952, inscrit à l’ordre du Mérite par la reine Elisabeth II de Belgique en 1955. Tout cela en raison de la fondation du Village Lumière, léproserie à Lambaréné (situé alors en Afrique-Equatoriale française). Il s’y installe avec son épouse Hélène (leur fille se nomme Rhéna) et transforme un dispensaire sommaire en hôpital. Marqué par les pensées orientales, non violentes et animalistes, il crée dans la foulée, à côté du Village Lumière, un refuge pour animaux. Sa fondation essaime de par le vaste monde…

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Source : https://www.lemonde.fr/culture/article/2015/08/07/albert-schweitzer-le-caducee-bien-tempere_4715310_3246.html

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    Critique d’Albert Schweitzer - Document PDF – Auteur : Ary van Wijnen, Critque d’Albert Schweitzer - Traduction : Annie Bobenrieter
    « En 2010, cette controverse entre le gouvernement des Etats-Unis et Schweitzer a été reprise dans un film… » Critique d’Albert Schweitzer dans les 10 dernières années de sa vie.

Trois catégories de personnes l’ont formulée :

1. Le milieu politique proche du gouvernement des Etats-Unis, à la suite des prises de position d’Albert Schweitzer contre les expériences atomiques en 1957 et 1958.
2. La jeune génération des intellectuels africains par le biais de la revue « Jeune Afrique » parue en 1962 et du film « Le Grand Blanc », réalisé en 1995.
3. Les médecins militaires ayant séjourné dans les anciennes colonies françaises, tel le Dr. André Audoynaud dans un livre publié en 2005 avec pour titre : « Dr. Albert Schweitzer et son hôpital de Lambaréné. L’envers d’un mythe ».

A lire sur ce site : https://www.schweitzer.org/2012/images/bilder/PDF/Critique%20dAlbert%20Schweitzer.pdf

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    Albert Schweitzer, pionnier de la médecine humanitaire – Sa vie racontée par Alain Deloche son petit-neveu - Aujourd’hui l’histoire - Publié le 18 avril 2018 -
    Photo - Albert Schweitzer en compagnie d’une infirmière et d’un patient à Lambaréné, au GabonPHOTO : Getty Images / AFP

Musicien, philosophe, théologien et médecin, Albert Schweitzer est devenu célèbre grâce au travail qu’il a accompli pendant 50 ans à son hôpital de Lambaréné, au Gabon. Selon son petit-neveu, le cofondateur de Médecins du monde Alain Deloche, il a été un précurseur de la médecine humanitaire.

Né en 1875, en Alsace, Albert Schweitzer grandit dans un milieu religieux. Très jeune, il commence à jouer de l’orgue. Tout en faisant de la musique, il complète un doctorat en théologie et obtient un poste de direction d’un séminaire à Strasbourg.

Au début de la trentaine, Schweitzer entame des études en médecine, afin d’aller l’exercer en Afrique. En 1913, il s’installe au Gabon, à l’orée de la forêt vierge, et construit un hôpital avec l’argent issu de ses concerts d’orgue. Il adopte alors la notion de respect de la vie comme un pilier sur lequel reposera toute son action.

Un hôpital financé par la musique et la notoriété de Schweitzer

Emprisonné en France pendant la Première Guerre mondiale en raison de sa nationalité allemande, Albert Schweitzer crée un hôpital-village lorsqu’il retourne au Gabon après sa libération. Pour financer l’établissement, il joue de l’orgue en Europe et aux États-Unis.

En 1952, Schweitzer reçoit le prix Nobel de la paix. Par la suite, il obtient plus facilement des dons privés, nécessaires au fonctionnement de ses activités.

« Il ne faisait pas payer les malades. Il leur demandait en contrepartie des services, comme aider à bâtir. » - Alain Deloche, petit-neveu d’Albert Schweitzer

Photo (Nouvelle fenêtre) - Albert Schweitzer en compagnie d’une partie du personnel de son hôpital, à Lambaréné, au Gabon - Getty Images / Hulton Archive

Une médecine controversée

Reconnaissable par son habit et son casque blancs, Albert Schweitzer devient une icône d’altruisme dans les années 1950 et 1960. On lui reprochera toutefois sa méconnaissance de la médecine moderne et la nature de ses rapports avec les Africains. Comme il n’y a aucun Noir comme médecin à Lambaréné, Schweitzer aura une relation paternaliste avec les Africains, et ne leur accordera pas les mêmes soins qu’aux Blancs.

Malgré tout, son nom demeure aujourd’hui révéré au Gabon. L’hôpital de Lambaréné existe toujours et la Fondation internationale de l’hôpital du docteur Albert Schweitzer assure désormais son financement et sa gouvernance.

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Le plasma et la fusion nucléaire : des énergies propres - Radio Canada

Tous droits réservés © Société Radio‑Canada 2021. Source : https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/aujourd-hui-l-histoire/segments/entrevue/68108/albert-schweitzer-prix-nobel-medecine-hopital-lambarene-gabon

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D.Albert Schweitzer : l’éthicien de l’écologie

Un lien étroit apparaît immédiatement entre l’écologie, dans ses représentations les plus vagues, et l’idée de respect de la vie, que Schweitzer, historiquement, a été le premier à formuler telle quelle et a élevé à la hauteur d’un principe éthique. L’écologie tout entière, dans toutes ses composantes, manifeste l’exigence que les hommes respectent la vie. Sous « vie » on entendra plus précisément et plus fréquemment la nature, l’environnement. L’écologie, au sein de notre civilisation moderne pénétrée de technique, c’est le souci assez répandu, mais inégalement partagé tout de même et diversement vécu, de protéger la nature...

L’état de l’écologie, aujourd’hui (Extraits)

Photo - Miru Kim

Selon Jean-Marie Pelt, le XXème siècle n’aura fait que répéter et mener jusqu’à leur épuisement les idéologies morales et politiques du XIXème siècle : eschatologie communiste, socialisme, libéralisme, industrialisme. La seule conception du monde vraiment nouvelle et susceptible d’inspirer la construction d’une « autre » civilisation, plus harmonieuse, plus humaine, serait l’écologie. Son histoire ne compte à la fin de ce siècle qu’une trentaine d’années, mais elle paraît déjà très riche et mouvementée. Née au début des années 70 dans différents pays, elle a été imprégnée des diverses sensibilités, craintes et illusions de son temps. Elle n’est pas, contrairement à ce qu’on imagine parfois, un enfant de Mai 68. Elle est apparue et s’est affirmée un peu plus tard, en portant une autre morale, d’autres idéaux et d’autres soucis que ceux qui avaient été exprimés en 68 sur les murs de Paris et fait fureur sur les campus. C’était la guerre froide encore : la course aux armements, moralement scandaleuse et stratégiquement indéfendable, perdurait. Une apocalypse nucléaire n’avait rien d’impossible. Et dans cet horizon, le lancement d’un programme d’énergie nucléaire dite pacifique effrayait. On prenait conscience tout à coup de certaines absurdités, vanités et irresponsabilités de la croissance industrielle. Les acteurs de Mai 68 avaient demandé plus de développement, une libération des forces créatives de la technique et une libération morale – qu’il soit interdit d’interdire ! - à la hauteur de la modernité atteinte. La pensée écologique, au contraire, remettait en question cette modernité, qui dissolvait toutes les traditions, se moquait de toutes les formes de piété, ne respectait rien, et elle refusait cette fureur économique qui sans vergogne rompait les équilibres anciens, épuisait les ressources de la planète et détruisait la nature. L’esprit révolutionnaire de Mai 68, que faisaient souffler encore les théories marxistes léninistes, maoïstes, sans qu’on se doutât que ce serait leur dernière tempête, leur dernière grande représentation, ce vieil esprit qui remontait donc au XIXE siècle et l’esprit de l’écologie s’opposaient en fait sur l’essentiel, mais une grande partie des militants de l’écologie, les plus virulents, entretenaient pour leur cause L’énergie et les illusions révolutionnaires du gauchisme de 68 qui mettra longtemps à se racornir.

Ainsi les mouvements ou partis écologistes des années 70 s’affichaient-ils radicaux, avec le projet de révolutionner la civilisation, de changer rien moins que... la vie. Leur mentalité dominante était de tournure eschatologique, donc religieuse. C’était tout ou rien. « Changer ou disparaître ». La vie ou la mort. « L’utopie ou la mort ». Écologie et survie. C’est-à-dire l’écologie ou la fin du monde. En résonance, on entendra l’avertissement de Schweitzer « Paix ou guerre atomique », qui date de 1958.
L’écologiste, alors, se pensait à part, se sentait à part. Son parti n’était pas un parti politique comme les autres. Il ne pouvait et ne voulait pactiser avec aucun autre parti. L’écologie n’était pas à marier. L’écologie n’était pas à vendre. L’écologie n’était ni de droite ni de gauche.

Mais au-delà. L’écologie portait en elle les éléments d’une nouvelle civilisation, qui sauvera l’humanité, la planète. Post-industrielle et post-moderne, elle sera douce, conviviale, à échelle humaine, sans titanisme et sans péché, réconciliée avec la nature, « small y sera beautiful » ...

Dans sa brève histoire d’à peine un quart de siècle, le « mouvement » écologique aura déjà traversé différentes phases, semblables à celles que 1’on reconnaît dans l’évolution des mouvements religieux. La première base apparente est celle de l’eschatologie, pensée enthousiaste, ardente, fiévreuse. Comme fût la pensée des premiers chrétiens. La fin du monde est proche, repentez-vous, convertissez-vous. Si vous ne vous convertissez pas tout de suite avec nous, ce monde s’abîmera dans des catastrophes industrielles, nucléaires et chimiques, et l’humanité n’entrera pas dans le nouveau royaume, nécessaire, de paix, de raison et d’harmonie.

Les grandes catastrophes annoncées n’arrivant pas, ou, quand il s’en produisait, n’ayant pas l’ampleur apocalyptique que l’on pouvait craindre, et les gens, les gens continuant de vivre comme avant, de consommer comme avant, de rouler comme avant, bon nombre d’écologistes ont entamé un travail idéologique de déseschatologisation. Abandonnant leur fondamentalisme premier (infantile ?), ils sont entrés en réalisme et ont construit un parti politique solide, plus ou moins, un parti comme les autres, où se manifestent des ambitions personnelles, des rivalités, l’inévitable concurrence pour exercer le pouvoir.

Bref, comme le christianisme, par exemple, s’est établi dès les premiers siècles dans une longue phase ecclésiale, où les compromis, les adaptations au monde tel qu’il va sont une nécessité et la conservation des pouvoirs acquis un impératif, l’écologie s’est établie en politique, avec les stratégies à mener, le jeu des alliances à conclure, tantôt à gauche, tantôt peut-être à droite, les équilibres au centre...

Si l’écologie s’est déseschatologisée, par la force de l’histoire, et si sa politique, sa conduite publique est devenue réaliste et pragmatique (si elle s’est guérie de sa maladie infantile, le gauchisme, et si elle est devenue adulte...), elle risque de donner tôt ou tard dans l’opportunisme, elle va s’affadir, ’trop se compromettre avec les puissances et elle perdra sa sincérité. Elle : ses représentants du moment, ses chefs et ses cadres.

C’est la règle. Il lui faudra alors, la nécessité s’en fera sentir, elle se fait sentir, il lui faut donc se réformer, comme a fait le christianisme au cours de son histoire et comme il continue, comme le socialisme plusieurs fois a fait et il continue..., et se réformer veut dire revenir aux sources ou dégager de telles sources et ces sources (nous sommes dans la métaphore, bien sûr, comment penser autrement ?) sont morales, spirituelles. Elles sont pures.

La réforme est un mouvement de purification et de vérification, de rétablissement des vérités élémentaires. Et là, dans cette phase morale, après celle de l’inspiration eschatologique et celle de l’établissement politique (ces phases pouvant certes se mélanger ou pouvant constituer des moments des tendances contemporaines - le schéma hégélien des trois phases n’est qu’une commode méthode d’exposition d’une réalité complexe, toujours hétérogène ... ), là, tout de même, et peut-être mieux qu’à d’autres moments, l’introduction d’une pensée éthique philosophiquement élaborée et cohérente, comme celle de Schweitzer, avec des principes bien affirmés, pourrait jouer un rôle utile ; une telle pensée pourrait être entendue, contribuer au travail de réformation et apporter de nouvelles énergies, fussent-elles spirituelles ou justement spirituelles, car l’esprit, la pensée est pour l’action une énergie. La détermination éthique, estimerons-nous, est plus radicale et une plus solide fondatrice de l’action que l’espérance (l’illusion) eschatologique.

