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"COVID-19 et diversités ethniques et génétiques" par Jacques Hallard
jeudi 2 juillet 2020, par
COVID-19 et diversités ethniques et génétiques : groupes sanguins, pertes de l’odorat et du goût, enfants moins touchés - Retour sur les statistiques ethniques, les ’Droits humains’, point avec notamment Justine Lacroix et actions de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA)
Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS - 29/06/2020
Plan : Humour Avertissement {{}}Etudes préalables {{}}Introduction Sommaire Auteur
Nez | Image humour, Blague papa, Humour{{}}Source
- L’avoir dans le nez... Vidéo 6:38 - 31 mars 2020 - olivierconteur
« En ce moment, tout est dans le nez, et en cas d’écoulements, mieux vaut ne pas le montrer... Du coup ce n’est pas facile de flairer ce que seront les temps d’après ! » - Source : https://www.youtube.com/watch?v=6dzUqi7JuJ0
’Avoir quelqu’un dans le nez’ - Une définition – En français, cette expression utilise le champ sémantique du nez pour signifier que l’on ne peut pas supporter une personne. On peut en effet citer des expressions telles que ’je ne peux pas le sentir’ ou encore ’je ne peux pas le piffer’. Dans cette dernière, le verbe ’piffer’ provient du nom ’pif’ qui désigne le nez. (Ou encore, « je ne peux pas le blairer », ‘blair’ étant le nez en argot). Il semblerait que comme dans bon nombre d’expressions françaises, les cavités du corps humain symbolisent le mépris. On trouve en particulier beaucoup de locutions faisant référence à l’anus et dont le sens est souvent péjoratif et méprisant. Ici, ’Avoir quelqu’un dans le nez’ signifie que l’on n’aime pas cette personne. Source : http://www.linternaute.fr/expression/langue-francaise/318/avoir-quelqu-un-dans-le-nez/
« On peut donc avoir quelqu’un dans le nez et ne pas pouvoir sentir cette personne ! »
Avertissement – Après un brin d’humour, quelques études préalables sur la diversité ethnique et la biodiversité, notamment sur la génétique des populations, ainsi que sur l’évolution [voir Histoire évolutive de la lignée humaine - Histoire de l’Homme et l’adaptation biologique chez les êtres humains ], ont été proposées pour une compréhension facilitée et un approfondissement scientifique du contenu des documents qui composent ce dossier.
Toutefois, on peut passer directement soit à l’introduction , soit au sommaire des articles qui ont été sélectionnés sur les sujets variés indiqués dans le titre de ce dossier.
Etudes préalables : diversités ethniques et biodiversité
1. Introduction d’un article de Wikipédia sur les Groupes ethniques en France
4. Voir aussi le document PDF : La diversité ethnique : quels enjeux, quelles réalités - MBA ...
5. La diversité biologique – Document ‘empreinte-biodiversite.org’
6. Voir également le document pédagogique détaillé : La biodiversité, qu’est-ce que c’est ?
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1.
Introduction d’un article de Wikipédia sur les Groupes ethniques en France
La notion de groupes ethniques en France n’a, en droit français, pas d’existence juridique. Sa pertinence scientifique, historique, anthropologique, sociale ou politique est souvent contestée en tant que concept opératoire1 et l’état civil français ne mentionne aucune caractéristique ethnique2. Cependant, son utilité en tant que notion (à usage empirique, donc) est reconnue officiellement de fait à usage d’intérêt public puisqu’une mention ethnique est désormais autorisée pour les personnes qui résident sur le territoire de la Nouvelle-Calédonie depuis 20093. Cependant, si le recensement de la population, obligatoire, ne permet pas le recueil d’information sur la religion ou l’origine ethnique, une enquête non obligatoire peut le faire, ce qui atteste, dans les faits, de son utilité à titre de descripteur d’une affiliation, notamment revendiquée subjectivement4. Il est permis de poser des questions « sensibles »5, y compris dans une enquête de la statistique publique, sous condition de la pertinence des questions, du maintien de l’anonymat des réponses et d’une autorisation écrite des personnes interrogées. L’enquête « Trajectoires et origines » (TeO), par exemple, réalisée conjointement par l’INED et l’Insee en 2008 a permis de récolter non seulement des informations sur les pays d’origine et les langues parlées, mais aussi « sur les appartenances ethniques déclarées ainsi que sur les principales qualités perceptibles qui peuvent servir de support aux discriminations dans notre société : couleur de la peau, coiffure, tenue vestimentaire, accent et autres signes corrélés de façon visible ou hypothétique à une appartenance religieuse ou ethnique (pratiques alimentaires, respect d’un calendrier festif non chrétien, pratiques funéraires, etc.) »6,7,8. La population française s’élevait en 2010 à 64 668 885 habitants dont 62 799 180 en métropole9 d’après l’Insee. Selon des analyses, plutôt anglophones, on pourrait distinguer les citoyens français selon leur « origine ethnique » ou « raciale »10. Ces origines sont très diverses, constituées par exemple des Basques, Bretons, Catalans, Corses, Occitans, Kanaks, Polynésiens, Arabes, Amérindiens comme les Kali’nas, Wayanas, Wayãpi, Palikur, etc… » - Article complet à lire sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupes_ethniques_en_France
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2.
La diversité ethnique et le maillage administratif des États - The administrative interpretation of ethnic diversity - Stéphane Rosière Université de Nancy 2 rosiere@univ-nancy2.fr – Diffusé numériquement par ‘erudit.org’ le 09 mars 2006 – URI - https://id.erudit.org/iderudit/012301ar adresse copiéeune erreur s’est produite – DOI - https://doi.org/10.7202/012301ar adresse copiéeune erreur s’est produite - Un article de la revue Cahiers de géographie du Québec - Volume 49, Numéro 137, septembre 2005, p. 207–224 - Tous droits réservés © Cahiers de géographie du Québec, 2005
Résumé
La prise en compte de la diversité ethnique de la population des États soulève de nombreux problèmes géopolitiques. Cet article porte sur les territoires administratifs attribués à des ethnies. D’une manière générale, les États centralisés refusent de créer de tels territoires. Par ailleurs, les territoires ethniques homogènes n’existent pas, ou sont très rares ; il est ainsi relativement difficile de leur donner des limites fonctionnelles. Malgré ces réserves, tous les types d’États sont confrontés à ces difficultés. Cet article examine trois cas européens : la région autonome hongroise de Roumanie (1953 à 1968), le Tatarstan en Russie et le Pays basque en Espagne et en France. Grâce à ces trois exemples, on peut esquisser la complexité des problèmes liés à la création ou au maintien des territoires à caractère ethnique et rappeler que tout découpage administratif, surtout s’il est lié à une ethnie, s’interprète avec précision dans une logique de rapport de force entre centre et périphérie.
Abstract
The ethnic diversity of states presents different geopolitical issues to consider. This paper examines the spatialisation of ethnic and national administrative entities. Centralized governments usually do not permit the creation of such ethnic territories. Furthermore, completely homogeneous ethnic territories are quite rare. In spite of these difficulties, many states are faced with the possible existence of ethnically-based entities and the problems which accompany them. This paper examines three European cases : the Hungarian autonomous region in socialist Romania (1953-1968), the Tatar Republic in Russia and the Basque Country in Spain and France. From these examples, we can outline the complex problems faced by homogenous ethnic entities and underline the fact that all administrative divisions, especially as related to ethnic groups, have to be interpreted according to the logic of the relationship between a center and a periphery.
Corps de l’article - L’hétérogénéité culturelle de la population est une réalité complexe avec laquelle les États doivent composer.
Pour décrire cette hétérogénéité, deux termes s’imposent d’emblée : ethnie et nation. Une ethnie sera comprise ici comme l’unité de base dans la description culturelle d’une population. Tout groupe disposant de marqueurs ethniques spécifiques (langue, religion, tradition ou autres) forme ainsi une ethnie différenciée. Une nation est généralement comprise comme un groupe ethnique, ou un amalgame de groupes ethniques, qui revendique la constitution d’un État [1]. Ainsi, implicitement, l’ethnie ferait référence à une dimension sociologique, alors que la nation ferait plutôt référence à une dimension géopolitique [2]. Dans cet article, on emploiera le terme d’ethnie sans connotation hiérarchique par rapport à celui de nation (les membres d’une ethnie peuvent, ou non, se considérer ou être considérés par d’autres comme formant une nation). Par ailleurs, l’emploi du terme ethnie n’exclut pas que ce terme soit dénué de toute dimension géopolitique. Au contraire, tracer une limite administrative pour créer, au sein d’un État, un territoire et une entité administrative à caractère ethnique est, comme tracer une frontière internationale, un acte éminemment géopolitique.
La reconnaissance du fait ethnique se traduit de manières très variables dans le maillage administratif des États. Beaucoup d’entre eux, notamment en Europe, ont été forgés autour d’une nation et donc conçus comme des États-nations homogènes. C’est que, comme le formulait Ernest Gellner, « le nationalisme est essentiellement un principe politique, qui affirme que l’unité politique et l’unité nationale doivent être congruentes » (1989 : 11). Ainsi, la recherche de l’homogénéité nationale a été pensée tout à la fois comme la condition de la légitimité et de la sécurité des États. À ce titre, la plupart d’entre eux rechignent à reconnaître l’existence de groupes différenciés et à inscrire leur existence dans leurs maillages administratifs. Tel est d’abord le cas dans les États centralisés, souvent unitaires, qui refusent généralement aux populations allogènes le droit à un territoire administratif spécifique. Les États fédéraux sont a priori plus souples, offrant à leurs populations constitutives une plus grande latitude pour mettre en place une administration propre sur un territoire donné. Mais les choses ne sont pas si simples. L’ex-Union soviétique, bien que fédérale, offrait ainsi un cas intéressant de pseudo-représentation de sa diversité ethnique. En effet, depuis la mise en place de l’URSS en 1922, la gestion des territoires décrits comme autonomes échappait largement aux peuples à qui ces entités avaient été octroyées – par ailleurs, les territoires administratifs étaient rarement en adéquation avec le territoire réellement peuplé par ces ethnies. D’autres États, à « centralisation variable » (Rosière, 2003 : 42), comme l’Espagne, offrent l’autonomie aux populations qui le souhaitent, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne connaissent plus de problèmes liés à la prise en compte du fait ethnique.
Cet article n’a pas pour vocation de développer l’ensemble des problématiques liées aux questions éminemment sensibles et conflictuelles de mise en place d’entités territoriales ethniques dans les États. Après avoir envisagé quelques données théoriques, on s’intéressera ici aux problèmes que soulève le découpage de territoires ethniques dans différents types d’États, centralisés ou non, à travers trois exemples européens : la Transylvanie (Roumanie), le Tatarstan (fédération de Russie) et le Pays basque (Espagne et France)…
La suite est à lire à la source - Sous-titres :
L’ethnie et son territoire
Difficile reconnaissance des ethnies dans l’ex-bloc socialiste
La région autonome magyare de la Roumanie socialiste
Le Tatarstan et les territoires musulmans du centre de la fédération de Russie
Délicate reconnaissance du fait ethnique en Europe occidentale : les États centralisés comme la France ou décentralisés comme l’Espagne sont ainsi confrontés à ce type de problème. C’est ce qu’illustre notamment le cas du Pays basque.
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Source : https://www.erudit.org/fr/revues/cgq/2005-v49-n137-cgq1044/012301ar/
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3. Une aire territoriale de diversité est un atout - Comment ‘Mosaic’ aide les communautés à réaliser leur potentiel aux Etats-Unis – Par Dash Douglas – Document ‘Nations Unies’
La diversité ethnique est une mine de possibilités. La richesse des points de vue et des expériences apporte une variété d’idées, de perspectives, de connaissances et de compétences qui peuvent améliorer de manière significative la capacité d’une communauté à prospérer. Toutefois, les avantages que cette diversité peut apporter au développement dépendent du niveau de cohésion de la communauté. Les sociétés qui atteignent un niveau élevé de cohésion sociale sont bien situées pour réaliser leur potentiel social et économique.
Trop souvent, cependant, la diversité est devenue la source de problèmes plutôt qu’une force de développement social et économique. Partout dans le monde, les tensions ethniques s’intensifient. La division de la société en factions adverses, segmentée en une multitude de communautés, a un impact négatif sur la vie de nos communautés. Les événements récents au Moyen-Orient illustrent les problèmes engendrés par le manque d’unité et leur impact sur le fonctionnement et le développement d’une région.
Même si la diversité ethnique a souvent entraîné des troubles civils et la déstabilisation, ce n’est pas tant elle qui est la cause du conflit que le manque de cohésion sociale entre les groupes ethniques. La diversité ethnique n’est, en soi, ni bénéfique ni néfaste au développement ; elle permet à la fois le développement et la détérioration d’une communauté. Malheureusement, la plupart des sociétés n’ont pas réussi à instaurer et à préserver une cohésion sociale suffisante pour empêcher la désintégration des communautés et tirer profit du potentiel positif de leur diversité.
Le conflit ethnique apparaît comme un facteur essentiel contribuant à la désintégration sociale et économique dans de nombreuses régions du monde. De nombreuses études ont traité l’impact de la cohésion sociale sur le développement économique durable - le processus selon lequel le niveau du capital par habitant des générations futures est au moins égal à celui de la génération actuelle. Traditionnellement, le terme capital comprend le capital naturel, physique et humain ; ceci, toutefois, n’est qu’une partie du processus de développement économique. Un autre aspect a été négligé : la manière dont les acteurs économiques interagissent et s’organisent pour générer la croissance, c’est-à-dire par le biais du capital social, qui fait référence au niveau de cohésion sociale et aux normes qui régissent les relations entre les peuples et les institutions. La Banque mondiale décrit le capital social comme ’ la colle qui fait tenir les sociétés ensemble et sans laquelle il ne peut y avoir de croissance économique ni de bien-être social1 ’.
Le capital social apporte de nombreux avantages sociaux et économiques spécifiques. Les études montrent que les communautés dont le capital social est élevé connaissent une réduction des conflits sociaux, de meilleurs résultats scolaires, une baisse de la criminalité et de la violence, une plus grande efficacité du gouvernement, une meilleure santé publique, un allègement de la pau-vreté et une croissance économique plus rapide. Le commentateur social Francis Fukuyama estime que les économies qui ont un capital social élevé domineront le XXIe siècle.
En ce qui concerne les États-Unis, les études indiquent que ce pays a connu une érosion du capital social au cours des dernières décennies, les citoyens et les communautés étant de plus en plus déconectés les uns des autres. Quelle que soit la race ou l’ethnie, beaucoup partagent le même sentiment de déception et de frustration devant l’échec des efforts menés par les uns et les autres au cours des dernières décennies pour améliorer les relations interethniques et interraciales. Pour rationaliser cet échec, nombre de personnes se sont repliées sur le terrain plus familier de la ségrégation raciale et ethnique. En conséquence, comme certains chercheurs l’ont montré, la ségrégation raciale aux États-Unis n’a jamais été aussi forte depuis le siècle dernier.
Photo- Réunion d’un groupe - Photo reproduite avec l’autorisation de Dash Douglas.
Pour lutter contre la polarisation ethnique croissante dans la ville de Rochester (État de New York), le maire, William A. Johnson, a lancé en 2001 le ‘Mosaic Partnerships Program 2’. Son objectif n’était pas de résoudre les conflits sociaux mais de les prévenir en créant, en développant et en soutenant les composantes de base d’une communauté - c’est-à-dire en instaurant des relations de confiance parmi les personnes et les groupes. Devant le succès du programme à encourager la cohésion sociale au-delà des barrières raciales et ethniques, d’autres villes américaines l’ont adopté, comme Greensboro (Caroline du Nord) et Milwaukee (Wisconsin). L’objectif est de stimuler un changement culturel - de créer une communauté fondée sur le partage des valeurs, sur les principes d’inclusion et d’intégration sociale. Étant donné que la mise en place de changements systématiques et durables nécessite un leadership cohérent, le Mosaic Program se concentre sur les leaders d’opinion d’une communauté, des membres respectés et dignes de confiance ayant d’importants réseaux sociaux sur lesquels ils exercent une grande influence. Ils donnent le feu vert à la communauté et servent de catalyseur à la diffusion du concept ‘Mosaic’.
Le ‘Mosaic Program’ réunit des leaders d’ethnies différentes et les guide au travers d’un processus d’un an où ils apprennent à développer des relations et à établir la confiance, ce qui les encourage à aller au-delà de leur environnement et de se lier avec des personnes qu’ils ne rencontraient pas habituellement, étant issues de groupes ethniques différents. Cela leur permet de voir le monde au travers le regard d’un autre leader, dont les points de vue sont probablement très différents des leurs, et change la manière dont ils construisent leurs relations dans leur vie. Ils apprennent à reconnaître, à comprendre leurs points communs et même à se rallier autour d’eux, au lieu de laisser leurs différences entraver le développement des relations. Lorsqu’une relation de confiance s’instaure, les leaders ouvrent leurs réseaux sociaux les uns aux autres, ce qui permet l’intégration des groupes ethniques qui vivaient auparavant en vase clos.
Le processus ‘Mosaic’ a réussi à connecter divers groupes de personnes au sein d’une communauté et a renforcé les ’ faibles liens ’ qui sont à la base du progrès social et économique d’une communauté. Ces relations sont plus distantes, tandis que les liens forts sont établis avec des personnes partageant un milieu sociologique semblable au leur, comme la famille, les amis intimes, les associés. Alors que les relations étroites présentent des avantages dans une communauté car elles soutiennent la solidarité, ce sont les relations épisodiques, irrégulières qui sont les mécanismes essentiels pour mobiliser les ressources, les idées et l’information, que ce soit pour rechercher un emploi, résoudre un problème, répondre à une crise, lancer un nouveau produit, rechercher un service, établir une nouvelle entreprise, etc. Ce type de relations est également essentiel à l’environnement créatif d’une communauté, car elles facilitent l’intégration rapide des nouvelles personnes et l’absorption des nouvelles idées. La cohésion sociale engendrée par les liens faibles réduira les risques de conflits ethniques et favorisera le développement économique durable.
Nous ne pouvons plus accepter le désengagement social et la séparation sociale des divers éléments de la société. Les sociétés composées de plusieurs ethnies sont sujettes aux troubles civils et à l’instabilité, ce qui entrave le processus social et économique de nos communautés ainsi que le développement durable. Pour résoudre ce problème social fondamental, il faut un changement organique qui repose sur la reconnaissance commune de notre unicité humaine. L’objectif de Mosaic Partnerships est d’encourager cette reconnaissance et de construire l’unité dans la diversité, deux par deux, en tant que base de la transformation sociale. Pour réaliser ce projet, il faut combler la distance sociale et émotionnelle qui existe entre les personnes appartenant à des ethnies différentes par une association étroite et la création de liens entre les individus. Les communautés qui renforcent intentionnellement et systématiquement les liens de confiance entre les peuples issus d’ethnies différentes élèvent leur niveau de cohésion sociale, ce qui leur permet de tirer profit des avantages de la diversité tout en réduisant les risques de conflit destructeurs.
Les décideurs politiques ne peuvent pas légiférer la cohésion sociale et les relations de confiance. En même temps, on ne peut ignorer le fait que la cohésion sociale prévient les risques de conflit et encourage le développement durable. La mise en place des politiques visant à promouvoir le développement du capital social doit donc être une priorité. Il faut que les législateurs intègrent dans la planification du développement des communautés des manières innovantes de construire le capital social afin qu’il soit étroitement intégré dans tous les aspects de la vie de la communauté.
Biographie - Directeur de ‘Mosaic Partnerships Program’, Dash Douglas (photo) a pour mission de fournir un leadership, une vision et une direction pour tous les aspects de ce projet. Avocat en droit civil de formation, il a plaidé dans des affaires de logement pour le Département américain du logement et du développement urbain et a mené d’importantes recherches sur les questions raciales et leur relation avec le développement social et économique des quartiers déshérités.
Copyright © Nations Unies – Source : https://www.un.org/french/pubs/chronique/2006/numero3/0306p62.htm
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4.
Voir aussi le document PDF :La diversité ethnique : quels enjeux, quelles réalités - MBA ... – Source : https://mba-rh.dauphine.fr/fileadmin/mediatheque/site/mba_rh/pdf/Travaux_anciens/La_diversite_enjeux_et_realites_2009.pdf
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5.
La diversité biologique – Document ‘empreinte-biodiversite.org’
La biodiversité est un terme qui a fait sa place dans le paysage du développement durable notamment au cours des dernières années, suite à l’année 2010 qui a été désignée par l’assemblée générale de l’ONU « année internationale de la biodiversité ». Son histoire est pourtant un peu plus ancienne, ce terme ayant été inventé en 1985 comme étant la contraction de « diversité biologique ».
Il désigne ainsi l’ensemble du monde vivant, dans sa diversité la plus large. On parle généralement de 3 niveaux : la diversité génétique, qui représente la diversité des individus au sein d’une espèce ; la diversité spécifique, qui désigne la diversité des espèces vivantes ; et enfin la diversité écosystémique, qui désigne les différents écosystèmes (forêts, zones humides, prairies, océans, etc.) constitués donc de différentes espèces et surtout des interactions entre celles-ci.
En effet, l’ensemble des espèces vivantes interagissent entre elles. Nous pouvons observer des relations de prédation, des relations de compétition (par exemple pour accéder à une ressource, un milieu ou un partenaire), mais aussi énormément de relations de coopération (exemple connu des plantes qui fournissent aux abeilles un nectar pour les nourrir, en échange ces dernières disséminent le pollen qui permet ainsi à la fleur de se reproduire).
Nous rappelons que l’humain fait intégralement partie de la biodiversité. Il est en interaction directe et indirecte avec un grand nombre d’espèces vivantes. Les écosystèmes produisent un certain nombre de biens et services dont l’humain retire un bénéfice : on parle des services écosystémiques. Ce sont par exemple la production de bois par les forêts, la production de poissons par les océans ou lacs, la capacité des sols à filtrer et purifier l’eau, la régulation climatique faite par certains écosystèmes, la capacité d’une barrière de corail à atténuer la force des vagues ou encore la pollinisation faite par les insectes… Cette approche a notamment été développée par le MEA (Millenium Ecosystem Assessment, 2005), un regroupement de 1360 experts internationaux.
La biodiversité est donc le moteur du système vivant planétaire et cette diversité est aussi un formidable potentiel d’adaptation aux changements globaux. Aujourd’hui, nous ne connaissons qu’une petite partie des espèces vivantes, et pourtant grâce à cela, nous avons pu développer l’agriculture, trouver des médicaments, nous inspirer du fonctionnement de certaines espèces pour innover ; qui sait ce que la biodiversité peut receler comme secret pour l’avenir… c’est donc également notre assurance vie ! Empreinte-Biodiversite.org : Accueil -Biodiversité Etudes A propos Contact
Accueil - Empreinte-Biodiversite.org
Source : http://www.empreinte-biodiversite.org/biodiversite/diversite-biologique/
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6.
Voir également le document pédagogique détaillé : La biodiversité, qu’est-ce que c’est ?
La biodiversité, c’est le tissu vivant de notre planète. Nous autres, humains, appartenons à une espèce qui constitue l’un des fils de ce tissu. La biodiversité, c’est le tissu vivant de notre planète. Cela recouvre l’ensemble des milieux naturels et des formes de vie (plantes, animaux, champignons, bactéries…) ainsi que toutes les relations et interactions (coopération, prédation, symbiose…) qui existent, d’une part, entre les organismes vivants eux-mêmes, d’autre part, entre ces organismes et leurs milieux de vie. Nous autres, humains, appartenons à une espèce – Homo sapiens – qui constitue l’un des fils de ce tissu. L’usage du mot biodiversité est relativement récent mais la biodiversité, elle, est très ancienne : la diversité biologique actuelle est le produit de la longue et lente évolution du monde vivant sur l’ensemble de la planète, les premiers organismes vivants connus datant de près de 3,5 milliards d’années…
Documentation complète à voir à la source : https://biodiversitetousvivants.fr/la-biodiversite-quest-ce-que-cest
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7.
L’humain dans la biodiversité - Avec Gilles Bœuf – Enregistrement 01:50:28 - Document diffusé par ‘espace-sciences.org - Bretagne’
La biodiversité, bien plus qu’un inventaire d’espèces dans un écosystème donné, est en fait tout l’ensemble des relations que les êtres vivants ont établies entre eux et avec leur environnement.
Ecosystèmes et espèces disparaissent aujourd’hui beaucoup trop vite sous les actions de l’humanité. Les populations végétales et animales s’effondrent sous l’impact des destructions et pollutions des écosystèmes, des surexploitations des stocks, des disséminations anarchiques d’espèces et enfin du dérèglement climatique dans lequel nous avons bien notre part.
Nous ne consommons que du vivant et ne coopérons qu’avec du vivant : alors comment imaginons-nous survivre sans cette vie qui nous entoure ? Comment nous organiser pour freiner ou faire disparaître ce monstrueux gaspillage et nous préparer des lendemains plus soutenables, et enfin mériter ce terme de « sapiens » que nous nous sommes attribué ?
Rennes - Mardis de l’Espace des sciences - Date(s) - Horaire(s) Mardi 27 octobre 2015 20:30 – Conférencier : Gilles Bœuf, biologiste, président du Muséum national d’Histoire naturelle, professeur à l’Université Pierre et Marie Curie Paris VI et au Collège de France
Mots-clés : biodiversité environnement écosystème humanité
Pôle Bretagne culture scientifique - Coordination territoriale - Pionnière dans le domaine de la diffusion des savoirs, la Région Bretagne s’implique davantage dans le développement de la Science dans une perspective de Culture, d’Innovation et de Transmission, à travers le Pôle Bretagne Culture Scientifique, dont l’animation a été confiée à l’Espace des sciences
Espace des sciences — Wikipédia
Source : https://www.espace-sciences.org/conferences/l-humain-dans-la-biodiversite
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8.
Génétique évolutive humaine : la diversité génétique est une richesse - Dossier - 22.01.2020 – Document ‘pasteur.fr’
Une nouvelle chaire permanente « Génomique Humaine et Evolution » a été créée au Collège de France. Lluis Quintana-Murci, généticien des populations à l’Institut Pasteur, est le titulaire de cette chaire. Si son expertise en génétique humaine est ici reconnue, c’est que ses travaux sont à la fois fondamentaux et ont des conséquences médicales, puisqu’il cherche notamment à identifier les bases génétiques de la variabilité du système immunitaire et la résistance aux infections. Ses cours dispensés au Collège de France montrent tout l’intérêt de la génétique des populations et la génomique dans la compréhension des maladies.
Au-delà des maladies infectieuses comme le paludisme, la tuberculose ou encore l’hépatite C, cette discipline peut expliquer l’évolution des maladies auto-immunes dans l’espèce humaine (allergies, inflammation, auto-immunité…). Plus simplement, il s’agit de comprendre l’évolution du système immunitaire, ouvrant ainsi la voie à la médecine de précision. La génétique des populations s’intéresse aussi aux aspects culturels de l’évolution humaine. Une variété de domaines d’études qui fait écho à la richesse du patrimoine génétique de l’humanité.
Dans toute population, les individus sont génétiquement différents pour un grand nombre de leurs gènes. « La génétique des populations est la discipline scientifique qui cherche à évaluer l’importance de la diversité génétique d’un groupe composé de plusieurs individus, résume Lluis Quintana-Murci, responsable de l’unité Génétique évolutive humaine à l’Institut Pasteur. Elle étudie la distribution et les changements dans la fréquence de ces gènes, afin de mieux comprendre les origines de notre espèce, les migrations humaines, et notre adaptation génétique aux changements environnementaux. »
Plusieurs facteurs – génomiques, démographiques ou évolutifs – sont à la base du façonnement de la diversité génétique :
- les mutations génétiques, c’est-à-dire des modifications de la séquence d’ADN d’un gène ;
- la sélection naturelle, un processus (découvert par Darwin) selon lequel l’élimination naturelle des individus les moins aptes dans un environnement donné permet à une population de s’adapter, de génération en génération ;
- la dérive génétique, l’évolution d’une population ou d’une espèce causée par des phénomènes aléatoires, impossibles à prévoir ; notons que les effets de la dérive sont très importants dans les petites populations
- la migration génétique, le transfert de gènes d’une population à une autre du fait de la migration des individus.
Petit lexique de la génétique
Génétique : la science qui étudie l’hérédité.
ADN : le support de l’information génétique.
Gène : un morceau d’ADN qui constitue une unité d’information
Allèle : une variante d’un même gène.
Épigénétique : une modification de l’expression des gènes qui n’affecte pas la séquence de l’ADN.
Grâce à la génétique des populations, il devient possible d’étudier « l’origine et l’âge de la population humaine et l’histoire du peuplement de la planète ». Cette discipline permet également d’étudier « l’impact de notre hérédité sur notre santé, nos prédispositions à certaines maladies, voire nos réponses différentielles aux traitements thérapeutiques », souligne aussi Lluis Quintana-Murci qui ajoute : « La génétique des populations se penche également sur comment l’habitat historique d’une population et son mode de vie ont eu une influence sur notre génome… et notre épigénome », ces fameuses « marques » qui sont apposées sur le génome sans vraiment modifier l’ADN.
A l’Institut Pasteur, la génétique des populations recouvre ainsi de nombreux domaines d’expertise comme la génétique humaine, la génomique, la biologie évolutive, l’immunologie… A travers une approche multidisciplinaire, les chercheurs de l’Institut contribuent à une meilleure compréhension de la diversité génétique humaine, en particulier dans le cadre des maladies infectieuses. « Alors que, dans les pays occidentaux, beaucoup d’études génétiques sont faites pour des populations d’origine européenne – Européens et Nord-Américains d’ascendance européenne –, il faut ouvrir nos recherches aux Africains et aux Asiatiques. »
Cette vision plus large de la diversité génétique augmenterait par exemple les connaissances des bases génétiques des maladies infectieuses. « Personnellement, cela fait 15 ans que nos travaux penchent sur la génétique des populations en Afrique centrale (au Cameroun et au Gabon), ainsi que plus récemment dans les îles Vanuatu et Salomon du Pacifique, reprend Lluis Quintana-Murci. Nous avons aussi un projet en Polynésie française. Il est aussi important pour nous d’étudier les ’neglected populations’ (les populations négligées). Car il est évidemment indispensable de soigner toutes les maladies qui touchent toutes les populations. »
Illustration - © Institut Pasteur
La génétique humaine en chiffres
Environ 20 000 gènes dans le génome humain, composés de près de 3 milliards de nucléotides (molécules de base de l’ADN)
Plus de 4 millions de différences entre chaque individu d’une même population
Environ 200.000 ans : c’est le temps écoulé depuis que notre espèce est apparue en Afrique
Entre 2 et 3% de notre génome vient de l’homme de Néandertal
L’histoire de la discipline ’génétique des populations’
La génétique des populations est une discipline plutôt récente. Elle a été initiée dans les années 1920 à 1940 suite aux travaux de Ronald Fischer, J.B.S Haldane et Sewall Wright. La génétique des populations a d’abord appliqué, à l’échelle des populations, les principes fondamentaux de la génétique mendélienne (principe qui veut que les gènes se transmettent de génération en génération), du nom de Gregor Mendel, moine et botaniste autrichien reconnu comme le père fondateur de la génétique. La génétique des populations a ensuite permis de faire le lien entre la génétique mendélienne et la fameuse théorie de l’évolution énoncée par Darwin.
Au début des années 2000, les scientifiques ont séquencé l’intégralité du génome humain, une première grande étape qui a permis de mieux comprendre la localisation et la structure des gènes. Le génome du chimpanzé a également été intégralement séquencé, une importante découverte qui a aidé, après comparaison au génome humain, à définir les parties du génome humain qui sont spécifiques à notre espèce.
Plusieurs consortiums internationaux se sont ensuite réunis afin de définir les polymorphismes, c’est-à-dire les différences entre les individus et les populations.
L’histoire démographique de l’espère humaine, de nos origines à nos jours
L’espèce humaine, récente, a été particulièrement façonnée dans sa diversité génétique grâce aux effets de la migration. Elle a quitté l’Afrique il y a environ 40 000 à 80 000 ans. Cette migration a été suivie d’une colonisation rapide de l’Asie méridionale, de l’Australie, de l’Europe et de l’Asie orientale. L’homme a même atteint des lieux plus lointains, les Amériques, il y a environ 15 000 à 35 000 ans, puis les îles reculées de l’Océanie où il s’est installé il y a seulement 1 000 à 4 000 ans.
« Ces parcours migratoires sont parfois sujets à controverse, souligne Lluis Quintana-Murci. C’est entre autre le cas des populations bantoues, qui a initié un mouvement d’expansion il y a 4000 à 5000 ans, notamment grâce à l’apport de l’agriculture. » Originaire de l’Afrique centrale de l’Ouest, cette population a ensuite gagné les régions de l’est et du sud du continent.
La question du chemin migratoire emprunté par ces peuples demeurait en suspens :
- une première théorie affirmait que les Bantous s’étaient scindés dès le départ, en quittant leur berceau originel, en deux mouvements, vers l’est et le sud ;
- et une deuxième hypothèse suggérait, elle, que ces peuples avaient d’abord traversé la forêt équatoriale, le Gabon actuel, avant de se diviser selon deux flux migratoires, l’un vers le sud, et l’autre vers l’Afrique de l’Est.
C’est grâce à une puissante étude génomique portant sur 2000 individus issus de 57 populations de toute l’Afrique subsaharienne que des chercheurs de l’Institut Pasteur ont pu trancher en faveur de la deuxième hypothèse.Les travaux pasteuriens montrent également qu’au cours du dernier millénaire, les Bantous se sont mélangés avec des populations pygmées, un métissage bénéfique aux peuples Bantous, en leur permettant d’acquérir des mutations génétiques avantageuses facilitant leur adaptation à leurs nouveaux habitats. « Nos travaux reconstruisent les routes de migrations des peuples Bantous et indiquent que leur métissage avec des populations locales a été bénéfiques pour leur adaptation à l’environnement, notamment sur le plan immunitaire, explique Lluis Quintana-Murci, qui a coordonné l’étude. Si nous connaissions déjà des exemples d’acquisition d’avantages génétiques entre espèces, c’est pratiquement la première fois que ce concept est démontré au sein de la population humaine ».
Car en effet, les changements démographiques peuvent avoir un impact sur la sélection naturelle. Les fluctuations des populations et l’histoire évolutive ont conditionné les mutations bénéfiques et délétères pour la santé humaine.
L’étude de la diversité du génome est alors essentielle pour identifier, parmi ces mutations, lesquelles participent à la susceptibilité aux maladies complexes, comme les maladies infectieuses ou auto-immunes.
Photo - Maisons ’carrées’ en terre séchée, Pygmées Bongo, Gabon, 2006. © Paul VERDU/MNHN/CNRS Photothèque
L’influence de notre culture sur notre patrimoine génétique
L’émergence de l’agriculture, qui dans les derniers 10 000 ans a démarré dans différents régions du monde, a constitué pour l’espèce humaine une véritable révolution, qu’elle soit technologique, culturelle, ou environnementale.
Dans son ouvrage « Gènes, peuples et langues », Luca Cavalli Sforza explique « qu’il serait inexcusablement superficiel de s’occuper de l’évolution de l’Homme sans donner assez d’attention aux aspects culturels ».
La génétique des populations permet, en effet, d’étudier de près les liens entre culture et nature. D’ailleurs, de récents travaux des chercheurs de l’unité Génétique évolutive humaine de l’Institut Pasteur ont remis en cause le dogme établi qui affirmait que l’apparition de l’agriculture avait permis une forte expansion démographique.
Si le développement de l’agriculture en Afrique a été datée il y a environ 5000 ans, l’étude génomique menée par les chercheurs de l’Institut Pasteur établit que l’explosion démographique est bien antérieure à cette période (7000 à 10 000 ans). « Les ancêtres des peuples dits Bantous, alors chasseurs-cueilleurs, ont connu un succès démographique nécessaire pour subsister à leur nouveau mode de vie et pour s’établir » explique Lluis Quintana-Murci, responsable de l’unité Génétique évolutive humaine de l’Institut Pasteur.
Mais comment l’adaptation à un nouvel environnement est-elle possible ? Comment l’Homme a-t-il pu changer d’habitat (forêt, milieu rural, ville) ou de mode de vie (chasseur-cueilleur nomade, agriculteur sédentaire) ? En fait, c’est l’environnement lui-même qui exerce une pression sélective au niveau génétique et peut entrainer des changements de fréquence de certaines mutations avantageuses dans l’ADN pour notre espèce. Mais ce n’est pas tout. Des chercheurs de l’Institut Pasteur ont également découvert que l’environnement agissait sur l’épigénétique.
En comparant différentes populations d’Afrique centrale, les chercheurs ont observé que le changement d’habitat (de la forêt vers des milieux plus ruraux voire urbains) avait modifié l’épigénome, surtout des fonctions affectant le système immunitaire.
« Il faut s’intéresser, avec d’autres études, à la façon dont les changements épigénétiques permettent d’avoir un terrain immunitaire plus propices au développement des maladies auto-immunes, allergies, inflammations » explique Lluis Quintana-Murci.
Photo - Femmes et enfants pygmées ouvrant les mangues pour en extraire les amandes et récupérer la pulpe, près du campement du serpent à l’est de la ville de Lomié au Cameroun Cette photographie a été réalisée au cours du suivi longitudinal de l’ANR GrowinAP (2011-2015) : ’Diversité de la croissance humaine. La croissance chez les Pygmées africains’. © Laurent MAGET / EAE / CNRS Photothèque
Notre santé actuelle, un héritage de l’évolution
Pour mieux comprendre nos prédispositions à certaines maladies, les scientifiques se sont appuyés sur les ressources de la génétique. A la fin des années 2000, le projet HAPMAP a notamment été déployé afin de développer une ressource publique de données génétiques pour aider les chercheurs à découvrir les gènes associés aux maladies humaines et à la réponse aux médicaments. La carte HAPMAP constitue une ressource essentielle pour les chercheurs, elle est accessible gratuitement partout dans le monde.
Grâce à ces données, les chercheurs de l’Institut Pasteur ont identifié en 2008 plusieurs centaines de gènes qui varient entre les populations humaines. Certains de ces gènes, comme le gène CR1 est par exemple impliqué dans la sévérité des attaques de paludisme. Les scientifiques ont montré qu’une mutation de ce gène est présente chez 85% des personnes africaines mais est absente chez les populations européennes et asiatiques. « Nos travaux ouvrent ainsi la voie à des recherches génétiques d’intérêt médical en ayant identifié des gènes candidats à la prédisposition à certaines pathologies », explique Lluis Quintana-Murci.
Le paludisme est d’ailleurs un exemple particulièrement intéressant en ce qui concerne l’influence de la sélection naturelle sur le génome, ainsi que la façon dont le mode de vie et de de subsistance ont une influence sur notre histoire démographique, et surtout notre susceptibilité à certaines maladies.
