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"Journée mondiale de la liberté de la presse - Tony Bartelme en Caroline du Sud – Morgan Large en Bretagne" par Jacques Hallard

samedi 8 mai 2021, par Hallard Jacques


ISIAS Journalisme Engagement public Submersions marines Corruption Dérives de l’agriculture intensive

Journée mondiale de la liberté de la presse - Tony Bartelme travaille sur « les déserts d’information » en Caroline du Sud aux Etats-Unis, plus particulièrement sur les risques des submersions marines et sur la corruption locale – Morgan Large, journaliste en Bretagne est victime d’intimidations après son travail sur les dérives de l’agriculture intensive

Annexe sur le thème ‘Compétition ou Collaboration’

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 04/05/2021

Plan du document : Introduction Sommaire {{}}Auteur

https://sites.google.com/site/cheminsmagiques/_/rsrc/1454063368539/Infos-du-jour/proverbeafricain/proverbe%20africain.jpg{{Source

Un proverbe africain qui s’applique toujours : « Si tu veux aller vite, marche seul ; mais si tu veux aller loin, marchons ensemble ». Source

https://i0.wp.com/mydigitalweek.com/wp-content/uploads/2019/12/colelctif-.png?resize=436%2C298&ssl=1

Ou encore : « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin », in « Intelligence collective : « ensemble plus forts pour aller plus loin ! » Par Mydigitalweek – « 5 exemples qui incarnent l’intelligence collective au quotidien » de Vincent ROSSIGNOL et Jordan TAHRAOUI – Source

Introduction

Ce dossier, composé à usage didactique, introduit tout d’abord une description de la Journée mondiale de la liberté de la presse qui est célébrée chaque année le 3 Mai, selon les recommandations de l’UNESCO depuis 1991.

Avec les notions de compétition et de collaboration – sujets qui font l’objet d’une annexe dans ce dossier – est proposée une traduction en français de l’article du journaliste états-unien Tony Bartelme sur les « déserts d’information » dans l’état de Caroline du Sud aux Etats-Unis… et les corruptions qu’il met en évidence localement.

Ensuite est relaté l’accès à l’émission que Mathilde Munos a consacré le 3 mai 2021 sur ‘France Inter’ à Morgan Large, une journaliste à ‘Radio Kreiz Breizh’,

[Présentation de RADIO KREIZ BREIZH : Treger ha Goueloù],qui est victime d’intimidations suite à son témoignage dans le documentaire ’Bretagne, une terre sacrifiée’, dans lequel sont décrits « les dérives de l’agriculture intensive en Bretagne »

Avant de laisser les lecteurs et lectrices aller vers l’annexe – qui termine ce dossier - sur le thème ‘Compétition ou Collaboration’, est rapportée à la suite la description du film « Futur d’espoir », un documentaire que Guillaume Thébault a réalisé sur les systèmes agricoles actuels – Synopsis :

‘Futur d’espoir’ est un film documentaire retraçant le parcours d’un adolescent de 17 ans qui se questionne sur le monde. Au travers d’une quinzaine d’interviews, ce garçon construit sa propre opinion sur l’agriculture. Il découvre les difficultés inhérentes au monde agricole. Pourtant, au lieu de pointer ce qui va mal, il s’attache à souligner ce qui va bien ; des alternatives, qui selon les personnes interviewées, se présentent comme des solutions aux systèmes agricoles actuels. Toutes ces personnes, bien qu’ayant une orientation professionnelle différente, apportent leur expérience et leur savoir pour répondre à la question suivante : « les méthodes d’agricultures dites alternatives peuvent-elles réellement nourrir l’humanité de manière durable ».

Ce film, dont le choix des protagonistes se veut volontairement local, met en avant des personnes que nous côtoyons quotidiennement et dont nous ignorons toutes les belles choses qu’elles réalisent. Il intervient au moment où le monde agricole est frappé de plein fouet par des problèmes économiques et environnementaux. Il veut donc propager les solutions pour essayer à sa mesure de limiter les dégâts futurs.

Le mot du réalisateur

Le 8 août 2016, l’humanité a consommé ses ressources naturelles annonce l’ONG américaine ‘Global Footprint Network’. Nous courrons à la catastrophe. Les nouvelles entendues à longueur de temps questionnent mon avenir. Je n’ai que 18 ans et je me demande de quoi sera fait demain. Pourtant, en regardant autour de moi, je me dis qu’il y a encore de l’espoir. Pas la peine de parcourir des milliers de kilomètres pour m’apercevoir que de multiples initiatives existent et que le changement est devant ma porte. Ne pas se focaliser sur ce qui ne va pas, mais sur ce qui va. Telle est la dynamique du film Futur d’Espoir, mon premier film que j’ai entièrement réalisé, monté et produit à l’âge de 17 ans. Passionné par le jardinage depuis l’âge de 12 ans et heurté par le modèle agricole actuel, je me suis nourri de nombreux documentaires qui m’ont laissé avec de nombreuses questions. Pour y répondre, j’ai décidé de prendre mon vélo et de partir à la rencontre de mes voisins pour chercher des réponses. Les personnes que j’ai rencontré m’ont non seulement apporté de nombreuses réponses mais m’ont insufflé une énergie qui m’a donné envie de la partager à mes amis, mais plus largement à toutes les personnes qui, comme moi, souhaitent agir mais ne savent pas par où commencer. Ce film, qui est mon premier, s’adresse à tout le monde, mais aussi et surtout aux jeunes de mon âge, car c’est nous qui allons construire notre avenir et celui des générations futures.

Pourquoi ce choix ?

Ce film présente une approche fraîche et joliment naïve d’un tout jeune homme qui découvre les problématiques et les solutions en matière d’agriculture. Un tour d’horizon très complet de la question et une réalisation remarquable pour un jeune homme de 17 ans qui a réalisé, monté et produit son film tout seul. La relève documentaire est assurée !