Photo - Miru Kim

Dégrisés, nous portons au crédit des actuels partis écologistes leur réalisme, mais les écologistes, qui devraient sur le front du respect de la vie former une avant-garde, et nous tous, sommes-nous aujourd’hui vraiment à la hauteur des problèmes que notre mode de vie et notre mode de production industrielle ont créés sur la planète ?...

Ce n’est que sous la pression des menaces ou des drames avérés, lorsqu’ils ont le couteau sur la gorge, que les hommes s’engagent et acceptent des sacrifices, pour résoudre des problèmes généraux concernant l’humanité entière ou impliquant une cause aussi abstraite que la préservation de la vie sur la planète. Ils ne seront prêts à respecter la vie concrètement, un site sensible, l’Antarctique ou l’Amazonie, une vallée, un biotope particulier, une espèce animale, les baleines, les éléphants - que dans la mesure où ils auront compris (et où il leur aura été démontré) que c’est là leur propre intérêt d’humains, car en détruisant la nature ils ruinent une base de leur propre existence ou du moins portent atteinte à leur qualité de vie et à celle de leurs descendants. Ils n’entendent qu’un langage, celui de leur intérêt, et c’est bien également le langage de la raison, du calcul.

C’est ce langage qu’il faut parler si l’on veut convaincre et obtenir les changements de comportement nécessaires. Seule une petite minorité, parmi les puissants, aura l’inconséquence de s’écrier : continuons à exploiter et à détruire, après nous le déluge ! Une action écologique, dans le sens du respect de la vie, sera ainsi, pour employer les notions de Kant, une action conditionnelle ou conditionnée, subordonnée à un intérêt bien compris et bien calculé, les avantages escomptés l’emportant sur les inconvénients et les sacrifices consentis. Ladite morale de l’intérêt ne serait-elle pas la seule règle morale, la seule morale réelle, suffisante pour la survie de l’humanité ? Il est permis d’espérer que les hommes sauveront leur vie - et la vie de la terre - parce qu’ils auront compris à temps (in extremis) leur intérêt général, l’intérêt de l’espèce.

Ainsi arrivera-t-il que l’on décide des actions qui, heureusement, seront conformes au principe du respect de la vie (de la nature, de la terre), sans qu’elles aient été véritablement inspirées ou commandées par ce principe. On aura obéi alors à un impératif seulement hypothétique. Exemple kantien : le commerçant qui est honnête avec ses clients pour ne pas les perdre, et non par pur devoir.

Pour Schweitzer, dans l’éthique pure, le respect de la vie est éprouvé comme un impératif catégorique, qui n’a d’autre fin que la vie elle-même, la vie en soi et la vie de cet être particulier - que ce soit une araignée, une mouche, un chat, un homme blessé, un enfant abandonné - que j’ai rencontré sur... mon chemin et qui de ce fait me concerne, me regarde. La parabole du bon Samaritain ne dit pas autre chose (sauf qu’elle ne concerne que le rapport de l’homme avec un autre homme qui, quel qu’il soit, doit toujours être considéré comme « Prochain »).

L’éthique schweitzerienne du respect de la vie, ses fondements philosophiques.

Schweitzer a raconté dans Ma vie, et ma pensée (1931) comment lui était venue son idée fondamentale de respect de la vie. C’était sur le fleuve Ogooué, dans la lumière du soleil couchant, à la vue d’un troupeau d’hippopotames que le bateau avait dérangés et dispersés. « Soudain, sans que je l’aie pressentie ou cherchée, l’expression « Ehrfurcht vor dem Leben » s’imposa. La porte d’airain avait cédé. La piste était apparue à travers le fourré. Je savais maintenant que la conception du monde qui nous incline à dire oui au monde et oui à la vie, avec tous les idéaux de civilisation qu’elle porte, se trouve fondée dans la pensée. » Page célèbre, devenue une référence obligée. L’éthique schweitzerienne, semble-t-il, a là son point d’origine, fixé à la biographie.

Anecdote ou légende : à quelqu’un qui lui avait demandé quel rôle il fallait accorder aux hippopotames dans sa découverte du principe du respect de la vie, Schweitzer aurait répondu, avec humour : « Simple garniture de viande » ! Et pourtant, on dirait bien, d’après le texte, que ces grosses bêtes lui avaient en quelque sorte soufflé ces mots. Si des animaux d’apparence aussi incongrue que les hippopotames existent dans ce monde, la vie doit bien avoir un sens. Leur existence a du sens, puisqu’ils sont là. A fortiori, l’existence de l’homme.

L’être-là de l’homme. Das Dasein...
Pour lui rappeler sa toute puissance, l’Éternel, du milieu de la tempête, montre un hippopotame à Job et lui dit : « Voici l’hippopotame, à qui j’ai donné la vie comme à toi ! » Comme L’hippopotame est comme l’homme ou l’homme comme l’hippopotame, effet, l’un et l’autre, de la volonté de Dieu, « image de Dieu »...

Dit philosophiquement : avec cette obstination à vivre (ou cette énergie) que montrent tous les vivants, le phénomène de la vie doit correspondre à une sorte de volonté cosmique qui parcourt l’univers. Nous n’en connaissons pas la raison, ni les origines ni la destination. Mais nous y participons, nous en faisons partie. À l’évidence, nous n’en sommes naturellement pas la cause, ni la fin. Il n’est donc que juste (logique) que nous respections cette vie, en nous et autour de nous, telle qu’elle fonde notre propre existence et telle qu’elle nous dépasse infiniment. Ce respect est pénétré de vénération (Verehrung) et de crainte (Furcht), car nous n’y comprenons rien ; nous ne savons pas le pourquoi de la vie ou de l’existence (ni d’ailleurs le comment !). Nous savons que nous ne savons rien ! Nous ne comprenons pas pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien. Élémentaire et néanmoins des plus complexes, ce sentiment de respect de la vie apparaît de nature mystique, nous ne le maîtrisons donc pas, mais de son côté la raison est capable de l’établir comme une conclusion ou une conséquence qui s’impose logiquement (denknotwendig).

Mystique et poétique, esthétique, l’émotion qui avait saisi Schweitzer à ce moment-là, en apercevant brusquement ces hippopotames entre eaux et forêts, dans l’immensité d’une nature vierge où l’être humain, troublé, angoissé, le souffle coupé, se sent comme un étranger. Soudain, avec une acuité rare, il a fait là l’expérience de la beauté du monde, de sa sublimité à la fois de terreur et de magnificence. L’éthique du respect de la vie s’est formée dans un rapport esthétique au monde. Ce que nous respectons, vénérons, admirons, c’est la beauté, c’est elle qui nous saisit, nous transporte et nous laisse interdits, sans voix, sans intelligence, frappés de stupeur. La beauté du monde : quatrième preuve de l’existence de Dieu.

Dieu existe parce que le monde est beau (parce qu’il nous paraît beau ... ). Dieu a créé le monde et il a créé l’homme pour que le monde apparaisse quelque part dans sa beauté et sa gloire, pour qu’il soit contemplé et loué. L’écologiste pur et... doux est un homme sensible à la beauté du monde. Il souffre de le voir abîmé, ne peut supporter qu’on lui porte de tels outrages. Toute atteinte à la beauté est un attentat, une violence.

Apprenons avant tout aux enfants la beauté du monde, par des leçons de choses, et ils auront à coeur de la préserver, ils deviendront des écologistes. L’écologie sera leur culture. Comme les Souvenirs de mon enfance, rédigés en 1924, l’attestent, l’enfant Schweitzer a connu à Gunsbach, au contact quotidien avec la nature, des émotions esthétiques très vives qui souterrainement ont préparé en lui l’éclosion à l’âge adulte de son éthique du respect de la vie. Ne pas négliger, pour comprendre cette éthique, la composante artistique de la personnalité de Schweitzer.

Le respect de la vie dans un texte de 1912

On a toujours cru, sur la foi du texte de Ma vie et ma pensée, que c’est en ce soir de septembre 1915, et dans les circonstances africaines qu’il prit tant de soin à décrire, que Schweitzer avait découvert (littéralement) sa formule du respect de la vie, mais nous savons maintenant, grâce à la publication récente (en 1998) des Strasburger Vorlesungen , qu’il l’avait déjà employée dans un des derniers cours qu’il donna en 1912 à l’université de Strasbourg, avant de s’apprêter à partir pour Lambaréné. C’est pour le biographe une chose étonnante. Il faudrait supposer que Schweitzer a développé une première fois cette idée en passant, sans s’y attacher fondamentalement, et qu’il l’a oubliée par le suite. C’est vraisemblable. Elle lui est « revenue » plus tard, dans un contexte tout différent, et il ne l’a pas reconnue. Mais ce qui ne peut manquer de surprendre, c’est que dans son texte de cours de 1912 il avait déjà donné à cette idée une élaboration philosophique assez poussée.

Rétrospectivement, on y découvre déjà les grands traits de l’éthique schweitzerienne, telle qu’elle sera exposée dans son ouvrage de 1923 (La civilisation et l’éthique), y compris l’articulation si essentielle de l’idée de respect de la vie à l’idée de responsabilité. Qu’on en juge : « Ce qu’est la vie demeure pour nous non seulement une énigme, mais un mystère - nous n’en savons quelque chose que par intuition et sommes infiniment éloignés de pouvoir créer artificiellement de la vie à partir des forces physiques que nous maîtrisons.

De là le respect pour la vie, un sentiment qu’il arrive même au matérialiste le plus convaincu d’éprouver lorsqu’il évite d’écraser un ver de terre sur la chaussée ou d’arracher sans raison une fleur. Et ce respect est la note fondamentale de toutes les civilisations - en lui réside la grandeur de la civilisation hindoue. Il est difficile à un citadin qui a grandi entre des murs de parvenir à la vraie humanité : il n 1 a jamais vécu avec la nature, dont il n’a jamais senti l’unité, il n’a jamais rien entendu des soupirs de la créature s !

Ce n’est que dans un long contact avec la nature animée qu’émerge l’idée que chaque être vivant est irremplaçable dans la chaîne de la vie et en même temps que cette idée s’éveille un sentiment de responsabilité envers tout ce qui vit et se développe, et puis enfin s’impose aussi l’idée que le sens de l’existence du vivant se montre plus nettement, avec plus de perfection, dans les formes évoluées de la vie, et en premier lieu, bien sûr, chez l’homme, que dans toutes les autres.

Ici il faut bien constater un échec de la philosophie hindoue : elle reste désemparée à la vue du combat que les êtres vivants mènent les uns contre les autres, les uns ne pouvant subsister qu’au détriment des autres, en les tuant. Mais a nos yeux un certain droit de détruire de la vie n’est pas incompatible avec l’éthique dans la mesure où en dépend la conservation de l’être le plus élevé de la création.

