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"Dossier - Palu et Corona : même combat ? Face au quadrilemme (écologie, santé, social, économie), tout reste à faire autrement." par Jacques Hallard

samedi 16 mai 2020, par Hallard Jacques



ISIAS Ecologie Economie Déconfinement Francophonie

Dossier - Palu et Corona : même combat ? Face au quadrilemme (écologie, santé, social, économie), tout reste à faire autrement avec l’aide d’une brochette d’éminentes personnalités, d’ONG et du Commissariat général au développement durable (CGDD, une direction du Ministère français de la Transition écologique et solidaire)

{{}}Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS 13/05/2020

Plan : Avant-propos Préambule {{}}Introduction Sommaire Auteur

Parmi les personnes et ONG choisies (dans l’ordre de leur citation dans ce dossier) : Vincent Lindon, Corinne Lepage, Fanny Parise, Pascal Perri, Dominique Bourg, Philippe Desbrosses, Gauthier Chapelle, Johann Chapoutot, Xavier Ricard Lanata, Pablo Servigne, Sophie Swaton, Guillaume Bigot, Laurent Berger, ATTAC d’Europe, Maxime Combes, Boris Cyrulnik, Edgar Morin, Alain Touraine, Jean-Louis Schmitt, Jean Gadrey, Olivier Sibony, Greenpeace, Oxfam, Mouvement Colibris, Pierre Rabhi, Nicolas Hulot, Fondation pour la Nature et l’Homme, Thomas Lesueur. Leur trajectoire, leur parcours et l’accès à certains de leur travaux ont été ajoutés à la suite du document auquel ils et elles ont apporté leur concours et qui a été sélectionné dans ce dossier à visée éccologique.

Quelques citations pour commencer :

« Le temps est venu de la lucidité, c’est à dire de ne pas fuir la réalité ». Nicolas Hulot 08 mai 2020 France Inter. Source - « Le temps est venu : l’appel de Nicolas Hulot pour poser les premières pierres d’un nouveau monde… Le temps est venu de dresser un horizon commun… Le temps est venu de redonner du sens au progrès » ... Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme 05 mai 2020. Source

« L’après-épidémie se pense aujourd’hui. Comment organiser localement pour apporter des réponses résilientes ? » - Colibris ‘Le Mag’ « Des idées pour construire demain ». Source : https://www.colibris-lemouvement.org/magazine/coronavirus-revelateur-dinegalites-sociales

« Nous le rappelons et le martelons : un retour à la normale de notre modèle économique et social n’est pas envisageable … L’épidémie du Covid-19 nous rappelle et confirme tristement l’impact des activités humaines sur l’environnement, le climat, et les répercussions que celles-ci engendrent pour la santé humaine… Exigeons un droit à la hauteur de l’urgence climatique et environnementale… Des juristes, force de proposition pour un droit respectueux du vivant… » - Tribune « Agir pour le vivant » par Un collectif de cent spécialistes du droit, (Notre Affaire à tous) dans le journal ‘Libération’ du 05 avril 2020. Lire ici

« Chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition » - « La vraie science est une ignorance qui se sait » - « Nature peut tout et fait tout » - Michel Eyquem De Montaigne (1533-1592).

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Avant-propos -
Contenu :

Du trilemme au quadrilemme

Le quadrilemme de l’écologie, de la santé publique, du social et de l’économie

Accès à des dossiers ayant trait à la culture, préparés pendant le confinement et postés sur le site ISIAS 

Le pilier essentiel et fondamental de l’écologie

L’écologie est caractérisée par la complexité et le temps long

Les solutions alternatives qui s’imposent dorénavant pour faire autrement

Un appel de Vincent Lindon : « Comment ce pays si riche… » 06 mai 2020 - Diffusé par Médiapart


Du trilemme au quadrilemme

Ce dossier a été inspiré par la représentation du ‘trilemme’ à propos du déconfinement, et par la formule « comment résoudre un problème insoluble » d’après Olivier Sibony Follow (12 avril 2020) : « choisir entre préserver le système de santé, protéger les libertés individuelles et remettre en marche l’économie ». Aller directement à ce document ci-après >>>

Le trilemme « est une situation qui offre le choix entre trois alternatives menant à des résultats différents et dont les partis sont d’égal intérêt…. - L’une des premières utilisations du trilemme est attribuée au philosophe grec Épicure… - le trilemme de Münchhausen est un terme désignant l’impossibilité de prouver une vérité « certaine », même dans le domaine de la logique ou des mathématiques… - John Stuart Mill est connu pour avoir formulé certains raisonnements pouvant s’exprimer sous forme de trilemmes (son argumentation contre la suppression de la liberté, d’une part, et l’équilibre entre la liberté, l’égalité et l’efficacité, d’autre part… - Le « trilemme de la Terre » (ou « trilemme 3E ») est un terme utilisé par des scientifiques œuvrant dans les domaines de l’énergie et de protection de l’environnement : le trilemme réunit là les trois E pour l’économie, l’énergie et l’environnement)…. - Source 

Par extension, un quadrilemme est une situation dans laquelle un choix doit être fait entre quatre options définies et considérée à priori. Une application se trouve dans le secteur monétaire et financier à travers une étude intitulée « Face au quadrilemme : règles de Taylor, politique d’intervention et contrôle des capitaux dans les grands marchés émergents » - Résumé - Cet article examine les règles étendues de Taylor et les fonctions d’intervention sur les devises dans les grands marchés émergents (ME), mesurant dans quelle mesure les politiques sont conçues pour stabiliser la production, l’inflation, les taux de change et accumuler des réserves internationales. Nous nous concentrons sur deux grands marchés émergents - l’Inde et le Brésil. Nous considérons également l’impact d’une plus grande ouverture du compte de capital et les règles qui dominent en cas de conflit de politique. Nous constatons que la stabilisation de la production est une caractéristique dominante de la politique des taux d’intérêt en Inde, tout comme le ciblage de l’inflation au Brésil. Les deux pays utilisent activement la politique d’intervention pour réaliser la stabilisation du taux de change et, parfois, la stabilisation des réserves autour d’un niveau cible lié à des fondamentaux économiques observables. D’importants achats (ventes) d’intervention imprévus s’accommodent de taux d’intérêt bas (élevés), ce qui suggère que les opérations extérieures sont subordonnées aux objectifs de la politique intérieure. Nous étendons le travail au Chili et à la Chine à des fins de comparaison. Les fonctions politiques du Chili sont similaires à celles du Brésil, tandis que la Chine applique des politiques qui diffèrent sensiblement des autres pays émergents… - Référence : Facing the Quadrilemma : Taylor rules, intervention policy and capital controls in large emerging markets
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Fernando Chertman
Michael Hutchison
DavidZink - Journal of International Money and Finance - Volume 102, April 2020, 102122 - © 2019 Elsevier Ltd. All rights reserved. Source

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Le quadrilemme de l’écologie, de la santé publique, du social et de l’économie.

Mais nous nous trouvons aussi à propos du déconfinement face à un quadrilemme qui implique de prendre en compte simultanément l’écologie, la santé publique, le social et l’économie.

La préservation du système de santé (un peu négligé apparemment au cours des dernières décennies) est apparue avec une grande acuité lors de la pandémie Covid-19. Les aspects sociaux ont mis en exergue le rôle capital des soignants (ou soigneurs), comme celui des éducateurs travaillant « hors l’école » : voir ’Faire la classe à la maison, hors les murs de l’école, pendant le confinement imposé à cause du coronavirus et de la pandémie Covid-19’ par Jacques Hallard , samedi 18 avril 2020.

A également été mis en lumière le rôle indispensable et capital dans notre société des pourvoyeurs de biens et de services essentiels ; la nourriture, l’eau, l’électricité, l’information, la protection des biens et des personnes, la sécurité, l’élimination des déchets, etc… - autant d’activités non délocalisables qui répondent à la satisfaction de nos besoins essentiels ! - Voir ’Comment (re)connaître nos besoins essentiels ?’ par Jacques Hallard ,jeudi 2 mai 2013 et ’L’autonomie énergétique : pourquoi et comment ?’ par Jacques Hallard , lundi 8 août 2016 et « Comment (re)connaître nos besoins essentiels ? Nécessité de définir nos besoins avant de chercher à les satisfaire » par Jacques Hallard : Natur’Alpilles 2015 à St Rémy de Provence , lundi 25 mai 2015.

A aussi été souligné le rôle important des « amuseurs » (terme généralisable sans le considérer comme péjoratif à tous les artistes, écrivains, etc…), en fait, tout ce qui résulte des métiers, des auteurs et des praticiens du monde de la culture  : « des arts, des lettres et des sciences, comme des modes de vie, des lois, des systèmes de valeurs, des traditions et des croyances »).

Ce rôle a été mis en relief à la faveur d’un temps libre imposé à beaucoup de personnes retenues à leur domicile et donnant la connotation culturelle indispensable à toute société humaine, tout en assurant la communication sociale entre ses membres… en même temps que la distraction nécessaire par temps d’isolement et de confinement. La culture est bien ce bien indéfectible, « ce qui est commun à un groupe d’individus » et comme « ce qui le soude », c’est-à-dire ce qui est appris, transmis, produit et créé… » - Voir ’La culture est la pierre angulaire d’une société démocratique’ Mise en perspective de Jacques Attali – Partie 3. Par Jacques Hallard , dimanche 21 août 2016]. Egalement : ’L’identité et les arts à la rescousse des cultures, des civilisations et de la paix ?’ par Jacques Hallard , mardi 16 août 2016.

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Accès à des dossiers ayant trait à la culture, préparés pendant le confinement (mars-avril 2020) et postés sur le site ISIAS :

’Pour aider chacun à surmonter l’épreuve du coronavirus et du confinement : ‘Qi Dance’ « Comme un oiseau libre » d’après Ke Wen’ par Jacques Hallard , 帮助大家克服冠状病毒的折磨和遏制:’齐舞’’像自由的鸟儿一样’ 据柯文说, dimanche 29 mars 2020 par Hallard Jacques

’Faire face - Toujours debout - Vive la Vie et le Vivant ’ par Jacques Hallard, mardi 31 mars 2020 par Hallard Jacques

’Les poissons de Martine confinée au 1er avril 2020’, par Jacques Hallard, Travail artistique réalisé au pinceau chinois et présenté par Martine Degioanni 2018, dimanche 5 avril 2020 par Hallard Jacques

Partage de musiques et chants traditionnels d’après la culture des trois ‘religions du livre’ à l’occasion de Pessah chez les juifs, de Pâques chez les Chrétiens et du Ramadan chez les musulmans, dimanche 12 avril 2020

’Musiques jouées pendant le confinement et dans les cultures traditionnelles, juive et musulmane’ par Jacques Hallard mardi 21 avril 2020

’Le printemps en peinture, en musique et certains de ses aspects symboliques dans diverses cultures et en franc-maçonnerie.’ par Jacques Hallard samedi 2 mai 2020

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Le pilier essentiel et fondamental de l’écologie

Deux maladies infectieuses très répandues, le paludisme et la pandémie Covid-19, nous montrent que l’approche écologique est essentielle pour leur contrôle par les êtres humains ; elle retrouve une nouvelle forme de considération indiscutable face à un monde à reconstruire autrement : elle devra être replacée plus délibérément au centre des préoccupations humaines. Cette approche écologique est à considérer à la fois sur le plan du développement personnel (comme le précise la théorie écologique de Bronfenbrenner) et sur le plan plus général de la reconnaissance de l’urgence de la transition écologique (qui est la même que l’urgence sociale) car « la transition écologique n’est pas une option : c’est une nécessité absolue », selon Corinne Lepage, et en partageant cette vision : ’Notre système de santé publique est à réinventer’ (11 avril 2020 - Redaction JDD).

La théorie écologique de Bronfenbrenner (25 août 2018) « est l’une des explications les plus acceptées à propos de l’influence du milieu social sur le développement de chaque personne. Cette hypothèse défend l’idée que l’environnement dans lequel nous grandissons affecte tous les plans de notre vie. Notre façon de penser, les émotions que nous ressentons ou nos goûts et préférences seraient déterminés par les différents facteurs sociaux… » A lire sur ce site : https://nospensees.fr/la-theorie-ecologique-de-bronfenbrenner/ - Et voir à ce propos notre dossier ’Des retombées psychologiques peuvent résulter du confinement imposé et de la distanciation sociale recommandée’ par Jacques Hallard - Traduction et compléments de Jacques Hallard, mercredi 29 avril 2020

L’urgence de la transition écologique est la même que l’urgence sociale : pour Corinne Lepage(avocate, ancienne ministre de l’Environnement, députée européenne de 2009 à 2014, Présidente de CAP21/Le Rassemblement Citoyen), « cette transition est riche d’emplois, de nouvelles activités, d’une meilleure vie - L’urgence de la transition écologique est la même que l’urgence sociale. On ne peut dissocier l’une de l’autre il n’y aura pas de transition écologique sans justice sociale et la justice sociale impose la transition écologique. Il est tragique que le point de départ de la révolte des gilets jaunes ait porté sur la taxe carbone. Cela s’explique par le coût des carburants devenu insupportable pour nombre de nos concitoyens qui ne peuvent se passer de leur voiture. Mais, si cette taxe a été le détonateur, elle n’est évidemment pas la cause de la révolte actuelle. Le moratoire - était inévitable même s’il n’était pas susceptible de calmer la colère des gilets jaunes qui remettent en cause le système, c’est-à-dire des années de réduction de leur niveau de vie et de croissance des inégalités. L’annulation est une faute grave, les commentaires autour des raisons qui ont fait hésiter le pouvoir autour de la taxe carbone sont catastrophiques. En effet, les tergiversations de l’exécutif n’avaient pas pour cause l’abandon d’un élément majeur de la transition énergétique ; ils avaient pour cause le déficit des finances publiques ! Ce qui ne fait que conforter l’idée que la taxe carbone était un choix de finances publiques et non de transition écologique celle-ci n’étant en réalité qu’un prétexte pour réduire le déficit de l’État. C’est bien ce que nombre d’écologistes avaient perçu en réclamant à corps et à cris que les sommes perçues au titre de la taxe carbone soient entièrement affectées à la transition écologique et non pas déficit de l’État.

La transition écologique n’est pas une option. C’est une nécessité absolue et pour cette raison elle ne peut se faire qu’avec l’ensemble de nos concitoyens et dans la cohérence de l’action publique. Or, ni l’une ni l’autre de ces obligations n’est ici remplie. Tout d’abord, la transition ne peut s’accompagner que de justice sociale et fiscale. Ce n’est manifestement pas le cas lorsque la fiscalité indirecte prend le pas sur la fiscalité directe sans qu’aucune mesure de compensation liée à la situation financière des contribuables ne soit prise en compte. La transition doit être possible ce qui signifie que financièrement nos concitoyens doivent pouvoir y faire face. Or, une comptabilité intelligente, qui intègre les coûts et les avantages externes, permettrait très vite de constater l’avantage collectif qu’il y à dépenser dans la transition énergétique pour économiser… » - Document complet à lire sur ce site : https://www.huffingtonpost.fr/corinne-lepage/la-transition-ecologique-nest-pas-une-option-cest-une-necessite-absolue_a_23611640/

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L’écologie est caractérisée par la complexité et le temps long

On peut encore rappeler dans cet avant-propos que l’écologie ne se laisse bien apprivoiser que si l’on prend en compte la complexité du monde et que si l’on se place dans le temps long, dans la durée… - Voir par exemple :

Accès à des définitions de la complexité et du temps long sur ces sites :

http://agora.qc.ca/Dossiers/Complexite

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Ecolonomie : temps court et temps long - 09 février 2010 - Par JM Vergès - Blog : ECOLONOMIE

Science, conscience et environnement - Penser le monde complexe - Avec Gérald Hess - Presses Universitaires de France, 2016

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Les solutions alternatives qui s’imposent dorénavant pour faire autrement

Les références au mouvement alternatif ne sont pas nouvelles mais elles sont peut-être bien toujours actuelles. « Le Mouvement alternatif regroupe les mouvements sociaux gravitant autour des squats et des mouvements écologistes et pacifistes. Ces différents mouvements sociaux ont en commun le fait de privilégier des formes d’action non violentes de désobéissance civile s’inscrivant dans une démarche citoyenne et une culture autogestionnaire… » - Article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_alternatif

« Faire autrement » - Tensions entre idéaux et contraintes pratiques de militants pour la décroissance – Par Arnaud Mège – Document ‘cairn.info’ paru dans la Terrains & travaux 2017/2 (N° 31), pages 63 à 86.

« Les militants pour la décroissance rejettent le principe dominant qui structure les modes de pensée au sein des sociétés capitalistes-productivistes : la croissance économique. Ainsi, ils militent pour une réduction des volumes de production et de consommation, soit une diminution du PIB. Ce faisant, ils dénoncent les logiques productivistes et consuméristes qui légitiment, et de fait tendent à imposer, l’idée selon laquelle « plus » est forcément égal à « mieux ».

2Ce « contre-discours » (Krieg-Planque, 2010), qui porte sur la valorisation du sens à accorder aux limites (Ariès, 2007 ; Latouche, 2016), s’inscrit dans un contexte historique marqué par la confrontation des logiques productivistes du capitalisme avec les limites physiques de la biosphère. De plus, bien que les scientifiques s’accordent sur le fait que les hommes sont la cause principale des modifications et dérèglements de leur milieu (Malm, 2017), les promoteurs du capitalisme, s’ils tentent de diminuer le coût environnemental lié à leurs activités – en se parant notamment des vertus que leur confère l’usage du label « développement durable » –, ne semblent cependant pas prêts à diminuer leurs profits.

Dans ce contexte et face à ce constat, l’engagement militant pour la décroissance se revendique comme une alternative aux systèmes politique et économique capitalistes. Néanmoins, plus qu’une rupture avec l’ordre existant, fondée sur des représentations liées au mythe du Grand Soir, c’est la recherche de l’alternative quotidienne qui guide les pratiques militantes des « décroissants ». Ces dernières apparaissent comme autant de moyens pour lutter ici et maintenant contre l’imposition des logiques compétitrices du « toujours plus » valorisées par les dominants, ceux qui détiennent le capital politique et économique. Pour cela, les militants pour la décroissance prônent un changement complet de paradigme, encourageant dès lors d’autres manières de faire, regroupées sous l’étiquette de la « simplicité volontaire » (voluntary simplicity ; Elgin, 1993 [1981]). Ce renversement des manières de penser (Latouche, 2014) vise ainsi à l’émergence de modes de vie (ways of life ; Elgin 1993 [1981] : 403) spécifiques liant à la fois des convictions politiques, éthiques et pragmatiques à des fins de décélération de la consommation (downshifting ; Schor, 2011). En ce sens, la décroissance est à considérer comme un engagement en actes qui trouve sa cohérence au niveau local, valorisant ainsi la proximité des relations politiques, sociales et économiques (Pailloux et Mège, 2013 : 122).

3Mais adopter les « bons » comportements ou réaliser les « bonnes » pratiques suppose en amont de bénéficier à la fois de dispositions nécessaires à l’action et des conditions de possibilité favorables à leur mise en œuvre. En effet, comme l’ont mis en évidence Bénédicte Havard-Duclos et Sandrine Nicourd à propos du bénévolat : « L’engagement ne se déroule pas hors des contraintes du monde social. » (2005 : 62). Il convient donc de considérer quels sont les ressorts de l’engagement et plus précisément ici, quels sont les ressorts de la mise en pratique d’idées qui se posent en rupture vis-à-vis des manières de faire et de consommer dominantes. Il s’agit ainsi de se positionner à distance des analyses psychologisantes définissant un instrument de mesure, dit « échelle de simplicité volontaire » (voluntary simplicity lifestyle scale ; Iwata, 1999). Ces approches visent davantage à révéler ce qui relèverait de la personnalité (Cordeau et Dubé, 2008) des enquêtés plutôt que des conditions de possibilité de la mise en pratique de leurs idées. En effet, si tous les militants rencontrés ont revendiqué leur volonté de vivre leur engagement du « mieux possible », en ont-ils pour autant tous les moyens et donc tous les mêmes possibilités ? Autrement dit, qu’en est-il de l’adéquation entre la nécessité de s’inscrire et d’appartenir à cette « communauté de pratiques », identifiable et identifiante, et les pratiques concrètes effectuées au quotidien ? Ces questions invitent à interroger les pratiques, non pas comme un tout homogène, mais comme un espace où s’expriment des effets de différenciation entre les militants : ceux pour qui il est « facile » ou encore « naturel de faire » pour la décroissance, et les autres, évoluant dans des contextes et occupant des lieux de vie qui les contraignent à « ne pas pouvoir faire » ce qu’ils souhaitent. Mais il convient également de se demander si la facilité « à faire » ne serait pas, outre les effets structurels évoqués, liée à des socialisations militantes et politiques divergentes. Nous faisons ainsi l’hypothèse que l’action ne serait pas uniquement guidée par le principe de cohérence pratique mais aussi par celui de radicalité idéologique. Toutes ces questions invitent ainsi à interroger la relation entre les idéaux militants et leur réalisation.

4Après avoir présenté l’enquête de terrain, l’article aborde le sens que revêt cette injonction militante à l’action, « le faire », en mobilisant une catégorisation en trois registres : « faire moins », « faire soi-même » et « faire sans ». Ensuite, la mobilisation du concept de « communauté de pratiques » éclaire les logiques de différenciation qui s’expriment entre les militants, en particulier la manière dont sont mobilisées les notions de cohérence et de radicalité pour définir les contours du « vrai » militant. Enfin, la mise en évidence pour nombre d’enquêtés de l’idéal de la figure du propriétaire permet de discuter en quoi la quête d’un mode de vie autonome peut finalement conduire à renouer avec ce que les personnalistes des années 1930, sous la plume d’Emmanuel Mounier, appelaient le « confort bourgeois ». S’incarne alors une tension forte entre les aspirations individuelles et les revendications collectives de l’engagement militant… » - © Cairn.info 2020 Conditions générales d’utilisation – Source de l’étude complète : https://www.cairn.info/revue-terrains-et-travaux-2017-2-page-63.htm#

« Faire Autrement » pour changer le monde - Partager, c’est déjà agir - Par EnSSemble.org, le 06 avril 2016 - Pour faire connaître les initiatives qui changent le monde, ‘EnSSemble.org’, le premier portail national de l’Economie Sociale et Solidaire locale, et 19 acteurs du changement lancent la campagne #FaireAutrement. Au-delà des discours pessimistes et de l’ambiance morose, des acteurs du changement œuvrent pour améliorer le quotidien de tous. En réponse aux problèmes de notre société, des solutions positives, engagées et solidaires existent. Elles créent de l’emploi, protègent l’environnement ou encore favorisent le lien social. Malgré leur impact sociétal important, elles restent trop souvent méconnues du grand public.

EnSSemble.org(1er guide pratique pour agir et #FaireAutrement).

‘EnSSemble.org’, le premier portail national de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) locale, et 19 acteurs du changement, comme MakeSense ou Envie, viennent de lancer la campagne #FaireAutrement. L’objectif est de transmettre très largement les valeurs de l’engagement associatif ou entrepreneurial grâce à trois vidéos que tous les acteurs du changement peuvent personnaliser gratuitement.

Vous êtes une entreprise, une association, un porteur de projet ou un collectif déployant des solutions innovantes et vous voulez réaliser votre vidéo ? Rien de plus simple ! Rendez-vous sur www.faireautrement.org . Vous pourrez choisir, parmi trois vidéos thématiques, celle qui correspond le mieux à votre action, vos valeurs et votre positionnement.

Ensuite, #FaireAutrement personnalisera la vidéo avec votre logo, le lien de votre site Internet et une phrase pour vous présenter. L’ambition est de diffuser un message positif, unifié et cohérent tout en présentant des alternatives aux crises que l’on traverse.

EnSSemble.org est à l’initiative de ce projet et cela n’a rien d’étonnant. Ce portail de l’ESS locale agit en faveur d’une société plus solidaire en s’adressant aux citoyens, aux entrepreneurs sociaux et aux collectivités. Il met en avant les initiatives, outils, acteurs, médias… qui permettent d’agir en faveur d’une société plus solidaire. Un ADN que nous partageons chez One Heart ! Pour soutenir cette très belle campagne, pour choisir de #FaireAutrement, pour que demain soit différent, cliquez sur ce lien : portail national de l’économie sociale et solidaire locale acteurs du changement – Source : https://www.oneheart.fr/articles/-faire-autrement-pour-changer-le-monde-16392

Faire Autrement Vidéo 01:55 - 14 mars 2016 - EnSSemble.org – « Nous mettons 3 vidéos à disposition des acteurs engagés pour qu’ils se les approprient, les personnalisent et les diffusent le plus largement possible. Plus d’info sur FaireAutrement.org. Dites qu’il est possible de #FaireAutrement ! Devenez avec nous les ambassadeurs de vos valeurs ! » Catégorie : Organisations à but non lucratif – Source : https://www.youtube.com/watch?v=WP0zzBNREhU

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Un appel de Vincent Lindon : « Comment ce pays si riche… » - Vidéo 19:35 - 06 mai 2020 - Mediapart – « Le comédien a confié à Médiapart une longue réflexion, lue face à la caméra chez lui, sur ce que la pandémie révèle du pays qui est le nôtre, la France, sixième puissance mondiale empêtrée dans le dénuement (sanitaire), puis le mensonge (gouvernemental) et désormais la colère (citoyenne). Un texte puissamment politique, avec un objectif : ne pas en rester là.. ; » - Abonnez-vous à Médiapart : https://www.mediapart.fr/abonnement - Abonnez-vous à la chaîne YouTube de Mediapart : https://www.youtube.com/user/mediapart - Catégorie : Actualités et politique – Source : https://www.youtube.com/watch?v=EdZBZUN2t-4

Sources d’informations concernant Vincent Lindon :

Un appel de Vincent Lindon : « Comment ce pays si riche… » - Texte - 06 mai 2020 - Par Fabrice Arfi – « Le comédien a confié à Médiapart une longue réflexion, lue face à la caméra chez lui, sur ce que la pandémie révèle du pays qui est le nôtre, la France, sixième puissance mondiale empêtrée dans le dénuement (sanitaire), puis le mensonge (gouvernemental) et désormais la colère (citoyenne). Un texte puissamment politique, avec un objectif : ne pas en rester là… » - Accès : https://www.mediapart.fr/journal/france/060520/un-appel-de-vincent-lindon-comment-ce-pays-si-riche?onglet=full

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_Lindon

http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne-6417/biographie/

https://amomama.fr/188906-vincent-lindon-rencontre-les-femmes-de-s.html

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En préambule, est proposé à la suite un rapprochement entre le paludisme et le coronavirus pour illustrer ce qui a été abordé ci-dessus et tout ce qui reste à faire … autrement… !

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Préambule 

Palu et Corona par Esprit d’Ebene - Vidéo 01:49 - 24 avril 2020 - Esprit Debene

Une vidéo d’échange entre le paludisme et le coronavirus afin de sensibiliser et de continuer à lutter contre l’un des fléaux les plus meurtriers du monde ‘ZERO PALU JE M’ENGAGE’. Ce film est dédié à tous ceux qui sont victimes du paludisme. Compte tenu d’un contexte sanitaire exceptionnel et mondial, la lutte contre le paludisme ne doit pas cesser pour autant. Nous tenons à remercier de tout cœur tous ceux qui ont fait don de leur talent malgré le confinement que nous subissons lié au Coronavirus. Une grand merci à réalisatrice : Cécile Dorleans - Co-Realisateur : Olivier Marchon - Scénariste : Olivier Marchon - Motion designer : Olivier Darcourt - Voix du palu : Laurianne Escaffre - Voix du corona : Yonnick Muller - Producteur : Mams Yaffa - Catégorie ! People et blogs - Suggérée par HAAWK for a 3rd Party Monetize Your Music Today ! Identifyy Content ID Administration. Musique utilisée dans cette vidéo En savoir plus - Écoutez de la musique sans publicité avec YouTube Premium - Titre : Return of the mambo - Artiste : S. Strong - Concédé sous licence à YouTube par HAAWK for a 3rd Party ; HAAWK Publishing

Source : https://www.youtube.com/watch?v=-ZGCW6jTrbo

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Le paludisme, jaloux du coronavirus - Audio 02:46 Par Mamane- Publié le 15/04/2020 à 07:51 par RFI Culture Humour - La pandémie due au coronavirus a fait beaucoup de victimes mais aussi quelques jaloux. Précédentes émissions :

06/05/2020De la différence entre confinement et couvre-feu

22/04/2020Immunité collective

21/04/2020Corona et la vraie vie

20/04/2020Les choses qui continuent malgré le Covid-19

16/04/2020Le virus du paludisme

14/04/2020Confinement et délocalisations

13/04/2020Le coronavirus contre la croissance

09/04/2020Distanciation sociale

08/04/2020Coronavirus et guerre des masques dans la cour de récré

RFI - Actualités, info, news en direct - Radio France

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Source : http://www.rfi.fr/fr/podcasts/20200415-le-paludisme-jaloux-coronavirus

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Introduction

Après quelques citations, ce dossier à usage didactique a présenté dans un avant-propos des fondamentaux indispensables à connaître, puis, dans un préambule, le rapprochement entre deux maladies infectieuses : le paludisme provoquée un parasite du genre Plasmodium et propagée par la piqûre de certaines espèces de moustiques anophèles, d’une part, et la pandémie COVID-19 causée par virus identifié en janvier 2020 en Chine, en fait un nouveau coronavirus nommé SARS-CoV-2, d’autre part.

Tout d’abord, en bref, on peut se référer concrètement à cette note : Le pacte du pouvoir de vivre : Les 15 mesures indispensables dès la fin du confinement. 04 mai 2020, par Yonne Lautre.

Dans un éditorial en date du 07/05/20 à 10:48, Thomas Lesueur, Commissaire général au développement durable et délégué interministériel au développement durable en France, s’exprime ainsi : « En ce printemps 2020, avec la pandémie de Covid-19, l’humanité affronte la plus grande crise sanitaire de son histoire : jamais autant d’êtres humains n’ont été simultanément confinés ; jamais on n’a connu une menace virale qui se soit si rapidement propagée à l’échelle planétaire. Cette situation constitue pour les États, les sociétés et chaque individu à la fois une épreuve et une expérience. Chacun se trouve confronté à de multiples questionnements, dont certains de nature ontologique, notamment sur son rapport au vivant, ses capacités de résilience, son mode de vie et de travail, ses rapports sociaux, mais aussi, pour certains États, sur la robustesse de leur modèle économique et industriel, voire leur organisation sociale et leurs valeurs. Aujourd’hui, ce sont aussi, légitimement, les conditions sanitaires et les perspectives économiques et sociales de la sortie de cette crise systémique qui interrogent et mobilisent nos sociétés, car nous ressentons tous le besoin de nous projeter dans l’avenir avec un espoir raisonnable, en nous demandant ce que cette crise va changer… »

Voir par exemple Comment bien réussir l’effondrement de notre civilisation ? Synopsis – « La multiplication des crises actuelles serait-elle le signe que notre civilisation est au bord de l’effondrement ? Possible. Ce n’est pourtant pas pour autant que nous courrons au chaos. Nous pouvons d’ores et déjà construire notre résilience et semer les graines de la civilisation de demain. Quelques pistes… » - Publié par UniverSud – Liège en décembre 2018 – Référence ‘Eclosio’ : Eclosio est le fruit du rapprochement entre UniverSud-Liège et ‘Aide au Développement Gembloux’ en Belgique. Le document complet est à lire à cette source : https://www.eclosio.ong/publication/comment-bien-reussir-leffondrement-de-notre-civilisation-2/ -

A noter que cette étude précédente était prémonitoire puisqu’elle remonte à 2018 ! La pandémie Covid-19 ne vient-elle pas de précipiter cet effondrement ? Il y a un an déjà, l’ancien ministre français de l’environnement, devenu l’un des penseurs de la collapsologie, Yves Cochet, expliquait à ’20 minutes’ que l’effondrement de nos sociétés était proche et que l’un des éléments déclencheurs de ce collapse pourrait être une pandémie mondiale. Alors que le Covid-19 est apparu à l’échelle internationale, il réaffirme ainsi son analyse (01/05/20) : “Le Coronavirus peut être le déclencheur de l’effondrement de notre civilisation’

Pour le politologue Guillaume Bigot « il n’y aura plus de retour à la normale : la mondialisation s’est grippée (Le Causeur, 21 mars 2020). Des économistes avancent le spectre de l’effondrement de l’économie (Pascal Perri /LCI, 29 avril 2020). Dans une déclaration du jeudi 16 avril 2020, intitulée Un autre avenir après le Covid-19, les ATTAC d’Europe invitent toutes les organisations, tous les mouvements et les militant•e•s à participer à leurs débats et à leurs actions dans le cadre de la crise multiple liée au Covid-19 : « comment pouvons-nous empêcher de terribles dégâts sociaux et des atteintes à nos droits démocratiques ? Comment rendre possible le passage à un autre système, basé sur la solidarité sociale et le respect de l’environnement, pour remplacer le système capitaliste néolibéral ? » - Tous ces éléments sont abordés dans des documents sélectionnés et figurant ci-après.

Certains élus ont même estimé « qu’en ce temps de confinement et de crise sanitaire, il semble essentiel de penser l’après et aux moyens qui s’offrent à nous pour bâtir un nouveau modèle plus sûr, plus durable et plus solidaire… » - Voir l’appel du collectif émanant de parlementaires de différentes sensibilités politiques, qui appellent les forces vives, les citoyennes et les citoyens de notre pays – et d’ailleurs - à préparer, ce que ces initiateurs appellent « le jour d’après » la pandémie Covid-19, à l’aide de 11 thèmes qui sont proposés à la discussion. « Qu’en pensez-vous ? Propositions abouties, références documentaires, commentaires, ressentis... : toutes vos réactions sont les bienvenues… » Voir : Consultation - Le Jour d’Après – Source : https://lejourdapres.parlement-ouvert.fr/

Le détail des documents sélectionnés dans ce dossier est accessible dans le sommaire ci-après – L’ensemble est divisé en 2 rubriques :

Rubrique A (Paludisme ou malaria) : 6 entrées notées de 1 à 6.

Rubrique B (Faire avec l’aide de … : 24 entrées notées de 1 à 23 plus addenda

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Sommaire > 2 rubriques A (Paludisme ou malaria) et B (Faire avec l’aide de …)


Rubrique A - Paludisme ou malaria (appelé également « fièvre des marais ») : une maladie infectieuse due à un parasite du genre Plasmodium, propagée par la piqûre de certaines espèces de moustiques

1. Introduction au paludisme (ou malaria) et aux moustiques vecteurs d’après Wikipédia

2. Paludisme - Plasmodium falciparum au stade mérozoïte - © Institut Pasteur - Janvier 2013 - Dernière mise à jour le 16 septembre 2019 – Document ‘pasteur.fr’

3. Gare aux piqûres : 57 départements en vigilance rouge au moustique tigre Par Louis-Valentin Lopez publié le 5 mai 2020 à 18h17 – Document ‘franceinter.fr’

4. Vigilance-moustiques : Ce site soutenu par une marque d’insecticides est-il une source fiable d’information sur les moustiques tigres ? Par Mathilde Cousin - Publié le 07/06/19 à 07h35 — Mis à jour le 07/06/19 à 07h35 – Document ‘20minutes.fr’

5. Vigilance Moustiques Tigres - Jeudi 01 juillet 2017 (pour mémoire) – Document suisse ‘ch-libourne.fr/actualités’

6. Accès à nos articles parlant des moustiques et postés sur le site ISIAS

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Rubrique B – Faire avec l’aide de …

1. La France face au défi du coronavirus - Intervention de Corinne Lepage - Vidéo 21:12 - Lundi 04 mai 2020 à 18h00 – Diffusé par la MAÏF

1 Bis. Tribune « Agir pour le vivant » : exigeons un droit à la hauteur de l’urgence climatique et environnementale Par Un collectif de cent spécialistes du droit, (Notre Affaire à tous) — 09 mai 2020 à 12:26

2. Coronavirus - Les scénarios extrêmes d’une anthropologue pour l’après-crise Par Lauren Provost - 16/04/2020 05:16 CEST

3. Déconfinement : le spectre de l’effondrement de l’économie #PerriScope n°15 – Par Pascal Perri - 29 avril 2020 à 14:23 – Document ‘lci.fr’

4. Ecologie – Trente cinq (35) propositions pour une sortie écologique de la crise et pour un retour sur Terre - Dominique Bourg Philippe Desbrosses Gauthier Chapelle Johann Chapoutot Xavier Ricard Lanata Pablo Servigne Sophie Swaton - 30 avril 2020

5. Accès à des vidéos et à des documents concernant Dominique Bourg

6. Sociologie - Coronavirus, il n’y aura plus de retour à la normale - La mondialisation s’est grippée Par Guillaume Bigot - 21 mars 2020 – Document ‘causeur.fr’

7. Laurent Berger : « Seule l’intelligence collective nous sortira de la crise » 26/03/2020 - Entretien – Accès conditionnel au document ‘alternatives-economiques.fr’

8. Economie - Un autre avenir après le Covid-19 - Déclaration des Attac d’Europe - Jeudi 16 avril 2020, par Attac d’Europe

9. « La crise du Covid-19 ne doit pas être une parenthèse » Entretien avec Maxime Combes, économiste et porte-parole d’Attac - 25 mars 2020 - Propos recueillis par Rémi Pin, journaliste

10. L’après confinement selon Boris Cyrulnik : ’on aura le choix entre vivre mieux ou subir une dictature’ Par France Inter publié le 27 avril 2020 à 18h41

11. Edgar Morin et Alain Touraine vision d un monde égalitaire et solidaire Février 2019 - Edgar Morin et Alain Touraine à la Maison des sciences de l’homme, à Paris, le 10 janvier 2019.

12. Edgar Morin - La croissance exponentielle tend vers l’explosion - Publié le 15 août 2019 par Jean-Louis Schmitt – Document ‘natureiciailleurs.over-blog.com’

13. Coronavirus : Le monde d’après, selon Edgar Morin Publié le 18 Avril, 2020 - 17:41 – Diffusé par ‘espacemanager.com’ – Référence : Le Monde dimanche 19-lundi 20 Avril pages 28-29.

14. Edgar Morin : « Cette crise nous pousse à nous interroger sur notre mode de vie, sur nos vrais besoins masqués dans les aliénations du quotidien » - 19 avril 2020

15. Jean Gadrey - ’ Le virus comme détonateur d’une crise économique et financière qui couvait’ 17 avril 2020 – Document ‘https://labriqueinter.net/’

16. Le trilemme du déconfinement, ou comment résoudre un problème insoluble Published on April 12, 2020 - Olivier Sibony Follow – Diffusé par ‘linkedin.com’

17. GREENPEACE - Coronavirus et environnement : quelle sortie de crise ? Coronavirus et écologie : changer de modèle, pour une sortie de crise réaliste

18. OXFAM - Un demi-milliard de personnes pourraient basculer dans la pauvreté à cause du coronavirus, alerte Oxfam Publié : 09 avril 2020

19. Mouvement Colibris - Le conavirus , révélateur d’inégalités sociales... 24 mars 2020 - Marie-Hélène Pillot / Colibris

20. Les entretiens confinés avec Nicolas Hulot : ’Le temps est venu de la lucidité’ Enregistrement 28 minutes - Par Camille Crosnier - Réalisation : Valérie Ayestaray - Publié le 8 mai 2020 à 13h30 – Document ‘franceinter.fr’

21. Penser la transition - Le temps est venu : l’appel de Nicolas Hulot pour poser les premières pierres d’un nouveau monde - Publié le 05 mai 2020 – Document ‘fondation-nature-homme.org’

22. L’édito de Thomas Lesueur - Savoirs pour l’action - L’expertise au service des politiques publiques - Mai 2020

23. Savoirs pour l’action - L’expertise au service des politiques publiques en France - Mai 2020 - Commissariat général au développement durable (CGDD)

Addenda - One Health. Ambitions, défis et difficultés d’une approche incontournable pour la santé - 29 mars 2018

Dernière minute - Confinement : un bénéfice écologique de court terme (Vie Publique)

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Articles indiqués au sommaire :

Rubrique A - Le paludisme ou malaria (appelé également « fièvre des marais ») : une maladie infectieuse due à un parasite du genre Plasmodium, propagée par la piqûre de certaines espèces de moustiques

1.
Introduction au paludisme (ou malaria) et aux moustiques vecteurs d’après Wikipédia - Photo - Frottis sanguin révélant la présence du parasite Plasmodium falciparum ayant la forme d’anneaux à l’intérieur d’hématies humaines.

SymptômesFièvre intermittente (d), fièvre périodique (d), hépatomégalie, anémie, Splénomégalie et ictère
Maladie transmissible Transmission par les moustiques (d)
Causes Plasmodium falciparum, Plasmodium vivax, Plasmodium malariae, Plasmodium ovale, Plasmodium et Plasmodium knowlesi
Traitement Antipaludéen (en) et pharmacothérapie
Médicament Sulfadiazine, chloroquine, (RS)-primaquine, hydroxychloroquine, méfloquine, pyriméthamine, primaquine phosphate (d), méfloquine, sulfadiazine, Cinchonidine, hydroxychloroquine, Artesunate/amodiaquine (en), artémisinine et quinidine

Photo - Un Anopheles gambiae (une des espèces d’anophèles, vecteur du parasite responsable du paludisme).

Le paludisme ou la malaria, appelé également « fièvre des marais », est une maladie infectieuse due à un parasite du genre Plasmodium, propagée par la piqûre de certaines espèces de moustiques anophèles.

Avec 219 millions de personnes malades et 435 000 décès en 20171, le paludisme demeure la parasitose la plus importante et concerne majoritairement les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. 80 % des cas ont été enregistrés dans quinze pays d’Afrique subsaharienne et l’Inde1 (cf. section détaillée : « Épidémiologie »).

Le parasite du paludisme est principalement transmis, la nuit, lors de la piqûre par une femelle moustique du genre Anopheles, elle-même contaminée après avoir piqué un individu atteint du paludisme. Le parasite infecte les cellules hépatiques de la victime puis circule dans le sang, en colonisant les hématies et en les détruisant. De nombreuses espèces animales homéothermes sont parasitées par des Plasmodiidae, qui leur sont inféodés ; l’humain ne peut être parasité par des Plasmodium animaux, exception faite du Plasmodium knowlesi, un parasite primitif du paludisme que l’on trouve couramment en Asie du Sud-Est. Il provoque le paludisme chez les macaques à longue queue, mais il peut aussi infecter les humains, que ce soit naturellement ou artificiellement. Plasmodium knowlesi est le sixième parasite majeur du paludisme humain. Sur les cent-vingt-trois espèces du genre Plasmodium répertoriées, seules quatre sont spécifiquement humaines : Plasmodium falciparum responsable d’une grande majorité des décès, et trois autres qui provoquent des formes de paludisme « bénignes » qui ne sont généralement pas mortelles Plasmodium vivax, Plasmodium ovale, et Plasmodium malariae. Plasmodium knowlesi que l’on croyait jusqu’à une date récente spécifique aux espèces simiennes est désormais à compter parmi les Plasmodiums affectant également les humains, de façon généralement bénigne également (cf. section détaillée : « Causes »).

La cause de la maladie a été découverte le 6 novembre 1880 à l’hôpital militaire de Constantine (Algérie) par un médecin de l’armée française, Alphonse Laveran, qui reçut le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1907. C’est en 1897 que le médecin anglais Ronald Ross (prix Nobel en 1902) prouva que les moustiques anophèles étaient les vecteurs de la malaria (jusqu’à cette date, le « mauvais air » émanant des marécages était tenu responsable de la propagation de la maladie)… - Article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Paludisme

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2.
Paludisme - Plasmodium falciparum au stade mérozoïte - © Institut Pasteur
Janvier 2013 - Dernière mise à jour le 16 septembre 2019 – Document ‘pasteur.fr’

Le paludisme est une maladie provoquée par des parasites du genre Plasmodium. Selon l’OMS, cette maladie cause aux alentours d’un million de victimes par an dans le monde. Environ 40% de la population mondiale est exposée à la maladie et 500 millions de cas cliniques sont observés chaque année. La situation est d’autant plus préoccupante que depuis plusieurs années les parasites développent des résistances aux molécules antipaludiques et les moustiques craignent de moins en moins les insecticides. Aujourd’hui, aucun vaccin n’est disponible.

En bref : 1 million de victimes par an dans le monde - 90% des cas de paludisme, dans les zones tropicales d’Afrique - En France, en 2011, 3.560 cas d’importation ont été rapportés

Cause

Le paludisme est une maladie infectieuse potentiellement mortelle due à plusieurs espèces de parasites appartenant au genre Plasmodium. Le parasite est transmis à l’homme par la piqûre de moustiques infectés. Ces moustiques, « vecteurs » du paludisme, appartiennent tous au genre Anopheles.

Symptômes

Les manifestations cliniques du paludisme sont très diverses. Le paludisme débute par une fièvre 8 à 30 jours après l’infection, qui peut s’accompagner - ou non - de maux de tête, de douleurs musculaires, d’un affaiblissement, de vomissements, de diarrhées, de toux. Des cycles typiques alternant fièvre, tremblements avec sueurs froides et transpiration intense, peuvent alors survenir : c’est ’ l’accès palustre’. La périodicité de ces cycles dépend de l’espèce de parasite en cause, et coïncide avec la multiplication des parasites et l’éclatement des globules rouges, qui conduit également à l’anémie. Le paludisme engendré par P. falciparum peut être fatal s’il n’est pas traité. Dans certains cas, les globules rouges infectés peuvent obstruer les vaisseaux sanguins irriguant le cerveau : c’est le neuropaludisme, souvent mortel.

Dans les régions où le paludisme est hautement endémique, une partie de la population est porteuse asymptomatique. Suite à de nombreuses années d’infection chronique par le parasite, certains individus tolèrent sa présence et développent une immunité naturelle (« immunité acquise »).

Epidémiologie

Le paludisme touche une centaine de pays dans le monde, particulièrement les zones tropicales défavorisées d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine. L’Afrique est, de loin, le continent le plus touché avec 90% des cas de paludisme recensés dans ses zones tropicales. Des épidémies peuvent survenir lors de mouvements de populations peu exposées au paludisme vers des zones hautement endémiques.

L’Europe connaît des cas de paludisme dits d’importation. En France, en 2011, 3560 cas d’importation ont été rapportés (source InVS).

Les différentes espèces du parasite plasmodium impliquées

Quatre espèces de parasites du genre Plasmodium sont responsables de la maladie chez l’homme :

  • Plasmodium falciparum est l’espèce la plus pathogène et responsable des cas mortels. Elle est présente dans les zones tropicales d’Afrique, d’Amérique Latine et d’Asie, et elle est dominante en Afrique ;
  • Plasmodium vivax co-existe avec Plasmodium falciparum dans de nombreuses parties du monde, et est présente dans certaines régions tempérées ;
  • Plasmodium ovale, principalement trouvée en Afrique de l’ouest, ne tue pas mais peut entraîner des rechutes 4 à 5 ans après la primo infection ;
  • Plasmodium malariae a une distribution mondiale mais très inégale. Elle n’est pas meurtrière mais peut entraîner des rechutes jusqu’à 20 ans après la primo infection.
    Transmission

Le paludisme est transmis à l’homme par la piqûre d’un moustique femelle, du genre Anopheles, lui-même infecté après avoir piqué un homme impaludé : la femelle, en prenant le repas de sang nécessaire à sa ponte, injecte le parasite à son hôte. Les mâles ne piquent pas.