L’hémoglobine est une molécule contenue dans les globules rouges qui transporte le fer. Sous sa forme dite « S », qui résulte d’une mutation, elle provoque une drépanocytose (maladie du sang provoquant notamment une anémie chronique), lorsque le gène est homozygote (c’est-à-dire que les deux versions du gène sont identiques). Pourtant, lorsque l’hémoglobine S est présente dans son état hétérozygote (deux versions du gène), cette mutation confère une protection importante contre le paludisme.
« Si cette mutation, pourtant délétère, continue à exister dans la population, c’est que l’avantage d’être hétérozygote doit être très important » explique Lluis Quintana Murci.
Les modèles mathématiques en génétique de populations permettent aujourd’hui de dater l’apparition d’une mutation. « Notre hypothèse a été de dire que si l’on pouvait dater l’apparition de cette mutation, qui représente un avantage pour lutter contre le paludisme, nous pouvions donc dater l’apparition du paludisme en Afrique » poursuit Lluis Quintana-Murci.
Les résultats montrent que le paludisme est arrivé il y a au moins 25 000 ans en Afrique chez les ancêtres des bantous et que le paludisme a été transmis aux Pygmées il y a environ 7000 ans selon une théorie du métissage « adaptatif ». Il s’agit de la théorie du « poison/antidote : on transmet la maladie mais aussi la façon d’y faire face. En effet, les bantous, un peuple alors chasseur-cueilleur de savane, étaient atteints du paludisme. En émigrant vers la forêt, les populations bantoues ont donc transmis cette maladie dans l’environnement des pygmées. Leur métissage a pourtant apporté aux pygmées la mutation qui, sous sa forme hétérozygote, permet également d’y résister.
Photo - Globule rouge parasité par Plasmodium falciparum. © Institut Pasteur
Génétique des populations : vers une médecine de précision
L’Homme moderne est le résultat de son Histoire. Son histoire démographique passée, son mode de vie et sa culture passée, des pathogènes rencontrés, des mesures sélectives prises pour y résister mais également ses métissages.
Aujourd’hui, les chercheurs souhaitent progresser vers une médecine qui prend en compte un nombre important de facteurs afin de comprendre nos réponses aux traitements et nos susceptibilités aux maladies. Il est alors important de comprendre comment notre génétique et notre épigénétique actuelle ainsi que d’autres facteurs, comme notre âge, notre sexe, ce que l’on mange, notre microbiote, influent nos réponse immunitaire.
Par exemple, de récents travaux à l’Institut Pasteur, en collaboration avec le Consortium Milieu Intérieur (lire notre encadré plus bas) ont montré que le tabagisme, l’âge, le sexe et l’infection latente par le cytomégalovirus, étaient les principaux facteurs non génétiques qui affectent la variation des paramètres de cellules immunitaires humaines.
Les chercheurs ont également montré que les paramètres des cellules innées étaient plus fortement contrôlés par des variations génétiques alors que celles des cellules adaptatives, sont modifiées essentiellement par l’exposition à l’environnement.
Ensuite, les chercheurs ont tenté de comprendre les profils immunitaires induits par des bactéries, des champignons et des virus dans une cohorte équilibrée en fonction de l’âge et du sexe de 1 000 individus en bonne santé. « Nous avons constaté que l’âge et le sexe affectaient la réponse transcriptionnelle de la plupart des gènes liés au système immunitaire, les effets de l’âge étant plus spécifiques au stimulus que les effets liés au sexe » explique Lluis Quintana-Murci. Les chercheurs ont également montré que des populations cellulaires spécifiques soient reliées aux effets de l’âge et du sexe sur l’expression des gènes, les cellules T CD8 + pour l’âge et les cellules T CD4 + et les monocytes pour le sexe. Des travaux qui montrent bien l’hétérogénéité cellulaire sur la variabilité interindividuelle des réponses immunitaires. Une ressource précieuse pour une exploration plus approfondie des différents risques d’infection ou d’évolution de la maladie.
Si d’incroyables progrès ont été réalisés sur la connaissance de notre histoire, de notre humanité et de nos systèmes biologiques, quelques mystères restent encore à percer. Par exemple, la Polynésie représente un intérêt majeur en biologie évolutive car c’est le dernier endroit du monde qui a été peuplé par l’Homme, il y a environ 900 à 1000 ans. « Il y a des thématiques de santé publique très importantes en Polynésie. Par exemple, la population doit faire face à deux épidémies de grippe par an, une grippe spécifique à la Polynésie et une grippe européenne apportée par les voyageurs. En outre, les populations polynésiennes font également face à de nombreux problèmes métaboliques comme de l’hypertension, le diabète ou encore l’obésité. J’espère que nos prochains travaux pourront apporter des réponses afin d’améliorer leur santé ».
L’équipe de Lluis Quintana-Murci a obtenu, en 2018, un financement de la Fondation pour la Recherche Médicale afin d’approfondir les recherches au sujet des infections grippales. « Comprendre la façon dont l’âge et le sexe influencent la réponse transcriptionnelle de l’hôte, utilisant des techniques de séquençage de cellule unique, au virus de la grippe pourrait nous donner des pistes pour mieux comprendre ce fléau ».
Photo - Interaction entre un lymphocyte T4 (en bleu) infecté par le HIV et une cellule dendritique (en vert). © Institut Pasteur
‘LabEx’ - Laboratoire d’Excellence - Le projet Milieu Intérieur
La prédisposition aux infections, la sévérité des maladies et la réponse aux médicaments ainsi qu’aux vaccins sont très variables d’un individu à l’autre.
En raison de la complexité des réponses immunitaires dans l’individu et dans la population, jusqu’à présent, il n’a pas été possible de définir les paramètres – génétiques ou environnementaux – qui définissent un système immunitaire sain et sa variabilité naturelle. Le consortium Milieu Intérieur, hébergé à l’Institut Pasteur, utilise les ressources de plusieurs disciplines (immunologie, génomique, biologie moléculaire, bioinformatique) et cherche à établir les paramètres qui caractérisent le système immunitaire d’une personne saine. Une étape essentielle pour aller vers la médecine personnalisée : utiliser la bonne stratégie thérapeutique, pour la bonne personne, au bon moment.
Photo - Tri des échantillons humains du projet LabEx Milieu Interieur sur un robot TECAN. © Institut Pasteur
Milieu intérieur, comment ça fonctionne ?
Pour examiner les facteurs génétiques et environnementaux qui influencent la variabilité des réponses immunitaires, le projet Milieu Intérieur a établi une cohorte de 1000 personnes saines. L’impact en santé publique de ce projet est immense puisque ces données permettront d’établir des valeurs de références à partir desquelles il sera possible de définir les réponses immunitaires individuelles perturbées. Plusieurs études pilotes sont déjà en cours sur diverses maladies : tuberculose, Hépatite C, diabète de type 1, etc…
Le projet Milieu Intérieur est lauréat de l’appel d’offre « Laboratoire d’excellence », un programme favorisant l’émergence de projets scientifiques ambitieux à l’échelle internationale. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de Milieu Intérieur
Portrait - Lluis Quintana-Murci, chercheur en « humanité »
Lluis Quintana-Murci est né en 1970 à Palma de Majorque en Espagne. En 1999, il arrive à l’Institut Pasteur à Paris, dans l’unité d’Immunogénétique humaine, alors dirigée par Marc Fellous. Cette même année, il publie ses premiers résultats qui retracent les chemins empruntés par l’Homme, lors de sa sortie d’Afrique, il y a plus de 60 000 ans. En 2005, il obtient son habilité à diriger des recherches (HDR) qui lui permet en 2007 d’ouvrir sa propre unité : Génétique évolutive humaine.
A ce jour Lluis a publié plus de 200 articles scientifiques. Ses multiples travaux mettent en lumière, à travers l’étude de la diversité génomique, la capacité de notre espèce à s’adapter à son milieu (2). En migrant d’Afrique vers toutes les régions du globe, l’être humain a connu, au fil des millénaires, des mutations face aux différences climatiques, aux ressources nutritionnelles à sa disposition ou encore aux agents pathogènes qu’il a rencontrés.
Photo - Lluis Quintana-Murci, responsable de l’unité Génétique évolutive humaine à l’Institut Pasteur - © Collège de France - En France, dès qu’on parle de diversité, on est effrayé. Alors qu’il faudrait faire de cette diversité une allégorie de nos différences !
Lire notre portrait « Lluis Quintana-Murci à la découverte du monde et de l’Humanité »
Chaire au Collège de France - La « génétique des populations » entre au Collège de France
Une nouvelle chaire permanente « Génomique Humaine et Evolution » a été créée au Collège de France. Interview de Lluis Quintana-Murci, généticien des populations à l’Institut Pasteur, qui en est le titulaire. Crédit vidéo : Institut Pasteur. En savoir plus sur la leçon inaugurale du 6 février 2020, 18h
En 2019, Lluis Quintana-Murci est nommé titulaire de la chaire permanente « Génomique Humaine et Evolution » au prestigieux Collège de France. Les cours dispensés dans le cadre de cette toute nouvelle chaire ont pour objectif de montrer comment le progrès des connaissances sur la variabilité du génome au niveau des populations humaines et sur les différents facteurs qui façonnent cette variabilité aide à comprendre l’histoire démographique de l’homme, son adaptation à l’environnement ainsi que les relations entre diversité génétique et diversité phénotypique, qu’elle soit bégnine ou responsable de maladies. Les sujets à traiter incluent :
- introduction à la génétique des populations,
- diversité génétique et phénotypique chez l’Homme,
- reconstruction génétique de l’histoire démographique de notre espèce,
- sélection naturelle et phénotypes adaptatifs,
- diversité génétique et forces culturelles,
- adaptation de l’Homme aux pathogènes : immunité et maladies infectieuses.
Ces cours dispensés au Collège de France sont ouverts à tous, librement et sans condition d’inscription (sous réserve des places disponibles).
Sur le même sujet :
Document de presse - 02.05.2020 – Recherche - Premier chat détecté porteur du SARS-CoV-2 en France
Document de presse - 30.01.2020 – Recherche - L’Institut Pasteur isole les souches du coronavirus 2019-nCoV détecté en France
Document de presse - 09.08.2019 – Recherche - Cancer du col de l’utérus : Un nouveau test pour mieux évaluer le risque
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Actualité - 25.09.2019 - Recherche - Un gène de la dépendance au tabac responsable de la dépendance à l’alcool – « Un ensemble d’études pangénomiques humaines ont mis en évidence une forte association entre un locus chromosomique et le risque de développer une dépendance au tabac. Une mutation a en particulier été identifiée (rs16969968, dite SNPα5). Des études ont recherché si cette mutation est également associée à l’alcoolisme, en raison de la forte comorbidité connue entre tabagisme et alcoolisme. Une équipe de l’Institut Pasteur et du CNRS vient enfin d’observer que les rats porteurs de la mutation SNPα5 présentent une appétence accrue pour l’alcool. Explications…
www.pasteur.fr - Institut Pasteurgénétique génétique des populations Evolution santé
Fichier:Institut Pasteur (logo).svg — Wikipédia
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9.
Une histoire génétique : notre diversité, notre évolution, notre adaptation - Lluis Quintana-Murci - Collège de France - 06 février 2020 18:00 19:00 Leçon inaugurale Amphithéâtre Marguerite de Navarre - Marcelin Berthelot
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Lluis Quintana-Murci, né en 1970, est directeur de recherche au CNRS et professeur à l’Institut Pasteur où il dirige l’unité « Génomique évolutive, modélisation et santé ». Auteur de plus de 200 publications, Lluis Quintana-Murci est un chercheur reconnu mondialement pour ses travaux sur la diversité du génome humain, dont les déclinaisons sont nombreuses et fécondes, aussi bien d’un point de vue fondamental que d’un point de vue appliqué, faisant progresser notre connaissance et notre compréhension de certains phénotypes d’intérêt médical, en lien avec la réponse immunitaire ou encore la nutrition.
Ses premiers travaux en génétique ont permis de valider l’hypothèse d’une sortie d’Afrique d’Homo sapiens il y a 60 ?000 ans (hypothèse du remplacement) par la voie dite d’Afrique de l’Est. A la suite de cette étude, il a utilisé son expertise en génomique évolutive pour aborder avec une perspective nouvelle les questions relatives à la diversité génétique et épigénétique de l’espèce humaine, comme la façon dont la sélection naturelle – en particulier celle exercée par les pathogènes – a façonné la diversité du génome humain.
Les recherches de Lluis Quintana-Murci ont également porté sur la contribution de la variabilité génétique de l’hôte à des différences de réponses immunitaires aux agents pathogènes et aux maladies infectieuses. Il a ainsi montré avec son équipe de l’Institut Pasteur que certains allèles, qui ont pu être avantagés dans le passé, car conférant un avantage lors d’une infection, seraient aujourd’hui responsables d’une susceptibilité accrue aux maladies auto-immunes et inflammatoires.
Télécharger le dossier de presse– Source : https://www.college-de-france.fr/site/lluis-quintana-murci/inaugural-lecture-2020-02-06-18h00.htm
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Les mises en garde se renouvellent et nous incitent à revenir sur le sujet du Coronavirus et de la pandémie de Covid-19 : « Nous ne sommes qu’au début de l’épidémie » et « Nous devons vivre avec le coronavirus comme nous vivons avec le VIH » - Propos recueillis par Paul Benkimoun - Publié le 11 juin 2020 à 04h00 - Mis à jour le 12 juin 2020 à 08h43 – Voir l’article réservé aux abonnés – Document ‘lemonde.fr’ - Photo - Peter Piot, chez lui, à Londres, le 8 mai 2020. HEIDI LARSON - Directeur de la ‘London School of Hygiene and Tropical Medicine’, le médecin et microbiologiste belge Peter Piot a été nommé conseiller de la présidente de la Commission européenne pour la recherche sur le Covid-19. Entretien. Directeur de la London School of Hygiene & Tropical Medicine, le médecin et microbiologiste belge Peter Piot fut l’un des codécouvreurs du virus Ebola, avant d’être à la tête de l’Onusida (Programme commun des Nations unies sur le VIH-sida), de 1995 à 2008. Récemment nommé conseiller de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour la recherche sur le nouveau coronavirus, il a été lui-même sévèrement touché par le Covid-19. Quel regard portez-vous sur la manière dont le monde a réagi face au Covid-19 ?... » - A lire en totalité à partir de ce site : https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/11/peter-piot-il-faut-impliquer-les-personnes-touchees-dans-la-reponse-a-cette-maladie_6042450_3244.html
Au fil des mois, s’est manifestée la très grande diversité des symptômes observés chez les personnes atteintes par la pandémie de COVID-19. L’article suivant illustre bien cette situation : Covid-19 : des symptômes de la tête jusqu’aux doigts de pied par Diana Kwon, 20 mai 2020 ; document ‘pourlascience.fr’ - Photo - Les symptômes du SARS-CoV-2 se font sentir jusqu’aux doigts de pied. © Shutterstock.com/Kojin - Les manifestations de l’infection au nouveau coronavirus sont particulièrement diversifiées. Des caillots sanguins et l’inflammation en sont les principales causes. Le virus SARS-CoV-2 qui a infecté des millions de personnes dans le monde entier attaque bien plus que les poumons. Certains des symptômes de la maladie qu’il provoque, le Covid-19, sont assez prévisibles : toux, fièvre, frissons, maux de tête. Mais les effets de l’agent pathogène ne s’arrêtent pas là. Le virus peut causer des problèmes dans presque tous les organes, y compris le cerveau, le cœur, les reins, le système gastro-intestinal et la peau. Les médecins ont été surpris par ce qu’ils appellent aujourd’hui l’hypoxie silencieuse : les malades ayant un taux d’oxygène sanguin particulièrement faible ne semblent pourtant pas lutter pour respirer. Ajoutons les « orteils Covid », des gonflements douloureux de la peau des doigts de pied, similaires à des engelures. Dans de rares cas, les enfants, que l’on pensait auparavant relativement épargnés, présentent des symptômes semblables à ceux de la maladie de Kawasaki, qui entraîne une inflammation des vaisseaux sanguins dans tout le corps. Les complications associées à des caillots sanguins, comme des accidents vasculaires cérébraux et des embolies pulmonaires, sont également fréquentes. « Il est intéressant de constater qu’un virus respiratoire peut provoquer une telle diversité de manifestations cliniques », déclare Peter Hotez, de la faculté de médecine Baylor, à Houston, au Texas. L’une des raisons à ces manifestations inhabituelles du Covid-19 pourrait simplement être les plus de 4 millions de cas confirmés dans le monde d’une maladie entièrement nouvelle. Certains de ces symptômes ont été observés lors d’autres infections virales. Par exemple, les chercheurs ont détecté des caillots de sang chez certains patients infectés par le SARS-CoV (responsable du SRAS en 2003) et le virus de la grippe H1N1. « Il y a tellement de cas dans le monde aujourd’hui que nous ne détectons peut-être que des variantes mineures », tempère Stanley Perlman, de l’université de l’Iowa (aux Etats-Unis). « On peut s’interroger. Avec d’autres infections, combien de cas de ce genre apparaîtraient si l’on comptait deux à trois millions de cas ? Ou bien, le Covid-19 est-il vraiment spécial ? » - A lire en totalité sur ce site : https://www.pourlascience.fr/sd/medecine/covid-19-des-symptomes-de-la-tete-jusquaux-doigts-de-pied-19485.php
Ce dossier – constitué à usage didactique – ne prétend pas donner une image exhaustive du sujet tant les contributions sont nombreuses et sans cesse enrichies de nouveaux savoirs … et de nouveaux questionnements et pistes de recherches à explorer. Notre attention a notamment été retenue ici par les quelques éléments suivants :
a) Certains groupes sanguins seraient plus susceptibles que d’autres à contracter la pandémie de Covid-19. Cela est seulement introduit en annexe de ce dossier.
b) Les observations tout récemment publiées à propos des enfants sont plutôt rassurantes pour eux : « les décès d’enfants sont très rares », comme cela est rapporté in fine dans ce dossier. On peut aussi consulter cet article : Coronavirus chez l’enfant : symptômes, quels risques à l’école ? - Article mis à jour le 25/06/20 15:27 – Mise à jour le jeudi 25 juin juin 2020 à 15h32. - Document ‘sante.journaldesfemmes.fr’ - Photo - © Igor Zakharevich - 123RF – « Alors que l’école a repris (en France) le 22 juin 2020 avec un protocole sanitaire allégé pour permettre à tous les enfants de retourner en classes et en crèches, une étude de l’Institut Pasteur confirme qu’ils transmettent peu le Covid-19 à l’école, que ce soit aux autres élèves ou aux adultes et que bien souvent, ils sont infectés par leurs parents. Sommaire de cet article :
- Cas de coronavirus chez l’enfant France et Monde
- Symptômes
- Quand appeler le médecin ?
- Risques
- Transmission par l’allaitement ?
- Protéger son enfant
- Risques à la maternité
- Enfant à la santé fragile
- Précautions pour retour à la crèche
- Précaution pour un retour à l’école
c) La perte de l’odorat et du goût est le symptôme qui a été retenu pour un examen plus détaillé dans ce dossier > :
On sait désormais pourquoi le coronavirus fait parfois perdre l’odorat, diffusé le 24 juin 2020, par Yonne Lautre – « Dès les premiers rapports en provenance de Wuhan, d’Iran et plus tard d’Italie, nous savions que la perte de l’odorat (anosmie) était un symptôme significatif de l’infection par le coronavirus SARS-CoV-2 responsable de l’épidémie de Covid-19. Aujourd’hui, après des mois de résultats cliniques rigoureux ou parfois plus anecdotiques, une explication sur les raisons pour lesquelles ce virus provoque parfois une perte de l’odorat chez les personnes qu’il infecte. Le plus souvent, la perte d’odorat résulte d’une infection par un virus, qui s’attaque aux voies respiratoires supérieures ou aux sinus, comme les virus à l’origine de rhumes. Certains d’entre eux peuvent appartenir à la famille des coronavirus qui ne sont pas mortels, contrairement aux virus du SARS, du MERS ou du Covid-19… - Source : https://theconversation.com/on-sait-desormais-pourquoi-le-coronavirus-fait-parfois-perdre-lodorat-141299
Coronavirus : Premières explications à la perte d’odorat chez les patients atteints du Covid-19 - Recherche - Une première étude américaine s’est penchée sur ce symptôme spécifique : la perte brutale d’odorat sans nez bouché – Par Oihana Gabriel (photo) - Publié le 25/06/20 à 17h54 — Mis à jour le 25/06/20 à 17h54 – « A cause du Covid-19, certains patients se plaignent de perte soudaine de l’odorat, suivie souvent par une perte du goût. Des études commencent à expliquer pourquoi ce coronavirus, à la différence des autres, provoque cette anosmie sans que le nez ne soit bouché. Des pistes qui pourraient aider les médecins à mieux diagnostiquer la maladie et à aider les patients à retrouver un odorat fonctionnel… » - Source de l’article complet : https://www.20minutes.fr/sante/2807547-20200625-coronavirus-premieres-explications-perte-odorat-chez-patients-atteints-covid-19
D’une manière plus générale, la matière traitée jusqu’ici dans ce dossier, noua amène à élargir le sujet quant à ses aspects sociologiques, comme le montre avec pertinence, la tribune suivante : « La réaction biologique au Covid-19 n’est pas une question d’appartenance raciale » - Par Joanna Merckx et Jay S. Kaufman, tous deux épidémiologistes - Publié le 11 juin 2020 à 06h00 - Article complet réservé aux abonnés ‘lemonde.fr’ – « Si les minorités ethniques sont davantage touchées par le virus, c’est le résultat d’inégalités sociales, et non la manifestation de différences biologiques, relèvent les épidémiologistes canadiens Jay S. Kaufman et Joanna Merckx, dans une Tribune. « Nous en apprenons chaque jour un peu plus sur le virus (coronavirus) SARS-CoV-2 et sur la maladie Covid-19 qu’il provoque. Notre compréhension des facteurs de transmission, de l’infection et de la maladie reste limitée, et, malheureusement, des interprétations erronées circulent ».
« Au Royaume-Uni comme aux Etats-Unis, les médias et les revues médicales se font largement l’écho du nombre disproportionné de victimes du SARS-CoV-2 parmi les minorités ethniques et les migrants. Bien entendu, cette disproportion s’explique en grande partie par les différences socio-économiques et les inégalités professionnelles. Car ce sont ces segments de la population qui conduisent les bus, qui font le ménage dans les hôpitaux, qui livrent les courses et qui s’occupent des personnes âgées dans les maisons de retraite. En règle générale, ce sont eux qui occupent un travail qui ne leur permettent pas d’échapper au virus, et des logements où s’isoler des autres est plus difficile ».
« Au Royaume-Uni, la revue médicaleThe Lancethttps://www.thelancet.com/journals/...s’est intéressée au très grand nombre de professionnels de la santé noirs et d’origines asiatiques, morts du Covid-19 dans le pays – poussant le gouvernement à enquêter sur cette inégalité choquante. Aux Etats-Unis, les données révèlent également des inégalités criantes. Les groupes afro-américains et latinos sont bien plus touchés que les autres segments de la population, comme l’a montré une étude réalisée par un centre de recherche indépendant (APM Research Lab), et la maladie se concentre dans les quartiers qu’ils habitent, selon un article publié par deux chercheurs de l’université Harvard (Jarvis T. Chen et Nancy Krieger). Au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, ces injustices sont connues car des données ont été collectées et analysées ».
« Alors que chaque pays a son approche pour définir les catégories démographiques comme l’« appartenance ethnique » et la « race », la France s’oppose fermement à l’utilisation de ce genre d’étiquettes pour catégoriser officiellement les individus. L’absence de classification raciale permet d’éviter une interprétation fallacieuse, courante au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, selon laquelle certaines inégalités que l’on observe indiqueraient l’existence de prédispositions génétiques, comme le rappelle un article publié par la journaliste scientifique Angela Saini (« Stereotype threat ») dansThe Lancet,le 23 mai ».
Sociologie du racisme – « Malheureusement, que ce soit dans les médias ou les milieux scientifiques, il est très courant d’entendre que la réaction biologique à l’infection semble différer selon l’appartenance raciale. La sociologie du racisme n’a rien d’agréable, et, au lieu de regarder les choses en face, les gens se tournent vers les vieux mythes des différences raciales pour expliquer l’injustice… »
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A partir de là, nous pouvons donner la structure de ce dossier composé d’une quarantaine de documents sélectionnés, avec beaucoup d’autres accès par liens hypertextes, qui sont répartis en 4 rubriques notées de A à D dans le sommaire ci-dessous :
Rubrique A - Nouveaux symptômes avec la pandémie de COVID-19
Cette rubrique s’ouvre sur de ’nouveaux’ symptômes liés à la pandémie de Covid-19, à savoir la perte de l’odorat ou anosmie et des troubles du goût ou dysgueusie. Et, du même coup, sont abordées les injustices raciales et un certain racisme qui sont en train d’émerger à cette occasion aux Etats-Unis.
Rubrique B – Les statistiques ethniques
La grande différence entre les Etats-Unis et la France est manifeste à travers la saisie des statistiques ethniques par le recensement américain, par opposition aux règles actuellement en vigueur en France sur ce sujet.
Rubrique C – A-t-on mis fin au concept de races humaines ?
Les statistiques ethniques peuvent entretenir le racisme et la notion des races est encore abordée en référence notamment aux travaux classiques d’Albert Jacquard, biologiste, généticien et essayiste français (1925-2013). Le concept de ’race’ peut-il encore s’appliquer de nos jours à l’espèce humaine, alors que les données génétiques objectives avaient, pensait-on, mis au concept de races humaines ?
Les mesures du Q.I. pour caractériser l’intelligence humaine et le classement les êtres humains selon le pays d’où ils viennent, sont pourtant couramment employés dans un certain nombre de pays, dont aux Etats-Unis, entretenant ainsi la confusion dans la qualification des populations et nourrissant le racisme parmi les êtres humains.
Rubrique D – Les Droits humains, le racisme et l’antisémitisme (LICRA)
La Déclaration universelle des droits de l’homme est un concept fondamental, pas encore partout bien partagé à l’échelle mondiale et pour en finir avec une logique linguistique discriminatoire, il paraît recommandé d’utiliser maintenant l’expression des ’Droits humains’. Toutefois, ce concept lui-même a fait l’objet de débats, voire de controverses, qui ont été exposés en particulier Justine Lacroix, professeur de science politique à l’université libre de Bruxelles et Jean-Yves Pranchère, philosophe, professeur dans la même Université libre de Bruxelles en Belgique.
Parmi les organismes qui s’attachent à limiter les propos, attitudes et actions à caractère raciste, nous pouvons citer le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) qui est, d’après Wikipédia, « une association française non gouvernementale, créée en 1949 par d’anciens résistants et déportés de la Seconde Guerre mondiale, qui se définit comme un moyen de revendication pour « l’égalité des droits entre tous les citoyens »1. Cet objectif était présent dès la fondation de l’association dans ses statutsN 1. Par un arrêté du ministère de la jeunesse et des sports du 21 avril 1983, le MRAP est agréé comme « Association nationale d’éducation populaire ». Il est doté du statut consultatif auprès de l’ONU et est membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH)2. Le slogan de l’organisation est « Tous pas pareils, tous égaux ». Article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_contre_le_racisme_et_pour_l%27amiti%C3%A9_entre_les_peuples
Logo de l’organisation
Dans la rubrique finale de ce dossier, il a été inséré un document de sociologie assez long sur les origines de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA), une association qui lutte en France et sur le plan international, contre le racisme et l’antisémitisme et dont la fondation remonte à 1928.
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Rubrique A - Nouveaux symptômes avec la pandémie COVID-19
5. Introduction d’un article de Wikipédia sur l’anosmie
7. Article de Wikipédia présentant la dysgueusie
8. Voir également : Dénutrition & troubles du goût - Gustave Roussy
Rubrique B – Les statistiques ethniques
11. Extraits d’un article de Wikipédia sur les Statistiques ethniques
Rubrique C – A-t-on mis fin au concept de races humaines ?
15. Introduction à la notion de race selon Wikipédia - Race humaine
15 bis.Sériede documents concernant notamment les races et le racisme d’après les contributions d’Albert Jacquard, biologiste, généticien et essayiste français. 1925-2013 [4 entrées]
16. Le concept de ’race’ peut-il s’appliquer à l’espèce humaine ? - Par Hélène Combis - 19/10/2016
18. Les races humaines – QI et Intelligence Humaine -
19. Controverse sur les rapports entre race et intelligence d’après Wikipédia
21. Race humaine, couleur de la peau et génétique - Hominidés
Rubrique D – Les Droits humains, le racisme et l’antisémitisme (LICRA)
24. La Déclaration universelle des droits de l’homme – Document ‘Nations Unies’
25. Les droits de l’homme, c’est quoi ? – Document du Conseil de l’Europe
27.Sériede documents critiques sur les droits de l’Homme avec notamment Justine Lacroix, professeur de science politique à l’université libre de Bruxelles [5 entrées]
Rubrique A - Nouveaux symptômes avec la pandémie COVID-19
1.
Prévalence de la dysfonction chimio-sensorielle chez les patients atteints par la pandémie de COVID-19 : une revue systématique et une méta-analyse révèlent des différences ethniques importantes aux Etats-Unis
Auteurs : Christopher S. von Bartheld, Molly M Hagen, Rafal Butowt – Traduction Jacques Hallard. Juin 2020
Les prépublications et les recherches préliminaires n’ont peut-être pas encore été examinées par des pairs. Cette pré-impression est présentée sur la page de la communauté de recherche sur la pandémie de COVID-19.
Résumé
Une fraction importante des personnes testées positives pour COVID-19 ont des déficits chimio-sensoriels. Cependant, la prévalence rapportée de ces déficits d’odeur et / ou de goût varie considérablement, et la raison des différences entre les études n’est pas claire.
Nous avons déterminé la prévalence groupée de ces déficits chimio-sensoriels dans une revue systématique. Nous avons recherché dans le portefeuille des informations concernant la COVID-19 des établissements médicaux (National Institutes of Health) toutes les études qui ont signalé la prévalence des déficits olfactifs et / ou gustatifs chez les patients diagnostiqués avec la COVID-19.
Quarante-deux études portant sur 23.353 patients ont été qualifiées et ont fait l’objet d’une revue systématique et d’une méta-analyse. La prévalence aléatoire estimée de la dysfonction olfactive était de 38,5%, de la dysfonction gustative de 30,4% et de la dysfonction chimio-sensorielle globale de 50,2%. Nous avons examiné les effets de l’âge, de la gravité de la maladie et de l’origine ethnique sur le dysfonctionnement chimio-sensoriel.
L’effet de l’âge n’a pas atteint le seuil de signification statistique, mais l’anosmie / hypogeusie a diminué avec la gravité de la maladie et l’origine ethnique était très significative : les Caucasiens avaient une prévalence de déficits chimio-sensoriels 3-6 fois plus élevée que les Asiatiques de l’Est. La découverte de différences ethniques indique que les différences génétiques et ethniques des protéines d’entrée se liant au virus dans l’épithélium olfactif et les papilles gustatives sont l’explication la plus probable, avec des implications majeures pour l’infectiosité, le diagnostic et la gestion de la pandémie de COVID-19.
Preprint (PDF Available) · June 2020 - DOI : 10.1101/2020.06.15.20132134 - Cite this publication
Discover the world’s research - ResearchGate
Fichier:ResearchGate Logo.png — Wikipédia
1 bis.
États-Unis - Les plaies ouvertes de l’Amérique Par Jérôme Viala-Gaudefroy - 03/06/2020 – Document ‘alternatives-economiques.fr’
La mort de George Floyd oblige à nouveau les Etats-Unis à constater la profondeur des inégalités sociales et raciales qui fracturent le pays, attisées par les discours véhéments de Donald Trump. La vidéo de la mort de George Floyd à Minneapolis a choqué le monde entier. Aux Etats-Unis, elle a suscité une profonde indignation et des manifestations de protestation véhémentes.
Pourtant, loin de générer l’unité nationale, cet événement met surtout en exergue les profondes divisions raciales qui continuent de fracturer le pays. Poids du passé esclavagiste et ségrégationniste, impunité policière, discours agressifs du Président Trump et de ses soutiens, politisation maximale de chaque événement violent… La combinaison de tous ces aspects crée un cocktail détonant dont l’Amérique constate aujourd’hui les effets.
Un racisme endémique
D’aucuns pourraient être surpris : les lois ségrégationnistes Jim Crow n’existent plus, et un Noir a exercé les plus hautes fonctions politiques de 2008 à 2016. Pourtant, le racisme demeure endémique et systémique aux Etats-Unis.
Derek Chauvin, le policier qui a tué George Floyd, avait fait l’objet de 17 plaintes pour faute professionnelle : aucune n’avait donné lieu à la moindre sanction disciplinaire. Une vidéo prise sous un autre angle de l’arrestation de George Floyd montre également la complicité active des autres officiers de police présents sur place. Malgré l’émoi suscité par ces vidéos, il aura fallu cinq jours de manifestations pour que Chauvin soit finalement inculpé, et lui seulement, à date.
Chaque famille afro-américaine a intégré le fait qu’elle doit avoir une conversation avec ses enfants pour les préparer aux interactions avec la police
Le département de police de Minneapolis est également visé depuis longtemps par de nombreuses plaintes pour usage excessif de la force, en particulier de la part de résidents noirs, sans conséquence jusqu’ici. Un problème récurrent dans le pays, comme le montrent certaines statistiques. Pourtant, de nombreux hommes politiques, majoritairement blancs, continuent de nier l’existence d’un racisme systémique au sein des forces de police du pays. Par exemple, Robert O’Brien, le conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump, parlait dimanche de « quelques cas isolés ».
La mort de George Floyd rappelle tragiquement que ces « incidents isolés » s’inscrivent en réalité dans une longue série d’hommes et de femmes noirs non armés tués par des policiers blancs dans tout le pays. A tel point que chaque famille afro-américaine a, depuis longtemps, intégré le fait qu’elle doit avoir une conversation avec ses enfants (« the talk »), pour les préparer aux interactions avec la police – une conversation rendue plus nécessaire encore depuis la mort de George Floyd.
Le paradoxe du Minnesota
Une arrestation qui tourne mal peut arriver n’importe où. Le Minnesota n’est pas un Etat conservateur du Sud profond. Il se trouve dans le Midwest et est connu pour sa tradition social-démocrate et progressiste, particulièrement dans l’agglomération prospère des villes jumelles (« Twin Cities ») de Saint-Paul et Minneapolis, devenues des modèles de réussite économique. Certains parlent même du « miracle de Minneapolis ». Le Minnesota cultive une image de courtoisie (le fameux « Minnesota nice ») et a été classé deuxième dans une liste des Etats où il fait le mieux vivre aux Etats-Unis en 2019.
Mais derrière la courtoisie affichée, se cache une tout autre réalité : l’agglomération des Twin Cities est aussi classée quatrième pire endroit pour les Noirs américains, dont les revenus y sont plus faibles que dans les années 1970, alors que la situation économique des Blancs s’y est améliorée depuis la crise de 2008. Minneapolis affiche le plus faible taux d’accession à la propriété des Afro-Américains de tout le pays
De plus, Minneapolis affiche le plus faible taux d’accession à la propriété des Afro-Américains de tout le pays. Ce faible taux de propriétaires noirs est, en partie, le fruit d’une discrimination officielle au logement (au travers de « conventions raciales » surnommées les Jim Crow du Nord) qui a perduré jusqu’en 1953, l’accession à la propriété étant un facteur important d’accumulation de richesse au fil des générations. L’arrivée de nombreux réfugiés somaliens dans les années 1980 et 1990 n’a fait qu’accentuer cette situation, faisant même naître un sentiment anti-immigrés chez certains Blancs. Les plus progressistes, qui se montrent ouverts à la culture afro-américaine, ne sont pourtant guère conscients de cette réalité. Cela fait partie de ce que certains experts ont appelé le paradoxe du Minnesota, parfaitement illustré par la phrase de l’ancien basketteur professionnel Jalen Rose : « J’aimerais que les gens aiment les Noirs autant qu’ils aiment la culture noire. »
Un gouvernement qui encourage les violences policières
A cette situation locale tendue s’ajoute, depuis trois ans, un gouvernement fédéral qui donne carte blanche aux forces de l’ordre, en assumant par exemple une inaction avérée dans les poursuites ou enquêtes en matière de droits civils liées aux accusations de mauvaise conduite de la police (lire les enquêtes de Vox et du New York Times). Donald Trump a déclaré qu’il voulait envoyer les militaires dans le Minnesota, suggérant de « tirer » pour stopper les émeutes
Et puis, il y a la rhétorique de Donald Trump. Le Président a ouvertement encouragé la violence policière, y compris dans un discours devant une organisation de forces de l’ordre, où il conseille aux policiers de ne pas protéger la tête des suspects quand ils les font rentrer dans leur voiture. Il a également gracié un shérif, Joe Arpaio, reconnu coupable de nombreuses fautes professionnelles, y compris de négligences criminelles et de violations des droits de suspects se trouvant en garde à vue. Enfin, la semaine dernière, tout en défendant la mémoire de George Floyd, il annonce, dans un tweet, qu’il veut envoyer les militaires dans le Minnesota, suggérant de « tirer » pour stopper les émeutes.
« Cette RACAILLE déshonore la mémoire de George Floyd, et je ne laisserai pas faire cela. [Je] viens juste de parler au gouverneur Tim Walz et lui ai dit que l’armée est à ses côtés tout du long. Au moindre problème, quand les pillages démarrent, les tirs commencent. Merci ! »
Cette apologie de la violence, où Donald Trump insinue que le vol devrait être puni de mort, sera d’ailleurs délibérément masquée par Twitter. Or, comme cela a été abondamment commenté, le Président reprend ici une expression historique à connotation raciste qui a contribué aux violences en 1968. Il a d’ailleurs tenté bien maladroitement de faire marche arrière, toujours sur Twitter, quelques heures plus tard. De même, son allusion dans un autre tweet aux « chiens vicieux » qui seraient lâchés sur les manifestants si ceux-ci franchissaient les barrières érigées devant la Maison-Blanche évoque bien évidemment les tactiques utilisées contre les manifestants pour les droits civiques dans les années 1960.
Un Président raciste ?
Les accusations de racisme à l’encontre de Donald Trump ne datent pas d’hier, y compris sur le plan légal. L’une des affaires qui permet le mieux de comprendre ce qu’il y a derrière sa rhétorique actuelle est sa prise de position contre cinq jeunes hommes noirs accusés d’avoir battu et violé une femme blanche qui faisait son jogging dans Central Park en 1989. Donald Trump avait alors dépensé environ 85 000 dollars pour placer une annonce pleine page dans quatre journaux demandant l’exécution des accusés :
« Je veux haïr ces meurtriers et je le ferai toujours. On devrait les forcer à souffrir. […] Je ne cherche pas à les psychanalyser ou à les comprendre, je cherche à les punir… Je ne veux plus comprendre leur colère. Je veux qu’ils comprennent notre colère. Je veux qu’ils aient peur. »
Or, en 2002, les « cinq de Central Park » ont été disculpés par des preuves ADN et par les aveux du véritable auteur. Pourtant, non seulement Donald Trump n’a pas reconnu l’erreur judiciaire, mais il a continué à suggérer qu’ils devaient bien être coupables de quelque chose en 2013, en 2014 et même, depuis qu’il est Président, en 2019.