Cependant, nous n’évitons pas une tension, un déchirement entre, d’une part, le sentiment que toute vie est sacrée et, d’autre part, la nécessité d’assumer la responsabilité qui nous incombe en des circonstances variées de sacrifier d’autres êtres à la cause de l’humanité ; l’être humain se révèle précisément comme être supérieur aux autres vivants en ce que son énergie pour survivre cesse d’être uniment l’effet d’un instinct de conservation aveugle et qu’en détruisant d’autres êtres il se sent néanmoins responsable envers le tout. »

On a bien lu : en 1912 déjà, Schweitzer montre que c’est en tant qu’elle représente pour nous une énigme (ou, plus exactement dit, un mystère) que la vie appelle de notre part un sentiment de respect. Il faudrait toujours, mentalement, remplacer la formule banalisée de « respect de la vie » par celle de « respect devant le mystère de la vie ». Dans ses essais réitérés pour expliquer, fonder et justifier philosophiquement le principe éthique du respect de la vie, Schweitzer navigue chaque fois entre deux niveaux, entre sentiment et idée de la vraie raison :

  • Le respect de (devant) la vie est saisi comme un sentiment naturel, un affect, une disposition de la conscience humaine (une disposition de l’être humain en tant qu’être conscient de vivre et d’appartenir au règne du vivant). Comme tel, ce sentiment, mélange de vénération, d’admiration (au sens du XVIle siècle), d’étonnement et d’effroi, est universel, il a toujours existé, il est contenu dans l’âme humaine. Le philosophe, en l’occurrence Schweitzer, a donné à ce sentiment en lui-même confus une expression, une formulation distincte : « Ehrfurcht vor dem Leben », crainte et tremblement devant la vie, amour également de la vie, adhésion à la vie. Ainsi en a-t-il tiré une idée, au sens premier, comme chez Platon, de forme, forme visible, manifeste. Et de cette « idée », il a fait un principe éthique, le principe même de l’éthique, avec la force d’un commandement (« plus chargé de sens que la Loi et les Prophètes ».
  • Une fois posée et intuitionnée, l’idée demande à être élaborée conceptuellement et démontrée rationnellement. C’est le travail du philosophe. Schweitzer s’y est appliqué, acharné même (dans le chapitre XXI du tome 2 de sa Kulturphilosophie et c’est tout l’effort du tome 3, resté inachevé). Il importe d’établir l’idée par la raison, d’y arriver par la voie de la raison, c’est-à-dire une voie logique déductive. Ce que le philosophe veut, c’est rendre l’idée logique et donc, comme Schweitzer dit souvent « denknotwendig », afin qu’elle s’impose à toute conscience qui réfléchit et raisonne ; qu’elle s’impose more geometrico, avec la même force (logique) qu’une démonstration géométrique. De sorte que tout homme qui pense puisse se persuader toujours à nouveau, si besoin est, de l’obligation de respecter la vie. Que gagne-t-on à la philosophie ? D’un vague sentiment occasionnel, le respect de la vie devient un principe dont on doit toujours pouvoir retrouver les fondements logiques ou refaire la démonstration, afin de renouveler, de reformer sa conviction. L’intelligence (le logos) inlassablement retrempe la foi (morale).
    Démontrer consiste à identifier, à ramener l’autre au même, à établir une équation. Toute la démonstration de Schweitzer tient dans l’égalité établie entre ma vie comme vouloir-vivre et celle de tous les autres vivants.

« De même que ma volonté de vivre renferme le désir de continuer à vivre et la possibilité d’une mystérieuse exaltation que l’on appelle le plaisir ; de même encore qu’elle renferme la peur devant l’anéantissement et la possibilité d’une mystérieuse dépression qui se signale en souffrances, de même toute volonté de vivre, autour de moi, que je puisse en comprendre les manifestations ou non. »

De là suit, conséquence, que j’ai à témoigner à toute vie le même respect que j’ai pour la mienne. Dans le langage de l’Évangile : Aime ton prochain comme toi-même. Dans un langage devenu commun : Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’il te fasse. Ainsi l’homme raisonne-t-il depuis toujours. Le propre de la raison est d’établir partout, dans le royaume de la connaissance comme dans la pratique, ces relations d’égalité et de réciprocité.

Les premières applications du principe du respect de la vie

L’originalité (la singularité) de Schweitzer est de considérer a priori que l’autre, le prochain, ce n’est pas seulement l’autre homme, mais tout autre vivant, une araignée, une mouche, un cafard aussi ?, une fougère, un brin d’herbe... Il étend immédiatement le principe du respect à l’infini, sans frontières, envers tout ce qui vit, sans faire de discrimination, sans admettre de hiérarchies.

Après avoir en amont fondé rationnellement le principe du respect de la vie et l’avoir posé comme principe fondamental de l’éthique, il donne, en aval, des exemples, dans le souci didactique tout naturel d’illustrer sa « thèse », de la concrétiser. Et les premiers exemples de manifestation du respect de la vie, qui lui viennent à l’esprit, se rapportent aux plus petites choses, aux plus petits êtres, les feuilles d’un arbre, des insectes, un ver de terre, une fourmi. Nous lisons en effet dans la suite de son texte de fondation que « l’homme pénétré de l’idée de respect de la vie et pour qui la vie est sacrée en tant que telle... n’arrache pas étourdiment des feuilles aux arbres ni des fleurs à leur tige et il prend garde à ne pas écraser des insectes en passant. Si par une nuit d’été il travaille sous une lampe, il préférera laisser sa fenêtre fermée et respirer un air lourd, plutôt que de voir une hécatombe d’insectes aux ailes roussies s’abattre sur sa table. Si en sortant sur la route après une pluie, il y aperçoit un ver de terre qui s’est fourvoyé là, il se dit que ce ver va dessécher au soleil faute d’être remis à temps sur un sol meuble où il pourra s’enfouir : il l’enlèvera donc du goudron fatal et le déposera dans l’herbe. Si en passant devant une grande flaque il y voit un insecte qui se débat, il prendra la peine de lui tendre une feuille ou un fétu de paille pour le sauver.

« Il ne craint pas de faire sourire de sa sensiblerie. »

Quelle est la portée de tels exemples ? Leur valeur pédagogique ? Peut-être qu’ils laissent entendre que si notre attitude de respect va jusqu’à ces êtres les plus humbles, que nous avons spontanément tendance à rejeter dans l’insignifiance, elle s’adressera également et d’autant mieux à des êtres plus évolués (mais que vaut ce jugement ?) ou, croyons-nous, plus proches de nous et, bien sûr, à ces êtres que nous sommes nous-mêmes, les humains.

Respect des humains en tant qu’ils sont des êtres vivants (qui veulent vivre parmi les autres vivants qui, de même, sont animés de vouloir-vivre ... ), sans plus, sans aucune autre raison fondamentale ? Les hommes (et le respect qui leur dû), placés sur le même plan - de la vie - que les animaux et que les plantes ? Cette équivalence passe mal. Schweitzer en avait conscience. Il répondait qu’il fallait braver le reproche de sensiblerie ou de sentimentalisme, quand on se préoccupe d’épargner des souffrances aux bêtes. Image entrée dans la légende : le Docteur Schweitzer, sur le chantier de son hôpital, se baissant pour extraire quelques fourmis des trous où on s’apprêtait à enfoncer les poteaux des nouvelles constructions...

Mais lorsqu’on applique ainsi le principe du respect de la vie, en l’étendant à tous les vivants, sans faire aucune différence, sans distinguer entre les gros et les petits, entre des créatures « inférieures » et d’autres « supérieures », cela ressemble fort à de l’extravagance. Une éthique conséquente, quand ses principes sont appliqués en toute logique, sans concession aux réalités, peut-être en dépit du robuste bon sens, prend toujours un aspect quelque peu extravagant, on le remarque chez Kant et chez Lévinas, on le voit dans les Évangiles - si quelqu’un te frappe sur la joue gauche, tends-lui sa joue droite...

Qui peut se comporter ainsi, comme un saint ? Comme un innocent ? Un idiot ? C’est aller plus loin qu’il n’est raisonnable et que les réalités de la vie ne le permettent. C’est se conduire d’une manière excentrique. L’homme commun hausse les épaules, en sourit ou même s’indigne, quand il se sent ainsi mis en question dans sa dure existence d’homme contraint à lutter et à nuire pour survivre.

L’homme Schweitzer se montrait suffisamment réaliste pour utiliser un insecticide puissant contre les termites qui envahissaient sa pharmacie. Il maudissait les éléphants qui, la nuit, venaient piller ses plantations. Et les chats croissant en surnombre sur le territoire de son hôpital, il prit sur lui de noyer dans le fleuve des portées de chatons. Mais en théoricien, sur un plan métaphysique (dirais-je), il n’a jamais cédé à un anthropocentrisme qu’il jugeait naïf, autant que le géocentrisme, erroné et philosophiquement irrecevable.

Sachant qu’il se heurtait ainsi non seulement à l’élémentaire bon sens, mais à des conceptions religieuses du monde, il s’en est ouvert un jour à son ami Oskar Kraus, avec tout l’humour qui convenait pour couvrir ce qu’il appela lui-même son hérésie : « Oui, cher ami, et vous pouvez tous m’étrangler, si vous voulez, mais jamais je ne reconnaîtrai des différences de valeur objectives entre les êtres vivants.

Chaque vie est sacrée ! ’Sacrée’ signifie qu’il n’y a plus rien au-dessus qui serait supérieur, comme on ne saurait ajouter aucune autre vitesse à la vitesse de la lumière. Les différences de valeur ne sont donc que subjectives, nous les établissons à partir de certaines nécessités pratiques, mais en-dehors de celles-ci elles n’ont aucun sens. La proposition selon laquelle toute vie est sacrée ne peut être dépassée. Sur ce plan je suis et je resterai toujours un hérétique. C’est là une question de principe, une de ces questions qui descendent jusqu’aux fondements de notre conception du monde. Je te plains vraiment d’avoir pour ami un gaillard tel que moi. »

De la difficulté de surmonter l’anthropocentrisme

Si, comme il est nécessaire, on essaye de traduire en termes juridiques et d’inscrire dans la loi cette éthique du respect de la vie, élargie sans discrimination à tous les vivants, on en viendra logiquement à parler d’un droit des animaux, d’un droit de la nature, d’un droit de la terre, opposable aux droits de l’homme, c’est-à-dire à la puissance de l’homme et la limitant. La terre appartient de droit à tous les êtres vivants qui l’habitent. Il faut empêcher que la condition des uns ne se développe au détriment de la condition des autres. Mais en raisonnant ainsi et voulant récuser tout anthropocentrisme, est-ce qu’on ne verse pas dans un insoutenable anthropomorphisme ? C’est évidemment nous, les humains, nous intervenons pour attribuer des droits aux créatures muettes, aux bêtes, aux plantes, et aux éléments de la terre. Il n’y a que les hommes qui puissent plaider pour eux, les représenter et les défendre. Tout vient de l’homme, inévitablement. En d’autres termes, nous sommes responsables, de nous-mêmes et des... autres. Nous le savons et nous avons à l’assumer. « L’éthique, c’est la reconnaissance de notre responsabilité infinie envers tout ce qui vit. »

Un homme et penseur aussi généreux qu’Albert Jacquard, si engagé dans les combats pour l’homme et en même temps dans les combats écologiques, ne peut faire autrement pourtant que de contourner l’idée d’un « droit de la nature » et même celle de « devoirs envers la nature ». Ces prétendus devoirs, écrit-il, ne sont que des devoirs envers nos descendants. Est-ce par conviction ou par pédagogie qu’il prend soin de s’exprimer ainsi ? Par crainte, peut-être, de perdre l’homme, la dignité, l’éminence de l’homme ? Par crainte de sombrer dans un naturalisme sans rivages humains et de manquer alors à l’humanisme ? Il est vrai que nous nous heurtons ici à notre sens particulier (et je dirais « naturel ») de l’humain, à cette sorte d’évidence anthropocentrique qui nous fait penser que l’homme n’est pas un être vivant comme les autres, mais qu’il a une dignité spécifique en tant que porteur de l’esprit, en tant que, selon la métaphore, « image de Dieu »... La pensée humaine n’en aura peut-être jamais fini avec l’anthropocentrisme...

Pour Schweitzer, il l’a répété avec force, dans « Ma vie et ma pensée » et dans ses critiques de Kant, « seule l’éthique universelle de l’expérience d’une responsabilité élargie à l’infini envers tout ce qui vit peut être fondée philosophiquement, dans la pensée. L’éthique qui limite son champ au comportement des hommes entre eux ne tient pas par elle-même, elle n’est qu’une morale particulière, dérivée du principe général (de respect de la vie). » Ainsi le respect dû à l’être humain ne serait qu’une application particulière, une déduction de la règle fondamentale du respect dû à toute forme de vie.

