Accueil > Arts & Créations artistiques > "La poésie orale des femmes bédouines au Proche-Orient" par Jacques Hallard

"La poésie orale des femmes bédouines au Proche-Orient" par Jacques Hallard

mercredi 3 mars 2021, par Hallard Jacques


ISIAS Culture Poésie Israël

La poésie orale des femmes bédouines au Proche-Orient - Amal Elsana-Alh’jooj, figure d’autorité pour le statut de la minorité arabe et des femmes en Israël et l’anthropologue israélien Clinton Bailey, collecteur d’enregistrements sur la poésie, l’histoire et le système juridique des communautés nomades

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 02
/03/2021

Plan du document : Avant-propos {{}}Informations préliminaires Introduction Sommaire Auteur

Selon leur culture, ’Pour les poètes arabes, le désert, dans sa présence ou son absence, est un véritable pouvoir, mais ce pouvoir peut prendre des formes différentes. ... Dans tous les cas, le désert est un contexte particulier, qu’il s’agisse d’un danger de mort ou d’une vie qui se manifeste, et il a une voix – qui s’exprime -’ Source


Avant-propos

Le mois de mars marque, dans l’hémisphère nord, le renouveau printanier progressif. Voir par exemple une illustration sur la ’Renaissance solaire au printemps’ par Jacques Hallard ; mardi 1er janvier 2019 - ISIAS Créations artistiques - 在春天太阳能 重生 - Spring solar renewal - Frühling Solarerneuerung.

Ce même thème a également été abordé avec ’Le printemps en peinture, en musique et certains de ses aspects symboliques dans diverses cultures et en franc-maçonnerie.’ par Jacques Hallard ; samedi 2 mai 2020.

Par ailleurs, a été institué en France le Printemps des poètes, et un centre de ressources pour la poésie coordonne cette manifestation nationale et éducative qui trouve sa place dans l’agenda pour l’édition 2021 : elle se déroulera du 13 au 29 mars.

Par marquer cela, il a déjà été proposé ce dossier : ’A l’occasion du ‘Printemps des Poètes’ en France, découverte de la poésie chinoise de 618 à 907, à l’époque de la dynastie des ’Tang’’ par Jacques Hallard ; lundi 22 février 2021. 发现中国诗歌从618年到907年的唐朝时期

Sur un autre plan, au niveau mondial, a été instituée par l’ONU - le 8 mars - la journée internationale des droits des femmes. Dans notre pays, le 8 mars est en particulier une journée de sensibilisation et de mobilisation des élèves des écoles, collèges et lycées pour les droits des femmes et l’égalité entre les filles et les garçons. Source

Ces évèmenemnts conjoints du ‘Printemps des poètes’ et de la ‘Journée des droits des femmes’ ont été cette fois-ci mis à profit pour réaliser le présent dossier consacré à la poésie orale des femmes bédouines au Proche-Orient. Cette contribution fait suite et compléte une étude antérieure intitulée : ’La présence de femmes musulmanes ‘savantes’, réputées et engagées est attestée depuis le IXème siècle et jusqu’à nos jours à travers le monde’ par Jacques Hallard ; vendredi 31 mai 2019.

Retour au début de l’avant-propos


Informations préliminaires

Cette rubrique propose tout d’abord et successivement : la découverte de deux grandes figures de la culture bédouine, à savoir Amal Elsana-Alh’jooj, qui se bat pour une plus grande égalité entre les hommes et les femmes, entre les Juifs et les Arabes dans sa patrie et dans la communauté bédouine en Israël, d’une part, et l’anthropologue israélien Clinton Bailey, d’autre part. Puis une introduction sur les bédouins et sur le Néguev, une région désertique du sud d’Israël.

Deux grandes figures rapportées dans ce dossier :

Amal Elsana-Alh’jooj de la communauté bédouine d’Israël

Amal Elsana-Alh’jooj dirige un atelier sur l’identité avec des boursiers de l’ICAN à l’Université McGill de Montréal, en 2018. (Autorisation)

Amal Elsana-Alh’jooj, titulaire d’un doctorat au Canada, dirige un atelier sur l’identité avec des boursiers de l’ICAN à l’Université McGill de Montréal, en 2018. (Autorisation) ; elle est considérée comme un leader dans la communauté bédouine d’Israël et une figure d’autorité en ce qui concerne le statut de la minorité arabe et des femmes en Israël – A découvrir ci-dessous

ICAN :International Community Action Network (ICAN)– « Le pouvoir de changer les choses est entre les mains du peuple » - ICAN est un réseau international de dirigeants de la société civile, de chercheurs, d’organisations communautaires et d’universités, qui travaillent ensemble pour faire progresser la justice sociale et le développement communautaire. Nous pensons que la justice sociale est le fondement le plus fiable pour des communautés fortes, saines et tolérantes. Grâce à une approche holistique combinant recherche, éducation, formation et changement de politique, ICAN travaille au renforcement de la société civile par le biais des institutions locales et à la promotion de l’accès à la justice en donnant aux communautés et aux individus les moyens d’entreprendre des actions pratiques. Construit sur un modèle canadien, ICAN travaille en coopération avec des partenaires institutionnels palestiniens, jordaniens et israéliens pour promouvoir l’État de droit, l’équité, la paix et la société civile parmi les groupes défavorisés au Moyen-Orient. Nous accordons une grande importance à l’autonomisation des enfants, des jeunes, des minorités et des femmes, en impliquant les groupes marginalisés dans les processus qui affectent leur vie. Ces efforts ont permis de créer des liens entre le gouvernement et les citoyens, de créer des possibilités de coopération et de partage d’expertise, et de promouvoir une culture de paix dans la région.

Traduction Jacques Hallard - Source : https://www.mcgill.ca/ican/

L’anthropologue israélien et érudit bédouin Clinton Bailey

https://static.timesofisrael.com/fr/uploads/2021/02/000_8ZH7XJ.jpg

Le chercheur israélien Clinton Bailey montre des livres qu’il a écrits sur la communauté bédouine et sa collection d’enregistrements audio d’entretiens qu’il a réalisé ; à Jérusalem le 25 janvier 2021. Photo : AFP - A découvrir ci-dessous

Article de Wikipédia sur les Bédouins

Photo - Bédouin du sud de la Jordanie.

Populations significatives par région

Drapeau de l’Arabie saouditeArabie saoudite

1 000 000[réf. nécessaire]

Drapeau de la JordanieJordanie

10 336 nomades (2004)1

Drapeau de l’ÉgypteÉgypte (principalement dans le Sinaï3)

380 000 (2007)2

Drapeau d’IsraëlIsraël (principalement dans le District sud)

170 000 (1999)4
Population totale environ 4 millions, dont 5 % de nomades au Moyen-Orient3
{{}}
Langues Arabe bédouin
Religions Islam (sunnisme, chiisme), christianisme et judaïsme.

Les Bédouins désignent des nomades arabes vivant de l’élevage des caprins, des ovins et des camélidés3, principalement dans les déserts d’Arabie, de Syrie, du Sinaï et du Sahara. Cette population arabe d’environ 4 millions de personnes est reconnaissable par ses dialectes, sa culture et sa structure sociale spécifiques3. De nos jours, seuls environ 5 % des Bédouins du Moyen-Orient sont encore nomades, tandis que quelques Bédouins du Sinaï sont encore semi-nomades3. Pour certains Bédouins, il ne faut qu’appartenir à une tribu d’origine bédouine pour se revendiquer Bédouin, mais pour d’autres il faut de plus mener une vie de nomade, ce qui en exclut les sédentaires5.

Le nom « bédouins » est issu de badw (البدو) ou badawi (بَدَوِي) ou au pluriel badawiyoune (بَدَوِيُّون) qui signifie « habitant des campagnes » en arabe5.

Sommaire

Le Néguev, région désertique du sud d’Israël d’après Wikip&dia

Image illustrative de l’article Néguev
Carte de localisation du Néguev.

Localisation
Pays

Drapeau d’IsraëlIsraël

Superficie 13 000 km2
Coordonnées 30° 30′ nord, 34° 55′ est
Altitude
Minimale −432 m (Mer Morte)
Villes du désert du Néguev *

Logo du patrimoine mondial Patrimoine mondial de l’UNESCO

Pays

Drapeau d’IsraëlIsraël

Type Culturel
Critères (iii)(v) [archive]
Superficie 6 655 ha
Zone tampon 63 868 ha
Numéro

d’identification

1107 [archive]
Zone géographique Europe et Amérique du Nord **
Année d’inscription 2005 (29esession)
* Descriptif officiel UNESCO ** Classification UNESCO

Le Néguev (de l’hébreu : נֶגֶב ; en arabe : النقب - Naqab) est une région désertique du sud d’Israël. En hébreu biblique, Néguev signifie « sud ». Le Néguev couvre la plus grande part du district sud d’Israël.

Sommaire

Vidéos sur le Néguev :

Aperçu 2:58 ISRAËL - A la découverte des secrets du désert du NéguevYouTube· FRANCE 24 5 janv. 2016

6:32 MEDITERRANEO – Le désert du Negev, au sud d’Israël, une ...YouTube· France 3 Provence-Alpes Côte d’Azur 27 mai 2020

Aperçu 5:44 Le désert du NeguevYouTube· DarnaTelevision 30 juil. 2018

Autres documents sur le Néguev :

Comment Israël a transformé le désert du Néguev ...https://www.geo.fr › Voyage - « 8 novembre 2019 — Comment Israël a transformé le désert du Néguev en immense laboratoire high-tech. Par Constance de Bonnaventure - Publié le 08/11/2019 ».

Néguev, le désert de tous les possibleshttps://photo.geo.fr › neguev-le-desert-de-tous-les-possi...« La vallée de l’Arava, dans la frange orientale du Néguev, a des airs d’oasis : 600 fermes, dont nombre de moshav (exploitations organisées en coopératives, ...

Retour au début de l’avant-propos

Retour aux Informations préliminaires

Retour au début du dossier


Introduction

Ce dossier est consacré à des poèmes exprimés au départ en arabe (plus ou moins dialectique et typique de certains territoires) par des habitants du désert, et spécialement dans les communautés nomades du Proche-Orient – les Bédouins -, avec des poèmes provenant plus particulièrement du patrimoine maintenu par des femmes du désert du Néguev en Israël.

Un certain nombre de poèmes ont été traduits, le plus souvent en anglais et ils ont été repris et adaptés ici à l’intention des populations de la francophonie. Il a été fait appel à quelques personnages éminents dans leurs spécialités, qui ont été les révélateurs d’une remarquable culture populaire et traditionnelle, propres notamment aux bédouins du désert du Néguev, en particulier Amal Elsana-Alh’jooj et Clinton Bailey, personnages qui ont tous deux été introduits dans la rubrique ci-dessus des Informations préliminaires.

Pour la diffusion et le choix des poèmes, il a notammnt été fait appel aux travaux de Lisa Kaaki (écrivaine ‘free lance’ à ‘Arab News’), de Moneera Al-Ghadeer traductrice de l’arabe, docteur de l’université de Californie, à Berkeley et professeure titulaire à l’université du Wisconsin à Madison aux Etats-Unis, ainsi qu’aux contributions de Maysa Abou-Youssef Hayward, professeure au département d’anglais de l’université d’Indiana en Pennsylvanie et de l’université du Caire, Fayoum, en Égypte ; elle obtint son doctorat en 1997 avec une thèse sur la théorie de la traduction et les représentations de la culture égyptienne.

Ce dossier, à visée didactique, s’ouvre par un avant-propos qui donne le ton de cette contribution, inspirée par le Printemps des poètes en France, d’une part, et par la journée internationale des droits des femmes, d’autre part.

Les documents sélectionnés sont enregistrés avec leurs accès dans le sommaire ci-après.

Retour au début de l’introduction

Retour au début de l’avant-propos

Retour aux Informations préliminaires

Retour au début du dossier


Sommaire

Retour au début de l’introduction

Retour au début de l’avant-propos

Retour aux Informations préliminaires

Retour au début du dossier


  • Poèmes des habitants du désert - Traduction du 27 février 2021 par Jacques Hallard du document intitulé « Poems from the desert dwellers – Publication en date de 2009-10-08 03:00 - Auteure d’origine, égyptienne : Lisa Kaaki - [voir aussi https://eg.linkedin.com/in/lisa-kaaki-532a1690 ]
    Texte repris par l’auteure, Moneera Al-Ghadeer (photo) - Traductrice, arabe - Moneera Al-Ghadeer est l’auteur de ‘Desert Voices : Bedouin Women’s Poetry in Saudi Arabia’ (I.B. Tauris, 2009) ainsi que de nombreux articles, chapitres de livres et traductions. Elle a obtenu son doctorat à l’université de Californie, à Berkeley, et est devenue professeur titulaire à l’université du Wisconsin à Madison. En outre, elle a été professeur invité de littérature comparée au département d’études sur le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et l’Afrique de l’université de Columbia et professeur invité Shawwaf à Harvard. Home

‘Desert Voices’ aborde la poésie orale des femmes bédouines, un sujet peu connu. L’auteure, Moneera Al-Ghadeer, a traduit pour la première fois en anglais quelques poèmes oraux qui avaient été précédemment recueillis et publiés en 1969 par Abd Allah Ibn Raddas sous le titre ’Shairat min Al-Badiyah’. Poète arabe lui-même, Raddas a passé une décennie dans les années 1950 à voyager à travers le désert d’Arabie pour recueillir la poésie orale des femmes bédouines. Il admet qu’il n’a eu accès qu’à quelques échantillons car la poésie orale des femmes est souvent dissimulée et, par conséquent, elle est facilement oubliée.