Un récit inversé
L’une des tactiques les plus répandues du discours raciste consiste à renverser le récit et blâmer la victime qui ose se rebeller. Ainsi, en 2017, Donald Trump accuse la star du football Colin Kaepernick d’« anti-patriotisme » pour s’être agenouillé pendant l’hymne national d’avant-match pour protester contre les violences policières envers les Noirs. Il appelle les propriétaires de la NFL, dans un langage d’une violence incroyable, à « faire sortir ce fils de pute du terrain immédiatement. Dehors. Il est viré. Il est viré ».
De même, en 2015, Sean Hannity, célèbre animateur sur Fox News et proche de Donald Trump, accuse le mouvement Black Lives Matter d’être « raciste » et équivalent au Ku Klux Klan. Et cette semaine, Tucker Carlson, lui aussi animateur sur Fox News et soutien affirmé de Donald Trump, a émis des doutes sur les causes de la mort de George Floyd. Il a également montré des pancartes dans les vitrines de certains magasins à Saint Paul qui disaient « entreprise appartenant à des Noirs », présentant ces inscriptions comme des preuves du racisme des manifestants (puisque les propriétaires noirs estimaient que leurs locaux ne seraient pas pris pour cibles dès lors que la foule serait informée qu’ils n’appartiennent pas à des Blancs).
Il s’en est ensuite pris à un universitaire noir de Princeton (remarquant au passage qu’il avait un « travail avec un salaire si élevé et si peu d’exigences réelles » qu’il pouvait « s’habiller comme un Lord britannique »), qu’il a accusé de justifier la violence puisqu’il avait rappelé le contexte dans laquelle celle-ci s’inscrivait.
Pourtant, on peut à la fois condamner la violence et comprendre, comme le disait Martin Luther King lors des émeutes de la fin des années 1960, que « les étés d’émeutes de notre nation sont causés par les hivers de retard de notre nation ».
Particulièrement depuis la présidence Obama, le renversement du récit consiste, pour une certaine droite américaine, à se présenter comme la première victime d’un système médiatico-judiciaire injuste, en reprenant parfois le langage des minorités noires. Pour Laura Ingraham, également sur Fox News, c’est d’ailleurs parce que Donald Trump a été lui-même victime d’injustices qu’il comprend la situation des Afro-Américains :
« Et à nos concitoyens afro-américains, je dis ceci : étant donné sa propre expérience avec un FBI hors de contrôle, d’une enquête injuste, compte tenu de tout le travail de réforme de la justice pénale, le Président Trump sait à quel point l’application de la loi peut être empoisonnée et hors de contrôle. »
La politisation de la violence
Pour une grande partie de la droite américaine, les violences sont simplement la faute de « démocrates progressistes » qui, selon l’avocat de Donald Trump et ancien maire deNew York, Rudolph Giuliani, sont des « idiots qui laissent les criminels sortir de prison, qui fixent des cautions pour les meurtriers [et sont] incapables d’assurer la sécurité ». Il faut dire que les maires des grandes villes sont généralement démocrates et parfois même issus des minorités. Pour les démocrates, en revanche, les violences sont dues à des éléments extérieurs comme des gangs de suprémacistes blancs, qui profitent de l’anarchie pour créer davantage de chaos (voir MSNBC News, DB, Vice). Quant à Donald Trump, il les attribue aux « antifas », militants d’extrême gauche, qu’il désigne comme terroristes, ou bien entendu les médias qui, selon lui, fomentent la haine et l’anarchie.
Bref, en cette année électorale, tout le monde voit donc derrière les manifestations ce qui l’arrange, sans apporter de preuve, afin de faire d’une situation complexe un récit simple et binaire à son avantage. Il est, à ce stade, difficile de prévoir qui va bénéficier électoralement de cette situation. Une analyse de l’impact des protestations violentes de 1968 montre que celles-ci ont sans doute provoqué un déplacement du vote des Blancs vers les républicains et ont fait basculer l’élection. Toutefois, c’est un républicain qui est à la tête de l’Etat, pas un démocrate ; et c’est généralement le Président qui est tenu responsable des grandes crises nationales. Reste à voir si le récit victimaire et accusatoire de Donald Trump et de ses alliés concernant les tensions raciales, les émeutes ou le coronavirus convaincra l’ensemble de l’électorat blanc qui l’a soutenu en 2016…
Jérôme Viala-Gaudefroy, maître de conférences, université Paris Nanterre – université Paris Lumières - Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
Source : https://www.alternatives-economiques.fr/plaies-ouvertes-de-lamerique/00092961
1 ter.
Accès à un entretien - « Une nouvelle conscience des injustices raciales est en train d’émerger aux Etats-Unis » - 08/06/2020 - Photo - Tom Sugrue Professeur d’histoire culturelle et sociale à l’Université de New-York – Document ‘alternatives-economiques.fr’
A la suite du décès du Noir américain George Floyd lors de son interpellation par le policier blanc Derek Chauvin à Minneapolis (Minnesota) le 25 mai dernier, des marches de protestation pacifiques et des émeutes sont survenues dans tout le pays, avant de faire boule de neige dans le monde entier (Australie, France, Italie, Japon, Corée du Sud…). A l’heure où le conseil municipal de Minneapolis désavoue son maire et demande le démantèlement de son service de police, la société américaine va-t-elle enfin se décider à mettre un terme aux violences policières racistes ? Nous avons demandé à Tom Sugrue, l’un des spécialistes les plus reconnus de l’histoire urbaine et des relations raciales aux États-Unis1, de porter un regard synthétique sur l’histoire des relations tendues entre la communauté noire et la police, du 20e siècle jusqu’aux événements actuels, afin de mieux comprendre ce qui se joue actuellement.
Vous avez écrit sur votre fil Twitter : « En tant qu’historien des mouvements sociaux aux USA, j’estime qu’on n’a jamais vu des manifestations d’une telle ampleur durer deux semaines, et se dérouler à des centaines d’endroits différents, des banlieues jusqu’aux grandes villes ». Pouvez-vous rappeler la longue histoire de rapports de force entre manifestants noirs américains et forces de police ?
Cette histoire est en effet longue et violente, elle est faite d’affrontements qui trouvent quasi systématiquement leur origine dans des brutalités policières ou des meurtres à l’encontre de la communauté noire. Il faut dire que les forces de l’ordre ont très largement contribué, depuis le 19e siècle, à renforcer la ségrégation raciale dans le pays …
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Article du journal Alternatives Économiques d’octobre 2018. ⋆ Le ...
1.4.
Dessin humoristique – « Pas de test, pas de corona ! » Par Marian Kamensky 27/06/2020 – Diffusé par ‘alternatives-economiques.fr’ - Relatif aux Etats-Unis.
A voir sur ce site : https://www.alternatives-economiques.fr/de-test-de-corona/00093289
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« Loin du vase clos du business et de la finance, la Scop Alternatives Economiques s’intéresse à l’économie comme enjeu collectif et social. Notre ambition est de concilier solidité de l’information et facilité de lecture, afin d’apporter les clés qui permettent à chacun de mieux comprendre son environnement à travers un décryptage approfondi de l’actualité sociale, économique, internationale et environnementale, en défendant un journalisme qui privilégie l’analyse et la pédagogie. Outre le mensuel Alternatives Economiques, la Scop édite trois hors-série par an ainsi que deux publications trimestrielles : ’Les dossiers d’Alternatives Economiques’ et ’L’Economie politique’. En novembre 2017, Alternatives Economiques a lancé une nouvelle publication qui paraît annuellement : Oblik, l’info graphique, un livre-revue (ou mook) qui présente 144 pages d’infos dessinées. Alternatives Economiques, c’est aussi un site quotidien d’information : chaque jour, sur www.alternatives-economiques.fr nous proposons un suivi de l’actualité économique, sociale, mais aussi internationale et environnementale. Avec des analyses, des infographies dynamiques, des formats multimédias ».
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2.
Covid-19 : une anosmie chez 86 % des patients et une dysgueusie chez 88 %, selon une première enquête européenne - Par Elsa Bellanger - Publié le 02/04/2020 – Document ‘lequotidiendumedecin.fr’ - Crédit photo : PHANIE
Symptômes surprenants du Covid-19, l’anosmie et la dysgueusie ont été constatées chez un grand nombre de patients, confirmés par un test PCR, en Allemagne, France, Italie, Espagne, Angleterre et États-Unis. Les résultats préliminaires d’une étude européenne, reposant sur un questionnaire, apporte une première quantification du phénomène.
Coordonnée par le Dr Jérôme Lechien, médecin ORL à l’hôpital Foch, et le Pr Sven Saussez, chercheur à l’université de Mons, en Belgique, l’étude implique des professionnels de l’IFOS (fédération internationale des sociétés d’ORL) : 33 médecins ORL et chercheurs de 12 hôpitaux européens.
Les premiers résultats portent sur 417 patients présentant une forme non sévère de Covid-19, dont 63 % de femmes. Ces patients présentaient fréquemment des symptômes de la maladie, telles que de la toux, des douleurs musculaires, une perte d’appétit et de la fièvre. Au niveau ORL, les patients pouvaient souffrir de douleurs faciales et d’une obstruction nasale.
Une anosmie plus présente chez les femmes
Des troubles partiels ou complets du goût ont ainsi été observés chez 88 % des patients. Une grande majorité d’entre eux (86 %) ont également présenté des troubles partiels ou complets de l’odorat. Ces troubles de l’odorat apparaissent avant l’apparition des symptômes (généraux et ORL) dans 12 % des cas, pendant l’expression des symptômes dans 65 % des cas ou après dans 23 % des cas.
« De manière surprenante, les femmes sont nettement plus atteintes par cette anosmie et cette différence liée au sexe est significative sur le plan statistique », constatent les chercheurs. Dans 44 % des cas, l’odorat est récupéré dans un délai de 15 jours.
Préconisations de prise en charge
À partir de ces observations, les chercheurs préconisent de considérer une anosmie et/ou dysgueusie survenue récemment, chez des patients sans antécédents, comme un symptôme spécifique de l’infection. Ces symptômes devraient d’ailleurs être à la liste des autres symptômes de l’OMS, indiquent les auteurs. Par précaution, ces patients doivent être isolés pour une période minimale de 7 jours.
En revanche, « les traitements habituellement donnés pour traiter l’anosmie à savoir les corticoïdes oraux ou nasaux (spray) sont contre-indiqués dans le cadre de ces anosmies en relation avec l’infection à Covid-19 », avertissent-ils. L’étude se poursuit et les professionnels sont invités à participer à l’enquête publique ouverte.
COVID-19 - Gouvernement.fr : dernières informations sur le Coronavirus.#Coronavirus #Covid19
3.
Qu’est-ce que l’anosmie, ce ’nouveau’ symptôme lié au Covid-19 ? Vidéo 1:01 - 25 mars 2020 - L’Express
Les autorités sanitaires ont signalé une ’recrudescence des cas’ de perte brutale de l’odorat, mais aussi du goût. #Coronavirus #Covid19 S’abonner à la chaîne : https://bit.ly/2P99bfL Télécharger l’application : https://app.adjust.com/ulautn_ww4r6b Facebook : https://www.facebook.com/LExpress Instagram : https://www.instagram.com/lexpressfr/
4.
Perte d’odorat (anosmie) : Quand faut-il s’inquiéter ? Vidéo 2:10 - 1er octobre 2019 - Dr Gilles Ayoun -
Perte d’odorat : Quelle est la cause et que faire ? Le docteur Gilles Ayoun, ORL chirurgien de la face et du cou, répond à vos questions. + Pour contacter le Dr Gilles Ayoun : 96 Avenue de Clichy 75017 Paris +33 1 42 26 15 15 + Pour plus d’informations : http://www.institut-nez.fr #ORL #Paris #Docteur
Source : https://www.youtube.com/watch?v=J99LsY9rS40
https://www.youtube.com/watch?v=J99LsY9rS40
5.
Introduction d’un article de Wikipédia sur l’anosmie
L’anosmie est un trouble de l’odorat qui se traduit par une perte totale de l’odorat temporaire ou permanente1. Ce handicap est fréquemment causé par l’altération du nerf olfactif situé sous le bulbe olfactif qui se trouve au-dessus de la racine du nez mais peut aussi survenir en cas d’atteinte. C’est une lésion fréquente dans les traumatismes crâniens où le choc est antérieur : les filets du nerf olfactif qui traversent la lame criblée de l’ethmoïde, sont déchirés à ce niveau. L’anosmie est habituellement totale mais peut être unilatérale. L’anosmie peut être congénitale c’est-à-dire acquise dès la naissance. Le nombre de personnes touchées par l’anosmie reste incertain. Une étude réalisée au Royaume-Uni en 2014 indique que 5 % de la population générale souffrirait d’anosmie2. Aucune étude n’a été réalisée en France. Elle peut également être associée à une perturbation du sens du goût voire d’une perte totale de ce sens appelé agueusie. Les conséquences sont lourdes et multiples.
Sommaire
- 1 Diagnostic
- 2 Causes
- 3 Conséquences
- 4 Solutions
- 5 Considération
- 6 Cas particulier de l’anosmie induite par la Covid-19
- 7 Notes et références
- 8 Voir aussi
- 8.1 Articles connexes
- 8.2 Imagerie médicale
- 8.3 Bibliographie
Source de l’article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Anosmie
6. Relation entre anosmie et COVID-19 – Par Antoine Reinhard, Christos Ikonomidis, Martin Broome, François Gorostidi - Revue Médicale Suisse 2020 ; volume 16. 849-851
Résumé
L’anosmie associée ou non à la dysgueusie semble être un symptôme fréquent en cas d’infection au SARS-CoV-2 responsable du COVID-19. Elle peut être le symptôme initial de la maladie ou rester isolée chez certains patients pauci-symptomatiques. Dans l’attente de confirmations scientifiques et dans le contexte de pandémie actuelle, il semble primordial de considérer tout patient présentant une anosmie nouvelle comme étant infecté par le SARS-CoV-2 jusqu’à preuve du contraire. Ces patients devraient donc s’auto-isoler et rester attentifs à l’apparition des autres symptômes évocateurs de l’infection et/ou se faire tester. Les corticoïdes topiques et systémiques ainsi que les rinçages nasaux sont contre-indiqués. L’évolution naturelle de l’anosmie semble favorable dans la plupart des cas…
2020 © Médecine & Hygiène - Article complet à lire sur ce site : https://www.revmed.ch/RMS/2020/RMS-N-691-2/Anosmie-et-COVID-19
7.
Article de Wikipédia présentant la dysgueusie
La dysgueusie est une altération du goût. Souvent associée à l’absence de perception d’odeur (partielle ou totale), l’altération du goût est fréquemment due à un rhume ou à une inflammation des voies supérieures (sinusite par exemple). L’altération est alors provisoire et disparaît à la guérison de ce qui l’a provoquée. Il existe cependant des dysgueusies et agueusies acquises (maladie typique, personnes âgées, traumatismes, etc…).
Sommaire
- 1 Causes
- 2 Diagnostic
- 3 Traitements possibles
- 4 Notes et références
- 5 Voir aussi
Note de Wikipédia : Cet article est une ébauche concernant la médecine. Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants. Cet article ne cite pas suffisamment ses sources (septembre 2018). Si vous disposez d’ouvrages ou d’articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l’article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références » - En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dysgueusie
8.
Voir également : Dénutrition & troubles du goût - Gustave Roussy
Rubrique B - Les statistiques ethniques
9.
Comment le recensement américain a estimé et mesuré les ‘races humaines’ sur une période de 230 ans : le recensement de 2020 fait face aux mêmes défis que les dénombrements qui avaient été effectués précédemment
Article de Betsy Ladyzhets publié le 12 mars 2020 par Science News Science & Society– Source : https://www.sciencenews.org/article/census-2020-race-history - Traduction Jacques Hallard.
Le premier lundi d’août 1790, un peu plus d’un an après l’investiture du président George Washington, les premiers maréchaux de recensement américains ont commencé à frapper aux portes. La constitution du nouveau pays a décrété que chaque État serait représenté au Congrès « selon leur nombre respectif ». Une énumération nationale s’imposait.
Et donc, les maréchaux sont descendus dans la rue avec des horaires, des plumes et de l’encre à la main. Le recensement visait à dénombrer chaque personne dans les 13 États d’origine, trois districts (Kentucky, Maine et Vermont) et un territoire occidental (Tennessee). Les communautés du Territoire du Nord-Ouest et des Indiens d’Amérique ont été laissées de côté. Les maréchaux ont demandé au chef de chaque ménage d’enregistrer son nom et la taille du ménage, puis ont classé les résidents dans l’une des trois catégories raciales : les « blancs », les « autres personnes libres » et les « esclaves ».
Ce premier recensement comptait 3,9 millions d’habitants, soit environ le nombre de personnes vivant à Los Angeles aujourd’hui.
La population américaine s’est considérablement développée et diversifiée depuis ce premier décompte. Et les catégories utilisées par le recensement pour décrire les gens se sont également diversifiées. Pourtant, l’objectif sous-jacent de la procédure, qui se produit tous les 10 ans, reste le même : déterminer la représentation proportionnelle de chaque région dans la politique nationale et locale et répartir le financement public des services sociaux.
Dans ce recensement de 1790, les Blancs représentaient environ 80% de la population totale, les Noirs esclaves représentaient 18% et les autres personnes libres représentaient les 2% restants. Ces trois catégories ont été les principaux marqueurs de la différence raciale dans la population jusqu’en 1860.
Décompte officiel aux Etats-Unis
Du premier recensement américain au plus récent, la population est passée de 3,9 millions à 308,7 millions. Parce que les options raciales n’incluent pas les identités hispaniques et du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord, beaucoup de ces populations peuvent s’identifier comme blanches lors d’un recensement.
Réalisé à l’aide de ‘Flourish’
Comme le note le démographe du recensement à la retraite Campbell Gibson dans sa compilation en ligne, American Demographic History Chartbook : 1790–2010, les catégories raciales utilisées dans le recensement tendent à refléter les attitudes sociales et les considérations politiques. Une telle considération politique a été inscrite dans la Constitution. Pour renforcer leur représentation à la Chambre des représentants, les délégués des États du Sud souhaitaient que les esclaves soient comptés avec la population libre. Mais les États du Nord souhaitaient que la population libre soit plus fortement pondérée. Les délégués se sont finalement mis d’accord sur le compromis des trois cinquièmes - chaque esclave était compté comme les trois cinquièmes d’une personne jusqu’à ce que la catégorie « esclave » soit supprimée en 1860.
Au fur et à mesure que des catégories de race supplémentaires ont été ajoutées au recensement au 19e siècle, les enquêteurs formés qui ont remplacé les maréchaux ont déterminé la race par l’observation. Le pouvoir de définir la population était entre les mains des collecteurs de données, plutôt que des personnes comptées.
L’exactitude des données historiques du recensement a fluctué pour les groupes minoritaires à mesure que le pouvoir social et les priorités politiques changeaient. Par exemple, la classification des Indiens d’Amérique a été incluse pour la première fois dans le recensement de 1860 lorsque la Californie (1850), le Minnesota (1858) et l’Oregon (1859) entraient dans l’union et se battaient pour des sièges à la Chambre des représentants.
Mais la bureaucratie américaine était mal équipée pour compter cette population. Dans une énumération locale de pueblos du Nouveau-Mexique menée de 1850 à 1870, par exemple, les indications raciales étaient souvent « peu fiables », selon une histoire sur le site Web du US Census Bureau. Un enquêteur pourrait utiliser « non blanc » pour désigner un membre de la communauté pueblo, un autre pourrait désigner la même personne comme « Indien » et un autre pourrait écrire en « cuivre ». Selon les données du recensement, la population des Indiens d’Amérique (qui, jusqu’en 1890, n’incluait pas les personnes vivant dans les réserves) est passée de 44 000 en 1860 à 26 000 en 1870, puis à 66 000 en 1880.
Le recensement a commencé à reconnaître les membres d’autres communautés raciales dans la seconde moitié du XIXe siècle, alors que l’immigration en provenance de pays non européens augmentait. En 1860, la première année où une catégorie pour les Américains d’origine chinoise était incluse, en Californie uniquement, environ 35 000 personnes étaient comptées dans ce groupe. De nombreux immigrants chinois étaient arrivés en Californie dans l’espoir de faire fortune dans la ruée vers l’or de 1849 ou d’aider à construire le premier chemin de fer transcontinental. Lorsque « chinois » est apparu dans le recensement national en 1870, le nombre était de 63 000, qui est passé à 105 000 en 1880.
En 1882, cependant, le Congrès a adopté la loi d’exclusion chinoise, interdisant l’immigration en provenance de Chine pour les 10 prochaines années ; de nouvelles politiques anti-chinoises et de nouvelles normes sociales ont conduit la population sino-américaine à descendre en dessous de 100 000 jusqu’au début du 20e siècle. L’immigration en provenance du Japon a eu moins de contraintes à cette époque : la population américano-japonaise est passée de 148 personnes en 1880 à 138 834 en 1930.
Contrôle précoce de l’immigration
Le nombre de Chinois vivant aux États-Unis était sur une trajectoire ascendante à la fin des années 1800, puis a diminué avec l’adoption de la ‘Chinese Exclusion Act’ de 1882. Les immigrants japonais n’étaient pas confrontés à de telles contraintes, leur nombre a donc continué d’augmenter.
Réalisé à l’aide de ‘Flourish’
Le Congrès a établi des quotas nationaux d’immigration en 1921, limitant l’immigration d’un pays donné à 3% de la population de ce pays vivant déjà aux États-Unis. Le recensement suivant, après l’adoption de cette politique, en 1930, a dénombré la population immigrée existante du pays avec plus de catégories démographiques que jamais, y compris des catégories de « Philippins » et d’autres minorités asiatiques. Ce recensement a été le premier et le dernier à spécifier « mexicain » comme race, dénombrant environ 1,4 million de personnes dans cette catégorie. Cependant, les auteurs du rapport sur le recensement de 1940 ont révisé les chiffres de la population de 1930 pour classer la population mexicaine comme blanche.
L’immigration a largement stagné des années 1920 aux années 1960. Mais la loi sur l’immigration et la nationalité de 1965 a changé la donne. Cette loi a supprimé les quotas d’immigration et créé un système de préférence à sept catégories qui accordait la priorité aux parents de citoyens américains et aux professionnels ayant des compétences spécialisées. L’immigration a fortement augmenté dans la seconde moitié du 20e siècle, avec des vagues importantes venant d’Asie, des îles du Pacifique, du Mexique et des Caraïbes. La population philippine, par exemple, a décuplé, passant de 180 000 en 1960 à plus de 1,8 million en 2000. Les catégories de recensement se sont élargies avec une diversité croissante au cours de la même période.
Porte ouverte pour l’immigration
Lorsque la loi de 1965 sur l’immigration et la nationalité a supprimé les quotas nationaux, l’immigration aux États-Unis a fortement augmenté. Les catégories de races du recensement se sont également étendues, bien que les Hispaniques et certains autres groupes ne se voient pas dans la liste des races disponibles, ils peuvent donc choisir « une autre race ». Certaines catégories ont changé au fil du temps. Par exemple, après 1990, « Amérindien » et « Native Alaskan » ont été fusionnés en une seule catégorie. En 2000, les gens pouvaient vérifier plus d’une course.
Réalisé à l’aide de ‘Flourish’
À la veille du nouveau millénaire en 2000, le nombre de catégories raciales utilisées par le recensement pour délimiter les Américains s’était multiplié de trois à 16, et les répondants pouvaient choisir parmi quatre options d’origine ethnique hispanique / latino. Et pour la première fois, les Américains pouvaient s’identifier à plus d’une race.
Les immigrants ont entraîné des mouvements de population en Amérique, des Irlandais et des Allemands au début du XIXe siècle à un bassin ethnique toujours plus large aujourd’hui. Selon les estimations de population de 2018 du Census Bureau, aux États-Unis, 2,3 millions d’enfants nés à l’étranger et 15,9 millions d’enfants nés dans le pays avec des parents immigrants vivent aux États-Unis.
Grâce à cette génération de nouveaux arrivants, les immigrants de première génération et leurs enfants représenteront 36% de la population américaine en 2065, selon les projections du Pew Research Center rapportées dans une étude de 2015 sur les impacts de l’immigration sur la population américaine.
Au cours des dernières années, les attitudes des États-Unis à l’égard des immigrants ont changé, l’administration actuelle restreignant l’immigration et créant un environnement juridique et politique qui pourrait décourager les familles d’immigrants de participer au recensement.
« Si vous êtes un immigrant vivant aux États-Unis ou que vous essayez de venir aux États-Unis, les institutions se sont retournées contre vous », explique Austin Kocher, membre du corps professoral de Transactional Records Access Clearinghouse, ou TRAC, une organisation basée à Syracuse University in New York qui compile et diffuse des données du gouvernement fédéral.
Selon l’analyse du TRAC, au cours des trois dernières années, le nombre de demandes d’asile refusées, de cas d’expulsion pris en compte et de personnes détenues par les services de l’immigration et des douanes a augmenté.
Tout au long de l’histoire des États-Unis, l’immigration a toujours été liée à la politique. Au début du recensement de 2020, il reste à voir comment le climat politique actuel affectera qui participe à ce dénombrement et comment il sera compté.
Recensement aux Etats-Unis
Lorsque les gens rempliront le recensement cette année, ils trouveront une question sur la race et une sur l’origine ethnique. Les démographes souhaitent combiner les questions de race et d’ethnicité et ajouter plus de catégories.
Méthodologie du recensement aux Etats-Unis
Les données historiques du recensement américain utilisées ici et dans les figures de cet article proviennent des rapports décennaux du Recensement de la population et du logement, disponibles sur ‘Census.gov’. Les catégories raciales sont utilisées telles qu’elles apparaissent dans les rapports de recensement. Les données démographiques pour différents groupes raciaux au cours de différentes années de recensement proviennent des rapports de ces années, à deux exceptions près. Les données pour les années de recensement de 1790 à 1850 proviennent du rapport de 1850, dans lequel une analyse supplémentaire a été effectuée pour réévaluer les données plus anciennes ; les données sur les populations suivantes : chinoise, japonaise et « autres », pour les années de recensement 1900 et 1910 proviennent du rapport de 1920, car une analyse supplémentaire avait été effectuée cette année-là pour les populations asiatiques. Les données du recensement de 2010 proviennent des tableaux du recensement décennal de 2010 PCT23, PCT11 et PCT5, qui sont disponibles sur ‘data.census.gov.’
A version of this article appears in the March 14, 2020 issue of Science News. Une version de cet article est parue dans le numéro du 14 mars 2020 de la revue ‘Science News’.
Citations
Pew Research Center. Hispanic Trends Chapter 2 : Immigration’s impact on past and future U.S. population change. September 28, 2015.
Pew Research Center. Modern Immigration Wave Brings 59 Million to U.S., Driving Population Growth and Change Through 2065. September 28, 2015.
About Betsy Ladyzhets - Betsy Ladyzhets is a freelance science writer and data journalist based in Brooklyn, N.Y.
L’auteure Betsy Ladyzhets est une rédactrice scientifique indépendante et journaliste spécialisée sur les analyses de données ; elle est basée à Brooklyn, New York.
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Source : https://www.sciencenews.org/article/census-2020-race-history
10.
En France, le débat sur les statistiques ethniques montre en quoi il est difficile de parler de racisme – Par Par Esther Degbe- 23/06/2020 04:42 CEST – Document ‘huffingtonpost.fr’
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Outil nécessaire à la lutte contre les discriminations ou faux débat, les statistiques ethniques ne mettent personne d’accord. Un démographe et une militante de SOS racisme nous expliquent pourquoi.
Racisme - Le débat est rouvert. Le décès de l’Afro-américain George Floydpendant son arrestation le 26 mai 2020 a déclenché une vague d’indignation mondiale. Aux États-Unis, des dizaines de milliers de personnes se réunissent pour exprimer leur colère depuis plusieurs semaines.
Cet élan a été suivi dans de nombreux pays d’Europe, notamment en France où l’histoire de George Floyd a fait écho à celle d’Adama Traoré, un homme noir de 24 ans, décédé pendant un contrôle de police.
Depuis le 2 juin 2020, date à laquelle a eu lieu une manifestation non autorisée pour cause de Covid-19, organisée par le comité de soutien à la famille d’Adama Traoré, la question des violences policières et du racisme en France ont refait surface. Et avec ces questions, celle d’instaurer des statistiques ethniques, comme vous pouvez le voir dans la vidéo 10:36 en tête d’article.
Ce qui apparaît ‘comme un marronnier’ pour certains démographes est une question complexe qui trouve ses racines dans l’histoire de la France et le concept de race.
Pourquoi réaliser des statistiques ethniques ? Quels sont les problèmes soulevés par cet outil ? Comment les utiliser sans que cela n’handicape davantage ceux qui subissent ces discriminations ? Patrick Simon, démographe à l’INED (Institut National d’Études Démographiques) et Saphia Ait Ouarabi, vice-présidente de SOS Racisme ont tenté de répondre à ces questions pour Le HuffPost. Vidéo 06:08 à voir à la source
À voir également sur Le HuffPost : Pourquoi les habitants du 93 ont reçu trois fois plus d’amendes que les autres ?
Lire aussi :
- Macron ne veut pas ouvrir le débat sur les statistiques ethniques ’à ce stade’
- Pour Agnès Buzyn, les statistiques ethniques sont un dispositif ’plus risqué qu’utile’
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11.
Extraits d’un article de Wikipédia sur les Statistiques ethniques
Cet article contient une ou plusieurs listes (mars 2019). Cet article contient une ou plusieurs listes. Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items.
Les statistiques ethniques sont les données statistiques concernant l’appartenance ethnique des individus. Les statistiques ethniques suscitent le débat dans plusieurs pays notamment en Europe de l’ouest. Dans le reste du monde, elles sont employées notamment lors des recensements et ne sont pas considérées comme un enjeu social1,2.
Sommaire
- 1 Utilisation
- 2 Critiques
- 3 Articles connexes
- 4 Références
- 5 Bibliographie
- 6 Lien externe
- 7 Voir aussi
- 7.1 Articles connexes
Utilisation - Union européenne
- 7.1 Articles connexes
Le Royaume-Uni est le premier État de l’Union européenne (UE), à avoir introduit dans son recensement, en 1991, des questions relatives à l’« origine ethnique »3,4. Les Pays-Bas également recensent l’origine nationale de leurs habitants, y compris celle des ressortissants néerlandais d’origine étrangère, avec aussi l’utilisation du concept d’allochtones et d’allochtones non occidentaux. Par ailleurs, la plupart des nouveaux pays membres de l’ex-Europe de l’Est ont poursuivi la tradition de collecte des données ethno-nationales et/ou linguistiques après leur adhésion à l’Union5.
Royaume-Uni
Article détaillé : Statistiques ethniques au Royaume-Uni.
Pays-Bas
Article détaillé : Statistiques ethniques aux Pays-Bas.
France
Article détaillé : Statistiques ethniques en France.
Depuis la Révolution de 1789, la population française est officiellement répartie en deux grands groupes liés non à une ethnie, mais à la nationalité : les Français et les étrangers, non dotés de la nationalité française. Certains tableaux de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) distinguent entre les Français de naissance y compris par réintégration, et les Français par acquisition, c’est-à-dire par naturalisation, mariage, déclaration ou à leur majorité. La population étrangère est définie en fonction d’un critère de nationalité : « est étrangère toute personne résidant en France qui n’a pas la nationalité française. Un étranger peut acquérir la nationalité française au cours de sa vie, en fonction des possibilités offertes par la législation. Il devient alors français par acquisition ». Le critère du lieu de naissance permet de définir la population immigrée : « est immigrée toute personne née étrangère, dans un pays étranger, qui vit en France. Cette population se compose pour la plus grande partie d’étrangers mais aussi de personnes qui ont acquis la nationalité française. Tout étranger n’est pas nécessairement un immigré, et tout immigré n’est pas forcément un étranger ».
Selon le dernier recensement de 1999, la France comptait alors 52 902 209 Français de naissance et par exemple 725 782 Marocains, 685 558 Algériens, 448 018 originaires de divers pays de l’Afrique noire[réf. nécessaire], etc6. Le recensement ne permet par contre pas de comptabiliser :
- les individus originaires de pays étrangers et réintégrés ;
- les individus originaires de pays étrangers et naturalisés ;
- les enfants d’individus originaires de pays étrangers et de nationalité française ;
- les métropolitains vivant en métropole ;
- les ultramarins vivant outre-mer.
La loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978 punit de 5 ans de prison et 300 000 euros d’amende le fait de recueillir et d’enregistrer des informations nominatives relatives aux origines ethniques ou à l’appartenance religieuse des personnes interrogées7. Néanmoins, des dérogations existent, en particulier sur le lieu de naissance et si les questions sont pertinentes par rapport à la finalité de l’enquête. Ces dérogations ont eu lieu au moins deux fois : en Nouvelle-Calédonie pour un recensement et pour une enquête de l’INED en 2008-2009 intitulée « Trajectoires et Origines » (TeO)8.
Le début de la décennie 1990 voit se développer une polémique sur la prise en compte ou non de « l’ethnicité » dans les enquêtes de l’Institut national d’études démographiques (INED) et de l’INSEE. Le concept même d’ethnie est problématique. Dans le numéro 300 de la revue de l’INED Population et Sociétés (avril 1995), Michèle Tribalat a publié un article intitulé « Appartenance ethnique ». L’auteur tente de segmenter la population française selon l’origine ethnique et utilise pour cela des caractéristiques qu’elle définit comme objectives : le lieu de naissance des parents, la langue, etc. Elle peut ainsi catégoriser plusieurs « ethnies » comme « l’ethnie espagnole », « l’ethnie kabyle ». Selon Michèle Tribalat, ces statistiques constituent avant tout un outil de connaissance9.
De nombreux détracteurs, en particulier Hervé Le Bras, considèrent sa terminologie comme aberrante. Ils considèrent que les catégories « ethniques » de Michèle Tribalat sont assez douteuses et peu pertinentes9. Ces détracteurs pensent que la classification de Tribalat « [se contente] d’appliquer des instruments mathématiques à des catégories de populations sans se poser de question sur la pertinence scientifique de ces catégories ».
Le projet de loi relative à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile prévoyait une disposition permettant le dénombrement des groupes ethniques. Cette disposition a suscité une opposition importante et le Conseil constitutionnel a été saisi, les 25 et 26 octobre 2007 respectivement, par plus de soixante députés et par plus de soixante sénateurs10. Dans sa décision du 15 novembre 200711 ,12,13,14,15,16, il a conclu à la non-conformité de l’article 63 (concernant la réalisation de traitements de données à caractère personnel faisant « apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques ») :
- cet article a été adopté à l’issue d’une procédure irrégulière, étant issu d’un amendement sans lien avec l’objet du texte déposé sur le bureau de la première assemblée saisie (texte qui portait essentiellement sur le regroupement familial, sur l’asile et sur l’immigration pour motifs professionnels ;
- sur le fond, le Conseil ajoute que « si les traitements nécessaires à la conduite d’études sur la mesure de la diversité des origines des personnes, de la discrimination et de l’intégration peuvent porter sur des données objectives, ils ne sauraient, sans méconnaître le principe énoncé par l’article 1er de la Constitution, reposer sur l’origine ethnique ou la race. » Cette décision n’interdit toutefois pas le recueil de données « subjectives », telles que le « ressenti d’appartenance »17.
À la suite de cette censure du Conseil constitutionnel, l’INED et l’INSEE ont décidé de retirer leur question sur la couleur de la peau18.
S’il est exact que le recensement de population, tant qu’il est obligatoire, ne permet pas le recueil d’information sur la religion ou l’origine ethnique, toute enquête non obligatoire peut le faire19. Ainsi, contrairement à une idée reçue, comme le rappelle François Héran, directeur de l’Ined, il est permis depuis longtemps de poser des questions « sensibles » dans une enquête de la statistique publique, c’est-à-dire une question risquant de faire apparaître directement ou indirectement des appartenances (réelles ou supposées) à un parti politique, un syndicat, une religion, une ethnie, une orientation sexuelle. Poser de telles questions n’est possible qu’à une double condition : « que la question soit pertinente pour le questionnaire (proportionnée aux objectifs poursuivis) et que les répondants donnent leur accord exprès, c’est-à-dire signé (la signature étant apposée non pas sur le questionnaire, qui perdrait ainsi son caractère anonyme, mais sur une feuille à part présentée par l’enquêteur) » 20,21,22.
L’enquête Trajectoires et origines (TeO), par exemple, réalisée conjointement par l’Ined et l’Insee en 2008, pour faire suite à l’enquête Mobilité géographique et insertion sociale (MGIS) de 1992, a permis de récolter non seulement des informations sur les pays d’origine et les langues parlées, mais aussi « sur les appartenances ethniques déclarées ainsi que sur les principales qualités perceptibles qui peuvent servir de support aux discriminations dans notre société : couleur de la peau, coiffure, tenue vestimentaire, accent et autres signes corrélés de façon visible ou hypothétique à une appartenance religieuse ou ethnique (pratiques alimentaires, respect d’un calendrier festif non chrétien, pratiques funéraires, etc.) »23,24. Ainsi, selon cette enquête, 40 % des nouveau-nés entre 2006 et 2008 ont au moins un grand-parent né étranger à l’étranger (dont 11 % au moins un grand-parent né dans l’Union européenne, 16 % au moins un grand-parent né au Maghreb et le reste au moins un grand-parent né dans une autre région du monde). Parmi eux, 15 % ont quatre grands-parents nés étrangers à l’étranger, 3 % en ont trois, 14 % en ont deux et 8 % ont un seul grand-parent né étranger à l’étranger. Une part importante de ces naissances est donc issue d’unions mixtes. Si l’immigration est de l’Union européenne, pour 75 % des naissances d’un parent immigré ou descendant d’immigré, l’autre parent n’est ni immigré, ni descendant d’immigré ; cette part est de 45 % si elle est d’un pays hors Union européenne25.
En France, « le fait, hors les cas prévus par la loi, de mettre ou de conserver en mémoire informatisée, sans le consentement de l’intéressé, des données à caractère personnel qui, directement ou indirectement, font apparaître les origines raciales ou ethniques (...) est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende26 ».
En juillet 2018, une étude27 publiée dans le Bulletin de Méthodologie Sociologique utilise les noms de famille pour estimer les sur/sous-représentations d’origines dans plusieurs groupes de la société française (députés, maires, polytechniciens, pharmaciens, candidats à divers diplômes, etc).