Nous y viendrions par syllogisme : Je dois respecter tout ce qui vit ; or, l’homme est un vivant ; donc je lui dois le respect (aussi !). Ce n’est pas de cette manière que nous raisonnons en réalité. Nous n’avons pas à nous forcer de cette manière, par syllogisme, au respect de notre prochain et de 1’homme en général. Le respect de la personne humaine, de l’homme par l’homme, paraît bien premier, primordial, et s’il n’est pas absolument spontané et naturel, s’il faut s’en convaincre par un raisonnement et en déduire le principe d’une expérience élémentaire ou d’un principe antérieur, plus élevé encore, suprême, ce ne saurait être l’expérience mystico-poétique d’un saisissement devant la nature (devant un troupeau d’hippopotames se baignant dans un fleuve ... ) et ce ne saurait être non plus le seul principe de respect de la vie ; il demande un autre fondement ou une autre fondation philosophique. Cette fondation du respect du prochain, de l’« humanisme de l’autre homme », nous ne la trouvons pas chez Schweitzer. Arrivés devant cette impasse, nous devrions peut-être nous tourner maintenant vers une autre tradition philosophique, celle de la conscience et de l’humanisme de la personne, à regarder du côté de Kant et de Lévinas ?

A Kant qu’il connaissait à fond, Schweitzer reprochait de n’avoir accordé de compétence à l’éthique « que pour ce qui concerne les rapports des hommes entre eux » et d’avoir négligé les rapports des hommes avec les autres êtres vivants. Et il estimait que son originalité, ce qu’il introduisait, lui, de nouveau dans l’histoire de l’éthique européenne, était justement de combler cette « grande lacune » ou de corriger cette « grande erreur » d’une éthique acosmique qui ne s’intéresse qu’aux relations humaines. Son éthique du respect de la vie et conjointement de la responsabilité envers tout ce qui vit a le mérite de raccorder l’homme à l’univers et de considérer sa place dans le cosmos. Selon lui, elle n’excluait pas l’éthique humaniste, mais la complétait, elle l’englobait et en même temps lui assurait un fondement qu’elle ne peut se donner à elle-même.

Nous ne saurions douter, quant à nous, de l’humanisme de Schweitzer, qu’il a pensé, prêché, vécu et lesté, théoriquement et pratiquement, de l’humanitaire, comme morale d’urgence et de réparation pour temps de détresse (et ces temps resurgissent toujours), mais cet humanisme que dans un premier temps, pour son engagement à Lambaréné, il puise manifestement dans l’Évangile (où « Jésus a soudé si étroitement l’une à l’autre religion et humanité qu’il n’y a plus de religion sans vraie humanité et que les devoirs de la vraie humanité ne se conçoivent plus sans religion ... »), on peut se demander s’il parvient à le fonder philosophiquement, que ce soit par la voie de la raison ou par la voie d’une expérience mystique ou par les deux voies, ainsi qu’il a fait pour l’éthique du respect de la vie.

Il est vrai que dans cette éthique l’homme n’apparaît pas au premier plan, mais qu’autour de son principe de respect de la vie se pressent immédiatement, on l’a vu, toutes sortes d’animaux, en bas le ver de terre, la fourmi, des papillons nocturnes, et en haut les hippopotames ! L’homme semble perdu au milieu de cette foule de vivants, créature parmi les créatures, sans préséance.

Or, en humaniste, ne faut-il pas arriver à penser la préséance de l’homme au sein du monde ? Sinon l’humanisme manquera de base et comment résister alors, intellectuellement, à des tentations de barbarie, de négation de la dignité de l’homme ? Si la préséance de l’homme va de soi et ne vient pas uniquement d’une préférence partisane, manière d’anthropocentrisme, il doit être possible de le justifier par la pensée. Si c’est un axiome, il doit être possible, sans pouvoir le démontrer, de lui trouver quelques bonnes raisons.

Les fondements de l’éthique humaniste chez Lévinas

Contre l’extrême abomination de notre temps qui a perpétré et laissé perpétrer une destruction systématique de l’homme, réduit à l’état de choses, de chair à canon, de marchandise et de matériau, d’ensemble d’organes et de graisse pour savon, un philosophe comme Lévinas a fondé la sacralité de l’être humain sur l’expérience, fragile, mystique, d’une relation au visage de l’autre, à l’autre comme visage,. « une relation d’emblée éthique », car « le visage est ce qu’on ne peut tuer », ou du moins ce qui nous dit : « tu ne tueras point ». Depuis toujours pourtant, des hommes se tuent. Mais ils connaissent l’interdiction. Ils connaissent l’enfer. Chacun sait, à part lui, qu’ « Autrui est plus haut que lui » et qu’il doit répondre de lui. Le lien avec autrui se noue, « ne se noue que comme responsabilité ». La responsabilité qui me noue à autrui est constitutive de la subjectivité, en même temps que de l’éthique. Elle est l’interpellation éthique la plus élémentaire et la plus haute. Et elle est infinie, « sans frontières ».

Des parallèles apparaissent tout de suite, jusque dans la formulation, l’identité de certains termes, entre la pensée éthique de Schweitzer et celle de Lévinas. Les deux aboutissent à poser la responsabilité comme fondement de l’existence humaine et à affirmer le primat de l’éthique sur toute ontologie (selon le langage de Lévinas) ou sur toute connaissance ou conception du monde (dans la terminologie de Schweitzer).

Mais la grande différence vient de ce que pour Schweitzer l’autre, dont il fait l’expérience, c’est un autre vivant, dans sa réalité d’espèce, immergée dans le flux de la vie, ainsi une bande d’hippopotames, tandis que pour Lévinas l’autre, c’est un autre humain, c’est un autrui saisi dans sa singularité, son caractère absolument unique, son nom propre. Les deux expériences sont de nature mystique, en un sens, et culminent dans le sublime, osent une sorte d’extravagance ou de pari, une foi apparemment insensée, tant elle est contredite par la réalité de tous les jours.

Comment croire que le visage d’un homme est sacré pour tous et qu’il signifie par lui-même « tu ne tueras point » (tu me respecteras) ? Comment croire que toute vie est sacrée, celle d’une mouche autant que celle d’un chien, autant que celle d’une personne humaine ? Nous nous battons et nous tuons pour vivre. Nous repoussons un concurrent. Nous mangeons de la viande. « On ne peut vivre sans tuer », ne peut-on s’empêcher d’objecter. Mais on n’approuve pas cela. On n’est pas d’accord avec ce monde. On a une autre idée de la vie et de ce que pourrait être le monde. On a en soi l’idée d’un autre royaume, un royaume des cieux.

Dans les deux cas, chez Schweitzer comme chez Lévinas, l’expérience initiale, fondatrice, est une expérience de la transcendance. Transcendance du phénomène de la vie pour l’un ; transcendance du visage pour l’autre et, dans le visage, du phénomène humain. Expérience religieuse, sans doute, ou possiblement fondatrice d’une religiosité.
L’éthique est une en chaque pensée conséquente et par la générosité toutes les vertus ou toutes les valeurs, toutes les exigences morales s’y retrouvent. (De même, quelle que soit notre confession religieuse, dans la sincérité de notre coeur, nous aimons et craignons le même Dieu.)

Néanmoins, chaque conception comporte des zones obscurcies et des angles morts qui empêchent de discerner certains aspects du monde et de l’homme. Ainsi la conception éthique de Schweitzer reste-t-elle aveugle à l’éminence (la prééminence) de l’homme, à la dignité de la personne ; quant à la conception de Lévinas, elle est aveugle à la valeur de la vie des animaux et à la nature en général. Il n’hésite pas, dans une certaine tradition du judaïsme, à justifier les projets de « détruire les bosquets sacrés ». Il fait l’éloge de la transformation technique de la nature, rejette toute espèce de « sacré filtrant à travers le monde », y voyant « l’éternelle séduction du paganisme ». Il fait davantage confiance à l’homme des villes qu’à l’homme des campagnes dont il redoute l’archaïsme.

La nature n’a aucune valeur en soi ; il est bon que l’homme en se développant en devienne maître et possesseur, comme Descartes l’avait voulu. Il est significatif - et pour nous réjouissant - qu’une lectrice aussi admirative pourtant de l’oeuvre de Lévinas qu’Élisabeth de Fontenay ait été amenée à remettre en question son foncier anthropocentrisme et à lui reprocher son oubli des bêtes, son silence sur « le silence des bêtes ».

Comme Derrida l’avait remarqué, l’infini de la responsabilité, que Lévinas affirme avec tant de pathos, n’a jamais été compris par lui comme un « Tu ne mettras pas à mort le vivant en général ». « Le seul autre’ que considère l’impératif de l’injonction éthique, c’est l’ ’autre homme’, l’autre comme homme. » Lassitude devant une philosophie vouée à « découvrir, sinon à égrener toujours encore le propre de l’homme ».

Élisabeth de Fontenay doute finalement de l’efficacité morale que peut avoir l’expérience du « ravissement éthique par le visage », qui fonde toute la philosophie lévinasienne. Une fondation trop mince pour soutenir les nécessaires combats que doivent mener les hommes de notre temps, en particulier un combat écologique pour protéger la vie des animaux, la vie dans les animaux, et par extension la vie de la nature, de la terre-mère. Cette métaphore n’est pas ridicule.

Elisabeth de Fontenay ignore la philosophie éthique de Schweitzer. Si elle la connaissait, elle estimerait peut-être que son efficacité, son utilité morale est plus grande que celle de la philosophie de Lévinas, qu’elle répond mieux aux besoins et signes de notre temps.

La religion dans l’éthique

Le communisme aura été la grande foi du XXe siècle, soulevée par une immense espérance eschatologique placée, dans la réalisation d’un monde de justice, de prospérité et de fraternité. Même si le vert sera la couleur du XXIE siècle (slogan !) et bien que l’écologie en ses premiers temps, nous l’avons dit, ait été mouvement quasi messianique qui se présentait comme la voie du salut (mais ce messianisme fut justement un héritage, une prolongation de l’eschatologie révolutionnaire qui survivait dans le gauchisme), je ne pense qu’elle devienne la grande foi de l’avenir, parce que son principe premier n’est pas l’espérance, mais la responsabilité, et qu’il importe de résoudre rationnellement, techniquement et aussi moralement, certes, d’énormes problèmes qui se posent à l’humanité entière.

Le sens de la vie des hommes, leur progrès, sera de traiter ces problèmes, d’oeuvrer à leur solution possible. (Réparer la couche d’ozone, décontaminer les nappes phréatiques, dépolluer les mers et les fleuves, reboiser des portions de l’Amazonie et des forêts d’Asie, maîtriser la croissance démographique, sortir du nucléaire, développer les énergies alternatives, développer une agriculture vivrière, écobiologique, etc…)

On n’aura pas le temps de s’ennuyer ni de se complaire à des délices métaphysiques ou mystiques. L’écologie sera une composante essentielle de l’action planétaire citoyenne, et non une religion ou une idéologie. « Avec les progrès de la science et des techniques, le travail de la civilisation ne deviendra pas plus facile, mais au contraire plus difficile. »

Une pensée éthique rationnellement élaborée sera nécessaire pour orienter et obliger les consciences. Ce sera une éthique au moins apparentée à celle que développa Schweitzer. Une éthique du respect pour la vie et de la responsabilité infinie envers tout ce qui vit. Si elle ne sera toujours pas reconnue historiquement, ce qui après tout n’est pas si grave, on en retrouvera du moins l’inspiration, on la réinventera !

C’est justement dans cette phase de notre évolution où nous prenons à la fois conscience de notre puissance (si terrible que nous pouvons détruire les bases de notre existence) et conscience des limites de cette puissance, ainsi que des limites de notre science, que l’anthropocentrisme se trouve peut-être définitivement ébranlé. Il n’est plus possible de penser sérieusement que l’homme est la mesure de toutes choses, la mesure du monde, il ne l’est même pas de « son » monde.

Place alors (retour ?) à un théocentrisme ? Ou à une mystique agnostique - ou un agnosticisme mystique ? Compatible, à mes yeux, avec l’esprit du christianisme, avec un christianisme spiritualisé. « Le respect de la vie nous conduit à une relation spirituelle avec le monde, indépendant de toute connaissance de l’univers. » Par l’éthique du respect de la vie, on pourrait dire : par son éthos, son habitus, son exercice (quotidien et politique, dans les petites comme dans les grandes choses), les hommes deviennent « pieux d’une façon élémentaire, profonde et vivante ».