La transmission de Plasmodium d’un homme à un autre se fait donc par l’intermédiaire du moustique, le principal en cause étant Anopheles gambiae sur le continent africain. Il existe un seul cas de contamination inter-humaine directe, lorsqu’une femme enceinte infectée contamine son enfant par voie transplacentaire.

Cycle du parasite

Le cycle de Plasmodium est complexe et comporte deux étapes essentielles : une phase asexuée chez l’homme, et une phase sexuée chez le moustique.

L’anophèle femelle injecte à l’homme le parasite sous forme de ’sporozoïte’. Celui-ci migre rapidement, via la circulation sanguine, vers le foie. Il pénètre dans la cellule hépatique, où il se divise très activement pour donner naissance, en quelques jours, à des dizaines de milliers de nouveaux parasites : les ’mérozoïtes’. La cellule du foie éclate en libérant ces parasites dans le sang : là, ils pénètrent à l’intérieur des globules rouges et se multiplient. Lorsque ces derniers éclatent à leur tour, les mérozoïtes libérés dans la circulation sanguine infectent de nouveaux globules rouges (cycle érythrocytaire).

Après quelques cycles de réplication des mérozoïtes, des parasites sexués mâles et femelles (gamétocytes) sont formés à l’intérieur des globules rouges. Lorsqu’un moustique pique une personne infectée, il ingère ces gamétocytes, qui se transforment en gamètes. Leur fécondation engendre un zygote, qui se différencie en oocyste dans le tube digestif du moustique. Les oocystes produisent des sporozoïtes, qui migrent vers les glandes salivaires du moustique. Un nouveau cycle peut alors commencer.

Les rechutes tardives de paludisme observées lors d’infections par P.vivax et P. ovale sont dues à la possibilité pour ces espèces de subsister sous une forme latente (’hypnozoïte’) dans la cellule hépatique de l’homme.

Prévention et traitements

Plusieurs molécules antipaludiques qui peuvent être utilisées en prophylaxie (prévention lors d’un voyage en zone endémique) ou en thérapeutique. Les plus connues sont la chloroquine ou la quinine. D’autres, comme la méfloquine, sont utilisées dans les régions où vivent des parasites résistants à la chloroquine.

Un traitement préventif fortement recommandé

Il est dangereux de partir en zone de transmission intense de paludisme sans prise régulière d’un traitement préventif, en particulier pour les enfants et les femmes enceintes qui ont un risque accru d’accès grave. Le traitement préventif doit être prescrit par un médecin. Il tient compte des zones visitées (risque, existence ou non de résistance), de la durée du voyage et aussi de la personne : l’âge, les antécédents pathologiques, une intolérance aux antipaludiques, une possible interaction médicamenteuse, une grossesse.

Mais les médicaments antipaludiques ne garantissent pas une protection absolue contre l’infection et il est aussi important de se protéger des piqûres de moustiques (moustiquaires, produits anti-moustiques).

Aucun moyen préventif n’assure à lui seul une protection totale et, même si un traitement adapté a été bien pris, il est possible de faire une crise de paludisme, parfois d’apparition tardive. Les premiers symptômes sont souvent peu alarmants mais le paludisme peut être mortel si son traitement est retardé. Aussi, en cas de fièvre même légère, de nausées, de maux de tête, de courbatures ou de fatigue au cours du séjour ou dans les mois qui suivent le retour, un médecin doit être consulté en urgence. La prise d’un échantillon de sang est nécessaire pour confirmer le diagnostic. Toute fièvre au retour des tropiques doit être considérée a priori comme un paludisme jusqu’à preuve du contraire.

Recherche d’un vaccin

Aujourd’hui, aucun vaccin n’est disponible pour lutter contre le paludisme. A l’Institut Pasteur, plusieurs équipes travaillent à l’élaboration de vaccins contre le paludisme et plusieurs candidats sont à l’étude.

Une mise au point délicate

Une des difficultés majeures dans la mise au point d’un vaccin contre Plasmodium est, qu’au cours de sa vie, le parasite passe successivement par plusieurs stades avec des phases d’intense multiplication asexuée chez l’homme (dans les cellules du foie - phase hépatique - puis dans les globules rouges du sang - phase érythrocytaire -) et une phase de reproduction sexuée suivie de multiplication, chez l’insecte. Chaque stade se termine par la libération d’un parasite d’une forme différente, donc porteur d’antigènes différents et induisant des réponses immunitaires différentes, ce qui complique d’autant la recherche d’un vaccin.

 ’Géopolitique du moustique’ - Aller plus loin avec nos experts ! Lire le dossier du Journal de la Recherche sur les maladies vectorielles

A l’Institut Pasteur

De nombreuses équipes de l’Institut Pasteur se consacrent à la recherche sur le paludisme. Outre la recherche vaccinale, plusieurs équipes mènent des recherches plus fondamentales tant sur l’homme que sur le parasite Plasmodium et son vecteur, le moustique Anophèle. De telles recherches sont indispensables si l’on veut, à terme, trouver de nouveaux moyens de lutte contre le paludisme.

Par ailleurs, l’Institut Pasteur fait partie d’un important programme européen, nommé EVIMalaR, qui regroupe 17 instituts de recherche ou universités de 7 pays d’Europe et des partenaires dans 3 pays d’Afrique (Mali, Soudan, Ouganda). L’objectif de ce programme est d’approfondir les connaissances de base sur le parasite responsable de la maladie, les moustiques vecteurs, ainsi que sur la biologie des interactions entre différents hôtes (vecteurs et mammifères) et le parasite.

Quatre ans pour développer un nouveau candidat antipaludique

Un des obstacles dans la lutte contre le paludisme est la résistance des parasites Plasmodium aux médicaments actuels. Face à une potentielle impasse thérapeutique, de nouvelles molécules doivent aujourd’hui être développées pour préparer les médicaments de demain.

C’est l’objet du projet “Malaria Proteases Inhibition” (MaPI) que coordonne Jean-Christophe Barale. Démarré en 2012, MaPI repose sur la validation de deux nouvelles cibles thérapeutiques, les protéines SUB1 et SUB2, nécessaires au parasite pour entrer et sortir des cellules du foie et des globules rouges chez l’Homme.

Soutenu par un financement de l’Agence nationale pour la recherche (ANR), MaPI implique plusieurs équipes des Instituts Pasteur de Paris et du Cambodge, ainsi qu’un partenaire industriel, Sanofi. L’objectif principal du projet consiste, au cours des quatre années à venir, à identifier et optimiser un inhibiteur de SUB1 et/ou SUB2 via une approche intégrée et multidisciplinaire reposant sur des cycles répétés de synthèse et d’évaluations biologiques. Le but est ainsi de définir un nouveau candidat antipaludique susceptible d’entrer en phase d’évaluation clinique.

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Document de presse 16.12.2019 - paludisme - Vers de nouveaux médicaments efficaces contre le paludisme

Les parasites du genre Plasmodium , responsables du paludisme, sont transmis à l’homme par des piqûres de moustiques infectés. Et pour s’acclimater à...

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Institut Pasteur

Le réseau des Pasteuriens et des Alumni de l’Institut Pasteur

Source : https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/paludisme

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3.
Gare aux piqûres : 57 départements en vigilance rouge au moustique tigre Par Louis-Valentin Lopez publié le 5 mai 2020 à 18h17 – Document ‘franceinter.fr’ - Photo - Le moustique tigre est reconnaissable par la présence d’une ligne médiane d’écailles blanches sur le thorax. © AFP / Roger Eritja

Chaque année le site ‘Vigilance-Moustiques’ actualise sa carte de la présence du moustique tigre en France. Six départements supplémentaires passent en rouge en 2020. Découvrez si le vôtre en fait partie.

Plus de la moitié de la France métropolitaine est désormais placée en vigilance rouge au moustique tigre, selon le site Vigilance-Moustiques, qui publie chaque année une carte actualisée de la présence de l’insecte à partir de données officielles. Soit des départements où le moustique est ’implanté et actif’. 

Les six nouveaux départements concernés sont la Charente, le Cher, la Loire-Atlantique, les Yvelines, les Deux-Sèvres et la Vienne. La carte actualisée :

En tout, 67 départements sont ’colonisés’ par le moustique ou ’en passe de l’être’.

En tout, 67 départements sont ’colonisés’ par le moustique ou ’en passe de l’être’. / Capture d’écran Vigilance-Moustiques

10 départements sont quant à eux en vigilance orange, c’est à dire que le moustique tigre y a été intercepté dans les cinq dernières années, mais ponctuellement. Il s’agit de l’Allier, du Doubs, de l’Indre-et-Loire, du Jura, du Loir-et-Cher, de la Haute-Loire, de l’Oise, de la Haute-Savoie, de l’Yonne et du Val-d’Oise.

29 départements, enfin, en vigilance jaune : des départements où aucun spécimen n’a été intercepté à ce jour. Les Ardennes, l’Aube, le Calvados, le Cantal, les Côtes-d’Armor, la Creuse, l’Eure, l’Eure-et-Loir, le Finistère, l’Ille-et-Vilaine, le Loiret, la Manche, la Marne, la Haute-Marne, la Mayenne, la Meurthe-et-Moselle, la Meuse, le Morbihan, la Moselle, le Nord, l’Orne, le Pas-de-Calais, la Haute-Saône, la Sarthe, la Seine Maritime, la Somme, la Haute Vienne, les Vosges et le Territoire de Belfort.

Comment il gagne du terrain

Le moustique tigre est un colonisateur hors pair, explique Anna-Bella Failloux, responsable du laboratoire Arbovirus et insectes vecteurs à l’Institut Pasteur. ’Comme tous les moustiques, il se reproduit facilement et vite. Une fois que la femelle a piqué un animal ou un homme, elle part en quête d’un habitat humide pour pondre ses œufs’, indique la chercheuse. ’Certains moustiques apprécient les grands espaces comme les bords de lacs ou les bras morts de grands fleuves mais le moustique tigre préfère déposer ses œufs dans des gîtes larvaires plus petits : un trou d’arbre, une soucoupe de pot de fleur, un pneu... Les œufs vont alors progressivement éclore et donner des larves qui se transforment en nymphes, puis en moustiques adultes.’

L’espèce se plaît essentiellement en milieu urbain. Et l’institut Pasteur prévient : ’Il est pratiquement impossible de s’en débarrasser une fois installé dans un département ou une commune.’

Faut-il s’en inquiéter ?

Pas de quoi s’alarmer, en tout cas, à propos d’une éventuelle transmission du coronavirus. En effet, le Covid-19 ne se transmet pas par piqûre de moustique, rassure l’Organisation mondiale de la santé. En outre, sa piqûre est dans la plupart de cas bénigne, accompagnée de quelques démangeaisons et d’un bouton. 

En revanche, l’insecte aux pattes rayées noires et blanches est capable de transmettre à l’homme certains virus, comme la dengue (400 cas l’an dernier sur le territoire métropolitain) le zika ou le chikungunya. Des maladies qui restent ceci-dit rares.

Comment s’en protéger ?

L’Agence régionale de santé Île-de-France dresse quelques recommandations : 

  • Porter des vêtements couvrants et amples.
  • Allumer si possible la climatisation, car les moustiques fuient les endroits frais.
  • Appliquer sur votre peau des produits anti-moustiques en vous conformant aux conseils de votre médecin ou de votre pharmacien. Un répulsif doit être choisi suivant la tranche d’âge et la population concernée, surtout en ce qui concerne les enfants et les femmes enceintes.
  • Des moustiquaires de berceau imprégnées peuvent être utilisées pour les nourrissons et les bébés.
  • Utiliser des diffuseurs d’insecticides à l’intérieur et des serpentins à l’extérieur.
    Comment prévenir sa prolifération ?

Là-encore, les Agences régionales de santé livrent des conseils :

  • Débroussailler, tailler les herbes hautes et les haies, élaguer les arbres.
  • Ramasser les fruits tombés et les débris végétaux.
  • Réduire les sources d’humidité (donc limiter l’arrosage).
  • Entretenir votre jardin.
  • Éliminer les endroits où l’eau peut stagner (petits détritus, pneus usagés, encombrants).
  • Changer l’eau des plantes et des fleurs une fois par semaine. 
  • Vérifier le bon écoulement des eaux de pluie et des eaux usées.
  • Couvrir les réservoirs d’eau et les piscines.
    Thèmes associés : Sociétésanté- Articles liés :

Société Zones vertes, zones rouges : sept questions sur le déconfinement par départements

France Inter – Info, Culture, Humour, Musique

France Inter — Wikipédia

Source : https://www.franceinter.fr/societe/gare-aux-piqures-57-departements-en-vigilance-rouge-au-moustique-tigre

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4.
Vigilance-moustiques : Ce site soutenu par une marque d’insecticides est-il une source fiable d’information sur les moustiques tigres ? Par Mathilde Cousin- Publié le 07/06/19 à 07h35 — Mis à jour le 07/06/19 à 07h35 – Document ‘20minutes.fr’ - Photo Illustration d’un moustique tigre. — FotoshopTofs / Pixabay

Fake off – ‘Vigilance-moustiques’ publie depuis 2013 des cartes pour indiquer la présence de moustiques et de moustiques tigres en France. Le site est soutenu par une marque d’insecticides. Les retombées de ce partenariat sont faibles, affirme la marque

  • ‘Vigilance-moustiques’ publie chaque année deux cartes pour alerter sur la présence des moustiques tigres et des moustiques en France.
  • Le site est sponsorisé par une marque d’anti-moustiques et ne s’en cache pas.
  • Si la carte de surveillance du moustique tigre s’appuie sur des données officielles, la seconde carte est « plus sujette à caution », selon un spécialiste.
    Conflit d’intérêts ou site d’information bien ficelé ? Depuis son lancement en 2013, le site Vigilance-moustiques, qui se présente comme un « média d’information », produit des cartes de présence du moustique tigre en France.

Avec succès : le site est bien référencé dans les moteurs de recherche et ses informations sur la présence de ces insectes sont régulièrement reprises dans les médias (dont 20 Minutes).

Le site est pourtant régulièrement pointé du doigt pour ses liens avec Manouka, une marque proposant des produits anti-moustiques distribués en pharmacie et parapharmacie.

Le site l’affiche immédiatement. Dès la page d’accueil, la mention « partenaire officiel Manouka, l’expert anti-moustiques » est visible, à côté de la carte sur la présence des moustiques tigres. La même mention apparaît en bas du site. La rubrique « Qui sommes-nous » présente elle les produits de la marque, en rappelant le partenariat entre le site et Manouka. En haut du site, une bannière renvoie, elle, directement vers le site de la marque.

« On a fait le site ensemble avec Manouka »

Derrière ce site, un professionnel du marketing numérique, Stéphane Robert, qui travaille également pour une agence de communication. Il a lancé le site et continue de l’animer aujourd’hui. Jusqu’en 2016, Stéphane Robert était également dirigeant des Laboratoires A, l’entreprise qui commercialise Manouka. Les laboratoires avaient été lancés en 2010 par un autre entrepreneur, Pierre Vasseur, qui est toujours président de l’entreprise.

« On a fait le site ensemble avec Manouka », détaille Stéphane Robert auprès de 20 Minutes. Le communicant explique s’être retiré de Laboratoires A car « on m’a reproché d’être au four et au moulin » mais il entretient toujours des liens avec son PDG, puisqu’il est consultant pour une autre de ses marques, et que les deux hommes travaillent ensemble sur une troisième marque*.

« Cela ne nous ramène rien »

Les deux hommes clament que ce partenariat n’a que très peu d’impact sur les ventes de Manouka. « Avec la bannière en haut, il y a peut-être 2000 personnes qui vont visiter le site de Manouka, avance Stéphane Robert. L’impact commercial est nul. » Même explication de la part de Pierre Vasseur : « Quand les gens vont sur le site, c’est trop tard : en juin, juillet ou août, les ventes sont déjà faites. »

Une carte avec des données officielles

« A aucun moment, en termes rédactionnels, le site ne dit que pour se protéger il faut prendre des anti-moustiques Manouka, se défend Stéphane Robert. Quand on dit comment se protéger, on recommande des principes actifs qui sont reconnus par les autorités. » Des propos à nuancer : une brochure en ligne sur le site mêle conseils et mise en avant de produits Manouka.

Comment l’animateur du site bâtit-il la carte de vigilance sur la présence du moustique tigre ? Stéphane Robert explique s’appuyer sur des données officielles : notes d’informations, centre européen de prévention et de contrôle des maladies, informations de l’EID Méditerranée (opérateur public chargé de la démoustication autour de la Méditerranée). Ensuite, il applique des couleurs (marron, rouge, orange et jaune) pour indiquer la présence de l’insecte. Une gamme chromatique qui peut être perçue comme inquiétante. « Les codes couleur ont été recommandés par un parasitologue », se justifie Stéphane Robert.

Le ministère de la Santé publie également une carte

Cette carte est-elle juste ? Nous l’avons soumise à Fabrice Chandre, chercheur à l’IRD et spécialiste de la veille anti-moustiques. « La carte indique les endroits où le moustique tigre est implanté et actif, détaille le spécialiste. Elle se trouve également sur le site du ministère de la Santé. » Le ministère publie en effet une carte de présence, avec un code couleur et des légendes différentes : les départements en blanc, selon le ministère, sont ceux où le moustique tigre n’a pas été recensé. Ces départements deviennent jaunes sur la carte de Vigilance-moustiques et sont indiqués comme étant sous « surveillance entomologique ». Deux façons de présenter une même réalité.

Une carte sur les autres espèces de moustiques, « plus sujette à caution »

Stéphane Robert ne s’intéresse pas qu’au moustique tigre : il publie également une carte qui indique le début de la saison des moustiques, en s’appuyant sur des données météo et des signalements reçus sur le site. Ensuite, il se fait confirmer la présence des insectes par les pharmaciens. « Pourquoi des pharmaciens ? Parce que ce sont les mieux placés pour le savoir, les clients viennent chez eux quand ils ont été piqués. » Selon Stéphane Robert, « toutes les pharmacies » connaissent le site.

« Cette carte est plus sujette à caution, avance Fabrice Chandre. Des moustiques, il y en a dans tous les départements de France. Cette carte ne va pas nous donner des informations pertinentes. » A consulter avec du recul donc.

* Stéphane Robert est consultant pour Lapsa, une marque qui distribue de la nourriture pour chiens et chats en pharmacie et parapharmacie. Pierre Vasseur est le président de la marque. Les deux hommes sont également engagés dans l’entreprise Laboratoire Phyto-Terra qui commercialise des purificateurs d’intérieur ou des antiparasitaires. 

Web VIDEO. La lumière attire-t-elle vraiment les moustiques ?

Toulouse VIDEO. Toulouse : « Brigade du tigre » et poissons gloutons, les nouvelles armes pour chasser le satané moustique

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Source : https://www.20minutes.fr/sante/2534979-20190607-vigilance-moustiques-site-soutenu-marque-insecticides-source-fiable-information-moustiques-tigres

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5.
Vigilance Moustiques Tigres - Jeudi 01 juillet 2017 (pour mémoire) – Document suisse ‘ch-libourne.fr/actualites’

Le moustique Aedes albopictus est un moustique d’origine tropicale, également appelé moustique tigre en raison des zébrures qui parcourent son corps effilé. Il est de petite taille, environ 5mm. Ce moustique peut, dans certaines conditions très particulières, être vecteur des virus du chikungunya, de la dengue et du Zika.

L’Aedes albopictus, également appelé « moustique tigre », se développe en quatre étapes : œuf, larve, nymphe et adulte.

Le moustique tigre privilégie de petites quantités d’eau claires pour pondre ses œufs et se développer. Il se développe dans toutes sortes de récipients et réservoirs artificiels où l’eau peut stagner : vases, pots, fûts, bidons, bondes, rigoles, avaloirs pluviaux, gouttières, terrasses sur plots... Le moustique tigre a une activité principalement le jour avec une recrudescence d’activité le matin et en fin de journée. C’est donc dans la journée qu’il faut se protéger.

4 astuces pour reconnaître un moustique tigre :

  • C’est un moustique : il a donc deux ailes, une paire d’antennes longues et une trompe dans le prolongement de la tête,
  • Il a des rayures noires et blanches (pas de jaune), sur le corps et les pattes,
  • Il est très petit, environ 5mm,
  • Il est source de nuisance et pique le jour. Sa piqûre est douloureuse.
    Se protéger contre le moustique tigre, c’est d’abord éliminer les lieux de vie et ses lieux de ponte 

Deux gestes simples sont donc essentiels :

  • Éliminer les endroits où l’eau peut stagner, à l’intérieur comme à l’extérieur : coupelles des pots de fleurs, pneus usagés, encombrants, vérifier le bon écoulement des eaux de pluie et des eaux usées des gouttières... Pensez aussi à entretenir les sépultures dans les cimetières, lieux propices au développement des moustiques ;
  • Couvrir les réservoirs d’eau : bidons d’eau, citernes, bassins avec un voile ou un simple tissu ainsi que les piscines hors d’usage.
    La prévention individuelle passe par l’utilisation de moyens de protection physiques et chimiques :

La dengue, le chikungunya et le Zika se transmettent d’homme à homme principalement par l’intermédiaire de moustiques du genre Aedes. Lors d’une piqûre, le moustique prélève le virus sur une personne infectée. Après un délai d’incubation chez le moustique de l’ordre de quelques jours et à l’occasion d’une autre piqûre, le moustique peut transmettre le virus à une personne saine. Pour se protéger, il faut :

Porter des vêtements longs et protéger les pieds et chevilles, ce sont des mesures très efficaces pour réduire l’exposition aux piqûres.

L’imprégnation des vêtements par des insecticides renforce cette protection (avantages : persistance du produit, coût et sécurité d’emploi puisque le contact avec la peau est fortement réduit).

Utiliser des répulsifs cutanés, ils contiennent un principe actif qui éloigne les insectes sans toutefois les tuer (à appliquer sur toutes les parties découvertes du corps (à l’exception des muqueuses et des lésions cutanées étendues), visage compris, durée de la protection entre 6 à 12 heures selon la concentration du produit et de la température extérieure, à renouveler en fonction de la transpiration ou des bains et des douches, l’utilisation de crèmes solaires diminue l’efficacité de protection des répulsifs et réciproquement). 

Consultez la liste des répulsifs recommandés par le Ministère de la santé : cliquez ici

Des précautions d’emploi sont à respecter notamment chez l’enfant et chez la femme enceinte. L’emploi de moustiquaires de berceau est le moyen prioritaire de protection efficace des jeunes enfants et la protection par le port de vêtements couvrants est particulièrement recommandée ;

Dans l’habitat, il est possible d’équiper portes et fenêtres de moustiquaires afin de réduire la présence de moustiques. Cette barrière physique peut être complétée par le traitement systématique, à l’aide d’insecticides, des rideaux de portes, voilages, fenêtres et séparations intérieures ainsi que par l’utilisation de répulsifs domestiques comme les diffuseurs électriques. Les tortillons fumigènes ne doivent être utilisés qu’à l’extérieur. Les moustiques n’aimant pas les endroits frais, la climatisation est également un bon moyen de protection individuelle

Centre Hospitalier de Libourne Suisse 112, rue de la Marne BP 199 / 33505 Libourne Cedex Tél (+33) 557 553 434

Source : http://www.ch-libourne.fr/actualites/vigilance-moustiques-tigres/

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6.
Accès à nos articles parlant des moustiques et postés sur le site ISIAS >>>

https://isias.lautre.net/spip.php?page=recherche&recherche=moustiques

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Rubrique B (Faire avec l’aide de …)

1. La
France face au défi du coronavirus - Intervention de Corinne Lepage - Vidéo 21:12 - Lundi 04 mai 2020 à 18h00 – Diffusé par la MAÏF – Capture d’écran

Un exposé synthétique complet et humaniste très clair, articulé en 4 parties :

1. Comprendre ce qui nous arrive

2. Comment assurer les risques dans la société contemporaine

3. Le débat entre le Local et le Global

4. Trouver du positif dans la situation actuelle

Source : https://event.brainsonic.com/maif/20200504-livetchat/standard/signin_machform.php

Sources d’informations concernant Corinne Lepage et la MAÏF :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Corinne_Lepage

https://www.huffingtonpost.fr/author/corinne-lepage/

https://www.20minutes.fr/dossier/corinne_lepage

Corinne Lepage : biographie, actualités et émissions France ...

MAÏF - Mutuelle d’assurance des instituteurs de France — Wikipédia (une société d’assurance mutuelle française dont le siège est situé à Niort, dans les Deux-Sèvres….)

MAÏF - Assurance des particuliers, professionnels et ...

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1 Bis.
Tribune « Agir pour le vivant » : exigeons un droit à la hauteur de l’urgence climatique et environnementale Par Un collectif de cent spécialistes du droit, (Notre Affaire à tous) — 09 mai 2020 à 12:26 - A Paris le 05 avril 2020 : photo Philippe Lopez. AFP – Document ‘https://www.liberation.fr’

L’épidémie du Covid-19 nous rappelle et confirme tristement l’impact des activités humaines sur l’environnement, le climat, et les répercussions que celles-ci engendrent pour la santé humaine. Exigeons un droit à la hauteur de l’urgence climatique et environnementale

Nous ne sommes aujourd’hui pas préparé·e·s pour répondre de façon solidaire, équitable et anticipée aux conséquences sanitaires découlant des prochaines catastrophes induites par le changement climatique, pas plus que nous ne l’avons été pour lutter contre celles résultant de la propagation du virus Covid-19.

L’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, le financement de projets d’adaptation des populations aux effets du changement climatique, la prévention des risques, la protection de la biosphère, ces thématiques ont toutes été discutées, institutionnalisées, elles ont parfois même été l’objet d’une concrétisation normative en droit international, européen ou droit interne. Pourtant, ces acquis institutionnels, politiques et juridiques fragiles et régulièrement remis en cause se trouvent dans cette période de crise sanitaire profondément affaiblis, vidés de leur substance.

Nous le rappelons et le martelons : un retour à la normale de notre modèle économique et social n’est pas envisageable

Le gouvernement s’apprête à mobiliser d’importants moyens financiers pour appuyer une « relance » de l’économie à la sortie du confinement. Cependant, la restructuration de l’économie n’est pas au-dessus des lois. Ce plan de sortie de crise doit être l’occasion de construire un droit en accord avec les textes internationaux et domestiques garants d’une haute protection de l’environnement.

En effet, les dispositions prévues dans ces textes ne nous obligent pas seulement à veiller à la préservation de l’environnement. Elles nous imposent aussi, comme le prévoit l’article 1er de la Charte de l’environnement, de protéger le lien de dépendance vitale que nous avons avec lui. La protection de notre rapport collectif à l’environnement est donc au cœur de nos exigences constitutionnelles puisqu’il revient au législateur de garantir le « droit [de chacun] de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé ». Le Conseil constitutionnel a d’ailleurs récemment reconnu que la protection de l’environnement, « patrimoine commun des êtres humains », constitue un objectif de valeur constitutionnelle qui peut justifier une « atteinte » à la liberté d’entreprendre (1).

Des juristes, force de proposition pour un droit respectueux du vivant

Nous appuyons la nécessité de nous doter d’un droit à la hauteur de l’urgence climatique et de la lutte contre l’effondrement de la biodiversité. Juristes, avocat·e·s, universitaires et citoyen·ne·s mobilisé·e·s pour un renforcement de la protection de l’environnement, du climat et des droits humains, nous demandons :

● Que les lois qui encadreront le soutien de l’Etat aux entreprises en difficulté ne s’affranchissent pas des obligations climatiques et environnementales auxquelles l’Etat est tenu. Elles doivent être le reflet de ces principes constitutionnels garantissant notre droit à un environnement sain et à la protection du vivant.

● D’élaborer un plan de transformation de notre consommation énergétique définissant notre rapport aux ressources naturelles. Celui-ci devra contenir des objectifs législatifs contraignants et chiffrés, soutenus par des investissements forts dans les secteurs clefs, indispensables pour minimiser notre impact écologique : la rénovation thermique des bâtiments, le transport décarboné de personnes et de marchandises, les méthodes agricoles qui respectent le climat et la biodiversité, etc.

● D’augmenter les exigences de droit public de l’environnement encadrant la mise en œuvre des projets d’infrastructures industrielles, commerciales ou même d’intérêt public. Les outils du droit de l’environnement voient leur mise en pratique être perpétuellement amoindrie. Les avis des commissions expertes (dans les domaines de l’eau, des espèces protégées etc.) deviennent consultatifs, les procédures sont réduites, accélérées, mutualisées, et les pouvoirs dérogatoires des préfets perpétuellement augmentés (2). Il est urgent de cesser le détricotage du droit de l’environnement, de rétablir les limites procédurales et la légitimité des experts dans l’analyse des impacts environnementaux.

● De faire appliquer, renforcer et produire de nouvelles obligations environnementales et climatiques pour les multinationales, notamment les plus polluantes. Pour cela, la reprise rapide des travaux du gouvernement français sur la lutte contre la déforestation importée, la protection de la biodiversité et la fin de l’artificialisation des sols, ainsi que l’accélération du calendrier européen en matière de transformation agroécologique de notre système alimentaire sont cruciales. Il est également essentiel d’établir un réel contrôle de la mise en œuvre du devoir de vigilance opposable aux entreprises afin d’obtenir de celles-ci une mise en cohérence de leurs objectifs climatiques et environnementaux.

● De pérenniser les avancées en matière de droit de l’environnement en actant la modification de l’article 1er de la Constitution et la reconnaissance des limites planétaires. Cet article doit mentionner que la République agit pour préserver l’équilibre de l’écosystème Terre en luttant contre les dérèglements climatiques, en protégeant la biodiversité, et plus largement en respectant les limites écologiques de la planète, qui conditionnent le destin de l’humanité et de l’ensemble du monde vivant. Une telle modification imposerait à l’Etat une obligation de garantir la lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité dans le respect des limites planétaires, et éviterait tout retour en arrière de la législation environnementale grâce au principe de non-régression.

● De mettre en œuvre les mesures de lutte contre la criminalité environnementale, notamment celles liées à la lutte contre le braconnage. Plus encore, c’est l’application concrète du droit pénal de l’environnement dans son ensemble qui doit être repensée. Dès lors, nous devons inscrire le crime d’écocide dans notre droit pénal, demander sa reconnaissance au niveau européen et au niveau international dans le statut de la Cour pénale internationale, afin de mettre fin à l’impunité environnementale et de prévenir la destruction de grande ampleur des écosystèmes naturels terrestres et marins.

● De reconnaître la nature comme sujet de droit, afin de pouvoir défendre de manière préventive les droits des écosystèmes à exister, se régénérer et évoluer et d’affirmer nos liens d’interdépendance avec le reste du vivant.

(1) Décision n° 2019-823 QPC du 31 janvier 2020.
(2) L’exemple du récent décret du 8 avril 2020 est criant, celui-ci pérennise, suite à une expérimentation menée pendant près de deux années, la faculté donnée aux préfets de région et de département, en métropole et outre-mer, de déroger aux normes réglementaires notamment en matière d’urbanisme et d’environnement.

Afin d’étayer ces propositions que nous savons ambitieuses, nous publierons un manifeste dans le but de les transformer en une concrétisation législative. Pour cela, nous vous invitons toutes et tous à faire, vous aussi, vos contributions afin que les exigences constitutionnelles soient enfin respectées et transparaissent dans le droit qui structure notre société. Une plateforme est disponible sur le site internet de Notre Affaire à tous afin de recueillir vos suggestions et idées. Elles pourront être intégrées au manifeste afin de construire, ensemble, un droit à la hauteur de l’urgence climatique et environnementale.

Cent spécialistes du droit s’engagent pour un droit à la hauteur de l’urgence climatique. Étudiants, juristes, avocats, ces membres de Notre Affaire à tous veulent rappeler que le droit structure nos sociétés, qu’il ne peut y avoir une relance juste sans un droit juste.

Liste des signataires : AMBROSELLI Etienne, avocat au barreau de Paris ; ANDERSON Antoine, agent de collectivité locale chargé de mission ; ANTOINE Marisa, étudiante en droit public ; BANULS Justine, étudiante en droit public ; BARBÉ Laure, élève-avocate au barreau de Paris ; BARBISAN Guido, citoyen engagé ; BATO Clotilde, présidente de Notre Affaire à tous ; BAUDELIN Alexis, avocat au barreau de Paris ; BAUDOUIN Clothilde, coordinatrice de la vie associative - Notre Affaire à tous ; BELLÉE Eva, juriste en droit public et en droit de l’environnement ; BIONDO Martina, élève-avocate au barreau de Milan ; BOSSE Charline, citoyenne engagée ; BOUAYAD Aurélien, doctorant et enseignant en droit de l’environnement ; BOUVET César, étudiant engagé ; BRIENZA Bianca, juriste en droit public ; BUSSIERE Sophie, avocate au barreau de Bayonne ; CABANES Valérie, juriste internationaliste, présidente d’honneur de Notre Affaire à tous ; CACAUD Philippe, juriste, consultant international, droit des pêches ; CASSAN-BARNEL Sandy, juriste en droit public ; CAZIN Nina, étudiante en sciences politiques ; CAZOU Julie, élève-avocate au barreau de Paris ; CHAGNAUD Alice, étudiante en droit des collectivités territoriales ; CHAMBERT-LOIR Camille, juriste en droit de l’environnement ; CHAPLAIN Roxane, responsable du groupe sensibilisation-éducation de Notre Affaire à tous, étudiante en droit de l’environnement ; CLERC Antoine, juriste ; COHEN Salomé, élève-avocate au barreau de Paris ; CORNELISSEN Adrien, citoyen engagé ; CORREIA Caroline, étudiante en droit international public ; COURLET MILON Lucile, juriste ; COURNIL Christel, professeure de droit public ; DAVAL Marianne, référente du groupe local Notre Affaire à tous Strasbourg ; de COURREGES Muriel, juriste internationale, titulaire CAPA et LL.M. Georgetown, bénévole Notre Affaire à tous ; DEHAIS Adeline, citoyenne engagée, DELEAU Delphine, avocate de formation, spécialiste en éco conception, DENIS Marine, porte-parole de Notre Affaire à tous, doctorante en droit international, enseignante à Sciences-Po ; DIOP Pathé, docteur en science politique, chargé d’enseignement à l’université catholique de Lille ; DONNEGER Marc, thermicien ; DUBOIS Margaux, juriste en droit de l’environnement ; DUTHOIT Louis, bénévole NAAT, membre du groupe multinationales ; DUVAL Claire, étudiante en droit international public ; GERBIER Chloé, coordinatrice groupe juristes NAAT ; GLAICHENHAUS Kevin, monteur Vidéo ; GOURMEL Jonathan, citoyen engagé, bénévole Notre Affaire à tous ; GUIBERT Hélène, élève-avocate au barreau de Paris ; GUINARD Dorian, maître de conférences de droit public à l’IEP de Grenoble ; HAMEL Samy, juriste en droit public ; HEDDI Pierre, avocat au barreau de Paris, HELLE-NICHOLSON Julien, juriste en droit de l’environnement ; HILLAIREAU Léa, juriste pour l’ONG Climate Parliament ; JARLAND Lucie, juriste en droit de l’environnement ; JEAN-MEIRE Pierre, avocat au barreau de Nantes ; JOUAYED Célia, juriste en droit public et droit de l’environnement ; LABBE Pascal, étudiante en droit ; LAFOUGE Martin, juriste titulaire du CAPA ; LAPLANE Antoine, avocat au barreau de Nantes ; LAILLER Chloé, juriste en droit de l’homme ; LASFARGEAS Sylvia, avocate au barreau de Paris ; LASSINE Margot, étudiante en licence de droit ; LEMIRE Adèle, étudiante en droit de l’homme ; LESTERQUY Pauline, économiste chercheur - enseignante à Sciences-Po ; LUDWIG Marie-Hélène, avocate au barreau de Paris ; MANCEL Thomas, juriste ; MABILE Sébastien, avocat au barreau de Paris, docteur en droit, enseignant à Sciences-Po ; MEERPOEL Matthieu, docteur et enseignant-chercheur en droit public ; MERIGUET Nina, juriste en droit de l’environnement ; MOGUEN Céline, juriste française titulaire du CAPA et solicitor britannique ; MONCOND’HUY Gabrielle, juriste titulaire du CAPA ; MOUGEOLLE Paul, doctorant - juriste chargé du contentieux contre Total à Notre affaire à tous ; MOUREAUD Séverine, enseignante HG et membre du groupe sensibilisation-éducation de Notre Affaire à tous ; NOGUES BRUNET Helene, citoyen engagé, animateur formateur à La Fresque du Climat ; NOILHAC Amélie, juriste en droit des énergies et de l’environnement ; PANISSET Camille, référente du groupe local Notre Affaire à tous Lyon ; PERIGOT Manuel, avocat au barreau de Paris ; PERRONNET Franck, membre du groupe inégalités climatiques ; PIPITONE Béatrice, agent de l’Etat ; POCHON Marie, secrétaire générale de Notre Affaire à tous ; PRIOUR Edgar, juriste territorial ; RAFFIN Edouard, avocat au barreau de Lyon ; RAY Marie Hélène, citoyenne, traductrice bénévole à NAAT ; RINAUDO Cécilia, coordinatrice générale Notre Affaire à tous ; ROBBA Anna, juriste en droit de l’environnement ; ROBIOU du PONT Yann, climatologue ; ROCHER Antoine, citoyen engagé ; ROTH Xavier, juriste en droit public ; SALOMÉ Jeanne, juriste, conseillère ONG, bénévole en traduction pour Notre Affaire à tous ; SARDET Juliette, juriste en droit international ; SPIELEWOY Pierre, doctorant en droit international de l’environnement ; STURM Sailor, avocat au barreau de Grasse ; SUILS PORTE Marine, étudiante en droit de l’environnement ; SURAN Ilona, coordinatrice partie juridique du groupe « Technologies Sociales » de l’Université fédérale de Sergipe (Brésil) ; THIEBOLD Elena, étudiante en droit de l’environnement ; TICHOUX Julie, juriste en droit public ; TOUSSAINT Marie, juriste, fondatrice de Notre affaire à tous ; VAN VLASSELAER Marie, juriste, vacataire en tribunal administratif ; VAUCHER Maréva, étudiante en contentieux publics ; VICENTE Marie, juriste, référente du groupe Education & Sensibilisation Grenoble ; VON MINDEN Hannah, étudiante en droit international ; VONDERSCHER Flavie, juriste en droit de l’environnement ; YZQUIERDO Marine, avocate au barreau de Paris, coordinatrice plaidoyer au sein de Notre Affaire à tous ; ZALCMAN Julie, membre de la coordination de Notre Affaire à tous.

Un collectif de cent spécialistes du droit (Notre Affaire à tous)

Toute l’actualité en direct - photos et vidéos avec Libération

Libération (journal) — Wikipédia

Source : https://www.liberation.fr/france/2020/05/09/exigeons-un-droit-a-la-hauteur-de-l-urgence_1787397

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2.
Coronavirus - Les scénarios extrêmes d’une anthropologue pour l’après-crise Par Lauren Provost- 16/04/2020 05:16 CEST | Actualisé 16/04/2020 10:35 CEST – Document ‘huffingtonpost.fr’

Après la crise du coronavirus, dans un futur lointain, dans quel monde vivrons-nous ? La socio-anthropologue Fanny Parise a deux scénarios à nous soumettre. On vous prévient, ils sont très particuliers.

ANTHROPOLOGIE - 42% de la population aspire à changer de vie après la crise dans laquelle nous plonge le nouveau coronavirus. Pour 38%, cette crise représente même la fin de notre modèle de société et un premier effondrement de notre civilisation. 

Ces chiffres sont tirés des premiers résultats de l’étude menée par la socio-anthropologue Fanny Parise. Invitée de notre conférence avec Boma France ce mercredi 15 avril, la chercheuse associée à l’Institut Lémanique de Théologie Pratique de l’Université de Lausanne (Suisse) a présenté les premières données de l’étude quantitative et qualitative qu’elle mène actuellement en France et en Suisse sur l’impact du confinement sur nos vies et nos futurs modes de vie. 

Les données du volet quantitatif de son enquête (menée auprès d’un échantillon de 6000 personnes représentatif de la population de France et de Suisse, âgée de 18 à 70 ans), comme les entretiens qu’elle mène auprès d’un échantillon de 60 individus, sont venus conforter la docteure en socio-anthropologie dans deux scénarios prospectifs extrêmes sur lesquels elle travaillait avant la crise avec d’autres chercheurs. Elle les détaille dans la vidéo visible en tête d’article, un extrait de la conférence de ce mercredi. 

Un futur où le logement est le seul refuge

La chercheuse a présenté un premier monde hypothétique centré autour du logement. Dans cette “ethnofiction”, notre “chez-nous” est devenu le seul endroit de vie possible alors que des épidémies répétitives font de nombreux morts à l’extérieur.

Notre maison ou notre appartement est devenu “une unité minimum d’habitation”, “une sorte de capsule”, détaille Fanny Parise. Et “c’est le monde qui viendrait à nous”. “D’autres capsules viendraient se connecter à la nôtre en fonction des besoins ; bureau, restaurants, rencontres, etc. Le logement devient une extension de soi et nous amène à repenser notre rapport aux autres, au monde et même la structuration de nos villes et de nos espaces”, imagine-t-elle.

Un monde où les seuls déplacements possibles sont ceux de l’esprit

Changement total de décor pour le second monde pensé par l’anthropologue et son équipe : dans un futur très lointain, pour limiter la propagation des virus, nous vivons dans une société hyper localisée où les déplacements ne sont plus possibles.

“On peut imaginer qu’à la suite d’effondrements successifs de notre humanité, l’énergie actuellement perçue comme illimitée et bon marché, n’existe plus. Les individus ont donc dû réinventer et réactiver d’anciennes croyances soit par la force de l’esprit soit aidés par des substances naturelles ou chimiques, c’est le principe du néo-chamanisme. Le voyage mental devient le seul déplacement autorisé. Durant cette crise du Covid-19, le digital occupe cette fonction”, compare Fanny Parise.

Ces scénarios vous font réagir ? C’est le but recherché par les anthropologues. “Le parti pris de l’ethnofiction est de présenter des scénarios très lointains et très disruptifs pour amener tout un chacun à réfléchir à la manière qu’il a de voir le monde, à ses angoisses et ses aspirations. On se demande alors, par rapport à ce monde possible qui n’est pas souhaitable, comment je me positionne ?”

Retrouvez la conférence de Fanny Parise dans son intégralité ci-dessous et inscrivez-vous pour les prochaines ici

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Lauren Provost(directrice de la rédaction du HuffPost).

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Source : https://www.huffingtonpost.fr/entry/scenario-coronavirus-nouveau-monde_fr_5e970fdac5b6ead14005c396 ?utm_hp_ref=fr-homepage&?ncid=newsltfrhpmgnews#EREC-101

Sources d’informations sur Fanny Parise :

Fanny Parise : biographie, actualités et émissions France ...

http://www.slate.fr/source/121459/fanny-parise - « Fanny Parise est Anthropologue et Docteur en Socio-anthropologie, spécialisée en innovation et en consommation. Elle exerce une activité de chercheur et d’experte dans l’industrie. Elle développe des travaux sur le sens dans l’expérience de consommation et sur les nouveaux modes de vie.. ».

https://theconversation.com/profiles/fanny-parise-421195

https://www.francebleu.fr/emissions/la-femme-de-la-semaine/la-femme-de-la-semaine-du-1er-octobre

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3.
Déconfinement : le spectre de l’effondrement de l’économie #PerriScope n°15 – Par Pascal Perri - 29 avril 2020 à 14:23 – Document ‘lci.fr’ - Photo LCI Mon argent

CHRONIQUE - Dans sa présentation du plan de déconfinement face aux députés mardi, Edouard Philippe a mis en garde contre ’le risque de l’écroulement’ de l’économie si les mesures n’étaient pas mises en oeuvre progressivement. Quels sont précisément les dangers ? L’analyse de notre économiste, Pascal Perri.

Un mot, un seul mot lâché au milieu d’une longue intervention devant la représentation parlementaire : écroulement. La France est entrée dans le confinement pour protéger la santé des Français mais un confinement trop long provoquerait un écroulement de son économie. Etroite ligne de crête entre la préoccupation sanitaire et la nécessaire relance de l’appareil productif. Edouard Philippe a livré mardi après-midi un mode d’emploi du retour à la normale. Il n’a pas prononcé un discours de caractère économique mais ce mot ’écroulement’ en dit presque plus long sur les risques encourus. 

’Nous devons retourner au travail’, a dit mercredi matin Bruno le Maire, le ministre de l’économie, interrogé sur LCI par Elisabeth Martichoux. Retour progressif et coordonné pour précisément conjurer le risque du ’collapse’ économique. Quelle pourrait en être la forme et quelle en serait la portée ? 

Le scénario de l’écroulement toucherait l’économie réelle. Ceux qui suivent la bourse ont relevé que les grandes places financières réagissaient plutôt favorablement ces derniers jours. L’écroulement ne devrait pas venir des bourses, mais du terrain des entreprises, pour ensuite contaminer le reste de l’écosystème.

Le risque d’une crise virale

Voici un scénario parmi d’autres. Première étape, les entreprises les plus fragiles font défaut. Elles manquent de trésorerie pour faire face à leurs engagements. L’Etat prend en charge les salaires à travers le chômage partiel mais les charges permanentes comme les mensualités d’emprunt, les remboursements d’investissement, les leasings, les loyers, certaines charges externes sont maintenues. L’entreprise n’a pas obtenu de concours bancaires, ses lignes de crédit sont épuisées, elle ne peut plus faire face à ses engagements, le chef d’entreprise doit se résoudre au dépôt de bilan puis à la liquidation faute de solution de sortie. Les créanciers des entreprises faillies perdent leurs créances, y compris les créanciers prioritaires comme les organismes publics (URSSAF). Les fournisseurs perdent les factures qui leur étaient dues. La crise se propage. 

Quand elle est massive, elle atteint les bilans des banques. Elles doivent passer dans leurs comptes les pertes qu’elles ont enregistrées du fait de la défaillance de leurs clients. Bref, la crise est virale. Elle est contagieuse. Plus elle est massive, plus elle s’étend aux secteurs amont et aval. Une bulle d’impayés enfle qui aboutit elle-même à l’affaiblissement du tissu productif. Les salariés des entreprises en faillite perdent leurs emplois. La bulle du chômage prend de l’ampleur. Elle a au moins deux types de conséquences :

1) Les ménages consomment moins. Les revenus baissent et avec eux le volume de la demande sur le marché. D’autres entreprises sont exposées au risque de déclassement puis de faillite. La crise s’est propagée. Les faillites ont précipité l’augmentation du chômage, qui réduit la demande, et le phénomène s’auto-alimente.

2) Les dépenses sociales augmentent tandis que les recettes des organismes sociaux baissent. Les prêteurs ne veulent plus financer les déficits de l’assurance chômage. Les indemnités sont réduites. L’effet sur la demande déjà éprouvée est immédiat. La baisse de distribution des revenus sociaux accélère la récession. Nous sommes à nouveau en présence d’un phénomène auto-entretenu. Une fois que le premier domino est tombé, difficile d’empêcher le feu de forêt économique ! 