Soudan français
En 1950, la Direction des affaires politiques générales du Soudan (français), actuel Mali, a effectué un recensement (voir tableau ci-contre28) par divisions administratives (cercles) et « races ».
Algérie française
À l’époque coloniale, l’administration effectuait des recensements sur base ethnique et religieuse, notamment en Algérie française. Comme l’écrit le démographe Kamel Kateb, « jusqu’à l’entre-deux-guerres, la croissance démographique des populations européennes est, selon les statistiques, supérieure à celle de la population indigène algérienne. Les statistiques se préoccupent des populations étrangères et des populations françaises d’origine étrangère, car il s’agit d’assurer la « prééminence du sang français ». En termes plus clairs, seuls le dénombrement et la répartition de la population par nationalité semblent alors dignes d’intérêt29. ».
Nouvelle-Calédonie
La CNIL a donné un avis favorable au recensement de 2009 pour la Nouvelle-Calédonie, qui fait apparaître « l’origine ethnique » des personnes. Ces données étaient enregistrées jusqu’en 1996, mais ne l’avaient pas été pour le recensement de 2004. La CNIL rappelle une délibération de 2002, dans laquelle elle avait affirmé que « le recueil de l’appartenance ethnique des personnes, compte tenu des caractéristiques sociodémographiques propres au territoire de Nouvelle-Calédonie, répond à un motif d’intérêt public [...]30 ».
États-Unis
Cette section ne respecte pas la neutralité de point de vue. (6 janvier 2020). Considérez son contenu avec précaution et/ou discutez-en. Il est possible de souligner les passages non neutres en utilisant passage non neutre.
Article détaillé : Race (recensement des États-Unis).
Au cours du XIXe siècle, les statistiques ethniques sont utilisées par certains experts qui brandissent la forte mortalité des Noirs pour prouver non pas leur mauvais traitement, mais leur dégénérescence[réf. nécessaire]. Ils utilisent les résultats du recensement pour démontrer l’impossibilité d’assimiler les nouveaux migrants, le « suicide de la race anglo-saxonne », les méfaits du métissage ou encore la nocivité de la liberté pour les Noirs[réf. nécessaire]. Après l’abolition de l’esclavage, les statistiques ethniques demeurent, continuant notamment de déterminer qui peut briguer la nationalité américaine (les personnes d’origine asiatiques ne pouvaient pas prétendre à la nationalité américaine)31.
Article complet à lire sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Statistiques_ethniques
12.
La difficile utilisation des statistiques ethniques en France - Par Gary Dagorn Publié le 19 mars 2019 à 20h36 - Mis à jour le 19 mars 2019 à 20h36 – Document ‘.lemonde.fr’ - Les décodeursSociété
Bien qu’elle soit en principe prohibée, la collecte des statistiques dites « ethniques » est permise au cas par cas, souvent à des fins scientifiques, mais elles restent un sujet débattu.
Si l’utilité ou le bien-fondé des statistiques ethniques ne pose plus question dans certains pays, le débat est toujours très vif en France, où s’opposent généralement le souhait de mesurer les discriminations et la volonté de préserver la culture universaliste française, qui ne reconnaît aucune communauté en République.
En témoignent ces derniers jours les nombreuses discussions nées sur les réseaux sociaux après la publication du manifeste du terroriste ayant tué cinquante personnes musulmanes dans deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, le 15 mars. Celui-ci reprenait notamment le concept de « grand remplacement », cher à l’extrême droite française, qui suppose depuis la fin du XIXe siècle – à tort – le « remplacement » démographique et/ou culturel des Blancs par successivement les juifs, puis les immigrés européens, pour désormais se concentrer sur les immigrés non blancs. Et quelques voix se sont élevées pour réclamer des outils permettant de mesurer la réalité ou non de ce « remplacement ».
Lire : La théorie du « grand remplacement », de l’écrivain Renaud Camus aux attentats en Nouvelle-Zélande
Une interdiction de principe et de multiples dérogations
Les statistiques ethniques ne sont pas strictement interdites en France, mais fortement contrôlées. Il existe une interdiction de principe, inscrite dans la loi « Informatique et libertés » de janvier 1978 ; son article 8-1 dispose qu’il est « interdit de collecter ou de traiter des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou l’appartenance syndicale des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de celles-ci ».
A cette interdiction de principe, la même loi de 1978 ajoute toute une volée d’exceptions répondant à des critères précis (but poursuivi considéré comme légitime, défense de l’intérêt public, protection des personnes, etc.), dont font partie la nécessité de la recherche publique et les traitements statistiques de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Il est donc possible de recueillir des informations statistiques sur l’origine des individus ; c’est étudié au cas par cas par le Conseil national de l’information statistique (CNIS) ou la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) en fonction de la finalité de la collecte et d’autres critères.
L’article 63 de la loi Hortefeux (…) a été jugé contraire au premier article de la Constitution
Une position consacrée par le Conseil constitutionnel en novembre 2007, lorsqu’il a déclaré anticonstitutionnelle une disposition qui visait à autoriser par défaut les statistiques ethniques, tout en autorisant la collecte de telles informations dans un cadre contrôlé. Ainsi, l’article 63 de la loi Hortefeux, qui prévoyait une dérogation pour la « conduite d’études sur la mesure de la diversité des origines des personnes, de la discrimination et de l’intégration », a été jugé contraire au premier article de la Constitution, lequel dispose que la France « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ».
Mais le Conseil précise aussi que seule la collecte de données relatives à « l’origine ethnique ou à la race » est anticonstitutionnelle, ce qui autorise de facto la collecte de données se fondant sur le nom, l’origine géographique, la nationalité antérieure à la nationalité française, ou le « ressenti d’appartenance » dans le cadre de conduite d’études, reprenant ainsi les dix recommandations formulées par la CNIL quelques mois plus tôt.
Comme le résume assez bien le démographe et sociologue François Héran, il existe quatre niveaux de collectes de données, pour lesquelles les autorisations diffèrent :
- les fichiers nominatifs des administrations et entreprises, dans lesquels il est strictement interdit de collecter des statistiques ethniques ;
- le recensement de la population française, qui contient une question sur le pays de naissance et la nationalité antérieure des personnes ;
- les grandes enquêtes régulières de l’Insee et de l’Institut national d’études démographiques (INED), qui remontent d’une génération et demandent le pays de naissance et la nationalité des parents des interrogés ;
- enfin, les grandes enquêtes de recherche sur des sujets sensibles, notamment celles de l’Insee ou de l’INED, et dont l’objet d’étude justifie de poser des questions sensibles, à condition de « s’entourer de sévères garanties techniques et juridiques », note M. Héran.
Le non-respect de ces règles est passible de cinq ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende, selon l’article 226-19 du code pénal.
La question de la nationalité des parents posée lors du recensement de 1999
Les statistiques sur l’origine des populations sont régulièrement utilisées dans l’Hexagone, surtout dans des publications scientifiques. Mais en dépit des dérogations permises par la loi de 1978, les grandes enquêtes les utilisant pour mesurer les discriminations et comprendre leurs mécanismes restent peu nombreuses et ont tardé à apparaître.
Les premières discussions entre la CNIL et les organismes de recherche remontent au début des années 1990, et ont abouti, dans une enquête adossée au recensement de 1999, à poser aux recensés la question de la nationalité des parents. En 2003-2004, l’enquête « emploi » de l’Insee devient la première publication trimestrielle à utiliser des données relatives à la nationalité des parents des participants. Depuis, d’autres enquêtes régulières de l’Insee collectent ces statistiques, comme l’enquête « budget des familles » ou l’enquête « logement ».
Des enquêtes ponctuelles ont aussi utilisé cette famille de statistiques, comme l’étude Histoire de vie – Construction des identités, publiée en 2003. Mais c’est surtout l’enquête « Trajectoires et origines » (TeO), menée par l’INED et l’Insee en 2008-2009, qui fera date, en intégrant à son questionnaire des questions sur le genre, la couleur de peau et le ressenti d’appartenance (« En pensant à votre histoire familiale, de quelle origine vous sentez-vous ? »). Avec plus de 22 000 personnes interrogées et un questionnaire plus complet que celui de beaucoup d’études, TeO figure encore aujourd’hui comme une publication de référence sur l’intégration des immigrés et les discriminations auxquels ils font face.
Pourquoi ces statistiques font-elles débat ?
La collecte et l’utilisation de statistiques portant sur la religion, le genre, l’orientation sexuelle, la couleur de peau ou l’origine des citoyens est encore un sujet très débattu en France, contrairement aux pays anglo-saxons comme le Royaume-Uni ou les Etats-Unis, où leur utilisation est plus développée.
Bien que soutiens et opposants à la collecte de statistiques ethniques (un terme dont la pertinence est d’ailleurs questionnée) s’accordent sur le fait que celles-ci sont utiles pour améliorer nos connaissances des discriminations et éclairer les politiques publiques de lutte contre ces dernières, ils divergent sur les conséquences de « catégoriser » statistiquement la population.
Les opposants craignent (…) une fragilisation de la cohésion sociale et de la culture universaliste à la française
Les opposants perçoivent l’utilisation de ces statistiques comme une reconnaissance numérique et sociale de l’existence de groupes au sein de la population française, et craignent qu’une telle reconnaissance ne fragilise la cohésion sociale et la culture universaliste à la française. Pour Dominique Sopo, président de SOS-Racisme de 2003 à 2012, « l’idée de recenser les gens selon leur sentiment d’appartenance à une communauté contient une dimension communautariste qui n’est pas acceptable ». « La priorité, aujourd’hui, c’est de lutter contre les discriminations, et non pas de mesurer la diversité », avait-il affirmé en 2009. Pour d’autres, comme le démographe Hervé Le Bras, la définition des catégories ethniques pose problème, en raison, selon lui, de la « mixité des origines » et parce que certaines de ces données sont « sujettes à la subjectivité ».
Des craintes que ne partagent pas une partie des chercheurs en sciences sociales, pour qui ces statistiques sont avant tout un outil de connaissance qui ne changera pas la perception qu’ont les différents groupes culturels les uns des autres, mais qui s’avère essentiel pour mesurer l’étendue des discriminations. Dans la préface de l’enquête TeO, François Héran s’interroge :
« Comprendra-t-on encore [dans dix ans] que l’on ait pu soupçonner certaines de ses questions sur les origines ou les apparences de vouloir ’saper les fondements de la République’, alors qu’elles visaient modestement à saisir au plus près le mécanisme des discriminations qui mine le principe d’égalité ? »
Et le chercheur de poursuivre : « Avec le passage des ans, une fois retombée la fièvre des commencements, il ne fait plus de doute que l’enquête TeO s’est imposée par la nouveauté et la richesse de ses résultats. A la critique de principe, elle a répondu par la démonstration de fait. »
Lire aussi Inutiles statistiques ethniques, par Hervé Le Bras
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La France doit-elle produire des statistiques ethniques ? Par Guillaume NaudinSuivre- Publié le : 22/06/2020 - 17:36 - Modifié le : 22/06/2020 - 20:18 - Audio 29:30 – Document ‘rfi.fr’
Photo - La porte-parole du gouvernement français Sibeth Ndiaye, ici le 10 juin 2020, a relancé le débat sur les statistiques ethniques. Ludovic MARIN / POOL / AFP
C’est un débat qui est aussi vieux que le principe d’égalité en France et que les manifestations du racisme et les discriminations dans le pays.
Ce débat, il a été relancé à l’occasion des récentes manifestations contre les violences policières et les discussions sur le racisme systémique dans la société française. La porte-parole du gouvernement elle-même, Sibeth Ndiaye, l’a relancé avant d’être contesté par au moins deux ministres de ce même gouvernement. Ce débat, c’est celui des statistiques en fonction des origines. Il oppose partisans de cette façon de voir les choses à ceux de l’universalisme républicain. La France doit-elle produire des statistiques ethniques ? C’est la question du jour.
Pour en débattre :
- Cloé Korman, écrivaine, auteure du livre ’Tu ressembles à une juive’ (janvier 2020 aux Éditions du Seuil), lauréate du prix du Livre Inter pour le roman ’Les Hommes-couleurs’ (2010 aux Éditions du Seuil)
- Patrick Simon, démographe à l’INED (Institut National d’Études Démographiques)
- Dominique Sopo, président de SOS Racisme.
Société Racisme Politique française
Sur le même sujet :
Statistiques ethniques : le gouvernement français rouvre le débat
Pour ou contre les statistiques ethniques ?
France Statistiques ethniques : pas de recours aux critères ethno-raciaux
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Source : http://www.rfi.fr/fr/podcasts/20200622-la-france-doit-elle-produire-statistiques-ethniques
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Faut-il élaborer des statistiques ethniques ? Par La Rédaction - Dernière modification : 25 juin 2019 à 16h08 – Document ‘vie-publique.fr’ Eclairage
Les statistiques ethniques font régulièrement débat en France depuis plus de 20 ans. Pour les uns, elles ne feraient que renforcer le communautarisme et les comportements identitaires, pour d’autres, leur interdiction rendrait difficile l’évaluation des discriminations et de l’intégration des populations immigrées.
- Statistiques ethniques, de quoi s’agit-il ?
- Pourquoi élaborer des statistiques ethniques ?
- Quels sont les obstacles à l’élaboration de statistiques ethniques ?
Dans son rapport sur l’intégration des étrangers en Francepublié le 19 février 2018, le député Aurélien Taché regrette le manque de statistiques sur les étrangers. Selon le député, cette absence de statistiques empêche ’d’objectiver’ la situation des étrangers. Il propose que tous les services publics recueillent des données sur la nationalité de naissance de leurs usagers. Or, en France, la production de statistiques ethniques est jusqu’à ce jour interdite car elle ne paraît pas compatible avec le modèle républicain d’intégration qui ne distingue pas les individus en fonction de la couleur de leur peau ou de leurs origines, contrairement à l’usage en cours dans certains pays anglo-saxons.
Pourtant ces données, en permettant de mieux cerner les vagues migratoires qui composent la population française et de mesurer précisément l’intégration des immigrés et des Français issus de l’immigration, pourraient mettre en évidence les processus de ségrégation et de discrimination dont ils sont victimes et que les pouvoirs publics veulent combattre pour une meilleure cohésion sociale.
Statistiques ethniques, de quoi s’agit-il ?
Pour comprendre les enjeux de la question des statistiques ethniques (ou ethno-raciales ou relatives aux origines), il est primordial de définir les données qui peuvent être recueillies, et selon quelles modalités.
Il existe actuellement en France des fichiers d’enquête anonymes (ou anonymisés) issus d’échantillons aléatoires de la population et établis uniquement à des fins scientifiques ; ils sont donc sans aucune conséquence sur le sort des personnes.
Il existe également des fichiers de gestion nominatifs appartenant aux administrations ou aux entreprises et qui ont des effets directs sur les individus (élèves, personnel, locataires, etc.).
Pour ce qui est de la statistique publique, la collecte, le traitement et la diffusion de données sont encadrés par la loi et régulés par des instances garantes des principes déontologiques. C’est l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) qui assure la coordination du système statistique public français et veille au respect du secret statistique.
Des dispositions particulières existent pour les données sensibles, données à caractère personnel qui font notamment apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, et dont la collecte est interdite, sauf exceptions. Le consentement exprès des personnes concernées est obligatoire et, par ailleurs, l’Insee et les services statistiques ministériels peuvent collecter ce type de données après avis du Conseil national de l’information statistique (CNIS) et autorisation de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).
Pourquoi élaborer des statistiques ethniques ?
L’élaboration de statistiques ethniques est perçue par une partie du monde de la recherche comme un outil de connaissance. Les inégalités ethniques restent en effet très mal connues en France. Le contraste avec les travaux américains est très marqué de ce point de vue.
Les conséquences en termes de perception des inégalités peuvent être importantes. En effet, ces statistiques ont pour vertu d’introduire les inégalités dans le débat public. Ces données, en permettant de mieux cerner les vagues migratoires qui composent la population française et de mesurer l’intégration des immigrés et des Français issus de l’immigration, pourraient mettre en évidence les processus de ségrégation et de discrimination, conscients et inconscients, dont ils sont victimes.
Les statistiques ethniques pourraient être des outils de démocratie et d’égalité et constituer une voie en vue de reconnaître la diversité ethnique de la société. Elles ne seraient donc pas seulement légitimes comme moyens de lutte contre les discriminations et comme outils d’analyse scientifique, mais également comme outils de reconnaissance et d’intégration à la nation de minorités visibles.
Quels sont les obstacles à l’élaboration de statistiques ethniques ?
Un obstacle juridique
Dans son article 8-I, la loi Informatique et libertés du 6 janvier 1978 énonce l’interdiction de collecte de ’données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou l’appartenance syndicale des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de celles-ci’.
Cependant, plusieurs exceptions existent. Ainsi, ne sont pas soumis à cette interdiction les traitements pour lesquels la personne concernée a donné son consentement exprès, sauf dans le cas où la loi prévoit que l’interdiction ne peut être levée. Les associations religieuses peuvent tenir des fichiers de leurs membres. Y échappent également ’les traitements nécessaires à la constatation, à l’exercice ou à la défense d’un droit en justice’. Par ailleurs, les services statistiques publics ne sont plus soumis à la procédure d’accord exprès et peuvent collecter ce type de données après avis du CNIS et autorisation de la CNIL. En tout état de cause, ces critères ne peuvent pas être utilisés pour opérer des tris et s’adresser à des populations ciblées.
La CNIL a rendu public en mai 2007 un rapport sur la mesure statistique de la diversité, notamment celle liée aux origines nationales, ethniques ou raciales. Elle s’est prononcée contre la production dans l’immédiat de statistiques construites à partir d’une nomenclature de catégories ’ethno-raciales’ tout en présentant 10 recommandations(nouvelle fenêtre) visant à améliorer la mesure de la diversité. Elle reconnaît par exemple la possibilité, dans le cadre de la statistique publique, d’études sur le ressenti des discriminations pouvant inclure des données sur l’apparence physique. De même elle considère que, sous certaines conditions, l’analyse des prénoms, patronymes, nationalités et lieux de naissance des ascendants peut permettre de révéler des pratiques discriminatoires.
En novembre 2007, le Conseil constitutionnel s’est également prononcé contre l’élaboration d’études faisant apparaître, directement ou indirectement, les origines ethniques des personnes, études prévues par l’article 63 du projet de loi relatif à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et au droit d’asile de novembre 2007. Il a déclaré cet article contraire au principe posé par l’article 1er de la Constitution qui dispose que la France ’assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion’.
Un obstacle technique
L’élaboration de statistiques ethniques nécessite une définition claire et consensuelle de l’objet de la mesure. Or la notion d’ethnie est controversée et délicate à saisir. Que cherche-t-on à saisir ? L’origine géographique, les aspects culturels, certains traits génétiques… Une fois les éléments de caractérisation fixés, comment délimiter les seuils d’appartenance ? A partir de quel niveau de filiation peut-on considérer qu’une personne est ou non d’origine immigrée, quelles pratiques religieuses ou culturelles traduisent l’intégration à une communauté ?
Par ailleurs, une fois les catégories définies, il faut savoir qui va procéder au classement. Est-ce l’enquêteur sur le fondement de données objectives ? Ou bien est-ce l’intéressé qui va se classer en fonction de son sentiment d’appartenance ? La première solution comporte le risque d’imposer à certains l’intégration à une communauté, la seconde comporte celui de fonder une démarche scientifique sur des données subjectives.
Un obstacle social
La politique de lutte contre les discriminations contribue à faire exister socialement des catégories de population. Dans ce cadre, l’élément statistique constitue la concrétisation numérique de l’existence des groupes, au risque de renforcer le sentiment communautaire au sein d’une société où certaines tensions identitaires sont apparues ces dernières années.
Au contraire de la tradition anglo-saxonne, plus ouverte à une forme de multiculturalisme, la tradition républicaine française se fonde sur une recherche d’unité qui se concilie difficilement avec la prise en compte des aspirations spécifiques de groupes minoritaires. Dès lors, la cohésion sociale au sein d’un tel modèle risquerait selon certains d’être fragilisée par une démarche statistique fondée sur la reconnaissance de communautés ethniques.
Et à l’étranger ?
Selon le rapport du Sénat relatif à la lutte contre les discriminations, en 2008, 22 pays sur les 42 États membres du Conseil de l’Europe utilisent lors du recueil de données statistiques publiques des questions portant explicitement sur l’ethnicité.
Parmi les États membres de l’Union européenne, le Royaume-Uni dès 1991 a introduit des critères ethniques dans ses statistiques, suivi par la Norvège, les Pays-Bas, le Danemark, l’Allemagne, l’Autriche et les pays de l’Europe de l’Est. Le Canada et le Brésil ont une question sur l’origine ethnique dans leurs recensements.
Cependant que ce soit au niveau européen ou international, il n’existe aucune définition sur la notion d’origine ethnique. Et le recueil de données liées à la race ou à l’ethnie s’appuie sur des modalités très différentes suivant les pays. La Grande-Bretagne a ainsi instauré un système fondé sur des catégories ethniques et un classement par auto-identification des individus, alors que les Pays-Bas se fondent sur des critères objectifs comme le lieu de naissance de l’intéressé ou de ses ascendants.
Vie publique : au coeur du débat public
Plan du site | Vie publique.fr
Source : https://www.vie-publique.fr/eclairage/19354-faut-il-elaborer-des-statistiques-ethniques
15.
Introduction à la notion de race selon Wikipédia - Race humaine
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La notion de « race » humaine, par analogie avec les races d’animaux d’élevage, fut employée pour établir des classifications internes à l’espèce humaine selon des critères morphologiques ou culturels1,2,3. Des études scientifiques, fondées depuis le milieu du XXe siècle sur la génétique, ont montré que le concept de « race » n’est pas pertinent pour caractériser les différents sous-groupes géographiques de l’espèce humaine car la diversité génétique est beaucoup plus importante entre les individus d’une même population qu’entre groupes différents4,5,6. Le consensus scientifique actuel rejette en tout état de cause l’existence d’arguments biologiques qui pourraient légitimer la notion de race7,8,9, reléguée à une représentation arbitraire selon des critères morphologiques, ethnico-sociaux, culturels ou politiques10, comme les identités11.
La notion de race a été utilisée à partir du XVIIIe siècle pour distinguer des groupes humains possédant des critères physiques transmissibles, dans le prolongement des généalogies bibliques puis des grandes taxonomies de Linné. Au XXe siècle, elle a notamment été utilisée pour justifier la perpétration de la Shoah par les nazis, l’apartheid en Afrique du Sud et la ségrégation aux États-Unis. Elle n’est plus employée aujourd’hui dans la description du monde vivant que pour désigner les espèces et sous-espèces du monde animal en général.
Sommaire
- 1 Étymologie et signification
- 2 Généralités
- 3 Historique de la notion
- 4 Race et anthropométrie
- 5 Des taxinomies raciales occidentales
- 6 Précision, refus et abandon de la notion de race
- 7 Relation entre race et évolution
- 8 L’apport de la génétique
- 9 La notion de race comme construction sociale
- 10 Notes et références
- 11 Annexes
- 11.1 Articles connexes
- 11.2 Bibliographie
- 11.3 Liens externes
Article complet à lire sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Race_humaine
15 bis.
Série de documents concernant notamment les races et le racisme d’après les contributions d’Albert Jacquard, biologiste, généticien et essayiste français. 1925-2013
15 bis.1 Plateau invité : Albert Jacquard - Antenne 2 Midi – « Les races n’existent pas… » - Document d’archive vidéo 03min 50s - 15 juin 1985 165 vues
Source : https://m.ina.fr/video/CAB8501493101/plateau-invite-albert-jacquard-video.html
15 bis.2 Retrouver Albert Jacquard avec Wikipédia
Albert Jacquard, né le 23 décembre 1925 à Lyon (1er arrondissement) et mort le 11 septembre 2013 à Paris (6e arrondissement)1, est un biologiste, généticien et essayiste français.
Spécialiste de génétique des populations, il a été directeur de recherches à l’Institut national d’études démographiques et membre du Comité consultatif national d’éthique. Conférencier et auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation scientifique, il tient un discours humaniste destiné à favoriser l’évolution de la conscience collective2.
Président d’honneur3 de l’association Droit au logement et du Comité radicalement anticorrida, il est aussi membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la décennie de la culture de paix et de non-violence. Il anime durant neuf ans, de septembre 2001 à juillet 2010, une chronique radiophonique quotidienne sur France Culture.
Il est également connu pour ses engagements en faveur de personnes handicapées et de leur inclusion notamment dans les écoles ou ses engagements civiques, parmi lesquels la défense de la cause palestinienne et du boycott d’Israël4, la défense du concept de la décroissance soutenable, le soutien aux mouvements du logiciel libre, à la langue internationale espéranto, aux laissés-pour-compte et à l’environnement.
Sommaire
15 bis.3 Extraits de textes philosophiques - Albert Jacquard : races et racisme
Il n’est pas inutile, pour commencer, de confronter ces deux termes, race et racisme :
- l’un évoque des recherches scientifiques, a priori légitimes, basées sur des données objectives : le but est de mettre au point des méthodes de classement des individus permettant éventuellement de définir des groupes, les ’races’, relativement homogènes ;
- l’autre évoque une attitude d’esprit, nécessairement subjective : il s’agit de comparer les diverses races en attribuant une ’valeur’ à chacune et en établissant une hiérarchie.
Ces deux activités sont, bien évidemment, distinctes : l’on peut chercher à définir des races sans le moins du monde être ’raciste’ au sens que nous venons de préciser. Remarquons cependant que cette possibilité reste, le plus souvent, toute théorique. Le besoin de définir des races est rarement motivé par un pur souci de taxonomiste désireux de mettre de l’ordre dans l’ensemble de ses données ; il résulte du désir, si développé dans notre société, de différencier des autres groupes celui auquel nous appartenons. Il correspond à l’idée platonicienne d’un ’type’. Nous pouvons définir l’espèce humaine, mais il est difficile de préciser avec quelques détails le type humain idéal ; plusieurs types sont nécessaires : le Blanc, le Noir, l’Indien, l’Esquimau, etc.
Pour marquer de façon un peu caricaturale, et sans prétendre que les taxonomistes sérieux sont tombés dans ces excès, jusqu’où peuvent aller cette typification et la confusion qu’elle entraîne, citons quelques extraits de la Géographie universelle de Crozat8 parue en 1827 (19), il y a seulement un siècle et demi :
Les Chinois ont le front large, le visage carré, le nez court, de grandes oreilles et les cheveux noirs... Ils sont naturellement doux et patients mais égoïstes, orgueilleux...
Les Nègres sont en général bien faits et robustes, mais paresseux, fourbes, ivrognes, gourmands et malpropres...
Les habitants de l’Amérique sont agiles et légers à la course ; la plupart sont paresseux et indolents, quelques-uns sont fort cruels...
Arrêtons là ce sottisier qui, il faut le rappeler, n’est pas fourni par la prose d’un romancier formulant des sentiments personnels, mais a été écrit par un géographe soucieux de faire oeuvre scientifique. Ces citations ont le mérite de montrer qu’une classification repose le plus souvent sur un mélange de critères, les uns objectifs, les autres subjectifs, et qu’elle évite rarement une hiérarchisation : les races sont différentes, donc certaines sont ’meilleures’ que d’autres. On sait jusqu’où, dans cette voie, ont pu aller certains dictateurs.
Ils ne faisaient d’ailleurs qu’exploiter dans le domaine de la politique, de l’action, les idées que leur avaient fournies certains scientifiques. Notre vision de la transformation progressive des êtres vivants, plantes, animaux ou hommes, est basée, depuis Darwin, sur les concepts de la lutte pour la vie, de la victoire du plus apte, de l’élimination des êtres débiles, de la propagation, au fil des générations, des traits favorables. Ces concepts, définis au départ pour caractériser les individus, ont été, presque sans discussion, étendus aux groupes d’individus, aux races. Les différences entre peuples ont été vues comme le résultat d’évolutions plus ou moins favorables, ont été perçues comme des inégalités ; il n’est guère besoin d’interroger longuement nos concitoyens pour constater que, dans leur esprit, ces inégalités font partie des évidences : certaines races sont supérieures (en général la nôtre), d’autres sont inférieures.
Certes la plupart des Français affirment sincèrement qu’ils ne sont pas racistes ; les Sud-Africains, les Américains du Nord, les Allemands ou les Russes sont d’affreux racistes, mais pas nous. Tout juste estimons-nous, avec raison bien sûr, que nous sommes supérieurs aux Arabes, aux Noirs, aux Tsiganes ou aux Hindous, sans compter divers autres peuples mal dotés par la nature et qui, n’est-ce pas, ’ne sont pas comme nous’. Soyons sérieux, le racisme, c’est-à-dire le sentiment d’appartenir à un groupe humain disposant d’un patrimoine biologique meilleur, est un sentiment à peu près universellement partagé.
Il n’est guère difficile de découvrir des exemples d’attitudes où ce racisme inconscient se dévoile ; le plus étonnant que nous ayons trouvé est sans doute cette phrase inattendue figurant dans le Règlement du service dans l’armée au chapitre précisant les missions du colonel :
’Le colonel... indique les moyens les plus propres à développer le patriotisme : fortifier l’amour de la Patrie et le sens de la supériorité de la race...’
Il ne s’agit pas d’un règlement concernant l’armée allemande au temps du nazisme, il s’agit de l’armée française, et ce document a été imprimé en 1957.
Qu’une telle phrase ait pu être écrite et approuvée par plusieurs ministres et chefs d’état-major montre combien il paraît naturel, à la plupart d’entre nous, de définir une ’race française’ et de glorifier sa valeur par rapport aux autres races.
Un scientifique constatant que, effectivement, les éléments en sa possession aboutissent à confirmer l’existence de races ’inégales’, c’est-à-dire hiérarchisables, ne devrait pas cacher cette conclusion ; l’éthique de la science est le respect de la vérité. Mais, inversement, il ne doit pas hésiter, pour proclamer cette vérité, à lutter contre les idées reçues, même si elles sont adoptées à la quasi-unanimité. Il est important de faire le point : qu’apporte la science, et principalement la génétique, au concept de race ?
In Eloge de la différence – Editions Seuil
15 bis.4 En hommage à Albert Jacquard - 12 Septembre 2013 , Rédigé par Repères anti-racistes - Publié dans #Hommages
Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale
Pour un antiracisme politique, qui reflète la diversité et la pluralité de la société française, qui soit lui-même pluriel dans son organisation et son expression, qui soit en phase avec les débats d’aujourd’hui. Ce site n’est pas le site officiel d’un mouvement et les opinions exprimées n’engagent que leurs auteurs.Bas du formulaire
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Livre – 1èrede couverture - « L’éloge de la différence – La génétique et les hommes ». Editions Seuil.
Le généticien et militant de gauche Albert Jacquard est décédé mercredi soir à son domicile parisien (VIe arrondissement) à l’âge de 87 ans, a annoncé jeudi son fils à l’AFP.
Ce polytechnicien, né le 23 décembre 1925, qui était président d’honneur de l’association Droit au logement (DAL), a été emporté par une forme de leucémie, a-t-il précisé.
Issu d’une famille de la bonne société lyonnaise, Albert Jacquard est reçu à Polytechnique 20 ans plus tard et entre en 1951 à la Seita (société nationale qui fabrique tabac et allumettes) pour y travailler à la mise en place d’un des premiers systèmes informatiques.
Après un bref passage au ministère de la Santé publique, il rejoint l’Institut national d’études démographiques (Ined) en 1962. Mais il approche de la quarantaine et ’s’aperçoit qu’on n’est pas éternel et qu’on ne veut pas gâcher sa vie à des choses dérisoires’.
Albert Jacquard part donc étudier la génétique des populations dans la prestigieuse université américaine de Stanford, puis revient à l’Ined et passe deux doctorats en génétique et biologie humaine dans la foulée.
Parallèlement à l’enseignement et son travail d’expert à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il n’aura alors de cesse de démonter les arguments prétendument scientifiques des théories racistes et sera même témoin en 1987 au procès du nazi Klaus Barbie pour crimes contre l’humanité.
Ses premiers livres, comme ’Eloge de la différence : la génétique et l’homme’ (1978) rencontrent un grand succès qui ne se démentira pas, même quand il dérivera vers la philosophie, la vulgarisation scientifique ou l’humanisme anti-libéral.
Car le Pr Jacquard n’aime pas le libéralisme et il sera d’ailleurs candidat aux législatives à Paris en 1986 sur une liste soutenue par divers mouvements de la gauche alternative, puis en 1999 sur la liste écologiste conduite par Daniel Cohn-Bendit (en 84e position).
Dans les années 1990, Albert Jacquard va mettre sa verve médiatique au service d’une autre cause : les mal-logés et les sans-papiers. Occupation d’un immeuble rue du Dragon en 1994, de l’Eglise Saint-Bernard en 1996... son visage de vieux faune grec devient vite aussi familier que celui de l’Abbé Pierre, Mgr Gaillot ou Emmanuelle Béart, ses compagnons de lutte.
L’âge aidant, le président d’honneur du DAL s’était fait plus discret tout en continuant à soutenir les démunis et à pousser des coups de gueule, comme dans sa chronique quotidienne sur France Culture de 2001 à 2010.
En mai dernier, l’AFP l’avait croisé à Cannes pour le ’festival de silence’, organisé en marge des cérémonies de la Croisette.
’Ces moments nous rappellent la grande vertu du silence. Cela permet d’abord de prendre de la distance sur le côté artificiel d’un festival de cinéma. La réalité humaine se regarde mieux depuis l’île de Saint-Honorat que depuis la Croisette’, avait lancé Albert Jacquard, à l’issue d’un déjeuner silencieux avec les moines de l’abbaye de Lérins.
L’âge n’a pas de prise sur ses combats. L’an dernier, lors des élections présidentielles, il se rangeait derrière Jean-Luc Mélenchon. Albert avec son collier de barbe était un symbole. Il a rejoint son copain l’abbé Pierre.
L’hommage de la classe politique à Albert Jacquard
Réactions politiques, jeudi, à la mort du généticien et militant de gauche, Albert Jacquard, décédé mercredi à l’âge de 87 ans :
Le président François Hollande a rendu hommage jeudi à Albert Jacquard, disparu mercredi à l’âge de 87 ans, saluant dans un communiqué un ’grand généticien’ et un ’humaniste engagé’. ’Albert Jacquard était un grand généticien, un chercheur attaché à la diffusion des savoirs, un professeur renommé et un écrivain respecté’, indique le président dans un communiqué publié par l’Élysée. Mais il était aussi ’un humaniste engagé qui militait inlassablement pour les droits des plus pauvres, pour leur logement et leur dignité’, souligne M. Hollande. ’Les Français perdent un savant, et les plus démunis un de leurs plus illustres porte-parole’, écrit aussi le président de la République.
Ian Brossat, chef de file des communistes à Paris, salue ’un homme d’exception’. ’Intellectuel hors norme, grand humaniste, porte-voix des oubliés : Albert Jacquard n’a eu de cesse de placer la ’réalité humaine’ au centre de sa réflexion et de son engagement’, souhaitant que ’sa mémoire et son parcours demeurent une source d’inspiration pour la gauche et pour la République’. (communiqué)
Martine Billard, coprésidente du Parti de gauche, ’s’incline devant ce grand homme qui n’abandonna jamais l’engagement militant pour les causes sociales, démocratiques et écologiques’. ’C’est un ami et un camarade qui s’en va. Qu’il soit un exemple pour la jeunesse de notre pays de ce que peuvent les meilleurs de nos scientifiques’, a-t-elle souhaité, rappelant qu’’il avait considéré que Jean-Luc Mélenchon était celui dont la candidature à l’élection présidentielle correspondait le plus à ses convictions et avait donc appelé à voter pour lui’, en ’adepte de la décroissance joyeuse’. (communiqué)
Le Parti communiste français ’salue la mémoire de cet homme qui, venu des sciences, avait embrassé les combats pour l’égalité et la justice’. ’Toute sa vie il aura oeuvré pour faire avancer l’humanité, à son échelle et sans jamais se départir de sa profonde modestie. Mettant son incroyable savoir scientifique au service de causes universelles, Albert Jacquard aura marqué son époque de son empreinte si atypique. Aujourd’hui la France perd un grand scientifique et un homme de coeur.’ (communiqué)
(12-09-2013 - Avec les agences de presse)
Ouvrages scientifiques
Structures génétiques des populations, Masson, 1970.
Les probabilités, Presses universitaires de France, collection « Que sais-je ? », 1974.
Génétique des populations humaines, Presses universitaires de France, 1974. The Genetic Structure of Populations, Springer, 1974.
L’Étude des isolats. Espoirs et limites, Presse universitaires de France-INED, 1976.
Concepts en génétique des populations, Masson, 1977.
Ouvrages philosophiques et/ou politiques
Un monde sans prisons ?, éditions du Seuil, 1993.
J’accuse l’économie triomphante, Calmann-Lévy, 1996.
Le Souci des pauvres. L’Héritage de François d’Assise, Calmann-Lévy, 1996.
Pour une terre de 10 milliards d’hommes, Zulma, 1997.
Petite philosophie à l’usage des non philosophes, avec la participation d’Huguette Planès, Québec-Livres, 1997 (aussi publié chez Calmann-Lévy).
Le Souci des pauvres, 1998.
A toi qui n’es pas encore né(e), 1998.
Paroles citoyennes, éditions Albin Michel, 2001. Avec Alix Domergue. Dieu ?, 2003.
Tentative de lucidité : recueil de quelques-unes des chroniques diffusées sur France Culture, 2003 (archives des chroniques).
Halte aux Jeux !, Stock, 2004.
Nouvelle petite philosophie, avec la participation d’Huguette Planès, Stock, 2005.
Mon utopie, Stock, 2006.
Jamais soumis, jamais soumise (dialogue avec Fadela Amara), Stock, 2007.
Le compte à rebours a-t-il commencé ?, éditions Stock, 2009.
Le Petit Abécédaire de Culture Générale, Collection dirigée par Philippe Delerm, 2010.
EXIGEZ ! Un désarmement nucléaire total, avec Stéphane Hessel et l’Observatoire des armements, Stock, 2012.
