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"Les herbicides à base de glyphosate (GBH ou Glyphosate-Based Herbicides en anglais) persistent pendant des années dans les plantes sauvages des forêts au Canada et provoquent la stérilité des fleurs" par GMWatch

Traduction et compléments de Jacques Hallard

jeudi 12 août 2021, par GMWatch


ISIAS Pesticides Glyphosate

Les herbicides à base de glyphosate (GBH ou Glyphosate-Based Herbicides en anglais) persistent pendant des années dans les plantes sauvages des forêts au Canada et provoquent la stérilité des fleurs

Ajout d’informations complémentaires actualisées sur le glyphosate et les pesticides en général, en France et dans le monde

Traduction du 17 juillet 2021 – avec ajout d’informations complémentaires actualisées sur le glyphosate et les pesticides en général - par Jacques Hallard, d’un article diffusé par ‘gmwatch.org/’ le 16 juin 2021 sous le titre « Glyphosate pesticides persist for years in wild plants and cause flower infertility » ; accessible ici : https://www.gmwatch.org/en/news/latest-news/19822-glyphosate-pesticides-persist-for-years-in-wild-plants-and-cause-flower-infertility

Prickly Rose

Les chercheurs montrent pour la première fois que les herbicides couramment utilisés peuvent persister dans les plantes forestières sauvages pendant des années, réduisant la fertilité à long terme et pouvant avoir un impact sur les pollinisateurs.

Les herbicides à base de glyphosate, qui sont largement utilisés en agriculture, en foresterie et dans d’autres applications, peuvent avoir des effets délétères sur la santé reproductive d’une plante vivace commune que l’on trouve dans les forêts de Colombie-Britannique, au Canada. Les chercheurs ont rapporté dans la revue ‘Frontiers in Plant Science’ que les herbicides à base de glyphosate (GBH) ont déformé diverses parties reproductrices du rosier aciculaire (Rosa acicularis) un an après que les produits chimiques aient été appliqués pour la première fois sur des sites de terrain et des parcelles expérimentales.

[D’après Wikipédia, « Rosa acicularis, le rosier arctique ou rose aciculaire, est une espèce de rosier sauvage, classée dans la section desCinnamomeae, à distribution holarctique dans les régions nordiques d’Asie1, d’Europe2 et d’Amérique du Nord. Rosa acicularis est une espèce très ancienne qui dérive de Rosa beggeriana comme Rosa canina3. L’espèce fille de Rosa acicularis est Rosa alpina, elle-même très ancienne. Rosa beggeriana existe toujours et cohabite avec Rosa acicularis en République populaire de Chine. C’est la fleur officielle de la province canadienne de l’Alberta4,5. On la trouve communément dans toute la province ainsi que dans tout le Canada occidental en général. Description : c’est un arbrisseau à feuilles caduques pouvant atteindre de 1 à 3 mètres de haut. Les feuilles, longues de 7 à 14 cm et de 3,5 à 5 cm de large, sont imparipennées et ont de trois à sept folioles. Les fleurs simples, de couleur rose foncé (rarement blanches), (photo) sont solitaires ou groupées par 2 ou 3, parfumées. Les fruits sont rose-rouge, de forme ovoïde et ont de 10 à 15 mm de diamètre…. » Article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rosa_acicularis ].

Cette étude est l’une des premières à examiner les effets du GBH sur la morphologie de la reproduction d’une plante vivace très répandue dans une exploitation forestière commerciale. Cet herbicide est couramment utilisé pour lutter contre les plantes qui pourraient concurrencer les conifères cultivés pour être récoltés dans des zones appelées ’blocs de coupe’. Le glyphosate est utilisé depuis les années 1970, mais il a fait l’objet d’une attention accrue ces dernières années en raison de préoccupations quant à ses effets cancérigènes sur la santé humaine.

Des chercheurs de l’Université du Nord de la Colombie-Britannique (UNBC) ont recueilli et analysé des échantillons de parties reproductrices de roses épineuses provenant de trois blocs de coupe, ainsi que de plantes sauvages cultivées en serre, et les ont comparés à des plantes non traitées provenant de sources similaires.

Les résultats ont été frappants : La viabilité du pollen des plantes traitées au glyphosate a chuté en moyenne de 66 % par rapport aux témoins, un an après l’application initiale. Plus de 30 % des anthères, la partie de l’étamine qui contient le pollen, ne se sont pas ouvertes (un processus connu sous le nom de déhiscence), condamnant ces fleurs à une infertilité fonctionnelle. En outre, les chercheurs ont trouvé des traces de GBH sur les fleurs des plantes deux années complètes après la première pulvérisation de l’herbicide.

Glyphosate flowers research

’Les modifications observées sur des plantes ont été documentées dans le passé, chez les plantes agricoles, il n’est donc pas surprenant de les retrouver dans les forêts’, a déclaré le Dr Lisa J. Wood, professeur adjoint au département des sciences et de la gestion des écosystèmes à l’UNBC. ’Ce qui est important, c’est la chronologie. Continuer à trouver ces effets un à deux ans après les applications d’herbicides, dans de nouvelles parties des plantes en croissance, est digne d’intérêt.’

Pendant des siècles, les peuples autochtones ont utilisé l’églantier aciculaire à la fois comme aliment et comme médicament, en particulier ces parties reproductrices. R. acicularis est également une plante importante sur le plan écologique, en partie parce qu’elle fournit de la nourriture aux pollinisateurs. Les abeilles domestiques, par exemple, sont attirées par les couleurs particulières affichées par les fleurs.