Bande annonce - Genre : Documentaire - Réalisateur : Guillaume Thébault - Production : Futur d’Espoir (autofinancement) - Année : 2016 - Pays : Suisse - Récompenses : Prix Greenpeace 2017 et nominé pour le prix Tournesol 2017 du Festival du Film Vert (Suisse-France) - Contact : contact@futurdespoir-lefilm.com - Site : http://futurdespoir-lefilm.com – Référence : https://greenpeacefilmfestival.org/les-films/les-films-en-competition-2017/alimentation-agriculture/futur-despoir/

Un commentaire sur ce film : « Guillaume Thébault est allé à la rencontre de celles et ceux qui font vivre la souveraineté alimentaire et le droit à l’alimentation. Il faut lui dire bravo. Son film intelligent va participer à l’éveil des consciences. » - Source : https://futurdespoir-lefilm.com/

Et puis enfin cette contribution : « Guillaume Thébault - Etudiant en agronomie » - Les Sentinelles de la RSE / Agence Primum non nocere – « Guillaume Thébault, étudiant en agronomie en Suisse a réalisé à l’âge de 17 ans le documentaire « Futur d’espoir » sorti au cinéma en mars 2018.

« Commencer par agir sur soi-même »

Quel a été le facteur déclencheur qui vous a poussé vers l’écologie ?

C’est une succession d’étapes dans mon éducation. D’abord, mes parents ont décidé de venir vivre en Haute-Savoie. J’ai donc grandi à la campagne avec ma sœur. J’ai suivi ma scolarité dans une école Steiner (pédagogie alternative) dans laquelle j’ai eu durant plusieurs années des cours de jardinage. Par la suite, j’ai choisi le thème de l’agriculture pour mon travail théorique de fin de scolarité, et le film a été mon travail pratique. Au départ, je voulais parler des solutions alternatives à l’agriculture intensive à travers des témoignages courts pour mes camarades de classe. Et puis le projet est devenu un film d’une heure trente qui est sorti des murs de l’école. La diffusion au cinéma était inattendue.

Quel sens donnez-vous à votre démarche ?

Le film est l’élément déclencheur de nouvelles étapes. Je suis heureux d’avoir pu le faire mais il reste des paroles et ne change pas la phase du monde. Aujourd’hui, il y a une urgence telle qu’il faut agir. Aller vers des agricultures agro-sylvo-pastorales est le choix nécessaire. Il faut opter pour une agriculture résiliente afin d’assurer le plus possible l’autonomie alimentaire. Pour ma part, je vais commencer par suivre des études d’agronomie à la rentrée prochaine. Ensuite, je ne sais pas encore ce que je ferai. Je ne me projette pas uniquement dans le militantisme mais aussi dans l’action constructive. Le militantisme est nécessaire et, en même temps, il faut aussi construire dans le monde dans lequel nous voulons vivre. J’ai envie d’être dans une énergie positive et de création. En 2018, j’ai créé une chaine sur ‘youtube’ sur le potager afin de casser les codes et de créer l’envie chez les jeunes de mettre les mains dans la terre. L’idée est de montrer que l’on peut subvenir à ses besoins, assurer l’autonomie alimentaire d’une famille avec son potager.

Quels sont les principaux enjeux sur lesquels il faut agir en 2019 ?

Il est difficile de hiérarchiser. Chaque secteur est lié à l’autre. L’agriculture est un levier important car elle a une énorme capacité de stockage du carbone. C’est aussi un énorme enjeu afin de déterminer comment nourrir les habitants de la planète. Il faut revenir à une agriculture locale. À titre personnel, je suis devenu végétarien il y a quatre ans, et ma famille a suivi.

Qu’auriez-vous envie de dire à d’autres pour leur donner envie d’agir ?

Ne pas se questionner, ni reconnaître l’urgence climatique, c’est une façon de se protéger. C’est compréhensible. Mais ce qui me semble nécessaire, c’est de commencer à agir sur soi-même. Il faut agir sur sa propre consommation bien sûr, et accepter de tout remettre en question, de considérer que l’on fait intégralement partie du problème. Il faut s’interroger sur notre mode de vie, sur les impacts de nos choix, sur la qualité plus que sur la quantité. Pour moi, c’est une remise en question de mon idéal de vie. Nous avons besoin d’une révolution intérieure de chacun.

Propos recueillis par Isabel Soubelet (isabel.soubelet@sfr.fr) - Pour en savoir plus sur le film : https://futurdespoir-lefilm.com/ - Pour en savoir plus sur la chaîne GinkGo : https://www.youtube.com/channel/UCy2HNMSVEftdZq7djYWdQ7Q - Source : https://labelthqse.fr/portrait/guillaume-thebault/

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Sommaire

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3 Mai

Le 3 mai sert à rappeler aux gouvernements la nécessité de respecter leur engagement en faveur de la liberté de la presse et constitue également une journée de réflexion pour les professionnels des médias sur les questions relatives à la liberté de la presse et à l’éthique professionnelle. Tout aussi importante, la Journée mondiale de la liberté de la presse est une journée de soutien aux médias qui sont des cibles pour la restriction ou l’abolition de la liberté de la presse. C’est aussi une journée de commémoration pour les journalistes qui ont perdu la vie dans la poursuite d’une histoire.

Pour en savoir plus 

Message de la directrice générale

’Cette année, le thème retenu pour célébrer la Journée mondiale de la liberté de la presse, « L’information comme bien public », souligne la valeur incontestable d’une information vérifiée et fiable. Il appelle l’attention sur le rôle essentiel que jouent les journalistes libres et professionnels dans la production et la diffusion de ces informations, luttant contre les fausses informations et autres contenus préjudiciables.’

— Audrey Azoulay, Directrice générale, Journée mondiale de la liberté de la presse

Téléchargez le message complet au format PDF : English| Français| Español| Русский| العربيةhttps://unesdoc.unesco.org/ark:/482...| 中文

Journée mondiale de la liberté de la presse 2021

Cette année, le thème de la Journée mondiale de la liberté de la presse est : ’L’information comme bien public’. En défendant cette notion, la Journée mondiale affirme l’importance de défendre l’information comme un bien public, souhaite explorer ce qui peut être fait dans la production, la distribution et la réception de contenu pour renforcer le journalisme et faire progresser la transparence et l’autonomisation tout en ne laissant personne de côté. Le thème de la Journée mondiale est d’une pertinence particulière pour tous les pays du monde car il prend en compte l’évolution d’un système de communications qui a un impact sur notre santé, les droits de l’homme, les démocraties et le développement durable.