Et l’Etat dans tout ça ? Que peut-il ? Tout dépend de ses moyens et de l’attitude de ses créanciers. S’ils ont le sentiment que le tissu productif est irrémédiablement compromis, ils ne prêtent plus ou à défaut à des taux très élevés, insupportables pour une économie en crise. C’est le scénario grec en pire. Les services publics font eux aussi défaut. Les hôpitaux manquent de moyens. On leur fait payer cash la fourniture des molécules de traitement des maladies graves. La pauvreté se développe. Nous sommes en plein cauchemar économique, social, budgétaire. Tous les actifs, immobiliers ou mobiliers ont été dépréciés. L’Etat et ses finances publiques doivent être placés sous tutelle ! 

En vidéo : Annonces d’Edouard Philippe : les PME se réorganisent pour la reprise – Accès à la source

Lire aussi :

#PerriScope n°14 - Annonce du plan de déconfinement : deux conditions sine qua non à une bonne reprise

#PerriScope n° 13 - Plan de relance : La France et l’Allemagne choisissent des voies très différentes

En économie comme dans la vie, il est toujours utile de prévoir le pire pour l’éviter. Le scénario que je décris aujourd’hui est très peu probable, mais c’est bien le Premier ministre qui a évoqué le scénario de l’écroulement. Le mot n’est pas innocent ! Quoi qu’il en soit, des défaillances d’entreprises sont à attendre. Combien ? Elles laisseront des traces sur le marché. Mais lesquelles ? Des engagements ne seront pas tenus, des filières seront fragilisées, des agents économiques s’appauvriront mais le retour progressif à la normale - si chacun y met du sien - devrait nous garantir que le pire ne se produira pas. 

Toute l’info sur : Coronavirus : l’impact économique de la pandémie

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Source : https://www.lci.fr/conso-argent/perriscope-n-15-deconfinement-le-spectre-de-l-effondrement-de-l-economie-2152372.html?xtor=ES-106-[20200430_070300_OWP_NLPERSO]-20200430-[]-152b8b4c9b44a1228d1f99835078baa1@1-20200430070300&_ope=eyJndWlkIjoiMTUyYjhiNGM5YjQ0YTEyMjhkMWY5OTgzNTA3OGJhYTEifQ%3D%3D

Sources d’informations sur Pascal Perri :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pascal_Perri

https://www.atlantico.fr/fiche/pascal-perri-1500096

https://plateforme.com/conferencier/economiste/pascal-perri/

https://brandandcelebrities.com/annuaire/economiste/pascal-perri/

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4.
Ecologie – Trente cinq (35) propositions pour une sortie écologique de la crise et pour un retour sur Terre

Contributeurs : Dominique Bourg Philippe Desbrosses Gauthier Chapelle Johann Chapoutot Xavier Ricard Lanata Pablo Servigne Sophie Swaton - 30 avril 2020

Entendre cette clameur des vivants qui habitent avec nous la Terre est devenu une affaire de vie ou de mort. Tel est le sens des « propositions pour un retour sur Terre » : engager une politique qui viendrait se substituer à celle de la croissance et de la consommation infinies, pour ouvrir la voie d’un habiter terrestre, viable et fraternel.

Ce texte est initialement paru dans la revue ‘La pensée écologique’ © PUF – La Pensée Écologique.

Changer, maintenant

La pandémie du Covid-19, et plus précisément la façon dont un grand nombre de pays tentent d’y répondre, peuvent nous permettre d’analyser la donne plus générale qui nous échoit. L’enjeu est une véritable bascule de civilisation avec un socle commun, consensuel, à partir duquel l’adversité démocratique – le jeu majorité et opposition – peut à nouveau se déployer et s’exprimer. Quel est ce socle commun ? De quelle bascule s’agit-il ?

La pandémie : une conséquence de notre rapport au vivant

Ce que tout le monde pensait impossible, un arrêt partiel des économies, s’est imposé à la quasi-totalité des nations sur Terre. Face à une pandémie, qui plus est débouchant sur une mort horrible, par étouffement, sans tests en masse, ni remèdes, ni connaissance assurée de toutes les voies de transmission du virus, ni vaccin, il n’est d’autre moyen d’en éviter la diffusion qu’un confinement quasi général des populations. Même les plus récalcitrants, les Trump et autres Johnson, ont dû s’y résoudre. La nature a eu ainsi raison de nos économies et de notre folie consumériste ordinaire.

Parler de nature n’est pas ici qu’une clause de style. Le coronavirus nous a sévèrement rappelés à notre vulnérabilité, à savoir à notre animalité, en nous ramenant toutes et tous à notre condition humaine biologique. Nature encore parce que cette crise est d’origine écologique. Il s’agit avec le coronavirus d’une de ces zoonoses qui se multiplient depuis quelques décennies parce que nous détruisons des écosystèmes, et partant l’habitat de certaines espèces qui du coup se rapprochent de nos propres habitats ; et parce que détruisant la biodiversité sauvage comme la diversité génétique des espèces domestiques, nous déstabilisons les équilibres entre populations et facilitons la circulation des pathogènes. Nous avons en outre superbement ignoré l’importance du « cortège biotique » qui nous accompagne et qui nous relie aux cortèges biotiques des autres, des animaux et des plantes (bactéries commensales, acariens, parasites et symbioses).

A quoi s’ajoutent aussi les effets du dérèglement climatique favorisant l’expansion des maladies infectieuses vectorielles comme le Chikungunya ou le virus Zika. Le Covid-19 avait pour hôte, et sans pathologie aucune pour lui, une espèce de chauve-souris contrainte de se rapprocher de nous ; et le virus nous a atteints, mais en produisant alors des ravages, via probablement une espèce intermédiaire, le pangolin, appréciée par la pharmacopée chinoise pour ses écailles (et donc gravement menacée). C’est donc la nature, et plus exactement les effets de notre action sur elle, notre destructivité, qui nous ont imposé une radicalité qui détermine la nature de nos réponses, elles aussi radicales.

Le dérèglement climatique : toujours notre rapport au vivant

Or, c’est une situation analogue à laquelle l’ensemble des dégradations du système Terre, changement climatique en tête, nous confronte désormais. Ces dégradations ont atteint un degré inouï et rien ne semble annoncer quelque décrue. Nombre de pays ont même désigné à leur tête des chefs d’État qui ont en commun un déni des questions écologiques, de Trump à Bolsonaro en passant par Modi, Xi Jinping, Poutine, etc. Sur le plan de l’action, le déni est quasi-universel. Effondrement du vivant, pollutions au plastique, destruction des sols, entrée dans le dur des dérèglements climatiques, etc., la litanie est connue. Prenons toutefois appui sur le climat, car il peut donner le tempo.

La température moyenne au sol sur Terre est de 1,1°C supérieure à ce qu’elle était dans la seconde moitié du 19e siècle et, selon l’un des grands modèles au monde, celui de l’IPSL (Institut Pierre-Simon-Laplace, Paris), elle devrait atteindre les 2°C dès 2040, en raison des émissions déjà émises pour l’essentiel. C’est énorme.

Rappelons qu’avec une augmentation de plus de 1°C, nous connaissons désormais des cyclones qui flirtent quasi systématiquement avec le plafond de la catégorie 5, des inondations hors normes et des méga-feux, des pics de chaleurs jamais atteints1
et des méga-sécheresses. Les récoltes australiennes de riz et de sorgho à l’issue de l’été austral ont par exemple diminué de 66 %. Avec +2°C, certaines régions de la zone intertropicale pourraient déjà connaître plusieurs jours par an où l’accumulation chaleur et humidité saturerait nos capacités de régulation thermique : nous ne serions plus en mesure, sans refuge dans un endroit plus frais au bout de 7 à 8 minutes, de réguler et de maintenir la température de notre corps à 37°, et ainsi d’échapper à la mort. Avec une élévation de la température de 3,5 à 4 degrés C, cet état de choses durerait des semaines et s’étendrait même au-delà des tropiques. L’enjeu n’est donc autre que le maintien de l’habitabilité de la Terre pour l’espèce humaine et les autres espèces. Photo

Au-delà de l’arrêt brutal, organiser le ralentissement général

Et il en va de cette situation comme du Covid-19, elle relève de la donne physique que nous avons produite et appelle un changement non moins radical  : à savoir une redescente brutale, dans la décennie, avec effort immédiat, de notre destructivité ainsi que des émissions mondiales de gaz à effet de serre, qui devraient être réduites de moitié au moins, pour atteindre a minima la neutralité carbone au milieu du siècle2
.

En d’autres termes, à la place d’un retour fulgurant à la croissance, il conviendrait de décélérer brutalement — et à long terme — nos consommations d’énergie, et indirectement nos consommations tout court. La pandémie nous a montré qu’un court ralentissement global était possible, mais l’effort de ralentissement qui suivra sera bien plus difficile qu’un arrêt momentané des activités. Il devra être structurel.

Ensuite de quoi il conviendrait de construire une vitesse de croisière économique compatible avec le rythme de la biosphère, c’est-à-dire une consommation globale inférieure à une planète3
. Pourquoi inférieure ? Pour se donner une marge de régénération des écosystèmes et des agroécosystèmes que nous aurons détruits. C’est une décélération significative, qui nous obligera à vivre définitivement sans croissance économique globale. Il s’agit bien d’une bascule de civilisation.

Ainsi, bien au-delà de ce que nous a montré l’arrêt de l’économie pendant le Covid-19, nous n’aurions d’autre choix que de changer profondément les modes de vie, ce qui implique évidemment une restructuration totale de l’appareil de production.

Une restructuration totale, un tournant de civilisation

Nous devrons métamorphoser les modes de vie des pays les plus riches, dont le nôtre, tout simplement parce que les causes des destructions du système-Terre ne sont autres que nos niveaux de consommation de ressources énergétiques, minérales, halieutiques, de surfaces, d’eau, de biomasse, etc. Un seul exemple, les 10 % les plus riches de la population mondiale émettent la moitié des gaz à effet de serre, alors que la moitié la plus pauvre de la population n’émet que 10 % de ces mêmes gaz4
.

C’est donc une association nouvelle de modes de vie et de techniques, probablement pour l’essentiel en “basse technologies” (low-tech), vers laquelle il conviendrait de s’orienter. Ce qui appellerait une profonde transformation de l’appareil de production, tournée plus vers les infrastructures (moins de virtuel), avec très peu de petits objets, mutualisés, modulables, recyclables, et à portée de réparation pour tous, en évitant les objets sophistiqués et riches en matériaux et en énergie.

C’est aussi tout notre urbanisme qu’il convient de revoir pour rendre les villes habitables durant la saison chaude5
, qui dépasse désormais largement l’été : avec des trottoirs et des chaussées, notamment, végétalisés, pour ne citer que ces exemples…

Avec la modernité, nous avions cherché à nous arracher à la « vallée des larmes » de la misère. Nous nous sommes donnés comme dessein de toujours produire plus. Contrairement au souhait formulé par John Stuart Mill au 19e siècle, nous ne sommes pas parvenus à trouver quelque optimum. Nous avons poursuivi jusqu’à l’absurde la quête de richesses matérielles et qui plus est depuis une quarantaine d’années avec une explosion des inégalités en termes de répartition de la richesse sur Terre et au sein de chaque nation, en dépit de l’arrachement des classes moyennes des pays émergents à la misère. Nous sommes désormais menacés d’un retour à la « vallée des larmes », sous la forme d’un désert brûlant.

Le consensus moderne s’était construit autour de la nécessaire production de richesses et leur nécessaire partage ; on s’écharpait sur les moyens optimaux de production et sur les critères de redistribution de la richesse produite.

Aujourd’hui, il s’agit de nous entendre sur la nécessaire décrue de la production et sur son partage, c’est-à-dire sur le nécessaire resserrement des écarts de richesses. Au sein de ce cadre, la matière à adversité démocratique ne manquerait pas : nous pourrons nous différencier quant au degré de resserrement opportun des inégalités sociales autant qu’au sujet du niveau de décrue de la production et des types de production à privilégier ou non.

Rappelons qu’à terme, en cette matière, il n’y a pas d’intérêts divergents : continuer sur la tendance actuelle c’est aboutir à une planète inhabitable pour l’ensemble des espèces vivantes.

Le risque létal d’un « retour à la normale »

Bien des manières d’aborder en ce moment l’après ne sont guère rassurantes, et rappellent les suites de la crise économique de 2008-2009. La tentation est forte, en effet, de revenir à la situation d’avant, mais en pire. A l’hôpital, on maintient bille en tête les « restructurations » en vue de « l’optimisation de l’offre de soins publique » – entendez les suppressions de centaines de postes et de lits -, que ce soit dans le Grand Est (!) mais aussi dans le nord de Paris, déjà sous-doté. Des économistes orthodoxes font à nouveau entendre leur petite musique : il va falloir « relancer la machine », « tout miser sur la croissance », faire passer l’économie avant l’écologie. Du côté de la puissance publique, on entend déjà que les « réformes structurelles » et une « austérité » redoublées sont plus que jamais nécessaires pour « éponger la dette ».

Ce sont souvent les mêmes qui, de plateaux d’experts en tribunes de presse, de chaînes d’information en « téléphone sonne », préviennent contre les méfaits certains d’une « écologie punitive ».

A ces « réalistes » auto-proclamés, dont le « réel » est d’une abstraction inédite dans l’histoire de l’humanité, car il se compose d’indicateurs, de spreads, de nanosecondes et de pures spéculations (pas celles des philosophes, hélas, celles des traders), il faut rappeler quelques faits bien établis, dont tout le monde, à l’occasion de cette catastrophe sanitaire, a pu faire l’expérience parfois douloureuse.

De la même manière qu’il a fallu deux étés caniculaires éprouvants pour que, dans leur chair, nos contemporains saisissent ce que veut dire le dérèglement climatique, nous avons vu et ressenti les effets désastreux et irrationnels de la « RGPP » (Révision générale des politiques publiques) et autres dispositifs du « new public management » néolibéral qui mise tout sur le « flux » au détriment du « stock » : c’est parce qu’il n’y avait pas de « stocks » de tests, de masques et de gel qu’il a fallu confiner tout un pays. Pour économiser des millions d’euros dans un univers stable, qui mutile l’État-providence en pariant que tout ira bien, ce sont des centaines de milliards que nous brûlons parce que le monde a ses imprévus et que le « flux tendu » gestionnaire ou logistique ne tolère pas le moindre incident.

A ceux qui, face à la fermeté des mesures à prendre pour « lisser la courbe » – cette fois-ci, la courbe climatique – seraient tentés de crier à « l’écologie punitive », rappelons que la punition est déjà là : mort de masse par contamination, confinement général, arrêt brutal de l’économie, dilapidation de milliers de milliards d’euros. Ajoutez à cela l’attaque en règle contre les libertés et droits fondamentaux. Qui, dans ces conditions-là, peut encore parler d’écologie punitive sans sombrer dans le ridicule ?

Souvenez-vous, les renoncements nécessaires pour atténuer les effets du dérèglement général de la planète étaient inacceptables, nous disait-on : baisser notre consommation folle, couper dans les dépenses somptuaires, cesser de fabriquer des objets inutiles, des 4×4 rutilants et vrombissants, des vols en avion… On nous disait que la croissance n’était pas négociable. Erreur, elle l’était.

Quand on voit les sacrifices et les renoncements auxquels (presque) tout le monde se plie pendant le confinement, on se dit que tout était déjà possible. Faut-il rappeler que 48 000 personnes meurent par an en France de la pollution atmosphérique, 15 000 des effets du chômage, et que la canicule de 2003 a fait 19 000 morts ?

Retourner à la situation d’avant, “relancer la machine” à l’identique, indiquerait non seulement que nous n’avons pas tiré de leçon des catastrophes, mais surtout que nous décidons de faire mourir toutes ces personnes. C’est bien évidemment inacceptable.

Les propositions qui suivent ont pour but de contribuer aux changements structurels de nos institutions démocratiques et économiques.

Une vision et un programme

L’objectif global est l’adoption consensuelle d’un nouveau cap de civilisation, dont les grandes lignes sont :

Économie : Produire moins de biens (sobriété), et mieux (efficacité), pour que nos économies s’insèrent dans le cadre des limites planétaires et deviennent régénératives plutôt que destructives ; resserrer les écarts de revenus.

État : refonder la représentation, enrichir les procédures démocratiques, protéger les biens publics et les biens communs ; redonner du sens au service du public.

Il y a bien sûr différentes interprétations possibles de ces objectifs et des mesures précises qui peuvent contribuer à les atteindre. Libre à d’autres, dans un esprit d’alternance démocratique, de proposer d’autres interprétations et mesures de mise en œuvre.

Nous avons choisi de proposer des mesures, très centrées sur l’État. Ce n’est évidemment pas incompatible avec une démarche de participation populaire (et toutes les initiatives de la société civile allant dans le même sens), que nous encourageons par ailleurs. Mais nous soulignons que même ces processus démocratiques “venant du bas”, doivent reposer sur des garanties de l’État. Par les mesures qui suivent, nous nous donnons des instruments puissants pour réellement changer les choses.

Certaines des réformes que nous proposons pourraient être, autant que faire se peut, immédiates, d’autres exigent au contraire du temps, par exemple la réorganisation du commerce international et la démondialisation, d’autres enfin appellent une mise en œuvre dynamique et progressive comme le plafonnement des consommations et le resserrement des inégalités.

A. Vers une économie « réelle » au service des biens communs (18 mesures)

Photo - Les dégradations du système Terre sont le résultat du substrat énergétique et matériel de nos modes de vies actuels et de la manière dont ceux-ci envahissent les territoires les plus divers et reculés. Les propositions ci-dessous visent à réduire le potentiel destructeur de nos activités et des modes de vie dont elles sont solidaires. Elles visent également à concilier cet objectif avec une amélioration qualitative du bien-être et la justice sociale, qui repose sur la reconnaissance de l’égale dignité de tous les êtres humains. Toutes ces considérations nous imposent de transformer nos modes de vie en adoptant des instruments qui permettent de mesurer l’effet destructeur de nos modes de vie et de le borner, comme l’Empreinte Écologique et les quotas de consommation individuelle.

Mesure 1 – Pour ce faire, nous aurons besoin d’indicateurs robustes quant aux conséquences écologiques et énergétiques des niveaux de production, et quant à leurs incidences en termes de bien-être humain6.
On peut constater en Europe une timide percée de ce discours même au sein de la droite classique.

Mesure 2Relocalisation maximale de l’activité via un protectionnisme coordonné et coopératif au niveau international. Cette relocalisation permettrait de contrôler plus efficacement les flux de matière et d’énergie à l’échelle d’un territoire ; et d’évaluer leur impact sur les écosystèmes. L’objectif est ici de parvenir à terme à une empreinte écologique inférieure à 1 planète (objectif partiel de 1,5 d’ici à 10 ans), tant il est nécessaire de stimuler les capacités de régénérescence des écosystèmes. Il existe dans la littérature internationale un indicateur mixte combinant Empreinte Écologique et Limites Planétaires, qu’il conviendrait d’adopter à l’échelle de chaque territoire7.
Ce qui importe avant tout, c’est d’engager une dynamique de resserrement progressif de l’empreinte écologique.

Doivent être relocalisés en premier les secteurs essentiels à la vie de la nation comme l’alimentation, les fournitures relatives au secteur médical et de santé, l’énergie, l’électronique et le web (nécessairement à l’échelle européenne) et évidemment la défense.

Mesure 3Modification du droit des sociétés : l’objet social doit préciser la contribution au bien commun. Les entreprises seraient soumises au resserrement de l’Empreinte Écologique et adopteraient une comptabilité tenant compte de l’empreinte écologique et de la dynamique écologique globale des écosystèmes. Les entreprises adopteraient pour cela une comptabilité à trois capitaux : actifs classiques, capital social et capital naturel, les trois n’étant pas fongibles (aucune compensation ne serait possible, même pondérée). Cette démarche, associée à la nécessaire transformation de la gouvernance des entreprises (de manière à la rendre plus démocratique) revient à généraliser les principes de l’ESS de transformation écologique8 à toutes les entreprises et tous les secteurs d’activité (internationalisation des externalités négatives, participation et autonomie)9
. Il faut aussi changer les règles de l’entreprise sur la transparence des actionnaires, que l’on sache, publiquement, qui finance quoi. Pierre Samuel le proposait déjà en 1970.

Mesure 4Comptabilité en matière/énergie et instauration de quotas d’énergie/matière par individu (variable en fonction de la situation géographique et de la part « contrainte » des dépenses). Il s’agirait de plafonner démocratiquement, de façon progressive, les consommations d’énergie / matière (et notamment les consommations d’énergie fossile, émettrices de CO2). De tels plafonnements pourraient être mis en place non seulement pour les achats directs d’énergie, mais pour tous les produits (chaque produit serait marqué d’un “prix”10
en énergie / matière, et chaque achat serait reporté sur un compte personnel). Le quota serait calculé par bio-région, selon la formule suivante : empreinte écologique = 1/nombre d’habitants de la bio-région. Ces plafonnements s’accompagneraient de péréquations de façon à garantir à tous les Français des conditions de vie équitables : les régions moins bien dotées pourraient recevoir des “transferts de quotas” provenant des régions les mieux dotées, en respectant à terme une empreinte écologique globale inférieure ou égale à 1. Sans de tels plafonnements, absolus et non négociables, il est impossible de faire baisser les émissions sur un territoire donné, autrement qu’en laissant le marché déterminer le prix des consommations “hors quota” (c’est le principe des “marchés de quotas”, par exemple de la “carte carbone” conçue par les Britanniques avant la crise de 2008, les riches pouvant racheter aux pauvres leurs quotas), ce qui reviendrait à marginaliser une grande partie de la population et à accroître les inégalités sociales. Il n’y a jamais avec de tels quotas qu’un mode de gestion séculaire, celui des communs, toujours assortis, comme l’a montré Elinor Ostrom, de règles d’usage rigoureuses. Et rappelons-le, nous concernant, nous sommes déjà en situation de surpâturage climatique et biologique.

Mesure 5Généralisés à toutes les consommations, les quotas énergie/matière reviennent à relativiser le signal prix. Le signal prix devient relatif dans une économie qui tend vers un plafonnement généralisé, dont les plafonds décroissent progressivement pour atteindre les objectifs démocratiquement fixés : la consommation des biens rares n’est plus réglée par leur prix, elle est plafonnée “a priori”, et obéit à un principe d’équité (les quotas sont fixés en tenant compte des “consommations contraintes” de chacun). Les écarts de consommation (entre riches et pauvres) se portent sur les services purs ou les objets patrimoniaux. Toutefois les services deviennent eux aussi plus rares (la productivité des activités de service pur ne progresse pas ou très peu : les quantités sont donc “données” par le niveau de la Population Économiquement Active (PEA), elles sont constantes à court terme). On pourrait craindre que les services deviennent plus coûteux en raison de leur relative rareté, et qu’ils ne soient accessibles qu’aux plus riches. Mais il convient de rappeler ici que les écarts de revenus et de patrimoine étant par ailleurs démocratiquement bornés, les disparités concernant les quantités consommées le seraient aussi.

Mesure 6Dette publique : nous proposons que l’État français cesse de payer les intérêts de la dette publique cumulés depuis 1974, date à laquelle on a mis fin au privilège de la Banque de France de battre monnaie : c’est l’essentiel (70%) de la dette française qui serait purement et simplement effacé. L’indépendance de la Banque Centrale et le recours au marché obligataire pour le refinancement des États avaient pour dessein d’empêcher ces derniers d’exercer leur prérogative de création monétaire, en la déléguant à des entités indépendantes. Cette décision apparaît, avec le recul, d’autant plus injustifiée que les banques centrales indépendantes (la BCE ou la FED par exemple) ont récemment adopté (ou envisagent de le faire) des instruments de politique monétaire “non orthodoxes” (Quantitative Easing ou “Helicopter Money for People”), les exacts équivalents de la “planche à billet” que les orthodoxes reprochaient aux États de faire tourner à la moindre difficulté. Nous n’ignorons pas qu’une telle mesure pourra pénaliser les épargnants qui détiennent des obligations d’État, mais considérons qu’elle est conforme à l’intérêt du plus grand nombre, actuellement obligé de s’acquitter d’un impôt pour assurer le paiement des intérêts illégitimes de la dette publique.

Mesure 7 – Nous proposons de restituer à l’État les instruments de pilotage monétaire et financier, indispensables à la réorientation des flux d’investissement et à la relocalisation des consommations et des productions. Il s’agirait en premier lieu de mettre fin à l’indépendance des banques centrales. Cette mesure revient à restituer à l’État l’instrument de pilotage public de la monnaie et des services financiers. Elle s’accompagnerait de la nationalisation totale ou partielle du secteur bancaire (ce dernier est nationalisé de fait depuis la crise de 2008, dans la mesure où l’État s’est porté garant, en dernier ressort et sans limitation de montant, non seulement des dépôts des épargnants, mais plus généralement des dettes contractées par les banques françaises).

Mesure 8 – Nous n’ignorons pas la résistance de certains gouvernements européens à de telles idées. La France engagerait des négociations avec ses partenaires pour les convaincre de l’impérieuse nécessité d’une telle politique. Dans l’hypothèse où elle n’obtiendrait pas gain de cause, elle pourrait décider de recouvrer sa souveraineté monétaire  : elle plaiderait alors pour conserver l’Euro sous la forme d’une monnaie commune et non plus “unique”, suivant la proposition jadis formulée par la Grèce11
. La France adopterait dans ce cas une politique monétaire reposant sur le pluralisme monétaire et la reconnaissance des monnaies locales et complémentaires (fondantes, dédiées, vectorielles, etc.), répondant à l’objectif de viabilité écologique et sociale des productions et consommations (empreinte écologique inférieure ou égale à 1 et encadrement des inégalités de revenus et de patrimoine).

Mesure 9Mise en place d’un Revenu de Transition Écologique12
. Le RTE se destine à des personnes physiques, en contrepartie d’activités orientées vers l’écologie et le lien social ; la rémunération de ces activités (par exemple : agroécologie, permaculture, artisanat, low-tech) par le marché est souvent bien inférieure à leur valeur réelle. Le RTE comprend un volet monétaire et un volet accompagnement dans le cadre d’une coopérative de transition écologique (CTE). Une CTE a trois fonctions principales : financière avec le versement d’un revenu conditionné ; d’outillage des porteurs de projet en termes de formation et d’accompagnement, pour franchir progressivement les étapes de la transition ; de mutualisation des coûts, des pratiques et des connaissances au sein du groupe ainsi constitué. Les personnes et les initiatives déjà actives ou émergentes dans la transition gagnent ainsi en visibilité, et serviront de levier pour changer d’échelle et redynamiser les territoires. L’intérêt majeur du RTE est de s’appuyer sur des personnes, des réseaux et des structures déjà existantes, dont il constitue la pierre angulaire à travers la mise en œuvre d’une CTE. Celle-ci peut prendre différentes formes juridiques : une société collective d’intérêt collectif (SCIC) intègre des structures démocratiques diverses, dont des coopératives d’activité et d’emplois (CAE), des entreprises locales, des collectivités. La première CTE a été créée en 2019 dans la commune de Grande-Synthe avec la volonté de contribuer directement aux politiques territoriales de transitions (agricole et alimentaire ; transition énergétique ; mobilité ; économie circulaire etc.). La prochaine CTE est en cours de création dans le département de l’Aude. Les territoires en expérimentation sont eux-mêmes en réseau. Ainsi, le RTE a vocation à construire un nouveau modèle économique, écologique et social, grâce à un processus bottom-up.

Mesure 10 – Forcément, par voie de conséquence, encadrement des écarts de revenus (salaires, revenus du capital) serait à établir, à l’intérieur d’une fourchette dont l’amplitude est à définir de manière démocratique et par voie de référendum. De même que le revenu de transition écologique comble la distance entre le revenu jugé “minimal” et la rémunération réelle par le marché, le revenu maximal est le produit d’une décision démocratique qui interdit la “sur-rémunération” par le marché, dès lors que celle-ci introduit des écarts de revenus que la société juge néfastes. La même logique prévaut dans un cas comme dans l’autre : la borne inférieure et supérieure des revenus est déterminée démocratiquement. Les mérites des uns et des autres ne sont pas méconnus pour autant : la société dispose d’une grande palette d’instruments pour les reconnaître à leur juste valeur (charges et honneurs de toutes sortes sont une juste rétribution, non monétaire, de ces mérites et vertus).

Mesure 11Fiscalité écologique et sociale (exonération de la TVA et modulation de l’impôt sur le revenu en fonction du bilan “énergie / matière” des consommations). Cette fiscalité vise à inciter les consommateurs à adopter des comportements de consommation “vertueux” et accompagne la mise en place des quotas évoqués aux points 3 et 4. Si l’on fixe un quota élevé dans un premier temps, un système de modulation du taux d’imposition en fonction du bilan énergie/matière des consommations peut amener vers plus de sobriété. Cette solution est intéressante tant que le plafond est assez élevé et permet d’encourager les consommateurs à réduire leurs consommations “non vertueuses”, qui s’ajusteront d’elles-mêmes au plafond “cible”, progressivement rabaissé.

Mesure 12Agriculture : vers une “agroécologie décarbonée” (sans énergies fossiles). Il est urgent de mettre en place un modèle agricole à très haute productivité par unité de surface et à faible productivité par unité de travail. Une telle agriculture exigera de mobiliser à terme entre 15 et 30 % de la PEA, d’abandonner presque entièrement la motorisation à énergie fossile et d’avoir massivement recours à l’énergie musculaire (animale ou humaine). Cela implique également d’imposer un phasage de l’utilisation des pesticides de synthèse (néfastes pour toute la biodiversité) et les engrais de synthèse, autre poste important de l’utilisation/dépendance des combustibles fossiles en agriculture.

Imposer la sortie de cet ancien modèle est aussi une façon de se projeter dans le nouveau, celui qui permettra de faire de l’agriculture le premier secteur économique fixateur de carbone, comme le demandent les scénarios du GIEC que tous les pays ont admis avec la COP 21 dont la France est si fière. Ce modèle inclut aussi un retour à l’intégration des arbres dans nos pratiques agricoles, entre forêt-jardin, systèmes agro-forestiers et sylvo-pastoraux (soit le démembrement du remembrement). Par ailleurs, pour éviter la stratification sociale entre individus se consacrant à des activités dont les taux de productivité horaire sont très différents, nous proposons que cette mobilisation concerne TOUTE la Population Économiquement Active (PEA), sous la forme d’une activité agricole à temps partiel, spécialement dans les périodes où les besoins de main d’œuvre sont très élevés (récoltes, préparation des sols, désherbage, etc.). Le régime d’activité du futur serait donc celui de la “poly-activité intermittente”, qui verrait chaque individu se consacrer, alternativement et par phases, à l’entretien du vivant (dont l’agriculture est une forme essentielle) et à d’autres activités productives ou de services. Cette alternance aurait également des vertus démocratiques (puisqu’elle place tous les paysans, permanents ou intermittents, sur un pied d’égalité et de coopération) et culturelles, car elle permettrait de rétablir le lien entre tous les habitants du territoire national et “l’autre société” des espèces vivantes qui habitent ce même territoire.

Mesure 13Agriculture : vers une libération des semences et diversification génétique. La libéralisation des semences du domaine public constitue un élément majeur de l’autonomie et de la sécurité alimentaire. Il y a, à l’heure actuelle, grâce au travail institutionnel de différents acteurs, à l’échelon national et Européen, des avancées importantes pour la réhabilitation et la réappropriation des ressources génétiques natives (semences paysannes – variétés ancestrales, etc.). Il conviendra de mettre un terme à l’actuel système d’encadrement du marché des graines. Les semences paysannes sont d’ailleurs libres de tout droit de propriété intellectuelle, de tout brevet ou C.O.V. (titulaire d’un Certificat d’Obtention Végétale). Notons enfin que des travaux en cours (INRA – CIRAD de Monpellier) tendent à montrer que les semences paysannes, à la différence des semences industrielles, sont riches d’endophytes (écosystèmes microbiens symbiotiques), lesquels contribuent fondamentalement à la vie les plantes, comme des sols.

Aucune loi n’interdit de ressemer les graines de son champ ou de son jardin, surtout si elles sont dans le domaine public, donc libre de tout droit de propriété intellectuelle… Cependant, le privilège de l’industrie (déposer des brevets sur les semences) leur a servi de tremplin pour accaparer les semences libres paysannes, et faire interdire leur usage libre. Le G.N.I.S. (Groupement National Interprofessionnel des Semences), par exemple, est une instance ambigüe à double casquette, représentant des intérêts privés des firmes qui le constituent, (Bayer, Monsanto, Dupont, Pioneers, Syngenta, Limagrain, etc.) et chargé en outre par l’État français de gérer le secteur officiel des semences et de représenter l’État français pour toutes les missions officielles concernant la réglementation des semences… Cette situation est intenable d’un point de vue éthique, et dangereuse pour la biodiversité, c’est-à-dire l’avenir de l’agriculture. Nous proposons d’en finir avec les brevets de semences.

Mesure 14Agriculture : “réempaysannement des Terres”. La préservation et la répartition du foncier agricole, qui disparaît toujours au rythme de 1 département tous les 6 ans en France, est un enjeu majeur pour la pérennité de notre société. Les terres arables garantes de notre avenir alimentaire s’effondrent dans la plus totale indifférence. L’effet est plus dramatique encore dans les pays du Sud (Asie – Afrique – Amérique Latine) par l’accaparement dont l’ampleur constitue une menace globale pour l’humanité, avec des conséquences irréversibles sur le court terme. Les appropriations et la concentration des terres par quelques-uns entraînent la destruction des sociétés paysannes, l’exclusion de millions de petits producteurs, la destruction des écosystèmes et des ressources en eau et l’accélération du réchauffement climatique. Les paysans sont par millions victimes des évolutions actuelles des structures agraires qui violent les droits des populations et pillent littéralement les territoires, en créant partout la précarité et les pénuries alimentaires. Pourtant les agricultures paysannes sont dix à cent fois plus productives par unité de mesure que l’agriculture industrielle et elles nourrissent encore aujourd’hui 75 % de la population mondiale avec seulement 25 % des terres agricoles et très peu de protéines animales. Pour mettre fin à cette dérive en France, les SAFER verront leurs missions redéfinies et leurs prérogatives légales renforcées : maintien et développement des agricultures familiales (pratiquant la polyculture vivrière agroécologique), accompagnement des nouveaux paysans désirant participer à un programme de “reconquête paysanne”, pouvoirs d’investigation pour mettre en échec les opérations de contournement de la loi foncière13
.

Mesure 15Fin à terme de la métropolisation. L’alternance décrite (12 – §2) exige de rapprocher le lieu de résidence des espaces agricoles, afin de réduire la dépense énergétique liée au transport des personnes et des productions (circuits courts). Les politiques de réaménagement du territoire viseraient des agglomérations de 300 000 habitants en moyenne. Les distances domicile – lieu de travail se trouveraient alors réduites à tel point qu’elles pourraient être parcourues en ayant recours à l’énergie musculaire ou à des transports publics dont le coût serait d’autant plus faible pour la collectivité que les distances à parcourir seraient courtes. La redistribution de la population sur le territoire pourrait être encouragée par une fiscalité écologique et sociale adaptée (par exemple, la fiscalité foncière pourrait être réduite dans les zones à forte contribution écologique et sociale, et le manque à gagner pour les communes pris en charge par l’État). De tels changements s’effectuent sur des décennies.

Mesure 16À terme, politique de transport public intégrale ou mutualisée à l’échelle de petits collectifs (individus + bagages). Le transport individuel serait progressivement réduit par le moyen d’un quota carbone / Transport ; celui-ci étant rabaissé au fur et à mesure que l’offre alternative de transports publics serait renforcée.

Mesure 17Arrêt immédiat des subventions aux énergies fossiles. Cette mesure n’exige aucun préalable car rien, ni la rationalité économique ni l’intérêt général ne justifient ces subventions : celles-ci ne doivent leur existence qu’aux participations croisées de l’État dans les entreprises extractives. Leur rentabilité nette entretient une véritable dépendance de l’État aux énergies fossiles et l’entraîne dans une diplomatie et des opérations extérieures visant à garantir ses approvisionnements.

Mesure 18Fin des paradis fiscaux. Pour faire disparaître totalement le recours des entreprises aux paradis fiscaux, la loi prévoirait des sanctions pénales applicables aux dirigeants (actionnaires compris). Le rapatriement fiscal des avoirs détenus par les sociétés et les particuliers permettrait de restituer à l’État des ressources (la perte fiscale est actuellement estimée à près de 5 milliards par an, les avoirs nets des ressortissants français détenus par les paradis fiscaux à plus de 300 milliards d’euros) qui pourraient être consacrées à la conversion écologique.

B. Vers un État garant du bien public et des biens communs (7 mesures)

L’objectif général ici poursuivi est d’ouvrir une dynamique démocratique qui conduirait à une transformation progressive des institutions. Nous nous trouvons actuellement dans un moment de bascule tel qu’il est impossible d’anticiper la forme que prendront les institutions de l’avenir. Nous échoit la responsabilité d’enclencher les démarches nécessaires à cette métamorphose sur le temps long.

Mesure 1Réforme constitutionnelle introduisant à l’article 1 “L’État est garant du respect de l’Empreinte écologique et des Limites Planétaires”, article qui renverrait à une loi organique précisant les indicateurs retenus. Il conviendrait, comme nous l’avons vu, après être parvenu à descendre le niveau de destructivité écologique actuel vers une empreinte d’1 planète (avec un objectif intermédiaire d’1,5 planète à 10 ans, calé sur l’effort à entreprendre en matière de réduction de moitié en 10 ans des émissions carbonées), de se maintenir, le temps nécessaire à la régénération des écosystèmes, en-deçà de ce seuil d’1 planète. Serait également intégré au même article le principe de non-régression en matière de droit de l’environnement. Ainsi le principe de la viabilité écologique se trouverait inséré dans le “bloc de constitutionnalité”. Serait aussi constitutionnellement reconnue une extension du statut de sujet de droits (certes sous une forme non plénière) aux écosystèmes ou à des éléments de ceux-ci (fleuves ou glaciers par exemple)14.

Mesure 2Réforme du pouvoir législatif de manière à renforcer sa représentativité et à lui donner les moyens de légiférer sur le temps long et la complexité. 

Création d’une « chambre du futur » permettant de représenter le temps long, la complexité et qui viendrait s’introduire dans le système constitutionnel entre l’assemblée nationale et le Sénat15
. Cette chambre, qui ne serait pas composée d’élus mais issue pour partie du CESE, pour partie de la cooptation de personnalités qualifiées (réputées pour leur engagement en faveur du long terme16
) et pour partie du tirage au sort, s’ajouterait aux deux chambres existantes et elle disposerait des prérogatives suivantes, sans jamais pouvoir par elle-même statuer :

  • Suivi du travail en Commission des lois et possibilité d’alerte si l’examen d’un projet ou d’une proposition de loi permet de déceler une contradiction avec l’article 1 de la Constitution, tel que redéfini (voir point précédent).
  • Veto suspensif obligeant les chambres à débattre à nouveau d’un projet de loi.
  • Saisine du juge constitutionnel.
  • Veille des réalisations sur les territoires exemplaires en matière d’empreinte et de modes de vie écologiques afin de les faire remonter au parlement pour éventuellement mettre à l’étude un projet de loi permettant à ces expériences de changer d’échelle.
    Cette chambre, à l’instar des autres chambres du pouvoir législatif, prendrait appui, dans l’exercice de ses fonctions, sur deux collèges indépendants. En premier lieu, un collège du futur (réunissant scientifiques et experts en matière de long terme : climat, biodiversité, société et civilisation) dont le rôle serait d’évaluer et de produire des synthèses de l’évolution des connaissances des grands enjeux de long terme. En second lieu, un collège de la participation, qui serait une agence indépendante, à la fois organe méthodologique et instance organisatrice, ayant pour but de veiller à l’organisation de débats publics sur le territoire (cette agence est une évolution de l’actuelle CNDP). Pour l’organisation de débats en matière de contenu des impacts à long terme des politiques publiques, cette agence pourrait prendre appui sur l’expertise fournie par le collège du futur.

L’institution d’un équivalent des votations suisses, d’un référendum d’initiative populaire, s’impose, assortie d’un conformité constitutionnelle préalable, interdisant l’exploitation de circonstances émotionnelles particulières. Par ailleurs rien ne nous interdit non plus de déroger, dans certains cas, à la seule règle majoritaire (une décision est acquise si elle obtient plus de 50 % des suffrages exprimés). Ce qu’on appelle le jugement majoritaire, à savoir le fait non de retenir une option en éliminant les autres, mais d’évaluer les différentes options pour retenir les mieux évaluées, constitue une procédure très intéressante : elle rend mieux compte de la pluralité inhérente à la société et de la manière dont celle-ci appréhende la diversité des voies possibles.

Nous pourrions également tirer des leçons de l’épisode du Brexit. Si les voix de la jeunesse avaient alors été surpondérées, jamais le Brexit n’aurait été voté. Bien sûr, une telle pondération est en totale contradiction avec le principe absolu de l’égalité des voix. Mais on pourrait imaginer que cet éclairage soit apporté (avec un mécanisme accordant un poids supérieur aux votes en fonction de l’espérance de vie théorique des votants) relativement à un vote donné, sans qu’il en soit tenu arithmétiquement et légalement compte. Un tel éclairage conduirait les élus à tenir compte de la réalité du vote…

Transformation du Sénat en « Assemblée des bio-régions », dotées chacune d’une autonomie pour l’adaptation aux réalités de chaque territoire des normes régissant l’activité.

Modification du mode de désignation des représentants siégeant dans les deux chambres de plein exercice (Assemblée Nationale et Sénat) en introduisant une part de désignation au tirage au sort, à hauteur du tiers des sièges à pourvoir. En outre, de façon à diversifier le vivier des candidats possibles au suffrage universel, un “statut de l’élu” sera soumis au vote des assemblées : ce statut prévoirait que tout élu national se verrait offrir à l’issue de son mandat un poste dans la fonction publique. Cette réforme éviterait que les salariés se trouvent dissuadés de se présenter au suffrage de leurs concitoyens, de peur de ne pouvoir retrouver un emploi à l’issue de leur mandat.

Mesure 3Une fonction publique, rempart contre la privatisation et le détournement du « bien public ». De manière à renforcer la légitimité des agents de la fonction publique d’État au regard de la population dans son ensemble, et de les attacher aux destinées du pays, nous proposons d’allonger la durée d’engagement – 15 ans au lieu de 10 -, d’interdire le rachat par les entreprises ou par les individus eux-mêmes de la “pantoufle”, et d’interdire toute forme de réintégration dans la fonction publique – tout au moins à des postes comportant l’exercice de responsabilités exécutives – des fonctionnaires qui auraient décidé de la quitter. Enfin, nous proposons de supprimer le management par indicateurs chiffrés et comptables.

Mesure 4De l’État providence à l’État résilience. Ce dernier offrirait une garantie de solidarité, universelle, à proportion des revenus de chacun, et couvrant l’ensemble des risques, y compris les risques écologiques. Il s’agit de faire de la “sécurité” un horizon de civilisation, dans un monde instable et menacé par le réchauffement climatique et les bouleversements écologiques sans précédents… Dans un tel monde, la sécurité sociale devient une valeur essentielle, et la garantie d’une vie stable le substitut de l’appétit pour le “gain” et la distinction sociale par l’avoir qui avaient caractérisé l’imaginaire social du capitalisme :

  • Suppression de l’ONDAM et pilotage de l’assurance maladie par la qualité plutôt que par le coût.
  • Déplafonnement des cotisations de l’assurance maladie.
  • Réforme de l’assurance vieillesse : retour à un système par répartition à prestations fixes, et mise à contribution de l’ensemble de l’appareil productif (travail ET capital) pour garantir l’équilibre du système.
  • Garantie d’activité : l’activité (non plus seulement le “travail”) est une dimension essentielle de la vie sociale. L’État résilience doit garantir à tous la possibilité d’exercer une activité : le revenu de “transition écologique et sociale” est versé sous condition de conformité de l’activité à la stratégie de transformation écologique et sociale (cf. point 8).
    Mesure 5Cadrage de l’action de l’exécutif en fonction de l’objectif constitutionnel de durabilité forte qui viendrait intégrer le bloc de constitutionnalité (ex. Déclaration des droits de la nature de l’ONU). Une évaluation régulière par la représentation nationale et les citoyens (commission indépendantes) des impacts (cf. loi SAS, etc.).

Mesure 6Le point précédent oblige nécessairement au rétablissement d’un pilotage global (non plus un « plan » mais tout au moins une stratégie pluriannuelle) par impacts. Les objectifs d’impacts seraient, dans l’idéal, coordonnés au plan international (voir infra) : l’État veillerait à l’atteinte des objectifs mais laisserait aux acteurs de la société civile la pleine liberté de s’accorder sur les moyens pour les atteindre. Le premier ministre doit pouvoir s’appuyer sur une « Coordination nationale de la transformation écologique et sociale », associant citoyens, société civile, entreprises réformées (cf. supra, point A.3), bio-régions et services techniques de l’État.

Mesure 7Réforme de l’éducation et de la recherche, donnant la part belle, pour ce qui concerne la première, à la coopération et la créativité et, pour ce qui concerne la seconde, aux sciences citoyennes et participatives, sans entraver la recherche fondamentale, plus que jamais essentielle. Chaque individu serait associé à la veille de l’écosystème qui l’héberge, et dont il observerait les évolutions : il s’agirait de confier à chaque personne volontaire le soin d’opérer régulièrement et suivant des méthodes éprouvées des “relevés du vivant”, pour mieux estimer la réponse des écosystèmes aux changements d’activité. Aucun dispositif purement mécanique ne permettra d’avoir une idée de la “productivité globale” ou de “l’output thermodynamique global” d’un écosystème : c’est une limite de toutes les démarches d’évaluation d’impact écologique de l’activité économique (des flux d’énergie / matière). Il faudra associer les humains à cette veille thermodynamique quotidienne. Cette démarche aurait des vertus culturelles puisqu’elle conduirait chaque volontaire (et potentiellement tous les citoyens) à observer (regarder, écouter, sentir) les évolutions de la société des vivants qui l’entoure.

C. Propositions internationales (10 mesures)

Les propositions que nous formulons à l’échelon français prennent tout leur sens si elles s’inscrivent dans une politique coordonnée de refondation de l’ordre international, dont l’écologie deviendrait tout à la fois le socle et l’horizon.

Il s’agit en premier lieu de coordonner l’effort collectif pour faire face à l’urgence sanitaire et sauver le plus grand nombre possible de vies humaines des dévastations causées par la pandémie. Cette coordination peut préfigurer d’autres formes d’organisation internationale, dont nous pouvons d’ores et déjà distinguer les grandes lignes (Phase 2), de même qu’il nous est d’ores et déjà possible de déterminer les axes sur lesquels faire reposer une “stratégie de convergence écologique” de long terme (Phase 3).

Phase 1 : Une réponse internationale à l’urgence sanitaire et écologique

Mesure 1Une AG extraordinaire des NU pour coordonner les politiques sanitaires en réponse à la crise. Cette AG doit être réunie dans la plus grande urgence compte tenu des besoins de coordinations qui dépassent de loin le périmètre des politiques et des appareils de santé publique relevant de l’OMS. Politiques migratoires, économiques, environnementales, sont tout autant requises pour faire face à la multi-crise suscitée par la pandémie.