[Selon Wikipédia, « Les peuples autochtones du Canada sont les premiers occupants du territoire qui constitue de nos jours le Canada et leurs descendants. Les fouilles archéologiques récentes démontrent des vestiges datant de 30.000 ans. Parmi ces peuples, certains auraient rejoint le continent en traversant le détroit de Béring à partir de la Sibérie orientale en Asie pour se rendre en Alaska. Le gouvernement reconnait trois groupes d’Autochtones au Canada : les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Selon le recensement de 2011, il y aurait plus d’un million d’Autochtones au Canada, soit 4,3 % de la population totale du pays. Parmi eux, 64 % sont amérindiens, 30 % sont métis et 4 % sont inuits. En 2017, les Affaires autochtones et du Nord Canada reconnaissent environ 630 bandes au Canada. Depuis la colonisation européenne des Amériques, plusieurs Autochtones du Canada ont été victimes d’assimilations forcée avec l’interdiction de pratiquer leurs religions et leurs cultures traditionnelles, ainsi que l’envoi forcé de leurs enfants dans des pensionnats autochtones. De nos jours, ils ont des problèmes socio-économiques importants. Plusieurs vivent sous le seuil de la pauvreté et ils sont surreprésentés au sein de la population carcérale du pays. Leur reconquête d’identité face à la violence colonialiste est en émergence et soutenue par plusieurs groupes canadiens. Les peuples autochtones sont néanmoins encore victimes de racisme et de colonialisme… » - Articles complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Autochtones_du_Canada ].

Wood et l’auteur principal Alexandra Golt, étudiante diplômée à l’UNBC, ont observé des changements de couleur dans les pétales et les anthères des fleurs des plantes traitées. De telles anomalies de coloration pourraient affecter l’interaction entre les fleurs et les pollinisateurs.

Wood a déclaré qu’une étude de suivi permettra de déterminer si les changements de coloration des fleurs traitées au GHB les rendent moins ou plus attrayantes pour les pollinisateurs. Les chercheurs testeront également les insectes pollinisateurs et les fèces de colibris pour vérifier si des résidus de glyphosate sont présents.

’Cela nous permettra de savoir si les pollinisateurs absorbent les résidus des plantes dont ils se nourrissent’, explique-t-elle. ’Nous ferons également des recherches sur d’autres plantes pour voir si les changements que nous avons observés dans la rose sauvage se retrouvent également dans d’autres plantes à fleurs.’

Wood a déclaré que, bien que les recherches passées montrent que le glyphosate n’a pas de toxicité aiguë pour la plupart des organismes aux niveaux appliqués commercialement au Canada, les scientifiques ne savent pas grand-chose sur les implications chroniques de l’utilisation du glyphosate ou sur la façon dont il modifie la dynamique de l’environnement naturel - comme les interactions entre les espèces ou la qualité de la nourriture disponible.

’Plus nous en apprenons, mieux c’est, et la recherche peut toujours être utilisée pour mieux informer les responsable de la gestion’, a noté M. Wood. ’Les pratiques en matière d’herbicides peuvent changer, si la recherche montre que c’est dans l’intérêt du public.’

Référence : Glyphosate-Based Herbicides Alter the Reproductive Morphology of Rosa acicularis (Prickly Rose) - Alexandra R. Golt and Lisa J. Wood - Front. Plant Sci., 16 June 2021 - https://doi.org/10.3389/fpls.2021.698202

Le glyphosate est un herbicide à large spectre qui est largement utilisé dans de nombreuses formulations commerciales différentes. Les herbicides à base de glyphosate (GBH) sont utilisés dans les opérations forestières pour réduire les populations de plantes qui concurrencent les conifères marchands. Des recherches antérieures ont montré que les applications de GBH à faible dose provoquaient la stérilité mâle chez les plantes d’intérêt agricole, ce qui a fait naître le besoin de déterminer les impacts potentiels des applications de GBH en foresterie sur les plantes de sous-bois. Nous avons étudié les effets du GBH sur la morphologie reproductive de Rosa acicularis, un arbuste de sous-bois très répandu en Colombie-Britannique, au Canada, qui pousse sur trois blocs de coupe forestière opérationnels traités avec 1,782 kg de matière active de glyphosate par hectare, dans la région d’Omineca, et également dans une expérience en conditions contrôlées.

Nous avons analysé la morphologie florale et pollinique des plantes traitées et les avons comparées à des plantes non traitées dans les deux scénarios. La viabilité du pollen des plantes traitées a été réduite en moyenne de 66 %, et plus de 30 % des anthères n’étaient pas déhiscentes par rapport aux témoins, dans nos trois sites et chez les plantes expérimentales. Nous avons également constaté des altérations de la morphologie du pollen et des pétales dans les fleurs des sites traités et des résidus de glyphosate présents dans les tissus floraux, deux ans après les applications de GBH. Il est important de bien comprendre combien de temps les changements induits par le GBH auront un impact sur la végétation forestière, afin de préserver la biodiversité des forêts naturelles et de réduire les influences anthropiques sur les écosystèmes de la forêt boréale.

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Informations complémentaires actualisées sur le glyphosate et les pesticides en général

Pesticides - Les dangers du glyphosate : le point sur l’état des connaissances et les controverses - Par Lola Keraron - 21 juillet 2021 – Document ‘bastamag.net’ - Image

Le glyphosate utilisé comme pesticide pourrait être cancérogène estiment le Centre international de recherche sur le cancer et l’Inserm. Selon d’autres agences sanitaires, il ne l’est pas. Pourquoi les avis divergent tant ? Qui dit vrai ?

L’Union européenne doit statuer d’ici fin 2022 sur la reconduite ou non de l’homologation du glyphosate. En 2017, elle avait renouvelé pour cinq ans l’autorisation de la substance, en se basant sur un rapport de l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques (BfR) qui contenait... des copiés-collés de documents de Monsanto comme l’a dévoiléLe Monde. Cette fois-ci, les autorités européennes ont demandé à quatre États rapporteurs, dont la France, de réaliser un rapport d’expertise en vue du renouvellement de l’autorisation. Le consortium a rendu une version de travail le 15 juin dernier. Au vu des conclusions rassurantes relatives aux effets sur la santé de ce pesticide, une nouvelle homologation de la substance controversée semble se dessiner.