La Journée mondiale de la liberté de la presse 2021 mettra notamment en évidence trois impératifs pour cet écosystème :

  • Des mesures pour assurer la viabilité économique des médias d’information ;
  • Des mécanismes pour assurer la transparence des sociétés Internet ;
  • Le renforcement de l’éducation aux médias et à l’information permet au public de reconnaître et de valoriser (ainsi que de le défendre et de l’exiger) le journalisme en tant qu’élément essentiel de l’information, elle-même considéré comme un bien public.
    Pour en savoir plus, consultez la note conceptuelle

Anglais Français | Espagnol | Arabe | Russe | Chinois

Célébrations dans le monde entier

L’UNESCO et ses partenaires organiseront des célébrations dans le monde entier. Enregistrez votre événement ici afin de le faire figurer sur notre liste des célébrations.

Conférence internationale de la journée mondiale de la liberté de la presse 2021

L’édition 2021 de la Conférence internationale, organisée par l’UNESCO et le gouvernement de Namibie, se déroulera du 29 avril au 3 mai, à Windhoek. L’événement se déroulera comme une expérience physique et numérique combinant la participation virtuelle et en présentiel de forums régionaux, d’événements parallèles, de discours d’ouverture, de manifestations artistiques, de projections de films et plus encore ! Rejoignez des leaders des médias, activistes, décideurs politiques, experts des médias et du droit, artistes, académiciens, chercheurs et les organisations de la société civile ? du monde entier.

Plus d’informations sur l’inscription sont disponibles ici.

30ème anniversaire de la Déclaration de Windhoek

La Journée mondiale de la liberté de la presse trouve son origine dans la conférence de l’UNESCO à Windhoek en 1991. L’événement s’est terminé, le 3 mai 1991, par l’adoption de la Déclaration de Windhoek pour le développement d’une presse libre, indépendante et pluraliste. Trente ans plus tard, le lien historique établi entre la liberté de rechercher, de communiquer et de recevoir des informations et la notion de bien public reste aussi pertinent qu’il l’était au moment de sa signature. Des commémorations spéciales pour ce 30ème anniversaire sont prévues pendant la conférence internationale de la Journée mondiale de la liberté de la presse.

Qu’est-ce que la déclaration de Windhoek ?

WPFC 2021 liens utiles :

Note conceptuelle- Enregistrez votre événement(en anglais) -Conférence académique sur la sécurité des journalistes (en anglais) -Les voix de la Journée mondiale de la liberté de la presse : partagez votre message vidéo (en anglais)- YouTubeConférence de la Journée mondiale de la liberté de la presse 2020

Que fait l’UNESCO pour la liberté de la presse ?

Prix Mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano

Favoriser la liberté d’expression

Observatoire de l’UNESCO sur les Journalistes assassinés (en anglais)

Donnez pour la liberté d’expression et pour protéger les journalistes

L’UNESCO lance un dialogue mondial pour améliorer la transparence des entreprises de l’Internet, avec la publication de principes de haut niveau de référence

L’UNESCO et ses partenaires proposent un cours ouvert en ligne sur la sécurité des femmes journalistes

Des experts réfléchissant sur l’information comme bien public participeront à la Conférence mondiale sur la liberté de la presse à Windhoek

Ouverture des inscriptions : Conférence de la Journée mondiale de la liberté de la presse 2021

Ressources : précédentes commémorations : 2020 (décembre) - 2020 (mai) - 20192018- 2017- 2016- 2015- 2014 - Résolution adoptée par l’Assemblée Générale en 1991 - Site de l’ONU pour la journée (link is external) - Toutes les commémorations - Déclaration d’Addis-Ababa - Note conceptuelle JMLP 2020 - Déclaration de Windhoek (1991)

WWW.UNESCO.ORG : Clause de non-responsabilité Politique de confidentialité Nom & Logo de l’UNESCO FAQ Protection des droits de l’homme : procédure 104 Politique d’accès à l’information Portail de transparence Messages frauduleux Audit et enquêtes Politique d’accès à l’information

Accueil - UNESCO Archives - Digitizing our shared UNESCO history

© UNESCO 2019 - Source : https://fr.unesco.org/commemorations/worldpressfreedomday

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  • Compétition ou collaboration : Tony Bartelme sur les « déserts d’information » dans l’état de Caroline du Sud aux Etats-Unis - Traduction du 03 mai 2021 par Jacques Hallard d’un article de Tony Bartelme en date du 13 avril 2021 publié par ‘aaas.org/news’ sous le titre « Competition or Collaboration : Tony Bartelme on News Deserts » ; accessible sur le site : https://www.aaas.org/news/competition-or-collaboration-tony-bartelme-news-deserts

    Tony Bartelme tests floodwaters for fecal contamination for his ’Rising Waters’ series in May 2020

Tony Bartelme teste la contamination fécale des eaux de crue pour sa série ’Rising Waters’ (’Eaux montantes’) en mai 2020. | Lauren Petracca/The Post and Courier – Voir également « Analysis : Building boom made area more vulnerable to climate »- Rising Waters - Charleston area lost more than 10,000 acres of tree cover since 1992, making floods worse – « Une nouvelle analyse réalisée pour le projet ’Rising Waters’ du journal ‘Post and Courier’ montre que le boom immobilier sans précédent de la région de Charleston nous a rendus plus vulnérables face à l’accélération du changement climatique. L’étude montre que Charleston, qui connaît une croissance rapide, a perdu 5 % de son couvert végétal, et que le ‘Mount Pleasant’, qui connaît une croissance plus rapide, a perdu 22 % de son couvert végétal. Lire la suite en anglais > Read more

Alors que les déserts d’informations locales s’étendent, les reportages approfondis sur la science et d’autres sujets complexes se sont également taris. Tony Bartelme, lauréat 2018 du prix Kavli de l’AAAS pour le journalisme scientifique, propose un moyen de remédier à cette situation.

Au cours des 15 dernières années, un quart des journaux américains ont disparu, laissant environ 1.800 communautés dans des déserts d’information, c’est-à-dire des endroits sans présence de nouvelles locales. Dans le même temps, de nombreux journaux survivants ont réduit leur personnel, créant ainsi des journaux fantômes où une poignée de reporters se précipitent des réunions du conseil municipal aux événements sportifs. Dans un nombre croissant de petites villes, ces journalistes n’ont tout simplement pas le temps de creuser des sujets complexes, tels que la corruption des gouvernements et le changement climatique.

Existe-t-il un moyen de combler ce vide ?