L’objectif principal de Moneera est de souligner l’importance de la poésie orale des femmes bédouines qui a été largement ignorée : ’Les critiques littéraires occidentaux et arabes modernes, contrairement aux anthropologues, ethnographes et folkloristes, ont négligé à la fois la poésie bédouine en tant que corpus et, plus important encore, les contributions des femmes à cette tradition’, dit-elle.

La poésie orale des femmes bédouines est connue sous le nom de poésie Nabati, un terme qui fait référence à un genre poétique, composé en dialectes bédouins, reflétant le mode de vie nomade. La poésie nabati comprend également la poésie dialectale ou vernaculaire, qui est différente des formes poétiques classiques écrites en arabe classique.

[Nabati – Selon Wikipédia, «  La Nabati (en arabe : الشعر النبطي) ou la poésie Nabati est la poésie arabe vernaculaire dans les dialectes arabes de la péninsule arabique, par opposition à la poésie écrite selon les règles classiques de l’arabe littéraire1. La poésie Nabati date au moins du XIVe siècle. Répandue chez les Bédouins, elle se créait et se transmettait oralement dans les dialectes locaux de la péninsule. En déclin dans le courant du XXe siècle, la Nabati connaît à la fin du XXe et au début du XXIe siècle un net renouveau, particulièrement aux Émirats arabes unis. Source  ]

La poésie bédouine bénéficie actuellement d’un regain d’intérêt

Les journaux et les magazines de la péninsule arabique proposent des chroniques hebdomadaires sur la poésie nabati. En outre, un certain nombre de sites Internet et de blogs, ainsi que des programmes de télévision par satellite, traitent de la poésie bédouine. Moneera estime que ce genre littéraire est utilisé comme ’un bien culturel... un objet de consommation dans une culture de consommation en évolution rapide et alarmante dans la région du Golfe’.

Traduire la poésie des femmes bédouines n’est pas une tâche facile ; la plus grande difficulté est de traduire l’intraduisible. Le vocabulaire est extrêmement riche et n’a souvent pas d’équivalent en anglais. Les femmes poètes bédouines ont plus de cent mots pour décrire les différents types de chameaux et pour les poètes préislamiques, le nombre de mots dépasse le millier. Par exemple, le mot ’saniyah’, souvent traduit par ’chameau d’eau’, manque de précision car un lecteur anglais ne comprendrait pas ce que signifie ’chameau d’eau’.

Marcel Kurpershoek, un ancien diplomate néerlandais en poste à Riyad au milieu des années 1990, a publié ’Poésie orale et récit d’Arabie centrale’ : La poésie d’Ad-Dindan, un barde bédouin du sud de Najd’. Il explique le mot arabe classique ’saniyah’ comme ’un chameau sur lequel un homme monte pendant que l’eau est tirée d’un puits par un homme qui le monte ou le conduit loin du puits, les deux extrémités d’une longue corde étant attachées à la selle, et l’extrémité supérieure de la corde du puits étant attachée au milieu de l’ancienne corde’.

Un autre exemple intéressant de termes intraduisibles concerne les couleurs des chameaux ; les Bédouins ont un nom pour chaque teinte. Le mot ’zerka’, qui signifie littéralement ’bleu’, désigne en fait un chameau blanc au poil noir. En anglais, décrire un chameau comme étant bleu semble tout à fait surréaliste.

Comme leurs homologues masculins, les femmes bédouines mentionnent le café dans leur poésie. Dans un poème anonyme et presque énigmatique, l’auteur utilise des rimes pour exprimer ses frustrations :

Poésie au printemps

O mon frère, voici le printemps

Des voyageurs épuisés,

Meneurs des chevaux

Sseulement suivis par leur poussière,

Je vous interroge sur un homme

Avec tous les ustensiles pour préoarer le café,

Pourtant, cela fait huit longues années

Qu’il n’a pas moulu un seul grain !

Soit il doit faire quelque chose dans son pot

Comme les autres hommes le font,

Ou alors céder la place à quelqu’un d’autre …

Mais qui s’en soucie ?

Les femmes poètes bédouines sont également inspirées par l’amour, le désir, la nostalgie et surtout par l’environnement du désert. L’élégie est un genre dominant qui est utilisé par les femmes arabes depuis l’époque préislamique. En fait, les femmes, comme la poétesse du septième siècle, Al Khansa, sont célèbres pour leurs élégies émouvantes.

[Selon Wikipédia, « Al-Khansā’ (en arabe : الخَنْساء) est le surnom de Tumād̩ir bint ʿAmr (تُماضِر بنت عمرو), poétesse arabe semi-légendaire qui serait née dans la période qui précède l’avènement de la prophétie du Prophète des Arabes (avant 610) et serait morte sous le califat de ʿOmar ibn al-Khat̩t̩āb, entre 634 et 644. L’adjectif Khansā’ signifie ’qui a le nez écrasé’ et désigne par extension la gazelle1,2… » - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Al-H%CC%A0ans%C4%81%E2%80%99 ].

Les vers suivants nous rappellent les odes préislamiques. Ici, l’auteur exprime son chagrin en comparant la perte de sa bien-aimée à un faucon femelle affligé à la vue de ses œufs cassés :

Mon cœur, mon fauconnette chérie

Avec tes œufs cassés, dont le jaune a disparu et dont il ne reste plus que la coquille !

Ô mon compagnon ! Chasseur de gazelle de la bande, au visage avec de longs cils,

Cette passion d’écouter les sons, il la met en place chaque soir.

Par Dieu ! N’était-ce pas le chemin du désert ?

Si robuste et impraticable, il sauterait bien comme un insouciant

Seulement effrayé par un serpent rampant,

Redoutant sa piqûre et ses dents pointues.

[A propos des odes préislamiques, voir par exemple Les Mu’allaqât et la poésie arabe préislamique – Gerflint, etDeux poèmes préislamiques ].

Cette première présentation de la poésie orale des femmes bédouines en anglais, [traduite ici en français] nous laisse sur notre faim. Moneera a noyé ces poèmes du désert dans une mer de verbiage académique. Tout sens de la poésie est perdu. L’auteure regrette que la poésie orale ne soit pas appréciée, mais son étude académique n’est pas vraiment une invitation à savourer la beauté de ces impressionnantes voix du désert.

La poésie, comme la musique, parle d’elle-même. Trop d’explications érudites et cérébrales gâchent le plaisir incommensurable de la lecture d’un poème, surtout d’un poème sur le désert.

Depuis l’Antiquité, le désert est le refuge ultime, sans limite, sans tache et stimulant. Les femmes bédouines, malgré leur vie moderne avec toutes ses nouvelles technologies à leur dispsition, n’ont jamais cessé d’aimer le désert. Bakhu Al-Mariyah, dans une élégie émouvante, exprime son désir d’avoir une tente et même la pensée d’une voiture se fond dans l’environnement du désert.

Mon rêve est un désir de tente

Après avoir eu une maison en brique de boue

Mon désir est de voir

Des troupeaux de chameaux blancs dispersés.

Mon désir est de les accompagner

Un moteur à peine éloigné

Mon désir est de regarder

Dans la plaine, là, derrière la montagne.

Quand les nomades bédouins

Se dispersent dans les campements du désert,

Le bien-aimé absent

On ne s’en souviendra pas.

La poésie bédouine bénéficie actuellement d’un regain d’intérêt  : Les journaux et les magazines de la péninsule arabique proposent des chroniques hebdomadaires sur la poésie nabati. En outre, un certain nombre de sites Internet et de blogs, ainsi que des programmes de télévision par satellite, traitent de la poésie bédouine. Moneera estime que ce genre littéraire est utilisé comme ’un bien culturel... un objet de consommation dans une culture de consommation en évolution rapide et alarmante dans la région du Golfe’.

https://www.arabnews.com/sites/default/files/pictures/22/04/2012/dv8_.jpg

Arab News - Worldwide Latest Breaking News & Updates

Source : https://www.arabnews.com/node/328763

[D’après Wilipédia, « Arab News (en arabe : عرب نيوز) est un journal quotidien anglophone publié en Arabie saoudite, dont le siège est basé à Djeddah. Premier quotidien anglophone du royaume, Arab News est l’un des vingt-neuf périodiques publiés par la Saudi Research and Publishing Company (SRPC), filiale du Saudi Research and Marketing Group (SRMG). Le quotidien est tiré entre 51.481 et 110.000 exemplaires (2013), avec un lectorat composé d’hommes d’affaires, de cadres, de diplomates, et de la population saoudienne anglophone2,1… » – Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Arab_News ].

Retour au sommaire


  • Poèmes bédouins - Poèmes sur les Bédouins - Traduction du 1er mars 2021 par Jacques Hallard de quelques extraits adaptés et choisis dans le document intitulé, « Bedouin Poems - Poems about Bedouin », un document de ‘poetrysoup.com’
    « Poèmes bédouins » – Ce sont des exemples de toutes sortes poèmes sur les bédouins à partager et à lire. Cette liste de nouveaux poèmes est composée des œuvres des poètes modernes de ‘PoetrySoup’. Lisez des exemples courts, longs, meilleurs et célèbres pour les bédouins ».


Mirage of Freedom

Le mirage rose de la liberté

C’est comme une lumière du soir écarlate

Qui peint les nuages d’espoirs enflammés

Qui s’estompent en esclavage jusqu’à la nuit profonde

Bédouin Date : 17/09/2019 Concours de poésie : Arbitrium Divisa 4 Commanditaire : Gregory R. Barden - Copyright © David Drowley | Year Posted 2019

Love or hate - Minichu

Amour ou haine Minichu

Choisir d’aimer, choisir de détester le monde insensé

Qui affiche la haine et pas l’amour ; l’amour doit attendre !

Choisir l’amour et ne pas détester, lequel choisir est une vraie question,

Mon ami débat de ce que le destin lui réserve

Choisir d’aimer, choisir de haïr - Mais lequel choisir ?

© barbara barry-nishanian Form : Rhyme

Happy Birthday Dad,

Tant d’années ont passé, plus vite que tu ne le pensais papa, je veux que tu le saches

Autant d’années, ce n’est pas possible !

Même si tu penses que j’ai un esprit qui m’appartient, bien à moi,

Tant d’entre ces années ont été absorbées, englouties ...

© Virginia Gelok - Form : Rhyme

Poèmes sur les choses qui se brisent II - Il s’agit de poèmes sur les choses qui se brisent et/ou qui éclatent.

Water and Gold par Michael R.

L’eau et l’or par Michael R.

Burch, Tu es venu à moi alors que la pluie se brise sur le désert, quand toutes les fleurs jaillissent à la fois,

Mais la joie est une illusion pour l’expert : le bédouin a appris à ne pas vouloir

Tu es venu à moi comme la richesse d’un avare, quand tout est or,

ou du moins c’est ce que son cœur croit,

jusqu’à ce qu’il meure beaucoup plus amaigri, et beaucoup plus sage,

ses os étincelants arrachés par les voleurs de chœur.

Il a donné son cœur trop tôt, trop précieux, trop vaste ; je ne pouvais pas l’accepter, c’était trop.

Je me suis engagé à respecter votre prix, mais je l’ai fait en toute hâte.

Je suis mort de soif, de ta brillante touche de Midas *.

J’ai rêvé que tu me donnais de l’eau de tes lèvres,

puis que tu scellais ma tombe avec des hiéroglyphes d’or.

  • Selon Wikipédia, « Midas (en grec ancien Μίδας / Mídas) est un roi mythologique grec de Phrygie, fils de Gordias. Il se suicida en 676 avant notre ère, lors de l’invasion de la Phrygie par les Cimmériens… » - Source
    Publié par The Lyric, Black Medina, The Eclectic Muse, Kritya (Inde), Shabestaneh (Iran), Anthology of Contemporary American Poetry, Captivating Poetry (Anthologie), Strange Road, Freshet, Shot Glass Journal, Better Than Starbucks, The Chained Muse, Famous Poets and Poems, Sonnetto Poetry, Poetry Life & Times

Dans la nuit des chuchotements, par Michael R. Burch pour George King

Dans la nuit qui murmure, quand les étoiles s’abaissent à l’horizon,

jusqu’à ce que les collines s’enflamment d’une lueur brillante,

Quand une pluie de météores sillonne le ciel,

comme les lys qui soupirent dans leur lit, honteux,

Nous devons solliciter nos âmes, comme elles ont été sollicitées autrefois,

et rassembler toutes nos forces, et toutes nos intentions.