Ouvrages de vulgarisation scientifique
Éloge de la différence, éditions du Seuil, 1981 (ISBN 978-2020059725)
Moi et les autres, éditions du Seuil, 1983, rééd. 2001 (ISBN 978-2020482370), rééd. 2009, Éditions Points, (ISBN 978-2757812891)
Au péril de la science ?, éditions du Seuil, 1982, parution en 1984
Inventer l’homme, éditions Complexe, 1984
L’Héritage de la liberté, éditions du Seuil, 1986
Cinq milliards d’hommes dans un vaisseau, éditions du Seuil, 1987
Moi, je viens d’où ?, avec la participation de Marie-José Auderset, éditions du Seuil, 1988
Abécédaire de l’ambiguïté, Seuil, 1989
C’est quoi l’intelligence ?, avec la participation de Marie-José Auderset, éditions du Seuil, Collection : Petit point no 1, Jeunesse, 1989. (ISBN 2020113996)
Idées vécues, Flammarion, 1990
Voici le temps du monde fini, éditions du Seuil, 1991
Tous différents, tous pareils, éditions Nathan, 1991
Comme un cri du cœur, éditions l’Essentiel, 1992 (ouvrage collectif)
La Légende de la vie, Flammarion, 1992
E=CM2, éditions du Seuil, 1993
Deux sacrés grumeaux d’étoile, éditions de la Nacelle, octobre 1993
Avec Jacques Lacarrière, Science et croyances, éditions Écriture, mars 1994 ; réed. Albin Michel, 1999
Absolu, dialogue avec l’abbé Pierre, éditions du Seuil, 1994
L’Explosion démographique, Flammarion, collection « Dominos », 1994
Les hommes et leurs gènes, Flammarion, collection « Dominos », 1994.
Nouvelle édition augmentée et mise à jour parue en 2008 aux éditions Le Pommier.
La Matière et la vie, éditions Milan, coll. « Les essentiels », 1995.
Paroles de science, textes présentés par Albert Jacquard, éditions Albin Michel, collection « Carnets de sagesse », 1995, 54 pages.
La Légende de demain, Flammarion, 1997
L’Équation du nénuphar, Calmann-Lévy, 1998, rééd. Éditions LGF - Livre de Poche, mars 2000, (ISBN 978-2253148111)
L’avenir n’est pas écrit, (avec Axel Kahn), Bayard, 2001
Paroles citoyennes, (avec Alix Domergue), Albin Michel, 2001
De l’angoisse à l’espoir, (avec Cristiana Spinedi), Calmann Lévy, 2002
La Science à l’usage des non-scientifiques, 2001
Ecologie et spiritualité, collectif, Albin Michel, 2006. Avec, entre autres, Jacques Brosse, André Comte-Sponville, Eugen Drewermann, Jacques Lacarrière, Théodore Monod, Jean-Marie Pelt, Pierre Rabhi, Annick de Souzenelle...
Le monde s’est-il créé tout seul ?, collectif, Albin Michel, 2008. Avec l’astrophysicien Trinh Xuan Thuan, le physicien et chimiste prix Nobel Ilya Prigogine, le cybernéticien Joël de Rosnay, le botaniste Jean-Marie Pelt et le médecin philosophe Henri Atlan
Moi, je viens d’où ? suivi de C’est quoi l’intelligence ? et E=CM2, Éditions Points, Genre : jeunesse, 2009. (ISBN 978-2757812891)
Source : http://reperes-antiracistes.fr/article-en-hommage-a-albert-jacquard-120014683.html
16.
Le concept de ’race’ peut-il s’appliquer à l’espèce humaine ? - Par Hélène Combis - 19/10/2016 (mis à jour le 12/07/2018 à 12:02)
La commission des lois de l’Assemblée nationale souhaite supprimer le mot ’race’ de la Constitution de 1958. Et pour cause : le terme n’a aucune légitimité scientifique. Mais certains appellent à la vigilance, pensant que le concept est à sauvegarder pour lutter contre le racisme même.
Représentation des différentes ’races humaines’ (blanche, jaune, noire et rouge)
Représentation des différentes ’races humaines’ (blanche, jaune, noire et rouge)• Crédits : AFP
’La France [...] assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion.’ La Constitution de 1958 sera bientôt modifiée : la commission des lois de l’Assemblée nationale a en effet adopté un amendement pour que soit supprimé le mot ’race’ de cet article premier. En effet, ce terme n’a aucune légitimité scientifique ; notons à ce sujet que récemment, les travaux de David Reich, un spécialiste de l’ADN de l’université d’Harvard, ont créé la polémique sans remettre en question le consensus scientifique. Mais certains estiment quand même qu’il est important de conserver le concept, qui permet de refuser toute discrimination sans ambiguïté : c’est par exemple ce que défendait Ferdinand Mélin-Soucramanien, professeur de droit public à l’université de Bordeaux dansLibération, le 10 juillet 2018 :
S’il paraît pertinent de supprimer le mot ’race’ de la Constitution de la Ve République, à la fois pour des raisons symboliques et juridiques, sans doute serait-il plus prudent de ne pas laisser béant l’espace ainsi créé. En effet, si la ’race’ n’existe pas comme catégorie prétendument objective, chacun sait que le racisme en tant que sentiment subjectif lui existe bel et bien...
Réflexions, ici, sur la polysémie du terme, que nous mettons à l’épreuve des sciences dures (à laquelle il ne résiste pas), et à celle des sciences humaines.
L’homogénéité de l’espèce humaine
Dans Continent sciences, en 2008, Stéphane Deligeorges s’entretenait avec le biologiste moléculaire Bertrand Jordan, auteur de L’humanité au pluriel : la génétique et la question des races (Le Seuil, 2008) sur cette question persistante. Une émission qui débutait par l’évocation de la figure de Joseph Arthur de Gobineau, père de la pensée racialiste et auteur, en 1855, d’un nauséabond Essai sur l’inégalité des races humaines qui engendra le mythe aryen. Des ’travaux’ qui furent suivis par tout un courant qui s’appuyait sur une certaine façon de lire la théorie de l’évolution de Darwin, ’pour affirmer l’existence des races, leur origine dans l’évolution, et le fait que les Noirs et les Chinois sont moins évolués que les Européens.’
Écouter 58 minutes - L’unicité de l’espèce humaine, dans Continent sciences le 19 octobre 2016 - Durée : 1h
’Ce qui est caractéristique dans la notion de race, si on creuse un petit peu, c’est que c’est une notion essentiellement culturelle, mais qui prétend toujours être fondée sur la biologie.’ Bertrand Jordan
En 2003, les nouvelles techniques de séquençage mettent à mal, une fois pour toutes les tenants de ces théories racialistes : le projet génome humain, entrepris en 1990, s’achève par la publication de la suite complète des 3 milliards de bases qui composent le génome humain : ’C’est la première fois qu’on va pouvoir avoir une notion globale de la diversité humaine’, explique Bertrand Jordan. Le projet prouve notamment qu’il n’existe pratiquement aucune variation entre l’ADN de deux humains pris au hasard... Ils sont semblables à 99,9% : ’Nous avons tous les mêmes gènes qui sont placés de la même façon, sur les mêmes chromosomes.’ Une homogénéité remarquable, et qui ne concerne que l’humanité puisque même les primates supérieurs, par exemple, présentent quatre à cinq fois plus de différences entre deux individus.
Malgré tout, au cœur même de l’ADN, existent des zones de très grande variabilité. Alors, ’est-ce qu’à l’intérieur de l’espèce humaine, il y a des sous-ensembles aussi nets, étanches, que le voudraient les tenants de l’idée de race ?’, questionne Stéphane Deligeorges. Les scientifiques du projet génome humain se sont prêtés à une étude des variations ponctuelles de l’ADN dans les différentes populations humaines, et le constat est sans appel : ’S’il y avait réellement des races humaines, comme il y a des races de chiens, on s’attendrait à ce que certains variants soient exclusivement chez certaines personnes, dans certaines populations, et d’autres variants, exclusivement chez d’autres personnes. C’est bien ce qu’on trouve d’ailleurs chez les chiens de race. Et ce qu’on trouve dans l’espèce humaine, c’est que pratiquement tous les variants de tous les SNIP [single-nucleotide polymorphism : la variation d’une seule paire de bases du génome NDLR] sont présents dans toutes les populations. Que vous fassiez votre étude sur une tribu du Congo, ou sur un village irlandais, ou sur une région norvégienne, ou sur le Kamtchatka, vous allez retrouver toutes les formes des SNIP possibles.’
Le concept de ’race’ en sciences humaines et sociales
La Grande Table du 13 mai 2013 se demandait s’il était possible de ’parler de race en France’. 2013, année qui vit la suppression du mot ’race’ de la Constitution française, François Hollande l’ayant promis au Parlement le 8 mars 2012 : ’Il n’y a pas de place dans la République pour la race.’
Écouter 28 minutes - ’Peut-on parler de race en France’, dans la Grande Table du 13 mai 2013 - Durée : 30 minutes
’La race pour aller vite, moi je veux bien, mais il faut à chaque fois rappeler que le mot ’race’ n’a aucun substrat scientifique. Ce qui est maintenant un acquis mais qu’on a tendance à oublier quand même. C’est un mot dangereux.’ Ces propos de la philosophe Catherine Clément prouvent que ceux qui réfléchissent à l’aune des sciences humaines alertent, comme les scientifiques, sur l’ambiguïté du terme.
’Dans Race et histoire puis Race et culture de Lévi-Strauss, il y a une démonstration implacable que la race n’a aucun fondement scientifique.’ Catherine Clément
Mais certains voient dans ce mot un concept à garder, car important dans la lutte même contre les discriminations. ’Les Etats-Unis pourraient nous aider à comprendre ce qu’il se passe ou ce qu’il pourrait se passer autour des questions de reconnaissance, ou non, de la race’, avance l’historienne Sylvie Laurent. Car le mot est inscrit dans la Constitution aux Etats-Unis depuis 1865, une date tardive... Et il l’est, pour le meilleur, puisqu’il engendre des ’mesures d’affirmative action’ par Johnson, qui sont des mesures de réparations concrètes pour les préjudices immenses causés par l’esclavage et la discrimination : ’Les Noirs deviennent citoyens, et on leur doit réparation’, explique Sylvie Laurent. Une idée portée par Martin Luther King dans son discours de 1963 sur le rêve d’un pays post-racial. Pour l’historienne, Barack Obama, dans son discours de 2008 à Philadelphie, ne reniait pas non plus le concept de ’race’ : ’En réalité, ce que dit Barack Obama en filigrane dans ce discours, c’est que nous utilisons tous la race comme convention sociale. Non seulement comme convention normative mais, parlons clairement, vous comme moi nous avons la race comme arrière-plan’.
’Je ne sais pas si le mot race doit être banni ou non de la Constitution mais je sais que ça a fait beaucoup de bien à la Constitution américaine lorsqu’il est apparu en 1865, très tard.’ Sylvie Laurent en 2013
Enfin, dans une conférence tenue à l’Université de Nantes, intitulée ’La Fabrique de la ’race’ et diffusée en octobre 2015 sur le site internet de France Culture, la philosophe Magali Bessonne défendait elle aussi l’usage du concept de ’race’ pour déconstruire les discours racistes et combattre les discriminations, tout en reconnaissant son invalidité ’dans un sens biologique’ : ’Elle existe comme principe de vision et de division du corps social. C’est une expression de Bourdieu, mais qui est assez utile, parce qu’on garde, avec cette idée de vision, l’idée que la race est historiquement ce qu’on voit, ce qu’on a appris à voir comme saillant dans les différences entre les individus, et c’est un principe de division parce que cette perception racialisante, qui crée la race, a des effets sur les mécanismes de stratification sociale, de production des inégalités.’
À découvrir :
Grand remplacement : trois précédents avant Renaud Camus
’Privilège blanc’ : origines et controverses d’un concept brûlant
Féminisme noir, race et angles morts : l’histoire du genre n’est pas cousue de fil blanc
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Source : https://www.franceculture.fr/sciences/le-concept-de-race-peut-il-sappliquer-lespece-humaine
17.
Quand la génétique a mis fin au concept de races humaines - De Rédaction National Geographic via ‘nationalgeographic.fr’
Les ethnologues, comme Claude Lévi-Strauss, l’affirmaient depuis longtemps : il n’existe pas plusieurs races humaines. En 2000, une équipe de généticiens américains en a apporté la preuve définitive.
Photo - Ces soeurs sont des jumelles non-identiques, qui amènent à repenser la supposée unicité du bagage génétique de chaque fratrie. Photographie de National Geographic
32 % Européen du Nord, 28 % Européen du Sud, 21 % Subsaharien et 14 % Asiatique du Sud-Ouest... Telles peuvent être les origines génétiques d’un individu. En séquençant pour la première fois le génome humain, en juin 2000, Craig Venter, un chercheur américain, a mis un point final au concept de race, qui a perdu tout fondement scientifique.
La recherche génétique a établi deux faits indéniables. Le premier : tous les humains sont très proches. Ils sont encore plus proches entre eux que ne le sont les chimpanzés, alors que les humains sont bien plus nombreux.
Chacun d’entre nous dispose de la même collection de gènes. Cependant, chacun possède aussi des versions légèrement différentes de certains gènes (hormis les vrais jumeaux). Les études de cette diversité génétique ont permis aux scientifiques de reconstituer une sorte d’arbre généalogique des populations humaines.
Photo - Marcia (à gauche) et Millie Biggs, âgées de 11 ans, sont soeurs jumelles. Marcia ressemble à sa mère née en Angleterre et Millie à son père d’origine jamaïcaine. Photographie de ROBIN HAMMOND
Et c’est alors que le second fait incontestable s’est imposé : tous les êtres humains actuels sont, au sens propre, des Africains. Notre espèce, Homo sapiens sapiens, est apparue en Afrique. On ne sait pas précisément où ni quand, mais les fossiles les plus récents, mis au jour au Maroc, suggèrent que les traits anatomiques des humains modernes ont émergé il y a 300.000 ans.
Nous sommes restés en Afrique pendant encore 200.000 ans environ. Mais des groupes se déplaçaient déjà en divers endroits du continent, s’éloignant et s’isolant les uns des autres. Autrement dit, ces groupes ont formé des populations nouvelles qui ont progressivement colonisé l’ensemble de la planète.
Depuis, le brassage génétique est permanent. On estime, par exemple, que moins d’un enfant sur deux sera Blanc d’ici à deux ans aux États-Unis.
Page d’accueil National Geographic
National Geographic (chaîne de télévision) - Wikiwand
Termes et Conditions Politique de Confidentialite (Mise à jour) – Source : https://www.nationalgeographic.fr/sciences/quand-la-genetique-mis-fin-au-concept-de-races-humaines
18.
Les races humaines – QI et Intelligence Humaine -
Document diffusé par ‘intelligence-humaine.com’ https://www.intelligence-humaine.com/ - C’est un site de vulgarisation scientifique sur l’intelligence, ses soubassements biologiques, génétiques, évolutifs, son importance sociale et les différences individuelles et ethniques. Il met à disposition les données et les études les plus récentes sur la question, sans compromission à l’idéologie et au politiquement correct. La recherche dans ce domaine a considérablement progressé depuis les années 2000. A lire en premier : FAQ intelligence ou qu’est-ce que l’intelligence et comment la mesure-t-on ?
David Reich, professeur de génétique à Harvard, 2018. « Ceux qui affirment qu’il n’y a pas de race humaine sont évidemment ignorants de la biologie moderne.
« Sexes et races, deux réalités » Michel Raymond, Directeur de recherches au CNRS. Le Monde, 17 mai 2013.
« How Genetics Is Changing Our Understanding of Race » David Reich, professeur de génétique à Harvard, mars 2018.
« Race : a social destruction of a biological concept » Biol Philos, 2010._« Taboo genetics » Nature, 2013.
« Race » (2012) Troisième édition de John R. Baker, professeur de biologie à Oxford.
Ernst Mayr (2002) « The Biology of Race and the Concept of Equality »
Richard Dawkins (2007) « Il était une fois nos ancêtres »_ 1. Introduction
2. Classification générale de l’homme dans le règne animal
Tableau 1 : Classification taxonomique de l’homme
3. Les grandes races/populations humaines
Tableau 2 : Les 9 grandes races humaines
4. L’émergence des principales races humaines
-Africains
-Nord africains et sud asiatiques
-Asiatiques du sud-est
-Pacific Islanders
-Aborigènes d’Australie
-Européens
-Asiatiques de l’est
-Esquimaux
-Amérindiens
5. Invalidation des principaux contre arguments
_6. La révolution génomique et l’ascendance raciale
7. Des médicaments pour chaque race ?
8. Conclusion
« Il n’est plus possible d’ignorer les différences génétiques entre les races (…) Certains prétendent que ces différences seraient petites, ce n’est pas exact »
-David Reich, professeur de génétique à Harvard, 2018.
« Ceux qui affirment qu’il n’y a pas de race humaine sont évidemment ignorants de la biologie moderne. Les races ne sont pas quelque chose de spécifiquement humain ; les races sont présentes dans un pourcentage élevé d’espèces animales » - -Ernst Mayr, 2002, (E. Mayr est considéré comme le plus grand biologiste de l’évolution du 20ème siècle).
« Asserting that human races, considered as separate subspecies, don’t exist is an insult to me and the objective work of evolutionary biologists. This new age of modern progressives refusing evidence that contradict their worlview is alarming. We as society need to rething our way of biaised thinking »- – Richard Dawkins
« Des personnes très éduquées et intelligentes peuvent avoir un sévère contrecoup quand elles réalisent que les médias et parfois même les académies leur ont menti durant leur vie entière concernant les différences raciales »
– Steven Pinker, 2018.
Références (non exhaustives) :
« Sexes et races, deux réalités » Michel Raymond, Directeur de recherches au CNRS. Le Monde, 17 mai 2013.
« How Genetics Is Changing Our Understanding of Race » David Reich, professeur de génétique à Harvard, mars 2018.
« Race : a social destruction of a biological concept » Biol Philos, 2010._« Taboo genetics » Nature, 2013.
« Race » (2012) Troisième édition de John R. Baker, professeur de biologie à Oxford.
Ernst Mayr (2002) « The Biology of Race and the Concept of Equality«
Dossier « QI et Intelligence Humaine’ version du 23 juin 2020 www.intelligence-humaine.com - Source de la totalité de l’article : https://www.intelligence-humaine.com/races-humaines/
19.
Controverse sur les rapports entre race et intelligence d’après Wikipédia
Pour un article plus général, voir Intelligence humaine. Cet article peut contenir un travail inédit ou des déclarations non vérifiées (février 2018). Vous pouvez aider en ajoutant des références ou en supprimant le contenu inédit. Voir la page de discussion pour plus de détails.
La relation entre les notions de race et d’intelligence a été l’objet de recherches et de débats dans la recherche scientifique et la vulgarisation depuis le début du XXe siècle et l’invention des tests de quotient intellectuel1. À l’époque des grandes explorations, l’idée de différences naturelles d’intelligence entre les groupes humains était répandue.
De nos jours, l’interprétation de ce que mesure le QI est controversé, et il n’y a pas de définition acceptée de ce que serait une race ; le sujet du lien entre les deux est idéologique : il ne s’appuie sur aucune base scientifique, et est donc extrêmement polémique.
L’étude de ce sujet s’inscrit dans différents champs disciplinaires, notamment la psychologie, l’anthropologie, la biologie et la sociologie[réf. nécessaire].
Controverse sur les frontières génétiques entre groupes humains - Article détaillé : Race humaine.
Dans les faits, il n’existe pas de rupture génétique complète entre les groupes biologiques humains actuellement présents sur Terre. La génétique permet de distinguer des groupes biologiques, cependant, la notion de « races humaines » est rejetée par la communauté scientifique, le problème taxinomique de l’existence ou de la non-existence de races au sein de l’humanité est un sujet de polémique scientifique2. Le discours universitaire sur les différences biologiques au sein de l’humanité a évolué. Pendant les décennies qui ont suivi la seconde guerre mondiale, en réaction à l’exacerbation de la notion de race par les nazis, l’existence de races ou de groupes biologiques au sein de l’humanité a été fortement remise en question. Les travaux de l’ethnologue Claude Lévi-Strauss, par exemple, insistaient beaucoup sur l’idée que les ethnies humaines se distinguaient par la culture et non par la biologie3. Le biologiste moléculaire et généticien Bertrand Jordan, considère que la notion de race est une construction sociale, et non un état de fait biologique4.
Actuellement, l’existence de « races » est un concept largement réfuté en anthropologie et en biologie en Europe de l’Ouest et aux États-Unis. Les principales explications de ces réfutations à l’heure actuelle dans ces domaines proviennent de raisons historiques, politiques2,5. Le concept est toujours majoritairement accepté et employé en Chine — où les scientifiques semblent être même « encouragés » à l’utiliser à la fois dans les discours public et scientifique6 — ainsi qu’en Europe de l’Est2.
Défense du concept
En juin 2009, une analyse des données issues des génomes SNP de l’International HapMap Project a été publiée qui porte sur l’étude de 53 populations. Selon cette étude, les population comprenaient trois groupes génétiques fortement distincts : les Africains, les Eurasiens, et les Asiatiques de l’est7,8,9.
Depuis les années 2000 et 2010, tout en prévenant qu’elles ne rendent pas compte de manière convenable de la diversité de l’espèce humaine10, des études sur la génétique humaine affirment qu’il est possible de distinguer des groupes biologiques au sein de l’humanité10. L’introduction d’un article du magazine La Recherche, de 2004 résume ainsi la situation dans l’introduction d’un article traduit de « Race : a genetic melting-pot », paru originellement en 2003 dans Nature :
« Contrairement à l’idée défendue depuis le milieu du XXe siècle, on peut définir scientifiquement des races dans l’espèce humaine. La connaissance du génome humain permet en effet de regrouper les personnes selon les zones géographiques d’où elles sont issues. En revanche, les usages que l’on prétend faire en médecine d’une classification raciale sont sujets à caution »11.
Bruce Lahn, un généticien de l’université de Chicago qui a effectué des recherches dans le domaine de la génétique humaine a publié dans la revue scientifique Nature une demande de reconnaissance de la diversité génétique qui existe au sein de l’espèce humaine, à l’intérieur des groupes et entre les groupes, selon lui l’affirmation de l’homogénéité génétique de tous les humains est une erreur scientifique12.
Réfutation du concept
Cependant, la pertinence du concept est remise en cause en biologie, au profit d’autres outils comme la variabilité génétique ou l’analyse génomique individuelle13.
Également, la notion de « race » définie comme « population génétiquement distincte » de par la présence de « barrières nettes » entre ces populations, une des définitions du concept usée par Templeton, ne semble pas correctement représenter la diversité génétique humaine. En effet, il est, selon lui :
« essentiel de noter que la différenciation génétique seule est insuffisante pour définir une sous-espèce ou une race sous l’une ou l’autre de ces définitions de la race. Les deux définitions exigent que la différenciation génétique existe à travers des limites précises et non pas comme des changements progressifs, avec des frontières reflétant les divisions historiques. [...] Par conséquent, la différenciation génétique est nécessaire mais pas suffisante pour déduire une race. Les populations humaines montrent certainement des différences génétiques à travers l’espace géographique, mais cela ne signifie pas nécessairement que les races existent chez les humains »14.
Or, même en usant de plus de 10 000 locus, la classification des populations humaines (Africains sub-saharien, Européens, et Asiatiques d’Extrême-Orient) qui atteint une précision proche de 100 %, devient après l’ajout de populations intermédiaires alors plus arbitraire, la diversité génétique humaine décrivant plus un continuum que des groupes séparés clairement identifiables15. Selon Rosenberg et son équipe de chercheurs, ce continuum n’est cependant pas ininterrompu et présente des brisures de la distance génétique en corrélation avec les frontières géographiques comme les océans, l’Himalaya et le Sahara, qui peuvent servir de base pour identifier des « noyaux » correspondant aux régions géographiques16. La notion, lorsqu’elle se base sur l’identification de « populations génétiquement distinctes » de par la présences de « barrières nettes » entre ces mêmes populations, rend alors peu compte d’une réelle représentation de la diversité génétique humaine14,15.
« Les études d’ADN n’indiquent pas qu’il existe des sous-espèces classifiables distinctes (races) chez les humains modernes. Alors que différents gènes pour les traits physiques tels que la couleur de la peau et des cheveux peuvent être identifiés entre les individus, aucun modèle cohérent de gènes à travers le génome humain n’existe pour distinguer une race d’une autre. Il n’y a pas non plus de base génétique pour les divisions de l’ethnicité humaine. » - Human Genome Project, affirmation possiblement véritable pour la notion de « race » lorsqu’elle correspond à des « populations génétiquement distinctes, séparées par des barrières nettes »17.
Histoire de la polémique à propos du quotient intellectuel et des groupes ethniques - Articles détaillés : Eugénisme et Quotient intellectuel.
Les premiers tests montrant des différences de quotient intellectuel entre les différents groupes ethniques aux États-Unis ont été les tests des recrutements de l’armée américaine au cours de la Première Guerre mondiale. Dans les années 1920, des groupes de lobbyistes eugénistes ont soutenu que ces résultats démontraient que les Afro-Américains et certains groupes d’immigrants étaient intellectuellement inférieurs aux Européens anglo-saxons en raison de différences biologiques qui auraient été innées ; les résultats des tests d’intelligence ont donc été utilisés comme un argument pour les politiques de ségrégation raciale. Par la suite, d’autres études ont paru, contestant ces conclusions et arguant plutôt que les tests de l’armée n’avaient pas été correctement contrôlés des effets de biais statistiques liés à des facteurs environnementaux tels que les différences socioéconomiques et éducatives entre les Afro-Américains et les Euro-américains18.
Le débat reprit en 1969, lorsque Arthur Jensen affirma que pour des raisons génétiques, les afro-américains étaient moins intelligents que les blancs et que les tentatives d’amélioration des conditions socio-économiques des noirs grâce a l’éducation des enfants afro-américains était donc vouées à être inefficaces. Ces affirmations provoquèrent un tollé non seulement en raison de leurs implications racialistes, mais aussi parce que pour les produire, Jensen avait entre autres transposé à l’être humain un outil statistique utilisé en sélection génétique, l’héritabilité, sans en comprendre le sens, ni les limites de son emploi, puisque cet outil ne permet pas des comparaisons entre deux populations ayant des environnements différents19.
Les études sur les différences de QI entre les groupes humains font l’objet de débats virulents en raison notamment du risque qu’elles peuvent représenter en donnant une base scientifique au racisme.
Le QI a en effet été instrumentalisé pour étayer des propositions élitistes, eugénistes. Au cours du XXe siècle, des groupes de personnes ont par exemple été soumis à un programme de stérilisations contraintes à la suite de mauvais résultats à des tests de QI. Par exemple au Canada consécutivement à la loi Sexual Sterilization Act of Alberta (en) (1928).
Médiatisation du sujet et point de vue des spécialistes
Une enquête d’opinion sur le sujet a été réalisée en 2016 auprès de 71 universitaires spécialistes du quotient intellectuel et des capacités cognitives. Les scientifiques ont répondu à plusieurs questions concernant les causes des écarts de quotient intellectuel mesuré dans le monde. Les résultats de cette enquête montrent que 21,64 % des spécialistes pensaient que l’éducation était la cause principale des différences de quotient intellectuel moyen à travers le monde, tandis que 17 % des interrogés considéraient que la génétique était le facteur principal expliquant ces différences, et 10,88 % pensaient que c’était la santé. Cependant, même parmi les scientifiques qui considéraient que l’éducation ou la santé étaient les causes principales des écarts mesurés, très peu considéraient que la génétique n’avait aucune influence, seulement 5 des 71 experts (7 %) qui ont répondu pensaient que les gènes ne jouaient pas de rôle dans ces écarts. Environ 90 % des experts interrogés croyaient que les gènes avaient au moins une certaine influence sur les différences internationales de quotient intellectuel, même si, d’après cette enquête, l’importance du facteur environnemental est également importante, notamment l’influence de l’éducation ou de la santé20.
Dans une double tribune en l’honneur de Darwin parue dans Nature, un groupe de chercheurs, en réponse à un papier plaidant l’inanité des recherches sur des liens entre intelligence, sexe et QI, argue de l’importance prise par les perceptions subjectives de l’intention des scientifiques qui semblent déterminer l’acceptabilité d’une étude en dépit de son intérêt strictement scientifique. Ainsi le travail est selon eux célébré s’il promeut et donne une image positive de groupes sous-représentés (comme les femmes ou les minorités dans le cadre de la recherche en médecine personnalisée), mais les travaux sont rejetés et les auteurs injuriés si les travaux sont perçus comme donnant une base scientifique à des discriminations sexistes ou racistes notamment dans le domaine de l’intelligence. Les auteurs concluent en rappelant que « lorsque les scientifiques sont réduits au silence par des collègues, des administrateurs, des éditeurs ou des financeurs qui pensent que simplement poser certaines questions est inapproprié, cela commence à ressembler à une religion plutôt qu’à la science »21.
Déterminisme supposé et différences
Différences de réussite scolaire entre groupes ethniques aux États-Unis
Dans le système scolaire américain, il est constaté depuis des années que les groupes ethniques affichent des différences de réussite scolaire importantes, les asiatiques affichent en moyenne des résultats scolaires plus élevés que la moyenne des euro-américains qui eux-mêmes affichent des résultats scolaires plus élevés que les hispaniques et les afro-américains22,23,24. Les universitaires américains ont insisté sur le rôle primordial de l’environnement socioculturel dans lequel l’enfant évolue et de l’éducation reçue durant l’enfance pour expliquer ces écarts, l’importance de la perception des stéréotypes positifs ou négatifs a été soulignée comme cause de ces différences de réussite. Pour pallier ces différences, les États-Unis ont mis en place l’affirmative action, le but étant que chaque groupe atteigne une « masse critique » dans les cursus universitaires.
Le système scolaire américain a mis en place depuis de nombreuses années des programmes scolaires spéciaux pour les enfants surdoués. Ces enfants sont regroupés en classes spéciales avec des programmes et des activités adaptés ainsi qu’un suivi spécifique. Or on constate que dans ces classes regroupant les enfants surdoués, les enfants noirs et hispaniques sont sous représentés par rapport à leur proportion dans la population américaine, tandis que les enfants asiatiques américains sont surreprésentés dans ces classes de surdoués25,26. Ainsi en 2006, 8 % des enfants blancs scolarisés dans les écoles publiques primaires et secondaires étaient considérés comme surdoués, tandis que 3,6 % des enfants noirs scolarisés dans les écoles publiques primaires et secondaires étaient comptabilisés comme surdoués, la proportion des enfants asiatiques surdoués étant de 13,1 %27,25. Certains spécialistes mettent en cause des biais statistiques du fait que des stéréotypes positifs favorisent les enfants asiatiques tandis que des stéréotypes négatifs pénalisent les enfants afro-américains et hispaniques25. Là encore, ces données ont été utilisées pour tenter de donner du crédit à l’idée d’une hypothétique différence d’intelligence entre groupes humains.
Adoptions interethniques
Dans une étude publiée en 1976 intitulée « Minnesota Transracial Adoption Study », les psychologues américains Sandra Scarr et Richard A. Weinberg (en) ont mesuré le quotient intellectuel de 265 enfants de différents groupes ethniques adoptés par des familles blanches de classe moyenne recrutés sur tout le territoire américain et suivis pendant plusieurs années28. Les résultats de cette étude indiquaient que le quotient intellectuel moyen était différent selon les origines ethniques des enfants, malgré un environnement apparemment uniforme28. Les enfants afro-américains adoptés présentaient des quotients intellectuels plus faibles que les euro-américains adoptés. Certains scientifiques ont vu dans ces différences de QI entre enfants adoptés une preuve empirique de différences d’intelligence entre groupes humains d’origine biologique. Pour certains psychologues, des facteurs socioculturels et socio-psychologiques expliquent ces écarts de QI moyen entre des groupes ethniques. Ainsi, des stéréotypes négatifs ou positifs reçus dans l’éducation des enfants adoptés peuvent expliquer les différences. Cependant, Sandra Scarr, l’un des deux scientifiques à l’origine de l’étude sur les adoptions interethniques du Minnesota, est l’un des 52 scientifiques signataires du « Mainstream Science on Intelligence », une tribune publiée dans le Wall Street Journal, qui affirmait que des différences d’intelligence d’origine génétique existaient entre les ethnies. Cette tribune fut à l’origine de vives polémiques scientifiques.
En 1989, une étude a été menée pour mesurer le quotient intellectuel d’enfants coréens adoptés par des familles belges. Ces enfants présentaient un QI moyen de 119. Après correction des effets de variation liés au revenu des parents, le QI des enfants coréens adoptés était encore de dix points plus élevé que le QI moyen des enfants belges d’ascendance européenne29.
Les données sur les enfants adoptés en France montrent que parmi les enfants adoptés de différentes origines, la proportion de bacheliers change selon l’origine géographique : ainsi 80 % des enfants adoptés d’origine asiatique étaient bacheliers contre 54 % pour les enfants adoptés originaires de France et 43 % pour les enfants adoptés originaires d’Afrique ou d’Amérique Latine. La répartition des âges au moment où les enfants ont été adoptés, qui est globalement la même selon la région d’origine des enfants, ne peut pas expliquer les différences entre les enfants originaires d’Asie et les autres pays d’origine : 40 % à 55 % des enfants, quelle que soit leur région d’origine, ont été adoptés avant l’âge de 1 an et 25 % à 30 % entre 1 et 3 ans. La encore, le rôle de potentiels stéréotypes positifs à propos des enfants asiatiques a été mis en cause pour expliquer ces différences30.
The Bell Curve - Article détaillé : The Bell Curve.
Les débats sur les « races » et les différences entre les QI ont été particulièrement virulents aux États-Unis après la publication en 1994 du livre The Bell Curve de Richard J. Herrnstein et Charles Murray. Les auteurs y commentent les différences de QI entre groupes ethniques aux États-Unis où les minorités noires ont des scores plus faibles que les Euro-Américains, eux-mêmes ayant des scores plus faibles que les minorités asiatiques et ashkénazes, ce qui a des implications politiques et idéologiques importantes31. À la suite de la parution de ce livre, certains spécialistes ont avancé des explications qualifiées de racistes par d’autres spécialistes. L’Association Américaine de Psychologie et le Conseil national des affaires scientifiques américains ont commandé un rapport d’experts indépendants pour faire le point sur la question31.
Mainstream Science on Intelligence - Article détaillé : Mainstream Science on Intelligence.
En décembre 1994, face aux critiques faites à The Bell Curve paraît une tribune dans le Wall Street Journal intitulée Mainstream Science on Intelligence. Ce texte rédigé par une psychologue a été signé par 52 des 121 universitaires auxquels il a été proposé. Il prétend exposer les détails des connaissances sur le sujet, ainsi que les questions non résolues scientifiquement à cette date. Les spécialistes signataires de cette tribune défendaient l’idée que les différences de QI entre les groupes seraient d’origine biologique comme l’affirmait Murray et Richard Herrnstein dans le livre The Bell Curve32,31.
Selon cette tribune, on peut trouver des membres de tout groupe ethnique à n’importe quel niveau de QI. Cependant, le QI moyen aux États-Unis varierait d’un groupe ethnique à un autre. Le QI moyen serait au dessus de 100 pour les Asiatiques de l’Est et les Juifs bien qu’à un niveau non déterminé avec certitude, de 100 pour les Blancs, à mi-chemin entre 100 et 85 pour les Hispaniques, et de 85 pour les Afro-Américains. Toujours selon cet article, il n’y aurait aucune évidence statistique montrant une convergence du QI moyen entre les différents groupes raciaux-ethniques. Il n’y aurait pas non plus de raison clairement établie expliquant ces différences de QI entre groupe ethnique. Aussi bien l’environnement socio-économique que l’héritage génétique pourraient en être la cause, la part de ce dernier y étant estimé entre 40% et 80 % des différences. Alors que l’environnement est censé jouer un rôle dans les scores de QI, aussi bien chez les Noirs que chez les Blancs33, le QI moyen d’un Noir issu d’une famille aisée ne serait selon ces auteurs pas supérieur à celui d’un Blanc issu d’une famille défavorisée34.[pertinence contestée]
Cette tribune a été vivement critiquée, tout comme les thèses défendues dans le livre The Bell Curve. Une partie des universitaires américains n’étaient pas d’accord avec ces thèses jugées « racistes et nauséabondes »[réf. nécessaire]. Les anthropologues défendant l’idée de l’existence de différences raciales dans l’intelligence étaient minoritaires depuis la fin du XXe siècle35.
Rapport de l’Association américaine de psychologie
L’Association américaine de psychologie, dont un groupe de travail a rédigé la tribune Mainstream Science on Intelligence34 dresse deux ans plus tard un état des lieux sur les notions d’intelligence et de QI, et une compilation des chiffres de QI par groupe ethniques reprenant globalement les mêmes sources. Elle note toutefois que l’écart historique de 15 points entre Blancs et Noirs aux tests de fins d’études s’est considérablement réduit, et s’interroge sur la possibilité d’une baisse corrélée des écarts de QI. Elle conclut à la nécessité de faire des recherches complémentaires 36,37.
Effets environnementaux et ré-équilibration - Éducation et ré-équilibration
Adoption inter-ethnique revisitée
Malgré les différences de QI montrées lors des expériences menées par l’étude Minnesota Transracial Adoption Study (en) (1976)38, des études plus récentes ont été effectuées par Dalen & al. en 2008, Lindblad & al. en 2009 et Loman & al. 2009. Elles ont montré respectivement des différences de 1,5 entre conscrits d’origine coréenne élevés par des parents suédois et la moyenne des conscrits de parents biologiques suédois, et une différence de 6,2 points entre enfants suédois adoptés par des parents suédois et des enfants coréens eux aussi adoptés. Des ré-équilibrations de différentes études d’adoption dont l’étude « Minesota transracial adoptees » prenant en compte l’attrition[pas clair] et l’effet Flynn montrent ainsi une ré-équilibration des scores de QI comparé aux résultats menés par la précédente étude avec une différence entre enfants blancs et noirs qui oscille entre 5,2 et 11.7 points. Étant donné le nombre d’autres causes qui pourrait entrer en compte, l’auteur soutient une hypothèse nulle, c’est-à-dire que « les adoptés d’Asie de l’Est, de Blancs et de Noirs élevés dans le même environnement auraient un QI similaire », ce qui suggère « un rôle minimal des gènes dans les différences de QI racial »39.
Différences de réussite scolaire
Roland Fryer & Steven Levitt en 2004 ont tenté d’identifier les variables expliquant le fossé des scores au SAT (étant l’épreuve en fin de secondaire américain, corrélée positivement aux scores de QI40) en analysant un échantillon de 20 000 enfants âgés de 5 et 6 ans. En contrôlant de nombreux facteurs socio-économiques, en tenant compte d’un grand nombre de variables de contrôle comme l’âge des parents, le nombre de livres à la maison, le poids à la naissance, la participation à la nutrition WIC (Special Supplemental Nutrition Program for Women, Infants, and Children), le nombre de fessées, le niveau de sécurité de la zone résidentielle, etc. Les auteurs ont ainsi montré que l’écart entre les enfants noirs et les enfants blancs en prenant en compte ces biais environnementaux se rééquilibrent, leur ethnie n’ayant pas d’impact causal sur le score au SAT41.
Également, les scores au GCSE (étant l’épreuve en fin de secondaire britannique, aussi corrélée positivement aux scores de QI42) relevés en 2009, 2010 et 2011, montrent que les élèves noirs réussissaient mieux à l’épreuve que les élèves blancs et asiatiques, et que les élèves blancs britanniques réussissaient mieux que les élèves blancs ibériques43.