Au journal de Charleston, ‘South Carolina Post and Courier’, où je fais partie de l’équipe des projets d’investigation, nous nous sommes récemment posé cette question en lançant deux projets ambitieux.

Charleston est une vieille ville côtière où la plupart des terres se trouvent à quelques centimètres au-dessus du niveau de la mer. Le réchauffement rapide de la planète a rendu cet endroit de faible altitude plus vulnérable aux pluies torrentielles et à la montée des eaux. À maintes reprises, j’en ai ressenti les effets de première main en descendant les marches de ma maison pour me rendre au travail dans des eaux de crue qui m’arrivaient aux cuisses.

Mais la nature progressive de ces impacts peut atténuer le sentiment d’urgence. C’est pourquoi, l’année dernière, nous avons passé des mois à étudier les dernières découvertes de la science du climat. Nous avons construit de nouvelles bases de données pour identifier les maisons vulnérables et les zones qui avaient perdu des arbres - nous avons même analysé les eaux de crue à la recherche de contamination fécale, une menace cachée pour la santé publique. Puis nous avons attendu qu’une de ces averses et raz-de-marée de plus en plus fréquents viennent semer la pagaille. Lorsque cela s’est produit, nous avons intégré nos articles scientifiques sur le climat dans des articles de fond. Nous avons appelé ce projet ’Rising Waters’.

Notre objectif avec ’Rising Waters’ était de couvrir le changement climatique comme un sujet d’actualité, mais avec plus de profondeur et lorsque les effets étaient aussi viscéraux que le chaos qui tourbillonnait dans les cours des lecteurs. Le projet a été bien accueilli et a contribué à l’élaboration de nouvelles politiques, notamment un effort de 10 millions de dollars pour protéger le quartier médical de la ville.

Mais notre travail s’est surtout limité à la zone métropolitaine de Charleston. Les villes situées le long de la plaine côtière marécageuse de la Caroline du Sud sont confrontées à des menaces similaires liées au climat. Nous savions que notre couverture approfondie n’atteignait pas ces communautés. Elle ne comblait pas le vide de l’information.

Nous avons donc essayé une autre approche, pour un autre type d’inondation : une vague de corruption gouvernementale. Ce faisant, nous avons découvert un modèle plus prometteur, qui améliore notre propre couverture et soutient ces petits journaux. Voici comment cela s’est passé :

Au cours des trois dernières années, notre équipe d’enquêteurs a révélé une liste étonnamment longue de shérifs, procureurs et juges véreux. Et nous avions remarqué un modèle : Beaucoup d’entre eux se trouvaient dans des régions rurales de l’État - les mêmes régions où tant de journaux de petites villes avaient fermé ou étaient en train de s’accrocher.

Nous savions aussi qu’il fallait du temps et de l’argent pour enquêter sur ces fonctionnaires corrompus. Nous avions déjà déboursé des milliers de dollars en frais pour obtenir des documents gouvernementaux et passé des mois à développer des réseaux de dénonciateurs. De nombreux petits journaux ne disposaient pas des ressources nécessaires pour effectuer ce genre de travail fastidieux.

Au cours de ce reportage, nous avions identifié de nouvelles cibles dans plusieurs zones rurales. Nous aurions pu faire cavalier seul - publier des articles qui dénonçaient les fautes commises dans ces endroits et, ce faisant, faire faux bond à ces petits journaux. Et si nous avions travaillé ensemble ?

Pour son projet ’Uncovered’, le ‘Post and Courier’ collabore avec un réseau national de médias locaux.

Nous avons commencé à appeler et à envoyer des courriels aux rédacteurs en chef de toute la Caroline du Sud avec un argumentaire : Nous offrions gratuitement notre nouvelle série d’articles sur la corruption du gouvernement. S’ils voulaient écrire leurs propres articles sur la base de nos découvertes, tant mieux. S’ils voulaient travailler directement avec nous sur de futurs articles, c’était encore mieux. Et s’ils voulaient simplement publier nos articles, aucun problème. Nous savions que certains journalistes avaient plus de temps et d’expérience que d’autres. Nous espérions que chaque partenariat se déroulerait de manière organique, de la façon la plus adaptée aux besoins de nos partenaires.

Nous avons appelé le projet ’Uncovered’, afin de saisir le double sens de la dénonciation des actes répréhensibles et de la mise en lumière du problème de l’expansion des déserts d’information. Les réponses des journaux de notre État de Caroline du Sud ont été rapides et encourageantes. Au moins 15 organismes de presse se sont engagés, y compris ceux qui desservent les lecteurs noirs et latinos. À maintes reprises, les rédacteurs en chef nous ont fait part de leur enthousiasme à l’idée d’offrir à leurs lecteurs des analyses plus approfondies que celles qu’ils pourraient réaliser seuls.

Avec ce réseau en place, les premières tranches du projet ont traversé la Caroline du Sud avec un effet puissant. En quelques jours, le gouverneur de la Caroline du Sud a demandé des réformes éthiques. Les législateurs de Caroline du Sud ont déposé un projet de loi visant à combler les lacunes qui permettaient à certaines agences de se gaver d’un buffet de ‘junkets’ [voyages d’affaires éclair] et de rabais consentis. Les fonctionnaires ont promis de revoir la façon dont ils dépensent l’argent des contribuables. Une agence a annulé une retraite dans un centre de villégiature coûteux. Une autre a pris la décision inhabituelle d’expliquer publiquement pourquoi elle s’est rendue à une conférence dans une station balnéaire, puis a remercié les contribuables d’avoir payé la facture.

Les gens se comportent différemment lorsqu’ils sont observés, et il était difficile d’ignorer un réseau d’observateurs de la corruption à l’échelle de l’État.

Mais le projet était coûteux. Nous avons calculé que nos premiers versements ont coûté au moins 50.000 dollars en travail, analyses de bases de données, demandes de documents et déplacements. Nos ambitieux projets sur le changement climatique ont coûté encore plus cher. Donc, pour combler ce manque de financement, nous avons associé notre couverture à une nouvelle campagne visant à créer un fonds de reportage d’investigation à but non lucratif.

Bon, pour tout vous dire, le journal ‘Post and Courier’ est un peu différent de la plupart des journaux américains de taille moyenne. Il s’agit d’une entreprise privée, et non d’une chaîne sans visage dirigée par des actionnaires. Certains propriétaires ont des racines à Charleston qui remontent au début des années 1700. C’est peut-être en raison de cette longue histoire que notre journal a été moins prompt à suivre les stratégies autodestructrices consistant à supprimer les équipes de journalistes pour faire plus de profits.