Nous devons soulever nos corps dans un océan déchaîné

Et qui rient en se brisant, sans jamais se repentir.

Nous devons danser dans l’obscurité

comme les étoiles qui dansent devant nous,

Nous devons nous élever, nous envoler à travers la nuit

Profitant d’une une brise de papillon !

Aspirés très haut, avec le désir de s’élever encore,

Le retour des esprits jumeaux aux sommets de la conscience

dont nous avons été saisis.

Publié par Songs of Innocence, Romantics Quarterly, Poetry Life & Times et The Chained Muse


Related Poems – Poèmes apparentés

Retour au sommaire


  • JH2021-02-24T11:59:00J

Les communautés en marge : Poésie arabe du désert Traduction du 1er mars 2021 par Jacques Hallard d’une publication de Maysa Abou-Youssef Hayward, intitulée « Communities at the margins : Arab poetry of the desert » - Document ‘cals.arizona.edu’
’Pour les poètes arabes, le désert, dans sa présence ou son absence, est un pouvoir, mais ce pouvoir prend des formes différentes. ... Dans tous les cas, le désert est un contexte, qu’il s’agisse d’un danger de mort ou d’une vie, et il a une voix.’

Sahara signifie désert en arabe, un espace aride, dénudé et désertique - avec le sentiment d’être ouvert et sans protection, sans frontières (jarda). Une grande partie de la population du monde arabe vit à la lisière d’un désert.

En Égypte, mon pays natal, 96 % des terres sont désertiques. À l’exception de ceux qui vivent dans la région du delta du Nil, le désert n’est jamais à plus de quelques kilomètres. Des conditions similaires existent dans les autres pays arabes du Maghreb (ou de l’Afrique du Nord) et de la Méditerranée orientale.

Comment, alors, ceux qui vivent toujours au bord du désert, voient-ils le désert ? Comme une terre désolée, un lieu de danger, un lieu en marge de la civilisation ? Ou y a-t-il une chance pour la communauté dans cet environnement aride et apparemment hostile ?

Peut-être existe-t-il une autre façon de poser ces questions, qui appelle à une révision de nos façons habituelles de penser aux marges et aux centres, à la civilisation et aux terres incultes. Pour ceux dont la vie se déroule en dehors des frontières du désert ou dans les villes du désert, le sahara représente un lieu marqué par la peur, la perte, l’exil et le vide, comme résultat d’une destruction. Ceux qui vivent réellement dans le désert, par contre, embrassent cet environnement aride. Les citadins considèrent le désert comme un signe d’absence, de non-vie, mais les habitants du désert utilisent la terre pour exprimer une présence et célébrer un mode de vie. Nous pouvons voir ces thèmes opérer dans la poésie arabe.

Dans le monde arabe moderne, fortement censuré, les Arabes utilisent la poésie comme un moyen de parler indirectement de leurs frustrations à l’égard de leurs gouvernements et, en fait, de toute forme d’autorité corrompue, qu’elle soit interne ou externe. Dans cette poésie, les images du désert décrivent souvent les ruines apportées par ces autorités : la guerre, l’aliénation et l’isolement humains, et la déchéance sociale. En d’autres termes, le désert représente la perte d’une communauté sur le plan social et la perte d’un mode de vie sur le plan personnel.

Comme le désert était (et est) souvent le lieu où les guerres se produisent dans le monde arabe, une association du désert et de la guerre semble naturelle. Dans son poème ’Dans les déserts de l’exil’, l’écrivain palestinien Jabra Ibrahim Jabra ressent la nostalgie d’une Palestine perdue, cette ’terre verte qui est la nôtre’. Comparée à la vallée fertile qu’il a connue, cette terre est actuellement un désert :

Ô, notre terre où notre enfance a passé

Comme des rêves à l’ombre de l’orangeraie,

Parmi les amandiers dans les vallées...

Souvenez-vous de nous, en train d’errer

Parmi les épines du désert,

Errer dans les montagnes rocheuses ;

Souvenez-vous de nous, maintenant

Dans le tumulte des villes, au-delà des déserts et des mers ;

Souvenez-vous de nous

Avec nos yeux pleins de poussière

Cela ne s’éclaircit jamais dans notre incessante errance. (Jabra 1974, 227)

[Selon Wikipédia, « Jabrâ Ibrâhîm Jabrâ (جَبرا إبراهيم جَبرا) (1920, Bethléem - 1994, Bagdad), est un romancier, poète, critique, dramaturge, mémorialiste et peintre arabe palestinien. Il est unanimement considéré comme l’un des écrivains les plus importants de la littérature arabe contemporaine1… » - Source ]

Pour Jabra, la guerre a ’Déplié le désert devant nous’ (Jabra 1974, 227), et le désert est un lieu d’exil, où ’Seule la poussière nous siffle au visage’ (Jabra 1974, 229). Dans la culture arabe, l’errance au sein d’un village ou d’une ville joue un rôle positif. Elle offre la possibilité d’une interconnexion entre les gens. Cependant, l’errance dans un désert est sans but, car elle n’offre aucune chance d’établir une telle connexion.

La poétesse libanaise Nadia Tueni utilise également le désert comme une image de guerre, de destruction et de mort de la fertilité. Et comme à Jabra, le désert est vide :

Que faut-il de plus à la guerre ?

D’une route, de quelqu’un qui vit, de quelqu’un qui est mort,

une rivière de boue sacrée, et la chaleur dévorante d’un mois de juin.

Une horloge, un mur, un vieux sabre,

une tête oubliée en haut de l’escalier,

un bédouin blanc sur fond de sable,

et le double bruit de la peur. (Tueni 1978, 108)

[D’après Wikipédia, « Nadia Tuéni est une poétesse libanaise d’expression française née à Baakline au Liban le 8 juillet 1935 et morte à Beyrouth le 20 juin 1983. Fille d’un diplomate et écrivain de religion druze, et d’une mère française, elle était bilingue et se réclamait des deux cultures. Elle se destina d’abord au barreau et s’inscrivit à la faculté de droit de l’université Saint-Joseph de Beyrouth, mais interrompit ses études quand elle épousa, en 1954, Ghassan Tuéni, journaliste et député de Beyrouth, qui fut plus tard ambassadeur du Liban à l’ONU de 1977 à 1982. Ils eurent ensemble deux garçons et une fille : Gébrane, journaliste qui fut assassiné le 12 décembre 2005 à Beyrouth ; Makram, disparu dans un accident automobile ; et Nayla, dont la mort à l’âge de sept ans d’un cancer affecta profondément Nadia Tuéni et l’amena à la composition de son premier recueil, Les Textes blonds, paru en 1963. En 1965, Nadia Tuéni est atteinte elle aussi d’un cancer. En 1967, elle devient rédactrice littéraire au journal libanais de langue française, Le Jour, et collabore à diverses publications arabes et françaises. Elle obtient le prix Archon-Despérouses de l’Académie française en 19731…. » - Source ].

L’image du désert du bédouin ’blanc sur fond de sable’ de Tueni vient à la fin d’une liste d’autres images fragmentées, résultat de la fragmentation apportée par la guerre. La route qu’elle évoque, comme l’’errance incessante’ de Jabra, ne promet pas de mener quelque part.

La poétesse libanaise Andrée Chedid crée des images de destruction similaires, semblables à celles du désert. Dans son paysage désertique, des signes de vie ont été arrachés. Dans ’Imagine’, elle écrit :

Imaginez l’océan

sec comme la lavande.

Imaginez des branches

cesser d’être des perchoirs

pour les oiseaux.

Et puis, à l’horizon

imaginer la mort

dans sa pâleur

laisser les morts

vivre à nouveau. (Chedid 1978, 7)

La sécheresse prévaut dans cet appel radical à une juxtaposition entre l’être et le néant. Son poème ’Paysages’ offre une vision similaire du désert :

Je parle de Désert sans repos

Sculpté par des vents implacables

Arraché de ses entrailles

Aveuglé par les sables

Solitaire sans abri

Jaune comme la mort

Ridé comme un parchemin

Le visage tourné vers le soleil. (Chedid 1995)

[Selon Wikipédia, « Andrée Chedid (en arabe : أندريه شديد), née Andrée Saab (en arabe : أندريه صعب) le 20 mars 1920 au Caire (Sultanat d’Égypte) et morte le 6 février 2011 à Paris (France), est une femme de lettres et poétesse française d’origine syro-libanaise1. Elle écrit son premier roman en 1952 et écrit des nouvelles, des poèmes, des pièces de théâtre, des romans, et de la littérature jeunesse. Elle déclare son humanisme entre autres avec son livre Le Message, écrit en 2000, en écrivant sa colère envers la guerre et la violence, à travers deux amants séparés par des guerres. Les héroïnes de ses œuvres sont décidées, prêtes à tout pour atteindre leur objectif… » - Source ]

Pour ces poètes, la guerre transforme la ville en un désert. Les frontières de la ville cèdent la place à l’horizon vide du désert dans lequel la vitalité naturelle a été perdue. Le désert est un lieu d’aliénation aussi bien que de perte, car un ’solitaire sans abri’ se tient sans protection au soleil.

Pour Etel Adnan, d’origine libanaise, un mouvement inverse se produit. Dans les deux poèmes précédents, la ville devient un désert ; pour Adnan, la guerre s’étend et ses images de mort s’étendent dans le désert. Le désert lui-même semble mourir. Dans « L’apocalypse arabe », partie LVIII, elle écrit :

Les puits de pétrole vont s’assécher et des monstres à huit têtes vont ramper sur la Terre

ni la croix de David ni l’étoile ne résisteront aux ondes jaunes

le jaune est la couleur de la peste ; le jaune est la couleur du soleil

les palmiers tomberont devant les organes électriques

les bannières de la mort flottent sur les pylônes

le désert sera recouvert de sources en béton séquestrées par des anges porteurs de bleu, des épées. . . . - (Adnan 1989, 77 ; l’espacement d’Adnan dans l’original)

[Selon Wikikpédia, «  Etel Adnan, née le 24 février 1925 à Beyrouth, est une poétesse américano-libanaise, écrivain et artiste visuelle ; polyglotte, elle écrit en français, en anglais et en arabe1. En 2003 MELUS, la revue de la Société pour l’étude de la littérature multi-ethnique des États-Unis (en), présente Adnan comme « indéniablement l’écrivaine arabo-américaine la plus célèbre et accomplie d’aujourd’hui… » - Source ].

Selon la poétesse du nomadisme et de l’errance entre trois mondes, « comme n’importe quel écrivain sérieux, son public ne peut pas être réduit à ses pairs arabes ou à un public arabo-américain. Les livres ont leur propre vie et personne ne peut en assurer leur destinée. L’unique chose que nous pouvons constater, c’est l’existence d’un corpus croissant d’une littérature arabo-américaine et de l’effort des gens qui essaient de la connaître et de la faire connqaître.

Non seulement la nature (dongt les palmiers) meurt, mais même les puits de pétrole ’s’assèchent’. Le désert lui-même meurt sous le ’béton’ alors que le ’soleil jaune’ devient un ’fléau’. Il y a donc une sorte de double mort à l’œuvre. Le désert, lieu de mort, est lui-même tué.

Plus largement, certains poètes utilisent le désert comme symbole de l’aliénation de la vie moderne ou de l’isolement spirituel. Les échecs des gouvernements qui conduisent à la guerre ne sont qu’une partie d’un plus grand effondrement du tissu social, la séparation entre les dirigeants et le peuple qui résulte en un sentiment d’aliénation et de perte. Cette perte s’étend à l’individu. Dans ’Fragments d’un conte commun’, l’Égyptien Salah ’Abd Al-Sabour symbolise ce vide comme un désert :

Dans le désert du temps, je sens ta présence.

Dans le silence du rocher, j’entends ton pas.

L’émotion m’envahit.

Puis, comme une pluie soudaine

La peur de la mort m’effraie. (Abd Al-Sabour 1992, 64).