Enfin, plusieurs études tentent à prouver la causalité entre le travail fourni et les conditions d’éducation à l’école, ainsi que l’augmentation ou la baisse des scores de QI, causalité pouvant s’avérer véritable de par une augmentation des scores de QI de 2 à 10 points par année d’étude franchie, et une baisse de ces mêmes points par une mauvaise condition d’éducation ou un abandon des études, montrant que les différences moyens de QI entre les élèves de différentes ethnies proviendraient de leur éducation44,45,46.
Culture et ré-équilibration
La culture, et plus précisément l’acculturation et l’influence de culture promouvant ou ne promouvant pas de grandes performances dans les aptitudes logiques (comme le dilemme entre confucianisme/bouddhisme chinois et la culture populaire américaine[précision nécessaire]) peuvent expliquer les différences de performance logique lors des tests de QI entre populations de différentes ethnies. En 1971, Mercer a classé les scores de QI pour les enfants mexicains et afro-américains selon le niveau d’acculturation et d’influence culturelle47. Entre les niveaux les plus élevés d’acculturation et d’influence culturelle, les enfants mexicains ont montré une différence d’environ 20 points (84,5 à 104,4) et les enfants afro-américains ont aussi montré une différence d’environ 20 points (82,7 à 99,5), les différences de QI moyen entre les populations tendant alors à se rééquilibrer lorsque les niveaux d’acculturation et d’influence culturelle augmentent48.
Pour certains chercheurs, les tests de QI sont biaisés culturellement, de par des paternes pouvant être difficiles à résoudre à cause de perception logique ou de niveaux de langue différents car influencés par la culture des personnes testées ; d’où l’invention de tests de QI culture-fair. Joseph F. Fagan et Cynthia R. Holland ont alors voulu tester, en 2008, la fiabilité d’un de ces tests (en étudiant la corrélation de ces tests aux succès scolaires) et les résultats sur les scores moyens des minorités. Ils ont alors trouvé que ces tests étaient bien corrélés positivement aux succès scolaires et qu’aucune différence significative de QI ne fut trouvée entre les QI moyens des minorités étudiées, montrant que les différences de QI moyens entre les populations mesurées par les tests non-culture-fair proviendraient de leurs différences culturelles49.
Contexte socio-économique et ré-équilibration
Le contexte socio-économique peut aussi expliquer les différences de performance logique lors des tests de QI entre populations d’ethnies différentes. En 2015, Sophie von Stumm et Robert Plomin, ont tenté de mesurer l’influence du contexte socio-économique sur le QI, et ont montré une corrélation significative de celui-ci (de 40 % en moyenne à 70 %) avec une augmentation des différences de QI avec l’âge alors que les différences de contexte socio-économique ne changent pas entre les jumeaux-parfaits (supposés avoir le même ADN) testés (avec des différences de QI de 6 points à l’âge de 2 ans allant jusqu’à 17 points de différence à l’âge de 16 ans ; les enfants élevés dans des contextes socio-économiques hauts passant de 99 points de QI à 103 points de QI, contrairement aux enfants élevés dans des contextes socio-économiques bas passant de 93 points de QI à 87 points de QI)50. Une expérience similaire a été effectuée quelques années auparavant, en 1989, par Christiane Capron et Michel Duyme, et a montré approximativement les mêmes résultats, impliquant que les différences de QI moyens entre les populations proviendraient des différences de contexte socio-économique51.
Effets sociologiques et ré-équilibration
Des effets sociologiques, comme la menace du stéréotype, peuvent pareillement expliquer les différences de performance logique lors des tests de QI entre personnes d’ethnies différentes[réf. nécessaire]. L’effet de la menace du stéréotype étant le suivant : Quand vous devez passer un test d’intelligence où vous êtes dans une position de ’menace’ (on vous dit que le test que vous allez prendre mesure votre intelligence et prend en compte votre appartenance ethnique), vous allez immédiatement chercher tous les stéréotypes liés à l’intelligence supposée de votre ethnie, et si votre ethnie est considérée comme ’moins intelligente’, vous stresserez et ne vous arrêterez pas d’occuper votre esprit avec ce fait, en essayant de vous persuader que vous devez tout faire pour ne pas confirmer le stéréotype, ce qui vous fera commettre plus d’erreurs d’attention, en plus de vous faire prendre plus de temps pour répondre aux questions, vous conduisant à avoir réellement des résultats moins bons. Ce test a été réalisé sur des universitaires américains, blancs et noirs, par Claude Steele et Joshua Aranson, en 1995, et les résultats sont exactement ceux attendus par la théorie (lorsque les individus testés y étaient soumis, les noirs apportaient en moyenne moins de bons résultats que les blancs, et lorsque les individus testés n’y étaient pas soumis, les noirs et les blancs obtenaient alors en moyenne les mêmes résultats)52. L’expérience a aussi été conduite entre blancs et mexicains (où le stéréotype négatif est supposé être assimilé par les mexicains) et blancs et asiatiques (où le stéréotype négatif est supposé être assimilé par les blancs) et montrent les mêmes résultats, impliquant que les différences de QI moyens entre les personnes de différentes ethnies proviendraient d’effet sociologique, comme la Menace du stéréotype53. La validité du concept de menace du stéréotype est cependant l’objet de discussion et pour certains chercheurs, les preuves avancées pouvant être très faibles voir non significatives et ce domaine de recherche pouvant faire l’objet de biais de publication54.
Également d’autres effets socio-psychologiques, comme l’effet Flynn, montrent une augmentation assez constante du QI dans le monde lors de périodes de temps courtes (de l’ordre de la dizaine d’année), où le QI moyen des noirs en Amérique aurait augmenté de 4 à 7 points entre 1972 et 200255. Ces augmentations se déroulant dans des périodes de temps courtes laissent alors peu de place à l’hypothèse de différences dues à un déterminisme biologique, les mutations génétiques avantageuses ne se diffusant pas à une population en une dizaine d’année[réf. nécessaire]. Cependant la méthodologie et les conclusions de cette étude ont été critiquées 56.
Entraînement cognitif et ré-équilibration
L’entraînement cognitif peut, de la même façon, expliquer les différences de performance logique lors des tests de QI entre personnes d’ethnies différentes. En 2016, Sarah Cassidy, Bryan Roche, Dylan Colbert, Ian Stewart et BIan M.Grey, ont montré qu’après un entraînement logique quotidien durant plusieurs mois, sur des adolescents, le QI moyen augmentait de 20 points (où le QI du plus bas individu testé ayant 84 passe alors à 106)57. D’autres études viennent renforcer ce fait, où des augmentations significatives de points de QI ont aussi été observé lors d’entraînement cognitif (prenant en compte, par ailleurs, d’autres effets pouvant biaiser la réelle efficacité des entraînements, comme l’effet placebo), montrant que les différences de QI moyens entre populations et personnes de différentes ethnies proviendraient d’une inégalité d’entraînement cognitif, et pourrait se rééquilibrer après entraînement58.
Article complet avec notes et références : https://fr.wikipedia.org/wiki/Controverse_sur_les_rapports_entre_race_et_intelligence
20.
Le concept de race peut-il s’appliquer aux humains ? - Par Rédacteur ‘Sciences & Avenir’ le 12.07.2018 à 18h36 - Image – Présentation de l’article
L’assemblée nationale a voté le 12 juillet 2018 la suppression du mot ’race’ dans la Constitution. A ce propos, voici les explications de André Langaney, professeur d’anthropologie à l’université de Genève, initialement publiée dans Sciences et Avenir 183…
Sous-titre : Les diversités génétique et physique sont plus fortes entre les individus d’une même population qu’entre les populations’
Propos recueillis Laurent Brasier - Ce texte est extrait du hors-série 183 de Sciences et Avenir ’La grande histoire de l’humanité en 50 questions’
© Sciences et Avenir - Les contenus, marques, ou logos du site sciencesetavenir.fr sont soumis à la protection de la propriété intellectuelle. A lire à partir de ce site : https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/anthropologie/parler-de-race-chez-l-etre-humain-n-a-pas-de-sens-d-un-point-de-vue-scientifique_104088
Autres sources à consulter :
21.
Race humaine, couleur de la peau et génétique - Hominidés
www.hominides.com › html › dossiers › race - Source : https://www.hominides.com/html/dossiers/race.php
22.
Existe-t-il différentes races d’Hommes - L’Homme en questions lhommeenquestions.museedelhomme.fr › existe-t-il-diff...-30 mai 2019 - Paul Verdu, éco-anthropologue et ethnobiologiste, spécialiste de la génétique des populations humaines - Musée de l’Homme.
23.
Existe-t-il un lien entre le Q.I. et le pays d’où l’on vient ? 20 février 2020 - Document ‘licra.org’
C’est ce qu’affirme la ’carte du Q.I.’, utilisée sur Internet par des gens à l’idéologie raciste.
Une carte mondiale du Q.I. ? franceinfo vidéo https://www.facebook.com/franceinfovideo/videos/624762901621627/
LICRAÀ propos - Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme : En première ligne contre le racisme et l’antisémitisme depuis plus de 90 ans.
Fichier:Logo-licra.png — Wikipédia
Rubrique D – Les droits des êtres humains, le racisme et l’antisémitisme
24.
La Déclaration universelle des droits de l’homme – Document ‘Nations Unies’
Le 10 décembre 1948, les 58 États Membres qui constituaient alors l’Assemblée générale ont adopté la Déclaration universelle des droits de l’homme à Paris au Palais de Chaillot (résolution 217 A (III)).
Pour commémorer son adoption, la Journée des droits de l’homme est célébrée chaque année le 10 décembre. Ce document fondateur - traduit dans plus de 500 langues différentes - continue d’être, pour chacun d’entre nous, une source d’inspiration pour promouvoir l’exercice universel des droits de l’homme.
Préambule
Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde.
Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité et que l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l’homme.
Considérant qu’il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un régime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression.
Considérant qu’il est essentiel d’encourager le développement de relations amicales entre nations.
Considérant que dans la Charte les peuples des Nations Unies ont proclamé à nouveau leur foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité des droits des hommes et des femmes, et qu’ils se sont déclarés résolus à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande.
Considérant que les Etats Membres se sont engagés à assurer, en coopération avec l’Organisation des Nations Unies, le respect universel et effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
Considérant qu’une conception commune de ces droits et libertés est de la plus haute importance pour remplir pleinement cet engagement.
L’Assemblée générale proclame la présente Déclaration universelle des droits de l’homme comme l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l’esprit, s’efforcent, par l’enseignement et l’éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d’en assurer, par des mesures progressives d’ordre national et international, la reconnaissance et l’application universelles et effectives, tant parmi les populations des Etats Membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction… »
Lire les divers articles à la source : https://www.un.org/fr/universal-declaration-human-rights/
25.
Les droits de l’homme, c’est quoi ? – Document du Conseil de l’Europe
Repères : Manuel pour la pratique de l’éducation aux droits de l’homme avec les jeunes
Les droits de l’homme sont une sorte d’armure : ils vous protègent ; ce sont aussi des règles qui vous disent comment vous comporter ; enfin, ce sont des juges auxquels vous pouvez faire appel. Ils sont abstraits - tout comme les émotions ; et, comme, les émotions, ils appartiennent à tous et existent quoi qu’il arrive.
Ils sont comme la nature, car ils peuvent être violés ; ils sont aussi comme l’esprit, car ils ne peuvent être détruits. Comme le temps, ils nous réservent à tous le même traitement - que nous soyons riches ou pauvres, jeunes ou vieux, blancs ou noirs, grands ou petits. Concernant les droits de l’homme, nous pouvons parfois ne pas être d’accord au sujet de leur définition – comme de celle du bien, de la confiance et de la justice ; mais, dans la pratique, nous les reconnaissons sans hésitation.
Question : Comment définissez-vous les droits de l’homme ? Comment les expliquez-vous ?
« Quand nous parlons du droit d’une personne sur une chose, nous voulons dire que cette personne est fondée à exiger de la société qu’elle la protège et la maintienne en possession de cette chose, soit par la force de la loi, soit par celle de l’éducation et de l’opinion. ». John Stuart Mill
Un droit est une revendication justifiée. J’ai droit aux produits qui se trouvent dans mon panier si je les ai payés. Les citoyens ont le droit d’élire un président si la constitution de leur pays le prévoit. Un enfant a le droit d’être emmené au zoo si ses parents le lui ont promis. Nous sommes en droit d’attendre toutes ces choses compte tenu des promesses faites ou des garanties données par une tierce personne. Les droits de l’homme sont des « super revendications », mais avec une différence ; ils ne dépendent ni des promesses ni des garanties données par une tierce personne. Le droit à la vie d’un individu ne dépend pas de la promesse d’un tiers de ne pas le tuer : sa vie en dépend peut-être, mais en aucun cas son droit à la vie. Le droit à la vie de cette personne ne dépend que d’une seule chose : son statut d’être humain.
L’acceptation des droits de l’homme signifie accepter que chacun est en droit de formuler ces revendications : j’ai tels ou tels droits, quoi que vous disiez ou fassiez, parce que je suis un être humain, tout comme vous. Les droits de l’homme sont inhérents à tout être humain dès sa naissance.
Pourquoi cette revendication se suffirait-elle à elle seule ? Pourquoi n’exigerions-nous pas des êtres humains qu’ils méritent leurs droits ? Fondamentalement, cette revendication est d’ordre moral ; elle repose sur des valeurs morales. En réalité, mon droit à la vie signifie que personne n’a le droit de m’ôter la vie ; ce serait mal agir. Présentée en ces termes, cette revendication n’a pas besoin d’être étayée. Tout lecteur est probablement d’accord avec cette revendication, parce que nous reconnaissons tous, dans notre propre cas, qu’il y a certains aspects de notre vie, de notre être, qui devraient être inviolables et intouchables, parce qu’ils sont essentiels à notre existence, à ce que nous sommes et à qui nous sommes ; ils sont essentiels à notre humanité et à notre dignité humaine. Sans droits de l’homme, nous ne pourrions réaliser notre plein potentiel. Les droits de l’homme étendent cette perception individuelle à tous les être humains de la planète. Si je peux formuler ces revendications, alors les autres aussi.
A chaque fois que la justice meurt, c’est comme si elle n’avait jamais existé. José Saramago
Question : Pourquoi est-ce mal d’enfreindre le droit à la vie des autres ? Pourquoi est-ce mal de prendre la vie des autres ? Ces deux questions sont-elles les mêmes ?
Je considère la peine de mort comme une institution sauvage et immorale qui sape les fondements moraux et juridiques d’une société… Je suis convaincu que la sauvagerie n’engendre que la sauvagerie. Andrei Sakharov
Deux valeurs clés constituent le fondement de l’idée des droits de l’homme ; la première est celle de la dignité humaine et la deuxième celle de l’égalité. Ainsi, d’une certaine façon, les droits de l’homme définissent ces normes sans lesquelles une vie ne serait pas digne ; et leur universalité découle du fait que, à cet égard, tous les humains sont égaux. Nous ne devrions, et ne pouvons, faire de discrimination entre les hommes.
Ces deux croyances - ou valeurs - sont véritablement l’unique condition nécessaire pour adhérer à l’idée des droits de l’homme. Et ces croyances sont fort peu sujettes à controverse. C’est pourquoi l’idée de droits de l’homme bénéficie du soutien non seulement de toutes les cultures dans le monde, mais également de tous les gouvernements civilisés et de toutes les grandes religions. Il est reconnu de façon quasiment universelle que le pouvoir de l’Etat ne peut être ni illimité, ni arbitraire ; il doit au contraire être limité, au moins de manière à permettre à tous les individus relevant de sa juridiction de vivre selon certaines exigences minimales de dignité humaine.
De nombreuses autres valeurs, qui découlent des deux précitées, peuvent aider à définir plus précisément comment, dans la pratique, les peuples et les sociétés devraient coexister. Par exemple :
La liberté : parce que la volonté humaine est une part importante de la dignité humaine. Etre forcé d’agir contre sa volonté avilit l’esprit de l’homme.
Le respect des autres : parce qu’en manquant de respect à une personne, nous négligeons son individualité et sa dignité essentielle.
La non-discrimination : parce que l’égalité dans la dignité humaine signifie que nous ne devons pas juger les droits et opportunités dont bénéficient les autres personnes sur la base des caractéristiques qu’elles présentent.
La tolérance : parce que l’intolérance dénote un manque de respect vis-à-vis de la différence ; et parce qu’égalité n’est pas synonyme d’uniformité.
La justice : parce que les êtres humains, égaux dans leur humanité, méritent d’être traités de façon équitable.
La responsabilité : parce que le respect des droits des autres englobe la responsabilité de ses propres actions et la mobilisation d’efforts pour la réalisation des droits de tout un chacun.
Les caractéristiques des droits de l’homme
[La souffrance ne t’est pas agréable, pas plus qu’elle ne l’est aux autres. Conscient de ce principe d’égalité, traite les autres avec respect et compassion. Suman Suttam]
Si la nature des droits de l’homme continue d’alimenter la réflexion des philosophes, l’étonnant engagement de la communauté internationale envers les droits de l’homme a démarré avec l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948. Depuis, la communauté internationale a introduit les concepts forts énoncés par la DUDH dans de nombreux instruments juridiques nationaux, régionaux et internationaux. A l’origine, la DUDH ne devait pas être juridiquement contraignante mais, compte tenu de l’introduction subséquente de ses normes dans de nombreux traités contraignants (également appelés « conventions » ou « pactes »), le socle juridique qu’elle constitue est aujourd’hui incontestable. Selon ses principes :
Les droits de l’homme sont inaliénables
Cela signifie que vous ne pouvez les perdre, car ils sont inhérents à l’existence de l’homme, ils sont inhérents à tous les êtres humains. Dans certaines circonstances particulières, certains de ces droits - pas tous - peuvent se trouver suspendus ou limités.
Par exemple, un individu accusé d’un crime peut être privé de liberté ; en situation d’urgence nationale, un gouvernement peut en faire la déclaration publique et déroger à certains droits, par exemple en imposant un couvre-feu qui va réduire la liberté de mouvement des citoyens.
Ils sont indissociables, interdépendants et intimement liés
Cela signifie que des droits différents sont intrinsèquement liés et qu’ils ne peuvent par conséquent pas être considérés indépendamment les uns des autres. La jouissance d’un droit donné dépend de la jouissance de nombreux autres droits ; aucun droit ne prévaut sur un autre.
Les droits de l’homme sont universels. Ce qui signifie qu’ils s’appliquent également à tous les individus partout dans le monde, sans limite de temps. Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamées sans distinction aucune, notamment de « race » ou d’antécédents ethniques, de couleur, de sexe, d’orientation sexuelle, de handicap, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine sociale ou nationale, de naissance ou de toute autre situation.
La souveraineté des Etats implique une responsabilité, et c’est à l’Etat lui-même qu’incombe, au premier chef, la responsabilité de protéger son peuple. Rapport de la Commission internationale de l’intervention et de la souveraineté des Etats, 2001
Il convient à ce titre de souligner que l’acceptation de l’universalité des droits de l’homme ne menace en aucune façon la diversité des individus induite par des cultures différentes. Universalité n’est pas synonyme d’uniformité. La diversité exige un monde dans lequel tous les individus sont égaux et ont droit au même respect. Les droits de l’homme font office de normes minimales applicables à l’ensemble des êtres humains ; chaque Etat, chaque société est libre de définir et d’appliquer des normes plus élevées et plus spécifiques. Par exemple, dans le domaine des droits économiques, sociaux et culturels, il est fait état de l’obligation de prendre des mesures pour parvenir progressivement à la réalisation pleine et entière de ces droits, mais pas de lever des impôts pour ce faire. Il appartient à chaque pays et société d’adopter les politiques appropriées à la lumière de sa situation spécifique.
L’idée selon laquelle les hommes possèdent des droits inhérents est ancrée dans beaucoup de cultures et traditions anciennes. Maints exemples de guides vénérés et de code d’usages influents confirment que les valeurs contenues dans les droits de l’homme ne sont ni une « invention occidentale », ni une avancée du 20ème siècle. Les droits de l’homme sont une réponse aux besoins humains universels et à la quête de justice. Toutes les sociétés humaines ont des idéaux et des systèmes qui permettent de garantir la justice, que ce soit dans la tradition orale ou écrite, même si toutes ces traditions n’ont pas survécu.
L’histoire ancienne
- Le code d’Hammourabi en Babylonie (Iraq, environ 2000 av. J.-C.) fut le premier code juridique écrit, à l’instigation du Roi de Babylone. Il était destiné « à faire régner la justice dans le royaume, à détruire les mauvais et les violents, à empêcher les forts d’opprimer les faibles… à illuminer le pays et à promouvoir le bien-être du peuple ».
- Il a été rapporté qu’un pharaon de l’Egypte ancienne (environ 2000 av. J.-C.), lorsqu’un pétitionnaire arrivait de Haute ou de Basse Egypte, demandait à ses subordonnés de s’assurer que tout soit fait selon la loi et dans le respect des coutumes, et que le droit de chacun soit respecté.
- La Charte de Cyrus (Iran, environ 570 av. J.-C.), rédigée par le Roi de Perse pour le peuple de son Royaume, reconnaissait les droits à la liberté, à la sécurité, à la tolérance religieuse, à la liberté de mouvement, l’interdiction de l’esclavage, ainsi que certains droits économiques et sociaux.
- Au coeur des enseignements de Confucius (environ 500 av. J.-C.) se trouve le concept de ren ou de compassion et d’amour de l’autre. Confucius disait, « Ce que tu ne veux pas que l’on te fasse, ne le fais pas aux autres ». Le Dr Peng-chun Chang, expert chinois du confucianisme qui a joué un rôle de premier plan dans la rédaction de la DUDH (voir section 5.6.1 ci-après), était convaincu que le confucianisme était à l’origine de l’idée de droits de l’homme.
- L’Imâm Ali ibn el Hussein a rédigé l’Epître des droits au début du 8e siècle apr. J.-C. A notre connaissance, cette lettre est le premier document à énoncer les droits fondamentaux tels qu’ils étaient conçus à l’époque, et la première tentative pour ne pas les approcher dans leur dimension négative. L’Epître répertorie méthodologiquement 50 de ces droits, dont l’esprit a été repris dans les premiers préceptes islamiques.
- La Charte du Mandé (1222 apr. J.-C) et la Charte de Kurukan Fuga (1236 apr. J.-C), basées sur la codification des traditions orales d’Afrique occidentale, défendent des principes comme la décentralisation, la protection de l’environnement, les droits de l’homme et la diversité culturelle.
Une personne est une personne à travers d’autres personnes.
- La vision africaine du monde, l’Ubuntu, restitue l’essence de la signification de l’être humain. L’Ubuntu met l’accent sur le respect de l’ensemble des membres de la communauté, l’hospitalité et la générosité. Le concept d’Ubuntu se résume dans cette phrase : « une personne est une personne à travers d’autres personnes ». Ce concept a des implications profondes pour les droits de l’homme. Si nous sommes humains par le biais des autres, alors en privant les autres d’humanité, nous nous déshumanisons également – d’où la nécessité de promouvoir les droits d’autrui, de donner et de recevoir le pardon et de respecter les droits de l’homme des autres.
Question : Quelles personnalités (politiques, littéraires et religieuses), dans l’histoire de votre pays, se sont battus pour les valeurs des droits de l’homme ou ont défendu leur cause ?
Du 13e au 18e siècle
Tout au long de l’histoire, des voix se sont élevées contre l’oppression et ont été entendues ; de tout temps, des visions de la libération des hommes ont été occultées. Tandis que nous avancions vers les temps modernes, ces voix et ces visions ont été traduites en programmes d’action sociale et, parfois, intégrées dans les constitutions des Etats. Micheline R. Ishay
La liberté, c’est le pouvoir que nous avons sur nous-mêmes. Hugo de Groot
L’évolution de l’idée de droits de l’homme universels a ses fondements dans les notions de dignité et de respect qu’ont promu de nombreuses civilisations dans le monde au cours des siècles. Toutefois, il faudra encore bien des générations pour que ces notions s’imposent dans le droit. Nous puisons souvent dans l’histoire pour légitimer la notion de droits. Nul doute que, grâce à une connaissance plus exhaustive de l’histoire, nous découvrirons qu’elle a également joué un rôle en faveur de la légitimation des droits dans d’autres cultures.
- En 1215, les membres du clergé et les nobles britanniques contraignent le roi d’Angleterre à respecter la loi en rédigeant une Grande Charte des libertés (Magna Carta). Mais la Magna Carta ne protégeait que les droits des privilégiés (nobles) et, de ce fait, n’est pas un instrument de droits de l’homme. Pour autant, elle deviendra un document de référence en matière de défense des libertés parce qu’elle représentait une limite au pouvoir du roi et la reconnaissance des droits et libertés des autres.
Une déclaration des droits, ce sont les prérogatives dont sont titulaires les individus envers tout gouvernement de la planète, en général ou de façon spécifique, et qu’aucun gouvernement juste ne devrait refuser de reconnaître. Thomas Jefferson, 1787
- En 1689, le Parlement d’Angleterre vote une loi qu’il ne tolérera plus d’ingérence royale dans ses affaires. Cette loi, connue sous le nom de Déclaration des Droits, interdisait au monarque de suspendre l’application de la loi sans le consentement du Parlement, prévoyait l’élection libre des membres du Parlement et affirmait que la liberté d’expression dans le cadre du Parlement ne pouvait être remise en cause par aucun tribunal.
- Pour beaucoup, Hugo de Groot (1583–1645) est à l’origine du droit international. Son ouvrage On the laws of war and peace propose un système de principes généraux basés sur le « droit naturel » qui, selon lui, devait s’imposer à toutes les nations, quels que soient les coutumes et les droits locaux. Au cours des 17e et 18e siècles en Europe, plusieurs philosophes ont affiné encore le concept de « droits naturels ».
- John Locke (1689) a élaboré une théorie selon laquelle tout être humain possède certains droits qui lui viennent de sa propre nature et non de son gouvernement ou de ses lois. La légitimité du gouvernement, en fait, reposait sur le respect qu’il assurait à ces droits naturels. L’idée que ces droits naturels devaient garantir aux individus certaines protections juridiques a été de plus en plus largement acceptée et progressivement traduite dans les constitutions de quelques pays. Les droits de l’homme reformuleront cette idée et affirmeront cette même relation entre le gouvernement et ses citoyens.
- En 1776, la plupart des colonies britanniques d’Amérique du Nord ont proclamé leur indépendance à l’égard de l’Empire britannique dans le cadre de la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis. Cette déclaration reposait largement sur les théories des “droits naturels” de Locke et Montesquieu Basée sur la conviction que contenir le pouvoir du gouvernement et protéger les libertés était essentiel, la Déclaration a permis de promouvoir diverses notions, et notamment : le caractère inaliénable des droits, la protection des droits individuels, la liberté d’expression, de la presse, de pétition et d’association, le respect de la vie privée, l’Etat de droit, l’égalité devant la loi et la liberté de culte.
Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 1789. France
- En 1789, les Français renversent leur monarchie et instituent la Première République française. La Déclaration française des droits de l’homme et du citoyen, fruit de la révolution, a été rédigée par des représentants du clergé, des nobles et des roturiers pour donner forme aux réflexions des chefs de file de la Lumière, tels que Voltaire, Montesquieu, les encyclopédistes et Rousseau. Elle s’en prenait au système juridique et politique de la monarchie et définissait les droits naturels de l’homme comme « la liberté, la propriété, la sécurité et le droit de résister à l’oppression ». Elle a remplacé le système des privilèges aristocratiques en vigueur sous la monarchie par le principe de l’égalité devant la loi. Ces notions égalitaires et le concept théorique de droits égaux, toutefois, ont mis du temps à prendre forme dans la réalité. La société était alors profondément inégale, et la mise en oeuvre de la Déclaration prendra des générations.
Les hommes étant… par nature libres, égaux et indépendants… aucun individu ne peut… être soumis au pouvoir politique d’un autre sans son consentement. John Locke
Les premières conventions internationales : esclavage et travail
Aux 19e et 20e siècles, plusieurs droits de l’homme sont venus au devant de la scène, alimentant des débats au niveau international dans un premier temps sur les questions d’esclavage, de servitude, de conditions de travail et de travail des enfants. C’est à cette époque qu’ont été adoptés les premiers traités internationaux en matière de droits de l’homme. Bien qu’offrant indubitablement des protections utiles, de tels pactes reposaient sur un engagement mutuel entre Etats. Il y a là un contraste fort avec les conventions actuelles en matière de droits de l’homme, qui contiennent des obligations qui s’imposent directement aux détenteurs de droits individuels.
- L’esclavage est devenu illégal en France et en Angleterre au début du 19e siècle et, en 1814, les gouvernements français et britannique ont signé le Traité de Paris dans le but de coopérer à la suppression du trafic d’esclaves. Lors de la Conférence de Bruxelles, en 1890, une loi contre l’esclavage a été signée ; elle sera ratifiée par dix-huit Etats. Ce texte a affirmé l’intention de mettre un terme à la traite des esclaves africains.
Mieux vaut être libre et mourir de faim qu’être un esclave bien nourri. Esope
- Mais, toutefois, il ne traitait pas du travail forcé et des conditions de travail inhumaines. Même la Convention relative à l’esclavage de 1926, qui devait abolir l’esclavage sous toutes ses formes, n’a pas eu d’impact sur les pratiques en vigueur en matière de travail forcé avant les années 1940.
- La création de l’Organisation internationale du travail (OIT) en 1919 reflétait la croyance qu’une paix universelle et durable ne pouvait être réalisée que sur la base de la justice sociale. L’OIT a élaboré un système de normes internationales du travail qui défend un travail décent et productif, la liberté, l’équité, la sécurité et la dignité.
- Entre autres domaines de travail, l’OIT s’est engagée dans la lutte contre le travail des enfants, en particulier dans ses pires formes. A ce jour, elle a mené plusieurs actions en la matière, dont la promotion de plusieurs traités internationaux relatifs au travail des enfants et notamment sa Convention n° 182 du 17 juin 1999 concernant l’interdiction des pires formes de travail des enfants et sa Convention n° 138 concernant l’âge minimal d’admission à l’emploi.
- Entre 1899 et 1977, plusieurs traités fondamentaux dans le domaine du droit humanitaire international ont été adoptés, ouvrant un autre domaine de coopération entre les nations. Le droit humanitaire international réglemente le déroulement des conflits armés. Les droits de l’homme peuvent bien évidemment s’appliquer parallèlement au droit humanitaire international dans de nombreux domaines, par exemple concernant le traitement des prisonniers. Toutefois, le droit humanitaire international couvre de façon plus spécifique et détaillée de nombreuses autres préoccupations en temps de conflit, et notamment en relation aux armes et tactiques militaires qu’il est permis d’utiliser.
Question : A votre avis, pourquoi le besoin de conventions internationales s’est-il fait ressentir, alors que les pays auraient pu, chacun de leur côté, définir leurs propres normes ?
Le 20e siècle
Les guerres continueront tant qu’il (l’homme) n’aura pas constaté que la nature humaine est identique à n’importe quel endroit de la terre. Pierre Daco, psychologue
L’idée consistant à protéger juridiquement les droits de l’homme des abus du pouvoir central a commencé à être plus largement acceptée au 20e siècle, notamment avec la création de la Ligue des Nations et l’Organisation internationale du travail, et leur action en faveur du droit des minorités, sur le travail et d’autres questions. Certains Etats avaient même déjà reconnu l’importance de codifier ces droits sous forme écrite. C’est ainsi que les documents précités sont devenus les précurseurs de nombreuses conventions sur les droits de l’homme aujourd’hui en vigueur. Certains Etats avaient même déjà reconnu l’importance de codifier ces droits sous forme écrite. C’est ainsi que les documents précités sont devenus les précurseurs de nombreuses conventions sur les droits de l’homme aujourd’hui en vigueur. Pourtant, ce sont les événements de la Deuxième Guerre mondiale qui ont propulsé les droits de l’homme sur la scène internationale. Les terribles atrocités commises pendant la seconde guerre mondiale, dont l’Holocauste et les nombreux crimes de guerre, ont favorisé l’émergence d’un autre arsenal de droit international et, surtout, la formulation des droits de l’homme tels que nous les connaissons aujourd’hui.
La Charte des Nations Unies, signée le 26 juin 1945, reflète cette conviction. Cette charte stipule que l’objectif fondamental des Nations Unies est de « préserver les générations futures du fléau de la guerre » et de « proclamer à nouveau sa foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des femmes ».
La Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) a été rédigée par la Commission des droits de l’homme, organe des Nations Unies, et adoptée par son Assemblée générale le 10 décembre 1948. La Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) a été rédigée par la Commission des droits de l’homme, organe des Nations Unies, et adoptée par son Assemblée générale le 10 décembre 1948. La DUDH, indubitablement avant-gardiste, reste l’instrument international de droits de l’homme le plus important. Même si elle n’a pas été conçue pour être juridiquement contraignante, elle a inspiré quantité d’engagements envers les droits de l’homme aux niveaux tant national, régional, qu’international. Depuis, plusieurs instruments clés visant à sauvegarder ces principes ont été institués et acceptés par la communauté internationale. La suite de ce chapitre apporte de plus amples informations sur certaines de ces conventions internationales, ainsi que des données sur la Convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
Les droits de l’homme dans le monde
Après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, plusieurs régions du monde ont établi leurs propres systèmes, parallèlement à celui des Nations Unies, pour protéger les droits de l’homme. A ce jour, il existe des institutions régionales en Europe, en Amérique et en Afrique.
Dans le monde arabe et au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-est (ANASE ou ASEAN), des initiatives ont été lancées pour institutionnaliser des normes régionales en matière de droits de l’homme. Néanmoins, la plupart des pays de cette région ont ratifié les principaux traités et conventions de l’ONU – signifiant ce faisant leur adhésion à leurs principes généraux et se soumettant ainsi volontairement au droit international en matière de droits de l’homme.
En Europe, le Conseil de l’Europe, véritable gardien des droits de l’homme sur le continent, défend divers mécanismes et normes en matière de droits de l’homme. Son rôle, notamment par le biais de la Convention européenne et de la Cour européenne des droits de l’homme, sera précisé ultérieurement. Parallèlement au Conseil de l’Europe, l’Union européenne et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) jouent également des rôles importants.
L’Union européenne
L’engagement de l’Union européenne envers la protection des droits de l’homme a bénéficié de l’impulsion venue de l’adoption du Traité de Lisbonne, entré en vigueur le 1er décembre 2009, qui a donné son plein effet juridique à la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. La Charte, qui reconnaît un ensemble de droits civils, politiques, économiques et sociaux, exige des Etats membres et de l’Union européenne elle-même qu’ils défendent ces droits. La Cour de justice de l’Union européenne peut déclarer inconstitutionnelle toute législation de l’Union européenne qui va à l’encontre de la Charte et se charge d’examiner la conformité du droit de l’UE tel que mis en oeuvre par les Etats membres – bien que son application au quotidien soit du ressort des tribunaux nationaux. La Charte classe les droits en six catégories ou « chapitres » : dignité, liberté, égalité, solidarité, droits des citoyens et justice. Le chapitre « dignité » garantit le droit à la vie et interdit la torture, l’esclavage et la peine de mort ; la « liberté » inclut le droit à la vie privée, au mariage, à la pensée, la liberté d’expression et de réunion, le droit à l’éducation et au travail, le droit de propriété et d’asile ; l’« égalité » couvre les droits des enfants et des plus âgés ; la « solidarité » protège les droits sociaux et des travailleurs, le droit à des conditions de travail justes, la protection contre tout licenciement injustifié et l’accès aux soins de santé ; les « droits des citoyens » incluent le droit de vote et de liberté de circulation ; tandis que la « justice » englobe des droits comme le droit à un recours effectif, à un jugement équitable et à la présomption d’innocence.
L’Agence européenne des droits fondamentaux (FRA) et une instance experte qui collecte des données concernant la situation des droits fondamentaux dans l’Union européenne et fournit des conseils et des informations sur la façon d’améliorer la situation. Elle ne joue pas un rôle de suivi, mais coopère avec les institutions pertinentes en matière de conseil dans l’objectif d’un exercice amélioré des droits fondamentaux.
L’OSCE http://www.osce.org/odihr
L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) regroupe 56 Etats d’Europe, d’Asie centrale et d’Amérique du nord. Si elle n’est pas spécifiquement dédiée à la protection des droits de l’homme, son approche globale de la sécurité lui permet de couvrir un large éventail de questions, dont les droits de l’homme, les minorités nationales, la démocratisation, les stratégies de maintien de l’ordre, la lutte contre le terrorisme et les activités économiques et environnementales. L’action de l’OSCE dans le domaine des droits de l’homme est conduite par le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (BIDDH). Basé à Varsovie, le BIDDH intervient sur toute la zone couverte par l’OSCE dans les domaines de l’observation des élections, du développement démocratique, des droits de l’homme, de la tolérance et de la non-discrimination, et de l’Etat de droit. Ses activités en direction des jeunes englobent l’éducation aux droits de l’homme, la lutte contre l’antisémitisme et l’islamophobie.
L’Organisation des Etats Américains
Dans la région interaméricaine, les mécanismes et normes en matière de droits de l’homme sont issus de la Déclaration américaine sur les droits et devoirs de l’Homme de 1948 et de la Convention américaine relative aux droits de l’homme de 1969. Des instruments spécifiques ont également été adoptés concernant les réfugiés, la prévention de la torture et la sanction en cas de torture, l’abolition de la peine de mort, les disparitions, la violence contre les femmes, l’environnement et d’autres questions.
L’Union africaine
La Charte africaine des droits des hommes et des peuples est entrée en vigueur en octobre 1986 et, en 2007, avait été ratifiée par 53 Etats. Cette charte est intéressante eu égard aux différences qu’elle présente par rapport aux autres traités adoptés de par le monde.
L’individu a des devoirs envers la communauté dans laquelle seule le libre et plein développement de sa personnalité est possible. Déclaration universelle des droits de l’homme :
- A la différence des conventions européennes ou américaines, la Charte africaine regroupe dans un même texte les droits économiques, sociaux et culturels, ainsi que les droits civils et politiques.
- La Charte africaine va au-delà des droits individuels, en ce qu’elle prévoit des droits collectifs pour les peuples.
- La Charte africaine reconnaît en outre que les individus ont des devoirs, parallèlement à leurs droits, et énonce les droits spécifiques des individus à l’égard de leurs familles, de la société, de l’Etat et de la communauté internationale.
Question : A votre avis, pourquoi est-il fait référence à des devoirs dans une charte des droits de l’homme ? Pensez-vous qu’ils devraient figurer dans tous les documents relatifs aux droits de l’homme ?
La Charte arabe des droits de l’homme
La Commission permanente arabe pour les droits de l’homme fonctionne depuis 1968, mais avec des pouvoirs très spécifiques et restreints concernant la promotion des droits de l’homme. Une Charte arabe des droits de l’homme révisée a été adoptée par la Ligue des Etats arabes en 2004 et est entrée en vigueur en 2008.