Qu’est-ce que le glyphosate ?

Le glyphosate est une substance présente dans de nombreux herbicides, active pour éliminer les « mauvaises herbes ». En 1974, l’entreprise états-unienne Monsanto met sur le marché la première formulation commerciale contenant la molécule, sous le nom Roundup. La multinationale de l’agrochimie le présente comme un produit inoffensif et presque naturel.

À l’époque, les conseillers agricoles, embauchés par des coopératives agricoles, ont incité les agriculteurs français à remplacer le travail du sol, qui permettait de maîtriser les mauvaises herbes mécaniquement, par des herbicides, symbole de progrès. Pourquoi refuser un produit qui réduit le temps de travail et le coût de production ? Très efficace, peu coûteux, le glyphosate est aujourd’hui le deuxième pesticide consommé en France après le soufre. Les ventes de glyphosate ont augmenté de 50 % entre 2009 et 2018, pour atteindre près de 10 000 tonnes vendues en 2018 [1]. Elles sont utilisées principalement dans les grandes cultures, céréales et vignes, et l’arboriculture.

Où en est-on sur son interdiction ?

Il faut bien distinguer la substance, le glyphosate, des produits utilisés par les agriculteurs, comme le Roundup. Le glyphosate est toujours associé à d’autres molécules appelées adjuvants, qui le rendent plus efficace, en lui permettant de mieux pénétrer dans la plante notamment. L’Union européenne statue sur les substances autorisées tandis que les agences nationales délivrent des autorisations pour les produits commerciaux. En France, la loi Labbé – du nom du sénateur écologiste Joël Labbé – interdit les pesticides de synthèse dans les espaces publics depuis 2017 et chez les particuliers depuis 2019. Pour l’agriculture, l’interdiction est sans cesse repoussée. Alors qu’Emmanuel Macron avait annoncé en 2017 la sortie du glyphosate au plus tard d’ici 2020, il est depuis revenu sur son ambition. Le nouvel objectif est de diminuer de 50 % l’utilisation du glyphosate en France d’ici l’année prochaine.

Que dit la science sur le lien entre glyphosate et cancer ?

En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), une agence intergouvernementale de recherche sur le cancer qui dépend de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a déclaré le glyphosate probablement cancérigène pour l’homme. L’annonce a fait l’effet d’un choc. Suite à cette déclaration, des agences réglementaires du monde entier ont cherché à évaluer le risque associé au glyphosate. Mais de la France à la Nouvelle-Zélande, en passant par le Japon et le Canada, les avis des agences nationales et européennes ont été quasi unanimes : le risque cancérigène du glyphosate est improbable. Le dernier rapport co-rédigé par les quatre pays rapporteurs européens et publié le 15 juin dernier abonde aussi dans ce sens : « Une classification cancérogène du glyphosate n’est pas justifiée. ». Un seul effet est reconnu : il provoque « des lésions oculaires graves ».

Le Circ est donc seul face à la dizaine d’agences réglementaires. Faut-il alors innocenter le glyphosate ? Un nouveau rapport scientifique publié le 30 juin vient contrebalancer cette position. Mandaté par le gouvernement français, l’Institut national de recherche médicale (Inserm) a réalisé une synthèse des effets sur la santé des pesticides, et notamment du glyphosate. Sa conclusion, rendue publique le 30 juin dernier, est que « la présomption de lien entre le glyphosate et le LNH [ndlr :lymphome non hodgkinien, soir un cancer du système lymphatique] est moyenne ». Autrement dit, l’Inserm reconnaît que des éléments sur les risques cancérigènes du glyphosate existent.

Quelles études sont prises en compte ?

Une différence majeure explique ces avis divergents. Le Circ et l’Inserm se basent sur des études publiées dans des revues scientifiques, relues par des pairs, alors que les agences réglementaires, nationales ou européennes, fondent leur avis surtout sur des études non publiées, commandées ou réalisées par les fabricants de pesticides. L’effet génotoxique du glyphosate, c’est-à-dire sa capacité à endommager l’ADN, est au cœur de la controverse. C’est un mécanisme majeur dans le développement de cancer. Comme l’on peut s’y attendre, ces deux types d’études n’arrivent pas aux mêmes résultats. Seulement 1 % des études industrielles révèle un effet génotoxique contre 70 % des études scientifiques publiées dans des revues à comité de relecture [2].

Quelle crédibilité accorder à ces études industrielles ? Pour la première fois, l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a donné accès à celles sur lesquelles elle s’est fondée pour renouveler l’autorisation du glyphosate en 2017. Deux scientifiques autrichiens indépendants ont passé au crible l’ensemble des études de génotoxicité jusqu’ici gardées secrètes. Résultat ? Sur les 53 études, seulement deux études sont fiables selon eux d’un point de vue scientifique ! [3]

« Si vous soustrayez les études qui ne sont pas fiables et celles qui sont d’une importance mineure, alors il ne reste rien », pointe Helmut Burtscher, biochimiste à l’ONG environnementale autrichienne Global 2000. « Les agences nationales ou européennes ne semblent pas examiner de près la qualité des études de l’industrie », dénonce aussi Nina Holland, chercheuse à l’ONG Corporate Europe Observatory – qui œuvre à Bruxelles pour rendre visible les actions de lobbying des grandes entreprises – dans un communiqué.

Quels molécules et composants sont étudiés ?