Le désert est également utilisé comme une image d’exil spirituel. Rappelant l’errance de Jabra et Tueni, Abd Al-Sabour écrit : ’J’ai traversé mes années de désert / Une boudineuse au visage sombre’ (Abd Al-Sabour 1992, 65). Les pas lourds dans le sable signifient une vie sans sens, une errance sans but. Comme pour d’autres écrivains, la sécheresse du désert est synonyme d’aridité spirituelle :

Ne rien entendre, ne rien comprendre

sauf le vent sec et fort qui souffle,

en le secouant, en cassant ses brindilles sèches et âgées

le laissant nu, méchant et seul. (Abd Al-Sabour 1992, 66)

[D’après Wikipédia, «  Salah Abdel Sabour (arabe : صلاح عبد الصبور), est un poète, éditeur, dramaturge et essayiste égyptien (mai 193114 août 1981). Après des études de littérature arabe à l’Université du Caire de 1947 à 1951, Salah Abdel Sabour enseigne l’arabe et collabore à la revue littéraire Rose al-Yusuf et au journal Al-Ahram. Il occupe plusieurs fonctions officielles. Il est notamment conseiller culturel en Inde de 1976 à 1978. La poésie - Son premier recueil de poèmes, al-Nas fi baladi (Les Gens dans mon pays), publié en 19541, marque le début de l’essor du vers libre dans la poésie égyptienne. Il s’agit alors de poésie engagée. Il adopte par la suite un style marqué par un ton méditatif et pessimiste qui caractérisera les œuvres de la maturité. Le théâtre - L’œuvre théâtrale de Salah Abdel Sabour constitue l’un des sommets du théâtre arabe en vers2 et comprend cinq pièces... » - Source ].

Les images d’aridité sont similaires à celles que Melhem, Chedid et Adnan utilisent pour signifier l’isolement de l’homme de la communauté et de lui-même. Être ’seul’ signifie plus que d’être physiquement seul, comme dans un désert. Cela signifie une séparation de tout signe de vie.

Le meilleur des poètes combine et intensifie ces questions. Adonis, écrivain libanais d’origine syrienne, est l’un des poètes arabes contemporains les plus connus. Sa critique radicale et révolutionnaire ne s’intéresse pas à la politique, mais à la culture et à la mentalité arabes, comme cause de guerre et d’aliénation. Son poème ’Le désert’ commence par une déclaration politique sur le sentiment d’être assiégé à Beyrouth dans les années 1980. Le poème présente une série de références fugaces mais significatives au désert. L’exil est invoqué. ’Vous verrez / Il n’y a pas de patrie’ (Adonis 1984, 143), écrit Adonis, car la ville a assumé le sentiment de la mort : ’La tuerie a changé la forme de la ville - Ce rocher / Est un os / Cette fumée que les gens respirent’ (Adonis 1984, 139). La nature a elle aussi disparu : ’Les arbres de la terre sont devenus des larmes sur les joues du ciel’ ou encore ’La fleur qui a tenté le vent de porter son parfum / est morte hier’ (Adonis 1984, 147). La terre est sur le point de devenir un désert : ’Les arbres s’inclinent pour dire au revoir / Les fleurs s’ouvrent, brillent, baissent leurs pétales pour dire au revoir’ (Adonis 1984, 151).

Comme la terre, pour Adonis, les individus et même l’art deviennent un désert, résultat de la guerre, de la culture arabe et de la condition humaine :

Il a écrit dans un poème (je ne sais pas où commence la route-

et comment abandonner mon front à ses rayons)

Il a écrit dans un poème (comment le convaincre que mon avenir est un désert

et mon sang son mirage de sable ?)

Il a écrit dans un poème (qui me débarrassera de la dureté des mots ?) (Adonis 1984, 161)

Le désert semble inévitable, ’mon avenir est un désert’. Mais à la fin de son poème, Adonis fait un geste récupérateur envers le désert :

Les villes se disloquent

La terre est un train de poussière

Seulement l’amour

Sait comment épouser cet espace. (Adonis 1984, 163)

Si le ’futur est un désert’ et la terre un ’train de poussière’, l’amour peut encore exister dans cet environnement ; il est possible pour les liens humains, la communauté, l’amour de ’se marier à cet espace’ du désert.

Adonis suggère dans ses dernières lignes une vision différente du désert. Pour de nombreux poètes arabes, le désert est un trope commode pour l’échec de l’accomplissement, tout comme il l’a été pour de nombreux poètes occidentaux. La tragédie de la guerre, l’aliénation et l’isolement de l’homme, l’absence de forces naturelles inspirantes et l’incapacité à trouver un chemin vers la vérité sont tous imaginés comme le désert. Pourtant, les poètes qui ont créé ces images ont été élevés ou habitués à la vie urbaine. Le désert prend un sens bien différent pour les poètes pour qui le désert n’est pas étranger, craint et à voir de loin. Il y a des poètes pour qui le désert est un foyer.

Les bédouins sont des nomades. Leur origine remonte aux premiers Arabes qui ont parcouru la Méditerranée orientale et l’Afrique du Nord. Ils maintiennent encore aujourd’hui une présence culturelle active et vitale dans tout le monde arabe, effaçant les frontières entre les nations.

Pour les poètes bédouins, le désert n’est pas une arène de guerre mais un lieu de communauté, non pas un lieu d’aliénation et d’exil mais un lieu d’épanouissement personnel, non pas dépourvu de nature mais plein de vie. Pour les Bédouins, la phrase ’l’avenir est un désert’ a des implications positives.

Si la survie dans le désert n’est pas facile, la vie des Bédouins dans le désert n’est pas le résultat d’un exil forcé, mais plutôt d’un choix positif. Leur culture est spirituelle, communautaire et écologique. En utilisant les termes d’un dialogue écoféministe, ils sont ’engagés’ de manière interactive avec leur monde, plutôt qu’en opposition à celui-ci ; ils donnent à leur monde aussi bien qu’ils en tirent profit. Elles ne sont pas des victimes dans le désert, mais des célébrantes fières de leur maison. Pour comprendre cela, nous devons réajuster notre vision de la maison.

À l’Ouest et dans une grande partie de l’Est, le foyer est un centre fixe en dehors duquel il y a des frontières à ne pas franchir. Le théoricien littéraire Patrick Murphy suggère que nous devons ’reconnaître la nature relative des centres et leur relation dynamique avec les marges’ et accepter un nouveau type de centre, qui ’sert de pivot, de base sur laquelle on peut marcher et à partir de laquelle on peut passer à un autre centre comme pivot’ (Murphy 1991, 51-52).

Ce type de centre mobile dans un désert sans frontières est une façon de comprendre le sens du foyer et de la communauté que les Bédouins créent dans leur poésie. Le désert n’a pas vraiment de marges, il est partout le même, et où que les Bédouins se trouvent dans le désert, ils se trouvent dans un centre qui change constamment au fur et à mesure qu’ils se déplacent dans les marges.

Shanfara, un poète préislamique, utilise le désert pour glorifier la liberté qui vient avec cette errance. Dans ’Ode arabe en ’L’’, Shanfara écrit :

Combien de plaines désertiques, balayées par le vent,

comme la surface d’un bouclier, vide, impénétrable,

J’ai traversé à pied, en reliant le proche et le lointain,

puis en regardant depuis un sommet,

parfois accroupis, puis debout,

tandis que les chèvres de montagne, jaune silex, me frôlent,

et elles serpentent et tournoient comme des jeunes filles

drapées dans des châles enveloppants. (Shanfara 1994, 943)

Lorsque Shanfara se sépare de sa tribu, il affirme son existence individuelle et embrasse le désert. Le désert est un endroit où l’on peut être seul, mais pas isolé. C’est différent de l’errance telle que la voient Jabra et d’autres auteurs ; ce n’est pas un ’plodding’ ou une ’errance incessante’ sans but, mais un acte d’affirmation en ’rejoignant le proche et le lointain’. En d’autres termes, l’errance devient un acte de connexion. En outre, le désert est ’balayé par le vent’ et ’vide’, mais il n’est pas stérile ; Shanfara fait partie d’un paysage qui comprend des troupeoux de chèvres des montagnes, qui paissent tout autour de lui. La nature est vivante et productive dans le désert.

[Selon Wikipédia, « Anglais : Al-Shanfarā (Arabic : الشنفرى‎ ; died c. 525 CE) was a semi-legendary pre-Islamic poet tentatively associated with āif, and the supposed author of the celebrated poem Lāmiyyāt ‘al-Arab.[1] He enjoys a status as a figure of an archetypal outlaw antihero (su’luk), critiquing the hypocrisies of his society from his position as an outsider… - Français : Al-Shanfarā (arabe : الشنفرى ; mort vers 525 de notre ère) était un poète préislamique semi-légendaire provisoirement associé à Ṭāif, et l’auteur présumé du célèbre poème Lāmiyyāt ’al-Arab. [1] Il jouit d’un statut de figure d’archétype de l’anti-héros hors-la-loi (su’luk), critiquant les hypocrisies de sa société depuis sa position d’outsider… » - Source ].

Alors que certains poètes bédouins, comme Shanfara, mettent l’accent sur l’individu seul dans le désert, d’autres, plus communément, voient un établissement de la communauté dans le désert. Comme le dit Roger Allen, la vie de Shanfara est une vie de ’liminalité, et les attitudes et les difficultés dépeintes dans sa poésie servent à confirmer pour le public du barde la sagesse de la vie communautaire’ (Allen 1998, 143), même au milieu de mouvements constants dans le désert et de l’établissement de centres provisoires, ’centres-pivots’.

[D’après Wikipécia, « Roger Allen is an English scholar of Arabic literature.[1] He was the first student at Oxford University to obtain a PhD degree in modern Arabic literature, which he did under the supervision of Muhammad Mustafa Badawi. His doctoral thesis was on Muhammad al-Muwaylihi’s narrative Hadith Isa ibn Hisham (Isa Ibn Hisham’s Tale), and was later published as a book titled A Period of Time (1974, 1992). At the request of Dr Gaber Asfour, the Director-General of the Supreme Council for Culture in Egypt, he later prepared an edition of the complete works of Muhammad al-Muwaylihi (2002), and that of his father, Ibrahim al-Muwaylihi (2007)…- Françaiis > « Roger Allen est un spécialiste anglais de la littérature arabe. Il a été le premier étudiant de l’université d’Oxford à obtenir un doctorat en littérature arabe moderne, ce qu’il a fait sous la direction de Muhammad Mustafa Badawi. Sa thèse de doctorat portait sur le récit de Muhammad al-Muwaylihi Hadith Isa ibn Hisham (Le Conte d’Isa Ibn Hisham), et a ensuite été publiée sous la forme d’un livre intitulé A Period of Time (1974, 1992). À la demande du Dr Gaber Asfour, directeur général du Conseil suprême de la culture en Égypte, il a ensuite préparé une édition des œuvres complètes de Muhammad al-Muwaylihi (2002) et de son père, Ibrahim al-Muwaylihi (2007)… - Source de l’article complet en anglais : https://en.wikipedia.org/wiki/Roger_Allen_(translator)

Dans le poème ’Hospitalité dans le désert’, par exemple, un poète anonyme écrit :

Les pauvres ont dit : ’Allez de l’avant’ ! Alors nous avons bougé ;

Un invité ne passe par rien d’autre que le désir de son hôte.

Ce n’est pas lui qui nous a privé, mais plutôt notre chance ;

Et la chance apporte parfois la douleur, puis l’enlève.

Car nous nous sommes arrêtés pour descendre dans un camp du Shawama

Comme les faucons dont les serres sont repliées pour saisir leur proie.

Là, est Mohammed Sirhan, que les femmes parfumées désirent ardemment,

Il a juré qu’il divorcerait de sa femme si nous ne restions pas.

Puis il a versé une huile chaude qui se rémpandait autour de nos mains

Et empilait la viande de mouton la plus grasse sur le plateau.

Nous avons donc mangé de cette offre, jusqu’à ce que nous soyons rassasiés ;

Puis, comme des chameaux bien abreuvés, nous avons continué notre chemin. (Bailey 1991, 33-34)

Les Bédouins espèrent qu’il y aura un hôte dans le désert, comme Mohammed Sirhan, qui créera un centre, mais pas un centre permanent. À la fin du poème, les Bédouins partent, se déplaçant avec un ’centre comme pivot’, se dirigeant vers un nouvel endroit ; la comparaison ’chameaux bien abreuvés’ suggère qu’ils sont boen préparés pour affronter le voyage dans le désert.

L’une des raisons pour lesquelles la communauté travaille dans le désert, est que la famille prend la place d’une habitation fixe et est liée à l’hospitalité. Un poète, toujours anonyme, pense à la joie qu’éprouvent ’les voyageurs du désert et les hommes de notre camp’ à partager la nourriture, et dit :

Si quatre-vingt-dix chefs nous avaient parlé, aucun ne m’aurait demandé de partir ;

Pour moi, ce sont tous des cousins germains, des frères à part entière, en effet.