Mesure 2 – La rédaction d’une déclaration internationale, portée par l’AG ONU ou par un groupe d’États volontaires, pour endosser une politique “du vivant” reposant, entre autres, sur un protectionnisme concerté et solidaire. Cette politique du vivant fixe une cadre de droits pour les hommes et les autres espèces vivantes et détermine les “besoins” que les sociétés humaines doivent s’employer à satisfaire. Une telle liste permettrait de distinguer les besoins essentiels des autres, et de border les prétentions des sociétés humaines à satisfaire les seconds au détriment des écosystèmes terrestres.

Mesure 3 – Cette déclaration pourrait être déclinée sous la forme d’un “programme de convergence” international, permettant à tous les pays membres d’atteindre une empreinte écologique globale inférieure ou égale à 1, tout en satisfaisant les “besoins” qui figurent dans la déclaration.

Certains pays doivent montrer l’exemple, et donc créer une sorte de cartel (solidarité très forte entre pays qui s’engagent).

Phase 2 : des transformations structurelles de l’ordre international permettant de coordonner des politiques publiques écologiques

Mesure 4Jubilé des dettes publiques. Les dettes publiques “odieuses” (contractées par des régimes corrompus), les dettes publiques de tous les pays à faible revenus, les dettes publiques contractées à la suite de la crise de 2008 pour sauver le système bancaire, de même que les dettes contractées auprès des banques centrales pour faire face à la pandémie, sont purement et simplement annulées. C’est ici le fondement moral de ces dettes que nous contestons, c’est leur origine même qui les rend ignobles et illégitimes17
. Le recours à l’endettement public serait à l’avenir strictement encadré de telle sorte que les liquidités ne puissent se fixer sur des actifs financiers spéculatifs. Il serait notamment désormais impossible de refinancer les banques sans veiller à l’usage que ces dernières feraient de l’argent public (séparation bancaire, interdiction des activités pour compte propre, etc.). Le jubilé des dettes n’est pas une lubie ; il a une réalité historique. Nous nous contentons ici de rappeler le jubilé des dettes des pays pauvres effectué en l’an 2000 à la suite d’une campagne internationale.

Mesure 5 – Fin de l’indépendance des banques centrales, de façon à récupérer l’instrument de politique monétaire. Pilotage public de la monnaie et des services financiers : nationalisation du système bancaire et établissement du pluralisme monétaire via la reconnaissance des monnaies locales et complémentaires (fondantes, dédiées, etc.), qui deviendraient convertibles en “monnaie nationale”.

Mesure 6Nous appelons à la mise en place d’une monnaie de réserve et d’échange internationale, pilotée par un conseil constitué par des représentants de tous les pays parties à l’échange international, et dont les taux seraient fixés politiquement, de sorte à encourager les échanges écologiquement et socialement vertueux et décourager les autres18
.

Mesure 7Rétablissement du contrôle des flux de capitaux. Toutes les mesures évoquées jusqu’à présent peuvent entraîner un mouvement de fuite des capitaux hors de France. Les détenteurs de capitaux chercheraient à fixer leurs avoirs sur des actifs rentables dans des pays dont le droit de sociétés et les règles fiscales jouent à leur avantage. La seule manière de contrarier cette tendance, et d’empêcher les mouvements spéculatifs à court terme, consiste à rétablir le contrôle des flux de capitaux (à l’entrée et à la sortie du territoire national, à l’achat ou à la vente de la monnaie en cours sur le territoire national). La France pourrait plaider, au nom de tous les pays, pour que soit rétabli au niveau international un tel contrôle. Ceci mettrait fin au système de changes flottants, qui introduit une très grande instabilité dans l’économie mondiale, et rendraient impossibles les spéculations sur le taux de change. A l’intérieur de l’UE, la France défendrait le principe de l’Euro “monnaie commune”, qui autorise des dévaluations compétitives permettant de corriger, au moins en partie, les écarts de productivité entre pays de l’UE. A défaut de convaincre ses partenaires, la France pourrait sortir seule de l’euro et revenir au Franc. Enfin, le contrôle des flux de capitaux peut s’accompagner d’une fiscalité visant à en décourager les excès : la taxe sur les transactions financière, si le taux en est bien calculé, découragerait les mouvements spéculatifs de très court terme, tout comme une règle établissant une durée minimale de détention des actifs. On pourra objecter à tout ceci que les marchés financiers en seraient moins “liquides” et donc sous-performants : nous répondons qu’il s’agit là précisément du but poursuivi. La performance recherchée n’est pas financière mais écologique et sociale : de ce point de vue, une plus longue détention d’actifs, des maturités plus longues et des taux plus faibles pour l’activité de prêt, n’ont que des avantages, comme en témoigne l’expérience de la Finance Solidaire. Cette dernière a par ailleurs fait la preuve de sa remarquable robustesse, y compris en période de crise.

Phase 3 : une stratégie internationale de convergence écologique

Les objectifs écologiques sont par définition globaux. Il ne peut être de politique en matière écologique qui ne soit coordonnée au plan international. La France peut cependant montrer l’exemple, en partant d’objectifs définis par la littérature et les instances internationales : une politique ambitieuse de transformation écologique à l’échelle de la France doit être entendue non pas comme repli, mais comme ouverture à un nouvel ordre international que la France appelle de ses vœux et dont elle accepterait d’adopter, seule tout d’abord, les formes et moyens.

Mesure 8 – Une déglobalisation décroissanciste et solidaire, reposant sur une relocalisation maximale des activités et des systèmes de coordination par “poupées russes” (une institutionnalité mondiale dont les éléments constitutifs seraient des ensembles visant l’autosuffisance et la viabilité écologique et sociale).

Mesure 9 – Une politique de coopération reposant sur des partenariats bilatéraux de “transformation écologique et sociale”19.

Mesure 10 – Ces partenariats donneraient naissance à des formes institutionnelles nouvelles, des coordinations ou alliances dont l’objectif est l’autonomie et la viabilité. Ces coordinations ou alliances devraient être les briques de base de l’ordre international.

Du changement de notre rapport au monde

Photo - La réalité nous enjoint de réduire brutalement nos consommations d’énergie et de matières. C’est du moins la préconisation du GIEC, dans le domaine où les mesures sont disponibles et fiables, c’est à dire pour ce qui concerne les émissions des GES et leur impact sur l’évolution du climat. Ce n’est pas le cas pour ce qui concerne le vivant et la biodiversité en général : il ne nous est pas possible de fonder un quelconque tempo sur données objectives. En revanche, l’actuelle crise sanitaire met en lumière les coûts exorbitants de l’inaction.

Cette réduction brutale est possible et elle aurait tout avantage à être effectuée de manière coordonnée à l’échelon planétaire. Une telle politique ne dépend pas de la France, mais notre pays peut s’en faire, avec d’autres, le champion. Un monde qui aurait effectué sa conversion écologique et solidaire serait moins conflictuel et dangereux, dans la mesure où la plupart des conflits actuels et futurs tirent et tireront leur origine d’une surconsommation des ressources. La France peut engager seule, en attendant un consensus international qu’elle appellerait de ses vœux, une transformation radicale de son modèle de prospérité. L’exemple d’une transformation réussie, à la fois socialement juste et écologiquement viable, est un attracteur puissant qui fournira le socle de nouvelles relations avec nos partenaires traditionnels, susceptibles de prendre la forme de “partenariats de transformation écologique”, permettant à chacun de garantir ses approvisionnements essentiels, en se fixant des objectifs de convergence à long terme.

Le monde de l’avenir en passera par une modification profonde de notre appareil de production, qui devra se détourner des petits objets au bénéfice d’infrastructures – que l’on songe à la nécessaire transformation de nos villes pour faire face et à la montée des températures et à la décrue énergétique. Des objets moins nombreux et plus durables, plus soignés tant esthétiquement qu’ergonomiquement, d’autant plus mutualisés qu’ils seront sophistiqués et riches en ressources, très souvent fondés sur des low-techs revisitées. Ce monde caractérisé par des écarts de revenus resserrés, en plus grande harmonie avec les non-humains ou autres-qu’humains, devrait être un monde pacifié, plus harmonieux, éminemment plus favorable à notre santé et à notre bien-être qu’une course compétitive dont tout chacun pressent ou comprend désormais qu’elle nous conduit à l’abîme.

Les mesures que nous proposons, aussi techniques qu’elles puissent sembler, ont pour finalité de conduire à un tel monde : elles visent à réduire les flux destructeurs, à pacifier la société en mettant un terme à la mise à mort effective ou symbolique des plus faibles (auxquelles la concurrence généralisée n’accorde aucune chance de survie), à mettre fin à la guerre contre la nature (phytosanitaire, extractive, par surcroît d’anthropisation, etc.), à rétablir enfin la relation au vivant comme socle de toute civilisation digne de ce nom. En un mot, nous proposons de ne pas convertir la planète Terre en planète Mars.

La pandémie a jeté un jour neuf sur ce que nous avions plongé dans l’obscurité. En faisant l’épreuve de la maladie, du confinement et des difficultés qu’il entraîne pour chacun de nous, nous prenons conscience du fait qu’il n’est rien de plus précieux que la vie, ni rien de plus réconfortant que la solidarité. Les joies et les peines dont nous sommes les témoins ou les victimes n’ont pas d’autres ressorts :

  • Le virus se propage à proportion des dévastations que nous avons infligées à l’écosystème terrestre.
  • Les victoires de la médecine et des soins doivent tout à la solidarité collective qui les rend possible (c’est la recherche et l’hôpital publics) et les prolonge (c’est le respect du confinement et l’entraide matérielle et morale que les uns aux autres s’accordent).
    En ce temps de “rupture”, l’essentiel se fait jour. De quoi nous sert d’être puissants dans un monde inhabité, où notre “puissance” tourne à vide ? De quoi sert l’argent si l’appareil productif est à l’arrêt ? Quelle valeur ont nos billets si la confiance fait défaut, si plus personne dans le monde ne s’en porte acquéreur, car le pays où ils ont court ne produit plus rien qui vaille ? Les biens matériels sont importants ? Mais lesquels ? Que valent nos automobiles et nos avions si les destinations sont empoisonnées et les territoires qu’il leur faut traverser se transforment en déserts ?

La pandémie nous rappelle à notre condition d’être terrestres et vulnérables, pour qui la vie est essentielle, et la relation féconde. Car il n’est pas de vie sans relation : relation aux espèces vivantes, relation aux écosystèmes que ces espèces composent et qui les abritent, relations aux “autres” (humains et non-humains) qui contribuent à faire de ces écosystèmes les lieux de tout épanouissement possible.

Nous avons toujours transformé le monde pour le modeler à notre image. Les écologues appellent ce processus “anthropisation”. Le productivisme a poussé ce processus jusqu’à son paroxysme, en réduisant le monde à une simple “ressource” exploitable, en n’assignant aucune limite aux destructions et extractions de toutes sortes. Corona nous rappelle que ce processus est à double sens : un monde trop uniforme ou appauvri, que la vie tend à déserter, devient le cadre presque obligé des pandémies virales ou bactériennes.

L’ordre de confinement général nous a donné accès à un univers nouveau : une fois le ciel rendu à sa transparence et les rues des mégapoles au silence, l’essentiel nous devient audible, comme les chants des oiseaux ou le clapotis des gouttes de pluie. L’essentiel, c’est la vie qui repousse de n’être plus toujours fauchée, la terre qui revit de n’être plus écrasée par le poids des tracteurs, la fabrique humaine qui brasse de la matière, la transforme et la transporte (la bien nommée “économie réelle”), les efforts des hommes et des femmes qui prennent soin de la vie et les rapports de coopération : les flux de toute nature en somme. Quelle que soit leur ampleur et les forces qui les gouvernent, ces flux doivent se mêler les uns aux autres de telle sorte qu’ils servent cette finalité essentielle parmi toutes : celle de régénérer la vie, cette singularité propre à notre Terre et dont nous n’avons pour l’instant pas découvert l’équivalent dans les immensités sidérales qui nous entourent.

Une politique pour régénérer le vivant que nous avons abîmé et lui donner à l’avenir la prépondérance absolue sur toutes les autres finalités humaines, voilà ce à quoi nous appelons. Cette politique nous rendra plus libres car elle nous restituera l’essentiel, sans quoi la liberté est un leurre. Elle a pour nom Écologie. Elle est révolutionnaire en ceci qu’elle vise l’autonomie de chaque être et la fin de toute forme de domination sociale, qu’il s’agisse ici de la société des hommes ou plus largement de la société des êtres vivants, dont les humains font partie et qu’ils se sont employés jusqu’à présent à subordonner exclusivement à leurs finalités mondaines (au sens où elles répondaient à “leur monde” et à lui seul), sans mesurer à quel point cette politique les condamnait tôt ou tard à une mort certaine.

Notes

1.46° dans un village de l’Hérault, 43° en région parisienne, 40,7° au bord de la Mer du Nord en Hollande, des 50° et plus en Australie ou en Inde, etc.
2. UNEP, 2019 : Bridging the Gap – Enhancing Mitigation Ambition and Action at G20 Level and Globally ; IPCC, 2018 : Global Warming of 1.5°C. An IPCC Special Report on the impacts of global warming of 1.5°C above pre-industrial levels and related global greenhouse gas emission pathways, in the context of strengthening the global response to the threat of climate change, sustainable development, and efforts to eradicate poverty.
3. Nous avons tant détruit – les sols, les populations animales et végétales, les écosystèmes – que nous devrons un temps peser moins sur le vivant qu’il ne peut nous donner, afin de lui permettre de se régénérer.
4. De même, les flux de matières (toutes les ressources que nous extrayons) ne cessent d’augmenter depuis les années 2000 et sont directement corrélés au niveau de vie également. Voir Unep, Global Material Flows and Resource Productivity, 2016, http://unep.org/documents/irp/16-00169_LW_GlobalMaterialFlowsUNEReport_FINAL_160701.pdf
5. Dans nos villes, durant les canicules, entre parcs et îlots de chaleur, la température peut varier de 6° au moins
6. Concernant le bien-être nous renvoyons ici aux travaux d’Éloi Laurent, notamment, Sortir de la croissance. Mode d’emploi, Les liens qui libèrent, 2019. Voir aussi : Jean Gadrey, Florence Jany-Catrice, Les nouveaux indicateurs de richesse, La Découverte, 4ème édition, 2016 et Dominique Méda, La Mystique de la croissance. Comment s’en libérer, Flammarion, 2013. Concernant les indicateurs écologiques, la mesure des émissions de carbone est fondamentale, mais elle ne doit en aucun cas être isolée des questions relatives au vivant et à la biodiversité. L’empreinte écologique est un indicateur agrégé fondamental. On peut y ajouter les limites planétaires qui peuvent désormais donner lieu à des traductions sous forme d’objectifs nationaux, voir Hy Dao et al., « National environmental limits and footprints based on the planetary boundaries framework : The case of Switzerland », Global Environmental Change 52 (2018) 49-57. Il est également possible d’agréger empreinte écologique et limites planétaires (voir note suivante).
7. Nous renvoyons ici à : Daniel W. O’Neill et alii, « A good life for all within planetary boundaries », Nature Sustainability, vol. 1, February 2018, 88-95. Encore, une fois, aucun indicateur n’est parfait, et nous devons rester ouverts à des améliorations en cette matière. Un pays comme le Costa Rica, notamment, bien classé en termes de bien-être, se situe, comme d’autres, en-deçà d’1 planète.
8. Cf Xavier Ricard Lanata ““L’économie sociale et solidaire ; chrysalide de la métamorphose ? Une analyse tirée de l’expérience du CCFD-Terre Solidaire”, in David Hiez (et alia), Ebauche d’une théorie générale de l’Economie Sociale et Solidaire, Paris, éditions Larcier, 2012, p. 395-410.
9. Gaël Giraud et Cécile Renouard (dir), 20 propositions pour réformer le capitalisme, Paris, Flammarion 2009 ; Christian Arnsperger et Dominique Bourg, Pour une société permacirculaire, Paris, PUF 2017.
10. Nous employons ce terme entre guillemets compte tenu de nos remarques sur le “signal prix” dans une économie où les consommations sont par ailleurs plafonnées (cf. note 8).
11. James Galbraith, Stuart Holland et Yanis Varoufakis, Modeste proposition pour résoudre la crise de la zone euro, Paris, Institut Veblen, Les petits matins, 2010.
12. Sophie Swaton, Pour un revenu de transition écologique, Paris, PUF, 2018 et Revenu de transition écologique : mode d’emploi, Puf, 2020.
13. Le foncier rural passe de mains en main sous la forme d’”actif financier” de sociétés de capitaux fabriquées de toutes pièces, et échappent de ce fait au périmètre de compétence actuel des SAFER.
14. Dont on peut résumer la maxime de la manière suivante, inspiré d’Aldo Leopold : “une chose est juste quand elle tend à préserver (ou à augmenter) la diversité biologique. Elle est injuste quand il en va autrement” (Catherine et Raphaël Larrère, Du bon usage de la nature, Paris, Flammarion, [1997] 2009, p. 281.
15. Dominique Bourg et alii, Inventons la démocratie du 21e siècle, LLL, 2017.
16. Cette cooptation s’effectuerait par le moyen d’une liste de noms, soumis par les ONG environnementales, parmi lesquels le parlement choisirait.
17. Certains économistes (monétaristes) objecteront que l’injection pure de liquidités dans une économie dont le volume ne croit pas à proportion de l’augmentation de la masse monétaire produit nécessairement de l’inflation. Nous répondons que c’est précisément ce qui se passe depuis 2008 notamment, l’inflation en question se portant sur quelques actifs (immobiliers ou autres “actifs de réserve” comme les hydrocarbures fossiles), au mépris de l’intérêt général. Le gel des dettes ne produira pas d’inflation puisque les liquidités circulent déjà. On remarque d’ailleurs qu’en dépit des liquidités injectées dans l’économie internationale depuis 2008 (de l’ordre d’une dizaine de milliers de milliards de dollars, soit 15% du PIB mondial, ce qui est considérable) les effets inflationnistes hors bulles spéculatives ont été quasiment nuls. Le taux d’inflation de la zone euro est proche de 0 : les comportement de vente massive d’actifs, qui ne trouvent pas preneurs en raison des anticipations baissières des agents économiques, contredisent la tendance spontanée à l’inflation résultant de l’accroissement de la masse monétaire. C’est ce que l’on appelle, depuis Keynes, la “trappe à liquidités”. Elle est caractéristique des situations d’affaissement “structurel” de la demande. La pandémie et la catastrophe écologique nous plongent, de manière durable, dans une situation de ce type. Pire, la crise provient d’un affaissement simultané de l’offre et de la demande de biens et de services : c’est la raison pour laquelle les instruments de l’économie capitaliste classique ne permettront pas de la résoudre.
18. Cf. Gaël Giraud, “Quelle gouvernance mondiale”, in Projet, numéro spécial “De Prométhée à Noé”, Paris, CERAS, juillet 2010.
19. Xavier Ricard Lanata et Mathilde Dupré, “Pour un protectionnisme coopératif”, in Projet (2019/2, n° 369).

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Terrestres

Source : https://www.terrestres.org/2020/04/30/propositions-pour-un-retour-sur-terre/

Sources d’informations sur Dominique Bourg :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dominique_Bourg

http://Dominique Bourg : biographie...

Dominique Bourg : biographie, actualités et émissions France Culture ...www.franceculture.fr › personne-dominique-bourg

https://www.franceinter.fr/personnes/dominique-bourg

https://www.cairn.info/publications-de-Dominique-Bourg—81713.htm

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5.
Accès à des vidéos et à des documents concernant Dominique Bourg

20:39 D. Bourg : Face au coronavirus, ’nous n’avons réagi que ...France Inter YouTube - 17 avr. 2020

7:43 VIDÉO. Dominique Bourg : ’Si vous ne resserrez pas les revenus, si vous n’avez pas une société plus égale, ...Franceinfo Franceinfo - 20 mai 2019

Plaidoyer pour une reprise écologique www.liberation.fr › direct › element › playdoyer-pour-... 17 avr. 2020 - Dominique Bourg était l’invité de la matinale de France Inter

Dominique Bourg www.lpo.fr › images › a_linternational › reponse_lpo_l... PDF

Dominique Bourg, Le marché contre l’humanitéjournals.openedition.org › lectures 8 janvier 2020 - C’est tout l’objet de ce petit opus du philosophe Dominique Bourg, Klein - ‎2020

Dominique Bourg - Urgence Écologieurgence-ecologie.fr › wp-content › uploads › 2019/05 PDF contact@urgence-ecologie.fr.

Transition écologique, plutôt que développement durable ... www.cairn.info › revue-vraiment-durable-2012-1-p-77

Source : https://www.cairn.info/publications-de-Dominique-Bourg—81713.htm

Quelques sources d’informations sur les autres personnalités ayant contribué à la publication de « Trente-cinq (35) propositions pour une sortie écologique de la crise et pour un retour sur Terre »

Philippe Desbrosses

« Philippe Desbrosses (né le 28 mai 19411) est un agriculteur, scientifique et écrivain français. Il est un des pionniers de l’agriculture biologique en Europe… » - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Desbrosses

Conférences et livres de Philippe Desbrosses - Biographie et livres de Philippe Desbrosses : cliquez ici. Source : http://www.intelligenceverte.org/conferences-phd.asp

Philippe Desbrosses : agriculteur biologique, directeur du Centre Pilote de la Ferme de Sainte-Marthe, docteur ès sciences de l’environnement… Voir

http://Philippe Desbrosses : biogra...

Philippe Desbrosses : biographie, actualités et émissions ... sur www.franceculture.fr

Une présentation critique du personnage sur http://alerte-environnement.fr/portraits/philippe-desbrosses/ *

Philippe Desbrosses – « Fondateur de la ferme de Sainte-Marthe à Millançay et pionnier de l’agriculture biologique en France, Philippe Desbrosses est un personnage à multiples facettes. Il a d’abord une image d’interlocuteur modéré et pragmatique avec les institutions, renforcée par ses activités commerciales. Il apparaît d’ailleurs plus volontiers avec son amie Corinne Lepage et le WWF, qu’avec les militants plus radicaux de Kokopelli ou des Faucheurs Volontaires. Il a longtemps fait partie des administrateurs du CRIIGEN (jusque fin 2018) et est aussi proche de deux fondations d’entreprises bio. Il est connu comme l’organisateur jusqu’en 2014 des Entretiens de Sologne (anciennement Entretiens de Millançay), un rendez-vous incontournable pour la « grande famille » du bio, où l’on a vu défiler à la tribune de nombreuses figures de l’écologisme comme Corinne Lepage, Nicolas Hulot, Pierre Rabhi, Gilles-Eric Séralini, François Veillerette, Dominique Belpomme, etc… Cette présence depuis plus de trente ans en Sologne permet à Philippe Desbrosses d’avoir un fort ancrage régional. Son idéologie tend cependant vers la radicalité, avec sa revendication d’une agriculture 100% bio et d’un « retour à la terre ». Il exprime une nostalgie du passé, voyant même dans la traction animale un « auxiliaire idéal » pour certains travaux agricoles. Il déplore la « désintégration des valeurs traditionnelles de solidarité, de spiritualité, de “Bien commun” », et fustige aussi la société moderne où « “l’homme du progrès scientifique” a inauguré une nouvelle ère : celle du cannibalisme. Elle commence par les animaux et, bientôt, elle se poursuivra avec les hommes, comme dans le film prémonitoire, tourné il y a 25 ans, Soleil vert, où les cadavres humains étaient recyclés pour la nourriture des vivants. » De manière plus générale, Philippe Desbrosses estime qu’il faut mettre en place ces mesures écologiques avant qu’on ne « nous impose l’écologie de manière dictatoriale, parce qu’on ne pourra pas faire autrement. » Il est convaincu que le changement passera par la base, qualifiant par exemple la COP21 de « mascarade ». Son engagement militant depuis sa jeunesse s’est fait sur une base spirituelle, expliquant que « c’était un appel profond, quasi mystique pour la terre » : « Ce qui m’a ramené à l’agriculture biologique, c’est la lecture d’un livre un peu décrié, mais qui moi m’a fait passer une étape au-dessus, c’était Le Matin des magiciens de Pauwels et Bergier en 1968. J’ai fait ma petite crise mystique à cette époque et j’ai découvert l’alchimie. (…) Tout mon parcours est émaillé de cette recherche mystique et spirituelle, que je n’ai jamais dévoilé parce que c’est plutôt contre-productif si vous défendez des idées très sérieuses, très rationnelles, et qu’en même temps vous y mêlez une quête spirituelle, vous êtes vite catalogué comme dépendant d’une secte ou animateur d’une secte. » Par ailleurs, il promeut régulièrement les pratiques ésotériques de l’agriculture biodynamique, imaginées par l’occultiste Rudolf Steiner, fondateur de l’anthroposophie. Philippe Desbrosses explique par exemple que « chaque intervention de l’agriculteur ou du jardinier est (…) renforcée positivement ou négativement selon l’heure et les configurations planétaires. En d’autres termes, la plante reçoit les forces ou les faiblesses des “musiques célestes” du moment ». Source : http://www.ecolopedia.fr/?p=1203

Gauthier Chapelle

Gauthier Chapelle. « Ingénieur agronome et docteur en biologie, Gauthier Chapelle a inspiré et co-fondé en 2006 l’asbl Biomimicry-Europa en vue de promouvoir le biomimétisme en Europe. Il a également co-fondé la SA Greenloop spécialisée dans les business modèles résilients et bio-inspirés. Auparavant, il a travaillé pendant une dizaine d’années sur la biologie des crustacés polaires, ce qui l’a mené plusieurs fois en Antarctique et lui a permis d’y développer sa perception des menaces environnementales pesant sur notre planète. Gauthier Chapelle est aussi conférencier, collaborateur scientifique à l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique depuis 15 ans, auteur ou co-auteur d’une quinzaine de publications scientifiques ». Il est auteur et co-auteur de nombreuses publications et livres, notamment :

Biomimétisme, effondrement et entraide, par Gauthier Chapelle - Haut du formulaire

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Gauthier Chapelle a une formation d’ingénieur agronome et un doctorat en biologie. Il s’est notamment spécialisé dans le biomimétisme. Il a quitté le monde académique pour devenir, avec Pablo Servigne et Raphaël Stevens, « chercheurs in(Terre)dépendants ». Ensemble, ils étudient les notions de résilience et de transition écologique dans un contexte d’effondrement. Dans cette conférence très riche, qui résume trois de ses livres, il affirme que nous avons raté l’opportunité de sortir en douceur de notre mode de croissance exponentielle entre les années 1970 et 1990. Nous sommes depuis dans une situation d’érosion de la capacité de charge (cf jour du dépassement), ce qui abouti habituellement dans la nature à un effondrement de la population. Il reste cependant de bonnes raisons de rester motivé et positif. Les solutions inspirées du biomimétisme existent. Il explique la nécessité de créer des « îlots de résilience », pour servir de noyaux dans la transition vers un modèle de civilisation plus sobre et plus coopérative. La permaculture, une forme low-tech et holistique de biomimétisme, fait partie des solutions pouvant permettre d’amortir le choc de cette transition. J’ai vu circuler ce fichier audio sur les réseaux sociaux, et j’ai immédiatement voulu le partager sur mon site. J’ai contacté Gauthier Chapelle pour lui demander son autorisation pour diffuser la conférence, qu’il m’a aimablement donnée.

Liens en rapport avec l’épisode : Salon Primevère Biomimicry Europa - Livres de Gauthier Chapelle : Le vivant comme modèle - L’entraide, l’autre loi de la jungle - L’intelligence collective : Co-créons en conscience le monde de demain

Vidéo 16:42 à voir à la source : https://permapodcast.fr/podcast/biomimetisme-effondrement-et-entraide-par-gauthier-chapelle/

Gauthier Chapelle : biographie, actualités et émissions France Culture ...

Dr Gauthier Chapelle – Vidéo 36:02 - Le Vivant pour modèle, la voie du biomimétisme pour retrouver la Terre – «  Le biomimétisme le plus connu est celui des formes, qui ont inspiré l’éolienne à nageoire de baleine, ou le train martin-pêcheur. Pour atteindre la durabilité, bien plus d’impact est à attendre de l’inspiration des matériaux, pour produire des panneaux solaires comme des feuilles, ou des fibres de verre inspirées des éponges. Mais pourrons-nous nous contenter de ces propositions pour inventer la transition vers une société sans pétrole compatible avec la biosphère ? C’est en allant directement puiser dans l’ensemble des Principes du Vivant proposés par les forêts, récifs coralliens et autres écosystèmes et qui ont fait leurs preuves, coopération en tête, que nous pourrons retrouver la compréhension de l’interdépendance profonde du Vivant. La sagesse essentielle pour assurer la transition de civilisation qui est à nos portes ? » - Source : http://www.quantiquemedia.com/videos/dr-gauthier-chapelle/vivant-modele-biomimetisme-retrouver-terre

Johann Chapoutot

« Johann Chapoutot, né le 30 juillet 1978, est un historien spécialiste d’histoire contemporaine et du nazisme… » - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Johann_Chapoutot

Johann Chapoutot - Publications de cet auteur diffusées sur Cairn.info
ou sur un portail partenaire – A consulter ici

Johann Chapoutot, La Révolution culturelle naziejournals.openedition.org › lectures -Professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Paris-Sorbonne,

Johann Chapoutot : biographie, actualités et émissions ...retrouvez toute l’actualité, nos dossiers et nos émissions sur France Culture, le site de la chaîne des savoirs et de la création.

Xavier Ricard Lanata

Curriculum Vitae – Xavier Ricard Lanata www.xavierricardlanata.fr › curriculum-vitae - Ricard Lanata, Xavier. 2012 “L’économie sociale et solidaire ; chrysalide de la métamorphose ? Une analyse tirée de l’expérience du CCFD-Terre Solidaire”, ...

Xavier Ricard Lanata : retrouvez toute l’actualité, nos dossiers et nos émissions sur France Culture, le site de la chaîne des savoirs et de la création.

Xavier Ricard Lanata www.huffingtonpost.fr › author › xavier-ricard-lanata - Xavier Ricard Lanata est haut-fonctionnaire, ethnologue, philosophe et essayiste, co-fondateur du Campus de la Transition et de la revue Terrestres…

La tropicalisation du monde - Xavier Ricard Lanata - Hors ... www.puf.com › Société - 16 octobre 2019 - C’est l’analyse à la fois visionnaire et provocatrice développée par Xavier Ricard Lanata dans cet ouvrage, qui brosse le tableau saisissant….

Pablo Servigne

Pablo Servigne — Wikipédiafr.wikipedia.org › wiki › Pablo_Servigne -Pablo Servigne, né en 1978 à Versailles, est un auteur et conférencier français. Il s’intéresse tout particulièrement aux questions de transition écologique… 

Environnement - Collapsologie : pour Pablo Servigne, il est primordial ’d’apprendre de nos erreurs’ – Photo Pablo Servigne est l’un des pionniers de la collapsologie. ©ID/DR - 07/04/2020 - Mise à jour 20/04/2020 Document ‘linfodurable.fr/’ - Avec AFP.

Pablo Servigne, agronome de formation, co-auteur de ’Comment tout peut s’effondrer’, ouvrage qui a popularisé le concept de ’collapsologie’, appelle à ’apprendre de nos erreurs’ pour éviter l’effondrement après la pandémie.

Que nous dit la crise du Covid-19 de l’état de notre société ?

C’est comme une radiographie de la vulnérabilité de notre monde, industriel et globalisé. Il est hyper efficace, mais avec les flux tendus, l’absence de stocks, les chaînes d’approvisionnement longues et rapides, tout ce qu’on a gagné en efficacité, on l’a perdu en résilience. Ce monde est devenu puissant, grâce au pétrole, mais très vulnérable, comme un colosse aux pieds d’argile.

En France, nous avons perdu notre indépendance, notre autonomie alimentaire, c’est une catastrophe. Alors même que nous sommes un grand pays producteur, et même exportateur. Il faudrait des stocks partout, de la diversité, de la redondance, c’est-à-dire que l’alimentation ne vienne pas d’une seule source, et de l’efficience, c’est à dire consommer moins et mieux, et le plus renouvelable possible.

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Crise sanitaire : qu’attendez-vous du monde d’après ?

Je pense que rien ne changera, ce sera un retour à la normale

Ce sera le début d’une véritable transition, nous n’avons plus le choix

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Est-ce que cette crise pourrait être le ’premier domino’ d’un effondrement plus global ?

C’est possible, car le choc a été incroyablement vaste, global et rapide. Et comme tout est interconnecté de manière homogène, et donc vulnérable, un des dangers serait de considérer cette crise comme uniquement sanitaire.

Elle est liée à l’économie, à la finance qui est un château de cartes risquant de s’effondrer avec des conséquences majeures, économiques, industrielles et sociales : chômage, dettes, étalages vides, émeutes, changements de régime - parce que les gens mécontents continuent à voter - et donc évidemment risque identitaire et autoritaire. Tout cela débouche souvent sur des crises politiques et géopolitiques majeures, qui sont des accélérateurs de chaos.

La pandémie peut bien évidemment déclencher des crises alimentaires graves, et donc d’autres épidémies et favoriser les crises politiques. Sans oublier l’essentiel, le réchauffement climatiquehttps://www.linfodurable.fr/environ...et ses effets dévastateurs, qui n’attendent pas la fin de nos petits tracas d’humains. C’est donc possiblement un premier domino, massif et brutal, qui a cette capacité d’en déclencher d’autres. Mais on peut inverser la question, et y voir un premier domino en sens inverse.

Le déclencheur de changements sociaux-politiques positifs ?

Ce qui me donne le plus d’espoir et de joie c’est de voir le vivant qui se régénère assez vite, cette incroyable réactivité à l’arrêt de nos activités. Arrêter de polluer, de détruire les écosystèmes, ralentir, et le vivant revient vite. La grande leçon de cette rupture, c’est qu’il est finalement possible de ralentir ! Et puis cette crise, comme toutes les crises, ouvre des opportunités.

Ce qu’il y a d’intéressant, c’est le grand retour des États souverains. L’idéologie dominante néolibérale a passé 50 ans à démanteler tout ce qui était de l’ordre de l’État et en particulier l’État providence, l’État qui prend soin.

Elle a pillé le public et le commun pour donner au privé et aux marchés. Dans une situation d’urgence, on se rend compte qu’on a besoin de coordination, d’un État qui prenne soin, et à qui on peut faire confiance. C’est une leçon, car une ’transition’, c’est-à-dire un changement radical et rapide de société, ne peut être que coordonnée. Il faut un État stable pour le faire, et il y a ici une opportunité de retrouver des manettes, des leviers.

Le grand risque serait de repartir à l’identique, ou pire, une stratégie du choc face à des peuples sidérés et hagards, un déploiement d’États autoritaires et de surveillance généralisée. Les populations devront être vigilantes et combatives, car le retour à l’activité se fera avec les mêmes gouvernements qui nous ont amenés à cette situation... Il y a un risque de statu quo, qui serait dramatique.

Les grands progrès pour réduire les inégalités, comme la construction de la sécurité sociale, se sont faits après les grands conflits, les grands chocs, lorsque les industriels et la finance étaient à genoux. S’il y a une prise de conscience, des alliances, il y a vraiment une chance qu’on puisse aller vers une reconstruction audacieuse. Pour qu’on ne revienne surtout pas à la barbarie d’avant, mais qu’on apprenne de nos erreurs.

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Au sommaire : Tout pour faire sa transition alimentaire en douceur et répondre aux enjeux d’une alimentation plus durable ! Source : https://www.linfodurable.fr/environnement/collapsologie-pour-pablo-servigne-il-est-primordial-dapprendre-de-nos-erreurs-17387

Pablo Servigne, la collapsologie pour la vie ! Environnement

Succès en librairie, la ’collapsologie’ reste marginale en sciences Portrait

Yves Cochet, des ministères à l’effondrement

Tags : collapsologie santé effondrement climat développement durable

S’engager - Zéro Waste Sport : Zéro déchet lors des événements sportifs - Une campagne de sensibilisation lancée par Zero Waste France pour relayer les bonnes pratiques du zéro déchet…

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Une leçon de collapsologie avec Pablo Servigne Vidéo 41:28 - 29 mars 2019 - France Culture – « Catastrophes naturelles, réchauffement climatique, montée des populismes… La fin du monde serait-elle déjà en marche ? C’est l’hypothèse des collapsologues, ces chercheurs qui s’intéressent à l’effondrement de notre civilisation. France Culture reçoit leur figure de proue en France, Pablo Servigne ». Pour en savoir plus : https://www.franceculture.fr/emission... Abonnez-vous pour retrouver toutes nos vidéos : https://www.youtube.com/channel/UCd5D... Et retrouvez-nous sur... Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture/ - Catégorie : Actualités et politique – Source : https://www.youtube.com/watch?v=gJckUccWZ9Y

Et si le monde devait s’effondrer pour renaître meilleur ? Vidéo 12:14 - 10 mars 2020 Nouvo - « L’effondrement, ça veut dire la renaissance. » À l’heure du coronavirus, Pablo Servigne, l’inventeur de la collapsologie, nous parle d’effondrement, de fin du capitalisme, de fin du monde, mais aussi de son espoir de voir émerger de tout ça une société nouvelle et meilleure. Journaliste : Sophie Badoux Image : Artiom Missiri, Maher Zguir #collapsologie Nouvo, faites tourner l’info ! Instagram : https://www.instagram.com/nouvofr/ Twitter : https://twitter.com/nouvo Facebook : https://www.facebook.com/NouvoFR/ http://www.nouvo.ch/ Nouvo est un produit de la Radio Télévision Suisse : http://rts.ch YouTube : https://youtube.com/RTS Facebook : https://facebook.com/rts.ch Twitter : https://twitter.com/radiotelesuisse Instagram : http://instagram.com/radiotelevisions... - Catégorie : Actualités et politique – Source : https://www.youtube.com/watch?v=RrDumhOKqcg

Rencontre sur la crise Covid entre Pablo Servigne, Patrick Viveret et Laurent Ledoux Vidéo 44:08 - 27 avril 2020 - TransMutationVideo - Orateurs de Trans-mutation, Pablo Servigne, ingénieur agronome (auteur de ’L’autre loi de la Jungle’ et ’Une autre fin du monde est possible’), Patrick Viveret, philosophe (auteur de ’La cause humaine, du bon usage de la fin d’un monde) et Laurent Ledoux (Phusis) livrent leur lecture de la crise du coronavirus. Organisé par Stanislas van Wassenhove. Catégorie : Éducation – Source : https://www.youtube.com/watch?v=qL1YQ4ChAJE

Sophie Swaton

Sophie Swaton, philosophe et économiste, enseignante à l’université de Lausanne, est notre invitée – A découvrir avec un enregistrement de 6 minutes 30 sur ce site : https://www.rts.ch/play/tv/t-t-c—toutes-taxes-comprises/video/sophie-swaton-philosophe-et-economiste-enseignante-a-luniversite-de-lausanne-est-notre-invitee?id=10193169

Sophie Swaton - Fondation Ostad Elahi www.fondationostadelahi.fr › sophie-swaton - Sophie Swaton est maître d’enseignement et de recherche à l’Institut de Géographie et de Durabilité de l’Université de Lausanne (UNIL).

Sophie Swaton : « La planète arrive à un point de rupture » - Climat – «  Difficile de donner tort à ceux qui nous prédisent « l’effondrement globalisé », selon la philosophe et économiste à l’Université de Lausanne. Plusieurs limites de notre planète ont été dépassées et la situation en Suisse pourrait se détériorer ces prochaines années déjà. Comment cohabiter avec cette ambiance de déclin ? Photo

« Le grand débat du XXIe siècle sera : comment réimaginer vivre ensemble avec un stock limité de ressources ? » Sophie Swaton, maître d’enseignement à l’Unil. — © Eddy Mottaz / Le Temps- Valère Gogniat - Publié vendredi 1 mars 2019 à 17:45 - Modifié vendredi 1 mars 2019 à 20:14 - Manifestations citoyennes. Rapports alarmistes. Initiatives privées ou publiques. Déclics personnels. Ces derniers mois, le sentiment d’urgence face au réchauffement climatique s’intensifie. Le 15 mars prochain, une manifestation est d’ailleurs prévue en Suisse comme dans le reste du monde pour appeler à une prise de conscience générale sur cette problématique.

Mais, à en croire certains, le climat ne serait qu’un problème parmi d’autres. En France notamment, le discours des « collapsologues », apôtres d’un chaos imminent, a toujours plus d’écho. Troisième guerre mondiale, déforestation, pic pétrolier, crises migratoires, assèchement des terres… Selon eux, « l’effondrement général » de notre civilisation devrait survenir d’ici à 2025 et transformer radicalement l’Europe (et la Suisse).

Sophie Swaton, philosophe devenue économiste, maître d’enseignement à l’Université de Lausanne, connaît bien ce courant de la collapsologie, « très à la mode ». Et, aussi dramatique soit-il, elle a de la peine à lui donner tort.

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Le Temps : Est-ce que l’état de la planète est aussi angoissant que le prétendent les plus sombres prédicateurs de « l’effondrement » ?

Sophie Swaton : C’est bien sûr commode de croire à un complot de bobos-écolos-communistes-socialistes. Mais les faits sont têtus. Regardez les travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les rapports sur la biodiversité, le réchauffement des océans, l’évolution du nombre de poissons, la déforestation… Quand on se penche sur ces graphiques, il est impossible de nier que la planète en arrive à un point de saturation, de rupture. Les « collapsologues » parlent « d’effondrement », mais l’idée est la même. Pour éviter cela, l’heure est aux décisions radicales.

La Suisse va-t-elle vraiment manquer d’eau potable et d’électricité d’ici à 2025 ou 2030 ? N’est-ce pas exagéré ?

La Suisse sera bien évidemment moins frappée que d’autres régions du monde. Mais, si l’on continue sur la lancée actuelle, je pense raisonnable d’affirmer qu’on devra, ici aussi, composer avec des problèmes d’approvisionnement en nourriture. Selon les régions du pays, il y aura de fortes canicules l’été, à près de 50 degrés. Il y aura une importante pression sur les coûts de la santé car elle se dégradera dans toutes les strates de la population. Il y aura davantage de fonte de glaciers et des pans entiers de notre économie auront disparu. Et surtout, il faudra faire face à une forte pression migratoire pour accueillir des réfugiés climatiques en abondance.

Que répondre à ceux qui affirment que les nouvelles technologies apporteront, comme elles l’ont toujours fait dans notre histoire, les bonnes solutions ?

Il faut regarder ce qui se passe avec le pétrole. Celui que l’on utilise aujourd’hui n’est plus du brut conventionnel car il est récupéré grâce à la fracturation hydraulique. Ces nouvelles technologies sont techniquement géniales mais aussi très gourmandes en énergie. A l’époque, il fallait l’énergie d’un baril pour en extraire cent. Aujourd’hui, avec l’énergie d’un baril, on n’en extrait plus que quinze. Et d’ici à vingt ans, il faudra trouver une nouvelle alternative au pétrole non conventionnel car il n’y en aura plus. La question, mathématique, est très simple : on dépense toujours davantage d’énergie pour en trouver toujours moins. Le concept du EROI (retour sur investissement énergétique) va nous forcer à revoir notre manière de consommer. La croissance mondiale, qui dépend à 80% des énergies fossiles, est structurée sur l’imaginaire que nos réserves sont inépuisables. C’est bien sûr faux. La question cruciale est donc : comment réallouer les ressources énergétiques qui nous restent pour effectuer cette transition ? Car si l’on ne mise que sur les technologies en conservant le même modèle, les ressources vont fatalement s’épuiser.

Je crois qu’il est capital de faire comprendre à nos enfants que le monde que nous connaissons aujourd’hui ne sera plus le même demain

Le nucléaire, le charbon, le photovoltaïque, l’éolien, le gaz… Tout cela peut remplacer le pétrole !

Bien sûr, mais l’exemple que je donne avec le pétrole est le même pour toutes ces énergies. Que deviennent les déchets radioactifs utilisés dans les centrales nucléaires ? Comment gérer l’impact du charbon sur le climat ? Et d’où proviennent les métaux semi-précieux que l’on utilise pour les panneaux photovoltaïques ? Il y aura toujours un impact sur l’environnement. Il faut arrêter de séparer les problématiques énergétiques, économiques et écologiques. Ces trois domaines sont intimement liés. Ce d’autant que d’autres ressources sont menacées. L’eau, que l’on consomme notamment pour produire du coton ou des céréales, pourrait manquer d’ici au milieu du siècle. Idem pour le sable.

Selon vous, quels sont les problèmes les plus critiques ?

La déforestation en Amazonie ou en Asie me fait extrêmement peur. Comme la perte de la biodiversité et l’acidification des océans. Mais le plus inquiétant concerne l’explosion démographique. On va passer à 9 milliards d’individus en 2050, c’est beaucoup trop.

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Vous avez combien d’enfants ?

Trois. Oui, je sais que c’est trop. J’ai eu un déclic tardif. De toute façon, j’ai horreur de cette approche qui consiste à culpabiliser les gens. Nous devons aussi apprendre à vivre avec nos propres contradictions tout en les remettant en question.

Comment la philosophe que vous êtes éduque ses enfants dans ce contexte ?

C’est une question que je me pose tous les jours. C’est difficile d’arbitrer entre notre rôle de parents qui est de rassurer et d’être positif… tout en leur disant la vérité sur ce qu’il se passe. Je ressens une double culpabilité : d’abord de leur laisser une planète en si mauvais état et ensuite de leur voler une part de leur insouciance. C’est difficile aussi d’expliquer que l’on refuse à notre adolescent un voyage de classe en Italie à cause de l’avion. Mais je crois qu’il est capital de leur faire comprendre que le monde que nous connaissons aujourd’hui ne sera plus le même demain.

Et comment réagissent vos étudiants lorsque vous leur décrivez cette situation ?

Ils sont atterrés. Certains, déprimés. Ils me demandent pourquoi ils ne le réalisent que maintenant. Ma réponse : les médias comme les rapports officiels tentent toujours de présenter le bon côté de la médaille pour éviter d’être taxés de cassandres. Il y a eu dans les années passées un gros problème dans l’information, dans la vulgarisation et donc dans l’action.

Est-ce que cette façon dramatique de présenter la situation est nécessaire pour générer le déclic entraînant les « décisions radicales » citées plus haut ?

Les chercheurs se demandent depuis un moment comment faire pour donner la pleine mesure de ce désastre qui s’annonce. Le cerveau de l’homo sapiens est ainsi fait que, tant que l’on ne voit pas le danger en face, on ne réagit pas. Donc, ma réponse est oui. Et c’est d’ailleurs – si l’on peut dire – les bons côtés des drames climatiques de ces derniers temps : plus personne ne peut nier le problème. Les gens le sentent dans leur corps. Ce mois de février particulièrement chaud laisse par exemple un sentiment de malaise chez beaucoup d’entre nous.

Un constat comme celui-ci ne peut qu’entraîner de profondes angoisses… Comment vivre avec ?