Le poids des études industrielles n’est pas le seul facteur de clivage entre les agences réglementaires et le Circ. « Si tout le monde regarde la même chose, tout le monde ne le regarde pas sous le même angle », précise Luc Multigner, chercheur en épidémiologie à l’Inserm. Alors que le Circ prend en compte les études réalisées sur les produits commercialisés, c’est-à-dire des formulations à base de glyphosate, les agences réglementaires se concentrent généralement sur la substance pure. Cette différence n’est pas anodine : « Les produits utilisés sont bien plus dangereux que les molécules actives », souligne Joël Spiroux de Vendômois, président du Comité de recherche et d’informations indépendantes sur le génie génétique (Criigen). Si le glyphosate est appelé « molécule active », les autres composants, considérés comme neutres par les industriels, sont loin d’être inoffensifs. Combinés dans un même produit, leur effet toxique se renforce : c’est ce qu’on appelle l’« effet cocktail ». Des chercheurs ont fait la comparaison : des formulations Roundup se sont montrées 10 à 1000 fois plus toxique que le glyphosate seul [4].

Le problème est que les adjuvants ne sont ni indiqués – secret industriel oblige – , ni véritablement évalués. « Ce sont toujours les substances dites actives qui sont testées et pas les produits utilisés par les agriculteurs, dénonce Joël Spiroux de Vendômois. Si les substances isolées sont testées pendant deux ans, temps nécessaire pour observer les effets à long terme, « les produits finis ne sont testés que quelques jours sur la peau ou les conjonctives et sans bilan sanguin à la recherche de pathologies éventuelles », détaille le chercheur. En 2016 par exemple, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation a retiré du marché 132 formulations associant le glyphosate à un coformulant, le POE-Tallowamine. « Des risques inacceptables, notamment pour la santé humaine, ne pouvant être exclus pour ces produits », avait alors indiqué l’agence. « Ces produits éminemment toxiques n’auraient jamais pu être mis sur le marché si les Roundup qui en contenaient avaient été testés dans leur globalité pendant deux ans », regrette Joël Spiroux de Vendômois.

Les agriculteurs utilisant du glyphosate ont-ils plus de risques de développer un cancer ?

« Des éléments soulignent un potentiel génotoxique, c’est évident », reconnaît Luc Multinger, coauteur de l’expertise de l’Inserm. Mais ces dommages à l’ADN entraînent-ils réellement des cancers chez les personnes exposées ? Un type de cancer du système immunitaire est particulièrement associé au glyphosate : les lymphomes non hodgkiniens (LNH). À ce sujet, des chercheurs américains ont suivi une cohorte de plus de 50 000 agriculteurs et n’ont observé aucun lien entre l’exposition au glyphosate et la survenue de ce cancer. Mais l’étude indépendante d’une ampleur inédite du consortium AGRICOH vient contrebalancer ces premiers résultats. Elle a pris en compte trois études de cohorte différente, soit plus de 300 000 agriculteurs en tout, dont les 50 000 agriculteurs des États-Unis. Résultat ? L’exposition au glyphosate augmente de 36 % le risque de développer le type LHN le plus courant.

Au vu de la littérature, l’Inserm a fait évoluer sa position depuis sa dernière expertise en 2013. La présomption de lien entre glyphosate et LNH est passé de « faible » à « moyenne ». Pourquoi pas forte ? « Nous avons porté un jugement au vu des données existantes, mais elles ne sont pas suffisamment précises, souligne Luc Multigner. Par exemple, nous ignorons les quantités réellement utilisées par les agriculteurs. Mais attention, ce n’est pas parce que les données n’existent pas, que le risque n’existe pas », souligne le chercheur en épidémiologie. Ainsi, de nouveaux liens avec d’autres types de cancers ont été mis en avant dans la dernière expertise de l’Inserm, comme les myélomes multiples et les leucémies, alors qu’ils n’étaient pas visibles en 2013, par manque d’études. En clair, plus des connaissances sont produites, plus les liens peuvent être affirmés avec certitude.

Quels sont les autres effets sur la santé du glyphosate ?

« Malheureusement, les pesticides ne provoquent pas que des cancers, mais toute une série de pathologies », rappelle le chercheur Joël Spiroux de Vendômois. Le glyphosate n’échappe pas à la règle. Si les études se sont focalisées sur le caractère cancérigène du glyphosate, les liens avec d’autres pathologies sont beaucoup moins connus. L’Inserm considère aussi le risque que le glyphosate cause des problèmes respiratoires chez les agriculteurs, avec « une présomption de lien faible compte tenu du nombre limité d’études ».

Le glyphosate est par ailleurs suspecté d’être un perturbateur endocrinien, c’est-à-dire une substance qui dérègle l’activité hormonale, et provoque ainsi des effets néfastes sur la santé humaine, comme des troubles de la reproduction. Comme pour le risque cancérigène, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a conclu à ce sujet que « le glyphosate n’a pas de propriétés de perturbation endocrinienne sur la base des informations disponibles ». L’Inserm a évité la controverse en évoquant la question en quelques lignes seulement dans sa récente synthèse : « Des études expérimentales suggèrent des effets délétères en lien avec un mécanisme de perturbation endocrinienne. »

Une étude réalisée sur des rats montre que même à des doses considérées comme sûres dans l’alimentation, l’herbicide à base de glyphosate induit des effets endocriniens et perturbe le développement [5]. Une autre étude a montré pour la première fois que l’effet perturbateur endocrinien des herbicides pouvait être dû, non seulement au glyphosate, mais aussi aux coformulants contenus dans les produits commerciaux [6].

L’hypocrisie des limites légales et des doses journalières admissibles

Eau, air, alimentation : le glyphosate est présent partout. Plus de 40 % des femmes enceintes en Bretagne ont du glyphosate dans les urines, à une concentration moyenne de 0,2 microgramme/litre [7], c’est-à-dire le double de la concentration autorisée dans l’eau potable. L’alimentation est une des premières sources d’exposition pour la population générale. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, « l’exposition de la population française via l’alimentation est inférieure à 1 % de la dose journalière admissible (DJA) [la dose considérée comme sans risque pour la santé, ndlr]. » Est-ce une garantie de sécurité ?