Comme ils sont bien mes frères, qui campent près de la route,

Les amoureux de la joie, toujours en train d’encourager leurs amis. (Bailey 1991, 53)

L’habitation n’est pas un centre fixe ; c’est un ’camp’, temporaire, et ’près de l’autoroute’ d’ailleurs, ce qui suggère la probabilité d’un mouvement immédiat. Pourtant, la famille fournit un lieu, un centre de déplacement dans un endroit qui n’a pas de centre fixe.

Le désert est également une source d’images positives et d’énergie pour les poètes bédouins. Dans l’écologie du désert, la vie est interconnectée. Les images des humains et des animaux sont entremêlées, comme dans l’image des ’chameaux bien abreuvés’, formant une autre façon de voir une communauté du désert. Les descriptions des femmes, par exemple, sont données en termes de caractéristiques de la vie dans le désert. Abu Mas`ud écrit :

Je ne peux pas décrire ce qu’il y a sous les vêtements :

Du blanc ! Comme le lait frais d’un troupeau au pâturage.

. . . . .

Les seins qui reposent sur sa poitrine :

Un petit bouquet de dattes mûres

Ses doigts : les traces d’un palmier dattier,

Qui jouent avec la flûte du berger.

. . . .

Autour de sa bouche sont tatouées des étoiles,

Comme Vénus qui brille dans une nuit sans nuage... (Bailey 1991, 195)

[Abdullah ibn Masʿūd1 est l’un des tout premiers convertis à l’islam. Certains disent qu’il est le sixième compagnon du prophète Mahomet. Il est parfois nommé Abdullah Ibn Umm Abd….. – Source ]

De même, Irgayya, une femme poète bédouine, exprime sa colère face au départ de son mari et dit :

Mais puisqu’il me rejette, je le quitterai aussi,

Comme un cerf qui s’échappe de la carapace d’un chasseur.

Je vous en prie, écoutez, ô Seigneur, qui l’a amené le premier à moi,

Alors que vous emmenez des juments enceintes dans de luxuriants pâturages pour y vivre,

Rachetez-moi avec un de ceux dont les tentes servent d’étape aux voyageurs,

Qui servira aux invités du café frais et leur première bouchée du matin . . . (Bailey 1991, 244)

Au sein de cette communauté écologique, les poètes bédouins se connectent à la vie dans le désert ; les dattes et les palmiers dattiers, les cerfs, les chameaux et les chevaux sont tous des éléments qui donnent de la vie dans un environnement hospitalier qui, pour un étranger, semble dépourvu de vie.

Le désert, c’est la façon dont on le vit. Pour les poètes arabes, le désert, dans sa présence ou son absence, est un pouvoir, mais ce pouvoir prend des formes différentes. Pour les citadins, le désert est la mort et la déchéance, un signe de destruction, d’exil forcé et un rappel de l’absence de patrie.

Pour les Bédouins, habitants du désert, le désert est une présence vivante, un lieu d’établissement d’une communauté, d’un lien et d’une identité. Dans tous les cas, le désert est un contexte, qu’il s’agisse d’un danger de mort ou d’une vie, et il a une voix.

Le poète soufi, Assad Ali, adopte la voix du désert, en commençant chaque poème par ’Moi, le désert’.

Le Désert appelle tous les Arabes à reconnaître leur identité commune : ’Les grains de mon sable se précipitent pour demander, / te supplier [Dieu] de garder mes descendants / et ma nation, tous unis’ (Ali 1991, 66). Ainsi, le désert ’peut produire pour le monde / ce qui annule le besoin et la douleur’ (Ali 1991, 67).

[Selon ‘fr.qaz.wiki’, « Assad Ali est un professeur syrien, à la retraite, de littérature arabe (anciennement à l’Université de Damas en Syrie) et un écrivain prolifique de poésie arabe contemporaine. Il est également le fondateur et président de l’Union mondiale des écrivains arabes. Ses écrits traitent largement de sujets spirituels, avec un accent particulier sur le mysticisme islamique et la tradition soufie. Un recueil de ses poèmes, ‘Happiness without Death’ (1991), a été publié par ‘Threshold Books’ dans une traduction anglaise de Camille Helminski, Ibrahim Yahya Shihabi et Kabir Helminski. Assad Ali - https://fr.qaz.wiki/wiki/Assad_Ali » - Source : https://fr.qaz.wiki/wiki/Assad_Ali ].

La culture arabe a toujours été nourrie par un fort sentiment d’appartenance à une communauté. La géographie de la région invite à un tel sentiment collectif pour la survie. Parfois, des écrivains ont parlé de la perte de cet idéal - ils ont utilisé le désert pour imaginer cette perte.

D’autres écrivains ont décrit des façons dont cet idéal a réussi, et ils ont également utilisé le désert pour représenter cette réussite. La modernisation a peut-être remplacé les tentes par des maisons, le feu par l’électricité et le partage des valeurs communes dans les réunions de groupe en face à face avec la télévision, mais elle n’a pas éliminé la nature collaborative du rêve de l’unité arabe en tant qu’idéal souvent souhaité, mais rarement réalisé. Cette unité se confirme dans la poésie de la ville et celle du paysage aride et vivant du désert.

Toutes les références sont à consulter à la source ! References Author information Additional web resources

Informations sur l’auteure : Maysa Abou-Youssef Hayward a été professeure au département d’anglais de l’université d’Indiana en Pennsylvanie et de l’université du Caire, à Fayoum, en Égypte. Elle a obtenu son doctorat à l’IUP en 1997 avec une thèse sur la théorie de la traduction et les représentations de la culture égyptienne.

Ressources web supplémentaires - Porte d’entrée arabe : la poésie > http://www.al-bab.com/arab/literature/poetry.htm

Bien que la plupart des poèmes auxquels ce site renvoie soient, sans surprise, en arabe, il existe également des informations générales sur la rime et la structure poétique arabes qui intéresseront les non arabophones.

Littérature arabe : http://www.columbia.edu/cu/lweb/indiv/mideast/cuvlm/arabic_lit.html

Maintenu par les bibliothèques de l’Université de Columbia, ce site annuaire propose des liens vers des informations sur la poésie arabe, ainsi que des informations plus générales sur la littérature arabe.

La poésie arabe (en arabe : الشعر العربي) désigne l’ensemble de la poésie produite en langue arabe, du VIe siècle à nos jours…Source

About the Arid Lands Newsletter

Link to ALN home page

Link to index page for back web issues

Link to index page for pre-web issue archive

Link to this issue’s table of contents

College of Agriculture and Life Sciences - University of Arizona

Copyright © 2021 Arizona Board of Regents. The University of Arizona, Tucson, Arizona

University Privacy Statement – Anglais > The University of Arizona sits on the original homelands of indigenous peoples who have stewarded this land since time immemorial. Aligning with the university’s core value of a diverse and inclusive community, it is an institutional responsibility to recognize and acknowledge the people, culture and history that make up the Wildcat community. At the institutional level, it is important to be proactive in broadening awareness throughout campus to ensure our students feel represented and valued.

Français > L’Université de l’Arizona se trouve sur la terre natale des peuples indigènes qui ont pris soin de cette terre depuis des temps immémoriaux. Conformément à la valeur fondamentale de l’université, à savoir une communauté diversifiée et inclusive, il est de la responsabilité de l’institution de reconnaître et d’admettre le peuple, la culture et l’histoire qui composent la communauté Wildcat. Au niveau institutionnel, il est important d’être proactif en élargissant la prise de conscience sur tout le campus afin que nos étudiants se sentent représentés et valorisés.

Source : https://cals.arizona.edu/OALS/ALN/aln50/hayward.html

[Selon Wikipédia, « L’université de l’Arizona (UA) est une université publique située à Tucson en Arizona. Fondée en 1885, elle est donc antérieure à la création de l’État d’Arizona (1912). En automne 2010, 39 086 étudiants y étaient inscrits, ce qui représente la première population étudiante d’Arizona. Parmi les plus importants programmes de l’université, on trouve les sciences sciences optiques, l’astronomie et l’astrophysique. L’UA est l’une des universités les plus distinguées par la NASA avec laquelle elle participe à de nombreux programmes d’exploration spatiale. Elle est membre du réseau space-grant créé et sponsorisé par le congrès des États-Unis et qui regroupe plusieurs universités américaines pour l’étude spatiale. L’université est également réputée pour l’hydrologie et l’hydrogéologie, la philosophie et l’anthropologie. Elle possède aussi une faculté de droit (law school) classée dans le premier tiers des facultés de droit américaines et l’une des 20 premières business school des États-Unis et la seule faculté de médecine. Dans le domaine sportif, les Wildcats de l’Arizona défendent les couleurs d’UA… » - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Universit%C3%A9_de_l%27Arizona ].

Retour au sommaire


  • Interview de Amal Elsana-Alh’jooj - Loin de son village bédouin, une Israélienne lutte pour les femmes et la paix - Par Robert Sarner 28 février 2020, 16:29 – Document ‘fr.timesofisrael.com’
    Titulaire d’un doctorat, Amal Elsana-Alh’jooj se bat pour une plus grande égalité entre les hommes, les femmes, les Juifs et les Arabes dans sa patrie

Photo - Amal Elsana-Alh’jooj dirige un atelier sur l’identité avec des boursiers de l’ICAN à l’Université McGill de Montréal, en 2018. (Autorisation)

Photo - Amal Elsana-Alh’jooj, à gauche, avec sa mère et sa soeur. (Autorisation)

Amal Elsana-Alh’jooj, deuxième à partir de la gauche, lors d’une manifestation de solidarité avec les musulmans à Montréal après l’attaque d’une mosquée à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en mars 2019. (Autorisation)

MONTRÉAL — Loin des élevages de moutons en Terre Sainte, où elle est devenue une éminente féministe bédouine israélienne, Amal Elsana-Alh’jooj dirige aujourd’hui le Réseau d’action communautaire international (ICAN) à l’Université McGill de Montréal.

Son chemin vers la ville québecoise est un voyage personnel improbable : après avoir été bergère dès l’âge de cinq ans aux abords de son village bédouin délabré et brûlé par le soleil irradiant le désert du Néguev, elle a finalement obtenu son doctorat en travail social à McGill et s’exprime désormais dans les forums internationaux tout en poursuivant un post-doctorat à l’université de Harvard.

« Quand j’étais bergère au début de ma vie, c’était à cause de mon grand-père… Ma mère disait qu’elle n’avait pas besoin de moi dans la cuisine, alors mon grand-père a dit : ‘nous avons besoin d’elle pour garder les moutons’. Donc ma première carrière, en fait, je dirais que c’est comme organisatrice de la communauté, comme quelqu’un qui organise et prend des responsabilités, c’est comme être un berger », relatait Elsana-Alh’jooj au Times of Israel dans une récente interview dans un café du quartier montréalais de Notre-Dame-de-Grâce, où elle vit avec son mari et leurs jumeaux de 17 ans.

« Je me souviens des réveils aux aurores, prenant les 50 moutons, trois vaches et un âne, et j’avais l’habitude d’avoir Loksie le chien, et d’aller pieds nus le matin quand il y avait de la rosée. Le matin, c’est encore humide et puis après ça, tous les kotzim [épines] durcissaient et on marchait dessus et c’est tellement horrible. Ce n’est pas facile », s’est-elle souvenue.

Mais bien qu’elle vive hors d’Israël depuis 2012, Elsana-Alh’jooj reste fidèle à son engagement pour la cause bédouine du pays, la défense des droits de la minorité arabe et en faveur d’une plus grande coopération arabo-juive.

« Je suis peut-être physiquement séparée d’Israël, mais mentalement, je suis vraiment très attachée à ce pays », assure Elsana-Alh’jooj, 47 ans.

« Il n’y a pas un jour où je ne suis pas les nouvelles d’Israël et où je ne discute pas sur Skype avec des ONG israéliennes afin d’élaborer la meilleure stratégie pour aborder un problème, qu’il s’agisse de questions relatives aux femmes, de construire des sociétés et des espaces communs, de promouvoir un système scolaire bilingue en Israël et de donner aux citoyens israéliens le choix d’envoyer leurs enfants dans des écoles juives ou arabes ou des écoles communes », a-t-elle dit.

Photo - Amal Elsana-Alh’jooj avec le professeur Jim Torcyzner, fondateur d’ICAN, en 2017. (Autorisation)

ICAN, l’organisation dont elle est aujourd’hui la directrice exécutive, a été fondée en 1994 par Jim Torczyner, fils de survivants de la Shoah, et s’appelait à l’origine « programme de McGill pour le Moyen-Orient en matière de société civile et de construction de la paix ». Elle rassemble des Israéliens, des Palestiniens, des Jordaniens et des Syriens qui viennent étudier à la McGill’s School of Social Work, avant de retourner pendant un an dans leurs communautés respectives afin de travailler sur le terrain avec les populations à risque. Un des projets en cours implique des Israéliens juifs et arabes de la ville mixte de Lod, qui collaborent pour améliorer la vie des deux communautés.