Étant entendu que « c’est l’élément éthique qui décide de la valeur spirituelle d’une religion ». Le protestantisme (particulièrement, insisterais-je, le protestantisme libéral) se permet de penser que toutes les situations où l’humanité reconnaît son cheminement religieux trouvent dans les rapports éthiques leur signification spirituelle, c’est-à-dire leur « vérité pour adultes ».

Référence : Jean-Paul Sorg - Evangile & liberté n° 135

Autres lectures possibles : ANIMAL ET CHRISTIANISME

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    Une éthique du respect de la vie exprimée par Albert Schweitzer- Par By Maison Schweitzer- 4 mai 2017 – Documentation Association Internationale Dr. Albert Schweitzer – Autrice : Jenny Litzelmann
    Albert Schweitzer a été le premier à utiliser la formule définissant le « Respect de la vie » pour fonder une éthique qu’il voulait élémentaire et universelle. « Je suis vie qui veut vivre, entouré de vie qui veut vivre », voilà ce qui, selon lui, devrait s’imposer de façon claire et immédiate à chaque conscience. Il y a derrière cette phrase, qui fait du respect de notre propre vie et de celle des autres deux choses absolument inséparables, beaucoup plus qu’une pensée écologique.

C’est une critique de la société pas très tendre, mais pourtant réaliste et d’une actualité surprenante, qu’Albert Schweitzer nous livre dans le deuxième chapitre de La civilisation et l’éthique, « Comment notre vie économique et spirituelle crée des obstacles à la civilisation  ». Ouvrage majeur du Prix Nobel de la Paix, malheureusement peu connu puisqu’épuisé depuis longtemps dans les librairies françaises, selon lequel la véritable civilisation serait celle qui réussirait à généraliser le respect de la vie.

Albert Schweitzer peut donc être considéré, à juste titre, comme l’un des précurseurs de l’écologie, bien qu’il existe une différence entre la pensée schweitzérienne et le courant écologiste actuel. Une différence importante qui nous indique que nous ne sommes peut- être pas en train de faire les choses dans le bon ordre.

Alors que nous sommes habitués à entendre qu’il faut sauvegarder la diversité biologique afin de garantir la survie de l’espèce humaine, Schweitzer insiste ainsi sur le fait qu’il faut d’abord respecter la vie spirituelle, au sens large, de l’individu. Seul le développement de la vie spirituelle des individus fait émerger les valeurs nécessaires au respect de la vie, ainsi que la motivation de les appliquer.

La collectivité et l’ensemble des institutions ont donc un rôle majeur à jouer car elles doivent garantir aux individus le développement, c’est-à-dire le respect, de leur vie spirituelle. Sans cela, le respect de toutes les autres formes de vie, humaines, animales, végétales, risque de rester une idée qui touchera les plus sensibles ou les plus favorisés, pas assez nombreux pour porter toute une civilisation.

Si Albert Schweitzer propose des objectifs proches de ceux des écologistes, la même méthode pour les atteindre est différente. Pour lui le respect de la vie dépasse de beaucoup le respect de la vie biologique, qui ne va pas très loin si on ne considère pas en même temps le respect de la vie spirituelle. Un individu en mesure de participer au développement de la civilisation est un individu réfléchi, qui doit pouvoir concevoir un idéal, et indépendant, c’est-à-dire libéré du souci permanent de lutter pour sa propre vie afin de réaliser cet idéal au profit de la collectivité. « Mais de nos jours, la liberté, comme le temps de la réflexion, sont en régression », écrivait-il, conséquence du surmenage dont Schweitzer parlait déjà vers 1915.

« Depuis deux ou trois générations, quantité d’individus ne sont plus que des machines de production et non des hommes, peut-on notamment lire sous sa plume. Tout ce qu’on raconte sur la valeur morale et culturelle du travail ne signifie plus rien pour eux. L’esprit de l’homme moderne s’enlise dans l’accumulation démesurée d’occupations accablantes, et cela dans tous les milieux sociaux. L’enfant est déjà la victime indirecte de ce surmenage. Ses parents, prisonniers de l’inexorable lutte pour la vie, ne peuvent pas se consacrer normalement à lui, ce qui le prive de choses irremplaçables pour son développement. Plus tard, submergé lui-même par des occupations incessantes, il est poussé à rechercher des distractions extérieures faciles. Passer ses maigres loisirs en tête-à-tête avec lui-même à réfléchir et à lire, ou bien en compagnie d’amis à s’entretenir de sujets intéressants, exigerait de lui un effort qui lui répugne. Ne rien faire, se distraire pour se changer les idées et pour oublier, tel est son besoin physique de détente ; il aspire à ne plus penser à rien. » C’est ainsi que l’esprit de superficialité s’empare de la société et des institutions qui vont en retour aggraver cet état d’esprit en allant dans le même sens, comme par exemple les médias, qui « doivent flatter de plus en plus les goûts de leur clientèle et choisir la présentation la plus spectaculaire et la plus facile à assimiler. »

En plus du surmenage, de la perte de liberté et de réflexion, viennent s’ajouter le cloisonnement et la spécialisation des individus contre le respect de leur vie spirituelle. En effet, lorsque notre travail ne consiste plus qu’en la réalisation d’un détail au sein d’un projet beaucoup plus vaste dont on perd la vision d’ensemble, nous sommes poussés à déprécier la valeur de ce travail. La spécialisation « réduit les hommes à n’être plus que des fragments d’eux-mêmes. Les résultats obtenus sont certes magnifiques, mais la signification spirituelle du travail pour le travailleur en souffre […]. Sa réflexion, son imagination, son savoir ne sont plus tenus en éveil par les problèmes qui surgissent toujours à nouveau. Ses dons de créateur et d’artiste s’atrophient. Au lieu de prendre normalement conscience de sa valeur devant une œuvre qui est entièrement le fruit de sa réflexion et de sa personnalité, il doit se contenter de jouir d’une fraction de sa capacité de réussite. »

La démonstration est claire : l’augmentation démesurée de la production matérielle force au rendement, et de là à la spécialisation qui est plus « efficace », et au surmenage qui pousse l’individu à ne rien faire en dehors du travail dans lequel il ne se réalise pas non plus.

Cette augmentation de production matérielle conduit donc à « une chute de notre spiritualité en tant qu’individus  ». Comme si toutes ces conditions fort peu favorables au respect de la vie et au sentiment humanitaire ne suffisaient pas, vient encore s’ajouter la « super-organisation de la société » qui, en imposant des règlements de plus en plus compliqués et un contrôle de plus en plus omniprésent, tue dans l’œuf les initiatives personnelles.

Le respect de la vie, le « je suis vie qui veut vivre » exige que soient créées les conditions dans lesquelles peuvent apparaître la créativité et l’originalité des individus, ainsi que les conditions de leur réalisation. Or « à partir d’un certain degré, l’organisation se fait aux dépens de la vie de l’esprit. Les personnalités et les idées sont alors assujetties aux institutions, au lieu de les dominer et de leur insuffler la vie. […] Plus l’organisation est fortement structurée et plus son action paralysante freine l’activité créatrice et spirituelle des individus. […] La transformation d’une forêt en un parc soigneusement entretenu peut être utile dans bien des cas. Mais c’en est fini alors de la riche végétation qui assurait naturellement le maintien des essences pour l’avenir. »

Nous avons ainsi d’un côté les collectivités qui cessent d’être des organismes vivants pour n’être plus que des « machines perfectionnées », et de l’autre, les individus surmenés rendus par là- même très réceptifs aux idées toutes faites de ces collectivités, qui n’ont plus besoin de se justifier devant « la raison individuelle ».

Si la vie et sa puissance créatrice ne peuvent s’exprimer qu’à travers l’individu, le respect de la vie commence donc par le fait de rendre possible cette expression. Le malaise provoqué par la conclusion de Schweitzer, en temps de Première Guerre mondiale, n’est que renforcé par son actualité : « Autrefois, la société portait les individus, aujourd’hui elle les écrase. La faillite des nations civilisées, qui s’avère plus manifeste de décennie en décennie, précipite l’homme moderne à la ruine. La démoralisation de l’individu par la collectivité est en pleine marche. Un homme asservi, surmené, déshumanisé, réduit à n’être qu’un fragment de lui-même, un homme qui aliène son indépendance d’esprit et son jugement moral à la société super-organisée, un homme victime des entraves de tout genre qui font obstacle à sa culture, tel est celui qui chemine actuellement sur le sombre sentier d’une sombre époque. »

Pourtant, Albert Schweitzer est connu pour être une incarnation de l’optimisme. Sa vie entière est la démonstration que l’individu reste toujours en mesure de briser ce cercle vicieux. L’œuvre de Schweitzer est, sans conteste, celle d’un homme libre, complet et profondément humain. Il n’a peut-être pas échappé au surmenage, mais celui qui est imposé de l’extérieur par un travail aliénant n’a rien à voir avec celui que s’impose lui-même un homme libre qui veut réaliser un idéal. Et Schweitzer doit savoir de quoi il parle quand il évoque la difficulté de réaliser des initiatives personnelles au sein d’une société super-organisée.

Lorsqu’il était directeur du STIFT à Strasbourg, il avait ainsi vainement tenté de fonder un orphelinat. Sa candidature en 1905 auprès des missions évangéliques de Paris fut rejetée et ce n’est peut-être pas tout à fait un hasard s’il est finalement parti au milieu de la forêt vierge, uniquement accompagné de son épouse Hélène, sans plus demander d’aide d’aucune collectivité ou organisation. Il a tenu à garder son indépendance jusqu’au bout.

Addenda – Selon Wikipédia - Le Stift – ou Collège Saint-Guillaume1 – est un établissement protestant luthérien de Strasbourg, héritier du Collegium Wilhelmitanum fondé au XVIe siècle au moment de la Réforme pour permettre aux étudiants démunis d’étudier la théologie. De nos jours, il sert principalement de foyer et de restaurant universitaire. Ouvert en priorité aux étudiants de la faculté de théologie protestante de Strasbourg, il accueille aussi des étudiants « engagés » de tous cursus et toutes religions2. Les biens du Stift sont gérés par la fondation Saint-Guillaume, elle-même administrée par le chapitre de Saint-Thomas. Le Stift désigne également à présent le bâtiment du XVIIIe siècle dans lequel il se trouve, appartenant au chapitre, au 1a et 1b quai Saint-Thomas, et qui abrite aussi la Médiathèque protestante de Strasbourg. Le Stift a pour devise Benedictus benedictat sanctificet servet (« Que celui qui a été béni, bénisse, sanctifie et serve2. »)…. - Source de l’article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Stift_(Strasbourg)

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Schweitzer savait très bien tout ce qu’impliquait le respect de la vie, avant même de pouvoir le formuler. Son instinct d’homme libre l’avait déjà poussé à se fabriquer lui- même les conditions propices à la définition de ce concept qui allait devenir philosophie. Son village-hôpital est ainsi une manifestation permanente du respect de la vie dans tous ses aspects. D’abord, bien sûr, parce qu’on y soignait des milliers de personnes : les douleurs du corps doivent être soulagées pour que l’esprit soit libre, disait Schweitzer. Mais aussi parce qu’on y soignait également des milliers d’animaux et qu’on ne sacrifiait pas un palmier pour une simple fête de Noël : il fallait le déterrer puis le replanter.

Les patients étaient libres d’aller et de venir, de mener une vie sans être perturbés dans leurs coutumes, de travailler aussi, parce que le fonctionnement de l’hôpital l’exigeait, certes, mais surtout parce que c’est dans le sentiment d’utilité que l’on se réalise, comme ces malades de l’esprit qui s’occupaient du jardin et demandaient à rester à l’hôpital après leur guérison.

Beaucoup de collaborateurs ont aussi pu y réaliser leur vocation et Schweitzer exigeait deux une certaine polyvalence. Pas question de se spécialiser et de ne pas pouvoir remplacer un autre quand les circonstances l’exigeaient. C’est en quelque sorte une petite société correspondant à son idéal que Schweitzer a essayé de recréer à Lambaréné.