Ce document reconnaît des droits économiques et sociaux et des droits civils et politiques, et fait référence à la « civilisation commune » que partagent les Etats arabes.
L’entrée en vigueur de la Charte et de ses mécanismes de suivi – la Commission permanente arabe pour les droits de l’homme et la Sous-commission des droits de l’homme – a été accueillie comme un signe encourageant du progrès des droits de l’homme dans la région. Toutefois, la Charte a aussi fait l’objet de vives critiques faute d’interdire les punitions cruelles, parce qu’elle garantit les droits économiques et sociaux aux seuls citoyens, subordonne certains droits à la charia islamique, autorise l’application de la peine de mort aux enfants si la législation nationale le prévoit et accepte des restrictions à la liberté de pensée, de conscience et de culte si la loi en dispose ainsi.
Anase
Des efforts ont été déployés dans la région de l’Anase pour veiller à ce que cette instance régionale honore son engagement de 2009, à savoir la création de la Commission intergouvernementale des droits de l’homme de l’Anase. En vertu de son mandat de 2009, cette Commission doit veiller au respect des principes internationaux des droits humains – y compris l’universalité, l’indivisibilité, l’interdépendance et l’interrelation de tous les droits de l’homme et des libertés fondamentales, ainsi que l’impartialité, l’objectivité, la non-sélectivité et la non-discrimination –, et éviter toute partialité et toute politisation.
Les droits de l’homme existent pour nous tous. Alors, comment en faire usage ? Il est clair que leur simple existence ne suffit pas à mettre un terme aux violations ; nous savons tous que ces droits sont violés tous les jours quelque part dans le monde. Cela étant, que peuvent-ils apporter concrètement ? Comment les utiliser ?
Question : Pouvez-vous dire quels sont les droits de l’homme que vous possédez ? Savez-vous que faire s’ils font l’objet de violation ?
Reconnaître ses droits
Les valeurs sont comme le vent, invisibles. Pourtant, vous devinez que le vent souffle au balancement des feuilles dans les arbres. Et vous comprenez alors que les valeurs existent grâce aux actions des individus. Éva Ancsel
Dans la section suivante, nous examinons les différents types de droits protégés en vertu du droit international. Pour pouvoir exercer des pressions, nous devons connaître les domaines de l’existence humaine qui relèvent du droit des droits de l’homme et savoir quelles sont les obligations des gouvernements relativement à cette législation. Cette section démontre que presque toutes les sphères où sont commises des injustices relèvent des droits de l’homme : de la pauvreté sur une petite échelle, en passant par les dégâts causés à l’environnement, jusqu’à la santé, les conditions de travail, la répression politique, les droits de vote, le génie génétique, les questions de minorités, le terrorisme, le génocide, etc…
Cette liste est loin d’être exhaustive ; et le nombre de questions ne cesse d’augmenter.
Certaines des questions relatives à l’application de la législation en matière de droits de l’homme sont traitées directement dans la section « Questions et réponses ». Cette section fournit des réponses brèves à quelques-unes des questions les plus courantes sur le sujet. De plus, chacune des sections du chapitre 5 aborde plus en détail les thèmes du manuel. Si vous voulez savoir comment mieux protéger un droit particulier - par exemple le droit à la santé, à l’éducation ou à des conditions de travail équitables -, les informations de référence relativement à ce droit vous seront probablement d’une grande aide.
Utiliser les mécanismes juridiques
Examinons à présent les mécanismes existants pour la protection des divers intérêts des individus Comme en Afrique et aux Etats Unis, il existe en Europe un tribunal chargé de se prononcer sur les plaintes de violation : il s’agit de la Cour européenne des droits de l’homme. Et, lorsque les plaintes ne relèvent pas de la juridiction de la Cour européenne, nous verrons qu’il existe d’autres mécanismes permettant de responsabiliser les Etats de leurs actions et de les contraindre à respecter leurs obligations en vertu du droit des droits de l’homme. L’existence du droit, même en l’absence d’instruments juridiques pour garantir son application par les Etats, reste un atout réel.
Lobbying, campagne et activisme
Ce sont les associations, les organisations non gouvernementales et caritatives et divers autres groupes d’initiative civique qui jouent cet essentiel rôle de pression sur les gouvernements. Cette question est traitée dans la section consacrée à l’activisme et au rôle des ONG. Ces structures mènent une mission capitale notamment pour l’homme – et la femme – de la rue, dans la mesure où elles prennent en charge des cas individuels et offrent à chacun la possibilité de s’impliquer dans la protection des droits de l’homme des autres. Après tout, ces associations sont constituées de personnes ordinaires ! Nous nous intéresserons à la façon dont elles peuvent contribuer à la cause des droits de l’homme, en présentant des exemples d’actions couronnées de succès.
Question : Vous êtes-vous déjà impliqué dans des campagnes ou dans l’activisme en faveur des droits de l’homme ?
S’engager
Dans l’exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés, chacun n’est soumis qu’aux limitations établies par la loi exclusivement en vue d’assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés d’autrui et afin de satisfaire aux justes exigences de la morale, de l’ordre public et du bien-être général dans une société démocratique.
DUDH, article 29 (2)
Le Chapitre 3, “Agir”, replace ces actions dans le quotidien et en cite plusieurs dans lesquelles vous pouvez vous impliquer. Les groupes de jeunes disposent d’un énorme potentiel de pression sur les Etats ou les instances internationales, mais aussi de prévention et de dénonciation des actes de violation des droits de l’homme. Les exemples figurant dans cette section devraient vous suggérer des mesures concrètes envisageables par un groupe de jeunes. Ils devraient aussi vous permettre de mieux appréhender la façon dont les organisations non gouvernementales travaillent au quotidien.
Les dilemmes des droits de l’homme
Faire valoir ses droits, c’est être confronté à toutes sortes d’obstacles. Premièrement, certains gouvernements, partis politiques ou leurs candidats, mais aussi des acteurs économiques et sociaux et de la société civile emploient le langage des droits de l’homme sans engagement envers les objectifs qui leur sont inhérents. Parfois, cela peut s’expliquer par une médiocre compréhension de ce qu’appellent les normes en matière de droits de l’homme ; d’autres fois, cette utilisation abusive vient de la volonté de faire croire au monde entier que l’on respecte les droits de l’homme pour donner une bonne image de soi. Deuxièmement, des gouvernements, des partis politiques ou leurs candidats, ou encore les acteurs de la société civile critiquent les violations des droits de l’homme lorsqu’elles sont commises par d’autres alors qu’eux-mêmes négligent de défendre les normes qui vont de pair avec ces droits ; cette tendance à pratiquer la « double norme » suscite souvent la critique. Troisièmement, il arrive que, au nom de la protection des droits des autres, les droits de l’homme fassent l’objet de restrictions – qui, bien évidemment, peuvent être légitimes ; car les droits ne sont pas sans limite, et les exercer ne doit pas se faire au détriment des droits d’autrui. Pour autant, nous devons veiller à ce que « la protection des droits des autres » ne soit pas une fausse excuse aux limites imposées. Une société civile engagée et une justice indépendante sont donc indispensables à l’exercice d’un contrôle en la matière. Quatrièmement, protéger les droits d’un groupe peut parfois impliquer de restreindre les droits des autres – ce qui n’a rien à voir avec l’exemple précédent. L’appréciation de ces cas de figure n’est d’ailleurs pas facile.
Les conflits de droits
Néanmoins, des « conflits de droits » se produisent parfois, que ce soit entre des droits spécifiques ou entre les mêmes droits de personnes différentes. Par exemple, lorsque deux patients ont besoin d’une transplantation cardiaque pour survivre alors qu’un seul coeur est disponible, le droit à la vie de l’un des patients est en conflit avec le même droit de l’autre. Un autre exemple est celui de l’euthanasie, où le droit à la vie de la personne s’oppose à son droit de mourir ou de ne pas subir de traitement dégradant ; là, ce sont deux droits d’une même personne qui sont en conflit. Une troisième situation est celle où différents droits de différentes personnes divergent, comme ce fut le cas dans l’affaire Communauté juive d’Oslo et autres c. Norvège présentée au Comité des Nations Unies pour l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. En 2000, un groupe répondant au nom de « Bootboys » avait défilé en l’honneur du dirigeant nazi Rudolf Hess. Devant les participants vêtus d’uniformes « semi-militaires », le chef de file de la manifestation, M. Terje Sjolie, avait prononcé un discours antisémite auquel la foule avait répondu par des saluts nazis répétés, aux cris de « Sieg Heil ». Dans cette affaire, un conflit opposait le droit à la liberté d’expression de M. Sjolie et le droit de la communauté juive à ne pas faire l’objet de discrimination. En l’espèce, le Comité a estimé que les propos de M. Sjolie contenaient des idées fondées sur la supériorité ou la haine raciales, et que ces déclarations manifestement agressives n’étaient pas protégées par le droit à la liberté d’expression.
Les traditions culturelles
Il semble de plus en plus évident que les mutilations génitales féminines, les crimes d’honneur, les mariages forcés et d’autres pratiques se poursuivront tant que les femmes ne seront pas considérées comme des personnes participant de façon pleine et entière à la vie sociale, économique, culturelle et politique de leurs communautés. Halima Embarek Warzazi1
Les pratiques culturelles coutumières reflètent les valeurs et les croyances des membres d’une communauté durant des périodes qui s’étendent sur plusieurs générations. Tout groupe social dans le monde a ses pratiques et croyances culturelles coutumières qui lui sont propres ; certaines sont bénéfiques à l’ensemble des membres du groupe, tandis que d’autres sont préjudiciables à une catégorie spécifique, les femmes par exemple. Ces pratiques traditionnelles préjudiciables incluent : les mutilations génitales féminines (MGF), le gavage des femmes, le mariage précoce, les pratiques et tabous pour contrôler la fertilité des femmes, les tabous alimentaires, les pratiques obstétricales traditionnelles, la préférence des garçons et son implication sur le statut des fillettes, l’infanticide féminin, les grossesses précoces et la dot. Bien que ces pratiques soient néfastes et qu’elles violent le droit international en matière de droits de l’homme, elles perdurent faute de remise en question et à cause de l’aura de moralité qu’elles ont aux yeux des personnes qui les exercent. Haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies
Pratiques traditionnelles préjudiciables
Les pratiques qui nuisent à la santé des femmes et des enfants et bafouent les normes internationales en matière de droits de l’homme sont généralement dites « pratiques traditionnelles préjudiciables ». Toutes les pratiques traditionnelles ne font pas partie de cette catégorie mais, lorsque c’est le cas, nous devons être en mesure de les remettre en cause et tenter d’y mettre un terme.
Les mariages arrangés sont une pratique courante dans beaucoup de cultures. Cette pratique oblige des femmes et parfois même des hommes, souvent très jeunes, à épouser une personne choisie par leur famille. (Notez qu’un mariage arrangé est différent d’un mariage forcé). Faudrait-il interdire de telles pratiques pour protéger les enfants et les droits des jeunes ? Ou bien serait-ce un non-respect d’une tradition culturelle ?
Dans ce même registre, il faut citer la pratique, encore en vigueur dans beaucoup de pays, des mutilations génitales féminines. Des milliers de personnes souffrent des conséquences de ces pratiques. En outre, il est fort probable que beaucoup les considèrent comme une grave violation des droits humains. Faut-il « tolérer » les mutilations génitales féminines en tant que spécificité culturelle ou les considérer comme une violation du droit de la personne à l’intégrité physique et à la santé ?
S’il convient de ne pas perdre de vue l’importance des particularismes nationaux et
régionaux et la diversité historique, culturelle et religieuse, il est du devoir des Etats, quel qu’en soit le système politique, économique et culturel, de promouvoir et de protéger tous les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales. Déclaration de Vienne (1993)
La protection de l’ensemble des droits de la personne humaine de tous exige le refus des pratiques traditionnelles préjudiciables. Personne ne peut être privé de ses droits et de sa dignité aux motifs de la tradition et de la culture, ne serait-ce que parce que les traditions ne sont pas immuables : elles changent et évoluent, et ce qui était souvent vrai il y a une vingtaine d’années n’a plus de sens pour les générations actuelles. Les pratiques traditionnelles préjudiciables nous rappellent aussi que la promotion des droits de l’homme passe par des programmes éducatifs et des efforts. Beaucoup de ces pratiques ne peuvent être éradiquées par le seul moyen de la répression et de la condamnation ; l’éducation et l’engagement de toutes les personnes concernées sont indispensables. Même si les Etats, en tant que signataires de traités internationaux en matière de droits de l’homme, en portent l’ultime responsabilité, ce sont les actes individuels, souvent accomplis avec le soutien des familles et des communautés, qui favorisent le maintien de ces pratiques. Le changement ne peut être imposé « d’en haut » ; pour être effectif, il exige un travail éducatif régulier avec les familles et les communautés concernées – seule façon de concilier la promotion des droits de l’homme avec ce qui peut être perçu comme des pratiques voire des droits culturels spécifiques.
Question : Les pratiques culturelles doivent-elles prévaloir sur l’universalité des droits de l’homme ?
Des sanctions sont parfois prises par la communauté internationale afin de pénaliser les régimes jugés coupables de violations systématiques des droits de l’homme. Généralement, les sanctions mises en oeuvre interdisent le commerce avec le pays coupable, le but étant de contraindre le gouvernement à modifier ses pratiques. Ces sanctions sont parfois décidées unilatéralement par un Etat et parfois adoptées par le Conseil de sécurité de l’ONU. Certains pays ont ainsi été totalement isolés par la communauté internationale : cela a été le cas de l’Afrique du Sud pendant des années à cause de son odieux système d’apartheid et, ces dernières décennies, des sanctions ont été infligées à l’Iraq, la Corée du Nord, l’Iran et d’autres pays encore. Indubitablement, ces sanctions ont des répercussions « normales » aux yeux de certains, mais qui affectent plus particulièrement les catégories les plus vulnérables de la société. Est-ce un moyen acceptable pour la communauté internationale de mettre un terme aux violations des droits de l’homme commises par certains Etats ?
Dans son rapport intitulé « La responsabilité de protéger », la Commission internationale pour l’intervention et la souveraineté d’Etat appelle à la prudence et met l’accent sur la prévention plutôt que sur la réaction. Quand, toutefois, la communauté internationale doit recourir à « la mesure exceptionnelle et extraordinaire » de « l’intervention militaire à des fins de protection humaine », la Commission insiste sur la limite à ne pas franchir que représentent des pertes considérables en vies humaines ou un « nettoyage ethnique » à grande échelle. Quoi qu’il en soit, le rapport préconise les « principes de précaution » ci-après :
- Bonne intention : Le but primordial de l’intervention, peu importe les autres motivations qui animent les Etats intervenants, doit être de faire cesser ou d’éviter des souffrances humaines. Pour satisfaire au mieux le principe de bonne intention, les opérations doivent avoir un caractère multilatéral et bénéficier du soutien manifeste de l’opinion publique de la région et des victimes concernées.
La justice est le droit du plus faible. Joseph Joubert
- Dernier recours : L’intervention militaire ne peut se justifier que lorsque toutes les voies non militaires de prévention ou de règlement pacifique des crises ont été explorées, avec des motifs raisonnables de penser que des mesures moins radicales n’auraient pas donné le résultat escompté.
- Proportionnalité des moyens : Dans son ampleur, dans sa durée et dans son intensité, l’intervention militaire envisagée doit correspondre au minimum nécessaire pour atteindre l’objectif de protection humaine poursuivi.
- Perspectives raisonnables : Une action militaire ne peut être justifiée que si elle a des chances raisonnables de réussir, c’est-à-dire de faire cesser ou d’éviter les souffrances ayant motivé l’intervention, les conséquences de l’action ne devant pas être pires que celles de l’inaction.
Avec du recul, ces précautions vous semblent-elles avoir été prises, par exemple, dans le cas de la réponse de la communauté internationale au massacre de Srebrenica en 1995, des bombardements de l’OTAN sur le Kosovo en 1999 ou encore de l’intervention en Afghanistan en 2003 ? Ces actions se justifient-elles par leurs résultats si elles sont aussi responsables d’un grand nombre de morts ?
Question : La défense des droits de l’homme peut-elle servir à justifier une action militaire ?
Quand une population souffre gravement des conséquences d’une guerre civile, d’une insurrection, de la répression exercée par l’Etat ou de l’échec de ses politiques, et lorsque l’Etat en question n’est pas disposé ou apte à mettre un terme à ces souffrances ou à les éviter, la responsabilité internationale de protéger prend le pas sur le principe de non-intervention.
Rapport de la Commission internationale pour l’intervention et la souveraineté d’Etat, 2001
En avril 2001, une résolution de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies a rejeté la notion selon laquelle la lutte contre le terrorisme pouvait justifier que soient sacrifiées les protections des droits de l’homme. La Résolution 2001/24 a condamné les attaques armées liées au conflit dans la République de Tchétchénie de la Fédération de Russie, les violations du droit humanitaire perpétrées par les combattants tchétchènes et certaines méthodes employées par les forces fédérales russes en Tchétchénie. Elle a demandé à la Fédération de Russie de créer une commission d’enquête nationale indépendante, conformément aux normes internationales reconnues, aux fins d’enquêter sur les violations.
Les droits de l’homme : en perpétuelle mutation, en perpétuelle évolution
Les questions soulevées dans la précédente section n’ont pas de réponses tranchées : elles continuent à faire l’objet de débats acharnés, aujourd’hui encore. Dans une certaine mesure, de tels débats sont importants car ils témoignent à la fois de l’approche pluraliste essentielle à la notion de droits de l’homme et du fait que les droits de l’homme ne sont pas une science, pas plus qu’une « idéologie » immuable ; ils sont une sphère de réflexion morale et juridique en expansion. Nous ne pouvons pas toujours en attendre des réponses totalement noires ou totalement blanches. Les questions sont complexes et, pour faire la part des choses de façon appropriée, il s’impose de procéder au cas par cas.
Mais, cela ne signifie pas pour autant qu’il n’existe pas de réponses ou de terrains d’entente. Bien au contraire, et même de plus en plus tous les jours. L’esclavage a été un sujet de débat, mais la tolérance en la matière n’est plus jugée acceptable : le droit à être libre de l’esclavage est aujourd’hui universellement reconnu en tant que droit fondamental. Les mutilations génitales féminines, bien que défendues par certains au nom de la culture, sont aujourd’hui largement condamnées comme une violation des droits de l’homme. Et la peine de mort fait partie du même registre – du moins en Europe, où les Etats membres du Conseil de l’Europe ont soit aboli la peine capitale, soit adopté un moratoire sur les exécutions. En fait, l’abolition de la peine de mort est aujourd’hui une condition indispensable à l’adhésion au Conseil de l’Europe. Selon Amnesty International, plus de deux tiers des pays du monde l’ont abolie, dans la loi ou en pratique. Et, en 2009, tandis que 58 pays avaient conservé la peine de mort, la plupart ne l’avaient pas appliquée.
Aussi, soyons confiants
La plupart de ces questions ne devraient pas tarder à trouver des solutions. Dans l’intervalle, nous pouvons favoriser le débat et nous faire notre propre opinion sur les questions les plus controversées en nous référant à deux valeurs fondamentales : l’égalité et la dignité humaine. Si une action méprise la dignité humaine d’un individu, alors elle viole l’esprit des droits de l’homme.
Notes
1 Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des fillettes.
Repères - Manuel pour la pratique de l’éducation aux droits de l’homme avec les jeunes
Raccourcis
- Les valeurs clés
- Les caractéristiques des droits de l’homme
- Aperçu historique
- Les droits de l’homme dans le monde
- Comment utiliser nos droits ?
- Dilemmes et abus
Chapitres
- Chapitre 1 – L’éducation aux droits de l’homme et Repères : introduction
- Chapitre 2 – Méthodes et activités pratiques pour l’éducation aux droits de l’homme
- Chapitre 3 – Agir pour les droits de l’homme
- Chapitre 4 – Comprendre les droits de l’homme
- Chapitre 5 – Informations de référence sur les thèmes généraux
- Annexes
- GlossaireHaut du formulaire
Conseil de l’Europe - 830 millions de citoyens - 47 états ...
Conseil de l’Europe - 830 millions de citoyens - 47 états membres
Bas du formulaire
Portail du Conseil de l’Europe – Source : https://www.coe.int/fr/web/compass/what-are-human-rights-
26.
’Droits humains’ versus ’Droits de l’Homme’ : en finir avec une logique linguistique discriminatoire - 10 décembre 2018 – Document officiel ‘http://haut-conseil-egalite.gouv.fr’
A l’occasion de la célébration des 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’Homme le 10 décembre 2018, le résultats, y compris pour le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE) appelle préférer l’expression « droits humains » à celle de « droits de l’Homme ».
L’utilisation du terme « droits de l’Homme » - même avec une majuscule qui, par ailleurs, ne s’entend pas à l’oral - n’est pas un détail sémantique sans importance. Cette appellation n’est pas neutre, elle s’inscrit dans une Histoire française qui a longtemps exclu et invisibilisé les femmes.
Continuer à perpétuer cet usage contribue à perpétuer les discriminations envers les femmes.
Le HCE tient à rappeler que la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, dans laquelle s’enracine l’utilisation persistante de « droits de l’Homme » en France, loin d’être universelle, excluait explicitement les femmes, et a longtemps permis de les écarter du droit de vote et de la vie politique. Jamais il n’a été dans l’intention des auteurs de la Déclaration de 1789 d’accorder aux femmes les mêmes droits qu’aux hommes. Faut-il ainsi rappeler que, lorsqu’en 1791 des femmes menées par Olympe de Gouges ont voulu compléter le texte de 1789 en proclamant une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elles ont été persécutées et de Gouges guillotinée ?
La Déclaration universelle des droits de l’Homme (Universal Declaration of Human Rights en anglais) adoptée par les Nations unies en 1948 est d’essence différente et s’adresse, elle, aux femmes comme aux hommes. Les traducteur.ice.s de la Déclaration en français ont d’ailleurs recouru le plus souvent à des termes autres que « homme » dans le corps du texte pour évoquer les droits conférés, à commencer par l’article premier (« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en droit »). Ils et elles n’ont toutefois pas été jusqu’au bout de la démarche.
Le maintien de cet usage, « droits de l’Homme », isole désormais la France. La plupart des pays européens utilisent le terme « humain » : « Human rights » en anglais, « Menschenrechte » en allemand, « derechos humanos » en espagnol, « diritti umani » en italien. Et même « droits de la personne humaine » au Québec francophone.
S’il n’est pas question de modifier les titres de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen ou de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, afin de préserver les traces de l’Histoire, le HCE appelle néanmoins à utiliser l’expression « droits humains » pour tout autre usage afin d’en finir avec la logique discriminatoire encore véhiculée par la langue française.
• L’Avis du HCE relatif à la révision constitutionnelle « Pour une Constitution garante de l’égalité femmes-hommes » : bit.ly/2HI7eEv
• La Constitution révisée selon les recommandations du Haut Conseil : bit.ly/2Mscxcm
Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes
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Selon Wikipédia, « le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) est une instance consultative indépendante française, créée le 3 janvier 2013 et placée auprès du Premier ministre. Le HCE a été inscrit dans la loi relative à l’égalité et la citoyenneté du 27 janvier 20171 qui a renforcé ses missions (article 181). La loi prévoit également que le Haut Conseil à l’Égalité rend public, tous les ans, un rapport portant sur l’état du sexisme en France. Il a pour fonction d’être un lieu de réflexion, d’évaluation et de proposition sur la politique des droits des femmes et des inégalités entre les femmeset les hommes dans les domaines politiques, économiques, culturels et sociaux2… » - Article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Haut_Conseil_%C3%A0_l%27%C3%A9galit%C3%A9_entre_les_femmes_et_les_hommes
27.
Série de documents critiques sur les droits de l’Homme avec notamment Justine Lacroix, professeur de science politique à l’université libre de Bruxelles
27.1 Justine Lacroix, penseuse étoile – Par Anne Dujin Publié le 20 mai 2019 à 05h00 - Mis à jour le 20 mai 2019 à 06h24 – Document ‘lemonde.fr/’ - Article réservé aux abonnés - Gravure - Justine Lacroix. YANN LEGENDRE
La politiste belge Justine Lacroix, qui dirige aujourd’hui le Centre de théorie politique de l’Université libre de Bruxelles (ULB), a mis la question de l’identité politique européenne au cœur de son travail de recherche. Elle qui vient de rentrer à l’Académie royale de Belgique, et reconnaît volontiers qu’elle a eu un parcours atypique : plutôt que de passer à l’action dans un domaine qu’elle connaissait sur le plan théorique, elle a fait l’inverse.
A l’été 1992, la jeune étudiante belge de Sciences Po Paris effectue un stage au bureau de la Commission européenne. En pleine ratification du traité de Maastricht, elle découvre les tensions qui traversent – déjà – les pays européens. En 1994, son diplôme de Sciences Po en poche, elle entre au cabinet de Jacques Delors, le président de la Commission européenne. Elle travaillera cinq ans à ses côtés, avant de prendre le tournant de la recherche.
« Je sentais que j’avais besoin d’autre chose, car j’éprouvais une frustration sur le plan de la réflexion théorique. Je lisais beaucoup par ailleurs, mais cela ne compensait pas, si bien que j’ai décidé de faire un DEA de philosophie politique en continuant de travailler à mi-temps. » Elle rejoint alors l’équipe du philosophe Jean-Marc Ferry à l’Université libre de Bruxelles (ULB), et soutient une thèse de doctorat en science politique en 2002.
L’Europe, et plus particulièrement l’identité politique européenne, sont au cœur de son travail. « La question fondamentale qui m’intéressait était : quels sont les principes qui permettent de fonder une communauté politique ? »
Elle se plonge alors dans le débat entre « libéraux » et « communautariens », qui se structure aux Etats-Unis dans les années 1980 et 1990. Alors que la philosophie politique libérale, revivifiée par la publication de la Théorie de la justice, de John Rawls, en 1971 (traduit au Seuil en 1987), pose comme principes centraux le caractère inaliénable des droits individuels, l’autodétermination des individus et la primauté du « juste » sur le « bien » dans les institutions politiques, les « communautariens », autour de penseurs comme Charles Taylor ou Michael Walzer, critiquent le caractère formel de cette théorie : ils affirment qu’un sentiment d’appartenance et une certaine conception du « bien » partagée par tous restent nécessaires à l’existence d’une communauté politique.
Ce débat, mal connu en France, éclaire très utilement la construction européenne et ses difficultés. A partir de ces écrits, Justine Lacroix s’interroge sur les modèles théoriques capables de saisir la spécificité de l’espace politique européen…
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Lire aussi : En 2018, vous verrez l’Europe d’un œil nouveau avec la philosophe Justine Lacroix
Source : https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/20/justine-lacroix-penseuse-etoile_5464392_3232.html
27.2 Justine Lacroix, Professeur de science politique à l’Université libre de Bruxelles : biographie, actualités et émissions France Culture ... - Retrouvez toute l’actualité, nos dossiers et nos émissions sur France Culture, le site de la chaîne des savoirs et de la création.
L’oeuvre de Justine Lacroix - Livre – 1èrede couverture - Les droits de l’homme rendent-ils idiots ? Justine Lacroix et Jean-Yves Pranchère Seuil, 2019
Dernières publications sur Justine Lacroix :
Enregistrement 40 minutes - Pourquoi ’droits de l’hommiste’ est-il devenu une insulte ? Le Temps du débat -LE 06/01/2020 – « Le nombre de pays membre de l’ONU, et signataires de la déclaration des droits de l’homme, n’ont jamais été aussi important. Mais ... »
Les droits de l’homme, 70 ans après la déclaration universelle de 1948 (4/5) : La critique des droits de l’homme
Photo - Enregistrement 44 minutes - SÉRIE Les droits de l’homme, 70 ans après la déclaration universelle de 1948 - Épisode 4 : La critique des droits de l’homme
logo france culture
Source : https://www.franceculture.fr/personne/justine-lacroix
27.3 Le procès des droits de l’homme : Entretien avec Justine Lacroix et Jean-Yves Pranchère – Vidéo 32:03 - RÉSUMÉ auteurs TÉLÉCHARGEMENTS – Document ‘canal-u.tv’ dans le cadre de l’ École des hautes études en sciences sociales (EHESS)
Livre – « Le procès des droits de l’homme » : Entretien avec Justine Lacroix et Jean-Yves Pranchère – 1èrede couverture
Dénonciation du narcissisme de l’individu épris de ses seuls droits, crainte d’une spirale de revendications infinie, rappel des exigences de la communauté familiale, sociale ou politique : la « religion des droits de l’homme » suscite de plus en plus ouvertement la contestation. En témoigne le succès de l’accusation de « droit-de-l’hommisme » destinée à fustiger l’oubli des contraintes de l’action politique.
Ces attaques ne reflètent-elles que la constance, sous des formes voilées, de la pensée antidémocratique ? Si certaines émanent de catholiques conservateurs ou des tenants d’une nouvelle hypothèse communiste, elles sont toutefois aussi menées par des auteurs qui, de Marcel Gauchet à Régis Debray ou Jean-Claude Michéa, se réclament du républicanisme ou de la démocratie. À travers de nouveaux agencements, les arguments des uns et des autres reprennent les différentes figures prises par les critiques des Déclarations des droits de l’homme depuis 1789. Edmund Burke, Joseph de Maistre, Louis de Bonald, Jeremy Bentham, Karl Marx, Auguste Comte et Carl Schmitt forment ici les repères d’une cartographie intellectuelle susceptible d’éclairer le sens de nos perplexités présentes. Prendre les droits de l’homme au sérieux suppose aussi de comprendre les objections qui leur sont adressées. Mais interroger les uns et les autres peut également conduire, sur les pas de Hannah Arendt, à tracer la voie d’une compréhension « politique » des droits de l’homme, susceptible de réfuter nombre des griefs qui leur sont opposés.
Justine Lacroix est professeur de science politique à l’Université libre de Bruxelles. Elle a notamment publié La Pensée française à l’épreuve de l’Europe (Grasset, 2008).
Jean-Yves Pranchère, philosophe, est professeur à l’Université libre de Bruxelles. Il est l’auteur de travaux sur la pensée contre-révolutionnaire, dont L’Autorité contre les Lumières : la philosophie de Joseph de Maistre (Droz, 2004).
L’École des hautes études en sciences sociales (EHESS)
Née en 1975, l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) est issue de la VIe section de l’École pratique des hautes études créée en 1947 sous l’égide de Lucien Fèbvre. Elle est l’héritière de trois décennies de construction des sciences sociales comme domaine épistémologique propre et comme aire d’échanges interdisciplinaires mobilisée par un objet commun : l’homme en société. De grands centres de recherche ont été créés en son sein. Ils sont animés par des historiens, sociologues, anthropologues ou philosophes de renom comme l’étaient François Furet, Jean-Pierre Vernant, Pierre Bourdieu, Claude Lévi-Strauss ou Jacques Derrida.
L’EHESS accueille des étudiants venus du monde entier, attirés par sa vocation double et complémentaire d’une analyse en profondeur du passé et d’une recherche expressément orientée sur la compréhension du monde contemporain. La formation à la recherche par la recherche y est organisée autour de séminaires, de programmes de recherche, et d’activités éditoriales, en privilégiant l’interdisciplinarité et la transversalité des domaines et des méthodes.
27.4 Immigration, climat, terrorisme... Les droits de l’homme sont-ils dépassés ? - Vidéo 43:20 - 08 octobre 2019 - France Culture
Attaqués de toutes parts, les droits de l’homme apparaissent fragilisés par les crises auxquelles nous faisons face. Comment penser les droits de l’homme dans le temps présent ? Pour en parler, nous recevons Justine Lacroix, professeur de science politique à l’université libre de Bruxelles, et Manuel Cervera-Marzal, sociologue à l’université Aix-Marseille. L’Invité des Matins de Guillaume Erner - émission du 8 octobre 2019 À retrouver ici : https://www.franceculture.fr/emission... Abonnez-vous pour retrouver toutes nos vidéos : https://www.youtube.com/channel/UCd5D... Et retrouvez-nous sur... Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture
27.5 Partie 4/5 - Justine Lacroix - Les droits de l’homme, 70 ans après la déclaration universelle de 1948 – Vidéo 41:56 - 29 décembre 2018 - Sociologie de l’intégration 2
Les droits de l’homme, 70 ans après la déclaration universelle de 1948 (4/5) Quel avenir pour l’idée des droits de l’homme ? MATIÈRES À PENSER, France culture, 13/12/2018 2/5 Mireille Delmas-Marty : https://www.youtube.com/watch?v=ZmY3t... 3/5 Olivier de Frouville : https://www.youtube.com/watch?v=kiQuU... « Lors du Forum sur la paix de novembre dernier, Angela Merkel se demanda si nous serions encore capables aujourd’hui de réunir le consensus qui accompagna la signature de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Que lui répondre ? Avec Justine Lacroix, professeure de science politique. » Source : https://www.franceculture.fr/emission... BIBLIOGRAPHIE Le Procès des droits de l’homme : généalogie du scepticisme démocratique, Justine Lacroix et Jean-Yves Pranchère, Seuil, 2016. La pensée française à l’épreuve de l’Europe, Justine Lacroix, Grasset, 2008. Sociologie de l’intégration 2
Source : https://www.youtube.com/watch?reload=9&v=-rkVeC1yUrs
28.
Les origines de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) - Emmanuel Debono - Dans Histoire@Politique 2007/2 (n° 2), page 8
1 Il n’est guère étonnant de constater que certains détracteurs de l’actuelle LICRA appartenant à l’extrême droite reprennent à leur compte les attaques fantasmagoriques de leurs aînés des années 1930, voulant absolument voir dans la première organisation antiraciste française l’émanation d’un complot judéo-bolchevique, et en son président fondateur, Bernard Lecache [1][ 1 ]Bernard Lecache (1895-1968) : journaliste, homme de Lettres, il…, un agent étranger appointé par Moscou.
2 La LICRA n’a jamais fait mystère de ses origines. Le soutien apporté en 1927 à l’assassin juif d’un dirigeant ukrainien réfugié à Paris, qui se serait rendu coupable de massacres antijuifs, par un certain nombre de personnalités, constitue l’événement fondateur et, pourrait-on dire, inspirateur – en sa dimension justicière – de son combat.
La thèse d’un crime politique commandité par le régime soviétique trouva à l’époque, comme elle trouve aujourd’hui encore en certains milieux, à s’opposer à cette version officielle, jetant l’opprobre sur la Ligue internationale contre les pogromes, née à la suite du procès de l’assassin Schwartzbard, et sur l’organisation qui lui succéda en 1929, la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA) [2][ 2 ]La nécessité de rajouter le R de racisme à l’acronyme est….
Comme souvent, les amalgames malveillants ne se constituent pas ex nihilo : ils entretiennent un lien, fut-il ténu, à la réalité qui permet à l’agression de porter, à la manière d’une caricature qui force et déforme certains traits d’un visage, mais conserve malgré tout un rapport à la vérité. A l’encontre de cette dérive idéologique, nous proposons donc par cet article une mise au point sur les origines d’une organisation qui fête en 2007 ses quatre-vingt années d’existence.
3 Dans l’histoire de la lutte contre l’antisémitisme et le racisme, la LICA ne constitue pas la première organisation visant à affirmer sa solidarité vis-à-vis des Juifs persécutés, à mettre en œuvre des moyens pour leur venir en aide et à prôner le rapprochement des « races ». On ne saurait oublier, par exemple, le mobile premier de la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen, fondée en 1898 à l’occasion de l’Affaire Dreyfus. Pour autant, la Ligue allait bien vite faire de l’antisémitisme une question parmi d’autres dans un combat plus large pour les droits du citoyen.
4 Des tentatives plus ciblées mais sans grand lendemain eurent lieu au début du XX e siècle. En 1911, par exemple, un congrès fut tenu à Londres qui envisagea l’idée de constituer une organisation ayant pour objet la défense, le rapprochement et l’égalité des races. Une suite y fut donnée lors d’un deuxième congrès, cette fois à Paris, en 1913, où, sous l’autorité d’Estournelle de Constant [3][ 3 ]Paul Henri Benjamin Balluet d’Estournelles de Constant…, fut décidée la création d’une « Union inter-raciale ». La guerre coupa court à cette ambition qui, en dépit d’une résurrection à l’initiative d’un certain Docteur Bernelot-Moens, en 1928, ne déboucha sur rien de concret. Entre-temps, il y avait bien eu une Ligue pour la lutte contre l’antisémitisme en Russie, créée en 1923 par Boris Gourevitch [4][ 4 ]Boris Gourevitch : journaliste, il fut notamment, dans les…et Henri Sliosberg [5][ 5 ]Henri Sliosberg (1863-1937) : avocat d’origine russe, il fonda…. Mais son recrutement resta des plus confidentiels, à l’instar de son activité.
5 A la fin des années 1920, la LICA amorce une toute autre stratégie : les formes de son combat spécifiquement antiraciste et son aspiration à s’ériger en mouvement de masse rompent avec les entreprises précédentes. Elles témoignent d’une volonté d’adaptation de ses promoteurs à l’ère des masses et à ses impératifs, au moment où certaines idéologies s’emparent du racisme pour en faire une arme de destruction des peuples à l’échelle internationale.
L’assassinat de Petlioura
6 Aux origines de la LICRA résiderait donc un acte vengeur. L’organisation puise en effet son origine dans le meurtre de Simon Petlioura par Samuel Schwartzbard, en plein cœur de Paris, en 1926. Petlioura est ce dirigeant militaire nationaliste qui avait présidé le Directoire ukrainien et combattu l’armée soviétique en 1919, et qui fut contraint de s’exiler à la suite de la victoire bolchevique. Pendant ces événements, ses troupes se rendirent coupables d’effroyables pogromes. Sans aborder la question de la culpabilité même de Petlioura, il convient de signaler qu’une polémique demeure à ce sujet, des contemporains ayant mis en avant son philosémitisme et sa volonté d’émanciper les Juifs, certains, et non des moindres, l’ayant plus récemment disculpé [6][ 6 ]C’est notamment le cas de Léon Poliakov dans Information juive….
7 Né en 1888, Samuel Schwartzbard était un Juif d’origine ukrainienne. Horloger parisien, appartenant aux milieux libertaires, il s’engagea volontairement au moment de la Première guerre mondiale et fut blessé à Verdun. Il obtint quelques années plus tard, en 1925, sa naturalisation. A cette période, sachant Petlioura présent à Paris, il se serait mis en tête de l’exécuter pour venger ses victimes. Ayant fini par le localiser, il l’abattit de plusieurs coups de feu devant un restaurant de la rue Racine, le 25 mai 1926. Par son geste criminel, il prétendait rendre une dignité posthume aux populations massacrées. Dans une lettre adressée à ses frères et sœurs, datée du 6 juin 1926, il justifia ainsi son geste : « Nous sommes un peuple de martyrs sacrés, un peuple qui veut affranchir le monde de l’esclavage et de la décadence. Nous sommes ceux qui avons gardé les vignes étrangères et abandonné les nôtres. Assez ! Nous devons commencer par nous affranchir nous-mêmes et libérer les autres ensuite » [7][ 7 ]Henry Torrès, Le procès des pogromes, Paris, Les Editions de….