Il ne faut pas que ça soit un tabou. Je crois qu’il faut en parler autour de nous sans culpabiliser les gens. Mais je vois monter par exemple ces « conversations carbones », des groupes de personnes qui dialoguent sur cette thématique ensemble, ce qui permet d’atténuer le choc de cette prise de conscience. Il faut aussi s’interroger chacun de son côté, sur son alimentation, sa consommation d’énergie, sa mobilité, son habillement… A-t-on vraiment besoin de cette voiture, de cette perceuse électrique et de tous ces nouveaux vêtements ? Ou préfère-t-on que nos enfants vivent bien ? Les personnes les plus attachées aux biens matériels sont celles qui souffrent le plus de l’angoisse de la mort

Quelles sont les solutions ? Faut-il agir seul dans son coin ?

Rester seul, c’est trop dur. Notre société ne mise que sur l’individu et l’on a perdu le sentiment du clan, de la famille. C’est une erreur. Sans tomber dans les communautés babas cool des années 1960, demandons-nous comment renouer avec nos voisins, concevoir des réseaux de coopération. Ce sera le grand débat du XXIe siècle : comment réimaginer vivre ensemble avec un stock limité de ressources. En termes de consommation, il faut miser sur les circuits courts, se réapproprier la chaîne de production des aliments. Je suis d’ailleurs contre le caillassage des bouchers ; s’ils traitent bien les animaux c’est justement sur eux que l’on doit compter pour manger encore un peu de viande demain.

Que vous inspirent les manifestations de ce début 2019 ?

Les jeunes réalisent mieux le problème que nous. Même si les week-ends à Barcelone avec EasyJet restent un modèle. En même temps, il y a énormément d’initiatives que l’on ne taxe plus de renouveau de 1968, des documentaires comme Demain n’ont jamais eu autant de succès… Je sens monter un mouvement citoyen, un vrai ras-le-bol des gens. Ce sont des bons signes. Les codes changent. Dans toutes les professions, le climat devient une thématique. Certains avocats défendent désormais l’environnement, des médecins cherchent comment soigner la Terre… Tous les métiers repensent actuellement leur rapport à l’écologie. Ça m’inspire de l’espoir. Nous devrons bien sûr changer, mais nous avons une mince fenêtre de tir pour transiter intelligemment et éviter une terrible catastrophe.

Quelle pourrait être la traduction politique de ces mouvements ?

C’est une vraie question, car il ne faut pas tomber dans le « fascisme vert » qui porterait atteinte à nos libertés fondamentales. Je pense qu’il ne faut pas seulement interdire, mais imaginer des taxes, évolutives selon les portefeuilles. Car ce sont les plus riches – j’en fais partie – qui consomment le plus. En revanche, il faut faire très attention à ne pas pénaliser les classes plus modestes, car, sinon, on aboutit à la crise des « gilets jaunes » en France. En Suisse, le signal politique est encore inexistant. Regardez l’échec de la taxe carbone au parlement… Avec la découverte des continents et l’accès aux ressources, on est entré dans une autre conception de la richesse : ce n’est plus voter ou délibérer mais accumuler

Certains affirment que cette quête perpétuelle de la croissance et du « toujours plus » est un moyen d’oublier notre angoisse existentielle de la mort. De fait, trouver une alternative à ce modèle sera très difficile. Qu’en dites-vous ?

C’est tout à fait juste. Le « toujours plus » répond à notre peur de ce monde fini. Les études l’illustrent bien : les personnes les plus attachées aux biens matériels, qui accumulent les produits de luxe, sont celles qui souffrent le plus de l’angoisse de la mort. Ceux qui vivent sereinement l’idée de leur propre disparition (qu’ils soient croyants ou non) ont beaucoup moins d’attaches aux biens matériels. Ils ont une vision différente du capital.

Pourquoi ? - Prenons un peu de recul. Grossièrement résumé, selon Aristote, « l’art d’acquérir » doit être au service « de la vie bonne et du bonheur humain ». Et la vie doit, elle, être dédiée à la discussion, à l’agora, à la démocratie, à l’apprentissage de la mort. Cette conception durera jusqu’au XVIIe siècle. Avec la découverte des continents et l’accès aux ressources, on entre alors dans une autre conception de la richesse : ce n’est plus voter ou délibérer mais accumuler. Cela coïncide avec le moment où l’on commence à mesurer l’impact de l’activité humaine sur la nature. Dans la foulée, avec notamment Descartes, on prône la domination de la nature par l’homme. On cherche moins à comprendre le monde qu’à le posséder. Cette conception du monde infini est toujours enseignée aujourd’hui.

Lire une interview de Paul Ariès : « Les politiques sont incapables de fournir des alternatives au capitalisme »

Votre récent livre défend l’idée d’un revenu de transition écologique. Quel est son fonctionnement ?

Ma thèse de doctorat concernait le revenu de base inconditionnel. Je défendais alors un modèle de croissance et d’emploi sans tenir compte de la donne environnementale. Le revenu de transition écologique que j’ai imaginé fonctionne différemment et conditionne l’obtention d’un revenu à trois choses : entreprendre une activité reconnue comme écologique et sociale par une liste de parties prenantes (associations, entreprises, politiciens, etc.), accompagner cette activité par de la formation et adhérer à une structure démocratique pour faire transpirer les connaissances acquises. Concrètement : dans son travail quotidien, un maçon n’a pas les moyens ou le temps d’imaginer d’autres façons plus durables de faire son travail. Avec ce revenu, il pourrait prendre dix-huit mois pour faire sa transition.

Et qui paierait ce revenu ? - C’est comme une entreprise, il faut un capital de départ. J’imagine un fonds privé/public qui permettrait de lancer cette organisation. Vu la situation qui nous attend, ces emplois seront logiquement incontournables dans cinq ans. Ils devraient donc être rentables et permettre… de nourrir le fonds de départ. Nous devrons véritablement compter sur ces métiers pour survivre en 2025. Mais ces connaissances ne sont pas forcément nouvelles. Certains savoirs de nos grands-parents, par exemple, reviendront d’actualité.

Questionnaire de Proust - Quel est votre fond d’écran ? Le fond d’écran standard, je n’ai pas d’affect avec mon smartphone. Si vous deviez changer quelque chose à votre biographie ? J’assume tout. Même mon père champion de rallye automobile.

Même sous la torture, vous ne mangeriez jamais… D’escargots.

La dernière fois que vous avez pleuré ? A une conférence d’Ernst Zürcher, sur la communication des arbres.

Si vous étiez un animal ? Une grenouille ; ça évolue, ça s’adapte.

Votre plus mauvaise habitude ? Le chocolat.

Votre insulte préférée ? Climatosceptique !

Biographie

1977 Naissance à Aix-en-Provence.

2001 Master de philosophie économique à l’Université d’Aix-en-Provence.

2005 Soutenance de thèse sur l’allocation universelle.

2009 Nommée première assistante à l’Université de Lausanne.

2016 Nommée maître d’enseignement et de recherches à l’Unil.

2017 Lancement de la fondation Zoein, pour soutenir et donner du crédit aux initiatives de transition.

2018 Publication du livre « Pour un revenu de transition écologique », Ed. PUF.

Autres articles sur le thème Climat - À propos - Abonnements - Source : https://www.letemps.ch/economie/sophie-swaton-planete-arrive-un-point-rupture

L’ère de la transition - Le chant du cœur de Marianne : Un (r)éveil des consciences ! 4 mai 2020 – « Marianne Sébastien est une femme hors du commun, une femme de tête et de cœur qui agit en suivant son instinct, sans attendre d’injonction. Depuis 30 ans, Marianne donne et reçoit beaucoup d’amour des plus pauvres parmi les pauvres, ceux dont elle dit qu’elle a tout appris : des enfants dans les rues et les ordures, qu’elle a accompagnés dans les mines de Bolivie (où elle a vécu 5 ans), dans la mort, dans la joie, dans l’amour. Grâce à l’association qu’elle a créée il y a 27 ans, Voix Libres, et qui lui a valu le Prix International des Droits humains en 2018, c’est plus de 2 millions de personnes qui ont été aidées. Les enfants du malheur sont aujourd’hui devenus des adultes autonomes, auto-entrepreneurs, graphistes, éducateurs, comptables et avocates. Ensemble ils ont créé un Observatoire de la Justice qui a su faire adopter par l’Assemblée Législative de nouvelles lois contre la violence généralisée….- A lire en totalité sur ce site : https://blogs.letemps.ch/sophie-swaton/

Fin des ajouts sur les personnalités – et leurs trajectoires et travaux - qui ont contribué au document « Trente-cinq (35) propositions pour une sortie écologique de la crise et pour un retour sur Terre »

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6.
Sociologie - Coronavirus, il n’y aura plus de retour à la normale - La mondialisation s’est grippée Par Guillaume Bigot - 21 mars 2020 – Document ‘causeur.fr’ -https://www.causeur.fr/coronavirus-...Photo : le boulevard Saint-Germain déserté à Paris, mars 2020 © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA Numéro de reportage : 00950004_000014

Défaillances françaises, rapport aux autres, à la politique, à la modernité ou à la mort, économisme, quartiers perdus de la République : le coronavirus rebat toutes les cartes. Guillaume Bigot esquisse le vrai monde d’après… Nous sommes pareils à des voyageurs de wagons-lits qui « ne se réveilleront qu’au moment de la collision » écrivait Robert Musil dans L’Europe désemparée.

La pandémie de Covid-19 nous a surpris comme la grande guerre où la grippe espagnole avait sorti nos ancêtres d’une torpeur mêlée de bonheur. Le stade 4 de l’épidémie désigne le retour à la normale. Gageons que aucun peuple, aucun gouvernement et même aucun de nous, ne connaîtra de stade 4. « Nous étions en train de perdre notre humanité, un virus d’un millième de micron vient de nous la rendre » - Ni dans 45 jours, ni jamais.

En 24h, nous sommes passés de la planète pour horizon à notre palier 

Cette épidémie a profondément modifié notre rapport à l’espace. Jusqu’au confinement, la post-modernité libérale nous promettait de faire du monde entier un espace à notre portée. La présence de touristes chinois dans nos grands magasins avait fini par nous convaincre que la planète était devenue l’échelle de nos vies. En 24 heures, nous sommes pourtant passés de la planète pour horizon à notre palier ou à notre jardin. Ce rétrécissement d’horizon est considérable, surtout pour ceux qui, hier encore, considéraient East Village comme l’extension de SoPi (South Pigalle).

Du ‘burn out’ à la plage vide 

Le temps lui-même s’est ralenti et presque arrêté. À l’image des montres molles de Dali, le temps est devenu caoutchouteux. Ce personnage de Camus qui, derrière ses barreaux, décrit « les jours qui débordent les uns sur les autres », nous paraît de moins en moins étranger. Nous sommes passés du mode TTU (très très urgent), ASAP, burning out et trop plein au syndrome de la plage vide.

La semaine dernière, nos agendas étaient tellement pleins que nous avions la sensation d’avoir plusieurs mois voire plusieurs années de retard. Désormais, nous avons la sensation d’une mise à la retraite avant l’heure, plus ou moins entrecoupée de phases de télétravail. Nous sommes passés d’un univers rythmé en millisecondes et de trading haute fréquence à un temps propice à l’introspection, seul compatible avec l’horloge interne de l’être humain. L’inaction nous force à la réflexion. Le temps nous incite à nous interroger sur la manière dont nous avions à le remplir et à sa durée limitée.

Or, comme le savent les physiciens, le temps et l’espace sont interdépendants. Nous n’avions pas nécessairement conscience du lien entre notre perception de l’espace et du temps et nos moyens de locomotion. Nos aïeux disent que Paris désert et sans voiture leur fait penser à l’occupation. Dans toutes les grandes villes de France et dans toutes les métropoles du monde, c’est la même mise sur pause. Nous avons cessé de nous déplacer.

Pour le meilleur et pour le pire, nous allons redécouvrir que nous ne sommes pas seuls au monde

Jusqu’ici tout ne va pas bien mais tout tient encore. Grace à Internet, vaille que vaille, relations amoureuses, amicales et professionnelles (au-delà du foyer au sens de l’INSEE) se poursuivent à distance car les réseaux fonctionnent encore. La saturation des bandes passantes n’est pas loin. Google annonce déjà des restrictions. Ici encore, le réel s’impose au virtuel et nous redécouvrons progressivement que derrière le rhizome numérique mondial se cache des infrastructures physiques, donc limitées. La 5G n’est pas pour demain et estimons-nous heureux si nous ne ressortons pas les modems, les Minitels voire les signaux de fumée, le tam tam ou les pigeons voyageurs.

Notre rapport aux autres se trouve également profondément modifié par la crise sanitaire. Ceux qui sont confinés seuls sont tentés de croire que le paradis, c’est les autres. Ceux qui sont confinés avec leur famille ou avec une poignée de proches peuvent être tentés de rejouer le scénario de Shining d’ici 45 jours. La Chine, dans un tout autre contexte culturel, il est vrai, est déjà passée par là. Dans Wuhan confinée, le nombre de violences conjugales et de divorces a littéralement explosé. Pour le meilleur et pour le pire, nous allons redécouvrir que nous ne sommes pas seuls au monde.

La fin du bon plaisir ‘Uber Alles’ 

Cette crise planétaire inédite depuis la seconde guerre nous invite à considérer que le bon plaisir individuel « Uber Alles » et l’individualisme marchand libéral-libertaire n’était pas l’horizon indépassable espéré par certains. Les surhommes nietzschéens qui se divertissaient avec Netflix, se nourrissaient avec Deliveroo, se déplaçaient avec Uber, doivent en rabattre de leur prétention à faire bande à part. BEP ou bac + 12, nous sommes tous menacés par le virus.

Comme dans ce texte inaugural d’Hérodote comparant l’histoire à une pluie qui s’abat sur les acteurs d’une pièce et faisant couler leur maquillage, le coronavirus met au jour le véritable visage des acteurs. En France, la pandémie a rapidement fait éclater les différences de mœurs et de rapport à la loi des différentes strates de la population. Dans ce que les médias appellent pudiquement les quartiers, des bagarres éclatent dans les magasins, les forces de l’ordre sont couramment prises à partie et se font parfois cracher dessus dans un geste où le mépris veut tuer. Des bandes défient les consignes de confinement. Une partie de la jeunesse en voie de sécession manifeste que leur rejet de la légitimité de l’État prime sur la volonté de protéger leurs parents ou leurs grands-parents.

Les Français malgré eux refusent d’obéir à la loi

Étrange et atroce chambre noire, le coronavirus révèle qu’une partie de la jeunesse est composée de Français malgré eux. Ici encore, il ne faut pas compter sur un retour à la normale. Le gouvernement ne pourra pas éternellement accuser toute la nation d’un incivisme qui est celui d’une minorité qui précisément ne veut pas lui appartenir. 

Le Covid-19 a fait tomber un autre masque faisant apparaître la soi-disant Union européenne pour ce qu’elle est : une organisation internationale fondée sur une idéologie dénuée de substance, de pouvoir et de projet. Sous les palabres et les traités de Bruxelles, les nations ressurgissent dans leur égoïsme cru. Les Italiens demandent des masques aux Allemands qui les stockent pour eux-mêmes. Hélas, le seul produit sanitaire que Berlin a exporté gratuitement chez ses voisins reste le zyklon B.

Qui doit vivre et qui doit mourir ?

Un autre épilogue ironique et cruel révélé par la pandémie concerne les « heures les plus sombres de notre histoire ». Ces « heures les plus sombres », invoquées comme un mantra anachronique, depuis quarante ans pour toujours plus rogner les pouvoirs des peuples au profit de l’UE sont de retour comme un effet secondaire involontaire et imprévisible propagé par la mondialisation et par le refus obstiné des frontières. Hier, des tueurs en blouse blanche, une tête de mort au revers de leur veste, décidaient qui devait vivre et qui devait mourir. Aujourd’hui, des sauveurs en blouse blanche, une croix bleue sur la poitrine risquent leur vie pour sauver la nôtre mais sont contraints de répartir la pénurie, donc de décider qui doit vivre et qui doit mourir. Une catastrophe sanitaire d’une telle ampleur était très difficilement prévisible. En revanche, ce qui était prévisible, c’est qu’accorder la priorité aux activités rentables « quoiqu’il en coûte » au détriment des services publics voire des vies humaines était pire qu’un crime, une grave erreur de calcul.

Tant que les victimes de ces politiques étaient peu nombreuses et isolées, leur caractère suicidaire demeurait caché. Le soldat en opération obligé d’acheter son gilet pare-balle avec sa solde ou le chef de service devant fermer des lits pestaient dans leur coin. Mais la crise sanitaire frappe aussi les actionnaires. Nouvelle ironie douloureuse, le mal venu du Hubei emporte surtout les détenteurs d’épargne que sont nos aînés.

Le retour de l’euthanasie des rentiers

L’euthanasie des rentiers dont parlait Keynes est de retour. Et les détenteurs de capitaux que le Covid n’aura pas tués et l’inflation qui va fatalement suivre, vont inévitablement les ruiner. Il ne faut y voir l’effet d’aucune justice immanente (il n’y a que les fanatiques du marché qui croient à la main invisible), mais le retour forcé d’un paradigme économique où le tout est considéré comme ayant plus de valeur que les parties et où l’on ne pourra plus s’enrichir individuellement et impunément au détriment de la collectivité. Les délocalisations avaient battu en brèche la rentabilité de l’épargne et celle du secteur privé « dégraissé ». Elles avaient aussi tassé les revenus des salariés et induit une hausse massive du chômage ayant fait exploser les dépenses sociales. 

Effectivement, la globalisation voulue par nos élites nous aura coûté un pognon de dingue. Désormais, elle va nous coûter des vies. On ne peut imputer ni à la mondialisation, ni à nos gouvernants – qui hier encore étaient ses défenseurs les plus fervents – le surplus de morts lié au démantèlement de l’hôpital public, au déstockage des masques, à la délocalisation de la production des respirateurs et des médicaments. 

Administrateurs et communicants désemparés : il n’y a pas de précédents 

Nos dirigeants ne sont comptables que de la surmortalité qui découlera de la saturation de nos hôpitaux. Il est difficile de se défaire de cette désagréable sensation que la misère de l’impréparation (pas de masques, pas de tenues, pas de tests, pas de lits en quantité suffisante) a été déguisé en stratégie. Celle de l’immunité de groupe où les autorités décident sciemment de laisser le virus circuler pour qu’un maximum d’entre nous développe les moyens naturels de lutter (notre système immunitaire possède une mémoire).

Cette impression de malaise est accrue par le réflexe inique de nos dirigeants mettant en cause notre incivisme et notre légèreté pour mieux cacher la leur. « Notre défaite est venue de nos relâchements » ; tançait Philippe Pétain au lendemain de la débâcle. « Les Français ne sont pas assez disciplinés » semble répondre Édouard Philippe.

Politiquement, il est vain de tabler sur un retour à la normale.

Avant cette crise, la vie démocratique était devenue un théâtre où des hauts fonctionnaires jouaient, avec plus ou moins de bonheur, aux communicants. Or, diriger n’est pas administrer : les gestionnaires ne savent pas improviser, ils fonctionnent aux précédents et s’abritent toujours derrière des règles et les experts. 

La grippe espagnole est le seul précédent à peu près comparable. Or, la haute fonction publique française qui nous « dirige » depuis 1969 a perdu sa mémoire. Il est fort à parier que notre peuple, le moment venu, tirera des conséquences drastiques de cette crise. Pourquoi accepterions-nous d’être gouvernés par des chefs qui, de leur propre aveu, se sont trompés sur tout ? Plus profondément, le coronavirus révèle la nature profonde de la politique qui est une affaire de vie et de mort. C’est le caractère précaire de nos vies et de nos sociétés qui fonde sa nécessité, sa gravité et son importance. Elle sera inévitablement de retour.

Une soupe au pangolin a grippé la mondialisation 

Une soupe au pangolin ou à la chauve-souris dégustée par un paysan chinois ou l’erreur d’un laborantin chinois n’a pas que grippé la mondialisation. Cette révolution « ‘coronicienne’ » va nous sortir de l’hybris post-moderne globalisante, individualiste et relativiste. Le coronavirus a tué cette illusion d’une vie humaine débarrassée de sa finitude. Sous une forme moins spectaculaire mais plus insidieuse que le 11 septembre, la crise sanitaire planétaire a replacé la mort à sa juste place de révélateur de la valeur de la vie humaine. La mort est la grande égalisatrice et aussi la grande éclaireuse de nos existences. À la fin, c’est toujours elle qui gagne et donc qui décide de ce et de ceux qui compte(nt), de ce qui est important et de ce qui est insignifiant, de ce qui dure et de ce qui passe. Nous étions en train de perdre notre humanité, un virus d’un millième de micron vient de nous la rendre.

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Causeur.fr - Surtout si vous n’êtes pas d’accord

Fichier:Logo causeur.fr.png — Wikipédia

Source : https://www.causeur.fr/coronavirus-covid-19-guillaume-bigot-174274

Sources d’informations sur Guillaume-Bigot :

https://www.fayard.fr/auteurs/guillaume-bigot

https://www.babelio.com/auteur/Guillaume-Bigot/51426

https://www.atlantico.fr/fiche/guillaume-bigot-3316812

https://www.youtube.com/watch?v=SukEJOv0X3A

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7.
Laurent Berger : « Seule l’intelligence collective nous sortira de la crise » 26/03/2020 - Entretien – Accès conditionnel au document ‘alternatives-economiques.fr’

Laurent Berger Secrétaire général de la CFDT (Photo) -

Comment protéger les salariés tenus de travailler ? Et trouver des solutions au cas par cas dans les entreprises ? Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT, revient sur la nécessité de renforcer le dialogue social, alors que l’ordonnance sur le temps de travail issue de la loi d’urgence sanitaire permet désormais aux employeurs de modifier unilatéralement les jours de repos, horaires, RTT…

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Source : https://www.alternatives-economiques.fr//laurent-berger-seule-lintelligence-collective-sortira-de-crise/00092281?utm_source=emailing&utm_medium=email&utm_campaign=NL_Les_plus_lus&utm_content=27032020

Sources d’informations sur Laurent Berger :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Laurent_Berger

https://plus.lefigaro.fr/tag/laurent-berger

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8.
Economie - Un autre avenir après le Covid-19 - Déclaration des Attac d’Europe - Jeudi 16 avril 2020, par Attac d’EuropeIllustration

Le réseau des Attac d’Europe invite toutes les organisations, tous les mouvements et les militant·e·s à participer à nos débats et à nos actions dans le cadre de la crise multiple liée au Covid-19 : comment pouvons-nous empêcher de terribles dégâts sociaux et des atteintes à nos droits démocratiques ? Comment rendre possible le passage à un autre système, basé sur la solidarité sociale et le respect de l’environnement, pour remplacer le système capitaliste néolibéral ? Nos universités d’été (si elles peuvent avoir lieu en 2020) et l’Université d’été européenne en août 2021 en Allemagne seront autant d’étapes importantes dans cette réflexion urgente.

Le Covid-19 est une maladie virale qui s’est déclarée en Chine. Elle s’est désormais propagée à toute la planète grâce à l’internationalisation des chaînes d’approvisionnement et aux importants mouvements de population qu’entraîne le tourisme mondial. Toutes les régions du monde sont touchées mais les réactions à cette crise sanitaire varient d’un pays à l’autre. Certains gouvernements ont réagi rapidement alors que d’autres sont restés trop longtemps dans un optimisme béat, sans doute par crainte des conséquences économiques. Les mesures prises varient elles aussi selon les territoires.

La crise financière de 2008, l’aggravation de la crise climatique et environnementale et la pandémie actuelle de coronavirus nous montrent qu’il s’agit d’une évolution qui fait boule de neige. Le désastre qui en découle représente une menace pour l’humanité dans son ensemble. Ces crises sont la preuve que le système néolibéral est inadapté, tant pour le présent que pour l’avenir.

Le réseau des Attac d’Europe exige que soient prises les 21 mesures suivantes afin de lutter contre la pandémie de Covid-19 et la crise politique et économique qu’elle a déclenchée.

En ce qui concerne les services publics, qui sont la richesse de ceux qui n’ont rien

1. Un plan d’urgence pour la santé publique accessible à toutes et tous

Des politiques austéritaires et une logique de profit ont entraîné des coupes dans les dépenses publiques, avec comme conséquence un manque de personnel hospitalier, des carences dans l’équipement, et donc l’incapacité des structures hospitalières à faire face aux nombres de patient·e·s infecté·e·s. Des investissements dans les services publics, et celui des soins en particulier, sont bien la façon dont nos sociétés peuvent s’assurer contre le risque de crises sanitaires extraordinaires – qui pourraient bien s’avérer ne pas être tellement extraordinaires dans les années qui viennent. Les principes d’efficacité économique à court-terme (comme le taux d’occupation maximale des lits) et la gestion des stocks à flux tendu ne peuvent en aucun cas s’appliquer au secteur de la santé. Cette approche néolibérale tue dans des circonstances normales, elle tue encore davantage dans la situation présente. Des soignant·e·s doivent être recruté·e·s en masse et leurs salaires doivent être augmentés. Il faut ouvrir des dizaines de milliers de lits dans les hôpitaux et les maisons de retraite. Des équipements médicaux doivent être achetés de manière proactive, et produits localement. Il en va de même pour les médicaments ; les grands conglomérats privés de l’industrie pharmaceutique doivent être démantelés et tout brevet sur des vaccins ou médicaments vitaux doit être interdit.

2. Une recherche publique de qualité

La santé et la vie humaine doivent passer avant les profits. Il nous faut basculer d’une logique à court-terme à une recherche publique de qualité sur le long-terme si nous voulons être capables de faire face à la prochaine crise sanitaire. Il faut financer la recherche de façon à prévenir des catastrophes sanitaires et à mettre au point les vaccins nécessaires. Des emplois publics doivent être créés dans les universités et centres de recherche, et les fonds nécessaires à mener des recherches dans de bonnes conditions doivent être alloués.

En ce qui concerne la sauvegarde et l’extension de la démocratie

3. Respect absolu du droit du travail

À l’instar du gouvernement italien, les gouvernements européens doivent convoquer les syndicats pour atteindre des accords collectifs relatifs aux secteurs qui doivent être mis à l’arrêt et ceux qui doivent poursuivre leur activité pour assurer les besoins de base de la population. En attendant un tel accord, les travailleurs·ses doivent faire valoir leur droit de retrait si ils et elles considèrent que les mesures de protection sont insuffisantes. De plus, il ne faut pas que les mesures d’urgence comprennent des régressions en termes de droits économiques et sociaux comme une augmentation du temps de travail.

4. Respect absolu des droits fondamentaux

La crise sanitaire ne peut justifier des mesures qui portent atteinte aux libertés et droits fondamentaux. Le respect de la vie privée doit être garanti et les gouvernements se doivent d’être transparents dans leurs prises de décision. Toutes les mesures prises dans un contexte d’urgence doivent être prises dans le but de satisfaire les besoins de toutes et tous et doivent être strictement limitées dans le temps. Nous devons résister à la tentation de la surveillance électronique. La mise en œuvre du confinement ne peut justifier l’utilisation de la force contre les plus vulnérables (les sans-abris et les migrant·e·s).

5. Nos droits civiques doivent être préservés et étendus après la crise

Les mesures de confinement actuelles ne peuvent pas aboutir à une restriction de nos droits civiques. Après la crise ils doivent au contraire être étendus à la sphère économique afin de décider comment nous voulons vivre et ce que nous voulons produire.
Il est scandaleux qu’Amazon ait pu continuer ses activités alors que les commerces et petites entreprises étaient obligés de fermer. Nous devons mettre un terme à l’impunité des multinationales et répudier les traités dits de libre-échange de dernière génération, et en particulier les mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États.

En ce qui concerne l’égalité et la protection des plus vulnérables

6. Garantie de revenus pour tous les travailleur·se·s, avec ou sans emploi, les indépendant·e·s, les petites entreprises et les artistes / intermittent·e·s du spectacle

La crise du Covid-19 va porter un coup dur à nos économies. Il va falloir prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher une crise sociale. Tout licenciement doit être interdit et un revenu minimum doit être garanti pour tou·te·s. Les gouvernements devront aider les entreprises qui ont des difficultés de trésorerie (les indépendant·e·s, les petites et moyennes entreprises) et leur permettre de faire face à des horaires réduits ou un arrêt complet de leur activité. Cependant, les aides apportées à des entreprises privées ne peuvent se faire que sous la forme d’un prêt ou d’une participation au capital.

7. Réquisition immédiate de tous les logements vides

Personne ne doit avoir à se plier aux mesures de confinement dans un logement insalubre ou pire, à la rue. La réquisition de logements vides est depuis toujours une de nos revendications, elle est plus urgente que jamais. Dans le même temps, il faut introduire un moratoire sur le paiement des loyers.

8. Protection des personnes exposées à la violence domestique

Le confinement, surtout lorsque les logements sont petits, met les personnes confinées en stress continu, ce qui favorise des dépressions mais est aussi bien souvent une source de violences, que subissent le plus souvent enfants et femmes. Dès maintenant il est nécessaire d’y remédier. Protéger contre les violences est essentiel. Des enfants et des femmes sont déjà mort·e·s. La capacité d’accueil des abris et centres doit être augmentée, les possibilités de relogement facilitées.

9. Soutien aux jeunes

Les retards scolaires détectés par les enseignants doivent être résolus immédiatement par un soutien personnel, en faisant appel à celles et ceux qui sont actuellement sans emploi, comme les artistes, qui doivent être correctement payé·e·s, et en fournissant du matériel informatique et d’autres fournitures nécessaires en ces temps de confinement.

10. Permis de séjour pour les sans-papiers

Les migrant·e·s dont les droits fondamentaux sont bafoués sous prétexte qu’ils sont en séjour illégal ne sont pas en position de respecter les mesures sanitaires. Voilà qui est inacceptable. La décision prise par le gouvernement portugais démontre que l’octroi massif de permis de séjour est possible. Tous les gouvernements devraient s’en inspirer pour s’assurer que chacune et chacun, peu importe sa nationalité, peut prendre les mesures nécessaires à sa protection. Les centres et camps de réfugié·e·s doivent être immédiatement fermés ; à l’instar des touristes, les migrant·e·s devraient être conduit·e·s dans les villes d’Europe qui ont promis de les accueillir (‘villes hospitalières’).

En ce qui concerne la justice fiscale

11. Un système fiscal équitable

La pandémie de Covid-19 montre que nos sociétés ont grand besoin de services publics de qualité. Cela a un prix. Il faut donc repenser notre système fiscal pour que les riches contribuent en fonction de leur fortune. Les cadeaux fiscaux de ces dernières décennies doivent être annulés et le niveau de l’imposition doit redevenir véritablement progressif avec une assiette qui globalise et soumet au même taux les revenus des biens mobiliers et immobiliers et les revenus du travail. Les gouvernements doivent agir de concert et efficacement pour éliminer les paradis fiscaux, appliquer une taxe sur les transactions financières et mettre fin au nivellement par le bas qui consiste à abaisser les taux d’imposition des plus riches et des sociétés transnationales.

12. Taxation des bénéfices et de la fortune

Les mesures qu’il faut prendre pour soutenir les entreprises en difficulté suite au ralentissement ou à l’arrêt de leur activité tout comme la récession qu’implique la crise du Covid-19 représentent une lourde charge pour le trésor public. Or dans le même temps, certaines multinationales font des bénéfices exceptionnels (Amazon, Netflix...). Il faut taxer ces bénéfices pour empêcher que les dépenses publiques n’entraînent un nouvel endettement sur les marchés financiers. Si nous devons tou·te·s être solidaires, cela concerne aussi ces entreprises.

13. Interdiction de distribuer des dividendes

Le coût de la crise doit être payé par un impôt sur les grandes fortunes et sur les fonds spéculatifs. Les milliards d’euros de dividendes que les entreprises doivent payer à leurs actionnaires sur base des bénéfices réalisés en 2019 ne doivent pas être distribués, mais utilisés pour faire face à la crise.

En ce qui concerne les banques et les marchés financiers dans l’UE et en Europe

14. Prêts aux pouvoirs publics par les banques centrales à un taux d’intérêt de zéro

Les banques centrales et les banques publiques doivent prêter directement aux pouvoirs publics pour les aider à financer des plans d’urgence. Ces prêts doivent être consentis à un taux d’intérêt nul ou proche de zéro. Les dettes publiques ne peuvent pas être utilisées à des fins spéculatives sur les marchés financiers comme ce fut le cas après la crise de 2008. Il faut prendre des mesures contre la spéculation sur les dettes publiques. Par ailleurs, il faut abroger le Pacte de Stabilité, de Coordination et de Gouvernance.

15. Contrôle des flux de capitaux

La pandémie de Covid-19 ne doit pas utilisée par les marchés financiers pour spéculer. Il faut les empêcher de déstabiliser des économies entières rendues déjà plus vulnérables par la crise. Les opérations spéculatives et le shadow banking doivent être interdits. C’est le moment où jamais de mettre en place la taxe sur les transactions financières proposes par dix gouvernements européens ainsi que la taxe sur les transactions en devise qui constitue le point de départ de notre association.

16. Démantèlement et socialisation des grandes banques

Certaines banques représentent un risque systémique pour l’économie : leur faillite déstabiliserait le système bancaire international. Ces banques qui sont ’trop grosses pour faire faillite’ doivent être démantelées et socialisées. Les banques de dépôt et les banques d’affaire doivent être séparées quoi qu’en dise le lobby bancaire européen.

En ce qui concerne la solidarité internationale

17. Une réaction coordonnée au niveau européen

La solidarité entre pays européens ne peut fonctionner que si la réaction des différents gouvernements n’est pas motivée par les intérêts des pays économiquement les plus forts. Le budget de l’UE doit être augmenté et utilisé pour soutenir les pays les plus durement touchés. De l’argent, mais aussi des équipements médicaux doivent être répartis entre voisins. La solidarité entre les hôpitaux ne doit pas dépendre de discriminations nationales. Plus généralement, les fondements de l’intégration au sein de l’UE doivent être revus en profondeur pour être établis sur des bases sociales et non sur les idéologies du libre marché, du libre-échange et de la libre concurrence.

18. La solidarité internationale avant tout

Les conséquences humanitaires, sociales et économiques de la pandémie seront particulièrement graves pour les pays les plus pauvres. Il convient de déployer un vaste soutien international pour aider et protéger les populations les plus vulnérables au niveau mondial. L’aide aux pays du Sud devrait prendre la forme d’une aide directe plutôt que de prêts assortis de conditions néolibérales. La dette publique devrait être annulée afin que les pays puissent réorienter leurs ressources vers la lutte contre la crise sanitaire. Il faut mettre fin aux tribunaux privés protégeant les investisseurs et à d’autres mesures commerciales injustes.

En ce qui concerne la transformation écologique et sociale de nos économies

19. Réorientation des subventions publiques aux secteurs polluants vers une transition sociale et écologique

Le soutien financier accordé aux entreprises dans les secteurs polluants doit être conditionné à une réelle transition vers un mode de production social et écologique. Il faut envisager la socialisation de ces entreprises et a minima, les droits des travailleurs·ses doivent être garantis. Il faut mettre en œuvre des plans de formation et de reconversion professionnelles. Les gouvernements se précipitant pour colmater les brèches, il ne faut pas qu’après leur intervention tout revienne à la situation antérieure, surtout après les efforts fournis par la population.

20. Des politiques monétaires au service de l’économie réelle et de la transition

La Banque central européenne (BCE) a annoncé qu’elle allait acheter 750 milliards d’euros en titres bancaires pour soutenir l’économie. Il ne faut pas que les banques et les marchés financiers s’en servent pour continuer à spéculer ou à financer des secteurs polluants et nuisibles. De même que les gouvernements doivent conditionner leur aide à un réel engagement de transformation écologique et sociale, les banques centrales doivent elles aussi imposer des conditions en échange de leur soutien.

21. La relocalisation solidaire de la production

La pandémie de Covid-19 a révélé une carence déplorable dans la production de biens stratégiques comme les médicaments et les aliments. L’internationalisation extrême de la chaîne d’approvisionnement a rendu nos sociétés plus vulnérables dans des situations comme la crise actuelle. La relocalisation de productions essentielles exige que nous abolissions les règles du libre-échange actuellement imposées par l’UE. Nous devons encourager l’agriculture locale et paysanne qui utilise peu de pesticides et d’engrais chimiques, par opposition aux pratiques agro-industrielles actuelles qui non seulement tuent les sols et la biodiversité, mais augmentent la pollution et favorisent ainsi la propagation des maladies.

C’est aux populations de décider comment elles veulent vivre, ce qu’elles veulent produire et échanger de manière équitable et écologiques ainsi que dans le respect des intérêts du plus grand nombre. Ceci s’oppose à la logique de compétition entre pays sur la base du coût du travail et des politiques fiscales et cela entraînerait une diminution des émissions de gaz à effet de serre. Il nous faut déployer une stratégie sociale et écologique à l’échelle européenne.

Mots-clés > Construction Européenne, Paradis fiscaux et judiciaires, Mondialisation, Système bancaire Que faire face au coronavirus ?

Attac France - L’action citoyenne

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Source : https://france.attac.org/se-mobiliser/que-faire-face-au-coronavirus/article/declaration-des-attac-d-europe-un-autre-avenir-apres-le-covid-19

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9.
« La crise du Covid-19 ne doit pas être une parenthèse » Entretien avec Maxime Combes, économiste et porte-parole d’Attac - 25 mars 2020 - Propos recueillis par Rémi Pin, journalisteRémi Pin Interview | Gouvernance | 

Pour l’économiste et porte-parole d’ATTAC, Maxime Combes, la crise sanitaire actuelle montre la fragilité d’une économie mondialisée. Devra lui succéder « une révolution écologique et sociale, en rupture avec les politiques passées ». Sous peine de rechute.

Actu-Environnement © 2003 - 2020 COGITERRA - CNIL N°845317 - ISSN N°2107-6677 – Article complet à lire sur ce site ; https://www.actu-environnement.com/ae/news/coronavirus-covid-19-economie-mondiale-social-environnement-35199.php4

Sources d’informations sur Maxime Combes :

http://www.franceculture.fr › per...

www.franceculture.fr › personne-maxime-combes-1

https://blogs.mediapart.fr/maxime-combes

https://france.attac.org/auteur/maxime-combes

https://www.bastamag.net/Maxime-Combes

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L’après confinement selon Boris Cyrulnik : ’on aura le choix entre vivre mieux ou subir une dictature’ Par France Inter publié le 27 avril 2020 à 18h41 - Photo - Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik © AFP / Ludovic Marin

Invité du ’Téléphone Sonne’, Boris Cyrulnik a donné sa vision sur l’après-confinement. Retrouvez ici les réponses du neuropsychiatre données au micro de Claire Servajean.

Le Covid-19 laissera-t-il un traumatisme ? 

Boris Cyrulnik : Peut-être pas un traumatisme, mais un problème à résoudre. 

On a cru pendant 70 ans que les épidémies appartenaient au passé. On découvre que cette épidémie a probablement été provoquée par l’hyper technologie : celle de l’élevage qui concentre les animaux, et accroît l’effet de serre, mais aussi celle du transport des aliments, de l’aviation (le virus ne se déplace pas, c’est nous qui le transportons). 

On a oublié qu’on appartenait au monde vivant : on partage la planète avec les animaux. Si on enferme les animaux, si on fait de la surpopulation dans les élevages, on crée les conditions de fabrication de virus. Ensuite les avions et les autres moyens de transport font le reste. Bref, si on massacre le monde vivant, on partira avec lui

C’est la leçon dont les scientifiques et les politiciens devront tenir compte. C’est une banalité, mais on l’avait oubliée. 

On pensait qu’on était au-dessus des lois de la nature. Eh bien non, on n’est pas au-dessus, on est dans la nature. Et si on ne change pas l’an prochain, il y aura une autre épidémie de virus.’ 

Quel est le risque après la catastrophe ?

BC : ’Après les situations de catastrophes ou de chaos, le danger arrive souvent de quelqu’un qui dit : « J’ai la solution, votez pour moi » Et ce sont des dictateurs que les gens sont prêts à croire... Mais généralement, c’est une escroquerie politique.

La bonne solution serait d’attacher de l’importance à « l’être ensemble » et au groupe pour lequel on fait des efforts et on renonce à certaines choses. La solidarité est un précieux facteur de résilience, mais c’est aussi un sacré défi.’

On entend beaucoup parler du monde d’après qui serait différent. Mais à vous écouter, il va falloir faire très attention à ce qu’il peut être. 

BC : ’C’est un enjeu énorme : on aura le choix entre vivre mieux ou subir une dictature - qu’elle soit politique, religieuse, financière ou liée à l’hyperconsommation. 

L’après catastrophe peut être bénéfique. Au Moyen-Âge, des commerçants ont apporté le bacille de la peste. En deux ans, il a tué un Européen sur deux. Avant 1348, les aristocrates qui possédaient des terres vendaient ou achetaient des serfs. Après l’épidémie, en raison de la pénurie de main d’œuvre, ils ont dû mieux traiter les paysans et le servage a disparu en deux ans.

Mais l’après catastrophe peut aussi avoir des effets maléfiques. Parce que l’Allemagne avait été humiliée en 1918 par le traité de Versailles, les Allemands ne pouvaient pas se reconstruire. Est arrivé un pseudo sauveur... Et en 1933, il a été élu, ce qui a provoqué une catastrophe mondiale.

Là, on aura le choix de vivre solidairement, d’une autre manière : en redonnant la parole à beaucoup de ceux que l’on redécouvre maintenant, les aides-soignantes, les infirmières, les facteurs, les éboueurs. Si on ne le fait pas, il y aura des candidats dictateurs.

Aller plus loin

ECOUTER | Le téléphone sonne avec Boris Cyrulnik, ou bien lisez la retranscription du reste de l’entretien ici

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Source : https://www.franceinter.fr/societe/l-apres-confinement-selon-boris-cyrulnik-on-aura-le-choix-entre-vivre-mieux-ou-subir-une-dictature

Sources d’information sur Boris Cyrulnik

https://fr.wikipedia.org/wiki/Boris_Cyrulnik

https://www.fnac.com/Boris-Cyrulnik/ia1534

https://www.franceinter.fr/personnes/boris-cyrulnik

https://www.odilejacob.fr/catalogue/auteurs/boris-cyrulnik/

https://www.femina.fr/article/boris-cyrulnik-apres-le-deconfinement-il-reve-de

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Edgar Morin et Alain Touraine vision d un monde égalitaire et solidaire Février 2019 - Edgar Morin et Alain Touraine à la Maison des sciences de l’homme, à Paris, le 10 janvier 2019. Photo Frédéric Stucin

Migrants, Europe, nationalismes, écologie, gilets jaunes… Parties prenantes d’un projet de liste européenne, les sociologues ont échangé leurs analyses à l’initiative de « Libé », et partagé leur vision d’un monde égalitaire et solidaire. Eric Favereau, Thibaut Sardier

Edgar Morin et Alain Touraine, une humanité de pensée

C’est l’hypothèse d’une liste « Pour une Europe migrante et solidaire » aux élections de mai prochain qui les a réunis (lireLibérationdu 14 novembre).https://www.liberation.fr/debats/20...Si, quelques semaines après la naissance de cette idée, ils n’y croient déjà plus vraiment, les sociologues Edgar Morin, 97 ans, et Alain Touraine, 93 ans, restent persuadés que la place que nous faisons aux migrants reste une « question test » posée à une Union sur le déclin. Confrontant leurs analyses politiques à propos d’Emmanuel Macron ou des gilets jaunes, ils esquissent aussi un portrait de la France et du monde, où quelques « oasis » humanistes permettent encore de garder l’espoir d’une planète vivable, sur le plan social comme sur le plan écologique.

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A l’heure de la mondialisation, Alain Touraine a l’habitude de dire que l’étranger n’existe plus. C’est votre avis ?

Edgar Morin : Je voudrais partir de cette croyance qu’il y a des seuils de tolérance, et qu’il faudrait en tenir compte pour les migrants. Cette idée, je crois qu’il faut la soumettre à discussion : est-ce un seuil de tolérance psychique, biologique ou psychologique ? On peut supposer qu’une peuplade d’Indiens d’Amazonie ne peut ni accueillir ni supporter l’arrivée d’un grand nombre d’étrangers. Il suffit même d’un petit nombre de colonisateurs pour la détruire. En revanche, on peut penser que les populations européennes ne sont pas surpeuplées.

Alain Touraine : C’est même le contraire…

E.M. : En Europe, en tout cas, on peut penser qu’il y a encore des espaces inoccupés dans les campagnes, et qu’il n’y a donc aucun problème d’ordre physique ou biologique qui limiterait l’arrivée des migrants. Donc on arrive à cette idée que le seuil est psychologique. A un moment, « on » se sent menacé, saturé, et cela aussi bien par les étrangers qui restent que par ceux qui ne sont que de passage. La question centrale est celle de cette peur de l’arrivée des étrangers. D’autant que, lorsqu’il y a des crises économiques ou de civilisation, les angoisses se cristallisent sur des boucs émissaires devenus responsables de tous les maux, que ce soient les Juifs, les Arabes, les migrants. La question fondamentale devient alors : comment lutter contre cette dérive psychologique ?

A.T. : J’ai une approche assez différente. Je pense que la question qui se pose aujourd’hui à nous est de savoir si l’on accepte une vision d’un monde égalitaire ou bien si nous voulons maintenir notre situation d’ancien dominateur. Cette question, je la pose face à deux catégories, que je mets sur le même plan : les migrants et les femmes. Allons-nous sortir d’un monde où la liberté est limitée, dominé par les hommes blancs, ou bien considérons-nous comme indispensable de rentrer dans un monde entier et pas seulement fait pour nous ? Nous serons dans la modernité quand nous aurons admis que nous y serons tous. Lorsque l’on évoque le trio « liberté, égalité et fraternité », notions auxquelles j’aime ajouter celle de dignité, est-ce que l’on parle bien de la liberté de tous, de la fraternité de tous ? Autrement dit, je suis moins sensible aux thèmes de laisser entrer ou pas un certain nombre de personnes. Je dirais plutôt : effaçons l’immense tache d’une expérience de domination où l’on retrouve la colonisation, l’esclavage, l’infériorité des femmes. Nous ne serons jamais dans un monde normal tant que huit personnes sur dix ne sont pas égales. Avant toute chose, même les problèmes écologiques pourtant cruciaux, notre humanité doit se reconnaître comme une unité, un ensemble d’être égaux et libres.

Cela rejoint la pensée universaliste d’Edgar Morin.

E.M. : Ce que propose Alain est le problème que je me pose depuis des années et qui demeure sans solution. En 1991, en écrivant Terre-patrie, j’ai pris conscience qu’avec la mondialisation, tous les Terriens ont un destin commun avec les mêmes périls, qu’ils soient économiques, écologiques ou politiques. Cela doit entraîner un humanisme régénéré prenant conscience que toute l’humanité est emportée dans une aventure commune. Or, plus il apparaît évident que cette communauté de destins existe, avec la progression des événements mondiaux qui nous concernent tous, moins la conscience se fait. Pourquoi ? Est-ce parce que les angoisses provoquées par la mondialisation conduisent à des replis sur des cultures, des identités religieuses et nationales ? Sûrement. Cette question dramatique a pesé sur toute mon entreprise intellectuelle. Or, je vois depuis trente ans à quel point nous piétinons. La question écologique, qui était un des leviers pour ressentir cette communauté de destins, n’est pas ressentie comme telle. Comment réussirons-nous à renverser les esprits et les consciences ? On a eu l’expérience de la crise des années 30, qui était économique, mais aussi démocratique et presque civilisationnelle, et l’on a vu déjà à ce moment-là arriver le repli nationaliste fermé. Aujourd’hui, le néoautoritarisme nationaliste progresse dans le monde entier. Toutes ces questions sont liées, et Alain, tu as raison d’ajouter la question féminine et celle des séquelles de la colonisation. Les pays décolonisés jusque dans les années 70 ont été recolonisés économiquement. L’émancipation politique n’a pas été suivie d’une démocratisation. Pire, les terres fertiles ont été vendues à des sociétés chinoises, coréennes, etc., qui les exploitent à leur seul profit.