Ne pas écraser un insecte inutilement et permettre aux individus d’atteindre leur plus haut degré de réalisation spirituelle sont deux aspects d’une seule et même éthique. Il suffit d’en négliger un pour que l’autre ne soit jamais totalement atteint. Toutes les volontés de vie sont égales. « Je suis vie qui veut vivre, entouré de vie qui veut vivre ».

Jenny Litzelmann (Publié dans Les Saisons d’Alsace, Hors-série février 2013, p.34-41)

Référence : la notion de droits de l’animal et ses conséquences philosophiques. Par Jenny Litzelmann - Projet de thèse en Philosophie - Sous la direction de Georges Chapouthier et de Bernard Baertschi. Thèses en préparation à Paris 1 en cotutelle avec l’UNIVERSITE DE GENEVE, dans le cadre de Philosophie, en partenariat avec Institut d’Histoire et de Philosophie des Sciences (IHPST) (equipe de recherche) depuis le 01-12-2005. Source : http://www.theses.fr/s91429

Accueil - Association Internationale Dr Albert Schweitzer

Source : https://www.schweitzer.org/le-respect-de-la-vie/

Accueil - Association Internationale Dr Albert Schweitzer - www.schweitzer.org - Retrouvez toute l’actualité de la Maison-Musée Albert Schweitzer et de l’AISL (Association Internationale) basée à Gunsbach – Alsace - France.

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« Je suis vie qui veut vivre, entouré de vie qui veut vivre. » Précurseur de l’écologie, Albert Schweitzer a été le premier à utiliser la formule du « respect de la vie » pour fonder une éthique qu’il voulait élémentaire et universelle. Le respect de notre propre vie et de celle des autres sont deux choses absolument inséparables, telle est la prise de conscience qui devrait s’imposer de façon claire et immédiate à chacun d’entre nous.
Théodore Monod présentait son ami le Dr Albert Schweitzer, « tour à tour musicien, théologien, penseur et médecin », comme « l’un de ces hommes qui aujourd’hui empêchent quand même de désespérer tout à fait de l’humanité ».
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Source : https://halldulivre.com/livre/9782081476394-respect-et-responsabilite-pour-la-vie-albert-schweitzer/

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    Albert Schweitzer (1875-1965) : un visionnaire, écologiste avant l’heure - Par jack mandon (son site) vendredi 9 octobre 2009 – Document ‘agoravox.fr’
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Au coeur de la jungle équatoriale africaine, dans un pays majestueux, envoutant et meurtrier, un conquérant pacifique débarquait.

Robinson des temps moderne, dans ce siècle nouveau en mutation, il accomplissait d’instinct un acte contemporain. Dans un premier temps, il demandait l’asile respectueusement, avec son équipe de soignant, pour un long et laborieux temps.

Septembre 1965, j’appris la nouvelle du décès d’Albert Schweitzer. Je vivais alors dans un séminaire protestant, j’effectuais ma première année de théologie. La nouvelle fut commentée avec émotion et ferveur, en adéquation avec mon environnement.

C’était au temps où la critique et la contestation laissaient largement la place à l’idéalisme et au respect inconditionnel pour les anciens. Pour ceux qui nous ouvraient la voie, bonne ou mauvaise, ils étaient de « bonne foi ». Pour cela ils méritaient, nous le pensions, notre considération et notre affection. La bonne foi est respectable, la critique, également, mais surtout avec le recul.

Pour Albert Schweitzer, l’influence de Nietzsche, à travers ses deux livres de maturité que sont « Le Gay Savoir » et « Ainsi parlait Zarathoustra »représentait un risque pour l’humanité. « Dieu est mort ». Cette inscription apparaitra plus tard à l’entrée des camps d’extermination érigés par les nazis. En Europe, la croyance en Dieu disparait, mais également le mythe du libre arbitre, le mythe du « bien et du mal »

Ainsi, un jour, un « surhomme » assumerait son irresponsabilité, admirerait le cours des choses, l’enchainement des évènements. Tout sépare la philosophie moderne de Nietzsche, des principes judéo-chrétiens d’Albert Schweitzer.

Ces deux philosophies, pour l’essentiel, sont à l’oeuvre de concert dans le monde moderne, avec des alternatives elles prennent des formes complexes. Les problèmes naissent de l’une et de l’autre et de leurs interactions. Le merveilleux et l’extraordinaire côtoient la misère très présente en forme d’apocalypse, dans un contraste assourdissant, éclaboussant, aveuglant, schyzophrénique. Quel courage et quelle intelligence déployées chez les hommes pour se maintenir, funambules au-dessus du néant, avec autant de désinvolture pour les plus favorisés, et autant de résignation pour les déshérités...beaucoup de révolte légitime pour tous les autres.

Le bon sens de la terre, Albert Schweitzer le distillait et le distribuait avec sa simplicité légendaire. Ses titres universitaires étaient impressionnants. Musicien, musicologue, organiste, théologien, pasteur, écrivain, philosophe et médecin, prix Nobel de la paix 1952...mais surtout jardinier et ouvrier du bâtiment pour son hôpital et son village de Lambaréné. Avant-gardiste, il cheminait avec un siècle d’avance sur son époque. C’est encore un modèle pour tous les aventuriers respectueux de l’écologie des lieux, attentifs à l’environnement humain, animal et végétal. Je crois qu’il eut en Inde son alter égo en la personne du mahatma Gandhi.

Il avait vu le jour Kaysersberg (Haut-Rhin), en Alsace alors annexée par l’Allemagne, dans une période où la colonisation sévissait sur toute la surface de la terre. En France on entendait ceci :

« Je vous défie de soutenir jusqu’au bout votre thèse qui repose sur l’égalité, la liberté, l’indépendance des races inférieures. Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures. » Jules Ferry (1832-1893 ; Débats parlementaires du 28 juillet 1885)

« La colonisation en grand est une nécessité politique tout à fait de premier ordre … La conquête d’un pays de race inférieure par une race supérieure n’a rien de choquant … » Ernest Renan (1823-1892 ; La réforme intellectuelle et morale 1871)

« Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures » Jules Ferry.

Le contexte politique et social posés, il faut compter avec l’histoire. Cependant, Albert Schweitzer fut souvent contesté dans ses conceptions philosophiques, ses pratiques médicales et sa vision de l’histoire, de l’Afrique et de ses habitants.

« Il aurait fallu qu’il fût autre chose qu’un médecin ordinaire et son hôpital un bidonville. Il aurait fallu qu’il eût une conception plus humaine et plus digne de l’hospitalisation de l’homme noir malade. (...) Pourquoi n’a-t-on pas dit que sur l’autre berge du fleuve Ogooué, en face de lui, existait un autre hôpital, plus moderne, celui-là, avec une maternité pleine d’accouchées et un service de chirurgie très bien équipé, d’autres médecins, ceux du Corps de Santé Colonial qui possédaient une plus grande expérience que lui, et d’autres malades qui recevaient des soins au moins aussi convenables que ceux dispensés dans son hôpital. (...) Pourquoi n’a-t-on pas dit non plus, que considérer l’Afrique comme un continent figé et l’homme noir comme incapable d’évoluer, était une erreur de la part de Schweitzer ? (...) inscrire comme prioritaire la médecine curative et individuelle, comme le fit Schweitzer, constituait une erreur majeure dans l’appréciation de l’action sanitaire à mener (...) en Afrique. (...) A quoi bon soigner quelques ulcères et faire des extractions dentaires si des centaines de malades mouraient de la maladie du sommeil ? » - André Audoynaud, Le docteur Schweitzer et son hôpital à Lambaréné : l’envers d’un mythe, Paris, L’Harmattan, 2006, ISBN 2-7475-9499-8, 9782747594998, pp. 35-36, passage consultable sur Google Books

La médecine s’interroge sur la popularité d’un homme aussi marginal, un médecin « ordinaire »qui reconstitue un univers de soins dans un cadre vierge, avec des malades qui se présentent avec toute leur famille et leurs animaux domestiques. Les différences ethniques sont respectées, les habitudes et coutumes acceptées. Des concepts et pratiques ancestrales appliquées dans un bon sens naturel et culturel.

Quelle est la part d’erreur dans cette aventure qui connut un succès planétaire ? L’immense reconnaissance de cet homme hors du commun vient en partie de sa grande capacité de communication. C’est un facteur essentiel de guérison, certainement plus puissant et moins nocif que les médicaments aux effets secondaires destructeurs. En cela, la médecine officielle se trompe. Il ne suffit pas de posséder l’infrastructure médicale, qui d’ailleurs ressemble de plus en plus à une immense banque ou la spéculation médicamenteuse et financière va bon train et où les infirmières sont réduites à l’esclavage, fatiguées et sous payées. Hôpitaux où l’on rencontre des médecins chercheurs plus que soignants, mais souvent d’excellents gestionnaires.

Je me suis toujours demandé pourquoi les médecins célèbres portaient des noms de bacilles, comme les astronomes antiques des noms d’étoiles. Pour les seconds cela présente l’avantage de la musicalité poétique. Dans les deux cas ça manque de modestie.

« L’homme n’est éthique que lorsque la vie en elle-même, aussi bien celle des plantes que celle des animaux lui est sacrée, comme celle des hommes, et lorsqu’il se dévoue pour porter aide à une vie qui est en danger. Seule l’éthique universelle d’une vie qui se sent démesurément responsable à l’égard de tout ce qui vit peut se justifier en pensée. » « L’éthique du respect de la vie comprend donc en elle-même tout ce que couvrent les notions d’amour, de dévouement, de partage de souffrances, de partage de joies et d’engagement pour le bien. »

« L’élément essentiel de la civilisation est le perfectionnement éthique de l’individu aussi bien que de la société. Mais réciproquement tout progrès spirituel ou matériel a son importance pour la civilisation. La volonté de civilisation est donc une volonté universelle de progrès qui reconnait l’éthique comme la plus haute des valeurs. Quelque importance que nous attachions à la science et au pouvoir humain, il est pourtant évident que seule une humanité poursuivant des fins morales peut bénéficier dans une pleine mesure des progrès matériels et triompher en même temps des dangers qui les accompagnent. »

Son refus de modifier les coutumes indigènes - ce qui le condamnait à garder à son hôpital un côté archaïque ; à son aspect bourru comme ses réactions paternalistes, Albert Schweitzer avait, sur beaucoup d’autres, l’avantage de mettre sa vie en harmonie avec ses principes philosophiques et religieux.

Fixé dans un des lieux les plus reculés de l’Afrique il décide d’y mourir loin de sa patrie et de sa famille : « Je vous appartiens, dit-il aux Gabonais, jusqu’à mon dernier souffle. »

Docteur Albert Schweitzer envoyé par albertschweitzer. - Les derniers test hi-tech en vidéo.

Document joint à cet article : photo portrait d’Albert Schweitzer

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Quelques commentaires :

morice 9 octobre 2009 12:23

euh, encore un texte un peu trop dithyrambique à propos de ce bon docteur... l’envers du mythe a pourtant été écrit il y a longtemps :

http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr/BOOK/audoynaud-andre/le-docteur-schweitzer-et-son-hopital-a-lambarene,1310286.aspx

http://www.numilog.com/catalogue.asp?chaine_rech=23313&radio_rech=Auteur&pagenext=0

Résumons :

« Pour les uns, il était le « Saint de la jungle », le « Grand Docteur », le « Chirurgien héroïque », le « premier humanitaire », le « plus grand homme du monde », et son hôpital était qualifié de « véritable Eden », « d’endroit où les médecins sont meilleurs que partout ailleurs » et de « phare pour tous les hôpitaux du monde ». Pour d’autres, ses détracteurs, il était un « époux mufle et égoïste », un « père indigne », un « colonialiste charitable », un « conservateur refusant le progrès », et son hôpital qualifié de « bidonville ». http://www.dacb.org/stories/gabon/f-schweitzer1_albert.html

« Son approche était autocrate et paternaliste, et il avait une attente assez basse de la capacité intellectuelle des africains. »

« Il entretenait l’idée que »l’éthique, c’est la pitié« et il semblait ne pas avoir d’illusions sur l’égalité entre les civilisations traditionnelles et occidentales. Son modèle biblique venait de la parabole de Lazare et l’homme riche. Schweitzer se voyait comme l’homme riche à la table, obligé de partager ce qu’il avait avec le pauvre mendiant. Il a critiqué l’exploitation des africains, mais surtout parce qu’il voyait là une preuve de l’échec moral de l’ouest civilisé plutôt que parce qu’il avait un sens inhérent de l’injustice ». 