« La question n’est pas quel est le risque avec des résidus de glyphosate, mais quel est le risque quand je mange tous les jours des produits avec de nombreux pesticides », souligne Pierre-Michel Périnaud, médecin généraliste et président de l’association Alerte des médecins sur les pesticides. Cette dose de référence est calculée à partir de la substance pure et seule, ignorant le double effet cocktail : non seulement le glyphosate agit en synergie avec des coformulants, mais aussi avec les résidus des autres pesticides. Une étude a exposé des rats à six pesticides, chacun à des doses inférieures à la DJA. Alors que ces doses sont supposées être des garanties de sécurité, les rats ont développé des problèmes de reproduction et de diabète [8].

À partir de la dose journalière admissible et des bonnes pratiques agricoles, l’Union européenne fixe des limites maximales de résidus autorisés pour chaque aliment. Selon l’Efsa, en 2016, « 97 % des échantillons d’aliments prélevés dans l’Union européennes se situaient dans les limites légales ». Les limites légales de glyphosate dans les aliments sont 20 à 30 fois supérieures à celle autorisée dans l’eau potable, il est donc très rare que les taux dépassent ces seuils. En plus, l’Union européenne augmente parfois les limites maximales de résidus pour répondre aux besoins de l’agriculture industrielle et du commerce international. Ainsi, le taux résiduel autorisé a été multiplié par 200 pour le soja en 1997 et par 100 pour les lentilles en 2012, passant de 0,1 mg/kg à 10 mg/kg, ce qui est deux fois supérieur à la norme internationale. La raison ? Permettre l’importation de lentilles traitées au glyphosate depuis le Canada et les États-Unis.

Interdiction d’une formulation du glyphosate

L’Agence de sécurité sanitaire européenne et l’Agence européenne des produits chimiques rendront dans un an un nouvel avis au sujet du renouvellement pour cinq ans de l’autorisation du glyphosate. En attendant la décision européenne, le Criigen vient de remporter en France une bataille juridique contre Monsanto et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses). La cour administrative d’appel de Lyon a confirmé le 29 juin l’interdiction d’une formulation commerciale, le Roundup pro 360, qui avait été autorisée par l’Anses.

La cour a décidé cette interdiction en raison d’un principe de précaution. Selon le président du Criigen, cette décision devrait conduire au retrait de « de tous les produits à base de glyphosate compte tenu des nombreuses données scientifiques montrant les impacts sanitaires et environnementaux de ces herbicides ». Le comité de recherche indépendant appelle à réformer en profondeur l’expertise réglementaire : pour que l’évaluation soit fondée sur les produits utilisés par les agriculteurs et sur des études indépendantes de l’industrie.

Lola Keraron

A relire sur basta ! :

Pourquoi la FNSEA est-elle accro au glyphosate ?

À lire dans nos précédents articles :

Interdiction du glyphosate : après le Sri Lanka, le Vietnam montre la voie, le 11 avril 2019Des alternatives existent : « 

-J’adore faire ça, c’est noble de travailler la terre » : ces agriculteurs qui bannissent les herbicides, le 20 mai 2021 -

Notes :

[1] Voir les données du ministère de la Transition écologique.

[2] D’après une étude publiée en 2019 dans la revue Environmental Sciences Europe qui compare les études utilisées par le Circ et celles utilisées par l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA).

[3] Voir leur travail ici.

[4] D’après l’étude publiée dans la revue Toxicology en 2013.

[5] D’après cet article réalisé par un consortium international de chercheurs, publié dans la revue Environmental Health en 2019.

[6] Voir cet article publié dans l’International Journal of Environnement Research and Public Health en 2016.

[7] D’après une étude de l’Inserm publiée dans le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire en 2009.

[8] Voir cet article publiée en 2018 dans Environmental Health Perspectives.

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Source : https://www.bastamag.net/danger-du-glyphosate-pesticides-herbicides-cancerogenes-cancer-agriculteurs-etudes-independantes-interdiction-homologation

Pourquoi les plans de réduction des pesticides ont échoué en France - Marine Godelier - 09 Août 2021, 16:36 – document ‘latribune.fr’

Les ventes de pesticides chimiques ont augmenté en 2020, mais diminueront dans les années à venir, a assuré la semaine dernière le gouvernement, imputant la hausse temporaire des ventes aux stocks constitués par les agriculteurs qui ont anticipé des restrictions. Mais l’explication ne satisfait pas l’ONG Générations Futures, qui dénonce le manque d’avancées en la matière et l’échec des plans successifs.

Photo - Adopté en 2007, le plan Ecophyto fixe un objectif de réduction de moitié de l’usage des produits phytosanitaires de synthèse en dix ans, loin d’avoir été atteint. (Crédits : Pascal Rossignol)

En 2019, la question de l’interdiction ou non du glyphosate, cet herbicide désormais célèbre, avait déchiré l’opinion publique dans un débat acharné entre « pro » et « anti ». Deux ans plus tard, alors qu’Emmanuel Macron avait promis d’en « sortir » en France, les ventes ne semblent pas ralentir. C’est en fait l’inverse : elles ont bondi de près de 42% en 2020 par rapport à l’année précédente, avec plus de 8.600 tonnes écoulées dans l’Hexagone, selon des données provisoires publiées par le gouvernement la semaine dernière. Et le phénomène s’étend aux produits phytosanitaires en général : environ 44.000 tonnes de fongicides, d’insecticides et d’herbicides chimiques ont été vendus en France en 2020, soit 23% de plus qu’en 2019.

Pourquoi une telle augmentation ? L’exécutif n’a pourtant de cesse de répéter que la France, avec son plan « Ecophyto » issu des Grenelles de l’environnement de 2007, s’est dotée de la politique la plus ambitieuse de l’Union européenne en matière de réduction des pesticides. Celle-ci fixe en effet un objectif fort de réduction de moitié de l’usage des produits phytosanitaires de synthèse en dix ans. Mais presque quinze ans après, force est de constater que le compte est loin d’être atteint.