Comment faire pour combattre le repli nationaliste ?

E.M. : Je suis d’accord avec l’idée qu’il faut faire appel à notre sentiment d’identité humaine, qui contient aussi celui de l’altérité. Quel est le critère de la compréhension d’autrui ? C’est de comprendre qu’il est à la fois identique à soi par sa capacité de souffrir, d’aimer, de ressentir, mais aussi différent par son caractère, ses croyances, ses manies, etc. Or, dans la logique binaire technocratique qui nous domine actuellement, nous sommes incapables de le ressentir. C’est soit l’étranger absolu, soit le frère. Nous sommes pourtant tous compatriotes de notre Terre-patrie, et en même temps il y a en chacun des particularités. Il nous faut reconnaître que l’unité humaine et la diversité humaine sont inséparables, et respecter l’une et l’autre.

A.T. : Le modèle rationaliste, démocratique, est directement menacé. Pour la première fois depuis plusieurs centaines d’années, le monde est de plus en plus dominé par des non-démocraties, ce que j’appelle d’un vieux mot, des empires : avec Donald Trump, les Etats-Unis en deviennent un. La Chine également, de même que les pays à pouvoir religieux. Dans ce contexte, la reconnaissance des droits est une donnée fondamentale ; c’est seulement si nous nous considérons tous comme ayant les mêmes droits que nous pouvons déclencher nos mécanismes politiques. Ce que je demande, c’est de se mettre en position de défense citoyenne, car je préfère dire que les problèmes écologiques sont des problèmes qui s’inscrivent dans la défense de la citoyenneté. Il ne faut surtout pas séparer le politique, l’écologique et l’économique, même si je défends une certaine priorité aux problèmes politiques. Pour nous, il s’agit de savoir si l’on fait ou pas l’Europe, seul continent qui représente la démocratie. On ne peut y arriver que si nous donnons la priorité aux thèmes de l’humanité unie. Car soit vous faites du nationalisme xénophobe, comme la Hongrie, la Pologne ou l’Italie, soit vous faites l’Europe.

E.M. : L’Europe - on l’a vu pour la crise de la Grèce et pour celle des migrants - a montré sa cécité, mais aussi son côté réactionnaire. Je dirais que, devant cette régression généralisée, ce ne sont pas seulement les régimes autoritaires qui sont en cause, mais aussi la façon de penser des élites dominantes, fondée sur le calcul économique et sur le profit, cachant les problèmes fondamentaux. Contre cela, il s’agit de créer le maximum d’oasis qui permettent de faire place à nos résistances. Il y a heureusement dans nos pays un bouillonnement associatif, des lieux de fraternité où règne l’idée qu’il n’y a pas d’étrangers, que nous sommes tous frères, comme on l’a vu en Savoie. Ainsi, nous nous préparons à être des points de départ d’une nouvelle progression en même temps que des points de résistance à l’actuelle régression. Mais, contrairement à Alain, je note que les conditions actuelles sont globalement défavorables. Aujourd’hui, le seul homme politique d’esprit humaniste est le maire de Palerme, lorsqu’il a dit qu’il n’y avait pas d’étrangers et qu’il n’y a que des Palermitains. Cela montre à quel point nous sommes isolés, en régression. C’est pourquoi je pense que l’heure est à la résistance à toutes les régressions et barbaries, y compris la barbarie glacée du calcul qui ignore que les humains sont de chair, de sang et d’âme.

A.T. : Le thème des migrants, pour moi, est le thème test. Si vous lâchez sur les migrants, vous lâchez sur tout. En particulier sur l’Europe. En tant que Français, je voudrais obliger le gouvernement à s’engager. Il faut des accords, que cela soit ouvert, dire aussi que nous y avons nos intérêts. Nombre de nos régions ont besoin d’être ré-industrialisées, d’autres doivent faire face à une réelle désertification, d’autres encore souffrent d’un manque de services publics. Il ne faut pas oublier que la population française est très peu mondialisée. Nous avons seulement deux villes mondiales en France : Lyon et Paris.

Réindustrialiser des régions périphériques, n’est-ce pas un vœu pieux ? Ne faut-il pas plutôt les accueillir dans les métropoles, là où l’économie est dynamique ?

A.T. : Vous pouvez dire cela en Pologne ou en Allemagne, où l’on manque de travailleurs. En France, c’est différent, et intégrer des migrants chez nous permettra d’intégrer nos territoires à l’économie mondiale.

E.M. : Cela suppose un changement de vision et de voie politiques, et de tirer le meilleur de la mondialisation transculturelle. Plus ça mondialise, plus il faut localiser, protéger les territoires, surtout ceux qui sont en voie de désertification. Il faut une pensée politique nouvelle, qui ne soit pas fondée uniquement sur la concurrence, les économies budgétaires, la baisse du nombre de fonctionnaires et des retraites. Il faut une politique hardie qui ne s’occupe pas seulement de développer les énergies propres, il faut dépolluer les villes, piétonniser les centres, refouler progressivement l’agriculture industrialisée au profit de l’agriculture fermière. Il y faut favoriser les solidarités, ne plus subir les publicités qui suscitent les achats les plus futiles. Il faut un renversement de pensée politique fondamental.

Face à ce vaste programme, pourquoi la question des migrants constitue-t-elle un test ?

E.M. : Il y a toujours eu deux France dans la France. L’une, démocratique et républicaine, a longtemps dominé l’autre, réactionnaire. Il y a des époques où c’est l’inverse. Certes, il n’y a ni Vichy ni Occupation, mais on voit réapparaître cette tendance à la fermeture et à l’hostilité, avec un dépérissement de la culture démocratique, de gauche. Les grandes idées universalistes étaient enseignées par les instituteurs de campagne, les enseignants du secondaire, les écoles du PC qui, en dépit de son stalinisme, apportait une idéologie universaliste. Les socialistes étaient aussi porteurs de ces idées-là. Or, aujourd’hui, il n’y a plus de PC, plus de PS, moins d’instituteurs de campagne. Il faut repartir à zéro.

A.T. : Absolument. Il y a une chose qui est un enjeu important : il y a ou il n’y a pas d’Europe. Et aujourd’hui, il n’y a qu’un homme politique en faveur de l’Europe : Emmanuel Macron.

Sur les migrants, il a pourtant joué un rôle plus qu’ambigu…

A.T. : Tout à fait. Face à la position de l’Italie, il a fait un pas en refusant de fermer les frontières comme le fait Salvini. Mais il a fait preuve d’une modération tout à fait excessive. Pour s’en sortir, il faut que Macron fasse alliance avec les gens qui portent ces valeurs universalistes dont nous parlons, ce que j’appelais le « tous ensemble ».

A moins de quatre mois des élections, que peuvent les institutions européennes ?

A.T. : Dans tout ce qui se passe en ce moment, Bruxelles a joué un rôle positif, en freinant les gouvernements italien et hongrois, et en appuyant des pays comme la France.

E.M. : Bruxelles a joué récemment un rôle modérément positif, et dans l’ensemble il a été négatif. Avec les élections au Parlement européen, on risque pour la première fois d’avoir une majorité antieuropéenne. L’Europe est actuellement disloquée, et il faut l’empêcher de se désintégrer totalement.

Après tout, pourquoi ?

E.M. : Elle a permis des échanges humains et culturels entre les nations. Elle a contribué à la grande atténuation des hostilités nationales entre Allemands et Français, du mépris des Français pour les Italiens. Mais ce qui domine aujourd’hui n’est pas le sentiment commun, universel. Jusqu’à présent, toutes les élections européennes se sont faites sur des thèmes locaux, clochemerliens, et pas européens. Et maintenant, cela va se faire sur des thèmes antieuropéens. Nous sommes là aussi en période régressive. Il faut sauver les meubles.

Faut-il investir ces élections européennes à travers une liste centrée sur les migrants ?

A.T. : Il faut être conscient du fait que la défense de l’Europe est aujourd’hui une nécessité. Mais sur les élections européennes, je suis très pessimiste. Il y a quelques semaines, je suis allé à une réunion du projet de liste « Pour une Europe migrante et solidaire ». Il y avait peu de monde. Il faut lutter contre le recul, la régression, il faut redonner de la confiance, de la volonté d’agir…

E.M. : Je me suis converti à l’Europe dans les années 70, alors que le continent se purifiait du péché originel de la décolonisation, et parce que l’Europe proposait de se défendre vis-à-vis de la menace soviétique, ce qui m’a semblé important lorsque je suis devenu antistalinien. Mais aujourd’hui, je n’y crois plus, je crois qu’elle est victime de forces de dislocation trop fortes : domination de l’économie financière, tendance aux régimes postdémocratiques et autoritaires. Il faut espérer limiter la casse et voir comment repartir, mais je ne fonde plus d’espoir sur l’Europe. Je crois dans la multiplication des oasis de résistance, liées les unes aux autres par cette idée de fraternité humaine et universelle. Cela existe, un peu partout dans le monde, ce sont nos réserves, ce sont nos bases. Mais malgré cela, on ne voit rien surgir. Si je prends l’exemple des gilets jaunes, il s’agit d’un phénomène difficile à saisir car très complexe, autonome mais aussi parasité à gauche comme à droite.

C’est une oasis d’après vous ?

E.M. : Non, pas encore. C’est un mouvement sans forme, protoplasmique, infra- et supra-politique à l’origine, qui se trouve parasité par des forces politiques réactionnaires et des casseurs qui se croient révolutionnaires. Il se politise lentement dans le chaos, avec des idées qui ne vont pas encore au fond des choses, mais il exprime des souffrances et des angoisses profondes. Comme disait la pancarte d’une vielle dame gilet jaune : nous voulons vivre et pas seulement survivre. Devant sa complexité, les uns ne veulent voir que les aspects positifs, les autres que les aspects négatifs. Même si les gilets jaunes s’effilochent, il en restera des éléments positifs et des résidus négatifs fascistoïdes. Désormais, la France est marquée par cette crise singulière et originale dans la crise générale de la démocratie. Je ne sais pas si le président Macron pourra reconquérir une crédibilité morale, ou plutôt il ne pourra la reconquérir qu’en changeant de voie, ce qu’il appelle « cap ». Nous sommes dans une période d’incertitude. Est-ce un tsunami qui se prépare, ou tout repartira-t-il cahin-caha ? Chi lo sa ? [Qui sait ?]

A.T. : J’admets tout ce que dit Edgar, mais j’en tire des conséquences beaucoup plus activistes. Il faut réorganiser tous les sujets de débat autour du thème général de la démocratie. Et défendre une position d’ensemble plutôt qu’un programme ultra-minoritaire.

E.M. : Pour moi, l’activisme est dans la résistance, et pas dans l’idée que l’on pourra reconstruire quelque chose dans une perspective proche. Cette résistance qui n’est pas analogue à celle des années d’Occupation, mais c’est aussi une résistance à la barbarie. Il n’y a pas que la barbarie des jihadistes musulmans, certes épouvantable, mais pas unique. Le mépris d’autrui, le fait de laisser crever le migrant, je le dis clairement, c’est une forme de barbarie. Il y a aussi la barbarie intérieure dans la domination du profit et du calcul, où tout est aujourd’hui réduit au PIB, aux taux de croissance, aux statistiques et aux sondages. Il faut renverser absolument la tendance. Je ne suis pas découragé, il faut continuer.

A.T. : Ce qui est capital, c’est de trouver un système d’argumentation, de confiance dans une vision des choses. La seule manière de défendre ce projet très isolé, c’est de dire que la France a besoin, dans tous ses aspects, d’affirmer sa confiance en elle-même.

Que peut-on espérer face à la situation sombre que vous décrivez ?

E.M. : Il y a quelque chose d’intéressant qui pourrait se passer aujourd’hui dans le fait que beaucoup de maires ouvrent des cahiers de doléances. Le 14 juillet 1789, cette explosion de furie apparemment irrationnelle n’a pris son sens que parce qu’il y avait auparavant les Etats généraux, puis une Assemblée constituante. C’était l’époque de la démocratie naissante. Aujourd’hui, nous sommes à l’époque de la démocratie gravement malade. Mais il est évident que si on retourne à quelque chose qui ressemble aux Etats généraux, si ces doléances exprimées dans le désordre le plus total par les représentants autoproclamés des gilets jaunes sont écrites dans les mairies et promulguées dans cette grande consultation nationale, il peut y avoir un réveil. Mais les problèmes de fond ne seront pas posés, je le crains : le pouvoir devenu sans frein des puissances d’argent sur la société et la politique ; corrélativement, les dommages sur la santé des produits de l’agriculture industrialisée ; la nécessité d’une nouvelle voie pour la politique française.

A.T. : C’est trop optimiste. Mais il faut trouver, à partir de l’ébranlement donné par les gilets, un nouvel équilibre pour la défense de la démocratie.

E.M. : Pendant longtemps, j’ai pensé que l’homme intelligent, cultivé, énergique et stratège qu’est Emmanuel Macron saurait transgresser ses croyances économiques fondamentales, comme il avait été capable de transgresser les règles démocratiques quand il s’est lancé dans l’aventure présidentielle. Je doute très fort, mais comme disait Molière, « belle Philis, on désespère, alors qu’on espère toujours ».

Eric Favereau, Thibaut Sardier

Source : https://www.liberation.fr/debats/2019/02/03/edgar-morin-et-alain-touraine-une-humanite-de-pense

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Sources d’informations sur Edgar Morin

Laissons la place à Edgar Morin qui s’exprime sur son parcours, ses idées et sa vision de la résistance , mercredi 21 décembre 2016 - SiteISIAS

Edgar Morin : « Nous devons vivre avec l’incertitude » 06.04.2020, par Francis Lecompte – Le Journal du CNRS - « Le philosophe Edgar Morin : « Je ne dis pas que j’avais prévu l’épidémie actuelle, mais je dis par exemple depuis plusieurs années qu’avec la dégradation de notre biosphère, nous devons nous préparer à des catastrophes ». Source : https://lejournal.cnrs.fr/articles/edgar-morin-nous-devons-vivre-avec-lincertitude

PODCAST. Edgar Morin, «  On est face au problème constant de la vie humaine  : comment savoir la vérité  ?  » - Ouest-France - Modifié le 09/05/2020 à 10h07 – « Edgar Morin, du haut de ses 98 ans, a vécu bien des crises, des bouleversements, des guerres… Cette pandémie est une aventure de vie de plus. Il achève deux mois de confinement très actif. Le sociologue, philosophe et penseur porte un regard très intéressant sur cette séquence inédite. Un entretien à retrouver sur Le Mur des Podcasts d’Ouest-France et dans l’édition du soir de ce jeudi 7 mai 2020… »

Edgar Morin : « Le confinement peut nous aider à commencer une détoxification de notre mode de vie » - Par David Le Bailly et Sylvain Courage - Publié par ‘L’Obs’ le 18 mars 2020 à 07h01 – Le sociologue et philosophe analyse la crise sanitaire mondiale. « Cette crise nous montre que la mondialisation est une interdépendance sans solidarité », explique-t-il… Quel est, à ce stade, le principal enseignement que l’on puisse tirer de la pandémie du coronavirus ?

Edgar Morin : biographie, actualités et émissions France Culture- https://fr.wikipedia.org/wiki/Edgar_Morin

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Sources d’informations sur Alain Touraine

Alain Touraine selon ‘lemondepolitique.fr/’ - Historien de profession, Alain Touraine se reconvertit dans la sociologie du travail, domaine dans lequel il se fera connaître. Sur le concept d’historicité - Alain Touraine se donne pour but de repenser la dynamique de l’histoire et la capacité d’action des individus ; pour lui, la société serait capable d’agir sur elle-même. C’est ce qu’il explique par son concept d’historicité. Il le décrit comme la « capacité d’une société de construire ses pratiques à partir de modèles culturels et à travers des conflits et des mouvements sociaux ». Il existe trois dimensions de l’historicité : a) L’accumulation des actions produites, des objets, de tout ce qui peut se cumuler. Cela peut être une accumulation de capital au sens économique du terme, ou encore de culture. B) La représentativité du mode de connaissance, de la culture. C) Un modèle de connaissance, et donc une représentativité de la créativité, de l’attrait pour l’innovation, ou au contraire pour la tradition. On voit alors que nos sociétés modernes possèdent une forte historicité car elles ont énormément accumulé divers objets, mais aussi parce que la créativité s’est progressivement accrue. Ainsi les sociétés se sont construites au fur et à mesure des évolutions, en se fondant sur leurs propres bases. Travail et société - Alain Touraine a consacré une grande partie ses recherches au monde ouvrier et à la nouvelle société industrielle. Il a analysé les transformations des systèmes de production et les syndicats ouvriers. Touraine définit les sociétés industrielles comme un ensemble de classes reposant sur une situation de dominants/dominés. Les dirigeants sont chargés d’établir les productions de connaissances, de contrôler l’accumulation, ce qui va induire l’imposition progressive de ce modèle ; imposer ce modèle est en effet nécessaire pour qu’il conserve sa place de dominant. Etude du monde ouvrier…  » - Article complet à lire sur ce site : https://www.lemondepolitique.fr/cours/sociologie/contemporains/_alain_touraine.htm

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Touraine

Alain Touraine : biographie, actualités et émissions France Culture ...

https://www.fayard.fr/auteurs/alain-touraine

Alain Touraine, un sociologue de l’action sociale

Alain Touraine : biographie, bibliographie

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12.
Edgar Morin - La croissance exponentielle tend vers l’explosion - Publié le 15 août 2019 par Jean-Louis Schmitt – Document ‘natureiciailleurs.over-blog.com’ – cf. avec Edgar Morin : ’La croissance exponentielle tend vers l’explosion’ Par Hélène Combis / France Culture - Photo - Une carrière • Crédits : Getty

L’humanité vit à crédit jusqu’à fin 2019 depuis ce 29 juillet 2019 . Les ressources renouvelables en un an ont toutes été consommées. Le ’jour du dépassement’ intervient de plus en plus tôt... Il y a 40 ans, certains intellectuels s’alarmaient déjà des conséquences d’une croissance à tout va…

À partir de ce 29 juillet 2019, l’humanité vit à crédit jusqu’à la fin de l’année, d’après l’ONG Global Footprint Network. Toutes les ressources que la planète peut renouveler en un an ont été consommées. Alors que la ’date du dépassement’ tombait systématiquement en août depuis 2012, elle intervient cette année, pour la première fois, en juillet. En 1974, il y a 43 ans, elle tombait le 1er décembre. Pourtant, certains intellectuels commençaient déjà à s’alarmer de cette ’fuite en avant’ de l’humanité, induite par la croissance, en roue libre depuis l’ère industrielle. Preuve en est de cette émission du 13 avril 1974, intitulée ’Demain la terre’ (France Culture), qui interrogeait déjà la croissance à l’aune de l’écologie. Une réflexion ayant pris son essor lors du premier choc pétrolier de 1973, venue sonner le glas des Trente Glorieuses. Les discours tenus semblent étonnamment contemporains…

Après le choc pétrolier, la croissance au banc des accusés

Photo - Avril 1974 : station essence reconvertie en centre prosélyte du ’réveil religieux’, à Potlatch (État de Washington). Crédits : Wikipédia / Domaine public

À partir de la crise de 1973, la croissance commence à avoir mauvaise presse, au grand dam des technocrates… En 1974, certains pointent déjà d’un doigt accusateur la production industrielle, la croissance frénétique des biens matériels. Comme l’économiste Louis Puiseux, auteur de L’Energie et le désarroi post-industriel (1974), dans cette émission :

« Le reste de la croissance qui est par exemple la croissance du tertiaire, la croissance des services, la croissance des choses immatérielles… le nombre d’émissions de radio, de télévision, la consommation artistique, etc. peut se poursuivre indéfiniment, ne pollue pas, ne pèse pas, ne consomme pas, et est assez inoffensive. Ce qui est en question, c’est la croissance de l’artillerie lourde que représentent les biens matériels, et par exemple, les automobiles, les avions, tous les gros machins quoi. […] Il est évident que quand on part d’un niveau de vie très bas, d’un très grand dénuement, les premiers biens matériels qu’on acquiert ont une utilité considérable : la première paire de chaussures, pour quelqu’un qui est toujours allé pieds nus, la première pompe électrique, pour quelqu’un qui a toujours été obligé d’aller chercher de l’eau avec un seau, sont des choses d’une utilité énorme. En revanche, à partir d’un certain niveau d’équipement, quand on se met à avoir cinquante paires de chaussures, la cinquante-et-unième ne sert vraiment pas à grand-chose ! Quand on a déjà une voiture dans une famille, la deuxième voiture a une utilité beaucoup plus faible. […] De ce point de vue-là, la critique d’Ivan Illich est très forte, consistant à montrer qu’à partir d’un certain niveau, la croissance se dévore elle-même, devient comme Prométhée qui deviendrait son propre vautour et se dévorerait lui-même le foie. » Louis Puiseux

Ré-adopter une forme de civilisation primitive ? Trop tard.

Photo - Robinson Crusoé, illustration de 1920

Balayer d’un mouvement de manche les Trente Glorieuses ? Voire, revenir en arrière et adopter une forme de civilisation primitive ? Trop tard déjà pour le biologiste et naturaliste Jean Dorst, désireux de changer le rapport de l’homme avec la nature. Ce qui est à la portée d’un individu qui peut s’il le souhaite se retirer dans une île déserte sur le Pacifique, n’est plus à la portée de nos sociétés.

« Une société aussi complexe, aussi nombreuse que notre société industrielle ne peut plus revenir en arrière. Il faudra bien que nous trouvions une autre solution. La croissance est devenue une fin en soi. Et c’est là où déjà est l’erreur. Très souvent nos civilisations ont l’air d’être dans une sorte de fuite en avant. On ne se rend pas compte qu’on complique les problèmes en les projetant dans l’avenir et en leur donnant simplement une échelle totalement différente ». Jean Dorst

Et le biologiste de dénoncer les courbes de production, exponentielles. Les ’plans d’accroissement de 5 à 8% par an’ dans certains pays… : ’Je peux vous dire en tant que biologiste que toutes les courbes exponentielles que nous observons dans le monde végétal et dans le monde animal parmi les êtres vivants, finissent toujours extrêmement mal.

Casser la courbe exponentielle de croissance : pas plus de solution il y a 40 ans qu’aujourd’hui

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Taux de croissance annuel du PIB (1950-2010) et taux de croissance annuel moyen pour trois périodes, dont les Trente Glorieuse. D’après des données de l’INSEE.• Crédits : Wikipédia/ CC BY-SA 3.0

Dans cette archive de 1974, Jean Dorst se voulait quand même optimiste, soulignant le fait que l’homme, à l’inverse de l’animal, était suffisamment intelligent pour faire des courbes et anticiper. Il disait son espoir d’une solution politique et d’une prise de conscience individuelle. Mais concernant la question de la suffisance des ressources naturelles de la Terre, si la courbe de croissance était maintenue, sa réponse était sans appel :

« Je peux répondre carrément non. Nous vivons dans un univers qui est fermé, qui est limité, qui a des limites extrêmement précises. Or, nous ne pouvons pas inscrire une courbe mathématique qui est une courbe exponentielle, dans une enveloppe qui est finie. Nous ne pouvons pas concevoir qu’il y a à la surface du globe suffisamment de matière première, suffisamment d’énergie, pour permettre cette fuite en avant. […] Dans un certain nombre de domaines, nous avons déjà atteint ces limites. Nous les avons dépassées sur des points précis, dans des régions précises, mais il reste encore une certaine marge. Ça doit nous inciter à un certain optimisme, en nous disant : ‘Nous avons encore le temps, avant que la catastrophe, ce qu’on a appelé une éco-catastrophe, survienne’. Mais d’un autre côté, c’est aussi inquiétant, parce qu’on se dit : ‘Nous avons encore le temps, nous allons remettre la solution du problème à demain’ […] or ce danger est quand même proche ». Jean Dorst

Et de prendre l’exemple de la crise du pétrole, soulignant que le monde avait été alerté par les géologues… “mais ça ne nous a pas empêchés d’avoir de plus en plus de voitures, des voitures de plus en plus puissantes, et de reconvertir aussi bien notre industrie et notre chauffage domestique à des produits pétroliers.’

Un appel à lutter contre la pauvreté intellectuelle individuelle pour favoriser une prise de conscience globale

Reproduction - Une publicité automobile, en 1974

Enfin, à la fin de cette archive, François Ramade, professeur émérite d’écologie, appelait à une croissance non plus quantitative, mais qualitative, développant les techniques les moins consommatrices d’espace et de ressources : ’Je pense par exemple à certains aspects de l’informatique qui représentent un progrès spirituel somme toute.

Mais il allait plus loin, criant haro sur le manque d’intelligence de ses semblables, qu’il estimait (déjà, en 1974 !) conditionnés par les médias.

« Je pense aussi qu’il faut donner à l’ensemble de l’humanité un niveau culturel qui n’est pas celui d’aujourd’hui. Car quand je vois dans le pays où nous vivons la pauvreté, sinon l’indigence intellectuelle du plus grand nombre, et cela de façon volontaire peut-être parfois, car il y a une presse qui paraît de nos jours qui semble être destinée de façon délibérée au conditionnement psychologique de l’individu. Je crois que de ce côté-là il y a fort à faire, et qu’au lieu de raser toutes nos forêts pour faire du papier qui sert à imprimer des prospectus publicitaires, je pense qu’il serait préférable de limiter notre consommation de papier et de faire une croissance qualitative de la pensée et de la culture. […] Il est probable que l’homme, s’il continue sur la tendance actuelle, en aurait pour deux siècles avant d’arriver à une crise finale de ressources et une intoxication du milieu. » François Ramade

Les risques d’une guerre thermo-nucléaire - Photo - Champignon atomique

Les conflits liés à l’exploitation de ressources naturelles datent de Mathusalem. En 1974, les risques politiques étant exacerbés par la crise de 1973, le scénario du pire était déjà envisagé. François Ramade estimait même qu’il était bien plus probable qu’il intervienne, avant l’éco-catastrophe elle-même.

« Bien avant qu’on arrive à ce stade, il est probable que les conflits qui naîtront de la différence des systèmes politiques du monde et des besoins croissants sur les ressources, pourraient conduire tout simplement à une guerre thermo-nucléaire, et c’est je crois actuellement la plus grande menace qui pèse sur l’humanité. (…) En tant que scientifique je trouve vraiment pitoyable que les pays les plus développés en viennent actuellement à consacrer des sommes fantastiques à l’obtention d’armements de plus en plus perfectionnés, et en même temps ces pays-là ne consacrent pas à la recherche les fonds qui seraient indispensables pour résoudre les dilemmes du monde moderne. » François Ramade

Difficile d’entrapercevoir ne serait-ce qu’un début de solution à ce problème d’ampleur mondiale, en 1974… En fin d’émission, le philosophe et sociologue Edgar Morin soulignait tout le paradoxe de l’inextricable situation, revenant à l’instant T où la machine ’croissance économique’ s’était emballée, à la fin de la Seconde Guerre mondiale…

« Nos sociétés, singulièrement depuis la fin de la guerre, en se fondant sur la croissance économique, en réalité avaient conçu celle-ci comme un moyen de régulation de problèmes et de crises qui auraient éclaté sans la croissance. Ainsi par exemple, le problème de l’inflation, de la monnaie, du niveau de vie, étaient régulés par la croissance. […] Or on a fondé la régulation […] sur l’élément le plus déséquilibrant qui soit c’est-à-dire le dynamisme qui est le contraire de la régulation : une croissance exponentielle, la chose qui évidemment tend vers l’infini et vers l’explosion. » Edgar Morin

Nature d’ici et d’ailleurs - Nature et protection animale - Overblog

Source : http://natureiciailleurs.over-blog.com/2019/08/la-croissance-exponentielle-tend-vers-l-explosion.html

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13.
Coronavirus : Le monde d’après, selon Edgar Morin Publié le 18 Avril, 2020 - 17:41 – Diffusé par ‘espacemanager.com’ – Référence : Le Monde dimanche 19-lundi 20 Avril pages 28-29.

Photo d’Edgar Morin, en 2011. Source

Né en 1921, ancien résistant, sociologue et philosophe, penseur transdisciplinaire et indiscipliné, docteur honoris causa de trente-quatre universités à travers le monde, Edgar Morin se livre, dans une grande interview publiée dans le Monde de dimanche-lundi 19 et 20 Avril 2020, à quelques réflexions et analyse une crise globale qui le « stimule énormément ».

Pour lui, « l’après épidémie sera une aventure incertaine où se développeront les forces du pire et celles du meilleur, ces dernières étant encore faibles et dispersées. Sachons enfin que le pire n’est pas sûr, que l’improbable peut advenir, et que, dans le titanesque et inextinguible combat entre les ennemis inséparables que sont Eros et Thanatos, il est sain et tonique de prendre le parti d’Eros ».

Nous avons choisi pour vous son analyse de cette déflagration mondiale, une crise multidimensionnelle, et comment sera le monde d’après, selon lui.

Quels sont les contours de cette déflagration mondiale ?

En tant que crise planétaire, elle met en relief la communauté de destin de tous les humains en lien inséparable avec le destin bio­écologique de la planète Terre ; elle met simultanément en intensité la crise de l’humanité qui n’arrive pas à se constituer en humanité. En tant que crise économique, elle secoue tous les dogmes gouvernant l’économie et elle menace de s’aggraver en chaos et pénuries dans notre avenir. En tant que crise nationale, elle révèle les carences d’une politique ayant favorisé le capital au détriment du travail, et sacrifié prévention et précaution pour accroître la rentabilité et la compétitivité. En tant que crise sociale, elle met en lumière crue les inégalités entre ceux qui vivent dans de petits logements peuplés d’enfants et parents, et ceux qui ont pu fuir pour leur résidence secondaire au vert.

En tant que crise civilisationnelle, elle nous pousse à percevoir les carences en solidarité et l’intoxication consumériste qu’a développées notre civilisation, et nous demande de réfléchir pour une politique de civilisation (Une politique de civilisation, avec Sami Naïr, Arléa 1997). En tant que crise intellectuelle, elle devrait nous révéler l’énorme trou noir dans notre intelligence, qui nous rend invisibles les évidentes complexités du réel.

En tant que crise existentielle, elle nous pousse à nous interroger sur notre mode de vie, sur nos vrais besoins, nos vraies aspirations masquées dans les aliénations de la vie quotidienne, faire la différence entre le divertissement pascalien qui nous détourne de nos vérités et le bonheur que nous trouvons à la lecture, l’écoute ou la vision des chefs-d’œuvre qui nous font regarder en face notre destin humain. Et surtout, elle devrait ouvrir nos esprits depuis longtemps confinés sur l’immédiat, le secondaire et le frivole, sur l’essentiel : l’amour et l’amitié pour notre épanouissement individuel, la communauté et la solidarité de nos « je » dans des « nous », le destin de l’Humanité dont chacun de nous est une particule. En somme, le confinement physique devrait favoriser le déconfinement des esprits.

Que sera, selon vous, ce que l’on appelle « le monde d’après » ?

Tout d’abord que garderons-­nous, nous citoyens, que garderont les pouvoirs publics de l’expérience du confinement ? Une partie seulement ? Tout sera-t-­il oublié, chloroformé ou folklorisé ? Ce qui semble très probable est que la propagation du numérique, amplifiée par le confinement (télétravail, téléconférences, Skype, usages intensifs d’Internet), continuera avec ses aspects à la fois négatifs et positifs qu’il n’est pas du propos de cette interview d’exposer. Venons-en à l’essentiel.

La sortie du confinement sera­-t-­elle commencement de sortie de la méga crise ou son aggravation ? Boom ou dépression ? Enorme crise économique ? Crise alimentaire mondiale ? Poursuite de la mondialisation ou repli autarcique ? Quel sera l’avenir de la mondialisation ? Le néolibéralisme ébranlé reprendra­-t-­il les commandes ? Les nations géantes s’opposeront­-elles plus que par le passé ? Les conflits armés, plus ou moins atténués par la crise, s’exaspéreront­ ils ? Y aura­-t-­il un élan international salvateur de coopération ? Y aura-­t-­il quelque progrès politique, économique, social, comme il y en eut peu après la seconde guerre mondiale ? Est-ce que se prolongera et s’intensifiera le réveil de solidarité provoqué pendant le confinement ? Les pratiques solidaires innombrables et dispersées d’avant épidémie s’en trouveront elles amplifiées ? Les ‘déconfinés’ reprendront ils le cycle chronométré, accéléré, égoïste, consumériste ? Ou bien y aura-­t-­il un nouvel essor de vie conviviale et aimante vers une civilisation où se déploie la poésie de la vie, où le « je » s’épanouit dans un « nous » ? On ne peut savoir si, après confinement, les conduites et idées novatrices vont prendre leur essor, voire révolutionner politique et économie, ou si l’ordre ébranlé se rétablira.

Nous pouvons craindre fortement la régression généralisée qui s’effectuait déjà au cours des vingt premières années de ce siècle (crise de la démocratie, corruption et démagogie triomphantes, régimes néo-­autoritaires, poussées nationalistes, xénophobes, racistes).

Toutes ces régressions (et au mieux stagnations) sont probables tant que n’apparaîtra la nouvelle voie politique­, écologique, ­économique, ­sociale guidée par un humanisme régénéré. Celle-ci multiplierait les vraies réformes, qui ne sont pas des réductions budgétaires, mais qui sont des réformes de civilisation, de société, liées à des réformes de vie. Elle associerait (comme je l’ai indiqué dans La Voie) les termes contradictoires : « mondialisation » (pour tout ce qui est coopération) et « ‘démondialisation’ » (pour établir une autonomie vivrière sanitaire et sauver les territoires de la désertification) ; « croissance » (de l’économie des besoins essentiels, du durable, de l’agriculture fermière ou bio) et « décroissance » (de l’économie du frivole, de l’illusoire, du jetable) ; « développement » (de tout ce qui produit bien­être, santé, liberté) et « enveloppement » (dans les solidarités communautaires)….

interviews Edgar Morin le Monde

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14.
Edgar Morin : « Cette crise nous pousse à nous interroger sur notre mode de vie, sur nos vrais besoins masqués dans les aliénations du quotidien » - 19 avril 2020 -

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Dans un entretien au « Monde », le sociologue et philosophe estime que la course à la rentabilité comme les carences dans notre mode de pensée sont responsables d’innombrables désastres humains causés par la pandémie de Covid-19. LIRE ICI OU LÀ pdf

http://www.pileface.com/sollers/IMG/gif/picto_pdf_min.gif>>> http://www.pileface.com/sollers/pdf/Edgar%20Morin%20avril%202020.pdf

Source : http://www.pileface.com/sollers/spip.php?breve4868#section_messages

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15.
Jean Gadrey - ’ Le virus comme détonateur d’une crise économique et financière qui couvait’ 17 avril 2020 – Document ‘https://labriqueinter.net/’ - Caricature

Jean Gadrey est économiste et ancien professeur honoraire d’économie à l’Université Lille 1. Très critique envers la théorie néo-classique et la doxa néoliberale dominante, Jean Gadrey se consacre depuis quelques années à des recherches sur les indicateurs de richesse et les limites de la croissance économique. Il est membre d’Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne), et collabore régulièrement avec le journal Alternatives Economiques dans lequel il tient un blog mais aussi avec Le Monde et Politis... C’est au tour de La Brique : Interview.

La Brique : Est-il légitime de se soucier de la santé économique dans le contexte de cette pandémie mondiale ?

L’enjeu principal de la période est sanitaire et social : limiter les dommages humains, en particulier pour les plus fragiles et pour les catégories sociales les moins bien dotées en ressources matérielles et culturelles. À cet égard, l’obsession manifeste du gouvernement et du Président, qui est de tout faire pour que l’économie rebondisse le plus vite possible « comme avant », relève de la mise en danger de la vie d’autrui en envoyant au casse-pipe (au travail) des millions de salarié.es dans des secteurs qui n’ont rien de vital alors même que la consigne sanitaire est « restez chez vous ! ». L’économie, chez ces gens-là, prend le pas sur la vie. C’est ce même mépris pour la vie qui a conduit, depuis des années, à imposer l’austérité à l’hôpital public.

Mais cette obsession de la « reprise » est également stupide sur le plan économique, car toutes ces personnes envoyées au front de la production lorsque cela n’est pas essentiel vont amplifier la contagion épidémique, faire durer la crise sanitaire, ce qui plombera plus longtemps l’activité économique, comme c’est le cas en Italie, et comme cela commence aux États-Unis.

L.B : Quel est le rôle de la Bourse et des marchés financiers dans cette crise ?

La crise actuelle n’est pas du tout la répétition de celle de 2008. Cette dernière, ou « crise des subprimes », avait vu un krach boursier et des défaillances bancaires entraîner dans leur sillage l’économie réelle. C’est aujourd’hui l’inverse, et c’est bien plus grave sur le plan du chômage et des faillites d’entreprises. Le confinement, même s’il est loin d’être total, fait chuter à la fois l’offre (la production de nombreux secteurs) et la demande (des ménages et des entreprises). Les spéculateurs en Bourse, détenteurs en particulier d’actions, anticipant de très mauvais résultats (profits) des entreprises cotées, vendent alors massivement et la Bourse plonge. Elle plonge de façon chaotique comme d’habitude, car même dans ces situations, certains jouent par moments à la hausse, mais en tendance elle plonge et ce n’est pas fini, vu que la dépression est devant nous et risque de durer.

L.B : Mais finalement, la Bourse n’est-elle pas nuisible ? Ne pourrait-on pas la fermer sans dommage ?

On pourrait répondre que c’est le capitalisme qui est nuisible ! La Bourse est présentée comme une organisation permettant à de grandes entreprises de trouver des financements pour investir, les financeurs étant alors les actionnaires. Or cela fait longtemps qu’elle n’est plus au service de l’investissement1 et qu’elle est essentiellement une sorte de casino de spéculateurs parmi lesquels les plus importants sont des fonds d’investissement et de pension et de grandes banques. Ce sont eux les « marchés financiers ». On pourrait fort bien se passer de la Bourse si les banques étaient publiques ou socialisées (ce qu’elles ont été dans le passé), et si les entreprises pratiquaient surtout l’autofinancement complété à la marge par des crédits bancaires attribués selon des critères démocratiquement décidés. On se passe fort bien de la Bourse quand les entreprises sont détenues par les salarié.es ! Un autre grand avantage de l’absence de la Bourse serait que les entreprises seraient beaucoup moins incitées à grossir en « levant des fonds sur les marchés » et qu’on pourrait en finir avec ces monstres économiques et financiers échappant à tout contrôle démocratique, au bénéfice de PME relocalisées.

L.B : Quelle pourrait être l’ampleur de cette crise économique ?

Il est possible qu’une grave crise financière vienne à son tour percuter une économie déjà mise à mal par le virus et surtout par sa gestion sanitaire désastreuse. On retrouverait alors des enchaînements qui ont déjà joué pour les crises financières précédentes. Le krach boursier actuel est déjà sérieux : une chute d’environ 30 % de la valeur moyenne des actions par rapport au 13 février dernier. Il deviendra krach de la finance si on assiste à des faillites de banques dites systémiques ou de grands fonds de placement, comme cela fut le cas avec Lehman Brothers en septembre 2008.

L.B : Cela va-t-il se produire dans les semaines ou mois à venir ?

Ce sera le cas si la crise sanitaire produit, surtout aux États-Unis où elle est gérée de façon encore plus désastreuse que chez nous, des effets économiques graves et prolongés, un chômage de masse (certaines sources officielles américaines envisagent un taux de 30 % cette année), des défaillances de certains secteurs déjà très endettés pouvant entraîner dans leur chute les banques ou les fonds qui les ont financés. Un exemple est le secteur de l’extraction des gaz et pétroles de schiste, frappé de plein fouet par le plongeon des cours du pétrole, où les dépôts de bilan se multiplient. Un autre exemple est le système américain des retraites, largement financées via les fonds de pension. Selon John R. MacArthur, rédacteur en chef du Harper’s Magazine, « c’est là où se trouve le pire de la crise qui vient ».

L.B : Les banques centrales, en particulier la Fed et la BCE, peuvent-elles sauver les organismes financiers en grande difficulté comme elles l’ont fait à partir de 2009 ?

Si elles font comme pendant toute la période de 2009 à 2019, c’est-à-dire en prêtant massivement aux banques sans exiger de contrepartie (le « quantitative easing ») cela aura plus d’effets pervers que de bénéfices sur l’économie réelle, et cela aura des impacts désastreux sur le climat et la biodiversité vu que pour l’instant le système bancaire continue à investir massivement dans les énergies fossiles et dans bien d’autres productions qui entravent la nécessaire reconversion écologique de l’économie.

Caricature

L.B : Faut-il dans ces conditions un plan de soutien à l’économie ?

Oui, mais pas « comme avant ». L’urgence absolue est un plan de soutien aux hôpitaux, au système de santé, mais aussi aux revenus des salarié.es et indépendants en situation de confinement, et enfin aux PME à l’arrêt ou en activité réduite. Or ce qui a été décidé est lamentable aussi bien pour la santé que pour l’accès au chômage contraint et pour les PME. Le montant apparemment énorme de 300 milliards d’euros de garanties publiques en France pour faciliter des emprunts d’entreprises n’est pas ce qu’il faut faire quand la plupart d’entre elles ont avant tout besoin de « cash » (et non d’emprunts à rembourser plus tard) pour combler des trésoreries qui fondent. Il est temps de payer sans condition les gens empêchés de travailler dans la sphère économique pendant les semaines à venir, et d’aider les entreprises non vitales à ne rien produire, pour préserver des vies par milliers et même pour raccourcir la période de crise sanitaire et donc de récession économique. C’est parfaitement hétérodoxe mais parfaitement possible. Après tout, les 350 milliards d’euros de dividendes qui devraient être versés en Europe au titre de 2019 (et dont j’espère qu’on interdira de les verser) consistent bien à payer les gens à ne rien faire !

L.B : Pourquoi pour l’instant ce refus de payer les gens et de renflouer en cash les trésoreries des PME en risque de faillite ?

En raison de la persistance de l’idéologie considérant que la dette publique est un péché. Il est clair que s’il fallait 240 milliards d’euros (10 % du PIB) ou 360 milliards (15 % du PIB) d’argent public distribué « gratuitement » pour éviter une réédition de la crise de 1929, cela ferait monter la dette publique de 100% du PIB à 110 % ou 115 %. Et alors ? Cela fait dix ans que le Japon a dépassé les 200 %. Il approche les 250 % et il n’en est pas mort. Et puis, pour compenser ce surcroît de dépenses publiques de crise, il y a toujours des solutions dont les néolibéraux ont horreur : imposer les revenus et les patrimoines des très riches et s’en prendre vraiment à l’évasion fiscale et aux « niches pour riches ». J’ai estimé pour ma part à 300 milliards d’euros par an le coût pour les finances publiques de « l’assistance aux riches » !

L.B : Il ne faut pas « rebondir » mais reconstruire ?

Oui. Faire repartir l’économie comme avant est l’obsession de nos dirigeants. Ce serait la pire des choses. D’abord, personne ne sait combien de temps il faudra pour venir à bout, dans le monde, de cette maladie virale qui va toucher tous les pays de façon décalée dans le temps, qui va amener la plupart des États à exiger un confinement plus ou moins radical, ce qui conduira à des récessions en chaîne. Personne ne sait si des traitements efficaces, et plus tard des vaccins, seront disponibles ni dans quels délais. Quand bien même les pays d’Asie orientale et d’Europe en viendraient à bout d’ici deux mois, des « répliques » sont possibles. Et les perspectives aux États-Unis, au Brésil, en Inde et en Afrique sont très inquiétantes.

Faire repartir l’économie « comme avant » serait suicidaire car alors d’autres pandémies du même type, peut-être plus meurtrières, auraient de fortes chances de se produire, sans parler du réchauffement climatique qui constitue une menace autrement plus grave. Les mêmes causes – la mondialisation néolibérale et financière – auraient les mêmes conséquences. En effet, on sait maintenant que l’origine et l’expansion mondiale des virus dangereux ont beaucoup à voir avec la façon dont les humains ont exploité et détruit la nature et notamment les animaux et leurs milieux de vie. Mais elles ont aussi beaucoup à voir avec la mondialisation des « chaînes de production », avec l’expansion du transport aérien (un « gros porteur » de virus), ainsi qu’avec le réchauffement climatique. Quant aux dommages humains et aux morts, ils dépendent aussi de la qualité des systèmes de santé, malmenés par deux à trois décennies de sacrifice des biens publics et des biens communs sur l’autel des profits privés.

C’est tout un modèle néolibéral d’économie et de société de croissance et d’exploitation mondialisée de la nature et des humains qui tue, pas seulement le virus. Il ne faut donc surtout pas vouloir faire repartir l’économie comme avant. Une période de remise en question est ouverte et il faut espérer qu’elle sera mise à profit. Je dirais même que ce « monde d’après », c’est aujourd’hui qu’il faut en débattre et le concrétiser si l’on veut éviter le pire. Comme l’exprime très bien un slogan qui circule sur les réseaux sociaux, « nous ne voulons pas revenir à la normale parce que la normale était le problème ».

Retrouvez ici le Blog de Jean Gadrey : https://blogs.alternatives-economiques.fr/gadrey

1 voir cet entretien avec Michel Husson ainsi que cet article de Frédéric Lordon « Et si on fermait la Bourse…  »

La Brique Internet

Install Party + Brique Internet - Monnaie Libre Occitanie

Source : https://labrique.net/index.php/39-antispecisme/1143-jean-gadrey-le-virus-comme-detonateur-d-une-crise-economique-et-financiere-qui-couvait

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16.
Le trilemme du déconfinement, ou comment résoudre un problème insoluble Publié le 12 avril 2020 - Olivier Sibony Follow – Diffusé par ‘linkedin.com’

Système de santé, économie, libertés individuelles : nous pouvons en garder deux, pas trois. Que sacrifie-t-on ?

Dans un précédent post, «  le déconfinement n’aura pas lieu  »,https://www.linkedin.com/pulse/le-d...je me suis efforcé d’attirer l’attention sur une dure mais simple réalité : si on revient au « monde d’avant », le coronavirus aura forcément raison de tous les obstacles que nous lui opposerons (du moins, bien sûr, tant qu’on n’aura ni traitement ni vaccin). Pour résumer : la capacité en réanimation sera saturée en un mois ou en deux… mais elle sera forcément saturée très vite. La contagion est exponentielle, même si les gestes barrière et les masques la ralentissent ; la croissance des moyens, elle, est linéaire.

