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"L’agriculture et l’alimentation biologiques au secours des abeilles" par le Professeur Joe Cummins

Traduction et compléments de Jacques Hallard

mercredi 11 juin 2008, par Cummins Professeur Joe

Titre original : To Bee Organic or not to Bee

LeProf. Joe Cummins explains why bees are especially susceptible to pesticides Professeur Joe Cummins explique pourquoi les abeilles sont particulièrement vulnérables aux pesticides

Communiqué de presse d’ISIS en date du 11/06/2008

Une version entièrement référencée de cet article est accessible sur le site suivant : www.i-sis.org.uk/toBeeOrganicOrNotToBee.php
Worsening epidemic of Colony Collapse

L’épidémie d’effondrement des colonies d’abeilles s’aggrave

Le syndrome de l’effondrement des colonies d’abeilles est un fléau croissant qui a encore frappé les ruches d’abeilles cette année.

Le Département de l’Agriculture États-Unis (USDA) a signalé une perte de 36 pour cent des colonies dans les ruches exploitées au cours de l’hiver [2007-2008], en hausse de 13,5 pour cent par rapport à l’année précédente [1].

L’USDA n’a pas encore identifié un seul agent pathogène responsable de la maladie et il a enfin commencé à étudier l’interaction entre les pesticides et les virus ou le varroa comme une cause possible [2].

L’effondrement des colonies d’abeilles est caractérisé par l’absence totale d’abeilles adultes dans les colonies avec peu d’accumulation d’abeilles mortes à l’intérieur ou autour des colonies ; le couvain et les magasins d’alimentation, composés à la fois de miel et de cire d’abeilles, sont présents et mais ils ne sont pas immédiatement consommés par les autres abeilles.

Les attaques par des parasites des ruches, tels que la fausse teigne et le petit coléoptère des ruches, le cas échéant, sont sensiblement retardées.

Dans une colonie en cours d’effondrement, l’effectif est insuffisant pour maintenir le couvain et les abeilles semblent être composées principalement de jeunes adultes.

La reine des abeilles est présente, mais le groupe est peu enclin à consommer les aliments fournis, tels que le sirop de sucre et des protéines en complément [3].

L’Institut de la science dans la société, ISIS basé à Londres, a passé en revue les preuves sur l’impact des pesticides et l’interaction synergique entre les pesticides (y compris les biopesticides Bt désormais largement intégrés dans les plantes génétiquement modifiées (OGM)) et des agents pathogènes tels que les champignons parasites [4-6] ] en savoir plus

Cette preuve a été la base d’une question posée au Parlement européen demandant l’interdiction immédiate des pesticides tels que les insecticides néonicotinoïdes ainsi que les cultures de plantes génétiquement modifiées contenant des biopesticides Bt [7] (Emergency Motion on Protecting the Honeybee, SiS 35 ou, en français, "Motion d’urgence pour la protection des abeilles" - Interpellation déposée auprès de la Commission Européenne par Madame Hiltrud Breyer, Députée au Parlement Européen de Strasbourg. Communiqué de presse de l’Institut ISIS en date du 22/06/2007 http://www.i-sis.org.uk/EMPHfr.php

En 2008, le gouvernement allemand a pris la mesure extraordinaire de l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes (voir Emergency Pesticide Ban for Saving the Honeybee, SiS 39 ou, en français,. "Sauvons les abeilles d’urgence en interdisant les pesticides néonicotinoïdes" par le Professeur Joe Cummins, traduction de Jacques Hallard bellaciao.org/fr/spip.php ?article67619

La génétique des abeilles

Le génome des abeilles a été séquencé et, bien que riches en gènes de comportement et d’apprentissage par rapport à d’autres insectes, il est déficient pour ce qui concerne les gènes de l’immunité - ou du système immunitaire - et la capacité de décontaminer des produits chimiques toxiques tels que les pesticides [8].