Phénomène de stock

La faute à un phénomène paradoxal et temporaire, assure le gouvernement. Car la hausse de 2020 ne révèle pas une « tendance structurelle », selon le cabinet du Premier ministre, qui invite à regarder l’évolution globale plutôt que celle d’une année à l’autre - la moyenne des ventes en 2020 se situant 20% en-dessous de celle de 2012-2017. Si elle a bondi l’année dernière, c’est en fait à cause d’une forte baisse artificielle en 2019, assure Matignon. En effet, les agriculteurs ont accumulé des stocks de pesticides en 2018, en anticipation des réglementations à venir (comme la redevance à l’achat ou l’interdiction de pulvériser des herbicides entre les rangs de vigne) et n’ont donc pas dû racheter de nouveaux produits l’année suivante - les ventes étant reportées à l’année d’après.

Une explication insuffisante pour l’ONG environnementale Générations futures. « Certes, le chiffre de 2019 des ventes globales de pesticides était anormalement bas, et celui de 2018 anormalement haut. Mais en valeur absolue, on est à 65.000 tonnes vendues en 2020, le même chiffre qu’en 2012. Il n’y a pas de quoi sauter au plafond », souligne à la Tribune François Veillerette, son directeur. D’autant que, lorsque l’on se concentre sur le glyphosate seul, les volumes achetés sont les mêmes que « dans les années 2015, 2016 et 2017 », rétorque l’association dans un communiqué.

Voir le graphique sur l’évolution de quantités de glyphosate vendues en France sur ce site : https://static.latribune.fr/article_body/1750832/pesticides-2020.jpg

Car l’exécutif fait preuve d’un manque de volonté politique, avance François Veillerette : «  Il ne suffit pas d’avoir des objectifs ambitieux, il faut se donner les moyens de les atteindre », souligne-t-il. Pour le militant, la redevance à l’achat existante, qui ne touche qu’un certain volume des produits et correspond à certains niveaux de dangerosité, n’est « pas assez incitative ».

« Le manque de portage politique a été illustré par une affaire récente : le Conseil d’Etat a demandé fin juillet à l’Etat de revoir les règles de distances des habitations pour l’épandage de pesticides, après que le gouvernement a prévu des moyens de déroger à ce qui était prévu pour protéger les riverains ! », illustre-t-il.

Légère hausse des CMR 2

Reste que l’exécutif met en avant une réelle baisse : celles des CMR 1, des substances classées cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction les plus préoccupantes, réduites de 93% par rapport de leur niveau de 2016. «  C’est une avancée, mais ils omettent de préciser que cette diminution est une tendance lourde due à un règlement européen de 2019 sur les pesticides. La France n’y est pour rien », commente François Veillerette. En effet, Bruxelles demande depuis plus de dix ans aux Etats membres de retirer directement du marché les CMR 1 dès lors que leur homologation revient à renouvellement - programmant ainsi leur disparition.

Surtout, selon Générations futures, cette baisse cache un autre chiffre « que le gouvernement se garde de mettre en avant  », regrette François Veillerette » : une poussée des CMR 2, des substances préoccupantes mais dont la dangerosité n’a pas été prouvée, en « augmentation d’environ 200 tonnes » ces dernières années, selon les calculs de l’ONG.

« On assiste à une sorte de report des CMR 1 aux CMR 2 de la part de certains agriculteurs. Ce n’est pas une bonne nouvelle de voir leur tonnage augmenter, dans un contexte où la consommation globale croît », estime François Veillerette.

Le gouvernement préfère lui parler d’une évolution « plutôt stable » des quantités de substances actives classées CMR 2, avec une proportion parmi l’ensemble des substances qui reste aux alentours de 10,6%. Dans les faits, il y a bien eu une croissance : les quantités de CMR 2 s’élevaient à 7.886 tonnes en 2019, contre 8.022 en 2020 - soit une hausse de 136 tonnes.

Chiffres incomplets

Le représentant des producteurs de pesticides (l’Union intersyndicale pour la protection des plantes, UIPP) - qui n’a pas souhaité réagir - et Générations Futures s’accordent sur un point : ces chiffres sont de toute façon provisoires, donc incomplets. Car ils ne fournissent des informations que sur la quantité de substance active écoulée en 2020, un indicateur différent de celui retenu dans le plan Ecophyto.

« Ce dernier se réfère au NODU, pour nombre de doses unités. Il correspond à un nombre de traitements moyens appliqués annuellement sur l’ensemble des cultures », précise François Veillerette.

En s’affranchissant des substitutions de substances actives par de nouvelles substances efficaces à plus faible dose, cet indicateur permet de déterminer le nombre moyen de traitements par hectare - mais son évolution en 2020 ne sera disponible qu’en décembre prochain.

Auteure : Marine Godelier > _Marine Godelier - Journaliste transition écologique - La Tribune

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Environnement - Roundup : Bayer-Monsanto se prépare à perdre de nouveaux procès liés au glyphosate - Par Elena Pougin - Publié le 8 août 2021 à 14h53 – Document ‘liberation.fr’ – Voir aussi : Eléna Pougin - Journaliste stagiaire - Libération

Jeudi, un nouveau procès s’est ouvert en Californie, où une Américaine de 70 ans accuse la multinationale productrice de l’herbicide Roundup d’être à l’origine de son cancer.

FILE PHOTO : Bayer unit Monsanto Co’s Roundup is shown for sale in Encinitas, California, U.S., June 26, 2017. REUTERS/Mike Blake/File Photo (Mike Blake/REUTERS) – Français : Le Roundup de Bayer, filiale de Monsanto Co, est présenté à la vente à Encinitas, en Californie (États-Unis),

Depuis le rachat en 2018 de la firme américaine Monsanto, productrice du célèbre herbicide Roundup, le géant Bayer a été confronté à de nombreux litiges accusant le produit d’être dangereux pour la santé et même cancérigène.