 « Quand Schweizer s’est opposé aux essais nucléaires dans les années 1950, c’était à cause des effets sur la vie animale et végétale, et non pas par opposition à l’emploi des armes nucléaires, si cela devenait nécessaire. Son point de vue, c’était celui du colonialiste, un point de vue à la fois affiné et paternaliste. »

Psychologiquement, il était connu pourtant, cher auteur... relativisons, donc....

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 jack mandon 9 octobre 2009 13:51

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Auteur de l’article : jack mandon - Travaux de psychologie des profondeurs et graphologie judiciaire, Institut jungien, A. Teillard, Paris Diagnostic expérimental des pulsions selon Szondi, recherches, applications, conseil et orientation. Diplômé en psychologie, j’ai présenté 6 mémoires dont voici l’énoncé : La roue de médecine : Théâtre de nos archétypes, fondement ancestral, La mythologie personnelle : Activation (...) - Lire la suite

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Addenda - Personnalité d’Hélène Bresslau Schweitzer – Traduction de Jacques Hallard

Date de naissance : 25.01.1879 - Date de décès : 01.06.1957 - Catégories : Linguiste, Infirmière, Philanthrope, Personnalité publique, Sociologue - Nationalité juive -

Helene Bresslau Schweitzer (25 janvier 1879 - 1er juin 1957) était cofondatrice de l’hôpital Albert Schweitzer, missionnaire médicale, infirmière, assistante sociale, linguiste, passionnée de médecine publique, éditrice, féministe, sociologue, mère et épouse/confidente d’Albert Schweitzer. Albert, missionnaire médical, n’a pas mentionné son rôle dans ses efforts. Selon l’écrivain Mary Kingsley, elle est ’une forme d’être humain dont les louanges n’ont jamais été suffisamment chantées, à savoir l’épouse du missionnaire’. Bien qu’une grande partie de son œuvre semble écraser la sienne, elle a joué un rôle essentiel dans l’avancement de la médecine, de l’indépendance féminine et de la justice sociale.

Début de la vie

Hélène Bresslau Schweitzer est née dans la famille Bresslau le 25 janvier 1879 à Berlin. Sa famille maternelle était d’origine juive, mais elle a été baptisée dans la religion chrétienne en raison de l’antisémitisme généralisé. Les Bresslaus déménagent en Alsace, en France, lorsqu’elle a onze ans, en raison d’une nouvelle opportunité de travail pour son père. Son père, Harry Bresslau, commence à travailler à l’université de Strasbourg et finit par en devenir le recteur. En raison de ce déménagement, Schweitzer a adopté le français, qu’elle maîtrise assez rapidement.

En 1898, Bresslau a rencontré son futur mari, Albert Schweitzer, lors d’un mariage. Peu de temps après, ils ont développé une relation qui incluait la séparation, l’indépendance et des comportements non exclusifs. Cela leur a permis de développer leur vie tout en profitant de la compagnie, de la conversation et des vertus de l’autre. La seule chose qui les unit est leur idéologie commune : prendre soin des autres.

Hélène Bresslau est devenue la confidente d’Albert, mais n’a pas abandonné sa propre vie pour la sienne. En fait, ils passaient beaucoup de temps loin l’un de l’autre et entretenaient une relation non traditionnelle (ensemble mais non exclusive). Ils se sentaient en sécurité en restant indéfinis en tant que couple, s’appuyant sur leur amitié à travers des lettres documentées.

Le tournant de leur relation se produit lorsqu’ils se marient le 18 juin 1912 à Gunsbach. À ce moment de leur vie, ils ont tous deux décidé de se marier et de partir en Afrique pour réaliser leur désir de s’occuper des autres dans le besoin. Elle quitte son emploi à l’orphelinat et suit des cours d’infirmière de niveau supérieur pour parfaire ses connaissances avant de partir. Le Vendredi saint de 1913, elle se rend avec Albert à Lambaréné, au Gabon, et commence son aventure de missionnaire médicale.

Éducation et développement professionnel

À l’âge de 6 ans, Hélène Bresslau fréquente l’école ‘Queen Charlotte’s School’. En 1890, elle est transférée au lycée de filles Lindner à Berlin. Elle entreprend des études de musique dans un conservatoire de musique de 1897 à 1899. Après avoir obtenu son diplôme d’enseignante en un an au lieu des deux habituels, elle travaille comme enseignante en Angleterre en 1902. Poursuivant sa passion pour l’apprentissage, Hélène Bresslau suit des cours d’histoire médiévale, moderne et de l’art à l’université de son père, l’université de Strasbourg. En ce qui concerne la musique, elle prend des cours de chant et de piano.

Un domaine d’étude qui intéresse Hélène Bresslau est celui des soins infirmiers. Elle s’est inscrite à la ‘Protestant Deaconess’ Society’ le 1er janvier 1904 ’pour suivre un cours d’infirmière’. Ensuite, elle a été affectée à un cours d’infirmière de trois mois à Stettin. Le 1er avril 1905, elle fait une pause dans ses activités d’infirmière et se lance dans le travail social. Malgré tout, l’exploration d’un autre domaine que celui des soins infirmiers l’a laissée ’avide de combler les lacunes’ de ses connaissances en la matière.

Elle change de direction d’étude lorsqu’elle devient inspectrice municipale des orphelins en 1905. Elle a conservé ce poste de 1905 à 1909. Cet effort s’explique en grande partie par son propre objectif d’améliorer la sphère sociale. Cependant, l’’atmosphère juive’ de son foyer l’a largement influencée, car on lui a appris à ’rendre la pareille’. Avant et après cet emploi, toutes ses initiatives étaient fondées sur ses propres émotions et objectifs, sans l’influence d’Albert. Dans une de ses lettres, il note ’c’est vous qui avez gagné, heureuse d’avoir trouvé une tâche qui remplira votre vie, et vous l’avez fait avant moi’, en parlant de son travail social dans l’administration des orphelins de la ville de Strasbourg.

Le 1er octobre 1909, Schweitzer ’s’inscrit comme élève à l’école d’infirmières de la Société des diaconesses protestantes de Francfort, à l’hôpital de la ville’ pour approfondir ses connaissances dans la profession, commençant ainsi sa carrière d’infirmière.

Travail missionnaire - Voyage avec Albert Schweitzer

Hélène Schweitzer et Albert partageaient un objectif commun : contribuer à améliorer la médecine et le bien commun à Lambaréné, au Gabon. Au tout début de leur voyage, Schweitzer a écrit dans son journal que ’nous sommes vraiment amoureux de l’Afrique’. Au printemps 1913, Schweitzer et Albert se sont mis en route pour établir un hôpital (l’hôpital Albert Schweitzer) près d’un poste de mission déjà existant. Le site était à près de 200 miles (14 jours de radeau) en amont de l’embouchure de l’Ogooué à Port Gentil (Cap Lopez) (et donc accessible aux communications externes) mais en aval de la plupart des affluents, de sorte que les communications internes au Gabon convergeaient vers Lambaréné.

Le voyage pour apporter des améliorations médicales en Afrique a permis à Schweitzer de se perfectionner. Patti Marxsen écrit que ’la capacité de Schweitzer à travailler dur dans un environnement difficile peut être interprétée comme la preuve que son indépendance acquise à Strasbourg était désormais inébranlable. Pour Helene Schweitzer, alors âgée de trente-quatre ans... une vie en Afrique a offert une chance d’intégrer de multiples aspects de l’identité moderne, peut-être même plus que cela n’aurait été possible en Europe’.

Hélène Schweitzer s’était déjà intéressée aux soins infirmiers et au domaine médical avant qu’Albert ne s’engage dans la médecine. Par conséquent, Schweitzer a joué un rôle essentiel dans son travail, en agissant comme une influence possible. Au cours des neuf premiers mois, Schweitzer et Albert ont eu environ 2 000 patients à examiner, certains parcourant plusieurs jours et des centaines de kilomètres pour le rejoindre. Pendant son séjour en Afrique, elle a travaillé comme infirmière et a aidé à l’hôpital. Elle a joué un rôle essentiel dans les efforts d’assainissement, notamment en préparant le matériel médical pour les interventions chirurgicales. Schweitzer était anesthésiste pour les opérations chirurgicales.

Les défis

Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté à l’été 1914, les militaires français ont placé Schweitzer et Albert, Allemands dans une colonie française, sous surveillance à Lambaréné, où ils ont poursuivi leur travail. En 1917, épuisés par plus de quatre ans de travail et par l’anémie tropicale, ils sont emmenés à Bordeaux et internés d’abord à Garaison, puis à partir de mars 1918 à Saint-Rémy-de-Provence.

Des problèmes médicaux obligent Hélène Schweitzer à quitter l’Afrique à plusieurs reprises, et parfois Albert l’empêche de revenir. Lorsqu’Albert décide de retourner en Afrique en 1924, il prend comme assistant un étudiant d’Oxford, Noel Gillespie, laissant Hélène Schweitzer derrière lui. Après la naissance de leur fille (Rhena Schweitzer Miller), Hélène Schweitzer n’est plus en mesure de vivre à Lambaréné en raison de sa santé. En 1923, la famille a déménagé à Königsfeld im Schwarzwald, dans le Bade-Wurtemberg, où Albert construisait une maison pour la famille. Cette maison est maintenant entretenue comme un musée Schweitzer.

Son non-retour à Lambaréné était un sacrifice fait ’par son mari, pas pour lui’. Elle a écrit sur son non-retour, le décrivant comme une ’question pratique’, mais elle n’a ’jamais accepté une séparation de trois ans et demi’ de son mari. Malgré sa mauvaise santé, elle s’est occupée de sa fille, s’est engagée dans l’Association d’aide aux hôpitaux et s’est inscrite à un cours de médecine tropicale de trois semaines à l’Institut médical missionnaire de Tubingen, en Allemagne. En tant que défenseur de la maternité, elle s’est occupée avec plaisir de sa fille et a continué à développer ses compétences personnelles. Hélène Schweitzer restait toujours engagée dans l’aide à l’hôpital de la mission.

En 1929, après avoir reçu un traitement pour une pneumonie, Hélène Schweitzer est retournée à Lambaréné pour voir les progrès de son mari Albert avec le nouvel hôpital. Peu après son arrivée, cependant, elle a développé une forte fièvre et a été obligée de quitter l’hôpital et son mari pour retourner en Europe afin de se faire soigner. Après s’être rétablie, elle utilisa ses talents d’écrivain et commença à rédiger l’autobiographie de son mari. Ses compétences en anglais lui ont également ouvert les portes de ’l’art oratoire et du réseautage aux États-Unis’. Le 1er décembre 1930, un journal allemand imprime l’un de ses discours. Elle y décrit le concept de son mari, la Communauté des marques de la douleur. Elle transformait ses difficultés médicales en points positifs, expliquant qu’à travers sa souffrance, elle avait développé une vision compatissante de leur travail dont elle seule pouvait témoigner personnellement.

Consciente que son mari recevrait une grande partie des éloges pour leurs efforts missionnaires, elle entreprit alors de faire connaître son travail. En octobre 1946, elle a commencé à examiner ses documents et à les rassembler afin qu’ils soient compris comme un ’partenaire à part entière’ dans leur travail missionnaire. En outre, elle a commencé des tournées de conférences aux États-Unis en 1937 pour promouvoir l’hôpital Schweitzer.

Complications de santé

Hélène Schweitzer a connu d’énormes problèmes de santé tout au long de sa vie, principalement en rapport avec les poumons. Elle a rencontré la tuberculose pour la première fois avant l’âge de dix ans. Au printemps 1922, on lui a officiellement diagnostiqué une tuberculose laryngée après qu’elle ait présenté des symptômes de ’douleur, de fièvre et de crachats de sang’. En outre, la chaleur de l’Afrique a provoqué de nombreux problèmes respiratoires. En 1915, elle a contracté une phlébite qui lui a valu deux semaines d’alitement thérapeutique. Elle a également eu une pneumonie en 1929, qui l’a presque empêchée de retourner à Lambaréné. Malgré ses poumons déjà affaiblis, elle a terminé le voyage, bien qu’elle ait dû rentrer prématurément en raison d’une nouvelle maladie.