8 La réalité de ces motivations fut mise en cause dès cette époque. Schwartzbard aurait obéi, selon ses accusateurs, à des mobiles politiques. A Paris, la communauté ukrainienne anti-bolchevique croyait en une revanche possible sur l’URSS. Des groupes activistes dénonçaient par la presse et par des réunions de propagande l’annexion de l’Ukraine. Petlioura, en principe astreint à une réserve politique, ne pouvait s’en tenir à l’écart. Les services de police signalaient le 19 mars 1924 qu’il était en train de préparer une nouvelle insurrection contre les Soviétiques pour 1925 [8][ 8 ]Archives nationales, F 7 15991 1 , Rapport de police daté du…. Une autre note mentionnait le 31 mars 1925 la mise en place d’une action contre l’Union par une organisation ukrainienne nommée La Croix azurée [9][ 9 ]AN, F 7 13494, Rapport de police daté du 31 mars 1925..
9 Ce ferment d’agitation ne pouvait être du seul domaine du fantasme et il suscita une étroite surveillance de la part du ministère de l’Intérieur, comme de la part de la représentation soviétique en France comme le signalent des notes de police. A la tête de cette représentation se trouvait Christian Rakovski, ambassadeur de l’URSS à Paris depuis l’automne 1925. Quelques années auparavant, l’homme avait présidé le Conseil des commissaires de la République soviétique ukrainienne. Autant dire qu’il avait été l’un des principaux artisans de la bolchevisation en Ukraine. Le devenir de Petlioura et l’activité des Blancs à Paris ne pouvaient pas le laisser indifférent. Ainsi la police française constatait-elle, en décembre 1925, que la présence de Rakovski à Paris avait entraîné « une certaine effervescence parmi les jeunes monarchistes russes, appartenant à l’extrême droite » [10][ 10 ]AN, F 7 15999², Rapport de police daté du 14 décembre 1925..
10 Pour les anticommunistes, dans l’acte de Schwartzbard, les ingrédients d’un crime politique se trouvaient donc bien rassemblés. La presse d’extrême droite française ne manqua pas de valider cette version, voyant en l’assassin un agent agissant sur consignes moscovites. L’Action française fut la plus active en ce sens, expliquant par exemple le 13 octobre 1927, cinq jours avant l’ouverture du procès Schwartzbard, que « le bras de l’assassin . Cette thèse fut celle de la partie civile et de son avocat M e Willm, qui s’attacha à démontrer que l’« assassin .
La mobilisation en faveur de Schwartzbard
11 Si la nature même du crime de Schwartzbard ne constitue pas un enjeu historique négligeable, il est nécessaire de la dissocier de l’émergence en cette occasion d’un mouvement d’opinion en sa faveur. Dans le processus de médiatisation du procès, un jeune journaliste, Bernard Lecache, joua un rôle fondamental dont la sincérité des motivations nous apparaît incontestable. Lecache, il est important de le préciser ici, fut un admirateur de la révolution bolchevique. Il avait rejoint la Section française de l’Internationale communiste à la suite du congrès de Tours en décembre 1920 mais fut exclu du parti communiste en 1923 car on goûtait peu ses accointances avec la presse « bourgeoise ». Il conserva néanmoins un rapport affectif évident au régime soviétique dont il admirait le progressisme, notamment sur la question de la minorité juive. Sur un plan politique, ses opinions étaient celles du parti socialiste et il fut par la suite un soutien inconditionnel du Front populaire. Plus tard encore, à la suite du Pacte germano-soviétique d’août 1939, il désavoua haut et fort le PC. L’assimiler à un cryptocommuniste, c’est ignorer l’homme, ses idées son parcours et son combat antiraciste, auxquels il sacrifia beaucoup, y compris de nombreuses amitiés.
12 Envoyé spécial de Paris-Soir, il parcourut l’Ukraine aux côtés de l’avocat de Schwartzbard, Henry Torrès, pendant trois mois, d’août à octobre 1926, en quête de témoignages destinés à établir la culpabilité de Petlioura et de ses troupes. L’équipée se vit assurément faciliter ses démarches par l’ambassade soviétique, Rakovski et les autorités soviétiques ayant tout intérêt à ce que le soutien à l’accusé fut rondement organisé pour que les « petliouristes » perdent le procès.
13 En Ukraine, Bernard Lecache interrogea des centaines de personnes qui avaient survécu aux massacres. Son enquête fut d’abord publiée par extraits dans Le Quotidien, du 5 février au 5 mars 1927, puis parut sous la forme d’un ouvrage intitulé Quand Israël meurt, avec le sous-titre Au pays des pogromes [13][ 13 ]Bernard Lecache, Quand Israël meurt, Paris, Editions du progrès…. Des descriptions sanglantes succédaient à des récits de tueries alors que les survivants clamaient tous la responsabilité de Petlioura. Recueil de témoignages oraux, l’enquête prête évidemment à critiques en sa forme dont le ressort principal est l’émotion soulevée par l’horreur. Il est un fait que Lecache n’était pas allé à la rencontre des victimes ukrainiennes paré d’un esprit neutre. Mais il faut dire que sa conscience sur le sujet, qui ne lui avait pas été commandée par le gouvernement des Soviets, était particulièrement aiguë : n’avait-il pas conduit, dès 1919, dans le Journal du Peuple, une virulente campagne alarmant les lecteurs sur les atrocités antijuives commises en Pologne ? Quand Israël meurt n’était certes pas une étude objective mais d’abord l’œuvre d’un homme qui croyait profondément en la culpabilité de Petlioura et qui affirmait dans sa préface : « Souvent, dans le silence des steppes, l’écho retentissait encore des coups de feu de Schwartzbard. Les Juifs tendaient l’oreille : ’Pourquoi tuer ?’, disaient-ils. Puis, ils tournaient leurs regards vers les tombes, vers les lointains, vers l’horizon. Il leur semblait apercevoir une ombre chère qui pardonnait » [14][ 14 ]Ibid, p. 7..
14 Le livre connut un certain retentissement dans l’opinion publique. Sur sa lancée, dans les mois qui suivirent son retour en France, Lecache s’efforça de constituer un mouvement d’opinion en faveur de l’accusé Schwartzbard. Des conférences furent organisées au cours desquelles il témoigna de ce qu’il avait vu et entendu en Ukraine, comme par exemple le 7 décembre 1926 à Paris, salle Poissonnière [15][ 15 ]L’Univers israélite, 17 décembre 1926., ou encore le 11 avril 1927, salle Wagram [16][ 16 ]L’Univers israélite, 1 er avril 1927.. Dans son combat, Lecache n’était pas seul ; d’autres prenaient fait et cause pour Schwartzbard. Ainsi en était-il de la Ligue des Droits de l’Homme dont les Cahiers publièrent de nombreux avis comme ceux de Marius Moutet [17][ 17 ]Marius Moutet (1876-1968) : avocat, socialiste, il fut ministre…, Henri Barbusse [18][ 18 ]Henri Barbusse (1873-1935) : écrivain pacifiste, auteur du Feu…, Ferdinand Buisson [19][ 19 ]Ferdinand Buisson (1841-1932) : philosophe, pédagogue et homme…ou encore Charles Gide [20][ 20 ]Charles Gide (1847-1932) : dirigeant historique du mouvement…. Le 3 juin 1927 eut lieu une réunion, présidée par Victor Basch [21][ 21 ]Victor Basch (1863-1944) : philosophe et universitaire…, sur les persécutions des Juifs en Europe centrale et à laquelle Bernard Lecache participa [22][ 22 ]Françoise Basch, Victor Basch. De l’affaire Dreyfus au crime de…. En face, la veuve de Petlioura était défendue, entre autres, par Me César Campinchi [23][ 23 ]Il est à noter que le futur ministre de la Santé du Front…. Un « Comité commémoratif Simon Petlioura » fut constitué qui cherchait à laver le feu hetman [24][ 24 ]Commandant en chef du gouvernement civil en Ukraine.des lourdes accusations dont il était l’objet. Des documents furent publiés qui témoignaient de son philosémitisme [25][ 25 ]Documents sur les pogromes en Ukraine et l’assassinat de S.….
15 Parallèlement fut créée une association, en mars 1927, la Société des Amis de la colonisation juive en URSS, « par un groupe d’israélite de gauche, avec le concours de personnalités journalistiques et littéraires sympathisantes, appartenant elles aussi à des groupements de gauche, depuis les radicaux-socialistes jusqu’aux communistes compris » [26][ 26 ]CAC, versement 20010216, article 156, dossier 5356, Rapport de…. Son objectif premier était de venir en aide aux populations juives de Russie décimées par les pogromes et de favoriser leur installation dans des colonies en Union soviétique. Un appel, daté du mois de mars [27][ 27 ]Archives de la Préfecture de Police, Dossier Henry Torrès, T1.…, fut rédigé et diffusé, qui avait pour but la création d’un mouvement de soutien envers l’entreprise de colonisation juive en URSS par la collecte des fonds nécessaires à l’entreprise. Les signataires étaient en grande partie ceux qui devaient, quelques mois plus tard, associer leur nom à la fondation de la Ligue internationale contre les pogromes. On pouvait relever entre autres les signatures de Séverine [28][ 28 ]Séverine (1855-1929) : femme de Lettres, journaliste libertaire…, de la comtesse de Noailles [29][ 29 ]Anna de Noailles (1876-1933) : femme de Lettres française. Elle…, de Ferdinand Buisson, de Henri Barbusse, de Georges Courteline [30][ 30 ]Georges Courteline (1858-1929) : romancier et dramaturge…ou encore du professeur Jacques Hadamard [31][ 31 ]Jacques Hadamard (1865-1963) : mathématicien de renom, grand….
16 Le Comité provisoire de la Société avait pour président Henry Torrès ; Bernard Lecache et Georges Pioch [32][ 32 ]Georges Pioch (1873-1953) était un homme de Lettres. Pacifiste,…en étaient les vice-présidents. Il organisa des réunions comme celle du 4 mai 1927 à la salle des Sociétés savantes. Lecache évoqua en cette occasion son voyage en Ukraine, rendit hommage au gouvernement des Soviets qui accordait des terres aux Juifs déshérités et remercia les Juifs d’Amérique qui avaient subventionné les colonies juives de l’URSS, recommandant à leurs coreligionnaires français de les imiter. L’écrivain André Spire [33][ 33 ]André Spire (1868-1866) : écrivain et poète français, il fut un…fit ensuite un exposé de la colonisation juive en URSS et se félicita que le peuple juif fût revenu à la terre [34][ 34 ]CAC, versement 20010216, article 156, dossier 5356.. Un second meeting fut tenu le 8 juillet 1927 à la salle du Grand Orient de France, à l’occasion duquel Bernard Lecache, Georges Pioch et Charles Lussy [35][ 35 ]Charles Lussy (1883-1967) : membre de la SFIO, parlementaire…prirent la parole [36][ 36 ]Archives de la PP, compte rendu de police sur le meeting du 8….
17 La Société des Amis de la colonisation juive en URSS ne fut en aucune façon un mouvement de masse, rencontrant, d’après la police, une certaine hostilité dans les milieux juifs. Probablement ses affinités avec le régime soviétique durent-elles en refroidir plus d’un. Il faut pourtant noter que l’hommage rendu à l’Union portait sur la situation nouvelle des Juifs qui avaient tant souffert sous le tsarisme. La Société souhaitait de fait rester indépendante face aux considérations politiques : « Quel que puisse être notre sentiment personnel vis-à-vis du gouvernement des Soviets, il convient de reconnaître qu’il est libéré de toute haine de race ou confessionnelle et qu’il n’entend faire et ne fait aucune distinction entre les citoyens de l’URSS et de quelque nationalité qu’ils soient, de quelque confession qu’ils se réclament, les Soviets répartissent les terrains disponibles entre les colons de toutes les races » [37][ 37 ]Ibid..
18 Dans tous les cas, la Société s’inscrivait dans une dynamique de sensibilisation et de mobilisation des esprits, juifs et non-juifs, à la tragédie vécue par le peuple juif, et qui devait trouver son prolongement dans le procès de Samuel Schwartzbard.
19 C’est un procès à sensation qui s’ouvrit donc aux Assises de la Seine, le mardi 18 octobre 1927. Invitées par Henry Torrès, de nombreuses personnalités vinrent donner leur sentiment sur le crime, comme la comtesse de Noailles, Joseph Kessel [38][ 38 ]Joseph Kessel (1898-1979) : aventurier, journaliste et…ou le professeur Langevin [39][ 39 ]Paul Langevin (1872-1946) : physicien français connu pour sa…. Le procès n’était pas celui de Schwartzbard mais bien celui des pogromes. Les « témoins » se prononçaient sur des faits qu’ils ne connaissaient qu’à travers des comptes rendus d’atrocités et, n’écoutant que leur cœur, plaidaient en faveur de Schwartzbard. L’émotion était à son comble et, M e Torrès, assisté de ses collaborateurs, Serge Weil-Goudchaux et Gérard Rosenthal [40][ 40 ]Gérard Rosenthal (1903-1992) : avocat, il défendit notamment…, estima qu’il pouvait renoncer à l’audition d’une partie de ses nombreux témoins. La plaidoirie qu’il prononça le 26 octobre 1927 fut suivie de l’acquittement de Samuel Schwartzbard. Le jugement aurait été accueilli aux cris de « Vive la France ! Vive le jury français ! Vive la République ! » [41][ 41 ]L’Univers israélite, 28 octobre 1927..
20 L’efficacité de la mécanique mise en place pour absoudre Schwartzbard s’inscrivait dans un climat relativement favorable aux Juifs et aux autres minorités en cette fin des années 1920 : ces conditions avaient eu raison de la théorie du « complot bolchevique ». La dimension justicière du crime avait trouvé une résonance positive dans l’opinion publique.
Une nouvelle mentalité
21 De nombreux contemporains des événements ont perçu dans l’affaire Schwartzbard une rupture, la révélation d’un caractère juif nouveau. Dans les jours qui suivirent l’assassinat de Petlioura, un journaliste de L’Univers israélite nota que « pour le psychologue, le drame de l’autre jour est la révélation d’une nouvelle mentalité » [42][ 42 ]L’Univers israélite, 28 mai 1926.. Schwartzbard lui-même, dans une lettre rédigée à la prison de la Santé le 6 juin 1926, avait rapporté sa conviction selon laquelle il avait « ouvert un nouveau chapitre dans notre sombre et sanglante histoire millénaire. Assez d’esclavage, assez versé de larmes, cessons d’implorer, de crier, de suborner. La tête levée, la poitrine en avant, nous exigerons désormais notre droit : celui de vivre à l’égal de tous ! Nous le réclamerons de l’humanité qui sombre dans les péchés et dans les crimes de la civilisation gangrenée du XX e siècle, qui va vers la disparition à pas gigantesques » [43][ 43 ]Henry Torrès , Le procès…, op. cit., p. 256-257..
22 Cette lettre avait des allures de manifeste comme si l’assassin avait souhaité montrer l’exemple, tracer la voie à ses coreligionnaires. Les persécutions dont était ponctuée l’histoire des Juifs devaient s’achever par ce geste de révolte qui augurait, enfin, la résistance à la pseudo fatalité des brimades dont ils étaient victimes. De fait, certains firent écho à l’inspiration de Schwartzbard. Témoin à son procès, Joseph Kessel, issu de parents juifs russes, avait voyagé en Palestine en 1926 et découvert un peuple juif qui ne courbait pas l’échine sous les attaques arabes. Avec admiration, il expliquait : « Pour un des leurs tué, on trouvait le lendemain à la même place deux cadavres arabes. Sanglante arithmétique, sans doute, mais qui porte ses fruits. Un Juif peut se promener maintenant dans les endroits les plus sauvages de Judée et de Galilée. On ne touche pas à lui » [44][ 44 ]Henry Torrès, Le procès…, op. cit., p. 165-166..
23 Le message était clair : l’acte de Schwartzbard n’était pas un acte isolé mais s’inscrivait dans un mouvement plus large de réaction aux pogromes. Le journaliste Georges Suarez [45][ 45 ]Georges Suarez (1890-1944) : ce journaliste devait plus tard…donna également son sentiment : « Je crois fermement que le geste de Schwartzbard signifie que sa race est enfin décidée à se défendre, à sortir de son abdication morale, à dépouiller sa résignation devant l’insulte, et c’est pourquoi je ne peux m’empêcher de l’approuver en témoignage de ma sympathie » [46][ 46 ]Ibid, p. 252..
24 Bien qu’il ait transgressé le sixième Commandement, l’acquittement de Schwartzbard était donc salué par l’ensemble de la presse juive, et, ce qui n’est pas négligeable, par le milieu consistorial. Il y avait en effet quelque chose de changé dans les habitudes de soumission ancestrales. Partant, Henry Torrès, Bernard Lecache et quelques autres décidèrent de ne pas en rester là.
La Ligue internationale contre les pogromes
25 Le principe de la création d’une organisation destinée à lutter spécifiquement contre les pogromes semble avoir été posé à la suite de l’acquittement de Schwartzbard. Il apparaissait nettement que le verdict du procès était doté d’une portée symbolique exceptionnelle et qu’il fallait lui donner un prolongement. Pourquoi en effet s’arrêter là ? Les troubles antijuifs qui venaient d’éclater en Roumanie ne commandaient-ils pas la poursuite du combat [47][ 47 ]Voir notamment Carol Iancu,Les Juifs de Roumanie et la… ? La LICA allait donc naître de cette volonté de quelques-uns de rompre la solitude dans laquelle ils craignaient de retomber après l’émotion collective.
26 Un militant de la LICA pouvait ainsi narrer la démarche de Bernard Lecache, quelques années plus tard : « Cette impression d’étrange solitude qu’alors il ressentait, d’autres que lui, comme lui sensibles, par leurs origines, aux infortunes millénaires, la ressentaient. Ils échangèrent des propos d’abord amers, ensuite virils, et c’est ainsi que, de leur commun désir d’action, la LICA naquit » [48][ 48 ]Racisme ? Non, LICA !, Paris, Editions Le Droit de Vivre.….
27 En 1936, Bernard Lecache rappela que le noyau fondateur, qui était en partie celui de la Société des Amis de la colonisation juive en URSS, était composé de onze personnes dont Henri Torrès, Jacques Mawas, Serge Weill Goudchaux, Elie Soffer, Lazare Rachline, Simon Goldenberg et lui-même [49][ 49 ]Mémorial de la Shoah, Archives de la LICA, dossier 223.. Pour l’heure, ils s’efforcèrent de perpétuer le mouvement en faveur de leurs coreligionnaires au moyen de réunions publiques. Au début du mois de février 1928 eut lieu salle Wagram un « meeting de protestation contre les excès antijuifs » [50][ 50 ]L’Univers israélite, 3 février 1928.qui fut probablement sa première manifestation publique [51][ 51 ]Il est à noter que la Ligue internationale contre les pogromes…. La tribune, placée sous la présidence de Henry Torrès, était constituée de personnalités comme Marc Sangnier [52][ 52 ]Marc Sangnier (1873-1950) fut un militant catholique…, Georges Pioch, Léo Poldès [53][ 53 ]Léo Poldès (1891-1970) fut le fondateur, en 1918, et…ou encore l’abbé Viollet qui exprima en cette occasion sa « réprobation aux faux croyants qui pratiquent la violence et les crimes » [54][ 54 ]L’Univers israélite, 3 février 1928.. Henry Torrès avait dénoncé Cuza [55][ 55 ]Cuza était professeur d’économie politique à l’université de…et une résolution avait été adoptée, demandant au gouvernement français et à la Chambre de « ne plus ignorer les crimes roumains » [56][ 56 ]L’Univers israélite, 3 février 1928.. Dans ce premier meeting résidaient l’ensemble des composantes que l’on retrouverait dans les manifestations des années suivantes : la présence indispensable de personnalités non-juives pour condamner un mal qui salissait l’humanité entière ; les personnalités catholiques venaient affirmer solennellement l’incompatibilité radicale entre le racisme et la doctrine chrétienne ; les autorités françaises étaient invités à entreprendre des actions diplomatiques ; la résolution finale du meeting prenait acte et date.
28 Il est significatif de remarquer que l’accueil réservé à ce premier meeting fut partagé : un des fondateurs de la Ligue, Simon Goldenberg, nota l’incompréhension de certains Juifs qui avaient accueilli la Ligue « par des hochements de tête et des paroles de scepticisme » [57][ 57 ]Bulletin de la LICA, novembre 1930.. Un éditorial de L’Univers israélite témoignait bien de l’impréparation de nombreux esprits à la nouveauté de telles initiatives : « Laissez dormir en paix les morts des pogromes ! Le sang des martyrs n’est pas un article de propagande » [58][ 58 ]L’Univers israélite, 24 février 1928. L’éditorial avait pour…. L’auteur supposait des arrière-pensées à la protestation qu’il considérait comme un tapage irrespectueux et malvenu autour d’un drame terrible. L’expression de cette opinion n’empêcha le journal de livrer dans les mois suivants des comptes rendus de meetings objectifs. Néanmoins étaient bien posés les fondements de la discorde qui allaient caractériser par la suite les rapports entre la LICA et le Consistoire.
29 Un second meeting suivit un mois plus tard, le 9 mars 1928, salle Bullier [59][ 59 ]Voir le compte rendu in L’Univers israélite, 16 mars 1928., placé sous la présidence d’honneur d’Albert Einstein et présidé par le professeur Langevin. Le pasteur Monod [60][ 60 ]Wilfred Monod (1867-1943) : grand figure du protestantisme, il…avait envoyé un message de soutien rappelant la persécution des huguenots dans le passé. Bernard Lecache dénonça la situation qui était faite aux Juifs en Roumanie et en Bessarabie. On pouvait aussi noter la présence du professeur Jacques Hadamard, de Georges Pioch et de Henry Torrès. Les 3 000 personnes présentes, selon la police, apportaient la preuve, s’il en était besoin, que la LICA ne prêchait pas dans le désert.
30 Le 18 avril 1928 eut lieu l’assemblée générale constitutive de la Ligue à Paris, salle Bonvalet, au terme de laquelle devaient être adoptés les statuts. L’assemblée fut présidée par Bernard Lecache, Lazare Rachline et Simon Goldenberg présidaient l’assemblée d’avril 1928 [61][ 61 ]L’Univers israélite, 27 avril 1928.. Les statuts furent présentés. L’objet de la Ligue était « de lutter contre les pogromes, de défendre par une action à la fois préventive et positive les droits à l’existence et à la paix des israélites dans le monde entier ; réaliser par les hommes et les femmes de toutes les opinions le rapprochement des peuples, la paix entre les races et l’égalité parmi les hommes » [62][ 62 ]Archives de la PP, Rapport de la police sur la Ligue…. D’emblée, le nouveau groupement se donnait un champ d’action international. La Ligue présidée par Henry Torrès, n’en était que la branche française. Elle devait essaimer au-delà des frontières nationales et s’opposer partout aux manifestations antisémites. Le territoire français devait faire l’objet de la même attention.
31 Les premières sections provinciales semblent avoir été celles de Lyon et de Strasbourg qui existaient dès le mois d’août 1928 [63][ 63 ]Ibid.. Au cours de cette séance, un Comité central fut élu. Il comportait quarante membres parmi lesquels Séverine, Paul Langevin, Jacques Hadamard, Victor Basch, Jean-Richard Bloch [64][ 64 ]Jean-Richard Bloch (1884-1947) : écrivain et essayiste, il fut…, Joseph Kessel, Georges Pioch, le pasteur Monod, l’abbé Viollet, Léo Motzkin [65][ 65 ]Léo Motzkin (1867-1933) : il fut l’un des leaders du mouvement…et M e Weill-Goudchaux. Bernard Lecache en était le secrétaire général.
32 Conjointement, Bernard Lecache créa un hebdomadaire de défense des minorités à travers le monde, Le Cri des peuples, dont le premier numéro parut le 30 mai 1928. On y trouvait des articles de Séverine, Bernard Shaw [66][ 66 ]Georges Bernard Shaw (1856-1950) : Irlandais, essayiste et…, Andrée Viollis [67][ 67 ]Andrée Viollis (1870-1950) fut l’une des grandes journalistes…, Stefan Zweig [68][ 68 ]Stefan Zweig (1881-1942) : écrivain autrichien, il dut quitter…ou encore Heinrich Mann [69][ 69 ]Heinrich Mann (1871-1950) : écrivain et dessinateur allemand,…. Y étaient évoqués la Pologne comme le Monténégro, l’Irlande ou le Nicaragua. On y dénonçait les traités jugés injustes comme ceux de Versailles et de Saint-Germain. Le 1er août 1928, Bernard Lecache alla même jusqu’à défendre l’Anschluss dans un article intitulé « En luttant contre l’Anschluss, on travaille contre la paix » [70][ 70 ]Le Cri des peuples, 1 er août 1928.. Un meeting fut organisé le 21 décembre 1928 sous les auspices du journal. Il rassembla 1 200 personnes qui approuvèrent un ordre du jour au contenu très général, exigeant le respect du droit des peuples, la révision des mauvais traités, la défense du droit d’asile et dénonçant « la politique d’oppression des impérialistes européens et yankees » [71][ 71 ]Le Cri des peuples, 10 janvier 1929.. Le Cri des peuples ne fut pas l’organe de la Ligue internationale contre les pogromes. Il témoigne en tout cas de la volonté de son rédacteur en chef, Bernard Lecache, de s’ouvrir au sort des autres minorités. Victime de grosses difficultés financière, l’hebdomadaire fit paraître son dernier numéro le 10 avril 1929.
33 La Ligue internationale contre les pogromes évoluait indépendamment de cette initiative. En dépit de ses premiers succès publics et de son Comité central prestigieux, elle devait rapidement laisser apparaître ses limites d’action.
La Ligue internationale contre l’antisémitisme
34 La Ligue ne fut pas à la hauteur des espérances qu’on avait placées en elle. L’un de ses fondateurs déjà cité, Simon Goldenberg, évoqua plus tard le succès très relatif de l’organisation, mentionnant la lenteur des adhésions et reconnaissant que ses premiers travaux étaient « inexistants [72][ 72 ]Bulletin de la LICA, novembre 1930. ». Son comité d’honneur prestigieux avait pour revers un absentéisme désastreux pour l’avancée des travaux. Plus corrosif, Goldenberg pouvait évoquer aussi « une fatigue extrême et un ennui poli et navré [73][ 73 ]Ibid. » du Comité lorsque Bernard Lecache apportait les nouvelles de persécutions antisémites. Il n’y eut vraisemblablement pas d’autres meetings de la Ligue. Pour quelques-uns qui avaient fondé de grands espoirs sur l’organisation, la déception était grande. Lors d’une assemblée générale qui eut lieu en janvier 1929, deux camps s’opposèrent : ceux qui souhaitaient dissoudre la Ligue et ceux qui voulaient au contraire renforcer son action [74][ 74 ]Le Cri des peuples, 10 février1929.. Henry Torrès, qui désirait pour sa part mettre l’activité de la Ligue au ralenti, se retira. Un bureau provisoire fut nommé « pour protester contre la désaffection du Comité central [75][ 75 ]Le Cri des peuples, 10 février 1929. ». A la présidence, Torrès fut remplacé par Lecache. Une assemblée générale fut convoquée le 24 février 1929 ; elle approuva les nouveaux statuts de la Ligue qui fut rebaptisée Ligue internationale contre l’antisémitisme. Un Comité central d’environ vingt-quatre membres fut élu, se caractérisant par l’absence de notoriétés. L’article 3 des statuts de la LICA annonçaient des objectifs identiques à ceux de la défunte Ligue internationale contre les pogromes [76][ 76 ]Voir supra.. Au-delà de la défense des israélites, la Ligue conservait un projet plus universel de « rapprochement des peuples », de « paix entre les races » et d’« égalité parmi les hommes ». C’est en vertu de cette finalité générale qu’elle allait justifier ses prises de positions ultérieures – si contestées par certains milieux israélites – en matière de politique intérieure et extérieure.
35 Une campagne intensive de recrutement fut menée, la LICA choisissant d’aller au devant des citoyens, organisant des réunions « de quartier en quartier, de salle en salle » [77][ 77 ]Bulletin de la LICA, novembre 1930.. Elle se dota rapidement d’un bulletin de liaison interne, le Bulletin de la LICA, qui s’efforçait de refléter l’intense activité de l’association et le volontarisme enthousiaste de ses militants. Ce dernier palliait d’ailleurs le manque de moyens : « On louait, dans une cour de la rue du Château d’Eau, un local exigu, une pièce sans air, dans laquelle, d’arrache-pied, les ’fous de la LICA’ inaccessibles au découragement, jetaient les bases de la section française » [78][ 78 ]Racisme ? Non, LICA !, op. cit., p. 3..
36 La Ligue pouvait compter à cette époque sur quelque cinq cents militants que l’on trouvait principalement dans la capitale et ses abords immédiats : à l’image d’autres associations et partis politiques, la Fédération de la Seine naquit bientôt. Les occasions d’intervenir n’allaient pas manquer pour la jeune association qui entreprit, en cette année 1929, des campagnes contre les persécutions antisémites en Pologne, en Lituanie et surtout, à partir du mois d’août, en Palestine. Les troubles qui surgirent dans cette dernière région occasionnèrent un voyage de Bernard Lecache au Proche-Orient. Un des principaux cheval de bataille de la LICA était né : le rapprochement judéo-arabe.
37 La mécanique était lancée, mais il allait falloir attendre l’avènement de Hitler à la chancellerie allemande, en janvier 1933, et l’afflux de réfugiés juifs sur le territoire français, pour que la LICA devienne un mouvement doté d’une certaine envergure.
Conclusion
38 Il avait donc fallu trois ans pour que l’émotion suscitée par les coups de feu de Samuel Schwartzbard débouchât sur la constitution d’une association de défense des Juifs qui s’était donnée une feuille de route ambitieuse. Son rattachement spirituel à un crime fondateur l’inscrivait dans une logique offensive visant à rétablir l’honneur des victimes. Ce volontarisme tonitruant qui allait en effrayer plus d’un, voyant notamment dans la LICA un générateur d’antisémitisme, avait entraîné la disparition d’un premier groupement, la Ligue internationale contre les pogromes, qui n’était que la tentative de prolonger une émotion ayant fait ses preuves lors du procès Schwartzbard, mais inapte à transformer l’essai en action durable. Dans la nouvelle structure, Bernard Lecache allait donner toute la mesure de son humanisme et de ses talents d’organisateur. Il fut incontestablement l’inventeur de l’antiracisme de masse. Dans l’avant-guerre, le recrutement de la Ligue connut des moments d’accélération, s’appuyant notamment sur l’afflux des réfugiés en France et, à partir de 1936, sur les Juifs d’Afrique du Nord qui avaient fort à faire face à un antisémitisme en voie de radicalisation. A la veille de la guerre, elle comptait dans ses rangs près de 50 000 membres.
39 Quant à la question des origines, on sait les enjeux mémoriels qu’elle implique. Affirmer leur impureté, c’est jeter le discrédit sur tout ce qui a pu en découler par la suite. Faire de l’affaire Schwartzbard-Petlioura une affaire politique, ce qui reste encore à démontrer, revient pour certains à faire de Lecache un roi de l’« agit-prop », et de la LICA, une organisation inféodée à une Internationale communiste subversive. Que l’absolution d’un Schwartzbard et la condamnation d’un Petlioura aient effectivement servi les intérêts soviétiques ne signifie pas que Lecache en ait été le suppôt français : on ne saurait en trouver la moindre preuve sérieuse dans la pensée et les démarches d’un journaliste qui, certes le cœur à gauche, défendait bec et ongle l’indépendance de son organisation, n’acceptant les soutiens politiques, sans exclusive, qu’à la seule condition qu’ils fussent une contribution à la cause antiraciste [79][ 79 ]Il existe un rapport lapidaire du ministère de l’Intérieur daté….
40 Les fondateurs de la LICA ne s’inspirèrent que de la dimension « morale » de l’affaire Schwartzbard : de nombreux Juifs trouvèrent à se reconnaître dans son geste en ce sens qu’il cassait l’image tenace du Juif soumis à son bourreau, incapable de lui opposer la moindre révolte. Toute la doctrine qu’elle s’efforça de mettre en place par la suite provient de ce principe de restauration de la dignité par la résistance, qu’elle mit notamment en application par la création de groupes d’autodéfense dont elle fut si fière. Elle ne défendit jamais l’acte meurtrier en lui-même mais vint toujours au secours moral de ceux qui avaient choisi de frapper symboliquement, regrettant dans le même temps leur recours désespéré à la violence [80][ 80 ]Elle se porta ainsi au secours de deux autres assassins juifs :….
41 En définitive, les attaques des détracteurs d’hier et d’aujourd’hui des origines de la LICA-LICRA sont empreintes d’une volonté politique qui nous renseigne davantage sur leurs propres motivations idéologiques que sur la réalité historique. La dénonciation d’un « complot [81][ 81 ]Sur la théorie du complot appliquée à la LICA, voir Emmanuel… », qu’il soit judéo-bolchevique, judéo-maçonnique ou sioniste, émane d’une vision délirante du monde, tout simplement judéophobe : les prétendus desseins dominateurs et manipulateurs du Juif y constituent le principe explicatif de toutes choses. La recherche de la vérité n’entre en rien dans une démarche tendancieuse et malveillante qui n’a rien d’historienne…
Tous les détails des notes sont à consulter à la source : https://www.cairn.info/revue-histoire-politique-2007-2-page-8.html
Selon Wikipédia, « La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) est une association luttant contre le racisme et l’antisémitisme en France, mais également sur le plan international. Elle est fondée en 1928 sous le nom de Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA)… »
Fichier:Logo-licra.png — Wikipédia
Annexe – Coronavirus : le groupe sanguin est-il vraiment un indicateur de risque fiable ? - Par Natasha Hinde- Lifestyle Writer at The Huffington Post UK - 24/06/2020 15:24 CEST - Document ‘huffingtonpost.fr’ - Science
Des études suggèrent que certains groupes sanguins seraient plus susceptibles de contracter le Covid-19. C’est plus compliqué que cela. D’après de récentes études, les personnes avec le groupe sanguin O semblent mieux protéger contre le Covid-19 que les autres.
CORONAVIRUS - De plus en plus d’éléments suggèrent que le groupe sanguin O pourrait mieux protéger du Covid-19, tandis que le A présenterait un risque accru de contracter une forme plus grave de cette maladie.
Une nouvelle étude européenne menée sur 1980 personnes atteintes du Covid-19 a ainsi démontré que les personnes du groupe A avaient plus de risque que les autres d’être infectées par le coronavirus et de développer des symptômes graves. En parallèle, il semblerait que les personnes du groupe O bénéficient d’une sorte de protection.
Une étude chinoise en phase de prépublication scientifique portant sur 2173 malades du Covid-19 tire des conclusions similaires.
D’après une troisième étude en prépublication menée à New York sur 1559 personnes, celles du groupe A avaient 33% plus de chances d’être infectées par le Covid-19 que les autres, alors que les groupes O+ et O- étaient moins à risque.
Comment expliquer cela ?
Il existe quatre grands groupes sanguins :
- Le groupe A, porteur d’antigènes A sur les globules rouges et d’anticorps anti-B dans le plasma.
- Le groupe B, avec des antigènes B sur les globules rouges et des anticorps anti-A dans le plasma.
- Le groupe O, qui n’a aucun antigène sur les globules rouges mais possède des anticorps anti-A et anti-B dans le plasma.
- Le groupe AB, porteur d’antigènes A et B mais dépourvu d’anticorps.
Des études sur d’autres formes de coronavirus ont montré que certains anticorps présents dans le sang de groupe O étaient plus efficaces que d’autres pour combattre le virus.
“Par le passé, on a constaté que les personnes du groupe O étaient mieux protégées contre le Sars-CoV-2 que celles du groupe A”, explique le Docteur Sakthivel Vaiyapuri, professeur agrégé en pharmacologie-cardiovasculaire et des substances vénéneuses à l’université de Reading. “On pense que cela est dû à la présence d’anticorps anti-A et anti-B dans le sang de groupe O”.
Des médecins d’un hôpital hongkongais ont annoncé que les anticorps anti-A pouvaient inhiber, voire bloquer la transmission du virus en l’empêchant de se lier à une cellule hôte, ce qui expliquerait en partie pourquoi les individus de groupe O sont mieux protégés.
Faut-il s’inquiéter si l’on est du groupe A ?
Si le Docteur Sakthivel Vaiyapuri reconnaît la qualité de cette nouvelle étude, elle ne permet pas selon lui d’affirmer avec certitude que ce groupe sanguin pourrait exposer les personnes concernées à des formes plus graves du Covid-19.
Il fait remarquer que nul, pour le moment, n’a pu prouver que les personnes du groupe O étaient protégées à 100% contre le virus ni que celles du groupe A avaient 100% de risque de le contracter. “On constate seulement un petit taux de protection ou de risque d’infection, ce qui indique clairement que plusieurs autres facteurs entrent en compte dans cette maladie. Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour établir ce lien”, déclare-t-il.
Le Professeur Danny Altmann, de la faculté de médecine du collège impérial de Londres, ajoute qu’au vu des résultats de cette étude, “on ne peut pas changer grand-chose dans notre comportement, que l’on soit plus ou moins à risque”. Il reconnaît néanmoins que cette découverte “donne des orientations inédites à la recherche médicale et pharmaceutique, et nous encourage à tenter de comprendre l’influence des groupes sanguins”.
D’après Sakthivel Vaiyapuri, les personnes du groupe A n’ont pas de raison de paniquer face à ces résultats, tout comme celles du groupe O ne doivent pas se sentir trop confiantes. Tout le monde doit continuer à respecter les règles de confinement et de distanciation physique, se laver les mains régulièrement, éviter de se toucher le visage dans les lieux publics et porter un masque ou une protection du visage quand on est obligé de côtoyer les autres. “Chacun doit suivre les recommandations des autorités sanitaires et rester extrêmement vigilant pour se protéger et protéger son entourage”, conclut-il.
Comment connaître son groupe sanguin ?
Si vous ne connaissez pas encore votre groupe sanguin, vous pouvez le demander à votre médecin traitant. Attention : seul un test sanguin préalable permet de le déterminer. On peut aussi le connaître en faisant un don de sang. Ceux qui l’ont déjà fait retrouveront cette information sur leur carte de donneur.
Cet article, publié sur Le HuffPost britannique, a été traduit par Valeriya Macogon pour Fast ForWord.
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Auteur : Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 29/06/2020
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Mis en ligne par Pascal Paquin de Yonne Lautre, un site d’information, associatif et solidaire(Vie du site & Liens), un site inter-associatif, coopératif, gratuit, sans publicité, indépendant de tout parti.
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