Ce jeudi, un nouveau procès s’est ouvert en Californie. La plaignante Donnetta Stephens, âgée de 70 ans, estime avoir contracté un type de cancer appelé lymphome non hodgkinien après avoir utilisé du Roundup pendant environ trente ans. Ce procès est le premier concernant Bayer et le glyphosate depuis le début de la pandémie de Covid-19, qui a ralenti les procédures judiciaires.

« Risque accru de lymphomes »

Donnetta Stephens a porté plainte juste après que le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), lié à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a classé le glyphosate comme « cancérogène probable » pour les humains et les animaux en mars 2015, mais aussi toxique pour la reproduction, génotoxique (qui provoque des modifications délétères du génome), et potentiellement perturbateur endocrinien. Fin juin, en France, l’Inserm confirmait dans un rapport « l’existence d’un risque accru de lymphomes non hodgkiniens [cancers du système immunitaire, ndlr] avec une présomption moyenne de lien ». Ce que Bayer continue de nier.

Comme les 125a000 autres plaignants qui se sont manifestés à la suite de cette classification, Donnetta Stephens demande un dédommagement pour la dégradation de son état de santé. Un de ses avocats avance notamment que Bayer a bien conscience des risques cancérigènes du Roundup.

A lire aussi : Les documents internes qui accablent Monsanto - International

7 août 2018

Pour rassurer ses actionnaires, l’entreprise allemande veut se montrer préparée pour ce procès et les suivants : la multinationale a relayé dans un communiqué la semaine dernière avoir mis de côté 4,5 milliards de dollars de provision dans le cas où la justice ne trancherait pas en sa faveur.

Des milliards d’euros de dédommagement

En parallèle, la multinationale espère obtenir gain de cause dans une autre procédure, présentée elle devant la Cour suprême. L’idée serait de pouvoir fixer systématiquement dans tous les procès un montant de « compensations prédéterminées » aux « individus éligibles » qui ont utilisé du Roundup et développés un lymphome non hodgkinien pendant les quinze prochaines années. Cela permettrait à Bayer de limiter les pertes. Le groupe dit avoir « de bonnes chances » et « des arguments solides » pour remporter cette affaire dans ledit communiqué.

A lire aussi : TRIBUNE - Marche contre Monsanto et l’agrochimie 2021 : pour un monde débarrassé de ses toxiques - Tribunes - 12 mai 2021

Deux tiers des plaintes du même genre ont pour l’instant été réglées à l’amiable par Bayer pour la modique somme de 12 milliards de dollars, mais depuis, les trois derniers litiges en date ont été perdus, coûtant à la firme 50 millions de dollars pour chaque victime. Cela alors que Bayer a racheté Monsanto 63 milliards de dollars en 2018... Malgré le succès de l’agrochimiste dans ses autres secteurs d’activité (pharmacie, agrochimie), les investisseurs de Bayer s’inquiètent face à ces pertes colossales.

La firme a par ailleurs envoyé un signal qui peut sembler contradictoire fin juillet, en annonçant changer la formulation de l’herbicide pour les produits vendus pour particuliers aux Etats-Unis dès 2023 afin d’éviter que les poursuites ne se multiplient davantage. Mais il n’est pas envisagé qu’il soit retiré de ses branches professionnelles et agriculture. Ni au Canada, où cinq demandes de recours collectif ont pourtant été déposées, comme le rapporte Radio-Canada. Monsanto

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Selon une étude, l’exposition au glyphosate pourrait être responsable d’une grossesse raccourcie - Par Le Figaro - Publié hier à 13:48, Mis à jour hier à 14:54

Des chercheurs américains alertent sur de potentiels risques à long terme sur la santé des nouveau-nés. Le glyphosate a été détecté dans plus de 94% des échantillons d’urine des femmes enceintes. PAO joke / stock.adobe.com -Photo

Selon une étude publiée récemment dans la revue américaine Environnemental Research, l’exposition au glyphosate des femmes enceintes pourrait provoquer des grossesses plus courtes. L’étude a été menée aux États-Unis sur 163 femmes enceintes, dont 94 ont mené leur grossesse à terme et 69 ont eu un accouchement prématuré.

Les chercheurs sont partis du constat que « la plupart des études existantes sur les effets du glyphosate sur la santé se sont concentrées sur les environnements professionnels et l’issue du cancer, et peu ont examiné cette exposition courante en relation avec la santé des femmes enceintes et des nouveau-nés dans la population générale ». Ils ont alors mesuré le taux de glyphosate dans les échantillons d’urine prélevés au cours du deuxième trimestre de grossesse. Le glyphosate a été détecté dans plus de 94% des échantillons. Et une association entre durée de gestation raccourcie et présence de glyphosate chez la mère a été trouvée. Les auteurs notent toutefois que des études de confirmation sur des échantillons plus importants sont nécessaires.

Mais il ne s’agit pas de la première étude mettant en lumière cette association. Une recherche menée par des chercheurs de l’Université de Michigan et publiée en mai 2021 parvenait aux mêmes conclusions : « Des taux urinaires de glyphosate dans les échantillons prélevés vers la 26e semaine de grossesse étaient associés à une probabilité accrue de naissance prématurée ». En 2018, une autre étude avait également alerté sur ce phénomène ainsi que le risque de mortalité infantile et de problèmes de santé à long terme.

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À voir aussi - Glyphosate : « Aucun autre pays n’a entamé une telle transition », assure Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation > https://www.msn.com/fr-fr/divertissement/celebrites/glyphosate-%C2%ABaucun-autre-pays-na-entam%C3%A9-une-telle-transition%C2%BB-assure-julien-denormandie/vp-BB1bum0h

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Source : https://www.lefigaro.fr/sciences/selon-une-etude-l-exposition-au-glyphosate-pourrait-etre-responsable-d-une-grossesse-raccourcie-20210809

Quatre ans après l’objectif de sortie du glyphosate, la vraie baisse des ventes attendra 2022 - Par Olivia Détroyat - Publié le 30/07/2021 à 18:08 – Document ‘lefigaro.fr/’

Selon des données provisoires, les ventes moyennes sur trois ans de cet herbicide controversé sont en légère décroissance. La baisse se révèle plus franche sur le reste des produits phytosanitaires.