Depuis un mois, « toute notre énergie, toute notre force, doivent se concentrer sur un seul objectif : ralentir la progression du virus », comme l’a expliqué Emmanuel Macron le 16 mars 2020. En d’autres termes, le « but de guerre » que nous avons choisi, c’est de sauver le plus possible de vies et de préserver à tout prix notre système de santé. Ce « système de santé » dont nous sommes justement fiers, ce n’est pas seulement la capacité humaine et matérielle de nos hôpitaux : c’est la confiance que nous avons dans ce système, et dans le fait que toute personne y reçoit les soins que son état nécessite, en prenant en compte individuellement son âge et son état de santé, mais sans rationnement dicté par la pénurie.

Ce choix était le seul possible, mais à une priorité absolue, nous en avons sacrifié deux autres. Pour éviter toute ambiguïté, je pense que ce choix était le bon, et même le seul possible, et qu’il le restera pour encore plusieurs semaines. Tous nos voisins ont fait de même, à l’exception inexplicable et pour moi totalement mystérieuse de la Suède. Ce post concerne la suite : comment en sortir.

Car, à cette priorité absolue, nous en avons sacrifié deux autres. D’une part, nos libertés fondamentales, comme celles de se réunir, de voter, et simplement d’aller et venir – libertés abolies en quelques heures par un décret, puis par une loi d’urgence. D’autre part, bien sûr, notre économie, que nous avons plongée dans un coma artificiel au coût exorbitant.

Le moment est donc venu de repenser l’arbitrage entre ces trois priorités – santé, libertés, économie. C’est un cas de « trilemme » : on peut tenter d’en concilier deux, ce qui serait déjà mieux que la situation présente. Mais on ne peut pas avoir les trois en entier.


J’essaie donc ici de considérer le problème sous tous ses angles, ou plutôt sous tous les côtés du triangle dans le schéma ci-dessous. Je simplifie forcément (puisque bien sûr on peut, et on doit, combiner des éléments des différentes approches) : il s’agit mettre en évidence les choix qui se présentent à nous, et le fait qu’il n’y a hélas pas de solution parfaite.

Côté 1 : les libertés et l’économie, et tant pis pour les faibles

La première piste, c’est le virage à 180°, que certains recommandent au nom d’une sorte de darwinisme de bistrot : rouvrons l’économie, retrouvons toutes nos libertés, et tant pis s’il y a des morts : c’est la vie ! Après tout, lit-on ici ou là (je vous suggère par exemple les réponses à mon précédent post), on ne faisait pas tant de chichis en 1957 ou en 1968, quand la grippe faisait un million de morts. Tous ces vieux dans les Ehpad, ne seraient-ils pas morts bientôt de toutes façons ? Et d’ailleurs, pourquoi parle-t-on tant du Covid et si peu du cancer, des maladies cardio-vasculaires, ou même de la pollution atmosphérique, plus mortelle ? Assez de sensiblerie, nous disent donc ces courageux chefs de guerre, et au boulot. C’est l’option « abandon des plus faibles ».

Même en laissant l’éthique de côté, c’est simpliste.

Même en laissant de côté l’aspect éthique de la discussion (et personnellement je ne m’y résous pas), le raisonnement est hélas simpliste. Si on laisse l’épidémie suivre son cours jusqu’à atteindre « l’immunité de groupe » à environ 60% de la population, 36 millions de Français souffriront du Covid, dont des millions en même temps. Dans une situation où les services d’urgence, de soins intensifs et de réanimation seraient saturés, la mortalité pour ces 36 millions de personnes serait bien supérieure à celle qu’on observe aujourd’hui. De combien ? Personne ne le sait, mais même 1%, ce seraient 360.000 morts ; 2%, 720.000 morts en France...

Illustration - Dans ces conditions, on ne peut plus dire que ce ne seraient « que » des vieillards, des malades, des obèses, etc... Rappelons un fait têtu : même si les morts du Covid sont en très grande majorité des personnes âgées, la moitié des patients en réanimation aujourd’hui ont moins de 65 ans.Ce n’est pas tout : il faudrait ajouter à ce carnage les morts « indirects », puisque quand tous les hôpitaux sont saturés, on meurt à coup sûr d’un infarctus, ou de l’appendicite.

Tout ceci suggère une faille importante dans le raisonnement viril de ceux qui proposent de « laisser filer » l’épidémie : alors que beaucoup de Français sont déjà tétanisés par la peur de la contagion, on peine à imaginer qu’ils aillent placidement reprendre le travail s’ils craignaient, à juste raison, de ne pas pouvoir être décemment soignés dans l’hypothèse où ils en auraient besoin.

On objectera que ce calcul macabre est un scénario pessimiste. Peut-être. Le pire n’est jamais certain, et on peut avoir de bonnes surprises dans tous les domaines. Mais une politique publique doit forcément prendre en compte le scénario extrême (tail risk). Celui-ci est loin d’être impossible : c’est bien pour cela que nous avons pris des mesures de précaution sans précédent.

Voie 2 : la santé et la liberté, et tant pis pour l’économie

Passons à la deuxième option : continuer à préserver le système de santé, ne pas transiger sur nos libertés individuelles, et attendre le temps nécessaire, sans souci de l’économie. L’Etat, qui a miraculeusement trouvé des ressources pour financer un plan d’urgence sans précédent, indemnise 8 millions de salariés au chômage partiel, et aucun d’eux, en France, ne meurt de faim ! Pas d’urgence, donc, sous réserve de faire payer, au choix : les riches en taxant le capital, les entreprisesen augmentant l’IS, les Allemands et les Hollandais à qui on demandera de signer des « coronabonds », les créanciers en répudiant les dettes des Etats ou celles de la BCE, les banques en taxant les transactions financières, etc. Et si l’économie doit en ressortir « allégée » de quelques points de PIB, après tout, cette remise en cause de l’ordre néolibéral mondialisé sera bonne pour la planète.

Là non plus, ces idées ne suffisent pas. Bien sûr, il va falloir financer des plans de soutien dont les montants donnent le vertige. Mais le problème urgent, ce n’est pas de payer : c’est la paralysie de l’offre et de la demande. C’est l’idée économique la plus élémentaire qui soit : les dépenses de l’un sont les revenus de l’autre, qui les dépense à son tour chez le troisième, etc. Quand plus personne ne consomme, ne produit, ni n’investit, il n’y a plus d’économie qui tienne.

Surtout, l’économie, ce n’est pas qu’une question d’argent !

Ensuite et surtout, l’économie, ce n’est pas seulement de l’argent ! Une économie arrêtée par le confinement, c’est aussi un monde sans enseignement, sans culture, sans rencontres, sans espoir de mobilité sociale. C’est l’aggravation d’innombrables problèmes de santé, notamment mentale. Et des millions de chômeurs en plus, même indemnisés, c’est une somme indicible de malheurs humains. Ce n’est pas parce qu’on émettra des coronabonds que le problème disparaîtra.

Voie 2 bis : la santé et une partie de l’économie seulement… mais laquelle ?

On peut, bien sûr, tenter de tourner le dos à l’économie dans une version plus « light », en redémarrant sélectivement certaines activités au rapport bénéfice-risque moins défavorable. Il est même très probable que ce type de différenciation fera partie de l’arsenal de sortie de crise.

Hélas, sa mise en œuvre n’est pas simple. D’abord, certains secteurs essentiels (comme l’enseignement) ou fortement créateurs d’emploi (comme la restauration ou les services à la personne) sont aussi ceux qui se prêtent le moins à la distanciation sociale.

Pourquoi les écoles et pas les stades ? Pourquoi votre entreprise et pas la mienne ?

Mais surtout, qui décidera, et comment ? Il n’y a pas de consensus scientifique sur les secteurs les plus risqués en termes de contagion ; il y a encore moins de consensus sociétal sur la « valeur » de chaque activité. On le voit déjà dans les exceptions au confinement total : pourquoi interdit-on les librairies en autorisant les cavistes ? Comment refuser, demain, qu’on organise des matches de football et des spectacles, si l’on rouvre les écoles ? Comment justifiera-t-on qu’une usine très automatisée fonctionne, alors qu’une autre, qui emploie plus de personnel, en sera empêchée ? Nos bureaucrates, on peut en être certain, ne manqueront pas de créativité… mais susciteront forcément l’incompréhension, la jalousie, et au bout du compte la résistance. 

Voie 3 : la santé et l’économie… au prix de quelles libertés ?

Reste la troisième voie : remettre en marche l’économie tout en préservant le système de santé, en triant la population entre ceux qui sont confinés et ceux qui ne le sont pas. Il faut pour cela un critère de sélection entre les confinés et les libérés. Et là, on arrive vite à de douloureux compromis sur les libertés individuelles.

Voie 3a : Passeport immunitaire

Le premier critère possible est un fantasme auquel on peut tordre le cou tout de suite : la sélection sur la base d’un « passeport immunitaire », brièvement envisagée par certains pays. L’idée, ici, serait de distinguer les personnes guéries, donc présumées immunisées, pour leur permettre de reprendre une activité normale. Mais outre le fait que personne ne sait combien de temps dure l’immunité en question, ce dispositif n’estpas techniquement réaliste.

Photo - Même s’il l’était, il ne résoudrait qu’une partie infime du problème : bien qu’on n’y voie pas très clair, le pourcentage de la population touché par le virus semble encore assez faible. Le village de Vo, en Italie, avait testé toute sa population et trouvé 3% de cas de Covid. La petite ville de Gangelt, en Allemagne, a été durement touchée par le virus, un cluster de cas s’étant formé lors de son carnaval. Elle a, depuis, testé un large échantillon de sa population. Résultat : 14% de positifs ; mais à l’échelle d’un pays, on est forcément très en-deçà de ce chiffre. En France, les estimations tournent autour de 2 millions de personnes infectées, soit 3% de la population (et, grâce au confinement, le chiffre doit être stabilisé). D’autres estimations, plus indirectes donc plus fragiles, suggèrent que le taux pourrait être nettement plus élevé. Mais même si c’est cinq fois plus, on ne peut pas remettre une économie en marche avec 15% de ses effectifs.

Voie 3b : Sélection par le risque (et notamment par l’âge)

Illustration - Le deuxième critère possible, et apparemment raisonnable, est un tri par classe d’âge, ou par risque de santé. Une piste à l’étude serait par exemple de prolonger le confinement des personnes de plus de 70 ans, qui sont les plus vulnérables. L’impact économique serait minime.

Mais, si c’est une chose de recommander aux personnes à risque de s’appliquer à elles-mêmes des mesures de grande prudence, c’en est une autre de les assigner à résidence sur des critères d’âge (qui plus est, sans horizon de temps défini.) Le défenseur des droits a jugé récemment qu’il était illégal d’interdire aux enfants l’accès aux supermarchés ; on voit mal pourquoi il serait acceptable d’interdire aux personnes âgées de sortir de chez elles...

En outre, même si cette mesure d’âge était politiquement acceptable et respectée, il n’est pas du tout certain qu’elle suffise à prévenir la saturation du système de santé. Encore une fois, la moitié des patients en réanimation sont « jeunes » ; et réduire de moitié le nombre de patients en réanimation ne fait gagner que quelque jours si l’épidémie continue de se développer à un rythme soutenu.

Voie 3c : « Track & Trace », ou ‘Big Brother’ contre le Covid

La troisième solution, c’est de distinguer les personnes à risque sur la base de leur exposition, et ainsi de contrôler les foyers d’épidémie quand ils peuvent encore l’être. C’est la seule mesure qui prend à la racine la croissance exponentielle : livré à lui-même, le moindre départ de feu devient un incendie incontrôlable ; il faut donc l’étouffer dans l’œuf.

Evidemment, cette solution est la moins compatible avec l’idée que nous nous faisions, encore récemment, de nos libertés individuelles. Le problème est d’abord pratique : identifier les porteurs potentiels du virus. Ce qui suppose, d’abord, assez de tests, je n’y reviens pas. Mais ensuite, l’identification des personnes qui ont été exposées à une personne contaminée, et qui sont donc elles-mêmes à risque, est un travail colossal : il faut reconstituer la vie sociale passée du porteur de virus, prévenir tous ceux qu’il a croisés... On a vu qu’on arrivait à le faire quand il s’agissait de quelques touristes dans une petite station de ski, mais plus en Alsace ni dans l’Oise.

Entre ’1984’, ’La Peste’, et ’Les Raisins de la Colère’, quel est le moindre mal ?

La conclusion s’impose : la généralisation d’une application mobile permettant un suivi de masse des populations est un élément indispensable pour permettre un déconfinement (voir notamment cette étude sur le sujet). Ce peut être le StopCovid du gouvernement (vous savez, ceux qui ont mis 3 semaines à nous sortir un générateur d’attestation pdf pour téléphone mobile…). Ou une autre, puisqu’Apple et Google jouent le jeu. Le suivi électronique ne sera pas forcément suffisant (Singapour était en pointe sur le sujet avec son app Trace Together, et ça n’a pas suffi). Les problèmes techniques et pratiques sont nombreux. Mais sans appli, pas de salut.

Photo - Est-ce gravement attentatoire à la vie privée ? Oui ! C’est le cauchemar de tout défenseur des libertés. Mais nous en sommes là : il faut choisir entre 1984, La Peste, et Les Raisins de la Colère. Lequel de ces cauchemars est le moindre mal ? Rappelons quand même que 100% des Français assignés à résidence, ce n’est pas non plus l’idéal en termes de libertés publiques…

Je n’ai aucune certitude, et j’aimerais beaucoup me tromper en étant passé à côté d’une solution miracle. Je suis convaincu que la solution pérenne au problème du Covid viendra de la recherche scientifique, et j’espère qu’elle viendra plus vite qu’on ne le dit. Mais en attendant, la sortie du confinement demandera des sacrifices par rapport à « la vie d’avant », probablement avec des mesures de différenciation entre activités (voie 2b), peut-être avec d’autres mesures évoquées ici, et certainement avec un suivi électronique des populations qui nous choque aujourd’hui (voie 3).

Reste à voir ce qu’il faut faire pour que ce recul des libertés soit acceptable, et surtout pour qu’il fonctionne. Je m’efforce d’y contribuer dans mon post suivant, publié le 15 avril 2020, lisible ici. Commentaires et suggestions bienvenus d’ici là. Bonne suite de confinement...

Mes derniers livres : Vous allez redécouvrir le management (Flammarion) et Vous allez commettre une terrible erreur(Champs).

Publié par Olivier Sibony > Suivre - #coronavirus #confinement #deconfinement #trackandtrace #analyse #covid19 - En savoir plus sur Olivier Sibony 35 articles

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17.
GREENPEACE - Coronavirus et environnement : quelle sortie de crise ? Coronavirus et écologie : changer de modèle, pour une sortie de crise réaliste

La crise du coronavirus pose beaucoup de questions. Elle génère naturellement des craintes, mais aussi de l’espoir. Une chose est sûre : dans cette situation inédite, notre force réside dans notre capacité à rester lucides. C’est pourquoi les équipes de Greenpeace mettront régulièrement cette page à jour pour vous proposer de l’information, mais aussi pour passer à l’action, ensemble. Car entre le « monde d’avant » et le « monde d’après », il nous faut tout repenser, dès à présent. Ce qu’on vous propose :

Le coronavirus nous fait vivre un moment inédit

La crise sanitaire du Covid-19 nous affecte tous et toutes : soit parce que nous continuons de travailler pour prendre soin des autres et assurer leurs besoins essentiels, soit parce que nous sommes confiné·es. Comment ne pas interroger notre système économique et politique, nos choix de société et nos modes de vie dans ce moment qui paraît comme suspendu ? Une foule de questions se posent : cette mise à l’arrêt de l’économie est-elle un aperçu des chocs qui nous attendent si rien n’est fait pour contenir le dérèglement climatique ? Ce ralentissement forcé des activités humaines aura-t-il un impact durable sur le climat et l’environnement ? Nous abordons ces questions dans un décryptage sur le coronavirus et le climat.

Transformer ce moment en tournant

Le coronavirus n’est pas une parenthèse dans nos vies. Ses conséquences sociales et économiques seront lourdes. La crise du Covid-19 pourrait aussi n’être que le premier des nombreux chocs que nous subirons à cause de l’emballement climatique et de l’érosion de la biodiversité. Le modèle économique actuel accroît les inégalités, détruit l’environnement et accentue les déséquilibres sociaux. Ce modèle nous expose à des crises récurrentes et accroît ainsi notre vulnérabilité. Notre priorité collective, une fois l’urgence sanitaire passée, doit être de protéger l’humain et la planète. Tout doit être mis en œuvre pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, protéger la biodiversité et organiser des sociétés résilientes face aux dérèglements à venir.

Mettre fin à un modèle destructeur et inégalitaire

Les grandes industries polluantes sont déjà à la manœuvre pour préserver leur modèle économique coûte que coûte, au mépris de la planète et de ses habitant·es. Sous couvert de préservation de l’emploi et de restauration de leur compétitivité, elles négocient des aides publiques colossales. Ces aides doivent bénéficier aux travailleur·ses et à l’emploi, et non aux actionnaires ou aux dirigeant·es. C’est à l’Etat d’en conditionner le versement, et d’obliger les entreprises à investir dans la transition écologique. S’il veut être capable d’empêcher des crises futures ou d’en limiter les conséquences, le gouvernement français doit dès maintenant mettre l’écologie et le social au cœur de son action.

Investir pour le futur

Une fois la pandémie du coronavirus derrière nous, l’urgence climatique, environnementale et sociale devra être au fondement des programmes de reconstruction de nos sociétés. Le plan de relance du gouvernement français devra se détourner des entreprises qui dérèglent le climat et détruisent la biodiversité, et non pas viser le retour d’une croissance toxique. Si le gouvernement échoue à s’orienter dans cette direction, alors ce sera la double peine pour les populations. De cette crise peut ressortir le pire, mais aussi le meilleur : elle peut être le point de bascule pour changer radicalement les règles du jeu économique et construire un monde plus juste et écologique. Il faut transformer en profondeur le fonctionnement de nos sociétés, notamment nos transports, nos modes d’élevage et d’alimentation, notre production et consommation d’énergie, notre commerce… C’est le moment ou jamais de se mobiliser pour faire naître des sociétés vivables pour toutes et tous.

“Les grands changements semblent impossibles au début et inévitables à la fin” : c’est la promesse de Bob Hunter, l’un des fondateurs de Greenpeace. Dans cette crise liée au coronavirus, les dirigeant·es politiques ont la responsabilité historique de tout changer, pour ne pas répéter les erreurs du passé. Il n’y a plus d’autre choix réaliste.

Notre vision - Nos décryptages - Passer à l’action

Coronavirus, environnement et climat : décryptage - Covid-19 et climat : les questions qui fâchent

La crise du covid-19 a été couplée à une nette baisse des émissions de CO2, responsables du changement climatique. Cela aura-t-il un impact positif à long terme sur le climat ? Et le réchauffement y est-il pour quelque chose dans l’émergence de ce virus ? Retrouvez 5 questions-réponses pour tout comprendre sur les liens entre coronavirus et climat :

Coronavirus et transports : moins de pollution ?

Le covid-19 touche les voies respiratoires et a donc fait remonter la question de la pollution de l’air comme facteur aggravant. Le lien est-il prouvé ? Quels sont les impacts de la crise du coronavirus sur les transports ? Que vont devenir les industries polluantes comme l’aviation et l’automobile, touchées par le ralentissement économique ? On vous explique tout sur le rapport entre coronavirus, transports et pollution.

Covid-19, déforestation et agriculture : quelles causes et conséquences ?

La pandémie du coronavirus a mis sur le devant de la scène le problème de la déforestation et de l’agriculture industrielle. Quel lien exactement y a-t-il entre la destruction des écosystèmes et des virus comme le covid-19 ? Entre zoonoses et élevage ? Notre modèle alimentaire sera-t-il suffisamment résilient face à cette crise sanitaire et économique ? On démêle le vrai du faux dans cet article consacré aux liens entre coronavirus, déforestation et agriculture.

Coronavirus et pétrole : l’heure de la transition énergétique ?

L’industrie du pétrole est en difficulté. Est-ce dû aux tensions géopolitiques ou à la baisse de la demande durant la crise du coronavirus ? L’après-crise sera-t-il favorable à un autre système énergétique ? Qu’attendrent des plans de relance pour la transition écologique ? Entre fausses opportunités et vrais espoirs, faisons le point sur le lien entre coronavirus et énergies fossiles.

Mobilisons-nous pour une sortie de crise écologique et sociale !

De profonds changements de politiques doivent accompagner la sortie de la crise du coronavirus. L’humain et l’environnement doivent être au cœur des plans de relance économique. Si, vous aussi, vous voulez agir pour un monde plus écologique et plus solidaire où les intérêts des populations passent avant ceux des industries polluantes, alors rejoignez-nous !

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Vous pensez que la nature mérite mieux qu’un répit ? Inscrivez-vous ci-dessous et rejoignez le mouvement pour un monde écologique, juste et solidaire : vous pourrez participer à des actions collectives pour faire bouger les choses et ne pas laisser carte blanche aux pollueurs ! Déjà 62083 signatures !

Pétrole, électricité, transition énergétique : quels impacts du coronavirus ?

Coronavirus, transports et pollution : 4 questions à se poser

Covid-19, climat et environnement : 5 questions à se poser

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Greenpeace lance une pétition en faveur des énergies renouvelables ...

© Greenpeace France 2020 – Source : https://www.greenpeace.fr/coronavirus-environnement-sortie-crise/

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OXFAM - Un demi-milliard de personnes pourraient basculer dans la pauvreté à cause du coronavirus, alerte Oxfam Publié : 09 avril 2020

Les retombées économiques de la pandémie de coronavirus pourraient précipiter un demi-milliard de personnes supplémentaires dans la pauvreté, si rien n’est fait pour aider les pays en développement, a déclaré aujourd’hui Oxfam. À l’approche de réunions décisives qui auront lieu la semaine prochaine entre la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) d’un côté et entre ministres des Finances du G20 de l’autre, l’organisation appelle les dirigeant-e-s mondiaux/ales à conclure un « Plan de sauvetage économique pour tou-te-s » afin de maintenir les pays et les communautés pauvres à flot.

Dans son nouveau rapport Le prix de la dignité, Oxfam présente des analyses récentes indiquant qu’entre 6 et 8 % de la population mondiale pourrait basculer dans la pauvreté alors que les gouvernements mettent à l’arrêt des économies entières afin de maîtriser la propagation du virus. Cela constitue un recul potentiel de dix ans pour la lutte contre la pauvreté, voire de 30 ans dans certaines régions comme l’Afrique sub-saharienne, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Plus de la moitié de la population mondiale pourrait vivre sous le seuil de pauvreté à la suite de la pandémie.

L’analyse, publiée aujourd’hui par l’Institut mondial pour la recherche en économie du développement de l’Université des Nations Unies, a été menée par des chercheurs/euses du King’s College de Londres et l’Université nationale australienne.

Un « Plan de sauvetage économique pour tou-te-s » fournirait aux pays pauvres des subventions en espèces aux personnes ayant perdu leur revenu et de renflouer les petites entreprises. Ce plan peut être financé par le biais de plusieurs mesures, y compris :

L’annulation immédiate du remboursement de la dette des pays en développement en 2020 à hauteur de 1 000 milliards de dollars. Avec une annulation du remboursement de sa dette extérieure en 2020, le Ghana pourrait fournir 20 dollars par mois à chacun des 16 millions d’enfants, de personnes handicapées et de personnes âgées du pays pendant six mois.

La création de réserves internationales d’au moins 1 000 milliards de dollars, connues sous le nom de droits de tirage spéciaux, afin d’augmenter considérablement les fonds disponibles pour les pays. En Éthiopie, cela représenterait pour le gouvernement 630 millions de dollars supplémentaires, assez pour augmenter les dépenses de santé publique de 45 %. 

Jose Maria Vera, directeur par intérim d’Oxfam International, a déclaré : 
« Les retombées économiques dévastatrices de la pandémie se font ressentir partout dans le monde. Mais les populations des pays pauvres, qui peinent déjà à survivre avec des emplois précaires peu rémunérés, ne peuvent compter sur presque aucun filet de sécurité pour ne pas sombrer dans la pauvreté. »

« Les ministres des Finances du G20, le FMI et la Banque mondiale doivent accorder aux pays en développement une injection immédiate de liquidités pour les aider à soutenir les personnes et communautés vulnérables. Ils doivent annuler le remboursement de la dette pour tous les pays en développement en 2020 et encourager les autres créanciers à leur emboîter le pas et émettre au moins 1 000 milliards de droits de tirage spéciaux. »

Les inégalités existantes ont une influence sur l’impact économique de la crise. Les travailleurs et travailleuses les plus pauvres dans les pays riches et pauvres sont moins susceptibles d’occuper un emploi formel, de bénéficier de protections en matière d’emploi comme une indemnité maladie ou la possibilité de télétravailler. Dans le monde, sur cinq personnes sans emploi, une seule a accès à des allocations de chômage. Deux milliards de personnes travaillent dans le secteur informel sans aucun droit à une indemnité maladie. La plupart vivent dans les pays pauvres, où 90 % des emplois sont informels, contre seulement 18 % dans les pays riches.

Alors que les femmes sont en première ligne de la mobilisation contre le virus, elles sont susceptibles d’être les plus durement touchées financièrement. Les femmes constituent près de 70 % du personnel de santé dans le monde et fournissent 75 % du travail de soin non rémunéré, notamment auprès des enfants, des personnes malades et des personnes âgées. Les femmes sont aussi plus susceptibles d’occuper des emplois précaires faiblement rémunérés, qui sont les emplois les plus menacés par la crise actuelle. Au Bangladesh, plus d’un million de personnes travaillant dans l’industrie textile, dont 80 % sont des femmes, ont déjà été licencié-e-s ou ont arrêté de travailler sans avoir reçu leur salaire suite à l’annulation ou à la suspension de commandes d’enseignes occidentales. 

Beaucoup de pays riches ont développé des plans de relance économique de plusieurs milliards de dollars pour soutenir les entreprises et les travailleurs et travailleuses, mais la plupart des pays en développement ne disposent pas des ressources suffisantes pour faire de même. Selon les estimations des Nations Unies, ce sont près de la moitié des emplois qui pourraient disparaître en Afrique. Micah Olywangu, chauffeur de taxi et père de trois enfants à Nairobi, au Kenya, n’a pas effectué de course depuis que le confinement a entraîné la fermeture de l’aéroport, des bars et restaurants. « Le virus va nous affamer avant de nous rendre malades », confie-t-il à Oxfam. 

Fournir les 2.500 milliards de dollars nécessaires selon les Nations Unies pour soutenir les pays en développement pendant la pandémie requiert 500 milliards de dollars supplémentaires en aide au développement, dont 160 milliards, qui selon Oxfam, sont nécessaires pour renforcer les systèmes de santé publique des pays pauvres et 2 milliards en faveur du fonds humanitaire des Nations Unies. D’autres ressources peuvent être mobilisées grâce à la mise en place en urgence d’impôts de solidarité, comme un impôt sur les bénéfices excédentaires ou sur les grandes fortunes. 

« Les gouvernements doivent impérativement retenir les leçons de la crise financière de 2008 où le sauvetage des banques et des entreprises a été financé par les citoyens et citoyennes ordinaires : la crise leur a coûté des pertes d’emplois, la stagnation des salaires et des coupes massives sur les services essentiels comme la santé. Les plans de relance économiques doivent soutenir les travailleurs et travailleuses ordinaires et renflouer les petites entreprises. Le soutien apporté aux grandes entreprises doit être conditionné par une action visant à construire des économies plus justes, plus durables. », conclut Jose Maria Vera. »

Notes aux rédactions

Les réunions de printemps 2020 de la Banque mondiale et du FMI auront lieu virtuellement du 17 au 19 avril 2020. Les ministres des Finances du G20 et les gouverneurs de la Banque centrale se réuniront virtuellement le 15 avril 2020. 

Téléchargez le rapport Le prix de la dignité : Un « plan de sauvetage pour tou-te-s »pour endiguer les ravages économiques de la crise du coronavirus et rebâtir un monde plus égalitaire.

Selon les données de la Banque mondiale, 3,4 milliards de personnes vivaient avec moins de 5,5 dollars par jour en 2018. Les chercheurs/euses ont utilisé des modèles mathématiques pour prédire le nombre de personnes supplémentaires qui tomberaient sous les seuils de pauvreté de la Banque mondiale de 1,90 dollar, 3,20 dollars et 5,50 dollars par jour selon une baisse du revenu ou de la consommation de 5, 10 ou 20 %. Une baisse de 20 % signifierait qu’environ 547,6 millions de personnes supplémentaires vivraient avec moins de 5,50 dollars par jour. Compte tenu de ces estimations, les chercheurs/euses prévoient une augmentation de 6 à 8% de la pauvreté par rapport aux niveaux de 2018. 

Des médias comme le NPR indiquent que plus d’un million de travailleurs du secteur du textile au Bangladesh ont perdu leur emploi suite à l’annulation ou à la suspension des commandes. Le pourcentage de femmes travaillant dans l’industrie du textile au Bangladesh est une donnée de la Banque mondiale.

Les données sur le Ghana viennent de Diloá Jacob Bailey Athias de Development Pathways, selon les données concernant la population du Département des Nations Unies pour les affaires économiques et sociales.

Les données sur l’Éthiopie sont celles du Development Finance International.

Oxfam intensifie ses programmes de transferts monétaires et d’assistance alimentaire auprès des communautés vulnérables partout dans le monde, des campements urbains pauvres au Bangladesh aux communautés rurales autochtones au Guatemala. Depuis plus de 20 ans, Oxfam agit en cheffe de file en matière de programmes de transferts monétaires. Au Yémen, nous fournissons de l’argent aux familles déplacées par le conflit afin d’acheter des denrées alimentaires. En Colombie, nous fournissons de l’argent aux migrant-e-s en situation de déplacement. En République démocratique du Congo, qui a fait face à la deuxième plus grande épidémie d’Ebola de l’histoire, nous distribuons des coupons et de l’argent afin de donner la possibilité aux ménages les plus vulnérables d’acheter des denrées alimentaires et des biens de première nécessité.

Contacts : Anna Ratcliff au Royaume-Uni | anna.ratcliff@oxfam.org | +44 779 699 3288 | @ratcliff_ann - Annie Thériault au Canada | annie.theriault@oxfam.org | +51 936 307 990 | @annietheri

Contact | Déclaration de confidentialité | Conditions générales d’utilisation - https://www.oxfamfrance.org/rapports/coronavirus-pour-un-plan-de-sauvetage-economique-au-profit-de-tou-t-es/

Fichier:Oxfam.svg — Wikipédia

Copyright © 2020 Oxfam International. Tous droits réservés. Source : https://www.oxfam.org/fr/communiques-presse/un-demi-milliard-de-personnes-pourraient-basculer-dans-la-pauvrete-cause-du

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Mouvement Colibris - Le conavirus , révélateur d’inégalités sociales... 24 mars 2020 - Marie-Hélène Pillot / Colibris - Photo crédit : Claudel Rheault / Unsplash

Ces derniers jours, un sentiment bizarre est présent en moi. Une sorte d’interrogation, d’incompréhension indéfinissable, face au panel de comportements exprimés pour faire face à cette crise. Ce n’est pas tant que la situation est étonnante. Depuis plus d’une quinzaine d’années, plusieurs discours alarmistes annoncent l’arrivée d’effondrements. Et pour eux les pandémies en sont une expression. Celle du COVID-19 n’est ni la première, ni la dernière. Mais pourquoi, aujourd’hui ce sentiment bizarre, difficile à définir : de la colère… ? contre qui ? contre quoi ? de l’impuissance ? Sentiments nourris et/ou réveillés par certaines paroles entendues ou lues dans mon entourage ces derniers jours :

« Un sentiment de vacances en tête malgré les mesures de confinement prises, avec des familles qui vont se balader en bord de rivières, à la plage ou pique-niquer les uns à côté des autres dans les parcs avec leurs enfants. Cette désinvolture me sidère !! J’ai vu ma mère en insuffisance respiratoire pendant deux mois, puis s’éteindre en manquant d’air, c’était insupportable, je ne le souhaite à personne !! Mais pourquoi donc ne restent-ils pas chez eux ?!  ». (Charlotte, 38 ans).

Photo - «  Après 5 jours de confinement, nous sommes en effectifs réduit de 40% dans mon institution !! Entre les contraintes personnelles d’enfants à garder et les collègues malades, il nous faut organiser la solidarité entre collègues pour continuer d’accompagner dans les meilleures conditions les jeunes et les familles. Sur du long terme, en y ajoutant la peur d’être contaminé car pas de matériels de protection, la situation va être encore plus difficile à gérer. ». (Nathalie, éducatrice, 40 ans)

« Le fait d’être organisés en collectif de producteurs est soutenant pour traverser cette épreuve. Nous nous entraidons pour la réalisation de paniers, les livraisons, la mise en place de points de vente. La force des circuits-courts fait ces preuves !! ». (Christelle, éleveuse de brebis, 46 ans).

Photo – Magasin aux rayons vides ; crédit : John Cameron / Unsplash

Dans les premiers jours un discours ambigu de nos politiques, puis très autoritaire voire infantilisant a été tenu, avec des mesures qui une fois de plus laissent de côté une partie de la population. « Que fait-on pour ces hommes, ces femmes et ces enfants qui n’ont rien, ni nulle part où aller et pas de quoi se nourrir ? », s’indigne les auteurs de cette pétition.

Nous ne vivons pas toutes et tous la même chose. Dans le même espace-temps : espace de confinement, temps de travail ou pause. Il ne s’agit pas de juger les différents comportements ou expressions, il est inutile d’entrer dans un clivage de la société. Notre gouvernement fait ça très bien depuis des années. Je fais plutôt un constat, évident peut-être, que face à une même situation, les réactions et les comportements peuvent être très différents. D’une certaine insouciance apparente, à une prise de conscience en respectant le confinement, en passant par l’expression de la peur. De la peur, chez celles et ceux qui se retrouvent confinés avec un mari, une femme, un parent violent. « Être confiné, c’est déjà compliqué pour des gens qui s’entendent bien. Alors pour les victimes de violences conjugales, elles vont vivre un véritable calvaire, soulignait justement dimanche dernier la présidente de l’Union nationale des familles de féminicides (UNFF). Malheureusement, je pense qu’on doit s’attendre à une recrudescence des violences conjugales et féminicides dans les prochaines semaines. »

’Nous ne sommes pas toutes et tous égaux pour vivre et accueillir cette épreuve.’

Violence aussi, différemment, pour toutes celles et ceux qui sont obligés d’aller au boulot, mais qui craquent car, oui, la peur est bien là. Et que dire de celles et ceux qui vont au front, dans les hôpitaux, les supermarchés, sur les chantiers de construction, à EdF, etc. avec courage, conviction ou conscience professionnelle, ou bien par solidarité ?

Photo – Statue masquée - C’est clair, nous ne sommes pas toutes et tous égaux pour vivre et accueillir cette épreuve.

Et cette inégalité que l’épidémie souligne me bouleverse. Cette «  peur de… » qu’il n’est pas toujours possible d’exprimer, de partager en toute authenticité… Car notre éducation n’a jamais laissé la place à l’expression et la gestion des émotions. Il est encore plus difficile d’exprimer sa vulnérabilité dans ce type de situation, car les plus « durs ou forts » diront qu’il n’y a pas le choix, qu’il faut y aller ! Pas le temps de s’apitoyer ou de réfléchir !

Alors oui, le confinement invite à «  prendre le temps de…  ». À « ralentir  ». Des mots qui ne sont valables et possibles que pour une partie de la population, celle que compose les plus privilégiés d’entre nous. Et finalement, ces invitations à « prendre le temps de… » peuvent devenir sacrément violents pour toutes ces catégories professionnelles qui n’ont pas le loisir de le faire car elles doivent aller travailler pour que la société puissent survivre dans cette situation de crise. Ces métiers importants, du secteur médical, social, de l’éducation, de l’agro-alimentaire, ou encore des services de ramassage de nos déchets. Des personnels indispensables, on le voit bien en ces temps de crise, et pourtant bien souvent mal payés et peu considérés !

Aujourd’hui, la crise du COVID-19 met encore plus en exergue que ces secteurs professionnels manquent sérieusement de moyens financiers et d’équipements, et de ressources humaines.

’ L’après-épidémie se pense aujourd’hui. Comment organiser localement pour apporter des réponses résilientes ?’

Quelles réponses apporter ? Il y a certainement deux temporalités. L’aujourd’hui de la crise et le demain de l’après épidémie.

Aujourd’hui, nous devons faire face à l’urgence pour ces personnels et pour tout le reste de la population. Et la question première est celle d’apporter plus de solidarité, de partager les obligations et soutenir les missions indispensables pour limiter le nombre de décès de tous ? Être à l’écoute de celles et ceux qui en ont besoin et les accompagner à traverser cette épreuve. Cette solidarité est nécessaire, pour limiter la « casse humaine », mais aussi pour sortir collectivement grandi de cette épreuve. Indispensable pour préparer la suite...

Et justement, l’après épidémie se pense aujourd’hui. Ne serait-ce que pour anticiper les prochaines crises à venir. L’enjeu, pour moi, est de réfléchir à comment nous organiser localement ensemble pour apporter des réponses plus résilientes, plus cohérentes avec nos besoins, mais aussi plus respectueuses du vivant, des humains et de la nature ? Collectivement, nous pouvons trouver ces réponses.

Pour aller plus loin :

Coronavirus : derrière la crise sanitaire, le drame social / Médecins du Monde

Covid-19 : la peur, le doute, l’ennui, Nathalie Achard / Mediapart

Confinement et injonctions / Présages

Manuel de Transition : de la dépendance au pétrole à la résilience locale, Rob Hopkins, éditions Écosociété, 2010 / La Boutique des Colibris

Une autre fin du monde est possible : vivre l’effondrement (et pas seulement y survivre), Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle, éditions du Seuil, 2018 / La Boutique des Colibris

Appel pour sauver la planète / Le Monde

Mouvement Colibris

Faisons grandir le Mouvement Colibris !

Source : https://www.colibris-lemouvement.org/magazine/coronavirus-revelateur-dinegalites-sociales

Pierre Rabhi parle du Mouvement Colibris Vidéo 3:30 - 28 novembre 2008 - Mouvement Colibris (Historique)

Pierre Rabhi présente Colibris, mouvement pour la terre et l’humanisme et appelle 4000 personnes à soutenir financièrement le mouvement. Pour participer à l’appel : http://www.4000colibris.org Help us caption & translate this video ! http://amara.org/v/BZts/ - Help us caption and translate this video on Amara.org : http://www.amara.org/en/v/BZts/ - Catégorie : Films et animations

Source : https://www.youtube.com/watch?v=hBHLDp-AngU

Pierre Rabhi la sobriété qui rend heureux (version longue 5:58) - 20 janvier 2014 Onpassealacte !

Pierre Rabhi ne s’encombre pas de choses dont il n’a pas réellement besoin : ’Ma maison ferait le désespoir d’un cambrioleur !’ Selon lui, nous avons 4 besoins fondamentaux (se nourrir, se vêtir, se loger et se soigner). On peut y répondre simplement en adoptant la sobriété heureuse, qui nous libère de l’insatisfaction et d’une quête sans fin de biens matériels. Un nouveau pas vers le bonheur ? Au final, la plus belle des richesses est peut-être la joie de vivre et ça ne s’achète pas ! Des initiatives positives ? Onpassealacte.fr est un site de journalisme constructif ou journal positif sur les initiatives ingénieuses, remarquables et inspirantes réalisées par des citoyens à travers des interviews vidéos : faire avancer le schmilblick et changer le monde vers plus d’écologie et d’humanisme par la créativité, l’action et l’innovation citoyenne et individuelle. Catégorie : Musique

Source : https://www.youtube.com/watch?v=h8eIttbSUC4

Voir également :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Rabhi (photo Pierre Rabhi en 2009)

https://www.colibris-lemouvement.org/mouvement/groupes-locaux

https://www.colibris-lemouvement.org/passer-a-laction/sengager-dans-mouvement

https://www.colibris-lemouvement.org/magazine/leffondrement-vu-par-groupes-locaux-colibris

Mouvement Colibris — Wikipédia

Pierre Rabhi, aimé ou détesté, en tout cas contesté - 02 octobre 2018 - Par Yohan Reversat - Blog : Le blog de Yohan Reversat – « L’article du Monde Diplomatique sur le Système Rabhi, a fait vibrer beaucoup de claviers. Certains se sont satisfait qu’un journaliste, enfin, s’en prend à l’icône Rabhi et d’autre fustige un article à charge. En tout cas il a déchainé les passions ». Diffusion Médiapart

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Les entretiens confinés avec Nicolas Hulot : ’Le temps est venu de la lucidité’ Enregistrement 28 minutes - Par Camille Crosnier - Réalisation : Valérie Ayestaray - Publié le 8 mai 2020 à 13h30 – Document ‘franceinter.fr’ – Photo : Nicolas Hulot, ancien ministre de l’écologie, confiné en Bretagne © Nicolas Hulot

Camille Crosnier s’entretient à distance avec des personnalités scientifiques pour nourrir notre réflexion et construire le fameux ’monde d’après’. Aujourd’hui, Nicolas Hulot, ancien ministre de l’Ecologie, confiné chez lui en Bretagne.

Bonjour Nicolas Hulot, où êtes-vous confiné ?

On vit depuis plusieurs années en Bretagne, près de Saint-Malo. Nous sommes confinés dans un village qui s’appelle Saint-Lunaire et dans des conditions qui sont presque culpabilisantes parce que nous avons la chance d’avoir un petit jardin, une jolie vue. Ça permet de mettre en contraste la même situation pour celles et ceux qui sont dans des surfaces exiguës, qui n’ont pas eu un horizon dégagé, évidemment, l’épreuve n’est pas la même pour tout le monde. 

Quel mot choisissez-vous pour qualifier cette crise ? 

Confus. Parce que se mêlent, selon les instances, selon les arguments, selon les esprits, les personnes avec lesquelles vous échangez de l’espoir et de la peur. De la peur, parce que je trouve que c’est une démonstration pathétique de notre vulnérabilité, avec des conséquences humaines et sociales très, très lourdes, avec la peur que ça se reproduise et que cela s’amplifie. De l’espoir, évidemment, que cette injonction, ce coup de semonce, cet ultimatum, que cette peur se transforme en sagesse. Je suis entre les deux parce que je sais que rien n’est écrit encore. Je ne sais pas ce qui va l’emporter, la division ou au contraire l’inspiration. Et ce doute fait que c’est un peu confus dans ma tête. 

Pour ceux qui, dont je suis, ont eu cette chance et le privilège d’échapper aux conséquences sanitaires, tout d’un coup, le temps s’est arrêté. Mais on a l’impression que la vie a commencé parce que tout d’un coup, on a apprécié des choses essentielles, ne pas être malade, d’avoir à manger, de faire les choses lentement, prendre le temps d’apprécier, d’écouter, de lire, de ne pas se précipiter d’un geste à l’autre. Si on pouvait reproduire à l’échelle collective cette expérience d’une forme de lenteur individuelle !

Ce que j’observe dans notre monde depuis longtemps, c’est qu’au fil du temps, la science et la conscience se sont désynchronisés et la science a précédé notre conscience. Nos intentions et nos actions se sont découplées et là, il faudrait peut-être qu’on les resynchronise, c’est-à-dire que l’on décide ensemble ce qui a du sens, ce qui correspond aux enjeux et aux paramètres du 21ème siècle, qui permet d’un côté l’épanouissement humain, mais sans pour autant détruire l’ensemble des écosystèmes. Ce moment-là, on aimerait même le faire durer. Dès lors qu’il ne prolongerait pas, évidemment, la situation de stress et d’inquiétude de la plupart de nos concitoyens. 

Vous ne l’aviez pas vue venir cette crise ?

Il faut toujours se méfier de ceux qui disent ’je vous avais bien dit qu’il allait pleuvoir’, parce qu’un jour ou l’autre, on a toujours raison. 

J’avais écrit un livre et fait un film, Le syndrome du Titanic. Cette métaphore voulait simplement dire qu’on était sur un bateau, qu’on ne maîtrisait plus et qu’on allait droit sur un iceberg, mais qu’on était incapable de changer de cap. Un choc brutal, je le crains sous une forme - pas forcément sous la forme sanitaire - depuis longtemps. C’est ce qui génère une forme d’angoisse et en même temps de mobilisation de ma part.

Je voyais bien qu’on était sur le fil du rasoir et que nous n’arrivions plus à maîtriser un modèle que nous avions nous-mêmes fabriqué, parce que quelque part, notre technologie a dépassé notre humanité. Donc, je ne suis pas surpris de cela. Je ne savais pas si cela allait être sous forme de canicule prolongée, d’épidémie, de mouvements migratoires. Mais je sentais bien cette instabilité - moi, et bien d’autres avant moi, parce que je ne fais que prendre le relais des spécialistes, des pionniers du Club de Rome -. Ce qui m’a surpris, c’est que ça vienne d’un petit virus qui a été dérangé dans son écosystème, qui a changé d’hôtel, qui est allé s’abriter sur le dos d’un humain, le corps humain n’étant pas habitué à ce virus, il n’y a pas trouvé les antidotes nécessaires et après ce virus, il a emprunté nos modes de communication modernes. On lui a déroulé un tapis rouge. Il a même peut-être voyagé en première classe pour venir essaimer son poison sur la terre entière ! Ce qui m’a aussi surpris, c’est la docilité, avec laquelle on a tous accepté sans rechigner, à quelques rares exceptions près, d’être privés d’une liberté fondamentale qui est celle de se déplacer. Donc, ça aussi, c’est surprenant. Ça prouve que quand on comprend le danger, non seulement on le comprend, mais on n’en doute pas, on est capable de grandes révolutions et même de grands engagements et d’actions absolument impensables. Cela vaut pour nous qui avons accepté d’être privés de liberté. Mais ça vaut aussi pour les États qui ont accepté de prendre des décisions qui, en temps normal ne sont même pas imaginables. Je pense notamment au fait de faire tourner la planche à billets massivement et allègrement. 

Il y a 100 principes dans votre manifeste pour un nouveau monde. Si vous deviez les résumer en un seul, ce serait lequel ? 

Le temps est venu de la lucidité, c’est à dire de ne pas fuir la réalité. Parce que moi, l’avenir ne m’inquiète que quand on lui tourne le dos, parce qu’au prétexte qu’il est complexe, qu’il est chargé, on ajourne toujours, on repousse. Ce n’est pas la réalité qui m’effraie, c’est le déni de réalité. La crise climatique est la mère de toutes les crises. Et est parfaitement documentée avec ses conséquences, ses origines et éventuellement le traitement qu’on peut lui infliger. Le coronavirus, reconnaissons qu’à part quand il était à la frontière italienne, on était tous un peu surpris, il n’était pas prévisible, en tout cas pas sous cette forme-là. Alors que les conséquences des changements climatiques et de la crise écologique, y compris des grands organismes comme la Banque mondiale, sont parfaitement documentées sur les scénarios catastrophes économiques, démocratiques et même en termes de relations entre les États. 