Ayant longtemps combattu pour son peuple, Elsana-Alh’jooj est considérée comme un leader dans la communauté bédouine d’Israël et une figure d’autorité en ce qui concerne le statut de la minorité arabe et des femmes en Israël. Elle a milité pour l’émancipation des femmes dans une société bédouine dominée par les hommes, a créé la première organisation de femmes bédouines, est la directrice fondatrice du Centre judéo-arabe pour l’Egalité, l’Autonomisation et la Coopération, a reçu de nombreux prix humanitaires internationaux et a fait partie d’un groupe de 1 000 femmes distinguées nommées collectivement pour le prix Nobel de la paix 2005.

Même à l’étranger, Elsana-Alh’jooj fait d’Israël une grande partie de sa réalité, y compris dans son post-doctorat à Harvard. Elle se concentre sur la violence sexiste, en particulier contre les femmes arabo-israéliennes assassinées par leur mari ou d’autres proches et sur la réaction du gouvernement et des organisations de femmes arabes face à ce problème.

Elsana-Alh’jooj dit qu’elle se rend en Israël plusieurs fois par an.

« Chaque fois que vous quittez Israël et que vous prenez un peu de hauteur, vous voyez les choses différemment », explique Elsana-Alh’jooj. « Mais ma vision reste inchangée. Elle a toujours porté et portera toujours sur la création d’un espace commun pour que Palestiniens et Juifs israéliens puissent vivre ensemble en Israël sur une base d’égalité et de compréhension mutuelle ». (Tout au long de notre entretien, elle a souvent utilisé les termes « Palestinien », « Arabe israélien » et même « Israélien palestinien » de manière interchangeable).

https://static.timesofisrael.com/fr/uploads/2020/02/Elsana-Alhjooj-at-Employment-conference-in-the-Knesset-June-2011-2.jpg.jpg

Amal Elsana-Alh’jooj présente un plan de développement économique pour les femmes bédouines à la commission des affaires économiques de la Knesset israélienne, juin 2011. (Autorisation)

En 1997, lors de son premier séjour à l’étranger, Elsana-Alh’jooj a passé un an à Montréal après avoir été sélectionnée comme boursière pour le programme ICAN. La vie sur le campus et en dehors du campus a eu un grand impact sur elle.

Elsana-Alh’jooj se souvient que peu de temps après son arrivée dans cette ville majoritairement francophone, elle est montée pour la première fois dans un bus, a montré au chauffeur l’adresse de sa destination et lui a demandé de lui dire quand elle devait descendre.

« Le chauffeur m’a regardée et m’a dit : ‘français !’ », raconte-t-elle. « Je l’ai regardé et j’ai dit ‘anglais’ parce que je ne parlais pas français. J’étais très stressée parce que mon anglais était si rudimentaire à l’époque, j’étais seule et c’était la première fois que je quittais Israël ».

Photo - Amal Elsana-Alh’jooj au bord de la mer de Galilée lors d’un voyage scolaire à l’âge de 16 ans. (Autorisation)

« J’essayais de communiquer mais il n’était pas prêt à m’aider », continue Alma Elsana-Alh’jooj. « Il a vraiment insisté, en disant ‘français’ et j’ai répondu ‘je ne parle pas français’. Puis, soudain, ne sachant pas quoi faire, j’ai entendu au fond du bus une jeune fille dire quelque chose à sa mère en hébreu ».

« J’ai sauté sur cette femme et lui ai demandé en hébreu si elle pouvait m’aider », poursuit-elle. « C’était la première fois que j’ai senti que l’hébreu, que je parlais couramment après l’avoir étudié depuis l’école primaire, était une langue à laquelle j’appartenais, qui faisait partie de ma culture, de ma société et de tout le reste. Donc, pour moi, c’était une expérience intéressante. »

Et d’autant plus, compte tenu de ce que cela a entraîné.

« Cette femme m’a emmené à la bonne adresse et m’a invité dans sa synagogue », a rapporté Elsana-Alh’jooj. « Elle m’a fait me poser une question importante : pourquoi ai-je dû parcourir 9 000 kilomètres pour rencontrer une personne de la communauté juive qui est prête à m’emmener chez elle et à me conduire dans sa synagogue, alors qu’en Israël, parce que nous vivons dans une situation de ségrégation, je n’ai jamais eu l’occasion de visiter une synagogue ? ».

Photo - Amal Elsana-Alh’jooj, deuxième à partir de la gauche, lors d’une manifestation de solidarité avec les musulmans à Montréal après l’attaque d’une mosquée à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en mars 2019. (Autorisation)

« Ce n’est pas quelque chose qui se fait », a-t-elle dit. « Nous vivons dans nos villages, les Juifs vivent dans leurs villes. Les trois principaux endroits où nous pourrions avoir l’occasion de nous rencontrer en tant que citoyens de l’État sont l’université, le lieu de travail et les espaces publics. Mais même dans les espaces publics, vous ne nous verrez pas nous mélanger. »

Aujourd’hui, Elsana-Alh’jooj se sent extrêmement à l’aise avec les Juifs. Nombre de ses amis et des personnes qu’elle fréquente à Montréal sont Juifs. À plusieurs reprises, les synagogues locales l’ont invitée à s’adresser à leurs congrégations.

Née dans un camp bédouin temporaire près d’Arad en 1972, Elsana-Alh’jooj a grandi dans le village de Laqiya, dans le nord du Néguev. Comme il n’était pas reconnu par l’État à l’époque, le camp n’était pas approvisionné en électricité ni en eau courante. Comme d’autres communautés bédouines traditionnelles, c’était une société patriarcale dans laquelle les femmes étaient victimes de discrimination et où la polygamie était de rigueur.

Photo - Amal Elsana-Alh’jooj, à gauche, avec une de ses sœurs à l’âge de 14 ans. (Autorisation)

Aujourd’hui, des décennies plus tard, Elsana-Alh’jooj se plaît à raconter son arrivée dans ce monde en tant que cinquième de 13 enfants. Après quatre naissances de filles consécutives, les parents comptaient sur la prochaine grossesse pour enfin engendrer un fils, ce que la tradition bédouine encense.

« Quand je suis née, le fait que je sois une fille a été une catastrophe pour mes parents, mais pour des raisons différentes », dit Elsana-Alh’jooj. « Si vous demandiez à ma mère, elle vous répondrait qu’elle craignait que mon père n’épouse une deuxième femme, car ils ont toujours reproché aux femmes de donner naissance à une fille. L’inquiétude de mon père était que plus vous avez de filles, moins vous avez de statut dans la tribu, car ils mesurent votre pouvoir en fonction du nombre de mâles que vous avez dans la famille. Mon père avait le sentiment qu’avec ma venue au monde, il devenait une personne plus faible en termes de statut. »

Ses parents l’ont appelée Amal (espoir en arabe), espérant que Dieu leur amènerait un garçon la prochaine fois. Bien sûr, ils ont eu cinq garçons après elle.

En grandissant, Elsana-Alh’jooj était beaucoup plus proche de son père que de sa mère, qui était dure avec elle, car elle était plus sauvage et plus rebelle que ses sœurs.

« J’ai vécu de nombreux moments privilégiés avec mon père qui me traitait de telle manière que je faisais beaucoup de choses que mes sœurs ne faisaient pas », indique la docteure. « Je me souviens que nous avions ces cagettes en bois contenant des oranges de Jaffa et qu’il me mettait dessus en me disant : ‘maintenant, fais-moi un discours sur n’importe quoi’. J’inventais des discours et quand je les faisais, il riait ».

Photo - Amal Elsana-Alh’jooj, au centre, avec ses parents lors de la remise de son doctorat à l’Université McGill de Montréal, en 2017. (Autorisation)

Cet exercice s’est avéré être un bon terrain d’entraînement. Depuis, elle a donné d’innombrables discours, conférences et ateliers en Israël et à l’étranger dans le cadre de son travail de militante, d’organisatrice communautaire, d’oratrice et d’éducatrice. Parfaitement trilingue, en arabe, hébreu et anglais, Elsana-Alh’jooj est de nature gaie, son sourire est lumineux et son rire facile.

Dès son plus jeune âge, elle a été frappée par le contraste entre les conditions de vie dans son village et celles de Beer Sheva, où ses parents l’emmenaient quand elle avait besoin de consulter un médecin.

« On voyait un tout autre paysage », se souvient Elsana-Alh’jooj. « On voyait des bâtiments, des parcs verts et toutes ces belles choses. Puis vous retourniez dans votre village et vous ne voyiez que des chemins de terre et aucune infrastructure. Enfant, je l’acceptais, mais très tôt dans ma jeunesse, j’ai commencé à me poser des questions sur ces choses ».

Cela la conduira à sa quête de changement.

« Très tôt, j’ai pris conscience de deux choses, qui allaient devenir les deux principaux combats de ma vie », dit Elsana-Alh’jooj. « La première était d’être une fille dans un système patriarcal et ma décision de ne pas jouer le rôle de la victime. J’ai aussi pris conscience de mon statut de citoyen de seconde zone en Israël et j’ai voulu me rebeller. Je me souviens avoir pensé : si je me dresse déjà contre ma mère, pourquoi ne pas me dresser contre l’État ? Le fait que je n’ai pas accès à l’électricité et à l’eau uniquement parce que je suis bédouine ou palestinienne est une injustice. »

« Le fait que je n’ai pas l’électricité et l’eau uniquement parce que je suis bédouine ou palestinienne est une injustice ».

« La justice est la justice », ajoute-t-elle. « Je me suis levée, sachant exactement quels étaient mes combats à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de ma communauté. Je les ai toujours combinés, mais parfois, après avoir mené des manifestations et avoir eu le sentiment de réussir sur le plan politique, je retournais dans ma communauté et je sentais qu’il n’y avait aucun moyen d’y apporter des changements ».

Photo - Amal Elsana-Alh’jooj, au centre gauche, avec des femmes bénévoles au centre communautaire Waqe3 en Jordanie. (Autorisation)

« C’est tellement ancré dans la façon dont la communauté bédouine traite les femmes », dit-elle. « Je me suis souvent demandée ce qui était le plus difficile – la lutte politique en Israël, ou la lutte sociale dans ma communauté, le changement du système politique du pays pour m’accepter comme une personne égale ou le changement du système patriarcal pour m’accepter comme un être humain égal dans ma maison. J’ai toujours senti que je devais mener les deux luttes en parallèle. »

Au lycée, Elsana-Alh’jooj a tenu tête à ses parents parce qu’ils avaient accordé des privilèges à ses frères, mais pas à elle. Elle est également devenue de plus en plus active sur le plan politique, de plus en plus extrême dans sa façon de penser et se décrivant comme une « fauteuse de troubles », au grand désarroi de sa mère.

« Quand j’organisais des manifestations à l’adolescence », raconte Elsana-Alh’jooj, « ma mère disait à mon père : ‘elle est folle. C’est la seule fille parmi tous ces hommes qui va là-bas. Tu dois l’arrêter’. Mon père me regardait et me disait : ‘Ne fais pas ça. Tu écoutes ta mère’, mais il me murmurait ensuite ‘Vas-y, vas-y, vas-y’. J’ai toujours senti son soutien. »

Photo - Amal Elsana-Alh’jooj, à droite, avec ses parents au Parlement canadien à Ottawa, en juillet 2017. (Autorisation)

Sa tribu bédouine, celle des Elsana, est l’une des 16 tribus du Néguev.

Contrairement aux Bédouins plus intégrés dans la société israélienne, dont certains servent dans l’armée israélienne, les Elsana sont très politisés et rejettent le service militaire.

« Je me souviens qu’en 1982, j’ai fait mon premier discours politique », raconte l’universitaire. « J’étais en deuxième année quand nous avons fait une marche, à la fin de laquelle ils m’ont mise sur l’estrade et j’ai lu un discours contre la violence et la guerre, et en faveur de la paix. Après cela, quand il y avait une manifestation contre la démolition des maisons du gouvernement ou le déracinement des arbres de notre village, c’est moi qui prononçais le discours ».

A 15 ans, elle a passé une nuit en prison après avoir été arrêtée pour avoir protesté contre la politique d’Israël envers les Palestiniens dans son lycée, où elle a trafiqué la serrure d’une porte de classe pour que les autres ne puissent pas entrer.

À la prison, deux agents de sécurité l’ont interrogée. Décrivant la situation comme une dynamique bon flic-mauvais flic, l’un d’eux a adopté une approche plus douce tandis que l’autre l’a pressée avec des questions hostiles sur le militantisme politique dans son village.

« Écoutez, vous êtes une fille belle et intelligente », avait dit le policier le plus gentil. ‘Nous savons que vous êtes la meilleure de votre classe. Pourquoi gâcher votre avenir avec ce genre de militantisme ? Je veux que tu aies une éducation. Vous pouvez aider votre communauté davantage de cette façon’. Il était vraiment gentil ».