D’une année sur l’autre, les aléas climatiques peuvent jouer sur les quantités de produits phytopharmaceutiques utilisés par les producteurs agricoles. MANJUNATH KIRAN / AFP

Entre impact des caprices de la météo et anticipations par les agriculteurs des évolutions réglementaires, la lecture des ventes annuelles de produits phytopharmaceutiques se révèle être un exercice décidément bien délicat.

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Ainsi, alors que le gouvernement se félicitait l’an dernier d’une réduction drastique en 2019 (-43%) des quantités de substances actives pour l’agriculture vendues en France, celles-ci (hors produits de biocontrôle ou pour l’agriculture biologique) ont rebondi de 23% en 2020, s’établissant à 44.036 tonnes, selon les données provisoires publiées ce vendredi par le gouvernement. Même constat pour le très controversé glyphosate qui, après avoir vu ses ventes chuter de 37% en 2019, a vu ses quantités vendues bondir à nouveau de 42% en 2020, pour atteindre 8644 tonnes.

Surstockage

Ce rebond est en fait en grande partie un simple effet d’optique. Anticipant un renchérissement de leur fiscalité sur ces intrants de synthèse le 1er janvier 2019, les producteurs ont ainsi surstocké, en 2018, ces produits. D’où des ventes historiquement basses en 2019. « Ce phénomène peut aussi s’appliquer au glyphosate sur la fin de l’année 2020, où les annonces du gouvernement sur la sortie du glyphosate ont pu conduire à un accroissement des ventes pour stockage », ajoute-t-on au ministère de l’Agriculture.

À l’inverse, si l’on étudie sur une moyenne triennale ces quantités de glyphosate, récupérées auprès des revendeurs, le niveau s’établit à 8151 tonnes par an sur la période 2018-2020. Soit une légère diminution par rapport à la moyenne 2017-2019, mais toujours au-dessus des 8000 tonnes annuelles. Quatre ans après l’objectif fixé par le président Macron de sortie du glyphosate, le résultat peut paraître poussif. Les impasses techniques rencontrées dans de nombreuses exploitations ont ainsi repoussé sine die l’échéance de cette sortie, initialement prévue pour 2021 ou 2022.

« La baisse est enclenchée, mais l’essentiel des restrictions d’usage n’entre en vigueur que cette année, explique-t-on dans les couloirs du ministère. Les vrais effets seront donc visibles en 2022, avec une baisse estimée à terme de 50% des utilisations de glyphosate, par rapport au début du quinquennat ». Dans la majeure partie des cas, ces restrictions passent par un non-renouvellement de l’autorisation de mise sur le marché, lorsque pour un usage, une alternative techniquement et économiquement viable pour l’agriculteur a été trouvée.

La moitié du chemin encore à faire

En attendant une vraie inflexion de tendance sur le glyphosate, les résultats des efforts de réduction des intrants chimiques se révèlent plus francs sur le reste du portefeuille des produits phytos. Malgré le rebond de 2020, les quantités globales vendues (toujours hors produits de biocontrôle) s’affichent 20% en dessous de la moyenne 2012-2017. Et 5,7% en dessous de la moyenne plus récente de 2018-2020.

De quoi mesurer les avancées vers l’objectif tricolore de réduire de 50% les pesticides utilisés en agriculture d’ici 2025. De ce point de vue, le France n’en est donc pas encore à la moitié de son objectif, ceci alors que le premier horizon de 2018 a déjà été repoussé de sept ans. « Il reste encore du chemin à faire », reconnaît sobre au gouvernement.

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Reste que ces avancées sont significatives, tant les difficultés de substitution et les surcoûts assumés par les agriculteurs à l’heure de se passer de certains produits sont nombreux. Entre le développement des produits de biocontrôle, le passage à l’agriculture biologique dont les surfaces ont doublé en cinq ans, et l’essor des outils d’aide à la décision (OAD) plus précis et plus économes sur l’utilisation de ces intrants chimiques, la tendance à la baisse est clairement engagée. Surtout, parmi les motifs de satisfaction figure la diminution drastique des substances les plus dangereuses, qu’elles soient avérées (CMR1) ou présumées (CMR2). Réduites de 93% depuis 2016, les premières affichent ainsi une baisse constante depuis trois ans.

Soutien à la transition écologique

Dans le cadre de son plan de relance lancé en 2020, le gouvernement compte bien accentuer cette tendance positive. Une enveloppe de 150 millions d’euros a été prévue pour aider les agriculteurs à s’équiper en machines leur permettant d’être plus sobres en intrants (pulvérisateurs plus précis, capteurs et logiciels pour individualiser les traitements des plantes...).

Dans son budget PAC récemment alloué, la France fera aussi la part belle à la conversion des campagnes françaises à l’agriculture biologique, avec 340 millions d’euros par an de subsides européens, pour se convertir au sans pesticides. Enfin, depuis cette année, les exploitations arboricoles, viticoles et de grandes cultures qui renoncent à utiliser du glyphosate peuvent bénéficier d’un crédit d’impôt d’un montant forfaitaire de 2 500 euros.

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Source : https://www.lefigaro.fr/conjoncture/quatre-ans-apres-l-objectif-de-sortie-du-glyphosate-la-vraie-baisse-des-ventes-attendra-2022-20210730

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Traduction, [compléments] et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 11/08/2021

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Fichier : ISIAS Pesticides Glyphosate Pesticides persist for years in wild plants French version.4.docx

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