Pourtant, nous sommes confrontés aux mêmes vents contraires économiques brutaux que tous les autres journaux. C’est là qu’intervient le nouveau fonds à but non lucratif. Nous avons ciblé le journalisme d’investigation parce qu’il est très coûteux, et parce qu’il est facile à vendre : lorsque les organes de presse demandent des comptes aux responsables gouvernementaux, ils dépensent l’argent des contribuables plus efficacement.

Notre campagne a fait écho à celle du ‘Seattle Times’, un autre journal familial de la région métropolitaine qui a créé un fonds pour le journalisme d’investigation. Les contributions ne vont pas directement au journal. Au lieu de cela, les donateurs donnent à la ‘Coastal Community Foundation’, un organisme à but non lucratif bien établi. ‘Le Post and Courier’ soumet des factures et d’autres documents pour justifier les dépenses, un accord indépendant qui ajoute un niveau supplémentaire de responsabilité.

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Le programme ’Uncovered’ a révélé 100 accusations de corruption du gouvernement remontant à 2015, représentées ici par des points jaunes. | Bryan Brussee/The Post and Courier

Comment tout cela a-t-il fonctionné ?

Avant le lancement de ’Uncovered’ le 14 février, notre fonds d’investigation avait récolté 20.000 dollars. Un mois plus tard, les donateurs avaient donné plus de 400.000 $ ! Les abonnements numériques sont en hausse. L’intérêt des lecteurs est aussi élevé que ce nous avions espéré. Une mesure en plus : nous avons été inondés de nouveaux tuyaux de corruption. Nous enquêtons activement sur plus de 50 d’entre elles.

Il est clair que nos lecteurs veulent des reportages agressifs de type ’chien de garde’. Ils apprécient l’approche collaborative avec les petits journaux. Les décideurs réagissent à nos découvertes.

Le modèle que nous avons utilisé pour ’Uncovered’ fonctionnera-t-il pour d’autres sujets, comme le changement climatique et d’autres sujets scientifiques complexes ? Nous le pensons. Lorsqu’un ouragan frappe, pourquoi ne pas exploiter le réseau ‘Uncovered’ pour créer une histoire beaucoup plus solide à l’échelle de la région ? Pourquoi ne pas partager les éléments contextuels sur le changement climatique ? Un ’Rising Waters 2.0’.

Notre collaboration a fonctionné parce qu’elle est souple et respecte l’indépendance et les besoins différents de nos partenaires. Mais elle exige une nouvelle façon de penser. Personnellement, je n’étais pas habitué à parler de nos résultats d’enquête à d’autres journalistes avant qu’ils ne soient publiés. Pendant si longtemps, la concurrence a fait partie de notre ADN pour travailler dans notre métier. Aujourd’hui, nous devons essayer de nouvelles choses pour survivre, même si notre modèle ’Uncovered’ montre qu’un vieux proverbe africain s’applique toujours :

« Si tu veux aller vite, vas-y tout seul ! Mais si vous voulez aller loin, allez-y ensemble ! ».

Pour aller plus loin, on peut consulter deux articles de Penelope Muse Abernathy, titulaire de la chaire Knight en journalisme et économie des médias numériques, ‘The Center for Innovation and Sustainability in Local Media’, Université de Caroline du Nord à Chapel Hill : “The Expanding News Desert et “News Deserts and Ghost Newspapers : Will Local News Survive ?

Tony Bartelme est reporter principal de projets pour le journal ‘ Post and Courier’ de Charleston, en Caroline du Sud, et auteur de ’A Surgeon in the Village : An American Doctor Teaches Brain Surgery in Africa’ (Un médecin américain enseigne la chirurgie du cerveau en Afrique). Il a remporté un prix d’argent AAAS Kavli pour le journalisme scientifique en 2018 dans la catégorie des petits journaux pour son reportage sur l’impact des proliférations d’algues destructrices.*

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© 2021 Association américaine pour l’avancement des sciences – Source : https://www.aaas.org/news/competition-or-collaboration-tony-bartelme-news-deserts

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  • France – Emission ‘France Inter’ - Morgan Large : ’J’ai l’impression d’être une cible depuis que mon visage est paru sur le Twitter de la FNSEA’ - L’INVITÉ DE 6H20 Lundi 3 mai 2021 par Mathilde Munos - 8 minutes ÉCOUTER - S’abonner Application Radio France Podcast RSS - Réagir > {{}}Contact
    Journée mondiale de la liberté de la presse : « Morgan Large, journaliste à ‘Radio Kreiz Breizh’, victime d’intimidations suite à son témoignage dans le documentaire ’Bretagne, une terre sacrifiée, est notre invitée de 6h20 ».

Morgan Large

Photo - Morgan Large © AFP / LOIC VENANCE / AFP

Ce 3 mai est la journée mondiale de la liberté de la presse. Et à cette occasion, nous avons invité la journaliste Morgan Large qui subit insultes, menaces et sabotage : des tentatives d’intimidation, jusqu’au déboulonnage des roues de sa voiture, pour avoir dénoncé les dérives de l’agriculture intensive en Bretagne.Il y a des jours où on se dit qu’il faut continuer de travailler dans ce domaine et d’autres où l’on est découragé, comme en ce moment où l’on voit qu’il y a une forme de justification de ce qu’il m’arrive par la presse agricole, et par certains patrons de l’agroalimentaire’ raconte la journaliste. 

Manifestation en soutien à Radio Kreiz Breizh et la journaliste Morgan Large

5 minutes - À écouter - ENVIRONNEMENT Comment l’industrie agroalimentaire règne et intimide en Bretagne

Elle cite ainsi l’attitude de Georges Galardon, élu vice-président de la communauté de commune dans laquelle la journaliste réside, et surtout ex-président de ‘Triskalia’, énorme coopérative de 4.800 salariés et 18.000 adhérents : ’Il déclare que je menace les patrons de l’agroalimentaire et des élus, que c’était du harcèlement, que quelque chose ne tournait pas rond chez moi, et à aucun moment il y a la condamnation d’employer des méthodes injustifiables, de me mettre en danger moi et ma famille’ déplore Morgan Large. 