Utilisant le terme hébraïque pour désigner les Juifs du Moyen-Orient, elle a expliqué que le policier le plus dur était séfarade, tandis que l’autre était ashkénaze. Elle a ajouté que cela a influencé sa perception des Juifs israéliens et de leurs tendances politiques.

Photo - Amal Elsana-Alh’jooj, au centre, au marché Mahane Yehuda de Jérusalem avec des volontaires du Centre judéo-arabe pour l’égalité, l’autonomisation et la coopération et des participants au voyage d’expérience d’ICAN au Moyen-Orient. (Autorisation)

« Je ne blâme pas les Juifs séfarades d’être de droite », a-t-elle dit. « Je reproche à l’ensemble du système d’avoir créé une situation où les Juifs séfarades se sont coupés de leur culture arabe et sont durs avec nous parce qu’ils veulent montrer au système ashkénaze qui a établi Israël qu’ils sont égaux, que même s’ils ne sont pas les fondateurs de l’État, ils le protègent ».

Pour en revenir à cette nuit de prison, Elsana-Alh’jooj fait l’éloge du « gentil » flic qui l’a beaucoup marquée.

« Il m’a montré qu’il y a d’autres façons de gérer sa colère, de façon douce », dit-elle. « Cela m’est resté. Je pense que si je n’avais eu qu’un seul gars dur qui me traitait de façon dégoûtante, je serais devenue une terroriste après ça. Mais quelqu’un m’a montré une autre voie, en me disant : ‘tu es intelligente. Tu peux aider ton peuple’. Il a présenté une perspective différente. »

A cette époque, déjà inspirée par le courage et le soutien de sa grand-mère, Amal Elsana-Alh’jooj enseignait aux filles et aux femmes de son village comment lire et écrire afin de leur donner plus de pouvoir. À 17 ans, elle a créé la première organisation de femmes bédouines.

Photo - Amal Elsana-Alh’jooj, au premier rang à droite, avec le comité de gestion et les boursiers d’ICAN, dont deux boursiers juifs israéliens et deux boursiers musulmans israéliens, à Montréal, en février 2019. (Autorisation)

Quatre ans plus tard, en 1993, alors qu’elle vivait toujours à Laqiya, Elsana-Alh’jooj est devenue la première femme de sa tribu à fréquenter l’université, en suivant des études de travail social à l’université Ben-Gurion de Beer Sheva. Elle a été à la tête de l’Union des étudiants arabes, a participé à de nombreuses organisations étudiantes, a interagi avec des Juifs, a eu son premier ordinateur et a considérablement élargi ses horizons avant d’obtenir son diplôme en 1996. À ce moment-là, elle vivait à Beer Sheva dans une résidence étudiante, déterminée à se libérer des limites de son village.

Aujourd’hui, elle est la seule de ses 12 frères et sœurs à vivre en dehors d’Israël, mais elle reste proche d’eux grâce à un contact quotidien via WhatsApp.

Elle dit qu’ils respectent son travail et sont fiers de la reconnaissance internationale qu’elle a acquise. En plus de recevoir de nombreux prix, elle a été sélectionnée comme l’une des 100 leaders d’opinion dans différents domaines pour Genius : 100 Visions. Fondée par un Israélien basé à Toronto, Rami Kleinmann, il s’agit d’une communauté mondiale qui se concentre sur les solutions aux problèmes majeurs.

Comme beaucoup d’Israéliens vivant à l’étranger, Elsana-Alh’jooj insiste sur le fait que sa vie d’expatriée est temporaire. Néanmoins, elle a demandé la citoyenneté canadienne avec son mari, Anwar, ancien avocat en Israël. Originaire d’un village bédouin non reconnu dans le Néguev, il travaille comme organisateur communautaire à Montréal.

« Je vois mon avenir en Israël dans quelques années », affirme l’exilée, qui prévoit de vivre à nouveau à Beer Sheva. « J’ai des rêves et des projets à réaliser là-bas et le fait d’être loin me fait croire que c’est possible, surtout quand je regarde la société canadienne et que je vois comment le multiculturalisme et la diversité peuvent être pratiqués et valorisés ».

Elsana-Alh’jooj reconnaît que la situation des 250 000 bédouins d’Israël, une minorité au sein de la minorité arabe du pays, s’est considérablement améliorée depuis sa jeunesse, mais qu’il reste encore beaucoup à faire. Bien que le nombre de villes bédouines reconnues par l’État ait considérablement augmenté, elle affirme que 82 000 Bédouins vivent toujours dans des villages non reconnus, sans électricité. Elsana-Alh’jooj est encouragée par l’augmentation du nombre de femmes bédouines qui étudient à l’université, ce qui reflète l’importance que les Bédouins accordent désormais à l’enseignement supérieur.

Elle est passionnée par son pays d’origine et aime en parler, en particulier de ses problèmes sociaux et politiques. Bien qu’elle déplore l’évolution inquiétante de la société israélienne, elle est optimiste quant à la possibilité d’un changement positif.

« Lorsque je pense à la façon dont le racisme devient un discours légitime en Israël de la part de la droite, j’ai l’impression que ce que nous avons construit au cours des 20 dernières années de création d’une citoyenneté partagée en Israël en est affecté », regrette-telle.

« Mais je me rappelle aussi que le moment le plus sombre est généralement celui qui précède le lever du soleil », a-t-elle dit. « Donc, je regarde toujours ce qui se passe en Israël en ce moment entre la minorité arabe et la majorité juive et le gouvernement, et je me dis que ce sont peut-être les moments les plus sombres qui amèneront l’aube, qui apporteront bientôt des changements positifs. Parce qu’il y a beaucoup de gens en Israël qui croient vraiment que nous devrions vivre ensemble dans des espaces égaux et partagés. »

Tout en soutenant fermement l’idée d’un État palestinien, Elsana-Alh’jooj a été victime d’abus de la part d’Arabes de Montréal pour avoir défendu le droit d’Israël à exister.

« Souvent, je me suis retrouvée à me battre pour les droits du peuple juif à leur patrie alors que les Palestiniens ou d’autres disent qu’Israël ne devrait pas exister », a-t-elle dit. « Si je crois au droit des Palestiniens à avoir une patrie, je crois absolument au droit du peuple juif à avoir sa patrie. »

« Oui, je critique quel genre de patrie et certaines politiques, mais je défends le droit des Juifs à leur patrie », soutient-elle. « Certains m’ont qualifiée de traître à cause de cela. Mais c’est ce qui arriverait à un Israélien juif qui se battrait pour les droits des Palestiniens. Beaucoup le traiteraient de traître, n’est-ce pas ? Donc, je n’ai pas peur d’être taxée de traître si je crois aux droits humains et aux droits des gens ».

En savoir plus sur : Israël et Ses Voisins Communauté des Bédouins Canada Coexistence Arabes-Israéliens Désert du Néguev Néguev Droit des femmes Israéliens dans le monde La femme dans la société Égalité des genres Égalité des sexes Vivre-ensemble

The Times of Israël

The Times of Israel : Amid shift to work-from-home, Microsoft inaugurates gigantic new Herzliya campus • enVerid

Source : https://fr.timesofisrael.com/loin-de-son-village-bedouin-une-israelienne-lutte-pour-les-femmes-et-la-paix/

Retour au sommaire


  • Formulation de nouvelles identités dans une communauté post-nomade : Le cas des Bédouins du Néguev - Traduction du 26 février 2021 par Jacques Hallard du résumé d’ujn article intitulé « New Identity/Identities Formulation in a Post‐Nomadic Community : The Case of the Bedouin of the Negev » - Par Steven C. Dinero – Document ‘tandfonline.com’
    STEVEN C. DINERO- Pages 261-275 | Published online : 05 Aug 2006 Download citation https://doi.org/10.1080/1460894042000312349

Résumé

Les recherches menées par l’auteur au milieu des années 1990 ont montré que si la culture et le mode de vie bédouins dans le désert du Néguev en Israël ont été considérablement modifiés lorsque les membres de la communauté ont été réinstallés dans des maisons en pierre, ont abandonné leurs chameaux pour des voitures et ont intégré la main-d’œuvre salariée, une identité ’bédouine’ exprimée est restée forte.

En effet, il a été constaté que plutôt que d’intégrer les bédouins dans le courant social juif-israélien, l’installation forcée ne servait, si tant est qu’elle serve, qu’à arabiser et islamiser l’identité communautaire. En utilisant les preuves recueillies en 2000 dans la ville bédouine prévue de Segev Shalom/Shqeb, cette étude sert d’analyse de suivi des changements plus récents trouvés dans la formulation de l’identité bédouine.

Les données révèleront que l’identité bédouine demeure, mais qu’elle est en lent déclin. A sa place, deux nouvelles matrices identité/identités se sont formées : la matrice arabo-palestinienne/musulmane et la matrice bédouine/israélienne. Il sera démontré que ces matrices d’identité/identités exprimées ne sont pas choisies ou exprimées au hasard, mais qu’elles ont plutôt évolué à partir des environnements sociaux, économiques et politiques dans lesquels se trouve la communauté bédouine du Néguev.

Keywords : Negev bedouin Palestinian Israelis sedentarisation Arabicisation Islamicisationf ormer nomads identity formulation

Notes à lire à la source - Articles apparentés :

Identity and Political Stability in an Ethnically Diverse State : A Study of Bedouin Arab Youth in Israel Ismael Abu-Saad et al.

Social Identities Published online : 25 Aug 2010 NeoNomadism : A Theory of PostIdentitarian Mobility in the Global Age Anthony D’Andrea

Mobilities Published online : 20 Aug 2006 https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/1460894042000312349

Source : https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/1460894042000312349

Retour au sommaire


  • De rares archives audio de bédouins israéliens font la lumière sur la société nomade Traduction du 24 février 2021 par Jacques Hallard d’un article publié par l’AFP le 23 février 2021 à 17:43 PM sous le titre « Rare Israeli Bedouin audio archive sheds light on nomadic society  »
    Le chercheur israélien Clinton Bailey montre des livres qu’il a écrits sur la communauté bédouine et sa collection d’enregistrements audio d’entretiens réalisés à Jérusalem le 25 janvier. Photo : AFP

L’éminent érudit bédouin Clinton Bailey a accumulé des centaines d’heures d’enregistrements sur la poésie, l’histoire et le système juridique de la société nomade, dans une carrière qui a débuté alors qu’il faisait son jogging dans le désert du Néguev en Israël.

Photo - Les archives audio uniques en arabe de Clinton Bailey sont maintenant transcrites et numérisées par la Bibliothèque nationale d’Israël, un projet qui vise à enrichir la recherche bédouine en Israël, dans le monde arabe et au-delà.

’Je trouve qu’en comprenant la culture bédouine... vous comprenez la nature humaine, comment les gens s’adaptent à la vie dans des circonstances très difficiles’, a déclaré Bailey à l’AFP.

Quelque 250.000 Bédouins vivent en Israël, faisant partie de la communauté principalement arabo-palestinienne qui est restée dans l’Etat juif après sa création en 1948.

La culture bédouine est peu étudiée en Israël, un problème que les enregistrements de Bailey aideront à résoudre, a déclaré Raquel Ukeles, responsable des collections de la bibliothèque.

La bibliothèque nationale a toujours donné la priorité aux documents sur l’Islam, mais s’est moins concentrée sur la culture et l’histoire des communautés arabes indigènes, a-t-elle déclaré à l’AFP.

’Cette collection nous permet de préserver et de documenter la culture bédouine, dans un domaine où nous essayons de combler les lacunes et de documenter tous les aspects de la société israélienne’, a-t-elle déclaré.

En voie de disparition

Bailey enseignait les sciences politiques à l’université Columbia de New York à la fin des années 1960 lorsqu’il a décidé de partir en Israël pour enseigner l’anglais dans un kibboutz du sud.

Arabophone, il était fréquemment invité par les Bédouins dans leurs tentes alors qu’il faisait son jogging dans les environs. Finalement, il a acheté une jeep pour visiter les communautés bédouines plus éloignées.

Au début des années 80, il se rappelle avoir pensé que la société bédouine était à un point de transition.

Les voir utiliser des radios et des conteneurs en plastique était un signe avant-coureur d’une modernité qui empièterait inévitablement sur leurs traditions, a-t-il expliqué, ajoutant qu’il craignait que la culture bédouine ’ne disparaisse’.

Afin de la préserver, Bailey a décidé de faire la chronique de la culture orale des Bédouins. La première étape a consisté à acquérir un magnétophone.

’Mes sens me disaient qu’enregistrer ce dont ils se souvenaient et comment ils vivaient était la chose importante à faire.’