La première leçon, c’est d’anticiper sur ce qui est prévisible

Pour le climat, on sait exactement ce qui va se passer et on sait qu’on a un temps très court. Donc, est-ce qu’on va être capable, avec la même largesse, mais évidemment avec beaucoup plus de conditions et de contreparties, d’investir massivement pour ériger le modèle économique, le modèle social, le modèle énergétique, le modèle agricole de demain ? Ou, est-ce que l’on va céder à une forme de tentation de faire du neuf avec du vieux et de reproduire à l’identique, voire pire. Certains, sont également tentés de le faire à l’identique en s’affranchissant du peu de contraintes environnementales et sociales que nous avons. 

Ce que je sais simplement, c’est qu’il y a un principe qui est immuable, c’est le principe de réalité. Si on ne tire pas les enseignements, on va avoir des rappels à l’ordre très rapides et de plus en plus violents et - comme le coronavirus - qui nous prendront de cours. On a bien vu que les États étaient un peu dépassés. Ils ont fait ce qu’ils pouvaient avec ce qu’ils avaient. Il n’y a aucune critique dans ce que je dis, mais il faut bien que l’Homme se rende compte qu’il ne peut pas trouver remède à tout. La planète, la nature, le vivant, c’est un équilibre qui s’est constitué au fil du temps sur des millions d’années. Et nous, nous sommes en train de détricoter tout ça et on voudrait en quelques minutes, réparer nos erreurs. Je ne veux pas me bercer d’illusions, mais ce que je sais simplement, c’est que je me dote à la fois d’exigence, bien entendu, et d’espoir, parce que je veux y croire. C’est aussi pour cela que j’ai sorti ce manifeste, je veux mettre en garde. Effectivement, si on ne tire pas de leçons, je pense qu’on va aller vers un monde chaotique et que les relations deviendront de plus en plus violentes. 

Si on veut construire ce monde de demain ça se fera si chacun y apporte sa pierre. Apporter sa pierre, c’est encourager le changement, y participer, établir une relation de confiance. Parce que si on est tous là à mijoter nos petits préjugés les uns envers les autres, comme si on avait l’éternité devant nous, on va aller dans le mur. C’est un changement d’état d’esprit qu’il va falloir opérer et si simplement on délègue cette mutation au personnel politique, ça ne marchera pas. Si le personnel politique génère cette mutation sans s’inspirer des citoyens, on n’y arrivera pas. Si la gauche et la droite continuent à s’affronter comme des chiens, ça ne marchera pas. Donc, il y a un état d’esprit. Ça ne se décrète pas, ça ne se met pas dans une constitution. C’est un travail intérieur. Et est-ce qu’on va être capable de ça ? C’est la vraie question. On est sur un point de bascule. Il dépendra beaucoup de nous si on bascule du bon, ou du mauvais côté. 

Pourquoi ça marcherait cette fois-ci ? Vous avez déjà fait des pactes, des appels, et on voit le résultat... Comment transformer cette idéologie en actes, et que ce ne soit pas juste une opération de communication ?

Il est probable que cette initiative se perde dans les abîmes et les méandres de notre mémoire collective. Mais moi j’avais besoin de poser cette trame, cette matrice de principes d’un monde nouveau, avant de rentrer dans un débat très technique, d’experts. Ce sera ma référence. Mais une chose a changé : l’expérience qu’on vient de vivre est sans pareille. Et cette mise à nu des failles du modèle dominant a plus que perturbé les esprits les plus fermés.

Et que faites-vous de Donald Trump et Jair Bolsonaro ?

On a des têtes de turcs et - pardon de le dire - des abrutis absolus. C’est pour cela que garder l’espoir devient un acte de bravoure. Peut-être que ce sont les ultimes soubresauts d’un monde en perdition, je l’espère. Pour moi, Bolsonaro souffle sur les braises, il attise le feu. La communauté internationale devrait réagir : il commet un écocide et achève un génocide avec la communauté indienne ! Ça devrait susciter un tollé international, on devrait convoquer nos ambassadeurs, rompre nos relations diplomatiques avec le Brésil, réunir le conseil de sécurité de l’ONU. C’est là que je me dis qu’on n’a pas encore basculé...

Est-ce que ce 28 août 2018, ce n’était pas le plus grand signal de désespoir que vous avez envoyé ? Comment croire que les choses peuvent changer alors que même vous, au plus haut niveau, vous avez baissé les bras ? 

Je n’ai pas baissé les bras parce que je mène sous une forme différente et peut être complémentaire le même engagement auquel je participe depuis une trentaine d’années. 

Ceux qui m’en ont éventuellement voulu ou qui n’ont pas compris ma démission m’en auraient voulu dix fois plus et ils auraient eu raison si, ayant la certitude et la preuve que je n’aurais jamais les moyens de mener ma politique, j’étais resté. Parce qu’à ce moment-là, la responsabilité, je l’endossais et on m’aurait dit ’mais alors que tu venais de savoir que tu n’aurais pas le minimum de moyens pour amorcer la transition écologique et solidaire, pourquoi tu es resté ?’

Ce que j’ai vu après ma démission, ce sont des hommes, des femmes, et notamment des jeunes qui se sont mobilisés. Je pense que ma démission n’a pas été un moment de reddition, ça a été un moment de mobilisation. Greta Thunberg m’a avoué elle-même que c’est ma démission qui l’a fait changer de dimension dans son engagement. 

Vous dites que ’ceux qui nous emmerdent’ sont très bien structurés. De qui s’agit-il ?

Il peut nous arriver de désespérer parfois de l’humanité parce qu’on a l’impression que l’on confond quelques esprits cupides et cyniques avec ce qu’est l’humanité. Et c’est vrai qu’on voit plus dans notre champ visuel les gens dépourvus de valeurs, parce qu’il est plus facile d’être efficace en pouvoir de nuisance que d’être efficace en pouvoir de bienfaisance. 

Donc parfois, on se trompe dans notre lecture. Je pense qu’il y a une humanité humaniste qui est plus nombreuse que ce petit noyau bien structuré, bien organisé. Quand vous êtes sans scrupules, c’est facile, évidemment d’arriver à ses fins. Le pouvoir de nuisance est plus efficace. 

Dans cette mondialisation, le mal se déplace beaucoup plus vite que le bien. En l’espace de quelques jours, on a été terrassés par un petit virus. 

L’humanité qui est bienveillante, généreuse, solidaire, elle, n’est pas organisée. Elle est efficace localement, territorialement, dans certains milieux, mais elle ne pèse pas collectivement, c’est parce que chacune et chacun est tournée vers ses proches. 

Le dernier principe du manifeste, c’est dire que le temps est venu de créer un lobby des consciences. Qu’est-ce qu’on va mettre derrière ? Je ne sais pas, mais toutes ces petites énergies, tous ces beaux esprits, ont le but de donner un pouvoir qui soit irrésistible et qui soit inspirant pour les responsables politiques et économiques. 

On se souhaite quoi, avant de se dire au revoir ?

On se souhaite déjà que cette première étape, ce manifeste, on le lise, on le fasse bouger, on l’enrichisse, on le fasse chanter. Et puis on se retrouve pour l’étape d’après, qui sera une étape plus concrète, plus opérationnelle : ce qu’on propose comme solutions très concrètes pour se mettre dans un couloir irréversible de transition écologique et solidaire.

Vous pensez que vous aurez l’oreille d’Emmanuel Macron ?

Je ne sais pas à l’avance, je l’aurai d’autant plus de lui et des grands décideurs que, justement, nous nous rassemblerons - la société civile - sur une vision, sur un horizon, sur des modalités. On l’aura difficilement si il y a une dispersion des énergies. 

Thèmes associés : EnvironnementNicolas HulotEntretiens confinésGreta Thunberg

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Penser la transition - Le temps est venu : l’appel de Nicolas Hulot pour poser les premières pierres d’un nouveau monde - Publié le 05 mai 2020 – Document ‘fondation-nature-homme.org’

La crise tragique du Covid-19 a démontré́ notre fragilité́, notre communauté́ de destin où que nous vivions et notre capacité́, face aux dangers tangibles et immédiats de s’affranchir des dogmes politiques et économiques. Cet enseignement ne doit pas rester vain. Car les sondages le répètent, l’opinion publique appelle de ses vœux un monde nouveau où le dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité et les inégalités sociales structureraient les décisions politiques et économiques. Les initiatives se multiplient mais ne s’imposent pas et les décisions ne sont pas encore à la hauteur de l’enjeu. C’est pourquoi Nicolas Hulot appelle chacune et chacun à changer d’état d’esprit, à partager un horizon commun, en lançant 100 principes déclinés autour de l’accroche “Le Temps est venu” ; une matrice pour réussir l’avenir. Avec une ambition folle : faire de cette crise sanitaire une crise salutaire.

Le temps est venu Nicolas Hulot

100 principes pour créer un élan collectif

« Le temps est venu de dresser un horizon commun », « le temps est venu de redonner du sens au progrès »... Nicolas Hulot a décliné 100 principes autour de « Le temps est venu de ». Une manière d’alerter sur le fait que si nous ne tirons pas les enseignements de cette crise, si nous ne décidons pas de regarder dans la même direction : transition écologique, justice sociale et prospérité économique ne resteront que des voeux pieux. Au-delà, #LeTempsEstVenu souhaite offrir à une pensée majoritaire dans le pays, mais minoritaire au cœur des instances du pouvoir, l’instrument pour se reconnaître, se rassembler dans toutes sa force et ses nuances.

En écho à ces 100 principes et à l’initiative de Juliette Binoche et d’Aurélien Barrau, 200 prix Nobel, scientifiques, personnalités engagées et artistes internationaux se sont rassemblés pour signer une tribune, parue ce 6 mai 2020 dans Le Monde

Découvrir les 100 principes

5 propositions politiques à adopter

En complément de cet appel à une vision commune, la Fondation Nicolas Hulot fait 5 propositions politiques, à la fois structurantes et transformationnelles. Elles constituent les premières marches, ambitieuses mais accessibles, pour mettre collectivement la France et l’Europe sur la voie de la transition écologique et de la justice sociale :

1. Le temps est venu d’une Europe des solidarités, grâce à la création d’un fonds européen de relance et de transformation écologique de plusieurs milliers de milliards d’euros. 

2. Le temps est venu de financer la transition dans les collectivités territoriales, grâce à une dotation exceptionnelle de plusieurs milliards d’euros pendant 3 ans.

3. Le temps est venu de passer du libre-échange au juste échange, en mettant fin aux accords de libre échange par l’Union européenne et en interdisant l’entrée en Europe de produits fabriqués selon des normes contraires à celles de l’UE.

4. Le temps est venu de relocaliser en France et en Europe, et en particulier de mettre en place un ‘Buy Sustainable Act’.

5. Le temps est venu de demander des contreparties aux soutiens budgétaires en subordonnant l’adoption de plans d’investissements compatibles avec les enjeux écologiques et l’emploi.

En savoir plus sur les propositions politiques

Le temps est venu de faire entendre votre voix !

Celles et ceux qui partagent ce désir de changement et se reconnaissent en ces phrases sont invités à les partager sur les réseaux sociaux ou à se les réapproprier en créant leur propre phrase « #LeTempsEstVenu de … ». 

Marion Cotillard, Joaquin Phoenix, Pierre Rahbi, Paul Watson...de nombreuses personnalités ont rejoint le mouvement en créant leur propre version de #LeTempsEstVenu. Pour retrouver leurs principes, rendez-vous sur les réseaux de la FNH. Partager ’ Le temps est venu’

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http://www.fondation-nature-homme.o...

Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme

Source : http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/le-temps-est-venu-nicolas-hulot

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L’édito de Thomas Lesueur - Savoirs pour l’action - L’expertise au service des politiques publiques - Mai 2020

En ce printemps, avec la pandémie de Covid-19, l’humanité affronte la plus grande crise sanitaire de son histoire : jamais autant d’êtres humains n’ont été simultanément confinés ; jamais on n’a connu une menace virale qui se soit si rapidement propagée à l’échelle planétaire.

Cette situation constitue pour les États, les sociétés et chaque individu à la fois une épreuve et une expérience. Chacun se trouve confronté à de multiples questionnements, dont certains de nature ontologique, notamment sur son rapport au vivant, ses capacités de résilience, son mode de vie et de travail, ses rapports sociaux, mais aussi, pour certains États, sur la robustesse de leur modèle économique et industriel, voire leur organisation sociale et leurs valeurs. Aujourd’hui, ce sont aussi, légitimement, les conditions sanitaires et les perspectives économiques et sociales de la sortie de cette crise systémique qui interrogent et mobilisent nos sociétés, car nous ressentons tous le besoin de nous projeter dans l’avenir avec un espoir raisonnable, en nous demandant ce que cette crise va changer.

Dès le 17 mars 2020, les services du Commissariat général au développement durable se sont organisés pour recueillir, exploiter, mettre en perspective des connaissances sur cette crise et ses impacts en matière environnementale. La soudaineté des événements et ses aspects inédits ne permettent pas de se référer uniquement à des connaissances issues d’articles scientifiques publiés selon le schéma classique dans des revues à comité de lecture. Les paroles d’experts se déplacent en ce moment naturellement vers les médias, ce qui impose la mise en place d’une veille stratégique de qualité qui vient étayer nos propres grilles de lecture.

Nous avons retenu ici quelques sujets portant sur des thématiques environnementales essentielles, en particulier la délicate question des liens possibles entre les maladies infectieuses émergentes et les atteintes à la biodiversité. Ce temps de pause forcée de notre civilisation confinée est aussi une occasion unique d’observer ses impacts sur l’air, sur l’évolution des émissions de dioxyde de carbone (CO2), mais aussi sur la faune sauvage ainsi que sur les nuisances sonores en milieu urbain. Au moment d’engager la sortie progressive du confinement, voici les premières données dont nous disposons.

Thomas Lesueur, Commissaire général au développement durable, Délégué interministériel au développement durable.

Sources d’informations sur Thomas Lesueur : Commissaire général et Délégué interministériel au développement durable - Photo

Nommé le 30 avril 2019 en qualité de Commissaire général et Délégué interministériel au développement durable, Thomas Lesueur est conseiller référendaire à la Cour des comptes. Après une première partie de carrière d’officier de l’armée de l’air, Thomas Lesueur est devenu magistrat de la Cour des comptes en 2005. Promu conseiller référendaire en 2007, il a exercé les fonctions de secrétaire général de la Cour de discipline budgétaire et financière de 2008 à 2011. Détaché de 2011 à 2013 dans les services du Premier Ministre, il a été nommé chef du service Pilotage et maîtrise des risques à la direction interministérielle des systèmes d’information et de communication. De 2013 à 2017, il a exercé la fonction d’adjoint au directeur des services judiciaires, au ministère de la justice. De 2017 à 2019, il a été directeur de cabinet adjoint du ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire. Source : http://www.institut-economiepositive.com/thomas-lesueur/

JORF n°0102 du 2 mai 2019 texte n° 60 - Décret du 30 avril 2019 portant nomination du commissaire général au développement durable - M. LESUEUR (Thomas). Source

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23.
Savoirs pour l’action - L’expertise au service des politiques publiques en France - Mai 2020 - Commissariat général au développement durable (CGDD)

 

Maladies infectieuses émergentes et écosystèmes : des pistes de recherche encore à explorer…

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S’il ne semble pas possible en l’état de la science d’établir un lien formel entre le coronavirus SRAS-CoV-2 et la dégradation des écosystèmes, un consensus scientifique semble se dessiner tant sur l’augmentation de la fréquence d’épidémies de maladies infectieuses émergentes que sur le rôle joué par la dégradation des écosystèmes, notamment la déforestation, dans le phénomène de « saut de la barrière des espèces ». Le phénomène de mutation des micro-organismes animaux en agents pathogènes humains date de la néolithisation, quand l’être humain a commencé à étendre les terres cultivées et à domestiquer les animaux. On lui doit la rougeole, la tuberculose et la coqueluche. Sur près de 400 nouvelles maladies infectieuses émergentes apparues ces 40 dernières années, 60% sont d’origine animale, dont deux tiers issues de la faune sauvage. L’une des causes incriminées dans cette accélération est la destruction des habitats : avec la déforestation, l’urbanisation et l’industrialisation, les espèces animales se rabattent sur des territoires réduits, proches des implantations humaines. Il en résulte une probabilité accrue de contacts répétés avec l’homme (le virus Ebola des chauves-souris s’est ainsi adapté aux populations). Ce phénomène est qualifié de « passage de la barrière d’espèce ». Mais ce phénomène peut s’observer également dans l’élevage intensif où les conditions d’une faible résilience aux infections et d’une forte amplification des maladies émergentes sont réunies. Enfin, n’oublions pas que le changement climatique contribue également à l’expansion de maladies à transmission vectorielle, telles que le paludisme et la dengue, facilitée par des climats favorables aux moustiques. Selon l’OMS, les maladies à transmission vectorielle constituent plus de 17% des maladies infectieuses et sont à l’origine, chaque année, de plus d’un million de décès dans le monde. Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) a également alerté sur les risques associés à la fonte du permafrost en termes de diffusion de pathogènes. L’importance de la mobilisation de la rechercheDans le cadre de la lutte contre le coronavirus, l’OMS a identifié la nécessité de lancer rapidement (dès juin 2020) des recherches sur les aspects environnementaux de l’origine des virus, y compris les mesures de prise en charge à l’interface homme-animal. En France, le concept One Health, une seule santé, selon lequel la santé humaine et la santé animale sont interdépendantes et liées à la santé des écosystèmes dans lesquels elles coexistent, est désormais partagé au sein d’une partie de la communauté scientifique. Dès 2011, le Haut conseil de la santé publique a formulé des propositions sur la coordination interministérielle en matière de recherche, prônant une approche globale et interdisciplinaire. Si la priorité aujourd’hui, en situation de crise, porte bien sur le diagnostic, le traitement et la vaccination, il importe donc de développer la recherche sur l’origine et l’écologie de ces pathogènes et la surveillance des écosystèmes pour limiter et anticiper l’émergence de nouveaux virus et être en mesure d’identifier et de surveiller les zones géographiques où ces infections émergentes s’observent plus fréquemment. C’est un défi de plus auquel va se trouver confrontée la recherche scientifiqueObservations satellitaires : les impacts du confinement sur la qualité de l’airLes baisses d’activités économiques et de circulation durant les confinements sont telles qu’elles peuvent être observées par les satellites qui mesurent les concentrations de polluants atmosphériques dans l’atmosphère. Le Commissariat général au développement durable, qui contribue au programme européen Copernicus, suit de près ces observations satellitaires.Un premier polluant, le dioxyde d’azote (NO2), constitue un bon indicateur de pollution locale en particulier automobile, car il reste près de sa source d’émission du fait d’une durée de vie d’un jour avant de disparaître par recombinaison avec d’autres gaz. Ainsi, les données satellitaires de surveillance de l’atmosphère montrent des réductions de concentrations en N02, aussi bien en France qu’en Espagne et en Italie, au cours du mois de mars 2020 (par rapport à mars 2019).De même, pour la seule agglomération parisienne, on a pu constater, à partir du 18 mars, une baisse de 60% des concentrations d’oxydes d’azote (NOx) et parfois plus sur les axes routiers, conduisant à une qualité de l’air jamais vue depuis 40 ans…Toutefois, dans le même temps, des pics de pollution en particules secondaires liés à la période d’épandage d’engrais de fin mars 2020 sont visibles sur les courbes fournies par Copernicus dans le cadre du suivi qu’il a mis en place depuis le 1er avril pour 50 grandes villes européennes.Le programme de l’Union européenne d’observation de la terre Copernicus est une référence de première importance pour l’évaluation des impacts sur la qualité de l’air. Il offre des services d’information basés sur l’observation de la Terre par satellite et via des données in situ de capteurs au sol, en mer ou dans l’air.L’INERIS publie en ligne un nouvel outil permettant de visualiser quotidiennement les effets du confinement sur les concentrations de dioxyde d’azote et des particules. Différence de concentrations maximales journalières de dioxyde d’azote entre le scénario de confinement et la simulation de référence (Confinement (Covid-19) - référence). NB : toutes les différences supérieures à 10 µg/m3 sont représentées avec le même code couleur. Des impacts du confinement sur les gaz à effet de serre (GES) et le changement climatique ?Selon le rapport « Climat, santé : mieux prévenir, mieux guérir » du Haut conseil pour le climat, une première estimation indique qu’en France, les émissions (tous gaz à effet de serre) sont réduites d’environ 30% pendant les semaines de confinement. Les émissions seraient réduites d’environ 20 millions de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone (Mt éqCO2), soit environ 5% des émissions annuelles moyennes 2019-2023, d’ici la fin du confinement le 11 mai, et environ 45 Mt éqCO2 (5% à 15%) d’ici la fin de l’année avec une forte incertitude due au déroulement de la deuxième moitié de l’année.La baisse mondiale d’émissions de CO2 en 2020 pourrait se situer entre 1000 et 5000 MtCO2. Néanmoins, si cette baisse est spectaculaire et significative, elle reste pour l’instant ponctuelle et relative face au cumul des émissions de gaz à effet de serre anthropiques et compte tenu du temps de réaction du système climatique sur des décennies voire des siècles…Comme l’a souligné Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du groupe un du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) (24 mars 2020 - France info) : « […] le premier facteur du réchauffement climatique, c’est le dioxyde de carbone. Son effet est cumulatif. Ce qui compte ce ne sont pas les émissions instantanées. Si on veut le stabiliser, il faut que les émissions mondiales de CO2 diminuent régulièrement et fortement pendant des décennies. Ce n’est pas une baisse ponctuelle qui réglera la question du changement climatique ».L’Organisation météorologique mondiale vient de rappeler les enjeux de la crise climatique : « Le monde doit faire preuve de la même unité et du même engagement en matière d’action climatique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre que pour contenir la pandémie de coronavirus (...) Si nous ne parvenons pas à atténuer le changement climatique, les pertes humaines et économiques pourraient être plus importantes dans les prochaines décennies. »Quels impacts sur la faune sauvage ?Le contexte de la crise sanitaire nous incite à repenser encore davantage notre rapport à la nature. Celle-ci fait parfois preuve d’une grande « plasticité » et, reprenant ses droits de façon temporaire, nous fait prendre pleinement conscience des pressions que nous exerçons sur la biodiversité et de notre intérêt à la protéger... Quelques exemples.Les mammifères marins et les poissonsLa réappropriation de l’espace par les espèces aquatiques qui, pour certaines, sont menacées d’extinction est actuellement observée. Ce phénomène peut s’expliquer par une fréquentation en baisse de l’espace maritime et aquacole, mais également, sur le littoral, par l’absence de tourisme de masse. L’apparition de deux rorquals dans le Parc national des calanques en est une bonne illustration… Les oiseauxL’indice Stoc (suivi temporel des oiseaux communs) a fait apparaitre, sur la période 1989-2018, une baisse très significative des populations d’oiseaux communs spécialistes (-23%) au profit des populations d’oiseaux généralistes (+22%). Les populations d’oiseaux spécifiques des milieux bâtis ont connu une baisse de 24% sur cette même période. Une diminution de l’abondance de ces espèces spécialistes est le reflet d’une perturbation des habitats, qualitative ou quantitative, par exemple une diminution des ressources alimentaires, une augmentation du dérangement, ou une diminution de la disponibilité en sites de nidification.Depuis le confinement, beaucoup d’habitants des villes témoignent de ce qu’ils perçoivent être un retour des oiseaux. Dans ce contexte, le Museum national d’histoire naturelle et la Ligue pour la protection des oiseaux, au travers de l’Observatoire des oiseaux de jardin, ont lancé une opération qui transforme notre domicile en observatoire de la faune sauvage : « Confinés mais aux aguets ». Ce nouveau dispositif basé sur la science participative visera à comptabiliser et faire progresser la connaissance sur l’avifaune sur l’ensemble du territoire (ville et campagne). Entre le 17 mars et le 1er avril, ce sont déjà 151310 données qui ont été enregistrées (6 fois plus qu’habituellement sur cette période) et 377400 oiseaux qui ont été observés.Les espèces menacéesL’épidémie du Covid-19 illustre les dangers de la surexploitation des espèces sauvages. Devant la propagation du virus qui serait d’origine animale, certaines espèces commercialisées et consommées font l’objet aujourd’hui d’une interdiction dans certains pays par les autorités. Des espèces menacées telles que le pangolin, dont les quatre espèces figurent dans la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et qui font l’objet d’un braconnage et d’un trafic intenses malgré leur inscription à l’annexe un de la convention de Washington (CITES) interdisant leur commerce international, devraient temporairement connaître une pression plus faible sur leur population. Il en est de même pour certaines espèces de chauve-souris dont la consommation est arrêtée également en raison de leur possible transmission du virus. Impact du confinement sur le bruit en Île-de-France : quand on peut à nouveau entendre des oiseaux…Après deux semaines de confinement, l’association Bruitparif avait établi un bilan de l’impact de celui-ci sur les niveaux sonores enregistrés en Île-de-France, sur la base des 150 stations de mesure gérées par l’association et de cartes de niveaux sonores générés par les transports. Ces mesures montrent une baisse importante des niveaux sonores résultant d’une réduction du trafic routier, aérien, ferroviaire, de l’arrêt de chantiers et de la fermeture de lieux festifs. Les zones calmes sont ainsi plus nombreuses et les zones avec des niveaux de bruit considérés comme excessifs ont quasiment disparu, en particulier la nuit.Concernant, par exemple, le trafic routier, les diminutions sont plus marquées dans Paris intra-muros que sur les grands axes. Durant la seconde semaine de confinement, l’indicateur Lden diminue en moyenne de 7,3 décibels A [dB(A)] dans Paris intra-muros et de 5,7 dB(A) sur les grands axes par rapport à la situation habituelle. De même, l’indicateur Ln enregistre une baisse moyenne de 8,7 dB(A) dans Paris intra-muros et 6,7 dB(A) sur les grands axes. Des résultats similaires avaient été mesurés durant la première semaine de confinement. Pour comparaison, une baisse comprise entre 6 et 9 dB(A) correspond à une diminution de 75 à 87% des émissions sonores du trafic routier.Des réductions très importantes sont également enregistrées à proximité des aéroports franciliens et à proximité du réseau ferroviaire.L’interview - One Health, EcoHealth... que signifient tous ces nouveaux concepts en santé ? Par Serge Morand, CNRS-CIRAD et Jean-François Guégan, INRAE-IRD, 30 avril 2020.En 2004, la World Conservation Society, organisation non gouvernementale internationale sur la biodiversité, promeut l’initiative One World, One Health, qui a pour ambition d’associer la conservation de la nature aux objectifs de santé publique en faisant le lien entre émergences de maladies infectieuses issues de la faune sauvage et atteintes aux écosystèmes. Elle est reprise sous le terme One Health par l’Organisation mondiale de la santé, l’Organisation mondiale de la santé animale et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture en 2008, en tant que collaboration tripartite préconisant un rapprochement entre médecine infectiologique humaine et vétérinaire pour une meilleure compréhension des maladies zoonotiques et de leur propagation.Or l’environnement, la biodiversité et les sociétés rurales traditionnelles sont encore largement absents des préoccupations de cette approche surtout en période de crise sanitaire, qui conduit en général à la promotion de la biosurveillance et de la biosécurité avec notamment des abattages massifs d’animaux sauvages ou d’élevage.Il faut revenir aux fondements de l’infectiologie écologique, datant de la fin du XIXème siècle et qui viendront alimenter en 2003 et 2004 l’écologie de la santé, ou EcoHealth en anglais. Cette école élargit le champ de la compréhension en santé pour considérer les modifications des écosystèmes, les problèmes de pathologie animale et la santé humaine, avec toutes leurs interactions directes et indirectes en incluant la santé des plantes. Elle trouve tout son sens dans les politiques de développement durable et de coopération avec les pays les plus pauvres de la planète.De nouvelles approches pourraient préfigurer le rapprochement nécessaire entre épidémiologie, santé publique et écologie de la santé : le courant EcoHealth qui apporte une vision intégrative et transversale aux problématiques sanitaires, basée sur une compréhension des équilibres dynamiques entre naturalité, humains, usages et pratiques développés par ces derniers, et l’approche Planetary Health qui répond aux aspirations d’une démarche globale et transdisciplinaire en santé publique internationale.La Fondation pour la recherche sur la biodiversité anime actuellement des travaux avec les chercheurs à la demande des pouvoirs publics français sur les liens entre Covid-19 et biodiversité et a déjà publié une première note de position de son conseil scientifique.Le saviez-vous ?La clioépidémiologie (Clio : muse de l’histoire) : discipline qui s’attache à extraire et à ré-analyser des informations épidémiologiques historiques. Elle permet, par exemple, de tirer des enseignements de l’observation de la grande grippe de 1918 (dite « grippe espagnole »).Zoonose : maladie transmissible de l’animal à l’homme.Les publicationsPendant le confinement, le Commissariat général au développement durable continue de vous informer... …sur le climat avec une étude présentant les facteurs d’évolution des émissions de CO2 liées à l’énergie, entre 1990 et 2018 - En France, les émissions de CO2 dues à la combustion d’énergie ont diminué, de 19% entre 1990 et 2018. Quels sont les rôles de l’activité économique, de l’efficacité énergétique et du bouquet énergétique dans cette évolution ?…sur les énergies renouvelables, en estimant la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute de la France - La part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie en France s’élève à 17,2 % en 2019, selon les estimations provisoires.…sur l’état de la biodiversité en France - En 2019, seulement un cinquième des évaluations concernant les habitats et un quart de celles portant sur les espèces concluent à un état favorable. Si une tendance positive est observée pour certaines espèces, en lien avec les mesures de protection dont elles bénéficient, les tendances à la dégradation restent globalement préoccupantes. Les écosystèmes marins, littoraux, humides et aquatiques figurent parmi les plus menacés.…sur les données récentes utiles à la connaissance des transports et de leurs effets - Près de trois quarts des dépenses du secteur du transport sont consacrées à la route, 7,0% au transport aérien, 6,7% aux transports collectifs, 6,6% au transport ferroviaire, le reste aux transports fluvial et maritime. En 2018, les émissions de gaz à effet de serrre du transport diminuent de 1,6% par rapport à 2017, du fait de l’amélioration énergétique des véhicules.Contact - S’abonner - Se désabonnerConformément aux dispositions de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés et au règlement général sur la protection des données, vous disposez d’un droit d’accès, de modification, de rectification et de suppression aux données qui vous concernent. En savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits.Ministère de la Transition écologique et solidaire - Commissariat général au développement durable - 92055 La Défense cedex

Ministère de la Transition Écologique et Solidaire - Bulletin des ...
Addenda - One Health. Ambitions, défis et difficultés d’une approche incontournable pour la santé - 29 mars 2018 Résultats scientifiques écologie évolutive & Biodiversité La recrudescence des maladies infectieuses et non-infectieuses nous amène à reconsidérer notre vision de la santé humaine et à l’appréhender dans la complexité de ses interactions avec la santé animale et végétale ainsi que celle des écosystèmes. Le concept One Health « une seule santé » est né de ce constat il y a déjà dix ans. Cependant, son application effective est entravée d’une part par un manque d’interdisciplinarité entre médecine humaine/vétérinaire et sciences de l’écologie, de l’environnement et de l’évolution, et à d’autre part par des intérêts contradictoires entre secteurs d’activité (industrie, agronomie, santé). Savoir relever les défis de la mise en pratique de ce concept est devenu incontournable pour préserver le bien universel qu’est la Santé. Des chercheurs du CNRS et de ses instituts partenaires1 se sont réunis pour réfléchir à cette question à la suite des journées prospectives de l’INEE (CNRS). Le fruit de cette réflexion collective a donné lieu à article récemment paru dans un numéro spécial de la revue Frontiers in Veterinary Science dédiée au concept One Health.

les risques infectieux et toxiques et leurs interactionsLa santé des êtres humains est aujourd’hui menacée par la recrudescence des maladies infectieuses, la résistance aux antimicrobiens, la pollution de l’environnement et le développement de pathologies multifactorielles et chroniques liées à nos modes vie nous exposant souvent aux toxiques. Cette menace est accrue par les changements globaux liés à l’industrialisation, la globalisation des échanges, et l’accroissement des mouvements des espèces (dont la nôtre) et de leurs pathogènes, sous l’effet du changement climatique et des crises politiques et sociales. La propagation, l’émergence et la ré-émergence d’épidémies, de zoonoses (grippe aviaire, Dengue, Zika, Chicungunya, Bilharziose…) et d’épizooties (maladies des abeilles, des huitres, des coraux,…) au cours de ces dernières années ont ainsi alerté la société. Elles ont mis en évidence la mondialisation croissante des risques pour la santé et l’importance de l’interface homme-animal-écosystème dans l’évolution et l’émergence de pathogènes. Comprendre les conséquences de certaines activités humaines, de nos modes de vie et comportements au sein des écosystèmes est également devenu une nécessité pour déchiffrer la dynamique des maladies et orienter les politiques publiques. Ainsi la sécurité sanitaire doit-elle être comprise à l’échelle mondiale et appréhendée au travers d’approches globales, transversales et multi-échelles intégrant la santé humaine, la santé animale, la santé des plantes, la santé des écosystèmes, et notamment la biodiversité, en une seule santé (One Health).Au sein de l’article publié dans Frontiers in Veterinary Science, les auteurs montrent à quel point il est crucial de considérer de manière globale les sciences de l’environnement, de l’écologie et de l’évolution pour comprendre l’émergence et la résurgence des maladies infectieuses et faire face au défi de la résistance aux antimicrobiens. L’application du concept One Health aux maladies chroniques non transmissibles liées à l’exposition à de multiples stress, y compris au stress toxique, ainsi qu’aux nouveaux modes de vie est également envisagée. L’application de ce concept fait cependant face à certains obstacles à franchir et des ambitions (éducatives, scientifiques, économiques, politiques, éthiques) doivent être nourries. Au-delà de la compréhension des mécanismes conduisant à l’émergence de maladies, l’obligation de favoriser la mise en place d’approches intégrées pour développer de nouvelles stratégies de prévention, de contrôle, et d’éradication inspirées de processus naturels qui sous-tendent la dynamique des écosystèmes est abordée.Note 1 : Inserm, Ifremer, IRD, INRA, Cirad, EPHE, Université de Montpellier, Université de Perpignan Via Domitia, Université de Lyon, Université de la Réunion, Université de Dakar, Université de Bourgogne Franche-Comté, Université de Bretagne Occidentale, Université de Strasbourg, Institut Universitaire de FranceRéférence :The One Health Concept : 10 Years Old and a Long Road Ahead. Destoumieux-Garzón D, Mavingui P, Boetsch G, Boissier J, Darriet F, Duboz P, Fritsch C, Giraudoux P, Le Roux F, Morand S, Paillard C, Pontier D, Sueur C, Voituron Y. Front Vet Sci. 2018 Feb 12 ;5:14. doi : 10.3389/fvets.2018.00014.Contacts chercheurs : Delphine Destoumieux-Garzon Interactions Hôtes-Pathogènes-Environnements - IHPE (Université de Montpellier / CNRS / Ifremer / Université de Perpignan Via Domitia)

ddestoum@ifremer.frPatrick Mavingui Processus Infectieux en Milieu Insulaire Tropical - PIMIT (CNRS / INSERM / IRD / Université de La Réunion) ; Ecologie Microbienne (CNRS / INRA / VetAgro Sup / Université Claude Bernard Lyon 1 / Université de Lyon)

patrick.mavingui@cnrs.frYann Voituron Laboratoire d’Ecologie des Hydrosystèmes Naturels et Anthropisés - LEHNA (CNRS / Université Claude Bernard Lyon1 / Université de Lyon)

yann.voituron@univ-lyon1.frRestez informé avec l’INEE - Découvrez les actualités de l’Institut écologie et environnement - Institut écologie et environnement - Comprendre la biosphère

pour agir

Centre national de la recherche scientifique — WikipédiaDécouvrir les actualités – Source : https://inee.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/one-health-ambitions-defis-et-difficultes-dune-approche-incontournable-pour-la-santeAddenda - One Health/Ecohealth : essai de définition Publié le 30 janvier 2018, mis à jour le 8 juin 2018 Un article d’opinion sur le concept en vogue de One Health/Ecohealth, rédigé à la suite des Journées de prospectives 2017 du CNRS, vient d’être accepté dans Frontiers in Veterinary Sciences. Photo Deux chercheurs de Chrono-environnement ont été des contributeurs importants, Clémentine Fritsch et Patrick Giraudoux. Leurs travaux en écologie du paysage et en ecohealth (notamment sur l’écologie de l’échinococcose alvéolaire et l’écotoxicologie) ont servi de base à un certain nombre de sections et d’illustrations.The One Health concept : 10 years old and a long road aheadRésumé

Au cours des dernières décennies, une augmentation significative de la circulation des agents infectieux a été observée. Avec la propagation et l’émergence d’épizooties, de zoonoses et d’épidémies, les risques de pandémies sont devenus de plus en plus critiques. La santé humaine et animale a également été menacée par la résistance aux antimicrobiens, la pollution de l’environnement et le développement de maladies multifactorielles et chroniques. Cela a mis en évidence la mondialisation croissante des risques pour la santé et l’importance de l’interface homme-animal-écosystème dans l’évolution et l’émergence des pathogènes. Une meilleure connaissance des causes et des conséquences de certaines activités humaines, modes de vie et comportements dans les écosystèmes est cruciale pour une interprétation rigoureuse de la dynamique des maladies et pour orienter les politiques publiques.En tant que bien global, la sécurité sanitaire doit être comprise à l’échelle mondiale et dans une perspective globale et transversale intégrant la santé humaine, la santé animale, la santé des plantes, la santé des écosystèmes et la biodiversité.Dans cet article, nous discutons à quel point il est crucial de considérer les sciences écologiques, évolutives et environnementales pour comprendre l’émergence et la réémergence des maladies infectieuses et faire face aux défis de la résistance aux antimicrobiens. Nous discutons également de l’application du concept « One Health » aux maladies chroniques non transmissibles liées à l’exposition à des stress multiples, y compris le stress toxique, et aux nouveaux modes de vie. Enfin, nous dressons une liste d’obstacles à supprimer et les ambitions que nous devons nourrir pour l’application effective du concept « One Health ». Nous concluons que le succès de ce concept One Health exige maintenant de faire tomber les barrières interdisciplinaires qui séparent encore la médecine humaine et vétérinaire des sciences écologiques, évolutives et environnementales. Le développement d’approches intégratives devrait être favorisé en reliant l’étude des facteurs qui sous-tendent les réponses au stress à leurs conséquences sur le fonctionnement et l’évolution des écosystèmes.Source : https://chrono-environnement.univ-fcomte.fr/valorisation/productions-scientifiques/article/one-health-ecohealth-essai-de-definitionCommissariat général au développement durable (CGDD) - Le Vendredi 24 janvier 2020 Mis en place en 2008, le commissariat général au développement durable (CGDD) éclaire et alimente, par la production de données et de connaissances, l’action du ministère sur l’ensemble de ses champs de compétences.Grâce à son positionnement transversal, il contribue à donner une perspective globale à l’action du ministère. Il pilote notamment le dialogue environnemental sur les choix et priorités politiques à travers le conseil national de la transition écologique.Il remplit par ailleurs un rôle spécifique dans la préparation et le suivi des travaux du conseil de défense écologique, et apporte son appui au secrétariat du conseil.Le commissariat général au développement durable produit l’information statistique. Il est chargé, en lien avec le secrétariat général et en appui aux directions régionales du ministère, de la supervision générale des données sur le logement, l’énergie, les transports, l’environnement ainsi que de l’évaluation et de la mobilisation des moyens nécessaires pour le développement de la mise à disposition de ces données.

Savoirs pour l’actionIl élabore et diffuse de nombreuses publications, dans deux grandes familles de collection : Datalab, pour faire état des connaissances à un instant donné (données et chiffres-clés) et Théma, pour rendre compte de travaux d’études et d’expertise.Pour réaliser l’ensemble de ces missions, le commissariat général au développement durable, dont l’organisation a été adaptée en 2019, s’appuie sur six structures et un « laboratoire d’idées », s’inscrivant dans un contexte d’action marqué notamment par la transition numérique, l’ouverture des données et le rôle croissant de la société civile.Le service des données et études statistiques constitue le service statistique ministériel. À ce titre, il produit des données et indicateurs issus de l’observation et des études statistiques dans les domaines de l’environnement, de l’énergie, des transports, du logement et de la construction. Il assure la mise en perspective de ces chiffres et l’élaboration de clés de lecture à destination de différents publics.Le service de l’économie verte et solidaire produit des études et analyses économiques et de l’évaluation sur les politiques menées par le ministère. Il développe, expertise et diffuse des outils, des méthodes et des instruments d’intervention pour faciliter l’intégration de l’innovation, de l’environnement et des démarches de développement durable par les acteurs socio-économiques dans les politiques publiques, dans tous les secteurs de l’économie. Il assure la prise en compte du développement durable dans la politique fiscale du ministère.Le service de la recherche et de l’innovation contribue, en liaison avec les ministères chargés de la recherche et des entreprises, à la définition des orientations de la politique nationale de recherche et d’innovation en matière d’environnement, d’aménagement, de transports et d’énergie. Il anime le réseau scientifique et technique du ministère et exerce la tutelle de quatre établissements majeurs : Météo-France, l’IGN, l’université Gustave Eiffel et le Cérema. En son sein, le laboratoire d’innovation par les données Ecolab promeut le développement des usages et de la valorisation des données publiques. Dans le cadre de la supervision générale des données, le service de la recherche et de l’innovation est en outre chargé, en lien avec le secrétariat général, d’élaborer et d’animer la stratégie du ministère en matière de donnée.La délégation au développement durable coordonne les choix stratégiques du ministère en référence aux Objectifs de développement durable de l’Agenda 2030. Elle s’assure de leur prise en compte dans les politiques ministérielles et encourage l’ensemble des acteurs en ce sens. Elle contribue à l’engagement des collectivités dans la transition écologique et solidaire. Elle met également en œuvre et promeut la participation citoyenne, notamment aux décisions publiques, ainsi que le dialogue environnemental avec tous les acteurs de la société, dans un objectif de transition écologique et solidaire.La sous-direction de la stratégie éditoriale et de la diffusion propose et met en œuvre la stratégie éditoriale du commissariat, en assurant la programmation, la coordination éditoriale et le suivi des productions, ainsi que leur réalisation numérique, leur diffusion et leur valorisation. Elle contribue à l’information publique environnementale.La sous-direction des affaires générales est chargée d’assurer une gestion de proximité des ressources humaines ainsi que des moyens logistiques et budgétaires du commissariat général au développement durable.Laboratoire d’idées, le conseil économique pour le développement durable, composé d’économistes indépendants, appuie le travail de réflexion et de prospective mené par le commissariat général au développement durable en mobilisant les références scientifiques les plus récentes concernant l’évaluation des politiques publiques. Principalement localisé à la Défense, le commissariat général au développement durable compte aussi une antenne orléanaise, ainsi que des équipes statistiques à Lyon, Montpellier et Rennes.Savoirs pour l’action Accéder au formulaire d’abonnement Cette lettre d’information a vocation de faire partager largement les résultats de recherches, d’études, d’analyses et d’évaluations économiques, d’observations statistiques et de prospective que le Commissariat général au développement durable mène en synergie avec les autres directions générales du ministère. Elle vise à renforcer la visibilité des actions et travaux du Commissariat général au développement durable au service du ministère et plus largement de l’ensemble des acteurs de la transition écologique.Savoirs pour l’action - S’inspirer de la nature pour innover durablement Savoirs pour l’action - Microplastiques, une lutte sur tous les fronts

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egifrance.gouv.frservice-public.frgouvernement.frfrance.fr

Source : https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/commissariat-general-au-developpement-durable-cgdd

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Dernières minutes - Confinement : un bénéfice écologique de court terme

D’après le Haut Conseil pour le climat (HCC), la baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) consécutive à la période de confinement, si elle n’est que conjoncturelle, n’aura que peu d’effets. La crise actuelle doit donc servir de rebond pour accentuer la mise en place de mesures structurelles visant à la neutralité carbone à l’horizon 2050.

Par La Rédaction de ‘Vie Publique’ - Publié le 6 mai 2020 à 17h49 - Photo © ouh_desire - stock.adobe.com

Marginale et transitoire au regard des objectifs de neutralité carbone en 2050, selon le HCC chargé d’émettre des avis et des recommandations sur les politiques mises en œuvre en matière de réduction des émissions de GES. C’est ainsi que le Haut Conseil qualifie la baisse de la pollution atmosphérique liée à la mise en place du confinement dans son rapport ’Climat, santé : mieux prévenir, mieux guérir’(nouvelle fenêtre) publié le 21 avril 2020.

Une baisse des émissions de gaz à effet de serre

Les estimations de réduction d’émissions de GES durant la période de confinement, annexées au rapport, font état d’une baisse de 30%. Elle est liée essentiellement à la diminution des émissions liées au transport routier (qui comptent pour 60% de la réduction totale) et à l’arrêt presque complet de l’activité aéronautique. D’ici la fin de l’année 2020, elle pourrait représenter 45 millions de tonnes équivalent CO2, soit environ 10% de la quantité annuelle de dioxyde de carbone rejeté dans l’atmosphère.

Une ’relance’ verte intégrant l’urgence climatique

S’appuyant sur les travaux des communautés scientifiques, le HCC rappelle le lien de causalité entre l’émergence de pandémies dont la source est le milieu animal et la crise environnementale liée à l’activité humaine (défrichements, fragmentation des habitats naturels...).

Sur cette base, le HCC préconise d’intégrer plus que jamais, dans les plans de ’relance’ qui suivront la crise, les mesures d’urgence climatique, en particulier :

En maîtrisant les risques

Par ailleurs, le HCC attire l’attention sur les risques, à la sortie de cette crise, d’un verrouillage des politiques de ’décarbonation’ adoptées lors des sommets sur le climat (Accords de Paris, COP...) au titre d’impératifs de relance de l’activité économique notamment avec la baisse conjoncturelle du prix du baril de pétrole. De même, concernant le système européen d’échanges de quotas d’émissions de gaz à effet de serre(nouvelle fenêtre), le HCC préconise l’adoption d’un prix-plancher croissant afin que les efforts réalisés pour recourir à des énergies non fossiles, qui deviendraient beaucoup moins compétitives, ne soit pas remis en question.

En conclusion, selon le HCC, il apparaît nécessaire d’intégrer des changements structurels plus profonds dans les plans de sortie de cette crise sanitaire liée à l’épidémie de COVID-19 :

  • pour éviter que le bénéfice écologique lié à cette période de confinement ne soit de courte durée ;
  • mais aussi pour réduire les risques de nouveaux épisodes pandémiques.
    Vie publique : au coeur du débat public

Source : https://www.vie-publique.fr/en-bref/274267-confinement-un-benefice-ecologique-de-court-terme#xtor=EPR-696

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Remerciements à Alex Risso (Ligue de Défense des Alpilles) et Jacques Gourier (https://www.linkedin.com/in/jacques-gourier-04398558/?originalSubdomain=fr) pour leurs apports documentaires.


Auteur : Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant - 13/05//2020

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

http://www.isias.lautre.net/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIAS Ecologie Economie Déconfinement Francophonie Palu et Corona même combat.2

Mis en ligne par Pascal Paquin de Yonne Lautre, un site d’information, associatif et solidaire(Vie du site & Liens), un site inter-associatif, coopératif, gratuit, sans publicité, indépendant de tout parti.

http://yonnelautre.fr/local/cache-vignettes/L160xH109/arton1769-a3646.jpg?1510324931

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