’J’ai l’impression d’être une cible depuis que mon visage est paru sur le Twitter de la FNSEA régionale, je pensais que la médiatisation allait me protéger, mais là, je suis assez inquiète’. 

Elle a ainsi demandé une protection policière, mais ne l’a pas obtenue, pas même un numéro de téléphone d’urgence : ’On m’a dit que je pouvais téléphoner quand je voulais à Guinguamp, à 50 minutes de chez moi : non, je ne me sens pas très protégée’. 

’Activistes persécuteurs’

C’est le documentaire ’Bretagne une terre sacrifiée’, diffusé sur France 5, qui a tout déclenché : elle intéressait ses auteurs pour sa condition de journaliste presse et radio qui s’intéresse à l’agroalimentaire, mais aussi pour son statut d’élue locale et de conseillère municipale : ’Il était très dur d’en trouver qui acceptait de parler’. Elle rappelle ainsi le rassemblement de soutien organisé pour elle le 6 avril dernier, avec beaucoup de maire avec leurs écharpes, des messages du président de région : ’Mais je m’inquiète des éditos dans la presse agricole, qui parlent ’d’activistes persécuteurs’’ dit cette fille de paysans, qui a même passé un brevet professionnel d’exploitation agricole, il y a quelques années ’parce que ces sujets m’intéressaient et que j’avais des lacunes théoriques énormes’. 

’Je suis en général bien reçue dans les fermes, et ce sont les agriculteurs qui me demandent d’aller creuser des sujets pour lesquels ils n’ont pas de réponses.’

Les crises agricoles se succèdent les unes après les autres, et les agriculteurs ne les comprennent pas. Elles citent l’exemple de ces marchés où des veaux sont bradés en fin de marchés : ’2 veaux, pour 2 euros’. 

Inès Léraud (Les Algues vertes, Delcourt / La Revue Dessinée) fait partie des journalistes qui subissent, en Bretagne, des pressions permanentes

2 minutes - À écouter - SOCIÉTÉ Bretagne : guerre de basse intensité contre le droit d’informer

Une ONG pour soutenir le journalisme indépendant en Bretagne

Pour pourvoir continuer son travail d’enquête, elle a aussi monté une ONG, Splann, ’première ONG d’enquêtes journalistique en Bretagne’, montée avec d’autres journalistes pour mener des enquêtes en toute indépendance : ’On a envie d’embaucher des jeunes journalistes et les rémunérer correctement et surtout donner une info gratuite aux gens, c’est un bien commun’. Elle veut ainsi éviter aussi l’autocensure : ’Quand on est fatigué, précarisé, quand on n’a plus envie de traiter des sujets sur l’agriculture qui reviennent ainsi à la seule presse agricole, une presse aux mains des grands groupes, dans lequel le milieu de la communication et de l’information est extrêmement poreux’. 

Morgan Large à Rostrenen

18 minutes - À écouter - SOCIÉTÉ Soutien total à Morgan Large

>> Voir ’Bretagne, une terre sacrifiée’ de France 5 extrait sur Disclose. 

Les invités : Morgan Large Journaliste - L’équipe : Mathilde Munos - Contact

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France Inter Contact - Référence : Morgan Large : ’J’ai l’impression d’être une cible depuis que mon visage est paru sur le Twitter de la FNSEA’ (franceinter.fr)]

France Inter, 1re radio en Ile-de-France.

Source : https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-03-mai-2021

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Annexe sur le thème ‘Compétition ou Collaboration’


Contenu de l’annexe :

  • La coopération fait plus pour l’évolution que la compétition https://reporterre.net › « La coopération fait plus pour l’évolution que la compétition. Emmanuel Daniel (Reporterre). 17 février 2018 à 10h27, Mis à jour le 4 septembre 2018 à 12h28.
    « Et si l’homme n’était pas un loup pour l’homme ? Et si la loi du plus fort n’était pas la loi de l’évolution ? Et si l’entraide en était le vrai moteur ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles répond « L’Entraide », le livre majeur du penseur anarchiste russe Pierre Kropotkine : L’entraide, facteur d’évolution… »

Livre : ‘L’Entraide’, de Pierre Kropotkine, éditions Aden, 2009, 368 p., 22 €. 1èrede couverture

Pierre Kropotkine (1842-1921). Photo

A lire en totalité sur ce site : https://reporterre.net/La-cooperation-fait-plus-pour-l-evolution-que-la-competition

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  • Entreprise en mode compétition ou en mode collaboratif ? Présentation Carolina Serrano Archimi pour ‘IAE Aix-Marseille – Document diffusé par ‘actuentreprise’
    Pourquoi faut-il arrêter de mettre l’entreprise en mode compétitif ? Qu’apporte le mode collaboratif ? Comment gérer dans un contexte de mode collaboratif les problématiques de compétitions internes ? Comment gérer les émotions ?

Les entreprises doivent faire face à un challenge de taille qui amène des bénéfices considérables, tant sur la performance que sur le climat de travail : développer l’approche collaborative en interne. L’approche collaborative fait référence à un état d’esprit : il consiste principalement à considérer son collègue, son subordonné, son supérieur hiérarchique comme un partenaire, à considérer que la réussite personnelle passe par la réussite collective du projet d’entreprise.

Cet état d’esprit génère l’éclosion de la créativité et l’initiative des collaborateurs, car il permet l’instauration d’un climat d’échanges constructifs autour de l’amélioration continue de la situation présente de l’entreprise. Il devient ainsi un antidote à la complaisance et aux comportements opportunistes dans l’entreprise. L’état d’esprit collaboratif est donc contraire à l’esprit de compétition. Cependant, il ne peut pas se développer de façon spontanée, il doit être accompagné, car il n’est pas naturel. La réaction naturelle des collaborateurs –à tous les niveaux- n’est pas, en règle générale, de collaborer et de considérer les collègues comme des partenaires. Ceci est dû au fait qu’ils sont pour la plus part piégés dans la croyance limitante de l’exclusion, i.e. de la croyance par laquelle pour pouvoir réussir, l’autre, mon voisin, doit échouer. Ainsi, les entreprises doivent apprendre à développer la culture de la collaboration et réduire les comportements de compétition. Ceci implique certaines conditions, tant au niveau de la direction de l’entreprise que des équipes :

Au niveau de l’entreprise :