Les familles des gènes impliqués dans la résistance aux insecticides chez d’autres insectes font complètement défaut.

Ces lacunes contribuent à la sensibilité des abeilles aux insecticides [9].

Les abeilles ont pu établir un système immunitaire comparable à des insectes comme les mouches et les moustiques, mais avec environ un tiers de moins de gènes consacrés à l’immunité, par rapport aux autres insectes.

L’immunité des insectes implique une synthèse inductible de peptides anti-microbiens et une réponse constitutive par mélanisation-encapsulation à des agents pathogènes. Cette flexibilité immunitaire réduite des abeilles peut être compensée par l’activité sociale, tels que le nettoyage de la ruche [10].

Quand les abeilles sont mises en cause par une bactérie pathogène, les gènes dans la tête des abeilles sont exprimés différemment et ils présentent des interactions de comportement de type neuro-immunitaire, similaire à celles qui existent chez les vertébrés [11].

Un dysfonctionnement dans la réponse immunitaire et le comportement déclenché par l’exposition aux pesticides pourraient facilement se traduire par le syndrome de l’effondrement des colonies d’abeilles.

La génétique des abeilles fait maintenant l’objet d’investigations approfondies.

Les abeilles mâles [faux-bourdons] ont 24 chromosomes (groupes de liaisons) et la cartographie des nombreux gènes a été obtenue.

Les mâles sont normalement haploïdes, mais des mâles diploïdes sont observés avec une faible fréquence.

Les abeilles ouvrières et les reines d’abeilles sont diploïdes.
Une reine fournit plus de 2.000 œufs par jour ; les œufs non fécondés deviennent des mâles alors que les oeufs fécondés produisent des ouvrières [12].

L’élevage et l’amélioration génétique des abeilles a eu un certain succès, mais elle est compliquée du fait de l’habitude de la reine, qui copule en vol pour éviter la dépression due à la consanguinité.

Le problème de consanguinité chez les abeilles a été étudié pendant plus de cinquante ans et, avant cela, les apiculteurs avaient reconnu ce problème depuis des siècles.

La génétique des populations concernant la consanguinité et l’homozygotie (de trop nombreux gènes existent à l’état de paires identiques) a été élaboré en 1950 par James Crow et William Roberts dans une étude [13].

L’hétérosis (vigueur hybride) chez l’abeille a été décrit en 1955 par Gladstone Gale Jr. et John Gower [14].

Il n’y a aucune preuve que la consanguinité puisse contribuer au syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles parce que les apiculteurs expérimentés connaissent bien le problème et savent y remédier en assurant des fécondations croisées.

Toutefois, il est clair que le bilan de ce syndrome peut résulter d’une consanguinité qui s’impose en raison d’une diminution des effectifs de la population d’abeilles et cela pourrait bien accélérer leur disparition.

L’agriculture et l’alimentation biologiques au secours des abeilles

Les systèmes d’agriculture biologique se révèlent pouvoir constituer des sanctuaires pour les abeilles contre les ravages causés par leur disparition.

Les abeilles sont des animaux sociaux tout à fait appréciés, qui sont parfaitement adaptés pour la pollinisation des végétaux et l’élaboration du miel, mais elles apparaissent beaucoup trop délicates pour résister aux assauts des pesticides systémiques et des plantes génétiquement modifiées.

Les autorités chargées de la réglementation et des contrôles sont lents à se mobiliser face aux dégâts causés à l’environnement des abeilles et ils ne semblent pas préparés à agir selon le principe de précaution.

La sauvegarde des abeilles pourrait bien être la plus impérieuse des raisons pour passer complètement à l’agriculture biologique [15] (Saving the Honeybee Through Organic Farming, SiS 38) ) "Sauvons les abeilles grâce à l’agriculture biologique" par le Professeur Joe Cummins, traduction de Jacques Hallard http://yonne.lautre.net/article.php3?id_article=2849.