Hélène Schweitzer est décédée le 1er juin 1957, et sa dépouille se trouve à Lambaréné. Lorsqu’Albert est décédé, il a été enterré à ses côtés. La tombe de Schweitzer avec Albert se trouve sur les rives de la rivière Ogooué, marquée par une croix qu’il a lui-même fabriquée.

Héritage

Hélène Schweitzer a grandement contribué au travail effectué à Lambaréné. Modèle de femme indépendante, cultivée et dotée d’une grande curiosité intellectuelle, elle fut ’l’une des premières étudiantes de l’Université de Strasbourg’ et ’l’une des premières employées de l’administration communale’ à l’orphelinat. Son aide dans le système d’aide aux pauvres, le ’Armenpflegesystem’, qui se reflète dans l’aide sociale moderne, a permis de réduire le taux de mortalité illégitime. Créant un précédent en tant que femme missionnaire médicale au début du 20e siècle, elle a établi les effets durables des soins infirmiers et de l’éducation à Lambaréné. Elle a cofondé l’hôpital Schweitzer, documenté une grande partie de l’autobiographie d’Albert et ’soutenu le travail [de la mission] par des conférences et des collectes de fonds’.

Helene Bresslau SchweitzerHelene Bresslau Schweitzer -

Helene Bresslau Schweitzer

http://placenote.info/en

Source : http://placenote.info/en/Helene-Bresslau-Schweitzer

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Addenda - Histoire - Guerre 14-18 : quand la France internait les Schweitzer

En septembre 1917, parce qu’ils étaient des Allemands en territoire français, Albert Schweitzer et sa femme Hélène ont dû quitter Lambaréné et l’Afrique pour être internés dans des camps en métropole. Cet internement a duré onze mois. Le futur prix Nobel de la Paix alsacien est resté philosophe : il s’est efforcé de positiver cette expérience.

Par Textes : Hervé de Chalendar - Photos : Jean-Marc Loos - 03 sept. 2017 à 05:00 -

Dans l’entrée de la Maison Schweitzer, à Gunsbach, une mosaïque rappelle que ce « bienfaiteur de l’humanité » a été fait, en 1955, citoyen d’honneur de la ville de Saint-Rémy-de-Provence. Pourquoi Saint-Rémy ? Parce qu’il a soigné des Saint-Rémois quand il y était interné par la France à la fin de la Première Guerre mondiale. Lorsqu’il a reçu le prix Nobel de la Paix, en 1952, il ne faisait aucun doute pour la France que l’Alsacien Albert Schweitzer était bien français. Mais une quarantaine d’années plus tôt, pour notre pays, ce docteur, pasteur, théologien, musicien et philosophe était à la fois allemand et suspect.

Perçu comme un espion

En mars 1913, Albert Schweitzer et son épouse Hélène, née Bresslau, s’embarquent pour Lambaréné, dans l’actuel Gabon, alors territoire français. En partant exercer la médecine au cœur de l’Afrique noire, l’Alsacien souhaite, rappelle Jenny Litzelmann, directrice de la Maison Schweitzer, contribuer à « réparer les dégâts du colonialisme ». Les autorités françaises ne l’entendent pas ainsi : elles le considèrent plutôt comme un espion à la solde de l’Allemagne…

Dès la déclaration de guerre, début août 1914, Schweitzer, poursuit la directrice, « est placé sous surveillance militaire. Il devait être accompagné quand il se déplaçait. » Cette surveillance l’empêche de revenir en Europe en 1915, afin de quêter des fonds pour son hôpital, et l’oblige à s’endetter. Et en septembre 1917, parce qu’allemand en France, il doit être rapatrié en métropole et interné.

Albert et Hélène, alors âgés de 42 et 38 ans, sont conduits trois semaines dans une caserne près de Bordeaux, puis dans un camp installé dans le sanctuaire marial de Notre-Dame-de-Garaison, dans les Hautes-Pyrénées. Ce camp regroupe alors quelque 900 internés. En mars 1918, le couple est transféré à Saint-Rémy-de-Provence. Cet autre camp est installé dans l’hospice où avait séjourné Van Gogh et réservé aux Alsaciens-Lorrains. Auréolé déjà d’une certaine réputation, le docteur est accueilli par des guirlandes accrochées par ses codétenus… Les Schweitzer seront libérés en juillet 1918, dans le cadre d’un échange de prisonniers avec l’Allemagne.

Dans la chambre numéro 49

S’ils sont dits de concentration, ces camps ne sont pas comparables à ceux de la Seconde Guerre. Ainsi, le couple a droit à sa chambre. Dans la Maison Schweitzer est conservé le panonceau de bois qui se trouvait devant la leur à Saint-Rémy. C’était la 49, et Hélène Schweitzer y était désignée comme « chef de chambre ». Mais ça restait un internement, donc une privation de liberté, longue et injuste, avec une nourriture médiocre, un confort très précaire. « À Garaison, il faisait si froid qu’il y avait du givre sur les murs intérieurs, précise Jenny Litzelmann. Hélène souffrait de la tuberculose et sa maladie s’est aggravée dans les camps… » Albert a attrapé à Bordeaux une dysenterie qui lui vaudra d’être opéré dès son retour à Strasbourg, en septembre 1918.

Assez naturellement, Schweitzer devient le médecin des internés, voire des habitants des alentours. Quand il soignait les Saint-Rémois, il acceptait en paiement de la nourriture redistribuée à ses compagnons. Dans son autobiographie « Ma vie et ma pensée », parue à Leipzig en 1931, l’Alsacien a raconté comment cette position en a fait un observateur privilégié de la population internée et de ses « multiples misères. » Garaison était cosmopolite. « Pour s’instruire au camp, écrit Schweitzer, il n’était pas besoin de consulter des ouvrages. Pour tout ce que l’on désirait apprendre, il se trouvait quelque spécialiste. J’ai largement profité de cette occasion unique. »

On le voit : en cette circonstance comme dans les autres, Schweitzer positive. S’il évoque des misères, il ne les détaille pas. Pour lui, même l’internement est un enrichissement. « Il ne se plaignait jamais !, rappelle Jenny Litzelmann. Et il préférait donner l’exemple plutôt que critiquer. C’était quelqu’un de positif, qui avait la foi. Il acceptait ce qui lui arrivait. » Il n’a pas essayé de se soustraire à cet enfermement et n’en a pas voulu aux États. Dans ses écrits, il a dénoncé le nationalisme plutôt que tel ou tel pays.

Forcément, cette guerre a marqué sa pensée. Gunsbach était proche du front et il connaissait la réalité du conflit par ce que lui en disait son père. C’est dans cette période 14-18, en Afrique et dans les camps, qu’il a travaillé à sa Kulturphilosophie (philosophie de la civilisation). C’est en 1915, en croisant un troupeau d’hippopotames sur un fleuve africain, qu’il eut la révélation de son éthique du « respect de la vie ».

La révélation du « respect de la vie »

Après un bref passage par la Suisse, il retrouve l’Alsace en août 1918. Il effectue alors des tournées en Europe qui lui permettent d’envisager financièrement son retour en Afrique, effectif en 1924. À Strasbourg naît la fille unique d’Hélène et Albert. Ils la baptisent Rhéna. Cet hommage au Rhin est sentimental : c’est au bord de ce fleuve qu’ils se retrouvaient, à vélo, quand ils étaient jeunes amoureux. C’est aussi un manifeste pour l’entente franco-allemande. Comme Albert, Rhéna est née un 14 janvier, lui en 1875, elle en 1919. Cette enfant de la réconciliation a donc été conçue durant la période d’internement.

Source : https://www.lalsace.fr/haut-rhin/2017/09/03/quand-la-france-internait-schweitzer

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Addenda : Quelques accès à des photos historiques concernant les Schweitzer

Le Couple Albert et Hélène Schweitzer en 1913, année de leur installation au Gabon - Source

Autre photo du couple : https://media.gettyimages.com/photos/alsatian-theologian-musician-physician-and-medical-missionary-albert-picture-id53252547?s=2048x2048

Albert Schweitzer et sa fille : https://editorial01.shutterstock.com/wm-preview-1500/7319849a/553eac8b/albert-schweitzer-in-lambarene-lambarene-gabon-shutterstock-editorial-7319849a.jpg

Autre photo : Rhena Schweitzer Miller with her father, Dr. Albert Schweitzer. Credit...Erica Anderson/Syracuse University’s Schweitzer Collection, via Associated Press, 1963 – In « Rhena Schweitzer Miller, 90, Dies ; Aided Father’s Work »- By Dennis Hevesi - Feb. 28, 2009 – The New York Times - Source : https://static01.nyt.com/images/2009/03/01/world/africa/01miller_190.jpg?quality=75&auto=webp&disable=upscale

Photo - L’hôpital historique de Lambaréné créé en 1913 par Albert Schweitzer, prix Nobel de la paix 1952. RFI/Yves-Laurent Goma- Source

Photo- Dr. Albert Schweitzer And His Hospital In Lambarene, Gabon In 1953 – Traduction JH : Le Dr Albert Schweitzer et son hôpital à Lambarene, Gabon, en 1953.

GABON - Photo - Vers 1953 : Dr. Albert Schweitzer et son hôpital de Lambaréné, Gabon en 1953 - Chirurgie à l’hôpital de Lambaréné – Traduction de Jacques Hallard

En 1913, après avoir obtenu son diplôme de médecin, Albert a fondé son hôpital à Lambaréné en Afrique équatoriale française Albert Schweitzer est retourné à Lambaréné en 1924 et y a passé le reste de sa vie - Avec les fonds provenant de ses propres redevances et de ses honoraires d’apparition personnelle et avec ceux donnés de toutes les parties du monde, A Lambaréné, Schweitzer a été médecin et chirurgien à l’hôpital, pasteur d’une congrégation, administrateur d’un village, directeur des bâtiments et des terrains, auteur de livres savants, commentateur de l’histoire contemporaine, musicien et hôte d’innombrables visiteurs. (Photo par REPORTERS ASSOCIES/Gamma-Rapho via Getty Images) - Source

GABON – Photo - Vers 1953 : Albert Schweitzer et son hôpital à Lambaréné - Albert Schweitzer avec des antilopes - Parmi les plus doux et les plus aimés de ses compagnons animaux, il y avait les gracieuses antilopes, chacune étant élevée dès son enfance et logée près des quartiers d’habitation du Dr. Schweitzer - La liste était longue : Lucie, Léonie, Théodore, Pamela, Caro, Erica, chacun d’entre eux était une personne à part entière. Durant ses dernières années, il se promenait souvent le soir avec Léonie et Théodore. (Photo de REPORTERS ASSOCIES/Gamma-Rapho via Getty Images) - Source

L’unique enfant d’Albert et Hélène Schweitzer : Rhena Eckert Miller Photo

Birthdate : 14 Janvier 1919
Birthplace : Strasbourg, Alsace, France
Death : 22 Février 2009 (90)

Pacific Palisades, CA, United States

Lieu de sépulture : CA, United States
Famille proche : Fille de Albert Schweitzer et Hélène Mariane Schweitzer

Épouse de Jean Eckert et David Miller

Mère de Private ; Private ; Christiane Yvonne Engel et Private

Managed by : Private User
Last Updated : 9 août 2019

Source : https://www.geni.com/people/Rhena-Miller/6000000007132115369

Rhena Schweitzer Miller meurt à 90 ans ; l’enfant du prix Nobel a poursuivi son travail en Afrique de l’Ouest

Photo

Rhena Schweitzer Miller a mené une action de secours en faveur des enfants réfugiés biafrais et a mené des projets de soins de santé dans des pays sous-développés. (La bourse Albert Schweitzer) - Par Elaine Woo - 28 févr. 2009 12 AM PT…

A lire sur ce site : https://www.latimes.com/local/obituaries/la-me-schweitzer-miller28-2009feb28-story.html

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Choix des documents et agencement, traductions et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 09/10/2021

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

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