  • Expliciter les valeurs et les comportements spécifiques au mode collaboratif attendus dans l’entreprise et les intégrer dans tous les discours et tous les actes au quotidien
  • Assurer un alignement entre les processus internes (valeurs, normes, critères d’évaluation) et les comportements collaboratifs attendus
  • Montrer l’exemple dans le comité de direction : promouvoir une approche collaborative visible dans l’équipe de direction
  • Former les services support (services RH, COM, finances, etc) à se positionner en mode « soutien » et pas en mode « contrôle » de la ligne managériale et des collaborateurs
  • Prévoir un processus de régulation pour identifier et éliminer les comportements déviants ou non collaboratifs
    Au niveau des équipes :
  • S’assurer que le but commun est toujours clairement identifié et fréquemment évoqué
  • Développer les compétences d’intelligence émotionnelle et de gestion des conflits auprès des collaborateurs, notamment la capacité à fournir et à recevoir du feedback et à en faire usage pour développer son leadership personnel au service du groupe
  • Promouvoir une culture de confiance qui permet à chacun de sortir de sa zone de confort en sécurité et se sentant soutenu par le collectif
  • Générer une culture de débat, i.e. d’échanges passionnés centrés sur des idées, projets, actions, retours d’expériences, etc (mais pas centrés sur les personnes)
  • Générer une culture de responsabilité ou de « redevabilité » (accountability en anglais), par laquelle les collaborateurs se sentent responsables des résultats atteints et ouverts à s’améliorer collectivement
    Le mode collaboratif s’apprend. Il nécessite une démarche volontaire de la part de l’entreprise, il ne va pas de soi. Le résultat est pourtant extraordinaire : des équipes plus performantes, plus sereines, sachant faire face aux désaccords inhérents à une culture d’ouverture et à transformer les contraintes en opportunités pour le bon développement de l’entreprise.

Présentation de Carolina Serrano Archimi – Photo - Carolina Serrano Archimi est maître de conférences à l’IAE Aix-Marseille. Elle dirige le MBA et enseigne la conduite du changement et le leadership. Ses travaux de recherche se centrent sur les mécanismes de confiance et de cynisme au travail. Elle est également coach, superviseur de coachs et consultante en projets de transformation dans les organisations.

Présentation de l’IAE Aix-Marseille - Reconnu pour l’excellence de ses formations (seule IAE de France à avoir la double accréditation EQUIS et AMBA) et l’insertion professionnelle de ses diplômés, l’IAE Aix-Marseille propose des programmes (Masters, MSc, MBA, doctorat) spécialisés en gestion et caractérisés par leur adéquation aux besoins du monde des affairesL’IAE Aix-Marseille allie excellence académique de l’Université, attachement aux valeurs du service public et dynamisme d’une ‘Business School’. Nous contacter| Mentions Légales | Copyright © 2011 Actuentreprise. Tous droits réservés

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Source : https://www.actuentreprise.com/nos-articles/entreprise-en-mode-competition-ou-en-mode-collaboratif/

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  • La loi de la jungle : entre compétition et coopération Par L’équipe Dynamique Entrepreneuriale 19/04/2020 –Document ‘dynamique-mag.com‘- Illustration
    Aujourd’hui plus que jamais, les modèles mis en place rencontrent leurs limites. Mettre de l’humain au cœur des relations professionnelles devient indispensable. La solidarité, l’empathie devrait nous servir pour bâtir une entreprise ou un projet. Les nouvelles générations sont en train de constater l’échec d’une économie uniquement basé sur le profit de quelques-uns et qui lient toute décision à la rentabilité du moment quitte à en ignorer les conséquences destructrices. Le retour aux vraies valeurs est devenu une aspiration à laquelle les dirigeants des entreprises devront répondre. 

Depuis toujours, le stéréotype de la loi de la jungle existe, où la compétition doit primer sur le reste dans un environnement donné. En entreprise, la compétition doit-elle toujours intervenir ? Et quelle est la place de la coopération pour vos salariés ? La meilleure stratégie ne serait-elle, finalement, pas une alliance des deux ? Explications.

Deux comportements naturels

Pablo Servigne, biologiste co-auteur d’un livre avec Gauthier Chapelle intitulé « L’entraide. L’autre loi de la jungle », démontre par la science l’importance de la coopération au sein de toutes les espèces. Les idées reçues au XXème siècle ont souvent catégorisé la loi de la jungle comme une perpétuelle compétition entre les espèces. Selon Pablo Servigne, l’égoïsme de chacun desservirait la société sur le long terme.

Chez les animaux, la compétition reste très peu sollicitée, considérée comme dangereuse. Ce raisonnement s’applique évidemment aux Hommes et au domaine de l’entreprise. Certains, confrontés à la compétition, tentent parfois de se montrer très productifs afin de primer sur les autres. L’inconvénient de ce procédé est, néanmoins, qu’il entraîne souvent de l’agressivité entre les différentes parties et qu’il peut engendrer une contre-productivité sur le long terme.

Pour revenir à la coopération, il s’agit là aussi d’un phénomène naturel : l’entraide motive chacun de nous dans le cadre personnel et peut s’avérer utile en entreprise. La théorie de Marcel Mauss du don et du contre don, [voir [Théorie du don/contre-don : donner/recevoir/rendre ]->http://www.sietmanagement.fr/theorie-du-doncontre-don-donnerrecevoirrendre-m-mauss/]
, confirme cette approche en justifiant la coopération dans le cadre social. Faire un don envers autrui reviendrait à s’associer à cette personne, qui, ayant reçu un don, devrait, en principe, vouloir donner en retour. Ce processus relève de ce que l’on appelle « le donnant-donnant » et crée forcément du lien social. Par cette pratique, une équipe va s’entraider avec les divers talents et compétences dont elle dispose, créant ainsi un lien et de la productivité.

Les avantages de la coopération sur la compétition 

Dans une entreprise, la compétition est souvent présente entre les salariés pour une promotion, par exemple. Elle peut également s’avérer nécessaire car elle permet aux salariés de se dépasser. Utilisée dans l’excès, elle provoque, en revanche, du stress et des tensions entre les collaborateurs. Trop de compétition entre les salariés peut vite devenir ingérable, faisant de chaque tâche un challenge et un sujet de discorde. Un climat de ce type peut alors nuire à la cohésion du groupe. Si instaurer un esprit de compétition peut servir sur un projet, il ne faut pas non plus en oublier l’esprit d’équipe et ses bienfaits. Parfois, la compétition entraîne d’ailleurs un sentiment de malaise au sein du groupe, les collaborateurs ne souhaitant pas être jugés uniquement sur leurs performances.