Ses entretiens avec des citoyens bédouins d’Israël et de la péninsule du Sinaï égyptien, qu’Israël a occupée pendant plus d’une décennie après la guerre des Six Jours de 1967, ont donné environ 350 heures d’enregistrements.

Le contenu comprend de la poésie bédouine, des questions juridiques, la religion, l’histoire et l’environnement.

Bailey, qui a reçu en 1994 un prix des droits de l’homme de l’Association pour les droits civils en Israël pour sa défense, a également écrit des livres, dont un tome de 113 poèmes bédouins.

Pour mener à bien son projet de numérisation de trois ans, la bibliothèque a engagé des membres de la communauté bédouine d’Israël pour aider, entre autres, à transcrire les enregistrements en utilisant leur connaissance du dialecte local.

M. Ukeles a déclaré que la bibliothèque rendrait les archives accessibles en ligne, permettant ainsi aux Bédouins du Sinaï d’accéder par téléphone portable à ce rare enregistrement culturel.

La bibliothèque cherche également à collaborer avec des universitaires du Golfe, une perspective facilitée par les récents accords conclus avec les Émirats arabes unis et le Bahreïn pour établir des liens avec Israël.

’C’est une histoire orale de grande qualité et rare d’une culture’ qui était très importante ’dans l’arc-en-ciel des cultures ici en Israël’, a déclaré M. Ukeles.

Défenseur des droits

Les Bédouins d’Israël ont autrefois revendiqué une grande partie du désert du Néguev, mais la communauté minoritaire survit aujourd’hui en marge de la société israélienne et souvent dans la pauvreté.

La propriété foncière est l’une des principales pommes de discorde entre les Bédouins et les autorités israéliennes.

’Nous avons décidé de ne pas reconnaître leurs revendications sur les parcelles ou les zones qu’ils avaient en commun, parce qu’ils n’avaient pas d’actes écrits’, a déclaré M. Bailey, reprochant aux décideurs politiques israéliens de s’être aliénés les Bédouins.

Les droits de propriété des Bédouins sont codifiés dans leur système juridique oral, et en conséquence, les tensions sur les questions foncières ont persisté.

Les autorités israéliennes ont tenté à plusieurs reprises de reloger les Bédouins de certains villages pour construire de nouvelles villes et démolir des structures qu’elles jugeaient illégales.

Si Israël ne prend pas en compte les griefs de la communauté, il deviendra ’plus réticent, plus belliqueux... et il sera plus difficile de les traiter’, a averti M. Bailey.

Global Times -About Us Careers Contact Us Advertisement Terms of Service

Global Times : We’ll always have Beijing :

Copyright © 2020 Global Times All Right Reserved – Source : https://www.globaltimes.cn/page/202102/1216293.shtml

Selon Wikipédia, « Le Global Times (chinois simplifié : 环球时报 ; chinois traditionnel : 環球時報 ; pinyin : Huánqiú Shíbào) est un tabloïd paraissant quotidiennement en République populaire de Chine. Il est publié en chinois et en anglais. Le journal suit la ligne éditoriale du Quotidien du Peuple, le journal officiel du Parti communiste chinois, et de l’agence Chine nouvelle, tout en se spécialisant dans l’actualité internationale, avec des éditoriaux moins policés… ».

Source : https://www.globaltimes.cn/page/202102/1215818.shtml

Retour au sommaire


  • Un spécialiste partage de rares archives sonores sur les Bédouins Par AFP 23 février 2021, 13:26 – Document ‘fr.timesofisrael.com’
    La Bibliothèque nationale d’Israël a numérisé les archives audio uniques de Clinton Bailey, afin d’étoffer la connaissance de la culture bédouine, peu documentée jusqu’ici

Photo - Le chercheur israélien Clinton Bailey montre sa collection d’enregistrements sonores d’entretiens avec des membres de la communauté bédouine à son domicile à Jérusalem le 25 janvier 2021. (Crédit ; MENAHEM KAHANA / AFP)

La vocation du chercheur israélien Clinton Bailey, un spécialiste des Bédouins ayant accumulé des centaines d’heures d’enregistrements sonores sur cette société nomade, est née lorsqu’il faisait son jogging dans le désert du Néguev, en Israël.

C’est à la fin des années 1960 que ce professeur, né aux Etats-Unis et qui enseignait les relations internationales à la prestigieuse université Columbia de New York, a décidé de déménager en Israël pour enseigner l’anglais dans un kibboutz du sud du pays.

En allant courir près des localités bédouines, il s’est découvert une fascination pour cette partie de la population vivant souvent dans la pauvreté et l’isolement, en marge de la société israélienne.

Pays de neuf millions d’habitants, Israël compte environ 250 000 bédouins vivant principalement dans le désert du Néguev. Ils font partie de la communauté des Arabes israéliens, descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après la création d’Israël en 1948.

Photo - Des enfants bédouins israéliens de la tribu Tarabin jouent dans leur village bédouin non reconnu, près de la décharge de Dudaim (arrière-plan), près de la ville de Rahat, dans le sud du pays, le 7 février 2016. (Crédit : Menahem Kahana/AFP,)

Certains ont conservé une existence semi-nomade, d’autres l’ont abandonnée tout en restant attachés à leurs traditions.

A force de balades dans le désert, M. Bailey, qui est arabophone, a souvent été invité sous leurs tentes. Plus tard, il a investi dans une jeep lui permettant d’accéder aux villages les plus reculés.

« En comprenant la culture bédouine, vous comprenez la nature humaine, comment les gens s’adaptent pour vivre dans des conditions très difficiles », explique-t-il à l’AFP dans sa maison de Jérusalem, où il vit au milieu d’une montagne de livres.

La Bibliothèque nationale d’Israël a récemment numérisé ses archives audio uniques et les a retranscrites en arabe et en anglais, afin d’étoffer la connaissance de la culture bédouine, peu documentée jusqu’ici.

Le projet doit permettre de « rattraper le retard en documentant tous les aspects de la culture bédouine dans la société israélienne », explique Raquel Ukeles, responsable des collections à la Bibliothèque.

« Disparaître »

M. Bailey a entrepris d’enregistrer ses interlocuteurs car la tradition orale est leur principal moyen de transmission culturelle.

« J’ai senti qu’il était important d’enregistrer leurs souvenirs », dit le chercheur, aujourd’hui octogénaire.

C’est d’autant plus vrai que cette société, tribale et traditionnelle, est selon lui en pleine transition, s’ouvrant à la modernité.

Les voir utiliser des radios et des récipients en plastique était un signe avant-coureur d’une modernité envahissante qui empièterait inévitablement sur leurs traditions, a-t-il dit, ajoutant craindre que la culture bédouine « ne disparaisse ».

Environ 350 heures d’enregistrement immortalisent ses entretiens avec des bédouins du Néguev mais aussi du Sinaï égyptien, occupé plus d’une décennie par Israël après la guerre des Six jours (1967).

Photo - Le chercheur israélien Clinton Bailey montre sa collection d’enregistrements sonores d’entretiens avec des membres de la communauté bédouine à son domicile à Jérusalem le 25 janvier 2021. (Crédit ; MENAHEM KAHANA / AFP)

On y trouve des sujets aussi variés que l’histoire, le système judiciaire ou encore la poésie bédouine, sujet auquel le spécialiste a consacré le premier de ses quatre livres.

Ces archives seront consultables sur internet pour que tous les bédouins puissent avoir accès à cette « histoire orale rare et de grande qualité », sur leurs culture et histoire, indique Mme Ukeles.

La Bibliothèque nationale cherche également à collaborer avec des universitaires du Golfe, région encore très imprégnée de la tradition bédouine, une perspective facilitée par la récente normalisation des relations entre Israël, les Emirats arabes unis et Bahreïn.

Photo - Le chercheur israélien Clinton Bailey montre chez lui, à Jérusalem, le 25 janvier 2021, des livres qu’il a écrits sur la communauté bédouine. (Crédit : MENAHEM KAHANA / AFP)

Points communs

M. Bailey a remporté en 1994 un prestigieux prix remis par l’Association pour les droits civiques en Israël pour son engagement en faveur de la communauté bédouine.

Le chercheur accuse les dirigeants israéliens de ne pas avoir assez pris en compte les besoins spécifiques de cette population et d’avoir ainsi alimenté l’hostilité à l’égard de l’Etat.

« Nous avons décidé de ne pas reconnaître leurs revendications sur certaines parcelles de terrain ou zones parce qu’ils n’avaient pas de titres de propriété écrits », explique-t-il.

Et parce qu’Israël ne veut pas prendre en compte les droits de propriété tels qu’ils existent dans le système juridique oral des bédouins, les tensions restent vives sur le sujet. L’Etat détruit régulièrement des constructions qu’il juge illégales car bâties sans autorisation.

Si Israël n’entend pas leurs revendications, cette minorité « sera plus rétive, agressive, et il sera plus difficile de traiter avec elle », affirme le chercheur, qui a récemment publié un livre avec pour ambition de mettre en lumière les points communs entre l’histoire de ces nomades et celle du peuple juif.

En savoir plus sur :

Source : https://fr.timesofisrael.com/un-specialiste-partage-de-rares-archives-sonores-sur-les-bedouins/

Retour au sommaire

Retour au début du dossier


Annexe – Accès à nos dossiers étiquetés « Juifs – Musulmans » et traitant d’Israël : ils ont été postés sur ISIAS et ils sont accessibles à partir de cette adresse : http://isias.lautre.net/spip.php?page=recherche&recherche=juifs+musulmans

Parmi ces dossiers >>>

’Quoi de neuf en Israël aujourd’hui ? – Défis, enjeux et solutions’ par Jacques Hallard ; vendredi 23 août 2019

’Jérusalem héritière d’une longue histoire et ville en grande mutation urbanistique, centre incontesté des hautes technologies mais aussi avec des d’incertitudes politiques liées à l’aménagement problématique des territoires entre israëliens et palestiniens, ainsi qu’une aire avec de grandes inégalités sociales.’ par Jacques Hallard ; vendredi 20 septembre 2019

’Agriculture en milieu aride, problème de l’eau, reboisements et forêts en Israël et en Palestine 1/2’ par Jacques Hallard ; vendredi 2 juin 2017

’Agriculture en milieu aride, problème de l’eau, reboisement et forêts en Israël et en Palestine 2/2é par Jacques Hallard ; dimanche 18 juin 2017

’Découverte de l’identité juive, de l’état d’Israël et d’une possibilité de paix au Proche-Orient en évoquant les fils d’Abraham : Ismaël et Isaac, d’après Gérard Haddad’ par Jacques Hallard ; mercredi 31 juillet 2019

’Les femmes juives dans l’Histoire et dans leur vie de tous les jours en Israël et dans quelques pays de la Francophonie’ par Jacques Hallard ; vendredi 9 août 2019

’Musiques jouées pendant le confinement et dans les cultures traditionnelles, juive et musulmane’ par Jacques Hallard ; mardi 21 avril 2020

’Relations entre les fêtes religieuses (عيدhttps://isias.lautre.net/spip.php?a...الفطرAïd al-Fitr musulmane,שבועותChavouot juive, Pentecôte chrétienne), symboles religieux, rites de la franc-maçonnerie et rites de passage dans diverses cultures du monde, notamment dans la tradition Navajo (sud-ouest des Etats-Unis) qui ouvre la porte à l’écologie’ par Jacques Hallard ; samedi 30 mai 2020

’Regards sur les cultures religieuses et les traditions philosophiques qui sont également confrontées à la pandémie de COVID-19’ par Jacques Hallard : mercredi 30 septembre 2020

’Centième anniversaire de la naissance de Primo Lévi écrivain mémorialiste italien, survivant de l’extermination systématique ou génocide de très nombreux Juifs par l’Allemagne nazie (Shoah) - Avec un récit de trois survivantes du camp d’Auschwitz’ par Jacques Hallard ; lundi 5 août 2019

Partage de musiques et chants traditionnels d’après la culture des trois ‘religions du livre’ à l’occasion de Pessah chez les juifs, de Pâques chez les Chrétiens et du Ramadan chez les musulmans  ; dimanche 12 avril 2020

Retour au tout début du dossier


Sélection des documents, traductions et mise en forme du dossier par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 02/03/2020

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

http://www.isias.lautre.net/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIAS Culture Poésie Israël La poésie orale des femmes bédouines au Proche-Orient.3.docx

Mis en ligne par le co-rédacteur Pascal Paquin du site inter-associatif, coopératif, gratuit, sans publicité, indépendant de tout parti, géré par Yonne Lautre : https://yonnelautre.fr - Pour s’inscrire à nos lettres d’info > https://yonnelautre.fr/spip.php?breve103

http://yonnelautre.fr/local/cache-vignettes/L160xH109/arton1769-a3646.jpg?1510324931

— -

Portfolio