Dans une entreprise, comme l’explique le principe de la loi de la jungle, celle de l’entraide peut donner de très bons résultats. Il ne faut pas se baser sur l’individualisme avec une réussite personnelle mais plutôt faire passer celle-ci par la réussite collaborative. La coopération permet, avant tout, d’obtenir l’implication de chacun. Les échanges se doivent d’être constructifs : les talents conjugués ensemble engendrent une bonne productivité. Cela permet aux salariés de s’entraider et de viser un objectif commun, souvent plus élevé qu’un objectif personnel. La cohésion permet également une bonne entente au sein du groupe et évite une concurrence destructrice et sans intérêt. Dans le monde de l’entreprise, aucun salarié ne dispose d’autant de compétences que celles de l’ensemble des salariés réunis. Ainsi, chacun doit être mis à contribution.

Deux modèles interdépendants

Pour que règne un bon équilibre au sein d’une firme, la coopération, seule, n’est toutefois pas toujours l’idéal. La compétition et la coopération sont, en effet, à mettre en relation pour créer un équilibre qui devrait permettre une réelle productivité. La compétition motivera les salariés et l’esprit d’équipe issu de la coopération donnera à chacun les clés pour réussir.

La satisfaction s’établit sur le principe d’une auto-évaluation, d’une remise en question perpétuelle. Un salarié se compare alors très souvent à ses collègues en matière de salaire, de primes mais aussi de compétences. Cette forme de compétition intérieure favorise le progrès. Mieux vaut donc admettre la compétition au lieu de la nier et travailler sur un équilibre entre celle-ci et la coopération.

Trouver l’équilibre parfait pour son équipe

Pour instaurer un système fonctionnel entre compétition et coopération, il faut trouver le bon équilibre. La motivation présente chez les salariés provenant de la compétition, il est tout à fait possible d’instaurer avec eux des objectifs individuels afin qu’ils puissent se challenger. Et pour éviter de pointer du doigt les faiblesses de certains, demandez plutôt aux meilleurs salariés de partager leurs compétences. Les plus forts pourront alors encourager les plus faibles. Retenez qu’un esprit de cohésion doit naître au sein de vos équipes.

Pour résumer, si la compétition est bénéfique dans un environnement professionnel il ne faut pas en abuser. Des réflexes doivent être adoptés pour ne pas créer de conflits dans l’entreprise et une concurrence déplacée. N’oubliez pas non plus de motiver vos troupes en rappelant l’objectif collectif ! 

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  • Coopération et compétition, deux forces en équilibre - Par Cécile Balty • 15 juin 2018 | 09h48 - Un tranché de l’Obs (21/12/2017). Document diffusé par ‘youmanity.org’
    Et si la coopération était tout aussi “naturelle” que la compétition ? Pablo Servigne et Gauthier Chapelle voir Gauthier Chapelle {{}}démontrent avec brio comment l’entraide et la coopération font partie de la nature humaine…

Douze ans durant, Pablo Servigne et Gauthier Chapelle ont minutieusement étudié le vivant, adoptant une approche multidisciplinaire et croisant les regards sur les moteurs et mécanismes de survie des espèces animales, végétales et humaine. Les résultats de leurs recherches sont sans appel : l’entraide est omniprésente dans la nature !

“Ce ne sont pas forcément les plus forts qui survivent, mais ce sont les groupes les plus coopératifs. Ce sont les espèces et les individus qui s’associent, qui s’entraident, qui survivent le mieux aux conditions difficiles.”

Dans leur ouvrage “L’Entraide. L’autre loi de la jungle”, les deux scientifiques s’attellent à déconstruire cette idée bien ancrée dans l’imaginaire occidental selon laquelle la nature est régie uniquement par la loi du plus fort. Or, si la compétition est bien présente dans la lutte pour la survie, les conditions hostiles du milieu provoquent pourtant entraide et coopération entre les individus. L’une ne se manifeste pas sans l’autre, compétition et coopération sont deux forces en tension, en équilibre.

Et l’homme dans tout ça ? Animal social par définition, l’homme n’échappe pas à la loi de l’entraide. Des études sociologiques montrent qu’en situation de crise, aider son prochain est de l’ordre du réflexe, du spontané : la condition humaine prend le dessus. La culture de la compétition au fondement des sociétés occidentales est quant à elle le résultat d’une trajectoire historique, politique et idéologique qui a élevé la loi de la jungle au rang de loi universelle. Et s’il était temps de renverser la vapeur, de déconstruire le mythe ?

L’autre loi de la jungle - couverture

Le saviez-vous ?

Pins et sapins d’Amérique du Nord. De deux espèces différentes, ces arbres tendent à s’entraider lorsque les conditions du milieu sont plus difficiles : en altitude, les sapins se développent uniquement autour des pins, et se portent moins bien lorsque ceux-ci disparaissent.

Anémone de mer : “Jamais sans mon escargot !”. Certaines espèces ne peuvent plus se passer l’une de l’autre. C’est le cas d’une anémone de mer qui vit sur le dos d’un escargot, offrant protection à ce dernier en échange du transport. Ces deux-là n’ont jamais été observés l’un sans l’autre, à tel point que l’escargot -fort de la protection de sa compagne l’anémone- se contente simplement d’une fine coquille.

“Oser se laisser transformer au contact de l’autre pour rester vivants, ensemble, il y a là une véritable leçon de lâcher-prise” (L’Entraide, p. 37).

Sources : nouvelobs.com, lalibre.be, imagine magazine

A lire aussi : Le durable impose 3 conditions

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Source : https://www.youmanity.org/cooperation-et-competition-deux-forces-en-equilibre/

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Collecte et agencement des documents, traduction, [compléments] et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant - 04/05/2021

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

http://www.isias.lautre.net/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIAS Journalisme Engagement public Submersions marines Corruption Agriculture intensive.2docx.docx

Mis en ligne par le co-rédacteur Pascal Paquin du site inter-associatif, coopératif, gratuit, sans publicité, indépendant de tout parti, géré par Yonne Lautre : https://yonnelautre.fr - Pour s’inscrire à nos lettres d’info > https://yonnelautre.fr/spip.php?breve103

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